dimensions artistiques de la communication interculturelle

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dimensions artistiques de la communication interculturelle
DIMENSIONS ARTISTIQUES
DE LA COMMUNICATION
INTERCULTURELLE
DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE
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La résonance du langage symbolique dans la création roumaine
Traian D. ST NCIULESCU
Aritia POENARU
Université « Alexandru Ioan Cuza » & Institut National d’Inventique
Ia i, Roumanie
Abstract
The history of knowledge seems to have been subject to an almost obsessive need of every
human being: to recover their roots. Currently, this obsession can locate in what is called
«the science of complexity» (Cohen) and «the science of totality» (Hawking), both
supporting the same cardinal idea, namely: the «Essential Unity», which defines the
relationship between man and macro- and microcosm, and also the relationship between
different hierarchical levels of reality (physical, biological, psychological, social, etc.).
Any (axiological) knowledge is based on the ability of human significance, the semiotic
function allowing it to reflect the world through its signs. This is why metalanguage of
semiotics is the most appropriate one for the research of major the historical types of
knowledge, by which man signified his connection to the cosmos. In order to describe in an
unified way the multitude of particularities of this relationship as language-object of the
present research, the prerequisite is to establish a reference archetype: the light,
transpersonal matrix which unites the creative spirit of man of all times and places.
Keywords: archetype, light, creation, tradition and innovation, synergy.
Rezumat
Istoria cunoa erii pare a fi fost supus unei nevoi aproape obsesive a oric rei fiin e umane:
aceea de a- i recupera originile. În prezent, aceast obsesie se poate localiza în ceea ce se
nume te « tiin a complexit ii » (Cohen) i « stiinta totalit ii » (Hawking), ambele
sus inând aceea i idee cardinal , i anume: « Unitatea Esen ial », care define te rela ia
omului cu macro- i microcosmosul, ca i rela ia dintre diferitele niveluri ierarhizate ale
realit ii (fizic, biologic, psihic, social etc.).
Orice cunoa tere (axiologic ) se fundamenteaz pe capacitatea de semnificare a fiin ei
umane, func ia semiotic permi ându-i s reflecte lumea prin semnele sale. Acesta este
motivul pentru care metalimbajul semioticii este cel mai adecvat pentru cercetarea
principalelor tipuri istorice de cunoa tere, prin care omul a semnificat legatura sa cu
cosmosul. Pentru a descrie într-o manier unitar multiplele particularit i ale acestei
leg turi ca limbaj-obiect al cercet rii de fa , condi ia necesar este de a stabili un arhetip
de referin : lumina, matricea transpersonal care unific spiritul creator al omului din toate
timpurile i locurile.
Cuvinte-cheie: arhetip, lumin , crea ie, tradi ie i inova ie, sinergie.
La lumière, archétype de la création roumaine
Pourquoi la lumière? Parce que, du point de vue ontologique, la vie de
l'homme est un « don du soleil ». (Roegen 77) Une telle intuition est présente dans
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toutes les formes à travers lesquelles l'homme a conçu – dans le plan
gnoséologique – sa relation avec le monde et implicitement avec la lumière solaire.
Ayant, selon le contexte, un fondement transpersonnel (méta)physique,
gnoséologique ou (pr)axiologique, le symbolisme de la lumière valorise la forte
capacité du signe icônique de réfléchir différents degrés de signification du monde.
Un vue diachronique sur l'histoire de la connaissance humaine/roumaine
(Isac, St nciulescu 2006) nous met en contact avec les types de discours déjà
mentionnés: magique et rituel, mythique et initiatique, etc. Leur analyse sémiotique
suppose une approche de type structural, par rapport au contenu conceptuelidéatique (signifié) que les types de discours véhiculent et aussi par rapport à la
puissance expressive des signes icôniques afférents (signifiant).
I. Le discours magique-rituel est objectivé par des pratiques adéquates du
culte solaire, lunaire, astral, à savoir:
a) La lumière solaire est en correspondance immédiate avec le soleil, dont
la lumière est également source biologique vitale, source de fertilité agricole ou
source du désert etc. Dans les traditions roumaines, la puissance de la lumière
solaire est bénéfiquement sollicitée par l'intermédiaire de certaines pratiques «
prophylaciques » – comme l'interprétation des signes solaires (taches, éclipses etc.)
ayant pour but la connaissance de l'avenir – ou de pratiques « thérapeutiques »,
comme l'invocation du soleil par la danse connue sous les noms de « hora », avec
ses diverses formes / mouvements icôniques (ondulatoires, circulaires, spirales), ou
de « paparuda », une danse qui visent l'arrêt de la sécheresse etc.
b) La lumière lunaire a aussi une composante magique, dérivée de ses
qualités particulières: l'accroissement, le scintillement et la périodicité, la
polarisation, etc. Ces attributs mêmes de la lumière lunaire ont fait que certaines
actions rituelles – telles l'herborisation des plantes médicinales, des interventions
thérapeutiques, la plantation etc. – s'effectuent seulement au clair de lune.
c) La lumière stellaire est mise en correspondance avec celle des astres
majeurs, avec lesquels elle se trouve – généralement – dans un rapport de
subordination symbolique. Chez les Roumains, la planète Vénus, par exemple, est
associée à la mort et à la résurrection. Des pratiques magiques-rituelles, telles la
préfiguration du destin conformément à la position des astres, l'incantation
auxquelles s'ajoute « la mise des oeufs sous les étoiles » afin de constater si une
maladie est guérissable etc. suggèrent la présence de la lumière des étoiles dans la
vie de l'individu humain.
À toutes ces croyances et pratiques appliquées intuitivement s'est associée
une symbolique appropriée, qui a le rôle de déclencher, par l'intermédiaire de la
résonance « holographique » – magie par « sympathie » ou par « similitude »
(Frazer) – les échos bienveillants de la lumière. Ainsi, tous les signes archétypales
de la lumière solaire, conservés par la tradition roumaine, se retrouvent dans la
couture des costumes populaires, dans les tissus des tapis, dans les modèles de la
céramique ou sur des monnaies, dans les sculptures en bois.
L'élément dominant de tous ces signes est le cercle, symbole du soleil, avec
ses formes dérivées – la ligne ondulée, la spirale, la corde, le cycloïde etc. (figure
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1a), ou les lignes angulaires subordinées, le triangle du sapin, par exemple (figure
1b) – qui marquent des pratiques symboliques associées aux événements
fondamentaux de la vie et de la mort etc. (cf. Vulc nescu 202; 201). Le parallèle
entre ces formes symboliques et les formes provenant de la tradition d'autres
cultures – indienne, par exemple, relève une correspondance éblouissante. On
atteste ainsi, par l'intermédiaire de certains « archétypes morphiques » qui sont
présents sur la verticale de toute l'histoire, l'unité de l'esprit humain même.
(Poenaru)
a)
b)
c)
Figure 1. a) les archetypes de la «lumière solaire» sculptés sur la «collone du ciel»:
le cercle (A); la roue solaire (B); le soleil (C);
b) le sapin, l’archetype de l’arbre (de la lumière) cosmique: une evolution historique;
c) circularité et triangularité: les archétypes integratoires de la lumière.
2. Le discours mythique-initiatique associe à la lumière quelques
connotations symboliques inédites aussi, dérivées de l'opposition (physique ou/et
métaphysique) entre la lumière et l'obscurité, respectivement du rôle de cette
opposition dans la cosmogenèse. Plusieurs mythes cosmogoniques mettent le
principe « Fiat lux! » à l'origine de l'apparition du monde. Autrement dit, la
naissance du monde équivaut au jaillissement de la lumière dans l'obscurité du
chaos (post tenebros lux).
Des expressions de la présence génératrice de la lumière dans le monde
sont associées à l'arbre cosmique (Axis Mundi) et à ses niveaux hiérarchiques,
archétype de la cosmogenèse. De multiples représentations de la cosmogonie
mythique font appel au symbole du sapin, signe icônique de la lumière qui est
aujourd'hui aussi transposé dans les pratiques symboliques – rituelles ou laïques –
encore vives chez les Roumains: la décoration spécifique d'un sapin à la naissance
d'un enfant, au mariage d'un couple ou à une cérémonie mortuaire, à l'inauguration
d'une maison ou à la fête de Noël etc. (figure 2a), pour décorer un tapis ou un
produit vestimentaire (figure 2b). Toutes ces catégories d'événements supposes la
réitération symbolique de la cosmogonie, de l'explosion de lumière primaire pour
laquelle le sapin est le signe archétypale.
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a)
b)
Figure 2. Le symbolisme de l’AXIS MUNDI. Le sapin, l’archétype des contraires:
a) le sapin du Nouvel An (dans le «Plugu orul»); b) le sapin de la mort.
Parallèlement à ces pratiques symboliques relativement simples à
interpréter, on trouve des expressions plus nuancées de la lumière primordiale dans
le symbolisme de la roue ou de la montagne cosmique, de l'oeuf cosmique ou de la
tortue, présents avec des connotations similaires dans la tradition roumaine aussi
bien que dans la tradition indienne, par exemple. Sur le plan éthique, la lutte entre
la lumière (le bien) et l'obscurité (le mal) est symbolisée dans une ancienne fresque
roumaine comme une confrontation entre un cheval blanc, symbolisant la lumière
solaire, et un autre noir, symbole de l'obscurité (Vulc nescu 341).
Rappelons-nous que, conformément à Rig-Veda, « L'univers est un cheval
», c'est'-à-dire: le monde est modelé des éléments primordiaux – le feu/ la lumière,
la terre, la ciel/ l'air et l'eau – que le cheval ou le serpent mythique symbolise. On
peut trouver des pareils archétypes dans les vestiges archeologiques de la culture
roumaine paléolithique (figure 3a,b) (Poenaru, St nciulescu 31-42).
a)
b)
Figure 3. Les formes stylisées du serpent cosmique:
a) sur la céramique de la Culture Cucuteni (mil. III A.C.); b) sur un tapis roumain.
3. Le discours religieux peut être suivi en deux étapes majeures l'une
avantchrétienne (ou paléochrétienne) et l'autre chrétienne.
a) L'alternative avantchrétienne marque la communion cosmique de
l'homme avec «la lumière sacrée» par l'intermédiaire d'un symbolisme complexe,
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présent par exemple dans: a) le culte des cabires', qui combine les formes abstraites
(signes de la lumière déjà mentionnés) et les formes anthropomorphes symbolisant
les divinités de la lumière; b) les signes syncrétiques, à partir des piliers, des étoiles
funéraires, des monnaies etc.; c) les formes circulaires des sanctuaires daces ou des
« églises naturelles » modelées des « sapins sacres » plantés dans des cercles
concentriques ou taillés même dans les corps de la forêt etc. (figure 4a,b)
(St nciulescu, 2003).
a)
b)
Figure 4. Le symbolisme de la lumière sacralisée dans:
a) le sanctuaire de Sarmisegetusa; b) l’église de sapins.
b) L'alternative chrétienne identifie la lumière – dans la croyance
religieuse des Roumains aussi – avec le symbole de l'existence de Dieu, avec la
source de la Sainte Trinité et surtout celui de Jésus, qui Lui-même s'appelle «la
lumière éternelle», «lumière de lumière» ou «symbole de la vie». Le fait que «Dieu
est Verbe (parole)» et que «Dieu est lumière» (Jean 1: 5), qu'Il «habite une lumière
qu'on ne peut pas approcher» (Timothé 6: 16) est mis en liaison avec Sa faveur et
sainteté (Psalmes 27: 1), d'un côté et d'un autre avec Son jugement. De cette
correspondance naît le dualisme éthique du bien et du mal, symbolisé chez les
Roumains par l'opposition déjà mentionnée entre la lumière et l'obscurité,
symbolisée par l’archétype du yin/yang ou par l’archétype de la clepsydre/ collone
partout présent dans le monde (figure 5a,b).
4. Le discours artistique suggère la présence de la lumière dans le monde
par de multiples images symboliques: poétiques, plastiques, musicales, etc. Dans le
plan de la parole de pouvoir', par exemple, on rencontrera la lumière sous la forme
du « germe d'or » (Hyranyia Garbha) présent dans les textes védaïques et
génialement décrit par le poète roumain Mihai Eminescu dans le poème Êpître I:
«Tout à coup un point s'agite seul et premier qui s'avère! Qui du chaos fait une
mère et lui-même devient le Père. Plus faible qu'une bulle d'écume ce petit point
qui s'agite/ Sur les larges limites du monde est le maître sans limites » (Eminescu,
1978). Sous le signe du visuel, la tradition de l'art de modeler est présente chez les
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Roumains, par exemple, dans la décoration des piliers de maison et des portes en
bois qui symbolisent le centre sacré du monde (figure 5a, b) (St nciulescu, 2003b).
a)
a)
b)
Figure 5. L’infini cycle de la cosmogonie:
sculpté en bois; b) sculpté en pierre et metal (C. Brâncu i)
Cette tradition est géniallement rafinnée par Constantin Brâncu i dans ses
sculptures ayant comme archétype: « la forme de toutes les formes », c'est-à-dire
l'ovoïde symboliquement nommées « L'Oeuf », « L'origine du monde », «
Sculpture pour des aveugles »; les clepsydres qui composent « La table du silence »
et « La colonne sans fin », métaphore de l'infini élevé à Târgu-Jiu, Roumanie
(figure 4b).
5. Le discours philosophique associe à la lumière des correspondances
surtout cosmogoniques, qui hésitent entre l'attitude spiritualiste et matérialiste.
Ainsi, pour le philosophe matérialiste roumain Vasile Conta, l'onde est le chemin
fatalement suivi par tout développement. Il y a déjà un siècle que l'image de cette «
onde de lumière » préfigure les courbes de fractales décrite aujourd'hui par
Mandelbrot. Pour Lucian Blaga, un autre philosophe roumain, idéaliste cette fois-ci,
l'ondule de « l'espace miorithyque » – métaphore par laquelle il désigne la
succession entre les collines et les vallées, spécifique au paysage roumain –
définirait la « matrice stylistique » de toute création ethnique.
D'autre point de vue, le discours philosophique – ouvert vers la cosmologie
scientifique – propose un modèle de la genèse de la lumière, nommé par nous le
modèle de « l'expansion pulsatoire », qui allie dans une vision unitaire les deux
théories standard de la cosmogenèse: l'expansion et la récessivité des structures
cosmiques. On actualise, dans ce contexte, l'hypothèse Einstein-Rosen, qui suppose
l'existence des dualités BHQ (black-hole / quasar), qui constitueraient les grains
d'obscurité-lumière d'où les mondes cosmiques sont en train de naître, de devenir et
de mourir. Les signes fondamentaux de la lumière se trouvent dans des multiples
hypostases, à partir du microovoïde galactique ( « l'atome primordial ») désigné par
le noyau BHQ, jusqu'à l'image du galactome (l'ovoïde galactique) qui se développe,
de la clepsydre rendue par le cycle implosion-explosion jusqu'à la colonne sans fin
« des mondes du monde », qui naissent pour mourir, tout cela synthétisé dans
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l'image du système de complexité maximum qui est «la grappe» du Grand Univers
(figure 6a,b) (St nciulescu 96).
a)
b)
Figure 6. Le modèle de « l’expansion pulsatoire »:
a) l’ellipsoïde galactique; b) le modèle de « l’Univers Grappe.
6. Le discours scientifique est celui qui associe à la lumière un ensemble
d'états apparemment dépourvus de connotations symboliques: l'état de lumière
cosmique (physique) ou biologique, de lumière naturelle ou artificielle, blanche ou
monochromatique, etc. Les métamorphoses de la lumière subies pendant le passage
de l'état cosmique à l'état de la lumière de type biologique – qui nous intéressent
dans le présent contexte – peuvent être expliquées par les recherches actuelles de la
biophotonique (Popp, Li, Gu, 1989). Ces recherches ont permis d'ébaucher deux
constructions inédites qu'on a nommées la théorie des « lasers biologiques.
a) La théorie des « lasers biologiques » (St nciulescu, Manu, 2001-2002)
argumente le fait que, du point de vue fonctionnel, la lumière subit un double
processus au niveau des structures biologiques:
— d'absorption-émission stimulée, au niveau du complexe phosphate – eau
liée – oxygène moléculaire, processus qui assure une émission de type « laser
biologique » (cohérente, monocromatique, directionnée, intense);
— d'activité optique des structures organiques, assurée par la présence au
niveau des membranes cellulaires de certaines microstructures avec des propriétés
de type cristal liquide (les molécules de cholestérol et phospholipides etc.), qui
engendrent la biréfringence, la polarisation, la dispersion magnétique rotative de la
lumière incidente etc. Du point de vue structural, cette théorie décrit la structure
des organismes vivants comme un groupe de six types de « lasers biologiques »
inclus et intriqués aussi (moléculaires, membraneux, nucléaires, cellulaires,
d'organe et d'organisme), qui présentent de multiples analogies avec les lasers
techniques. Durant ce processus complexe, la présence des «formes de lumière» est
plus qu'évidente. Elle se retrouve dans la forme des «lasers biologiques»
(«ovoïdale» ou en «colonne»), dans le trajet de la dispersion hélicoïdale de la
lumière (qui constitue la matrice pour les chaînes d'ADN, par exemple), dans les
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vortex de lumière connues sous le nom des chakres, dans la dispersion rotative du
spectre philtré par les cristaux liquides membraneux etc.
a)
b)
Figure 7. Les formes archétypales de la biologie:
a) la colonne de l’ADN: forme de la lumière qui traverse les crystales liquides membranaires;
b) le méchanisme de la division cellulaire (l’ovoïde cellulaire, une „laser biologique »).
b) La théorie photonique de l'énergie-information (Constantinescu,
St nciulescu, 1993) prend en considération les deux composants de la radiation
électromagnétique, tout en associant le composant électrique à une dimension
prépondérante énergétique et le composant magnétique à une dimension
essentiellement informationelle. En même temps, la théorie argumente avec les
instruments physique-mathématiques la manière de production dans laquelle se
produisent des interférences entre divers types de champs électromagnétiques (y
compris les biochamps), grâce au mécanisme de résonance / cohérence (figure 8).
On explique ainsi comment la lumière devient un facteur d'influence extérieure
capté non seulement par la voie des analyseurs physiques (au niveau de l'oeil ou de
l'épiderme), mais aussi au niveau du biochamp propre, devenu médiateur pour des
messages « transphysiques » d'un « sixième sens ».erante énergétique et le
composant magnétique à une dimension essentiellement informationelle. En même
temps, la théorie argumente avec les instruments physique-mathématiques la
manière de production dans laquelle se produisent des interférences entre divers
types de champs électromagnétiques (y compris les biochamps), grâce au
mécanisme de résonance/cohérence (figure 8). On explique ainsi comment la
lumière devient un facteur d'influence extérieure capté non seulement par la voie
des analysateurs physiques (au niveau de l'oeil ou de l'épiderme), mais aussi au
niveau du biochamp propre, devenu médiateur pour des messages:
«transphysiques» d'un «sixième sens».
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a)
b)
c)
Figure 8. Le « langage universel » des ondes de lumière, par:
a) opposition de phase: (disonance);
b) accord de phase (consonnance / cohérence); c) perpendicularité des phases
7. Le discours technologique illustre de la meilleure façon le fait que la
lumière a une importance exceptionnelle pour la vie humaine. Ainsi, le symbolisme
des « formes essentielles » peut être justifié par les pratiques technologiques
archaïques – à partir de la possibilité de rallumer le feu par le frottement de deux
morceaux de bois ou par le battement du briquet (« l'amnar » des Roumains) –
jusqu' à l'utilisation moderne de l'électricité et du rayon de laser. Le symbolisme de
ces pratiques technologiques est connu par tous, étant en grande mesure récupéré
par celui des « formes essentielles »: des strimers lumineux qui rendent la radiation
électromagnétique d'un objet (vif) par des procédures de type Kirlian ou
électronographiques (Guja, 1993), par une technique mise au point en Roumanie
(Dumitrescu, 1979), de l'image d'une ampoule qui radie jusqu' à l'ovoïde aurique
humaine rendue à l'aide de la technologie des computers etc. ou même par la
simple photographie, dans des conditions psycho-physiologiques tout à fait
remarquables etc.
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Figure 8. De la lumière de « l’ovoide aurique » jusqu’a la « vestimentation de la lumière »
(Poenaru, St nciulescu, 2006).
En synthèse, on peut dire que dans l'univers sémantique construit sur les
multiples formes de manifestation du monde même, la lumière définit un
paradigme unificateur. Du point de vue de la méthodologie, on peut constater que
les métamorphoses de ce paradigme décrivent fidèlement:
1) Le passage de la connaissance intuitive – particulièrement expérientielle
(propre au discours magique-rituel) – à la connaissance particulièrement holistique
(propre au discours mythique): si, dans la perspective expérientielle, l'homme
vivait en participant de « l'intérieur du monde », sans ressentir le besoin de
s'expliquer la résonance avec le cosmos, avec ses semblables, etc., pendant la
connaissance holistique les germes de l'explication discursive commencent à se
manifester par la transposition dans des concepts (symboliques) d'une connaissance
déjà représentée intellectuellement, mais pas encore soumise au filtre critiquerationnel.
2) La transition de la connaissance intuitive (expérientielle-holistique) à la
connaissance notamment analytique s'est réalisée par l'intermédiaire du discours
religieux. Celui-ci est construit à la fois à l'aide des instruments de la connaissance
holistique, de la connaissance révélatrice déjà préfigurée par la connaissance
mythique, et à l'aide des instruments du transfert analytique, appliqué à l'horizon
pragmatique de l'existence humaine.
3) C'est le discours artistique pour lequel la lumière est à la fois « langageobjet » et « métalangage », qui offre la plus éloquente médiation entre les formes
archétypes-idéalisées du monde, d'une part, et les formes objectives de la création
humaine, d'autre part.
4) L'analyse extérieure de la réalité, par la raison (analytique) ou par le
contact direct (expérimental) revient au discours philosophique et scientifique, d'un
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côté, et au discours technologique, d'autre côté. À travers tous ces types de
connaissances engendrant des discours spécifiques, le monde ne représente qu'un
référentiel extérieur, que l'homo cogitans/ faber tient sous observation et qu'il
modèle au niveau du signifié mental ou qu'il contrôle au niveau du signifiant
artefactuel.*
Pour conclure, on pourrait dire que la lumière constitue le « noyau dur »
dont la métamorphose décrit l'évolution de l'homme du niveau bio-physique au
niveau psychique, de la lumière à l'illumination, LA PORTE OUVERTE de la
nature vers la culture.
Figure 9. Porte en bois sculptée avec de multiples archetypes solaires (Rozavlea, Maramure )
Quelques conclusions méthodo-logiques es peuvent être tirées de
l'herméneutique ébauchée ci-dessus:
— la réalité de quelques types approche cognitive – expérientiel et
holistique, notamment – que le dogmatisme scientifique (hyperanalytique ou/et
expérimental) a tendance de rejeter, en les considérant comme irrationnels (parascientifiques);
— la filiation psycho-génétique entre les types de discours intuitifs et
rationnels, les premiers dominant du point de vue historique les derniers, tout
comme l'hémisphère droit a fonctionné avant l'hémisphère gauche;
— le rapport d'interdétermination entre les deux types de connaissance, ayant
comme effet l'organisation d'une polarité herméneutique': chaque affirmation propre à la
connaissance intuitive peut être décodée par une démarche analytique-expérimentale
complémentaire.
La sémiotique de la lumière - science de la complexité
La nécessité d'une théorie des systèmes complexes résulte du fait qu'une
réalité complexe ne peut être décrite qu'avec les moyens d'une pensée complexe.
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La théorie des structures dissipatives (Prigogine), celle de la stabilité structurale
(Thom) et la synergétique (Haken) – théories qui constituent le noyau dur de
l'actuelle science de la complexité – posent les fondements d'une possible science
de la lumière complexe, une lumière reflétée dans les multiples hypostases de la
connaissance humaine, pour lesquelles la sémiotique réprésente le cadre intégrateur.
Pourquoi la lumière, nous nous interrogeons de nouveau, en nous
rapportant à la possibilité d'une science de la connaissance / signification complexe?
À cause de trois raisons, pourrait-on répondre:
a) parce que, du point de vue fonctionnel, la lumière constitue l'archétype
d'une connaissance essentielle;
b) parce que, du point de vue structurel, la double nature de la lumière peut
décrire parfaitement la structure de n'importe quel symbole/ signe;
c) parce que, en se définissant comme un facteur actif dans la réalisation
des métamorphoses du monde, la lumière joue le rôle du langage unificateur.
Etant donnée la nature complexe des implications de la lumière dans la
genèse des systèmes du monde, les arguments favorables pour une démarche
sémiotique intégratrice – on peut l'appeler la sémiotique de la lumière
(photosémiotique) – viennent de l'horizon de nombreuses disciplines particulières,
notamment: les sciences de la nature micro- et macro- cosmique, les sciences
technologiques, les sciences de la nature humaine. Le caractère transdisciplinaire
d'une « sémiotique de la lumière » apparaît, ainsi, contouré dès le début.
Rétrospectivement, on peut dire maintenant que deux motifs justifient le
fait de l'ouvrage ci-présent par la mise en évidence du modèle de «l'Unité
Essentielle»:
a) la nécessité d'établir des correspondances entre les différents moyens
particuliers de manifestation de la lumière;
b) la recherche des effets de la lumière vers les structures biologiques
(humaines) suppose la délimitation de deux états relativement différents de
manifestation de la lumière: l'état cosmique (physique) et l'état bio-psycho-logique
(humain).
À une sémiotique de la lumière revient implicitement l'obligation
d'expliquer – que nous avons réalisé extensivement dans un autre contexte
(St nciulescu, Manu, 2001) – les métamorphoses de la lumière dans son passage à
travers les phases suivantes :
— la lumière physique (naturelle), propre à l'état cosmique de la radiation
lumineuse;
— la biolumière (bioluminescence), spécifique à l'état biologique de
l'existence vivante, généralement, et à l'état humain particulièrement;
— la psycholumière (psycholuminescence), produite pendant l'activité
psychique (affective, vollitive, intellectuelle) de l'être humain.
Les trois niveaux de la réalité consignés par Stephane Lupasco (1960) –
physique, biologique, psychique – se retrouvent ainsi dans l'horizon de la
métamorphose: lumière
biolumière
psycholumière. Au carrefour de ces trois
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horizons – dont on peut empiriquement relever la manifestation – on retrouvera ce
qu'on peut appeler la lumière complexe.
À la biophotonique revient ainsi la dignité d'être la discipline introductive à
une science syncrétique de la lumière complexe, vouée à décrire – avec les
instruments de la sémiotique – les multiples manifestations hiérarchisées du monde.
En se définissant comme un tel principe ordonnateur, comme facteur actif dans la
réalisation des métamorphoses par lesquelles le monde lui-même est défini, la
lumière – en tant que dualité énergo-informationnelle – joue le rôle du langage
unificateur. Du point de vue sémiotique, on retrouve dans ce contexte l'action d'une
loi générale des systèmes complexes, que nous avons nommée la loi des
métamorphoses circulaires (St nciulescu, 1999b). Celle-ci est fondée sur la
suivante conclusion: ce qui est le signifié (le contenu informationel) dans les signes
d'un système sousjacent représente le signifiant (le substrat substantiel-energetique)
dans les signes du système suprajacent, etc.
En récapitulant, on peut dire que la construction d'une sémiotique de la
lumière complexe, d’un langage unificateur de la lumière (figure peut-être justifiée
par le fait que: tout objet du monde a sa propre « lumière » matrice énergoinformationelle qui reflète dans un langage (bio)électromagnétique les particularités
(bio)physiques caractéristiques à l'objet de référence (Guja, 1993);
— dans le cas des « objets » biologiques, cette matrice définit ce qu'on
pourrait, symboliquement, nommer « la lumière vivante », lumière biologiquement
structurée (polarisée, cohérente, monocromatique etc.);
— la lumière métamorphosée au niveau de l'organisme humain joue un
rôle essentiel dans la fonction des mécanismes bio-psycho-logiques du langage, en
assurant – parmi d'autres – la « communication sans paroles » (par la résonance /
cohérence) établie entre les individus;
— la lumière (toute l'échelle du spectre électromagnétique, en réalité)
représente le contexte de la génération de certains champs énergo-informationnels
unificateurs (socio-champs), spécifiques à la communauté humaine dans son
ensemble.
a)
b)
c)
Figure 10. La lumière, langage archétypale unificateur: l’électronographie d’un(e):
a) goutte d’eau; b) feuille; c) doigt humain.
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Si on pourrait évidencier sans équivoque (avec les instruments de la
technologie, par exemple) la présence des phénomènes et des processus envisagés
dans les hypothèses formulées au-dessus, d'une part, et si on pourrait les expliquer
avec les moyens rigoureuses de la science théorique (de la physique des champs,
par exemple), d'autre part, le passage « de la lumière à l'illumination » ne
représenterait plus seulement une métaphore, mais un processus de métamorphose
objective, qui décrirait la genèse même de la connaissance humaine. En dépassant
beaucoup des limites conventionnelles de la science acad Si on pourrait évidencier
sans équivoque (avec les instruments de la technologie, par exemple) la présence
des phénomènes et des processus envisagés dans les hypothèses formulées audessus, d'une part, et si on pourrait les expliquer avec les moyens rigoureuses de la
science théorique (de la physique des champs, par exemple), d'autre part, le
passage « de la lumière à l'illumination » ne représenterait plus seulement une
métaphore, mais un processus de métamorphose objective, qui décrirait la genèse
même de la connaissance humaine. En dépassant beaucoup des limites
conventionnelles de la science academique, la science (sémiotique) de la lumière
complexe commence déjà à accomplir une pareille tâche.
Les voies de la connaissance créatrice: conclusions intégratives
La sémiosis de la lumière apparaît maintenant comme un processus
fondamental qui subordonne l'univers de la physiosémiosis même dans celui de la
biosémiosis. (Deely 5-6) Une synthèse intégratrice permet de suivre le procès de
compréhension de l'Ontos par le Logos en utilisant quelques corrélations
suggestives visant « l'Unité Essentielle » de la connaissance humaine.
En récapitulant, on pourrait dire que notre étude s'est proposé de formuler
les hypothèses nécessaires pour suivre et atteindre les suivants objectifs:
— esquisser un possible modèle théorique de « l'Unité Essentielle », où
l'unité de monde se reflète implicitement dans l'unité de la connaissance humaine;
— définir la correspondance entre ontos et logos par l'intermédiaire des «
formes essentielles »;
— mettre en évidence la présence des mêmes formes symboliques (signes),
ayant la lumière en tant qu' archétype, dans des cultures ethniques différentes,
réalité qui soutîent l'idée de l'unité spirituelle de l'homme de tous les temps et
espaces;
— interpréter la présence des « signes de lumière » comme l'effet d'une
motivation symbolique, comme un résultat des multiples implications de la lumière
dans la vie de l'homme historique;
— constater que l'histoire des « signes de lumière » décrit l'histoire même
de la connaissance humaine, en suivant le passage du type de connaissance
éminemment intuitive, par l'intermédiaire du type expérientiel et holistique au type
de connaissance rationnelle, éminemment analytique et expérimentale;
— l'élaboration d'un critère taxonomique pour les principaux types de
connaissance, formes de discours cognitif etc. catégories de disciplines
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DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE
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scientifiques associées (ethnologie, mythologie, théologie, esthétique, philosophie,
sciences de la nature cosmique et humaine, sciences technologiques etc.), par
rapport à la symbolique de la lumière;
— récupérer (par l'intermédiaire d'une « herméneutique analytique ») des
significations rationnelles cachées par la symbolique intuitive de la lumière, en
réalisant un cadre de référence pour que la raison scientifique reconsidère des
aspects ignorés ou négligés des pratiques archaïques;
— valoriser d’une manière transdisciplinaire la méthodologie sémiotique,
en tant que composante de la science de la complexité', pour laquelle la «
sémiotique de la lumière » représente le noyau dur.
En synthèse, on peut dire que récuperer l’histoire des archétypes de la
lumière, c’est une démarche sine-qua-non pour définir la voie que l'homme devra
suivre pour (re)devenir un être « visuel-visionnaire » (Shayegan, 1986), la voie de
la connaissance synergique:
Celle de l'intuition transpersonelle, personalisée par la raison créatrice...
Bibliographie
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DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE
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Incursions dans l’histoire de l’europénisme roumain
France et Roumanie: érudition et sentiment
dans l’existence et l’écriture d’un ami dévoué des Roumains
Ludmila BRANI TE
Université «Alexandru Ioan Cuza», Ia i, Roumanie
Abstract
The present paper is intended to conjure up the personality of the professor, scholar and the
devoted friend to the Romanian people, Louis Michel. Together with other more famous
experts and promoters of the Romanian language and culture from abroad, like Paul Miron,
Georges Bartouille, Jean Pierre Courriol – just to name a few, professor Louis Michel, the
founder of the Romanian Language and Literature Department of Paul Valéry University in
Montpellier, author of studies and articles of impressive erudition and eloquent feeling,
dedicated to the Romanian language and literature, is worth remembering both as person
and author. It is not just an act of justice and piety, but also an act of remembering and
subsuming him, for his valuable work, into the historic and literary contemporary context.
Keywords: French expert, promoter, Romanian language an culture, didactic and scientific
concerns, historic and literary contemporary contexts.
Rezumat
Studiul de fa î i propune s evoce personalitatea profesorului, omului de tiin a i
devotatului prieten al poporului român Louis Michel. Al turi de al i mai cunoscu ii exper i
i promotori ai românisticii dincolo de hotarele României, precum Paul Miron, Georges
Bartouille, Jean-Pierre Courriol, ca s numim doar pe câ iva, profesorul Louis Michel,
întemeietorul Sec iei de Limb i Literatur român la Universitatea Paul Valéry din
Montpellier, autor al unor studii i articole de o impresionant erudi ie i pilduitor
sentiment, consacrate limbii i literaturii române merit s fie readus în actualitate ca om i
autor. Nu este doar un act de dreptate i pietate, ci mai ales unul de aducere în actualitate i
încadrat, cu deplin dreptate, pentru opera sa valoroas , în contextul istoric i literar
contemporan.
Cuvinte-cheie: expert francez, promotor, românistic , preocup ri didactice i tiin ifice,
context istoric i literar contemporan.
Il y a plusieurs savants et écrivains français qui en maîtrisant bien la langue
roumaine, ils nous ont honoré avec leur amitié dévouée à travers des sentiments,
des faits, de l’écriture etc. Grâce à leur liaison étroite avec la vie culturelle de Ia i,
nous pouvons nommer les plus connus: Georges Bartouille, Jean-Pierre Courriol et
Louis Michel, la mort duquel a été provoquée par un accident routier à Bucarest,
Roumanie, le pays qu’il aimait visiter chaque année. Je l’ai connu à travers un
volume anniversaire de 480 pages découvert dans nos bibliothèques où on lui rend
hommage pour sa valeur en tant qu’individu, savant, personnalité civile et
académique. Dans la table des matières du volume on trouve des études et des
articles très diversifiés, qui sont étroitement liés aux préoccupations didactiques et
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scientifiques du professeur Louis Michel. Dans la deuxième partie de notre travail
nous allons insister sur cela pour mettre en évidence l’érudition, la capacité
analytique et le souffle d’émotion ce qui caractérisent le contenu du volume.
Il est difficile de synthétiser et de systématiser le destin existentiel, dans sa
structure biologique, morale et intellectuelle d’une personnalité riche et
contradictoire. Sous le coup de l’émotion nous essayons de la déchiffrer.
Né le 12 février 1913 à Uzès, le professeur Louis Michel appartenait à une
famille fortement liée à la terre d’une région à la limite entre Languedoc et
Provence. L’enfance et l’adolescence ont été empreintes, selon son propre aveu;
d’un humanisme payant et d’une riche et originale culture artistique populaire. Il a
d’ailleurs lui-même évoqué, à maintes reprises, avec les dons du mémorialiste né,
l’atmosphère de gaieté exubérante des premières années de sa jeunesse méridionale;
il se rappelait les courses de taureaux auxquelles il a plusieurs fois participé, les «
farandoles » dans les places de la ville, le souffle du mistral dans les pins, le chant
« enivré » des cigales dans les nuits argentées par la lune.
Il a fixé, du même ton participatif, dans ses souvenirs, la figure des
habitants de cette région de conte, qui pourrait facilement être prise pour un
autoportrait: traditionaliste, aimant la vie qu’il concevait vivre dans toute sa
plénitude et tout son charme, connaissant et appréciant le mot. « Le Bas-Rhodanien
Louis Michel, écrivait-il, adore parler, et les mots chez lui entraînent la pensée ».
C’est a u m o t , à son étude, qu’a destiné le Bas-Rhodanien Louis Michel,
son existence et sa carrière.
Après le lycée à Uzès et à Montpellier, il fut étudiant à la Faculté des
Lettres de Montpellier, où il acquit une licence de Lettres Classiques, complétée,
quinze ans plus tard, par une licence de Portugais. Le professeur Marcel Gramont 1
a éveillé sa passion pour les langues. Le plaisir presque sensuel de les apprendre et
d’interpréter leurs formes. À la linguistique, le professeur Louis Michel est resté
fidèle jusqu’au bout. La science, comme la vie, est avant tout, un a c t e d e f o i.
Professeur de lycée pendant plus de vingt ans, Louis Michel est invité, en
1 9 6 0, comme maître de conférences à la Faculté des Lettres de Montpellier, où il
devient, quatre ans plus tard, professeur titulaire et chef de la chaire de phonétique
et dialectologie.
Dans l’hétérogénéité des préoccupations de cet esprit complexe – on dirait
un autre Paul Miron2, mais pas autochtone, cette fois – qui, en liant l’enthousiasme
à la lucidité, possédait une vaste et rigoureuse formation intellectuelle, dans
laquelle la linguistique, la philosophie et la connaissance de toutes les langues
romanes (l e r o u m a i n é g a l e m e n t) occupaient des places égales par
1
Le culte du professeur Louis Michel pour son maître est évoqué par le linguiste
J. S t e f a n i n i le long d’un article du volume y présenté (À propos d’un cours de
F. de Saussure) où il discute un cours de grammaire comparée du gothique, de F. de
Saussure, transmis, en manuscrit, par Maurice Granmont à son disciple préféré, et
gardé pieusement par celui-ci.
2
Voir Silvia Ra cu-Pistol, Gina Nimigean, Ludmila Brani te. „Paul Miron. In memoriam.”
Alloquor – Studia Humanitatis Iassyensia. Ia i. 1-2 (2008), pp. 281-288.
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DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE
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rapport à la culture artistique, littéraire, musicale, quelques constantes peuvent être
identifiées de façon évidente.
L’une d’elles tient à la passion pour l a d i a l e c t o l o g i e, domaine de
choix du chercheur, domaine qu’il a considéré comme point de convergence de
toutes les connaissances sur les sons et les mots. Les nombreuses études consacrées
aux parleurs du Sud de la France, connus dans la profondeur et l’originalité de
leurs particularités, nous prouvent que le professeur Louis Michel a v é c u les
problèmes de dialectologie dans toute leur complexité. Entre celles-ci il faut placer
l’ample travail dédié à la Langue des pêcheurs du golfe du Lion3, présenté comme
thèse principale de doctorat à la Sorbonne, en 1960. Afin de pouvoir le réaliser, il a
vécu des mois et des années près des hommes de la mer, possesseur, comme il était,
de cette faculté rare de savoir s’identifier à eux, de s’approprier leur manière de
vivre, et de les prendre dans leur identité matérielle et spirituelle. Il était de ces
dialectologues qui ne se bornent jamais à un questionnaire ou à une aire
linguistique d’enquête. Derrière les mots il cherchait, avec un sens philologique
rare, un m a t é r i e l h u m a i n.
Le volumineux Atlas linguistique du Languedoc-Roussillon, qui se trouve
dans son premier volume, sous presse, est l’œuvre d’un homme de science, qui, en
découvrant sa vocation, a très tôt saisi le rapport dialectique entre l’acte de vie, le
fait de langue et l’obligation morale de le revivre par l’investigation.
En tant que professeur, il a manifesté une compréhension supérieure pour
les étudiants, un humanitarisme reconnu pour ceux qui l’entouraient, une grande
disponibilité pour le dialogue. Il s’est consacré, avec une noble joie, aux autres,
conscient qu’un jour on ne vit plus que par eux.
Le professeur Louis Michel fut aussi un animateur infatigable. Sa chaire de
phonétique et dialectologie rayonnait dans les directions les plus diverses:
l a n g u e s r o m a n e s, a s i a t i q u e s aussi bien que langues a f r i c a i n e s.
Après avoir soutenu le développement des recherches lusitaniennes, il a fondé,
en 1 9 6 3, à l’Université Paul Valéry de Montpellier, la section d e l a n g u e
e t l i t t é r a t u r e r o u m a i n e s, devenue, sous sa direction, un des centres les
plus puissants de connaissance de la langue, de la civilisation, de la culture et de la
littérature du peuple roumain. Pour tout ce qu’il a fait, dans sa qualité reconnue, de
messager de l’amitié et de la solidarité humaine et intellectuelle, l’État roumain
lui a accordé, en 1 9 6 9, la haute distinction du M é r i t e c u l t u r e l première
classe, et l’Université de Bucarest l’a élu d o c t e u r h o n o r i s c a u s a dans
l’automne de 1975; très peu après, un accident stupide d’automobile mettait fin à sa
vie.
Il reste beaucoup à dire afin de pouvoir comprendre le professeur Louis
Michel comme destiné individuelle. Nous ne nous sommes pas proposés de réaliser
une description détaillée; notre but était de détacher certaines marques
3
Louis Michel. Langue des pêcheurs du golfe du Lion, Paris: Éditions d’Artrey, 1964,
p. 225.
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distinctives essentielles, sur une échelle de valeurs de l’h u m a i n et du
spirituel.
* * *
En ce qui concerne le volume Mélanges à la mémoire du professeur Louis
Michel4 nous observons que des savants, des chercheurs et des professeurs français
et roumains, plus jeunes ou plus âgés, avouent ouvertement leur option pour un
thème ou un autre de leur investigation, déterminée non seulement par un intérêt
strictement scientifique mais, à la fois, par un fort mobile affectif.
C’est ce que fait l’académicien roumain Iorgu Iordan, dans l’introduction à
son étude, Observations sur le lexique piscicole roumain, quand il déclare:
ce qui m’a déterminé d’aborder ce thème c’est, en premier lieu, l’intérêt qu’il
présente du point de vue strictement scientifique, sous son aspect plutôt
théorique. En même temps, il m’a attiré affectivement. Je ne pouvais pas
oublier que mon très regretté ami Louis Michel, à la mémoire duquel est
destinée ma modeste contribution, s’est fait connu comme un remarquable
linguiste par un ouvrage consacré à un sujet identique du domaine galloroman. (Mélange 293)
C’est en même temps ce que fait, entre beaucoup d’autres, le professeur,
dans Marcel Barral de l’Université Paul Valéry de Montpellier, dans son excellent
travail, Les mots arabes ou d’origine arabe dans Tartarin de Tarascon:
c’est en évoquant et en gardant à l’esprit le souvenir de Louis Michel, mon
vieil ami et mon collègue de l’Université, que j’ai entrepris et écrit cet article
sur un aspect du vocabulaire d’Alphonse Daudet dans Tartarin de Tarascon.
J’ai pensé que, pour honorer sa mémoire dans ces Mélanges, une étude de
vocabulaire répondait bien à ce qui a été l’une de ses préoccupations de
chercheur. Louis Michel, philologue, s’intéressait aux mots, à leur origine, à
leur évolution, à leurs transformations, dans leur forme et dans leur sens. Et
aussi à leur emploi dans les textes. Sa thèse complémentaire sur le Langage
méridional dans L’œuvre d’Alphonse Daudet (1961) est, en grande partie,
consacrée aux mots. (Mélanges 63)
C’est donc la pensée et le sentiment qui ont été à la base de cette ample
œuvre collective, qui devient, comme intention et réalisation, la synthèse d’une
individualité.
À l’étude pertinente de l’académicien Iorgu Iordan, qui partant du lexique
populaire, met en évidence le fait que la terminologie piscicole roumaine possède
un riche fond latin, auquel on a ajouté, le long du temps, des emprunts étrangers,
slaves surtout, il faut ajouter d’autres, consacrés toujours « à la mer, porteuse de
mots », telle que la considérait le professeur Louis Michel. André Campan (Nice)
signe Recherches comparatives sur certains noms d’animaux marins en
4
Mélanges à la mémoire du professeur Louis Michel, Montpellier-France, 1979.
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DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE
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Monégasque et en Nissart, une démonstration convaincante par la variété et
l’interprétation nuancée des exemples, de l’existence de la structure lexicologique
semblable, le long du littoral méditerranéen, en ce qui concerne la faune marine et
le révérend Luis Frolla (Monaco) s’occupe du Parler de Monaco comparé à celui
de Gênes, une autre illustration de la parenté linguistique entre le parler génévoix et
le parler monégasque, à la suite d’anciennes relations maritimes entre deux ports.
C’est toujours a u x m o t s que sont destinées les « notes » érudites de
Jean Dufournet (Paris), Premières notes sur le bestiaire de Villon, dédiées « à la
mémoire de notre cher Louis Michel; ce fils de la garrigue que fascinait la mer (il
se plaisait à citer l’Agamemnon d’Eschyle: « Il y a la mer … et qui l’épuisera ») et
qui aimait toutes les formes de la nature qu’il ne cessait d’observer patiemment »
(Mélanges 167), tout comme l’article moderne, par les méthodes utilisées, de JeanLouis Fossat (Toulouse), Les parties du cochon et la sensibilité alimentaire en
Gascogne, qui se propose d’apporter des éclaircissements dans un domaine encore
peu connu, celui « des conduites et des comportements alimentaires d’une
population ». (Mélanges 185)
Dans la lignée des investigations scientifiques du professeur Louis Michel,
qui a donné le long de plusieurs années un cours d’orthophonétique à la Faculté de
Médecine de Montpellier, il faut noter les études d’André Bothorel (de l’Institut de
phonétique de Strasbourg), La cavité pharyngale: configuration et variation dans
la chaîne parlée, de Pièrre-René Leon (Toronto) La socialisation d’une émotion:
de la colère à la voie impérative, un vif débat autour « des émotions, qui ont
toujours occupé une place importante dans la recherche de l’expressivité vocale »
(Mélanges 311), ou encore celle de Denis Autessere et Michelle Bohé, Phonétique
et prothèses vélo-palatines, qui abordent ensemble un thème chez leur maître
disparu, « L’aspect pathologique de la phonation dû en particulier à une déficience
vélaire ». (Mélanges 39)
C’est toujours sous la forme d’un hommage scientifique posthume que se
présentent les contributions consacrées à des problèmes de folklore roumain,
domaine pour lequel, le professeur Louis Michel a manifesté un intérêt soutenu et
une haute appréciation due à un art authentique et profond. Jacques Bouet
(Montpellier) formule, dans son intervention, Problématique de la recherche dans
le domaine de la littérature populaire dacoroumaine d’expression dialectale, les
conditions auxquelles doit correspondre un chercheur « puisque la traduction orale
roumaine soit plausible » (Mélanges 119), D. Pop (Cluj – Roumanie) s’occupe de
manière théorique de la ballade (Quelques considérations sur la ballade populaire
roumaine).
L’émotion se fait sentir aussi dans les études destinées au problème de la
latinité du roumain, objet également des préoccupations du linguiste Louis Michel.
Le professeur Alex. Miculescu de Bucarest, Roumanie écrit des pages denses sur la
Romanité roumaine, rédigées, comme une démonstration vivante, en roumain, et
V. A r v i n t e, de Ia i – Roumanie, soumet à la critique du spécialiste des faits de
langue, afin de démonter pourquoi le roumain est le seul à garder, avec son sens
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ethnique, le mot latin R o m a n u s (Les Roumains sont les seuls à conserver le
latin Romanus).
Traducteur et interprète de nombreuses œuvres littéraires roumaines, le
professeur Louis Michel s’est dirigé, en tant que chercheur, vers le vaste domaine
où se manifestent les mentalités et les goûts humains: celui de l’élaboration
artistique. L’a r t d u m o t témoigne avec la même force de conviction que la
s c i e n c e d u m o t les immenses possibilités d’expression de la condition
humaine.
Les recherches sur le phénomène littéraire trouvent, donc, pleinement leur
place à l’intérieur de ce volume: celles qui, par l’approche historique et le jugement
axiologique de certains écrivains représentatifs de la littérature roumaine, comme
M. Sadoveanu (G. I s t r a t i, Ia i, Les morts commandent aux vivants),
G. Bacovia, avec sont art placé de façon originale dans l’ensemble du symbolisme
européen (C. C i o p r a g a, Ia i, Fragments sur G. Bacovia), Hortensia PapadatBengescu (N. C r e u, Ia i, La poétique du « masque » dans les romans de
Hortensia Papadat Bengescu) ou celles qui, par la méthode comparatiste illustrent
les traits spécifiques d’un courant littéraire (A. M a c o v e i, Ia i, L’originalité du
romantisme roumain) et le timbre particulier de certains grands artistes
(I. A p e t r o a i e, Ia i, Deux poètes roumains: Eminescu et Bacovia).
Il nous est impossible de nommer, dans le cadre restreint que nous nous
sommes proposés, tous les 42 travaux qui constituent le volume. Notre but a été de
mettre en évidence, à l’aide de quelques illustrations, la charge affective qui, à
coté du potentiel intellectuel, donne de l’unité la diversité des problèmes abordés.
L’affectivité n’est en rien nuisible à la communication des vérités scientifiques. On
la sent enrichir et animer les idées même dans les études les plus érudites et les plus
abstraites par la nature des sujets, comme celle du professeur G. I v n e s c u (Ia i
– Roumanie), Sur la notion de neutralisation en linguistique, de H. G u i t e r
(Montpellier), Critique et limite d’une méthode, ou de J. G o u d e t (Lyon), La
dérive des structures.
L’effet de cet élément affectif, infus dans la structure de toutes les
contributions d’une haute tenue scientifique du volume d’hommage, se fait
remarquer non seulement dans la « solidarité » des auteurs avec le sens des textes,
mais aussi dans la communion qui s’établit avec les lecteurs; et c’est ce qui nous
fait comprendre pourquoi, à l’honneur de l’amitié pour un homme, s’ajoute, par sa
disparition, l’effrayante solennité du malheur.
Bibliographie
Michel, Louis. Langue des pêcheurs du golfe du Lion. Paris: Éditions d’Artrey, 1964.
Ra cu-Pistol, Silvia, Gina Nimigean, Ludmila Brani te. „Paul Miron. In memoriam.”
Alloquor – Studia Humanitatis Iassyensia. Ia i. 1-2 (2008), pp. 281-288.
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Transformations spirituelles reflétées dans l’œuvre de Camil Petrescu
Odette ARHIP
Université des Sciences écologiques Bucarest, Roumanie
Cristian ARHIP
Université « Alexandru Ioan Cuza » Ia i, Roumanie
Abstract
We assert the meagreness of an attempt to analyse Camil Petrescu’s work, especially his novels,
only in terms of Marcel Proust’s, André Gide’s, Stendhal’s influence and that of other foreign
writers, or as consequence of an arhitypal reading-grill. Although, generally speaking, the
attempts to associate literature with a mythical source are notorious, modern people continue to
transcende the historic moment in order to run into mythic time. For that purpose, we identify
and we suggest Don Quijote arhitypal field which can be concluded in Camil Petrescu’s novels.
Both the author and his character Ladima are arhitypal doubles of Cervantes’ hero. They all
wish to reestablish man’s primary, absolute state by rooting out madness or bluntness which
lead the institutions and the human actions. Like Don Quijote, Camil Petrescu’s character is an
European citizen, presented as a model, and who is under the sign of reason, conscious
discussion and quest of truth. Furthermore, both characters are incapable to correctly interpret
the reality and they do relate only with a self-achievement through an ideal love. Every ugly or
hideous thing in their proximity is rejected. Not lastly, Camil Petrescu’s characters and
Cervantes’ hero attest the tragic axiom: heroism stands for the simple believer.
Keywords: mith, arhetype, hero, truth, utopia, idealism.
Rezumat
Afirm m insuficien a interpret rii operei lui Camil Petrescu, în special a romanelor sale, prin
prisma influen ei lui Marcel Proust, A. Gide, Stendhal i a altor scriitori, ori ca o consecin a
grilei de lectur psihanalitice. De i încerc rile de a uni, în general, literatura cu o surs mitic
sunt notorii, în continuare, omul modern transcende momentul istoric pentru a reg si timpul
mitic. În acest sens, identific m i propunem un câmp arhetipal Don Quijote. Atât autorul, cât i
personajul Ladima sunt dubluri arhetipale ale eroului din opera lui Cervantes. Ace tia doresc s
reinstaureze starea primordial a omului, eradicând nebunia sau prostia ce guverneaz ac iunile
umane i institu iile. Asemeni lui Don Quijote, eroul lui Camil Petrescu este un european-model
aflat sub semnul ra iunii, al discu iei temeinice i al c ut rii adev rului. De asemenea, ambii eroi
sunt incapabili s interpreteze corect realitatea i se raporteaz numai la o împlinire prin iubirea
ideal , utopic , tot ceea ce este hidos fiind refuzat. Nu în ultimul rând, prin conduita prob , eroii
romanelor i cavalerul lui Cervantes confirm axioma tragic : eroismul e credul.
Cuvinte-cheie: mit, arhetip, erou, adev r, utopie, idealism.
Introduction
Au-delà des influences fréquemment mentionnées de Marcel Proust, André
Gide et Stendhal sur Camil Petrescu, il y a aussi d’autres coutumes pour sa
réception littéraire: l’intellectuel lucide, le style anticalophile ou la grille de lecture
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psychanalytique. On essaie d’identifier et d’argumenter l’existence d’un champ
mythique archétypal dont on n’a pas beaucoup entendu parler. On soutient les
points de vue de Mircea Eliade et Gilbert Durand comme que le mythe « raconte
une histoire sacre »1 et, quoi que soit le contexte, vise à créer une histoire2. De
manière géniale, Nietzsche avait vu – contrairement à ses successeurs – le fait que
le mythe qui constitue la pensée grecque est représenté par la narration de
l’antagonisme entre les forces apolliniennes et les forces dionysiennes.
Le modèle européen
On se propose de mettre face à face l’œuvre de l’écrivain roumain avec des
autres appartenant à la littérature universelle. Une telle œuvre, de valeur et
notoriété incontestées, est celle de Don Quichotte, œuvre qui, avec le temps, a eu le
privilège des interprétations célèbres (Unamuno, José Ortega Y Gasset etc.)3. On
connaît déjà le fait que l’écrivain roumain lui-même a eu un comportement et une
attitude de Don Quichotte pendant toute sa vie, de la même manière dont son héros,
Ladima, semble être un double archétypal du personnage de Cervantes.
Concrètement et succinctement, l’œuvre, qui a comme héros le chevalier de La
Manche, est cataloguée par Ortega Y Gasset «équivoque », à la limite entre parodie
et gravité. Le personnage principal est un « Christ gothique, déchiré par des
angoisses modernes »4. Le chevalier voyageur est considéré un modèle européen,
se trouvant sous le signe de la raison, du sérieux discours et la recherche de la
vérité. Dans ses discours on peut retrouver les grandes idées du rationalisme
renaissant: Shakespeare, Francis Bacon, Giordano Bruno, etc. Le héros souhaite le
retour à l’état primordial de l’homme, mettant fin à la folie du monde et
ressuscitant la sagesse. L’ensemble des aventures du chevalier, aussi ridicules que
grandioses, s’affirme comme une métaphore de l’humanité qui lutte pour
transformer le rêve paradisiaque en réalité, oscillant entre comique et tragique,
accomplissement et désastre, solutions et paradoxe5.
1
Cf. Eliade, Mircea. Sacrul i profanul, Bucure ti: Humanitas, 1992.
Cf. Durand, Gilbert. Structurile antropologice ale imaginarului, Bucure ti: Univers, 1991.
3
Miguel de Unamuno a étudié pendant 40 ans le phénomène Cervantes; Cf. Miguel de
Unamuno. Viata lui Don Quijote si Sancho, Bucure ti: Univers, 1973.
4
Cf. Ortega y Gasset, J. Meditatii despre Don Quijote, Bucuresti: Univers, 1973.
5
« Le héros se meut délibéré dans des dimensions et intensités extrêmes, de sorte qu’il
provoque et entretient la tension maximale de son évolution dans ce cadre
comportemental dont il s’y avait imposé. Ainsi, il joue aussi son rôle après un scénario
de roman authentique, où la tension maximale se trouve entre les limites d’une liberté
minimale. » Cf. Nimigean, Gina, Brani te, Ludmila. Romanul courtois în avatarurile
sale, in Intertext, no. 3-4/2009, pp. 164-177.
2
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Applications sur les personnages de Camil Petrescu
L’énoncé, qui commence la perspective donquichottesque, appartenant à
Fred Vasilescu, est un fragment de monologue intérieur survenu au moment où le
héros découvre l’intention de Ladima de se suicider: « Dans mon crâne bougent les
ailes d’un moulin à vent ». Fred s’aperçoit que Ladima a laissé une lettre d’amour
pour madame T. Cette lettre, qui contient aussi des accents dramatiques que lucides,
nous permet à percevoir Ladima comme l’individu aboulique qui, proche de sa
mort, commence à avoir une pensée saine: pendant sa vie remplie de ridicule, il
n’aurait pas dû aimer Emilia mais madame T. Son geste est significatif et fait
preuve que le poète est comme un héros donquichottesque étant donné que le
célèbre hidalgo vit de manière irrationnelle et finit par être quelqu’un avec une
pensée très claire et saine. Tudor Vianu l’affirme décidément: « Une importante
signification est liée à l’épisode final de l’histoire de Cervantes. Don Quichotte vit
comme un fou et meurt comme un homme avec une raison saine, reconnaissant ses
longtemps erreur et errance. Son retour au bon sens a lieu seulement quand le
ressort vital se rompt. »6. On se trouve devant une représentation archétypale de la
mort comme panacée du bizarre trouble mental. Continuant le fil logique des faits,
on peut nuancer une autre représentation, celle de la femme aimée, mais qui ne le
connaît pas. Aussi Dulcineea del Tobosso que madame T. peuvent parfaitement
s’encadrer dans le topos « elle ne sait pas qu’elle ne sait pas ». L’opinion se
retrouve chez Miguel de Unanumo: « Et après ça il cherche la femme à aimer.
