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LE MAGAZINE D’INFORMATION SUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE EN LORRAINE OBJECTIF : # 66 mars 2016 © Emmanuel Roch FORMATION EN LORRAINE Dossier L’économie numérique : la quatrième révolution industrielle est en marche ! Région Métiers Rencontre avec Daniel Gallissaires | P14 L’économie sociale et solidaire | P24 Territoire SPRO : animation territoriale | P26 Édito Accompagner la révolution numérique Q ui n’a pas vendu ou acheté sur Leboncoin, proposé un covoiturage sur BlaBlaCar ou cherché un logement pour un week-end sur Airbnb ? En utilisant ces plateformes, que nous soyons clients ou fournisseurs, nous participons au grand bouleversement de l’économie. La loi du 17 août 2015 sur le dialogue social et l’emploi a porté sur les fonds baptismaux le compte personnel d’activité et le récent rapport du conseil national du numérique préconise un revenu de base universel. Les parcours professionnels des individus vont être totalement à repenser. Souvent accusée d’uberisation, en référence à la désormais célèbre société de transport, cette économie qui supprime les intermédiaires grâce au numérique génère chaque jour ses nouveaux usages et stimule la création d’entreprise. Si toutes ces prévisions se concrétisent, les trajectoires seront de moins en moins linéaires. Chacun devra s’adapter en changeant régulièrement d’activité et de statut. Cela suppose préparation et accompagnement. Mais face au succès de ces entreprises, cette organisation fondée sur le digital pose de nombreuses questions pour l’avenir de l’emploi. Outre qu’il est difficile de prédire si le numérique créera plus d’emplois qu’il en détruira, cette nouvelle donne favorise l’émergence du travail indépendant et des autoentrepreneurs. À tel point que d’aucuns envisagent déjà le recul, voire la fin, du salariat et de la protection sociale qui l’accompagne. Faisons le pari que la formation des adultes, née avant Internet et qui a déjà fait ses preuves en matière de reconversion et d’émancipation des salariés, aura un rôle majeur à jouer dans l’accompagnement de cette mutation. Par Emmanuel Journot, Directeur du GIP Lorraine Parcours Métiers Un défi énorme pour notre modèle social. Si cela se vérifie, il sera nécessaire de le réinventer avec de nouvelles formes de revenus, d’acquisition et de portabilité des droits sociaux. Le processus est déjà engagé. bulletin d’abonnement « Objectif Formation en Lorraine » disponible gratuitement Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................... ........................................................................... E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . COUPON À RETOURNER À GIP LORRAINE PARCOURS MÉTIERS 10, rue Mazagran 54000 NANCY Renseignements complémentaires : LorPM / 03 83 54 13 00 / Christine ETIENNE / [email protected] 2 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 Sommaire # 66 Ont collaboré à ce numéro : Aude Angster, Vincent Bellais, Cindy Bona, Cécile Brice, Marie-Reine Cornelis, Julien Dufour, Véronique Genet, Hafida Hadra, Murielle Jeanto, Laurent Laguerre, Laurence Naert, Caroline Noiré, Alexandre Parment, Raphaëlle Pienne, Sandrine Pugliese, Adeline Turquet, Aline Wagner, Claire Wagner. Brèves P 4-8 Dossier P 9-13 L’économie numérique LorPM & Vous P 21-23 © Emmanuel Roch - La Ligne Info-conseils - Le nouveau site LorPM Métiers P 24-25 - L’économie sociale et solidaire Territoire Région P 14-15 - Rencontre avec Daniel Gallissaires (Pôle 3E de la Direccte) Insertion - SPRO : animation territoriale - Val de Lorraine : expérimentation sur la mobilité Droit P 16-19 - Intérim : l’enjeu de la sécurisation des parcours - Atout Clés : le dispositif lorrain pour l’acquisition des compétences de base Lorfolio P 26-28 P 29 - Droit au retour en formation initiale Formation P 30 - Formation continue et alternance à l’université : les idées reçues ! P 20 - Un accompagnement partagé Ressources LorPM Directeur de publication : Emmanuel JOURNOT Rédactrice en chef : Christine ETIENNE Objectif Formation en Lorraine est une publication éditée par le GIP Lorraine Parcours Métiers Siège social : 4, rue Mgr Pelt | BP 45138 - 57074 Metz Cedex 3 Tél. : 03 87 68 10 10 - Fax : 03 87 68 10 11 Réalisation technique : Estelle Markovic et M-Christine Sindt N° de dépôt légal : 2e trimestre 1994 | ISSN 1254 - 8502 Trimestriel | Impression : La Nancéienne d’Impression P 31 Des projets d’évolution professionnelle ? www.lorpm.eu Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 3 Brèves Formation : chantiers & dispositifs 2016 Plan 500 000 formations pour les demandeurs d’emploi Après le cadre général fixé par le président de la République le 18 janvier, le Premier ministre et les représentants des régions ont commencé à dessiner la répartition de leurs rôles respectifs. Une rencontre entre la ministre du Travail, des présidents de conseils régionaux et les partenaires sociaux s’est déroulée le 29 février pour finaliser l’implication des organisations patronales et syndicales dans la mise en œuvre de ce plan. L’effort «massif» de formation ciblera les chômeurs les moins qualifiés et sera axé sur des métiers en tension (aéronautique, bâtiment, sécurité, tourisme...) mais aussi sur des postes liés à la révolution Définition du compte personnel d’activité Le Compte personnel d’activité (CPA) permet à chaque salarié d’accéder aux droits qu’il acquiert tout au long de sa carrière en matière de formation ou de pénibilité. Il est ouvert dès que le salarié entre sur le marché du travail. L’un des objectifs de ce compte est de permettre à un salarié de conserver ses droits lorsqu’il change d’emploi ou de région. La création de ce compte est prévue pour le 1er janvier 2017. Entre-temps, les modalités de mise en place de ce nouveau dispositif doivent encore être définies. Appelés à négocier sur le sujet, les partenaires sociaux ont arrêté le 8 février dernier une position commune sur le compte personnel d’activité structurée autour des trois axes : un regroupement du Compte personnel de formation (CPF) et du compte personnel de prévention de la pénibilité, un accompagnement global sur l’ensemble des paramètres de la sécurisation des parcours et la mise en place d’un portail d’information sur les droits sociaux. Le futur projet de la loi Travail précise le dispositif : le CPA serait constitué du CPF, du compte pénibilité et du compte Engagement citoyen (qui recense les activités bénévoles ou de volontariat tels le service civique, l’activité de maitre d’apprentissage, certaines activités de bénévolat associatif). Est également prévue une majoration des droits formation pour les actifs peu qualifiés. Aide à l'embauche en contrat de professionnalisation Une prime de 500 euros par trimestre est octroyée à toute entreprise de moins de 250 salariés qui recrutera un demandeur d’emploi pour un CDD d’au moins 6 mois ou pour un CDI, y compris dans le cadre d’un contrat de professionnalisation. Cette aide est accordée pour deux ans soit 4 000 euros au total : elle est gérée par l’Agence de services et de paiement (ASP). 4 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 numérique et à la transformation énergétique. La formation à la création d’entreprise sera également concernée. La mesure s’appuiera sur la Préparation opérationnelle à l’emploi (POE), le renforcement des aides de Pôle emploi à la création d’entreprise et l’accès des chômeurs au contrat de professionnalisation. Sur la base d’une convention avec l’État, des conseils régionaux pourront expérimenter le pilotage de la formation des demandeurs d’emploi1. La région Champagne-Ardenne Lorraine a signé la première convention le 18 mars dernier. 1 Renégociation de la convention d'assurance chômage Confrontés à un chômage de masse et à un déficit record de l’Unedic (dette cumulée de 25,8 milliards d’euros en 2015), les partenaires sociaux gérant l’Unedic doivent fixer d’ici fin juin 2016 les nouvelles règles de l’assurance chômage. Parmi les sujets soumis à discussion sont évoqués la dégressivité des allocations, le décalage de 50 à 55 ans pour le calcul spécifique de l’allocation travailleurs « seniors », la mise en place d’une cotisation entreprise différenciée selon les types de contrats (CDI, CDD), le calcul de la durée d’affiliation minimale, les conditions d’accès à la formation et le régime des intermittents. Entreprise : 1ère collecte de la contribution unique formation des entreprises Le premier versement aux Organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) de la nouvelle contribution unique formation des entreprises (0,55% pour les « moins de 10 salariés » et 1% pour les « 10 salariés et plus ») a dû être effectué avant le 1er mars 2016, au titre des masses salariales 2015. Avec la suppression de la déclaration 2483 (déclaration qui permettait de justifier de l’utilisation du budget Formation), les entreprises devront désormais porter les mentions nécessaires à l’établissement de leur participation à la formation professionnelle continue dans la Déclaration annuelle de données sociales (DADS). Brèves CNEFOP : des labels et des certifications "qualité" Cinq catégories de financeurs (État, Régions, Pôle emploi, OPCA / OPACIF, Agefiph) de formation ont désormais l’obligation de s’assurer de la qualité des formations financées. Le financeur doit satisfaire cette obligation, soit dans le cadre de ses procédures internes d’évaluation , soit par la vérification que le prestataire bénéficie d’une certification ou d’un label recensé sur la liste du Conseil national, de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles (CNEFOP). Le CNEFOP a pour mission d’établir et de recenser sur une liste rendue publique les certifications ou labels qualité qui respectent l’ensemble des critères mentionnés1. Un dossier dématérialisé sera à remplir par l’autorité responsable de la certification ou du label qualité accompagné de l’ensemble des pièces jointes demandées. Ce dossier de demande d’inscription sera présenté et débattu à l’occasion de réunions de la commission Qualité du CNEFOP afin d’apprécier si le référentiel candidat à l’inscription respecte les critères fixés. 1 par le décret du 30/06/2015. Élaboration et adoption des CPRDFOP 2016-2022 2016 est le premier exercice de concertation pour l’élaboration du nouveau Contrat de plan régional de développement des formations et d’orientation professionnelles (CPRDFOP). Ce contrat rassemble dans un document unique la stratégie régionale de formation professionnelle des jeunes et des adultes et les engagements financiers des signataires : préfet de région, recteur, DRAAF1 et président du conseil régional. Il détermine les objectifs communs des acteurs du territoire régional, notamment en termes de filières de formation professionnelle, sur la base d’une analyse des besoins en emplois/compétences. Son périmètre a été étendu par la loi du 5 mars 2014, ainsi il précise : - les objectifs dans le domaine de l’offre de conseil et d’accompagnement en orientation, - les objectifs en matière de filières de formation professionnelle initiale et continue , - u n schéma de développement de la formation professionnelle initiale valant schéma régional des formations sociales et schéma régional des formations sanitaires , - les actions de formation professionnelle ayant pour but de favoriser l’accès, le maintien et le retour à l’emploi, - un schéma prévisionnel de développement du Service public régional de l’orientation (SPRO) ; - les priorités relatives à l’information, à l’orientation et à la VAE. 1 irecteur régional de l’alimentation, D de l’agriculture et de la forêt. Voyage en horticulture... Un nouvel accord cadre de partenariat « favorisant l’accès à l’emploi des jeunes dans l’agriculture » a été signé le 14 mars dernier entre la chambre régionale d’agriculture, l’Association régionale emploi formation en agriculture (AREFA) et l’Association des missions locales de Lorraine (Amilor). Cet accord prévoit notamment la mise en œuvre de « Voyages en agriculture » à destination de jeunes qui sont organisés sous forme d’une journée de découverte du monde agricole avec au programme une mise en pratique. Ce dispositif a pour but de : - informer, sensibiliser et outiller les conseillers des missions locales sur le secteur agricole ; - faire découvrir à des jeunes les métiers de l’agriculture, les formations et les débouchés du monde agricole ; - trouver des pistes de sorties pour les jeunes en emploi d’avenir ; - orienter le jeune (formation, dispositif ADEMA1) et l’encourager à mobiliser les outils existants tels que la Bourse de l’emploi gérée par l’AREFA. Ces journées ciblent en priorité des jeunes en emploi d’avenir afin de les préparer à la sortie du dispositif. Elles sont coordonnées par la chambre régionale d’agriculture et organisées dans les différents établissements d’enseignements agricoles publics et privés de la région. Les partenaires souhaitent décliner ce dispositif avec un premier voyage en « horticulture » qui se déroulera à l’École d’Horticulture et de Paysage de Roville-aux-Chênes le 21 avril prochain. Au cours d’une journée d’échanges et de visites, les membres du groupe pourront se rendre compte des multiples facettes des métiers de l’horticulture et des aménagements paysagers. En serre, ils découvriront la production de fleurs, le maraichage, qu’il soit bio ou en protection biologique intégrée, les activités de production, de greffage, de bouturage et de multiplication végétale. En plein air, ils visiteront le verger conservatoire riche d’une large gamme de fruits locaux, la pépinière qui abrite les collections du Patrimoine Horticole Lorrain et le parc paysager entretenu par les élèves où s’épanouissent près de 5 000 plantes. Ce parcours jalonné de rencontres avec des formateurs et des apprenants en CAP, en Bac pro ou en BTS leur permettra de se projeter concrètement dans ces métiers de passion, et cet avenir qui sera peut être le leur… D’autres voyages seront programmés ce printemps dans les différents centres : Alpa (agriculture), Is4a (commerce agroalimentaire et agro-fourniture), CFPPA de Bar-le-Duc (agriculture et agro-alimentaire), CFPPA de Courcelles-Chaussy (jardins espaces verts et maraîchage), CFPPAF de Mirecourt (forêt). Dispositif financé par le FAFSEA permettant de découvrir les métiers de l’agriculture via une formation professionnelle rémunérée. 