vu yan giguère /choisir

Transcription

vu yan giguère /choisir
Né à Disraeli en 1968, Yan Giguère vit et travaille à Montréal, où il est coordonnateur
de l’atelier de menuiserie au centre Clark. L’artiste nous présente depuis une douzaine
d’années son univers photographique singulier, dévoilant un imaginaire intimiste et
contemplatif. Il compte à son actif d’importantes expositions individuelles au Québec,
dont Chavirer à VOX (2001) et au centre VU (2002), Bienvenue à la Galerie B-312
(2002) et Choisir à Occurrence (2007). Il a participé à plusieurs collectifs, notamment
Le cadre, la scène, le site : Panorama de la photographie québécoise contemporaine au
Centro de la Imagen de Mexico et Comment on devient artiste à la Maison de la culture
du Plateau Mont-Royal de Montréal. Yan Giguère fera prochainement partie de l’exposition La photographie hantée par la photographie spirite au Musée régional de Rimouski.
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Yan Giguère was born in Disraeli in 1968 and lives and works in Montreal, where he is
coordinator of the woodworking shop at the Clark centre. Giguère has been presenting
us his singular photographs, with their intimist and contemplative imaginary world, for the
past dozen years. Some of his major solo exhibitions include Chavirer at VOX and VU in
2001 and 2002 respectively, Bienvenue at B-312 in 2002 and Choisir at Occurrence in
2007. His work has been shown in numerous group exhibitions, including The Frame, the
Setting, the Site: Images of Contemporary Quebec Photography at the Centro de la
Imagen in Mexico City and Comment on devient artiste at the Maison de la culture
du Plateau Mont-Royal in Montreal. Yan Giguère’s will be included in the upcoming
exhibition La photographie hantée par la photographie spirite at the Musée régional de
Rimouski.
Portrait #54, Mtl, 2007
Épreuve argentique, 104 x 104 cm
VU
CENTRE DE DIFFUSION ET DE
PRODUCTION DE LA PHOTOGRAPHIE
Exposition présentée
du 10 octobre au 9 novembre 2008
au 550, côte d’Abraham, Québec
www.meduse.org/vuphoto
© L’artiste, l’auteur et VU 2008
PAQUEBOT DESIGN
Depuis quinze ans, Yan Giguère accumule les archives photographiques d’une vie partagée. Présentées avec une saisissante sensibilité pour la matière photographique,
pour la météorologie des images et son inéluctable force poétique, deux cents de ces photographies composent Choisir. Il y a dans la stratégie d’accrochage utilisée
un intérêt qui dépasse largement la structure de la simple logique visuelle. Choisir est en réalité beaucoup plus près de l’écriture, elle se présente comme une longue
fuite de mots, sans début ni fin, accrochée comme une constellation, sans chronologie ni autorité aucune. Ainsi les images se chevauchent, sont aboutées, en appellent
d’autres, se déploient sur les murs ou s’en dégagent par un habile jeu volumétrique. Les tirages de différents formats sont montrés comme l’on vide un tiroir, comme
si leur architecture servait de mise en forme aux accents toniques de la lecture proposée. Ces photographies se laissent appréhender comme un album intimement lié
au fil des ans, un album ponctué de paysages, de la vie dans ses plans et situations diverses, de portraits de l’artiste, mais surtout de son amoureuse, à l’atelier, dans
sa cuisine, dans son jardin, suivant les jours et la singularité des moments qui les composent. Or dans ce travail, on sent aussi une forte relation affective avec le médium,
le plaisir de l’acte de photographier, l’excitation du regard posé sur le sujet et celle de choisir. On le sent entre autres par la pluralité des papiers, des formats, de ces
images qui éclipsent certains détails des autres et qui semblent, parce que plus près physiquement, vouloir être vu avant. La mémoire est ici disloquée, intemporelle.
Ses traces, comme un énoncé au sens démultiplié par le sensible jeu des images, se plient aux lignes amoureuses d’un même sujet.
YAN GIGUÈRE
/CHOISIR
VU
PHOTO
Chien, 2007
Épreuve argentique, 40 x 50 cm
Miroir, 2007
Épreuve argentique, 50 x 60 cm
YAN GIGUÈRE
/CHOISIR
Choisir, vue partielle de l’installation
Occurrence, avril 2007
Depuis quinze ans, Yan Giguère accumule les archives photographiques d’une vie partagée. Présentées
avec une saisissante sensibilité pour la matière photographique, pour la météorologie des images et son
inéluctable force poétique, deux cents de ces photographies composent Choisir. Il y a dans la stratégie
d’accrochage utilisée un intérêt qui dépasse largement la structure de la simple logique visuelle. Choisir
est en réalité beaucoup plus près de l’écriture, elle se présente comme une longue fuite de mots, sans
début ni fin, accrochée comme une constellation, sans chronologie ni autorité aucune. Ainsi les images se
chevauchent, sont aboutées, en appellent d’autres, se déploient sur les murs ou s’en dégagent par un
habile jeu volumétrique. Les tirages de différents formats sont montrés comme l’on vide un tiroir, comme
si leur architecture servait de mise en forme aux accents toniques de la lecture proposée. Ces photographies se laissent appréhender comme un album intimement lié au fil des ans, un album ponctué de
paysages, de la vie dans ses plans et situations diverses, de portraits de l’artiste, mais surtout de son
amoureuse, à l’atelier, dans sa cuisine, dans son jardin, suivant les jours et la singularité des moments qui
les composent. Or dans ce travail, on sent aussi une forte relation affective avec le médium, le plaisir de
l’acte de photographier, l’excitation du regard posé sur le sujet et celle de choisir. On le sent entre autres
par la pluralité des papiers, des formats, de ces images qui éclipsent certains détails des autres et qui
semblent, parce que plus près physiquement, vouloir être vu avant. La mémoire est ici disloquée, intemporelle. Ses traces, comme un énoncé au sens démultiplié par le sensible jeu des images, se plient aux
lignes amoureuses d’un même sujet. _YANN POCREAU // For the past fifteen years, Yan Giguère has been
accumulating photographic archives of a shared life. Presented with a striking sense of the materiality of
the photograph, of the meteorology of the images and their ineluctable poetic force, two hundred of these
photographs make up Choisir. There is, in the strategy for hanging these works, an interest that goes far
beyond mere visual logic. In reality, Choisir is much closer to writing. It is presented like a long flow of
words, with neither beginning nor end, hung like a constellation with no chronology or authority of any kind.
The images thus overlap, are placed end to end, call for others and unfold on the walls or emerge from
them in a skilful play of volumes. The different-sized prints are presented the way one would empty a drawer,
as if their architecture served to give shape to and stress their proposed reading. These photographs let
themselves be perceived like an album intimately connected to the passing of years, an album punctuated
with landscapes, with the various levels and situations of life—portraits of the artist, but especially of his
lover: in the studio, the kitchen, the garden, with the passing days and the singularity of the moments which
make them up. We also sense in this work a strong emotional relationship with the medium: the pleasure
of the act of photographing, the excitement of the gaze directed towards the subject and the excitement
of choosing. We feel this through the variety of papers and formats of those images which eclipse certain
details of others and which appear, because they are closer, to want to be seen first. Here memory is
dislocated, timeless. Its traces, like an utterance whose meaning has been multiplied by the tangible play
of images, bends to the loving lines of a single subject. YP _Translated by Timothy Barnard