L’image d’Aldonza Lorenzo, la jeune et très belle paysanne dont il avait été
amoureux, bien que la fille ne l’eût jamais su ou remarqué, devint pour lui l’image
de la Gloire et la nomma Dulcineea del Toboso »7. vitant le « vraie » amour et la
consommation de l’éros, Ladima, aussi que Don Quichotte, ont « une réaction
défensive pour que le personnage soit au moins protégé de l’échec de l’idéal, sinon
de celui total du réel »8.
D’où provient plus exactement la symétrie don Quichotte-Ladima? Les
crises de la notion du réel sont remplacées par un idéal. Quichotte est méfient de la
perspective du présent qui s’affiche devant lui et s’imagine une vision utopique du
monde. De manière subjective, le noble hidalgo crée un monde par son propre
point de vue, se défiant des réalités du présent. Les mêmes éléments se retrouvent
dans la situation de Ladima. Ignorant le fait que la Roumanie de ses temps passait
par une période d’augmentation du capital, il croit avec certitude que la récession
économique est un faux problème et l’état de la crise est dû à l’évasion fiscale
menée par les potentats de l’époque. Il écrit un article intitulé «La mauvaise
circulation » dans lequel il montre comment une poignée de gens ont accumulé des
grosses fortunes, défavorisant la plupart de la population. Par conséquent, il fait
6
Vianu, T. Cervantes, Bucure ti: ESPLA, 1955, p.34.
Miguel de Unamuno, op. cit., p. 168.
8
Florica Bodi tean. Don Quijote i fic iunea iubirii, en vol. International Symposium
“Research and Education in an Innovation Era”, 3rd Edition, november 11-12, Arad:
Editura Universit ii „Aurel Vlaicu”, 2010, p. 148.
7
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inconsciemment du mal à Nae Gheoghidiu, le patron du journal « Veacul » / « Le
Siècle ». Ladima croit dans des principes économiques qui sont valides seulement
dans le plan théorique. Les deux utopistes se rencontrent dans les faits d’essence.
Pour eux, toutes les femmes doivent porter une beauté distincte, tout ce qui signifie
laid ou hideux étant à priori rejeté et considéré comme inauthentique. « Création du
Moyen Âge, l'amour délicat et raffiné de la littérature de cour - celui de la poésie et
des romans chevaleresques - est une révolte contre la réalité dominante par une
fiction harmonieuse et élégante »9.
La laideur est substituée par l’imaginaire de la beauté absolue. Ainsi, dans
une expression de délire, Ladima croit que la triviale Emilia serait appropriée
comme modèle idéal pour les maîtres de la peinture flamande: « Ah, et une épouse,
une épouse ronde, blanche comme toi, avec des grands yeux verts, pleine de vie,
brillant de pureté et de santé… comme un modèle de Titien, comme est Lavinia ou
Emilia, préparant le thé… Avoir des pantoufles douillettes… Voilà… Voilà ce que
je rêve. ». 10 Selon leur optique, la beauté éclatante de la femme doit être
accompagnée d’une moralité à mesure. Dans son périple chevaleresque, les
premières deux personnes rencontrées par don Quichotte sont deux prostituées qui,
selon ses principes déformés, lui apparaissent comme les plus magnifiques
créatures. Ladima fait preuve de la même absurdité, Emilia lui semblant être une
créature séraphique qui vit dans une chambre brillante, pleine de pureté et de la
lumière, quand, en fait, sa pièce est plus ou moins un bordel semi-clandestin. Le
beaucoup plus lucide Fred Vasilescu consacre cette vérité: « Ici tu peux venir, mais
quand tu finis, il faut laisser une pièce de monnaie en-dessous du cendrier, sur la
table de nuit, et partir inquiet de laisser rien compromettant sur place » 11 . On
remarque la même bravoure chez Ladima qui, sur la terrasse du restaurant
« Movila », condamne à l’instant tous les outrages de Fred Vasilescu, malgré le fait
que le second était reconnu comme un boxeur redoutable. C’est pas les lions qui
peuvent vaincre le noble hidalgo, sinon des pauvres chats qui le griffent et le
mordent, en le couvrant de ridicule. Dans ce cas, le verdict d’Unamuno nous fait
découvrir une nouvelle représentation ayant de la valeur archétypale: le fait
insignifiant, apparemment inoffensif, peut en fait devenir une chose fatale. Les
êtres qui sont très petits et anodins, peuvent créer encore plus de désastres. Il faut
se souvenir que Ladima est vraiment obsédé par un vers appartenant à Rimbaud:
« Des serpents géants dévorés par des punaises ». Par leur conduite, les deux héros
confirment un axiome tragique: l’héroïsme est naïf.
La dernière représentation archétypale commune est constituée par ce
qu’Unamuno lui-même appelle « le plaisir de la défaite ». Chaque fois quand
Ladima et Don Quichotte se sentent vaincus et humiliés, ils commencent à
9
Florica Bodi tean. Condi ia femeii în literatura medieval , en vol. Cultur i comunicare
în spa iul unitar european, coord. Nimigean, Gina, Brani te, Ludmila, Ia i: Editura
Universit ii „Alexandru Ioan Cuza”, 2010, p. 33.
10
Camil Petrescu. Patul lui Procust, en Opere, I-V, Bucure ti: Minerva, 1973-1982,
p.
140.
11
Ibidem, p. 94.
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déclamer des vers appartenant aux divers auteurs ou des poésies créées par euxmêmes: « Et pendant que Don Quichotte gisait sur la terre, il trouva sa délivrance
parmi les faits de ces livres, de la même manière dont on trouve notre refuge au
milieu des histoires de nos livres. Il commença à rouler dans la poussière et à
réciter des vers, chose qu’on doit considérée comme un plaisir dans la défaite et
une métamorphose en substance chevaleresque ». En fait, en ce qui concerne
Ladima, il ne s’agit pas de la déclamation des vers, sinon de leur création et
inclusion dans des lettres désespérées, aspect qui ne modifie pas beaucoup les dates
du problème.
Et, si on accepte que le caractère de Camil Petrescu a beaucoup de choses
en commun avec celui de Don Quichotte, alors, conformément à la théorie du
pluri-perspectivisme de Tudor Vianu, G. Calinescu et N. Manolescu (ce qu’on
considère en fait un glissement archétypal), on peut trouver d’autres personnages
ressemblant au héros ibérique. Il y a des moments dans la vie de chaque personne
où, accablé des inquiétudes et des pensées obscures, on vit le sentiment bizarre de
la mort qui nous entoure. Malgré le statut social atteint ou l’état psychique vécu, le
néant nous fait le tour. L’effroi, l’angoisse de Martin Heidegger, te fait plus sage et
plus lucide, en te menant vers la connaissance intime de certaines vérités.
Déchiffrant les mystères de la mort, Ladima arrive à se connaître mieux en
défoulant cette troublante révélation dans les méandres de son journal. Ce type de
connaissance substantielle fait aussi creuser l’esprit d’Unamuno lorsqu’il analyse
les accès de mélancolie (apparemment) injustifiés de Don Quichotte. Enfin, une
dernière remarque: les « bretteurs » de Camil Petrescu évitent à luter contre ceux
qui ne connaissent pas les règles de ce jeu de l’honneur et de la mort. Celui qui
réussit à mieux synthétiser cette idée est l’officier prussien acceptant le dialogue
avec Nae Gheorghidiu sur l’art de porter une guerre. Parce que l’armée roumaine
est celle qui ne sait rien sur les normes de la guerre, la note d’ironie avec une teinte
sarcastique doit être de nouveau prise en compte: « Nous, les allemands, on aime
beaucoup le duel. Nous, les prussiens surtout, tous on a des coupures… Eh bien, on
a une sorte de proverbe: Il ne faut pas se battre en duel avec quelqu’un qui ne sait
pas du tout comment le faire car il est très dangereux. »12 L’ignorance, doublée
parfois d’arrogance, est beaucoup plus périlleuse que tout adversaire d’un tournoi.
C’est une leçon que Don Quichotte apprend depuis les livres qu’il porte tout le
temps sur lui: « Cher lecteur, il ne faut pas parler avec les gens qui n’ont pas été
nommés chevaliers ou ceux qui n’ont pas comme toi la lumière de la pensée, mais
la reçoivent d’autre part. Dis ton mot, suis ton chemin et laisse-les à le ronger
jusqu’à l’os. »13
Celui-ci représente, de notre point de vue, le mythe de Don Quichotte
reraconté par Unamuno et qui métamorphose dans un champ archétypal les romans
de Camil Petrescu. On a considéré l’étude critique du penseur espagnol un repère
certain car, tout le temps, on a tenu compte de l’idée de Mircea Eliade: « Unamuno
12
13
Camil Petrescu. Ultima noapte de dragoste, prima noapte de r zboi, ed. cit., p. 313.
Miguel de Unamuno. op. cit., p. 143.
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est le seul espagnol à avoir réussi à donner une nouvelle interprétation, ibérique,
sur l’idéalisme, en transformant une philosophie dans un mythe. » 14.
Une telle analyse sur Camil Petrescu le met dans un nouveau cadre qui ne
souligne pas seulement les influences étrangères, les pluparts françaises, mais
surtout la source mythique d’inspiration. Par l’intermède de l’éducation, la lecture
et le spectacle, l’homme moderne Camil Petrescu quitte son temps historique pour
retrouver le temps mythique des héros et gestes exemplaires.
Bibliographie
Doty, W. G. Mythography. The Study of Myths and Rituals: University of Alabama Press,
1986.
Durand, Gilbert. Aventurile imaginii. Imagina ia simbolic . Imaginarul, Bucure ti: Nemira,
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Ricoeur, Pierre. Oneself as Another, Chicago: University Press of Chicago, 1992.
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Vianu, T. Cervantes, Bucure ti: ESPLA, 1955.
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Bodi tean, Florica. Don Quijote i fic iunea iubirii, en vol. International Symposium
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14
Eliade, Mircea. Insula lui Euthanasius, Bucuresti: Humanitas, 1993, p. 217.
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Le groupe Ikona et la peinture ecclésiastique orthodoxe contemporaine
Vasile TUDOR, Carmen TUDOR
Université « Alexandru Ioan Cuza » Ia i, Roumanie
Abstract
Group Ikona members are teachers at Theological Faculties with departments of
Ecclesiastical Art in Russia, Bulgaria, Greece, Serbia and Romania. The initiative to set this
group up belongs to Prof. Dr. Georgios Kordis from the Faculty of Orthodox Theology,
Univ. of Athens. Members began their activity in Thessaloniki, Greece in May, 2009, with
International Iconographical Art Symposium. Symposia followed in Ia i, in November
2009, Sankt Petersburg, in October 2010 and New Valamo, Finland, in May 2011. The
purpose of these meetings is to continue and to enrich the tradition of Byzantine painting.
Keywords: Ikona group, symposium, art, orthodox church, icon, byzantine painting,
tradition, technical execution.
Rezumat
Membrii grupului Ikona sunt cadre didactice la Facult ile Teologice care au departamente
de Art Eclezial în Rusia, Bulgaria, Grecia, Serbia i România. Ini iativa constituirii
acestui grup a avut-o profesorul i doctorul Georgios Kordis, de la Facultatea de Teologie
Ortodox , Univ. Atena. Activitatea membrilor a debutat la Tesalonic, Grecia, în mai 2009,
cu un Simpozion Interna ional de Art Iconografic . Au urmat simpozioanele de la Ia i, în
noiembrie 2009, Sankt Petersburg, în oct. 2010 i New Valamo, Finlanda, în mai 2011.
Scopul acestor întâlniri este de a continua i de a îmbog i tradi ia picturii bizantine.
Cuvinte-cheie: grupul Ikona, simpozion, art , biserica ortodox , icoan , pictur bizantin ,
tradi ie, execu ie tehnic .
L’initiative de constituer ce groupe appartient à M. le Professeur dr.
Georgios Kordis, enseignant de la Faculté de Théologie Orthodoxe, Université
d’Athènes, Grèce. Vu qu’il a soutenu dans de nombreux pays de la zone chrétienne
orthodoxe des Master Class, il a connu des enseignants des Facultés Théologiques
qui avaient des sections d’Art Ecclésiastique.
Le Groupe Ikona a pour objectif la recherche, la conscience et la
continuation du système byzantin avec des lois concrètes et principes gouvernés
par une raison intérieure. L’inventaire de ces principes est le premier degré de
l’enseignement de l’art de la peinture des icônes, principes qui ne se modifient pas
dans le temps. Le style des icônes est variable d’une école à l’autre, d’un peintre à
l’autre et ce caractère variable du style est celui qui a transformé l’histoire de
l’iconographie orthodoxe. Une fois que l’on inventorie le problème de la peinture
orthodoxe contemporaine, par les symposiums organisés dans différents pays de
tradition byzantine, le Groupe Ikona désire avoir un dialogue entre ses membres et
les invités. Entre le 18 mai 2009 – le 23 mai 2009, s’est déroulé le Symposium
International d’Art Iconographique du Groupe Ikona, organisé par la Faculté de
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Théologie Orthodoxe de Thessalonique, Grèce. A cet événement ont participé des
enseignants de Russie, Bulgarie, Grèce, Serbie et Roumanie. Le suivant
symposium s’est déroulé à Ia i, entre le 16 novembre 2009 – le 20 novembre 2009,
à l’initiative de la Faculté de Théologie Orthodoxe, sous le patronage de la
Métropolie de Moldavie et Bucovine et de Son Eminence Teofan, Archevêque de
Ia i et Métropolite de Moldavie et Bucovine.
Parmi les membres du Groupe Ikona, ont répondu à l’invitation à cet
événement les suivants: Ilyina Anna, professeur de l’Institut de Théologie
Orthodoxe et Art Ecclésiastique de Moscou; Eugenia Davydenko et Philipp
Davydov, professeurs de l’Institut de Théologie Orthodoxe et Art Ecclésiastique de
Saint- Pétersbourg, Russie; Todor Mitrovic, professeur associé, Académie
Orthodoxe de l’Eglise Serbe pour Art et Restauration, Belgrade, Serbie; Ivanova
Desislava, professeur à l’Université Saints Cyril et Metodiu, Faculté de Théologie
Orthodoxe, Département d’Art Chrétienne, Véliko - Tarnovo, Bulgarie; Coman
Mihai, assistant universitaire de l’Université de Bucarest, Faculté de Théologie
Orthodoxe « Patriarche Justinien », section – Art Sacré, Roumanie; Sorin Albu,
Université d’Arts et Design de Cluj – Napoca, Faculté de Beaux - Arts,
Département de Restauration et Conservation des Œuvres d’Art; Vasile Tudor,
assistant de docteur de la Faculté de Théologie, Section – Art Sacré, Ia i,
Roumanie. L’invité spécial du moment a été le peintre muraliste Grigore Popescu.
La thématique et la technique d’exécution ont été au choix, les surfaces de
mur ont été préparées en fonction de la technique choisie. C’est pour cela que pour
la technique al secco 1, on a éliminé la couche de crépi pour la portion à peindre
jusqu’à la brique, après, on a appliqué une nouvelle couche de crépi à base de
plâtre, sable et chaux, armé par filet en fibre de verre, puis un enduit au plâtre et
chaux. Pour la technique al fresco2, après avoir éliminé la surface ancienne jusqu’à
la brique, on a appliqué une fresque noire ou arriccio3, après le renforcement, la
soirée avant le début de l’ouvrage, on a appliqué une couche souple de 5-7 mm,
1
Dictionnaire d’art, Bucarest, Meridiane, 1995, volume II, p. 50. Al secco - genre de
peinture murale où l’on applique les couleurs sur le crépi sec, le liant peut être une
émulsion naturelle d’œuf ou une émulsion artificielle, le chaux, la colle etc.
2
Dictionnaire d’art, Bucarest, Meridiane, 1995, volume I, p. 188. Fresco (it., frais). Le
procédé technique utilisé dans la peinture murale, où les pigments (pulvérulents) sont
mêlés avec de l’eau et appliqués sur un mortier de chaux humide (récemment enduit)
qui les incorpore. La technique fresco se base sur ledit processus de carbonatation, par
lequel le calcaire parcourt un cycle chimique complet et redevient pierre, formant à la
surface une pellicule dure, sémi- brillante, pareille au marbre. Une fois séchée, la
peinture al fresco n’est plus affectée par l’eau ou d’autres agents destructifs,
s’imposant comme l’une des plus durables techniques de la peinture.(…).
3
Ibidem, p. 39. Arriccio (it.) Terme qui définit la couche ou les couches internes qui comp
Bucarest, osent le crépi de la fresque (c’est-à-dire les couches superposées directement
sur la maçonnerie, afin de la lisser). Au cours du temps, il y a eu différentes formules
qui incluaient le sable et la chaux, parfois d’autres ingrédients. Sur arriccio on
applique intonaco.
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appelée fresque blanche ou intonaco4, sur laquelle on a pu commencé la peinture
proprement-dite.
Le symposium de peinture byzantine déroulé à Ia i a fait possible que des
peintres iconographes, muralistes et en même temps enseignants se rencontrent et
travaillent ensemble. A cet événement ont participé des étudiants de la section
d’Art Sacré, Théologie Pastorale, Faculté d’Arts Plastiques et d’autres facultés qui
ont eu l’occasion de parler, de se connaître, chacun d’entre eux élargissant son
horizon de connaissance, en fonction du spécifique artistique de chaque participant.
Le maître Grigore Popescu a joui d’un grand intérêt de la part des assistants
lorsqu’il travaillait. Des étudiants venus spécialement de Bucarest et Cluj ont
installé les trépieds et ont filmé le processus évolutif entier de l’exécution de son
ouvrage selon la technique fresco. Le maître Geogios Kordis a participé à un atelier
en mars 2010, à Ia i, où, en plus, de nombreux étudiants ont été présents, posant
des questions, filmant et faisant des photos. Après avoir fini l’ouvrage, le
professeur Kordis a eu un Master Class avec la thématique: le spécifique et
l’importance de la ligne dans la peinture byzantine.
Un autre symposium international a été organisé entre le 22 mai 2010 – 29
mai 2010 en Finlande, à Valamo Lay Academy5, avec l’appui du professeur de
théologie Vladimir Sokratilin. Le symposium s’est proposé de promouvoir
l’échange d’expérience dans la peinture contemporaine de style byzantin, invitant
les membres du Groupe Ikona, (formé par les professeurs universitaires, ci-dessus
appelés). La thématique a été centrée sur des scènes de la vie de Sainte Vierge
Marie, la technique d’exécution est tempera à l’œuf, silicate et acrylique, sur des
panneaux en bois stratifié, ayant des dimensions de 2m x 2,5m et avec une
préparation en chaux et silicate. Pourquoi organiser un tel événement dans ce lieu ?
Valamo Lay Academy, selon les témoignages de Vladimir Sokratilin, est un centre
culturel important en Finlande et en toute l’Europe de l’Ouest. Il a une école –
foyer, ouverte à tout le monde, offrant des cours pour des matières artistiques et
habiletés pratiques. Le centre est situé au monastère orthodoxe de New Valaamo,
qui offre une occasion unique aux étudiants de se familiariser avec la culture et le
style de vie monacale orthodoxe. Le séjour au monastère et la participation aux
services religieux de chaque jour dans la belle église, représentent pour la plupart
des visiteurs une expérience impressionnante qui est intensifiée par la tranquillité et
la beauté de l’environnement. Le fondement du programme d’enseignement
envisage, à l’aide des notions théologiques orthodoxes de base, à promouvoir les
valeurs locales, nationales, telles que la coopération et la solidarité. Dans un esprit
orthodoxe vrai, l’on encourage les qualités humaines d’intégration et tolérance.
En plus, Valamo Lay Academy offre des cours avec une durée de cinq
jours à deux mois, en fonction des sujets envisagés qui varient entre les icônes
4
Ibidem, p. 232. Intonaco (it.) Terme qui définit la couche de la surface du crépi de fresque
et qui (en état humide, récemment appliqué) reçoit le pigment de couleur.
5
Valamo Lay Academy a hébergé la quatrième édition des symposiums du Groupe Ikona.
Les précédents symposiums ont été organisés à Thessalonique – Grèce, Ia i –
Roumanie, Saint-Pétersbourg – Russie.
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peintes, mosaïque, vitraux, métaloplastie et bijouterie, gravure, etc, jusqu’à
différents aspects de la culture et tradition orthodoxe. Il est en étroite collaboration
avec plusieurs organisations nationales et internationales qui organisent chaque
année des conférences sur divers thèmes actuels. Par l’Association Oecuménique
des Académies et Centres Laïques en Europe (EAALCE), elles sont liées à un
réseau à niveau mondial d’institutions d’enseignement de ce genre. Lay Academy a
des salles de cours et ateliers d’art appliqué. En plus, l’on peut y trouver une
bibliothèque très bien douée6, une salle d’expositions et un centre très important de
restauration où fonctionnent des sections de restauration des ouvrages de peinture
huile, sur différents supports, peinture tempera sur bois et photographie ancienne.
Vu l’espace bien doué mis à disposition par les hôtes, l’ouverture officielle du
symposium s’est déroulée dans la salle de conférence quand on a décidé aussi le
lieu de travail du Groupe Ikona. Le professeur Georgios Kordis a fait une brève
présentation et après, on a commencé les préparations des panneaux support pour
peinture. Pendant la durée d’exécution des ouvrages, les étudiants et le public
intéressé ont eu la possibilité de dialoguer avec les auteurs sur le thème choisi, le
spécifique de la technique utilisée et les sources d’inspiration. Dans ce cadre
généreux, le symposium a eu un impacte extraordinaire sur les étudiants, apportant
une nouvelle vision sur l’art religieux byzantin, surtout dans un espace moins
familiarisé avec ce genre de peinture, tel que les Pays de la Péninsule Scandinave.
En conclusion, les membres participants ont présenté des images avec la peinture
ecclésiale de la zone d’où proviennent les ouvrages personnels, répondant aux
questions posées par les étudiants.
Le Groupe Ikona plaide pour une approche créative, personnelle, plus
actualisée, mais en même temps, conservant la structure de base et les lois
immuables de composition de la peinture byzantine. L’image créée doit maintenir
la fonctionnalité de l’icône, de prière et la relation cachée qui s’établit entre
l’image – le saint représenté – le croyant. On n’encourage pas l’idée de copier
jusqu’à l’obstination les icônes anciennes, déjà consacrées. Ce type de peinture fait
que les icônes ressemblent, causant une stagnation dans une seule caractéristique
stylistique. Tant bien exécutées que soient de telles icônes, elles augmentent le
sentiment de monotonie et même d’industrialisation.
Bibliographie
Dictionnaire d’art. Vol. I-II. Bucarest: Meridiane, 1995.
Dionisius de Furna. Le manuel de la peinture byzantine. Bucarest: Sophia, 2000.
Kordis, Georgios. Le rythme dans la peinture byzantine. Bucarest: Editura Bizantin , 2008.
6
La bibliothèque inclut surtout des livres à caractère ecclésiastique, de tous les pays
chrétiens, surtout orthodoxes, parmi lesquels on trouve des livres roumains, en spécial
des albums d’art médiéval et études.
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DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE
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Paradigma intercultural
i filmul de art
Dumitru OL RESCU
Institutul Patrimoniului Cultural al A. .M., Chi in u
Résumé
Les auteurs des films de non fiction dédiés à l’art dénotent un grand intérêt pour le
paradigme interculturel, avec ses fréquentes issues dans des espaces transculturels. Ce
genre des films, grâce à leur potentiel d’exploration, d’assimilation et de soumission au
langage cinématographique de plusieurs genres d’art (les arts plastiques, la chorégraphie,
l’art populaire etc.) de diverses civilisations et culture, s’est imposé comme une des
catégories importantes dans l’évolution de la cinématographie de non fiction, en provocant
les cinéastes de tous les temps et espaces «cinématographiques». Ceux-ci, cointéressés à la
valorisation des œuvres artistiques – l’une des fonctions principales du filme d’art, mais
aussi à la mise en évidence des problèmes sociaux, culturels et moraux, n’ont pas tenu
compte de la géographie, des nationalités, religions etc. C’est ainsi qu’on peut expliquer la
création du film Guernica, inspiré de la tragédie de cette ville espagnole, par le célèbre
réalisateur français Alain Resnais d’après les travaux du plasticien espagnol Pablo Picasso.
Les auteurs du film: Alain Resnais – le réalisateur, Paul Eluard – le poète, l’auteur du texte,
Maria Cassares – l’interprète des poésies, ressentent, assimilent et soutiennent les
souffrances du peuple espagnole. Les cinéastes italiens Luciano Emmer et Enrico Gras
ont lancé les documentaires Le Paradis terrestre, sur les œuvres du peintre hollandais
Hieronimus Bosch et, plus tard, sur les peintures du Pablo Picasso. Les films des cinéastes
hollandais Henri Storck et Paul Haesaerts, dédiés à Rubens et l’autre Du Renoir à Picasso –
une panorama de la peinture européenne, deviennent très connus sur les écrans du monde.
Les réalisateurs français Jean Gremillon et Pierre Kast ont trouvé des expressions filmiques
originales pour évoquer les désastres de la guerre par les œuvres du peintre Francisco de
Goya – une figure symbolique pour l’Espagne. Le réalisateur Ion Bostan a initié le genre de
film d’art dans la cinématographie roumaine avec le film Le massacre des innocents – une
« écranisation » de l’œuvre homonyme du célèbre peintre flamand Pieter Bruegel.
L’étude de ses exemples et des autres permet de faire la concordance entre les conceptions
et les pratiques interculturelles, ainsi que la configuration de l’unité et de la pluralité des
valeurs et des cultures.
Mots-clés: films de non fiction, film d’art, le paradigme interculturel, langage
cinématographique, Guernica, Les désastres de la guerre, Le Paradis terrestre, Le massacre
des innocents, Alain Resnais, Ion Bostan, Jean Gremillon et Pierre Kast.
Rezumat
Paradigma intercultural , cu ie iri frecvente în spa ii transculturale, i-a interesat în mod
special pe autorii filmelor de nonfic iune dedicate artei. Acest gen de filme, gra ie
poten ialului s u de explorare, asimilare i supunere limbajului cinematografic a mai multor
genuri de art (arte plastice, coregrafie, art popular etc.) din diverse civiliza ii i culturi,
s-a impus drept o categorie deosebit în evolu ia cinematografiei mondiale de nonfic iune,
provocând cinea ti din toate timpurile i spa iile „cinematografice”. Ace tea, fiind
cointeresa i de valorificarea operelor de art – una din func iile principale a filmului de art
–, dar i de eviden ierea unor probleme de ordin social, cultural i moral n-au inut cont de
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hotarele geografice, na ionalit i, religii i de alte motive. Astfel poate fi explicat faptul c
pe baza lucr rilor plasticianului spaniol Pablo Picasso cunoscutul regizor francez Alain
Resnais creeaz filmul Guernica inspirat de tragedia or elului spaniol Guernica, ars
totalmente în 1937 de bombardierele fasciste. În structurile filmului se interfereaz , se
asimileaz , se contopesc durerile poporului spaniol cu sus inerea, comp timirea i
atitudinea uman ale celor trei mon tri sacri Alain Resnais – regizorul, Paul Eluard – poetul,
autorul textului, Maria Cassares – interpreta poeziilor. Cinea tii italieni Luciano Emmer i
Enrico Gras lanseaz pe ecrane documentarele de mare succes Paradisul terestru despre
operele pictorului olandez Hieronimus Bosch i mai târziu despre desenele controversatului
Pablo Picasso. Regizorul Ion Bostan întemeiaz genul filmului de art în cinematografia
român cu filmul s i Uciderea pruncilor – o „ecranizare” a lucr rii omonime a celebrului
pictor flamand Pieter Bruegel. Devin cunoscute pe ecranele lumii filmele cinea tilor
olandezi Henri Storck i Paul Haesaerts dedicat lui Rubens i altul De la Renoir la Picasso
– o panoram a picturii europene. Iar regizorii francezi Jean Gremillon i Pierre Kast au
sit expresii filmice originale pentru a evoca dezastrele r zboiului prin operele pictorului
Francisco de Goya – figur simbolic pentru Spania. Cercetarea acestor exemple, precum i
a altora, face posibil punerea în concordan a unor concep ii i practici interculturale
precum i configurarea unit ii i pluralit ii valorilor i culturilor.
Cuvinte-cheie: film de nonfic iune, paradigma intercultural , filmul de art , limbaj
cinematografic, Guernica, Dezastrele r zboiului, Paradisul terestru, Uciderea pruncilor,
Alain Resnais, Ion Bostan, Jean Gremillon i Pierre Kast.
Problema concilierii unit ii i pluralit ii valorilor spirituale/culturale i-a
fr mântat de-a lungul secolelor pe filosofi, pe esteticieni i teoreticieni ai artei i
culturii, dar i pe creatori – reprezentan i ai tuturor genurilor de art i cultur . Cu
timpul evolu ia civiliza iilor a devenit de neconceput în lipsa diversit ii culturale
sau a rela iilor interculturale.
Marea migra ie a popoarelor, procesul globaliz rii inevitabile, comunitatea
pentru toat lumea a multor probleme de importan planetar au constituit o
anumit apropiere a popoarelor, o anumit consolidare pentru comprehensiunea
complexelor fenomene de divers natur ce se declan eaz în structurile evolu iei
civiliza iei noastre. Un proces ce include i psihologia intercultural preocupat de
asimilarea i explorarea identit ii „celuilalt”, descoperind valori sociale i
culturale necunoscute, integrându-le organic în alte spa ii. i aici un mare rol
apar ine artei cinematografice, care prin natura ei sintetic , prin limbajul universal
a reu it s penetreze cele mai diverse spa ii artistice, sociale i morale,
interpretându-le i propunându-le lumii spre cunoa tere i asimilare.
Paradigma intercultural cu ie iri frecvente în spa ii transculturale i-a
interesat în mod special pe autorii filmelor de nonfic iune dedicate artei – o
categorie deosebit de filme, unde operele de art finisate (arte plastice, coregrafie,
film, arte populare i alte genuri de art ) sunt supuse prin limbaj cinematografic
unor noi interpret ri i viziuni, deja ale cinea tilor, ob inându-se o nou oper –
audiovizual – cu statut estetic autonom.
Conceptualizarea interculturalit ii în filmul de art constituie un proces
complex, mai ales, atunci când apare, lucru firesc, momentul interpret rii unor
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realit i sau al unui fenomen artistic. Func ia interpretativ a artei i a culturii, în
mod general, de ine un rol important, când inem cont de interac iunea valorilor
interculturale integrate în procesul finit i care, gra ie interpret rii, devine un bun
spiritual/ estetic comun.
Deci, procesul de interpretare estetic a interpret rilor se afl la baza
filmului de art – o sintez organic , artistico-analitic compus din mai multe
viziuni, concepte, asimil ri de limbaje ale diverselor genuri de art , modalit i de
interpetare. Anume în componentele filmului de art avem posibilitatea s admir m
repercusiunile impactului spiritual al unor personalit i din diverse spa ii i
civiliza ii, cu cinea tii – reprezentan ii celei mai moderne arte. Anume aici se
intersecteaz , se interfereaz cele mai vechi i cele mai moderne tradi ii, culturi i
arte – fapt ce necesit implicarea multidisciplinar (estetic , filosofic , istoric ,
culturologic , antropologic .a.) i intercultural prin care se valorific , devin
comune problemele culturii moderne, dar i motivele ancestrale din cele mai
diverse stratific ri mitologice ale tuturor popoarelor i ale tuturor timpurilor.
Astfel, filmul de art , gra ie polifunc ionalit ii sale i a poten ialului de
explorare a realit ii, de asimilare i supunere limbajului cinematografic a mai
multor genuri de art din diverse civiliza ii i culturi, a provocat cinea ti din toate
timpurile i spa iile „cinematografice”. Ace tea, fiind cointeresa i de valorificarea
operelor de art – una din func iile principale ale filmului de art , dar obseda i i de
marea dorin de a spune lumii ceva nou, ceva important, n-au inut cont de hotare
geografice, na ionalitate i de alte motive ce nu se integreaz în sferele de m iestrie
artistic i talent. Astfel poate fi explicat faptul c , spre exemplu, cinea tii italieni
Luciano Emmer i Enrico Gras lanseaz pe ecrane documentarele de art de mare
succes Paradisul terestru, creat pe baza operelor pictorului olandez Hieronimus
Bosch i mai târziu – un alt film despre desenele controversatului plastician spaniol
Pablo Picasso. Devin cunoscute pe ecranele lumii filmele cinea tilor olandezi
Henri Storck i Paul Haesaerts dedicat plasticianului flamand Rubens i De la
Renoir la Picasso – o panoram conceput conform unei rigori axiologice. Iar
regizorii francezi Jean Gremillon i Pierre Kast au g sit expresii filmice originale
pentru a evoca dezastrele r zboiului prin operele pictorului Francisco de Goya –
figur simbolic pentru Spania.
Vestitul regizor francez Alain Resnais s-a afirmat cu documentarul de art
dedicat plasticianului olandez Van Gogh – filmul a fost decernat cu premiul Oscar
i a constituit o etap în evolu ia genului. Mai târziu cineastul Resnais lanseaz pe
ecranele lumii filmul Guernica, inspirat de lucrarea plasticianului Pablo Picasso,
care pe baza faptului documentar – tragedia ora ului bascilor Guernica ters
totalmente de pe fa a p mântului în 1937 de bombardamentele fasciste, creeaz
fresca de mari rezonan e civice i artistice Guernica. În componentele filmului se
întâlnesc dou culturi – francez i spaniol – conceptele a doi mari arti ti asupra
aceluia i eveniment. Astfel, tragedia s rmanului popor basc devine o durere a
artistului spaniol Pablo Picasso i apoi, prin discursul cinematografic – o durere
sfâ ietoare a autorilor filmului, a celor trei mon tri sacri: Alain Resnais – regizorul,
Paul Eluard – poetul, autorul comentariului literar i actri a Maria Cassares –
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irepetabila interpret a poeziilor lui P. Eluard. Prin film ace ti arti ti francezi au
reu it s împ rt easc lumii durerile tragice ale altui popor.
Acela i lucru Alain Resnais face i în filmul de fic iune Hirosima –
dragostea mea – un poem de dragoste pe fundalul marii tragedii a poporului
japonez care a încercat marele calvar al r zboiului atomic. Dar pân la acest film
Resnais, împreun cu un alt regizor francez Chris Marker, turneaz filmul i
statuile mor, în care î i expun – într-un limbaj cinematografic sobru – indignarea
sau chiar revolta despre dispari ia artei africane prin procesul de intensificare a
turismului i a contrabandei, o critic dur a civiliza iei albe fa de spiritualitatea
neagr . Filmul a f cut mare scandal ca pân la urm s fie interzis de cenzur .
Nu tim exact care ar fi fost motivul deciderii cineastului român Ion Bostan
creeze un film pe baza tabloului Uciderea pruncilor a pictorului flamand Pieter
Bruegel: tragedia motivului biblic tratat cu mare iscusin în tablou? Sau faptul c
o copie a acestei lucr ri executate perfect de fiul lui Bruegel – Bruegel cel Tân r,
se afl la Muzeul de Art din Bucure ti? Ori poate alte încerc ri l-au provocat pe
regizorul român, ca dup cele dou filme dedicate tot artei plastice – Pictorul
Nicolae Grigorescu i Theodor Aman – dar realizate într-un stil academic cu
pronun ate valen e monografice, s treac la o alt modalitate de gândire
cinematografic – la cea alegoric , lansându-se cu filmul Uciderea pruncilor –
considerat primul film documentar de art , în sensul no ional al genului, din
cinematografia român de nonfic iune? Înclin m s credem c pe cineastul Ion
Bostan l-a provocat i arta veritabil pentru care a avut o deosebit predilec ie. Dar
ne amintim i de contextul social-politic în care se aflau rile lag rului socialist,
inclusiv România, în anii ’50 ai secolului trecut, când a fost creat filmul Uciderea
pruncilor: def imarea cultului personalit ii; impunerea unor condi ii drastice de
tre imperiul sovietic, chiar amenin ri dure; invazia imperiului sovietic sub
drapelul imperialismului în Ungaria, Polonia (mai târziu, acest fel de a veni în
ospe ie cu tancurile, devine tradi ional).
De aceea filmul regizorului Ion Bostan ne sugereaz aluzii la aceste
condi ii inspirate din opera pictural a lui Bruegel. Prin interpretarea alegoric sau
fantastic – satiric , caracteristic operei lui Bruegel, se întrevede pozi ia lui
protestatar . El îndr zne te s efectueze aluzii directe la tragismul epocii sale, la
timpurile ducelui de Alba, care a ini iat i a dirijat grozavele represalii. Un artist ca
Bruegel nu putea r mâne indiferent la gravele crize sociale, morale i politice din
vremea sa. În lucrarea Uciderea pruncilor el reu te s interpreteze i s adapteze
cunoscutul motiv biblic – cu uciderea pruncilor din porunca lui Irod1 – la condi iile
rii sale. Acest fapt îl încearc i cineastul Ion Bostan, îns , din motive
binecunoscute, foarte aluziv i foarte atent.
Autorii filmelor de art cunosc bine condi iile modeste de mijloace i
procedee cinematografice, specifice filmului dedicat picturii, ce necesit apelarea
1
„Iar când Irod a v zut c a fost am git de magi, s-a mâniat foarte i, trimi ând (o tiri –
D.O.) a ucis pe to i pruncii care erau în Betleem i în toate hotarele lui, de doi ani i
mai în jos, dup timpul pe care îl aflase de la magi” (Noul Testament, Sfânta
Evanghelie dup Matei 2:16).
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la decupaje minu ioase i încadraturii exacte, capabile s p streze fondul ideatic al
operei originale, dar s genereze i noi idei, noi asocia ii. Dup mai multe abord ri,
în ultima variant de decupaj regizoral, tabloul Uciderea pruncilor s-a transformat
într-o nara iune cinematografic de nonfic iune cu viziunile i concep iile reflexive
ale cineastului Ion Bostan, supunând ulterior pe ecran materia bruegelian în
cadraje de mare exactitudine. Aici m iestria regizorului i a operatorului se impune
prin opera ia select rii, „a ruperii” sau a desec rii fragmentelor de imagini picturale
i a detaliilor dintr-un tot întreg i a încadr rii acestora, conform legilor
dramaturgice, în spa iul acelui patrulater unde se cumuleaz repercusiunile tuturor
opera iilor artistice, efectuate de c tre cinea ti.
Toate acestea îl determin pe criticul Ion Barna s afirme:
Regizorul Ion Bostan mânuie te cu un deosebit talent mijloacele de exprimare
cinematografic i, în special aici, cadrajul i montajul. Arta realizatorului
const înaintea de toate în felul în care i-a ales încadraturile. În nici un cadru
nu exist elemente plastice de prisos, inutile. Fiecare cadru exprim altceva i
contemplarea tabloului în întregime, la sfâr it, te uime te tocmai pentru c î i
dai seama cât m iestrie a cerut delimitarea savant a fiec rui încadraturi,
pentru c nici un element plastic din vecin tatea detaliului cuprins s nu apar
în cadru. Ion Bostan a izbutit astfel un decupaj identic ca stil, cu decupajul
unui film artistic. (Citat dup C liman 21)
Prin încadraturi bine gândite, prin travelinguri elaborate cu mare
scrupulozitate regizorul Ion Bostan eviden iaz cele dou for e din cadrul tabloului:
for a neagr – deta amentul de c re i înarma i i îmbr ca i în hainele
cotropitorilor spanioli dezumaniza i ca ni te robo i, ca un mecanism macabru
capabil de cele mai apocaliptice ac iuni, repezându-se s ucid neprih nitele fiin e
– pruncii. i alt for – suferinzii, mamele acestor prunci, care disperate de groaz
i durere, cad umilite în genunchi, rugându-se întru cru area copiilor.
Cu scopul amplific rii acestei st ri Bruegel utilizeaz poten ialul
dramaturgic al contrastelor, plasând în planul din fa al bestialului dezastru,
declan at într-o ambian de iarn (obsesia lui Bruegel) cu z pad alb , imaginea
unei gropi negre ceea ce în accep ia mitologic este un loc închis « destinat mor ii
i învierii i se opune luminii, reprezentând întunericul, haosul, intrarea în infern ».
(Evseev 320) Gra ie acestor conota ii motivul gropii e utilizat de Bruegel i în alte
lucr ri, cum ar fi Parabola cu orbii, Convertirea Sfântului Pavel .a. Spre regret,
acest motiv a r mas neexplorat cinematografic de c tre regizorul filmului Uciderea
pruncilor. În schimb succesiunea ritmic a figurilor, ce domin tabloul Uciderea
pruncilor, în film devine cu mult mai impresionant i nu numai prin inuta lor
expresiv , dar i prin iluzia mi rii eroilor. Lumina dirijat de operator
eviden iaz o ritmare a spectrului cromatic, o justapunere select a culorilor.
Corela iile dintre imaginile picturale deja sonorizate (s ne amintim de partitura
interpretat la org acompaniind fragmentele bestiale cu uciderea pruncilor) i
animate prin mi rile de aparat, travlinguri, prin ilumin ri i umbre, prin montaj
confer lucr rii bruegeliene volum, dinamic , noi accente, noi dimensiuni.
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În lucrarea Uciderea pruncilor Bruegel plaseaz în compozi ia tabloului
numeroase personaje, aranjându-le în grupuri separate (modalitate frecvent i la
pictorul olandez Bosch) i privindu-le de la în ime ca s reu easc s integreze în
lucrare toate personajele, eliminând i pericolul exlips rii reciproce ale acestora –
adesea prea numeroase pentru un singur tablou. Regia acestor „mizanscene
picturale”, efectuat cu m iestrie de Bruegel, face accesibil
i apropierea
cinea tilor pentru a explora cinematografic calit ile expresive ale diferitelor st ri
ale eroilor din lucrarea respectiv – activitate dificil dar important pentru a crea
structura unui film întreg aproape numai pe astfel de opera ii, fiindc a a cum a
observat i cineastul Lauren iu Damian « filmul Uciderea pruncilor este edificator
pentru structura lui cinematografic în condi iile unei maxime limit ri de mijloace
– i spun „mijloace”, gândindu-m la un plein-air sau la un spa iu scenografic, ce
permite mi ri de aparat sau, din punct de vedere dramatic, o ie ire din „ram ”».
(Damian 85) De men ionat c efectul ie irii fondului ideatic i semnificativ din
cadrul ramei tabloului – ceea ce înseamn noi valen e, noi valori – e considerat o
mare reu it a autorilor de film de art dedicat picturii. i regizorul Ion Bostan
reu te prin montaj asociativ, prin alternan ele izbutite a detaliilor cu întregul s
redea ori chiar s creeze situa ii dramatice, noi figuri poetice, facilitând ie irea
asociativ , aluziv sau sugestiv a acestora din rama tabloului.
Exactitatea compunerii tuturor componentelor filmului i a elementelor lui
structurale, v dita sobrietate vizual îl fac pe regizor s refuze de comentariul
literar, l sând totul pe seama imaginii i a partiturii muzicale i limitându-se doar la
câteva inscrip ii mai mult cu caracter informativ. Una din acestea con ine o
caracteristic precis a filmului: obiectivul aparatului de filmat a urm rit gândul i
mâna pictorului – idee sus inut i de criticul C lin C liman, care afirm c în
filmul Uciderea pruncilor înainte de oricine altcineva vorbe te artistul.
adar Uciderea pruncilor r mâne a fi primul film de art din
cinematografia român de nonfic iune i tot primul în care avem posibilitatea s
sesiz m unele repercusiuni ale impactului a dou genuri de art i a dou culturi:
cea flamand i cea româneasc .
Interesele artistului cineast Ion Bostan fa de destinele i aspira iile unor
mari arti ti str ini se manifest i în alt film al s u de art Dialog El Greco – Bach,
o lucrare plin de ingeniozitate, rafinament artistic i de o „cuceritoare
modernitate”, în care cineastul încearc o subtil analiz comparat între dou
materii – imaginea i sunetul – absolut eterogene, dar fiind atât de organic
cristalizate prin con inutul lor de frumos.
Ca structur , ritm, modalitate de abordate cinematografic a problemelor,
Uciderea pruncilor are mult comun cu filmul Dezastrele r zboiului al cinea tilor
francezi Jean Gremillon i Pierre Kast. Similitudinile vin i de la acelea i
bestialitate i cruzime, de la acela i caracter inuman al evenimentelor supuse
interpret rilor cinematografice. Diferen a const în faptul c primul film se bazeaz
pe un motiv biblic, iar cel de al doilea – pe un eveniment real: r zboiul francospaniol (1808-1814), declan at concomitent cu revolu ia burghez din Spania.
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Ace ti doi cinea ti francezi – Jean Gremillon i Pierre Kast, creeaz filmul
Dezastrele r zboiului, dedicat unuia dintre cele mai tragice evenimente din istoria
Spaniei, fiind provocat pe timpuri de cona ionalii lor, care, în frunte cu Napoleon
Bonaparte, au cucerit i subjugat Spania timp de mai mul i ani, urcându-l pe tron
pe un frate al lui Napoleon – Joseph Bonaparte. La baza filmului se afl celebra
serie de gravuri Dezastrele r zboiului, realizat de pictorul spaniol Francesco de
Goya, început în timpul r zboiului (1810) i finisat peste 10 ani, dar, din diverse
motive, publicat postum deabea în 1863.
Gra ie pozi iei deosebite a artistului Goya, care dup ce a slujit regelui
Spaniei a acceptat s fie pictorul principal la curtea regelui uzurpator, a fost p sit
de to i prietenii i admiratorii s i. Continu boala sa grea, dup care r mâne surd i
amenin at i de pierderea vederilor. Dup ce a creat cele mai frumoase portrete de
ducese, regine i regi, ducând o via de boem a pictorului de curte, via a lui Goya
se transform într-un spectacol mut: oamenii dragi, p rile, copacii au mu it
pentru totdeauna... Este avertizat dur i de inchizi ie pentru faptul c arta lui este
orientat spre degenerare i este dominat de un spirit de revolt împotriva ordinei
divine. Moartea copiilor s i (din cei dou zeci r mâne numai unul) i, mai târziu, i
a so iei sale – Josefe îl deprim totalmente. i toate acestea pe lâng situa ia
devastatoare de r zboi, ce domin într-o Spanie tr dat i schingiuit , cu scene
apocaliptice cu sânge, violen
i umilin . La toate acestea Goya era martor...
Fire te c ace ti factori au condi ionat caracterul, spectrul cromatic i toate
modalit ile de expresie a întregului ciclu de gravuri Dezastrele r zboiului.
Cinea tii au reu it ca în tot traiectul filmului s se simt starea psihic a
pictorului, o stare ce prinde calit i de dram perceput în culori tot mai sumbre.
Pictorul Goya din marile i preten ioasele sale preferin e cromatice de alt dat se
opre te cu stricte e la culorile alb i negru. Gros-planurile cu ochii, cu mâinile i cu
fe ele contuzionate de durere ale suferinzilor – copii, femei, b trâni – con inute în
cadrajele eviden iate de c tre cinea tii J. Gremillon i P. Kast, confer imaginii
dinamic i profunzime, amplific starea de groaz a secven elor, care, prin
consecutivitate, asociere cu altele, creeaz tabloul integru al oribilului dezastru.
În acest mod cinea tii au subliniat ideea emis de c tre André Malraux
despre aceea c , dac « Bosch îi aducea pe oameni în universul s u infernal, apoi
Goya aducea infernalul în universul uman”, afirmându-se prin opera sa drept „cel
mai mare poet al sângelui ». ( Malraux 54)
Cei doi regizori s-au str duit ca din discursul lor cinematografic spectatorul
i dea seama de pozi ia controversat a lui Goya, care nu se manifest nici
împotriva cotropitorilor francezi, nici împotriva tiranilor spanioli, pronun ându-se
cu vehemen contra fenomenului belic, contra r zboiului însu i. Acest mesaj
devine universal pentru Goya i persist în tot filmul. Pe el nu l-a interesat
desf urarea unui r zboi tradi ional. De aceea în film nu vom vedea imagini cu
scene de înc ier ri militare cu cavalerie, cu comandan i, cu tunuri i drapele.
Absen a spectacolelor militare este semnificativ , fiindc : ceea ce prezenta Goya
„are reversul r zboiului, i anume, r zboiul ca abator i morg , uciderea s lbatic
i disperat , schingiuirea, m cel rirea, actele de violen . Era r zboiul care se
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transformase într-un fel de fapt cotidian degenerat, un co mar zilnic, o demen
generalizat ” (Lundkvist 136).
Dac gravurile lui Goya din ciclul Dezastrul r zboiului se apropie mai
mult de un poem dramatic în imagini picturale, apoi i filmul cinea tilor francezi
ating nivelul unui veritabil poem cinematografic cu cele mai grave rezonan e
umane.
a, precum în gravurile lui Goya: „Ordinea canonic se rupe în urma
exploziei infinitelor planuri vizuale, din care este compus scena” (Giuliano 125)
tot astfel i în film alternan a dintre planuri de durat lung (cu imaginile
suferinzilor) i suita de detalii ori de planuri scurte formeaz o emo ional explozie
audiovizual i acel „vârtej dinamic în stare pur ” (Giuliano 125), ce îl reprezint
pe Goya, îi reprezint i pe autorii filmului.
În Dezastrele r zboiului, ca i în majoritatea lucr rilor sale, îl surprindem
pe Goya profund preocupat de problemele expresivit ii atât în con inutul lucr rii,
cât i în modalit ile de tratare compozi ional i cromatic . De aceea evenimentele
din unele gravuri din seria Dezastrele r zboiului se desf oar pe înserate ori chiar
noaptea. Astfel Goya î i creeaz mai multe posibilit i în plan expresiv i anume a
utiliz rii umbrei i semiumbrei, a spectrului cromatic preferen ial cu dominanta
culorilor întunecate, unde chiar negrul, cu gri-urile noroioase i p mântii, confer
tabloului expresivitate i sensuri imprevizibile. Toate acestea se refer i la lucrarea
3 mai 1808: Împu carea revolta ilor madrilieni, în care ac iunea se desf oar
noaptea. Printr-un cadraj foarte precis i montaj, conceput într-un mod sacadat,
cinea tii au redat desf urarea sângeroasei ac iuni, f cându-ne martorii a trei
momente importante din compozi ia lucr rii, aranjate conform unei reu ite logici
dramaturgice: la p mânt în b ltoaca de sânge se zbat patrio ii împu ca i; în centru
cu ochii acoperi i de groaza acestui spectacol al ororii – al i patrio i, care i pe ei îi
teapt rândul mor ii; din cohorta condamna ilor, cinea tii, printr-o apropiere lent ,
îl eviden iaz pe martirul disperat, cu priviri s lbatice i cu bra ele aruncate înl turi,
amintind de arhetipul universal – imaginea lui Cristos r stignit.
Imaginile sunt completate de sunetele unei rafale de tobe ce revin de la
începutul filmului, repetându-se dup o anumit caden , pân la final ca un
laitmotiv sonor pe imaginile masacrelor, împu turilor, execu iilor i a cadavrelor.
Ideea parti iei tobelor are un rol important în dinamica alternan ei imaginilor i a
dramaturgiei întregului film. De men ionat, c ideea îi apar ine regizorului J.
Gremillon, care s-a afirmat i în calitate de compozitor i de pictor – supranumit
„Prin ul Rena terii”, gra ie vastei sale culturi în toate domeniile artei. El este
autorul muzicii i al comentariului literar al filmului Dezastrele r zboiului.
Împreun cu regizorul Pierre Kast, ei, având deja o bun experien în domeniul
filmului de art , au studiat toate modalit ile de animare a imaginii picturale, de o
redare cât mai plenar i mai emotiv a cunoscutelor gravuri ale lui Goya. În film
optica cinematografic
i iluminarea au amplificat deformarea paroxist a
fizionomiilor i a corpurilor – tr tur caracteristic gravurilor Dezastrele
zboiului, orientând-o spre starea psihic a personajelor privite de cinea ti din
interior. Modalit ile de mi care ale personajelor (împrumutate conform unor
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rturii ale lui Goya, de la precursorul s u Velasquez), surprinse i fixate astfel de
i creeaz impresia c iese din ramele tabloului i î i continu mi carea spre noi,
spectatorii, se impune ca una din for ele motrice a seriei de gravuri Dezastrele
zboiului. Aceast modalitate pictural de a reda via a lumii i-a ajutat pe cinea ti
re-integreze acea realitate v zut de Goya: prin mi carea de aparat, prin
manipularea iscusit a opticii i a luminii, prin montaj i efecte sonore ei ob in
imaginea filmic a evenimentelor cu un alt ritm, cu o alt dinamic , ce apropie
discursul audiovizual de un spectacol cinematografic ancorat în cruda realitate a
Spaniei de alt dat . A a precum operele lui Goya prin îns i esen a lor estetic au
strat tradi iile vechi, dar concomitent fiind orientate spre mari deschideri
moderne, tot a a filmul Dezastrele r zboiului, în care regizorii Grimillon i Kast au
utilizat limbajul cinematografic tradi ional, dar din perspectiva înnoirii sale prin
cadraje i travlinguri mai îndr zne e, printr-o dinamic mai spectaculoas
provocat de efectele de montaj, de cele sonore i de partitura muzical . Iar lumina
dezintegreaz formele picturale în particule moleculare, în pori ce respir , sugerând
via
i profunzimi imprevizibile. Toate acestea ne duc la gândul c filmul
Dezastrele r zboiului, aidoma operei lui Goya, a fost conceput „mai mult s
provoace decât s informeze, s exprime decât s nareze”. (Giuliano 127)
Cei doi regizori francezi au f cut ca în filmul lor realismul dramatic din
gravurile lui Goya s devin mai pronun at, iar stilul s u de un inconfundabil
impresionism s domine tot filmul, eviden iindu-se expresia universal a operei
marelui artist spaniol.
Filmul Dezastrele r zboiului a continuat teribilul strig t al Spaniei, început
de Goya i, al turi de Guernica lui Pablo Picasso – lucrare plastic , care mai târziu
va deveni foarte popular i prin filmul vestitului regizor francez Alain Resnais.
Pân a se afirma ca una dintre cele mai marcante personalit i în domeniul
filmului documentar de art , adic pân la primul s u film Van Gogh (1948),
regizorul Alain Resnais petrece timp îndelungat în atelierele mai multor pictori,
studiind specificul artei plastice, diverse tehnici, spectre cromatice i alte aspecte
din domeniul esteticii i practicii acestei arte.
Comparativ cu predecesorii s i – cinea tii italieni Luciano Ermmer i
Enrico Gras – Resnais utilizeaz cu mai mult intrepiditate procedeele i
modalit ile de expresie cinematografic : mi rile de aparat, durata planurilor
cinematografice (num rul de planuri atinge cantitatea unui film de lung metraj),
cadrajul, accente prin apropierea sau îndep rtarea imaginii .a. Spectatorul devine
martorul unui proces de re-creare a operelor plastice, unde acestea î i dezv luie
virtu ile sale artistice printr-un nou limbaj – cel cinematografic, deosebindu-se
radical de ceea ce se f cea în filmele anterioare printr-o simpl fotografiere i
aranjare a tablourilor în ordinea lor cronologic .
Printr-un limbaj cinematografic sobru (filmul despre acest mare colorist
este realizat în alb negru, fiindc în opinia lui Resnais în felul acesta „va fi mi
expresiv arhitectura tragic a picturii lui Van Gogh”) cineastul elucideaz fondul
ideatic, amplific st rile dramatice. Prin universul operelor plastice Resnais
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investigheaz c ut rile pictorului Van Gogh, începând cu lucr rile din Olanda i
pân la cele din Paris.
Toate peregrin rile, c ut rile, urcu urile i c derile, chiar i nebunia
artistului la azilul de aliena i Saint Rémy, fiind depistate de c tre Resnais în
tablourile plasticianului i elucidate prin limbaj cinematografic, constituie
conceptul filmului prin care regizorul reu te s ne conving c nu subiectele,
con inutul tablourilor sunt dramatice, ci imagina ia, modul artistului Van Gogh de a
concepe lumea i de a o re-crea sau „maniera de a vedea i a picta” conform
expresiei esteticianului de film Jean Mitry, care a apreciat filmul Van Gogh «drept
o capodoper a genului». (Mitry 423) Întradev r filmul Van Gogh a avut priz la
spectator, învrednicindu-se cu „Premiul pentru cel mai bun film de art ” la
Festivalul Interna ional din Vene ia (1948) i cu prestigiosul Oscar (1950) al
Academiei Cinematografice Americane, dar, principalul, const în faptul c filmul
Van Gogh s-a impus în plan mondial ca o important pies de reînnoire a filmului
de art .
Dac în pelicula Van Gogh regizorul Resnais s-a str duit s exprime drama
artistului, apoi în cel de al treilea film al s u – Guernica (1950), el î i impune în
prim-plan propria viziune, dramatizând prin limbaj cinematografic opera unui alt
mare artist – pictorul Pablo Picasso.
Guernica r mâne a fi primul tablou din istoria artei ce a dezv luit oroarea
provocat de un eveniment ce se petrecuse pentru prima dat în istoria lumii:
distrugerea programat de c tre avioanele militare a unui ora de oameni pa nici.