1 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 5 Brèves Garantie jeunes : extension à 19 nouveaux départements et 85 missions locales En 2013, dans le cadre d’un plan pluriannuel contre « la pauvreté et pour l’inclusion sociale », le Gouvernement a choisi d’agir pour prévenir le risque d’exclusion. C’est tout l’enjeu de la Garantie jeunes : permettre à des jeunes en grande précarité de s’installer dans la vie active grâce à un parcours complet et intensif d’accès à l’emploi. 19 nouveaux départements ont été choisis par la ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue social pour intégrer cette expérimentation. Fin 2016, 91 départements (dont la Meurthe-et-Moselle, la Meuse et les Vosges) dont 358 missions locales déploieront la Garantie jeunes. Plus de 100 000 jeunes devraient avoir intégré la Garantie jeunes d’ici fin 2016. Apprentissage : un OCTA consulaire régional Depuis 2016, la chambre d’agriculture, la chambre de métiers et de l’artisanat et la chambre de commerce et d’industrie se sont regroupées au sein d’un unique Organisme consulaire régional collecteur de la taxe d’apprentissage (OCTA) afin de faciliter les démarches des entreprises redevables de cette taxe. Les entreprises soumises à cette taxe1 ont désormais la possibilité de verser cette somme auprès de l’OCTA consulaire régional unique en Lorraine2. Cette simplification a notamment pour objectif de rendre plus facilement identifiable l’organisme auprès duquel verser sa taxe et de faciliter les procédures administratives. Cette taxe dont les entreprises peuvent choisir le centre de formation bénéficiaire permet de financer 6 les investissements pédagogiques des CFA et des écoles habilitées afin d’accueillir et de former les jeunes aux niveaux de qualification dont les entreprises auront besoin à l’avenir. Pour plus d’informations : OCTA consulaire Lorraine 03 83 90 88 20 col le c te-apprent iss age@ lorraine.cci.fr www.octaconsulairelorraine.fr Entreprises disposant d’une masse salariale 2015 supérieure à 104 941€ et n’ayant pas embauché au moins un apprenti. 2 L’entreprise a également le choix de verser la taxe d’apprentissage auprès de son OPCA agréé OCTA. 1 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 Formation des conseillers Garantie jeunes Afin d’homogénéiser et de professionnaliser les pratiques des conseillers, une formation a été créée dans le cadre d’une démarche d’Engagement de développement de l’emploi et des compétences (EDEC) en lien avec la branche professionnelle des missions locales et la DGEFP1. Le principe : des conseillers Garantie jeunes expérimentés et volontaires forment leurs collègues déjà en poste ou qui vont l’être. AMILOR, l’Association régionale des missions locales de Lorraine est la structure support de la mise en œuvre opérationnelle au niveau national de l’EDEC. 1 élégation générale à l’emploi et à D la formation professionnelle Olympiades des Métiers : 44e édition La WorldSkills Competition, plus connue en France sous le nom d’Olympiades des Métiers, est une compétition internationale organisée tous les deux ans, qui met en concurrence des jeunes professionnels de moins de 23 ans venus du monde entier. Il s’agit du même esprit de compétition qu’aux Jeux Olympiques, appliqué à des épreuves «métier» : les candidats concourent dans 50 métiers, regroupés en 8 pôles (alimentation, automobile, services, maintenance, agriculture, bâtiment – travaux publics, industrie et nouvelles technologies). La 44e édition a débuté en Alsace Champagne-Ardenne Lorraine à la fin de l’année 2015 par l’inscription aux sélections régionales de plus de 600 jeunes filles et garçons. Des épreuves de pré-sélections sont organisées au cours du premier trimestre 2016 et seront suivies des sélections grande région Alsace Champagne-Ardenne Lorraine d’avril à juin 2016. Les meilleurs candidats de chaque métier intégreront l’équipe régionale, qui concourra aux finales nationales, en mars 2017 à Bordeaux. Celles-ci ont pour but de sélectionner l’équipe de France des Métiers lors de la compétition mondiale à Abu Dhabi (Emirats Arabes Unis) en octobre 2017. Brèves Un nouveau parcours pour les bacheliers professionnels Dans les années 2000, chaque année, 120 000 bacheliers professionnels obtenaient leur diplôme. Plus de 40 % d’entre eux souhaitaient poursuivre des études dans l’enseignement supérieur mais trop peu les réussissaient. C’est en partant de ce constat que le projet d’une « grande école des bacheliers pros » émergea. fiés et à responsabilités dans les entreprises. Elle prépare à deux licences générales en apprentissage : - Méthodes et sciences industrielles pour les titulaires de Bac pro industriels. - Management pour les titulaires de Bac pro tertiaires. Cette école propose une pédagogie innovante et adaptée aux profils des bacheliers professionnels. En 2009, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche confia au Cnam la Les principaux enseignements responsabilité d’ensemble du sont construits autour de proprojet, qui vise à revaloriser jets mettant toujours en lien la voie professionnelle en dé- une réalisation concrète et veloppant des savoirs un cycle théoriques. Ouverture en Lorraine C h a c u n e complet de à la rentrée 2016 formation des trois supérieure années de par la voie de l’apprentissage. la licence est l’occasion de se confronter à des problémaAinsi, l’École Vaucanson tiques réelles d’entreprise. offre des conditions adaptées pour valider une licence et www.cnam-lorraine.fr accéder à des emplois quali- Karine Treiber, nouvelle sousdirectrice à la Formation Tout au Long de la Vie et à l’Apprentissage Karine Treiber a rejoint la Direction de la formation, de l’orientation et de l’insertion professionnelle (DFOIP) de l’Université de Lorraine le 4 janvier 2016 en tant que sous-directrice à la Formation Tout au Long de la Vie et à l'Apprentissage. Architecte de formation, elle réoriente sa carrière après 3 années d'expérience dans ce domaine. Après 8 années passées en tant que gestionnaire de centre de profit LVMH (Louis Vuitton Moët Hennessy) sous l'enseigne Sephora, son parcours professionnel s'étend à la formation. Elle rejoint la chambre de commerce et d'industrie en tant que commerciale où elle exercera 7 ans afin d'appuyer le développement des domaines alternance et formation continue. Pendant une année, Karine Treiber développe la formation continue, et tout particulièrement le Compte personnel de formation (CPF), auprès des entreprises lorraines pour le compte de l’institut Wall Street. La sous-direction de la Formation Tout au Long de la Vie et de l’Apprentissage a pour mission de coordonner, en lien avec les composantes de l’Université de Lorraine, l’activité relative à la mise en œuvre de la formation professionnelle continue, y compris l’alternance (contrat d’apprentissage et de professionnalisation). Elle représente ou co/représente l’établissement au sein de réseaux locaux (partenaires institutionnels et financeurs), nationaux et internationaux. www.fc.univ-lorraine.fr Découverte des métiers de la SNCF Une première action, intitulée « Voyageur et Citoyen », animée par un agent de la SNCF, permet d’aborder avec les jeunes les risques en milieu ferroviaire (traversées de voies, électrocutions…) et les comportements civiques à adopter dans les transports publics (respect des autres voyageurs, des matériels mis à disposition…). Cette information d’une heure est complétée par la visite du poste d’aiguillage informatisée de la gare de Nancy. Une seconde action plus axée sur la découverte des métiers de la SNCF est menée par M. Milenkovic, animateur régional Lorraine de l’association des bénévoles SNCF. Elle permet à une quinzaine de jeunes d’avoir des renseignements sur les filières professionnelles de l’entreprise et sur les modalités de recrutement. C’est l’occasion pour eux d’échanger avec les professionnels de terrain, parler métier mais aussi contraintes dues aux horaires et mobilité. Visite du Poste d’Aiguillage informatisée de la gare de Nancy Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 © Amilor Dans le cadre d’un partenariat entre AMILOR (Association des missions locales de Lorraine) et la Fondation SNCF, des demi-journées de prévention et de découverte des métiers de la SNCF ont été organisés pour des jeunes accompagnés par les missions locales de Lorraine. 7 Brèves Quoi de neuf sur la toile ? Une web télé au service de la recherche d’emploi Référencé par Pôle Emploi, le site www.passeportpourlemploi.com fournit gratuitement aux demandeurs d’emploi une méthode pour trouver du travail salarié ou indépendant. Passeport pour l'emploi propose gratuitement 70 formations enregistrées en vidéo (13 heures de vidéo) par 45 experts des ressources humaines à la recherche d’emploi et à la création d’activité, accessibles 365 jours par an et 24 h/24. En complément des formations, la Web TV donne accès à 450 sites (offres d’emploi, stages, missions, formations... ). www.passeportpourlemploi.com Des serious games métiers Le Centre régional d’information jeunesse (CRIJ) du Limousin a créé un site internet qui recense les serious gamme (jeux sérieux) sur les métiers dans de nombreux secteurs professionnels. Conçu à l’origine pour les professionnels de l’information sur la formation et les métiers, ce site est désormais accessible à tout public. Les soixante sérious games recensés permettent de tester de nombreux métiers et de s’immerger dans de multiples secteurs d’activité. Classés par domaines professionnels, ils sont présentés sour forme de fiches techniques descriptives avec un lien vers le site internet qui héberge le jeu. http://seriousgamesmetiers.com 8 Les métiers du bâtiment Lancé le 29 janvier dernier, Passerelle(s), est un site conçu pour favoriser l’accès à la culture des apprentis du bâtiment et des travaux publics (BTP) et de tous les jeunes en insertion professionnelle. Il invite à une exploration interactive des métiers du BTP et de quelques 70 constructions phares, représentatives de l’histoire et des techniques de leur époque. Ce projet a été conduit par le Comité de concertation et de coordination de l’apprentissage du bâtiment et des travaux publics (CCCA-BTP) avec deux partenaires : la Bibliothèque nationale de France et la Fondation BTP Plus. http://passerelles.bnf.fr Le certificat CléA Créé par le Copanef, le certificat interbranche CléA vise l’acquisition d’un « socle de connaissances et de compétences professionnelles ». Son objectif est de favoriser l'accès à la formation et l'insertion dans le monde du travail. Le lancement de CléA a été l’occasion d’annoncer la mise en ligne d’un site Internet dédié pour faire découvrir et populariser le certificat CléA. Trois grandes rubriques sont proposées et s’adressent respectivement aux demandeurs d’emploi, aux salariés, et aux employeurs. Chacune d’elles présente toutes les informations utiles à la mobilisation de CléA : le référentiel, les étapes, les acteurs, etc. À l'aide d'un moteur de recherche, l’internaute peut trouver les organismes qui mettent en œuvre le dispositif dans chaque département. http://www.certificat-clea.fr S'informer sur la mobilité internationale Erasmus Student Network France, réseau français d'associations d'accueil des étudiants internationaux et de promotion de la mobilité, a lancé un site internet "Tickets pour le monde". Ce site de promotion de la mobilité internationale s’adresse à tous les jeunes tentés par une expérience à l’étranger, qu’ils soient élèves du secondaire (collèges, lycées), apprentis, étudiants, post-diplômés ou en situation de décrochage scolaire. Outre des témoignages de jeunes ayant vécu une expérience à l’étranger, ce site propose en téléchargement un « Passeport de la mobilité internationale » édité avec le soutien de l'agence