66 - lorpm

Transcription

66 - lorpm
LE MAGAZINE D’INFORMATION SUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE EN LORRAINE
OBJECTIF :
# 66
mars 2016
© Emmanuel Roch
FORMATION EN LORRAINE
Dossier
L’économie numérique :
la quatrième révolution industrielle est en marche !
Région
Métiers
Rencontre avec Daniel Gallissaires
| P14
L’économie sociale et solidaire
| P24
Territoire
SPRO : animation territoriale
| P26
Édito
Accompagner la révolution numérique
Q
ui n’a pas vendu ou acheté sur
Leboncoin, proposé un covoiturage sur BlaBlaCar ou cherché un
logement pour un week-end sur Airbnb ? En
utilisant ces plateformes, que nous soyons
clients ou fournisseurs, nous participons au
grand bouleversement de l’économie.
La loi du 17 août 2015 sur le dialogue social et l’emploi a porté sur les fonds baptismaux le compte personnel d’activité et
le récent rapport du conseil national du
numérique préconise un revenu de base universel. Les parcours professionnels des individus
vont être totalement à repenser.
Souvent accusée d’uberisation, en référence à
la désormais célèbre société de transport, cette
économie qui supprime les intermédiaires grâce
au numérique génère chaque jour ses nouveaux
usages et stimule la création d’entreprise.
Si toutes ces prévisions se concrétisent, les trajectoires seront de moins en moins linéaires.
Chacun devra s’adapter en changeant régulièrement d’activité et de statut. Cela suppose
préparation et accompagnement.
Mais face au succès de ces entreprises, cette
organisation fondée sur le digital pose de nombreuses questions pour l’avenir de l’emploi.
Outre qu’il est difficile de prédire si le numérique créera plus d’emplois qu’il en détruira,
cette nouvelle donne favorise l’émergence du
travail indépendant et des autoentrepreneurs. À
tel point que d’aucuns envisagent déjà le recul,
voire la fin, du salariat et de la protection sociale
qui l’accompagne.
Faisons le pari que la formation des adultes,
née avant Internet et qui a déjà fait ses preuves
en matière de reconversion et d’émancipation
des salariés, aura un rôle majeur à jouer dans
l’accompagnement de cette mutation.
Par Emmanuel Journot,
Directeur du GIP Lorraine Parcours Métiers
Un défi énorme pour notre modèle social. Si
cela se vérifie, il sera nécessaire de le réinventer
avec de nouvelles formes de revenus, d’acquisition et de portabilité des droits sociaux. Le
processus est déjà engagé.
bulletin d’abonnement
« Objectif Formation en Lorraine » disponible gratuitement
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
COUPON À RETOURNER À
GIP LORRAINE PARCOURS
MÉTIERS
10, rue Mazagran
54000 NANCY
Renseignements complémentaires : LorPM / 03 83 54 13 00 / Christine ETIENNE / [email protected]
2
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
Sommaire #
66
Ont collaboré à ce numéro :
Aude Angster, Vincent Bellais, Cindy Bona, Cécile Brice, Marie-Reine
Cornelis, Julien Dufour, Véronique Genet, Hafida Hadra, Murielle Jeanto,
Laurent Laguerre, Laurence Naert, Caroline Noiré, Alexandre Parment,
Raphaëlle Pienne, Sandrine Pugliese, Adeline Turquet, Aline Wagner,
Claire Wagner.
Brèves
P 4-8
Dossier
P 9-13
L’économie numérique
LorPM & Vous
P 21-23
© Emmanuel Roch
- La Ligne Info-conseils
- Le nouveau site LorPM
Métiers
P 24-25
- L’économie sociale et solidaire
Territoire
Région
P 14-15
- Rencontre avec Daniel Gallissaires
(Pôle 3E de la Direccte)
Insertion
- SPRO : animation territoriale
- Val de Lorraine : expérimentation sur la
mobilité
Droit
P 16-19
- Intérim : l’enjeu de la sécurisation
des parcours
- Atout Clés : le dispositif lorrain
pour l’acquisition des compétences de base
Lorfolio
P 26-28
P 29
- Droit au retour en formation initiale
Formation
P 30
- Formation continue et alternance
à l’université : les idées reçues !
P 20
- Un accompagnement partagé
Ressources LorPM
Directeur de publication : Emmanuel JOURNOT
Rédactrice en chef : Christine ETIENNE
Objectif Formation en Lorraine est une publication éditée par le GIP Lorraine
Parcours Métiers
Siège social : 4, rue Mgr Pelt | BP 45138 - 57074 Metz Cedex 3
Tél. : 03 87 68 10 10 - Fax : 03 87 68 10 11
Réalisation technique : Estelle Markovic et M-Christine Sindt
N° de dépôt légal : 2e trimestre 1994 | ISSN 1254 - 8502
Trimestriel | Impression : La Nancéienne d’Impression
P 31
Des projets d’évolution professionnelle ?
www.lorpm.eu
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
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Brèves
Formation : chantiers & dispositifs 2016
Plan 500 000 formations pour les demandeurs d’emploi
Après le cadre général fixé par
le président de la République
le 18 janvier, le Premier ministre et les représentants des
régions ont commencé à dessiner la répartition de leurs rôles
respectifs. Une rencontre entre
la ministre du Travail, des présidents de conseils régionaux
et les partenaires sociaux s’est
déroulée le 29 février pour
finaliser l’implication des
organisations patronales et
syndicales dans la mise en
œuvre de ce plan.
L’effort «massif» de formation ciblera les chômeurs les
moins qualifiés et sera axé sur
des métiers en tension (aéronautique, bâtiment, sécurité,
tourisme...) mais aussi sur
des postes liés à la révolution
Définition du compte
personnel d’activité
Le Compte personnel d’activité (CPA) permet à chaque
salarié d’accéder aux droits
qu’il acquiert tout au long de
sa carrière en matière de formation ou de pénibilité. Il est
ouvert dès que le salarié entre
sur le marché du travail. L’un
des objectifs de ce compte est
de permettre à un salarié de
conserver ses droits lorsqu’il
change d’emploi ou de région.
La création de ce compte est
prévue pour le 1er janvier 2017.
Entre-temps, les modalités de
mise en place de ce nouveau
dispositif doivent encore être
définies.
Appelés à négocier sur le sujet,
les partenaires sociaux ont
arrêté le 8 février dernier une
position commune sur le
compte personnel d’activité
structurée autour des trois axes :
un regroupement du Compte
personnel de formation (CPF)
et du compte personnel de
prévention de la pénibilité, un
accompagnement global sur
l’ensemble des paramètres de
la sécurisation des parcours et
la mise en place d’un portail
d’information sur les droits
sociaux.
Le futur projet de la loi Travail
précise le dispositif : le CPA
serait constitué du CPF, du
compte pénibilité et du compte
Engagement citoyen (qui
recense les activités bénévoles
ou de volontariat tels le service
civique, l’activité de maitre
d’apprentissage, certaines
activités de bénévolat associatif). Est également prévue
une majoration des droits
formation pour les actifs peu
qualifiés.
Aide à l'embauche en contrat
de professionnalisation
Une prime de 500 euros par trimestre est octroyée à toute
entreprise de moins de 250 salariés qui recrutera un demandeur
d’emploi pour un CDD d’au moins 6 mois ou pour un CDI, y
compris dans le cadre d’un contrat de professionnalisation.
Cette aide est accordée pour deux ans soit 4 000 euros au total :
elle est gérée par l’Agence de services et de paiement (ASP).
4
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
numérique et à la transformation énergétique. La formation
à la création d’entreprise sera
également concernée.
La mesure s’appuiera sur la
Préparation opérationnelle à
l’emploi (POE), le renforcement des aides de Pôle emploi
à la création d’entreprise et
l’accès des chômeurs au contrat
de professionnalisation.
Sur la base d’une convention
avec l’État, des conseils régionaux pourront expérimenter
le pilotage de la formation des
demandeurs d’emploi1.
La région Champagne-Ardenne Lorraine a signé la première convention le 18 mars dernier.
1
Renégociation de la
convention d'assurance chômage
Confrontés à un chômage de masse et à un déficit record de
l’Unedic (dette cumulée de 25,8 milliards d’euros en 2015),
les partenaires sociaux gérant l’Unedic doivent fixer d’ici fin
juin 2016 les nouvelles règles de l’assurance chômage. Parmi
les sujets soumis à discussion sont évoqués la dégressivité des
allocations, le décalage de 50 à 55 ans pour le calcul spécifique
de l’allocation travailleurs « seniors », la mise en place d’une
cotisation entreprise différenciée selon les types de contrats
(CDI, CDD), le calcul de la durée d’affiliation minimale, les
conditions d’accès à la formation et le régime des intermittents.
Entreprise :
1ère collecte de la contribution
unique formation des entreprises
Le premier versement aux
Organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) de la
nouvelle contribution unique
formation des entreprises
(0,55% pour les « moins de
10 salariés » et 1% pour les
« 10 salariés et plus ») a dû être
effectué avant le 1er mars 2016,
au titre des masses salariales
2015.
Avec la suppression de la
déclaration 2483 (déclaration
qui permettait de justifier de
l’utilisation du budget Formation), les entreprises devront
désormais porter les mentions
nécessaires à l’établissement de
leur participation à la formation professionnelle continue
dans la Déclaration annuelle
de données sociales (DADS).
Brèves
CNEFOP : des labels et des
certifications "qualité"
Cinq catégories de financeurs
(État, Régions, Pôle emploi,
OPCA / OPACIF, Agefiph)
de formation ont désormais
l’obligation de s’assurer de la
qualité des formations financées. Le financeur doit satisfaire cette obligation, soit dans
le cadre de ses procédures internes d’évaluation , soit par la
vérification que le prestataire
bénéficie d’une certification
ou d’un label recensé sur la
liste du Conseil national, de
l'emploi, de la formation et de
l'orientation professionnelles
(CNEFOP).
Le CNEFOP a pour mission
d’établir et de recenser sur
une liste rendue publique les
certifications ou labels qualité
qui respectent l’ensemble des
critères mentionnés1.
Un dossier dématérialisé sera
à remplir par l’autorité responsable de la certification ou du
label qualité accompagné de
l’ensemble des pièces jointes
demandées. Ce dossier de
demande d’inscription sera
présenté et débattu à l’occasion
de réunions de la commission
Qualité du CNEFOP afin d’apprécier si le référentiel candidat à l’inscription respecte les
critères fixés.
1
par le décret du 30/06/2015.
Élaboration et adoption des
CPRDFOP 2016-2022
2016 est le premier exercice
de concertation pour l’élaboration du nouveau Contrat
de plan régional de développement des formations et
d’orientation professionnelles
(CPRDFOP). Ce contrat rassemble dans un document
unique la stratégie régionale
de formation professionnelle
des jeunes et des adultes et les
engagements financiers des
signataires : préfet de région,
recteur, DRAAF1 et président
du conseil régional. Il détermine les objectifs communs
des acteurs du territoire
régional, notamment en
termes de filières de formation
professionnelle, sur la base
d’une analyse des besoins en
emplois/compétences.
Son périmètre a été étendu par
la loi du 5 mars 2014, ainsi il
précise :
- les objectifs dans le domaine
de l’offre de conseil et d’accompagnement en orientation,
- les objectifs en matière de
filières de formation professionnelle initiale et continue ,
-
u n schéma de développement de la formation professionnelle initiale valant
schéma régional des formations sociales et schéma régional des formations sanitaires ,
- les actions de formation professionnelle ayant pour but
de favoriser l’accès, le maintien et le retour à l’emploi,
- un schéma prévisionnel de
développement du Service
public régional de l’orientation (SPRO) ;
- les priorités relatives à l’information, à l’orientation et à
la VAE.
1
irecteur régional de l’alimentation,
D
de l’agriculture et de la forêt.
Voyage en horticulture...
Un nouvel accord cadre de partenariat « favorisant l’accès à l’emploi des jeunes dans l’agriculture » a été signé le 14 mars dernier
entre la chambre régionale d’agriculture, l’Association régionale
emploi formation en agriculture (AREFA) et l’Association des
missions locales de Lorraine (Amilor).
Cet accord prévoit notamment la mise en œuvre de « Voyages
en agriculture » à destination de jeunes qui sont organisés sous
forme d’une journée de découverte du monde agricole avec au
programme une mise en pratique.
Ce dispositif a pour but de :
- informer, sensibiliser et outiller les conseillers des missions
locales sur le secteur agricole ;
- faire découvrir à des jeunes les métiers de l’agriculture, les
formations et les débouchés du monde agricole ;
- trouver des pistes de sorties pour les jeunes en emploi d’avenir ;
- orienter le jeune (formation, dispositif ADEMA1) et l’encourager à mobiliser les outils existants tels que la Bourse de l’emploi
gérée par l’AREFA.
Ces journées ciblent en priorité des jeunes en emploi d’avenir
afin de les préparer à la sortie du dispositif. Elles sont coordonnées par la chambre régionale d’agriculture et organisées dans
les différents établissements d’enseignements agricoles publics
et privés de la région.