Printr-un montaj asociativ, cu un ritm nervos regizorul Resnais, împreun
cu scenaristul Robert Hessens, î i compun nara iunea cinematografic din
imaginile tablourilor i schi elor lui Picasso, ce sugereaz sau chiar formeaz st ri
contrastante: dup imaginile cu or elul Guernica în ruine, cu fe e de b rba i
frumo i i femei cu copii în bra e apar imagini de clovni i arlechini – to i tragici
prin îns i esen a lor – vin s tr deze, s tortureze, s distrug o civiliza ie.
Momentul culminant al filmului Resnais îl construie te pe baza imaginilor
din compozi ia Guernica i a schi elor realizate pentru aceast lucrare.
Planuri scurte i foarte scurte cu imagini de fe e monstruoase, lamentabil
deformate – m rturii impresionante ale groz viilor îndurate în acei ani, alterneaz
cu imaginile denaturate ale unor animale (tauri, cai) furioase de durerea r nilor
sângerânde. Apogeul emo ional al acestui moment incandescent Resnais l-a
compus din alternan ele acelora i planuri cinematografice cu imagini animate de
capete de tauri i de cai în agonie, de fe e umane crispate de durere i spaim . Prin
animare i sonorizare aceste imagini prind via , devin tulbur toare.
Resnais face ca acordul final al filmului s sugereze omenirii o speran ,
dar concomitent s-o eviden ieze prin mesajul crea iei artistului Picasso, care a fost
numit „o algebr a speran ei” secolului s u.
Astfel, montajul asociativ, mi carea camerei de filmat pe liniile unei
geometrii intuitive sau emotive; disecarea pe vertical i pe orizontal a lucr rilor
lui Picasso; accentuarea (prin montaj, partitura muzical – compozitor Guy
Bernard, comentariul literar – poemele tr ite de P. Eluard i re-tr ite de
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M. Casares, efecte sonore) unor fragmente, linii, detalii atât din planul întâi, cât i
din celelalte planuri ale compozi iei plastice; jocul de lumini i umbre; animarea
unor imagini – toate acestea compun acel limbaj cinematografic, prin care s-a
asimilat opera plasticianului i prin care regizorul Resnais i-a compus propria sa
oper – filmul Guernica.
Filmul Guernica, devenind un eveniment în contextul social-cultural de
atunci, l-a interesat i pe cunoscutul filmolog Georges Sadoul:
Guernica a dep it cadrul unui film de art . În aceast simfonie plastic
Resnais face s se îmbine într-un torent unic multiple evenimente eterogene:
„perioadele” lui Picasso, picturi, fragmente de articole din ziare, sculpturi,
fotografii din reviste – toate acestea alterneaz în afara oric rei logici
cronologice.
...Ea nu este atât instructiv cât liric , este un cânt admirabil în imagini
vizuale. ( Sadoul 8)
Astfel Guernica, afar c este un veritabil film de art (Grand Prix Pentru
cel mai reu it film de art , la Festivalul Interna ional din Punta del Este, Uruguay,
1952), datorit mesajului s u pronun at, se impune la acela i nivel i ca un film
antir zboinic. Aceste dou teme vor domina crea ia cinematografic a regizorului
Alain Resnais. Infernul din filmul Guernica are rezonan e cu ororile fascismului
din documentarul Noapte i cea (1956) i cu asocierile apocaliptice din filmul de
fic iune Hiroshima, dragostea mea semnate de A. Resnais. Condi ia omului de art ,
locul acestuia în societate, rolul artei în via a spiritual a civiliza ilor sunt unele din
aspectele ce l-au interesat pe regizor în lungmetrajul s u Providen a. Spre sfâr itul
anilor ’50, cineastul A. Resnais se adreseaz culturii mondiale prin filmul de
nonfic iune Toat memoria lumii (1957) – despre capitalul spiritual mondial aflat
în Biblioteca Na ional a Fran ei. Mai târziu, Resnais avea s se dest inuie: „Se tie
eu atribui o importan primordial sond rii reac iilor psihicului omenesc. Dar
pentru mine psihologia înseamn , în primul rând, memoria, memoria care
înmagazineaz imagini demult uitate sau proiecteaz lumini nea teptate spre viitor.
În fiecare film închin o liturghie memoriei umane”. (Popi teanu 69) Liturghii ale
memoriei, ale frumosului, ale omenescului pot fi numite toate filmele regizorului
Alain Resnais, dar, în primul rând, cele dedicate crea iei i omului de art .
Cu totul alte interese artistice, alte lumi se afl în aten ia cinea tilor italieni
Luciano Emmer i Enrico Gras, care, dup lansarea filmelor sale de art Povestire
despre o fresc i Romanul unei epoci, creeaz documentarul Paradisul terestru,
având la baz opera pictorului olandez Hieronimus Bosch Gr dina desf rilor –
cea mai complex , mai bogat i mai variat în semnifica ii dintre celebrele
tripticuri panoramice precum Carul cu fân i Ispitele Sfântului Anton.
Tripticul selectat de cinea tii italieni pentru interpret ri cinematografice
dezv luie o erup ie de fantezie: portretiz rile idilice ale omenirii la vârsta inocen ii
vin s contrasteze puternic cu scenele apocaliptice, monstruoase pline de haos,
absurditate i co mar. Anume aceste contraste sau juxtapuneri de cele mai diverse
st ri, gândite i construite pe baza unei imagina ii ie ite din comun, expuse în
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secven e plastice deosebite din punct de vedere con inuital, compozi ional i
cromatic constituie axa dramaturgiei filmului Paradisul terestru. Cinea tii,
utilizând cele mai fine opera ii cinematografice, cum ar fi încadratura sau iluminare
unor detalii minuscule din opera pictural
i alte procedee din limbajul
cinematografic, reu esc prin iretlicul demonului, adic prin Bosch, s orienteze
procesiunea de oameni de la gr dina desf rilor spre ororile iadului. În nara iunea
cinematografic regizorii s-au folosit creativ i de faptul c chiar i compozi ional
tripticul a fost conceput la modul dramaturgic: al turi de cele mai erotice, obscene,
perverse, dar frumoase desf ri, interpretate de Bosch în culori ginga e, pastelate,
se afl groaznica judecat de apoi – conceput în cele mai sumbre culori.
Cinea tii italieni reu esc s descifreze conota iile limbajului profund
alegoric al operei picturale a lui Bosch i propun propriile solu ii audiovizuale.
Astfel, în film, al turi de predilec ia lui Bosch fa de urâ eniile lumii, este
eviden iat i contemplarea artistului fa de frumos, capacitatea plasticianului de a
si armonia sau contrastele culorilor. Frumoasele i tulbur toarele imagini de
senzualitate ispititoare eviden iate în prim-planuri i gros-planuri, efectuate de
cinea ti pe suprafa a panoului din centru al tripticului, i cele dramatice (cu
imaginile iadului) contrasteaz puternic între ele i spectatorul se apropie întratât
de evenimentele portretizate, încât pare s participe la ele.
Conform finei observa ii a criticului Virgil V
ianu, în scena cu Crearea
Evei sunt caracteristice nu numai atitudinile celor trei protagoni ti, dar îndeosebi
privirile lor. i cinea tii, prin gros-plan-uri ne conving de privirea grav a lui Isus,
curioas i pofticioas a lui Adam i pudic a Evei...
Analizând lucr rile lui Bosch, depist m un lucru curios, i anume
predilec ia pictorului pentru unghiurile ascu ite, pentru vârfuri, chiar i în cele mai
frumoase imagini. Dar regizorii filmului n-au inut cont i n-au elucidat aceast
tr tur caracteristic , mai ales, pentru panoul central al tripticului i a aripii din
dreapta. Gradina desf rilor con ine o mul ime de corpuri omene ti nude, al turi
de animale, p ri enorme, venite din cine tie din ce lumi, ce zboar sau zburd
într-un spa iu imaginar, unde b rbatul i femeia sunt gata s fac dragoste într-o
sfer transparent . Într-o piscin se scald femei goale, iar în jurul lor – o hor cu
personaje c lare pe tot felul de animale hidoase. Aceast lume a absurdului domin
ântreaga oper a lui Bosch i, în mod special, acest triptic. Poate era cazul, credem
noi, ca aceast mare ispit a absurdului din triptic s se r sfrâng într-un mod
organic i asupra componentelor, structurilor i compozi iei filmului, care e prea
moderat raportat la opera ce le-a servit cinea tilor drept inspira ie. E opera lui
Bosch – acel „copil teribil al picturii” – utilizat într-un film prea „cuminte”.
Poate a a i trebuia s fie rezultatele impactului a dou culturi foarte
difierite: cea italian a cinea tilor i cea olandez a plasticianului. De men ionat c
în filmul Paradisul terestru se eviden iaz i str duin a cinea tilor italienii de a
prezenta erudi ia lui Bosch, profunda sa cunoa tere a culturii i a mitologiei
opoarelor, a semnifica iilor celor mai importante simboluri, metafore i arhetipuri.
Dar o leg tur mai organic între con inut i form observ m în lucr rile ulterioare
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ale cinea tilor Luciano Emmer i Enrico Gras. Avem în vedere filmele de art
Leonardo da Vinci i Pablo Picasso.
Astfel, filmele nominalizate ne ajut s discernem o deschidere
transcultural influen at de pattern-urile sociale i culturale în care arti tii cinea ti
activeaz , ie ind prin film c tre noi contacte sociale i artistice, c tre o interferen
complex de viziuni i interpret ri. Or, integrarea într-o cultur str in ne impune
revizuirea propriei identit i, a propriei concep ii asupra lumii, presupunând
restructur ri i transform ri. Abord rile culturale ( i transculturale) prin filmul de
art genereaz procese de valorificare sau chiar de universalizare ale unor opere de
art , dar i eviden ierea unor probleme de ordin social, cultural i moral.
Rela iile interculturale ale celor dou persoane – cineastul i autorul operei
finisate – au, în cadrul filmului de art , posibilitatea cre rii unui nou produs –
tertium qvid ( al treilea ceva’), care poate fi superior i mai profund decât
realizarea sa în condi ii obi nuite. În afar de dublele delect ri estetice prin artele
plastice i arta filmului, aceste argumente audiovizuale eviden iaz factorii din
amplul spectru, polifunc ional, al filmului de art . În plan general ele ne-au convins
filmul de art a reu it s asimileze, s interpreteze i s sintetizeze mai multe
culturi, tradi ii, genuri de art , supunându-le limbajului cinematografic. Tot prin
filmul de art devenim martori ai felului cum durerile, problemele, aspira iile unor
arti ti ca Pieter Brugel, Pablo Picasso, Francesco de Goya, Hieronimus Bosch
devin comune i tot atât de importante pentru al i arti ti, ca Ion Bostan, Alain
Resnais, Luciano Emmer i Enrico Gras, Jean Gremillon, Pierre Kast .a.
Cercetarea mai multor exemple de filme de art face posibil punerea în
concordan a unor concep ii i practici interculturale, precum i configurarea
unit ii i pluralit ii valorilor i culturilor – factori decisivi într-un eventual
paralelism cu inevitabila globalizare a artei, culturii i a întregii activit i umane.
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Mitry, Jean. «Despre pictura filmat .» A aptea art . Antologie în dou volume îngrijit de
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Sadoul, Georges. „Lumea i pic tura de rou ”. Lettres francaises, nr. 778 (1959),
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La culture profane et la culture religieuse dans l’oeuvre
Souvenirs d’enfance d’après Ion Creang
Adela DR UCEAN
Université «Aurel Vlaicu», Arad, Roumanie
Abstract
In the traditional village time is measured according to certain important moments from
man’s life (birth, marriage, death), but especially according to that celebrating time that has
a metaphysical load. Celebration used to be a way of gathering the whole community, an
occasion to share personal joys and sorrows with the people from the village but also a
moment to stop the clock. Time is stopped not only by the celebrating time but also by the
childhood time. Because of this, in Memories from childhood. Ion Creang connects some
of Nic ’s happenings to important moments from the life of a saint – Ilie, Nicolae, Foca,
but also from the life of Jesus Christ, the Savior – Birth, Baptism, Entrance in Jerusalem.
Thus, the harmonious mixture of the childhood happenings and the events with
metaphysical load makes us talk about a profane culture and a sacred culture in the
memorialistic work of Ion Creang .
Keywords: celebration, happening, childhood time, celebrating time, profane culture,
sacred culture.
Rezumat
În satul tradi ional timpul se m soar dup anumite momente importante din via a omului
(na tere, nunt , moarte), dar mai ales dup acel timp s rb toresc care are o înc rc tur
metafizic . rb toarea era un prilej de a aduna la un loc întreaga comunitate, ocazie de a
împ rt i întregului sat bucuriile sau necazurile personale, dar i moment de a opri limbile
ceasornicului. Nu doar timpul s rb toresc opre te timpul, ci i timpul copil riei. Din aceast
cauz în Amintiri din copil rie, Ion Creang leag unele întâmpl ri ale lui Nic de momente
importante din via a unui sfânt – Ilie, Nicolae, Foca, dar i din via a Mântuitorului Iisus Hristos
– Na terea, Botezul, Intrarea în Ierusalim, Învierea. Împletirea armonioas a p aniilor din
copil rie i a evenimentelor cu înc rc tur metafizic ne face astfel s vorbim de o cultur
profan i de o cultur sacr în opera memorialistic a lui Ion Creang .
Cuvinte-cheie: s rb toare, p anie, timpul copil riei, timpul s rb toresc, cultur profan ,
cultur sacr .
En parcourant les quatre chapitres de l’oeuvre Souvenirs d’enfance, on
constate que Ion Creang unit la culture profane avec la culture sacrée. À la suite
d’une analyse sérieuse on peut observer que les mésaventures de Nic sont liées
aux certaines fêtes du calendrier religieux, comme par exemple: le Saint Elie, le
Samedi de Lazare, la coupe de la tête de Jean Baptiste, Noël, Pâques etc.
L’écrivain arrête le temps au moment plein de vivacité et de sottises, mais
en même temps il le fixe en tenant compte aussi du temps solennel, sacré au sein de
la communauté traditionnelle. Les espiègleries de l’enfance ont lieu dans une
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ambiance réelle de l’existence, dans un cadre humain et géographique, celui de la
région natale, celui de Humule ti. Le village de Humule ti constitue pour Creang
une contrée féerique de la candeur infantile, mais aussi « le centre de l’univers »1 –
selon l’avais de Mircea Eliade concernant le village traditionnel – où le temps est
mesuré en fonction du temps solennel caractérisé par une charge métaphysique. Ce
genre de temps à une telle charge sacrée, selon l’affirmation de Vasile B ncil , a le
rôle d’enlever le temps passager: « Les fêtes constituent la volonté profonde des
peuples pour vivre, manifestée par l’éloignement de la futilité du temps et par la
descente en enfer des sens profonds et lumineux de l’existence »2. L’écrivain lie les
souvenirs de l’enfance pour arrêter le temps, pour souligner davantage le cas que
les faits passés ont une influence considérable sur la vie d’une personne mûre dans
la même mesure que les fêtes influencent la vie d’une communauté traditionnelle.
Ce qui est intéressant c’est que les péripéties du héros s’harmonisent à merveille
avec la période où elles se passent, ce qui nous détermine à penser que rien dans
l’œuvre n’est accidental. On peut observer cela entre l’histoire de Nic et la
période du Carême ( resimii).
Le terme de Carême signifie toute la période de la Quarantaine, des Pâques,
et la Moitié du Carême représente les deux périodes de préparation pour le jour de
la Résurrection. À la campagne la dernière est appelée aussi le Centre du Carême
(Miezul Paresimilor, Paresii, Miaza Paresii, Pare i) ou Murs (nom à signification
précise vers le mot mur, c’est-à-dire une construction ou objet qui délimite quelque
chose).
En Souvenirs de Ion Creang on mentionne la fête qui marque la moitié du
Quarantaine: « Puis on nous a rangé à côté d’autres écoliers et on nous a donné
quelque chose à étudier selon notre possibilité, entre autres, L’ange a crié, par
cœur. Il nous est arrivé cela jusqu’à la moitié du Carême. Un beau matin nous nous
sommes réveillés et soudain nous avons constaté d’avoir contracté une sorte de
gale présente aussi des chèvres d’Irinuca. Que faire maintenant ? L’instituteur ne
nous permettait plus d’aller à l’école, Irinuca ne pouvait pas nous guérir, mon
grand-père ne pouvait pas être annoncé, les provisions allaient finir, malheur à
nous ! Je ne sais pas comment il arrive mais vers l’Annonciation, il commence à
faire très chaud, une chaleur qui réussit à fondre la neige et les ruisseaux s’écoulent
et Bistri a monte de bord en bord, d’une telle manière qu’elle a failli démolir la
maison de Irinuca. Et nous, par une telle chaleur nous nous graissions avec de la
lessive trouble, nous restions dehors au soleil tout nus pour que le cendrier sèche
sur notre corps puis nous entrions dans la rivière de Bistri a pour nous baigner.
C’était le conseil d’une vieille femme pour qu’on guérisse de gale. Vous pouvez
imaginer ce qui veut dire se baigner en Bistri a, à Bro teni, deux fois par jour,
justement pendant la Quarantaine ! Nous n’avions rien: ni pain de côté ni fièvre, ni
1
2
Mircea Eliade. Le sacré et le profane, Bucarest: Edition Humanitas, 1992, p. 58.
Vasile B ncil . L’esprit des fêtes, Bucarest: Edition Anastasia, 1996, p. 54.
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aucune autre maladie, en échange la gale était toujours présente. D’ailleurs on dit
souvent: on ne peut pas s’en débarrasser »3.
Comme le Carême divise la Quarantaine en deux, de même cette fête
délimite le séjour de Nic et de son cousin dans la maison d’Irinuca. L’intégration
des faits à l’approche de ce Carême n’est pas accidentelle parce que, la première
partie de celui-ci est beaucoup plus facile à la différence de la rudesse des jours de
la Semaine Sainte. Métaphoriquement parlant, la période de pénitence des deux
enfants consiste dans leur lutte avec la gale, les passions étant marquées par la
destruction de la maison d’Irinuca, le meurtre de la chèvre, la fuite du lieu de
l’action et le chemin difficile vers la maison des grands-parents, et la Résurrection,
le jour où les garçons ont reçu la bénédiction à l’occasion de leur guérison de la
gale, à l’aide des remèdes connus par la grand-mère Nastasia.
À la même période du Carême est lié aussi le Samedi de Lazare, le dernier
samedi avant la Semaine des Passions. Avant l’Entrée du Seigneur au Jérusalem
(Le Dimanche des Rameaux) Jésus le Sauveur fait un miracle qui allait surprendre
plus que jamais les gens, si méfiants devant les miracles que le seigneur accomplit.
La Résurrection de son ami Lazare de Béthanie, mort depuis plus de quatre jours et
enterré, a été la preuve incontestable de la déification de Jésus Christ.
L’évangéliste Jean raconte (Jean 11) que, à la veille de son entrée en Jérusalem,
quelques jours avant Ses Passions, le Sauveur Jésus Christ, arrivé en Béthanie, a
été sollicité par les sœurs de Lazare (ami de Jésus), Marta et Marie, où Jésus avait
été hébergé plusieurs fois pendant son activité publique (Luca 38-42). Lazare était
malade, ses sœurs ont appelé Jésus pour qu’il vienne guérir leur frère. Mais Lazare
est mort avant l’arrivée de Jésus, et de cette façon aura lieu le grand miracle de la
Résurrection qui, mort déjà quatre jours auparavant et déposé dans le tombeau est
ressuscité par le Rédempteur. Plusieurs des Juifs qui étaient là et qui virent ce que
fit Jésus, crurent en lui. (Jean 45)
La fête de la Résurrection de Lazare est présente aussi dans l’œuvre
Souvenirs d’enfance de Creang : « Un beau jour Irinuca étant en village et ayant
l’habitude d’y rester longtemps, comme la fille de l’adjoint du maire du village
nous n’avions, nous rien à faire ? Nous escaladons la montagne, un peu plus loin de
sa maison, un morceau de palis à la main, et comme les ruisseaux coulaient
terriblement, surtout un blanc comme le lait, le diable nous met à arracher une
rache de sa place qui tenait à peine et la rache roule vers la vallée avec une vitesse
extraordinaire; elle passe par la palissade et par l’antichambre d’Irinuca, passe chez
les chèvres et va directement à Bistri a. Tout cela se passait dans le samedi de
Lazare, vers le midi. Ei, ei ! Que faire maintenant ? La palissade et la maison de la
pauvre femme étaient détruites et gisaient par terre, une chèvre morte, des choses
qu’on ne peut pas prendre à la légère. À ce moment nous avons oublié de gale et de
tout, parce que nous avons commencé à trembler de peur.
3
Ion Creang . Souvenirs d’enfance, Bucarest: Edition la Lettre Internationale, 2005, p.189.
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– Ramasse vite tout jusqu’à l’arrivée de la vieille femme et courons avec ce
radeau chez mon frère Basile, à Borca, dit Dumitru, car les radeaux commencèrent
à circuler.
Nous réussissons à prendre toutes les choses que nous trouvions par là,
nous allions vite au radeau et les bateliers, sérieux, partent. Je ne peux pas
m’imaginer ce que Irinuca aurait pu dire après notre départ, mais je sais que j’avais
une peur bleue jusqu’à Borca, où nous nous sommes couchés »4.
Tout le monde attendait que le Rédempteur ait fait des miracles et les
enfants à leur tout espéraient d’être guéris de gale. Si jusqu’au Vendredi Sec rien
n’a pu guérir les deux compagnons de souffrance, à l’occasion du Samedi de
Lazare la vie de ces deux enfants changera et ils pourront enfin oublier de leur gale
grâce à une grosse pierre.
L’homme qui souffre apparaît dans les deux narrations, tantôt en Souvenirs
d’enfance que dans la Résurrection de Lazare. Dans la dernière narration le
Rédempteur exige qu’on enlève la pierre qui se trouvait à la porte du tombeau.
Marta essaie de s’apposer en disant que quelque chose sent mauvais déjà, ce qui
veut dire que Lazare était entré en putréfaction. Jésus Christ, en la conseillant
d’avoir de la croyance remercie tout d’abord au Père pour le miracle qui allait se
produire, puis et appelle Lazare dehors. Celui-ci passe du tombeau tel comme on
l’avait enterré: enveloppé en un linceul et un long voile sur le visage.
Dans l’œuvre de Creang les choses se passent à l’envers: la grosse pierre
qui a été déplacée de sa place ne ramène pas avec soi la vie mais la mort et
beaucoup d’ennuis: « le diable nous met à ébranler une pierre de sa place qui tenait
à peine et elle roule vers la vallée en grande vitesse; la grosse pierre a détruit déjà
la palissade et par l’antichambre d’Irinuca, passe chez les chèvres et va directement
en Bistri a. Tout cela se passait le samedi de Lazare, vers le midi. Ei, ei ! Que faire
maintenant ? La palissade et la maison de la pauvre femme étaient détruites et
gisaient par terre, une chèvre morte, des choses qu’on ne peut pas prendre à la
légère. À ce moment nous avons oublié de gale et de tout, parce que nous avons
commencé à trembler de peur »5.
Après cette « bonne » action que les garçons viennent de faire, ils décident
que, le Dimanche des Rameaux voulaient rentrer à la maison: « Le lendemain, le
dimanche des Rameaux, de très grand matin nous sommes partis de Borca à
l’Ancien Pays, avec deux montagnards à cheval, vers Pipirig » 6.
La fête de l’Entrée de Jésus au Jérusalem est connue parmi les gens sous le
nom de Rameaux ou le Dimanche des Grâces, parce que, en son honneur, les
empereurs accordaient des grâces. Ce jour ouvre la Grande Semaine, occasion pour
faire des pélérinages aux Saints Lieux. Le pélérinage à l’occasion du Dimanche des
Rameaux, pratiqué aujourd’hui, annonce, comme les livres pour le service divin
d’ailleurs, la relation spirituelle entre le Samedi de la Résurrection de Lazare,
4
Ibidem: 190.
Ibidem: 190.
6
Ibidem: 190.
5
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suivie par le Dimanche de l’Entrée en Jérusalem terrestre et le Grand Samedi du
repos du Seigneur dans le tombeau, suivie du Dimanche de la Résurrection.
Entre toutes ces fêtes, il y a une liaison même dans notre œuvre. Dans le
Samedi du Lazare, les deux enfants ont détruit la palissade et la maison d’Irinuca et
ont tué la chèvre: « la palissade et la maison de la femme détruites par terre, une
chèvre morte ce ne sont pas des choses à prendre à la légère ». Puis, après la bonne
action qu’ils viennent de faire, ils décident qu’ils doivent rentrer à la maison
justement à l’occasion du Dimanche des Rameaux: « et le lendemain, le dimanche
des Rameaux, de très grand matin nous sommes partis de Borca à l’Ancien Pays,
avec deux montagnards à cheval, vers Pipirig ». La pélérinage de Rameaux est,
d’ailleurs, une attestation de la victoire de Jésus Christ sur la mort de Lazare et une
prévision de la victoire de Jésus sur le pêché, sur la mort et sur l’enfer, par sa
Résurrection de la mort. Le pèlerinage de Rameaux, annonce par conséquent,
comme les livres du service divin orthodoxe aussi, la relation entre le Mystère de la
Croix et la Résurrection du Seigneur, entre l’Entrée du Seigneur en Jérusalem
terrestre, afin de souffrir « pour nous, les hommes et pour notre salut » et l’entrée
du Seigneur en Jérusalem céleste, afin de nous offrir une vie et une joie éternelles.
Et en effet, le dimanche des Rameaux, les garçons vont en pèlerinage vers
leur maison: « Il y avait un beau jour ce dimanché-là et les montagnards disaient
qu’ils n’avaient jamais vécu un printemps comme celui-ci. Malgré tout ça, moi et
Dumitru, nous chantions en cueillant des violettes et nous marchions en sautant et
en nous lutinant comme si nous n’étions plus les enfants pleins de gale de Bro teni,
qui s’amusaient copieusement dans la maison d’Irinuca. Nous avons continué à
marcher et vers le midi, soudain le temps devenait capricieux et il a commencé une
tempête terrible prête à mettre les sapins par terre ! Probablement la vieille Dochia
n’avait pas enlevé ses touloupes ! Il a commencé à bruiner, puis c’était la giboulée
pis il a fait froid et la neige est tombé en mesure à nous barrer la route. Il y avait du
brouillard et de la neige et la route devenait presque impraticable.
– Par hasard, le temps s’est-il gâté ? – dit un des montagnards en soupirant.
Je me disais qu’il était impossible que l’hiver ait passé si vite. A partir des lieux
isolés où l’on tient les agneaux, le chemin devenait de plus en plus confus et nous
ne savions pas où aller. Nous nous sommes proposés de marcher au hasard.
– Vous entendez la voix d’un coq, dit l’autre montagnard. Allons de ce
côté-là et espérons qu’on arrivera dans le village.
Enfin, nous descendons difficilement des pentes dangereuses et nous nous
perdons entre les buissons de sapins et les chevaux glissaient et allaient en roulant
et moi et Dumitru, nous marchions et nous pleurions en cachette à cause du froid;
les montagnards gémissaient et ils mordaient les lèvres de colère; la neige ayant
couvert la terre par endroits jusqu’à la taille et il faisait déjà nuit quand nous
sommes arrivés dans une impasse de montagne où on entendait la voix d’un
ruisseau qui venait, comme nous aussi, à partir d’une colline vers la vallée, en
s’écroulant et en frappant les roches sans sa volonté… Le ruisseau suivait son
chemin et nous nous sommes restés sur notre place ayant l’intention de préparer
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DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE
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une polenta, mais il n’y avait pas d’eau. Garçon, allez dormir enfin, dit un des
montagnards, en allumant un sapin.
– On s’est arrêté; nous étions assez distraits. Nous avions commencé à
manger; on nous est resté peu de provisions. Peu de temps après nous nous sommes
recroquevillés autour du feu: au-dessus de la neige, au-dessous de l’humidité. Nos
conditions étaient lamentables. Probablement la malédiction d’Irinuca fonctionnait.
Enfin, il fait jour et après s’être lavé avec de la neige et après avoir prié Dieu nous
partons de nouveau. La neige avait cessé et après beaucoup d’effort nous avons
retrouvé la route »7.
Le pélérinage de Rameaux, comme une procession de la communion et de
la communion écclésiale mais aussi comme un voyage – passage par la cité, il
constitue en même temps le symbole de notre vie passagère. 8
On peut tirer la conclusion que le court vayage de Nic et de Dumitru
signifie une initiation, le chemin proprement – dit ne comptant pas trop.
L’important c’est la leçon apprise par ces péripéties et certainement chaque histoire
peut nous enrichir la vie. Le pélérinage vers Jérusalem céleste commence tout
d’abord dans les âmes sur la « voie de la croyance » en ramassant les fleurs des
bonnes actions pour la rencontre avec Jésus Christ le Seigneur, celui qui a fait Sa
Croix l’escalier de résurrection et de Sa Résurrection, le début de notre vie
éternelle. Pour les deux espiègles les fleurs signifient les actions entreprises, les
fleurs étant seulement les violettes: « moi et Dumitru, nous chantions sans cesse en
cueillant des violettes sur la plaine »9.
Le Dimanche des Rameaux représente le signe de la liberté en chemin vers
la sainteté, l’humanité, la paix et la joie, ce que nos héros ont fait à leur tour même
au moment où on a produit des ennuis à Irinuca et ont décidé de partir en
« pélérinage » à la maison à cause de la peur en vue de chercher le calme spirituel.
Après ce chemin de l’offrande, Nic et son copain auront le béni miracle
de guérir de gale à l’aide de la grand-mère de Nastasia: « et après les lamentations
et les pleurs de la grand-mère après ses coutumes, après nous avoir nourri et nous
avoir hébergé, elle est allée dans le vestibule, a pris un petit pot en terre à goudron
en bouleau, elle nous a mis des pieds à la tête et puis elle nous a offert le fourneau
chaud pour dormir. Et ainsi elle a continué à nous joindre deux ou trois fois par
jour et nuit jusqu’au Vendredi Sec quand nous nous sommes réveillés, guéris
complètement ».10
Finalement, le Grand Samedi, Nic arrive à la maison, à Humule ti, où il
reste tranquille et il pourra se reposer après tant d’aventures. Maintenant il était
déjà guéri de rogne et content il passera la fête des Pâques dans son village bien
7
Ibidem : 192.
« Le Sacré et le Profane, les valeurs colorées et lumineuses s’adressent à la partie sensible
et, surtout, affectueuse de notre conscience esthétique, offrant un point de support
original à la mission constructive de l’artiste. » – Arhip, Odette. Opera pictural – o
lectur semiotic , Ia i: Edition Junimea, 2009, p. 156.
9
Ibidem: 190.
10
Ibidem: 193.
8
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aimé: « ensuite le Samedi des Pâques on m’a envoyé chez mes parents, à ma
maison, à Humule ti »11. Le jour des Pâques l’enfant se réjoint pour le moment
solennel et il essaie de s’habituer à la campagne, allant à l’église où il chantait, en
participant au repas du prêt Jean et chez Sm ndi a où ils cognent des œufs:
« même le jour des Pâques j’ai chanté L’ange a crié dans l’église de manière à
attirer toute l’attention vers moi. J’ai remarqué le bonheur et la fierté sur le visage
de ma mère. Le prêt Jean m’a invité à prendre le déjeuner à côté de lui, et
Sm ndi a à son tour a cogné des œufs avec moi. Les moments de joie ne
finissaient plus… ».12
Le jour de la Résurrection du Seigneur du calendrier Religieux coïncide
ainsi avec la résurrection de Nic à la vie d’autrefois, celle qu’il avait avant de
quitter le « centre de l’univers » que Humule ti signifiait pour lui. La mort
s’ensuivra, c’est-à-dire le voyage à Iassy, vu comme un « voyage aux Enfers,
élément incontournable de tout scénario d’initiation (…), comme un exil
malheureux « chez le diable en personne » en passant par la charrette de père Luca,
ce Charon autochtone ad hoc ».13
Bibliographie
Arhip, Odette. Opera pictural – o lectur semiotic , Bucarest: Edition Junimea, 2009.
ncil , Vasile. L’esprit des fêtes, Bucarest: Edition Anastasia, 1996.
Bodi tean, Florica. La littérature d’enfance et de jeunesse au-delà de la story, ClujNapoca: Casa C ii de tiin , 2007.
Creang , Ion. Souvenirs d’enfance, Bucarest: Edition la Lettre Internationale, 2005.
Dumitrescu-Bu ulenga, Zoe. Ion Creang , Bucarest: Edition Elion, 2000.
Eliade, Mircea. Le sacré et le profane, Bucarest: Edition Humanitas, 1992.
Furtun , Dumitru. Cuvinte i m rturii despre Ion Creang , Ia i: Edition Junimea, 1990.
Gr dinaru, Dan. Ion Creang , Bucarest: Edition Allfa, 2002.
Holban, I. Ion Creang – spa iul memoriei, Ia i: Edition Junimea, 1984.
Lovinescu, V. Creang i Creanga de aur, Bucarest: Edition Cartea Româneasc , 1989.
11
Ibidem: 191.
Ibidem: 193.
13
Florica Bodi tean. La littérature d’enfance et de jeunesse au-delà de la story, ClujNapoca: Casa C ii de tiin , 2007, p. 245.
12
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(Im)possibles tableaux: Eugène Fromentin et l’Orient
Roxana MONAH
École « tefan Bârs nescu », Ia i, Roumanie
Abstract
At the same time a revelation and a fatality, the voyage to Italy gives Fromentin (18201876) the opportunity to formulate an artistic project appreciated by the audience, but that
he will not able to update. He strives to find the formula that will enable him to represent
the Orient while remaining faithful to the European pictural paradigm that he affectionates.
A writer, he translates his aesthetic dilemmas into travel writings (Un été dans le
Sahara and Une année dans le Sahel) that secure him a good literary reputation. This paper
aims at analyzing the relationship between painting and words, taking into consideration
the difficulties imposed by the representation of a space that is radically other.
Keywords: travel writings, painting, Orient, aesthetic dilemmas.
Rezumat
Revela ie i fatalitate, c toria în Algeria îi ofera lui Eugène Fromentin (1820- 1876)
posibilitatea de a formula un proiect artistic cu priz la public, dar pe care nu va mai putea
-l înnoiasca. Pictorul Fromentin încearc s g seasc formula artistic ce i-ar permite s
reprezinte Orientul r mânând fidel tradi iilor picturale europene, artei marilor pictori, în
timp ce scriitorul Fromentin are posibilitatea s dea glas in relat rile sale de c torie (O
var în Sahara i Un An în Sahel) dilemelor estetice provocate de descoperirea lumii
orientale. Acest articol îsi propune s analizeze raportul dintre pictur si scriitur , dintre
tablourile picturale si cele literare, prin prisma dificult ilor pe care le pune reprezentarea
unui spa iu radical diferit.
Cuvinte-cheie: literatur de c torie, pictur , Orient, dileme estetice.
En 1846, Eugène Fromentin, jeune licencié en droit qui rêve de la peinture
et écrit occasionnellement des articles sur des questions touchant à l’art, part en
Algérie chercher l’inspiration artistique. Il y restera quelques mois, le temps de se
convaincre que « malgré Marilhat et Delacroix l’Orient reste à faire », comme il
l’avouera dans sa correspondance la même année. Il y retournera deux fois pour
ramasser des esquisses et des souvenirs dont, une fois de retour en France, il fera
jusqu’à la fin de sa vie des tableaux et deux récits de voyage qui lui vaudront la
reconnaissance littéraire de ses contemporains. Quarante années plus tard, à sa
mort, Fromentin sera l’auteur désabusé de nombre de tableaux d’inspiration
orientale, de deux récits de voyage tirés de ce périple formateur, Un été dans le
Sahara et Une année dans le Sahel, d’un roman personnel, Dominique, et d’un
morceau de critique d’art, Les Maîtres d’autrefois, qui lui vaudra à la fois des
louanges et des contestations. Si la double activité, de peintre et d’écrivain, n’est
pas quelque chose de tout-à-fait singulier dans ce XIXe siècle où les hommes de
lettres et les artistes plastiques se côtoient et s’inspirent réciproquement, le cas de
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Fromentin est exemplaire, c’est une histoire d’attraction et de résistance, de
pratique raisonnée et de méditation sur les deux arts qui séduisent nombre de ses
contemporains.
L’adolescence et la jeunesse de Fromentin semblent être placées plutôt
sous le signe de la littérature, la pratique du dessin étant reléguée à des croquis
dans ses cahiers d’écolier. A partir de 1837, il publie des poèmes dans la revue La
Charente inférieure, parfois touchant aux rapports entre les deux domaines qui
marqueront sa carrière, la littérature et la peinture (Un mot sur l’Art et Peinture et
poésie). C’est à Paris, pendant ses études en Droit, qu’il commence à prendre des
cours de peinture avec Rémond, bientôt remplacé par Cabat, paysagiste qu’il
admire. Fromentin fait ses débuts artistiques au Salon du 1847, après son premier
voyage en Algérie, avec deux tableaux d’inspiration africaine et un autre
d’inspiration rochelaise. Avant cela, comme d’autres jeunes gens désireux de se
faire un nom dans le monde littéraire, il avait publié un Salon (1845) et quelques
autres textes à visée critique dans la Revue organique fondée par un de ses amis.
Lorsque Un été dans le Sahara paraît, en 1854, il est déjà reconnu comme peintre
et assume le texte en tant que peintre qui écrit. Une année dans le Sahel paraît en
1859, année de son succès le plus éclatant au Salon. Si le nombre des publications
est assez restreint (deux récits de voyage qui forment un ensemble, un roman
personnel et une œuvre de critique d’art sous forme de récit de voyage), l’archive
qu’il a laissée et la correspondance parlent de plusieurs projets littéraires avortés,
ce qui montre que l’intérêt pour la littérature a été une constante, et non pas un
hasard, comme pourrait le laisser croire quelques-uns de ses textes, notamment la
préface à la réédition d’Un été dans le Sahara de 1874.
Cette hésitation initiale entre la littérature et la peinture et la manière dont
il finit par choisir, déterminée dans une certaine mesure par le calcul de ses chances
de devenir un bon professionnel et d’obtenir l’assentiment de sa famille, Fromentin
l’avoue dans la correspondance. Dans une lettre qui fait le point sur le métier et les
circonstances qui l’ont poussé à l’embrasser, l’auteur semble suggérer que le choix
a été fait par résignation, la carrière de peintre s’imposant à défaut d’une possibilité
réelle de devenir écrivain. L’idée de se faire une « position » occupe une place
centrale dans la modalité dont il pense sa carrière:
A ce moment je sentis ou crus sentier que, n’étant point ou ne pouvant point
être écrivain, je réussirais peut-être à faire peintre. La vague même et la
langueur de mon sentiment, l’amour extrême que j’avais eu toute ma vie pour
la nature, enfin une certaine aptitude à décrire que je me croyais connaître, me
décidaient pour le paysage. J’obtins de mon père qu’il me laissât faire un essai.
Aujourd’hui le terme est venu de fixer ma position, toujours incertaine. Mon
père hésite et j’hésite peut-être encore plus que lui. Pour lui, c’est une
question de talent et de position. Pour moi, c’est une question de talent.
(Fromentin 374)
« Talent » et « position », voilà les deux pôles entre lesquels se construit la
carrière de Fromentin: à la fois hésitant et conscient de son talent et de ses
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possibilités, il désire s’assurer une vie commode tout en faisant un métier conforme
à ses penchants. Et ses penchants mènent vers l’art et non pas vers le barreau
auquel le vouait initialement sa famille. Dans le texte qu’il lui dédie dans ses
Intérieurs, Albert Thibaudet remarque que Fromentin avait « le goût et
l’intelligence de l’art sous toutes ses formes », plutôt que pour un art précis, il
s’agissait pour lui plutôt d’une sensibilité artistique raisonnée que d’un talent
dévorateur:
Il est de ces esprits qui, se donnant à tous les arts, sont pris par l’art beaucoup
plus que par un art, restent désormais un peu flottants, se développeront dans
le sens de l’intelligence, de l’analyse et de la critique beaucoup plus que dans
celui de la création, mais qui se révèlent assez capables, incidemment, de cette
création, chez eux toujours à base d’intelligence, pour que leur analyse soit
nourrie d’expérience et leur critique visiblement compétente. (Thibaudet 74)
Comprendre la carrière et l’œuvre de Fromentin en dehors de ce flottement
constitutif - qui se décline sous la forme de l’oscillation entre la littérature et la
peinture mais aussi entre le désir de faire de la peinture conforme à son goût et le
besoin d’obéir à la demande du public -, relève de l’impossible. Ce flottement qui
le pousse à embrasser une double carrière, de peintre (en professionnel) et
d’écrivain (en amateur), est mis à profit par l’artiste qui devient son propre agent
de publicité. En 1859, après les succès qu’il enregistre avec les tableaux exposés au
Salon et avec la publication d’Une année dans le Sahel, Fromentin écrit dans une
lettre à Paul Bataillard:
Mon exposition est bien accueillie par la très bonne raison que je suis plus
difficile que personne. Elle me fera du bien, et si je ne considère que l’effet
produit, je n’ai pas trop à me plaindre. J’espère placer à peu près tous les
tableaux, moins un peut-être. Et, par le temps qui court, je devrais m’estimer
heureux de ne pas mourir de faim. Mon livre a réussi. Un succès aidant l’autre,
ma position se fait, je dirais même est faite, quand le succès d’argent sera
proportionnel aux succès de renommée .(Fromentin 1147-1148)
Les choses se présentent de façon assez riante en cette année 1859 où la
consécration de Fromentin devient définitive, même si subsiste le mécontentement
de l’artiste qui désire avoir réalisé autre chose, une peinture à même de lui ouvrir
les portes du cercle restreint des grands peintres. L’auteur met en évidence la
complémentarité de ses réussites sur le plan littéraire et pictural, les deux domaines
étant inséparables pour se faire une renommée et gagner sa vie. Les écrits qui lui
ont valu une certaine notoriété sont assumés comme des récits d’un peintre à la
recherche des sujets et de la manière de peindre. Ils participent d’une construction
de l’image de l’artiste qu’ils forgent si bien que, le moment où le peintre ressent le
besoin de changer de sujet, d’abandonner la peinture orientaliste pour d’autres
types d’inspiration, ce changement n’est pas accepté par le public, qui s’attend à ce
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qu’il continue dans le même filon. Il se retrouve prisonnier de son propre succès et
n’a plus le courage de rompre avec ce qu’on demande de lui.
Fromentin prête d’ailleurs attention à la réception qu’on fait à ses œuvres
littéraires justement en fonction de ce que son statut de peintre lui permettait faire.
« Il m’importait beaucoup de ne pas faire un four – se confesse-t-il à Gaston
Romieux, en 1862, après la parution de Dominique – Un roman, après deux livres
de voyage; un livre d’homme, après des essais littéraires qu’on pouvait tolérer d’un
peintre; c’était une grosse entreprise, et pleine de danger. Le danger est passé. La
réussite, est-elle assurée ? vous le dites » ( Fromentin 1241). On devine dans ces
paroles une certaine retenue, même l’appréhension de ne pas transgresser les règles
tacites qui stipulent qu’un peintre n’est pas « autorisé » à empiéter sur le territoire
de l’autre, du professionnel de la plume, idée reprise avec éclat dans la Préface de
1874:
Le hasard m’avait fourni le thème; restait à trouver la forme. L’instrument que
j’avais dans la main était si malhabile, que d’abord il me rebuta. Ni
l’abondance, ni la vivacité, ni l’intimité de mes souvenirs ne
s’accommodaient des pauvres moyens de rendre dont je disposais. C’est alors
que l’insuffisance de mon métier me conseilla, comme expédient, d’en
chercher un autre, et que la difficulté de peindre avec le pinceau me fit essayer
la plume. (Fromentin 5)
Ce fragment peut être lu comme l’aveu de maladresse d’un novice en
peinture, mais on peut y voir également l’idée, présente déjà chez Lessing et chez
les néo-classiques du XVIIIe siècle, que le domaine de l’écriture est plus vaste que
celui de la peinture: « Le lot du peintre était forcément si réduit, que celui de
l’écrivain me parut immense ». (Fromentin 7) La question des limites assignées à
la peinture est un des points de réflexion que le narrateur développe dans ses récits
algériens. Quant à ce qui est du rapport écriture - peinture, il est inutile que cette
dernière empiète sur la première, comme il arrive souvent dans les écrits de la
même époque car, – Fromentin le formule presque dans les termes de Lessing –,
« il y a des formes pour l’esprit, comme il y a des formes pour les yeux; la langue
qui parle aux yeux n’est pas celle qui parle à l’esprit ». (Fromentin 7)
Pour Fromentin, le recours à l’écriture – ici sous la forme du récit de
voyage, genre qui permet une grande liberté d’expression et la possibilité
d’endosser le masque de l’écrivain amateur qui assume les défauts de style en toute
humilité – ne pose pas les mêmes problèmes génériques et ontologiques qu’élève la
peinture qui doit sortir de l’expérience du voyage. En même temps, l’écriture lui
permet de développer une réflexion concernant les possibilités de mise en formes
et en couleurs d’une telle expérience, lui offre un champ de justification et
d’explication de sa démarche artistique. Le récit de voyage fromentinien assume la
voix narrative d’un peintre qui tente de déceler le spécifique d’un monde encore
nouveau pour l’art européen, l’Algérie, le désert, monde pour lequel les formules
artistiques forgées en Europe pendant des siècles se montrent inexactes et faibles.
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La confrontation du peintre occidental avec L’Orient représente le point
essentiel de ses récits de voyage et Fromentin pose sur la réalité un regard chargé
d’attention esthétique, la compréhension de l’Afrique étant conditionnée par son
expérience de peintre. Venu en Algérie pour trouver sa voie artistique, le voyageur
se fait un devoir de saisir avec exactitude ce qui fait la différence entre l’Occident
et l’Orient, tout comme ce qui les unit. Dans ce sens il essaie de faire l’expérience
directe de ce monde autre, de se fier à ses perceptions pour bâtir sa vision de
l’Orient – à la fois exacte par rapport au référent et originale par rapport à ce qui
avait été déjà fait dans la peinture occidentale – vision qu’il lui faudra traduire par
la suite dans son œuvre picturale. L’écriture devient ainsi pour le peintre
l’instrument de décanter ses impressions, de les ordonner, c’est un laboratoire de
création de quelqu’un qui interroge à la fois la réalité, la tradition artistique
(comme en témoignent les nombreuses références et allusions aux œuvres les plus
diverses de la peinture occidentale et l’analyse des démarches de Marilhat,
Decamps et Delacroix, les trois orientalistes les plus en vogue de son temps), ses
propres capacités et sa sensibilité et les moyens que l’art permet de mettre en place
pour aboutir à cet idéal d’une représentation fidèle et originale.
Pour tout peintre de l’Europe du XIXe siècle, l’Orient comporte de
nombreux pièges: le premier sur la liste de Fromentin est le danger du pittoresque
facile qui repose sur la mise en évidence d’une nouveauté saisie seulement dans ses
manifestations superficielles. La tâche de transposer l’Orient en peinture est l’une
des plus ardues, car l’Orient est trop particulier, se caractérise par un excès de
couleurs et de lumière, et que l’artiste ne trouve pas pour exprimer ce type de
beauté trop nouvelle des « précédents dans la littérature ancienne ni dans l’art »
(Fromentin 321), il manque de schémas artistiques à même de donner des points
d’appui. Si le peintre prend le parti de faire plier le spécifique de l’Orient aux « lois
générales » de l’art, il risque de n’en rendre qu’un triste copie sans vie: « Changer
quoi que ce soit dans cette physionomie si nettement nouvelle et décisive, c’est
l’amoindrir; apaiser ce qu’elle a de trop vif, c’est l’affadir; généraliser une pareille
effigie, c’est la défigurer ». (Fromentin 321) Si, au contraire, le peintre prend le
parti de le rendre dans sa nouveauté, comme le « dictionnaire artistique » n’a pas
de « de terme approprié à des œuvres de caractère si imprévu », il court le danger
de ne donner que des « documents » qui tiennent plutôt de l’ethnographie qui ne
peuvent trouver leur place que dans les récits de voyage.
Le meilleur exemple pour appuyer ces réflexions tirées de la discussion
(plutôt un monologue – dissertation) entre le narrateur et le géographe Vandell est
l’épisode de la fête des fèves d’Une année dans le Sahel. Ce rassemblement de la
population noire, spectacle éblouissant de couleurs, formes et sons, offre l’occasion
au narrateur de réaliser un véritable tableau en paroles, un morceau qui ne néglige
pas ni les références picturales (Rubens, peinture chinoise), les références
détaillées aux nuances des couleurs (ici le rouge, pour donner une idée de
l’intensité du rouge des haïks des femmes), ni les éléments permettant d’établir le
point de vue, les lignes principales du « tableau » et le cadrage. Le narrateur se
soucie constamment du choix du point de vue, ce qui laisse voir le peintre à la
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recherche de son sujet. On le voit essayer plusieurs variantes, afin de trouver le
meilleur angle d’observation. Les descriptions deviennent des réflexions sur ce qui
n’est pas encore image, sur ce qui va le devenir: ce sont des scènes montrées dans
leurs transformations sous le regard qui cherche ce qui dans le référent pourrait se
constituer en image picturale.
Imagine un millier de femmes au moins (…) toutes, non pas habillées, car le
voile uniforme cachait, au contraire, des splendeurs innombrables de couleurs,
mais enveloppées de rouge, et de rouge éclatant, sans nuances, sans
adoucissement ni mélange, le pur rouge à peine exprimable par la palette,
enflammé en outre par le soleil, et poussé jusqu’à l’extrême ardeur par toute
sorte de contacts irritants. (…) Tout pâlissait à côté de ce rouge inimitable,
dont la violence eût effrayé Rubens, le seul homme du monde à qui le rouge,
quel qu’il fût, n’ait jamais fait peur, et c’était la note dominante qui forçait les
autres couleurs à se marier dans des accords doux.
Je te parle ici des femmes, les hommes n’occupant que les derniers plans du
tableau. (…)
C’étaient de grandes filles au nez droit, aux yeux luisants, aux joues fermes et
polies comme du basalte, coiffées à l’égyptienne, et de formes si vigoureuses
que, malgré l’ampleur des voiles et des fouta, les muscles vivaient sous leurs
habits aussi nettement que sous des draperies mouillées. Elles composaient
une seule ligne, faisaient face à l’horizon vide, et se découpaient sur l’émail
bleu de la mer avec la dureté d’une peinture chinoise. (Fromentin 299- 301)
Mais cette image, extrêmement plastique, construite à force de mots qui
rappelle l’art du peintre, ce tableau enivrant pour les yeux du spectateur aurait du
mal à être transposé sur la toile car la scène transgresse les codes de l’art et choque
le goût. Pour cette fois la beauté, de par son excès et manque de règles ne peut pas
entrer dans le cadre du tableau:
C’était fort beau, et dans cette alliance inattendue du costume et de la statuaire,
de la forme pure et de la fantaisie barbare, il y avait un exemple de goût
détestable à suivre, mais éblouissant. Au reste, ne parlons pas de goût dans un
pareil sujet. Pour aujourd’hui, laissons les règles. Il s’agit d’un tableau sans
discipline, et qui n’a presque rien de commun avec l’art. Gardons-nous bien
de le discuter; voyons. (Fromentin 302)
Mais ce que la peinture ne peut pas admettre, l’art de la parole, dans sa plus
grande liberté, permet de rendre et la scène est mise verbalement en peinture. Les
récits algériens peuvent être considérés comme un témoignage et un dépassement
de l’impasse à qui aboutit la tentative de Fromentin représenter l’Orient selon les
vœux du grand art auquel il rêve, ils offrent la possibilité de se laisser emporter par
le plaisir de voir, de céder à la tentation de l’excessif et du voyant.
Les recherches de Fromentin et l’analyse à laquelle il soumet la peinture
orientaliste de son temps (la sienne et celle des autres) montrent sa conscience du
fait que pour donner une expression adéquate à ce monde qui se construit souvent
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DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE
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en opposition avec le monde familier, il faut opérer des changements plus radicaux,
bouleverser les habitudes de la peinture européenne, les adapter à cette réalité
nouvelle. Mais cette conception reste surtout au niveau des observations qu’il fait
tout le long du récit; quant à sa pratique, il espère pouvoir trouver sa voie au sein
même de la tradition des grands maîtres, il cherche à intégrer l’Orient avec toutes
ses inversions (de lumière, de couleur ou de mœurs) dans les pratiques picturales
auxquelles l’Orient semble se refuser. Il s’agit en fait de la part de Fromentin de la
reconnaissance d’un de ces moments de crise dans l’évolution de l’art, où les
moyens semblent épuisés, impuissants et demandent un renversement radical,
renversement auquel il se refuse. La littérature, qui porte le sceau des recherches du
peintre, qui se teinte de l’intérêt que les arts plastiques portent au matériel et
emprunte souvent le lexique d’atelier (mais jamais à outrance, jamais sans
motivation interne) devient ainsi un pendant nécessaire à la pratique picturale de
Fromentin, un espace moins réglé où prend vie ce qui est inexprimable dans la
peinture.
Bibliographie
Fromentin, Eugène. Œuvres completes. Paris: Bibliothèque de la Pléiade, 1984.
Fromentin, Eugène. Correspondance. t. I-II, textes réunis, classés et annotés par Barbara
Wright, Paris: CNRS-Editions, 1995.
Berchet, Jean Claude. Le Voyage en Orient. Anthologie des voyageurs français dans le
Levant au XIXe siècle. Paris: Robert Lafont, 1985.
Christin, Anne-Marie. Fromentin, conteur d’espace. Essai sur l’œuvre algérien. Paris: Le
Sycomore, 1982.
Heinich, Nathalie. Etre écrivain. Création et identité, Paris: La Découverte, coll.
L’Armillaire, 2000.
Roger, Alain. Nus et paysages. Paris: Aubier, 1978.
Schaeffer, Jean-Marie. Les Célibataires de l’art. Pour une esthétique sans mythes. Paris:
Gallimard, 1996.
Thibaudet, Albert. Intérieurs. Baudelaire, Fromentin, Amiel. Paris: Plon, 1924.
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Divinités sous le signe de Jupiter dans les représentations
statuaires antiques sur le territoire de la Roumanie
Ioana-Iulia OLARU
Université des Beaux-Arts «George Enescu», Ia i, Roumanie
Abstract
Although the Roman statues of deities found in Romania do not represent the official art
(like the statuary of the emperors and the funeral) and they do not constitute a direct
political propaganda, they are convincing examples of religious propaganda, demonstrating
the existence of Roman religion in Dacia and Scythia Minor (today known as Dobrogea).
Especially since the examples are many and varied, all the major deities and almost all the
secondary ones were represented in sculpture ronde bosse, not only the supreme god,
Jupiter (the god whose worship refers to the official cult of the Emperor).
Keywords: statuary art, propaganda, religion, official cult, Dacia Traiana, Scythia Minor.
Rezumat
Chiar dac nu reprezint art oficial (ca statuara împ ra ilor i cea funerar ) i nu
constituie a adar propagand politic direct , statuile divinit ilor romane g site pe
teritoriul României sunt exemple conving toare de propagand religioas , demonstrând
existen a în Dacia Traiana i în Scythia Minor (Dobrogea de ast zi) a religiei romanilor pe
aceste meleaguri. Cu atât mai mult cu cât exemplele sunt multe i variate, toate divinit ile
principale i aproape toate cele secundare fiind g site reprezentate în sculptura ronde bosse,
nu doar zeul suprem Iupiter (zeu al c rui cult face trimitere la cultul oficial al împ ratului).
Cuvinte-cheie: art statuar , propagand , religie, cult oficial, Dacia Traiana, Scythia Minor.
L’assimilation – par parallélisme ou par analogie plastique – des divinités
étrangères (grecques, orientales et ensuite celles appartenant aux peuples subjugués
et englobés dans l’empire) avec celles d’origine italique, du panthéon romain
originaire, a engendré tout un panthéon qui comprend des divinités romaines,
assimilées aux divinités appartenant à des régions non-romaines.
En général, en Antiquité, les statues de culte des divinités étaient destinées
aux cellae des temples. Elles ne constituent pas de l’art officiel, où la propagande
agisse de manière directe, mais pour les provinces – y inclus les deux sur le
territoire de notre pays (Scytia Minor et Dacia Traiana), elles restent le témoignage
de l’existence de la religion des Romains sur ces terres. Elles sont, en même temps,
une manifestation de l’art plastique, même si dans la plupart des cas celles-ci
étaient des repliques dépourvues d’originalité ou tout simplement des imitations,
parfois grossières du point de vue stylistique, d’autres fois soignées, des prototypes
répandus partout dans le monde greco-romain. Mais elles s’imposent par la clarté
de l’expression artistique et par des particularisations concernant les hypostases, les
vêtements, les attributs. D’ailleurs, c’est dans les attitudes consacrées, les symboles
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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et les attributs correspondants que réside la force de la religion; pratiquement, c’est
de la sculpture religieuse et l’on ne peut pas prétendre à trop d’inovations dans
cette série qui fait partie des types iconographiques classiques.
Si le culte de Jupiter faisait référence directe au culte officiel de l’empereur,
dans les provinces, les statues du dieu suprême étant un signe de dévouement pour
l’Empire Romain, les représentations des autres divinités existantes dans le
panthéon sont aussi très importantes: elles prouvent, indubitablement, le fait que le
panthéon tout entier était connu et adopté sur le territoire des deux provinces de
frontière essentielles du point de vue stratégique pour l’Empire.