Erasmus+ France / Education et Formation. Le « Passeport de la mobilité internationale » présente les différents programmes de mobilité existants ainsi que les aides financières et administratives pour les jeunes de 14 à 17 ans et de 18 à 30 ans. http://ticketspourlemonde.fr Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 CPF : une nouvelle version du site Le site officiel du Compte personnel de formation (CPF) fait peau neuve, avec une page d'accueil centrée sur les titulaires d'un compte personnel de formation. Trois rubriques principales sont proposées : « Je recherche une formation », « Vos droits » et « Vos démarches ». Un module d'aide permet de bénéficier d'une assistance sur le dispositif et la navigation. Un espace réservé aux professionnels reprend les informations utiles, notamment les listes de certifications éligibles actualisées et les listes régionales selon la nomenclature des anciennes régions www.moncompteformation.gouv.fr Dossier © Emmanuel Roch Dossier La numérisation de l’économie : en route vers un changement de société ? L e concept de « numérisation de l’économie » renvoie à différentes significations, évoluant dans le temps, au rythme des avancées technologiques. Dans les années 1990, les experts parlaient des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Aujourd’hui, la numérisation désigne les transformations qui s’annoncent avec le développement des technologies reposant sur l’exploitation d’une masse considérable, et sans cesse croissante, de données informatisées (Big Data), qu’il s’agisse de textes, de sons, d’images, etc. Ces technologies ont déjà des effets perceptibles dans nos vies, via les logiciels et autres applications que nous utilisons quotidiennement sur nos ordinateurs ou nos téléphones pour nous aider dans de nombreuses tâches, voire pour les faire à notre place. Serions-nous à la veille de la quatrième révolution industrielle, comme l’annoncent certains, et si oui, quels en seront les effets sur l’emploi ? Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 9 Dossier Des entreprises d’un genre nouveau L es acteurs en pointe dans le numérique sont regroupés sous le sigle GAFA, pour Google, Amazon, Facebook et Apple. Tous ont leur siège dans la Silicon Valley, haut lieu étatsunien des industries de pointe utilisant des composants électroniques fabriqués avec du silicium. Ces entreprises entretiennent par ailleurs des liens étroits avec les étoiles montantes du secteur, à l’image de Google qui est actionnaire de Uber depuis 2013. La puissance technologique et financière du GAFA est telle qu’il domine de nombreux domaines économiques, au point d’inquiéter les leaders de l’industrie européenne sentant leurs intérêts menacés. Afin de rester dans la course, la France a ainsi engagé dès 2013 un plan de développement du numérique dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir1. Deux modèles économiques distincts ont vu le jour. Le premier met en concurrence des professionnels avec des particuliers qui proposent aux usagers d’utiliser des biens dont ils sont propriétaires, moyennant une participation aux frais d’usage ou le coût d’une location. Le monde des taxis a ainsi vu d’un mauvais œil l’apparition de chauffeurs occasionnels travaillant à la course. De leur côté, les professionnels du transport de voyageurs, et notamment la SNCF, sont concurrencés par l’offre de covoiturage proposée par la plateforme BlaBlacar. Les professionnels du tourisme souffrent, eux aussi, de ces nombreux particuliers louant leur logement le temps d’un séjour, via la plateforme Airbnb. Le second modèle repose sur une nouvelle division du travail entre professionnels. L’industrie du disque a ainsi été l’une des premières impactées par l’arrivée de la plateforme iTunes de Apple. De même, les hôteliers ont été bousculés par l’arrivée de Booking.com, qui enregistre les réservations directement à leur place. Demain, des domaines comme celui de la formation pourraient très bien être les prochains concernés. Le développement des MOOC2, ces cours accessibles en ligne, pourrait constituer le fonds de commerce de nouveaux intermédiaires de l’éducation qui panacheront les cours de différentes universités pour proposer des cursus complets, adaptés aux besoins du marché du travail et aux profils des étudiants, avec certificat d’assimilation à la clef. © Emmanuel Roch Uber est dans tous les esprits, tant l’actualité lui fait écho. Il est le symbole de ces entreprises d’un genre nouveau, qui s’emparent des marchés à la barbe des opérateurs historiques par l’efficacité des services qu’elles proposent : les fameuses plateformes de réservation en ligne. En se glissant entre l’usager et les producteurs du bien ou du service, sans agence physique et avec peu de salariés, ces plateformes permettent aussi bien de connaître les besoins de la clientèle que d’imposer les tarifs aux producteurs, le tout en prélevant une commission pour l’intermédiation effectuée. Les technologies numériques pourraient automatiser près d’un emploi sur deux d’ici 20 an La quatrième révolution industrielle, c’est quoi ? La première révolution industrielle a débuté autour du charbon, de la vapeur et de l’acier (fin XVIIIe siècle). La deuxième repose sur l’exploitation du pétrole et le développement de l’électricité (fin du XIXe siècle). La troisième a vu émerger le nucléaire civil et les nouveaux outils de traitement et de transmission de l’information (à partir des années 1950). La quatrième révolution est celle du numérique, incluant des secteurs comme l’intelligence artificielle, le big data, l’impression 3D, les biotechnologies, la robotique ou encore l’internet des objets. www.entreprises.gouv.fr/secteurs-professionnels/economie-numerique MOOC : Massive Open Online Course. 3 Quels emplois pour demain ? Rapport d’information du Sénat, Alain FOUCHÉ, 4 juin 2014 1 2 10 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 Dossier Un mouvement ancien d’automatisation de nos activités S i les technologies numériques sont récentes, et encore balbutiantes pour certaines (à l’image de la « Google car », des « Google glass » ou des robots humanoïdes), l’élan qui porte leur développement ne l’est pas ! Elles s’inscrivent, en effet, dans un processus d’automatisation de nos gestes et de nos raisonnements engagé de longue date. Le travail manuel a été le premier concerné par les vagues d’automatisation des chaînes de production, au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Les machines sont venues compléter le travail des ouvriers : pendant que les premières façonnent nos voitures ou nos vêtements, les secondes surveillent, entretiennent et pilotent les installations. Ce mouvement d’automatisation des activités industrielles devrait d’ailleurs se poursuivre, à mesure que les machines et systèmes de mise en réseau gagnent en intelligence. Après les écrans de contrôle, les bracelets et autres lunettes connectés pourraient se généraliser pour permettre à l’utilisateur d’échanger instantanément des informations avec les chaînes de production, elles-mêmes connectées au réseau. En parallèle à ce déploiement dans les activités industrielles, les activités administratives sont aujourd’hui également concernées par ce processus d’automatisation. La gestion des appels téléphoniques, la comptabilité, la recherche documentaire, l’archivage de documents, etc., sont réalisés de plus en plus fréquemment par des machines, de façon plus rapide et avec une qualité souvent supérieure au travail humain, car exempte de nos erreurs d’inattention ou d’incompréhension. Ce sont finalement tous nos gestes et raisonnements routiniers, c’est-à-dire ceux que nous réalisons à l’identique et de façon répétée, qui constituent le terreau fertile pour le développement des machines numériques. ns. Les métiers et activités de demain L es exemples de métiers ou d’activités impactés se multi- de médecins, d’avocats, d’assistantes maternelles, de maçons, etc. plient de jour en jour. Il reste toutefois extrêmement diffi- À moins que nous ne nous contentions de numériser leurs savoircile de prévoir de quoi demain sera fait, même à l’horizon faire afin de les mettre en œuvre par des machines. Le robot de d’une décennie. D’ailleurs, un récent rapport du Sénat3 sur les cuisine développé par la société britannique Shadow robot est emplois de demain précise qu’entre un tiers et 70 % des métiers ainsi capable de réaliser 2 000 recettes programmées à partir de d’avenir sont encore inconnus aujourd’hui. la gestuelle de grands chefs cuisiniers. Autre Nous assistons, plus fréquemment, à l’hybri- La création, à proprement parler, exemple, les imprimantes 3D utilisées par la dation entre plusieurs métiers ou activités, société chinoise Shanghai WinSun Decorade nouveaux métiers comme ayant aussi bien pour effet de subdiviser ce de nouvelles activités, reste un tion Design Engineering peuvent construire qui était autrefois agrégé qu’inversement. une maison en quelques heures et pour un phénomène rare. prix défiant toute concurrence. Sans prendre trop de risques, nous pouvons tout de même avancer que les besoins de la popu- Les impacts sur la formation sont tout aussi difficiles à estimer. lation de demain seront proches de ceux d’aujourd’hui : Dans ce même rapport du Sénat, les auteurs s’interrogeaient nous continuerons à manger, à nous vêtir, à nous loger et à en ces termes : « Comment peut-on se former aujourd’hui à des emnous équiper pour améliorer notre confort, à nous assurer plois dont on ignore à peu près tout ? Surtout si l’on ajoute que, avec contre les risques, à nous soigner et à prendre soin de nos l’accélération de la société et de la mondialisation, il est à peu près proches, à nous déplacer, à pratiquer des activités culturelles certain qu’une grande part de ce que l’on apprend aujourd’hui sera et de loisirs, etc. Nous aurons donc besoin de cuisiniers, déjà obsolète deux ans plus tard ». Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 11 Dossier Un élément semble tout de même faire consensus auprès de certains spécialistes de la question : aux côtés de l’écriture, de la lecture et du calcul, la maîtrise du codage informatique constituera probablement un nouveau savoir de base tout aussi nécessaire pour tenir un emploi4. Il permettra de communiquer avec toutes les machines, à l’image d’un langage universel comme peut l’être l’anglais entre les hommes. Schématiquement, trois grandes familles d’activités économiques peuvent être distinguées selon l’usage qu’elles font des technologies numériques. Les activités supportant le processus de numérisation de l’économie, telles que les opérateurs et équipementiers de télécoms, d’équipements informatiques, de composants et de systèmes électroniques, de logiciels professionnels ou de loisirs, de services et maintenance informatique, etc. Viennent ensuite les activités nées de l’émergence des Les logiciels ne peuvent pas (encore) tout faire à notre place. nouvelles technologies, telles Le raisonnement mathématique sur lequel s’appuient les logiciels pour traiter les masses que les commerces et autres colossales d’informations (les algorithmes) peinent en effet à modéliser certaines formes d’inservices « en ligne ». telligences, dans la création artistique ou l’innovation (ingénieurs, chercheurs), dans les actiLa troisième et dernière vités mobilisant des capacités relationnelles particulières ou encore celles sollicitant le couple famille est celle des activités sensori-moteur, par exemple pour réaliser un déplacement dans un environnement complexe, utilisatrices de technologies tel qu’une maison comprenant des escaliers avec des hauteurs de marches inégales. Ces actinumériques au quotidien, vités sont, pour le moment, impossibles à coder du fait de leur complexité, et il paraît même via le développement de lovraisemblable qu’elles gagneront en valeur à mesure que les professionnels se délesteront des giciels et d’interfaces spécitâches routinières gérées par les machines. Les métiers de la santé ou du social offrent de nomfiques : banque, assurance, breux exemples : réaliser une prise de sang, jouer avec un enfant en bas âge ou accompagner à automobile, aéronautique, la marche une personne âgée dans ses déplacements quotidiens. Les métiers d’infirmiers, les logistique ou encore administravailleurs sociaux, les psychologues, les aides à domicile, etc., semblent ainsi préservés des tration. Une large majorité de technologies numériques encore pour quelques temps, même si la partie diagnostic des besoins métiers va ainsi intégrer une du bénéficiaire leur échappera probablement, celle-ci pouvant être réalisée au moins partiellepart croissante d’outillages ment par des machines5. numériques pour mettre en œuvre, organiser et contrôler leurs tâches. Moins d’emplois… et une croissance économique faible L es exercices prospectifs cherchent également à estimer l’automatisation avait rendu inutiles certains emplois, elle avait dans les volumes d’emplois. Plusieurs analystes s’accordent sur le même temps permis d’améliorer la productivité des travailleurs le fait que l’économie