Parcours Notre-Dame de Lorette - Nouvelle Athènes

Transcription

Parcours Notre-Dame de Lorette - Nouvelle Athènes
L
Un nouveau regard sur le patrimoine parisien
ARRONDISSEMENT
e quartier Notre-Dame-de-Lorette et le lotissement
de la Nouvelle Athènes : de la rue des Martyrs à la Tour
PATRIMOINE
HISTOIRE
DIVERSITÉ
PROTECTION
Les itinéraires des autres
arrondissements ainsi que
les informations sur le PLU
sont disponibles sur le site
urbanisme.paris.fr
MAIRIE DE PARIS
DIRECTION DE L’URBANISME
Ne pas jeter sur la voie publique
9
Parcours d’architecture proposé par la Mairie de Paris - Dépôt légal en cours
Conception, Illustrations : Mairie de Paris - DU - Août 2008
DÉCOUVRIR
Le lotissement de ce quartier
remonte à la Restauration et
à la Monarchie de Juillet.
Il est avant tout l’oeuvre d’un
architecte Auguste Constantin,
élève des architectes de l’Empire,
Percier et Fontaine. Préservé des
grandes percées haussmanniennes
et de la fièvre des Grands Boulevards,
il a pour l’essentiel conservé son
caractère d’origine.
La qualité manifeste de cet ensemble
obtient un début de reconnaissance
au début des années 1970. Ses
protections s’avèrent cependant
insuffisantes et des dénaturations
voire des démolitions (telle celle de
l’hôtel Gaillard élevé en 1852-1853,
et détruit en 1991), continuent
d’affecter le quartier.
Les protections du PLU garantissent
la préservation des bâtiments
les plus remarquables.
E
des Dames en passant par la place Saint-Georges
Parcours
d’architecture
L
es parcours d’architecture
vous invitent à la découverte d’édifices
remarquables situés à l’écart
des circuits traditionnels du patrimoine
monumental. Centrés sur l’histoire
d’un quartier ou d’un paysage
singulier, ils proposent la vision
d’architectures plus familières
et parfois plus contemporaines
que celles habituellement protégées
au titre des monuments historiques.
Pour une très large part, ce parcours
s’appuie sur la concertation et le travail
réalisés à l’occasion de la révision
du Plan local d’urbanisme (PLU)
avec les Parisiennes et les Parisiens.
La mise en lumière de ce “nouveau
patrimoine”, la prise de conscience
de son importance à l’échelle
du quartier ou de la Ville et
de l’attachement que lui portent
ses habitants doivent permettre
de mieux le protéger et de mieux
le faire connaître.
Parcours réalisé à l’occasion
des journées du patrimoine.
27
place
Saint-Georges
8
rue
d’Aumale
2-6
rue
de la Tour
des Dames
49
rue
Saint-Georges
L
1 41-47 rue des Martyrs –
Cité des Martyrs
e quartier Notre-Dame-de-Lorette
et le lotissement de la Nouvelle Athènes :
de la rue des Martyrs à la Tour des Dames
en passant par la place Saint-Georges
C’est à la fin du XVIIIe siècle, lorsque
la barrière d’octroi est déplacée jusqu’au
boulevard de Rochechouart, que l’ancien
faubourg des Porcherons, devenu rue
des Martyrs, commence à s’urbaniser.
Dès le début du XIXe siècle, des architectes,
financiers, notaires ou banquiers réunis
en compagnies financières se lancent dans
le lotissement de quartiers périphériques.
Les rives du faubourg vont se développer
en deux temps, tout au long du XIXe siècle.
À l’ouest, l’édification du lotissement de
la place Saint-Georges entre 1824 et 1825 est
l’oeuvre de l’architecte Auguste Constantin,
élève de Percier et Fontaine. Il s’est associé,
pour cette entreprise à l’agent de change
Alexis-André Dosne (futur beau-père d’Adolphe
Thiers), et à Jean-Baptiste-Théodore Sensier,
un ancien notaire parisien.