Une recherche – non-exhaustive!1 – du statuaire de culte sur le territoire de
la Roumanie se limitera à une analyse stylistique des principales activités du
panthéon romain assimilées à travers le phénomène interpretatio romana, divinités
trouvées sous la direction du dieu suprême, Jupiter, sans que l’on puisse suivre
chronologiquement une évolution en fonction des périodes auxquelles on suppose
qu’elle appartiennent. (même si, dans le cas des oeuvres de bonne qualité et bien
conservées, on peut saisir des influences d’un siècle à l’autre.) De toute façon, il ne
s’agit pas de portraits véritables, comme c’est le cas du statuaire impérial ou du
statuaire même funéraire, mais de modèles répandus, arrivés chez nous aussi.
Junon, parèdre de Jupiter, peut être retrouvée, en général, sous forme de
fragments (Sucidava, Criste ti – ici une petite tête en albâtre).
Minerve est toujours représentée dans le statuaire d’après le prototype des
Athéniennes de Fidias et Miron 2 : une vierge vêtue de chiton, à la cuirasse, au
bouclier et à la casque, à la lance, une physionomie réservée, telle que l’on voit sur
les statues en marbre d’Histria (le département de Constan a) et de Drobéta, ou sur
celle en bronze d’Histria et Tomis, des pièces de série, mais de qualité, avec des
postures et des mouvements naturels, en contrapposto, les mains le long du corps
ou soulevées, au chiton long et drapé, un casque sur la tête; comme, on retrouve,
d’ailleurs, dans le cas des statues dans le style artisanal, grossier, de Potaissa
(Turda, le département de Cluj).
Dionysos est un dieu jeune, représenté avec une grosse barbe (comme la
tête du I-er siècle d’Histria), le manteau sur l’épaule, laissée doucement sur son dos
(un fragment réaliste et détaillé, découvert dans l’Edifice à la mosaïque de Tomis
(Constan a), nu, le corps penché côté droit). Mais il apparaît également en tant
qu’enfant, dans certaines représentations grecques, comme dans une statue de
Tangra de Callatis (Mangalia) (III-ème siècle av. J.-C. 3 ): un petit enfant, aux
formes rondes, aux traits spécifiques à son âge, dans une posture expressive. En
général, Dionysos est représenté en train d’apporter les libations (la statue
fragmentaire de Mârleanu (le département de Constan a) le représente dans un style
artisanal, mais non pas dépourvu d’expressivité, en train de verser l’offrande d’un
1
Hormis quelques divinités assimilées par interpretatio romana, il y a aussi les divinités
locales (Bendis, le Chevalier thrace, les Chevaliers du Danube), tout comme celles
orientales (Mythra, Cybèle, Hécate, Isis, Osiris etc.).
2
Radu Florescu. Daco-romanii, Bucure ti: Ed. Meridiane, 1980, p. 150.
3
Idem, Geto-dacii, p. 38.
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kantharos, ou appuyé sur son thyrsus, le serpent qui s’enroule autour de son sceptre
étant l'un de ses attributs personnels. la Des statues, il y en a quelques-unes qui se
sont conservées à Pojejena (le département de Cara -Severin) et Capidava (le
département de Constan a).
Pan (le dieu la tête et le tors humain, les pieds, les cornes et la barbe de
bouc, jouant de la flûte), l’un des personnages qui consituent le cortège de
Dionysos, est reste souvent représenté dans le statuaire: par exemple, une statue
romaine acéphale, en marbre, de bonne qualité (Techirghiol, le département de
Constan a); une tête de statue (Callatis), toujours dans un style soigné, réalisée avec
adresse, un visage expressif dû aussi au regard ardent spécifique à l’Antiquité
tardive (III-ème siècle ap. J.-C.), l’iris sculpté et orienté vers le haut. Il y a, aussi,
les statues de Romula (Re ca, le département d’Olt), ou d’Ulpia Traiana
Sarmisegtuza (le département de Hunédoara), une statue de qualité en bronze
tourné, d’une execution technique très soignée, qui permet aux détails d’accentuer,
voire de manière expressioniste, les déformations du corps, la plasicité du visage à
l’iris marqué.
Liber et Libera représentent l’hypostase latine du couple Dionysos et
Ariadne. Liber est représenté, tout comme Dionysos, jeune, nu, paré de vignes, aux
attributs spécifiques (thyrsus, raisins, accompagné de personnages du cortège
dionysiaque). Il y a des statues en marbre découvertes dans le temple de Liber
Pater d’Apulum (Alba-Iulia) (il.1); des têtes trouvées à Potaissa, qui appartiennent,
le plus probablement, au même groupe statuaire: l’une féminine – une bonne
réalisation, le visage ovale, les grands yeux, le nez grec, les cheveux ondulés noués
en trois queues, portant une taenia autour de la tête, une coronne de lierre, un
bouquet de raisins d’un côté et de l’autre des oreilles – représente, probablement,
Libera; de manière identique, une tête masculine (probablement Liber), le visage
rond, coupe de cheveux, coque à la nuque, à la même taenia autour de la tête et aux
bouquets de raisins aux oreilles. Le groupe Liber et Libera d’Ulpia Traiana nous
représente, lui aussi, Libera drapée au long chiton.
Apollon est un autre dieu qui apparaît dans le statuaire avant l’époque
romaine, le témoignange en étant trois statues de l’époque archaïque dédiées à
Apollon Ietros (le Thaumaturge) d’Histria; une statue hellénistique en terre cuite,
praxitélienne (Tomis), une tête en marbre, toujours hellénistique et provenant de la
même ville – une pièce (d’import) de haut niveau artistique4. Il y a, aussi, à Tomis,
une statue fragmentaire qui représente Apollon Cytharoedus, le joueur de cythère.
À Aquae (C lan, le département de Hunedoara), une tête d’Apollon présente
encore des traces de teinture. Toute particulière est une tête en marbre, d’Apulum,
datant de la période antonine (ou du début de la période sévérienne5), une sculpture
le plus probablement autochtone (étant donnée la marbre locale), creation d’un
artiste itinérant, qui reproduit avec adresse la tête d’Apollon de Belvedere, en
surprenant des détails de son visage délicat, l’expressivité du regard, la position
4
5
Ibidem: 37.
La technique du trépane nous est utile ici. Cf. Radu O a. O copie a lui Apollo din
Belvedere descoperit la Apulum, in Apulum, XLIII/1, Alba Iulia, 2006, pp. 231-232.
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légèrement tournée vers la gauche, ses cheveux bouclés noués dans une coque à la
nuque, et dans une autre au front.
Aesculape et Hygie (sa fille) apparaissent d’habitude ensemble, tant dans
les bas reliefs, que dans le statuaire. Un exemple en est celui d’un groupe statuaire
d’Apulum, avec les deux personnages représentés de manière symétrique, de face,
assis, acéphales, le serpent figuré dans le bas relief, à leurs pieds, devant le socle
(il.2). Certains chercheurs attribuent le monument au couple Pluton et Proserpine6.
Seule Hygie est illustrée comme une jeune femme vêtue de chiton et manteau,
comme dans la statue acéphale d’Ulpia Traiana, dans un style autochtone, au
drapage simplifié.
il.1 Liber, Apulum
il.2 Esculap et Hygeia, Apulum
Silvanus, à la tunique, chlamyde et bonnet phrygien, dans l’hypostase de
l’agriculteur est accompagné par le chien et tient à la main ses attributs, les torches
et la faucille pour nettoyer les vignes, mais il apparaît également dans l’hypostase
Sylvanus Pater, dieu olympien, représenté nu, la barbe épaisse, à Ulpia Traiana (à
présent à Kunsthistoriches Museum, Viena). Des statues de toutes les dimensions
peuvent être retrouvées à Apulum et Romula. Des statues de la déesse de la chasse,
Diane, se sont conservées – l’une en marbre à Ulpia Traiana, acéphale, qui dégage
de la force; un fragment à Capidava au chiton drapé; tout comme une série de
petites statues et des figurines en bronze découvertes à Ulpia Traiana, Apulum,
Potaissa, Romula, Tomis.
Mercure-Hermes apparaît rarement dans la province Dacia, son culte
n’est pas tellement répandu comme dans d’autres provinces de l’Empire. Il est
représenté le visage classique bien connu: nu, avec le caducée de serpents, le
chapeau et les sandales ailées, dans des figurines en bronze à Gherla (le
département de Cluj), Drobéta, Romula, Sucidava (Celei, le département d’Olt),
Apulum, Ulpia Traiana. La petite statue de Gherla (III-ème siècle ap. J.-C.,
probablement locale, étant donéees les particularités provinciales, représente le
dieu debout, en contrapposto, la tête légèrement surdimensionné, le torse allongé,
le visage imberbe, portant un collier; il est vêtu d’une chlamyde, il n’a pas les
6
Clo ca L. B lu . Monumentul statuar cu Pluton i Proserpina de la Apulum (Dacia), in
Apulum, XXXIX, Alba Iulia, 2002, p. 301 i urm.
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sandales spécifiques, mais tient à la main le sachet et le caducée (qui, à présent, est
absent). Bien que la pièce soit travaillée avec précision, les traits du visage sont
schématisés. La statue est typique, mais c’est la coiffure qui est intéressante, une
queue nouée autour de la tête (coupe de cheveux spécifique aux athlètes), d’où
sortent directement les ailes (il n’y a pas d’analogies concernant l’emplacement des
ailes directement dans la coiffure)7.
La déesse Némésis est représentée jeune, au long chiton, un exemple
illustratif étant une petite statue dans un style local, trouvée à Apulum (il.3),
spécifique à la fin du II-ème siècle – le début du III-ème siècle ap. J.-C.8. Celle-ci
se caractérise par un drapage schématique, avec une disproportion entre la tête
surdimensionnée et le corps dense, un visage sévère, un air conventionnel suggéré
par le fait qu’elle tient sa main appuyée sur sa potrine, qui symbolise l’autocontrôle. L’autre main tient un attribut spécifique qui est la coudée, avec laquelle
elle mesurait les péchés. Une statue découverte très récemment9 toujours à Apulum
(dans le temple du castre romain, la déesse étant également la patronne des
gladiateurs et des soldats) est une pièce en marbre de très bonne qualité, peinte (il y
a encore des traces de peinture rouge sur les vêtements), une sculpture d’import
cette fois-ci, mais appartenant à la même période, une œuvre de haut niveau
esthétique: aux proportions équilibrées, une physionomie expressive, la coiffure
étant soigneusement rendue, tout comme la diadème sur la tête. Avec la même
précision est rendu aussi le drapage, qui met en évidence les formes. La divinité est
accompagnée par l’animal-attribut, le griffon, et tient la main droite sur la poitrine;
dans la main gauche (disparue partiellement), elle tenait le même instrument pour
mesurer les faits des hommes. Un groupe statuaire votif de tradition hellénistique
est l’édicule monolythe avec la Némésis double du Trésor de sculptures de Tomis
(il.4) (105cm)10. C’est une belle création du III-ème siècle ap. J.-C., comme le
prouvent une somme de caractéristiques. La simplicité du cadre architectural en est
renforcée par le fait que le petit temple est limité d’une partie et de l’autre par deux
colonnes corinthiennes (l’une est conservée, l’autre réconstituée), au bras lisses, sur
lesquels s’appuie l’architrave avec le fronton aux acrotères; au milieu, une coronne
de lauriers est liée par une taenia. Evidemment, les deux divinités identiques qui
représentent toutes les deux Némésis (le dos à l’édicule) ont, elles aussi, le même
style sévérien: ce sont des répliques de bonne qualité des modèles connus. Elles
sont représentées de face, en position symétrique (par rapport à un axe qui percerait
le toit du fronton, debout, avec la même attitude – un bras laissé le long du corps
tient la balance, l’autre s’appuie sur la potrine. Les visages expressifs ont un air de
portrait11, des détails comme la sensualité de la bouche, le nez et le menton fins,
7
Radu Ardevan. Mercurius de la Gherla, in Acta Musei Napocensis, XX, Cluj-Napoca,
1983, pp. 397-401.
8
Al. Popa, I. Berciu. Cetatea Alba Iulia, Bucure ti, Editura Meridiane, 1962, p. 28.
9
Descoperire unic : templu roman în castrul Legiunii a XIII-a Gemina, in Historia, mai,
2011, an XI, nr. 113, p. 8.
10
Radu Florescu. Daco-romanii, p. 150.
11
V. Canarache et al., op. cit., pp. 83-84.
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leur visage ovale, auquel s’ajoute la coiffure minutieuse et rendue avec précision
(coque à la nuque, les cheveux peignés à la raie au milieu) – complète la plasticité
du drapage (la même combinaison entre chiton et himation. Toute l’oeuvre, où la
stylisation des éléments décoratifs architecturaux joint le jeu de lumières et
d’ombres, la technique du trépan, est spécifique à l’Antiquité tardive. Des statues
acéphales de cette déesse (patronne de la vengeance) ont été trouvées chez nous
aussi: l’une à Ulpia Traiana, l’autre à Callatis, III-ème siècle ap. J.-C. (il.5).
il.3 Nemesis, Apulum
il.4 Némésis double, Tomis
il.5 Nemesis, Callatis
De dimension relativement grande (155cm), Fortuna et Pontus, faisant
partie du Trésor de sculptures de Tomis (il.6), s’élèvent majestueusement le corps
droit et impressionant. Impressionant par la noblesse de l’allure et du visage et par
le niveau qualitativement supérieur d’une pièce locale, mais appartenant à un
atelier important et à un artiste adroit, maniériste, qui utilise, en effet, des modèles
connus (Fortuna Polias, le groupe sculptural Tychè d’Antioche appartenant à
Euthymides de Sicyone, disciple de Lisip). Le style (spécifique à la deuxième
moitié du II-ème siècle ap. J.-C. – le début du III-ème siècle ap. J.-C.12) ressort en
évidence par des caractéristiques hellénistiques concernant le modélage correct, les
proportions anatomiques harmonieuses, la finition attentive aux détails de la
surface, mais à laquelle s’ajoute le spécifique romain tardif surpris dans
l’expressivité du regard pathétique orienté vers le haut (les yeux ont l’iris et la
pupile marqués) et dans la technique du contraste et du jeu lumière-ombre à l’aide
du trépan. Le visage à la joue délicate et la bouche sensuelle est entouré par les
cheveux bouclés, à la raie au milieu. Le drapage épais et élégant du chiton et de la
chlamyde suit la ligne du corps, en mettant en évidence le pied droit fandé (la
position contraposée) et le genou, en s’arrangeant de manière naturelle en des plis
répétés, paralléles vers le bas de la taille, ou suivant la torsion du vêtement autour
de la taille. La main gauche (la droite manque) tient cornu copiae. Aux pieds de la
déesse, appuyé contre un bateau (représentée schématiquement et par fragments), il
y a un dieu, probablement Pontus, la personification de la Mer Noire (au début de
toutes les mers). On voit la partie supérieure du corps d’un homme mûr, le torse
athlétique (nu), son apparition d’une acanthe suggérant la sortie des vagues de la
12
Ibidem: 18.
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Mer, fait souligné par l’aspect des cheveux et de la barbe bouclée qui semblent être
mouillés. On a utilisé dans ce cas-ci aussi le trépan; corona muralis qu’il a sur la
tête (ce qui ressemble à une porte de cité aux portes flanquées par des canons), le
désigne en tant que protecteur de la ville. Il y a aussi une statue similaire de
Fortuna Poliade, trouvée toujours à Tomis, moins complexe et d’un niveau
inférieur en ce qui concerne la réalisation plastique, mais avec la même élégance
du vêtement et de la coiffure. Une statue acéphale à Apulum (il.7) est identifiable
par le cornu copiae conservé dans la main gauche visiblement trop grande (la main
droite est coupé du coude). En marbre blanc, de 40cm, la statue représente la
déesse debout, avec le chiton dont les plis mettent en relief la ligne du corps; elle a
le pied gauche fandé et exprime une atitude imposante, bien que la réalisation de la
pièce soit provinciale. La datation peut être fixée entre la fin du II-ème siècle et le
début du III-ème siècle ap. J.-C. Des analogies sont possibles avec les petites
statues de Stobi (Macédoine), Sopot (Moesia Superior), Sapaja (l’ex-Yougoslavie),
Gallia etc13.
De loin la sculpture ronde bosse la plus originale de toute la période
antique dans notre pays en est une animalière: le serpent Glykon (il.8), du même
trésor de Tomis. Un dieu énigmatique (adoré même en Occident, pendant
l’Antiquité Tardive – pendant Hadrianus et Antonius Pius14), Glykon représente un
concept complexe: un synchrétisme entre Glykon dans son hypostase classique et
une divinité locale personifiée par le serpent d’Aesculape (Asklepios), non pas sans
relation avec des divinités telles Dionysos ou le Chevalier thrace. À cela s’ajoute
aussi une complexité sans comparaison de la représentation plastique – spécifique à
la période antique tardive, à laquelle l’oeuvre appartient, avec l’accent mis sur la
tension baroque des volumes et sur le dramatisme du corps enroulé. Celui-ci
s’élève à une hauteur de 66cm15, en s’inscrivant dans un coin, dont la base est
formée par le plateau d’un diamètre de 50cm, ce qui constitue la base de la statue.
L’harmonie et l’équilibre spatial16 de cette composition parfaite ont un fort impact
visuel, cachant et relevant à la fois une géométrie secrète: de tout angle17, cette
pièce d’exception impressionne par la section d’or qui se détecte au-delà (sinon
justement dans) les tressages fluides et qui le rend unique18. Non pas au dernier lieu,
il faut remarquer l’imbrication fantastique de plusieurs animaux (ici, le prototype
est celui classique, retrouvé aussi dans les autres représentations de ce dieu): corps
de serpent, mufle d’ovine, yeux de chien, regard expressif, oreilles et longs
cheveux d’homme, collés à la tête et separés en mèches semble-t-il mouillées,
13
Ioan Pigariu. O statuet a Fortunei descoperit la Apulum, in Apulum, XXVI, Alba Iulia,
1989, pp. 213-221.
14
V. Canarache et al., op. cit., p. 110.
15
Mihai Irimia. Glykon la Tomis, in Preda’s, Constan a nr. 2, martie, 2005, p. 89.
16
Radu Florescu. Daco-romanii, p. 150.
17
Pour plus de détails, voir Dorina Popovici, Ioan Mircea Popovici. Glykon geometria
secret , in Preda’s, Constan a, nr. 2, martie, 2005, p. 106.
18
Bien que plusieurs petites statues de ce dieu soient aussi connues (Anatolian Museum,
Ankara, Agora Museum, Athena).
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queue de lion, terminée par une touffe de cheveux. Un artifice technique: une petite
bare spiralée de 8,5cm, coupée du même bloc de marbre, relie la tête des anneaux
placées au-dessous, en le soutenant, mais réalise aussi un remplissage d’un vide
compositionnel qui aurait pu être désagréable pour le regard. Une exécution
technique d’exception, d’un réalisme illusionistique, fait que les anneaux
deviennent de plus en plus petites à partir de la queue et tête vers le milieu, tout en
se rapportant à la dimension de la tête, et les écailles sont représentées en détail,
même dans les parties cachées, vers l’intérieur de la statue19.
il.6 Fortuna et Pontus (Tomis)
il.7 Fortuna, Apulum
il.8 Glykon, Tomis
Vénus, la déesse de la beauté et de l’amour, est fréquemment représentée
dans le statuaire. Il y en a encore, dans les provinces sur le territoires de la
Roumaine egalement, quelques sculptures, quelques-unes conservées par fragments,
où l’on retrouve les prototypes hellénistiques consacrées, toutes en mettant l’accent
sur l’harmonie et la beauté des proportions anatomiques, mises en évidence dans
un corps nu, comme par exemple la sensualité et la grâce de tradition hellénistique
en ce qui concerne la posture et le mouvement du corps. Dans la représentation de
l’image de la beauté, la sculpture confirme aussi la vision homérique, à savoir que
« chez la femme belle tout est fermeté, potentialité, contour bien marqué, même
plusieurs dimensions »20. Un torse en marbre de Tomis, haut de 68cm, d’un haut
niveau artistique, est lui-aussi un tel exemple qui représente avec adresse les traits
classiques de la déesse21. C’est toujours dans cette province que l’on a récemment
découvert (2006) une petite statue fragmentaire en marbre translucide (la moitié
inférieure du corps mesurant, avec le socle 25,5 cm hauteur22), datant du II-ème
siècle ap. J.-C. La déesse est représentée dans l’hypostase de la maternité, Venus
Gentrix23, avec dans ses bras Eros-enfant (dont il ne reste plus que le pied gauche).
Mais la représentation est ici semi-nue, sensuelle, la chlamyde devoilant son corps
19
V. Canarache et al., op. cit., p. 109.
Florica Bodi tean. L’image de la femme dans l’épopée héroïque: l’Iliade, in Alloquor Studia Humanitatis Iassyensia, vol. 2, nr. 3, iulie-septembrie 2009, p. 65.
21
Radu Florescu. Daco-romanii, pp. 148-49.
22
Zaharia Covacef. O nou statuet a zei ei Venus descoperit la Tomis, in Pontica,
XXXIX, Constan a, 2006, pp. 339-340.
23
Bien des femmes d’empereurs romains étaient représentées de cette manière.
20
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_________________________________________________________________________
dans la partie supérieure. C’est une oeuvre qui témoigne de l’adresse d’un artiste
qui a su contrôler les proportions anatomiques (bien que les pieds soient
surdimenionnés), qui a maîtrisé la science de la représentation du drapage, qui s’est
préoccupé de la finition de l’oeuvre. D’autres fragments similaires, toujours avec la
moitié inférieure du corps sont ceux d’Apulum (il.9), ou de Callatis (il.10), le
deuxième quart du III-ème siècle ap. J.-C., à cette différence prés qu’il s’agit de
l’hypostase Venus Pudica, la déesse faisant un geste en soulevant avec la main
gauche (conservée partiellement) le voile qui vient de glisser, couvrant seulement
ses jambes. Des fragments de statues en marbre se retrouvent de nos jours aussi à
Drobéta, Histria, Tomis. Mais il y en a d’autres qui se sont conservées: de petites
statues provinciales conformes à l’archétype praxitélien, en divers matériaux, de
diverses niveaux d’exécution (Drobéta, Sucidava, Romula, Apulum, Ulpia Traiana,
Napoca, Porolissum-Moigrad, le département de Salaj). Nombre de telles figurines
rudimentaires en bronze, à cause du mauvais traitement lors de la création, la
sensualité a disparu, tout comme les proportions justes, les formes sont devenues
de plus en plus schématiques (un exemple: une statue de Tomis, il.11). Nombre de
figurines en terre cuite se sont conservées à Apulum et Potaissa. Mais il y a aussi
des exemples d’oeuvres de qualité, de petites statues travaillées avec art, en bronze,
à Gil u (le département de Cluj), Potaissa (en bronze avec d’or) – celle-ci du type
Venus Pudica, s’éloigne du prototype classique, mais les proportions sont correctes,
et l’anatomie voluptueuse n’est pas dépourvue de charme; le visage a des traits
jeunes, une coiffure avec une coque à la nuque. D’un haut niveau artistique est
aussi la statue en marbre (II-ème siècle ap. J.-C.), de Tomis (il.12), même si
fragmentaire: la ligne du corps rendue sensuellement, on remarque l’intérêt pour
les proportions, pour le mouvement, la finition. On dirait une tête d’une statue
praxitelienne (toujours de Tomis) (une réplique de la fin du II-ème – le début du
III-ème siècle ap. J-C.24), un bronze tourné et attentivement poli.
il.9 Venus, Apulum
il.10 Venus, Callatis
il.11 Venus, Tomis
il.12 Venus, Tomis
Le dieu de la guerre, Mars, est représenté dans le statuaire, jeune et armé,
portant armure et casque, comme dans la statue d’exception de Porolissum. Les
détails et proportions sont bien réalisées, le corps est harmonieux, on distingue les
24
Radu Florescu. Daco-romanii, p. 148.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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muscles mis en relief, les cheveux bouclés, les yeux très détaillés, le casque
corinthien sur sa tête, au panache paré d’aiguilles de sapin, soutenu par un sphynx.
Il a la posture d’un athlète en train de lancer la lance, dans un mouvement très bien
réalisé. D’ailleurs, nombre de statues en bronze, d’une execution plus moins
soignée, ont été retrouvées à Ulpia Traiana, Apulum, Gherla et Potaissa (de cette
localité provient aussi la tête d’une statue en marbre de ce dieu).
Donc, le statuaire de culte sur le territoire de ces deux provinces apporte,
heureusement, des témoignages suffisants de l’existance sur ces terres d’un art qui
prouve l’influence romaine à ce niveau aussi; même sans ces exemplaires très bien
conservées, qui permettent une complète compréhension de l’évolution du statuaire,
il y a, cependant, la possibilité d’une étude comparative qui éclaricit le problème
concernant la propagation de la religion romaine en Dacia Traiana et en Schytia
Minor.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES
ET DIDACTIQUES
DE LA COMMUNICATION
DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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La sémiotique de la lumière:
Hypothèses (non)conventionnelles sur la genèse du mot
Traian D. ST NCIULESCU
Université « Alexandru Ioan Cuza », Ia i, Roumanie
Il y a plus d'un siècle, le problème de la genèse du mot était un tabou pour
les membres de la Société de Linguistique de Paris, parce qu'il dépassait le cadre de
la linguistique et provoquait de vives disputes, sans avoir une base scientifique. Les
acquis récents du savoir permettent de lever une telle interdiction, après avoir
accepté la vérité que, en général, les problèmes de l'existence humaine impliquent
une recherche inter(trans)disciplinaire.
Les controverses issues des mécanismes de la logogenèse supposent la
corrélation de diverses explications, commençant par celles de la physique
quantique jusqu'à celles de la biologie, de la neuro-psychologie jusqu'à celles de la
logique, de la philosophie et de la linguistique. Dans sa double qualité, de théorie et
de méthode, la sémiotique déploie ses vertus intégratrices pour décrire et expliquer
d’une manière intégratrice le processus de passage de l'Ontos au Logos, du «
langage de la nature (lumière) » au « langage de la culture (signe) ».
Le langage de la nature : entre virtualité et réalité
Le fait que la nature est « Le Grand Livre » de l'humanité (Emmeche &
Hoffmeyer, WEB 6,7) représente une intuition bien ancienne, reconsidérée de nos
jours par les conclusions de la sémiotique. Celle-ci soutient l'omniprésence de
l'information et implicitement de la physio-sémiosis, de la «communication » du
type « réflexion physique » au niveau des différents systèmes de la réalité: une
«sémiose virtuelle, antérieure à toute vie cognitive, ou, d'une manière
métaphorique, « un processus aussi grand que l'univers physique même ». (Deely
71) L'idée spéculative d'un « langage de la nature » est fondée sur la compétence
humaine de découvrir, de choisir et d'interpréter des signes de la réalité qui
déterminent la sémiosphère (Hoffmeyer, 1997b): l'ensamble des lumieres et des
couleurs, des sons, des ondes de toutes les champs, des figures, des orientations,
des mouvements, des numéro etc.
Selon l'affirmation des représentants de la « Gnose de Princeton », par
l'intermédiaire de ce « langage cosmique », « l'univers s'objective par nos sens », il
« sensifie sans signifier ». (Ruyer 1997) Un pareil langage s'exprimerait en termes
d'une binarité résultant des oppositions du type: impulsion-réaction, implosionexplosion, passif-actif etc., respectivement de la diade cause-effet et aussi par « la
codification binaire » de type « on-off », analogue-digital.
Deux conclusions certes peuvent se détacher de ces modèles (analogies de
types spéculatifs », comme elles sont considérées par des certains spécialistes):
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les mécanismes supposés de «codification informationnelle » déclenchés
sous l'action des forces polaires et de leurs combinations, engendrent les formes
fondamentales du monde, des « signes virtuels » unificateurs, que la connaissance
réflexive est en mesure de capter et de transformer en signes (symboles) réels;
quelle qu'eût été la nature du hard d'un « calculateur cosmique », il est
certain qu'un de ses soft a permis l'apparition de homo significans.
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La genèse des formes essentielles: le langage de la nature
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Dans ce contexte, la sémiotique peut assumer la sémiosis fondamentale de
la cosmogenèse comme un « acte linguistique » de type Fiat lux! ou Big-Bang, par
lequel « le texte du monde » va naître. Le spécificité d'un tel « langage » serait,
donc, déterminée par:
- l'activation de quelques principes universels ordonnateurs: la
systématisation (la structuralité), la connexion, la reflexivité, d'une part, la
spécificité des formes que l'information revêt, en tant que réalité universelle et
objectivée, d'autre part;
- la nature des forces physiques significatives impliquées (fondamentales
ou/et dérivées);
- la nature du substrat « signifiant » (substantiel et/ou énergétique) sur
lequel le principe « qui signifie » agit, pour générer les « formes-signifiés » qui
constituent « le lexique de la nature ».
D'après Ch. Peirce, la stabilité des trajets qu'une telle « signification »
(physiosémiosis) engendre représente le résultat de la plus ancienne loi de la nature:
« la tendance de créer des formes et des coutumes »; mais où il y a une forme, un
pattern, « retrouvera toujours un organisme pour lequel cette forme devient un
signe ». (Hoffmeyer 935-936) Le mécanisme de la transformation des formes en
signes constitue, donc, le prémisse du changement du « langage de la nature » dans
ce qu'on peut appeler « langage du vif ».
Sémiotique des formes humaines
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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Le langage du vivant, phénomène de résonance
Par langage du vivant on comprend la manière de manifestation (au niveau
des systèmes biologiques) d'une propriété propre à toutes les structures
substantielles-énergétiques du monde: la propriété d'entrer en résonance. Le
mécanisme de la résonance est essentiel pour expliquer le processus de
structuration et d'organisation hiérarchisée des systèmes complexes, vivants et nonvivants, respectivement le moyen de constitution des états: dissipatifs (Prigogine),
sinérgique (Haken), d'auto-organisation (Eigen) et d'auto-production (Maturana &
Varela) etc. Le processus de réflexion-communication (signification), présent au
niveau du vif sous la forme des types différents de biosémiosis (Sebeok, 1972) est
toute à fait intégrateur.
Le langage du vivant: des interactions bioélectromagnétiques entre plantes
Dans le cas de l'être humain, la genèse du « langage culturel » comporte
une série d'étapes hiérarchiques où le principe de la « résonance universelle »
(Constantinescu, Stanciulescu, 1993; Stanciulescu, 1998) est implicitement engagé.
Ces étapes, qu'on ne se permet que de mentionner dans cette étude, visent:
1) le transfert de virtualités propre au niveau physique au niveau
biologique;
2) la « communication génétique », où l'ADN et d'ARN représentent un
langage binaire, susceptible de reduplication et reconstitution;
3) la sensibilité diffuse, qui permet une résonance indifférenciée par
rapport à la qualité du stimulus;
4) la sensibilité différenciée, qui assure la manifestation complexe de l'être
humain en qualité d'« être vibratil » (résonateur);
5) la constitution du code sémiotique (symbolique) primaire, qui marque
l'apparition de la compétence de refléchir / représenter avec un sens certaines
séquences de réalité (la sémiosis intentionnelle);
6) la « communication sans mots », intérieure (la pensée) par résonance
intermentale, respectivement par résonance transindividuelle, par l'ajustement du
sujet humain à un présumé « champ informationel collectif ».
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7) la communication extérieure, par le biais des codes symboliques
secondaires nonverbaux (le code gestuel, plastique, musicale) ou verbaux.
Les correspondances entre l'Ontos (les types de résonance objective au
dessus mentionnés) et le Logos (les discours sémiotique afférentes) sont décrites
par les branches afférentes de la sémiotique: la physiosémiotique, la sémiotique
génétique, la phytosémiotique et la zoosémiotique, la sociobiologie,
l'écodynamique, l'anthropo-sémiotique, la sémiotique linguistique, la sémiotique
culturelle.
Les recherches réalisées dans ces domaines dénotent l'existence d'un
processus de sémiotisation de la nature, un processus pour lequel le paradigme de
la « résonance informationnelle » représente un cadre de référence.
On peut tirer deux conclusions à ce moment:
a) Envisagées retrospectivement, toutes les étapes de la transformation de
la compétence en performance linguistique permetent une solution médiatrice entre
l'école d'innéisme (Chomsky) et l'école du constructivisme (Piaget): la genèse du
langage doit être cherchée autant dans l'existance du « noyau dur » (mesure de la
compétence linguistique, acquise de manière phylogénetique par l'espèce humaine
et héréditairement transmise à l'individu), que dans l'existence de certaines
capacités intellectuelles acquises sous la pression du milieu socio-culturel
(prémisse de la performance linguistique à laquelle l'individu est soumis) tout au
long de l'ontogenèse.
b) D'une perspective méthodologique, on peut dire qu'à chacune des
branches de la sémiotique au dessus mentionnées correspond en principe une étape
du processus de maturation de la sémiosis linguistique (par lequel le sens et le
langage verbal sont générés).
On pourrait conclure que la sémiotique est une « science de la vie »
(Danesi 14) parce qu'elle offre une « base théorique pour la biologie », pour le
processus de passage du nonanimé (physique) à l'animé (biologique) (Kull: WEB),
respectivement pour le passage du biologique au psychologique, d'une part, parce
que sa méthodologie permet de connaître unitairement la réalité du vivant, d'autre
part.
Le mot - „noyau dur du langage de la culture
L'hypothèse longuement controversée selon laquelle le langage humain
n'est autre chose qu'un miroir (speculum) dans lequel – d'une manière
iso(homo)morphique – le monde lui-même se réfléchirait, définit aussi l'objet de la
présente étude: les métamorphoses du langage/mot, en tant qu'archétype du passage
de la nature à la culture. Pourquoi le mot? Parce que rien n'est plus important pour
l'évolution historique de l'être humain que le langage: admettons que l'attribut de
significans / loquens est celui qui fonde ses qualités de sapiens, cogitans, faber etc.
à l'aide desquelles on définit d'habitude l'homme.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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Parce que, en tant qu'être cosmique et social, la meilleure façon de décrire
l'homme, c'est son langage, selon Wittgenstein: « Les limites du langage sont les
limites de mon monde ». (Wittgenstein 102) Puisqu' «être homme signifie exister
par le langage » (Capra 49) et « être dans le langage (dans la communication)
signifie devenir soi-même » (ourself) (Posner, 1993), signifie être en accord avec le
milieu naturel et culturel grâce au mot. Parce que, parmi les systèmes de la culture,
le langage est le système générateur, pour lequel le mot articulé représente le «
noyau dur ».
Le paradigme d'icônicité sous le signe de la „tension essentielle
La genèse du mot peut être décrite comme une sémiosis en rapport avec
l'idée de « tension essentielle ». En suivant Thomas Kuhn (1981), par ce syntagme
en peut redéfinir en termes sémiotiques la polarité entre intuition/ connaissance
ancienne et raison/connaissance moderne (perspective syntactique), entre l'ontos/
referentiel et logos/mot (analyse sémantique), entre culture/ code et nature/
contexte (attitude pragmatique).
Il est à noter qu'en général, dans ces horizons explicatifs, le mécanisme
générateur est celui d'une situation d'icônicité. Ainsi:
a) la théorie moderne récupère/integre des principes (signes) de la théorie
classique;
b) le mot réproduit l'image mentale qui, à son tour, reproduit l'image
naturelle;
c) la culture réfléchit initialement la nature et ensuite la culture agit en tant
que modèle sur la nature, en la modifiant.
On pourrait donc dire que l'icônicité (le mimétisme) représente un trait
essentiel de la réalité, un paradigme par lequel le signe (et la sémiosis même) est
défini, parce que tout signe suppose un certain degré d'iconicité instituée entre son
information (signifié) et sa forme (signifiant), d'un côté, entre son contenu-forme et
la réalité dénommée, de l'autre côté. Autrement dit, l'icônicité désigne la relation de
résonance (relation de signification) instituée entre le signe et son monde
référentiel.
C'est justement à cause de son importance que le paradigme de l'icônicité a
été soumis à de violentes controverses. Pour ses adeptes, l'icônicité du signe a son
origine « dans la représentation simulative du monde », l'icônisme étant «le cœur
de la sémiosis » (Sebeok) (cf. Danesi, 1998). Par contre, les opposants critiquent
l'icônisme, en affirmant qu'il se fonde sur quelques « préjugés naïfs », qui peuvent
être logiquement repoussés, faisant prévaloir la « nature culturelle » des signes
(Eco). Selon nous, en soutenant l'utilité d'une logique polyvalente du type « et/ et »
pour resoudre les multiples disputes de la « tension essentielle », une solution
médiatrice est possible. Dans cette tentative de conciliation, le privilège du
métalangage revient à la sémiotique.
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La naissance du mot sous l'emprise du mimétisme : une taxonomie
possible
Deux catégories d'explications ont été historiquement associées à la
naissance du langage verbal: naturaliste (phusei), en soutenant l'apparition du mot
par motivation, par sa consubstantialité avec la réalité dénommée, et
conventionnaliste (thesei), en postulant le caractère arbitraire du nom par rapport
au référent. Les deux doctrines font l'objet d'une dispute acharnée – soutenue avec
des arguments ontologiques et etymologiques (gramaticaux et sémantiques) – entre
Cratylos et Hermogenes, personnages d'un des plus connus dialogues platoniciens.
Tenant compte de ce qu'on a dit jusqu'à présent, on peut accréditer l'idée
que l'apparition et l'utilisation de la parole verbale doit être liée à l'explication
naturaliste, dans une première phase de la manifestation humaine par la parole,
mais aussi à l'explication conventionaliste, dans une étape ultérieure, moderne, de
l'histoire humaine.
Pour argumenter ce point de vue dans un autre contexte (Stanciulescu,
1995), nous avons réconsidéré l'ensemble d'hypotèses explicatives formulées
jusqu'à présent de la perspective de certaines disciplines complémentaires,
notamment « intuitives » (la linguistique, la philosophie, la psycho-sociologie du
langage etc.) ou/et « logiques » (phonologie et la phonétique, l'épistemo-logique, la
sémiologie). La synthèse des principaux types d'explications scientifiques au sujet
de la logogenèse nous a permis la mise en évidence de quatre catégories
d'explications groupées - comme l’affirmait Umberto Eco (1982) - sous « la
coupelle du mimétisme », en visant:
1. Les hypothèses du mimétisme ontologique (primaire) mettent en
évidence la qualité du son d'être le substrat « passif » de la reproduction – selon le
principe de la resemblance – des phénomènes ou des processus objectifs,
particuliers (voir la genèse d'onomatopées naturelles ou artificielles, conformément
à la théorie bow-wow).
2. Les hypothèses du mimétisme phonétique (secondaire) utilisent
les valences « actives » des sons articulés, pour reproduire des correspondances
adequates à un certain référent, par: l'imitation phonétique, le mimétisme
articulatoir (la théorie pooh-pooh, ding-dong, yo-he-ho, la-la), le mimétisme des «
traits distinctifs».
3. Les hypothèses du « mimétisme conventionnel » (tertiaire)
suggèrent le passage de la genèse des mots du type intrinsèque (motivé) à la
genèse des mots du type conventionnel (non-motivé), par les suivants mécanismes
générateurs: a) le transfert sémantique; b) la motivation symbolique (relative); (c)
l'étymologie
par
voisinage;
d)
la
génération
par
combinaison
sémantico-grammaticale; e) le conventionnalisme / mimétisme semi-partiel (par la
motivation seule du signifiant ou du signifié). Dans tous ces cas le résultat est un
mot partiellement rallié au referentiel (un signe sémi-motivé donc).
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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4. Les hypothèses du conventionnalisme partiel vs intégral développées dans la filière de l'arbitraire saussurien – soutiennent le fait qu'une
grande partie de signes linguistiques est née par convention culturelle, par un
arrangement social au niveau du groupe linguistique, les mots n'étant motivés ni au
niveau du signifiant ni à celui du signifié.
Le tableau des explications présentées ci-dessus permet la formulation de
quelques conclusions de facture sémantique, à savoir:
L'idée d'un continuum graduel – de possibilités de l'expression icônique:
du point de vue sémantique, celles-ci caractérisent tous les degrés du pouvoir du
mot, en commençant avec la résonance énergétique du signifiant sonore par rapport
à la chose dénommée jusqu'à la résonance informationnelle (du contenu logique)
du signifié capté par le sujet humain.
Les tentatives d'explication formulées suggèrent (chacune distinctement)
un mécanisme générateur hypothétique d'un certain type de mots. Il résulte que
seulement la complémentarité des hypothèses mentionnées peut ébaucher une
image intégratrice sur la façon dont a vu le jour le foisonnement des types des mots.
Les explications proposées sont construites surtout par la perspective
des disciplines socio-humaines qui n'opère pas à l'aide d'un ensemble d'instruments
possédant un haut degré de formalisation ou d'expérimentation scientifique. Il
s'ensuit que d'une manière intuitive (en principe) elles peuvent être correctes, mais
que du point de vue scientifique elles ne sont pas suffisamment justifiées et
validées.
La nécessité d'intégrer les acquis les plus récents des sciences des
systèmes complexes (neurocybernétique, la psychologie cognitiviste, la théorie de
l'information, la technologie computationnelle etc.) impose une nouvelle vision sur
la logogenèse, capable de faire un peu de lumière dans „la boîte noire dans
laquelle les mots sont nés et d’où ils ont émergé.
Sésame, ouvre-toi! – un modèle non-conventionnel de la genèse du
„mot-pouvoir
Un modèle scientifique de la logogenèse, pour lequel la sémiotique est un
instrument de travail, suppose l'intégration des principales données scientifiques
connues sur la genèse du mot dans une modèle non-conventionnel, en admettant
que:
- c'est le résultat d'une vision transdisciplinaire (Nicolescu, 1998), en
mobilisant sous l'emprise de la sémiotique les conclusions des explications
scientifiques déjà mentionnées, pour lesquelles le principe de la résonance /
iconicité de la chose avec son nom constitue une prémisse de départ;
- il se raccorde aux conclusions pertinentes de certaines théories
récemment élaborées concernant la logogenèse, par exemple la « théorie icônique
sur l'origine du langage » (Voronin, WEB) ou la « théorie motrice du langage »
(Allott, WEB);
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- il se sert des instruments de certaines disciplines scientifiques de frontière
très récentes, par exemple la biophotonique (qui rapproche le domaine biologique
des suggestions de la théorie et de la technologie des lasers);
- il utilise dans son argumentation des théories scientifiques originales et,
par cela, encore non-conventionnelles, des théories d'une grande force explicative,
mais insuffisamment connues (et acceptés) par la communauté scientifique;
- par l'intermédiaire des explications proposées, le modèle envoie
directement ou indirectement à une phénoménologie insuffisamment connue (et
souvent marginalisée, même ignorée) par la science « standard ».
Pratiquement, grâce à ces dernières caractéristiques, notre recherche
contribue à la compréhension des mécanismes de la logogenèse, en répondant aux
questions que les scientifiques se posent aujourd'hui, notamment: Comment les
types d'énergies-informations/ signaux se transmettent effectivement du référentiel
extérieur vers le complexe sémantique du système nerveux et d'ici, par
isomorphisme, au niveau de l'appareil verbo-kinesthésique?; Comment peut-on
parler de ce qu'on voit?, et comment réaliser connexion entre la théorie du langage
et la théorie de la vue (Jackendoff 90)?; Comment pourrait-on valider l'hypothèse
de Karl Pribram (1971) selon laquelle le système cérébral (la mémoire) fonctionne
sur des principes holographiques? etc.
Le pouvoir organisateur du son
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Des possibles réponses peuvent-être formulées en utilisant les suggestions de deux
théories « neconventionnelles » que nous avons developpées au point de vue «
technique » dans des différentes autres contextes:
1) La théorie des « lasers biologiques » (TLB) (Stanciulescu, Manu, 2002)
démontre le fait que, en qualité de source énergo-informationnelle, la lumière a le
rôle essentiel dans l'organisation et de la fonctionnement des structures biopsychologique de l'organisme vivant (humain), fait permis par:
- le mécanisme de l'absorption-émission stimulé par la radiation lumineuse
au niveau de certaines micro-structures organiques (le complexe phosphate/eau
liée/oxygène moléculaire) présentes partout dans l'organisme, qui engendre un
processus de bioluminiscence (de type « laser biologique » ) caractérisé par
cohérence, monochromaticité, directionnalité, intensité, polarisation;
- la dispersion spécifique (magnétique-rotatoire et polarisée) de la lumière
pénétrée dans l'organisme (par réflexion, réfraction, biréfrigence) au niveau de
certaines structures ayant des propriétés de cristal liquide, présentes dans les
membranes et dans le corps cellulaire.
À la suite à ces propriétés structurales, les membranes, les noyaux et les
cellules, les organes et l'organisme dans son ensemble fonctionnent comme un
système toujours plus complexe de « lasers biologiques », enchaînés et entremêlés.
Leur fonctionnement - dans ensemble corrélé par des phénomènes BEMPh
(biochimiques, électriques, magnétiques, photoniques) - explique le processus de
métamorphose de la lumière naturelle pénétrée dans l'organisme humain dans une
lumière (bioluminiscence) de type « laser biologique ».
Une telle métamorphose est essentielle pour comprendre les mécanismes
néuro-physiologiques qui accompagnent la logogenèse: le fonctionnement
holographique du cerveau, par exemple. À l'aide des arguments de la
biophotonique on peut justifier, aujourd'hui que les hologrammes cérébraux sont le
résultat de l'activité synergique du cerveau, qui interprète d'une manière unitaire les
informations parvenues aux analyseurs (celui visuel notamment). Une telle activité
unitaire du cerveau peut être expliquée par le fait qu'au niveau des cristaux liquides
membranaires - du leurs propriétés de piezoélectricité - tout type de stimulusimpulsion est transformé en flux d'electrons, respectivement de (bio)photons. Donc,
le cerveau interprète et stocke (mémorise) - à ses différents niveaux de profondeur
(dans l'ADN, par exemple) (Popp et. al., 1989) - des complexes (bio)photoniques
par lesquels le stimulus-source est caractérisé.
Tous ces aspects corrélés à un complexe d'autres principes déterminés par
l'activité photonique (optique) du cerveau peuvent être détaillés dans les limites
d'un modèle analogique cerveau-ordinateur, réalisé par la perspective de la
biophotonique dans une autre contexte (Stanciulescu, Manu, 2000).
La présence des énergies/ informations captées par le cerveau sous forme
d'impulsions photoniques, transmises par le système de « fibre optique » des nerfs,
détermine la constitution de certains « trajets mnésiques » relativement stables, par
références répétées à un seul et même monde référentiel. Nous avons identifié le
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substrat physique de ces « traces de mémoire » avec les cristaux liquides
membranaires activés optiquement, qui - excités par des stimuli (bio)photoniques
ayant des fréquences, intensités, temps d'actions etc. différents – se raidissent dans
des formes/positions relativement stables et, en même temps, acquièrent des degrès
différents de transparence. Enregistrées par des mécanismes spécifiques au niveau
de l'entière masse cérébrale, les excitations extéroceptives (ou intéroceptives)
constituent la source de différents types de mémoire. Il suffit qu'un stimulus
identique à celui qui a généré l'enregistrement soit capté au niveau cérébral, afin
que – par un processus de résonance holographique – le cerveau actualise (à un
degré inférieur on supérieur de fidélité) l'entière information stockée par le cerveau,
concernant le référentiel visé.
2) La théorie photonique de l'énergie-information (Constantinescu,
Stanciulescu, 1993) met en évidence une modalité complémentaire de constitution
des représentations mentales, en postulant:
- la cohérence entre les deux dimensions structurales de la lumière:
énergétique (à laquelle s'associe le composant électrique de la radiation
électromagnétique) et informationnelle (à laquelle s'associe en subsidiaire le
composant magnétique de la lumière);
- l'existence du bio-champ autour de l'organisme humain ( « l'aura » qu'on
peut rendre visible à l'aide des technologies de type Kirlian ou électronographiques)
(Oldfield, Coghill, 1997), représente un résultat de l'émission de type « laser
biologique », étant un champ énergo-informationnel quasi-stationnaire, constitué
d'un nombre indéfini de spectres Fourier.
Conformément à ce modèle, la réception des informations ne se réalise pas
seulement au niveau des analyseurs, mais aussi au niveau du biochamp. On peut
expliquer donc la possibilité de transfert des informations du substrat radiant au
substrat cérébral, par un mécanisme de résonance holographique: l'information
stockée au niveau du biochamp agit sur les vibrateures des cristaux liquides
membranaire, qui en modifient la forme, la position etc.
En essence, en corroborant les deux théories au-dessus nommées, il résulte
que les hologrammes mentaux - constitués grâce aux analyseurs ou/et au biochamp
humain – vont être activés au niveau des centres d'analyse et synthèse constitués
dans les zones (pré)frontales du néocortex. D'ici l'information va être transmise au
niveau de l'appareil verbo-kinesthésique par des commandes effectrices. Par ces
commandes on transfère le complexe de vibrations (informations) afférentes au
hologramme-objet au niveau du complexe de « lasers-biologiques » qui compose
l'appareil verbo-kinesthésique. On pourrait donc dire que le mot sonore se constitue
à la suite d'un processus de résonance entre les fréquences propres aux
hologrammes mentaux et les fréquences auxquelles les cordes-vocales vibrent. Ce
processus suppose quelques étapes corrélées, à savoir:
- la représentation du référentiel au niveau d'un hologramme cérébral et
l'activation de cet hologramme (du niveau du substrat mnésique) par des
mécanismes de contrôle volontaire (attention, intentionnalité etc.);
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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- le transfert de l'information contenue dans le hologramme cérébral vers
des muscles effecteurs de l'appareil verbo-kinesthésique, qui se tensionnent selon la
forme, la couleur, la consistance etc. de l'objet représenté mentalement;
- la transformation de l'énergie-information (bio)photonique en information
énergie mécanique (pression), comme une conséquence de l'effet de piezoélectricité des cristaux liquides des membranes cellulaires.
Chaque type d'information cérébrale reproduit une caractéristique du
référentiel, leur ensemble étant transmis simultanément et d'une façon synchronisée
vers la musculature de l'estomac et de la cavité pulmonaire, vers la musculature du
résonateur laryngien, pharyngin et du larynx, et, finalement, vers la musculature
buccale, faciale, du maxilaire et de la langue. La description de ce circuit verbokinesthésique profile quelques conclusions :
- icônicité complète (le « motif phonématique » ) est réalisée au niveau
supérieur de la cavité buccale, où les complexes sonores articulés synthétisent les
particularités objectives du « langage de la nature » (objectuel ou processuel), par
la combinaison des phonèmes icôniques élémentaires;
- il résulte donc des formes circulaires ou linéaires, fricatives ou lisses,
rondes ou aiguës etc., des actions de types implosion-explosion, pénétration-sortie,
etc., des attributs comme lumineux ou obscur, humide ou sec, chaud ou froid, etc.
(Saban, 1993);
- le complexe sonore final - le mot articulé - est un complexe « SASER »
(Sound Amplificated and Stimulated Emission of Radiation), reproduisant
homomorphe les propriétés du hologramme-objet, qui, à son tour, est isomorphe
avec la chose dénommée.
La genèse iconique du langage verbal
Ce mécanisme holonomique – d'interférence entre deux types d'énergies
(biophotonique et biophonique) – a permis à l'être protohumain de générer ses
premiers mots comme des hologrammes optiques-acoustiques, formes extérieures
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des hologrammes mentaux intérieurs. On peut considérer que dans leur qualité de
«réflexion de la réflexion »/« résonance de la résonance », les mots ainsi nés ont
défini le fond principal du lexique archaïque. Dans la mesure où les mots ont une
forme interne (motivée par rapport au référentiel), ils ont aussi une forme sonore
externe, motivée en rapport avec le contennu mental (le sens). D'autre part, ce
«mimétisme ontologique » peut expliquer les effets « magiques » du pouvoir du
mot de type: « Sésam, ouvre-toi! ». En qualité de réflexion homeomorphique du
référentiel, le mot declanche par sa signifiance une résonance énergétique envers
l'objet nommé, en lui provoquant des effets physiques plus ou moins sensibles.
L'hypothèse décrite permet les correspondances suivantes:
le signifié (contenu mental) correspond à la réprésentation cérébrale;
le signifiant a une double correspondance: l'une intérieure, au niveau de
la représentation phonémique (neuronale), l'autre au niveau de l'expression sonore
associée.
Le circuit causal : réprésentation
phonème
son constitue un cadre
pour le processus de motivation mimetique de la logogenèse. On pourrait formuler,
d’une manière intégratrice, une loi générale des systèmes complexes: la loi des
metamorphoses circulaires. Celle-ci est fondée sur la conclusion: ce qui est signifié
dans le système sous-jacent devient signifiant dans le système sus-jacent etc.
Conclusions ouvertes : de la culture à la nature
Du point de vue pragmatique, la preuve du fait qu' ab initio « tout mot a
une force/puissance » dérivé non pas d'une convention ou d'une autorité, mais de sa
structure sonore elle-même (Allott, WEBb) nous permet d'expliquer
scientifiquement une série d'aspects obscurs, ignorés ou refusés de l'histoire du «
mot de puissance ». Nous rappelons seulement quelques-uns dans ce contexte: la
possibilité de la comprehension directe et immédiate du contenu d'un mot, le
pouvoir du nom propre, le pouvoir thérapeutique des incantations, des mantres etc.
Cet apport intrinsèque (bio-psycho-physique) du mot à la configuration de
la réalité humaine confirme théoriquement l'hypothèse Sapir-Whorf: la forme de la
langue reflète la conception sur le monde du groupe qui s'en sert. A cette
hypothèse nous ajouterions une autre, moins conventionnelle: la structure
phonétique d'une langue détermine implicitement la physionomie psychocomportementale de l'individu ou du groupe.
Avec cette dernière considération, on peut formuler quelques conclusions
intégratrices, en ce qui concerne les types de métamorphoses que l'apparition et
l'évolution du mot ont subis à travers le temps sur la verticale Nature – Culture:
- Les concepts « clés » sur lesquels repose toute la construction présente de
la logogenèse sont ceux de résonance/signe-mot/icônicité, qui désignent
fonctionnellement et structurellement l'isomorphisme entre la réalité et la nature
(refletés par des signes potentiels) et celle de la culture (refletés par des signes
réels).
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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- Le problème du passage de la « nature » à la « culture » équivaut – en
termes sémiotiques – à un passage de « quelque chose » à « quelqu'un ».
- Le complexe nature-culture engendre un paradoxe: le « langage de la
nature », cosmique et biologique, génère et « sensifie » pas seulement les mots,
mais aussi les parleurs mêmes.
- Dans le processus de genèse et d'évolution du langage humain – toutes les
directions (les hypothèses de la logogenèse) déjà mentionnées sont
complémentaires.
- Le mécanisme de la logogenése impose aussi une analyse synchronique
et diachronique.
Dans ce sens, une perspective triadique-sémiotique (syntactique,
sémantique, pragmatique) sur les métamorphoses subies le long du temps par le
mot (le langage) nous a permis les conclusions suivantes (Stanciulescu, 1995):
1) Dans une perspective syntactique, la corrélation motivé-immotivé peut
être suivie à travers la dialectique entre signifiant et signifié. Une telle dialectique
permet la mise en évidence des phases évolutives suivantes: une phase
d'indistinction structurale, une phase d'individualisation relative des constituants du
symbole-signe, une phase d'autonomie (arbitraire) quasi-totale du signifié par
rapport au signifiant, une phase d'arbitraire total du signifiant par rapport au
signifié.
2) Dans une perspective sémantique, visant l'étape indéfinie
temporellement de la constitution du fonds principal de mots, on va constater que
les deux dimensions du signe linguistique peuvent être retrouvées: l'attribut de
«l'immanence » correspond surtout aux mots formés par mimétisme primaire ou
secondaire, tout comme l'attribut de l'arbitraire se retrouve dans la genèse de type
conventionnel (ou conventionnel-mimétique).
3) La perspective pragmatique retrouve la genèse et l'évolution du signe
linguistique du point de vue de l'évolution de l'être humain en tant qu'entité biopsycho-sociale. On constate, ainsi, qu'en passant de l'état primitif à la modernité,
l'homme va perdre graduellement ses aptitudes naturelles-intuitives présumées par
le processus de la dénomination au profit de quelques mécanismes logicorationnels de type déductifs, pour résoudre différement le processus de
développement de la langue et du langage.
Parallèlement à la voie des métamorphoses subies par le mot, l'homme moderne
(après avoir conquis la dignité d' « être culturel » ) semble souvent avoir oublié ses
origines cosmiques, sa qualité d' « être naturel ». Devrait-on y chercher la cause des
déséquilibres, du malaise, des tensions arrivées au paroxysme? Une solution, à la
portée de tout homme, serait la conciliation des deux modes de connaissance qui
permettraient à l'homme moderne de récupérer ses origines, de mieux comprendre
sa nature et d'évoluer conformément à son essence, par l'intérmédiaire du « mot
(idée, pensée) de pouvoir ». En synthétisant, un tel impératif pourrait être formulé
ainsi : à partir de la culture, par le pouvoir du mot, de retour à la nature!
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L’interculturel et l’identité nationale dans le contexte
de la mondialisation
Ana BONDARENCO
Université d’État de la République de Moldova
Résumé
Dans cet article on examine une série de problèmes qui tiennent de l’interculturel
historiquement instauré dans différents contextes sociaux de la planète ou qui persistent
dans tout pays, suite au processus de la migration apporté par la mondialisation. On
s’interroge surtout sur les effets de l’interaction et de la coexistence des cultures, sur ce qui
se produit avec l’identité nationale et en même temps avec les différences de cultures des
émigrés, s’exprimant, en premier lieu, par les signes identificatoires de la culture
anthropologique, les us et les coutumes.
Les exemples apportés démontrent la coexistence de deux cultures dans le corporel et dans
le psychique d’un être humain. C’est pour cette raison qu’on pourrait parler d’une double
culture, d’une double identité mais elles ne se caractérisent pas par le même pouvoir
d’identification et de manifestation de l’individu.
Mots-clés: mondialisation, interculturel, interaction et coexistence des cultures, identité
nationale, culture anthropologique, double culture, double identité.