numérique ne en poste dans les activités persistantes ainsi La croissance économique constituera pas le nouvel eldorado. Les que de favoriser l’émergence de nouvelles calculs réalisés par le cabinet Roland Berger générée par le développement du activités ayant des besoins de main d’œuvre prévoient, en effet, une destruction de près conséquents pour animer les machines. Les numérique est plutôt faible, de 3 millions d’emplois d’ici 20256, volume travailleurs ont ainsi migré, dans un premier voire nulle. qui pourrait être supérieur aux créations temps, de la paysannerie vers l’industrie puis, liées à ces nouvelles technologies. dans un second temps, de l’industrie vers les services. La révoNous touchons ici à l’un des principaux paradoxes de la lution numérique ne semble pas présenter ces caractéristiques. révolution industrielle en cours. Lors des précédentes, si 12 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 Le « paradoxe numérique » est celui d’une séparation entre innovation technologique, croissance économique et progrès social. Dossier Les machines se substituent au travail humain routinier plutôt que de le compléter, aucune activité nouvelle susceptible d’accueillir une main-d’œuvre nombreuse ne semble émerger7. Tant est si bien que ces technologies n’auraient que peu d’incidences sur nos vies en termes de prospérité, à nouveau a contrario des précédentes révolutions industrielles qui avaient amélioré notablement le confort matériel des familles. Conclusion Vers un nouveau projet de société ? L e numérique a pris son essor dans un contexte politique et économique particulier, celui de la mondialisation des échanges et de la libéralisation financière, qui permet de produire n’importe où dans le monde et de lever instantanément les capitaux nécessaires pour satisfaire l’appétit financier énorme du GAFA et consorts (pour investir en recherche et développement, faire face à la concurrence ou encore régler les contentieux sans faire faillite). Les transformations qui se sont engagées ont bouleversé de nombreux équilibres, notamment en matière de répartition des emplois et des richesses à l’échelle mondiale. Le déploiement du numérique est porteur d’une nouvelle phase de transition, dont les effets déstabilisants vont solliciter les « amortisseurs sociaux » le temps d’engager les adaptations nécessaires. En tirant le « fil du numérique », ce sont ainsi de nombreuses questions d’ingénierie sociale qui se posent, en matière de chômage, de formation de la jeunesse ou encore de reconversion de la main-d’œuvre et des territoires qui vivent des activités tertiaires en passe d’être automatisées, et probablement relocalisées dans les métropoles au bénéfice de la dématérialisation qui n’implique plus la proximité physique. Dans une société de chômage de masse structurel, de difficultés croissantes d’insertion des jeunes sur le marché du travail et d’alternances de périodes d’emploi et de chômage plus fréquentes, le salariat pourrait ainsi perdre du terrain au profit d’une expansion du travail indépendant, facilité par l’intermédiation des plateformes (à l’image des chauffeurs Uber). Or, une baisse du salariat (qui concerne près de 9 travailleurs de métropole sur 10 fin 2014, selon l’Insee) entraînerait dans son élan une nécessaire révision de notre système de protection sociale, au moins pour deux raisons. Premièrement, du fait des différences de financement des régimes actuels, les salariés bénéficient d’une couverture plus avantageuse que les indépendants, qu’il s’agisse de l’assurance chômage, de la retraite ou de la couverture maladie. Et deuxièmement, parce que le financement de la sécurité sociale repose à près de 60 % sur les cotisations sociales prélevées sur les salaires versés8. La mise en place du Compte Personnel de Formation en 2014 et les débats actuels autour du projet de Compte Personnel d’Activité, qui devrait voir le jour en 2017, illustrent le mouvement engagé par le Gouvernement pour accompagner la transition en cours. En proposant de rattacher les droits sociaux (pénibilité, chômage, formation professionnelle, etc.) non plus au statut de salarié, mais au travailleur lui-même, ces mesures apportent un premier niveau de réponse visant à mieux sécuriser les parcours professionnels. Par Alexandre Parment / GIP LorPM Pour aller plus loin : -À quoi rêvent les algorithmes, Nos vies à l’heure des big data, Dominique Cardon, éd. Seuil-La République des idées, 2015. -L a vie algorithmique. Critique de la raison numérique, Eric Sadin, Paris, éd. L’Échappée, 2015. - Pour tout résoudre cliquez ici. L’aberration du solutionnisme technologique, Evgeny Morozo, éd. FYP, 2014. - Bienvenue dans le capitalisme 3.0, Philippe Escande et Sandrine Cassini, éd. Albin Michel, 2015. - Ambition numérique, Rapport du Conseil National du Numérique remis au Premier ministre le 18 juin 2015. Quelques écoles dédiées à l’enseignement du code existent déjà : MJC La Cantine, l’École 42, L’Epitech, Simplon.co, Coder-Dojo, Coding goûters, ainsi que des plateformes d’apprentissage en ligne, telles que code.org, codeacademy, open classrooms ou encore khan academy. Source : #Code, une rupture culturelle programmée, Stéphane Distinguin, in L’industrie notre avenir, Pierre Velt et Thierry Weil (dir.), éd. Eyrolles, 2015. 5 L’ordinateur Watson d’IBM permet d’ores et déjà d’établir des diagnostics médicaux pour la détection de certains cancers et de proposer le traitement adéquat en fonction du profil du patient. 6 Les classes moyennes face à la transformation digitale, cabinet Roland Berger, octobre 2014. 7 Voir par exemple l’ouvrage de Daniel Cohen : Le monde est clos et le désir infini, éd. Albin Michel, 2015. 8 Source : Structure des recettes du Régime général de la Sécurité sociale en 2012, www.securite-sociale.fr. 4 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 13 Région Rencontre avec Daniel Gallissaires Responsable du Pôle 3E (entreprises, emploi, économie) Direccte Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine Pouvez-vous nous présenter l’organisation de la nouvelle Direccte de la région « ACAL » ? Plusieurs grands principes ont été retenus. D’abord la mise en place d’un état-major concentré au siège de la Direccte à Strasbourg, ensuite la répartition de l’unité régionale de la Direccte sur 4 sites, à Strasbourg, Metz, Nancy et Châlons. Si les anciens sites de la Direccte ont été conservés, le grand principe qui a guidé notre approche a été de ne pas avoir d’organisation miroir sur les sites distants du siège de Strasbourg. Il y a une volonté d’avoir des compétences très affichées pour chacun des sites, avec une spécialisation et des compétences de proximité. En matière de ressources humaines, l’objectif a été d’éviter les mobilités géographiques et d’utiliser les compétences où elles se trouvaient. Si l’on prend l’exemple du pôle 3E, l’organisation a été découpée en fonction de nos grandes missions. Ainsi, la mise en œuvre des mesures d’accès à l’emploi est portée par le site de Nancy et la relation avec nos partenaires et l’animation des instances relève du site de Strasbourg. Notre mission de développement économique a été découpée en fonction des filières : - les industries agro-alimentaires et l’économie verte à Châlons, - les industries de la transformation des matières et des matériaux ainsi que l’anticipation et l’accompagnement des mutations économiques à Metz, - le soutien à l’économie de demain et l’économie de proximité à Strasbourg. Cette unité régionale s’appuie sur 10 unités départementales (UD), qui concentrent les deux tiers des effectifs de la nouvelle Direccte (900 agents au total). 14 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 Un renforcement de l’échelon départemental est également recherché. L’ambition est que les UD deviennent des points d’entrée pour l’ensemble de l’offre de services de la Direccte. La complémentarité entre le niveau régional et le niveau départemental est recherchée. L’unité régionale a vocation à se concentrer sur le stratégique et les UD sur l’opérationnel. Il y a une volonté d’avoir des compétences très affichées pour chacun des sites, avec une spécialisation et des compétences de proximité. Quelles sont les spécificités de la nouvelle grande région en matière d’économie et d’emploi ? Pour résumer, quelques points importants caractérisent la nouvelle grande région. On note d’abord de forts contrastes territoriaux, avec des disparités de peuplement et un décrochage entre zones urbanisées et zones rurales qui a tendance à s’accentuer. La démographie est également faible, avec une croissance de 0,2% par an. On observe aussi une certaine désindustrialisation non compensée par l’emploi tertiaire, ce qui a pour conséquence un chômage en augmentation. Cela étant dit, il y a aussi une bonne complémentarité économique entre les anciens territoires qui offrent de nouvelles opportunités. Enfin, l’économie transfrontalière est également un point important, avec néanmoins des besoins spécifiques selon les territoires. La nouvelle grande région compte 160 000 travailleurs transfrontaliers. Le marché de l’emploi et du travail transfrontalier va pouvoir capitaliser sur beaucoup de pratiques et d’accords déjà existants. Quelles opportunités offre le nouveau périmètre de la grande région ? Il va permettre la structuration économique des anciens territoires. Certaines filières vont pouvoir atteindre une masse critique. D’autres vont acquérir des expertises qui appuieront leur compétitivité. La grande région va aussi permettre de renforcer la coordination entre les acteurs. Dans notre région, certaines filières demandent une attention particulière comme la chimie du végétal, les agroressources, la chimie-plasturgie ou l’automobile. On peut également citer les industries agro-alimentaires, avec une belle complémentarité entre les 3 anciens territoires, ou encore le nucléaire, la silver économie, l’économie de la santé ou le bois. Le rôle de la Direccte est d’accompagner ces filières dans leur structuration et d’orienter les acteurs vers les différents dispositifs et financements nationaux ou régionaux : Programme Investissements d’Avenir, pôles de compétitivité, ... Région La loi NOTRe de 20151 impose de bâtir une organisation rénovée du service public de l’emploi. Cette mission sera assurée par le nouveau Crefop2, actuellement en cours de constitution. Cela fera partie des premiers débats de cette instance : établir, avec l’ensemble des partenaires, un état des lieux partagé de la situation pour mettre en place rapidement une stratégie régionale en matière d’emploi et de formation. Au niveau régional, la commission Emploi du Crefop aura ensuite pour mission d’assurer la coordination des différentes politiques de l’emploi et d’organiser leur pilotage stratégique. Ce sont les unités départementales de la Direccte qui ont pour vocation à décliner et mettre en œuvre la stratégie de l’emploi sur les territoires. Des services publics de l’emploi de proximité (SPE-P) vont être mis en place sur des territoires où des enjeux spécifiques en matière d’emploi, de sécurisation des transitions professionnelles sont identifiés et pour lesquels des réponses adaptées doivent et peuvent être apportées en organisant une collaboration rigoureuse et précise entre les acteurs territoriaux. Des changements sont-ils prévus pour les missions locales et les maisons de l’emploi ? Ces deux réseaux jouent un rôle territorial essentiel. Au niveau de la grande région, une organisation chapeau des missions locales est en train de se mettre en place pour la coordination globale des 43 missions locales. Un travail d’harmonisation des pratiques va être engagé. Pour ce qui est des maisons de l’emploi (MDE), le recentrage de leurs missions autour des actions de développement de l’emploi et de l’anticipation des mutations économiques a déjà été réalisé. Les dotations budgétaires de l’État sont en baisse et obligent à continuer à orienter les structures sur les actions à la plus forte valeur ajoutée. Quels sont les grands chantiers qui attendent la Direccte ? Les efforts de la Direccte se concentrent autour de deux grands enjeux : - la bataille contre le chômage, - et l’aménagement d’un environnement favorable à la croissance et à l’emploi. Nous sommes actuellement particulièrement mobilisés autour de plusieurs initiatives ou dispositifs : - le plan 500 000 formations, - la prime à l’embauche pour les PME, - l’ouverture d’une seconde voie d’accès à l’apprentissage en parallèle de l’Education nationale, - le développement des contrats de professionnalisation en les orientant vers les demandeurs d’emploi (avec l’objectif de faire bénéficier 50 000 demandeurs d’emploi d’un contrat pro contre 8 000 actuellement) ou l’accompagnement des publics les plus éloignés du marché du travail (notamment avec la mobilisation des contrats aidés). Un des challenges de ce premier semestre est aussi la sortie des jeunes entrés en emplois d’avenir il y a 3 ans. L’enjeu est de les accompagner pour qu’ils soient pérennisés sur l’emploi qu’ils occupent ou que d’autres options en emploi ou en formation leur soient proposées. © Fotolia - Fotoleldhar Doit-on s’attendre également à une nouvelle organisation du service public de l’emploi ? 