Le tarier des prés - Page d`accueil du Rotary Amay-Villers-le

Transcription

Le tarier des prés - Page d`accueil du Rotary Amay-Villers-le
#74
jui.-août 2016
bimestriel
Natagora asbl
Rue Nanon 98
B-5000 Namur
www.natagora.be Macrophoto
nature
L’empereur ailé
Franck Renard
Découverte
de l’Ourthe
orientale
Le tarier des prés
en son bastion ardennais
14
10
20
1
édito
14 entomologie
2
devine qui papillonne
au jardin
Autour de vos orties
16 photo nature
3
nuit des chauves-souris
Un habitat fragmenté
4
en bref
6
militance
#NatureAlert :
l’UE sous pression
8
Le tarier des prés
en danger critique
22
Le souverain de
nos insectes
Apprendre à
photographier
les insectes
le p’tit
à lire en famille :)
20 rencontre
François-Xavier Noël,
créateur de biodiversité
22 nos réserves
ça s'est passé chez nous
10 en couverture
16
Supplément disponible
dans votre kiosque.
L’arc en ciel
végétal d’Ourthe
orientale
26 ils l'ont fait
Natagora se développe dans tout l’espace Wallonie-Bruxelles. Le grand objectif de l’association est
d’enrayer la dégradation de la biodiversité et contribuer au rétablissement d’un meilleur équilibre entre
l’homme et la nature. Pour ce faire, elle s’est assignée différentes missions.
Protéger : plus de 200 réserves naturelles Natagora, gérées par de nombreux volontaires, sont constituées
de milieux diversifiés et souvent menacés. Elles abritent quantité d’espèces rares.
Étudier : l’identification des menaces, le soutien direct aux espèces les plus menacées et la supervision
de nombreux programmes de suivi font partie des préoccupations majeures de l’association.
S’impliquer : influer sur les décisions politiques, promouvoir la biodiversité, prévoir les atteintes qui
pourraient lui être portées, réagir quand nécessaire : les nombreux volontaires de l’association nous y
aident au quotidien.
Éduquer : formations, Centres Régionaux d’Initiation à l’Environnement, événements de sensibilisation,
mise en réseau des particuliers : Natagora est fortement impliquée dans l’Éducation à l’Environnement.
En étant membre de Natagora, vous soutenez ce vaste mouvement : www.natagora.be/membre
Vous désirez faire un don pour nous soutenir ? BE53 0682 1403 3153
Natagora est le partenaire belge francophone de BirdLife International, alliance mondiale d'organisations
de protection des oiseaux et de la nature dont la sphère d’action s’étend du travail local de terrain aux plus
hautes instances internationales. La mission de BirdLife est de protéger les oiseaux sauvages, leurs habitats et
la biodiversité mondiale, en œuvrant à l’utilisation durable des ressources naturelles. En rejoignant les 19 000
membres de Natagora, vous devenez aussi membre de BirdLife International.
édito
Les prairies de fauche :
l’enjeu prioritaire
L
es plus anciens d’entre vous se souviennent qu’en 1985, une des livraisons
du magazine des Réserves Naturelles-RNOB (aujourd’hui intégrées dans
Natagora) était consacrée aux prairies et au traquet tarier. J’avais contribué à
ces articles, puisqu’à ce moment-là les Réserves Naturelles-RNOB lançaient deux
programmes majeurs de conservation des prairies de fonds de vallées dans le
bassin de la Sûre et dans l’est du pays.
Emmanuël Sérusiaux,
Président
Le traquet tarier, l’oiseau tant chéri des prairies de fauche, en était l’emblème. Aujourd’hui, on le nomme le plus souvent le tarier des prés. Il est l’objet d’un article
passionnant dans cette livraison de votre magazine favori par Antoine Derouaux,
ainsi que d’un petit dossier à destination des enfants.
Le déclin de cette espèce est épouvantable. En 1928, G. C. M. van Havre, dans
son ouvrage « Les oiseaux de la faune belge », le qualifiait de très commun. Il en
reste peut-être 200 couples aujourd’hui, tous dans l’est du pays, dans le domaine
militaire d’Elsenborn et dans les réserves naturelles, dont celles de Natagora.
Le tarier des prés est une espèce des prés de fauche non ou peu amendés et surtout fauchés à l’ancienne, c'est-à-dire pendant les grandes vacances. Surtout pas
avant, comme cela se fait couramment aujourd’hui dans les prairies amendées,
fauchées très tôt pour fabriquer un tourteau dont on nourrit le bétail.
Le tarier des prés est emblématique de ce scénario infernal d’intensification des
pratiques agricoles qui, sans même poser de problèmes environnementaux particuliers, ont ruiné la flore et la faune de nos campagnes. Avancer la date de
fauche, au moment où les plantes poussent encore et n’ont pas atteint leur floraison, est ce qui peut arriver de pire à un milieu : ne pas être à même d’avoir le
temps de boucler son cycle annuel. L’herbe pousse, et la barre de fauche passe
et passe encore, avant que les fleurs s’épanouissent, que les papillons s’envolent
et que les jeunes oiseaux aient quitté leur nid. La biodiversité des prairies s’est
ainsi effondrée totalement.
La nature dans les milieux agricoles constitue un axe stratégique du plan Natagora 2020. C’est effectivement la priorité absolue de toute politique de conservation
de la nature dans nos régions. Tout est en train de s’en aller : alouettes, perdrix,
linottes, hirondelles, et tant d’autres espèces.
Natagora s’est attelé à la tâche et lance ainsi un appel à partenariat avec tous les
agriculteurs, et je souligne bien : tous les agriculteurs. Nous avons besoin de campagnes, de labours, de prairies et nous avons besoin d’eux pour que ces milieux
existent encore demain. Nous demandons à ce que la flore et la faune sauvages
y soient toujours. Soient toujours bien là.
le magazine
1
#74
devine qui papillonne au jardin
s
e
l
z
e
t
Comp
s
n
o
l
papil de vos
autour
orties
Mal-aimée, l’ortie est pourtant une
plante de premier choix. Elle sert
notamment de repaire à de nombreux
papillons chatoyants. Gardez-en un
bouquet au jardin en prévision de
« Devine qui papillonne au jardin »,
le recensement annuel de Natagora
ces 30 et 31 juillet.
Shutterstock
Pouvant atteindre plus
d’un mètre de haut, la
grande ortie est souvent
perçue comme une mauvaise herbe à exclure de
nos jardins. Elle constitue
pourtant une ressource indispensable au développement et à la survie de plusieurs insectes. Les plus
remarquables sont une
série de papillons appartenant au genre des « vanesses ». On y retrouve le
paon du jour, la petite tortue, la carte géographique,
le Robert-le-diable, la
belle dame et le vulcain.
Ces beaux lépidoptères,
parmi les plus connus,
utilisent l’ortie dioïque
comme plante hôte.
En période de ponte, les
femelles du paon du jour
et de la petite tortue – deux
espèces
« communes »
en déclin démographique
dans nos régions – volent
uniquement à la recherche
d’orties. Elles y pondent
leurs œufs en amas au
revers des feuilles. Ces
feuilles constituent ensuite le régime alimentaire
des chenilles qui vivent en
groupe. Dotées d’un appétit vorace, elles dévorent la
plante hôte jusqu’à la fin
de leur croissance larvaire.
Au dernier stade larvaire,
les chenilles se séparent à
la recherche d’un lieu propice pour leur nymphose.
Les capacités de survie et
de reproduction du papillon
émergeant de sa chrysalide
sont directement liées aux
ressources stockées durant
les stades larvaires. Ces
ressources sont majoritairement apportées par la
plante hôte, l’ortie, d’où son
importance pour le cycle de
vie de ces deux espèces de
papillons communs.
Laisser un peu de « piquant » – de préférence
exposé au soleil – est un
geste simple et facile pour
faire entrer la biodiversité
dans votre jardin. Et n’oubliez pas de nous communiquer vos observations de
papillons visitant votre jardin le week-end des 30 et
31 juillet 2016.
30 et 31 juillet
natagora.be/papillons
Mélanie Serruys
le magazine
2
#74
nuit des chauves-souris
Chauves-souris :
un habitat fragmenté
Cette année, la Nuit des Chauves-souris
se déploie à nouveau sur plus de
quarante sites. Natagora vous y invite à
voir et écouter en famille ces animaux
fascinants. Cette année, la thématique
portera sur les barrières qui menacent
leurs habitats : routes, lumières ou
arrachage des haies.
La fragmentation de l’habitat,
qui menace de nombreuses
espèces, n’est pas la perte de
milieux, mais bien l’érection
de barrières qui entravent les
déplacements de la faune. Il
en résulte notamment une
inaccessibilité aux ressources
et un manque de brassage
génétique.
Les routes sont une cause
majeure de la fragmentation.
De nombreuses espèces de
chauves-souris au vol lent ne
les traversent jamais. Elles
sont à l’origine de collisions
directes. Leur bruit perturbe
les espèces qui chassent à
l’oreille. La pollution chimique
diminue la diversité de leurs
abords. Et leur éclairage fait
fuir de nombreuses espèces.
Des solutions existent comme
les écoducs ou les tunnels souterrains, mais doivent être réfléchies avec des spécialistes
pour avoir un impact réel.
L’arrachage des haies et l’utilisation à outrance d’éclairage
public ont le même effet.