Abstract
This paper examines a series of problems on intercultural, historically established in
different social contexts of the world or which persists in all around the country, as a result
of the migration process brought by the globalization. We wonder especially on the effects
of cultures’ interaction and coexistence, on what happens with the national identity, and, at
the same time, with different cultures of emigrants, speaking, firstly, about identifying signs
of anthropological culture, habits and customs.
The given examples show the coexistence of two cultures in the body and in the psyche of a
human being. For this reason, we should speak of a double culture, a double identity, but
they are not characterized by the same power of identification and demonstration of the
entity.
Keywords: globalization, intercultural, cultures interaction and coexistence, national
identity, anthropological culture, double culture, double identity.
La persistance de l’interculturel dans un contexte social est conçu comme
le produit des contacts, de la cohabitation des cultures, de l’interaction de l’identité
et de la diversité dans un contexte national, de l’interpénétration des cultures dans
des espaces sociaux au niveau de la planète, de la construction d’une Alter identité
ou d’une Alter culture pour une insertion sociale, de l’altération, voire de
l’effacement, de la disparition des cultures et de l’installation de certains
constituants de la culture d’un Autre, dans la majorité des cas du plus fort. C’est le
problème de l’hégémonie d’une culture, phénomène apporté par la mondialisation.
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Il est vrai que la mondialisation s’identifie de plus en plus à l’américanisation de
nos modes de vie et d’existence, y compris de notre culturel.
La mondialisation se caractérise par la mutation, par l’émigration, par la
consommation de l’information, par des tendances uniformisantes s’instaurant et
imposant leurs normes, leurs modes de vie et d’organisation du système politique,
économique et culturel d’un pays. De nos jours, il est impossible de trouver un
contexte social, une communauté sociale à qui soit propre une seule culture, où
l’on pratique les mêmes us et coutumes, où l’on parle une seule langue, où la
culture nationale du pays d’accueil, d’une part, ou celle des minorités nationales,
d’autre part, ne soit altérée par une autre culture, par une autre tradition qui
s’infiltre, commence à s’imposer, à persister, suite à leur pratique dans un milieu
social. L’expérience démontre que certains des autochtones sous l’influence des
traditions des émigrés ou des traditions d’autres cultures commencent à les
pratiquer et à les intégrer dans leur milieu social, elles sont qualifiées comme des
signes du nouveau.
L’interculturel est un problème social, psychologique, politique, ayant ses
effets sur l’économie des pays, finalement, c’est un problème pluridisciplinaire. Il
génère des tensions, des contradictions dans l’organisation de la diversité, des
conflits et des guerres, phénomènes qu’avaient vécus et continuent à vivre nombre
de communautés sociales.
Vu cette problématique de l’interculturel, nous nous sommes interrogés sur
les questions suivantes:
- Qu’est-ce qui se passe, en effet, avec deux ou plusieurs cultures qui se
rencontrent, avec celle du contexte social dans lequel devrait s’intégrer un émigré
et avec la culture d’origine de ce dernier? Par exemple, l’installation des émigrés
d’Afrique dans nos villages, dans des logements construits avec le soutien financier
de l’UE, qu’est-ce qu’elle va apporter pour le culturel de nos concitoyens? La
préoccupation de l’UE pour les conditions de vie de ces émigrés démontre la
favorisation de ce processus. Ceci donne de la matière à réfléchir sur les problèmes:
- L’émigré vit, s’alimente des deux cultures ou il commence à pratiquer la
culture de la terre d’accueil, en perdant petit à petit la sienne ou en la préservant
dans un coin de sa conscience, de son corporel?
- Si on préserve certains indices de la culture d’origine, quelle est la nature
de la situation des contacts humains qui détermine l’émergence des signes
identificatoires de l’identité?
- Qu’est-ce qui conditionne l’acceptation ou le rejet de la culture de l’Autre?
- Quel est le critère déterminant de l’acquisition des nouvelles pratiques
culturelles ou de la préservation de son identité nationale, celui provoqué par la
raison ou le critère psychologique?
- Quels sont les effets perlocutoires des nouvelles pratiques sociales,
culturelles acquises par un individu?
- Quelle est le contenu de la compétence pluriculturelle qu’on devrait
construire chez le public migrant, chez les élèves?
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Nombreux sont les problèmes que pose la rencontre des cultures. Il est
certain qu’il est difficile de donner une réponse exhaustive à ces questions dans les
conditions où l’avenir de l’UE et de sa monnaie pose tant de problèmes.
La prise en compte du temps dans la persistance de différentes cultures
dans les contextes sociaux du monde permet d’y identifier deux types
d’interculturel et, par suite, de diversité: diversité historiquement instaurée dans
un contexte social et diversité ou différence de cultures installées durant les
dernières années, effet de la migration des peuples.
Si on fait référence à notre contexte social, on pourrait exemplifier le
premier type de diversité culturelle par l’installation depuis des siècles des
Ukrainiens, des Bulgares, des Gagaouzes, des Bohémiens, des Russes sur le
territoire de notre pays; le deuxième type de diversité c’est celle apportée par la
migration des minorités arabes, africaines, asiatiques dans les années de
l’indépendance du pays, impact de la mondialisation. La minorité arabe insiste sur
la reconnaissance et l’acceptation légitime de la pratique de leur culte.
Quant à la France, comme nombre d’autres pays, elle est devenue très
différente au niveau culturel, étant obligée de vivre et d’accepter la pratique
d’autres cultures.
La politique du pluriculturalisme passe par une crise évidente, en effet, il
s’agit d’un échec de son application. Les femmes musulmanes, malgré la loi
adoptée concernant le port du voile, de la barca, ne la respectent pas, elles
continuent à le porter.
La chancelière A. Merclé, M. le Président N. Sarkozy, le Premier Ministre
de la Grande Bretagne, David Kameron constatent l’échec de la thèse de la
diversité nationale, du pluriculturalisme. Après le crime commis par l’islamiste
Mohamed Merah en France les hommes politiques russes parlent du crache de
multiculturalisme. Dans ces conditions N. Sarkozy considère qu’on s’est trop
préoccupé des minorités nationales et on ne s’est pas préoccupé de l’identité
nationale. Marine le Pen, représentante du Front National de France, candidate aux
élections présidentielles en France, insiste qu’on endurcisse la loi de l’identité
nationale, elle propose une double identité.
La rencontre et la coexistence des cultures déterminent leur relation étroite,
leur interaction. Les effets de cette interaction sont différents, on pourrait y
identifier trois types d’intégration sociale des émigrés:
- l’acceptation par l’émigré de la culture d’un nouveau contexte social,
l’apprentissage et l’appropriation des modes d’être de l’autochtone. C’est en ce cas
qu’on s’interroge sur ce qui se passe avec la culture d’origine. Les sociologues, les
hommes politiques, les sociologues proposent pour des situations de ce genre la
thèse: exploiter les effets du dialogue et apprendre à vivre en commun ou à côté de
l’Autre;
- les émigrés, en s’intégrant petit à petit dans la société d’accueil et en
s’appropriant des comportements propres à cette communauté sociale, continuent
en même temps à préserver et à vivre avec leurs traditions culturelles, en se servant
de leur langue national comme outil de communication dans le privé;
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- l’émigré accepte de s’approprier tous les constituants de la culture du pays
d’accueil, tandis que son national commence à s’effacer où à faire son apparition
dans des situations particulières: rencontres des compatriotes, pratique des fêtes
nationales du pays d’origine ou lors de sa rentrée, après des années, dans son pays
d’origine etc.
L’appropriation de l’identité du pays d’accueil se présente comme un long
processus de l’acquisition et de l’appropriation de nouvelles normes de vie, de
nouvelles traditions et de leur mise en place, des stéréotypes de vie.
L’apprentissage de la langue est envisagé comme condition prioritaire pour
l’interaction verbale, pour la compréhension de l’émigré et du locuteur autochtone.
On apprend, en effet, les stéréotypes de faire, de dire et d’être de ceux qui
représentent la nation d’accueil. Leur formation demande du temps lors duquel
l’individu pratique les normes appropriées, il s’entraîne à être un Autre.
On ne pourrait pas affirmer qu’un de ces types d’intégration sociale est
plus propre ou moins propre à telle ou telle minorité nationale, car chaque émigré
vit l’étape d’intégration à sa manière, en finissant par l’acceptation des modes de
vie du contexte social d’accueil. Il est vrai que les musulmans, considérant qu’ils
sont intégrés dans la société française, dans le privé ou dans un milieu purement
musulman, ils pratiquent un comportement qui correspond en tout à celui de leurs
identité.
En acceptant la culture du pays d’accueil on se demande, s’il ne s’agit pas
du processus d’assimilation d’une nation par une autre, de l’assimilation de la
nation minoritaire par la nation majoritaire. L’assimilation suppose des contraintes,
imposées par la majorité nationale ou par les autorités du régime dominant dans un
pays, comme c’était le cas de l’idéologie communiste qui menait la politique de
l’assimilation des nations des républiques soviétiques, des peuples de souche. Dans
les conditions de ce régime, la catégorie de l’identité nationale, de nation, s’effaçait,
les peuples de l’Ex-Union Soviétiques étaient identifiés et s’identifiaient au
qualificatif « soviétique »: Ce sont des Soviétiques, -disaient les collègues français,
lorsqu’ils accueillaient un groupe d’enseignants arrivés de l’Union Soviétique. Ce
qualificatif était devenu signe de désignation de toutes les nations qui faisaient
partie de l’état soviétique, ceci démontre à quel point l’identité nationale s’effaçait,
perdait du terrain de son importance comme catégorie fondatrice d’un état.
Dans les conditions d’un régime démocratique on ne parle pas de
l’assimilation d’une nation par une autre, mais d’une coexistence des cultures,
d’une interpénétration des cultures ou d’un enrichissement d’une culture par une
autre. Ce type de relations entre les cultures, à première vue positif, pourrait,
néanmoins, mener à la disparition d’une ou de plusieurs cultures ou aux
modifications des indices fondamentaux d’expression d’une identité nationale et de
l’installation d’une culture hégémonique.
A l’époque de l’européanisation, on parle de plus en plus de l’identité
européenne et de la culture européenne sans définir son contenu:
- Est-ce un amalgame de toutes les cultures ou est-ce une culture construite
sur ce qu’il y a de commun au niveau culturel entre les nations de l’UE?
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-Est-ce un ensemble de nouvelles traditions, de modes de vie communs, de
coexistence, d’interaction et de production de tous les états européens ou d’un
ensemble de différences de la communauté européenne, ces dernières instaurées
durant des siècles?
- Ou, finalement, est-ce que ce sont des modes de vie et de collaboration
institués par les institutions européennes?
Dans cet ensemble de problèmes Edgar Morin, en parlant de la culture
européenne considère que:
... ce qui importe dans la vie et le devenir de la culture européenne,
c’est la rencontre fécondante des diversités, des antagonismes, des
concurrences, des complémentarités, c’est-à-dire leur dialogue. C’est
celle-ci qui est le produit producteur de la boucle « tourbillonnaire » où
chaque élément ou moment est à la fois cause et effet de toute la
boucle, laquelle se développe en nébuleuse spirale. C’est le dialogique
qui est au cœur de l’identité culturelle européenne, et non tel ou tel de
ses éléments ou moments. (Morin 129)
Le grand penseur envisage le concept de culture européenne comme
rencontre des cultures en lui assignant le qualificatif de fécond-e. Il est naturel,
qu’on s’interroge sur l’effet et la nature du produit producteur, obtenu de ce genre
de fécondité. L’effet de la fécondité, de sa productivité, c’est l’enrichissement des
cultures sous les formes constatées par E. Morin: des antagonismes, des
contradictions, des concurrences, des complémentarités. C’est dans des
concurrences et des contradictions que survivent certains éléments d’une culture et
disparaissent les autres, étant substitués par des constituants des autres, ces derniers
s’affirmant et pénétrant dans nos habitudes. Les nouvelles formes de cultures sont
générées par de nouvelles conditions, par les propriétés des nouvelles temporalités
instaurées dans des contextes nouveaux.
La catégorie de la culture et sa complexité
La catégorie de culture est complexe et cette complexité réside dans les
constituants qui forment son contenu. P. Bourdieu oppose la conception «savante»
de la culture, celle de la culture légitime à une conception anthropologique.
La culture savante suppose l’ensemble d’œuvres d’art, l’accès à ces œuvres
d’art, le dernier critère assurant la démocratisation d’une culture. La conception
anthropologique, comporte l’ensemble des pratiques sociales, l’ensemble des us et
des coutumes. Selon S. Regoud, « La deuxième conception ne paraît guère poser de
problèmes spécifiques en termes d’articulation entre culture et politique:
l’ensemble des « us et coutumes » d’une société, façonnée par l’histoire, le
territoire, langue, la religion...participe génériquement, de la culture de ladite
société, qui peut, indifféremment, manifester ou non des signes démocratiques ».
(Regourd 29) La conclusion à laquelle arrive S. Regoud, sur les deux types de
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culture, est celle que « La culture n’y paraît guère dissociable de l’identité «
politique » des groupes concernés ». (Regourd 29)
A notre avis, les deux types de culture nationale sont de nature politique,
ils tiennent de la politique de la culture, cette dernière se transformant en politique
des politiques, car les deux types de culture peuvent déclencher des événements à
caractère politique, des confrontations, des contradictions; les deux cultures visent
la mise en œuvre des principes de leur démocratisation.
Par conséquent, la culture savante ainsi que celle anthropologique
conditionnent l’insertion du politique. On pourrait argumenter cette idée par
l’exemple du comportement des représentants du monde arabe dans le contexte de
la France. On connaît la pratique des cultes des musulmans sur des places
publiques de certains arrondissements de Paris ou sur des places d’autres grandes
villes. Une action de ce genre se transforme en problème politique, car elle
implique l’attitude du peuple et du gouvernement français à l’égard du respect des
normes de comportement de ces minorités nationales dans des lieux publics d’un
état qui est un pays d’accueil pour ces derniers, un état dont les lois devraient être
respectées.
Dans des situations similaires on s’imagine le positionnement des
représentants du monde arabe si un groupe des catholiques ou d’orthodoxes,
installés depuis plusieurs années en Syrie ou en Irak, se permettaient de faire passer
leur culte dans une rue de ces pays. Il est certain que les Syriens ou les Irakiens
auraient réagi très vivement.
La pratique des deux types des us et des coutumes sur une terre étrangère
par des émigrés peut appeler des réactions différentes de la part du peuple
autochtone, en fonction de la nature et du type de civilisation. Nous connaissons la
réaction du monde arabe lorsqu’on avait porté atteinte à l’image de Mohamed.
Nous assistons à une opposition et à une contestation des décisions, des
lois des parlements et des gouvernements des pays européens, décisions relatives
aux comportements, en particulier, aux pratiques religieuses de différentes ethnies
nationales.
Un des derniers exemples de confrontation des cultures, c’est la tuerie de
trois enfants et des quatre adultes de France, crime commis par l’islamiste radical
Mohamed Merah. Les motifs de cette tuerie sont de nature culturelle, ils tiennent
de la politique culturelle dans ce secteur social.
Assez souvent lorsqu’on parle de l’identité nationale d’un immigré, on
parle d’une double culture et pas d’une double identité. Dans une des émissions de
RFI du 4. 01. 2011, le reporter posait la question suivante à une chanteuse
d’origine arabe:
- Comment vivez-vous avec cette double culture, au lieu de dire:
- Comment vivez-vous cette double identité?
Pour ne pas imposer, attribuer à l’interlocuteur l’identité française on se
sert du syntagme « double culture », ce dernier étant fréquemment utilisé dans le
langage des hommes politiques. Ceci s’explique par l’intention dissimulée du
locuteur, d’éviter le terme d’identité.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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Dans un de ses discours Nicolas Sarkozy avait émis l’idée selon laquelle «
L’identité nationale n’est pas la somme de toutes les nationalités d’un pays ». En
effet, on ne pourrait pas réduire l’identité nationale à toutes les nationalités qui
habitent la France, ce serait une fusion inacceptable et inimaginable, car, en ce casci, la catégorie de nation disparaîtrait, perdrait sa fonction. La disparition de l’entité
de nation entraînerait, à son tour, la disparition de l’état.
Deux tendances dans le problème de l’interaction, des contacts des
cultures
L’analyse des visions sur le problème de l’interculturel, des débats où l’on
s’attaque à ce problème, permet d’y identifier deux visions sur l’impact de
l’interculturel, celle de l’impérialisme culturel qui se manifeste dans le
monolinguisme au niveau international, dans le nivellement des cultures et dans la
pratique d’une seule culture, dans la standardisation de nos modes de vie, de
l’uniformisation de tous les secteurs de la vie sociale. La deuxième conception se
résume à la préservation de la diversité culturelle et par elle de l’identité nationale.
La première tendance, celle mondialisante se fixe, au premier abord, un objectif
humain, celui du partage équitable des biens matériels au niveau de la planète.
Malheureusement, au lieu de ce partage des biens, en effet, on remarque une
division, une inégalité sociale touchant surtout les catégories sociales les plus
démunies de différents contextes sociaux.
La deuxième tendance est représentée par l’UNESCO, par le Conseil de
l’Europe, par l’OIF qui plaident pour l’acceptation de la diversité, pour
l’humanisation du monde, pour la préservation de l’humain dans l’humain, pour la
pratique de l’humain dans la vie quotidienne par la reconnaissance de l’Autre, sans
effacer le soi-même. C’est par un nombre considérable d’actions et d’activités que
les organisations citées et la communauté pédagogique francophone du monde se
battent pour une diversité dans tous les systèmes existants. A cette fin, il faudrait
aller vers l’Autre, participer à la construction de l’Autre, car chacun est responsable
de l’autre, quoique ce dernier ait une consistance différente de la sienne.
En parlant de la coexistence de l’identité et de la diversité, nous trouvons
que l’unicité de la chose s’exprime non pas uniquement dans l’identité relative des
éléments qui constituent sa structure, elle se manifeste aussi dans la différence de
ses constituants. La dernière est nécessaire pour l’identité, elle fait vivre l’identité,
toutes les deux vont de pair en formant un couple indécomposable et ceci
s’explique par le pouvoir tant de l’identité que de la diversité. Cette idée s’appuie
sur la thèse du grand penseur Kant qui concevait la diversité comme produit de
l’identitaire, porteur de la diversité.
Selon Hegel, l’objet n’est identique qu’à soi-même. Sa relation avec les
constituants d’une classe d’objets, à laquelle il appartient, fait voir les différences
entre les objets. Il est vrai que ses différences sont limitées et en même temps
appuyées par l’invariant, comme noyau d’une classe. C’est la condition de
l’existence d’une classe, les différences assurent le fonctionnement des éléments au
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sein d’un système. Elles sont acceptées par l’invariant à condition qu’elles ne
changent pas la nature du prototype de l’objet. Chaque élément d’un organisme,
étant différent par rapport à l’autre, converge vers la construction d’une unicité et,
finalement, d’une identité ou de quelque chose qui soit identique à soi-même et à
une autre chose, être, plante, animal, langue, culture etc. Nombre de ces différences,
apparues dans la structure d’un objet, sont conditionnées par le temps, par les
changements apportés par le temps.
La diversité persiste dans la chose dès son apparition, dès sa création, de sa
production, durant toute son existence. C’est cette différence qui se présente
comme norme d’existence et de manifestation de l’identité et par suite de l’unicité
de la chose ou d’une autre entité.
E. Morin, en analysant l’amour rapporté à la sagesse, le définit «... comme
le comble de l’union de la folie et de la sagesse, c’est-à-dire qu’en l’amour sagesse
et folie non seulement sont inséparables mais s’entregénèrent l’une l’autre ».
(Morin 9) La persistance de deux qualités antithétiques dans la catégorie de
l’amour, la folie et la sagesse, démontre la complexité de toute entité de nature
matérielle, psychique, morale et l’existence des entités sous leur forme antithétique.
La fonction que s’approprie un des éléments antithétiques est celle d’expliciter
l’essence de l’autre. Ces deux qualités constituent le fondement de l’amour, car
c’est la sagesse qui génère la folie, en démontrant l’autre facette de l’amour.
La tendance principale de la mondialisation, celle de l’uniformisation dont
un des aspects est celui de nivellement des cultures des pays de l’UE, se fait sentir
dans tous les contextes de l’Europe. L’Union Européenne instaure un uniformisme
dans tous les secteurs de la vie sociale: prix identique sur les produits agricoles, sur
les produits textiles etc., uniformisme dans le système éducationnel au nom de la
mobilité des jeunes.
Une des mesures prises par l’Union Européenne, c’est celle de la modalité
identique de l’abattage des porcs au niveau européen. On interdit aux paysans
roumains d’abattre les porcs, à la veille du Noël ou des Pâques, dans des conditions
domestiques, selon la tradition roumaine, y compris celle bassarabienne. Respecter
la tradition en ce cas-ci, c’est reconnaître la diversité culturelle d’un peuple. Par
cette décision les autorités européennes font disparaître une de nos traditions
ancestrales et imposent à accepter un uniformisme qui ne peut pas s’adapter, être
accepté par ceux qui pratiquent les traditions instaurées depuis des siècles et qui
font partie du civilisationnel des Roumains.
Une des « inventions » des plus récentes de la Commission européenne est
celle d’élever des poules pondeuses uniquement dans des cages, information
transmise par RFI, le 5 avril 2012. Les Européens pourrait dire: - Adieu œufs bio,
achetez des œufs de la cage! L’uniformisation, venue avec la globalisation, apporte
une identité du vestimentaire des jeunes, de la musique et des films qu’ils
visionnent, de leur dire et de leur faire. On connaît les conséquences négatives de
ces influences.
Les communautés nationales de différents pays de l’Europe perdent de
leurs traditions, elles s’effacent et on commence à pratiquer d’autres coutumes en
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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les empruntant aux autres. Si on demande à un Français les traditions qu’il pratique,
il aura des difficultés à nous répondre, elles ne seront pas nombreuses, car la
France en a perdu beaucoup. Un des exemples de la pénétration d’autres traditions,
c’est la fête Halloween, du Saint Valentin dans notre contexte. Assez souvent ce ne
sont que des fêtes commerciales, mais elles s’implantent et lors de leur pratique,
elles commencent à faire partie des habitudes de la population, se transformant en
traditions.
En fin de compte, l’uniformisation porte atteinte tant à l’identité nationale,
qu’ à la diversité de différents genres, y compris à celle culturelle, néanmoins elle
règne et instaure ses normes de l’évolution sociale.
Dans ce cadre d’idées un des didacticiens des plus connus par la
communauté francophone de l’Europe, Raymond Gevaert, en abordant le problème
de l’enseignement du français dans les pays de l’UE, au Congrès européen de la
FIPF, à Prague avait constaté:
Alors que l’Union européenne s’est construite sur diverses politiques,
industrielle, agricole et monétaire, communes soumettant les objectifs
nationaux à des directives européennes, et que l’on entame timidement, il est
vrai, des tentatives de politique internationale commune, alors que les divers
droits pénaux, civils, commerciaux, et financiers nationaux se conforment au
droit européen, ce sont précisément les politiques de culture et
d’enseignement qui achoppent sur les limites de l’unification européenne.
Quoique diverses tentatives aient été entamées d’introduire dans
l’enseignement secondaire des manuels européens communs pour l’histoire et
la géographie ( exception faite d’un manuel d’histoire commun à la France et
l’Allemagne mais qui n’est pas introduit partout dans ces pays), l’opposition
de divers pays de l’Union à ces projets fut grande. (Gevaert 29)
Il est difficile de nous imaginer l’enseignement secondaire de l’histoire et
de la géographie dans tous les pays de l’Europe, en mettant à la disposition de
l’enseignant un manuel européen commun. L’histoire d’un pays se résume, en
premier lieu, à ce qui s’était passé sur le territoire du pays de l’apprenant, à son
passé et ensuite à l’histoire de l’Autre, la terre étant l’indice déterminant d’un état,
d’une nation. Il serait curieux de connaître les contenus des manuels européens
communs.
Selon l’opinion des sociologues, les cultures qui ne subissent pas
l’influence de l’uniformisation, de l’altération, c’est la culture des Arabes et des
Cazaks de Russie.
La terre natale et son importance pour la pratique de la culture
anthropologique
Par l’exemple qu’on a cité ci-dessus et où l’on parle des pratiques
religieuses du monde arabe en France, on a voulu démontrer non uniquement le
côté politique d’un des constituants de l’aspect anthropologique de la culture, celui
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de la religion, on avait aussi l’intention d’argumenter l’importance de l’espace, du
territoire pour la pratique et l’expression de l’identité nationale.
A l’heure actuelle au nord de la France on peut rencontrer un nombre
considérable de nos concitoyens qui dans des villages français pratiquent nos
traditions, notre mode de fêter une noce, accompagnée d’une musique moldave, un
baptême à la moldave etc. Les Français acceptent cette diversité culturelle et y
participent avec beaucoup de plaisir.
Lorsqu’on parle de l’importance du territoire où l’on pratique les traditions
d’un pays d’accueil, on souhaite citer une réponse donnée à la RFI par un écrivain
venue de l’Algérie et installé depuis des années sur la terre du Québec. Il répond
que rentré dans son pays d’origine, après des années, il redevient Algérien, par
suite, il ne perd pas ses origines, son identité d’origine, après avoir acquis une autre
identité, d’autres « us et coutumes », qu’il pratique sur la terre québécoise Sa
réponse fait voir combien il est difficile de déraciner, de rejeter ce qui avait pris
racine dans la conscience et le corps d’une personne. Les signes de cette dernière
culture pourraient émerger dans le comportant de la personne, même sur la terre
algérienne. C’est un exemple de la coexistence de deux cultures dans l’être humain.
Pour l’extériorisation de l’identité d’origine ou de l’identité acquise, il faut
que l’individu soit situé ou se trouve dans un milieu social ou dans un espace, qui
porte et exprime cette identité. Il s’avère que l’espace, le territoire ou la terre d’un
pays se présente comme condition obligatoire de l’extériorisation et de la mise en
fonctionnement des pratiques par lesquelles l’individu s’identifie aux autres, à ceux
qui représentent la même identité ou appartiennent à la même terre. A notre avis, la
terre est imprégné du national, de l’identitaire, c’est pourquoi elle fait partie des
indices d’identification de l’identité nationale. Cet indice détermine l’institution et
la reconnaissance d’un état, il est déterminant pour un autre signe, celui de la
langue.
E. Ionesco, écrivain d’origine roumaine et d’expression française, en
cherchant à identifier son national d’origine dans le livre Présent passé, passé
présent, témoigne avoir fouillé dans des lieux, dans la terre d’origine qui est
porteur de tout ce qui se passe sur son terrain, car elle imprègne tout, surtout ce qui
est propre à son peuple: « Jusqu’à trente cinq ans encore, on peut porter son regard
dans la vallée d’où l’on vient. Mantenant, je descends une autre pente et la vallée
qui m’attend n’est plus la vallée de la mort » . (Ionesco 36) L’auteur souligne
l’importance des catégories de la terre et du temps pour la métamorphose qui se
produit avec l’individu à travers les temps vécus.
On pourrait parler d’une double nationalité, d’une double culture qu’une
personne porte et manifeste en fonction de la terre, de l’espace, ce dernier
impliquant un autre indice, celui de la langue, outil de la communication
communautaire. Nous sommes en présence d’une interaction entre tous les
constituants de la construction d’une autre culture, d’une Alter culture, de
l’interdépendance entre le territoire d’une communauté sociale et la langue, entre la
terre et les us et les coutumes de cette nation. En parlant de la nation, à l’heure
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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actuelle, on trouve des ouvrages où l’on pose la question si la catégorie de nation
est encore applicable aux sociétés existantes.
Nous supposons qu’un émigré acquiert une autre culture, mais la culture
d’origine ne n’efface pas, le national de l’autochtone se superpose sur le national
d’accueil. Les marques de la culture d’origine se situent dans le très fond, dans les
cases du subconscient de l’être humain. Lors de cette étape l’émigré acquiert une
autre série de traits pertinents propres à l’identité nationale du pays d’accueil, en
formant d’autres habitudes, suite au contact avec l’autre, aux relations avec les
autres, étrangers encore pour lui. Les propriétés pertinentes de la culture d’accueil
deviennent petit à petit les siennes et s’ajoutent au soi-même de la personne.
Le temps et son importance pour la construction d’une Alter identité
En disant « petit à petit », habitudes, stéréotypes de la vie, modes d’être et
d’entrer en relation, on a en vue le rôle de la répétition et, par suite, du temps dans
la formation d’une autre manière de dire et de faire, car, comme nous l’avons
constaté, l’acquisition de nouvelles habitudes et de nouveaux stéréotypes de vie
demande du temps.
Par suite, les catégories qui ont une importance déterminante pour la
préservation ou la perte des indices identificatoires de l’identité nationale dans le
contexte de la diversité de cultures et de langues de la planète, ce sont les
catégories de l’espace et du temps. L’espace d’une identité nationale, restant
identique, suppose à la fois la diversité de temps et de temporalités qui viennent,
qui s’instaurent dans tout espace national. C’est le temps qui, en premier lieu,
apporte la diversité de langues, de cultures.
Les trois formes fondamentales d’être dans la vie, de faire, de dire et d’être
au vrai sens du mot sont, à notre avis, fondamentales pour l’appropriation de
l’identité du pays d’accueil de l’autre, des autres dans un espace déterminé et
durant des années. L’émigré se forme un autre comportement, un comportement
qui l’identifie au national, aux individus représentant la nation d’accueil. Ces traits
s’incorporent dans l’individu, mieux dire, l’individu commence s’en apercevoir
qu’il commence à pratiquer d’autres manières d’être. Le temps a un pouvoir décisif
pour la construction d’une nouvelle identité. Elle conditionne la maîtrise de la
langue du pays d’accueil, parce que c’est l’instrument principal des relations
humaines et de manifestations identitaires de l’individu. Par suite, la langue est
envisagée comme facteur d’importance prioritaire, après la terre, pour
l’identification de l’identité d’un individu.
La langue - constituant de l’identité nationale
Parmi tous les constituants de l’identité nationale, la langue est conçue par
C. Hagège comme identificateur déterminant, parce que, selon ce penseur, le lieu
de notre définition collective est plus que tout la langue: c’est celle-ci que, partout
et toujours, les nations exaltent pour être reconnu. (9). Selon C. Hagège,
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Sous les III –e, IV-e, V-e Républiques le français était conçu comme une valeur
politique fondamentale, investie même d’une mission civilisatrice. (9). L’auteur
reproche à l’Etat et aux Français l’oubli du rôle de la langue dans la définition de
l’identité nationale.
A l’époque de la mondialisation les langues de l’Europe, des autres
continents subissent une métamorphose, une altération sous l’influence de l’anglais,
comme langue hégémonique. Cet outil de communication international a envahi la
communication dans le secteur économique, politique, voire scientifique à tel point
que la parole des Néerlandais, des Russes, voire des Français est truffée de mots,
de sigles anglais. A l’aéroport d’Amsterdam on ne parle que l’anglais; dans les
institutions européennes les Français parlent l’anglais, dans les entreprises
françaises installées en Moldavie, en Bulgarie la communication se fait en anglais;
l’anglais pollue le parler des énonciateurs de la RFI etc. L’anglais est qualifié
comme langue dominante parce qu’elle représente le pays dominant.
On devrait s’attendre à une substitution des langues officielles par la
langue du plus puissant et dans cette situation l’enseignement de la fable de La
Fontaine « La raison du plus fort est toujours la meilleure? », n’est-elle pas
actuelle pour indiquer celui qui domine et qui gouverne le monde? La langue,
comme marqueur de l’identité nationale, a un pouvoir évident sur tout locuteur,
bientôt les locuteurs de tout coin du monde ne s’en apercevront pas qu’ils parlent le
globiche qui pollue la langue maternelle, la langue nationale. Dans ces conditions
pourrait-on parler d’une diversité linguistique au niveau de la planète?
Tous ceux qui ont leur contribution à la construction et au maintien du
français dans le contexte de notre pays et les francophones d’autres pays, en
analysant le français que parlent les Français et la langue de la communication au
sein des institutions européennes vivent avec les interrogations: - Pourquoi les
Français abandonnent-ils le français dans la communication au sein des institutions
européennes et au niveau international ?
A ce sujet, nous souhaitons citer la préoccupation d’un des éminents
linguistes de Paris Sorbonne Jean-Pierre Desclès à l’égard de la pensée et de la
langue uniques dans les sciences. L’auteur parle d’une seule langue dont se servent
les scientifiques français lors des colloques à l’étranger et de l’importance des
autres langues, de l’allemand, de l’italien, de l’espagnol, du russe etc. pour la
communication scientifique:
Le français doit-il rester une langue de diffusion de la pensée scientifique? La
même question doit être posée pour des langues comme l’allemand, le russe,
l’espagnol, le portugais, l’italien..., alors que l’anglais tend manifestement,
aujourd’hui, à devenir le seul vecteur pour la diffusion de la pensée
scientifique, par ses revues, par ses modes d’enseignement et des modes
d’évaluation imposés par la mondialisation et que la plupart des pays, surtout
ceux de l’Europe continentale, semblent vouloir accepter alors qu’ils leur
sont très défavorables – mais pas pour la qualité des recherches qui y sont
effectuées... (Desclès 1)
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Le problème de l’hégémonie d’une seule de langue, pourrait être
argumenté par l’ampleur par laquelle se caractérisent l’enseignement et
l’apprentissage d’une seule langue étrangère au niveau européen et au niveau des
autres continents. Dans nombre des universités des pays de l’Europe,
l’enseignement se fait en anglais, même en France. Il est certain que le diplômé de
ces universités, en rentrant dans son pays d’origine, il va recourir à l’anglais dans la
communication au sein d’une entreprise.
Conclusion
L’uniformisation porte atteinte tant à la culture de l’identité nationale qu’à
la diversité de cultures, qui, à l’époque actuelle, est un marqueur évident d’un
contexte national, toutes les deux subissent les effets de ce processus, elles sont
altérées et s’effacent. Certains indices de ces identités sont sur la voie de leur
disparition.
L’humanité a un avenir à condition que les identités nationales acceptent la
diversité culturelle de l’Autre, à son tour la diversité a la chance de survivre
uniquement à côté d’une identité. Cette idée impose la thèse de la coexistence de
l’identité et de la diversité.
C’est pour cette raison que la cohabitation de la diversité et de l’identité
devient une condition d’homme, de l’existence humaine, par suite, de tout système
social. C’est une loi naturelle qui s’impose et qui gère toute structure, tout système
constitué d’éléments homogènes et à la fois hétérogènes.
L’expérience acquise dans la coexistence des cultures a conditionné le
phénomène de la double culture; le problème qui en résulte est celui si la notion de
double culture est équivalente à la double identité.
Bibliographie
Bourdieu, P. La Distinction, critique sociale du jugement: Ed. de Minuit, 1979.
Gevaert, G. L’enseignement du français dans l’Union européenne, nouvelles réalités,
nouveaux enjeux, 2e Congrès européen de la FIPF, Prague, 2011.
Hagège, C. Identité nationale et langue française, Le Monde, avril/mai 2010.
Ionesco, E. Présent passé, passé présent, Paris: Gallimard, 1968.
Morin, E. Amour, Poésie, Sagesse. Paris : Editions du Seuil, 1997.
Regourd, S. La culture comme enjeu politique, Francophonie et mondialisation. Cognition,
communication et politique. Paris : CHRS, Editions: Hermès 40, 2004.
, F.
,
:
, 1970.
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A contrastive and intercultural analysis of the abridged lexical units
Dumitru MELENCIUC
Universitatea de Stat din Moldova, Chi in u
Abstract
Lately the abridged units have extended in all the fields of activity in most languages.
The subjective creation of abbreviations is increasing in the fields of science, politics,
economy, military and social life activities. More “elegant” and “fashionable” units appear
for consumers to have something jovial, euphonic, recognizable and related to some well-known
names to make them superior, attractive, interesting for everybody to get eager to know more of
the given object or phenomenon. In advertising, names of companies, organizations,
associations, programs, may intentionally correspond to historical persons, constellations,
continents, cities, deities, social-political movements, etc. to make the appellation more
attractive and bring success.
Keywords: acronym, abbridged units, initialisms, neology, double compression of
abbreviations, fusion, blending.
Rezumat
Scopul lucr rii este de a familiariza studen ii i profesorii filologi cu un fenomen sociallingvistic extraordinar de abreviere în mas a unit ilor lexicale. Analiza motiva iei
extralingvistice a form rii în limba englez a peste 500 000 de abrevia ii în ultimii 50-60 de
ani demonstreaz c acronimele folosite în denumirile unor institu ii, organiza ii, societ i, etc.
pot fi create cu scopul de a atrage aten ia i a produce un impact emo ional pozitiv asupra
vorbitorilor de limb . Denumirea abreviat a unei organiza ii, institu ii, mi ri social-politice
poate contribui la succesul i prosperitatea lor. Pentru consumatori este important ca unit ile
metalingvistice s fie joviale, eufonice, asociate cu forme i nume bine cunoscute.
Cuvinte-cheie: acronim, unit i prescurtate, neologie, compresie dubl de abreviere, fuziune,
blending.
Various types of abridgements, which were considered as minor word
building means, now surpass quantitatively many other classic procedures of
renovation of the vocabulary. The rapid progress of humankind in the field of science
and technology impose the creation of new notions and linguistic forms to describe
them. The abundance of advertising messages, literary works, and various kinds of
information is flooding the language, the speakers try to single them out and
distinguish their meanings, imposed by the expressivity of style and freshness of the
vocabulary, attracting the information consumer, enhance his or her interest by the
novelty of ideas and linguistic forms. Modern languages are subject to two
tendencies: improvement of means of speech, where linguists are engaged in the
standardization of the elements of word-building, supporting the ways of
diversification and renovation of suggestive and emotional possibilities of
expressivity. The second tendency is the principle of discourse economy, a linguistic
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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phenomenon which implies the reduction of linguistic units to the minimal space and
time dimensions of the presented text, pragmatic exigency characteristic to modern
times. The existing level of political and economic development requires the use of
more compact lexical units to express a greater volume of information. There is a
constant stream of curtailed or abridged specific metalinguistic units used to codify
linguistic information in order to optimize communication, having a pragmatic
character, helping to express as much information in as little space and time possible.
The accelerating development of science and technology, economy, business, etc.
have brought to the creation of hundreds of thousands of compact linguistic signs in
order to cope with the huge amount of information to be communicated. The new
units have a maximum compressed volume of their linguistic sign. They have made
their way from the periphery of the language and have become one of the most
productive means of word-building in various fields of human life, being part of
specialized metalinguistic systems. The question asked by linguists is whether the
acronym presents an independent linguistic sign or a compressed form of the
component parts, still preserving their semantic plane. The classical linguists affirm
that any change on the expression plane influence the change of the semantic
structure and vice versa. A. Martiné affirms that any reduction of the form of a
lexeme « est le signe de son emploi très fréquent dans le discours » ( Martiné 187).
The rapid evolution of science and technology cause the creation of new
notions and ideas and forms to express them. The speakers try to single out all the
new lexical units, distinguish their meanings, imposed by the expressivity of style
and freshness of the vocabulary, attracting the consumer of information, enhance his
or her interest by the novelty of ideas and linguistic forms. Advertising is
permanently manifesting itself as being inventive and creative, using all possible
lexical specific units. Modern languages are subject to two contrary tendencies:
improvement of means of speech, where linguists are engaged in the standardization
of the elements of word-building of a given language, supporting the ways of
diversification and renovation of suggestive and emotional possibilities of language
expressivity.
The second tendency is the principle of discourse economy, a linguistic
phenomenon which implies the reduction of linguistic units to the minimal space and
time dimensions of the presented text, pragmatic exigency characteristic to modern
times. Linguists started to look for procedures that would satisfy the two exigencies
of formal contraction of form and condensation of the semantic content of the
language. Attention is paid to abbreviations, and all the cases of acronymisation.
Many points of view have been expressed lately in linguistic publications concerning
the massive use of acronyms in written and oral communication. Thus, Lopatnicova
M. states the fact that the arbitrary formation of neologisms contradicts the essential
function of the language as a means of communication (Lopatnicova). F. de
Saussure’s supporters on acronyms think that: « Un signe sans signifié ne peut être
qu'un de set extérieur au système la langue! L'acronyme sur le plan sémantique dévie
doublement du modèle du signe linguistique créé par le grand savant: d'une part son
signifié ne correspond pas concept ou une image mentale stable dans la langue;
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LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2
2012
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d'autre part on ne peut définir sa valeur dans un système de signes ». ( Saussure 24)
Some counterarguments linguists suggest to treat lexicology only from a practical
point of view: « Sauf l'économie discursive grâce à ce qu'ils n'utilisent la me matière
linguistique s'évite le surplus, la surproduction des unités lexicales encombrerait le
tissu de la langue, leur mémorisation et leur emploi correcte dans processus de la
communication et comme conclusion logique l'opinion l'acronymisation c'est un
procédé avec une finalité bien déterminée même qui transgressent toutes théories
linguistiques créées depuis des siècles ». St. Ullmann also affirms that acronyms do
not express notions, have no meaning, their function is not one of signification but
one of identification, still he considers them as a means of linguistic communication.
(Guiraud 24) P. Guiraud thinks that acronyms have nothing in common with
abbreviations.
The possibility and function of their mechanisms are radically opposite to
the known linguistic units (Guiraud 24). A. Martinet explains the problem in the
following way: «La réduction de présentation formelle c'est une des causes de sa
haute fréquence dans la parole» (principe pragmatique) (Melenciuc, Zbant,
Constantinescu 187). H. Marcuse thinks that « Ayant le sens truqué, alourdi mais
une fois devenu vocable officiel, référence constamment dans l'usage général
(national ou même international) et sanctionné les interlocuteurs… il perd toute
valeur cognitive… sert simplement à foui l'information: SOS, NATO, USA »
(Marcuse l19). Important is that each created neologism should possess its form and
meaning.
Thus, some linguists consider the acronym a spontaneous and arbitrary
creation which lacks semantic motivation. In this connection C. Hagège affirms: «
Les hommes opère avec leur langue, la réinventent, la transforment, créant des
catégories nouvelles se répartissent conformément à une certaine hiérarchie
transgressant souvent les établies par la linguistique classique. Pour les formations en
cause ça sera: Autant d'acronymes, autant d'étymons » (Ibidem). Some scientists call
them image-words, lexical units used to astonish and shock the reader. Let’s take the
acronym ADAM, which has four homonyms. ADAM used in the text would
intuitively evoke to the reader the name used in the Bible. In reality the present term
ADAM covers realities of the contemporary world economy. This example will deny
the affirmations that the acronym can be viewed as a comparison, where we usually
look for common or different qualities and characteristic features. It can be
considered with certain reserve as a kind of substitute used for a well determined
purpose. Some linguists conclude that acronyms are not words in the classical point
of view. In acronyms the volume of the linguistic message is reduced to a simple unit.
Each component of the acronym represents a certain lexical unit. But to a closer
inspection we discover that acronyms gradually acquire characteristic features of
usual lexical units: they may be polysemantic and homonymous. The same unit can
be transformed from noun into adjective or even verb. Thus, LASER as a noun, laser
beam (adjective), to lase (verb) can be found in many languages used as a simple
lexical unit and not as a combination of initial letters of five words. All the
neologisms represent corresponding extra linguistic realities. Acronyms do not
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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possess a motivation in the classical sense of the word. Its motivation is completely
arbitrary, formal, determined by the possibility of combining certain letters in a
euphonic ensemble denoting a certain referent. The realization of a linguistic sign in
the act of speech is the denomination of a reality which connects the significant to an
extra-linguistic object or phenomenon recognized by the speakers. The same
acronym can serve different referents in many languages. Acronyms formed by
specialists in order to reduce some lexical elements to a single unit, denoting an
object, a political organization, an important extra-linguistic phenomenon in the
society. The new unit should possess certain qualities like euphony to attract the
attention of the listeners; easily assimilated morphologically and syntactically, to be
easily memorized, to possess expressivity to impress people in order to be easily kept
in mind. The term abbreviation is used by some linguists to denote both initialisms
and all forms of shortening of lexical units.
Modern languages are subject to two contrary tendencies: improvement of
means of speech, where linguists are engaged in the standardization of the elements
of word-building of a given language, supporting the ways of diversification and
renovation of suggestive and emotional possibilities of language expressivity. The
second tendency is the principle of discourse economy, a linguistic phenomenon
which implies the reduction of linguistic units to the minimal space and time
dimensions of the presented text, pragmatic exigency characteristic to modern times.
Linguists have started to look for procedures that would satisfy the two exigencies of
formal contraction of form and condensation of the semantic content of the language.
The entire world started to actively use compact units in all the fields of
activity. Borrowings from Latin get English names of the corresponding lexemes and
may be pronounced with Latin words, English words or both English and Latin
depending on the functional style of the given register: e.g. (exempli gratia) – for
example, a.m. – in formal register ante meridiem is used corresponding to the
colloquial variant in the morning, the same in the case of p.m. – post meridiem/ in
the afternoon. Many initial abbreviations are read like separate words usually named
acronyms (radar, laser, NATO), some of them may be read both way (VAT: Value
added tax) – (v t) or (vi ei ti)). Very often we find hybrids of shortenings and
abbreviations: CoSIRA (Council for Small Industries in Rural Areas). Blending or
fusion is combining two or more shortened words or mixed forms of clipped and
unclipped units. Other terms used are portmanteau word and telescoping. In Modern
English the number of fusions has radically increased. For example: smog (smoke +
fog), brunch (breakfast + lunch), positron (positive + electron), and motel (motor-car
+ hotel), ballute (balloon + parachute), dawk ( dove + hawk) There are other kinds of
blends where the degree of blending is less obvious (glasphalt) and cases where the
blending is very difficult to recognize the shortened elements of the lexical units:
arcology = architectural ecology. People get used to them and start using only the
abridged variant. (Sawoniak, Henryk, WITT Maria) Plenty of acronyms have become
homonymous. They may be intentionally chosen in order to compress information
and form certain metasemiotic associations. Some compressed units have more than
a hundred homonymous lexical units (see PET) and may be used to provoke positive
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LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2
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or some other connotations. Acronyms like radar – radio detecting and ranging;
laser – light amplification by stimulated emission of radiation are used now as
integrated lexemes in many languages of the world. Among acronyms there are
many homonyms of proper and common names. They may function as personified
metaphors, sometimes producing a humorous effect or making it sound as something
very important. Thus: ICARUS – Industrial Computer Applications, Retrieval and
Utility Systems, HERMES – Higher Education Resource Materials: Evaluation and
Services, EDGAR – Electronic Gathering, Analysis and Retrieval System (US). The
intentional use of names is found in many cases. some of the elements may be left
aside in order to have an acronym identical to a given name like in EDGAR. In case
of DAISY. Dairy Information System (Reading University-GB), Decision-Aiding
Information System (University of Pennsylvania, Wharton School of Finance and
Commerce – US). DAISY(Daisy) – Druckindustrie – Abrechnungs – und
Informations – System;) 2 - both in English and German the letters SY do not
represent two different words; they are part of the word system. Many acronyms do
not always consist of pure initial letters. In order to get an attractive appellation the
authors contribute to the creation of a desired attractive and fashionable term that
would be metasemiotically charged. The decoding of many proper noun
homonymous abbreviations demonstrates that they possess two or more
homonymous meanings: ADAM – Advanced Data Management System (MITRE
Corp. – US), Aid in Design and Evaluation of Data Management (IBM-US),
Automatic Data Management System (US), Automatic Document Abstracting
Method (Ohio State University – US), EMIE – Education Management Information
Exchange (GB), Educational Media Institute Evaluation Project. Many acronyms
have homonyms both in English and other foreign languages. Thus, MIDAS – has 11
homonyms in English and one in Polish. (Sawoniak, Henryk, WITT Maria)
Analysing acronyms like ORACLE, ORION, ADAM, AESOP, ARISTOTLE,
AFRICA, BABILON, BEATRICE. CALLISTO. CARL, CASTLE, CLEOPATRA,
LOLITA, LORA. LOUISA, MINERVA, MINERVE, OLIVIA, CLARA,
PATRICIA, SAM, EROS, ESOPE, EUCLIDE, FABIUS, FRANCIS, FRED,
FREDDY, COSA NOSTRA, COSMOS, PARIS, LEEDS, ODESSA, PATRIC,
PATRICIA, PEAR, PEARL, PENELOPE, PLATON, POTOMAC. RAPIDS,
SINBAD, SIRIUS, SMART, SOCRATE, SOCRATES; SOFIA, SOKRATES,
SOKRATUS, SOLAR, MARS, ORION, ASTRA, SPARTAN, DAISY; DAVID;
DAVIS, DEVIL, DRAGON, EARL. We find here well-known names found in the
Bible, World Literature and World History, Natural Sciences etc. Most people are
familiar with all these appellations and the metasemiotic impact on them would be
considerable. The use of common names as homonymous equivalent acronyms can
also be used to achieve a certain degree of expressivity and interest: CAR, INTIME,
INFORMAL, INFER, INCLUDE, IMPRESS, IMPACT, HOST, HEN, IDEA,
GOLD. MIDDLE, RAPID, SIMPLE, LION, TIGER, TIME, WISE, WISEDOM,
EAGLE, PADRE, PAPA, KISS, JOVIAL, LAMP, KIWI, MAGIC, MEDIC, MAID,
MALL, MANA, MASTER, MIRACL, MIRROR, MISS, NAME, ANTIDOTE,
ANTILOPE, ART, ATLAS, AUDIT, CAPTAIN, CORRECT, PAPA, SAFARI,
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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SALT, FAME, MANIAC. Cf. some examples with homonyms in Romanian:
COPAC, COPACEL, APA, (ABBYY Lingvo 10, Towell, Julie E., Helen E. Sheppard,
Sawoniak, Henryk, WITT Maria) We have already mentioned a bove that many
acronyms and initialisms have come to the point of not just representing a
combination of words. They gradually developed features of independent lexical
units with new global meanings like in: LASER – well known as Light Amplification
by Stimulated Emission of Radiation (there are also such homonymous combinations
as: Learning Achievement through Saturated Educational Resources; London and
South Eastern Library Region; Learning Achievement through Saturated
Educational Resources) may be used as a noun, adjective, verb: to lase – print some
materials by using a laser printer; a laser aircraft - an aircraft with a laser engine,
laser – in the meaning of quantum/ laser amplifier, etc. (ABBYY Lingvo 10) We
should reiterate the fact that in connection with the globalization and
internationalization of metalinguistic systems many abridged lexical units become
part of many languages of the world, where as a rule they are not viewed as
abbreviations, in many cases they are used as simple lexemes, in many cases the
meaning is modified. LASER would serve as a good example. As a rule laser is used
as a simple lexical unit and it is used to form more than 500 word-combinations in
Modern English (and other languages): to lase (
), also laser printing; laser –
,
(ABBYY Lingvo 10).
Double compression of abbreviations is a very good example of discourse
economy. Practically laser in many word combinations is often re-abridged. Thus, in
"Acronyms and Initialisms Dictionary", Michigan, 1998 we find: LIF - Laser
Interference Filter; LFL - Laser Flash Lamp; LID - Laser Intrusion Detection; LIED Laser Initiating Explosion Devise. In other dictionaries we can find some more (14):
LMI - Laser Microfilming, Inc., LVIS - Laser View Data Information Service. The
acronym laser is further compressed as a component part of new abbreviated lexical
units. More than 500 word combinations in the English technical terminology can
appear in their abbreviated variants with the initial letter representing LASER in
them. As examples of double compression can serve FACES (FORTRAN
Automatic Code Evaluation System), FOS (FORTRAN Operating System),
FRUGAL (Frugal) – (FORTRAN Rules Used as General Applications), we
discover that F is the abbreviation of FORTRAN/ Fortran which is a blending of
formulation translation. While in case of INFOR (Information Network and File
Organization; Information-Oriented Language; Information Processing and
Operational Research; Institut for Nyttinggorade and Forsknings Resultat; Interactive
FORTRAN) – in the last combination FORTRAN is represented not by F, but by
FOR.
In the field of lexicography we should pay special attention to the constantly
changing terminology to avoid the confusion of scientific terminology in the
publication of lexicographic dictionaries, regularly making a revision in order to
actualize the neologisms, modifying the definitions, to respect exigency towards the
proposed neologisms. The creation of abbreviated units and their metalanguage is
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due to the important function they have in communication. In Russian and many
other languages the acronym LASER has turned into a simple word laser used
mostly in technical terminology and in some local metalinguistic units. In French we
observe that like in many other languages, the acronym or acronymic abbreviation
LASER has developed a rich semantic structure and high combinability;: 188
examples given in ABBY Lingvo 10 prove the fact that laser is mainly used
attributively in numerous word-combinations connected with the domain of science
and technology, the number of terms in the field of physics is prevailing. Only a
limited number of specialists have a good idea of the term LASER being decoded as
Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation. Even in English for most of
the speakers laser is considered a simple lexical unit being used in many word
combinations.
The same happens to other abbreviated words like smog, positron, etc. The
necessity of simplification in the process of language communication and economic
issues encourages the creation of as many simpler signs to be used in the main
semiotic system. The advantage of English or French abridged units consists in the
fact that they circulate social, cultural, civilization information on the international
scale. The languages of developing countries possess smaller word-stocks
corresponding to their level of development and they readily borrow a multitude of
words from languages, the speaking communities of which are among the dominant
societies in the world from the political, economic, scientific, technical, military,
cultural point of view.
The Structures of Acronyms. In case of initialisms we would expect them
to correspond to their name – each word of the abridged combination to be
represented by the initial letter of the component units, like in UNESCO, NATO,
LAD (Library Administration Division). In reality many acronyms deviate from initial
representation letters. To read or pronounce the final unit like a specific name or
ordinary word additional letters or syllables are added. Thus, in radar (Radio Detection
and Ranging) we find radio represented by the syllable Ra, otherwise it would not be
an acronym and be read like a word. In some cases some words would not be
represented at all from the same reason: in LAMA - Library Administration and
Management Association the conjunction is omitted, otherwise it would sound like
LAAMA and would not be identical to the ordinary word lama existing in the
language. The same we have in the acronym DOCTOR representing two homonyms:
Dictionary Operation and Control for Thesaurus Organization, Display Oriented
Communication Tool for Online Retrieval – the auxiliary words are omitted for the
same reason, just to get a nice homonymous equivalent to the ordinary lexeme
‘doctor’. Various blendings are also read like words: motel (motor car hotel), smog
(smoke and fog), proton (positive electron), sitcom (situation comedy) and are
usually analyzed in a separate subgroup of abridged words: blendings (fusions,
portmanteau words). All possible hybrids are found in the language: CoSIRA
(Council for Small Industries in Rural Areas). In PIPs (Project Information Packages)
– the plural number was preserved in “Packages”. While in PLANES (Programmed
Language-based Enquiry System) Language-based is reduced only to LAN – a
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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clipping. We can conclude that most of the acronyms are usually created to resemble a
certain already existing linguistic unit in the language, for the reader to identify it and
get some metasemiotic connotations in it, making it more attractive. The word acronym
itself has a homonymous lexical unit: ACRONYMS - A Convenient Reduction of
Nomenclature Yielding Mnemonic Syllables. Like in the case of terminology
acronyms are formed in mass by various individuals or group of people and they
have to make their way into the accepted language, Many potential acronyms with
time get out of usage and only those which are regularly used and indispensable for
communication become part of the language. Acronyms are usually limited to
reduced specific metalinguistic units, and lots of homonyms are created (people
usually ignore the fact or they are unaware of the fact that similar combinations are
already existing in other fields of activity in the given language). The example with
ABC demonstrates the fact that the same form of an acronym can exist in a number
of languages. Thus, the acronym CDC (sidisi) has 19 homonyms, including:
Carribean Documentation Centre (TT – Trinidad and Tobago); Comission de
documentation Cientifico (AR argentina); Comition de Documentai Cientifico (ES);
EMIS-12 homonyms: Ecosystems of Machius Information Sisbur, etc… TIS… 12
homonyms; NIS, TIS, ART – 8 each. Compressing the contracted forms is a good
example of discourse economy/ saving of time and space like in the examples taken
from “Acronyms and Initialisms Dictionary”, Michigan, 1998: LIF: Laser
Interference Filter; LFL: Laser Flash Lamp; LIED: Laser Initiating Explosion Devise.
The word laser practically is used as a component of a new acronym.
Compounding of abridged and unabbreviated units are attested in abridged
units + words: A-bomb, AIDS cure, B-movie, CCAT ("See-cat": Cambridge College of
Art and Technology), NY kiddy porn, an AIDS-Africa link, Metro-Montreal QPF
contingent patrols (Metropolitan Montreal Quebec Police Force contingent patrols).
Combining forms may precede or follow abbreviations: a pseudo-BBC agent;
UFOlogy (the study of Unidentified Flying Objects) (Michigan, Thomas, p. 3).
Blendings, Portmanteau words or Fusions - combine two or more clipped words or
mixed forms of shortened and unabridged units. Some of the earliest blends date
back to before Lewis Carroll: anecdotage (anecdote combined with dotage to suggest
a garrulous old age, was first recorded in 1823, while squirl, a blend of squiggle and
whirl to describe a flourish, as in handwriting, was recorded in 1843. In modern
English the number of fusions has radically increased: smog (smoke+fog), brunch
(breakfast+lunch), positron (positive+electron), motel (motor-car+hotel), fantabulous
(fantastic+fabulous) in the meaning of excellent (superlative), televangelist
(television +evangelist) - an evangelist who conducts regular religious services on
television; netizen (Internet +citizen) - a person who spends an excessive amount of
time in the Internet.
Shortening or clipping is a widely spread means of word building. In most
cases the shortened variants of the words coexist with the original unclipped ones:
lab – laboratory, doc (Dr) – doctor, phone – telephone, math (maths) – mathematics.