1 Loi 2015-991 du 7 août 2015 - www.legifrance.fr Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles. 2 Un des challenges de ce premier semestre est aussi la sortie des jeunes entrés en emplois d’avenir il y a 3 ans. Par Raphaëlle Pienne Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 15 Insertion Intérim : l’enjeu de la sécurisation des parcours La branche du travail temporaire a progressivement mis en place plusieurs dispositifs spécifiques pour l’insertion, la qualification et le maintien dans l’emploi des intérimaires : CDPI, CIPI ou dernièrement le CDI intérimaire.. L égalisé par la loi du 3 janvier 1972, l’intérim a connu un important essor au point de représenter aujourd’hui 3 % de l’emploi salarié en France. Au fil des années, les Entreprises de travail temporaire (ETT) ont néanmoins souhaité se détacher de l’image négative associée à leur condition de pourvoyeurs d’emplois précaires et ont redoublé d’efforts pour se positionner en acteurs de l’emploi et de l’insertion. Militant pour une « flexisécurité responsable », les employeurs de la branche ont participé au développement de plusieurs outils pour sécuriser les parcours des intérimaires. À l’enjeu social d’accompagner une population plus souvent faiblement qualifiée et éloignée de l’emploi s’ajoute en effet un enjeu économique pour les entreprises du secteur. Celles-ci, dans un contexte de concurrence accrue, cherchent à répondre rapidement aux besoins en compétences exprimés par leurs entreprises clientes et à fidéliser leurs intérimaires les plus qualifiés. Des dispositifs spécifiques de qualification et d’insertion Depuis la création, en 1983, d’un Fonds d’assurance formation pour le travail temporaire (FAF-TT), la branche a fait de la qualification de ses salariés un objectif majeur, bien que difficile à atteindre (l’accès à la formation stagne chaque année autour de 3 % des effectifs intérimaires). L’ensemble des dispositifs de formation de droit commun ont été progressivement adaptés pour les rendre accessibles au statut de l’intérim : - Congé individuel de formation (CIF), - Contrat de professionnalisation, - Validation des acquis de l’expérience (VAE), - Congé bilan de compétences (CBC), - ou plus récemment période de professionnalisation et Compte personnel de formation (CPF). La branche s’est également démarquée par la création de deux dispositifs de formation propres à la profession : - le Contrat de développement professionnel intérimaire (CDPI), remplaçant le Contrat de mission-formation jeune intérimaire (CMJI), - et le contrat d’insertion professionnelle intérimaire (CIPI), remplaçant le Contrat de mission-formation insertion (CMFI). Afin d’intervenir plus spécifiquement auprès des publics les plus éloignés de l’emploi, des Entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI) ont également été instituées au début des années 90. Rattachées au secteur de l’insertion par l’activité économique, les ETTI proposent à des personnes en fin de parcours d’insertion des missions d’intérim, avec un accompagnement social et professionnel renforcé. o Pr t F ra CI ont C AE V CBC Période de professionnalisation CP F Ces deux dispositifs, qui visent les intérimaires les moins qualifiés, reposent sur une alternance entre périodes de formation (théorique et pratique) et périodes de mission. © Fotolia - Matthias Enter 16 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 insertion En janvier 2016, les secteurs regroupant la part la plus importante des effectifs intérimaires régionaux sont : 640 agences de travail temporaire en 2014 (territoire regroupant les anciennes régions Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine) t don e en M oselle e-&-M urth 59 10 en Meuse 134 en Moselle 38 dan sl es V osge s Cadres et professions intermédiaires Ouvriers non qualifiés Employés 11% Commerce (contre 10,3% au niveau national) 14,1% Services Ouvriers qualifiés (contre 16,3% au niveau national) 59,3% Industrie (contre 50,1% au niveau national) Les ouvriers non qualifiés sont majoritaires dans les effectifs régionaux, avant les ouvriers qualifiés et, dans une moindre mesure, les employés et les cadres et professions intermédiaires. L’intérim dans la nouvelle grande région Création du CDI intérimaire Suite à un accord de branche conclu le 10 juillet 2013, le secteur du travail temporaire s’est doté d’un nouvel outil pour la sécurisation des parcours : le CDI-intérimaire (CDI-I). Mis en œuvre depuis mars 2014, ce contrat qui peut être proposé par les agences de travail temporaire comporte les mêmes garanties de stabilité que le CDI « classique ». Il présente la particularité de comprendre des périodes de missions, durant lesquelles son titulaire est délégué dans une entreprise utilisatrice, et des périodes d’intermissions. Considérées comme des périodes de travail actives, pour lesquelles une rémunération minimum est assurée, elles peuvent notamment être mises à profit pour le suivi d’une formation. Le dispositif peine néanmoins à décoller : au 3e trimestre 2015, seuls 3 500 CDI-I avaient été conclus, alors que le secteur s’est engagé par son accord de 2013 à en créer 20 000 sur 3 ans. Pour les représentants des employeurs de la branche, l’assouplissement des règles encadrant le CDI-I par la loi « Rebsamen » d’août 2015 devrait néanmoins permettre à ce nouveau contrat de rencontrer davantage de succès. Le dispositif, comme le confirme un récent travail du Centre d’étude de l’emploi (CEE), sera sans doute cependant amené à être mobilisé par les ETT en majorité pour les intérimaires déjà fortement « employables » et non nécessairement pour les personnes ayant le plus besoin de sécurisation. Des contributions spécifiques pour la sécurisation des parcours La branche du travail temporaire a enfin mis en place plusieurs outils paritaires visant à corriger les effets liés à la précarité de l’intérim et à amplifier sa mission d’accès à l’emploi. Le fonds d’action sociale du travail temporaire (Fastt), créé en 1992 et financé par les ETT, a ainsi vocation à proposer aux intérimaires des services et des prestations pour favoriser leur accès à l’emploi, à la santé, au logement ou au crédit et pour faciliter la mobilité. Créé quatre années plus tard, le Fonds professionnels pour l’emploi du travail temporaire (FPE-TT) est pour sa part destiné à mutualiser les moyens des entreprises du secteur (via la perception d’une contribution spécifique) afin de financer des actions en faveur de l’insertion et de l’emploi. Son action est complétée depuis l’accord de juillet 2013 par celle du Fonds de sécurisation des parcours intérimaires (FSPI). Financé en partie par une contribution sur la masse salariale des CDI-I, le FSPI vise notamment à augmenter la durée d’emploi des intérimaires, en finançant un accompagnement spécifique des salariés, qui peut comprendre des actions de formation professionnelle, pour améliorer leur employabilité et leur maintien dans l’emploi © Fotolia - Matthias Enter (Sources : Observatoire de l’intérim / Baromètre Prism’emploi) De l’agence d’intérim à l’agence d’emploi La loi « Borloo » de 2005 a étendu le champ d’action des ETT en leur ouvrant le champ du placement. Elles peuvent désormais proposer des profils aux entreprises pour leurs recrutements en CDD ou en CDI, ou réaliser des actions de conseil, de formation ou d’accompagnement des demandeurs d’emploi. Pour marquer cette évolution, les professionnels de l’intérim ont choisi de modifier l’appellation d’agence d’intérim en agence d’emploi. Par Raphaëlle Pienne Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 17 Insertion Atout clés : le dispositif lorrain pour l’acquisition des compétences de base Depuis janvier 2016, le nouveau dispositif Atout clés est déployé en Lorraine. Sa particularité : s’appuyer sur le référentiel du socle de connaissances et de compétences défini par les partenaires sociaux. D epuis le début de l’année, le nouveau dispositif Atout clés complète l’offre de formation régionale en Lorraine. Destiné en priorité aux publics en insertion professionnelle, il remplace Autoformation, qui avait notamment pour objectif la préparation de concours, et Compétences clés, centré sur les publics très peu ou pas qualifiés. La décision de rapprocher ces deux dispositifs, axés sur la remise à niveau ou l’acquisition des compétences de base, a été prise « suite au constat qu’il existait des similitudes, une philosophie identique », expose Benjamin Hernaire, chargé de mission à la Direction de l’offre régionale de formation continue du Conseil régional. Dans le même temps, l’attention a été portée sur la conservation de leurs atouts respectifs, complète-t-il, « notamment, pour Autoformation, un maillage territorial très important et, pour Compétences clés, une utilisation marquée en Lorraine dans la lutte contre l’illettrisme, ce qui n’était pas forcément le cas dans d’autres régions ». Mais Atout clés intègre aussi une nouveauté le démarquant de ses prédécesseurs : il a été construit en prenant appui sur le référentiel défini en 2015 par les partenaires sociaux pour le socle de connaissances et de compétences et sa certification CléA. La loi du 5 mars 2014 ayant confié aux Régions la mission d’organiser l’acquisition de ce socle pour les demandeurs d’emploi, il était en effet indispensable d’en tenir compte pour le nouveau dispositif. « Nous y avons vu aussi l’opportunité de partager un cadre commun avec les partenaires sociaux, donc avec les entreprises, tout en gagnant en lisibilité avec l’utilisation d’un référentiel unique partagé par tous », précise Benjamin Hernaire. « Un autre enjeu était que nos formations soient éligibles au Compte personnel de formation (CPF) », ajoute-t-il, ce qui est le cas des formations menant à la certification CléA. Les articulations CléA - Atout clés sont ainsi actuellement en cours de construction. 18 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 Les 7 domaines du socle de connaissances et de compétences - la communication en français ; - l'utilisation des règles de base de calcul et du raisonnement mathématique ; - l'utilisation des techniques usuelles de l’information et de la communication numérique ; - l'aptitude à travailler dans le cadre de règles définies d’un travail en équipe ; - l'aptitude à travailler en autonomie et à réaliser un objectif individuel ; - la capacité d’apprendre à apprendre tout au long de la vie ; - la maîtrise des gestes et postures et le respect des règles d’hygiène, de sécurité et environnementales élémentaires. Un parcours de formation construit en fonction des besoins et du projet du bénéficiaire Concrètement, Atout clés est un parcours de formation individualisé, d’une durée de 40 heures minimum à 300 heures maximum, avec des entrées et sorties permanentes. Un ensemble de 10 modules de formation est proposé, dont 7 modules correspondant aux 7 domaines du socle de connaissances et de compétences (ensemble « socle »), 1 module visant à la préparation de concours (« préparation ») et 2 modules d’accompagnement renforcé à destination des personnes en situation d’illettrisme (« clés »). La formation au portefeuille de compétences Lorfolio fait par ailleurs l’objet d’un module complémentaire, qui concerne tous les bénéficiaires. Préalablement à l’entrée en formation, un entretien de positionnement permet de proposer un parcours personnalisé en fonction du projet professionnel du bénéficiaire et de ses besoins. « Cela permet une multitude de parcours possibles, en termes de contenus, d’objectifs ou de temps de formation », explique Benjamin Hernaire. Deux organismes de formation, Alaji et le groupement des Greta, membres de réseaux habilités au niveau national pour la certification CléA, se sont vus confier la mise en œuvre du dispositif. Pour assurer sa couverture territoriale, 23 sites obligatoires ont été arrêtés avec la possibilité d’ouvrir des antennes en cas de besoins non couverts sur d’autres territoires. « Cela a été par exemple le cas à Dieuze, où une antenne a été ouverte récemment », décrit Benjamin Hernaire. Pour l’année 2016, un objectif de 5 200 bénéficiaires a été fixé pour Atout clés. Deux mois après le lancement du dispositif, plus de 600 personnes sont déjà entrées en formation. insertion N O I MAT FOR N O I T A C I F I CERT Si Atout clés reprend le référentiel du socle de connaissances et de compétences, le dispositif se distingue de la démarche de certification CléA élaborée par les partenaires sociaux. Explications de Cécile Camut, coordinatrice régionale de la formation professionnelle du MEDEF Lorraine. Pouvez-vous présenter CléA ? CléA est la première certification interprofessionnelle mise en place par les partenaires sociaux. Elle a été créée en vue de sécuriser les parcours professionnels des actifs (salariés et demandeurs d’emploi) mais également de développer la compétitivité des entreprises. C’est en effet un point de repère pour le bénéficiaire, qui peut s’appuyer sur ce premier