Mais il est possible d’agir. En
tant que citoyen, on peut notamment éviter tout éclairage
extérieur non lié à un détecteur de mouvement. Il est
également intéressant de favoriser les haies et les alignements d’arbres au jardin. Ces
éléments linéaires servent de
route de vol pour la plupart
des espèces de chauves-souris, mais sont aussi profitables à de nombreux autres
animaux.
Pour mieux comprendre l’écologie des chauves-souris, leur
mode de vie et l’impact de
l’homme sur leurs habitats,
rendez-vous à une des nombreuses activités de la Nuit
des Chauves-souris, organisées à travers tout l’espace
Wallonie-Bruxelles. Des spécialistes passionnés vous les
montreront, et vous feront
écouter leurs ultrasons au
cours de balades nocturnes.
Frédéric Forget
s
e
d
nuit esv
u
a
h
c is
r
u
o
s
Partez à la découverte
de ces animaux
renversants !
Samedi 27 août 2016
natagora.be/chauvesouris
Shutterstock
le magazine
3
#74
du 22 au 25 septembre 2016
Expos Photos Nature
& d’Art Animalier
Dans les sites prestigieux du Vieux Namur
14e Concours Photos AVES Emotion’ailes
Participez du 1er mai au 15 août 2016
Plus de 10.000 € de prix, un des concours les mieux dotés d’Europe
w w w.exposave s.be
Natagora collabore
à la revue Science
Une étude est parue il y a peu
dans la prestigieuse revue
« Science ». Elle se base sur des
milliers d’observations menées
en Europe et aux Etats-Unis et
démontre clairement l’impact
des changements climatiques
sur les populations d’oiseaux
communs. En Wallonie, Aves,
le pôle ornithologique de
Natagora, y a été associé
puisque les observations wallonnes sont directement utilisées dans
l’analyse. C’est une reconnaissance importante pour
les dizaines d’ornithologues qui participent à la surveillance de la biodiversité.
Jean-Yves Paquet, directeur du département Études
de Natagora et co-auteur de l’article, déclare : « En
Belgique, d’après cette analyse, sur 80 espèces
nicheuses communes, 67 sont prédites comme
impactées négativement par les changements climatiques et seulement 10 sont prédites comme allant
évoluer positivement. »
le magazine
4
Une aide pour
planter vos haies !
Vous êtes propriétaire d’un terrain que vous souhaitez délimiter par une belle haie riche en biodiversité ?
Vous êtes agriculteur et souhaitez poser des haies
pour profiter de leur effet barrière et peut-être bénéficier de primes agri-environnementales ? Le LIFE Pays
mosan peut vous aider, par exemple dans les aspects
techniques, l’achat des plans ou la pose des clôtures.
Les haies jouent en effet un rôle important dans la
préservation des terrains de chasse des chauvessouris, dont quatre espèces sont concernées par le
projet. Mais elles exercent également d’autres rôles
primordiaux au niveau de l’eau, du vent et du sol et
favorisent une importante diversité biologique.
Le projet vise donc à restaurer le réseau bocager du
« Pays mosan », en s’appuyant sur de nombreux
propriétaires, publics ou privés, conscients des importants aspects paysagers et écologiques des haies.
N’hésitez pas à prendre contact avec l’équipe du
LIFE si vous désirez plus d’informations.
Infos : Thierry Ory
[email protected] – 0474/56 86 62
www.lifepaysmosan.eu
#74
Photo: Ludo Goossens
en bref
en bref
Formation
animateur nature
Jean-Marie Winants
à l’Aquascope Virelles
À l’intention des jeunes
de 16 à 27 ans, Jeunes
& Nature organise une
formation à partir de
septembre à Bruxelles
(Mundo-B) et Namur
(Mundo-N). La fréquence des cours est
d’une soirée par semaine durant l’année
scolaire
auxquels
s’ajoutent 6 sorties (samedi ou dimanche), un
week-end en résidentiel au printemps et un
stage de 10 jours en été.
La formation fournit des connaissances naturalistes
de base et des outils et techniques pédagogiques de
l’Éducation relative à l’Environnement afin de pouvoir
animer des groupes d’enfants et d’adultes dans la nature. Elle donne droit à un brevet d’animateur nature
reconnu par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Pour toute information complémentaire et/ou pour
recevoir le bulletin d'inscription :
[email protected] – 02/893 10 57
www.jeunesetnature.be
Illustrateur et photographe animalier, Jean-Marie
Winants joue du dessin comme l’écrivain des mots.
Il vous invite à découvrir les illustrations originales
du livre « La Légende du Marais ». Un univers où se
croisent martin-pêcheur, bécassine des marais, héron cendré et aigrette garzette. Des paysages où les
chaumières sortent de terre comme par magie entre
marécages et saules têtards. Une exposition à ne pas
rater du 9 juillet au 4 septembre !
Infos : Aquascope Virelles
060/21 13 63 – www.aquascope.be
CoDT : le dossier suivi au plus près
Après 8 mois de débats en commission parlementaire,
le Code du Développement Territorial (CoDT) a été
soumis au Parlement wallon le 8 juin dernier. Lors de
cette séance plénière, plus de 160 amendements ont
été déposés. L’avis du Conseil d’Etat a été sollicité et
l’adoption définitive du texte est donc reportée à mijuillet 2016.
Pour rappel, ce texte primordial pour l’aménagement
du territoire, a mobilisé plus de 16 000 signataires en
quelques semaines, réclamant de rendre à la nature
et au paysage leurs droits en Wallonie. Le ministre Di
Antonio lui-même était signataire de cette pétition. Avec
7 autres associations naturalistes, nous y formulions
plusieurs demandes.
A l’analyse des amendements déposés, on constate
certaines avancées, telles que la réintégration d’une
demande de permis pour les haies et allées d’arbres.
le magazine
5
Toutefois, la majorité de nos revendications seront traitées dans les arrêtés qui doivent suivre le texte décrétal.
Beaucoup d’incertitudes demeurent donc tant que nous
n’aurons pas pu prendre connaissance de ces textes
essentiels. Nous préparons des propositions concrètes à
insérer dans les arrêtés, qui seront rapidement soumises
au Gouvernement wallon. Nous ne manquerons pas de
communiquer à ce sujet. Restez attentifs !
#74
militance
#NatureAlert :
l’UE sous pression
Mais que fait la Commission européenne ? Depuis plus d’un an, Natagora suit de près un
dossier européen primordial : l'évaluation des directives « Oiseaux » et « Habitats », piliers
de la législation nature dans l’Union. Celui-là même qui a vu plus de 500 000 citoyens, dont
40 000 belges, se mobiliser pour dire : « ne touchez pas à ces directives, veillez plutôt à les
mettre correctement en place ».
Benjamin Legrain
A
ujourd’hui, tout le monde
s’est prononcé. Le Parlement
européen, de nombreux états
membres, et même le bureau d’experts chargé d'évaluer les directives
sont unanimes : la législation est parfaitement adaptée mais actuellement
encore mal ou partiellement mise en
œuvre pour pouvoir produire tous les
résultats attendus.
Or, malgré toutes les preuves, la Commission retarde encore et encore la
sortie de ses conclusions. On soupçonne différents lobbys (agriculture,
mines, pêche…) de faire pression directement sur Jean-Claude Juncker.
Le processus se déroule dans la plus
Le ministre Collin a rappelé
l'engagement de la Belgique
à soutenir les directives.
grande opacité, questionnant les
principes démocratiques de l’Union
européenne. La Commission ignore
en effet la position du Parlement, élu
par les citoyens.
Mais Natagora ne reste pas les bras
croisés. Sur les réseaux sociaux, nous
avons interpellé les commissaires
Vella et Timmermans via une action
« Thunderclap », et nous continuons
à diffuser le #NatureAlert. Le 21 mai,
à l’occasion de la journée Natura
2000, nous avons invité le ministre
Collin à visiter une de nos réserves
naturelles. Il y a clairement rappelé,
Photo : Benjamin Legrain
Karmenu Vella (à gauche)
et Ariel Brunner de BirdLife
(à droite)
en présence de plusieurs médias, la
position ferme de la Belgique : « Il ne
faut pas revoir les directives ».
Fin mai, Natagora, Natuurpunt et
BirdLife étaient présents à la Green
Week, organisée par la Commission
européenne pour aborder les thématiques nature. Nous y avons distribué… des bières, brassées avec
du piment royal (Myrica gale), une
le magazine
6
#74
Photo : Commission européenne
plante provenant d’un site Natura
2000. Karmenu Vella, le commissaire européen à l’environnement
est venu poser à notre bar avec un
responsable de BirdLife, ainsi que
plusieurs autres décideurs européens. Nous prenons cela comme
un engagement ferme et appelons la
Commission à enlever ses œillères et
sortir de son mutisme !
Ornithologie | Entomologie | Herpétologie | Botanique | Éthologie | Photographie
Parce qu’on n’apprend pas tout
dans les livres.
Infos e
t
inscrip
tions :
www.n
atagora
.be/
formati
ons
Les Formations-Nature de Natagora :
toujours plus de terrain, toujours plus de passion.
A. Derouaux
www.nature-terroir.com
« Voyagez
Nature ! »
Les ateliers
30-31
juillet
10-18/9
Migrations en BULGARIE
1620€
18-25/9
Les Picos de EUROPA
750€
ABRUZZES – Italie
1190€
La Via Pontica utilisée par des milliers de migrateurs
Pics majestueux au royaume du loup et de l’aigle royal
brins de savoir
24/9-1/10
Ours, loups et brame du cerf au centre de l’Italie
24/9-1/10 Spécial Ours en BULGARIE 1620€
Ours brun mais aussi grands Tétras, Gélinotte des
bois, Pic à dos blanc, Chouette de Tengmalm…
INITIATION AUX INSECTES
Apprenez à identifier et à accueillir ces hôtes
indispensables au jardin naturel comme au potager.
