dimensions artistiques de la communication interculturelle
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DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ La résonance du langage symbolique dans la création roumaine Traian D. ST NCIULESCU Aritia POENARU Université « Alexandru Ioan Cuza » & Institut National d’Inventique Ia i, Roumanie Abstract The history of knowledge seems to have been subject to an almost obsessive need of every human being: to recover their roots. Currently, this obsession can locate in what is called «the science of complexity» (Cohen) and «the science of totality» (Hawking), both supporting the same cardinal idea, namely: the «Essential Unity», which defines the relationship between man and macro- and microcosm, and also the relationship between different hierarchical levels of reality (physical, biological, psychological, social, etc.). Any (axiological) knowledge is based on the ability of human significance, the semiotic function allowing it to reflect the world through its signs. This is why metalanguage of semiotics is the most appropriate one for the research of major the historical types of knowledge, by which man signified his connection to the cosmos. In order to describe in an unified way the multitude of particularities of this relationship as language-object of the present research, the prerequisite is to establish a reference archetype: the light, transpersonal matrix which unites the creative spirit of man of all times and places. Keywords: archetype, light, creation, tradition and innovation, synergy. Rezumat Istoria cunoa erii pare a fi fost supus unei nevoi aproape obsesive a oric rei fiin e umane: aceea de a- i recupera originile. În prezent, aceast obsesie se poate localiza în ceea ce se nume te « tiin a complexit ii » (Cohen) i « stiinta totalit ii » (Hawking), ambele sus inând aceea i idee cardinal , i anume: « Unitatea Esen ial », care define te rela ia omului cu macro- i microcosmosul, ca i rela ia dintre diferitele niveluri ierarhizate ale realit ii (fizic, biologic, psihic, social etc.). Orice cunoa tere (axiologic ) se fundamenteaz pe capacitatea de semnificare a fiin ei umane, func ia semiotic permi ându-i s reflecte lumea prin semnele sale. Acesta este motivul pentru care metalimbajul semioticii este cel mai adecvat pentru cercetarea principalelor tipuri istorice de cunoa tere, prin care omul a semnificat legatura sa cu cosmosul. Pentru a descrie într-o manier unitar multiplele particularit i ale acestei leg turi ca limbaj-obiect al cercet rii de fa , condi ia necesar este de a stabili un arhetip de referin : lumina, matricea transpersonal care unific spiritul creator al omului din toate timpurile i locurile. Cuvinte-cheie: arhetip, lumin , crea ie, tradi ie i inova ie, sinergie. La lumière, archétype de la création roumaine Pourquoi la lumière? Parce que, du point de vue ontologique, la vie de l'homme est un « don du soleil ». (Roegen 77) Une telle intuition est présente dans _______________________________________________________167 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ toutes les formes à travers lesquelles l'homme a conçu – dans le plan gnoséologique – sa relation avec le monde et implicitement avec la lumière solaire. Ayant, selon le contexte, un fondement transpersonnel (méta)physique, gnoséologique ou (pr)axiologique, le symbolisme de la lumière valorise la forte capacité du signe icônique de réfléchir différents degrés de signification du monde. Un vue diachronique sur l'histoire de la connaissance humaine/roumaine (Isac, St nciulescu 2006) nous met en contact avec les types de discours déjà mentionnés: magique et rituel, mythique et initiatique, etc. Leur analyse sémiotique suppose une approche de type structural, par rapport au contenu conceptuelidéatique (signifié) que les types de discours véhiculent et aussi par rapport à la puissance expressive des signes icôniques afférents (signifiant). I. Le discours magique-rituel est objectivé par des pratiques adéquates du culte solaire, lunaire, astral, à savoir: a) La lumière