niveau acquis et reconnu pour accéder à l’emploi ou à la formation, mais également pour les chefs d’entreprises, lorsqu’ils doivent recruter un demandeur d’emploi peu ou pas qualifié ou qu’ils sont confrontés à une situation où certains de leurs salariés maîtrisent mal les savoirs de base. Avec CléA, comment se fait le lien entre formation et certification ? L’objectif de CléA est de positionner la personne sur la formation dont elle a besoin. En effet, il y a automatiquement une évaluation préalable des acquis du bénéficiaire, au regard du référentiel CléA, qui permet de mettre en place le parcours de formation le plus pertinent. CléA repose sur une logique de parcours, qui peut être très différent selon les personnes. C’est du cas par cas À l’issue de la formation, une évaluation finale est organisée. Un jury décide ensuite de l’attribution de la certification CléA lorsque l’intégralité du socle de connaissances et de compétences est maîtrisée (les 7 domaines, à 75 % au minima pour chacun). Quelles différences y a-t-il entre le parcours CléA et Atout clés ? Avec CléA, nous sommes dans une logique d’attestation de niveau qui peut être détachée de la formation, avec un parcours où l’on connait le point de départ du bénéficiaire et son point d’arrivée. Par ailleurs, CléA peut s’acquérir dans le temps, étape par étape, dans un délai qui peut aller jusqu’à 5 ans, tandis qu’Atout clés s’organise en sessions de formation, avec une date de début et de fin. Enfin, avec CléA les organismes de formation sont habilités, c’est-à-dire qu’ils sont reconnus aptes à la mise en œuvre des différentes étapes du parcours (évaluation pré-formative, formation et évaluation finale). Pour Atout clés, les organismes de formation ont répondu à un marché public : ils sont financés par la Région pour mettre en place des sessions de formation. En Lorraine, tous les organismes de formation habilités pour CléA ne participent pas au dispositif Atout clés.n Plus d’information : www.lorpm.eu, rubrique Se former > Développer ses compétences de base Par Raphaëlle Pienne Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 19 Lorfolio Un accompagnement partagé Depuis sa création, Lorfolio connait des évolutions permanentes. La dernière en date : la création d’un service « réseau » permettant aux professionnels de la relation emploi-formation d’interagir avec les usagers. Explications. E n 2007, le Conseil Régional s’est engagé dans un projet de développement d’un eportfolio afin de contribuer à la sécurisation des parcours professionnels : Lorfolio. Ce portefeuille numérique de compétences permet à chaque actif lorrain de capitaliser ses formations, ses expériences et de valoriser ses compétences. Un espace de dialogue pour un accompagnement co-construit Depuis 2013, date de déploiement de Lorfolio, les professionnels de la relation emploi-formation l’intègrent dans leur pratique d’accompagnement. C’est pourquoi, en complément des services existants (parcours, compétences, ou encore projet…) Lorfolio a développé une nouvelle fonction. Celle-ci nommée « Réseau » permet de susciter des échanges entre les acteurs d’un dispositif d’accompagnement : référent, accompagnant et bénéficiaire. Concrètement, dans un espace simplifié, confidentiel et sécurisé, cette application permet à chacun d’ajouter un commentaire, un conseil, une notification ou une contribution à différentes étapes de l’accompagnement. L’objectif est de développer une « culture coopérative » qui favorise la construction d’un accompagnement partagé. Ainsi, le professionnel (cf. référent et/ou accompagnant) est appelé à suivre le bénéficiaire dans la recherche, l’organisation et la gestion des informations inhérentes à son parcours dans Lorfolio. La personne accompagnée consigne les avancées sur le développement de son projet, les stratégies mises en place pour atteindre l’objectif défini, ou encore questionne et dialogue avec son référent. Leurs réflexions apparaitront sous forme de « post it ». Le bénéficiaire devient alors un acteur autonome et prend part activement au processus d’accompagnement. Cette application mobilise le potentiel interactif et optimise le travail en réseau. L’accompagnement revêt dès lors un caractère constructif et prend une dimension formative. 20 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 Pour mesurer et vérifier le bon fonctionnement de ce service « Réseau » dans le cadre des pratiques d’accompagnement individuel ou collectif, l’équipe du GIP LorPM lance une expérimentation du 15 mars au 15 avril 2016. n Les essentiels de ce nouveau service : - un fil de commentaires pour partager avec des accompagnants « autorisés » ; - l’utilisateur peut solliciter un avis de son accompagnant ; - l’émergence d’un nouveau statut : référent. Celui-ci invite les bénéficiaires à se créer un compte directement sur Lorfolio ; - un outil pour les acteurs du SPRO/CEP. Par Cindy Bona et Hafida Hadra / GIP LorPM À ce jour, 28 000 personnes ont créé un compte sur cette plateforme numérique. LorPM & Vous Des projets d’évolution professionnelle pour demain ? Dans le cadre du Service public régional de l’orientation (SPRO), la ligne Info-Conseils du GIP LorPM renforce son offre de services en devenant 1er niveau d’accueil et d’information individualisés. T rouver une formation, connaitre ses droits individuels d’accès à la formation, se renseigner sur la Validation des acquis de l’expérience (VAE), l’illettrisme ou bien encore les lieux d’information et de Conseil en évolution professionnelle (CEP) tels sont les services habituellement assurés par LorPM Info-Conseils. Depuis décembre 2015, les chargées d’information de cette plateforme téléphonique ont élargi leur palette d’intervention. En effet, en les contactant au 03 87 630 630, elles peuvent également informer sur les tendances socio-économiques, l'emploi, les métiers, les compétences, les qualifications, les formations et la VAE. Cette information est actualisée et territorialisée sur la base de diagnostics territoriaux issus des Comités de coordination territoriaux emploi formation professionnelle (CCTEFP) et adaptée à un usage grand public pour permettre à chaque personne : Compétences Emploi Formation Evolution • de mieux appréhender son environnement professionnel et l'évolution des métiers sur son territoire notamment l’émergence de nouvelles filières ; •d 'être informée des différents dispositifs existants (services, prestations, formations). En d’autres termes, chaque chargée d’information de LorPM Info-Conseils aide le bénéficiaire à se repérer dans le paysage des informations, des services et des outils disponibles (espace ressources documentaires, espace info bilan, portails d'informations et tutoriels, etc.), à découvrir un ou plusieurs environnements professionnels et/ou métiers et à acquérir une méthode d'analyse de l'information. Ainsi, ce premier niveau d'accueil individualisé doit permettre au bénéficiaire d'analyser sa situation professionnelle, de décider de la poursuite ou non de ses démarches et d'identifier les acteurs susceptibles de l'y aider. n Selon la loi du 5 mars 2014, le Service Public Régional de l’Orientation est un service public à compétences partagées, qui s’appuie sur une nouvelle collaboration entre l’État et les Régions, avec pour ambition de répondre au mieux aux besoins de chaque citoyen en matière d’orientation tout au long de la vie. 1 Par Christine Etienne / GIP LorPM Plus d’informations : www.lorpm.eu, rubrique S’orienter & évoluer > Gérer son parcours Infos pratiques : • 03 87 630 630 LorPM Info-Conseils est ouvert du lundi au jeudi de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h. (fermeture du service le vendredi) • www.lorpm.eu/ nous-contacter.php Formulaire en ligne. Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 21 LorPM & Vous www.lorpm.eu pour être acteur de sa vie professionnelle Le site du GIP LorPM a fait peau neuve. Au service de la relation emploi/formation, il propose davantage d’informations, d’outils et de ressources à disposition des professionnels et du grand public. Pour mieux informer : 4 grands espaces 1 Se former • Effectuer des recherches personnalisées sur les forma- • tions, en fonction de son parcours et du type de formation souhaité (alternance, compétences de base…) en Lorraine ou dans une autre région ou bien encore en Europe. s’informer sur le financement de sa formation selon son statut. 2 S’orienter & évoluer • S’informer sur les métiers, leurs débouchés et les formations qui y préparent. • Connaitre ses droits d’accès à la formation selon son statut, faire valider son expérience par la VAE. • Bénéficier d’un premier conseil par téléphone ou chercher le lieu le plus adapté à sa situation. • Découvrir Lorfolio, le portefeuille numérique de compétences. Un accès plus direct à l’information Dès la page d’accueil, la possibilité en un clic de : • Trouver une formation, contacter un conseiller adapté à sa situation. • Accéder et s’abonner aux publications du GIP LorPM (Magazine, newsletter, Etudes et rapports…). • Suivre l’actualité de la formation professionnelle continue (cf. actualités, agenda, réseaux sociaux). 22 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 LorPM & Vous 3 Observer & analyser • Accéder à des ressources (ex. tableaux de bord regroupant 4 Accompagner les professionnels • Connaitre le Service public régional de l’orientation. • Mettre à disposition des outils et des actions de profes• sionnalisation pour les acteurs de l’orientation, de la formation et de l’emploi. Accéder au centre de ressources et au fonds documentaire notamment spécialisé sur la lutte contre l’illettrisme. Les plus values • • • • • • Une interface simplifiée. Une mise à jour permanente. Des fonctionnalités évolutives. Une navigation optimale quel que soit le support (ordinateur, portable, tablette, smarphone)1. Des ressources pratiques produites par LorPM et/ou des partenaires emploi/formation associées à chaque rubrique. Des espaces réservés aux professionnels (actualisation de l’offre de formation...). 1 © Shutterstock • des indicateurs associés aux territoires, aux métiers ou aux secteurs d’activités) et des outils (ex. cartographie interactive) autour des données emploi/formation, des analyses sectorielles ainsi que les différentes publications de l’observatoire de LorPM. Consulter des études, des cartes et des chiffres sur les territoires transfrontaliers. Développement en « responsive design » Par Christine Etienne / GIP LorPM Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 23 Métiers À la rencontre de l’Économie Sociale et Solidaire L’Économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble de structures d’activités diverses mais fondées sur des valeurs et des principes autres que la seule finalité du profit. Zoom sur ce champ économique alternatif notamment en Lorraine. Périmètre et principes Le rôle des CRESS « Dans l’ESS, on parle d’hommes avant de parler de capital parce que l’argent est un moyen et non une fin. La gestion est démocratique : une personne = une voix » * notamment pour les jeunes à travers des plateformes numériques d’information et de sensibilisation comme « JEUN-ESS » ou encore « SAY-YESS ». ** www.achatsresponsablesenlorraine.com. L ’Économie Sociale et Solidaire n’est pas un secteur à part entière, il est composé par l’ensemble des coopératives, mutuelles, associations, ou fondations qui peuvent toutes relever de secteurs économiques différents. Le point commun de ces structures réside en fait dans le sens même de leurs activités reposant sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. explique Solène Baï, chargée de développement à la CRESS Lorraine. Les structures de l’ESS ne fonctionnent toutefois pas en vase clos : elles sont également prises dans des rapports de domination socioéconomiques et, dans certains cas, entretiennent des liaisons économiques ou financières au-delà du champ de l’ESS. Si la loi n°2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l’Économie Sociale et Solidaire introduit la possibilité pour certaines entreprises commerciales de relever du champ de l’ESS, elle encadre néanmoins l’utilisation des bénéfices qui peuvent être réalisés : le profit individuel est proscrit et les résultats doivent être obligatoirement réinvestis dans la structure. 