All the types of clippings (initial, mid and final) are regularly used to create
shortened lexical units: rep (resentative), sub(marine), prep(are), phys(ical)
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ed(ucation); (tele)phone, (cara)van, (tele)scope, (ham)burger; (re)fridge(rator),
(in)flu(enza). Back-formation of words is based on shortening the initial form: editor
– to edit, burglar – to burgle, beggar – to beg, destruction – to destruct,
housekeeping – housekeep/housekept, baby-sitter – to baby-sit, sightseeing –
sightsee/sightsaw.
Homonymous combinations. Thus, LB may correspond to: laser beacon,
laser beam, laser blanking, laser bomb, laser bonding, laser burst (Towell, Julie E.,
Helen E. Sheppard). Let’s take some more examples: CALM - the letter C in the first
meaning (COBOL Automatic Language Modifier) represents the acronym COBOL
(COmmon Business Oriented Language) consisting of 1 shortening and 3 initialisms.
There is a long list of acronyms with the initialism of FORTRAN - the blending of 2
clippings from FORmula TRANslator: BEEF (Business and Engineering Enriched
FORTRAN), FACES (FORTRAN Automatic Code Evaluation System), FACTS
(FORTRAN Analytical Cross Reference Tabulation System), FRUGAL (FORTRAN
Rules Used as General Applications Language). Frugal as a simple lexeme means
thrifty, economical. See also FLAP, FOCUS. In many cases we have a shortening of
FORTRAN and initialisms or clippings of other units: FORCE (FORTRAN
Conversational Environment), FORMS (FORTRAN-Oriented Information Management System), INFOR (Interactive FORTRAN). Many acronyms have come to
the point of not just representing a combination of words they gradually developed
features of independent lexical units with new global meanings.
We can conclude that acronyms and other abridged units have an
impressing development in all the fields of activity and gradually come into
usage in all the languages of the world. The higher the level of development,
more sophisticated compressed units are created and used. The evolution of
acronyms in various functional styles very often is accompanied by a
metasemiotic usage of codified combinations of initialisms. In various
sophisticated contexts the abridged units gradually start to acquire a certain stylistic
connotation.
Names of institutions, organizations, etc. are chosen to sound more attractive
and produce an emotional impact on people. The name of an organization,
institution, or social-political movement can bring success and prosperity. The
subjective character in creating new abbreviations is increasing in the fields of
science, politics, economy and various social life activities. More “elegant”,
“fashionable” and “super” compressed units come into being. It is for the
information of consumers that it is important to have something jovial, euphonic,
recognizable in form, related to some well-known names, that would make the new
appellation more attractive, interesting and people would get eager to know more of
the object or phenomenon in question. In advertising, names of companies,
organizations, associations, programs, projects may intentionally correspond to wellknown historical persons, constellations, continents, cities, deities, social-political
movements, etc, which would make the appellation more attractive and bring success
and prosperity.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
_________________________________________________________________________________
Bibliography
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Saur, Second Edition, 1988.
Towell, Julie E., Helen E. Sheppard. Acronyms and Initialisms Dictionary, Michigan, 1987,
1998.
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La Une du 11 septembre.
Actualisation sémiologique de 2001 à 2005
Irina MOGLAN
Université René Descartes, Paris
Abstract
Inspired by the semiology of indexes, the article analyzes press caricatures on the first page
of Le Monde between 2001 and 2005 presenting the September 11th attacks. A number of
symbols are involved in the visual construction of the event. Throughout a short iconic
diachronic study, these elements turn into indexes capable of standing out for September
11th when caricatures are no longer interested in presenting the same event.
Keywords: caricature, newspaper, September 11th, semiology, index.
Rezumat
Obiectul acestui articol const în analiza caricaturilor de pres care prezint atacurile de la
11 septembrie 2001 si care au fost publicate din 2001 pân în 2005 pe prima pagin a
cotidianului Le Monde. Utilizând baza metodologic a semiologiei indiciilor, studiul
permite observarea unui numar de simboluri care, utilizate in acest interval de diacronie
vizual , cap
rolul de indicii în momentul în care desenele de pres se îndep rteaz de
acest subiect.
Cuvinte-cheie: caricatur , pres , 11 septembrie 2001, semiologie, indiciu.
Le 11 septembre 2001 reste une date importante autant dans la mémoire
des Etats-Unis, confrontés ce jour-là à trois attentats terroristes, que dans l’histoire
mondiale en train de s’écrire au début du troisième millénaire, allant jusqu’à la
guerre en Irak et la politique contre « l’axe du mal » du terrorisme, selon une
expression déjà consacrée. Beaucoup d’encre coule encore à ce sujet, beaucoup de
plumes et de voix essaient d’analyser l’état des choses d’une année à l’autre.
Nous nous proposons de rendre compte de la manière dont cet événement a
été traité dans des dessins de presse publiés dans le quotidien Le Monde, tous les 11
septembre, à partir de 2001 jusqu’en 2005, plus particulièrement à la Une du
journal. À partir de ces deux critères, thématique et rédactionnel, nous avons
constitué un corpus de cinq caricatures dont: quatre appartiennent à Plantu (en
2001, 2002, 2003 et 2005), et une à Pancho (en 2004). On trouvera leur description
dans l’analyse ci-dessous.
Un remaniement dans l’application des critères est exigé qui dépend des
stratégies rédactionnelles et communicationnelles du journal Le Monde. Ce n’est
qu’à partir du 13 septembre que le quotidien se consacre à l’épisode américain,
l’édition de chaque numéro précédant l’actualité d’un jour, ce qui explique le
contenu du 12 septembre, sans rapport avec les attentats. Contrairement aux
habitudes, la Une du 13 septembre 2001 affiche une photographie de presse de la
ville de New York ensevelie de fumée, tandis que le dessin de Plantu se retrouve à
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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l’intérieur du journal (rubrique Horizons – Analyses), en accompagnant l’éditorial
« Nous sommes tous Américains ! » de Jean-Marie Colombani. Pour tous les autres
consacrés au 11 septembre, de 2002 à 2005, le dessin garde sa place centrale sur la
première page du journal.
Comparée en général à un article de presse pour la concision et le regard
critique porté sur le monde, la caricature intéresse la sémiologie en tant qu’image
composite de signes. Derrière le dessin synthétique et le plus souvent elliptique, à
base de traits graphiques simples, les signes s’encodent, ils passent de l’analogique
au symbolique, voire au stéréotype culturel, idéologique, avec des rencontres
insolites ou charges1 au niveau de la représentation. Dont, par exemple,
l’anthropomorphisme. L’humour couronne l’effort du dessinateur: du rire fou au
rire jaune et l’humour noir. Nous avons réuni les cinq dessins du Monde dans le but
de décoder les signes qui les construisent, d’en analyser, par le prisme
sémiologique, la nature et la portée du sens, de voir l’écriture, le texte, le discours
dont ils accompagnent le 11 septembre 2001 et ses échos d’une année à l’autre.
S’appliquant à mettre au jour la structure des signes qui composent et
organisent la vie sociale, la sémiologie rend compte à la fois des univers
sémantiques et des valeurs mythiques qui traversent les usages et qui se
manifestent consciemment ou de manière latente à travers les différents systèmes
de signes. Cette perspective sémiologique affirme le projet de Ferdinand de
Saussure et puise dans la réflexion de Roland Barthes pour aboutir à ce que l’école
houdebinienne développe comme sémiologie interprétative1 et dont nous adoptons
la méthodologie pour une analyse de genre des dessins de presse concernant le 11
septembre 2001. L’analyse par étapes successives –description des strates,
occurrences systémiques, potentiel interprétatif, interne et externe – a intérêt d’être
objective et impartiale sans position prise en faveur ou en défaveur du sujet traité.
Au niveau de la stratification sémiologique, le dispositif scénique s’avère
quasi identique d’un dessin à l’autre. Publiées à la Une, les vignettes sont
partiellement délimitées par des lignes qui les séparent du reste du journal, le cadre
n’est pas entièrement tracé, comme si l’image se prolongeait à partir du texte voisin,
dans un rapport d’ancrage dans le texte. La première caricature de Plantu parue
dans Le Monde juste après le 11 septembre est intégrée à la rubrique Horizons –
Analyses dont elle occupe trois quarts de la partie inférieure.
Dans la description de la strate iconique, nous inventorions chaque dessin à
tour de rôle, avec mise en évidence des formes signifiantes (signifiants, notés /…/),
des signifiés dénotés (notés <…>) qui leur sont associés, et des indices qui
apportent les premières interprétations et connotations (notées <<…>>), avec
relevé des interprétants internes, immanents. Des interprétants externes (externes à
l’histoire, au discours construit ou au contexte initial) viennent nécessairement
appuyer l’une ou l’autre des interprétations et les objectiver.
1
Les principes méthodologiques de la sémiologie interprétative et de la sémiologie
indicielle, avec applications pratiques à l’appui, sont exposés, entre autres, dans
l’ouvrage Travaux de Linguistique – Sémiologie, numéro double 5-6, Université
d’Angers, 1994, réédition 2004, Université René Descartes Paris 5.
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Dans le premier dessin, signé Plantu 2, un /homme de grande taille/, /en
redingote/ et avec <le drapeau américain> en tant que /haut de forme/, surmonte
/deux tours/ dont les sommets sont en train de s’écrouler au niveau des /genoux/ du
personnage qui balance ses /bras en l’air/. Les attributs iconiques 3 du personnage
masculin correspondent au profil de l’<Oncle Sam>, symbole de la démocratie
américaine, dont les jambes fléchies se confondent aux <Tours Jumelles>, symbole
du <<pouvoir économique et financier des EU>>, entourées par la fumée. Le
centre du visuel qui marque <le déséquilibre de l’Oncle Sam> et <l’écroulement
des tours> se trouve /dans la trajectoire d’un avion/. Le moment illustré passe le
film des attaques aériennes du 11 septembre 2001 (deux avions qui se sont abattus
sur le World Trade Center et un est tombé à côté du Pentagone). Mais ce qui
compose la charge de cette caricature résulte de l’impact inévitable entre l’Oncle
Sam, les Tours Jumelles et l’avion. Est-ce que le dessin figure le deuxième avion,
puisque ce bâtiment est déjà atteint, tout comme le personnage humain ? Ainsi
c’est le point d’appui, les pieds, qui sont visés afin de fragiliser, voir anéantir les
fondements ? Ou est-ce que <<l’affaiblissement des EU>> précède les attaques
terroristes, puisque les deux tours s’écroulent en même temps, comme si la
puissance américaine, associée aux deux symboles, avait déjà perdu de sa hauteur ?
Vu la dimension du personnage figuré et le point de cassure, la caricature résume
dans les deux cas de figure la fameuse expression "le géant aux pieds d’argile",
connotant l’idée que <<même le plus fort a ses faiblesses>>. Un interprétant
externe appuie cette connotation: le talon d’Achille, toujours par rapport à
l’équilibre fragile et la vulnérabilité que cache toute force.
Un an après, en 2002, Plantu écrit dans son dessin du 11 septembre
«Hypnose » et dessine deux personnages: à gauche, /un homme barbu/ portant /un
turban/, indices du stéréotype de <l’arabo-musulman>, tend les mains d’où
émanent des <ondes> vers /la tête/ d’un personnage à droite. Ce dernier, malgré
son air <jeune>, /les cheveux dans le vent/, se remarque par ses /grands yeux/ où se
reflètent /deux tours/, <les Tours Jumelles>, sur fond de <drapeau américain>
(/étoiles et rayures/ spécifiques). Une /larme/ tombe de son œil. À une année
distance des attaques, le monde arabo-musulman « hypnotise » le monde américain.
Les EU sont encore marqués par le 11 septembre 2001; dans les cavités qui
remplacent les yeux nous retrouvons des indices de cette date: les Tours Jumelles
et le <sang> qui coule de l’œil droit (en original, Plantu colorie la larme en rouge).
L’arabo-musulman hypnotise l’Américain et le fait voir (revivre) le 11 septembre
2001. En même temps, <l’absence du regard> nous fait penser à
l’<<aveuglement>>. L’hypnotiseur aveuglerait l’hypnotisé: <Al-Qaida> menace
d’autres attentats les EU toujours vulnérables au choc terroriste.
2
3
Dessins en annexe.
Attributs iconiques ou « éléments identifiants ou identificateurs » fonctionnent soit
comme des signes évidents (symboles, stéréotypes), soit comme des indices. Voir
Anne-Marie Houdebine et Mae Pozas, 2006, « De l’humour dans les dessins de
presse », Questions de communication 10, sous la dir. de Béatrice Fleury et Jacques
Walter, Dossier Humour et médias, pp. 43-64.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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Avec comme avertissement « Pourvu qu’il n’y ait pas d’autres 11
septembre !…Ce serait trop injuste ! », la caricature de 2003 de Plantu attelle à
/une voiture/ un personnage /maigrichon, habillé de chiffons/, /la tête penchée/. Sur
le siège, derrière, <l’Oncle Sam> a l’apparence d’/un squelette/, coiffé d’/un haut
de forme/ avec <le drapeau américain>. À côté, son compagnon tend devant
<l’Africain> /une ligne à la pêche/ avec /une carotte/ au bout. Les <Tours
Jumelles> et une flèche pointant vers OMC (abréviation de l’Organisation
Mondiale du Commerce) sont les principaux repères que le dessin signale sur /la
mappemonde/. La caricature impute <<la politique économique des EU dans les
pays du tiers monde>>: l’Oncle Sam a tout de l’allure de <<la Mort>>, de celui qui
amène la mort, tandis que le marcheur incarne <<la pauvreté>>, <<la victime>>,
<<le moribond>>. Les deux tours, tracées à la manière de deux /aimants/, derrière
la voiture, font des <<EU le pôle du monde>>, <<le pôle qui dirige le reste du
monde>> et qui le <<manipule>> comme stipulé à travers la perche.
Le 11 septembre 2004, Pancho place la tête de <Ben Laden> au centre d’un
panneau de tir troué de balles, en le superposant en même temps à /une bombe/: il
est illustré à la fois en tant que <<cible>>, <<menace>> et <<tête de la guerre>>.
Nous remarquons aussi à l’intérieur de cette bombe une sorte de /fil barbelé/. Une
autre impression de sens se dégage: le rond que représentent le tir et la grenade
crée l’impression d’<<un labyrinthe>>, <<un réseau>> dont le centre est
anthropomorphisé dans la personne de Ben Laden.
En 2005, la petite souris de Plantu regarde un <Jacques Chirac> assis sur
une chaise, qui écoute les /yeux fixés (perdus ?) dans l’air/ <Nicolas Sarkozy>,
habillé en <esprit de la lampe>. La lecture que ce dernier fait dans /l’agenda du
Président/ est succincte: « Aujourd’hui: RIEN. Demain: RIEN. Après-demain:
RIEN ! ». Et rien sur le 11 septembre, date commémorative comme avéré à travers
les autres dessins de presse. Le 11 septembre 2001 n’est plus à la Une du Monde
quatre ans après les événements. Ce sont l’état de santé du président français et la
rivalité aux prochaines présidentielles qui font l’accroche de la première page du
journal.
Dans la strate linguistique, nous tenons compte de la présence du verbal à
l’intérieur de chaque caricature (immanent au corpus) et, à l’extérieur, du titre de
l’article, dans le cas du premier dessin de Plantu (dessin n°1), du gros titre et du
sommaire sur la Une dans les dessins n° 2, 3, 4 et 5. Assimilée à la suite de
l’éditorial de J.-M. Colombani « Nous sommes tous Américains ! », le dessin de
Plantu du 11 septembre 2001 domine la page par ses dimensions. Les quatre autres
dessins du corpus font la Une du Monde, publiées entre les colonnes du sommaire,
dans la moitié supérieure, presque en plein ventre4 de la première page. Nous citons
les gros titres de chaque Une:
Le 11 septembre 2002: « Un an après, où va l’Amérique ? »
4
Dans le jargon journalistique, le ventre désigne la partie située au beau milieu de la page,
entre la tête en haut et le pied du journal en bas.
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Le 11 septembre 2003: « Les guerres de l’après - 11 septembre »
Le 11 septembre 2004: « L’état de la menace islamiste trois ans après le
11-Septembre »
Le 11/12 septembre 2005: « Jacques Chirac contraint de réduire ses
activités »
L’analyse linguistique vient en dernière position dans le travail
sémiologique pour affiner les impressions de sens et les interprétations qui nous
adviennent des images, prioritaires par rapport au texte dans l’immanence initiale.
En ce qui concerne les dessins de presse du Monde, chez Plantu et Pancho, ils sont
ancrés dans l’actualité socio-politique et illustrent d’une manière plus ou moins
fidèle les articles avoisinants. Les effets de sens dégagés dans l’analyse iconique
sont ainsi soumis à un processus d’interprétation externe où corroborent le message
véhiculé dans l’éditorial, les titres de la Une et un certain savoir socioculturel.
La solidarité avec le peuple américain dont parle l’éditorial de Colombani
fait figure à part eu égard à la caricature de Plantu (cf. Annexe visuel n°1). Cette
dernière semble étrangère à l’idée de solidarité stipulée par l’éditorial, et construit
le récit des événements et joue avec l’image de la fragilité contenue dans le
système américain. « Le géant aux pieds d’argile » est vulnérable de par sa
dimension. La question « Un an après, où va l’Amérique ? » se reflète dans le
dessin de Plantu (visuel n°2, 11 septembre 2002) à travers une <<séance
d’hypnose>>. Comme l’hypnotiseur est illustré par un personnage ressemblant à
<Ben Laden> sur la mort duquel les médias donnent des informations
contradictoires, l’hypnose qu’il exerce sur les Américains tient plutôt d’<<un
processus de manipulation>>, <<manipulation de l’opinion publique>>: les EU
sont exposés à la menace d’autres attaques à la manière de celles du 11 septembre
2001.
Un an après, le suspens encore demeure. « Les guerres de l’après-11
Septembre » titré à la Une du 11 septembre 2003 concernent la guerre en Irak dont
il est question dans le sommaire, et aussi la guerre économique et financière telle
qu’elle est suggérée dans le dessin de Plantu (cf. Annexe, visuel n°3). Nous
retrouvons ainsi dans la caricature de ce dessinateur une Amérique qui ramène la
mort dans le chemin qu’elle se fraie à travers le monde vers l’OMC 5. La menace
islamiste persiste trois ans après le 11 septembre 2001, avec un Ben Laden visé par
tous le monde, mais intouchable, <<la tête d’un réseau/ labyrinthe qui menace
toujours >> (Annexe dessin n°4). En 2005, le 11 septembre 2001 américain est
absent du dessin de presse qui le confie aux dossiers de presse. L’image s’intéresse
aux informations « chaudes » de l’actualité immédiate: l’hospitalisation du
président Chirac est sujet de caricature et prévaut dans la hiérarchie informative, au
moins dans celle d’ordre graphique.
Dans le paradigme des visuels que nous avons réunis à l’étude, cette image
fait figure à part, elle marque une rupture dans un discours préfiguré comme central
à cette date pendant quatre ans d’affilée. Le dessin de presse fait économie de la
5
Organisation Mondiale du Commerce.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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parole, voire du graphisme. Assez minimalistes au niveau de la représentation, les
caricatures mobilisent des signes iconiques à visée interprétative stable, tels les
symboles. La lecture sémiologique relève aussi d’une dynamique des indices qui,
articulés au système symbolique (avec des références américaines: l’Oncle Sam,
les Tours Jumelles, le drapeau américain, Ben Laden), déstabilisent l’interprétation
figée des symboles et provoquent la charge (la charge caricaturale).
Nous soulignons ainsi quelques conclusions possibles à la suite de
l’analyse sémiologique. Le déclin de l’image des Etats-Unis en tant que géant est
ressenti même avant les attaques (dessin n°1). L’image peut cacher un malaise
(dessin n°2), l’hypnose fait ressurgir l’inconscient marqué par le 11 septembre
2001 et une inévitable menace terroriste toujours active une année après. Pourtant
l’image détrompe le lecteur en 2003, voire le choque avec la représentation de la
mort pour parler de la politique américaine. En 2004, la question de la menace
terroriste revient dans le dessin de presse, le scénario semble se répéter: Ben Laden
est toujours là, recherché, menacé et menaçant, au centre d’une guerre. Toute
référence caricaturale au 11 septembre 2001 est absente en 2005 sur la Une du
Monde: Plantu donne la parole aux Français dont le président a subi une
hospitalisation. Le 11 septembre semble ne plus être d’actualité puisque sans
réplique dans la caricature sur la Une.
Evénement qui a généré un changement radical dans le climat politique
mondial, le 11 septembre s’avère une thématique du dessin de presse centrale et
stable dans la lecture iconographique de la Une du Monde pendant quatre ans
successifs (de 2001 à 2004 inclus). Inscrit dans une histoire événementielle à fortes
répercussions politiques, économiques et sociales, cet évènement se voit ainsi
construire des signes référentiels spécifiques, en réinvestissant des symboles déjà
connus, voire stéréotypiques, et en transformant d’autres signes en indices
contextuels (le sang et l’avion, l’image des Tours Jumelles) à forte valeur
symbolique. A partir de 2005, une page se tourne. L’expression subit une
lexicalisation courante, car on dit 11 septembre, sans l’accroche de 2001. En
parallèle, le tourment de l’actualité prend le dessu, en rendant cette date de plus en
plus comme un mot-événement 6 d’une mémoire commune. La charge caricaturale
change également, et une mémoire s’installe dans les pages intérieures cette fois-ci,
celle des attentats du 11 septembre. Une certaine distance se fait ainsi ressentir. La
Une de 2005 annonce déjà un changement dans la lecture et le sens des événements,
se penchant sur une politique interne ou, comme dans le cas des caricatures d’un
autre dessinateur signant dans Libération, Willem, exprimant une certaine hostilité
eu égard aux Etats-Unis en France.
Bibliographie
6
Moirand Sophie, Les discours de la presse quotidienne. Observer, analyser, comprendre,
Paris: PUF, collection Linguistique nouvelle, 2007.
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LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2
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Ablali, Driss, Ducard, Dominique. Vocabulaire des études sémiotiques et sémiologiques,
éd. Honoré Champion, Paris: Presses Universitaires de Franche-Comté, 2009.
Houdebine Anne-Marie, Pozas Mae. De l’humour dans les dessins de presse, Questions de
communication 10, sous la dir. de Béatrice Fleury et Jacques Walter, Dossier
Humour et médias, 2006.
Klinkenberg, Jean-Marie. Précis de sémiotique générale, Bruxelles, éd. de Boeck
Université, coll. Culture & Communication, 1996.
Moirand Sophie, Les discours de la presse quotidienne. Observer, analyser, comprendre,
Paris: PUF, collection Linguistique nouvelle, 2007.
Travaux de Linguistique – Sémiologie, numéro double 5-6, Université d’Angers, réédition
2004, Université René Descartes Paris 5, 1994.
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«Aux armes, citoyens!»
The role of French newspapers in the call to insurrection and unity
June-October 1944
Aparna NAYAK-GUERCIO
California State University
Abstract
This article discusses French newspapers from the early months of Liberation from Nazi
occupation. After four years of multiple governing bodies, and of social and political rifts,
it was fundamental that the internal community re-inscribe itself in a common tradition as a
strategy of national identification. Newspapers played a fundamental role in this process.
This article analyzes specific rhetorical and discursive strategies used by newspapers to
initially incite the general population to insurgency, and later to resolve the lack of unity
that threatened to corrode the very social fabric of France at liberation, doubly menaced by
the threat of a second foreign occupation. Lastly, the focus is on the purge, a judicial
exercise which posited the future composition of the national community. Newspapers
clearly developed an identificatory symbolism, which in turn participated in an
exclusionary gesture whereby certain members of the community were rejected from future
conception of national life.
Keywords: German occupation of France, months of liberation, newspaper discourses,
national identification.
Résumé
Les « années noires » sont marquées par une situation politique des plus équivoques: la
prolifération des organes gouvernants (les dirigeants allemands des forces de l’Occupation,
les dirigeants de Vichy, la résistance interne, la « France Libre » à Londres) et les divisions
internes dans chacune de ces factions rendait leur légitimité politique fortement contestée.
À la Libération, face à l’image réfractaire de la communauté nationale crée par la défaite
imminente des forces occupantes; par le besoin urgent de la reconstruction sociale,
politique, et économique; par la possibilité très réelle d’une nouvelle occupation alliée; par
la multiplicité des factions et d’idéologies; et par l’épuration. Dans ce contexte de discours
politiques, littéraires et journalistiques concurrentiels, le besoin de réaffirmer
l’identification nationale à une communauté politique unie et surtout l’unité nationale
demeurait urgent. Ce travail se donne pour but d’analyser certaines stratégies rhétoriques et
discursives d’un certain nombre de journaux de la Résistance publiés entre juin et octobre
1944, c’est à dire du début du débarquement en Normandie jusqu’à la reconnaissance du
Gouvernement Provisoire de la République française (GPRF) par les Alliés en octobre
1944. Pendant un moment de crise nationale, qui peut prendre la parole pour la nation? Qui
en est exclu? Dans quelle mesure et comment les journaux peuvent-ils contribuer au projet
identitaire de la Résistance pendant les mois de libération ? Telles sont les questions
auxquelles nous tenterons de répondre à partir d’un choix de journaux clandestins (par ex.
Action, L’avant-garde, et L’aurore) ou de journaux affiliés à la Résistance interne (par ex.
Défense de la France, Carrefour, La France Libre).
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Mots-clés: L’occupation allemande, les mois de la libération, discours journalistique,
identification nationale.
Introduction
World War II was a time of division, equivocation and even civil war in
France. Not only was the country divided geographically into the Occupied Zone
and the Free Zone, it also had two governing bodies that contended for power, one
legitimated by the Germans and present on French soil, the other a self-proclaimed
“Free France”, exiled in London and recognized by the English. The political
legitimacy of any given group belonged to a strongly contested terrain. At
liberation, the sense of a unified political community remained an equivocal and
unresolved matter. Indeed, from the Armistice of June 1940 onwards, there was a
deep schism in French society. The Vichy regime which was in power collaborated
with the German occupying force, while the Resistance movement opposed both
the occupiers and the regime in power. This seemingly simple dichotomy becomes
further complicated when considering the differences of political opinion within
these two larger factions. Not only were there Resistance groups from the whole
political spectrum with their differences and dissidences, the Vichy regime too was
“a pluralist dictatorship.”1 Divergent tendencies surfaced on the far-right too, as
some endorsed Nazism while others gravitated toward a fascism anchored in the
French tradition.
The overarching problem at liberation was that of reaffirming identification
with a national tradition, or a reconstruction of “Frenchness.” Indeed, varying
factors coincided, contributing to a refracted image of the national community: the
impending defeat of Germany; the urgent need for political, economic and social
reconstruction; the above-mentioned multiplicity of factions and ideologies; the
reality of the Occupation and the possibility of a future Allied occupation in
France; the purge and punishment of traitors, to name just a few. Out of the reality
of a nation in flux marked by competing political, literary, and journalistic
discourses arose the need to rearticulate a cohesive sense of national unity and
identity. Strikingly, it was as early as June 18, 1942 that de Gaulle explicitly stated
for the first time: « L’unité nationale est le premier de nos buts. »2 However, with
the number of resistance movements—often of opposing political persuasions—
growing continuously over the following two years, internal divisions continued to
expand. With liberation in sight, internal unity became one of the most pressing
1
Stanley Hoffmann, Decline or Renewal? France since the 1930s, New York:
The Viking Press, 1974, p. 4.
2
Charles de Gaulle, Discours et Messages, vol. 1, Paris: Plon, 1946, p. 200.
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issues to dominate the political arena, as can be seen from contemporary
newspaper articles and editorials. 3
This article analyzes specific rhetorical and discursive strategies used by
newspapers to initially incite the general population to insurgency, and later to
resolve the lack of unity that threatened to corrode the very social fabric of France
at liberation, doubly menaced by the threat of a second foreign occupation. The
focus is on the months between June to October 1944, that is to say, the months
between the Normandy landings on the one hand, and the recognition of the
Gouvernement Provisoire de la République française (GPRF) by the Allies in
October 1944. At the time of the Normandy landings, all the schisms mentioned
above were still very manifest; with Operation Overlord also came the possibility
for the GPRF to take over the reins of the political institutions and reinstate the
republic. However, the GPRF was not officially recognized by the Allies until
October 23, 1944, a fact which was cause for much consternation and uncertainty
in the intervening months. Furthermore, the first elections for the National
Assembly were held in October 1944: the French were once again able to exercise
their right to vote, thereby reinstating due electoral process and republican
institutions. Within this context, this article will examine three aspects of
contemporary newspaper publications which are of particular relevance to French
identity at liberation: the historical memories public discourse chose to underscore,
the manner in which this turbulent and divisive period in France was reflected in
print media, and the types of identificatory symbolism newspapers promoted in
June-October 1944, both in terms of integration as well as exclusion.4 The source
materials will include a sample of clandestine sheets such as Action, L’avantgarde, and L’aurore, or newspapers coming out of the internal Resistance, such as
Défense de la France, Carrefour, La France Libre.
The early months: a call to arms
During the months of liberation, the principal issues of discussion and
debate in newspapers changed as the political question at hand changed. For
instance, newspapers and tracts dating from June, July, and early August 1944 —
3
In time, this notion of unity was codified by being explicitly introduced in Article 1 of the
Constitution of the Fifth Republic (1958): « La France est une République indivisible
(...) ». (Emphasis added)
4
For reasons of relevance to the discussion at hand, event-driven articles that are
journalistic and descriptive in nature are left aside; instead, the focus is on articles that
are more analytically oriented, in order to see what allusions and tropes are used, and
to what effect. Recurrent ideas haunted intellectuals and journalists, as evidenced by
the newspaper articles of the months of liberation. Many are of great interest, such as
the return of deportees, the women’s vote, food availability, demographics, the
colonies, just to name a few; it is beyond the scope of this article to address all these
topics; it focuses on themes pertinent to unity.
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that is to say from the Normandy landing to the liberation of Paris, when a large
number of newspapers were still clandestine — wrote mainly with the goal of
inciting the masses to insurrection. This provocation was carried out in a variety of
ways; for example, the anonymous headline article of the June 1944 issue of Action
declares:
La bataille de la France est engagée, il faut la gagner. (...) Tous les Français
veulent se battre. Ils ont parfaitement conscience de la vérité de la formule
militaire: “De toutes les fautes, une seule est infamante: l’inaction.” S’ils
assistaient en spectateurs à la bataille en cours, ils subiraient, région par
région, l’action de deux formidables armées, et le meilleur moyen de diminuer
les destructions et les pertes françaises est encore de frapper l’ennemi.5
This call is clearly an emotional appeal: in psychological terms, it plays on
the patriotic feelings of readers (« bataille de la France », « infamante »); at the
same time, it appeals to their material and practical side by alluding to the
reduction of French losses, surely a sound tactical move at a time of great penury
on the one hand, and loss of life on the other. Furthermore, it goads the reader to
move from the role of the spectator to the position of the agent through whom
emancipation can be reached. This same rhetoric can be found in Avant-Garde, a
mimeographed newspaper distributed by and for Communist youth in the Southern
Zone:
Nos Alliés ont enfin débarqué! Les Français ne sauraient rester de simples
spectateurs de la bataille qui vient de s’engager, ils doivent y prendre part.
Avec raison, le Général de Gaulle a proclamé que le devoir simple et sacré
de tous les fils de France est de combattre par tous les moyens pour faire
repasser le Rhin au plus tôt à l’ennemi, qui il y a 4 ans, submergeait notre
pays grâce à sa cinquième colonne.6
Here again, the role of the spectator is demeaned through the use of the
adjective « simple » which stresses the insignificance of this position. 7 On the
contrary, this same idea is reinforced by both the command and the obligation
conveyed by the verb « doivent », in turn mirrored by the noun form of the same
verb, « devoir ». Once again, the adjective « simple » is used to qualify the noun
5
The cover page of the newspaper Action, clarified which group it belonged to: « Organe
Social du M.L.N. et des Corps-Francs de la Libération ». I was only able to locate
Numbers 6 and 7 (June and July 1944), but there are indications that this newspaper
continued until at least December 1944. « Fonds Geneviève Delmas. Archives du
MUR et du MLN, 1941-1945 ». Inventory by Philippe Mezzasalma. 2003. BDIC.
http://www.bdic.fr/pdf/GDelmas.pdf (accessed October 16, 2005).
6
Anon. « Jeunes Français aux armes! », L’Avant-Garde. Zone Sud, June 8, 1944.
7
The reference to the beginning of combat four years earlier might also be read as a
reference to the pre-war attentistes whose passivity was blamed for the military defeat
of 1940.
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«devoir », but this time in a different sense: simple as opposed to complex or
multiple, or as synonymous with pure and unqualified. Pairing « simple » with «
sacré » adds the religious register to the notion of duty. Furthermore, the use of the
archaic expression « fils de France » and not simply « Français » adds yet another
facet: that of filial obligation. The combination of the family and religious rhetoric
is evidently meant not merely to coax but to inflame the readers as sons whose
mother(land) is under attack. At the same time, it evokes a tricky sense of
generational continuity, and the heritage that this continuity imparts. The insistence
on a common heritage is part of the community-building process.8
The article’s attempt to inspire and provoke the readers is reinforced by the
title of the article, which also serves as the headlines, stenciled by hand in capital
letters: « Jeunes Français aux armes! Tous au combat pour délivrer la France!» «
Aux armes » most naturally makes the link with the Marseillaise, just as the abovementioned « fils de France » evokes « enfants de la patrie. » Similar examples can
be found in other clandestine newspapers such as L’Aurore which quotes « nos
bras vengeurs »9 in italics from the Marseillaise, or L’Avenir which glorifies the
Normandy landings with the headlines: « Le jour de gloire est arrive» 10 and
develops the allusion to the Marseillaise even further when it foresees the destiny
of collaborators: «Qu’un sang impur abreuve nos sillons.» Alluding to the
Marseillaise indirectly or invoking it directly both participate in a move to inscribe
the meaning of this call to arms in the tradition of the Revolution, and more
specifically in the Franco-Austrian war of 1792, where the fledgling Republic
triumphs over hordes of foreign invaders from Austria and Prussia.
After the exaltation of the Normandy landings of June 1944, the July
newspapers attempted even more to galvanize the population into action. The coincidence of the anniversary of the storming of the Bastille was exploited fully. To
this effect, the Conseil National de la Résistance published an « Appel » in the July
issue of l’Aurore.11 This long « Appel » takes up one half of the cover page, and is
visually divided by lines in uppercase print which make it appear subdivided into
sections. These apparent sub-sections are entitled « 14 JUILLET DE COMBAT »
8
Of course, this is complicated by the eliding of the fact that there are competing claims on
the ‘fils de France’ heritage, with the pétainistes and collaborators making similar
claims against Jews, Freemasons, and Communists. In the political discourse of the
Vichy regime and elements of the extreme-right, Jews, Masons, and Communists owed
their allegiance to other nations, not to France; it was therefore the « conspiration
judéo-maçonnique » or the « péril judéo-bolchevique » that created the need for a
National Revolution, pp. 200-201. Jean-Pierre Azéma. « Vichy » in Histoire de
l’extrême droite en France. ed. Michel Winock (Paris: Seuil, 1994), pp. 200-201.
9
Anon. « Etre digne des morts..., » L’Aurore. No. 12, June 1944. L’Aurore carried a
subtitle immediately below the title of the newspaper: « Organe de la Résistance
Républicaine ». The more Gaullist newspapers such as Défense de la France bore de
Gaulle’s insignia, the Lorraine cross, near the title banner.
10
Anon. « Le Jour de gloire est arrivé, » L’Avenir, No. 15, June 10, 1944.
11
« Appel du Conseil National de la Résistance pour le 14 juillet 1944 » in L’Aurore. No.
13, July 1944.
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and «14 JUILLET: JOUR DE PREPARATION DE L’INSURRECTION
NATIONALE ». Under the first section, the CNR declares:
(...) Que chaque Français fasse ce jour-là un acte de patriotisme, un acte de
guerre contre l’envahisseur. Que pas un Français ne travaille ce jour-là pour
l’ennemi.
Que tous, de Paris au plus petit village de France, manifestent leur exécration
de l’occupant, leur volonté de conquérir la liberté par l’insurrection nationale.
This rather vague proposition is followed by very precise instructions, some urging
readers to flaunt their patriotic allegiance, such as « Portez les trois couleurs
nationales » and « Hissez les drapeaux tricolores sur les bâtiments publics, sur les
clochers et les cheminées d’usines. » Others, however, are much more explicit and
openly incite the readers to « hâter cette victoire en harcelant l’ennemi, en faisant
dérailler ses trains, en coupant ses communications, en lui barrant les routes, en lui
tendant des pièges et des embuscades, en sabotant et en arrêtant sa production de
guerre, en bloquant son ravitaillement. » These instructions are precise and clear,
yet there is no consideration of any possible (and realistically probable) punitive
retaliation by the Germans. Instead, the article proclaims: « L’heure est venue
d’exterminer les tueurs de la milice. »12 The choice of verb here is striking: the
CNR is not calling for the arrest of the Milice in order for them to be put on trial
for their misdeeds; exterminating would signify eradicating this entire category
from the population. This statement is indicative of the desire to define who can
continue to belong to the national community after the end of the occupation. On
the contrary, towards the end of the « Appel » a collective wish is spelled out: «
Que l’audace de nos aïeux, aux grands jours de notre histoire, nous inspire à
nouveau! Que l’élan qui jeta le peuple de Paris sur la Bastille au 14 juillet 1789,
que l’esprit de Valmy et le souffle de la Marseillaise soulève à nouveau la Nation!»
Yet again, the mythology of the Revolution is exploited to the fullest, from
the direct invocation of the storming of the Bastille to that of the Battle of Valmy,
which marked the withdrawal of the anti-revolutionary allied armies in 1792, and
true victory of the Revolutionary forces. Like the names Bastille and Marseillaise,
Valmy too is part of the revolutionary iconography and represents the victory of a
nascent Republic over anti-republican forces.
Like the piece in L’Aurore, the main article in Action too aims at inspiring
its readers and bringing them to action, and it also ends with a quote from the
Marseillaise: « Aux armes, citoyens. Formez vos bataillons! » 13 Although the
article exalts military formations of the Resistance such as the Franc-Tireurs et
Partisans français (FTPF) or the Corps-Francs de la Libération, and also outlines
specific actions the rebels need to take (sabotage, recuperation of arms from the
12
The Milice, Vichy’s paramilitary organization that worked closely with the Gestapo, was
responsible for, among other things, the repression of the résistants and the rounding
up of Jews.
13
Anon. « Pour gagner la bataille de France, » Action. No. 7, July 1944.
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Germans), it does not call for murder. On the other hand, the Bulletin
d’information du Front national de lutte pour la libération de la France14 does not
mince words. Among the list of instructions it gives the militants such as
committing acts of sabotage and taking control of German food or arms reserves,
one of the items on the list reads: « Abats les boches, les miliciens de Darnand, les
traîtres! » The targets to be brought down seem to be mentioned in order of
priority: first the Germans, then the Milice, then the collaborators. This exhortation
is followed by an underlined sentence which spells the previous sentence out even
more clearly: « En ce jour anniversaire de la prise de la Bastille, chaque Patriote
doit, par tous les moyens, abattre un boche, un milicien, un traître! » This is
much more than a mere call to arms to free the nation of the occupier: it openly
advocates murder for treason. By the same token, it excludes members of the
Milice and the so-called traitors from the future national community.
Recognized or (re-)occupied?
The attempts on the part of the newspapers to reinscribe the insurrection
against the Germans in the tradition of the French Revolution ran parallel to
another polemical issue of the early months of liberation was that of the status of
de Gaulle in liberated France. The French waited and watched to see whether the
Comité français du Libération nationale (CFLN) headed by de Gaulle and which
declared itself the Gouvernement Provisoire de la République française (GPRF) in
Algiers on June 3, 1944, would be recognized by the Allies as the sole, legitimate
government of France. The point of contention, for the French, was whether this
government would be recognized de jure or de facto. According to international
law, de jure recognition is irrevocable; once accorded, it continues in spite of
internal changes such as social or political organization. Were the Allies not to
recognize the GPRF de jure, it would have logically made them impose an interim
military administration (Allied Military Government of the Occupied Territories or
AMGOT) in France, at least until national elections could be held. This fear can be
seen through the sarcasm manifest in the following excerpt from L’Aurore:
Alors, vraiment, Londres et Washington discutent encore autour de la
reconnaissance « de jure » du Comité d’Alger? Mais oui, et savez-vous
quelles raisons M. Winston Churchill vient de donner pour ne pas le
considérer comme l’authentique gouvernement de la France? Ne cherchez
pas, vous perdriez votre temps. Aux Communes, le premier britannique a
déclaré: « qu’il ne veut pas imposer un gouvernement à notre patrie libérée et
qu’il n’est pas certain que le C.F.L.N. présidé par le général de Gaulle
exprime réellement la majorité de notre peuple. » Ce sont des phrases que
14
Anon. « Après ce 14 juillet de combat, en avant pour de nouvelles victoires!, » Bulletin
d’information du Front National de lutte pour la libération de la France. No. II. July
1944.
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nous entendons d’ordinaire aux micros de Radio-Paris. (...) Mais qui donc
renseigne les Anglo-Saxons?15
The Allied discussion of the de jure recognition of the CFLN is mocked
right from the outset, first and foremost through the « Alors, vraiment, » that opens
the article. It introduces a sense of incredulity which is later reinforced by the
ridicule obvious in « Ne cherchez pas, vous perdriez votre temps. » By stating that
the readers would waste their time in looking for an answer, the article underscores
the preposterousness of such an idea. The reference to Radio-Paris further
accentuates this by pointing out that the idea of the illegitimacy of the CFLN is the
sort of information collaborationist propaganda would disseminate. The final
«Mais qui donc... » has the effect of rendering the supposition of the Allies
completely absurd and groundless.
This debate of de jure recognition went beyond the immediate issue of who
would govern liberated territories and into the realm of the post-war position of
France in Europe, whence the title, « La France, alliée souveraine. » Not being
granted de jure recognition would automatically undermine the sovereignty of the
nation and introduce yet another occupation of the country. The overarching issue
at stake here is that of self-definition. First and foremost, this is with respect to the
position of France in post-war Europe as can be seen in one of the concluding
statements of the article:
L’Europe qui depuis deux millénaires prodigue au monde entier les merveilles
de sa civilisation est marquée de notre empreinte. C’est la révolution française
qui fit resplendir sur l’univers ébloui les principes de liberté publique et de
respect de la personne humaine qui dressent la passion populaire contre la
tyrannie hitlérienne. En proscrivant la France même exsangue d’un comité
pour l’organisation de l’Europe on en proscrit l’esprit.
Clearly, the heritage of the French Revolution is posited as the foundation
of the nation; furthermore, Europe itself is shown to be irrevocably bound to
France through its cultural influence. The specificity of the immediate past is thus
effaced by evoking a glorious past in order to find a position on the side of the
winners in the future.
The notion of de jure recognition is also linked to the notion of selfdefinition in terms of inclusion and exclusion from the national community:
L’autorité du gouvernement d’Alger déborde largement la masse de notre
peuple en guerre contre l’Allemagne (...). Si l’on excepte la poignée de repris
de justice et de traîtres embauchés par l’ennemi, on constate que la nation,
d’un même élan, se retrouve dans le gouvernement d’Alger. Quel sortilège
cache cette évidence à Roosevelt et Churchill? (...) notre peuple tendu vers
son relèvement retrouve son âme dans la lutte et dans le sacrifice, (il) voit
dans le général de Gaulle l’instrument de sa rédemption.
15
Anon. « La France, alliée souveraine, » L’Aurore. No. 12, June 1944. Emphasis added.
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The CFLN is thus shown to govern much more than just active résistants
(« déborde la masse de notre peuple en guerre »). This is an inclusive gesture that
also embraces the common man who occupied his time trying to survive. At the
same time, it is a gesture that repudiates the « repris de justice » and « traîtres
embauchés par l’ennemi »; indeed, in the last sentence, the « traîtres » are merged
with the « ennemi », thereby automatically making them outsiders.16
Carrefour, a daily publication which was Gaullist in inspiration, carried an
article as late as September 1944 which still dealt with the same concern. The
article begins in the following manner:
Constatant que les meilleurs éléments de la nation, unis sans distinction de
classe ni d’opinion dans la mystique de la patrie avaient enfin réalisé la
souveraineté française, nous demandons ici que tout soit mis en œuvre pour
sauvegarder cette souveraineté.
Elle seule permit de sauver la France et d’éviter la révolution sanglante. Elle
seule permettra d’affronter les tâches qui attendent: reconnaissance «de jure »
du gouvernement, participation aux négociations de la paix, reconstruction et
rénovation dans tous les domaines.17
Once again, the de jure recognition is the top priority, and it is through
sovereignty, the article states, that France will achieve this coveted recognition.
The journalist does not define the term sovereignty; he does, however, state that
this sovereignty has been achieved through « la mystique de la patrie. » The use of
the term « mystique, » beyond implying religious passion, also brings in the
concept of transcendence. By proposing an ontological definition of the « patrie »,
this article posits an idea of nation that exists above and independent of real,
concrete elements. The nation is thus implied to be more than the territory, people,
language, traditions, and institutions it includes, it is an abstract but absolute reality
capable of uniting « les meilleurs éléments. » Furthermore, the received meaning
of the term sovereignty, in its modern usage, implies complete independence and
self-government (in communities not under monarchical government). According
to the article, however, this sovereignty would be the instrument through which de
jure recognition would be achieved.
16
Vichy’s politics were also exclusionary, though they were based upon race or nationality.
In the case of its continued repression of communists, exclusion was based upon
political convictions.
17
Yves Helleu, « Les honnêtes gens », Carrefour. September 6, 1944. Emphasis added.
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In search of unity
As the territory was progressively liberated and the focus shifted from
driving out the occupiers to economic reconstruction on the one hand, and the
purge on the other, the preeminent problem of national unity (or lack thereof) came
to be directly addressed. The purportedly unanimous support of the government
was exploited to this end by a variety of newspapers. The journalist Robert Salmon
begins by stating that he is writing in response to an accusation by François
Mauriac that there really was only one newspaper in France, that of the Resistance.
He goes on to give his opinion:
Certes, la Résistance a été une minorité; parce que la majorité préfère toujours
ses pantoufles à la mort. Mais on a vu de quel côté étaient les sympathies de la
Nation. (...) Si (les journaux) se taisent ce n’est pas par lâcheté. Mais ils
savent ce que l’unité acquise a coûté de sang. (...) Voici pourquoi ils disent la
même chose. Parce que selon vos propres paroles, ils pensent que « ce qui
nous unit est plus fort que ce qui nous divise ». Parce que tous sont
spontanément unanimes pour réclamer un châtiment plus prompt, une
rénovation plus profonde, parce que tous désirent que le gouvernement
gouverne en accord avec la Résistance et gouverne hardiment sans se soucier
si les Alliés le reconnaissent de jure ou de facto, parce que le peuple français,
lui, le reconnaît sans conditions.18
Défense de la France was one among numerous Gaullist publications that
thrived during the months of liberation. Alongside the title, it bore a croix de
Lorraine, de Gaulle’s insignia, bigger than the font of the title.
Image 1
18
Robert Salmon, « Journal unique », Défense de la France. October 22-23, 1944.
Emphasis added.
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For an openly Gaullist paper to admit that « la Résistance était une
minorité » was dissonant, because de Gaulle unfailingly advocated the image of a
France collectively liberated by her own people. 19 If the journalist admits that the
majority of the population « préfère toujours ses pantoufles à la mort », he does so
in order to reinforce the unconditional support of the government by the
population, « sans se soucier si les Alliés le reconnaissent de jure ou de facto. »
The main point of the article is to underscore the unity of the various factions, but
the question of Allied recognition is not far removed from the main concern.
The question of national unity raised by the previous article progressively
became a more pressing issue, especially after the liberation of Paris. Indeed, the
closing words of the article are: « Les divisions reviendront, Monsieur Mauriac.
Elles reviendront même trop vite. » Initially, many newspapers portrayed the
French as having unanimously rallied around an idea. For instance, on August 31,
1944, Défense de la France carried an article entitled « L’Union des Français »
which states that « Les Français (...) refusaient de s’unir derrière (le Maréchal). Ils
s’étaient unis contre lui. Contre l’occupant, contre Vichy, l’union des Français
s’était faite. »20 The depiction of a majority of the population forming a united
front against Marshall Pétain is an outright distortion of facts. The acclaim Pétain
enjoyed at least until 1942, before the whole country was occupied, entirely
disproves this statement. Yet what is noteworthy is the portrayal of this unity, real
or imagined.
Just as Défense de la France focuses on the rejection of Pétain as motive
for unity, Carrefour distinguishes yet another motive. On September 16, 1944 the
essayist and playwright Armand Salacrou writes in Carrefour: «l’union de tous les
Français (...) s’est faite dans la volonté d’écarter de la vie nationale ceux qui
vécurent heureux pendant ces quatre années terribles.»21 This was written barely
three weeks after the liberation of Paris, whence the insistence on the word
«union». Significantly, this union is based upon the idea of inclusion and exclusion
too («écarter de la vie nationale»). Having lived happily during the German
occupation is sufficient to be grounds for exclusion. Thus, logically, those who had
suffered rightfully belonged to the nation.
The imagined unity portrayed by a variety of newspapers was not
translated into the political reality of the period. France Libre presciently
acknowledges this as early as July 1944:
19
The epitome of this attitude can be seen in de Gaulle’s speech at the liberation of Paris on
August 25, 1944: « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris
libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la
France, avec l'appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de
la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. » Charles de Gaulle,
Discours et Messages, pp. 439-440.
20
Anon. « L’Union des Français », Défense de la France. August 31, 1944.
21
Armand Salacrou, « La dernière colonne », Carrefour. September 16, 1944.
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Les résistants seront les chefs de la France de demain, mais ils ne seront pas
des dictateurs. Ils apporteront au pays un programme de relèvement, de
réformes profondes. (...) L’œuvre sera dure. D’aucuns commencent dans
l’ombre leur action néfaste de désunion; les autres émettent des doutes sur la
puissance future de la Résistance.22
Although this article also groups all résistants together, without making
any concessions for the different political tendencies that were represented within
the umbrella term « la Résistance », it does predict the future circumstances fairly
accurately. More than a tone of pessimism, given the lack of unity in July 1944,
this is at once a realistic observation and an indirect plea for unity. After the
liberation of capital, the date of liberation of the city itself was used metaphorically
by some newspapers as yet another element of cohesion. Carrefour carried an
article entitled « La vraie mission de la Résistance: rallier le pays autour d’elle »
which states that
Le 25 août la France fut unanime. Des millions de Français avaient souhaité
cette journée dans le fond de son cœur. (…) L’unanimité. C’était peut-être là,
après quatre rudes années, la plus grande victoire française. (…) Il ne faut pas
que la France soit à la merci d’un parti politique qui l’accapare, ni de
plusieurs partis politiques qui la divisent. C’est l’esprit de résistance qui doit
sonner le ralliement de la France entière. Voilà la vraie mission de la
Résistance.23
Instead of using the word « task » or « duty », the journalist’s choice,
«mission», is noteworthy. The article proposes a deontological definition of the
Resistance, thereby reifying what was in reality a heterogeneous assemblage. It
also capitalizes most interestingly on a date – 25 August 1944 – as a defining
moment of national unity and unanimity. Indeed, in the very next issue of
Carrefour24, there is an article which begins in the following manner:
Après quatre années d’oppression, de contrainte physique et plus encore de
contrainte morale, le Français, autant que de pain et de charbon, a besoin de
vérité. La libération n’a pas seulement été celle des corps, elle a été aussi et
surtout celle des âmes.
Le 26 août dernier, (la France a retrouvé) un gouvernement démocratique.25
22
Anon. « La prise du pouvoir par la Résistance », France Libre, July 24, 1944.
Jean-Bernard Derosne, « La vraie mission de la Résistance », Carrefour, January 13,
1945.
24
Carrefour was a weekly publication.
25
Robert Frégnier, « Savoir... pour comprendre », Carrefour, January 20, 1945.
23
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This image dominates the front-page physically and the symbolism of this
sketch is not lost upon the leader. A few months later, Le Monde made a similar
assimilation between this painting and popular insurrection in France:
Quel tableau apporte l’image intense des luttes intenses d'hier? Il n’en est
qu’un, dans notre passé, qui reste de brûlante actualité. La Liberté guidant le
peuple sur les barricades date de 1831. L’œuvre de Delacroix exprime, mieux
qu’aucune autre, les heures proches où l’espoir nous revint. C’est le privilège
du génie d’incarner ainsi, pour toujours, l’âme d’un peuple.26
Once again, the allusion to the liberation of « corps » and « âmes » belongs
to the religious register, and this is reinforced by the miraculous appearance of a
democratic government from one day to the next. And yet again, the exploitation of
this calendarian mnemonic site is striking due to the way in which it reinforces the
link between a date and the fact of being liberated. Like the storming of the
Bastille, the liberation of Paris is already transformed into a date site, accompanied
by the collective psychological act of establishing an anniversary avant la lettre,
even before the requisite time has passed for there to actually be an anniversary.
The popular insurrection in Paris with barricades at street corners was
quickly assimilated to Delacroix’s Liberté Guidant le peuple. Indeed, on the very
day after the liberation of Paris, Carrefour carried a cover-page article by François
Mauriac entitled « Servir la France ressuscitée » with a photograph of de Gaulle on
the right and a one-third page hand-drawn sketch of Liberté guidant le peuple on
the lower part of the front page. 27
26
27
René-Jean. « Au 56e salon des Indépendants », Le Monde, March 4, 1945.
Carrefour, August 26, 1944.
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This paean to Delacroix’ painting underscores the identification of a work
of art with the whole nation. Popular revolt and barricades thus become a malleable
metaphor applied to similar yet different historical contexts. The article refers the
whole population (« l’âme d’un peuple ») without making any specific reference to
Parisians in particular. Yet, in the given circumstances, that was not the case. The
historian Philippe Buton has pointed out that only Paris, Lille, Marseille, Limoges,
and Thiers were liberated through popular insurrections. In the rest of France, « la
participation populaire aux événements libérateurs fut négligeable. Pour l’essentiel,
le peuple resta témoin, limitant ainsi fortement la marge de manœuvre du courant
révolutionnaire. »28 In spite of all the calls to action that we have noted above, a
large part of the population chose to wait and watch, yet only a few months after
the liberation of Paris Liberté guidant le peuple becomes part of the identificatory
symbolism of the resistance of the entire population. Indeed, Buton asserts that
«Paris ne résume pas toutefois la France, et la réussite du soulèvement parisien
n’induit pas ipso facto celui de la France toute entière. Certes, la mémoire
collective a longtemps confondu les deux. (...) À l’échelle de la France,
l’insurrection nationale fut un échec.»29 Whatever the historical accuracy of mass
uprising might have been, what concerns this study mainly is how the events were
portrayed, and in this case an obvious generalization can be noted: the unanimity of
revolt that the newspapers so strongly desire is translated into its representation in
printed forms.
The Purge, or ritual cleansing
The purge was undoubtedly among the top concerns for all newspapers
during the months of liberation. The purge as a political move had begun to be
planned as early as 1941 and was established with the trial of Pierre Pucheu,
Pétain’s Secretary of State for the Interior, in 1943. Pucheu was also the first
French person to be executed by the Resistance on the charge of treason in 1944. In
June 1944, there were fervent calls in the newspapers to incite civilians to action;
these were often accompanied by threats to collaborators. Some of the terminology
used to word these threats are inscribed in the ideals of the French Revolution; for
instance, we have already noted references to the Marseillaise and, more
specifically, to the line « Qu’un sang impur abreuve nos sillons. » In one instance,
this line appears under a sub-heading called « Les traîtres vont payer » and the
journalist clarifies whose blood is being referred to: « Le sang impur, après le sang
boche, ce sera celui de tous les traîtres et de tous les vendus qui pendant quatre ans
ont trahi et ont vendu le corps et l’âme de la France éternelle. L’heure de la justice
et du châtiment, l’heure de la délivrance a sonné. » 30 After the top priority of
expelling the Germans, it is made clear that the traitors will be brought to
28
Philippe Buton, La Joie douloureuse. La Libération de la France (Brussels: Editions
Complexe, Collection IHTP, 2004), pp. 93-94.
29
Ibid., p. 93.
30
L’Avenir, No. 15. « Le jour de gloire est arrivé », June 10, 1944.
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judgment. A dichotomy is established: « le sang boche » and that of « les traîtres et
les vendus » are proposed as impure elements, and contrasted to the personification
of « la France éternelle » whose very soul was sold by those who « (prononçaient)
cette suite ininterrompue d’appels à la trahison, à la peur, à la passivité, à la
lâcheté. »
The tone of these calls changes drastically from July to August 1944, when
liberation becomes an increasingly concrete possibility. Indeed, during the weeklong insurrection of Paris from August 19 to 25, 1944 when most clandestine
newspapers began to publish openly, with no fear of censorship, these calls for
justice assumed a new urgency. For instance, on August 23, 1944, Défense de la
France carried an article which opens with a statement about the order which
reigned during « le changement de régime », when no lynching or summary
executions are stated to have taken place. Once again, it is not the inaccuracy
proposed by this article that is of interest to this discussion, but rather the appeal
that follows:
Nous n’en sommes que mieux placés aujourd’hui pour demander que ces
criminels soient jugés rapidement et châtiés sans faiblesse. (...) La France est
aujourd’hui trop misérable, elle est trop pauvre matériellement, elle a trop
souffert dans sa chair et dans son esprit pour se permettre le luxe d’être
indulgente. Une justice impitoyable est une nécessité de salut public. On nous
objectera sans doute les bienfaits de l’oubli. Mais il n’y aura pas de paix sans
justice. On tentera d’exploiter la généreuse sensibilité du peuple français, cet
éternel défenseur des faibles et des causes perdues. Craignons aussi sa colère,
ce que le général de Gaulle a appelé sa « sainte colère ». Le peuple francais
veut d’abord la justice.31
This demand is made clearly and openly to the new authorities even though
they are not yet in place. As in the previous excerpt, here too France is personified,
marked by the suffering of « sa chair » and « son esprit. » The nation itself is
proposed as the supreme victim who has borne loss and misfortune; in her name,
justice has to be « impitoyable. » This adjective can be translated as pitiless or
merciless, but also refers to the quality of being without indulgence. This is
underscored in the preceding sentence which clearly proposes the future lack of
indulgence as the logical corollary to the current state of affliction. Indeed, the
necessary prerequisite for both « salut public » and « paix » is this « justice
impitoyable. » In addition to making demands for swift justice, this article also
warns against potential pitfalls: the therapeutic effects of forgetting and, not least,
yielding to emotional appeal, whence the insistence on the adjective «impitoyable.