Le lotissement occupe l’emplacement du
premier parc d’attraction de Paris, le jardin
Ruggieri créé en 1776. L’ensemble se raccorde
au lotissement paysager de la Nouvelle
Athènes. Ce dernier, commandé dès 1817
par la Peyrière, receveur général de la Seine,
au même Auguste Constantin, est un lotissement
formé de villas et de petits hôtels dans un cadre
de verdure. La Nouvelle Athènes devint le lieu
d’élection des peintres comme Delacroix et
d’autres artistes et célébrités. Une intense vie
de société s’y déployait dans les salons et les
jardins, des bals prestigieux étaient organisés…
Un peu plus haut, les rues de Navarin et Clauzel,
sont ouvertes en 1830. En revanche, il faudra
attendre 1860 pour que la partie est de la rue
des Martyrs se développe à son tour, après
la suppression des abattoirs et des usines à gaz
précédemment installées avenue Trudaine.
À l’occasion de l’arrivée du métro nord sud
entre 1906 et 1911, la place Saint-Georges se
modernisa. L’ancienne fontaine fut remplacée
par un monument à la gloire de Gavani,
illustrateur et caricaturiste. À la fin des années
1920, le quartier redevient en vogue auprès
des amateurs de théâtre et de comédie alors
que s’ouvre le théâtre de la Bruyère, qui côtoie
désormais le théâtre de la place Saint-Georges.
La qualité manifeste de cet ensemble obtient
un début de reconnaissance au début des années
1970. Ses protections s’avèrent cependant
insuffisantes et des dénaturations voire des
démolitions (telle celle de l’hôtel Gaillard élevé
en 1852-1853, et détruit en 1991), continuent
d’affecter le quartier.
À l’heure actuelle, le quartier dessiné par
Constantin et ses associés aura bientôt 200 ans
et abrite toujours théâtres, musées et fondations
artistiques.
Plus à l’est, le secteur de la rue Milton, de la
rue Condorcet et même de l’avenue Trudaine
conserve un caractère à la fois plus dense
et plus urbain, dont la veine populaire se
rapproche volontiers de celle du faubourg.
Ensemble majestueux d’immeubles organisés
autour d’une cour-jardin centrale, sur le modèle
du square à l’anglaise. Exceptionnellement à
Paris, il n’y a pas d’immeubles à front de rue
mais une simple grille et quelques boutiques.
L’architecte Alphonse Blot en 1848, a déguisé
les deux murs mitoyens en fausses façades,
“murs renard”, habillées de persiennes derrière
lesquelles il n’y a pas de fenêtres. Les bâtiments
et les jardins sont protégés dorénavant par le PLU.
2 23 rue des Martyrs
Immeuble constitué d’une large façade plate
composée par symétrie autour de la travée
centrale avec son porche au rez-de-chaussée ;
elle est habillée de bandeaux et de persiennes
caractéristiques des immeubles construits sous
la Restauration. La corniche très saillante sépare
les étages carrés des combles et leurs lucarnes
en bois non moins significatives de l’architecture
du quartier qui a pris son essor autour des
années 1830. La grande cour, avec ses retours
d’aile, conduit vers un jardin protégé au PLU.
3 19 rue des Martyrs
Le bâtiment remontant à la fin du XVIIIe siècle,
a été surélevé de deux étages bas de plafond,
révélateurs de la spéculation qui a conduit à
la densification du quartier dans la première
moitié du XIXe siècle. On peut comparer la
façade avec sa voisine du no 17 qui a conservé
son gabarit initial. Le porche mène à une cour
plantée sur laquelle donnent deux pavillons dont
celui de devant remonte sans doute à l’origine.
C’est là qu’habita le député saint-simonien
Jacques-Antoine Manuel (1775-1827) qui laissa
son nom à la rue d’en face.
4 10 rue des Martyrs
Cette petite maison de faubourg de la fin du XVIIIe
surélevée de deux étages, a été tardivement
enrichie d’un décor dans le style Louis XVI.
Juste à côté, au carrefour de la rue Lamartine
se trouvait, de 1726 à1787, la barrière des
Porcherons séparant Paris du faubourg
Montmartre. C’est à la fin du XVIIIe siècle,
lorsque la barrière d’octroi est déplacée au
niveau du boulevard de Rochechouart, que
l’ancien faubourg des Porcherons (devenu
rue des Martyrs) commence à s’urbaniser.