24 Les Chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (CRESS) sont des associations de loi 1901 ayant pour vocation de réunir les différents réseaux de l’ESS. Leur mission s’articule autour de trois grands objectifs : structurer et représenter l’ensemble des membres de l’ESS, accompagner le développement des entreprises et des filières relevant du champ, et faire connaître l’ESS auprès du grand public*. La coordination des réseaux de l’ESS est d’autant plus nécessaire que les structures connaissent une grande diversité, à la fois en termes de taille, de statuts, comme de secteurs concernés. En Lorraine, la CRESS compte 4 salariés et mène différentes actions tout au long de l’année. Depuis 2008, elle organise chaque année en novembre le « Mois de l’ESS » (projet décliné dans chaque région simultanément) et d’autres initiatives autour du travail et de l’emploi. Elle vient de lancer, en partenariat avec la Région, le portail « Achats responsables en Lorraine »** qui vise à promouvoir le secteur tout en favorisant la mise en relation des acteurs de l’ESS avec les particuliers, les entreprises et les collectivités publiques. La reconnaissance récente de ces entreprises au sein de l’ESS n’est pas sans conséquence sur les associations chargées de l’insertion, notamment en termes de concurrence. Principaux secteurs de l’ESS Les structures de l’ESS sont présentes dans de nombreux secteurs d’activités : action sociale (par exemple pour l’aide à domicile ou encore l’hébergement médicosocial), activités financières (banques coopératives et assurances mutualistes), arts et spectacles, information et communication, sports et loisirs (clubs, fédérations), activités de santé (prévention, activités physiques adaptées), industries (SCOP), enseignement et éducation, agriculture (AMAP), transports, hébergement, restauration, etc. Potentiellement, l’ensemble des secteurs d’activités peut être concerné par les valeurs et les principes de l’ESS. Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 En plus des secteurs historiques de l’ESS, de nouvelles initiatives voient le jour ces dernières années : que cela soit dans celui de l’énergie renouvelable, de l’écoconstruction, du financement coopératif ou encore du développement de moyens de transport alternatifs (vélo, autopartage, covoiturage, etc.), l’ESS conquiert toujours plus d’espaces qui répondent à la fois à des besoins économiques et à des aspirations sociales. En Lorraine, une des spécificités de l’ESS réside dans une part plus importante d’associations relevant du secteur de l’action sociale que dans le reste de la France. Cette tendance peut s’expliquer à la fois par une demande plus forte, mais aussi par une politique régionale plus volontariste en matière de développement de ce secteur. L’ESS, grâce aux différentes ressources des acteurs locaux, possède un potentiel pour le développement de nombreuses innovations socioéconomiques en Lorraine, à l’image des circuits courts, du tourisme solidaire sur le territoire de Briey, de l’économie circulaire en Terres de Lorraine ou encore de l’incubation de projets liés à la jeunesse et au numérique et de pépinières d’entreprises sur Nancy-Couronne. Cependant, ce potentiel n’est pas toujours mis en action, dû à un manque de coordination et de moyens humains et financiers au sein des territoires1. Métiers Chiffres clés de l’ESS en Lorraine2 (Données INSEE-CLAP 2012) 9,3 % des établissements employeurs lorrains privés et publics soit 6 342 établissements employeurs 70,1 % des emplois occupés par des femmes 11,5 % de l’emploi salarié total (public et privé) régional2 soit 79 569 salariés 77 % CDI de CDI 57 % des salariés ont plus de 40 ans Emplois, métiers, formations Au niveau national, le nombre de salariés dans l’ESS s’est accru de 25 % depuis 2000 pour atteindre 2,4 millions en 2013 (INSEE-CLAP). Malgré une légère baisse en 2011 et 2012, l’emploi s’est maintenu et a même progressé depuis la crise financière de 2008, avec un taux de croissance annuel moyen de +0,8 % entre 2008 et 2013 pour l’ESS contre -0,2 % pour le reste de l’économie. Les associations sont les premiers employeurs de l’ESS avec 78 % des emplois, suivies par les coopératives (13 %). © Shutterstock Cette part importante des associations explique en partie que la rémunération moyenne dans l’ESS à temps de travail équivalent reste inférieure de 8 % à celle du reste de l’économie régionale. D’ici à 2020, Le Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (CNCRES) estime que l’ESS proposera 600 000 postes à renouveler en France en raison des départs en retraite, auxquels s’ajouteraient les créations nettes d’emplois, notamment du fait du dynamisme du secteur associatif qui dépend pour beaucoup du bénévolat de leurs membres3. Un des enjeux majeurs de l’ESS réside dans la sécurisation des parcours professionnels, en particulier dans les petites structures qui peinent parfois à stabiliser leur main d’œuvre. Par ailleurs, l’ESS compte trois formations universitaires spécifiques en Lorraine, de niveau Master et professionnalisantes. Elles concernent les Métiers de l’insertion par l’activité économique (MIAE), la Conduite de projets et le développement des territoires (PROJTER) ou encore l’Administration économie et sociale, parcours entreprise sociale (AES-ES).n Plus d’informations sur les formations : www.lorpm.eu Par Julien Dufour / GIP LorPM Pour aller plus loin : - CNCRES (2015) « Panorama de l’Economie Sociale et Solidaire en France ». - AVISE (2015) « Mode d’emploi. L’Economie Sociale & Solidaire en région ». Pablo Parra, doctorant en sociologie au Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales, 2L2S-Université de Lorraine. 2 En Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine, l’ESS concerne 198 500 salariés, soit 11,3% de l’emploi salarié total, cf. INSEE Analyses Champagne-Ardenne, « Plus d’un salarié sur dix de la nouvelle région ACAL dans l’ESS en 2013 », n°15, novembre 2015. 3 On estime à 12,5 millions le nombre de bénévoles associatifs en France en 2015, cf. Recherches et Solidarités, « Les associations face à la conjoncture », 2015. 1 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 25 Territoire Service Public Régional de l’Orientation en Lorraine : expérimentation de l’animation territoriale Depuis le 1er mars, quatre territoires expérimentent l’animation et la coordination de l’activité du SPRO. Objectif final : apporter une réponse adaptée aux besoins des usagers. S elon la loi du 5 mars 2014, le Service public régional de l’orientation (SPRO) est un service public à compétences partagées, qui s’appuie sur une nouvelle collaboration entre l’État et les Régions, afin de mieux répondre aux besoins des publics en matière d’orientation tout au long de la vie. L’État définit au niveau national la politique d’orientation des élèves et des étudiants. La Région, sur le fondement de normes de qualité et à partir d’un cahier des charges qu’elle arrête, organise le SPRO tout au long de la vie. Elle coordonne sur les territoires les actions des organismes participants au SPRO, et également la mise en place du Conseil en évolution professionnelle (CEP), mesure centrale de la réforme de la formation professionnelle. En effet, celle-ci doit permettre de renforcer l’autonomie des individus dans leurs choix d’orientation et mobilité professionnelles, et de formation tout au long de la vie. Ainsi, les cinq opérateurs du CEP (Pôle emploi, CAP Emploi, mission locale, APEC, Fongecif/OPACIF) doivent travailler ensemble pour garantir à tous Une évaluation « embarquée » les actifs sur les territoires les mêmes niveaux de service, et être au plus près du bassin de vie des publics. Une culture commune SPRO doit émerger entre les acteurs, avec la mise en œuvre d’une communication spécifique sur les territoires et un développement de partenariats. s’assurer de la mise en œuvre du cahier des charges régional du SPRO. Les animatrices territoriales sont ainsi les garantes de la mise en place effective d’un service public coordonné, visible et lisible au bénéfice de l’usager. Aussi en 2015, la Commission Orientation du CREFOP (Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles) et le Conseil Régional de Lorraine ont décidé d’expérimenter, pendant un an, l’animation territoriale du SPRO sur quatre territoires : Nancy, Épinal, Metz, Lorraine Nord. Celle-ci a débuté le 1er mars 2016. Concrètement, des animatrices territoriales ont été recrutées par le GIP Lorraine Parcours Métiers pour animer et coordonner, sur un territoire, les différents opérateurs du SPRO, la mise en œuvre du CEP et l’information-conseil sur la Validation des acquis de l’expérience (VAE). Sous la responsabilité opérationnelle d’Aline Wagner, coordinatrice régionale du GIP LorPM, leur mission veille à répondre aux besoins des usagers et à Le cabinet AMNYOS a été mandaté par le GIP Lorraine Parcours Métiers pour évaluer, en cours de mise en œuvre, l’expérimentation du SPRO sur les quatre territoires lorrains désignés. Il s’agit ainsi, au travers de l’observation et de l’évaluation de cette opération, de proposer une modélisation transférable sur d’autres territoires. Pour ce faire, les atouts et points faibles, les contraintes et les menaces, seront repérés tout au long de l’expérimentation, afin d’en déduire les conditions de réussite et de généralisation. 26 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 Territoire Missions de l’animatrice territoriale Animer et coordonner l’activité du SPRO/CEP et VAE sur son territoire L’animatrice territoriale doit favoriser la mise en place d’une culture commune entre les acteurs par l’organisation de rencontres régulières d’échanges d’informations et de pratiques. En tant que personne ressource, elle participe à la communication sur les services et lieux de permanence des opérateurs du SPRO/ CEP et VAE. Elle appuiera la mise en place, en fonction des besoins du territoire, des interventions ponctuelles d’acteurs du SPRO n’ayant pas de représentation territoriale (ex : OPACIF et / ou partenaires potentiels du SPRO comme les branches professionnelles, entreprises, etc…). Piloter des projets réunissant les acteurs du SPRO/CEP et VAE Pour répondre à des besoins du territoire en termes de connaissance partagée des acteurs socio-économiques et de l’appareil de formation professionnelle, elle coordonne un programme d’animations en mobilisant l’ensemble des acteurs SPRO selon leurs champs de compétences respectifs : valorisation des métiers et de la formation, présentation des dispositifs et des mesures en direction des opérateurs, des partenaires et du public. Suivre le SPRO sur son territoire L’animatrice territoriale doit développer une démarche d’évaluation sur la base d’indicateurs nationaux et régionaux à construire. Un tableau de bord et un bilan d’activités de l’année du SPRO du territoire seront également réalisés à destination du CREFOP, via le GIP Lorraine Parcours Métiers. Outiller les acteurs du SPRO/ CEP et VAE en fonction des besoins identifiés Elle participe à la construction d’outils développés en région, avec des ajouts d’informations territoriales. Elle favorise l’appropriation de Lorfolio (portefeuille numérique de compétences) auprès des professionnels et la communication à destination du public. Elle promeut l’offre d’information sur la formation et d’animation régionale proposée par le GIP Lorraine Parcours Métiers, auprès des opérateurs et partenaires territoriaux du SPRO. n Par Aline Wagner / GIP LorPM Carole Chambon CIO d’Hayange Territoire Lorraine Nord 11 rue de la Marne 57700 Hayange [email protected] 06 80 62 96 85 Estelle Molinari GIP LorPM - Lycée Schuman Territoire de Metz 4 rue Monseigneur Pelt - BP 45138 57074 Metz cedex 03 [email protected] 07 88 03 83 60 Maryline Deprez FONGECIF – le Trident Territoire de Nancy 6 rue Cyfflé – BP 20116 54003 Nancy cedex [email protected] 06 80 62 96 17 Nathanaëlle Perrot CIO d’Épinal Territoire des Vosges 46 rue Abel Ferry 88000 Épinal [email protected] 06 80 62 95 12 Pour plus d’informations : www.lorpm.eu, rubrique Accompagner les professionnels > Service public régional de l’orientation. Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 27 Territoire Dialogue territorial dans le Val de Lorraine Depuis 2014, La Maison territoriale pour l’emploi et la formation du Val de Lorraine (MTEF) expérimente une démarche de « dialogue social territorial »1 rassemblant les organisations syndicales et patronales afin d’élaborer un diagnostic partagé. C réer un espace de rencontres et d’échanges, animer et outiller le processus de réflexion engagé par les acteurs du territoire, tels sont les objectifs de cette démarche. « Celle-ci a été ren- due possible grâce à la volonté des partenaires sociaux de se rencontrer à un niveau territorial, ce qui était nouveau pour les représentants tant syndicaux que patronaux du Val de Lorraine, et nécessitait donc un apprentissage spécifique passant par la confrontation de leurs représentations et de leurs images du territoire » explique Bertrand Marquis, directeur de la MTEF. Développement territorial et qualité de vie au travail Le groupe de travail ainsi constitué s’est réuni tous les mois pendant deux ans2 afin de mettre au jour les problèmes d’accessibilité à l’emploi rencontrés par les salariés ainsi que les besoins de la population et des employeurs en termes de services. Grâce à la réalisation de cartographies du territoire en partenariat avec Cité Publique et l’ARACT Lorraine, la MTEF a pu mettre en évidence les spécificités du Val de Lorraine, notamment l’attractivité accrue des grandes aires urbaines de Nancy et de Metz qui fractionne toujours plus le territoire entre travail, domicile, loisirs, etc. Ainsi, sur 42 000 actifs en emploi habitant le Val de Lorraine, seuls 49 % y travaillent. Le bassin de Pompey est particulièrement impacté par cette tendance puisque 63 % des actifs en emploi y résidant travaillent à l’extérieur du bassin, principalement vers Nancy. À l’inverse, 50 % des personnes travaillant dans le bassin de Pompey vivent à l’extérieur. 