Les partenaires souhaitent décliner ce dispositif avec un premier
voyage en « horticulture » qui se déroulera à l’École d’Horticulture et de Paysage de Roville-aux-Chênes le 21 avril prochain.
Au cours d’une journée d’échanges et de visites, les membres
du groupe pourront se rendre compte des multiples facettes
des métiers de l’horticulture et des aménagements paysagers.
En serre, ils découvriront la production de fleurs, le maraichage,
qu’il soit bio ou en protection biologique intégrée, les activités
de production, de greffage, de bouturage et de multiplication
végétale. En plein air, ils visiteront le verger conservatoire riche
d’une large gamme de fruits locaux, la pépinière qui abrite les
collections du Patrimoine Horticole Lorrain et le parc paysager
entretenu par les élèves où s’épanouissent près de 5 000 plantes.
Ce parcours jalonné de rencontres avec des formateurs et des
apprenants en CAP, en Bac pro ou en BTS leur permettra de se
projeter concrètement dans ces métiers de passion, et cet avenir
qui sera peut être le leur…
D’autres voyages seront programmés ce printemps dans les
différents centres : Alpa (agriculture), Is4a (commerce agroalimentaire et agro-fourniture), CFPPA de Bar-le-Duc (agriculture et agro-alimentaire), CFPPA de Courcelles-Chaussy (jardins
espaces verts et maraîchage), CFPPAF de Mirecourt (forêt).
Dispositif financé par le FAFSEA permettant de découvrir les métiers de
l’agriculture via une formation professionnelle rémunérée.
1 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
5
Brèves
Garantie jeunes : extension à 19 nouveaux départements
et 85 missions locales
En 2013, dans le cadre d’un
plan pluriannuel contre « la
pauvreté et pour l’inclusion
sociale », le Gouvernement a
choisi d’agir pour prévenir le
risque d’exclusion. C’est tout
l’enjeu de la Garantie jeunes :
permettre à des jeunes en
grande précarité de s’installer
dans la vie active grâce à un
parcours complet et intensif
d’accès à l’emploi.
19 nouveaux départements
ont été choisis par la ministre
du Travail, de l’Emploi, de la
Formation Professionnelle
et du Dialogue social pour
intégrer cette expérimentation.
Fin 2016, 91 départements
(dont la Meurthe-et-Moselle, la Meuse et les Vosges)
dont 358 missions locales
déploieront la Garantie jeunes.
Plus de 100 000
jeunes devraient
avoir intégré la
Garantie jeunes d’ici
fin 2016.
Apprentissage : un OCTA
consulaire régional
Depuis 2016, la chambre
d’agriculture, la chambre de
métiers et de l’artisanat et
la chambre de commerce et
d’industrie se sont regroupées au sein d’un unique
Organisme consulaire régional collecteur de la taxe
d’apprentissage (OCTA) afin
de faciliter les démarches
des entreprises redevables de
cette taxe.
Les entreprises soumises à
cette taxe1 ont désormais la
possibilité de verser cette
somme auprès de l’OCTA
consulaire régional unique
en Lorraine2.
Cette simplification a notamment pour objectif de rendre
plus facilement identifiable
l’organisme auprès duquel
verser sa taxe et de faciliter les procédures administratives. Cette taxe dont les
entreprises peuvent choisir
le centre de formation bénéficiaire permet de financer
6
les investissements pédagogiques des CFA et des écoles
habilitées afin d’accueillir et
de former les jeunes aux niveaux de qualification dont
les entreprises auront besoin
à l’avenir.
Pour plus d’informations :
OCTA consulaire Lorraine
03 83 90 88 20
col le c te-apprent iss age@
lorraine.cci.fr
www.octaconsulairelorraine.fr
Entreprises disposant d’une masse
salariale 2015 supérieure à 104 941€
et n’ayant pas embauché au moins
un apprenti.
2
L’entreprise a également le choix de
verser la taxe d’apprentissage auprès
de son OPCA agréé OCTA.
1
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
Formation des conseillers
Garantie jeunes
Afin d’homogénéiser et de
professionnaliser les pratiques
des conseillers, une formation
a été créée dans le cadre d’une
démarche d’Engagement de
développement de l’emploi et
des compétences (EDEC) en
lien avec la branche professionnelle des missions locales
et la DGEFP1. Le principe : des
conseillers Garantie jeunes
expérimentés et volontaires
forment leurs collègues déjà
en poste ou qui vont l’être.
AMILOR, l’Association régionale des missions locales de
Lorraine est la structure support de la mise en œuvre opérationnelle au niveau national
de l’EDEC.
1
élégation générale à l’emploi et à
D
la formation professionnelle
Olympiades des Métiers :
44e édition
La WorldSkills Competition,
plus connue en France sous
le nom d’Olympiades des
Métiers, est une compétition internationale organisée
tous les deux ans, qui met en
concurrence des jeunes professionnels de moins de 23 ans
venus du monde entier.
Il s’agit du même esprit de
compétition qu’aux Jeux
Olympiques, appliqué à des
épreuves «métier» : les candidats concourent dans 50 métiers,
regroupés en 8 pôles (alimentation, automobile, services, maintenance, agriculture, bâtiment
– travaux publics, industrie et
nouvelles technologies).
La 44e édition a débuté en
Alsace Champagne-Ardenne
Lorraine à la fin de l’année
2015 par l’inscription aux
sélections régionales de plus
de 600 jeunes filles et garçons.
Des épreuves de pré-sélections
sont organisées au cours du
premier trimestre 2016 et
seront suivies des sélections
grande région Alsace Champagne-Ardenne Lorraine
d’avril à juin 2016.
Les meilleurs candidats de
chaque métier intégreront
l’équipe régionale, qui concourra aux finales nationales, en
mars 2017 à Bordeaux.
Celles-ci ont pour but de sélectionner l’équipe de France
des Métiers lors de la compétition mondiale à Abu Dhabi
(Emirats Arabes Unis) en
octobre 2017.
Brèves
Un nouveau parcours pour les
bacheliers professionnels
Dans les années 2000, chaque
année, 120 000 bacheliers professionnels obtenaient leur diplôme. Plus de 40 % d’entre eux
souhaitaient poursuivre des
études dans l’enseignement
supérieur mais trop peu les
réussissaient.
C’est en partant de ce constat
que le projet d’une « grande
école des bacheliers pros »
émergea.
fiés et à responsabilités dans
les entreprises.
Elle prépare à deux licences
générales en apprentissage :
- Méthodes et sciences industrielles pour les titulaires de
Bac pro industriels.
- Management pour les titulaires de Bac pro tertiaires.
Cette école propose une
pédagogie innovante et adaptée aux profils des bacheliers
professionnels.
En 2009, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche confia au Cnam la Les principaux enseignements
responsabilité d’ensemble du sont construits autour de proprojet, qui vise à revaloriser jets mettant toujours en lien
la voie professionnelle en dé- une réalisation concrète et
veloppant
des savoirs
un cycle
théoriques.
Ouverture en Lorraine C h a c u n e
complet de
à la rentrée 2016
formation
des trois
supérieure
années de
par la voie de l’apprentissage.
la licence est l’occasion de se
confronter à des problémaAinsi, l’École Vaucanson tiques réelles d’entreprise.
offre des conditions adaptées
pour valider une licence et
www.cnam-lorraine.fr
accéder à des emplois quali-
Karine Treiber, nouvelle sousdirectrice à la Formation Tout au
Long de la Vie et à l’Apprentissage
Karine Treiber a rejoint la
Direction de la formation,
de l’orientation et de l’insertion professionnelle (DFOIP)
de l’Université de Lorraine
le 4 janvier 2016 en tant que
sous-directrice à la Formation Tout au Long de la Vie et
à l'Apprentissage.
Architecte de formation, elle
réoriente sa carrière après 3
années d'expérience dans ce
domaine.
Après 8 années passées en tant
que gestionnaire de centre de
profit LVMH (Louis Vuitton
Moët Hennessy) sous l'enseigne Sephora, son parcours
professionnel s'étend à la formation.
Elle rejoint la chambre de
commerce et d'industrie en
tant que commerciale où
elle exercera 7 ans afin d'appuyer le développement des
domaines alternance et formation continue. Pendant
une année, Karine Treiber développe la formation
continue, et tout particulièrement le Compte personnel de
formation (CPF), auprès des
entreprises lorraines pour
le compte de l’institut Wall
Street.
La sous-direction de la Formation Tout au Long de la
Vie et de l’Apprentissage a
pour mission de coordonner,
en lien avec les composantes
de l’Université de Lorraine,
l’activité relative à la mise en
œuvre de la formation professionnelle continue, y compris
l’alternance (contrat d’apprentissage et de professionnalisation).
Elle représente ou co/représente l’établissement au sein
de réseaux locaux (partenaires
institutionnels et financeurs),
nationaux et internationaux.
www.fc.univ-lorraine.fr
Découverte des métiers de la SNCF
Une première action, intitulée « Voyageur et Citoyen »,
animée par un agent de la
SNCF, permet d’aborder avec
les jeunes les risques en
milieu ferroviaire (traversées
de voies, électrocutions…) et
les comportements civiques
à adopter dans les transports
publics (respect des autres
voyageurs, des matériels mis
à disposition…).
Cette information d’une heure
est complétée par la visite du
poste d’aiguillage informatisée de la gare de Nancy.
Une seconde action plus
axée sur la découverte
des métiers de la SNCF est
menée par M. Milenkovic,
animateur régional Lorraine
de l’association des bénévoles
SNCF. Elle permet à une
quinzaine de jeunes d’avoir
des renseignements sur les filières professionnelles de l’entreprise et sur les modalités de
recrutement. C’est l’occasion
pour eux d’échanger avec les
professionnels de terrain,
parler métier mais aussi
contraintes dues aux horaires
et mobilité.
Visite du Poste d’Aiguillage
informatisée de la gare de Nancy
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
© Amilor
Dans le cadre d’un partenariat entre AMILOR (Association des missions locales
de Lorraine) et la Fondation
SNCF, des demi-journées de
prévention et de découverte
des métiers de la SNCF ont
été organisés pour des jeunes
accompagnés par les missions
locales de Lorraine.
7
Brèves
Quoi de neuf sur la toile ?
Une web télé au service
de la recherche d’emploi
Référencé par Pôle Emploi, le
site www.passeportpourlemploi.com fournit gratuitement
aux demandeurs d’emploi une
méthode pour trouver du travail salarié ou indépendant.
Passeport pour l'emploi propose gratuitement 70 formations enregistrées en vidéo (13
heures de vidéo) par 45 experts des ressources humaines
à la recherche d’emploi et à la
création d’activité, accessibles
365 jours par an et 24 h/24. En
complément des formations,
la Web TV donne accès à 450
sites (offres d’emploi, stages,
missions, formations... ).
www.passeportpourlemploi.com
Des serious games
métiers
Le Centre régional d’information jeunesse (CRIJ) du
Limousin a créé un site
internet qui recense les
serious gamme (jeux sérieux)
sur les métiers dans de nombreux secteurs professionnels.
Conçu à l’origine pour les professionnels de l’information
sur la formation et les métiers,
ce site est désormais accessible à tout public.
Les soixante sérious games
recensés permettent de tester de nombreux métiers et de
s’immerger dans de multiples
secteurs d’activité.
Classés par domaines professionnels, ils sont présentés
sour forme de fiches techniques descriptives avec un
lien vers le site internet qui
héberge le jeu.
http://seriousgamesmetiers.com
8
Les métiers du bâtiment
Lancé le 29 janvier dernier, Passerelle(s), est un site conçu pour
favoriser l’accès à la culture des apprentis du bâtiment et des
travaux publics (BTP) et de tous les jeunes en insertion professionnelle. Il invite à une exploration interactive des métiers du
BTP et de quelques 70 constructions phares, représentatives
de l’histoire et des techniques de leur époque. Ce projet a été
conduit par le Comité de concertation et de coordination de
l’apprentissage du bâtiment et des travaux publics (CCCA-BTP)
avec deux partenaires : la Bibliothèque nationale de France et
la Fondation BTP Plus.
http://passerelles.bnf.fr
Le certificat CléA
Créé par le Copanef, le certificat interbranche CléA vise l’acquisition d’un « socle de connaissances et de compétences professionnelles ». Son objectif est de favoriser l'accès à la formation
et l'insertion dans le monde du travail. Le lancement de CléA a
été l’occasion d’annoncer la mise en ligne d’un site Internet dédié
pour faire découvrir et populariser le certificat CléA.
Trois grandes rubriques sont proposées et s’adressent respectivement aux demandeurs d’emploi, aux salariés, et aux employeurs. Chacune d’elles présente toutes les informations utiles
à la mobilisation de CléA : le référentiel, les étapes, les acteurs,
etc. À l'aide d'un moteur de recherche, l’internaute peut trouver
les organismes qui mettent en œuvre le dispositif dans chaque
département.
http://www.certificat-clea.fr
S'informer sur la mobilité internationale
Erasmus Student Network France, réseau français d'associations
d'accueil des étudiants internationaux et de promotion de la
mobilité, a lancé un site internet "Tickets pour le monde". Ce
site de promotion de la mobilité internationale s’adresse à tous
les jeunes tentés par une expérience à l’étranger, qu’ils soient
élèves du secondaire (collèges, lycées), apprentis, étudiants,
post-diplômés ou en situation de décrochage scolaire.