solaire est en correspondance immédiate avec le soleil, dont la lumière est également source biologique vitale, source de fertilité agricole ou source du désert etc. Dans les traditions roumaines, la puissance de la lumière solaire est bénéfiquement sollicitée par l'intermédiaire de certaines pratiques « prophylaciques » – comme l'interprétation des signes solaires (taches, éclipses etc.) ayant pour but la connaissance de l'avenir – ou de pratiques « thérapeutiques », comme l'invocation du soleil par la danse connue sous les noms de « hora », avec ses diverses formes / mouvements icôniques (ondulatoires, circulaires, spirales), ou de « paparuda », une danse qui visent l'arrêt de la sécheresse etc. b) La lumière lunaire a aussi une composante magique, dérivée de ses qualités particulières: l'accroissement, le scintillement et la périodicité, la polarisation, etc. Ces attributs mêmes de la lumière lunaire ont fait que certaines actions rituelles – telles l'herborisation des plantes médicinales, des interventions thérapeutiques, la plantation etc. – s'effectuent seulement au clair de lune. c) La lumière stellaire est mise en correspondance avec celle des astres majeurs, avec lesquels elle se trouve – généralement – dans un rapport de subordination symbolique. Chez les Roumains, la planète Vénus, par exemple, est associée à la mort et à la résurrection. Des pratiques magiques-rituelles, telles la préfiguration du destin conformément à la position des astres, l'incantation auxquelles s'ajoute « la mise des oeufs sous les étoiles » afin de constater si une maladie est guérissable etc. suggèrent la présence de la lumière des étoiles dans la vie de l'individu humain. À toutes ces croyances et pratiques appliquées intuitivement s'est associée une symbolique appropriée, qui a le rôle de déclencher, par l'intermédiaire de la résonance « holographique » – magie par « sympathie » ou par « similitude » (Frazer) – les échos bienveillants de la lumière. Ainsi, tous les signes archétypales de la lumière solaire, conservés par la tradition roumaine, se retrouvent dans la couture des costumes populaires, dans les tissus des tapis, dans les modèles de la céramique ou sur des monnaies, dans les sculptures en bois. L'élément dominant de tous ces signes est le cercle, symbole du soleil, avec ses formes dérivées – la ligne ondulée, la spirale, la corde, le cycloïde etc. (figure 168__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ 1a), ou les lignes angulaires subordinées, le triangle du sapin, par exemple (figure 1b) – qui marquent des pratiques symboliques associées aux événements fondamentaux de la vie et de la mort etc. (cf. Vulc nescu 202; 201). Le parallèle entre ces formes symboliques et les formes provenant de la tradition d'autres cultures – indienne, par exemple, relève une correspondance éblouissante. On atteste ainsi, par l'intermédiaire de certains « archétypes morphiques » qui sont présents sur la verticale de toute l'histoire, l'unité de l'esprit humain même. (Poenaru) a) b) c) Figure 1. a) les archetypes de la «lumière solaire» sculptés sur la «collone du ciel»: le cercle (A); la roue solaire (B); le soleil (C); b) le sapin, l’archetype de l’arbre (de la lumière) cosmique: une evolution historique; c) circularité et triangularité: les archétypes integratoires de la lumière. 2. Le discours mythique-initiatique associe à la lumière quelques connotations symboliques inédites aussi, dérivées de l'opposition (physique ou/et métaphysique) entre la lumière et l'obscurité, respectivement du rôle de cette opposition dans la cosmogenèse. Plusieurs mythes cosmogoniques mettent le principe « Fiat lux! » à l'origine de l'apparition du monde. Autrement dit, la naissance du monde équivaut au jaillissement de la lumière dans l'obscurité du chaos (post tenebros lux). Des expressions de la présence génératrice de la lumière dans le monde sont associées à l'arbre cosmique (Axis Mundi) et à ses niveaux hiérarchiques, archétype de la cosmogenèse. De multiples représentations de la cosmogonie mythique font appel au symbole du sapin, signe