Outre la simple détermination, partons ensemble à la
découverte de la notion de comportement au travers,
notamment, de l’abeille (apprentissage des bases de
l’apiculture, visites de ruchers, dégustation de miel).
Vincent vous accueille dans sa petite maison ardennaise
(Lamorménil/Manhay).
24/9-9/10
TAIWAN, la luxuriante
Végétation luxuriante et vie animale abondante
2-9/10
Le VERCORS – France
4290€
880€
Brame du cerf, bouquetin, chamois, mouflon, cervidés
11-16/10 PAYS-BAS – spécial Twitch
A la recherche des oiseaux rares
720€
ENSUITE : Sud Maroc, Éthiopie, Sénégal, Camargue,
Delta de l’Evros, Réveillon à Saint Hubert
75 € (70 € pour les membres Natagora).
Possibilité de logement.
Info et réservation :
[email protected] – 0494/03 73 97
le magazine
7
NATURE ET TERROIR • [email protected]
Place Communale 20a • B-6230 Pont-à-Celles
tél. +32 (0)71 84 54 80 • fax +32 (0)71 84 54 84
Lic A 5312
#74
ça s'est passé chez nous
Où s’est caché
le printemps ?
André Burnel et
Jean-Yves Paquet
Huppe fasciée à
Bruxelles.
Photo : Bernard Pasau
Gorgebleue à
Hollogne.
Photo : Serge Debrus
Héron pourpré à
Hollogne.
Merci à tous ceux et
celles qui alimentent
les chroniques
naturalistes en
encodant leurs
découvertes sur
www.observations.be
D
es températures particulièrement basses lors de la dernière décade d’avril ont entraîné une mortalité assez importante
au niveau des hirondelles rustiques
qui étaient particulièrement pressées de retrouver leur site de nidification favori. Des nichées précoces
de mésanges ont aussi souffert de
le magazine
8
#74
Photo : Serge Debrus
cet épisode glacial. Et, fin mai, ce fut
le déluge dont les conséquences ne
peuvent encore être analysées lors de
la rédaction de cette chronique. Commençons par une bonne nouvelle : la
nidification à Virelles de la cigogne
blanche. Deux cigogneaux sont nés
le 18 mai. Espérons une suite plus
heureuse que l’année dernière.
ça s'est passé chez nous
Au niveau événement, on ne peut
manquer d’évoquer la halte hors du
commun des migrateurs le week-end
du 1er mai au plateau du Gerny. Une
centaine de limicoles de huit espèces
différentes, des rapaces, des cailles,
120 traquets motteux et d’autres
passereaux comme les deux gobemouches sur des tas de fumier. Ce
plateau a aussi accueilli un bruant
à calotte blanche, une espèce très
rare de Sibérie et de l’Oural, du 7 au
23 mai. D’autres raretés ont aussi
égayé la période : un busard pâle le
14.04 à Houtaing et le 27.04 à Branchon-Jandrain, une buse pattue le
16.05 à Lierneux, un aigle botté les
17 et 19.05 à Harchies ainsi que le
20 à Villers-sur-Lesse, un monticole
de roche le 6.05 à Nismes, une locustelle fluviatile à partir du 20.05
aux
Abattis
(Villers-sur-Semois/
Etalle) ainsi qu’un pouillot ibérique à
partir du 17 mai à Esneux.
Terminons par quelques densités ou nombres remarquables : 58
mouettes mélanocéphales le 24.04 à
Harchies où pas moins de 500 nids
de mouettes rieuses ont été dénombrés le 13 mai. Bonne nouvelle également pour le rougequeue à front
blanc avec de nombreux individus
en halte en région liégeoise et en
Ardenne ainsi que des présences
relevées dans de nombreux carrés
lors de la prospection pour l’atlas
européen.
Un bijou du mois de mai
Pour qui cherche dans les pattes des vaches, près des zones humides
ou dans les terres de culture, il est possible d'observer en mai une
jolie variante de notre bergeronnette printanière, la bergeronnette nordique ou, selon son nom scientifique, la « thunbergi ». Elle se reconnaît, du moins chez le mâle, à sa calotte d'un gris-bleu très foncé, à
ses lores (zone comprise entre l'œil et la base du bec) sombres et au
sourcil presque toujours absent. Cette sous-espèce se reproduit en
Scandinavie et en Sibérie.
Il n'y a en fait pas beaucoup d'exemples où plusieurs sous-espèces
d'une même espèce sont identifiables et facilement observables sur
le terrain dans notre pays. Si on examine les données parvenues à la
Centrale Ornithologique Aves, on s'aperçoit qu'il y a une forte différence de phénologie entre la bergeronnette printanière nordique et la
sous-espèce nominale.
Alors que la bergeronnette printanière « flava » (celle qui niche notamment en Belgique) nous revient dès le début avril, la bergeronnette printanière « thunbergi » ne commence généralement à être
observée en Wallonie qu'après le 20 avril. Sa fréquence d'observation
culmine autour de la mi-mai pour s'achever brusquement dès la fin
du mois. Elle est très rare en juin. Sa période de présence est donc
beaucoup plus étroite que pour la flava. Même au moment de son pic
de passage à la mi-mai, la thunbergi ne représente cependant que
20 % des observations de bergeronnettes printanières en Wallonie.
En fait, la bergeronnette printanière nordique passe bien après la
sous-espèce plus méridionale, puisque son habitat plus nordique
n'est « disponible » que plus tard en saison.
Autre particularité, dans notre pays, cette sous-espèce est beaucoup
moins fréquente en automne qu'au printemps : même lors de son
pic de présence post-nuptial, à la fin août, la sous-espèce nordique
ne représente que moins de 10 % des données de bergeronnettes
printanières.
Pour en savoir plus :
http://blog.aves.be/aves/2016/5/2/la-bergeronnette-nordiqueun-bijou-du-mois-de-mai
Bergeronnette
printanière nordique
Intéressé(e) par
de l’information
ornithologique
plus complète et
plus détaillée ?
Le bulletin Aves
est pour vous !
Pour le recevoir,
voyez en page 33.
Volume 53/1 – mars 2016
Bulletin trimestriel
Aves, pôle ornithologique de Natagora asbl
Rue Fusch 3 – 4000 Liège
Dépôt Liège X – P302132
le magazine
9
#74
Photo : René Dumoulin
Franck Renard
en couverture
Le tarier des prés
en danger critique
Antoine Derouaux, Gerhard Reuter et Jean-Paul Jacob
ge de
Un ouvra à se
référence la
à
procurer oise
ge
ié
L
Maison
nement
n
o
ir
v
n
de l'E
verture
(voir cou ).
arrière
S’il orne la couverture de l’Atlas des Oiseaux nicheurs de
Wallonie, ce n’est pas sans raison. Le tarier des prés, un petit
passereau au plumage brun, est actuellement en danger
critique d’extinction en région wallonne alors qu’il était très
commun au début du 20e siècle.
L
’intensification de l’agriculture
semble être la première cause
du déclin du tarier des prés. À
nos frontières, la chute des populations est aussi drastique. Natagora et
Aves-Ostkantone, avec le soutien de
la Wallonie, tentent depuis quelques
années de maintenir l’espèce, avec
un certain succès.
À la recherche de
prairies de qualité
Le tarier des prés occupe essentiellement les prés à foin
peu fertilisés, tant dans les milieux humides que secs. Les
fonds de vallée et les versants lui conviennent bien si la
végétation herbacée est variée et fauchée tardivement.
Quelques prairies pâturées extensivement en mosaïque
avec les prés de fauche sont également appréciées. À El-
De la mi-avril à la mi-mai et en fin d’été,
on peut croiser ce petit passereau un peu partout chez
nous, surtout dans les zones ouvertes. Mais ce ne sont que
des migrateurs. Au printemps, les nicheurs sont nettement
plus rares et cantonnés à quelques sites ardennais.
le magazine
10
senborn, on le trouve dans les prairies à fenouil des Alpes
et les landes à callune. Mais une petite prairie isolée ne lui
suffit pas, il faut un vaste ensemble d’habitats favorables
(plusieurs dizaines à plusieurs centaines d’hectares) pour
qu’une population viable s’installe ou se maintienne.
#74
en couverture
Insectivore chassant à
l’affût, le tarier des prés
(ici un mâle) apprécie
les perchoirs lui donnant
une vue dégagée sur les
prairies alentour. On le
voit donc régulièrement
posé sur un piquet, une
ombelle ou un chardon.
Photo : René Dumoulin
L’évolution de ces prairies, depuis les années 1960, n’a pas
tourné en faveur de l’espèce, bien au contraire. L’utilisation
de fertilisants, le remembrement qui a modifié fortement le
paysage, l’augmentation de la charge en bétail, l’avance-
Comparaison de l'évolution du tarier des prés en Wallonie
entre les Atlas 1973-1977 et 2001-2007
Source : Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie, Aves et DEMNA, 2010.
ment des fauches, l’apparition des techniques d’ensilage,
la conversion des prairies en cultures de maïs, l’urbanisation croissante sont parmi les causes qui expliquent une
réduction de 83 % de l’aire de nidification et 75 % des
couples nicheurs en 30 ans (1977 à 2007). La prédation
et de mauvaises conditions climatiques au moment de
l’élevage des jeunes peuvent aussi affecter la productivité
Rudi Dujardin
et diminuer les populations déjà fragiles. Le Hainaut, le
Condroz et la Famenne ont été progressivement désertés.