Outre des témoignages de jeunes ayant vécu une expérience
à l’étranger, ce site propose en téléchargement un « Passeport
de la mobilité internationale » édité avec le soutien de l'agence
Erasmus+ France / Education et Formation.
Le « Passeport de la mobilité internationale » présente les différents programmes de mobilité existants ainsi que les aides
financières et administratives pour les jeunes de 14 à 17 ans et
de 18 à 30 ans.
http://ticketspourlemonde.fr
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
CPF : une nouvelle
version du site
Le site officiel du Compte personnel de formation (CPF)
fait peau neuve, avec une page
d'accueil centrée sur les titulaires d'un compte personnel
de formation. Trois rubriques
principales sont proposées :
« Je recherche une formation », « Vos droits » et « Vos
démarches ». Un module
d'aide permet de bénéficier
d'une assistance sur le dispositif et la navigation.
Un espace réservé aux professionnels reprend les informations utiles, notamment les
listes de certifications éligibles
actualisées et les listes régionales selon la nomenclature
des anciennes régions
www.moncompteformation.gouv.fr
Dossier
© Emmanuel Roch
Dossier
La numérisation de l’économie :
en route vers un changement de société ?
L
e concept de « numérisation de l’économie » renvoie à différentes significations, évoluant dans le temps, au rythme
des avancées technologiques. Dans les années 1990, les experts parlaient des Nouvelles technologies de l’information
et de la communication (NTIC). Aujourd’hui, la numérisation désigne les transformations qui s’annoncent avec le
développement des technologies reposant sur l’exploitation d’une masse considérable, et sans cesse croissante, de données
informatisées (Big Data), qu’il s’agisse de textes, de sons, d’images, etc. Ces technologies ont déjà des effets perceptibles dans
nos vies, via les logiciels et autres applications que nous utilisons quotidiennement sur nos ordinateurs ou nos téléphones
pour nous aider dans de nombreuses tâches, voire pour les faire à notre place. Serions-nous à la veille de la quatrième révolution industrielle, comme l’annoncent certains, et si oui, quels en seront les effets sur l’emploi ?
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
9
Dossier
Des entreprises
d’un genre nouveau
L
es acteurs en pointe dans le numérique sont regroupés
sous le sigle GAFA, pour Google, Amazon, Facebook et
Apple. Tous ont leur siège dans la Silicon Valley, haut lieu
étatsunien des industries de pointe utilisant des composants
électroniques fabriqués avec du silicium. Ces entreprises entretiennent par ailleurs des liens étroits avec les étoiles montantes du
secteur, à l’image de Google qui est actionnaire de Uber depuis
2013. La puissance technologique et financière du GAFA est telle
qu’il domine de nombreux domaines économiques, au point
d’inquiéter les leaders de l’industrie européenne sentant leurs
intérêts menacés. Afin de rester dans la course, la France a ainsi
engagé dès 2013 un plan de développement du numérique dans
le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir1.
Deux modèles économiques distincts ont vu le jour. Le premier met en concurrence des professionnels avec des particuliers qui proposent aux usagers d’utiliser des biens dont ils sont
propriétaires, moyennant une participation aux frais d’usage ou
le coût d’une location. Le monde des taxis a ainsi vu d’un mauvais
œil l’apparition de chauffeurs occasionnels travaillant à la course.
De leur côté, les professionnels du transport de voyageurs, et
notamment la SNCF, sont concurrencés par l’offre de covoiturage proposée par la plateforme BlaBlacar. Les professionnels
du tourisme souffrent, eux aussi, de ces nombreux particuliers
louant leur logement le temps d’un séjour, via la plateforme
Airbnb. Le second modèle repose sur une nouvelle division
du travail entre professionnels. L’industrie du disque a ainsi
été l’une des premières impactées par l’arrivée de la plateforme
iTunes de Apple. De même, les hôteliers ont été bousculés par
l’arrivée de Booking.com, qui enregistre les réservations directement à leur place.
Demain, des domaines comme celui de la formation pourraient
très bien être les prochains concernés. Le développement des
MOOC2, ces cours accessibles en ligne, pourrait constituer le
fonds de commerce de nouveaux intermédiaires de l’éducation
qui panacheront les cours de différentes universités pour proposer des cursus complets, adaptés aux besoins du marché du travail
et aux profils des étudiants, avec certificat d’assimilation à la clef.
© Emmanuel Roch
Uber est dans tous les esprits, tant l’actualité lui fait écho. Il est
le symbole de ces entreprises d’un genre nouveau, qui s’emparent des marchés à la barbe des opérateurs historiques par
l’efficacité des services qu’elles proposent : les fameuses plateformes de réservation en ligne. En se glissant entre l’usager et
les producteurs du bien ou du service, sans agence physique et
avec peu de salariés, ces plateformes permettent aussi bien de
connaître les besoins de la clientèle que d’imposer les tarifs aux
producteurs, le tout en prélevant une commission pour l’intermédiation effectuée.
Les technologies numériques pourraient automatiser près d’un emploi sur deux d’ici 20 an
La quatrième révolution industrielle,
c’est quoi ?
La première révolution industrielle a débuté autour du charbon, de la vapeur et de l’acier
(fin XVIIIe siècle).
La deuxième repose sur l’exploitation du pétrole et le développement de l’électricité (fin
du XIXe siècle).
La troisième a vu émerger le
nucléaire civil et les nouveaux
outils de traitement et de
transmission de l’information
(à partir des années 1950).
La quatrième révolution est
celle du numérique, incluant
des secteurs comme l’intelligence artificielle, le big data,
l’impression 3D, les biotechnologies, la robotique ou encore
l’internet des objets.
www.entreprises.gouv.fr/secteurs-professionnels/economie-numerique
MOOC : Massive Open Online Course.
3
Quels emplois pour demain ? Rapport d’information du Sénat, Alain FOUCHÉ,
4 juin 2014
1
2
10
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
Dossier
Un mouvement ancien d’automatisation
de nos activités
S
i les technologies numériques sont récentes, et encore balbutiantes pour certaines (à l’image de la « Google car », des
« Google glass » ou des robots humanoïdes), l’élan qui porte
leur développement ne l’est pas ! Elles s’inscrivent, en effet, dans un
processus d’automatisation de nos gestes et de nos raisonnements
engagé de longue date. Le travail manuel a été le premier concerné
par les vagues d’automatisation des chaînes de production, au sortir
de la Seconde Guerre mondiale. Les machines sont venues compléter le travail des ouvriers : pendant que les premières façonnent nos
voitures ou nos vêtements, les secondes surveillent, entretiennent
et pilotent les installations. Ce mouvement d’automatisation des
activités industrielles devrait d’ailleurs se poursuivre, à mesure
que les machines et systèmes de mise en réseau gagnent en intelligence. Après les écrans de contrôle, les bracelets et autres lunettes
connectés pourraient se généraliser pour permettre à l’utilisateur
d’échanger instantanément des informations avec les chaînes de
production, elles-mêmes connectées au réseau.
En parallèle à ce déploiement dans les activités industrielles, les
activités administratives sont aujourd’hui également concernées
par ce processus d’automatisation. La gestion des appels téléphoniques, la comptabilité, la recherche documentaire, l’archivage de
documents, etc., sont réalisés de plus en plus fréquemment par
des machines, de façon plus rapide et avec une qualité souvent
supérieure au travail humain, car exempte de nos erreurs d’inattention ou d’incompréhension. Ce sont finalement tous nos gestes
et raisonnements routiniers, c’est-à-dire ceux que nous réalisons
à l’identique et de façon répétée, qui constituent le terreau fertile
pour le développement des machines numériques.
ns.
Les métiers et activités de demain
L
es exemples de métiers ou d’activités impactés se multi- de médecins, d’avocats, d’assistantes maternelles, de maçons, etc.
plient de jour en jour. Il reste toutefois extrêmement diffi- À moins que nous ne nous contentions de numériser leurs savoircile de prévoir de quoi demain sera fait, même à l’horizon faire afin de les mettre en œuvre par des machines. Le robot de
d’une décennie. D’ailleurs, un récent rapport du Sénat3 sur les cuisine développé par la société britannique Shadow robot est
emplois de demain précise qu’entre un tiers et 70 % des métiers ainsi capable de réaliser 2 000 recettes programmées à partir de
d’avenir sont encore inconnus aujourd’hui.
la gestuelle de grands chefs cuisiniers. Autre
Nous assistons, plus fréquemment, à l’hybri- La création, à proprement parler, exemple, les imprimantes 3D utilisées par la
dation entre plusieurs métiers ou activités,
société chinoise Shanghai WinSun Decorade nouveaux métiers comme
ayant aussi bien pour effet de subdiviser ce de nouvelles activités, reste un tion Design Engineering peuvent construire
qui était autrefois agrégé qu’inversement.
une maison en quelques heures et pour un
phénomène rare.
prix défiant toute concurrence.
Sans prendre trop de risques, nous pouvons tout de même avancer que les besoins de la popu- Les impacts sur la formation sont tout aussi difficiles à estimer.
lation de demain seront proches de ceux d’aujourd’hui : Dans ce même rapport du Sénat, les auteurs s’interrogeaient
nous continuerons à manger, à nous vêtir, à nous loger et à en ces termes : « Comment peut-on se former aujourd’hui à des emnous équiper pour améliorer notre confort, à nous assurer plois dont on ignore à peu près tout ? Surtout si l’on ajoute que, avec
contre les risques, à nous soigner et à prendre soin de nos l’accélération de la société et de la mondialisation, il est à peu près
proches, à nous déplacer, à pratiquer des activités culturelles certain qu’une grande part de ce que l’on apprend aujourd’hui sera
et de loisirs, etc. Nous aurons donc besoin de cuisiniers, déjà obsolète deux ans plus tard ».
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
11
Dossier
Un élément semble tout de même faire consensus auprès de
certains spécialistes de la question : aux côtés de l’écriture, de
la lecture et du calcul, la maîtrise du codage informatique
constituera probablement un nouveau savoir de base tout aussi
nécessaire pour tenir un emploi4. Il permettra de communiquer
avec toutes les machines, à l’image d’un langage universel comme
peut l’être l’anglais entre les hommes.
Schématiquement, trois grandes familles d’activités économiques
peuvent être distinguées selon l’usage qu’elles font des technologies numériques.
Les activités supportant le processus de numérisation
de l’économie, telles que les opérateurs et équipementiers de
télécoms, d’équipements informatiques, de composants et de
systèmes électroniques, de logiciels professionnels ou de loisirs,
de services et maintenance informatique, etc.
Viennent ensuite les activités nées de l’émergence des
Les logiciels ne peuvent pas (encore) tout faire à notre place.
nouvelles technologies, telles
Le raisonnement mathématique sur lequel s’appuient les logiciels pour traiter les masses
que les commerces et autres
colossales d’informations (les algorithmes) peinent en effet à modéliser certaines formes d’inservices « en ligne ».
telligences, dans la création artistique ou l’innovation (ingénieurs, chercheurs), dans les actiLa troisième et dernière
vités mobilisant des capacités relationnelles particulières ou encore celles sollicitant le couple
famille est celle des activités
sensori-moteur, par exemple pour réaliser un déplacement dans un environnement complexe,
utilisatrices de technologies
tel qu’une maison comprenant des escaliers avec des hauteurs de marches inégales. Ces actinumériques au quotidien,
vités sont, pour le moment, impossibles à coder du fait de leur complexité, et il paraît même
via le développement de lovraisemblable qu’elles gagneront en valeur à mesure que les professionnels se délesteront des
giciels et d’interfaces spécitâches routinières gérées par les machines. Les métiers de la santé ou du social offrent de nomfiques : banque, assurance,
breux exemples : réaliser une prise de sang, jouer avec un enfant en bas âge ou accompagner à
automobile, aéronautique,
la marche une personne âgée dans ses déplacements quotidiens. Les métiers d’infirmiers, les
logistique ou encore administravailleurs sociaux, les psychologues, les aides à domicile, etc., semblent ainsi préservés des
tration. Une large majorité de
technologies numériques encore pour quelques temps, même si la partie diagnostic des besoins
métiers va ainsi intégrer une
du bénéficiaire leur échappera probablement, celle-ci pouvant être réalisée au moins partiellepart croissante d’outillages
ment par des machines5.
numériques pour mettre en
œuvre, organiser et contrôler
leurs tâches.