icônique de la lumière qui est aujourd'hui aussi transposé dans les pratiques symboliques – rituelles ou laïques – encore vives chez les Roumains: la décoration spécifique d'un sapin à la naissance d'un enfant, au mariage d'un couple ou à une cérémonie mortuaire, à l'inauguration d'une maison ou à la fête de Noël etc. (figure 2a), pour décorer un tapis ou un produit vestimentaire (figure 2b). Toutes ces catégories d'événements supposes la réitération symbolique de la cosmogonie, de l'explosion de lumière primaire pour laquelle le sapin est le signe archétypale. _______________________________________________________169 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ a) b) Figure 2. Le symbolisme de l’AXIS MUNDI. Le sapin, l’archétype des contraires: a) le sapin du Nouvel An (dans le «Plugu orul»); b) le sapin de la mort. Parallèlement à ces pratiques symboliques relativement simples à interpréter, on trouve des expressions plus nuancées de la lumière primordiale dans le symbolisme de la roue ou de la montagne cosmique, de l'oeuf cosmique ou de la tortue, présents avec des connotations similaires dans la tradition roumaine aussi bien que dans la tradition indienne, par exemple. Sur le plan éthique, la lutte entre la lumière (le bien) et l'obscurité (le mal) est symbolisée dans une ancienne fresque roumaine comme une confrontation entre un cheval blanc, symbolisant la lumière solaire, et un autre noir, symbole de l'obscurité (Vulc nescu 341). Rappelons-nous que, conformément à Rig-Veda, « L'univers est un cheval », c'est'-à-dire: le monde est modelé des éléments primordiaux – le feu/ la lumière, la terre, la ciel/ l'air et l'eau – que le cheval ou le serpent mythique symbolise. On peut trouver des pareils archétypes dans les vestiges archeologiques de la culture roumaine paléolithique (figure 3a,b) (Poenaru, St nciulescu 31-42). a) b) Figure 3. Les formes stylisées du serpent cosmique: a) sur la céramique de la Culture Cucuteni (mil. III A.C.); b) sur un tapis roumain. 3. Le discours religieux peut être suivi en deux étapes majeures l'une avantchrétienne (ou paléochrétienne) et l'autre chrétienne. a) L'alternative avantchrétienne marque la communion cosmique de l'homme avec «la lumière sacrée» par l'intermédiaire d'un symbolisme complexe, 170__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ présent par exemple dans: a) le culte des cabires', qui combine les formes abstraites (signes de la lumière déjà mentionnés) et les formes anthropomorphes symbolisant les divinités de la lumière; b) les signes syncrétiques, à partir des piliers, des étoiles funéraires, des monnaies etc.; c) les formes circulaires des sanctuaires daces ou des « églises naturelles » modelées des « sapins sacres » plantés dans des cercles concentriques ou taillés même dans les corps de la forêt etc. (figure 4a,b) (St nciulescu, 2003). a) b) Figure 4. Le symbolisme de la lumière sacralisée dans: a) le sanctuaire de Sarmisegetusa; b) l’église de sapins. b) L'alternative chrétienne identifie la lumière – dans la croyance religieuse des Roumains aussi – avec le symbole de l'existence de Dieu, avec la source de la Sainte Trinité et surtout celui de Jésus, qui Lui-même s'appelle «la lumière éternelle», «lumière de lumière» ou «symbole de la vie». Le fait que «Dieu est Verbe (parole)» et que «Dieu est lumière» (Jean 1: 5), qu'Il «habite une lumière qu'on ne peut pas approcher» (Timothé 6: 16) est mis en liaison avec Sa faveur et sainteté (Psalmes 27: 1), d'un côté et d'un autre avec Son jugement. De cette correspondance naît le dualisme éthique du bien et du mal, symbolisé chez les Roumains par l'opposition déjà mentionnée entre la lumière et l'obscurité, symbolisée par l’archétype du yin/yang ou par l’archétype de la clepsydre/ collone partout présent dans le monde (figure 5a,b). 