La Lorraine n’accueille plus que 3 couples à Messancy, la
population y est en sursis. Une grande partie de l’Ardenne
est aussi concernée par la disparition de l’espèce.
Site de nidification dans la vallée de la Semois, en Gaume.
hormis Le
quelques
quine
subsistent
à Cul-des-Sarts
les parcelles,
bonifié
les notamment
terres, notamment
par le de
drainage
tarier couples
des prés
se maintient
en fait (Thiérache).
que dans les misé
les Hautes
Fagnes,
grâce
aux projets
resEn 1997, dans le reste du massif, 20-30 couples nichent dans le
des prairies humides. Enfin, l’enrésinement des vallées, l’évolution
cantons de l’Est. Sur les 200 à 210 couples nicheurs tauration menés sur le site.
bassin de la Sûre/Haute-Ourthe et 200-250 autres de Thommen à
naturelle des prés abandonnés, la prédation accrue (principalement
en Wallonie en 2008, il y en a entre 130 et 140 dans
Elsenborn, dont 106 au seul camp militaire d’Elsenborn. Entre ces
imputable aux Corneilles noires) et des conditions atmosphériques
le camp
militaire
d’Elsenborn.
La vallée
la leRoer
Les couples
sont très
fidèles
leursetsites
nidification,
deux pôles,
des Tariers
des prés
se cantonnent
encorede
dans
haut ac- parfois
défavorables,
comme
en à2006
2007,deont
aggravé les
40près
couples
en 2011
54 enles2012.
Lesduval- problèmes
il est trèsrencontrés
difficile de
revenir
desrésulte
oiseaux
des
bassin cueillait
de l’Ourthe,
de Houffalize.
En et
Lorraine,
bassins
parfaire
l’espèce.
Il en
une dans
productivité
Ton et de
la
Vire,
le
Pays
d’arlon,
une
partie
du
bassin
de
la
Semois
et
annuelle
le
plus
souvent
insuffisante
pour
compenser
la
mortalité
lées de la Warche et de l’Emmels n’abritent plus que habitats réhabilités s’ils ont été désertés les années préin litt.important
). À ce jour, de
les maintenir
efforts de conservation
de l’attert
sont désertés
aprèset1997.
Les résultats
de l’atlas
montrentPlus naturelle
(L. Schmitz,
quelques
couples
le déclin
semble
continuer.
cédentes.
Il est donc
en place lessur
le terrain (réserves naturelles, mesures agro-environnementales*)
que l’espèce se maintient à Elsenborn et dans la vallée de la Rur
positif, quelques couples commencent à s’installer dans derniers bastions wallons de l’espèce.
n’ont pu enrayer le recul. Seule la population du camp militaire
mais continue à se raréfier ailleurs. Elle est probablement éteinte en
d’Elsenborn se maintient et augmente même, grâce à une gestion
Thiérache et en danger critique en province de Luxembourg (moins
le magazine judicieuse
#74
des prés semi-naturels et des landes.
de 20 couples en 2009).
11
Pour l’essentiel, l’évolution de l’agriculture est considérée
Jean-Paul Jacob et alain De Broyer
comme responsable du déclin 52. En Wallonie, la diminution des
en couverture
Des mesures favorables
à adopter
La femelle du tarier des
prés arbore les mêmes tons
que le mâle mais moins
contrastés.
Photo : Jean-Marie Poncelet
Combinaison gagnante en
Depuis 2011, la Wallonie soutient un projet de mise en
place de mesures favorables à l’espèce dans sa zone de
nidification. Une phase de sensibilisation a eu lieu auprès
des agriculteurs concernés afin qu’ils soient conscients
que leurs prairies et leur manière de les gérer ont un intérêt biologique très élevé. Parallèlement, une étude de la
9
actions
Les agriculteurs peuvent mettre en place des
mesures agri-environnementales spécifiques
pour le tarier des prés. Il y a 9 points à appliquer
pour répondre au cahier des charges et bénéficier d'une indemnisation.
population de la vallée de la Roer a été menée pour déterminer au mieux la période de reproduction des tariers locaux et la localisation des nids. Le projet, porté par Gerhard
Reuter (Aves-Ostkantone) et Natagora, a permis de ré-
maintien
du caractère
herbagé
maintien de
l’humidité du site
(pas de drainage)
maintien de
l’ouverture du
milieu (éviter
le reboisement
naturel)
fauchage
tardif après le
15 juillet
maintien de
zones refuges
importantes lors
du fauchage
possibilité
d’un pâturage
extensif en fin
de saison
Aucune
utilisation de
fertilisants
interdiction
de pratiquer le
sursemis
maintien de
perchoirs en
nombre
unir divers acteurs du monde rural pour implanter des
mesures agri-environnementales (MAE) dans les prairies
adjacentes à celles encore occupées par l’espèce et saturées par le nombre de couples nicheurs afin d’augmenter
les surfaces favorables au tarier.
Les oiseaux de la vallée de la Roer ont été suivis quotidiennement entre 2011 et 2014 (avant et après la mise
en place des mesures) sur plusieurs centaines d’hectares
de prairies favorables. Cela a permis de dénombrer tous
les couples nicheurs, de connaître le nombre de jeunes à
le magazine
12
#74
en couverture
Dans deux de nos réserves
(l’Emmels à Saint-Vith et la
Vallée de la Warche à Bullange),
le tarier des prés constitue une
priorité dans le plan de gestion.
Outre de gros travaux d’abattage
de pessières, les prairies (parfois
recréées) sont fauchées après le
15 juillet par des agriculteurs
locaux. Le maintien de perchoirs
(ombellifères) est assuré en
respectant une mosaïque fauché/
non fauché. Certaines parcelles
Gerhard Reuter
Gerhard Reuter
sont aussi pâturées très extensivement par des vaches de
race rustique en fin d’été pour limiter le boisement. Les
agriculteurs impliqués dans la gestion de nos réserves sont
ainsi sensibilisés et peuvent appliquer ces mesures à leurs
parcelles.
l’envol et surtout les dates d’émancipation des nichées. Il
La conservation du tarier des prés dépend d’une mise en
apparaît que, sur 24 couvées suivies, 5 familles volaient
œuvre de diverses mesures, avec pour acteurs les agri-
au 1er juillet et tous les jeunes (113 en tout) étaient partis
culteurs et les gestionnaires de réserves naturelles pour
au 7 juillet. Cela montre bien l’importance de faucher très
la gestion des prairies. La restauration des fonds de vallée
tardivement (après le 15 juillet idéalement pour anticiper
(déboisements, protection des bords de cours d’eau…)
de possibles retards comme des pontes de remplace-
grâce à des projets importants (projets LIFE notamment),
ment) les parcelles pour que les tariers puissent se repro-
permet d’étendre les zones favorables.
duire. Mais faucher au 15 juillet c’est aussi permettre à
une multitude de plantes et d’insectes de boucler leurs
Sur 550 agriculteurs contactés dans les Cantons de l’Est,
cycles vitaux complètement, faisant de ce tarier une
83 ont adhéré à ces MAE. Dans la vallée de la Roer, ce
espèce parapluie pour les prairies. Une gestion qui lui
sont 25 agriculteurs qui ont mis en zone de protection
est favorable est bénéfique pour de nombreuses autres
53 ha supplémentaires. Cette augmentation de la surface
espèces (râle des genêts, pipit farlouse, cuivré de la bis-
favorable a permis d’augmenter de 32 % le nombre de
torte, cuivré des marais…).
couples nicheurs en 3 ans ! Cela montre que, dans ce
contexte, il est possible d’arriver à des résultats favorables
Le nid du tarier des prés se situe toujours au sol. La
à la conservation de la nature si les principaux acteurs
femelle le construit seule. Elle creuse une petite dépres-
sont impliqués. Il faut aussi s’y prendre dans les temps,
sion dans le sol, souvent sous un touradon ou une touffe
avant une disparition totale de l’espèce ou de ses habitats.
d’herbe et y aménage le nid. Les jeunes quittent souvent
celui-ci avant de savoir voler et restent cachés dans la
Ce projet, qui intègre clairement les agriculteurs dans la
végétation dense durant quelques jours avant de se mon-
conservation d’une espèce, est devenu un cas d’école
trer et de voleter de perchoir en perchoir. Si la fauche a
pour les gestionnaires de milieux, notamment en Alle-
lieu durant la couvaison ou l’élevage des jeunes, le nid
magne et au Grand-Duché de Luxembourg où la méthode
est détruit et, si pas, il est à la vue des prédateurs qui
a été présentée lors de différents colloques et dans des
s’en chargeront.
publications régionales.
le magazine
13
#74
entomologie
Le souverain
Magalie Tomas Millan
de nos insectes
Magalie Tomas Millan
Jean Rommes
É
tymologiquement « chef » ou
« héros », l'anax empereur est
la plus grande espèce de libel-
lule de nos régions : le thorax d'un
vert lumineux et mat est prolongé
DÉBUT D'ÉTÉ... PARMI LES PLANTES AQUATIQUES
DE L'ÉTANG, UNE GROSSE LIBELLULE S'AFFAIRE
À PONDRE. SA TAILLE QUI SUSCITE LA CRAINTE
PARMI LES INSECTES NE L'EMPÊCHE PAS D'ÊTRE
CONVOITÉE PAR UNE GRENOUILLE AUX AGUETS
SOUS LA SURFACE DE L'EAU...