Moins d’emplois… et une croissance
économique faible
L
es exercices prospectifs cherchent également à estimer l’automatisation avait rendu inutiles certains emplois, elle avait dans
les volumes d’emplois. Plusieurs analystes s’accordent sur le même temps permis d’améliorer la productivité des travailleurs
le fait que l’économie numérique ne
en poste dans les activités persistantes ainsi
La croissance économique
constituera pas le nouvel eldorado. Les
que de favoriser l’émergence de nouvelles
calculs réalisés par le cabinet Roland Berger générée par le développement du activités ayant des besoins de main d’œuvre
prévoient, en effet, une destruction de près
conséquents pour animer les machines. Les
numérique est plutôt faible,
de 3 millions d’emplois d’ici 20256, volume
travailleurs ont ainsi migré, dans un premier
voire nulle.
qui pourrait être supérieur aux créations
temps, de la paysannerie vers l’industrie puis,
liées à ces nouvelles technologies.
dans un second temps, de l’industrie vers les services. La révoNous touchons ici à l’un des principaux paradoxes de la lution numérique ne semble pas présenter ces caractéristiques.
révolution industrielle en cours. Lors des précédentes, si
12
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
Le « paradoxe numérique » est celui d’une séparation
entre innovation technologique, croissance
économique et progrès social.
Dossier
Les machines se substituent au travail humain routinier plutôt
que de le compléter, aucune activité nouvelle susceptible
d’accueillir une main-d’œuvre nombreuse ne semble émerger7.
Tant est si bien que ces technologies n’auraient que peu d’incidences sur nos vies en termes de prospérité, à nouveau a contrario des précédentes révolutions industrielles qui avaient amélioré
notablement le confort matériel des familles.
Conclusion
Vers un nouveau projet de société ?
L
e numérique a pris son essor dans un contexte politique
et économique particulier, celui de la mondialisation des
échanges et de la libéralisation financière, qui permet de
produire n’importe où dans le monde et de lever instantanément les capitaux nécessaires pour satisfaire l’appétit financier
énorme du GAFA et consorts (pour investir en recherche et
développement, faire face à la concurrence ou encore régler
les contentieux sans faire faillite). Les transformations qui se
sont engagées ont bouleversé de nombreux équilibres, notamment en matière de répartition des emplois et des richesses à
l’échelle mondiale. Le déploiement du numérique est porteur
d’une nouvelle phase de transition, dont les effets déstabilisants
vont solliciter les « amortisseurs sociaux » le temps d’engager
les adaptations nécessaires. En tirant le « fil du numérique »,
ce sont ainsi de nombreuses questions d’ingénierie sociale qui
se posent, en matière de chômage, de formation de la jeunesse
ou encore de reconversion de la main-d’œuvre et des territoires
qui vivent des activités tertiaires en passe d’être automatisées,
et probablement relocalisées dans les métropoles au bénéfice de
la dématérialisation qui n’implique plus la proximité physique.
Dans une société de chômage de masse structurel, de difficultés croissantes d’insertion des jeunes sur le marché du travail
et d’alternances de périodes d’emploi et de chômage plus fréquentes, le salariat pourrait ainsi perdre du terrain au profit d’une
expansion du travail indépendant, facilité par l’intermédiation
des plateformes (à l’image des chauffeurs Uber). Or, une baisse
du salariat (qui concerne près de 9 travailleurs de métropole
sur 10 fin 2014, selon l’Insee) entraînerait dans son élan une
nécessaire révision de notre système de protection sociale, au
moins pour deux raisons. Premièrement, du fait des différences
de financement des régimes actuels, les salariés bénéficient d’une
couverture plus avantageuse que les indépendants, qu’il s’agisse
de l’assurance chômage, de la retraite ou de la couverture maladie.
Et deuxièmement, parce que le financement de la sécurité sociale
repose à près de 60 % sur les cotisations sociales prélevées sur
les salaires versés8.
La mise en place du Compte Personnel de Formation en 2014 et
les débats actuels autour du projet de Compte Personnel d’Activité, qui devrait voir le jour en 2017, illustrent le mouvement
engagé par le Gouvernement pour accompagner la transition en
cours. En proposant de rattacher les droits sociaux (pénibilité,
chômage, formation professionnelle, etc.) non plus au statut de
salarié, mais au travailleur lui-même, ces mesures apportent un
premier niveau de réponse visant à mieux sécuriser les parcours
professionnels.
Par Alexandre Parment / GIP LorPM
Pour aller plus loin :
-À
quoi rêvent les algorithmes, Nos vies à l’heure des big data, Dominique Cardon, éd. Seuil-La République des idées, 2015.
-L
a vie algorithmique. Critique de la raison numérique, Eric Sadin, Paris, éd. L’Échappée, 2015.
- Pour tout résoudre cliquez ici. L’aberration du solutionnisme technologique, Evgeny Morozo, éd. FYP, 2014.
- Bienvenue dans le capitalisme 3.0, Philippe Escande et Sandrine Cassini, éd. Albin Michel, 2015.
- Ambition numérique, Rapport du Conseil National du Numérique remis au Premier ministre le 18 juin 2015.
Quelques écoles dédiées à l’enseignement du code existent déjà : MJC La Cantine, l’École 42, L’Epitech, Simplon.co, Coder-Dojo, Coding goûters, ainsi que des
plateformes d’apprentissage en ligne, telles que code.org, codeacademy, open classrooms ou encore khan academy. Source : #Code, une rupture culturelle programmée, Stéphane Distinguin, in L’industrie notre avenir, Pierre Velt et Thierry Weil (dir.), éd. Eyrolles, 2015.
5
L’ordinateur Watson d’IBM permet d’ores et déjà d’établir des diagnostics médicaux pour la détection de certains cancers et de proposer le traitement adéquat en
fonction du profil du patient.
6
Les classes moyennes face à la transformation digitale, cabinet Roland Berger, octobre 2014.
7
Voir par exemple l’ouvrage de Daniel Cohen : Le monde est clos et le désir infini, éd. Albin Michel, 2015.
8
Source : Structure des recettes du Régime général de la Sécurité sociale en 2012, www.securite-sociale.fr.
4
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
13
Région
Rencontre avec
Daniel Gallissaires
Responsable du Pôle 3E (entreprises, emploi, économie)
Direccte Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine
Pouvez-vous nous présenter l’organisation de la nouvelle Direccte de la
région « ACAL » ?
Plusieurs grands principes ont été retenus.
D’abord la mise en place d’un état-major
concentré au siège de la Direccte à
Strasbourg, ensuite la répartition de l’unité
régionale de la Direccte sur 4 sites, à
Strasbourg, Metz, Nancy et Châlons. Si
les anciens sites de la Direccte ont été
conservés, le grand principe qui a guidé
notre approche a été de ne pas avoir d’organisation miroir sur les sites distants du
siège de Strasbourg.
Il y a une volonté d’avoir des compétences
très affichées pour chacun des sites, avec
une spécialisation et des compétences de
proximité.
En matière de ressources humaines,
l’objectif a été d’éviter les mobilités géographiques et d’utiliser les compétences où
elles se trouvaient. Si l’on prend l’exemple
du pôle 3E, l’organisation a été découpée
en fonction de nos grandes missions.
Ainsi, la mise en œuvre des mesures
d’accès à l’emploi est portée par le site de
Nancy et la relation avec nos partenaires
et l’animation des instances relève du site
de Strasbourg.
Notre mission de développement économique a été découpée en fonction des
filières :
- les industries agro-alimentaires et l’économie verte à Châlons,
- les industries de la transformation des
matières et des matériaux ainsi que
l’anticipation et l’accompagnement des
mutations économiques à Metz,
- le soutien à l’économie de demain et
l’économie de proximité à Strasbourg.
Cette unité régionale s’appuie sur 10 unités
départementales (UD), qui concentrent
les deux tiers des effectifs de la nouvelle
Direccte (900 agents au total).
14
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
Un renforcement de l’échelon départemental est également recherché. L’ambition est que les UD deviennent des points
d’entrée pour l’ensemble de l’offre de services de la Direccte.
La complémentarité entre le niveau
régional et le niveau départemental est
recherchée. L’unité régionale a vocation
à se concentrer sur le stratégique et les
UD sur l’opérationnel.
Il y a une volonté
d’avoir des compétences
très affichées pour
chacun des sites, avec
une spécialisation
et des compétences
de proximité.
Quelles sont les spécificités de la
nouvelle grande région en matière
d’économie et d’emploi ?
Pour résumer, quelques points importants
caractérisent la nouvelle grande région.
On note d’abord de forts contrastes territoriaux, avec des disparités de peuplement
et un décrochage entre zones urbanisées et
zones rurales qui a tendance à s’accentuer.
La démographie est également faible,
avec une croissance de 0,2% par an. On
observe aussi une certaine désindustrialisation non compensée par l’emploi
tertiaire, ce qui a pour conséquence un
chômage en augmentation.
Cela étant dit, il y a aussi une bonne
complémentarité économique entre les
anciens territoires qui offrent de nouvelles
opportunités.
Enfin, l’économie transfrontalière est
également un point important, avec
néanmoins des besoins spécifiques selon
les territoires. La nouvelle grande région
compte 160 000 travailleurs transfrontaliers. Le marché de l’emploi et du travail
transfrontalier va pouvoir capitaliser sur
beaucoup de pratiques et d’accords déjà
existants.
Quelles opportunités offre le nouveau
périmètre de la grande région ?
Il va permettre la structuration économique des anciens territoires. Certaines
filières vont pouvoir atteindre une masse
critique. D’autres vont acquérir des
expertises qui appuieront leur compétitivité.
La grande région va aussi permettre
de renforcer la coordination entre les
acteurs.
Dans notre région, certaines filières
demandent une attention particulière
comme la chimie du végétal, les agroressources, la chimie-plasturgie ou l’automobile. On peut également citer les industries
agro-alimentaires, avec une belle complémentarité entre les 3 anciens territoires,
ou encore le nucléaire, la silver économie,
l’économie de la santé ou le bois.
Le rôle de la Direccte est d’accompagner
ces filières dans leur structuration et
d’orienter les acteurs vers les différents
dispositifs et financements nationaux ou
régionaux : Programme Investissements
d’Avenir, pôles de compétitivité, ...
Région
La loi NOTRe de 20151 impose de bâtir
une organisation rénovée du service
public de l’emploi. Cette mission sera
assurée par le nouveau Crefop2, actuellement en cours de constitution.
Cela fera partie des premiers débats de
cette instance : établir, avec l’ensemble des
partenaires, un état des lieux partagé de la
situation pour mettre en place rapidement
une stratégie régionale en matière d’emploi
et de formation.
Au niveau régional, la commission
Emploi du Crefop aura ensuite pour mission d’assurer la coordination des différentes politiques de l’emploi et d’organiser
leur pilotage stratégique.
Ce sont les unités départementales de
la Direccte qui ont pour vocation à
décliner et mettre en œuvre la stratégie
de l’emploi sur les territoires.
Des services publics de l’emploi de proximité (SPE-P) vont être mis en place sur
des territoires où des enjeux spécifiques
en matière d’emploi, de sécurisation des
transitions professionnelles sont identifiés et pour lesquels des réponses adaptées doivent et peuvent être apportées en
organisant une collaboration rigoureuse
et précise entre les acteurs territoriaux.
Des changements sont-ils prévus pour
les missions locales et les maisons de
l’emploi ?
Ces deux réseaux jouent un rôle territorial
essentiel. Au niveau de la grande région,
une organisation chapeau des missions
locales est en train de se mettre en place
pour la coordination globale des 43 missions locales.
Un travail d’harmonisation des pratiques
va être engagé. Pour ce qui est des maisons
de l’emploi (MDE), le recentrage de leurs
missions autour des actions de développement de l’emploi et de l’anticipation des
mutations économiques a déjà été réalisé.
Les dotations budgétaires de l’État sont en
baisse et obligent à continuer à orienter
les structures sur les actions à la plus forte
valeur ajoutée.
Quels sont les grands chantiers qui
attendent la Direccte ?
Les efforts de la Direccte se concentrent
autour de deux grands enjeux :
- la bataille contre le chômage,
- et l’aménagement d’un environnement
favorable à la croissance et à l’emploi.
Nous sommes actuellement particulièrement mobilisés autour de plusieurs initiatives ou dispositifs :
- le plan 500 000 formations,
- la prime à l’embauche pour les PME,
- l’ouverture d’une seconde voie d’accès à
l’apprentissage en parallèle de l’Education nationale,
- le développement des contrats de professionnalisation en les orientant vers les
demandeurs d’emploi (avec l’objectif de
faire bénéficier 50 000 demandeurs d’emploi d’un contrat pro contre 8 000 actuellement) ou l’accompagnement des publics
les plus éloignés du marché du travail
(notamment avec la mobilisation des
contrats aidés).
Un des challenges de ce premier semestre
est aussi la sortie des jeunes entrés en
emplois d’avenir il y a 3 ans.
L’enjeu est de les accompagner pour
qu’ils soient pérennisés sur l’emploi qu’ils
occupent ou que d’autres options en emploi ou en formation leur soient proposées.
© Fotolia - Fotoleldhar
Doit-on s’attendre également à une
nouvelle organisation du service
public de l’emploi ?
1
Loi 2015-991 du 7 août 2015 - www.legifrance.fr
Comité régional de l’emploi, de la formation et de
l’orientation professionnelles.
2 Un des challenges de ce premier semestre
est aussi la sortie des jeunes entrés
en emplois d’avenir il y a 3 ans.