La construction mitoyenne à l’angle de la rue
Hippolyte-Lebas occupe un délaissé consécutif
au lotissement de la rue Milton en 1860,
ensemble dont fait partie la rue Hyppolite-Lebas.
(Hippolyte Lebas est l’architecte de l’église de
Notre-Dame-de-Lorette).
5 17 rue de Châteaudun
Construit en 1865 par Hubert-Mathurin
Laurancy, élève de Labrouste, cet immeuble
possède un décor sculpté très élaboré qui
traduit la coordination entre l’architecte et
l’ornemaniste, N. Gonnet, associé au statuaire
Charles Lebourg, ce dernier étant l’auteur des
1
grandes cariatides du second étage. Charles
Lebourg est connu par ailleurs pour avoir conçu
en 1875, le modèle des fontaines Wallace. On
mesure le caractère prestigieux de cet immeuble
haussmannien, avec sa cour intérieure en pierre
de taille et le décor de la niche monumentale
dans l’axe du porche, en le comparant à
l’ensemble de ses contemporains, moins
somptueux mais tout aussi élaborés, construits
à l’occasion du percement des rues Lafayette,
de Maubeuge et de Châteaudun entre 1862 et
1868.
6 18 rue Notre-Dame-de-Lorette –
2 rue Laferrière
Immeuble d’angle édifié par l’entrepreneur
Pierre Lemarié en 1837, pourvu de deux porches
donnant accès à une grande cour pavée. Les
étages sont séparés par des bandeaux et les
baies comportent un décor typiquement Louis2
Philippe de chambranles avec dais de crossettes.
7 28 place Saint-Georges
Immeuble de rapport dit “hôtel de Païva”
du nom de la célèbre marquise, née Thérèse
Lachman. Construit en 1840-1841 par
l’architecte Édouard Renaud, c’est l’un
des premiers de Paris où l’architecte s’associe
à une équipe de sculpteurs ornemanistes pour
créer une imposante façade en pierre de taille
richement décorée de sculptures (exécutées
sous la direction d’Auguste et Henry Lechesne).
Immédiatement diffusé sous forme de gravures,
il apparaît comme un chef-d’oeuvre aux yeux
des contemporains. L’immeuble bénéficie
d’une inscription à l’Inventaire Supplémentaire
des Monuments Historiques.
8 25bis-27 place Saint-Georges –
9 rue Notre-Dame-de-Lorette
Hôtel particulier d’Adolphe Thiers. Un premier
hôtel fut construit vers 1830 par Dosne, receveur
des Finances et actionnaire de la compagnie
Saint-Georges fondée pour le lotissement des
terrains de la place et de ses abords. Thiers,
gendre de Dosne, s’y établit et racheta l’hôtel
qui fut démoli sous la Commune. Il a été
reconstruit en 1873 par l’architecte Alfred
Aldrophe dans le style classique français.
façade, l’aspect cossu d’un “immeuble–hôtel”
qui n’a que trois étages carrés (au lieu de quatre)
et dont les lucarnes en pierre de taille renvoient
à l’image prestigieuse de l’hôtel particulier.
10 18-22 rue d’Aumale
Ensemble contemporain du percement de la rue
d’Aumale (entre 1846 et 1864) constitué
d’immeubles en pierre de taille sur rue et
de petits hôtels entre cour et jardin, disposés
perpendiculairement à l’arrière.
11 80 rue Taitbout
Square d’Orléans (autrefois “Cité des trois frères”),
cet ensemble architectural remarquablement
préservé constitue la dernière grande opération
de lotissement de la Nouvelle Athènes.
Son édification remonte aux années 1830-1834
et est l’oeuvre de l’architecte anglais Edward
Cresy. Il constitue un bon exemple à Paris du
“square à l’anglaise” avec un jardin central
entouré de bâtiments. La cité à l’époque de
George Sand, qui y occupa de 1842 à 1847
le premier étage du no 5, était considérée
comme une phalanstère des Arts et des Lettres.
Un autre exemple d’immeuble à cour plantée
se situe sur le parcours, non loin de là au 41
rue des Martyrs.