d'un abdomen, azur chez le mâle et
vert ou vert bleuâtre chez la femelle,
inlassablement par beau temps son
à bande longitudinale noire et pou-
domaine, duquel il repousse ses
vant atteindre 6 cm de long. L'enver-
congénères. Lorsque l'appétit se
L'anax empereur est peu exigeant. Il
gure des ailes légèrement lavées de
fait sentir, un simple écart dans sa
vole au-dessus de tous types d'eaux
brun jaune mesure 11 cm.
course habituelle lui permet de cueil-
stagnantes et peut s'y reproduire,
lir au passage un taon étourdi, une
même en milieu urbain. La mare que
Élégance, force
et vol soutenu
mouche vagabonde, voire même une
Natagora a contribué à créer dans le
demoiselle ou un papillon. La pour-
jardin naturel de Mundo-B à Ixelles,
suite n'est jamais très longue, happer
n'a pas tardé à être colonisée par
D'un vol calme, majestueux, infa-
au vol l'insecte le plus rapide n'est
cette libellule pionnière. Lors d'une
tigable, l'anax empereur surveille
pour lui qu'un jeu.
année faste, de nombreuses exuvies
le magazine
14
#74
La mare de l'empereur
entomologie
accrochées à leur support végétal
Les anax
maintiennent
souvent l'abdomen
légèrement arqué
vers le bas.
ont témoigné du dynamisme de ce
splendide insecte. Une telle abondance ne constitue cependant pas
un luxe. Conditions météorologiques
défavorables, prédateurs et parasites
Photo : Jean-Marie
Winants
les plus variés se chargent de réduire
sensiblement l'espérance de vie des
Exuvie (dépouille
larvaire) d’anax
empereur.
libellules : 50 % d'une colonie d'anax
empereur disparaissent au terme de
deux semaines d'existence, ayant à
Photo : Magalie Tomas
Millan
peine eu le loisir d'étrenner leurs organes reproducteurs flambant neufs.
La période principale de vol se situe
de la troisième décade de mai à la
troisième décade d'août, avec un
pic d'apparition début août.
Recherchant préférentiellement les
espèces végétales qui montent depuis le fond en tiges innombrables
pour former un véritable matelas
à la surface de l'eau, la femelle de
Mâle d'anax empereur ténéral
(fraîchement émergé). La maturation
dure entre deux et trois semaines.
l'anax empereur va y déposer ses
oeufs au moyen d'une petite tarière,
instrument de haute précision.
Ponte en tandem d'anax napolitains.
La selle bleue de l'abdomen est bien
visible chez le mâle.
De grandes différences existent dans
le développement des larves. Si les
oeufs ont été pondus les premiers
Photo : Magalie Tomas Millan
Photo : Michel Garin
jours de juin, les larves éclosent au
début de juillet et, grâce à une croissance très rapide, peuvent effectuer
encore avant l'hiver les nombreuses
Si l'eau est necéssaire au déve-
dernières décennies. En Angle-
mues qui doivent les porter à l'état
loppement larvaire de la libellule
terre, la limite septentrionale de
de larves-nymphes. Celles-ci atten-
et à sa reproduction, les habitats
son aire de distribution est remon-
dront jusqu'au printemps suivant
terrestres sont tout aussi indispen-
tée de plus de 80 km depuis les
pour éclore.
sables en tant que zones de refuge
années 60, ce qui est attribué au
et de chasse pendant la phase de
réchauffement climatique. L'anax
maturation, quand l'imago nouvel-
napolitain, une espèce voisine, qui
lement émergé prend ses couleurs
n'avait été observé qu'une seule
et acquiert son potentiel reproductif.
fois en Belgique à Ixelles en août
Les larves écloses plus tard dans la
saison verront leur développement
arrêté par le froid et n'atteindront
le dernier stade avant la métamor-
1884, a été revu à la fin du XXe
phose qu'en été de l'année suivante.
Lorsque la température est élevée,
les émergences commencent le soir
siècle. Observé une dizaine de fois
Des espèces
méridionales
au cours des années 1980, il est
devenu un visiteur annuel depuis
et s'achèvent avant l'aube, si bien
En
l'anax
1994 avant de se reproduire de
que de nombreux adultes prennent
empereur s'est considérablement
manière régulière dans notre pays
leur envol de nuit.
étendu vers le nord au cours des
à partir de 2001.
Europe
occidentale,
le magazine
15
#74
photo nature
Apprendre à
photographier
les insectes
Gérard Frola,
coordinateur de la formation Photo Nature
Vincent Gavériaux,
illustrateur naturaliste
Claude Sottiaux,
Claude Sottiaux
photographe naturaliste
le magazine
16
#74
photo nature
Vincent Gavériaux
La magie du monde du « petit »
Macrophoto !!! Un mot magique gage de découvertes et
d’émerveillement, une entrée immédiate dans un autre
monde, méconnu, souvent inconnu, inquiétant ou enchanteur. Par ses cours photos, Natagora ouvre la porte vers cet
univers peuplé de champignons, de mousses, de fleurs,
d’insectes... Sujets ? Tout ce qui fourmille, trottine, rampe,
volette, papillonne et vrombit, végète, fleurit, mousse,
champignonne et bien d’autres. Pour le macrophotographe,
découvertes et aventures sont partout, dans les prairies et
sous-bois, garrigues et rocailles, dans notre jardin où ce
petit monde se ménage provisions, festins, rencontres,
conflits, histoires d’amour et sombres drames. Nous nous
focalisons ici sur les insectes, et les papillons en particulier.
vée du printemps et se laisse facilement tirer le portrait
jusqu’aux premières gelées. Vous le trouverez en milieux
variés, jardin, bords de la route, friche... Un autre papillon, comme l’aurore, sera observé sur une période beaucoup plus courte, d’avril à mai, et dans des milieux bien
plus spécifiques comme les prairies à cardamines. Inutile, donc, d’imaginer photographier une aurore cet été, à
l’orée du bois.
Optimalisez votre recherche en balade en privilégiant les
lieux attractifs comme la friche ou les coteaux calcaires,
endroits idéaux pour photographier les papillons. Dans
votre jardin, les plantes à fleurs indigènes telles la valériane, le chèvrefeuille, la menthe, l’origan ou l’eupatoire
chanvrine seront autant de lieux d'accueil pour nos amis
ailés. Agrémenter son jardin de quelques-unes de ces
plantes est bénéfique pour tous. Les papillons y trouve-
Avant tout, savoir où et
quand trouver les sujets
ront refuge et nourriture, vous aurez de multiples occasions de les photographier et, de plus, certaines de ces
Avant d’immortaliser en photo la microfaune, il est impor-
plantes comme la valériane, la menthe ou l’origan pour-
tant de bien connaître son sujet. Prenons l’exemple du
ront vous accompagner jusque dans votre cuisine pour
papillon citron. Celui-ci, connu de tous, annonce l’arri-
épicer vos plats.
le magazine
17
#74
photo nature
Claude Sottiaux
vous
Envie dela photo
à
adonnerture ?
na
sses
velles cla
Deux nou en octobre à
s'ouvrent et à Namur.
Bruxelles
gora.be/
www.nata nphoto
formatio
Trois manières très
différentes d’aborder la
photographie d’insectes
À chacun sa manière personnelle d’aborder les sujets
et transmettre ses expériences. Vincent, Claude et Gérard, tous trois formateurs de la formation Photo Nature de Natagora, abordent la photographie d’insectes
différemment.
Claude pratique les pas feutrés et l’intrusion dans l’intimité de ses sujets. Le nez dans l’herbe, on entre dans le
microcosme plutôt que de le surmonter, on découvre la
petite vie de nos sujets, émotions assurées… même si la
photo ne peut toujours être réalisée. Objectif macro et bagues allonges, les rapports alors accessibles permettent
de composer de « petits paysages » ou de cibler de
minuscules sujets ou parcelles de ceux-ci. Adepte de la
lumière naturelle et de sa complexité, Claude cherche les
ambiances « clairs-obscurs » des crépuscules et petits
matins, les éclairages filtrés des sous-bois et clairières,
les luminosités nuancées du contre-jour.
le magazine
18
La profondeur de champ est la partie nette de l’image du
premier au dernier plan. Le choix de la faible profondeur de
champ permet de composer une alternance de « flou/net »
pour mettre en scène le sujet et accentuer l’aspect féerique
de cet univers subtil et intrigant. À l’inverse de Claude et Gérard, Vincent privilégie des grandes zones nettes. Il aborde
la photo d’insectes comme un explorateur naturaliste. C’est
avec un compact expert qu’il fonce à l’abordage de ses sujets. L’avantage du compact expert est d’avoir une énorme
mobilité et d’offrir des perspectives très dynamiques grâce
à une grande profondeur de champ et un angle de prise de
vue très proche du sujet (parfois jusqu’à 1 cm). Connaissance naturaliste, habileté, persévérance et connaissance
très approfondie du matériel sont les secrets pour immortaliser les insectes avec cette approche naturaliste de la photographie rapprochée comme la pratique Vincent.