» The national community is portrayed monolithically as champion of the
underdog (« éternel défenseur des faibles et des causes perdues »), even though the
underdogs in question are fellow citizens. By highlighting the sensitivity of the
31
M.D. « Les châtiments nécessaires, » Défense de la France. August 23, 1944. Emphasis
added.
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French and their propensity to support the loser, and at the same time by stating
that the cause of the traitors is not one worth being upheld, the journalist places
these traitors in the category of the unredeemable, even beyond that of « les causes
perdues. » It seems that the article solicits the French to make reason dominate
over emotion, all the while appealing to the readers’ emotions.
As historian Henry Rousso has pointed out, among the various functions of
the purge, one was « une fonction identitaire et de reconstruction nationale. » 32
This function of identity-creation or self-definition fulfilled by the purge can be
discerned in the terminology used by various newspapers to speak about it. Soon
after the liberation of Paris, La France Libre carried an editorial by Aymé Guerrin
which states that
Les défaillances seront châtiées; les hommes qui ont accepté la défaite, ceux
qui ont pris leur parti de la pire humiliation de notre histoire, puis de la
collaboration avec l’ennemi, seront éliminés de la vie nationale; c’était pour la
plupart des affairistes; la France tenait peu de part dans leur préoccupations
intimes, ils l’ont oubliée; elle les oublie aujourd’hui. (...) celui qui tenterait de
troubler l’ordre public, qu’il soit de droite ou de gauche, serait vomi par le
pays tout entier.33
In this excerpt, clearly the question of who can or cannot belong to and
participate in public life is being defined. It is a journalistic translation of the
ordinance of « indignité nationale », a juridical category of punishment created in
August 1944 for treason. A person who received this sentence was subject to the
loss of all civil rights and excluded from a number of public functions such as
being a teacher, a banker, an insurance agent, standing for elections, or belonging
to a labor union: in short, he was « éliminé de la vie nationale. » Defining who can
or cannot belong to « la vie nationale » as if it were a homogeneous and absolute
entity participates in the act of national self-definition. Postwar French identity is
being posited in terms of negations: not weak and not profiteering. The violence of
the last image is striking: he who shall try to disrupt the proper social order will be
«vomi » by the whole country. The act of vomiting is also a purge of sorts; the
disruptor will therefore be doubly purged, legally and socially: the purge can thus
be seen as a sort of ritual cleansing. 34 In French, the verb épurer denotes to purify,
32
Rousso, Henry. « L’Épuration en France. Une histoire inachevée » in Vingtième Siècle.
33 (Jan-Mar 1992), p. 105.
33
Aymé Guerrin, « Toute la France », La France Libre, September 5, 1944. Emphasis
added.
34
The newspaper in which Aymé Guerrin published his editorials, La France Libre, was
particularly committed to the question of justice. This is confirmed by the sheer
number of editorials that discuss justice and the purge, for instance « Epurer, c’est
juger » (September 28, 1944), « Justice expéditive » (November 1, 1944), « L’injustice
dans la justice » (November 17, 1944), « Nous serons justes ou nous périrons »
(December 14, 1944), « Justice populaire » (January 3, 1945), « Justice quand même »
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to sanitize, or to refine. In the case of the post-war purge in France, it is a newly
conceived body politic that is being purged of treacherous — or alien — elements.
The purge thus becomes an act of purification: once the body vomits the alien
matter, it is again whole, unharmed, intact, and most importantly, pure.
The following day, Défense de la France published an article which
proposed the purge as the panacea for all problems facing liberated France:
De tous les problèmes posés par la libération, il en est un qui prime tous les
autres, c’est celui de l’épuration. Lorsque les quelques milliers de Français qui
ont collaboré activement avec l’ennemi seront sous les verrous, les autres
problèmes se résoudront d’eux-mêmes. L’épuration, c’est en somme le
problème préliminaire au relèvement de la France.35
There was no lack of problems facing free France, from reinstating the
machinery of administrative structures like the police, judiciary, municipal offices,
postal and railway services among others, to economic reconstruction, food
distribution, reconstruction of bombed cities, to name just a few. It is of course
rather simplistic to subsume all problems facing free France under the umbrella
category of the purge, but it is important to note that newspapers were propagating
this kind of reduction. The article simply states that putting collaborators behind
bars would remove all problems without explicitly stating how this would happen.
Reporting on a meeting of the Conseil National des Ecrivains (CNE),
Pierre Seghers uses a medical metaphor to call for justice:
Certains maux, one ne les soigne pas avec des emplâtres. Nous en sommes à
la période chirurgicale. Le mal est plus profond qu’on ne pourrait le penser.
Des amputations, si pénibles qu’elles puissent paraître, sont indispensables.
(...) Il faut savoir se séparer des hommes qui se sont, eux-mêmes, séparés du
pays. 36
This call for pitiless justice advocates the surgical removal of unwanted
elements, those who lack honesty, which he also defines as « une certaine force de
pureté au cœur. » Those who have this purity in their hearts form the body politic,
and those who don’t need to be excised.
The articles of La France Libre, especially the editorials, relentlessly make
appeals for implacable justice, and especially for not forgiving and forgetting.
What is at stake here is largely a question of inclusion and exclusion from the
national community. A few days after the previous excerpt appeared, another
editorial by Aymé Guerrin proposed a link between punishment and the national
unity based on exclusion:
(January 11, 1945), « Pleine Justice » (February 22, 1945), just to name those that
carried the words just or justice in the titles.
35
Anon. « Le problème de l’épuration », Défense de la France. September 6, 1944.
36
Pierre Seghers, « Littérature et propreté », Le Parisien libéré, no. 16. September 7, 1944.
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(...) quelques-uns (...) proposent un geste d’oubli qui, à les entendre, rétablirait
l’unité française. Notre sentiment est clair et nous avons le devoir de
l’exprimer sans ambages: IL FAUT CHATIER TOUS CEUX QUI ONT
TRAHI; et d’un châtiment proportionné à la culpabilité de chacun. (...).
Chacun devra payer sa dette (...) Il faut payer, messieurs, payer d’abord.
Après quoi nous referons – sans vous – L’UNITE FRANCAISE.37
The words in capital letters clearly indicate the point the journalist is trying
to underscore: punishment and unity, where punishment seems to be the
prerequisite for national unity. The terms of address also shift: the text begins by
referring to the traitors in the third person, but ends by addressing them directly.
The specification, « sans vous », is noteworthy: those who will be tried are
forewarned that even after they pay for their misdeeds, they will not be able to
belong to the national community.
In the same week as the previous excerpt, Armand Salacrou who wrote for
Carrefour articulated yet another idea in relation to the purge, this time specifically
about the purge of intellectuals. The article is an appeal for « une épuration
profonde de notre profession. » Salacrou sees collaborationist intellectuals as dead
weight which « (alourdit) la marche » of France towards recovery. 38 He then goes
on to state: « Je ne demande pas qu’on les arrête tous. Je demande qu’ils se taisent
tous. » The idea of speaking versus remaining silent is articulated several times in
the course of the article and, for the journalist, it is clearly a question of who can or
cannot speak in the name of the nation at the given historical juncture. Having
spoken or, in this case published, during four years of occupation, Salacrou seems
to be asking collaborationist intellectuals to keep silent out of propriety, « jusqu’à
la guérison de la France. » He also enunciates the ideal of the purge after four years
of occupation:
Emergeant de l’abîme et réapparaissant au milieu d’un monde en
reconstruction, la France doit être un pays d’hommes forts, une nation de
citoyens résolus, éperdument passionnés de liberté et de justice, de toutes les
justices, et qui ne cherchent pas (...) les voies les plus faciles, – mais marchent
coûte que coûte sur la route qu’ils ont décidé de suivre. Le pays doit se
débarrasser des pleutres, des lâches, des filles à soldat, et des hommes
courbés.
Just as in the previous excerpts, this article too defines the composition of
the national community and, more importantly, who will be excluded from this
national community. At the same time, it indicates the traits that constitute national
character: virility (« hommes forts », « ne cherchent pas (...) les voies les plus
faciles ») and determination (« résolus », « éperdument passionnés de justice »).
These are the two traits of character that are obviously lacking in « (les) pleutres,
37
38
Aymé Guerrin, « Passer l’éponge? », La France Libre. September 11, 1944.
Armand Salacrou, « La dernière colonne », Carrefour, September 16, 1944.
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(les) lâches, (les) filles à soldat, et (les) hommes courbés », and therefore those to
be excluded.
The purge of intellectuals was a theme to which many journalists and
newspapers were particularly attached. Indeed, the first big purge trial of an
intellectual, Georges Suarez, took place on October 23, 1944, few weeks after the
purge courts were officially established in Paris. Member of the fascist Parti
Populaire Français, Suarez’s journalism was marked by sensationalism on the one
hand and virulent anti-Semitism and anti-Communism on the other. In the 1930s,
Suarez never lost an opportunity to berate Léon Blum.39 Suarez’ trial was closely
followed by the newspapers, reported in great detail, and when his death sentence
was delivered on 24 October, 1944, Carrefour reported on October 28, 1944 that
he had been « reconnu coupable de la pire forme du parricide: la trahison envers la
mère patrie. » Yet again, the nation is personified, murdered by some of her own
children who collaborated, but in a sense resuscitated by others who followed the
right path.
Conclusion
In October 1944, the Allies recognized the GPRF as the legal government
of France; this recognition gave France not only the possibility of avoiding an
interim Allied military administration but, equally important in the eyes of the
French, France ranked among the victors and after German capitulation in 1945, it
gave France a Zone of Occupation in Germany. As we have seen, after four years
of social and political rifts and divisions, and of multiple governing bodies, it was
fundamental that the internal community reinscribe itself in the foundational myth
of the Revolution in order to emphasize a common tradition and as a strategy of
identification. This re-appropriation of topoi from Revolutionary discourse by
French newspapers was done for a variety of reasons, from mobilizing the general
population to insurrection to the question of the recognition of the Provisional
government, and the purge. There was more at stake than just inspiring the readers:
the articles clearly developed an identificatory symbolism, which posited the future
composition of the national community. In this manner, national symbols and
traditions were used to reconstruct the very idea of Frenchness; this participated
contemporaneously in an exclusionary gesture whereby certain members of the
community were rejected from future conception of national life. Although the
continuing divisions were papered over, this narrative of a common lineage and a
common heritage nevertheless emerges as a narrative of identity.
39
Laurent Kestel, « The emergence of anti-Semitism within the Parti Populaire Français ».
Copyright
2005.
Society
for
the
study
of
French
history.
http://fh.oxfordjournals.org/cgi/reprint/19/3/364.pdf (accessed November 3, 2005).
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Le rôle de l’interculturalité et des échanges linguistiques
dans la perspective actionnelle
Aliona SPINEI
Université Pédagogique d’État „Ion Creang , Chi in u
Abstract
In the era of globalization, communication has become a key concept, so communicative
competence, which is the ability to communicate in a certain language, is required..
Following the extension of communication, intercultural communicative competence has
been supplemented with intercultural competence, which is indispensable in the new
action-oriented perspective. The role of interculturality within this perspective is huge,
because it relies on the action and on the creation of the social actors who would enter more
easily in contact with other cultures.
Keywords: communication, intercultural competence, communicative competence,
intercultural dialogue, co-cultural, action-oriented perspective, task, social actor.
Rezumat
În epoca globaliz rii comunicarea a devenit no iune-cheie, deci este necesar posedarea
competen ei comunicative, care este capacitatea de a comunica într-o anumit limb . În
urma extinderii comunic rii interculturale competen a comunicativ a fost completat cu
competen a intercultural , care este indispensabil în cadrul noii perspective ac ionale.
Rolul interculturalului în cadrul acestei perspective este enorm, deoarece ea se bazeaz pe
ac iune i pe crearea actorilor sociali care s intre mai u or în contact cu alte culturi.
Cuvinte-cheie: comunicare, competen
comunicativ , competen
intercultural ,
intercultural, co-cultural, perspectiv ac ional , sarcin , actor social.
A l’époque des grands changements survenus dans la didactique des
langues la notion d’interculturalité est devenue une notion familière pour la
didactique des langues, où on parle de plus en plus souvent de la nécessité
d’enseigner une langue-culture. La compétence interculturelle devient une
condition indispensable de la perspective actionnelle.
Vu l’ampleur que prend la mondialisation avec l’internationalisation de
l’économie, de la culture, des échanges sociaux, le progrès et l’apparition de
nouvelles directions dans la didactique sont indispensables.
Dans le présent article nous nous proposons de découvrir le rôle de la
compétence interculturelle et de l’interculturalité dans la perspective actionnelle,
qui est une nouvelle approche en didactique des langues, apparue dans les années
1990 basée sur le concept de la tâche, de l’action, sur la réalisation des situationsproblèmes et sur la compétence interculturelle. A l’époque de la mondialisation et
de la globalisation la notion d’interculturalité est une notion-clé. Si l’approche
communicative se basait sur le développement des compétences communicatives,
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la perspective actionnelle continue le développement des mêmes compétences en
ajoutant la compétence interculturelle.
C’est la capacité d’un locuteur de produire et d’interpréter des énoncés
adéquats à une situation donnée dans un contexte social. Donc, la seule
connaissance du système de la langue est insuffisante car il faut connaître aussi, et
surtout, les règles de son emploi.
La littérature de spécialité nous donne les composantes de l’approche
communicative comme:
La compétence linguistique, qui est la compétence de base. Elle consiste à
pouvoir formuler et interpréter des phrases grammaticalement correctes et
composées de mots pris dans leur sens habituel. Elle exige, à la réalisation des
actes de parole, la maîtrise de la compréhension et expression orales et écrites, en
fonction de la connaissance des éléments lexicaux, des règles de morphologie, de
syntaxe, de grammaire sémantique et de phonologie nécessaires pour pouvoir les
pratiquer.
La compétence sociolinguistique consiste à recourir au contexte et/ou à la
situation de communication pour choisir la forme à donner au message à construire
ou pour donner un sens au message reçu. Elle exige l’analyse de l’intention de
communication, des relations sociales et psychologiques des interlocuteurs, du lieu
et/ou du moment de communication: statut, rôle, âge, rang social, sexe, lieu de
l’échange (qui parle, à qui, où, comment, pourquoi et quand).
La compétence pragmatique renvoie à l’approche actionnelle et au choix
de stratégies discursives pour atteindre un but précis (organiser, structurer le
discours…). Elle fait le lien entre le locuteur et la situation en permettant de
distinguer et d’identifier différents messages.
La compétence stratégique consiste à recourir à divers moyens,
linguistiques ou non, pour permettre la communication en dépit d’une maîtrise
imparfaite de la langue.
La compétence interculturelle qui constitue la conscience et la
compréhension des relations (ressemblances et différences distinctives) entre le
monde d’où l’on vient et le monde de la communauté ciblée.
Les aptitudes et les savoir-faire interculturels comprennent:
- la capacité d’établir une relation entre la culture d’origine et la culture
étrangère,
- la sensibilisation à la notion de culture et la capacité de reconnaître et
d’utiliser des stratégies variées pour établir le contact avec des gens d’une autre
culture,
- la capacité de jouer le rôle d’intermédiaire culturel entre sa propre culture et
la culture étrangère et de gérer efficacement des situations de malentendus et de
conflits culturels. (CECRL, 2001)
Donc, la compétence interculturelle peut être considérée comme la capacité
du locuteur-auditeur à saisir, à comprendre, à expliquer et à exploiter des données
interculturelles dans une situation de communication donnée.
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Ensuite, nous voudrions élucider le concept de la perspective actionnelle,
qui se base principalement sur l’action et prend en compte l’objectif social, comme
l’accentue le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues:
La perspective privilégiée ici est, très généralement aussi, de type actionnel
en ce qu’elle considère avant tout l’usager et l’apprenant d’une langue comme
des acteurs sociaux ayant à accomplir des tâches (qui ne sont pas seulement
langagières) dans des circonstances et un environnement donnés, à l’intérieur
d’un domaine d’action particulier. Si les actes de parole se réalisent dans
des activités langagières, celles-ci s’inscrivent elles-mêmes à l’intérieur
d’actions en contexte social qui seules leur donnent leur pleine signification.
(CECRL 15)
La perspective actionnelle est une continuation de l’approche
communicative, très connue dans les années 70-80. Elle s’inspire des concepts de
base de l’approche communicative, mais ajoute un nouveau concept- celui de
« tâche »:
Il y a « tâche » dans la mesure où l’action est le fait d’un (ou de plusieurs)
sujet(s) qui y mobilise(nt) stratégiquement les compétences dont il(s)
dispose(nt) en vue de parvenir à un résultat déterminé. La perspective
actionnelle prend donc aussi en compte les ressources cognitives, affectives,
volitives et l’ensemble des capacités que possède et met en œuvre l’acteur
social. ( idem)
Byram a défini en 1997 des objectifs d’apprentissage de la compétence
interculturelle en s’arretant surtout au niveau suivant:
Savoirs: Connaître (des faits, des capacités)
Connaissance des groupes sociaux, de leurs produits et de leurs pratiques, à
la fois dans son propre pays et dans celui de l'interlocuteur.
Connaissance des interactions générales entre les sociétes et les individus.
Connaissance des processus sociaux.
Connaissance de la façon dont les autres nous perçoivent.
Connaissance des autres.
Aptitude à interpréter un document ou un évènement lié à une autre culture,
à les expliquer et à les rapprocher de documents ou d'évènements liés à sa propre
culture.
Aptitude à voir comment les malentendus surgissent.
Aptitude à regarder les cultures sous des perspectives différentes.
Savoir apprendre/ faire et s'engager: Acquérir des savoirs
Capacité à acquérir de nouvelles connaissances sur une culture et des
pratiques culturelles données, et à manier connaissances, points de vue et aptitudes
sous la contrainte de la communication et de l'interaction en temps réel.
Aptitude à évaluer – de manière critique et sur la base de critères explicites
– les points de vue, pratiques et produits de son propre pays et des autres nations et
cultures.
Savoir être: Développer des capacités
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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Curiosité et ouverture, aptitude à réviser sa méfiance vis à vis des autres
cultures et sa foi dans sa propre culture.
Volonté de relativiser ses propres valeurs, croyances et comportements.
Aptitude à accepter la perspective de l'autre.
Aptitude à décentrer sa vision du monde.
Ainsi, la perspective actionnelle effectue le passage du cadre linguistique au
cadre social, où l’apprenant doit posséder non seulement des compétences
linguistiques, mais aussi des compétences socioculturelles et même interculturelles.
L’apprenant n’est plus aperçu comme un simple usager, mais comme un « acteur
social » qui agit dans le « cadre social », « Dans la méthodologie active, on forme à
l’inverse l’apprenant pour qu’il continue à faire en société comme s’il était en
train de dire en classe ». (Puren, 2002) Donc, l’objectif de la perspective
actionnelle n’est plus seulement le développement des compétences linguistiques et
communicatives, mais aussi des compétences interculturelles.
La compétence linguistique et communicative, seules, ne permettent pas à
l’apprenant de s’orienter dans la culture étrangère. Il devrait aussi, développer des
moyens de compréhension et de réflexion qui lui permettront de rendre explicite
des réalités culturelles inconnues ou peu connues, de les reconnaître, de les
expliquer, et de les utiliser. Il doit aussi développer des capacités à interpréter les
non-verbaux dans la communication ou à se comporter de façon adéquate dans des
situations concrètes. L’apprenant pourrait acquérir ces compétences grâce à des
démarches pédagogiques centrées non pas sur un apport de connaissances mais
aussi sur une démarche visant la découverte et l’interculturel. L’acquisition d’une
compétence culturelle et interculturelle amènera l’apprenant à vivre l’expérience
interculturelle comme un enrichissement linguistique et actionnel. De cela résulte
que le développement de la compétence interculturelle mettant en jeu des méthodes
actives d'expérimentation, des moyens d'observation, d'analyse et d'évaluation, des
réflexions théoriques permet d'intégrer les acquis de l'expérience et de les
confronter à d'autres expériences, d'autres points de vue, d'autres interprétations.
Dans notre étude, nous voudrions relever les conditions qui sont importantes pour
le développement de la compétence:
• l'empathie: capacité à comprendre l'autre et à ressentir ce qu'il ressent sans
nier les différences et sans cesser d'être soi-même;
• le travail sur les divergences et les conflits: il permet l'explicitation des
malentendus, des émotions qu'ils suscitent, des valeurs différentes qui les génèrent,
afin de passer du conflit à la complémentarité créatrice;
• la volonté de coopération: partant du déséquilibre expérimenté dans les
malentendus, conflits et les remises en cause de ses propres valeurs, les personnes
se transforment et trouvent un nouvel équilibre identitaire au cœur même des
interactions; elles peuvent alors coopérer et construire ensemble un monde
nouveau: la complémentarité des différences engendre la créativité.
Donc, il en ressort que pour pouvoir agir dans un contexte social
multiculturel l’usager est obligé de posséder des compétences qui lui permettront
de connaître, de comprendre, d’agir dans d’autres cultures, et d’entrer plus
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facilement en contact avec les représentants de ces cultures. Seule la compétence
linguistique n’est plus suffisante.
La pédagogie moderne est une pédagogie du dialogue interculturel. La
pédagogie de l’interculturalité est une pédagogie du partage, de l´acceptation et du
respect de l´autre. L'interculturalité doit tendre à développer le dialogue. Elle ne
doit viser ni l’assimilation ni le renforcement de la diversité, mais encourager
l'échange.
La compétence interculturelle est une compétence communicative qui
considère la langue comme un des moyens de communication. Comme les langues
sont des vecteurs de communication des cultures pour faire l’usage approprié d’une
langue il est nécessaire de connaître les autres facteurs comme l’histoire du pays,
les normes sociales, les fondements historiques du pays. Dans la perspective
actionnelle, la compétence communicative suppose la capacité des interlocuteurs à
repérer le culturel dans les échanges linguistiques. Les compétences acquises
sensibilisent les apprenants à la différence, et développent la capacité de
communiquer efficacement avec ceux qui sont différents. L’apprenant doit
également et plus que jamais être impliqué dans le processus d’apprentissage.
Ainsi, dans la perspective actionnelle suppose que dans la mesure où il ne
s’agit plus de « vivre » mais de « faire ensemble » ou de « co-agir » Christian
Puren propose d’utiliser le concept de co-action, et donc de parler de la perspective
co-actionnelle, car la perspective actionnelle se propose d’initier les apprenants non
seulement à communiquer avec l’autre mais aussi et surtout à agir avec l’autre,
l’action se veut commune, co-construite, et donc, co-actionnelle:
(…) les progrès prévisibles de l’intégration économique dans l’Europe des
années 2000 exige un objectif plus ambitieux, en l’occurrence la capacité,
pour chaque citoyen européen, non seulement de vivre mais aussi de travailler
collectivement avec des étrangers tout autant dans le cadre de ses études que
dans sa vie professionnelle.(…) en passant en particulier du concept
d’interaction (qui est un parler avec et un agir sur l’autre) au concept de coaction (qui est un agir avec les autres), et du concept d’interculturalité
(désignant principalement les phénomènes de contact entre cultures
différentes chez des individus) à celui de co-culturalité (désignant les
phénomènes d’élaboration d’une culture commune par et pour l’action
collective). ( Puren 8)
Dans la démarche « co-actionnelle » les apprenants doivent réaliser les
actions suivantes:
Les apprenants agissent, co-agissent, collaborent, s’entraident
mutuellement pour mieux progresser collectivement dans leur apprentissage.
Les apprenants partagent, au cours d’activités et de tâches collectives.
Ils ont recours, pour communiquer, à des outils collaboratifs.
La perspective actionnelle est une direction novatrice dans la didactique
des langues qui est apparue comme suite à la mondialisation et aux grands
échanges linguistiques et culturels du dernier temps. La perspective actionnelle
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prend en compte l’élément social lié à une situation donnée. Son importance
consiste surtout dans la création des acteurs sociaux, qui sont actifs dans les
échanges linguistiques, qui acquièrent une nouvelle capacité- celle d’agir dans un
cadre social. Au cadre social international, pour fonctionner dans la langue,
l’usager doit acquérir une nouvelle compétence- la compétence interculturelle, qui
permettra de communiquer efficacement avec des gens de cultures diverses. Le
contact avec les autres langues et cultures fournit une excellente occasion de
favoriser le développement de la compétence en communication interculturelle.
Bibliographie
Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Apprendre, enseigner, évaluer.
Strasbourg, Conseil de l’Europe, 2001.
Cuq, Jean-Pierre. Dictionnaire de didactique du français. Paris: Clé internationale, 2003.
Denyer, Monique. La perspective actionnelle définie par le CECR et ses répercussions
dans l’enseignement des langues, 2006.
Puren, Christian. Perspectives actionnelles et perspectives culturelles en didactique des
langues: vers une perspective co-actionnelle co-culturelle dans Les Langues
modernes, no. 3, 2002.
Rodier, Christian. La perspective actionnelle: évolution ou révolution ?
www.edufle.net/La-perspective-actionnelle.html
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Esen e conceptuale ale pedagogiei interculturale
Direc ia Înv
Doina USACI
mântului Superior, Ministerul Educa iei, Chi in u
Abstract
The present work is directed to the process of intercultural education, being generated by
the new guidelines for the use of languages as means of socio-cultural integration in the
context of both national and european.
Intercultural pedagogy promotes the ability to identify and participate in different cultures
and therefore facilitates both integration into society and social cohesion. Therefore, it must
be educated to accept each other, and the difference, alteration is the source of creativity
and wealth.In accordance with the Council of Europe ideas that we've mastered in the
European Charter of multilingualism, the multilinguistic society (and multicultural) consists
of individuals who are in the majority multilinguists or multilingual, unlike a multilingual
company that may be composed of monolinguistic individuals, but the speakers of different
languages.
Keywords: Intercultural pedagogy; multilinguism; intercultural society, the values of
democracy, cultural differences, intercultural communication, multilinguistic/multilingual,
monolingual, skills and cultural linguistic rules.
Rezumat
Lucrarea de fa vizeaz procesul de educa ie intercultural , fiind generat de noile orient ri
în procesul de valorificare a limbilor moderne ca unul dintre mijloacele de integrare sociocultural atât în context na ional, cât i în cel european.
Pedagogia intercultural promoveaz capacitatea de a te identifica i de a participa la culturi
diferite i, în consecin , faciliteaz atât integrarea în societate, cât i coeziunea social .
Prin urmare, trebuie educat acceptarea celuilalt, iar diferen a, alteritatea reprezint surse de
creativitate i de bog ie. În conformitate cu ideile Consiliului Europei pe care ni le-am
însu it în Carta european a plurilingvismului, o societate plurilingv ( i, implicit,
pluricultural ) este alc tuit din indivizi care sunt în majoritate plurilingvi sau multilingvi,
spre deosebire de o societate multilingv care poate fi alc tuit din indivizi monolingvi, dar
vorbitori de limbi diferite.
Cuvinte-cheie: Pedagogie intercultural ; plurilingvism; societate intercultural , valori ale
democra iei, diferen e culturale, comunicare intercultural , persoane plurilingve/
monolingve, competen e plurilingvistice, norme lingvistice i culturale.
În ultimele decenii dimensiunea cultural a Europei constituie obiectul a
numeroase colocvii, simpozioane i proiecte, în cadrul c rora din ce în ce mai
multe voci se exprim în favoarea necesit ii unei reflec ii aprofundate asupra
aspectelor culturale ale construc iei europene actuale, paralel cu ac iunile
întreprinse în plan politic, economic i financiar.
Or, existenta unor identit i multiple, a valorilor, tradi iilor, obiceiurilor i a
modului de rela ionare diferit dintre diver i indivizi sau grupuri impun cu
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necesitate abordarea educa iei i a societ ii din perspectiva intercultural . Aceasta
reprezint atât o noua provocare, cât i o condi ie pentru realizarea coeziunii
sociale care are la baz cultivarea respectului reciproc i a în elegerii între indivizi
i între grupuri. Angajarea în interac iuni interculturale este inevitabil i, mai mult,
ea poate aduce atât un plus al cunoa terii, cât i al îmbog irii culturale. Cu toate
acestea, în articolul L’homme sage antropologul Claude-Lévi Strauss î i exprim
îngrijorarea fa de societ ile amenin ate de uniformizarea cultural .
Evident, omul nu este niciodat lipsit de bagaj cultural. În elegem
cultura ca pe un ansamblu de valori, de competen e, un fel de a fi i, mai
mult, un mod de a putea deveni. Individul dispune de instrumente
conceptuale, care joac rolul unor prisme deformante, dac prive te spre alte
societ i numai prin intermediul lor. Acest mod de a vedea lucrurile ne poate
face s c dem în capcanele etnocentrismului. Drept consecin , în lumea
agitat în care tr im forma cea mai r spândit a conflictelor r mâne aceea de
conflict intercultural. Fiecare dintre noi trebuie s tie cum s se în eleag
cu persoane care apar in unor culturi diferite, cum s rezolve situa iile
dificile ce decurg din aceast diferen i s tie cum s supravie uiasc întro cultur care nu e identic cu a sa. Caracterul multicultural al societ ilor
noastre nu se limiteaz la plurilingvismul indus de prezen a etniilor ap rute
istoric. El este o condi ie pentru societ ile noastre aflate într-un proces de
planetarizare, care implic recunoa terea particularit ilor individului în
scopul salv rii i promov rii democra iei culturale. În aceast ordine de idei,
pedagogia intercultural constituie o op iune ideologica în societ ile
democratice i vizeaz preg tirea viitorilor cet eni în a a fel, încât ei s fac
cea mai bun alegere i s se orienteze în contextele multiplic rii sistemelor
de valori.
Pedagogia intercultural propune o abordare tolerant a diferen elor
culturale. Prin intermediul acestei strategii se ia în considerare specificul
spiritual (diferen e culturale) sau de alt gen (diferen a de gen, diferen a
sociala, economica etc.), evitându-se, pe cât posibil, riscurile ce decurg din
schimburile inegale dintre culturi. Iar abordarea intercultural reprezint o
nou metodologie ce caut s integreze, în limita spa iului educa ional,
datele psihologiei, antropologiei, tiin elor socialului, politicii, culturii i
istoriei. Aceasta promoveaz acceptarea i participarea, înv area
convie uirii, evitarea stereotipurilor i a prejudec ilor, propune solu ii
pentru promovarea valorilor democra iei i ale interculturalit ii. Pedagogia
intercultural tinde s înt reasc rela ia coal -comunitate care presupune
respect, toleran i „vizibilitate” culturilor minoritare i colilor multietnice.
Influen ele educative se refer la suportul acordat celor care înva în scopul
achizi iei i prelucr rii personale a informa iilor, a interioriz rii valorilor i
normelor de baza ale unei societ i interculturale, precum i formarea unui
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comportament care s promoveze valorile democratice. Prin acest tip de
influen e se urm re te crearea unor oportunit i pentru a în elege necesitatea
i responsabilitatea de a ac iona, de a produce o schimbare, o diferen a i de
a contribui la coeziunea sociala (în elegere, parteneriat, toleran etc.). Cea
mai important dimensiune referitoare la instruire, în acest context, se refera
la exersarea atitudinilor i abilita ilor lingvistice în diferite limbi, ceea ce
reprezint un suport necesar comunic rii interculturale, bazate pe acceptarea
diferen ei, pe reciprocitate i deschidere.
Europa s-a exprimat dintotdeauna în mai multe limbi. În acest sens, diferite
programe care vizeaz plurilingvismul i pluriculturalismul sunt în derulare.
Finalitatea lor declarat este „ameliorarea comunic rii i a în elegerii mutuale între
persoane în vederea luptei împotriva intoleran ei i a xenofobiei”. Toate aceste
ac iuni se concentreaz asupra preg tirii cet enilor europeni pentru o mobilitate
transeuropean . Mobilitatea presupune plurilingvismul. Este plurilingvist un
individ care st pâne te cel pu in o alt limb decât limba sa matern . Din aceast
perspectiv înv area unei limbi str ine nu poate neglija explorarea nuan elor, a
semnifica iilor i a conota iilor culturii. Or, însu irea mai multor limbi este o
cerin dictat de nevoia consolid rii componentei umanistice a colii, de explorare
a culturii na ionale, aceasta fiind o ac iune favorabil dezvolt rii libere i a
personalit ii, i a culturii na ionale.
În Raportul Consiliului Europei despre Celebrarea diversit ii lingvistice
se men ioneaz c persoanele plurilingve sunt avantajate i din punctul de vedere al
gândirii. S-a demonstrat c ei progreseaz mai repede decât persoanele monolingve
în anumite domenii de dezvoltare cognitiv i c ei sunt în multe privin e mai
creativi în competen ele lor lingvistice. În Portofoliul european al limbilor se
men ioneaz necesitatea de a atribui procesului de studiere a unei limbi mai mult
transparen , acordând astfel ajutor persoanelor în dezvoltarea capacit ii lor de
reflec ie i de autoevaluare, ceea ce le permite s i asume din ce în ce mai mult
responsabilitatea pentru propria lor înv are. Aceast func ie coincide cu obiectivul
Consiliului Europei care vizeaz încurajarea dezvolt rii autonomiei individului în
materie de înv are i promovarea perspectivei de înv are a limbilor.
Ideile directorii ale Anului European al limbilor sunt urm toarele:
cuno tin ele lingvistice deschid noi orizonturi; po i aprecia mai bine o persoan i
cultura sa dac îi cuno ti limba; niciodat nu este prea devreme sau prea târziu –
momente care relev aspecte noi pentru practica educa ional din ar . Or, în cadrul
institu ional, dimensiunea interculturala a pedagogiei constituie axa directoare a
activit ilor specifice privind:
înv area limbilor str ine;
înv area istoriei na ionale/ universale i conceperea manualelor de istorie;
educa ia civica, educa ia pentru valori democratice i pentru drepturile
omului;
studiul problemelor de formare a con tiin ei na ionale i de p strare a
culturii i limbii minorit ilor na ionale etc.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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Este cunoscut faptul c limba este i un mijloc de p strare a informa iei
cultural-istorice. Principiile de baz ale pedagogiei interculturale prin intermediul
înv rii limbilor moderne reprezint :
înv area comunic rii în limba dialogului dintre culturi;
conexiunea înv rii comunic rii interculturale cu dezvoltarea con tiin ei
de drept (juridice) i preg tirea lor pentru activitatea de conciliere;
axarea pe cuno tin ele interdisciplinare i din domeniul culturii;
sprijinul pe poten ialul intelectual al subiec ilor educa iei în alegerea
formelor de comunicare în limba int .
În anii `80 i `90 ai secolului al XX-lea, atunci când didactica limbilor str ine
i-a însu it conceptul de interculturalitate, succesul acestuia a fost suficient de mare,
astfel încât s se extind i la celelalte discipline i s devin una dintre axele
principale ale oric rei pedagogii. Dobândirea de competen e în cultura de origine
nu este niciodat tr it ca o alegere între mai multe posibilit i. Pe parcursul
educa iei, faptele de cultur apar ca ni te fapte naturale, cu totul fire ti i universale.
Etapele socializ rii în cadrul comunit ii proprii sunt înv luite în uitare, în a a
sur încât nu mai con tientiz m c ceea ce nou ni se pare „evident” este de fapt
o construc ie a lumii care ine de mediul nostru. În acest context, conceptul de
interculturalitate, folosit ast zi în domeniul tiin elor educa iei, implic interrela ii
lingvistice, raporturi situative i schimburi între culturi diferite. Pornind de la acest
concept se distinge semnifica ia termenului de comunicare intercultural .
În cadrul comunic rii interculturale nu intr în contact culturile sau
identit ile na ionale: comunicarea implic întotdeauna persoane care vehiculeaz
sau mediatizeaz raporturile dintre culturi. Chiar dac se refer la o c torie de
studiu sau la descoperirea unei ri sau a unei regiuni, rela iile interculturale vor
presupune întotdeauna un demers personal: acesta poate fi achizi ia unor cuno tin e,
descoperirea unor peisaje, monumente, opere de arta sau tradi ii. Astfel, prin
comunicare intercultural trebuie mai întâi s se în eleag rela iile care se stabilesc
între persoane sau grupuri care apar in unor culturi diferite. Acesta este faptul
rela ional care intereseaz aici, chiar dac aduce dup el un plan secund de
reprezent ri, de valori, de coduri, de stiluri de via
i de moduri de a gândi
specifice fiec rei culturi. Valorificarea acestor idei în practica educa ional ar
contribui la: structurarea profilului uman complex al unui cet ean cu o vast
cultur general , bun specialist, deschis i adaptabil la nou, dinamic, înzestrat cu
putere de discern mânt, capabil de decizie i de ac iune, solidar cu semenii lui;
redefinirea calit ii i eficien ei procesului educa ional în concordan cu cerin ele
tranzi iei, a reintegr rii europene i cu caracterul unei societ i deschise, dinamice,
democratice. În viziunea pe care ne-o propunem, pedagogia intercultural este
orientat spre:
1)
dezvoltarea la subiec ii educa iei a cuno tin elor despre mediul sociocultural al rii în care tr iesc, a percep iei propriei persoane ca purt toare de valori
– în elegerea rolului lor în solu ionarea problemelor cultural-sociale;
2)
dezvoltarea culturii de comunicare a subiec ilor educa iei, a
poten ialului lor spiritual, a modului de gândire general-uman în raport cu
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LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2
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drepturile civile ale oamenilor, con tientizarea responsabilit ii pentru viitor;
3)
înv area unui mod acceptat de etic i de autoafirmare în societate;
4)
înv area eticii adres rii în dezbateri i eticii interac iunii cu oamenii,
care sunt de p reri diferite i apar in diferitelor na iuni;
5)
dezvoltarea necesit ii de autoinstruire i autoevaluare.
În procesul pred rii unei limbi str ine este necesar îns s se in cont de
urm torul fapt important: înc înainte ca cel/ cea care înva o limb s vin în
contact cu literatura, el/ ea are deja unele experien e importante legate de cultura
respectiv , deoarece la asimilarea limbii au contribuit numeroase norme culturale
sau sociale fundamentale. Rolul acestor norme devine evident atunci când se pune
problema exers rii situa ionale a unei limbi, pentru a putea comunica i prin cultura
respectiv . Pe de alt parte, înv area unei limbi i încercarea de a ac iona cu
succes în cultura respectiv deschide posibilitatea de a înv a, pe exemple, cum s
în elegi modul de a ac iona în propriul spa iu cultural i cum î i po i m ri
capacitatea de ac iune. Se în elege c astfel cre te, la rândul ei, capacitatea de a
în elege noul, i c premisele de ac iune i cunoa tere determinate de propria
cultur sunt mai bine cunoscute. În orice ar cultura este prezentat prin profesor,
care în actul educa ional este mijlocitor între culturi. În munca profesorului de
limb succesul depinde de con inutul opera ionalizat, dac acesta ofer suficiente
aspecte ale normelor lingvistice i culturale, care determin utilizarea i importan a
limbii. Însu irea acestor norme se poate face în mai multe modalit i, de exemplu:
prin stimularea unor situa ii de comunicare reale; prin prezentarea contrastiv a
unor contexte de utilizare a materialului lingvistic; prin texte literare care, prin
structura lor special , s atrag aten ia asupra „modului de lucru” al limbii în
conexiune cu normele culturale.
adar, stabilim c predarea limbilor trebuie s fie un dialog intercultural.
Punerea în contrast a dou limbi/ culturi este mai mult decât o confruntare de fapte
i aspecte geografice, istorice, gramaticale etc. Înv area unei limbi noi presupune
cunoa terea unor structuri spirituale noi, a unor sisteme de valori, scheme de
judecat i accep iuni de moral .
Bibliografie
Anul European al Limbilor 2001. Dosar informa ional; Web: http:// culture.coe.int/ecmle i
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Levi-strausse, Claude, L’homme sage, Le français dans le monde, nr. 325, 2003, pp. 8-9.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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L’enjeu didactique de la communication interculturelle
dans l’enseignement/apprentissage du FLE
Anastasia SAVA
Université Pédagogique d’État « Ion Creang », Chi in u
Abstract
Communication is the essence of human relationships. Human communication is an active
process of identifying establishing and maintaining social contacts. It is present in all areas
of live, also in education, which is manifested as a particular form and personalized
learning. Didactic approach to the concept of intercultural communication competence
focuses on the study of intercultural communication between people of different
nationalities, all communications between individuals study, because every human being
wearing a different cultural baggage. It is impossible to developed communicative
competence in French language classes, foreign language (FLE) without knowing the
culture and the specific target language. Globalization is a driving force for teaching of
languages and cultures in particular. Intercultural approach is part of general skills that the
learner must acquire, as defined by the Common European Framework of Reference for
Languages.
Keywords: intercultural communication, teaching approach, teaching/ learning, FLE.
Rezumat
Comunicarea este esen a rela iilor interumane. Comunicarea uman este un proces activ de
identificare, stabilire i men inere a contactelor sociale. Ea este prezent în toate domeniile
vie ii, deasemenea în domeniul educa iei, unde se manifest ca o form particular i
personalizat a înv rii. Abordarea didactic a conceptului de competen de comunicare
intercultural se concentreaz pe comunicarea intercultural ca studiul de comunicare între
oameni de diferite na ionalit i, studiu a tuturor comunic rilor interindividuale, deoarece
fiecare fiin uman poart un bagaj cultural diferit. Or, este imposibil s se dezvolte
competen a de comunicare la orele de limb francez , limb str in (FLE) f
a cunoa te
cultura i specificul limbei- int . Fenomenul globaliz rii este o for motrice pnetru
predarea de limbi i culturi, în special. Abordarea intercultural face parte din competen ele
generale pe care cel ce înva trebuie s le achizi ioneze, a a cum sunt definite de Cadrul
European Comun de Referin pentru Limbi.
Cuvinte-cheie: comunicare intercultural , abordare didactic , predare/înv are, FLE
L’apprentissage d’une langue étrangère doit être en liaison étroite avec la
culture et la civilisation à laquelle elles appartiennent, parce qu’au-delà de sa
fonction instrumentale, la langue est toujours un signe définitoire d’une certaine
culture. L’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère doit tenir compte
des facteurs suivants: identité culturelle, attitudes, stéréotypes, compétence
communicative, ainsi que de la formation d’identité ethnique dans le processus du
développement culturel.
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L’apprentissage des langues étrangères comme élément essentiel de
l’éducation pour un changement culturel, est devenu, en fond, une vision dans
laquelle le futur ne doit pas être seulement attendu, mais conscientisé et centré sur
des objectifs orientés vers la formation des capacités d’ouverture, de collaboration
et communication interculturelle. Ce type d’apprentissage sollicite de la part de
l’enseignant et des enseignés de nouveaux traits de personnalité orientés vers la
compréhension de la diversité culturelle. La perspective interculturelle peut mener
à la diminution des conflits et à l’éradication de la violence dans le milieu scolaire
par la formation des aptitudes de communication et coopération, par l’instauration
de la confiance dans le cadre du groupe, par la promotion du respect envers soi et
envers autrui.
Le phénomène de la globalisation s’avère un véritable moteur pour
l’enseignement des langues et plus particulièrement des cultures. En effet, les
enseignants s’intéressent de plus près à la connaissances des civilisations, à
l’ouverture sur les autres cultures tout en réfléchissant sur la nécessité de préserver
leur propre identité. Toutes les difficultés rencontrées face à l’appréhension d’une
culture étrangère se voient intensifiées dans un monde globalisé. La classe de
langue, véritable laboratoire d’études, constitue un espace privilégié pour observer
ce phénomène: ce qui se vit dans la société actuelle se reflète aussi dans les classes
de langues étrangères. (Bellanger V., Bourgeois C. 32-35) C’est en ce sens que le
didacticien roumain Constantin Cuco affirme que «... pour réaliser avec succès
l’éducation interculturelle, l’école doit être tout d’abord culture et puis interculture.
Il faut aller vers l’interculturel par la culture » (Cuco 21). De même avis est Rey
M. qui dit que « pour respecter une autre culture il faut connaître et respecter sa
propre culture et langue ». (Clanet 175) En ce sens, pour Louis Porcher « une
culture est un ensemble de pratiques communes, de manières de voir, de penser et
de faire qui contribuent à définir les appartenances des individus, c’est-à-dire les
héritages partagés dont ceux-ci sont les produits et qui constituent une partie de
leur identité ». (Cuq, Gruca 83) C’est cette conception de la culture, d’après les
didacticiens J-P. Cuq et I. Gruca, qui doit faire partie de la compétence
interculturelle de l’apprenant. (Ibidem)
D’après les mêmes auteurs:
Apprendre une langue étrangère ne signifie plus simplement acquérir un
savoir linguistique, mais savoir s’en servir pour agir dans cette langue et
savoir opérer un choix entre différentes expressions possibles liées aux
structures grammaticales et au vocabulaire qui sont subordonnés à l’acte que
l’on désire accomplir et aux paramètres qui en commandent la réalisation.
(Ibidem :197)
Ainsi, le résultat de l’apprentissage d’une langue étrangère doit viser pas
seulement la formation des compétences linguistiques, mais aussi la formation de
la compétence de communication interculturelle.
L’interculturalité est un terme qui désigne tout d’abord une situation de
communication dans laquelle les participants mobilisent toutes leurs capacités pour
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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interagir les uns avec les autres et, ensuite, l’ensemble des stratégies de
communication mises en œuvre dans cette interaction.
L’enjeu didactique de la communication interculturelle dans
l’enseignement/ apprentissage du FLE consiste dans l’acquisition tant des
structures spécifiques à la langue étrangère, que des informations sur les valeurs,
les coutumes et les traditions nationales et étrangères. L’enseignement/
apprentissage des langues étrangères constitue un repère pour la connaissance de
soi-même et la formation de l’identité culturelle.
La compétence de communication interculturelle plus que l’actualisation
des connaissances, des capacités et des attitudes, son spécifique consiste dans le
dépassement de la connaissance et l’application de la technologie apprise par la
référence adéquate et flexible au contexte interculturel, supposant l’atteinte de
certaines performances dans la solution des situations problématiques dans le
milieu scolaire et extrascolaire.
La compétence interculturelle n’est pas une compétence qui permet de
dialoguer avec un étranger (avec une personne de nationalité différente, de culture
différente) mais avec autrui.
Pour voir comment l’approche interculturelle contribue au développement
de la communication orale en classe de langue, il convient tout d’abord de définir
ce qu’est la communication. Sur la base d’un sondage rapide, il semble que chacun
puisse donner une définition, et sans qu’elle ne constitue la définition, mais il s’agit,
a priori, de propositions partielles, non éloignées de la représentation collective, qui
se résument comme suit:
….La communication c’est l’échange….communiquer avec les autres….c’est
passer un message ….se faire comprendre des autres … c’est le fait de
communiquer … c’est partager des informations … c’est aussi le regard …
c’est tout ce qui nous lie … c’est ce que l’on dégage …c’est la vie, je
communique donc je suis…
La communication met tout l’être humain en jeu. Dans une approche
interculturelle, un objectif essentiel de l’enseignement des langues est de favoriser
le développement harmonieux de la personnalité de l’apprenant et de son identité
en réponse à l’expérience enrichissante de l’altérité en matière de langue et de
culture. Il revient aux enseignants et aux apprenants eux-mêmes de construire une
personnalité saine et équilibrée à partir des éléments variés qui la composeront.
(Cadre européen commun de référence pour les langues: apprendre, enseigner,
évaluer, 2000)
Le Conseil de l’Europe à Strasbourg a proposé une définition opératoire de
l’approche interculturelle, que Louis Porcher a résumée dans les points suivants:
1. Toute société est aujourd’hui pluriculturelle. Plusieurs cultures y
coexistent ou s’y interpénètrent, se juxtaposant ou se transformant mutuellement. Il
n’y a plus de sociétés homogènes.
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2. Toute culture est égale en dignité à toute autre. Une culture est un
ensemble à la fois cohérent et contradictoire, qui a ses propres valeurs et ses
propres systèmes de références, ses propres régulations.
3. Tout enseignement, dans ces conditions, s’effectue donc dans un contexte
pluriculturel. Plusieurs cultures vivent dans une même classe et l’enseignant doit
être formé à les employer, et d’abord à les repérer.
4. L’important, à cet égard, consiste à établir, entre ces cultures, des
connexions, des relations, des articulations, des passages, des échanges. Il ne s’agit
pas seulement de gérer au mieux la juxtaposition de divers cultures, mais de les
mettre en dynamisme réciproque, de les valoriser par le contact (Porcher 54).
Sur le site de Franc Parler, nous trouvons la définition suivante:
L’approche interculturelle n’a pas pour objectif d’identifier autrui en
l’enfermant dans un réseau de significations, ni d’établir des comparaisons sur la
base d’une échelle ethnocentrée. L’interculturel accorde une place plus importante
à l’individu en tant que sujet qu’aux caractéristiques culturelles de l’individu.
Pour développer une compétence interculturelle, l’apprenant doit d’abord
se décentrer de sa propre culture. Avec une prise de distance de sa culture,
l’apprenant peut se poser des questions objectives et découvrir l’existence d’autres
cultures et ainsi d’autres manières de penser (Giguet et al., 2008). Comme
Geneviève Zarate nous le rappelle: « Le rôle que nous assignons à l’étranger est
celui d’une mise à distance de la réalité étrangère et, par contrecoup, de
l’objectivisation de la culture maternelle ». (Zarate, 1983)
L’apprenant doit ensuite apprendre à se mettre à la place des autres. Cela
veut dire qu’il apprend à ne pas généraliser et passer des jugements, mais plutôt à
emphatiser avec son interlocuteur (Giguet et al., 2008).
Coopérer est l’étape suivante. L’apprenant doit essayer de comprendre son
interlocuteur en dépassant ses idées préconçues. (Ibidem)
Finalement, l’apprenant doit comprendre comment l’autre perçoit la réalité
et comment il est perçu lui-même. Cela veut dire que l’apprenant doit connaître
certaines données par rapport au comportement de son interlocuteur, pour réussir le
décodage de ses paroles. (Ibidem)
Ainsi l’approche interculturelle est utilisée pour:
prendre conscience qu’il existe des différences culturelles qui permettra à
l’individu de prendre conscience de sa propre culture. C’est au travers de
cette phase que débute l’ouverture à une autre culture.
respecter ces différences culturelles. Une fois que l’on a pris conscience de
notre propre culture, alors il nous est plus facile de s’ouvrir aux autres.
assimiler les différences culturelles. Il devient maintenant possible
d’assimiler les différences avec les autres cultures car on a pris conscience
des autres.
Pour développer la compétence interculturelle en salle de classe, il
convient:
a) de développer la complexité cognitive face à de nouveaux environnements;
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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b) d’ouvrir le champ de la co-orientation affective sur les nouveaux groupes
culturels; et
c) d’adapter son comportement aux différentes interactions avec d’autres
groupes sociaux.
Ainsi, un nouveau modèle a été développé qui est basé sur cinq principes
fondamentaux pour l’enseignement de la culture (Crozet C., Liddicoat A., 2000).
Les cinq principes sont:
1. La culture ne peut pas être enseignée comme un aspect de la langue, mais
elle doit être intégrée dans la pédagogie.
2. La culture est enseignée depuis le début de l’apprentissage d’une langue
étrangère pour éviter les fausses perceptions de la culture et pour commencer le
processus avec une réflexion sur sa propre culture.
3. Le répertoire d’un interlocuteur bilingue est la norme et l’apprenant doit
s’adapter à ce répertoire linguistique complexe.
4. L’exploration interculturelle est incorporée dans l’apprentissage d’une
langue étrangère
et ce processus inclut l’interaction avec des attitudes et des comportements
divers, et n’est pas seulement l’apprentissage des faits.
5. Pendant l’apprentissage de la culture, on apprend comment découvrir de
nouvelles informations culturelles pour être autonome. La culture en entier ne peut
jamais être abordée en classe de langue et c’est à l’apprenant d’approfondir son
apprentissage.
A partir des cinq principes mentionnés ci-dessus, Liddicoat et Crozet (2000)
ont proposé un modèle pour l’enseignement de la culture en classe de langue qui
comprend quatre étapes:
- Prise de conscience – De nouvelles informations de la culture sont
introduites avec des activités interactives qui encouragent l’apprenant à comparer
sa propre culture avec la culture cible. Schmidt (cité dans Kohler, 2003) remarque
que la meilleure manière d’apprendre quelque chose est de le découvrir soi-même.
C’est l’enseignant qui doit amener l’apprenant à ce point et l’encourager à partager
ses découvertes. L’enseignant doit fournir les explications que l’apprenant
souhaiterait. Des documents authentiques comme des vidéos ou des bandes
dessinées sont appropriés pour cette étape.
- Expérimentation – Les apprenants peuvent utiliser de nouvelles
informations qu’ils ont apprises avec des activités communicatives guidées. Ils
essaient de nouvelles manières de parler et de se comporter pour s’habituer aux
nouvelles situations communicatives. L’enseignant peut se focaliser sur les besoins
spécifiques des apprenants.
- Production – Les apprenants participent aux jeux de rôle et aux
simulations pour reprendre des éléments pratiqués dans l’étape d’expérimentation.
Ils essaieront de communiquer comme des interlocuteurs natifs pour se mettre à la
place d’autrui et pour voir s’ils se sentent à l’aise ou gênés.
- Feed-back – Pendant cette étape, l’apprenant aura l’opportunité d’exprimer
ses sentiments sur sa production. Il peut relever des aspects qu’il a trouvés faciles
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et d’autres qui lui étaient plus difficiles. L’enseignant donne un commentaire sur la
langue employée par l’apprenant et sur sa performance en général. Le but de cette
étape est pour l’apprenant de s’établir comme un interlocuteur bilingue (ou
multilingue) et multiculturel.
Traian Nica (Nica 114) considère que l’enseignement de la culture est
conçu comme une action d’éveil dans l’enseignement de la langue française, un
ensemble de stratégies didactiques par lesquelles les apprenants s’approprient la
langue comme outil d’expression et de communication. La culture n’est plus tant
un problème de méthodologie linguistique que d’exploitation systématique des
activités, provoquées, par un choix adéquat des thèmes du travail.
Apprendre une langue étrangère « c’est apprendre une culture nouvelle, des
modes de vivre, des façons à penser, augmenter son capital de connaissances et
d’informations nouvelles, son propre niveau de compréhension, ouvrir les portes de
la communication entre civilisations, traditions et cultures » (Ibidem 115). La
culture de la langue seconde doit être présentée de manière à créer le désir d’être
connue, le sentiment d’apporter un plus. La motivation doit être conçue dans un
sens actif. Le professeur doit laisser à l’apprenant la possibilité de construire sa
compétence dans le domaine linguistique et culturel à la fois.
La dimension culturelle occupe, donc, une place centrale dans
l’apprentissage linguistique et dans l’accès aux compétences-clés. Le tissu culturel,
qui sous-tend aussi bien la langue du pays que sa société, apparaît comme d’autant
plus important dans la perspective de l’intégration et de l’insertion durables.
Accéder aux références culturelles communément partagées par une
communauté linguistique conduit l’apprenant à l’appropriation de la vision du
monde qui se reflète dans la langue cible et que la communication dans cette
langue renvoie à tout moment. Maîtriser la communication en une langue étrangère
ne se réduit donc pas à l’acquisition des savoirs linguistiques; elle nécessite
également une adéquation au contexte socioculturel. Ainsi, dans une perspective
plus large, la situation de communication est définie non seulement par les rapports
existant entre les locuteurs, mais aussi par un ensemble sous-jacent de références
culturelles omniprésentes.
Le résultat de l’apprentissage d’une langue étrangère doit viser pas
seulement la formation des compétences linguistiques, mais aussi la formation de
la compétence de communication interculturelle.
L’apprentissage des langues étrangères comme élément essentiel de
l’éducation pour un changement culturel, est devenu, en fond, une vision dans
laquelle le futur ne doit pas être seulement attendu, mais conscientisé et centré sur
des objectifs orientés vers la formation des capacités d’ouverture, de collaboration
et communication interculturelle. Ce type d’apprentissage sollicite de la part de
l’enseignant et des enseignés de nouveaux traits de personnalité orientés vers la
compréhension de la diversité culturelle. La perspective interculturelle peut mener
à la diminution des conflits et à l’éradication de la violence dans le milieu scolaire
par la formation des aptitudes de communication et coopération, par l’instauration
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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de la confiance dans le cadre du groupe, par la promotion du respect envers soi et
envers autrui.
Par «compétence de communication interculturelle» nous comprenons la
capacité de négocier les significations culturelles, de manifester des comportements
de communication efficients, d’exprimer des attitudes positives et de résoudre dans
de divers contextes les problèmes de communication interculturelle.
La compétence de communication interculturelle sollicite une
harmonisation et une complémentarité des connaissances, des habiletés, des
attitudes et des comportements en fonction du spécifique des situations
communicatives.