4. Le discours artistique suggère la présence de la lumière dans le monde par de multiples images symboliques: poétiques, plastiques, musicales, etc. Dans le plan de la parole de pouvoir', par exemple, on rencontrera la lumière sous la forme du « germe d'or » (Hyranyia Garbha) présent dans les textes védaïques et génialement décrit par le poète roumain Mihai Eminescu dans le poème Êpître I: «Tout à coup un point s'agite seul et premier qui s'avère! Qui du chaos fait une mère et lui-même devient le Père. Plus faible qu'une bulle d'écume ce petit point qui s'agite/ Sur les larges limites du monde est le maître sans limites » (Eminescu, 1978). Sous le signe du visuel, la tradition de l'art de modeler est présente chez les _______________________________________________________171 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Roumains, par exemple, dans la décoration des piliers de maison et des portes en bois qui symbolisent le centre sacré du monde (figure 5a, b) (St nciulescu, 2003b). a) a) b) Figure 5. L’infini cycle de la cosmogonie: sculpté en bois; b) sculpté en pierre et metal (C. Brâncu i) Cette tradition est géniallement rafinnée par Constantin Brâncu i dans ses sculptures ayant comme archétype: « la forme de toutes les formes », c'est-à-dire l'ovoïde symboliquement nommées « L'Oeuf », « L'origine du monde », « Sculpture pour des aveugles »; les clepsydres qui composent « La table du silence » et « La colonne sans fin », métaphore de l'infini élevé à Târgu-Jiu, Roumanie (figure 4b). 5. Le discours philosophique associe à la lumière des correspondances surtout cosmogoniques, qui hésitent entre l'attitude spiritualiste et matérialiste. Ainsi, pour le philosophe matérialiste roumain Vasile Conta, l'onde est le chemin fatalement suivi par tout développement. Il y a déjà un siècle que l'image de cette « onde de lumière » préfigure les courbes de fractales décrite aujourd'hui par Mandelbrot. Pour Lucian Blaga, un autre philosophe roumain, idéaliste cette fois-ci, l'ondule de « l'espace miorithyque » – métaphore par laquelle il désigne la succession entre les collines et les vallées, spécifique au paysage roumain – définirait la « matrice stylistique » de toute création ethnique. D'autre point de vue, le discours philosophique – ouvert vers la cosmologie scientifique – propose un modèle de la genèse de la lumière, nommé par nous le modèle de « l'expansion pulsatoire », qui allie dans une vision unitaire les deux théories standard de la cosmogenèse: l'expansion et la récessivité des structures cosmiques. On actualise, dans ce contexte, l'hypothèse Einstein-Rosen, qui suppose l'existence des dualités BHQ (black-hole / quasar), qui constitueraient les grains d'obscurité-lumière d'où les mondes cosmiques sont en train de naître, de devenir et de mourir. Les signes fondamentaux de la lumière se trouvent dans des multiples hypostases, à partir du microovoïde galactique ( « l'atome primordial ») désigné par le noyau BHQ, jusqu'à l'image du galactome (l'ovoïde galactique) qui se développe, de la clepsydre rendue par le cycle implosion-explosion jusqu'à la colonne sans fin « des mondes du monde », qui naissent pour mourir, tout cela synthétisé dans 172__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ l'image du système de complexité maximum qui est «la grappe» du Grand Univers (figure 6a,b) (St nciulescu 96). a) b) Figure 6. Le modèle de « l’expansion pulsatoire »: a) l’ellipsoïde galactique; b) le modèle de « l’Univers Grappe. 6. Le discours scientifique est celui qui associe à la lumière un ensemble d'états apparemment dépourvus de connotations symboliques: l'état de lumière cosmique (physique) ou biologique, de lumière naturelle ou artificielle, blanche ou monochromatique, etc. Les métamorphoses de la lumière subies pendant le passage de l'état cosmique à l'état de la lumière de type biologique – qui nous intéressent dans le présent contexte – peuvent être expliquées par les recherches actuelles de la biophotonique (Popp, Li, Gu, 1989). Ces recherches ont permis d'ébaucher deux constructions inédites qu'on a nommées la théorie des « lasers biologiques. a) La théorie des « lasers biologiques » (St nciulescu, Manu, 2001-2002) argumente le fait que, du point de vue fonctionnel, la lumière subit un double processus au niveau des structures biologiques: — d'absorption-émission stimulée, au niveau du complexe phosphate – eau liée – oxygène moléculaire, processus qui assure une émission de type « laser biologique » (cohérente, monocromatique, directionnée, intense); — d'activité optique des structures organiques, assurée par la présence au niveau des membranes cellulaires de certaines microstructures avec des propriétés de type cristal liquide (les molécules de cholestérol et phospholipides etc.), qui engendrent la biréfringence, la polarisation, la dispersion magnétique rotative de la lumière incidente etc. Du point de vue structural, cette théorie décrit la structure des organismes vivants comme un groupe de six types de « lasers biologiques » inclus et intriqués aussi (moléculaires, membraneux, nucléaires, cellulaires, d'organe et d'organisme), qui présentent de multiples analogies avec les lasers techniques. Durant ce processus complexe, la présence des «formes de lumière» est plus qu'évidente. Elle se retrouve dans la forme des «lasers biologiques» («ovoïdale» ou en «colonne»), dans le trajet de la dispersion hélicoïdale de la lumière (qui constitue la matrice pour les chaînes d'ADN, par exemple), dans les _______________________________________________________173 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ vortex de lumière connues sous le nom des chakres, dans la dispersion rotative du spectre philtré par les cristaux liquides membraneux etc. a) b) Figure 7. Les formes archétypales de la biologie: a) la colonne de l’ADN: forme de la lumière qui traverse les crystales liquides membranaires; b) le méchanisme de la division cellulaire (l’ovoïde cellulaire, une „laser biologique »). b) La théorie photonique de l'énergie-information (Constantinescu, St nciulescu, 1993) prend en considération les deux composants de la radiation électromagnétique, tout en associant le composant électrique à une dimension prépondérante énergétique et le composant magnétique à une dimension essentiellement informationelle. En même temps, la théorie argumente avec les instruments physique-mathématiques la manière de production dans laquelle se produisent des interférences entre divers types de champs électromagnétiques (y compris les biochamps), grâce au mécanisme de résonance / cohérence (figure 8). On explique ainsi comment la lumière devient un facteur d'influence extérieure capté non seulement par la voie des analyseurs physiques (au niveau de l'oeil ou de l'épiderme), mais aussi au niveau du biochamp propre, devenu médiateur pour des messages « transphysiques » d'un « sixième sens ».erante énergétique et le composant magnétique à une dimension essentiellement informationelle. En même temps, la théorie argumente avec les instruments physique-mathématiques la manière de production dans laquelle se produisent des interférences entre divers types de champs électromagnétiques (y compris les biochamps), grâce au mécanisme de résonance/cohérence (figure 8). On explique ainsi comment la lumière devient un facteur d'influence extérieure capté non seulement par la voie des analysateurs physiques (au niveau de l'oeil ou de l'épiderme), mais aussi au niveau du biochamp propre, devenu médiateur pour des messages: «transphysiques» d'un «sixième sens». 174__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ a) b) c) Figure 8. Le « langage universel » des ondes de lumière, par: a) opposition de phase: (disonance); b) accord de phase (consonnance / cohérence); c) perpendicularité des phases 7. Le discours technologique illustre de la meilleure façon le fait que la lumière a une importance exceptionnelle pour la vie humaine. Ainsi, le symbolisme des « formes essentielles » peut être justifié par les pratiques technologiques archaïques – à partir de la possibilité de rallumer le feu par le frottement de deux morceaux de bois ou par le battement du briquet (« l'amnar » des Roumains) – jusqu' à l'utilisation moderne de l'électricité et du rayon de laser. Le symbolisme de ces pratiques technologiques est connu par tous, étant en grande mesure récupéré par celui des « formes essentielles »: des