Pour Gérard, c’est l’émotion qui prime. Que ce soit à la
recherche d’insectes dans des positions inhabituelles,
ou en privilégiant le contre-jour ou encore en explorant
des endroits où la lumière est plutôt discrète. De face,
en plongée ou en contre-plongée, cela importe peu tant
#74
photo nature
que l’ambiance est au rendez-vous. Techniquement, il
est équipé d’un appareil réflex plein format et un objectif macro avec une très grande ouverture, permettant
d’obtenir de très courtes profondeurs de champ. L’objectif est toujours calé à la même ouverture (f/2) et la mise
au point est réglée pour en obtenir le plus gros grossissement. C’est à main levée, sans trépied et pas à pas
que Gérard s’aventure à la recherche des ambiances.
Quand la communion entre l’insecte, la lumière et le photographe opère, c’est un résultat assez mélancolique et
mystérieux qui en ressort. Le choix de travailler en noir et
blanc accentue cette volonté de transmettre une émotion
mélancolique et apporte une intemporalité à l’image.
L’essentiel est de se faire plaisir
Que vous arpentiez une friche en courant derrière le papillon « belle dame » avec votre compact ou que vous vous
couchiez dès l’aube dans votre jardin devant l’eupatoire
chanvrine en attendant l’arrivée d’une aurore, ou encore,
que vous vous lanciez à la recherche d’une lumière graphique pour récolter une image en noir et blanc d’une
mouche en contre-jour, l’essentiel en photo est de prendre
plaisir ! Le plaisir de s’émerveiller chaque jour en observant ces petits êtres ailés qui vrombissent et papillonnent.
Si l’émerveillement est toujours total, la responsabilité du
photographe naturaliste et animalier est, de nos jours, de
plus en plus essentielle. Les images que nous montrons
doivent aider à prendre conscience de la nécessité de
préserver les milieux naturels, leur faune et leur flore. Il
vaut mieux ne pas réaliser une image que de déranger
des animaux.
L'exposition de fin de cycle des élèves de
la formation photo se déroulera du 1er au 3
septembre dans la salle d'exposition du site
Terra Nova à la Citadelle de Namur.
Vernissage le jeudi 1er septembre de 18h à 22h.
Vendredi 10h-20h : exposition libre.
Samedi 10h-20h : exposition avec activités
photo nature.
Programme : www.natagora.be/formationphoto
En partenariat avec la Citadelle.
Gérard Frola
Gérard Frola
le magazine
19
#74
rencontre
FrançoisXavier
Noël,
créateur de
biodiversité
François-Xavier arpente au
quotidien les réserves naturelles
de Natagora. Agent de terrain du
LIFE Pays Mosan, il multiplie les
tâches, des plus manuelles et
parfois dangereuses aux missions
d’encadrement. Un homme de
Sébastien Pirotte
cœur, de terrain et de terroir... de
nature en somme.
rencontre
Sébastien Pirotte
G
radué en agronomie, j'ai débuté comme éducateur dans une maison de réinsertion sociale. J'ai
ensuite été maraîcher, puis ai sillonné l’Europe
en transitant de ferme en ferme avec mon épouse. À
mon retour, j'ai travaillé 6 mois pour le LIFE Hélianthème,
puis 6 autres dans un Groupe d’Action Locale, où j’ai
compris que le travail administratif n’était pas fait pour
moi. J'ai donc sauté sur l'occasion lorsque j’ai pu revenir
chez Natagora. Et me voilà travaillant,
depuis bientôt deux ans, en compa- Je réfléchis
gnie de Michel et David au sein du à l’impact
LIFE pays Mosan.
planter des vergers, des haies, creuser des mares : tout
cela va dans ce sens.
J'aime aussi beaucoup ce boulot car il me permet de
voyager. Un jour n'est pas l'autre : le lundi à la Montagne
Saint-Pierre, le lendemain à Rochefort, ensuite Dinant
puis Theux… le territoire est vaste et le travail ne manque
pas. Nous pouvons heureusement compter sur de nombreux volontaires pour nous aider, plus qu'à
l’occasion pour certains.
Ces pelouses sèches sont souvent très pentues, dépassant fréquemment les 40 degrés.
chacune
de
mes
Certains jours, en bas de pente, débroussailJe passe la majeure partie de mon
leuse à la main, je me demande pourquoi j'ai
temps sur des pelouses et prairies actions ici et à
resigné. Mais une fois le travail achevé, voyant
maigres de grand intérêt biologique.
l'autre bout de
mon impact sur la végétation et le paysage,
Je veille à les maintenir ouvertes, à
la planète.
je suis satisfait et rassuré. Et souvent, quand
contenir le reboisement, pour perj'arrive au sommet, je suis récompensé par une
mettre à une flore et une faune bien
spécifiques d’y subsister. On voit souvent des graines sor- vue superbe et tout ce que la nature a de plus beau à
tir de leur dormance sur un site envahi d’arbres depuis nous offrir. Vous l’aurez compris, le travail est physique
des décennies. En gros, je suis un mouton. Mais atten- mais le résultat en vaut largement la chandelle. Alors
tion, au sens de gestionnaire de paysage, pas au sens venez en profiter !
qu’engendre
sociologique. Je réfléchis en effet à l’impact qu’engendre
chacune de mes actions ici et à l'autre bout de la planète.
Améliorer l’environnement par la restauration des milieux,
le magazine
21
www.lifepaysmosan.eu
#74
nos réserves
L’arc en
ciel végétal
d’Ourthe orientale
Texte et photos :
Benjamin Legrain
Étalée aux alentours de Gouvy, la vaste réserve naturelle
de concert de nombreuses gre-
d’Ourthe orientale se pare d’une vaste diversité de couleurs
nouilles vertes. En face, de vastes
et de chatoyants papillons au printemps. Visite ensoleillée
plantations d’épicéas rappellent à
quoi ressemblait toute la vallée, su-
entre deux orages.
rexploitée, il y a encore trente ans.
Heureusement, de nombreux pro-
A
grammes européens et interrégio-
Des paysages d’antan
pour la cigogne noire
naux ont permis de couper les rési-
Je remonte la E25 vers les hauteurs
Philippe nous arrête au sommet
dans des zones de nourrissage des
ardennaises – sous les trombes
d’une vallée encaissée isolée. Le pay-
cigognes noires, qui fréquentent le
d’eau – pour aller visiter la réserve
sage est superbe. La rivière, chargée
site pour y pêcher leur pitance. C’est
de l’Ourthe orientale. Arrivé à Gouvy,
par les précipitations, serpente au
à leur intention qu’ont commencé
le ciel est bleu azur ! Tout sourire,
bas du coteau escarpé sur lequel
les restaurations écologiques dans
Philippe Collas, chargé des réserves
nous nous tenons. Malgré la forte
les années nonante.
d’Ardenne orientale, étale les cartes
déclivité du terrain, des sphaignes
topographiques devant lui. La ré-
poussent à même le versant, par-
serve s’étend en plusieurs blocs sur
mi les genêts en fleur et les jeunes
82 hectares, tout le long de la rivière.
plants de myrtilles qui promettent un
« Ne t’inquiète pas, ici il ne pleut pas
automne alléchant.
ux premiers jours de juin,
les orages s’enchainent et
la Belgique est sous eau.
neux et rendre à ces paysages leur
splendeur d’antan. Nous sommes
Le pont de la
rivière Ourthe
Nous descendons vers la rivière.
avant 14 h. » Bon. Je fais confiance
Les terrains sont détrempés par
à mon guide et nous voilà partis sur
Tout le flanc est dégagé, ainsi que le
les pluies des derniers jours. Des
les chemins forestiers détrempés par
fond de vallée. En-dessous de nous,
ruisseaux coulent abondamment,
les jours précédents.
on aperçoit les mares où coassent
qui sont normalement à sec à cette
le magazine
22
#74
nos réserves
Philippe sur le pont
au-dessus de l’Ourthe
Le sceau de Salomon
à feuilles verticillées
période. Mais le soleil de juin tape
précipitations. Philippe et moi y ob-
c’est une bonne nouvelle. L’espèce
fort, contrebalançant l’humidité du
servons les libellules et demoiselles
ne se porte globalement pas très
sol. Les pipits des arbres, en pa-
qui se dorent au soleil, avec une fu-
bien. Il faut beaucoup de patience
rade, nous accompagnent. S’élan-
rieuse envie d’y faire trempette. Mais
lorsqu’on
çant en hauteur, ils redescendent
nous nous retenons et arrivons enfin
Mais, année après année, la nature
en douceur, les ailes en parachute.
au pont. Un bel ouvrage artisanal
reprend ses droits et l’on découvre
En nous approchant de l’Ourthe, la
hélas peu utile. Censé traverser deux
de nouvelles espèces : c’est notre
végétation double, triple de hau-
bras de la rivière, la deuxième partie
récompense. »
teur. Elle nous arrive maintenant à
a été emportée. Pas moyen de tra-
la taille. Entre de larges feuilles de
verser, donc. Pas de souci, la balade
Nous remontons l’Ourthe orientale
pétasite s’élancent la reine des prés
est agréable et nous remontons en
sur une zone beaucoup plus déga-
et la renouée bistorte. Ce sont main-
croisant le peu commun sceau de
gée. Champs et pâtures ont remplacé
tenant les fauvettes grisettes et les
Salomon à feuilles verticillées, une
les forêts. Nous entrons à pied dans
rousserolles verderolles qui rythment
version érigée de la belle toxique de
une prairie délimitée par une belle
notre progression. Nous cherchons
nos forêts.
haie vive. Il y a vingt ans encore, il
restaure
des
milieux.
s’agissait d’une plantation d’épicéas.
un pont. « Jean, l’agent de terrain, a
La récompense
du gestionnaire
Aujourd’hui, elle explose de cou-
Nous partons vers une autre partie
sotis ou de renoncules flammettes,
du site et, après seulement quelques
des rhinanthes crête de coq ou du
nombreuses
mètres, Philippe arrête net la voi-
polygala ; blanc, jaune, bleu, mauve,
mares creusées au fil des années et
ture. « Là, une pie-grièche grise ! » Il
rose et toutes les nuances de vert :
des projets de restauration. Elles sont
a l’œil. « Je la vois pour la première
un arc-en-ciel botanique se déroule
étonnamment translucides grâce aux
fois dans cette zone de la réserve et
sous nos pieds !
descendu du bois pour le construire,
je ne sais pas s’il l’a fait ». Bon. Je
fais confiance à mon guide, et nous
continuons à avancer.