Par Raphaëlle Pienne
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
15
Insertion
Intérim : l’enjeu de la sécurisation
des parcours
La branche du travail temporaire a progressivement mis en place plusieurs dispositifs
spécifiques pour l’insertion, la qualification et le maintien dans l’emploi des intérimaires :
CDPI, CIPI ou dernièrement le CDI intérimaire..
L
égalisé par la loi du 3 janvier 1972,
l’intérim a connu un important
essor au point de représenter aujourd’hui 3 % de l’emploi salarié en France.
Au fil des années, les Entreprises de travail temporaire (ETT) ont néanmoins
souhaité se détacher de l’image négative
associée à leur condition de pourvoyeurs
d’emplois précaires et ont redoublé
d’efforts pour se positionner en acteurs de
l’emploi et de l’insertion.
Militant pour une
« flexisécurité responsable »,
les employeurs de la branche
ont participé au
développement de plusieurs
outils pour sécuriser les
parcours des intérimaires.
À l’enjeu social d’accompagner une population plus souvent faiblement qualifiée et
éloignée de l’emploi s’ajoute en effet un
enjeu économique pour les entreprises
du secteur.
Celles-ci, dans un contexte de concurrence accrue, cherchent à répondre rapidement aux besoins en compétences
exprimés par leurs entreprises clientes
et à fidéliser leurs intérimaires les plus
qualifiés.
Des dispositifs spécifiques
de qualification et d’insertion
Depuis la création, en 1983, d’un Fonds
d’assurance formation pour le travail temporaire (FAF-TT), la branche a fait de la
qualification de ses salariés un objectif
majeur, bien que difficile à atteindre (l’accès à la formation stagne chaque année
autour de 3 % des effectifs intérimaires).
L’ensemble des dispositifs de formation de
droit commun ont été progressivement
adaptés pour les rendre accessibles au
statut de l’intérim :
- Congé individuel de formation (CIF),
- Contrat de professionnalisation,
- Validation des acquis de l’expérience
(VAE),
- Congé bilan de compétences (CBC),
- ou plus récemment période de professionnalisation et Compte personnel de
formation (CPF).
La branche s’est également démarquée par
la création de deux dispositifs de formation propres à la profession :
- le Contrat de développement professionnel intérimaire (CDPI), remplaçant
le Contrat de mission-formation jeune
intérimaire (CMJI),
- et le contrat d’insertion professionnelle
intérimaire (CIPI), remplaçant le
Contrat de mission-formation insertion
(CMFI).
Afin d’intervenir plus spécifiquement
auprès des publics les plus éloignés de
l’emploi, des Entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI) ont également
été instituées au début des années 90.
Rattachées au secteur de l’insertion par
l’activité économique, les ETTI proposent
à des personnes en fin de parcours d’insertion des missions d’intérim, avec un
accompagnement social et professionnel
renforcé.
o
Pr
t
F
ra
CI ont
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CBC
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de professionnalisation
CP
F
Ces deux dispositifs, qui visent les intérimaires les moins qualifiés, reposent sur
une alternance entre périodes de formation (théorique et pratique) et périodes
de mission.
© Fotolia - Matthias Enter
16
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
insertion
En janvier 2016, les secteurs regroupant la
part la plus importante des effectifs intérimaires régionaux sont :
640
agences de travail
temporaire en 2014
(territoire regroupant les anciennes régions Alsace,
Champagne-Ardenne et Lorraine)
t
don
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59
10 en Meuse
134 en Moselle
38 dan
sl
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osge
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Cadres et professions
intermédiaires
Ouvriers
non qualifiés
Employés
11%
Commerce
(contre 10,3% au niveau national)
14,1% Services
Ouvriers
qualifiés
(contre 16,3% au niveau national)
59,3%
Industrie
(contre 50,1% au niveau national)
Les ouvriers non qualifiés sont majoritaires dans
les effectifs régionaux, avant les ouvriers qualifiés
et, dans une moindre mesure, les employés et les
cadres et professions intermédiaires.
L’intérim dans la nouvelle grande région
Création du CDI intérimaire
Suite à un accord de branche conclu le 10 juillet
2013, le secteur du travail temporaire s’est doté
d’un nouvel outil pour la sécurisation des parcours : le CDI-intérimaire (CDI-I).
Mis en œuvre depuis mars 2014, ce contrat
qui peut être proposé par les agences de travail
temporaire comporte les mêmes garanties de
stabilité que le CDI « classique ». Il présente
la particularité de comprendre des périodes
de missions, durant lesquelles son titulaire est
délégué dans une entreprise utilisatrice, et des
périodes d’intermissions.
Considérées comme des périodes de travail
actives, pour lesquelles une rémunération minimum est assurée, elles peuvent notamment
être mises à profit pour le suivi d’une formation.
Le dispositif peine néanmoins à décoller : au
3e trimestre 2015, seuls 3 500 CDI-I avaient été
conclus, alors que le secteur s’est engagé par
son accord de 2013 à en créer 20 000 sur 3 ans.
Pour les représentants des employeurs de la
branche, l’assouplissement des règles encadrant
le CDI-I par la loi « Rebsamen » d’août 2015
devrait néanmoins permettre à ce nouveau
contrat de rencontrer davantage de succès.
Le dispositif, comme le confirme un récent travail du Centre d’étude de l’emploi (CEE), sera
sans doute cependant amené à être mobilisé par
les ETT en majorité pour les intérimaires déjà
fortement « employables » et non nécessairement pour les personnes ayant le plus besoin
de sécurisation.
Des contributions spécifiques
pour la sécurisation des parcours
La branche du travail temporaire a enfin mis
en place plusieurs outils paritaires visant à corriger les effets liés à la précarité de l’intérim et à
amplifier sa mission d’accès à l’emploi.
Le fonds d’action sociale du travail temporaire
(Fastt), créé en 1992 et financé par les ETT, a
ainsi vocation à proposer aux intérimaires des
services et des prestations pour favoriser leur
accès à l’emploi, à la santé, au logement ou au
crédit et pour faciliter la mobilité.
Créé quatre années plus tard, le Fonds professionnels pour l’emploi du travail temporaire
(FPE-TT) est pour sa part destiné à mutualiser
les moyens des entreprises du secteur (via la
perception d’une contribution spécifique) afin
de financer des actions en faveur de l’insertion
et de l’emploi.
Son action est complétée depuis l’accord de
juillet 2013 par celle du Fonds de sécurisation
des parcours intérimaires (FSPI).
Financé en partie par une contribution sur la
masse salariale des CDI-I, le FSPI vise notamment à augmenter la durée d’emploi des intérimaires, en finançant un accompagnement
spécifique des salariés, qui peut comprendre
des actions de formation professionnelle, pour
améliorer leur employabilité et leur maintien
dans l’emploi
© Fotolia - Matthias Enter
(Sources : Observatoire de l’intérim / Baromètre Prism’emploi)
De l’agence d’intérim
à l’agence d’emploi
La loi « Borloo » de 2005 a
étendu le champ d’action
des ETT en leur ouvrant le
champ du placement.
Elles peuvent désormais
proposer des profils aux
entreprises pour leurs recrutements en CDD ou en
CDI, ou réaliser des actions
de conseil, de formation
ou d’accompagnement des
demandeurs d’emploi.
Pour marquer cette évolution, les professionnels de
l’intérim ont choisi de modifier l’appellation d’agence
d’intérim en agence d’emploi.
Par Raphaëlle Pienne
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
17
Insertion
Atout clés : le dispositif lorrain
pour l’acquisition des
compétences de base
Depuis janvier 2016, le nouveau dispositif Atout clés est déployé en Lorraine.
Sa particularité : s’appuyer sur le référentiel du socle de connaissances et de
compétences défini par les partenaires sociaux.
D
epuis le début de l’année, le nouveau dispositif Atout
clés complète l’offre de formation régionale en Lorraine.
Destiné en priorité aux publics en insertion professionnelle, il remplace Autoformation, qui avait notamment pour
objectif la préparation de concours, et Compétences clés, centré
sur les publics très peu ou pas qualifiés.
La décision de rapprocher ces deux dispositifs, axés sur la
remise à niveau ou l’acquisition des compétences de base, a
été prise « suite au constat qu’il existait des similitudes, une philosophie identique », expose Benjamin Hernaire, chargé de mission
à la Direction de l’offre régionale de formation continue du
Conseil régional. Dans le même temps, l’attention a été portée
sur la conservation de leurs atouts respectifs, complète-t-il,
« notamment, pour Autoformation, un maillage territorial très important
et, pour Compétences clés, une utilisation marquée en Lorraine dans
la lutte contre l’illettrisme, ce qui n’était pas forcément le cas dans
d’autres régions ».
Mais Atout clés intègre aussi une nouveauté le démarquant de ses prédécesseurs : il a été construit en prenant appui sur le référentiel défini en 2015 par
les partenaires sociaux pour le socle de
connaissances et de compétences et sa
certification CléA. La loi du 5 mars 2014
ayant confié aux Régions la mission d’organiser l’acquisition de ce socle pour les
demandeurs d’emploi, il était en effet
indispensable d’en tenir compte pour
le nouveau dispositif. « Nous y avons vu
aussi l’opportunité de partager un cadre
commun avec les partenaires sociaux,
donc avec les entreprises, tout en gagnant
en lisibilité avec l’utilisation d’un référentiel
unique partagé par tous », précise Benjamin
Hernaire. « Un autre enjeu était que nos formations soient éligibles au Compte personnel
de formation (CPF) », ajoute-t-il, ce qui est le
cas des formations menant à la certification CléA. Les articulations CléA - Atout
clés sont ainsi actuellement en cours de
construction.
18
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
Les 7 domaines du socle de connaissances et de
compétences
- la communication en français ;
- l'utilisation des règles de base de calcul et du raisonnement
mathématique ;
- l'utilisation des techniques usuelles de l’information et de la
communication numérique ;
- l'aptitude à travailler dans le cadre de règles définies d’un
travail en équipe ;
- l'aptitude à travailler en autonomie et à réaliser un objectif
individuel ;
- la capacité d’apprendre à apprendre tout au long de la vie ;
- la maîtrise des gestes et postures et le respect des règles
d’hygiène, de sécurité et environnementales élémentaires.
Un parcours de formation construit
en fonction des besoins et du projet
du bénéficiaire
Concrètement, Atout clés est un parcours de formation individualisé,
d’une durée de 40 heures minimum
à 300 heures maximum, avec des
entrées et sorties permanentes. Un
ensemble de 10 modules de formation est
proposé, dont 7 modules correspondant
aux 7 domaines du socle de connaissances
et de compétences (ensemble « socle »),
1 module visant à la préparation de
concours (« préparation ») et 2 modules
d’accompagnement renforcé à destination
des personnes en situation d’illettrisme
(« clés »). La formation au portefeuille
de compétences Lorfolio fait par ailleurs
l’objet d’un module complémentaire, qui
concerne tous les bénéficiaires.
Préalablement à l’entrée en formation,
un entretien de positionnement permet
de proposer un parcours personnalisé
en fonction du projet professionnel du
bénéficiaire et de ses besoins.
« Cela permet une multitude de parcours possibles, en termes de contenus,
d’objectifs ou de temps de formation »,
explique Benjamin Hernaire.
Deux organismes de formation, Alaji et
le groupement des Greta, membres de
réseaux habilités au niveau national pour
la certification CléA, se sont vus confier la
mise en œuvre du dispositif. Pour assurer
sa couverture territoriale, 23 sites obligatoires ont été arrêtés avec la possibilité
d’ouvrir des antennes en cas de besoins
non couverts sur d’autres territoires. « Cela
a été par exemple le cas à Dieuze, où une
antenne a été ouverte récemment », décrit
Benjamin Hernaire. Pour l’année 2016,
un objectif de 5 200 bénéficiaires a été
fixé pour Atout clés. Deux mois après le
lancement du dispositif, plus de 600 personnes sont déjà entrées en formation.
insertion
N
O
I
MAT
FOR
N
O
I
T
A
C
I
F
I
CERT
Si Atout clés reprend le référentiel du socle de
connaissances et de compétences, le dispositif
se distingue de la démarche de certification CléA
élaborée par les partenaires sociaux. Explications
de Cécile Camut, coordinatrice régionale de la formation
professionnelle du MEDEF Lorraine.
Pouvez-vous présenter
CléA ?
CléA est la première certification interprofessionnelle mise
en place par les partenaires
sociaux. Elle a été créée en vue
de sécuriser les parcours professionnels des actifs (salariés
et demandeurs d’emploi) mais
également de développer la
compétitivité des entreprises.
C’est en effet un point de
repère pour le bénéficiaire,
qui peut s’appuyer sur ce premier niveau acquis et reconnu
pour accéder à l’emploi ou à
la formation, mais également
pour les chefs d’entreprises,
lorsqu’ils doivent recruter
un demandeur d’emploi peu
ou pas qualifié ou qu’ils sont
confrontés à une situation où
certains de leurs salariés maîtrisent mal les savoirs de base.
Avec CléA, comment se
fait le lien entre formation
et certification ?