9 8-10 rue d’Aumale
Les immeubles des 8 et 10 rue d’Aumale sont
mitoyens et semblent se compléter par leur
décoration. Le no 10 a été construit en 1864 par
Adrien Sibert (élève d’Henri Labrouste) avec
un décor sculpté de Rouillère. Il est inscrit à
l’Inventaire Supplémentaire des Monuments
Historiques. Le no 8 se distingue par le soin
accordé aux trois travées centrales. La porte
3
d’entrée est encadrée de volutes fleuries et
le grand balcon est surmonté d’une imposante
balustrade en pierre (au lieu de l’habituelle grille
4
de fonte). Les pilastres corinthiens donnent à cette
12 5-7 rue de La Rochefoucauld
Ensemble d’hôtels particuliers faisant retour
sur la rue de la Tour des Dames, construits
dans la première moitié du XIXe siècle, pour
des comédiennes célèbres, des peintres et des
intellectuels. Les hôtels, édifiés dans un style
très sobre mais plein de variétés, présentent
une grande homogénéité architecturale et sont
parfois agrémentés de jardins privés, visibles
depuis la rue. Certains sont protégés au titre
des Monuments Historiques, d’autres le sont
au titre du PLU.
Au no 5, le petit hôtel de la fin du Second
Empire, occupe l’emplacement du jardin de
l’hôtel voisin, qui appartenait à Mademoiselle
Mars. Construction soignée implantée sur une
parcelle traversante, il reflète la densification
inéluctable de ce logement périurbain imaginé
un demi-siècle plus tôt par Auguste Constantin.
15 5-7 rue de La Tour des Dames
Au no 5, se trouve l’hôtel du peintre Horace
Vernet, construit en 1822 par l’architecte
Haudebourt et au no 7, l’hôtel construit
par l’architecte Constantin et occupé à partir
de 1835 par Paul Delaroche, peintre en vogue
sous la Monarchie de Juillet et gendre de Vernet.
13 2-3 rue de La Tour des Dames
Au no 3, La Peyrière, receveur général de la
Seine, acquiert en 1820 l’hôtel de Valentinois,
s’étendant entre les rues Saint-Lazare, de la
Rochefoucauld et de la Tour des Dames. Aidé
de l’architecte Auguste Constantin, il bâtit
l’ensemble qui prend le nom de Nouvelle
Athènes. Cette série d’hôtels figure parmi les
réussites du néoclassicisme de la Restauration.
Si leur entrée est située rue de La Tour des
Dames, la plupart d’entre eux bénéficient
d’une autre issue rue Saint-Lazare. Au no 2, se
trouve l’hôtel de Lestapis construit en 1819.
Construction destinée au prince de Wurtemberg,
l’architecte Biet l’acheva pour le pair de France
Baillot. La famille de Lestapis en garde la
propriété de 1838 à 1870. Cet hôtel est caractérisé
par la rigueur et la sobre élégance du style
néoclassique. Comme le no 4, il bénéficie de la
présence d’un jardin le mettant en valeur et qui
rappelle l’aspect agreste et encore quasi-champêtre
du quartier sous la Restauration.
14 4 rue de La Tour des Dames
Au no 4, se trouve l’hôtel de Cambacérès
construit par l’architecte Clouet en 1822.
L’hôtel porte le nom d’Étienne de Cambacérès,
cardinal-archevêque de Rouen et comte d’Empire,
qui l’acheta en 1826. C’est une construction
élégante dans le style Restauration : trois grandes
portes-fenêtres à rez-de-chaussée donnent accès
à une terrasse par un petit escalier qui monte
du jardin en pente. Cette terrasse a été couverte
d’une majestueuse véranda métallique en arrondi
au milieu du XIXe siècle.
Principaux repères bibliographiques
François Loyer, Paris XIXe siècle, l’immeuble et
la rue, Paris, Hazan, 1987
Sous la direction Bruno Centorame, La Nouvelle
Athènes : haut lieu du romantisme, Délégation
à l’Action artistique de la Ville de Paris, 2001
Alexandre Gady, La place Saint-Georges et son
quartier, Paris Musées, 2003
Mini glossaire
une cariatide 1 : statue de femme au buste
dénudé formant une colonne destinée
à supporter un élément de construction
un chambranle 2 : encadrement mouluré
d’une baie, d’une porte, d’une fenêtre ou
d’une cheminée
une volute 3 : ornement en spirale
un pilastre 4: pilier adossé à un mur ou
engagé dans celui-ci