Nous
longeons
de
le magazine
23
#74
leurs. Des grandes marguerites, des
pensées sauvages, des tapis de myo-
nos réserves
Tapis de bistorte en
bordure de l'Ourthe
Les rares papillons
de la rose bistorte
Il me prend de vouloir rejoindre
l’Ourthe au fond du site. Nous traversons de vastes zones franchement
détrempées. Tandis que la prairie est
pâturée par des chevaux Fjord à partir
du 15 juillet, cette zone marécageuse
ne leur est ouverte qu’à partir d’octobre. En effet, approchant de la rivière, nous y traversons d’impressionnantes étendues de renouée bistorte.
Or, cette belle plante abrite et nourrit
deux papillons rares et protégés : les
cuivrés et nacrés de la bistorte. Ce
n’est qu’à l’automne qu’ils se réfugient
au sol. Un pâturage plus précoce risquerait donc de faire disparaître prématurément les œufs ou les chenilles.
Cependant, malgré l’abondance de
bistorte, nous ne voyons pas un seul
papillon. Est-ce la faute à la météo
peu propice ? Bourdons, abeilles et
syrphes s’en donnent par contre à
cœur-joie sur cette plante nectarifère.
Philippe m’amène ensuite au lieu-dit
« Haie de Bellain », le tout premier site
acquis par Natagora dans cette grande
Nacré de la bistorte
sur sa plante hôte
réserve éparpillée le long de la rivière.
Petite prairie de fauche encerclée par
la forêt, le site regorge de merveilles
botaniques que nous n’avions pas encore croisées précédemment. La reine
des lieux : l’orchis à larges feuilles qui
ponctue de son pourpre profond la
riche végétation. Et, tandis que je
note dans mon carnet que Philippe
râle de ne pas voir sortir les papillons,
voilà deux petites taches orangées qui
s’envolent sous son nez : des nacrés
de la bistorte. Ils sont bientôt trois à
voleter autour de nous, en compagnie
le magazine
24
#74
de belles dames. Superbes insectes
dont l’un nous fait le plaisir de prendre
la pose à quelques centimètres de nos
objectifs.
Comblés, nous clôturons la balade
par une visite à Câline et Sirocco, deux belles juments Fjord qui
aident Philippe dans la gestion des
réserves, dont l’une depuis plus de
vingt ans. Il est 14 h et l’orage se met
à gronder. Philippe avait vu juste. Il
faut toujours faire confiance à un
guide Natagora !
NOS PRODUITS SONT DISPONIBLES AUPRES
DE REVENDEURS SPECIALISES EXCLUSIFS,
ET EN LIGNE A L’ADRESSE WWW.SWAROVSKIOPTIK.COM
FAMILLE ATS/STS
UNE VISION D’UNE
LEGERETE UNIQUE
Échassiers, oiseaux de mer, cygnes... l’ornithologie vous invite chaque jour à découvrir de
nouveaux mondes, offrant un spectacle captivant – une richesse qui vous permet de sélectionner
plus facilement la longue-vue d’observation adéquate. En optant pour un modèle de la famille
ATS/STS de SWAROVSKI OPTIK, vous avez l’assurance de toujours posséder la longue-vue
d’observation idéale pour découvrir le monde fascinant de l’ornithologie et de l’observation de la
nature. Les optiques haute définition impressionnent par leur précision, vous aidant à identifier
des sujets captivants. En outre, grâce à leur boîtier en aluminium, solide et élancé, les
longues-vues d’observation de qualité ATS/STS comptent parmi les plus légères
du monde. Profitez pleinement de ces instants uniques – avec SWAROVSKI OPTIK.
SEE THE UNSEEN
WWW.SWAROVSKIOPTIK.COM
ils l'ont fait
Natagora
www.natagora.be/famenne
www.facebook.com/NatagoraFamenne
Famenne
Bienvenue chez les « Irréductibles » !
Ce qui nous caractérise ? Notre convivialité et notre
grand cœur. Réunie autour de notre président,
Robert, notre petite équipe s’est réparti les tâches
de la régionale en fonction des goûts et des envies
de chacun. Et elles sont nombreuses : responsabilité
d’une réserve, relais dans une zone particulière,
communication, analyse de projets locaux, inventaires
biologiques, activité bricolage, animation, plantation,
etc. Sans bien sûr oublier les tâches clés que sont le
secrétariat, la trésorerie et la présidence.
M.-F. Romain
M.-F. Romain
Natagora Famenne, c’est donc la force tranquille et
souriante, inscrite dans sa région, sa diversité et son
patrimoine naturel. Nous partageons notre envie de
les préserver, et d’amplifier leur place dans le cœur
des autres, pour une nature respectée à intégrer
dans notre quotidien. Admirer une fleur au bord
d’un chemin, être surpris par le chant d’un oiseau,
M.-F. Romain
Nous adorons notre région, et nous aimons la mettre
en valeur dans des produits qui nous aident à
réunir des fonds. Il y a le jus de pommes, bien sûr.
Mais aussi les délicieux vins de fruits ou de fleurs
concoctés par nos « sorcières », que nous vous
invitons à goûter lors de nos évènements. Chaque
« cru » amène son lot de nouveautés : pissenlit,
merisier, aspérule, fleurs de sureau, cynorhodon,
etc. Nous avons aussi testé un nouveau jus : le
« Natacoing ». Nous collaborons également avec la
micro-brasserie d’Eprave, la Brasserie de la Lesse,
pour proposer leurs bières (blonde, brune et ambrée)
avec des étiquettes dédiées à trois de nos réserves :
les fameuses Natagorix… la bière des irréductibles
famennois !
G. Delaite
Cette dynamique fonctionne bien, épaulés que nous
sommes par notre relais-staff de Natagora et le LIFE
Prairies Bocagères, actif dans notre région pour notre
plus grande joie. Nous pouvons ainsi nous consacrer
à notre « dada » : la sauvegarde de vieux vergers.
Nous développons dans ce cadre des collaborations
fructueuses (c’est le cas de le dire !), que ce soit avec
la Commune de Wellin, le Château de Lavaux SainteAnne ou Vivalia. Et puis, nous avons nos évènements
clés : marche Adeps de Lomprez, balades à l’occasion
des Journées Wallonnes de l’Eau, Marché de Noël
de Wellin, participations au Grand Nettoyage de
Printemps, les grands événements Natagora et bien
sûr les chantiers de gestion sur nos réserves. Nous
avons même relevé le défi du Printemps Grandeur
Nature le temps d’une saison.
nouer des rameaux pour en faire un panier, capter le
passage d’une chauve-souris, frémir au brame d’un
cerf, sautiller pour suivre et admirer un papillon, ou
rassurer un crapaud en le faisant traverser… Tant de
simples et belles expériences qui ne demandent qu’à
réintégrer notre quotidien. À tous les âges !
Pourquoi pas vous ?
le magazine
26
#74
ils l'ont fait
Cédric
Grégoire
Participant au concours « Emotion’Ailes » organisé par Aves, le
pôle ornithologique de Natagora, l’envie de découvrir les coulisses
des Expos Photos Aves à Namur me gagna. S’ensuivit une
première réunion avec le comité organisateur pour définir mon rôle
au sein de l’organisation. Graphiste de profession, je choisis tout
naturellement de m’occuper de l’aspect communication visuelle
de l’évènement.
Faire partie de l’équipe a été pour moi, et est toujours, une source
de plaisir. C’est l’occasion de rencontrer des gens passionnés et
passionnants, réunis autour d’un même projet, la nature. Une
nature exposée à travers de magnifiques clichés présentés par des
photographes venant des quatre coins du monde.
Gilles
Van Eylen
Fraîchement débarqué au sein de la cellule communication de
Natabru, je mets mon temps à profit pour tenir régulièrement
à jour la page Facebook de notre régionale. Cette page est le
lien rêvé entre les membres bruxellois de Natagora (mais pas
uniquement !) et notre fine équipe. Nous nous attelons à proposer
régulièrement des articles, des activités, des conseils et nous
répondons aux demandes formulées par nos visiteurs. Ce moyen
de communication est sans doute celui qui est le mieux adapté
à l'air du temps mais ne remplace bien sûr pas le vrai contact
et les vraies rencontres ! Rien ne vaut une bonne gestion ou
l'organisation d'une bourse aux plantes pour faire de nouvelles
rencontres et partager notre passion !