63 % des actifs en emploi résidant dans le bassin de Pompey travaillent à l’extérieur 42 000 actifs en emploi (principalement vers Nancy) habitant le Val de Lorraine 50 % des personnes y travaillant vivent à l’extérieur 49 % y travaillent 31 000 emplois sont tenus à 66 % par des habitants du territoire Source : INSEE- Recensement de la population 2011 Ce type de constat appelle une réflexion sur les problèmes de mobilité domicile-travail que rencontrent les actifs. Par exemple, le manque de transports collectifs pour permettre d’acheminer les travailleurs n’est pas sans conséquence pour satisfaire les besoins de main d’œuvre des entreprises locales : dans certaines zones, le fait de ne pas avoir de moyen de transport devient alors un facteur de discrimination pour les salariés. construire une dynamique positive dans la politique locale en matière d’emploi », précise C’est pour remédier à ces problématiques que la MTEF a initié une deuxième phase du dialogue territorial qui sera de proposer des solutions et de mettre en œuvre un plan d’actions en réunissant l’ensemble des acteurs, élus et citoyens compris. Plus d’informations : www.valdelorraine-emploi.fr « Les représentants des différentes organisations d’employeurs et de salariés ont ainsi pu confronter leurs points de vue sur la base de faits précis et illustrés, en vue de Angélique Palumbo, chargée de mission « RH Territoriales » à la MTEF. Ainsi, l’originalité de la démarche entreprise par la MTEF à propos du diagnostic territorial repose à la fois sur son rôle d’animation et sur l’appropriation des outils par le groupe de travail. n Le niveau territorial forme le quatrième niveau de dialogue social qui s’ajoute aux niveaux interprofessionnel, sectoriel ou de branches, et au niveau de l’entreprise. Ce dialogue est avant tout un espace d’échange et de concertation, plus que de négociation. On parle donc plus souvent de « dialogue territorial ». 2 La restitution des résultats du diagnostic partagé s’est faite le 18 novembre 2015. 1 Par Julien Dufour / GIP LorPM 28 Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 Droit Le droit au retour en formation initiale en Lorraine Pour répondre à la problématique de la sortie du système éducatif des jeunes sans une qualification professionnelle suffisante permettant une bonne intégration au monde du travail, des dispositions spécifiques ont été mises en place au travers du droit au retour en formation. Le retour en formation, inscrit dans le décret du 5 décembre 20141, prévoit que tout jeune de 16 à 25 ans en décrochage scolaire doit pouvoir bénéficier à sa demande d’une formation professionnelle dans le cadre scolaire, ou d’une durée complémentaire de formation qualifiante qui lui permette d’obtenir un diplôme. Ce droit peut tout aussi bien concerner des jeunes ne possédant aucun diplôme, que des jeunes étant en possession d’un baccalauréat général, mais sans qualification professionnelle reconnue. Le dispositif Reviens te former Il a été mis en place pour permettre l’application de ce droit au retour en formation. Afin d’en bénéficier, les jeunes peuvent faire leur demande directement sur le site web dédié à ce dispositif. Les informations principales concernant le jeune et sa situation sont transmises au Service Académique d’Information et d’Orientation de l’académie de résidence, qui transmet à son tour la demande au Centre d’Information et d’Orientation le plus proche du domicile. © SAIO Nancy-Metz D ans le cadre de la lutte contre le décrochage scolaire, l’objectif fixé au niveau national est de diviser par deux d’ici à 2017 le nombre de jeunes sortants sans qualification du système éducatif. Un(e) conseiller(ère) d’orientation psychologue contacte alors le jeune, et lui propose un entretien de situation dans les 15 jours suivant la transmission de la demande. Cet entretien permet d’élaborer un projet pertinent avec le jeune, en fonction de sa situation et de sa demande. La solution proposée pourra se mettre en place en interne à l’éducation nationale, ou s’inscrire dans un partenariat avec d’autres acteurs de l’orientation professionnelle (missions locales, Pôle Emploi…). De retour en formation, le jeune bénéficiera ensuite d’un suivi par son référent. Plus d’informations : reviensteformer.gouv.fr Décret n°2014 - 1453 relatif à la durée complémentaire de la formation qualifiante. Décret n°2014 - 1454 relatif à la formation professionnelle des jeunes sortant sans qualification professionnelle du système éducatif. www.legifrance.gouv.fr 1 Par Laurence Naert / Rectorat SAIO Quelques chiffres en Lorraine au 5 févier 2016 181 jeunes (dont 55% de filles) ont demandé à bénéficier du dispositif en Lorraine depuis sa mise en place en mai 2015. Plus de 50 % (96) n’avaient aucun diplôme. Suite à ces entretiens, les solutions les plus souvent proposées sont : 29 % le retour en formation initiale ; 19 % la formation continue ; et 31 % la prise en charge par d’autres acteurs de l’orientation professionnelle. 84 jeunes ont bénéficié d’entretiens de situation au niveau d’un CIO. Parmi lesquels 54 souhaitaient un retour en formation initiale. Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 29 Formation Formation continue et alternance à l’université : les idées reçues L’alternance et la formation continue font souvent l’objet de lieux communs et d’idées reçues. Cet article propose de décrypter le vrai du faux. ALTERNANCE VRAI FORMATION CONTINUE Le diplôme obtenu a la même valeur que celui acquis par la voie scolaire/universitaire Le diplôme obtenu à la fin du contrat en alternance est strictement le même. Il n’est d’ailleurs pas mentionné sur le diplôme qu’il a été obtenu par la voie de l’alternance. FAUX Un emploi est garanti à la fin d’un contrat d’alternance L’alternance est une modalité de formation : elle garantit un contrat en alternance durant la préparation du diplôme concerné, mais n’assure pas automatiquement l’insertion professionnelle immédiate. En revanche, elle la favorise, car l’alternance, de par les périodes en entreprise, permet de développer ses compétences sur le terrain et d'acquérir une véritable expérience professionnelle. FAUX Seuls les "mauvais étudiants" se tournent vers l'alternance Aujourd'hui, l'alternance permet une insertion professionnelle plus rapide. Les universités développent de plus en plus une offre de formation en alternance. FAUX On est payé que lorsqu'on est en entreprise Pendant le contrat, une rémunération est versée chaque mois que l’on soit en cours ou en entreprise. Le salaire minimum est défini par la loi. © Fotolia - Axel Bueckert Faux ? 30 Vrai ? FAUX Il existe un âge limite pour se former La formation continue concerne tous les actifs sans limite d’âge. Il est important de développer régulièrement ses compétences : cela permet notamment de s’adapter aux modifications liées à ses missions ou au secteur d’activité dans lequel on travaille. Il existe aussi des possibilités de formation hors des dispositifs de formation continue, comme par exemple l’Université du Temps Libre, ouverte à tous sans condition d’âge ni de diplôme. Plus d’infos : www.univ-lorraine.fr/culture/utl FAUX Toutes les formations sont financées L’accès au financement d’une formation dépend de son statut (salarié, demandeur d’emploi, etc), du type de formation souhaité et du lieu d’habitation. Plus d’infos : www.lorpm.eu, rubrique « Se former ». VRAI La formation continue délivre des diplômes FAUX C’est impossible de se former avec une vie active et familiale dans le même temps Il est tout à fait possible de suivre une formation diplômante dans le cadre de la formation continue. Les titres universitaires sont inscrits au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Ces titres sont donc aussi reconnus par l’État. Cette reconnaissance permet une réelle prise en compte par les entreprises et les conventions collectives dans leur classification. Il est vrai que suivre une formation continue, surtout si elle est longue, nécessite un investissement personnel. C’est un projet qu’il est nécessaire de mûrir et d’intégrer à sa vie de famille. S’il faut bien peser le pour et le contre avant de se lancer, il faut également voir l’impact positif qu’il peut avoir sur sa vie à long terme. n Par Aude Angster / Université de Lorraine Objectif Objectif Formation Formation n° n° 66 66 || Mars Mars 2016 2016 Ressources LorPM (dernières de couverture - © Auteur et Édition) Réinventer son métier : accéder à nos imaginaires professionnels Cet ouvrage permet de dresser de façon ludique une sorte d’inventaire méthodique des dimensions oubliées du métier de chacun, de toutes ces dimensions enfouies dans nos gestes quotidiens et auxquelles nous ne prêtons pas toujours attention. L’objectif est de créer de façon concrète et rapide les conditions favorables au déclenchement d’un questionnement. Cet ouvrage est un outil facilitant les démarches de formation, l’aide à la recherche d’emploi ou d’un nouveau métier, le coaching individualisé. Il comporte un livret pédagogique de 64 pages, une règle du jeu, un bloc de planches prédécoupées (6 groupes de métiers, 30 cartes par métier), permettant de construire 2 jeux. Dominique Fauconnier | Éditions Chronique sociale | 2015 Le Compte Personnel de Formation : 50 fiches pratiques pour mettre en œuvre le CPF © Fotolia - Naufal Photography Se substituant au DIF, le Compte personnel de formation (CPF) modifie profondément les mécanismes de la formation professionnelle. Il peut être ouvert dès l’âge de 16 ans et suit la personne tout au long de sa vie professionnelle, même si elle se retrouve au chômage ou change d’emploi. L’application de la loi s’avère assez délicate car de nombreux cas de figure se posent. Ce livre est un guide d’application de la loi qui constitue un outil de travail indispensable pour les DRH, les responsables de formation et le manager en charge de l’entretien professionnel. Il aidera aussi utilement le salarié pour demander, organiser et évaluer son Compte Personnel de Formation Christophe Parmentier | Éditions Eyrolles | 2015 Plexus scolaire. Oser la liberté, oser l’intelligence Dès la petite section, l’enfant de trois ans ne peut rien produire sur un papier sans voir son graffiti agrémenté d’un coup de tampon qui laissera la trace soit d’un petit bonhomme qui rit (bonne note...), soit d’un petit visage un peu triste (juste la moyenne...), soit d’une figure fâchée (pas bien...). Et voilà, entre autres petites et pourtant gravissimes maltraitances, ce qui fait que la multiplication des bonshommes qui font la gueule ou se montrent déçus entraîne des petits humains qui n’avaient rien demandé, qui sont encore, même scolarisés, des enfants bien plus que des élèves, dans la voie de l’insuccès sanctionné, officialisé et programmé. À travers expériences et témoignages, anecdotes et analyses, perspectives historiques et approches culturelles, tout en proposant des solutions pédagogiques réalistes, l’auteur dénonce ces blessures scolaires qui ajoutent au drame des sélections et ségrégations sociales la tragédie de l’humiliation, de l’échec inéluctable, du décrochage et de la désertion. Thierry Philippe | Éditions L’Harmattan | 2015 Illettré Léo, vingt ans, discret jeune homme de la cité Gagarine, porte de Saint-Ouen, pointe chaque matin à l’usine et s’installe devant sa presse ou son massicot. Dans le vacarme de l’atelier d’imprimerie, toute la journée défilent des lettres que Léo identifie vaguement à leur forme. Elevé par une grand-mère analphabète, qui a inconsciemment maintenu au-dessus de lui la chape de plomb de l’ignorance, il a quitté le collège à treize ans, régressé et vite oublié les rudiments appris à l’école. Puis les choses écrites lui sont devenues peu à peu de menaçantes énigmes. (…) Réapprendre à lire ? Renouer avec les mots ? (…) Centré sur le combat de Léo contre son illettrisme, le nouveau roman de Cécile Ladjali est un livre d’énergie et de conviction qui ouvre une voie imprévue et poétique sur ce handicap invisible, poursuivant une réflexion qui lui est chère autour des mots, de l’école, de la dignité et de l’estime de soi, impossibles sans le langage. Cécile Ladjali | Éditions Actes Sud | 2016 Documents empruntables auprès des référents - Formation professsionnelle : Claire Wagner-Litzelmann | 03 87 68 10 16 | [email protected] - Illettrisme : Laurent Laguerre | 03 87 68 11 23 | [email protected] Objectif Formation n° 66 | Mars 2016 31 GIP Lorraine LorPM’PRO PARCOURS métiers Professionnels de la relation orientation/emploi/formation retrouvez le catalogue régional 2015-2016 des actions d’information et d’animation sur www.lorpm.eu INFOS PRATIQUES : Inscription gratuite en ligne Pour toute question sur les modalités d’inscription : Sophie PARENT : 03 83 54 20 00 ou [email protected] our la mise en place d’actions délocalisées ou toute P autre question : Marianne GROSJEAN : 03 83 98 98 73 / 06 89 64 83 38 ou [email protected]