L’objectif de CléA est de
positionner la personne sur la
formation dont elle a besoin.
En effet, il y a automatiquement une évaluation préalable
des acquis du bénéficiaire, au
regard du référentiel CléA, qui
permet de mettre en place le
parcours de formation le plus
pertinent. CléA repose sur
une logique de parcours, qui
peut être très différent selon
les personnes.
C’est du cas
par cas
À l’issue de la formation, une
évaluation finale est organisée. Un jury décide ensuite de
l’attribution de la certification
CléA lorsque l’intégralité du
socle de connaissances et de
compétences est maîtrisée (les
7 domaines, à 75 % au minima
pour chacun).
Quelles différences y
a-t-il entre le parcours
CléA et Atout clés ?
Avec CléA, nous sommes dans
une logique d’attestation de
niveau qui peut être détachée de la formation, avec
un parcours où l’on connait
le point de départ du bénéficiaire et son point d’arrivée.
Par ailleurs, CléA peut s’acquérir dans le temps, étape
par étape, dans un délai qui
peut aller jusqu’à 5 ans, tandis qu’Atout clés s’organise en
sessions de formation, avec
une date de début et de fin.
Enfin, avec CléA les organismes de formation sont
habilités, c’est-à-dire qu’ils
sont reconnus aptes à la mise
en œuvre des différentes
étapes du parcours (évaluation
pré-formative, formation et
évaluation finale). Pour Atout
clés, les organismes de formation ont répondu à un marché
public : ils sont financés par la
Région pour mettre en place
des sessions de formation.
En Lorraine, tous les organismes de formation habilités
pour CléA ne participent pas
au dispositif Atout clés.n
Plus d’information :
www.lorpm.eu, rubrique
Se former > Développer ses
compétences de base
Par Raphaëlle Pienne
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
19
Lorfolio
Un accompagnement
partagé
Depuis sa création, Lorfolio connait des
évolutions permanentes. La dernière en date : la
création d’un service « réseau » permettant aux
professionnels de la relation emploi-formation
d’interagir avec les usagers.
Explications.
E
n 2007, le Conseil Régional s’est engagé dans un projet de développement d’un eportfolio
afin de contribuer à la sécurisation des parcours professionnels : Lorfolio. Ce portefeuille
numérique de compétences permet à chaque actif lorrain de capitaliser ses formations, ses
expériences et de valoriser ses compétences.
Un espace de dialogue pour un accompagnement co-construit
Depuis 2013, date de déploiement de Lorfolio, les professionnels de la relation emploi-formation
l’intègrent dans leur pratique d’accompagnement.
C’est pourquoi, en complément des services existants (parcours, compétences, ou encore projet…)
Lorfolio a développé une nouvelle fonction. Celle-ci nommée « Réseau » permet de susciter des
échanges entre les acteurs d’un dispositif d’accompagnement : référent, accompagnant et
bénéficiaire. Concrètement, dans un espace simplifié, confidentiel et sécurisé, cette application
permet à chacun d’ajouter un commentaire, un conseil, une notification ou une contribution à
différentes étapes de l’accompagnement.
L’objectif est de développer une « culture
coopérative » qui favorise la construction
d’un accompagnement partagé. Ainsi, le
professionnel (cf. référent et/ou accompagnant) est appelé à suivre le bénéficiaire dans la recherche, l’organisation et
la gestion des informations inhérentes à
son parcours dans Lorfolio. La personne
accompagnée consigne les avancées sur
le développement de son projet, les stratégies mises en place pour atteindre l’objectif défini, ou encore questionne et dialogue avec son référent. Leurs réflexions
apparaitront sous forme de « post it ».
Le bénéficiaire devient alors un acteur
autonome et prend part activement au
processus d’accompagnement.
Cette application mobilise le potentiel
interactif et optimise le travail en réseau.
L’accompagnement revêt dès lors un
caractère constructif et prend une dimension formative.
20
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
Pour mesurer et vérifier le bon fonctionnement de ce service « Réseau » dans le
cadre des pratiques d’accompagnement
individuel ou collectif, l’équipe du GIP
LorPM lance une expérimentation du
15 mars au 15 avril 2016. n
Les essentiels de ce nouveau
service :
- un fil de commentaires pour partager
avec des accompagnants « autorisés » ;
- l’utilisateur peut solliciter un avis de son
accompagnant ;
- l’émergence d’un nouveau statut : référent.
Celui-ci invite les bénéficiaires à se créer
un compte directement sur Lorfolio ;
- un outil pour les acteurs du SPRO/CEP.
Par Cindy Bona et
Hafida Hadra / GIP LorPM
À ce jour,
28 000 personnes
ont créé un compte
sur cette plateforme
numérique.
LorPM & Vous
Des projets d’évolution
professionnelle pour demain ?
Dans le cadre du Service public régional de l’orientation (SPRO), la ligne Info-Conseils du GIP LorPM
renforce son offre de services en devenant 1er niveau d’accueil et d’information individualisés.
T
rouver une formation, connaitre
ses droits individuels d’accès à
la formation, se renseigner sur
la Validation des acquis de l’expérience
(VAE), l’illettrisme ou bien encore les
lieux d’information et de Conseil en
évolution professionnelle (CEP) tels
sont les services habituellement assurés
par LorPM Info-Conseils.
Depuis décembre 2015, les chargées d’information de
cette plateforme téléphonique ont élargi leur palette
d’intervention. En effet, en les contactant au 03 87 630 630, elles
peuvent également informer sur les tendances socio-économiques, l'emploi, les métiers, les compétences, les qualifications,
les formations et la VAE.
Cette information est actualisée et territorialisée sur la
base de diagnostics territoriaux issus des Comités de
coordination territoriaux emploi formation professionnelle (CCTEFP) et adaptée à un usage grand public pour
permettre à chaque personne :
Compétences
Emploi
Formation
Evolution
• de mieux appréhender son environnement professionnel et
l'évolution des métiers sur son territoire notamment l’émergence de nouvelles filières ;
•d
'être informée des différents dispositifs existants (services,
prestations, formations).
En d’autres termes, chaque chargée d’information de
LorPM Info-Conseils aide le bénéficiaire à se repérer dans le paysage des informations, des services et des
outils disponibles (espace ressources documentaires,
espace info bilan, portails d'informations et tutoriels, etc.), à
découvrir un ou plusieurs environnements professionnels et/ou
métiers et à acquérir une méthode d'analyse de l'information.
Ainsi, ce premier niveau d'accueil individualisé doit permettre
au bénéficiaire d'analyser sa situation professionnelle, de décider de la poursuite ou non de ses démarches et d'identifier les
acteurs susceptibles de l'y aider. n
Selon la loi du 5 mars 2014, le Service Public Régional de l’Orientation est un
service public à compétences partagées, qui s’appuie sur une nouvelle collaboration entre l’État et les Régions, avec pour ambition de répondre au mieux
aux besoins de chaque citoyen en matière d’orientation tout au long de la vie.
1
Par Christine Etienne / GIP LorPM
Plus d’informations :
www.lorpm.eu, rubrique
S’orienter & évoluer > Gérer
son parcours
Infos pratiques :
• 03 87 630 630
LorPM Info-Conseils est
ouvert du lundi au jeudi de
9h à 12h30 et de 13h30 à 17h.
(fermeture du service
le vendredi)
• www.lorpm.eu/
nous-contacter.php
Formulaire en ligne.
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
21
LorPM & Vous
www.lorpm.eu
pour être acteur de sa vie
professionnelle
Le site du GIP LorPM a fait peau neuve. Au service de la relation emploi/formation, il propose
davantage d’informations, d’outils et de ressources à disposition des professionnels et du grand
public.
Pour mieux informer : 4 grands espaces
1
Se former
• Effectuer des recherches personnalisées sur les forma-
•
tions, en fonction de son parcours et du type de formation
souhaité (alternance, compétences de base…) en Lorraine
ou dans une autre région ou bien encore en Europe.
s’informer sur le financement de sa formation selon son
statut.
2
S’orienter & évoluer
• S’informer sur les métiers, leurs débouchés et les formations qui y préparent.
• Connaitre ses droits d’accès à la formation selon son
statut, faire valider son expérience par la VAE.
• Bénéficier d’un premier conseil par téléphone ou chercher le lieu le plus adapté à sa situation.
• Découvrir Lorfolio, le portefeuille numérique de compétences.
Un accès plus direct à l’information
Dès la page d’accueil, la possibilité en un clic de :
• Trouver une formation, contacter un conseiller adapté à
sa situation.
• Accéder et s’abonner aux publications du GIP LorPM
(Magazine, newsletter, Etudes et rapports…).
• Suivre l’actualité de la formation professionnelle continue
(cf. actualités, agenda, réseaux sociaux).
22
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
LorPM & Vous
3
Observer & analyser
• Accéder à des ressources (ex. tableaux de bord regroupant
4
Accompagner les professionnels
• Connaitre le Service public régional de l’orientation.
• Mettre à disposition des outils et des actions de profes•
sionnalisation pour les acteurs de l’orientation, de la formation et de l’emploi.
Accéder au centre de ressources et au fonds documentaire
notamment spécialisé sur la lutte contre l’illettrisme.
Les plus values
•
•
•
•
•
•
Une interface simplifiée.
Une mise à jour permanente.
Des fonctionnalités évolutives.
Une navigation optimale quel que soit le support (ordinateur, portable, tablette, smarphone)1.
Des ressources pratiques produites par LorPM et/ou
des partenaires emploi/formation associées à chaque
rubrique.
Des espaces réservés aux professionnels (actualisation de
l’offre de formation...).
1
© Shutterstock
•
des indicateurs associés aux territoires, aux métiers ou aux
secteurs d’activités) et des outils (ex. cartographie interactive) autour des données emploi/formation, des analyses
sectorielles ainsi que les différentes publications de l’observatoire de LorPM.
Consulter des études, des cartes et des chiffres sur les territoires transfrontaliers.
Développement en « responsive design »
Par Christine Etienne / GIP LorPM
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
23
Métiers
À la rencontre de l’Économie
Sociale et Solidaire
L’Économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble de structures d’activités diverses mais
fondées sur des valeurs et des principes autres que la seule finalité du profit. Zoom sur ce champ
économique alternatif notamment en Lorraine.
Périmètre et principes
Le rôle des CRESS
« Dans l’ESS, on parle d’hommes
avant de parler de capital parce
que l’argent est un moyen et non
une fin. La gestion est démocratique : une personne = une voix »
*
notamment pour les jeunes à travers des plateformes numériques d’information et de sensibilisation comme
« JEUN-ESS » ou encore « SAY-YESS ».
** www.achatsresponsablesenlorraine.com.
L
’Économie Sociale et
Solidaire n’est pas un
secteur à part entière,
il est composé par l’ensemble
des coopératives, mutuelles,
associations, ou fondations
qui peuvent toutes relever de
secteurs économiques différents. Le point commun de ces
structures réside en fait dans
le sens même de leurs activités
reposant sur un principe de
solidarité et d’utilité sociale.
explique Solène Baï, chargée
de développement à la CRESS
Lorraine. Les structures de
l’ESS ne fonctionnent toutefois pas en vase clos : elles
sont également prises dans
des rapports de domination
socioéconomiques et, dans
certains cas, entretiennent
des liaisons économiques ou
financières au-delà du champ
de l’ESS.
Si la loi n°2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l’Économie
Sociale et Solidaire introduit
la possibilité pour certaines
entreprises commerciales de
relever du champ de l’ESS, elle
encadre néanmoins l’utilisation des bénéfices qui peuvent
être réalisés : le profit individuel est proscrit et les résultats
doivent être obligatoirement
réinvestis dans la structure.
24
Les Chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (CRESS) sont des associations de loi
1901 ayant pour vocation de réunir les différents réseaux de l’ESS. Leur mission s’articule autour
de trois grands objectifs : structurer et représenter l’ensemble des membres de l’ESS, accompagner le développement des entreprises et des filières relevant du champ, et faire connaître l’ESS
auprès du grand public*. La coordination des réseaux de l’ESS est d’autant plus nécessaire que
les structures connaissent une grande diversité, à la fois en termes de taille, de statuts, comme
de secteurs concernés.
En Lorraine, la CRESS compte 4 salariés et mène différentes actions tout au long de l’année.
Depuis 2008, elle organise chaque année en novembre le « Mois de l’ESS » (projet décliné dans
chaque région simultanément) et d’autres initiatives autour du travail et de l’emploi. Elle vient de
lancer, en partenariat avec la Région, le portail « Achats responsables en Lorraine »** qui vise à
promouvoir le secteur tout en favorisant la mise en relation des acteurs de l’ESS avec les particuliers, les entreprises et les collectivités publiques.
La reconnaissance récente de ces entreprises au
sein de l’ESS n’est pas sans conséquence sur les
associations chargées de l’insertion, notamment
en termes de concurrence.