Sabine
Mertes
Natagora/BNVS, basée dans les Cantons de l’Est, a débuté ses
activités en 1978 avec l’achat d’une réserve naturelle dans la
vallée de la Holzwarche. Actuellement, elle compte près de
700 membres qui reçoivent quatre fois par an le magazine
« naturZeit ». Depuis plus de dix ans, Sabine en est la rédactrice
en chef tout en accompagnant le conseil d’administration
depuis près de quinze ans. « Cet engagement est ma façon de
protéger la seule chose qui nous permet de vivre... C’est devenu
malheureusement un besoin urgent pour lequel nous devons nous
engager chaque jour car l'instinct naturel de préserver ce qui nous
protège semble perdu.» C’est ce message que Sabine s’attache à
faire passer dans chaque éditorial de naturZeit.
www.natagora.be/volontaires
le magazine
27
#74
ier à
S’affil a
or
Natag
te que
ne coû mois
/
2,50 €
Natagora protège la faune et la flore en
Wallonie et à Bruxelles. Votre cotisation nous
permet d’intensifier nos actions en faveur de
la biodiversité.
À membre unique, avantages uniques !
6 magazines par an | réductions à la Boutique verte de la Maison Liégeoise
de l'Environnement (livre, optique, matériel naturaliste) | gratuité de la plupart
de nos excursions | réductions sur nos voyages nature et formations | offres
exclusives pour nos membres chez nos partenaires | le bulletin ornithologique
Aves pour 1 euro de plus
comment devenir membre ?
 Soit en activant un paiement automatique
En utilisant le mandat de domiciliation européenne qui se trouve sur
www.natagora.be/membre.
 Soit en réalisant un seul versement annuel par virement bancaire
Compte BE84 0682 3308 4559 (BIC : GKCCBEBB) de Natagora. Cette solution a le
désagrément, pour vous comme pour Natagora, qu’elle nécessite chaque année des
démarches de renouvellement, avec les coûts et risques que cela comporte.
cotisation mensuelle
adhérent
protecteur*
bienfaiteur*
Natagora
2,50 €/mois
6,50* €/mois
10,50* €/mois
Natagora + Aves
3,50 €/mois
7,50* €/mois
11,50* €/mois
Cotisation annuelle
Natagora
Natagora + Aves
adhérent
30 €/an
42 €/an
protecteur*
78 €*/an
90 €*/an
bienfaiteur*
126 €*/an
138 €*/an
Gilles San Martin
à l’étranger : pour couvrir les frais de port, les membres résidant à l’étranger ajouteront 1 € à leur cotisation
mensuelle de base ou 12 € à la cotisation annuelle.
* La cotisation adhérent n’est pas déductible. Tout montant qui dépasse cette cotisation et atteint au minimum
40 € par année calendrier est considéré comme un don et est donc déductible fiscalement.
le magazine
Publication bimestrielle de Natagora asbl
www.natagora.be |
| Tél. : 081/390 720 | Rue Nanon 98 – B-5000 Namur
Service membres (Coralie et Sandra) : 081/390 890
Rédacteur en chef :
Jean Rommes
02/893 09 24
Entreprises partenaires
Rédacteur adjoint :
Benjamin Legrain
02/893 09 27
[email protected]
Éditeur responsable : Philippe Funcken, rue Nanon 98, 5000 Namur
Ont collaboré à ce numéro : Mathieu Balmet, André Burnel, Isabelle Debeer, Gwenael Delaite,
Antoine Derouaux, Maëlle Dufrasne, Frédéric Forget, Gérard Frola, Vincent Gavériaux, Cédric
Grégoire, Jean-Paul Jacob, Vincent Louwette, Sabine Mertes, François-Xavier Noël, Thierry Ory,
Catherine Pirson, Gerhard Reuter, Emmanuël Sérusiaux, Claude Sottiaux, Gilles Van Eylen.
Mise en page :
Publicité : prendre contact avec la rédaction
Les articles signés n’engagent que la responsabilité de leur(s) auteur(s).
La reproduction des textes et des illustrations est soumise à l’autorisation de la rédaction.
ISSN 1780-3756
NAT160606
La Wallonie et la Région de Bruxelles-Capitale, la Fédération Wallonie-Bruxelles et l’Europe soutiennent Natagora dans ses actions, soit
financièrement, soit par l’octroi de poste ACS et APE. Relevons en particulier les aides reçues pour les activités de sensibilisation, de
formation et d’éducation, les achats de terrains pour la constitution de réserves naturelles et leur gestion, les inventaires faunistiques…
La Maison Liégeoise de l’Environnement
sa Boutique verte
www.docverte.be
Faites tourner !
Les rotations dans mon potager
Blaise Leclerc - Ed. Terre Vivante
118 p.– 360 gr
Prix : 14 €
Vous êtes fous d’avaler ça
Christophe Brusset - Ed. Flammarion
261 p.– 285 gr
Prix : 19 €
La plupart des légumes du jardin ont leurs
ravageurs et leurs maladies, parfois
difficiles à contrôler. La solution ? Ne pas
cultiver une même plante au même
endroit plusieurs années de suite ...
Matières
avariées,
marchandises
trafiquées,
contrôles
d’hygiène
contournés,
Christophe
Brusset
dénonce les multiples dérives dont il
est, depuis vingt ans, le complice ou le
témoin dans les coulisses de l’industrie
agroalimentaire.
Guide des plus beaux papillons
et leurs fleurs favorites
Oiseaux de France, Suisse,
Belgique, Luxembourg
D. Martire, F. Merlier & B. Turlin - Belin
383 p. - 20 x 12,5 cm
Sandrine Stefaniak - Glénat
127p. - 15 x 12 cm
Prix : 24,90 €
Prix : 10,10 €
300 espèces de papillons de jour et de
nuit, parmi les plus courantes et les plus
belles, sont présentées dans ce guide.
Chaque espèce fait l'objet d'une description précise (rubrique «Pour bien l'identifier»), accompagnée de grandes photos.
Magasin central :
Points de vente :
Que ce soit dans votre jardin, à la
mangeoire, ou lors de vos balades dans
la nature, vous avez certainement eu
envie de mettre un nom sur les
oiseaux, d'en savoir plus sur leur mode
de vie, d'apprendre à les reconnaître,
pour mieux les admirer encore.
www.education-environnement.be
Ferme biodynamique (La)
Saule (Le),
la plante aux mille pouvoirs
Friedrich Sattler & Eckard v. Wistinghausen Ed. Mouv. de l’Agriculture Bio-Dynamique
355 p. – 620 gr
Dominique Brochet - Ed. De Terran
255 p. – 590 gr
Prix : 29 €
Gageons que ce manuel pratique
servira de guide à de nombreux
paysans dans leur pratique agricole
biodynamique quotidienne.
Fleurs et insectes
Découvrir 80 plantes et leurs hôtes
M. Spohn & R. Spohn - Delachaux et Niestlé
301p. - 22,5 x 15,5 cm
Prix : 24,90 €
Prix : 22 €
Découvrez le saule, la plante aux mille
pouvoirs.
Cet arbre emblématique, doté d’une
forte symbolique et de propriétés
exceptionnelles,
présente
de
multiples intérêts.
Copain activités
aux quatre saisons
Frédéric Lisak - Milan
141 p. - 25,6 x 19,6 cm
A proximité de chaque plante règne
une joyeuse agitation, des mammifères
la frôlent en passant ou s'en
nourrissent, les oiseaux picorent
pucerons, chenilles, araignées et autres
petits animaux, déchiquettent les
inflorescences ou dévorent les graines.
Prix : 11,90 €
Suivant le rythme des saisons, cet
ouvrage propose aux enfants des
activités pour découvrir la nature de
proximité, sur leur balcon, dans leur
jardin, autour de leur village, dans leur
ville cuisine...
Maison de l’Environnement - rue Fusch 3 (dans le Jardin Botanique) à 4000 Liège
Tél. 04/250 95 80 - [email protected] – Lu-sa : 10 h-18 h
Nature & Progrès - rue de Dave 520 à 5100 Jambes - Tél.081/30 36 90
[email protected] - www.docverte.be – Lu-ve : 8 h 30 – 16 h
Local Aves-Bxl - rue Marie-Thérèse 87 à 1210 Bruxelles - Tél. 02/280 64 23
Me-ve : 12 h 30-17 h / sa : 13 h 30-17 h (fermé le samedi de juillet à septembre)
Service optique
Plusieurs samedis par mois, un professionnel assure une
permanence à la MLE. Il répond à toutes vos questions tant
pour le choix de vos achats que pour des conseils précis
(digiscopie, service après-vente, etc).
Prochaines permanences : Samedi 9 juillet et samedi 6 et
samedi 27 août 2016 de 11 h à 17 h
Réduction *
pour les membres
Nature & Progrès
Natagora
Participants à la formation INeE
* sauf sur offres spéciales
NAT160604
ARDENNE SAUVAGE
UN COIN D’
À SAUVEGARDER
TION
RS
INVDITOA
NATEU
Photos : Pierre Ers, Dimitri Renauld et Laurent Rouschmeyer
AUX
xclusive
visite e temps
ri
p
au n
2017 !
Vresse-sur-Semois, Bouillon, Bertrix,
Herbeumont, nous sommes en Semois
ardennaise, une des régions les plus sauvages de Wallonie. Notre association tente
d’y protéger la nature la plus précieuse.
De belles parcelles en bordure de Semois, des forêts de pente, des prairies
fleuries :  plusieurs  dizaines  d’hectares 
pourraient devenir des réserves naturelles en 2016. Il nous faut faire vite car
une partie des terrains est malheureusement menacée à court terme de reconversion en plantations de sapins de Noël.
Vous pouvez nous y aider en faisant un 
don, petit, moyen ou grand !
Nous comptons sur votre générosité et
votre soutien. Merci de tout cœur.
Natagora Semois ardennaise
et Emmanuël Sérusiaux, Président
DON
S E MO I S - A - 1 6