En fond, les individus sont des « porteurs de cultures » radicalement
différents les uns des autres. C'est pourquoi, toute situation de communication
directe est, en dernière analyse, une communication interculturelle. Bien sûr, plus
grandes sont les différences culturelles et plus fortes seront les difficultés
communicationnelles. Pour autant, il ne faut pas surestimer le poids de la culture
(consciente ou inconsciente) dans l'incommunication. La communication est,
ontologiquement, imparfaite. Elle naît de l'incompréhension et meurt dans la
communion. Elle ne peut donc être qu'un problème complexe sans solution parfaite.
Du coup, la condition première d'un dialogue interculturel fécond est moins la
connaissance de la culture d'autrui, que le respect de l'autre, la reconnaissance de
son identité (qui ne se réduit pas à son identité ethnique ou culturelle). En effet,
comme le rappelle E.M. Lipianski, l'identité est, toute à la fois, la condition, l'enjeu
et le résultat de la communication. (37) En définitive, la prise en compte et le
maintien d'une altérité radicale restent la condition fondamentale d'un minimum
d'intercompréhension.
La performance de l’individu étant en relation de communication
interculturelle ne dépend pas seulement du facteur personnel, mais aussi d’autres
nombreux facteurs qui tiennent de l’ambiance sociale. Le contexte social peut
donner un certain sens à la communication interculturelle. Nous constatons que tant
le transfert des connaissances que la communication interculturelle interviennent
comme moyens dans la promotion de l’idée en ce qui concerne l’unité des langues,
de l’histoire, de la culture, des coutumes, de la religion etc.
Mettre un accent sur la compétence orale dans le processus d’apprentissage
de permettrait de faire face à la dimension communicative et socioculturelle des
langues. Ce serait une manière à offrir aux apprenants l’occasion de s’écouter euxmêmes, et d’oser franchir le mur des « préjugés linguistiques » qui pèsent sur les
langues locales. S’intéresser à l’oral aiderait les élèves à dépasser leurs usages
restreints des pratiques langagières, et motiverait le désir de construire une
communauté d’expression, qui donne sa place à la différence.
En outre, insister sur les aptitudes orales apporterait à chaque locuteur, la
possibilité d’exister et de développer la tolérance de l’autre, de ses limites. Cela
permettrait aux élèves de travailler, non pas seulement pour les notes, mais pour
trouver dans la langue un vrai moyen de communication qui les inscrit dans une
culture. De plus, la langue parlée les aiderait à dépasser les normes et le cadre de la
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classe pour s’insérer dans une société où le locuteur fait face à des problèmes de
communication et d’altérité avec son interlocuteur.
Ainsi, nous constatons que le point de départ pour réussir la
communication interculturelle est l’apprentissage d’une langue étrangère et qu’une
maîtrise des formes linguistiques de la langue apprise, ne garantit pas la bonne
communication, car les réalités vécues par les interlocuteurs ne sont pas les mêmes.
Pour communiquer efficacement avec une personne d’une autre culture, il faut
posséder une compétence interculturelle. Cette compétence peut être acquise
pendant l’apprentissage d’une langue étrangère, si l’approche adoptée pour
l’enseignement de la langue est une approche interculturelle.
Bibliographie
Bellanger V., Bourgeois C. Formation de formateurs et culture de l’apprenant. Le français
dans le monde, 2009, nr. 365, sept.-oct., pp. 32-35.
Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues: apprendre, enseigner, évaluer,
page consultée le 06.03.2011) <http://www.coe.int/T/DG4/Portfolio/documents/
cadrecommun.pdf>
Claes, M. La dimension interculturelle dans l’enseignement du français langue de
spécialité, 2008, (page consultée le 17 mai 2012) http://www.francparler.
org/articles/interculturel_claes.doc
Clanet, C., L’interculturel. Introduction aux approches interculturelles en éducation et en
sciences humaines. Toulouse: Presses Universitaires du Mirail, 1990.
Crozet, C., Liddicoat, A.J. Striving for the Third Place: Intercultural Competence through
Language Education. Melbourne: Language Australia, 1999.
Cucos, C., Educa ia. Dimensiuni culturale i interculturale. Ia i: Polirom, 2000.
Cuq, J. P., Gruca, I., Cours de didactique du français langue étrangère et seconde.
Grenoble: Presses Universitaires de Grenoble, 2002.
Giguet, E., Maga, H. L’interculturel en classe de français: Cultures en miroir, 2008 (page
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Kohler, M., Liddicoat, A.J., Papademetre, L., et al. Report on intercultural language
learning. Australia: Australian Government: Department of Education, Science
and Training, 2003.
Lipianski, E.M. L'identité dans la communication. Communication et Langages, 1990.
nr. 86.
Nica T., Ilie C. Tradition et modernité dans la didactique du français langue étrangère.
Oradea: Celina, 1998.
Porcher, L. Enjeux du système éducatif: Le français langue étrangère. Paris: Hachette Livre,
1995.
Zarate, G. Objectiver le rapport culture maternelle/ culture étrangère. Le français dans le
monde, 1983, nr.181, p. 38.
322__________________________________________________________
DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
_________________________________________________________________________________
Considérations sur les modalités d’enseigner le verbe de côte zéro
Ada ILIESCU
Université de Craiova, Roumanie
Abstract
The purpose of our paper is to consider an accessible method to teach foreign students the
regular verbs in the indicative mood – present tense simple, by providing them with specific
conventions which can be used to conjugate other verbs as well.
Underlining the idea that a foreigner doesn’t resort to ‘paradigms’ in order to speak in the
Romanian environment, we have also explained how statements can be easily formed with
any verb included in lexical and morpho-syntactic structures, using the items that are to be
found in all languages worldwide – who, whom, what, with what, where, when, how, why
etc. – in both speaking and writing.
The professor – practitioner, a director of the didactic discourse, is assigned the task of
practicing these structures with other verbs taught during classes, too, until the student
attains the desired level of competence in learning Romanian as a foreign language.
Keywords: verb, the level zero, paradigm, morphological suffix, vowel gradation,
inflection, the zero-form of the inflectional ending, stress, verbs in structures.
Rezumat
Comunicarea noastr prezint un mod – cât se poate de simplu –, de predare – la studen ii
str ini –, a verbelor regulate, la modul indicativ, timpul prezent, oferind conven ii specifice,
care pot fi utilizate, i în paradigma altor verbe.
De asemenea, plecând de la ideea c un str in nu vorbe te „în paradigme” – în mediul
românesc –, am explicat – la fel de simplu –, cum se pot alc tui enun uri cu oricare verb,
inclus în structuri morfosintactice i lexicale, plecând de la itemii prezen i în oricare limb a
planetei; cine, cu cine, ce, cu ce, unde, când, cum, de ce etc. – atât în conversa ie, cât i în
scrierea în acea limb .
Profesorului practician – regizorul Discursului didactic –, îi revine sarcina de a exersa
aceste structuri, i cu alte verbe, predate la clas , pân când cursantul ajunge la acel nivel de
competen mult dorit de fiecare destinator, care pred român ca limb str in .
Cuvinte-cheie: verb, cota zero, paradigm , sufix morfologic, alternan , desinen ,
desinen zero, accent, verbe în structuri.
Du point de vue de l’enseignement de la LR comme langue étrangère (LS), le
verbe occupe une place privilégiée, à la différence du nom et de l’adjectif parce
que l’action d’être « repéré » – en premier lieu – est extrêmement simple, pouvant
être également résolue par le locuteur étranger le moins doué en roumain. Celui-ci,
s’il comprend la structure morphématique du verbe (son radical et ses flectifs)
tout comme l’accent qui, en association avec un ou plusieurs éléments segmentaux,
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fait partie de la structure d’un morphème – à l’aide d’une série d’exercices/ peut
apprendre les formes du paradigme verbal, au bout de trois jours au plus tard1.
En plus, à la différence du substantif, fonctionnant comme centre dans le
groupe nominal, le verbe est le centre du groupe verbal, ses traits formels étant
dérivés de cette opposition essentielle. Les traits morphologiques spécifiquement
verbaux dépendent donc de son apport sémantico-syntaxique à la dynamique
communicationelle, donné par les catégories grammaticales du temps et du mode.
En suivant la même stratégie méthodique, le professeur, avant d’enseigner
le paradigme verbal à l’indicatif présent et d’insérer les verbes dans des structures,
doit établir les conventions spécifiques à cette classe morphologique, conventions
valables aussi pour l’enseignement des autres faits de langue et sans lesquelles on
ne peut pas communiquer de nouvelles connaissances, de la côte zéro, concernant
le verbe.
Défenseurs de l’idée d’appliquer les conventions spécifiques pour
enseigner les modèles de langue, nous allons mettre en évidence leur importance:
On répète les alternances phonologiques pour enseigner et faire retenir les
verbes à radical partiellement variable, du type: a salut-a/ salu -i; a râd-e/ râz-i; a
mu c-a/ mu t-i etc.
Il n’est pas nécessaire de nous occuper des alternances qui supposent la prise
en compte de certaines variantes régionales ou archaïques du type: a cer-e/ ce-i; a
pier-e/ pie-i etc.
On doit mentionner le fait qu’il n’y a jamais d’alternances contenant un
terme consonantique qui s’appose à un terme vocalique.
On doit faire remarquer également qu’il existe 3 verbes qui présentent
l’alternance: g/ / p/, présente uniquement dans leur paradigme: a suge, a frige, a
înfige qu’on expliquera au moment de l’enseignement du participe: supt, fript,
înfipt.
Quant à leurs occurrences, on relève le fait que les alternances
consonantiques se manifestent (comme pour les substantifs et les adjectifs), dans
tous les cas, seulement dans la partie finale du radical, c’est-à-dire elle se
produisent au point de jointure du radical et de divers affixes qui lui suivent,
l’accent n’ayant aucune influence sur les occurrences des membres des alternances
consonantiques se manifestent (comme pour les substantifs et les adjectifs), dans
tous les cas, selement dans la partie finale du radical, c’est-à-dire elles se
produisent au point de jointure du radical et de divers affixes qui lui suivent
l’accent n’ayant aucune influence sur les occurrences des membres des alternances.
1
Dans les manuels que nous avons utilisés en classe, le verbe apparaît dans les leçons 5 et 6
et, comme la leçon 7 propose une révision, il est suffisant qu’en trois jours l’apprenant
se rende compte qu’en roumain ainsi que dans sa langue maternelle, le verbe présente
un radical et des flectifs (suffixes morphologiques et désinences); un Allemand, par
exemple, ayant les mêmes indices dans sa langue maternelle, retiendra aisément le
paradigme verbal: ich frage, du fragst, er/ sie/ es fragt etc.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
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Au point de vue des alternances vocaliques, il y a des verbes dont les
alternances se produisent grâce au maintien du lieu d’accentuation (le statut de
l’accent), comme: sp l/ spéli; alérg/ alérgi; v d/ vézi etc. tandis que pour d’autres
verbes, les alternances vocaliques se produisent grâce au changement de l’accent:
súi/ súie/ suim; adáug, adáugi, adáug / ad ug m etc.
Comme pour les substantifs/ adjectifs, les alternances vocaliques se
produisent au milieu du radical, par exemple: dorm/ doarme; v d/ vede; plec/
pleac etc.
On rappelle aux apprenants la terminaison/désinence en faisant appel à la
langue intermédiaire ou maternelle (par exemple, en bulgare et en russe, il y a les
désinences - Ø, - T, - M, - TE, -T etc.)
On explique également aux apprenants qu’il y a en roumain le suffixe zéro
(Ø) et la désinance zéro (Ø) et on leur fournit des exemples avec tout le paradigme
du verbe, afin qu’ils constatent d’eux-même ce fait:
a afla
afl - Ø - u
afl - Ø - i
afl - Ø afl - - m
afl - a - i
afl - Ø -
a cânta
cânt - Ø - Ø
cân - Ø - i
cânt - Ø cânt - - m
cânt - a - i
cânt - Ø -
a lucra
lucr-ez - Ø
lucr-ez - i
lucr-eaz lucr- - m
lucr- a - i
lucr-eaz -
a înv a
înv
înv
înv
înv
înv
înv
-a-m
-a-i
-a-Ø
-a-m
-a- i
-a-u
On rappelle aux apprenants seulement le suffixe substantival – re des
infinitifs longs, devenus des dérivés féminins en -re: ie ire, intrare, plecare et en
relation avec celui-ci, on introduit un autre terme métalinguistique le suffixe
verbal morphologique.
L’enseignement proprement-dit des verbes commence par leur répartition
en quatre classes de flexions ou conjugaisons, selon le suffixe de l’infinitif présent
et le suffixe de la deuxième personne du pluriel à l’indicatif présent. Les deux
suffixes propres à chaque conjugaison sont: -a, a( i): a saluta; -ea, e( i): a vedea; e, e( i): a merge; -i, -i( i): a vorbi; -â, -â( i): a coborî.
Il faut dire aux apprenants dès le début que les conjugaisons les plus
productives sont la première et la quatrième; dans la II-e conjugaison on décompte
20 verbes qui sont instables, et pour la IV-e conjugaison, on marque au tableau noir
8 verbes avec le suffixe -î.
On va marquer sur le tableau noir les verbes en -ea ainsi que ceux en -î,
sous la forme d’une liste (les unités – unit ile cataliz ) pour une meilleure
mémorisation.
Dans l’étape suivante, on explique chaque conjugaison séparément, avec
insistance sur les verbes en -a, -i et -î, puisque ceux-ci présentent deux systèmes de
conjugaison: -a: -Ø/-ez; -i: -Ø/-esc; -î: -Ø/ sc.
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A partir de ce moment, il n’y a plus que la craie colorée, le tableau noir et
les éléments inconiques qui aideront le professeur à expliquer aux apprenants
divers modèles de paradigmes suivant le système de conjugaison:
Verbe – Groupes de verbes
Infinitif (le temps présent)
-a
-ea
a cânta
a dansa
a saluta
a vizita
a avea
a bea
a t cea
a vedea
-e
-i
a aduce
a deschide
a merge
a trimite
-î
a dormi
a fugi
a preg ti
a vorbi
a doborî
a coborî
a hot rî
a urî
Verbe: L’indicatif, (le temps présent)
I er groupe
Verbe
a cânta
(Ø)
cânt
cân i
cânt
cânt m
cânta i
cânt
• a saluta (Ø)
• a accepta (Ø)
• a aproba (Ø)
• a aduna (Ø)
etc.
-a
Verbe
Ø
-i
-m
i
-ez
a dansa
(ez)
1. dansez
Ø
2. dansezi
-i
3. danseaz
4. dans m
-m
5. dans i
i
6. danseaz
• a vizita (ez)
• a conversa (ez)
• a fuma (ez)
• a conversa (ez)
etc.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
_________________________________________________________________________________
IIe groupe - ea
a avea
1.am
2.ai
3.are
4.avem
5.ave i
6.au
a ap rea
1.apar
2.apari
3. apare
4.ap rem
5.ap re i
6. apar
a bea
1.beau
2.bei
3.bea
4.bem
5.be i
6.beau
a disp rea
1.dispar
2.dispari
3.dispare
4.disp rem
5. disp re i
6. dispar
a vrea
1.vreau
2.vrei
3.vrea
4.vrem
5.vre i
6.vor
a sc dea
1.scad
2.scazi
3.scade
4.sc dem
5.sc de i
6.scad
a vedea
1.v d
2.vezi
3.vede
4.vedem
5.vede i
6.v d
a putea
1.pot
2.po i
3.poate
4.putem
5.pute i
6.pot
a c dea
1.cad
2.cazi
3.cade
4. dem
5.c de i
6.cad
a-i pl cea
1.2.3.Îmi place
4.5.6. Ne plac
a t cea
a z cea
1.tac
1.zac
2.taci
2.zaci
3.tace
3.zace
4.t cem
4.z cem
5.t ce i
5.z ce i
6.tac
6.zac
a-l durea
12.3. M doare
4.5.6. Ne dor
IIIe groupe - e
a merge
a trimite
1. merg
2. mergi
3. merge
4. mergem
5. merge i
6. merg
• a în elege
• a plânge
• a terge
etc.
1. trimit
2. trimi i
3. trimite
4. trimitem
5. trimite i
6. trimit
• a admite
• a permite
• a promite
etc.
a deschide
1. deschid
2. deschizi
3. deschide
4. deschidem
5. deschide i
6. deschid
• a crede
• a închide
• a râde
etc.
a conduce
1. conduc
2. conduci
3. conduce
4. conducem
5. conduce i
6. conduc
• a aduce
• a produce
• a zice
etc
(Ø)
-i
-e
-m
- i
-(Ø)
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IVe groupe
-i
-Ø
-esc
a fugi
a vorbi
1. fug
2. fugi
3. fuge
4. fugim
5. fugi i
6. fug
• a dormi
• a adormi
• a ie i (Ø)
etc.
Ø
-i
-e
-m
i
-Ø
1. vorbesc
2. vorbe ti
3. vorbe te
4. vorbim
5. vorbi i
6. vorbesc
• a preg ti (esc)
• a munci (esc)
• a citi (esc)
etc.
Ø
-i
-e
-m
- i
-Ø
Le professeur va faire l’analyse morphématique des verbes de sorte que les
apprenants comprennent la différence entre suffixe, désinence, suffixe Ø et désinence -Ø.
IVe groupe
-Ø
- sc
a coborî
1. cobor
2. cobori
3. coboar
4. coborâm
5. coborâ i
6. coboar
• a doborî (Ø)
• a omorî (Ø)
-î
a hot rî
Ø
-i
-m
i
1. hot sc
2. hot
ti
3. hot
te
4. hot râm
5. hot râ i
6. hot sc
• a urî ( sc)
• a pârî ( sc)
Ø
-i
-m
i
-Ø
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
_________________________________________________________________________________
Le tableau ci-dessous aide les apprenants à se former une image globale du
paradigme des verbes rréguliers, c’est-à-dire les verbes qui n’ont pas dans leur
flexion de changements du radical ou bien qui présentent des changements
insignifiants (des alternances phonologiques)
Groupes de verbes
GROUPE 1
GROUPE 2
GROUPE 3
i-ai
i -ea i
i -ei
GROUPE 4
i –ii
-ez
a cânta
cânt
cân i
cânt
cânt m
cânta i
cânt
-esc
a dansa
dansez
dansezi
danseaz
dans m
dansa i
danseaz
i-îi
a vedea
d
vezi
vede
vedem
ved i
d
pers. 3 = pers. 6
a merge
merg
mergi
merge
mergem
merge i
merg
a fugi
fug
fugi
fuge
fugim
fugi i
fug
- sc
a vorbi
a coborî
a hot rî
vorbesc
vorb ti
vorb te
vorbim
vorbi i
vorbesc
cobor
cobori
coboar
coborâm
coborâ i
coboar
hot
hot
hot
hot
hot
hot
r sc
r ti
r te
râm
râ i
r sc
pers. 1 = pers. 6
Dans tous les cas, lorsqu’on écrit au tableau noir un nouveau verbe, le
professeur est obligé de marquer entre parenthèses son système de conjugaison: a
opera (ez), a afi a (ez), a r
i (esc), a se muta (Ø) etc.
Le professeur sera d’autant plus satisfait qu’il s’apercevra qu’au bout de
trois jours d’exercices seulement, ses étudiants « parlent en paradigmes » sans
aucun problème. Il leur suffit de reconnaître la forme du verbe à l’infinitif et le
système de conjugaison indiqué entre parenthèses par le professeur, et après
quelque temps, obtenant « le sens de la langue » et « pensant en roumain », les
verbes deviennent déjà des automatismes, étant insérés dans des structures, sans
aucune difficulté.
Après que le paradigme des verbes réguliers aura été expliqué et compris par
les apprenants, on passe tout de suite à l’étape de la formation des phrases, parce
qu’on sait que le lexique et la syntaxe sont enseignés de manière introductive, en
même temps que la morphologie. On ne vise pas là que les apprenants puissent
parler en paradigmes, mais qu’ils soient à même de former les plus simples
propositions avec un verbe donné. Aussi exerce-t-on on avec le groupe entier tous
les pronoms/adverbes interogatifs qui seront employés par les apprenants comme
stimuli pour la formation de différentes propositions qu’ils serviront à introduire.
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Le verbe dans des structures grammaticales
aller
Qui?
avec qui?
quoi?
avec quoi?
Où?
d’où?
jusqu’où?
(vers) où?
quand?
Depuis quand?
jusqu’à quand?
combien de temps?
comment?
combien?
pourquoi?
à quelle fin?
L’étudiant marche.
L’étudiant va avec son collègue grec.
Il voyage en taxi.
Il va à l’Université.
L’étudiant va de la résidence jusqu’à l’Université.
Le bus roule vers la gare.
Le matin, l’étudiant va aux cours.
Il y va de 7h jusq’à 7h.30.
Il va une demi-heure.
L’étudiant va vite.
marche.
L’étudiant va beaucoup.
marche.
L’étudiant ne va pas parce qu’il n’a pas de billet.
vient.
L’étudiant va aux cours pour étudier.
Il y a des manuels et des professeurs qui expliquent en un même jour en
inscrivant sur le tableau noir les uns à côté des autres, les paradigmes de certains
verbes comme: a oferi; a acoperi; a umple; a scrie; a spune; a sublinia, à coté de
a dormi, a fugi, a duce, a deschide, a studia etc.
A notre avis, enseigner le verbe au présent de l’indicatif de manière
«chaotique» sans la préoccupation de fixer ici aussi pour aller plus loin avec des
acquis solides, cela complique les explications des leçons suivantes, comme par
exemple la présentation du participe qui aide les apprenants à comprendre la forme
analytique du passé composé, la présentation du conjonctif présent, de l’imparfait
etc.
De cette façon, sans alourdir ses explications, le professeur peut regrouper
les verbes pour faciliter ainsi une bonne compréhension et mémorisation, très
simple et rapide, fondée cependant sur des critères scientifiques. En effet, la plupart
des enseignants expérimentés dans l'enseignement du roumain comme langue
étrangère recommandent le suivi d' une progression dans l'exposition des catégories
grammaticaux afin que les étudiants ne soient pas bombardés dès le début: « Un
des mérites de ce principe pédagogique est que la première présentation d'un
élément grammatical ne devrait pas être exhaustive. En première instance, il
faudrait choisir uniquement les éléments considérés comme les plus pertinents et
les aspects complémentaires ne doivent être introduits que dans la deuxième ou
troisième étape, quand nous pouvons aussi recapituler les éléments déjà introduits.
Il y a, naturellement, des règles provisoires ou primaires que nous proposons dans
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
_________________________________________________________________________________
un premier temps et que nous détailleront un peu plus tard, quand la maturité de
l'étudiant de maîtriser une langue augmentera » (Platon 107).
La systématisation que nous venons de proposer a aidé nos étudiants à
mieux comprendre les verbes à radical partiellement variable, tout comme d’autres
verbes qui doivent être retenus suivant les difficultés qu’ils impliquent.
Bibliographie
Avram, Mioara. Gramatica pentru to i. Bucure ti: Editura Academiei Române, 1986.
Dimitriu, C. Gramatica limbii române explicat . Morfologia. Ia i: Editura Junimea, 1979.
Irimia, D. Structura gramatical a limbii române. Verbul., Ia i: Editura Junimea, 1976.
Moldovan, Victoria. Sintagme verbale uzuale – modalit i de predare a LR ca LS. Pred
LRSS, vol. 2, Craiova: Reprografia Universit ii, 1977.
Platon, Elena, Reflexia gramatical i febra comunic rii în didactica RLS. Rodica Zafiu,
Florentina Sâmih ian (editori), Limba român : controverse, delimit ri, noi ipoteze
(III). Limba i literatura român : noi abord ri didactice. Actele celui de-al 9-lea
Colocviu al Catedrei de limba român , Bucure ti, 4-5 decembrie 2009. Bucure ti:
Editura Universit ii din Bucure ti, 2010.
Vlad, Felicia, Ana Gerdanovitz. Câteva sugestii privind predarea limbii române la studen ii
str ini. Pred LRSS, vol.1, Craiova: Reprografia Universit ii, 1976.
________________________________________________________331
LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2
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L’immersion linguistique – une méthode d’apprentissage
de la langue roumaine par les étudiants
qui apprennent le roumain comme langue seconde
Liuba PETRENCO
Université Pédagogique d’État « Ion Creang », Chi in u
Abstract
Language immersion is an effective method of teaching and learning of a language
characterized by the presence of the speaker of other language in an adequate environment
for learning a foreign language without harming the mother tongue. The Republic of
Moldova is a multicultural and multilingual country, where besides the official language
there are spoken the languages of national minorities: Russian, Bulgarian, Ukrainian,
Gagauz etc. The learning of the Romanian language by the minority students, the future
teachers of Romanian language and literature in Russian speaking schools through the
partial language immersion method allows a functional-communicative learning of the
official language at a high level, which contributes to a better understanding of the cultural
values of natives and other inhabiting nations, providing mobility on the labour market.
Keywords: communication, total language immersion, partial language immersion,
language of communication, foreign language, second language/ target language, student
minorities, multilingualism, cultural stereotype, communication barriers.
Rezumat
Imersiunea lingvistic este o metod eficient de predare-înv are a unei limbi,
caracterizat prin aflarea cât mai îndelungat a vorbitorului alolingv într-un mediu propice
însu irii limbii studiate f a aduce atingeri limbii materne. Republica Moldova este un stat
pluricultural i plurilingv, în care, pe lâng limba de stat, sunt vorbite limbi ale minorit ilor
na ionale: rusa, bulgara, ucraineana, g uza etc. Studierea limbii române de c tre studen ii
alolingvi, viitori profesori de limba i literatura român în colile cu predare în limba rus ,
prin metoda imersiunii par iale permite însu irea func ional-comunicativ la un nivel înalt
al limbii de stat, contribuie la o în elegere mai bun a valorilor culturale ale b tina ilor i
ale popoarelor conlocuitoare, ofer mobilitate pe pia a muncii.
Cuvinte-cheie: comunicare, imersiune lingvistic total , imersiune lingvistic par ial ,
limb de comunicare, limb str in , limba a doua/limb
int , student alolingv,
plurilingvism, stereotip cultural, bariere în comunicare.
La connaissance de plus d'une langue est l’élément central d'une
communication efficace dans une société pluriculturelle. Les langues reflètent notre
identité et les différences culturelles, mais, en même temps nous permettent de
nous comprendre. Le plurilinguisme est aujourd'hui, avant tout, un avantage
concurrentiel. La maîtrise de plusieurs langues supprime les obstacles à la
communication et les stéréotypes culturels, développe une pensée critique et, forme
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
_________________________________________________________________________________
ainsi une personnalité libre et mobile. L'accent est mis principalement sur les
langues européennes.
Le concept d'une langue européenne s’est réalisé de plus à l'heure actuelle, où
s’est établie une mobilité croissante de la population dans les diverses parties
du monde, ainsi que diverses situations économiques, politiques et militaires
conduisent à l'établissement permanent ou temporaire dans divers pays,
notamment dans l'ouest de l'Europe, de nombreux travailleurs étrangers,
fonctionnaires internationaux, réfugiés, exilés, etc. 1
La mobilité, cependant, n'est pas seulement économique, mais aussi
culturelle, non seulement parce qu'elle offre des possibilités de travail et
d'éducation, des échanges culturels etc.
La situation dans la République de Moldova, où environ un tiers de la
population parle des langues minoritaires (en russe, bulgare, ukrainienne, gagaouze
etc.) 2 , la langue roumaine apparaît comme la langue d'enseignement. Bien que
rares, mais il y a des cas où les élèves d’une école russe, poursuivent des études
supérieures en groupes d'étudiants pour qui le roumain est langue maternelle.
Généralement, les candidats possèdent de très bonnes connaissances de langue
roumaine et l'utilisent couramment comme langue maternelle. Dans ces
circonstances, nous avons l'exemple le plus vaste et le plus profond du bilinguisme
où les gens qui « possèdent et utilisent deux langues également, à tous les niveaux
(grammaire, vocabulaire, terminologie, langue standard, compétences de
communication en situation professionnelle) et sous toutes ses formes (écrite, orale,
simplement comme idée), considèrent maternelles les deux langues ».3
Dans la plupart des cas, les diplômés des écoles ne se forment pas les
compétences de communication nécessaires pour une intégration harmonieuse dans
la société contemporaine, dans laquelle la connaissance de la langue d' État est de
plus en plus nécessaire.
Un cas spécial présentent les groupes autochtones, des étudiants qui
choisissent la spécialité suivante: enseignement de la langue roumaine dans les
écoles russes.
Dans les conditions de la République de Moldova la langue roumaine est
étudiée par les représentants des minorités nationales, non pas comme une langue
étrangère, mais comme une langue seconde. 4
Contrairement à l'étude de la langue étrangère qui n'est pas imposée par la
nécessité de survivre, la connaissance de la langue seconde est dictée par le besoin
1
Sala Marius, Vintil -R dulescu Ioana. Limbile Europei. Bucure ti: Univers Enciclopedic,
2001, pp. 6-7.
2
Ibidem: 43.
3
Condrea Irina. Bilingvismul în societatea diglosic . Limba român – mijloc de integrare
social în Republica Moldova. Chi in u: Editura ARC, 2004, p. 74.
4
Predarea i înv area limbii prin comunicare. Ghidul profesorului. – Coordonator: E.
Constantinovici. Chi in u: Editura Cartier, 2003, p. 18.
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LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2
2012
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d'intégration dans une société qui parle une autre langue que la langue maternelle.
Si une langue étrangère est étudiée par le simple intérêt, afin de trouver un emploi
mieux payé etc., la négligence de la langue seconde peut entraîner un conflit socioculturel.
Selon l’avis des spécialistes dans le domaine, les problèmes liés au
processus d'apprentissage de la langue comme langue seconde sont:
• l'apprentissage d’une langue est un processus qui suppose des capacités
cognitives universelles impliquant de la psyché humaine et qui reflète les
propriétés de l’esprit humain;
• le processus d’apprentissage d’une langue au début est le même, quelle que
soit la culture ou l'âge;
• le langage du niveau débutant est enseigné à l'aide des formules fixes qui
aident les stagiaires à dépasser plus facilement des difficultés;
• les formules utilisées à l'étape initiale sont préfabriquées et diffèrent
souvent des modèles appris par la suite, qui sont créatifs.5
Du point de vue de la didactique, dans le processus d'enseignementapprentissage du roumain comme langue seconde on utilise les mêmes méthodes et
techniques, traditionnelles et interactives. Les méthodes les plus efficaces utilisées
parfois dans les classes ou groupes de langue roumaine comme langue seconde
sont: la discussion, l’explication, les exercices, les études de cas, le jeu de rôle etc.6
L'un des moyens les plus efficaces pour l'étude de la langue roumaine
comme langue seconde pour une utilisation ultérieure comme langue de travail est
la méthode de l’immersion linguistique.
Ainsi, par l'immersion linguistique on comprend le temps passé par la
personne qui étudie le roumain comme langue seconde dans un milieu favorable à
l’apprentissage de la langue roumaine à un niveau avancé sans diminuer le rôle de
la langue maternelle. La méthode de l’immersion est basée sur le développement,
la mise en œuvre et l'extension de la langue de formation, en tenant compte de la
spécificité du socio-culturel existant.
Les programmes d'immersion linguistique précoce ont été élaborés et mis
en œuvre en 1965 dans les écoles de Montréal, au Canada, dans le but de faciliter
l'étude de la langue française par les étudiants, les résidents anglophones du
Québec.
Parmi les pratiques existantes d'immersion linguistique internationale il
faut mentionner: les cours de français de Nice depuis 1990 au cadre de l'école
Azurlingua. L'école dispose d'une vaste expérience d'enseignement de la langue
française aux non-francophones, d’accueil et d’hébergement des personnes. Les
cours offrent un moyen d'être dans une immersion linguistique réelle de la langue
5
6
Ibidem: 19.
Pour voir les méthodes les plus appropriés dans l'enseignement de la langue roumaine
comme langue seconde, nous recommandons le volume coordoné par Elena Platon, qui
« soulève des questions sur les méthodes actuelles et les approches théoriques en ce qui
concerne la formation et le développement des compétences de communication en
langue roumaine ».
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
_________________________________________________________________________________
française, qui fait partie de la vie quotidienne. l’hébergement dans une famille
d'accueil est souvent une bonne occasion de connaître les Français, leur mode de
vie et leur culture.
Les programmes d'immersion aux Etats-Unis ont commencé en 1971 avec
un programme d'immersion espagnol à Culver City, Californie.
Dans l'espace post-soviétique il existe des pratiques d'immersion
linguistique qui mettent en valeur la maîtrise fonctionnelle des langues officielles,
ainsi que des langues maternelles, et qui permettent une meilleure intégration des
minorités nationales dans la vie le développement socioculturel, politique et
économique du pays dans lequel ils vivent et travaillent. Les pionniers de ce
domaine sont les pays baltes. En Estonie, par exemple, en 2000, a été créé le
Centre de l'immersion linguistique qui fonctionne par la décision du Ministère de
l'Education de l'Estonie. Après la période de mise en œuvre du programme se
distingue:
• immersion débutante, à partir de la maternelle;
• immersion moyenne, qui commence dans les classes secondaires;
• immersion tardive, mise en place à l'école secondaire.
La récompense pour l'utilisation est la meilleure façon d'apprendre une
langue. C'est le principe de base de l'immersion linguistique, dans lequel l'étudiant
est « plongé » entièrement ou partiellement dans un milieu linguistique qu'il étudie.
Nous pouvons mentionner les autres avantages de cette méthode: la maîtrise
fonctionnelle-communicative de la langue;
- la simplification du processus de stockage des phénomènes linguistiques
en raison de l'attractivité du processus d'enseignement;
- l'extension des possibilités de connaissance de l'histoire, de la culture et
des coutumes des peuples qui y habitent;
- la mobilité sur le marché du travail etc.
Dans les conditions de la République de Moldova nous parlons de la
possibilité d'une immersion partielle de langue dans la société, parce que les
locuteurs non natifs dans de rares cas sont obligés de parler la langue roumaine. La
situation linguistique est telle, qu'on passe facilement au russe qui est connu et
parlé par la majorité des citoyens.
Dans cet article, nous essayons de présenter quelques donnés avec statut
préliminaire, que nous avons réussi à obtenir après l'application des questionnaires
au milieu des étudiants autochtones à la Faculté de philologie de l'U.P.S. « Ion
Creanga », Chi in u. L'échantillon intervievé se composait des étudiants des I à III
années, diplômés des écoles russes, qui étudient la langue et la littérature
roumaines (première spécialité) et bulgare ou en anglais (seconde spécialité).
L'enseignement de toutes les disciplines pour la première spécialité est effectué en
conformité avec le plan d'éducation seulement dans la langue roumaine. Ainsi les
étudiants sont placés dans un environnement qui est bénéfique pour apprendre la
langue roumaine et le language de spécialité nécessaire pour l'activité
professionnelle ultérieure.
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LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2
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Les résultats obtenus après la distribution d'un nombre d'environ 45
questionnaires ont établi qu'aucune des personnes interrogées ne savait rien de
l'immersion comme méthode d'enseignement-apprentissage d'une langue.
La majorité des étudiants ne sont pas Moldaves. Ils sont venus de différents
districts de Moldavie, principalement des villages habités par les minorités
nationales du sud de la Moldavie (les districts de Comrat, Taraclia, Ceadir-Lunga,
etc.).
La vision des étudiants sur leur appartenance nationale présente un grand
intérêt. Les 45 personnes qui ont étudié la langue russe se sont définis comme
Russes – 3, Bulgares – 5, Gagaouzes – 5, Ucraniens – 7, Moldaves – 15.
Une autre conclusion, assez optimiste, après une première analyse pour
nous était le fait que, pour la plupart des écoles, diplômés des écoles russes l'étude
de la langue par la méthode de l'immersion ne présente pas un problème (35
étudiants) et seulement 10 personnes rencontrent des difficultés à acquérir les
sujets étudiés.
Afin de suivre l'évolution de la communication en langue seconde, nous
avons appris que les familles de 14 interviewés parlent en russe, 3 – en gagaouze, 3
– en bulgare, dans les 25 autres cas dans la famille on communique en 2 ou même
3 langues: bulgare, russe et ukrainienne, l'enfant – en russe, ses parents – en
roumain. Récemment on a découvert parmi les langues de communication entre les
membres de la famille la langue italienne et turque comme suite du départ de l'un
des parents pour travailler à l'étranger.
L'image change dans le cas de la communication dans la ville, ou avec des
amis/ collègues. Seulement 7 élèves n'utilisent pas la langue roumaine dans la
communication sociale, étant en ville, 10 étudiants parlent seulement roumain et 28
interviewés utilisent les deux langues. La communiquation avec des amis ou des
collègues se fait par l'intermédiaire de la langue roumaine dans huit cas, en russedans 7 cas, les 30 autres étudiants communiquent dans les deux langues: en
roumain et en russe.
Au niveau socio-culturel, l'un des aspects importants supris par nous à
l'aide du questionnaire, est la croyance des interviewés que par le biais de la langue
roumaine, ils ont appris beaucoup de choses nouvelles sur l'histoire, les valeurs
culturelles et morales du peuple roumain et des groupes ethniques vivant dans le
pays. Cette conviction découle directement des contacts entre les représentants des
différentes ethnies et la mise en place des étudiants dans un milieu linguistique où
on communique plus en roumain. Toutes les personnes interrogées ont répondu
affirmativement à la question si ils ont trouvé quelque chose de nouveau dans
l'histoire et la culture du pays par le biais de l'étude de la langue roumaine.
Les réponses à la question quels sont les éléments d'étude de la langue
roumaine par cette méthode ont confirmé les caractéristiques essentielles de
l'enseignement par l'immersion:
• le professionnalisme de l'enseignant;
• le soutien solide de la langue étudiée, répendu dans la communauté;
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
_________________________________________________________________________________
• la division claire et sans interruption des langues au cours de
l'enseignement.
Les étudiants non Moldaves indiquent les facteurs suivants qui favorisent
l'enseignement-apprentissage de la langue roumaine en plongeant dans un
environnement linguistique et culturel favorable à ce processus:
• étant dans l'environnement, nous entendons constamment la langue
roumaine, nous apprenons plusieurs mots nouveaux, nous apprenons la langue plus
vite (D. Burlacu);
• la présence des enseignants flexibles qui utilisent des méthodes appropriées
pour l'enseignement accessible à la matière (E. Platon);
• l'enseignement des disciplines de spécialité étudiées offre la possibilité
d'apprendre la matière d'une manière plus profonde (Sala, M., I. Vintil dulescu);
• l'étude des différences entre les deux langues par l'utilisation de la languecible (I. Condrea);
• la communication plus facile en langue roumaine;
• on lit plus en roumain;
• on commence à penser en roumain;
• les étudiants ayant un niveau plus bas de connaissance du roumain
s'adaptent plus difficilement, mais plus vite;
• la langue roumaine est enseignée en même temps avec les termes
spécialisés etc.
Toutefois, les étudiants non autochtones, surtout les étudiants en I-ière année,
mentionnent qu'outre des performances obtenues en raison de l'étude de la langue
roumaine par l'immersion, ils doivent faire face à un éventail d'obstacles socioculturels et linguistiques. Les intervievés avertissent que:
• nombre d'étudiants ont un vocabulaire qui ne suffit pas à l'étude depuis la Iière spécialité en langue roumaine. Cela exige d'eux un effort supplémentaire dans
la préparation des questions, ou un apprentissage peu profond de la matière;
• l'apprentissage initial de la matière se produit par la traduction du russe/
native, cet exercice n'est pas facile;
• en mettant l'accent sur le rôle de l'enseignant dans le processus éducatif, les
étudiants mentionnent que dans certains cas les différences de mentalité et de
culture mènent à un désaccord entre les enseignants et les étudiants.
En conclusion, nous pouvons dire que la pratique de la formation des futurs
enseignants en minorité, les futurs enseignants de langue et littérature roumaines
dans les écoles d'enseignement en russe, nous demontre l'efficacité de
l'enseignement et l'apprentissage d'une langue seconde par l'immersion. La
méthode décrite permet l'étude de la langue en même temps avec l'acquisition d'une
terminologie spécialisée, offre aux étudiants la possibilité d'obtenir des
connaissances sur la culture, les coutumes et les traditions des groupes ethniques
qui y habitent, forme des compétences de communication dans la langue étudiée.
En plus, nous considérons que la Moldavie doit acquérir l'expérience des
pays européens dans lequels l'étude de la langue de la majorité de la population
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LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2
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parlant d'autres langues l'immersion est réalisée à toutes les étapes de l'éducation:
les établissements préscolaires (la maternelle), lycée (collège, lycée) et
établissements d'enseignement supérieur. L'enseignement des 50 % des disciplines
à l'étape du préuniversitaire dans la langue étudiée faciliterait beaucoup la
formation des compétences de communication, créerait des premises à l'intégration
civique et professsionnelle, à l'avenir socio-culturel et professionnel des minorités
nationales.
Bibliographie
*** Dic ionarul explicativ al limbii române. Edi ia a II-a. Bucure ti: Univers Enciclopedic,
1998.
*** Predarea i înv area limbii prin comunicare. Ghidul profesorului. Coordonator:
E. Constantinovici, Chi in u: Editura Cartier, 2003.
Condrea, Irina. Bilingvismul în societatea diglosic . Limba român – mijloc de integrare
social în Republica Moldova. Chi in u: Editura ARC, 2004. 74-80.
Platon, Elena. Limba român ca limb nematern (RLNM) în ciclul liceal – fundamentarea
unui domeniu de cercetare. Elena Platon, Diana Burlacu, Ioana Silvia Sonea,
Procesul de predare/ înv are a limbii române ca limb nematern (RLNM) la
ciclul liceal. Cluj-Napoca: Editura Casa C ii de tiin , 2011.
Sala, Marius, Les politiques linguistiquies en Roumanie. Aria curricular „Limb i
comunicare” – concepte, politici, experien e didactice. Revist de pedagogie. 4-6,
2009, p. 13.
Sala, Marius, Ioana Vintil -R dulescu, Limbile Europei, Bucure ti: Univers Enciclopedic,
2001.
338__________________________________________________________
DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
_________________________________________________________________________________
Éléments savants gréco-latins dans la tridimensionnalité de la langue
Daniela E ANU-DUMNAZEV, Eugenia MINCU
L’Université d’État de Médecine et Pharmacie «Nicolae Testemi anu»
Chi in u
Abstract
Language develops in perpetuum mobile, being receptive to new things in society,
externalizing it verbally. Greek and Latin scholar elements form the nucleus of international
lexicon, but the words formed on the basis of such universals become internationalisms and
hold an interlingual position. Thus, the language expresses the universal new, unifying the
specialized knowledge. In its three-dimensionality (word object, word word, word ego
hicnunc). Greek and Latin scholar elements become axes word object. Word formation
through the Greco-Latin elements is an expression of the abstraction and intellectualization
of specialized language. Words formed by Greco-Latin elements are conscious creations of
scientists, are paternal need to be generated from the recent discovery denominations, new
things. By exclusive conjunction of scholar elements, we obtain a new meaning, able to
render the nature of things.
Keywords: language, three-dimensionality, science elements, specialized language,
universals.
Rezumat
Limba se dezvolt in perpetuum mobile, fiind receptiv la noul lucrurilor în societate,
exteriozându-l verbal. Elementele savante greco-latine formeaz nucleul lexiconului
interna ional, iar cuvintele formate în baza acestor universalii devin interna ionalisme i
de in o pozi ie interlingvistic . Astfel, limba red noul universal, unificând cuno tin ele
specializate. În tridimensionalitatea limbii (cuvânt obiect, cuvânt cuvânt, cuvânt ego
hic nunc), elementele savante se atribuie primei axe – cuvânt obiect. Formarea cuvintelor
prin intermediul elementelor greco-latine este o expresie a tendin ei de abstractizare i de
intelectualizare a limbajului specializat. Cuvintele pe care le formeaza elementele grecolatine sunt crea ii con tiente ale savan ilor, sunt paterne fiind generate din necesitatea de a
denomina descoperirea recent , noul lucrurilor. Prin conjunc ia exclusiv de elemente
savante, se ob ine o semnifica ie nou , apt de a reda natura lucrurilor.
Cuvinte-cheie: limb , tridimensionalitate, elemente savante, limbaj specializat, universalii.
La langue dans sa tridimensionnalité (mot objet, mot mot, mot ego
hic nunc) est une réflexion intellectuelle de l’esprit du temps, de la réalité existante.
I. Dimension sémantique. La première axe, mot objet, représente la
liaison indispensable entre le mot et l’objet, parce qu’ une langue est formée d’un
certain nombre d’objets externes, dont l’esprit utilise comme signes 1. Le nouveau
dans la langue est exprimé par des mots-emprunts ou par des moyens personnels de
1
Saussure, F. Scrieri de lingvistic general , Ia i: Editura Polirom, 2004, p. 212.
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LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2
2012
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formation des mots. La formation des mots et en particulier, la composition par des
éléments gréco-latins comme mécanisme de formation de nouvelles unités
lexicales qui désigneraient ‹‹le rapport naturel›› entre les choses 2 est attribuée à la
première axe, mot objet, y compris la relation motivationnelle; à partir de la
motivation initiale du mot aux éventuelles modifications qu’un mot supporterait
d’un exemple à l’autre.
II. Dimension syntaxique. La seconde dimension réside dans la relation
mot mot, formée par l’acte de motivation, par l’abstraction. La sémantique de
cette dimension est formée par les relations entre les mots, le processus de
l’unification des unités de la langue.
III. Dimension pragmatique. La troisième dimension est formée par l’axe
mot ego hic nunc qui exprime la fonction déictique du mot, car dans une société
toutes les activités sont dictées par les besoins existants (dura necesitas), mais les
choses, étant des événements sociaux dans la dénominalisation de ces besoins,
elles-mêmes représentent la fonction de ces choses 3. Ces hic et nunc de la société
font varier l’univers entier.
L’existence d’un lexicon général international est déjà prouvée qui
comprend: a) des unités lexicales autonomes et non-autonomes; b) des règles
phonologiques, morphologiques, lexicales etc. utilisables en fonction des demandes
d’information; ayant comme objectif la standardisation et la planification
linguistique. Les mots formés en vertu de ce lexique, en particulier des éléments
gréco-latins ont un statut d’internationalismes et occupent une position
interlinguistique4.
Unités lexicales autonomes:
Provenant du grec aorte5 le lexème aorte a été utilisé pour la première fois
par Hippocrate. Aorte, comme ça a été nommé ‹‹un conduit dont le lumen était
rempli avec de l’air et où étaient suspendus les poumons››. Homer a comparé
l’aorte avec une courroie qui pendait une arme à feu. Aristotel la considérait une
grande artère qui soutenait le coeur. Le terme a un statut d’internationalisme et une
position interlinguistique: roum. aorta, fr. aorte, angl. aorta, allem. aorta, ital.
aorta, russe
etc. Dans la médecine: aorte – l’artère principale qui conduit le
sang oxygéné du coeur vers toutes les parties du corps.
Unités lexicale non-autonomes:
a) L’etymologie de l’élément savant mys, myos présente un intérêt
particulier. Son nom provient du latin misc ce qui signifie souris. On a remarqué
que la forme et le mouvement de certains muscles, en particulier du biceps
2
Ibidem: 214
Rey, A. La terminologie: noms et notions, Paris: Le Robert, 1979, p. 54.
4
Mincu, E. Afixoidele în procesul de neologizare a limbii, Chi in u: Medicina, 2009, p.
20.
5
Holomonova, A., Ivanova, A. History and the root of angiology, Intitute of Foreign
Languages, Faculty of Medicine, Bratislava, 1950, pp. 364-368.
3
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
_________________________________________________________________________________
ressemble à la forme et aux mouvements des souris. Une telle analogie a été faite
en grec: mys signifie muscle et souris, de mys provident aussi le segment my-/myo-,
emprunté par d’autres langues. En slave
signifie ‹‹souris››, tandis que
signifie ‹‹bras››. En allemand ‹‹maus›› signifie ‹‹muscle›› et ‹‹souris››, en
arabe ‹‹adalah›› signifie ‹‹muscle›› et ‹‹adal›› signifie ‹‹souris›› 6.
Muscle – organe du corps de toutes les vertebrés et de la plupart de
nonvertebrés, formé d’un tissue fibreux et charnu qui, grâce à ses propriétés
fondamentales, la contractibilité et l’élasticité, met en fonction différents organes et
parties du corps. Le terme myalgie, formé par l’association de deux éléments
savants myos ‹‹muscle›› et algos ‹‹douleur›› et indique la présence de douleurs
musculaires, est acquis de plusieurs langues: roum. mialgie, fr. myalgie, angl.
myalgia, allem. myalgie, russe
etc.
b) L’étymologie d’un autre élément savant mneme, mnesia n’est pas moins
intéressante, grâce à son origine mythologique. Mnémosyne était d’une beauté
indescriptible qui a découvert l’utilité du pouvoir de l’esprit 7 8. Elle a donné un
nom à chaque objet, pour faciliter la communication entre les terriens. Le fait le
plus important est qu’elle a donné aux hommes le pouvoir, la capacité de
mémoriser. Si l’homme est privé du don de la déesse, il ne pourra pas savoir qui il
est ou ce qu’il est et à chaque instant de la vie il sentira, pensera et agira comme
un nouveau-né. Ainsi, le mot mémoire provient du grec mneme, mnesis. Dans la
pratique médicale il y a des mots qui comprennent ce segment. Dans la médecine:
Amnesie – perte de mémoire.
Par la suite, nous insistons sur le troisième élément hypnos, lui aussi
d’origine mythologique. Hypnos, dans la mythologie grecque est le Dieu du
sommeil9 10, le frère-jumeau de Thanatos. Tous les deux étaient les fils de Nyx, la
déesse de la nuit. Elle habitait dans une grotte près de la riviere Lethe, la riviere de
l’oubli. Hypnos provoque le sommeil temporaire, tandis que Thanatos – le sommeil
éternal, c’est à dire la mort. Ainsi, Hypnos était le Dieu du sommeil et des rêves,
mais son frère cadet, Thanatos – Dieu de la mort, et la nuit était leur nourrice.
Selon la Théologie d’Hesiod, Hypnos demeurait dans le monde souterrain sans voir
le soleil, mais pendant la nuit il en sortait et donnait aux hommes un repos calme.
6
Ramoutsaki, Ioana Ph. D., Ramoutsakis, Ioannis Md., Demosthenesouras, GCCP
(Heraklion, Creta, Grecia). Pneumonology or Pneumology, American Journal of
Roentgenology, 2002, pp. 1385-1387.
7
Perry, Pepper. Proceeding of the American philosophical society, Universities
Pennsylvania, vol. 94, nr. 4, august, 1959, p. 364.
8
Christos, S. Geogiades. Etymology of selected medical terms used in radiology. The
mythologic connection, Departamentul de Radiologie “John Hopkins”, 4 oct., 2001,
pp. 1101-1107.
9
Perry, Pepper. Proceeding of the American philosophical society, Universities
Pennsylvania, vol. 94, nr. 4, august, 1959, p. 365.
10
Christos, S. Geogiades. Etymology of selected medical terms used in radiology. The
mythologic connection, Departamentul de Radiologie “John Hopkins”, 4 oct., 2001,
pp. 1101-1107.
________________________________________________________341
LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2
2012
_________________________________________________________________________
Dans l’Iliade, Hypnos est avant tout un homme, dont Homer dit que la Nuit l’a
sauvé de la colère de Zeus, dans ces conditions, la force cosmique que Zeus a
décidé de respecter. Le mot attesté dans la médecine hypnotherapie – méthode de
traitement par hypnose (hypnos – sommeil, therapeia – traitement) est inclus dans
la lexicologie internationale: roum. hipnoterapie, fr. hypnothérapie, angl.
hypnotherapy, allem. hypnotherapie, russe
etc.
Ainsi, la création de nouveaux mots ne s’accomplit pas ex nihilo autant en
plan morphologique que sémantique: divers néologismes contiennent la nouveauté
par l’association originale de morphèmes déjà enregistrés (dérivation, composition,
conversion), mais découpés de façon originale accédant au statut de néomorphes.
La préexistence et l’existence de ces unités forment le système, même si les
nouvelles combinaisons comblent les lacunes 11 . Les sources de renouvellement
continu du lexique international sont le grec et le latin, car le miracle de la langue
grecque, systématisé et transmis par le génie latin ne peut pas concevoir la
‹‹spiritualité moderne›› 12.
L’élément savant bios est actualisé comme partie constituante du mot
biographie en 1951, suivi par le mot biologie – 180213, ayant le sens « de vie ».
L’analyse statistique de l’inventaire lexical contenu dans la lettre B, Grand
Dictionnaire de Néologismes 14 a mis en évidence les choses suivantes:
partiellement savant bios s’atteste dans 235 mots. Le sens primaire ‹‹de vie›› est
présent seulement dans 25 mots, utilisables dans les domaines suivants: biologie,
agriculture, chimie, production alimentaire, écologie, astronomie, géographie et
médecine. Autrement dit, on atteste une modification du sens primaire par
l’acquisition de nouvelles significations, en fonction du spécifique du domaine
d’activité qui éxige cet élément.
Ainsi, ‹‹les processus de la vie››, biologie, médecine – 9 termes; ‹‹de
nature biologique››, biologie, médecine – 90 termes; ‹‹organes vitaux››, biologie,
médecine – 29 termes; ‹‹d’origine organique››, géographie, agriculture, géologie,
biochimie – 11 termes; ‹‹le comportement de l’ organisme››, philosophie,
psychologie – 6 termes; ‹‹organismos vivants››, biologie, biophysique, biochimie,
agronomie – 38 termes; ‹‹homme, vie et activité humaine››, bioénergétique,
cinématographie, littérature, transport – 5 termes; ‹‹la substitution des organes
vitaux››, médecine, biophysique – 2 termes; ‹‹santé››, ‹‹médecine››, paléontology,
médecine, pharmacologie, virusologie, biomédecine – 6 termes etc.
Il est opportun de mentionner la variabilité sémantique du bios qui par
l’association sémantique supporte des modifications du concept initial: vie
11
Cusin-Berche, F. Le lexique en movement, création lexicale et production sémantique,
Langage, Revue trimestrielle, Paris : 1999, décembre, p. 13.
12
Matei, H. O istorie a lumii antice, Chi inau: Universul, 1993, p. 15.
13
Dauzat, Al. Dictionnaire étymologique de la langue française, Paris: Librairie Larousse,
1938, p. 89.
14
Marcu, F. Marele Dic ionar de Neologisme, Bucure ti: Editura Saeculum I.O., 2000.
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DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION
_________________________________________________________________________________
homme activité humaine; vie santé; médecine etc.; ce qui démontre la capacité
de l’élément savant de pénétrer divers domaines d’activité.
Conclusions
La nécessité des créations savants survient des besoins sociaux de
connaître et reconnaître et aussi de manipuler les choses. Cette règle, rapportée à la
pratique linguistique est acceptable pour tous les domaines d’activité sociale; dont
chacun comprend une multitude de nouvelles choses, la connaissance desquelles
forme le langage spécialisé d’un tel ou tel domaine. Les mots crées par
l’association des éléments savants dans la tridimensionnalité de la langue
(mot objet, mot mot, mot ego hic nunc) correspondent à la dimension
mot objet; il est inclus dans le dictionnare universel d’unification et de
standardisation du langage spécialisé.
L’afflux de nouveaux mots pénétrés dans la langue. Durant une période
assez limitée, engendre des modifications visibles de sens (l’exemple de l’élément
scientifique bios – diversités de signification ont été demontré dans l’article cidessus).
Bibliographie
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LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2
2012
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La formation des compétences de communication argumentative
Lilia G LU
Université Pédagogique d’État « Ion Creang », Chi in u
Abstract
The present paper approaches current issues in fully formation of an autonomous
personality as it is the communication competences formation. Based on these premises of
the time, in recent years, the Romanian language and literature curriculum proposes a
change of emphasis - from the accumulation of knowledge and information on
communication skills. Note that communicative competence is not identical with that
knowledge or skills that a person holds about language and communication, but their
mobilization, their practical implementation. We have insisted on argumentative
communication, because the modern individual is always in the position to convince the
other, to show something, to impose a viewpoint. We have elucidated the forms of the
arguments, an argument's structure, which are the most effective techniques and training
methods of argumentative communication skills.
Keywords: communication competence, argumentative communication, reasoning and
ways of reasoning, communication techniques, forms of argumentation.
Rezumat
Prezenta lucrare vine s abordeze o problem actual în formarea integral a unei
personalit i autonome cum este formarea competen elor de comunicare. Pornind de la
aceste premize ale timpului, în ultimii ani, Curriculumul la limba i literatura roman
propune o schimbare a accentului de pe cuno tin e i acumularea de informa ii pe
dezvoltarea competen elor de comunicare. Se men ioneaz c competen a de comunicare nu
se identific cu acele cuno tiin e sau capacit i, abilit i pe care persoana le de ine despre
limbaj i comunicare, ci mobilizarea acestora, punerea lor în practic , în activitate. Am
insistat asupra comunic rii argumentative, doarece omul contemporan este mereu pus în
situa ia de a convinge pe cel lalt, de a demonstra ceva, de a impune un punct de vedere.
Am elucidat care sunt formele argument rii, structura unui argument i care sunt cele mai
eficiente tehnici i metode de formare a competen elor de comunicare argumentativ .
Cuvinte-cheie: competen de comunicare, comunicarea argumentativ , argumentare,
modalit i de argumentare, tehnici de comunicare, forme de argumentare.
La formation intégrale et harmonieuse d’une personnalité autonome et
créative, utile pour la société, doit se produire en vertu du développement continu
des habitudes de communication active, lecture et écriture; de l’éducation
intellectuelle, esthétique, professionnelle, technologique, morale civique et
religieuse. Dans ce sens, la communication argumentative est un élément important
de la démarche didactique, tant pour la fixation des connaissances, pour l’habitude
des élèves d’utiliser les connaissances acquises tout au long des années d’études,
de différentes sources, pour savoir motiver un point de vue plus convaincant, que
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