Principaux secteurs de l’ESS
Les structures de l’ESS sont présentes dans de
nombreux secteurs d’activités : action sociale
(par exemple pour l’aide à domicile ou encore
l’hébergement médicosocial), activités financières (banques coopératives et assurances
mutualistes), arts et spectacles, information et
communication, sports et loisirs (clubs, fédérations), activités de santé (prévention, activités physiques adaptées), industries (SCOP),
enseignement et éducation, agriculture
(AMAP), transports, hébergement, restauration, etc. Potentiellement, l’ensemble des
secteurs d’activités peut être concerné par les
valeurs et les principes de l’ESS.
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
En plus des secteurs historiques de l’ESS, de
nouvelles initiatives voient le jour ces dernières
années : que cela soit dans celui de l’énergie
renouvelable, de l’écoconstruction, du financement coopératif ou encore du développement
de moyens de transport alternatifs (vélo, autopartage, covoiturage, etc.), l’ESS conquiert
toujours plus d’espaces qui répondent à la fois
à des besoins économiques et à des aspirations
sociales.
En Lorraine, une des spécificités de l’ESS réside
dans une part plus importante d’associations
relevant du secteur de l’action sociale que dans
le reste de la France. Cette tendance peut s’expliquer à la fois par une demande plus forte, mais
aussi par une politique régionale plus volontariste en matière de développement de ce secteur.
L’ESS, grâce aux différentes ressources des acteurs locaux, possède un potentiel
pour le développement de nombreuses innovations socioéconomiques en Lorraine,
à l’image des circuits courts, du tourisme solidaire sur le territoire de Briey,
de l’économie circulaire en Terres de Lorraine ou encore de l’incubation de projets liés
à la jeunesse et au numérique et de pépinières d’entreprises sur Nancy-Couronne.
Cependant, ce potentiel n’est pas toujours mis en action, dû à un manque
de coordination et de moyens humains et financiers au sein des territoires1.
Métiers
Chiffres clés de l’ESS en Lorraine2 (Données INSEE-CLAP 2012)
9,3 %
des établissements employeurs
lorrains privés et publics soit
6 342 établissements employeurs
70,1 %
des emplois occupés
par des femmes
11,5 %
de l’emploi salarié total
(public et privé) régional2
soit 79 569 salariés
77 %
CDI
de CDI
57 %
des salariés ont plus de 40 ans
Emplois, métiers, formations
Au niveau national, le nombre de salariés dans
l’ESS s’est accru de 25 % depuis 2000 pour
atteindre 2,4 millions en 2013 (INSEE-CLAP).
Malgré une légère baisse en 2011 et 2012,
l’emploi s’est maintenu et a même progressé
depuis la crise financière de 2008, avec un taux
de croissance annuel moyen de +0,8 % entre
2008 et 2013 pour l’ESS contre -0,2 % pour le
reste de l’économie. Les associations sont les
premiers employeurs de l’ESS avec 78 % des
emplois, suivies par les coopératives (13 %).
© Shutterstock
Cette part importante des associations
explique en partie que la rémunération moyenne
dans l’ESS à temps de travail équivalent reste
inférieure de 8 % à celle du reste de l’économie
régionale.
D’ici à 2020, Le Conseil national des chambres
régionales de l’économie sociale et solidaire
(CNCRES) estime que l’ESS proposera
600 000 postes à renouveler en France en raison
des départs en retraite, auxquels s’ajouteraient
les créations nettes d’emplois, notamment du fait
du dynamisme du secteur associatif qui dépend
pour beaucoup du bénévolat de leurs membres3.
Un des enjeux majeurs de l’ESS réside dans
la sécurisation des parcours professionnels,
en particulier dans les petites structures qui
peinent parfois à stabiliser leur main d’œuvre.
Par ailleurs, l’ESS compte trois formations universitaires spécifiques en Lorraine, de niveau
Master et professionnalisantes. Elles concernent
les Métiers de l’insertion par l’activité économique (MIAE), la Conduite de projets et le
développement des territoires (PROJTER) ou
encore l’Administration économie et sociale,
parcours entreprise sociale (AES-ES).n
Plus d’informations sur les formations :
www.lorpm.eu
Par Julien Dufour / GIP LorPM
Pour aller plus loin :
- CNCRES (2015) « Panorama de l’Economie Sociale
et Solidaire en France ».
- AVISE (2015) « Mode
d’emploi. L’Economie
Sociale & Solidaire en
région ».
Pablo Parra, doctorant en sociologie
au Laboratoire Lorrain de Sciences
Sociales, 2L2S-Université de Lorraine.
2
En Alsace, Champagne-Ardenne,
Lorraine, l’ESS concerne 198 500
salariés, soit 11,3% de l’emploi salarié total, cf. INSEE Analyses Champagne-Ardenne, « Plus d’un salarié
sur dix de la nouvelle région ACAL
dans l’ESS en 2013 », n°15, novembre
2015.
3
On estime à 12,5 millions le nombre
de bénévoles associatifs en France en
2015, cf. Recherches et Solidarités,
« Les associations face à la conjoncture », 2015.
1
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
25
Territoire
Service Public Régional de
l’Orientation en Lorraine :
expérimentation de l’animation
territoriale
Depuis le 1er mars, quatre territoires expérimentent l’animation et la coordination de l’activité du SPRO.
Objectif final : apporter une réponse adaptée aux besoins des usagers.
S
elon la loi du 5 mars 2014, le Service public régional de l’orientation (SPRO) est un service public à
compétences partagées, qui s’appuie sur
une nouvelle collaboration entre l’État et
les Régions, afin de mieux répondre aux
besoins des publics en matière d’orientation tout au long de la vie.
L’État définit au niveau national la politique d’orientation des élèves et des étudiants.
La Région, sur le fondement de normes de
qualité et à partir d’un cahier des charges
qu’elle arrête, organise le SPRO tout au
long de la vie. Elle coordonne sur les territoires les actions des organismes participants au SPRO, et également la mise en
place du Conseil en évolution professionnelle (CEP), mesure centrale de la réforme
de la formation professionnelle. En effet,
celle-ci doit permettre de renforcer l’autonomie des individus dans leurs choix
d’orientation et mobilité professionnelles,
et de formation tout au long de la vie.
Ainsi, les cinq opérateurs du CEP (Pôle
emploi, CAP Emploi, mission locale,
APEC, Fongecif/OPACIF) doivent travailler ensemble pour garantir à tous
Une évaluation « embarquée »
les actifs sur les territoires les mêmes
niveaux de service, et être au plus près
du bassin de vie des publics. Une culture
commune SPRO doit émerger entre les
acteurs, avec la mise en œuvre d’une communication spécifique sur les territoires et
un développement de partenariats.
s’assurer de la mise en œuvre du cahier
des charges régional du SPRO.
Les animatrices territoriales sont ainsi les
garantes de la mise en place effective d’un
service public coordonné, visible et lisible
au bénéfice de l’usager.
Aussi en 2015, la Commission Orientation du CREFOP (Comité régional de
l’emploi, de la formation et de l’orientation
professionnelles) et le Conseil Régional
de Lorraine ont décidé d’expérimenter,
pendant un an, l’animation territoriale
du SPRO sur quatre territoires : Nancy,
Épinal, Metz, Lorraine Nord. Celle-ci a
débuté le 1er mars 2016.
Concrètement, des animatrices territoriales ont été recrutées par le GIP Lorraine
Parcours Métiers pour animer et coordonner, sur un territoire, les différents opérateurs du SPRO, la mise en œuvre du CEP
et l’information-conseil sur la Validation
des acquis de l’expérience (VAE).
Sous la responsabilité opérationnelle
d’Aline Wagner, coordinatrice régionale
du GIP LorPM, leur mission veille à
répondre aux besoins des usagers et à
Le cabinet AMNYOS a été mandaté par le GIP Lorraine Parcours Métiers pour évaluer,
en cours de mise en œuvre, l’expérimentation du SPRO sur les quatre territoires lorrains
désignés.
Il s’agit ainsi, au travers de l’observation et de l’évaluation de cette opération, de proposer
une modélisation transférable sur d’autres territoires. Pour ce faire, les atouts et points
faibles, les contraintes et les menaces, seront repérés tout au long de l’expérimentation,
afin d’en déduire les conditions de réussite et de généralisation.
26
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
Territoire
Missions de l’animatrice territoriale
Animer et coordonner l’activité
du SPRO/CEP et VAE sur son
territoire
L’animatrice territoriale doit favoriser la
mise en place d’une culture commune
entre les acteurs par l’organisation de
rencontres régulières d’échanges d’informations et de pratiques. En tant que
personne ressource, elle participe à la
communication sur les services et lieux
de permanence des opérateurs du SPRO/
CEP et VAE. Elle appuiera la mise en place,
en fonction des besoins du territoire, des
interventions ponctuelles d’acteurs du SPRO
n’ayant pas de représentation territoriale (ex :
OPACIF et / ou partenaires potentiels du
SPRO comme les branches professionnelles,
entreprises, etc…).
Piloter des projets réunissant les
acteurs du SPRO/CEP et VAE
Pour répondre à des besoins du territoire
en termes de connaissance partagée des
acteurs socio-économiques et de l’appareil de formation professionnelle, elle
coordonne un programme d’animations
en mobilisant l’ensemble des acteurs
SPRO selon leurs champs de compétences
respectifs : valorisation des métiers et de la
formation, présentation des dispositifs et
des mesures en direction des opérateurs,
des partenaires et du public.
Suivre le SPRO sur son territoire
L’animatrice territoriale doit développer
une démarche d’évaluation sur la base
d’indicateurs nationaux et régionaux à
construire.
Un tableau de bord et un bilan d’activités de l’année du SPRO du territoire
seront également réalisés à destination du
CREFOP, via le GIP Lorraine Parcours
Métiers.
Outiller les acteurs du SPRO/ CEP
et VAE en fonction des besoins identifiés
Elle participe à la construction d’outils
développés en région, avec des ajouts
d’informations territoriales. Elle favorise
l’appropriation de Lorfolio (portefeuille
numérique de compétences) auprès des
professionnels et la communication à destination du public. Elle promeut l’offre
d’information sur la formation et d’animation régionale proposée par le GIP
Lorraine Parcours Métiers, auprès des
opérateurs et partenaires territoriaux du
SPRO. n
Par Aline Wagner / GIP LorPM
Carole Chambon
CIO d’Hayange
Territoire Lorraine Nord
11 rue de la Marne
57700 Hayange
[email protected]
06 80 62 96 85
Estelle Molinari
GIP LorPM - Lycée Schuman
Territoire de Metz
4 rue Monseigneur Pelt - BP 45138
57074 Metz cedex 03
[email protected]
07 88 03 83 60
Maryline Deprez
FONGECIF – le Trident
Territoire de Nancy
6 rue Cyfflé – BP 20116
54003 Nancy cedex
[email protected]
06 80 62 96 17
Nathanaëlle Perrot
CIO d’Épinal
Territoire des Vosges
46 rue Abel Ferry
88000 Épinal
[email protected]
06 80 62 95 12
Pour plus d’informations :
www.lorpm.eu, rubrique
Accompagner les professionnels > Service public
régional de l’orientation.
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
27
Territoire
Dialogue territorial
dans le Val de Lorraine
Depuis 2014, La Maison territoriale pour l’emploi et la formation du Val de Lorraine (MTEF) expérimente
une démarche de « dialogue social territorial »1 rassemblant les organisations syndicales et patronales
afin d’élaborer un diagnostic partagé.
C
réer un espace de rencontres et
d’échanges, animer et outiller le
processus de réflexion engagé par
les acteurs du territoire, tels sont les objectifs de cette démarche. « Celle-ci a été ren-
due possible grâce à la volonté des partenaires
sociaux de se rencontrer à un niveau territorial, ce qui était nouveau pour les représentants tant syndicaux que patronaux du Val de
Lorraine, et nécessitait donc un apprentissage
spécifique passant par la confrontation de
leurs représentations et de leurs images du
territoire » explique Bertrand Marquis,
directeur de la MTEF.
Développement territorial et qualité
de vie au travail
Le groupe de travail ainsi constitué s’est
réuni tous les mois pendant deux ans2 afin
de mettre au jour les problèmes d’accessibilité à l’emploi rencontrés par les salariés
ainsi que les besoins de la population et
des employeurs en termes de services.
Grâce à la réalisation de cartographies
du territoire en partenariat avec Cité
Publique et l’ARACT Lorraine, la MTEF
a pu mettre en évidence les spécificités du
Val de Lorraine, notamment l’attractivité
accrue des grandes aires urbaines de
Nancy et de Metz qui fractionne toujours
plus le territoire entre travail, domicile,
loisirs, etc.
Ainsi, sur 42 000 actifs en emploi habitant
le Val de Lorraine, seuls 49 % y travaillent.
Le bassin de Pompey est particulièrement
impacté par cette tendance puisque 63 %
des actifs en emploi y résidant travaillent à
l’extérieur du bassin, principalement vers
Nancy. À l’inverse, 50 % des personnes
travaillant dans le bassin de Pompey
vivent à l’extérieur.
63 %
des actifs en emploi résidant
dans le bassin de Pompey
travaillent à l’extérieur
42 000
actifs en emploi
(principalement vers Nancy)
habitant le Val
de Lorraine
50 %
des personnes
y travaillant
vivent à
l’extérieur
49 %
y travaillent
31 000 emplois sont tenus à 66 % par des habitants du territoire
Source : INSEE- Recensement de la population 2011
Ce type de constat appelle une réflexion sur
les problèmes de mobilité domicile-travail
que rencontrent les actifs. Par exemple, le
manque de transports collectifs pour permettre d’acheminer les travailleurs n’est pas
sans conséquence pour satisfaire les besoins
de main d’œuvre des entreprises locales :
dans certaines zones, le fait de ne pas avoir
de moyen de transport devient alors un
facteur de discrimination pour les salariés.
construire une dynamique positive dans la
politique locale en matière d’emploi », précise
C’est pour remédier à ces problématiques
que la MTEF a initié une deuxième phase
du dialogue territorial qui sera de proposer des solutions et de mettre en œuvre un
plan d’actions en réunissant l’ensemble des
acteurs, élus et citoyens compris.
Plus d’informations :
www.valdelorraine-emploi.fr
« Les représentants des différentes organisations d’employeurs et de salariés ont
ainsi pu confronter leurs points de vue sur
la base de faits précis et illustrés, en vue de
Angélique Palumbo, chargée de mission
« RH Territoriales » à la MTEF.
Ainsi, l’originalité de la démarche entreprise par la MTEF à propos du diagnostic territorial repose à la fois sur son rôle
d’animation et sur l’appropriation des
outils par le groupe de travail. n
Le niveau territorial forme le quatrième niveau de
dialogue social qui s’ajoute aux niveaux interprofessionnel, sectoriel ou de branches, et au niveau
de l’entreprise. Ce dialogue est avant tout un espace
d’échange et de concertation, plus que de négociation. On parle donc plus souvent de « dialogue
territorial ».
2 La restitution des résultats du diagnostic partagé
s’est faite le 18 novembre 2015.
1 Par Julien Dufour / GIP LorPM
28
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
Droit
Le droit au retour en formation
initiale en Lorraine
Pour répondre à la problématique de la sortie du système éducatif des jeunes sans une qualification
professionnelle suffisante permettant une bonne intégration au monde du travail, des dispositions
spécifiques ont été mises en place au travers du droit au retour en formation.
Le retour en formation, inscrit dans le
décret du 5 décembre 20141, prévoit que
tout jeune de 16 à 25 ans en décrochage
scolaire doit pouvoir bénéficier à sa
demande d’une formation professionnelle
dans le cadre scolaire, ou d’une durée
complémentaire de formation qualifiante
qui lui permette d’obtenir un diplôme. Ce
droit peut tout aussi bien concerner des
jeunes ne possédant aucun diplôme, que
des jeunes étant en possession d’un baccalauréat général, mais sans qualification
professionnelle reconnue.
Le dispositif Reviens te former
Il a été mis en place pour permettre l’application de ce droit au retour en formation.
Afin d’en bénéficier, les jeunes peuvent faire
leur demande directement sur le site web
dédié à ce dispositif.
Les informations principales concernant
le jeune et sa situation sont transmises
au Service Académique d’Information et
d’Orientation de l’académie de résidence,
qui transmet à son tour la demande au
Centre d’Information et d’Orientation le
plus proche du domicile.
© SAIO Nancy-Metz
D
ans le cadre de la lutte contre le
décrochage scolaire, l’objectif fixé
au niveau national est de diviser
par deux d’ici à 2017 le nombre de jeunes
sortants sans qualification du système
éducatif.
Un(e) conseiller(ère) d’orientation psychologue contacte alors le jeune, et lui propose
un entretien de situation dans les 15 jours
suivant la transmission de la demande.
Cet entretien permet d’élaborer un projet
pertinent avec le jeune, en fonction de sa
situation et de sa demande.
La solution proposée pourra se mettre en
place en interne à l’éducation nationale, ou
s’inscrire dans un partenariat avec d’autres
acteurs de l’orientation professionnelle
(missions locales, Pôle Emploi…). De
retour en formation, le jeune bénéficiera
ensuite d’un suivi par son référent.
Plus d’informations :
reviensteformer.gouv.fr
Décret n°2014 - 1453 relatif à la durée complémentaire de la formation qualifiante. Décret n°2014
- 1454 relatif à la formation professionnelle des
jeunes sortant sans qualification professionnelle du
système éducatif. www.legifrance.gouv.fr
1
Par Laurence Naert / Rectorat SAIO
Quelques chiffres en Lorraine au 5 févier 2016
181 jeunes
(dont 55% de filles)
ont demandé à bénéficier du
dispositif en Lorraine depuis
sa mise en place en mai 2015.
Plus de 50 % (96) n’avaient
aucun diplôme.
Suite à ces entretiens, les solutions les plus
souvent proposées sont :
29 % le retour en formation initiale ;
19 % la formation continue ;
et 31 % la prise en charge par d’autres acteurs de
l’orientation professionnelle.
84 jeunes
ont bénéficié d’entretiens
de situation au niveau
d’un CIO.
Parmi lesquels
54 souhaitaient un
retour en formation initiale.
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
29
Formation
Formation continue et alternance à
l’université : les idées reçues
L’alternance et la formation continue font souvent l’objet de lieux communs et d’idées reçues. Cet
article propose de décrypter le vrai du faux.
ALTERNANCE
VRAI
FORMATION CONTINUE
Le diplôme obtenu a la même valeur que celui
acquis par la voie scolaire/universitaire
Le diplôme obtenu à la fin du contrat en alternance est strictement le même. Il n’est d’ailleurs pas mentionné sur le diplôme
qu’il a été obtenu par la voie de l’alternance.
FAUX
Un emploi est garanti à la fin d’un contrat
d’alternance
L’alternance est une modalité de formation : elle garantit un
contrat en alternance durant la préparation du diplôme concerné, mais n’assure pas automatiquement l’insertion professionnelle immédiate. En revanche, elle la favorise, car l’alternance,
de par les périodes en entreprise, permet de développer ses
compétences sur le terrain et d'acquérir une véritable expérience
professionnelle.
FAUX
Seuls les "mauvais étudiants" se tournent vers
l'alternance
Aujourd'hui, l'alternance permet une insertion professionnelle
plus rapide. Les universités développent de plus en plus une
offre de formation en alternance.
FAUX
On est payé que lorsqu'on est en entreprise
Pendant le contrat, une rémunération est versée chaque mois
que l’on soit en cours ou en entreprise. Le salaire minimum est
défini par la loi.
© Fotolia - Axel Bueckert
Faux ?
30
Vrai ?
FAUX
Il existe un âge limite pour se former
La formation continue concerne tous les actifs sans
limite d’âge. Il est important de développer régulièrement
ses compétences : cela permet notamment de s’adapter aux
modifications liées à ses missions ou au secteur d’activité dans
lequel on travaille. Il existe aussi des possibilités de formation
hors des dispositifs de formation continue, comme par exemple
l’Université du Temps Libre, ouverte à tous sans condition d’âge
ni de diplôme.
Plus d’infos : www.univ-lorraine.fr/culture/utl
FAUX
Toutes les formations sont financées
L’accès au financement d’une formation dépend de son
statut (salarié, demandeur d’emploi, etc), du type de formation
souhaité et du lieu d’habitation.
Plus d’infos : www.lorpm.eu, rubrique « Se former ».
VRAI
La formation continue délivre des diplômes
FAUX
C’est impossible de se former avec une vie active
et familiale dans le même temps
Il est tout à fait possible de suivre une formation diplômante dans le cadre de la formation continue. Les titres universitaires sont inscrits au Répertoire national des certifications
professionnelles (RNCP). Ces titres sont donc aussi reconnus par
l’État. Cette reconnaissance permet une réelle prise en compte
par les entreprises et les conventions collectives dans leur classification.
Il est vrai que suivre une formation continue, surtout si elle est
longue, nécessite un investissement personnel. C’est un projet
qu’il est nécessaire de mûrir et d’intégrer à sa vie de famille.
S’il faut bien peser le pour et le contre avant de se lancer, il faut
également voir l’impact positif qu’il peut avoir sur sa vie à long
terme. n
Par Aude Angster / Université de Lorraine
Objectif
Objectif Formation
Formation n°
n° 66
66 || Mars
Mars 2016
2016
Ressources LorPM
(dernières de couverture - © Auteur et Édition)
Réinventer son métier : accéder à nos imaginaires
professionnels
Cet ouvrage permet de dresser de façon ludique une sorte
d’inventaire méthodique des dimensions oubliées du
métier de chacun, de toutes ces dimensions enfouies dans
nos gestes quotidiens et auxquelles nous ne prêtons pas
toujours attention. L’objectif est de créer de façon concrète
et rapide les conditions favorables au déclenchement d’un
questionnement.
Cet ouvrage est un outil facilitant
les démarches de formation, l’aide
à la recherche d’emploi ou d’un
nouveau métier, le coaching individualisé.
Il comporte un livret pédagogique
de 64 pages, une règle du jeu, un
bloc de planches prédécoupées
(6 groupes de métiers, 30 cartes par
métier), permettant de construire
2 jeux.
Dominique Fauconnier | Éditions Chronique sociale | 2015
Le Compte Personnel de Formation :
50 fiches pratiques pour mettre en œuvre le CPF
© Fotolia - Naufal Photography
Se substituant au DIF, le Compte personnel de formation
(CPF) modifie profondément les mécanismes de la formation professionnelle. Il peut être ouvert dès l’âge de 16 ans
et suit la personne tout au long de sa vie professionnelle,
même si elle se retrouve au chômage ou change d’emploi.
L’application de la loi s’avère assez délicate car de nombreux
cas de figure se posent.
Ce livre est un guide d’application de la loi qui constitue
un outil de travail indispensable
pour les DRH, les responsables de
formation et le manager en charge
de l’entretien professionnel.
Il aidera aussi utilement le salarié
pour demander, organiser et évaluer son Compte Personnel de
Formation
Christophe Parmentier | Éditions
Eyrolles | 2015
Plexus scolaire. Oser la liberté, oser l’intelligence
Dès la petite section, l’enfant de trois ans ne peut rien
produire sur un papier sans voir son graffiti agrémenté
d’un coup de tampon qui laissera la trace soit d’un petit
bonhomme qui rit (bonne note...), soit d’un petit visage
un peu triste (juste la moyenne...), soit d’une figure fâchée
(pas bien...).
Et voilà, entre autres petites et
pourtant gravissimes maltraitances, ce qui fait que la multiplication des bonshommes qui font
la gueule ou se montrent déçus
entraîne des petits humains qui
n’avaient rien demandé, qui sont
encore, même scolarisés, des enfants bien plus que des élèves,
dans la voie de l’insuccès sanctionné, officialisé et programmé.
À travers expériences et témoignages, anecdotes et analyses, perspectives historiques et approches culturelles,
tout en proposant des solutions pédagogiques réalistes,
l’auteur dénonce ces blessures scolaires qui ajoutent au
drame des sélections et ségrégations sociales la tragédie
de l’humiliation, de l’échec inéluctable, du décrochage et
de la désertion.
Thierry Philippe | Éditions L’Harmattan | 2015
Illettré
Léo, vingt ans, discret jeune homme de la cité Gagarine,
porte de Saint-Ouen, pointe chaque matin à l’usine et
s’installe devant sa presse ou son massicot. Dans le vacarme de l’atelier d’imprimerie, toute la journée défilent des
lettres que Léo identifie vaguement à leur forme. Elevé par
une grand-mère analphabète, qui a inconsciemment maintenu au-dessus de lui la chape de
plomb de l’ignorance, il a quitté
le collège à treize ans, régressé et
vite oublié les rudiments appris
à l’école. Puis les choses écrites
lui sont devenues peu à peu de
menaçantes énigmes. (…) Réapprendre à lire ? Renouer avec les
mots ? (…) Centré sur le combat
de Léo contre son illettrisme, le
nouveau roman de Cécile Ladjali
est un livre d’énergie et de conviction qui ouvre une voie imprévue
et poétique sur ce handicap invisible, poursuivant une réflexion
qui lui est chère autour des mots, de l’école, de la dignité
et de l’estime de soi, impossibles sans le langage.
Cécile Ladjali | Éditions Actes Sud | 2016
Documents empruntables auprès des référents
- Formation professsionnelle : Claire Wagner-Litzelmann | 03 87 68 10 16 | [email protected]
- Illettrisme : Laurent Laguerre | 03 87 68 11 23 | [email protected]
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
31
GIP
Lorraine
LorPM’PRO
PARCOURS métiers
Professionnels de la relation
orientation/emploi/formation
retrouvez le catalogue régional 2015-2016
des actions d’information et d’animation sur
www.lorpm.eu
INFOS PRATIQUES : Inscription gratuite en ligne
Pour toute question sur les modalités d’inscription :
Sophie PARENT : 03 83 54 20 00
ou [email protected]
our la mise en place d’actions délocalisées ou toute
P
autre question :
Marianne GROSJEAN : 03 83 98 98 73 / 06 89 64 83 38
ou [email protected]