strimers lumineux qui rendent la radiation électromagnétique d'un objet (vif) par des procédures de type Kirlian ou électronographiques (Guja, 1993), par une technique mise au point en Roumanie (Dumitrescu, 1979), de l'image d'une ampoule qui radie jusqu' à l'ovoïde aurique humaine rendue à l'aide de la technologie des computers etc. ou même par la simple photographie, dans des conditions psycho-physiologiques tout à fait remarquables etc. _______________________________________________________175 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Figure 8. De la lumière de « l’ovoide aurique » jusqu’a la « vestimentation de la lumière » (Poenaru, St nciulescu, 2006). En synthèse, on peut dire que dans l'univers sémantique construit sur les multiples formes de manifestation du monde même, la lumière définit un paradigme unificateur. Du point de vue de la méthodologie, on peut constater que les métamorphoses de ce paradigme décrivent fidèlement: 1) Le passage de la connaissance intuitive – particulièrement expérientielle (propre au discours magique-rituel) – à la connaissance particulièrement holistique (propre au discours mythique): si, dans la perspective expérientielle, l'homme vivait en participant de « l'intérieur du monde », sans ressentir le besoin de s'expliquer la résonance avec le cosmos, avec ses semblables, etc., pendant la connaissance holistique les germes de l'explication discursive commencent à se manifester par la transposition dans des concepts (symboliques) d'une connaissance déjà représentée intellectuellement, mais pas encore soumise au filtre critiquerationnel. 2) La transition de la connaissance intuitive (expérientielle-holistique) à la connaissance notamment analytique s'est réalisée par l'intermédiaire du discours religieux. Celui-ci est construit à la fois à l'aide des instruments de la connaissance holistique, de la connaissance révélatrice déjà préfigurée par la connaissance mythique, et à l'aide des instruments du transfert analytique, appliqué à l'horizon pragmatique de l'existence humaine. 3) C'est le discours artistique pour lequel la lumière est à la fois « langageobjet » et « métalangage », qui offre la plus éloquente médiation entre les formes archétypes-idéalisées du monde, d'une part, et les formes objectives de la création humaine, d'autre part. 4) L'analyse extérieure de la réalité, par la raison (analytique) ou par le contact direct (expérimental) revient au discours philosophique et scientifique, d'un 176__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ côté, et au discours technologique, d'autre côté. À travers tous ces types de connaissances engendrant des discours spécifiques, le monde ne représente qu'un référentiel extérieur, que l'homo cogitans/ faber tient sous observation et qu'il modèle au niveau du signifié mental ou qu'il contrôle au niveau du signifiant artefactuel.* Pour conclure, on pourrait dire que la lumière constitue le « noyau dur » dont la métamorphose décrit l'évolution de l'homme du niveau bio-physique au niveau psychique, de la lumière à l'illumination, LA PORTE OUVERTE de la nature vers la culture. Figure 9. Porte en bois sculptée avec de multiples archetypes solaires (Rozavlea, Maramure ) Quelques conclusions méthodo-logiques es peuvent être tirées de l'herméneutique ébauchée ci-dessus: — la réalité de quelques types approche cognitive – expérientiel et holistique, notamment – que le dogmatisme scientifique (hyperanalytique ou/et expérimental) a tendance de rejeter, en les considérant comme irrationnels (parascientifiques); — la filiation psycho-génétique entre les types de discours intuitifs et rationnels, les premiers dominant du point de vue historique les derniers, tout comme l'hémisphère droit a fonctionné avant l'hémisphère gauche; — le rapport d'interdétermination entre les deux types de connaissance, ayant comme effet l'organisation d'une polarité herméneutique': chaque affirmation propre à la connaissance intuitive peut être décodée par une démarche analytique-expérimentale complémentaire. La sémiotique de la lumière - science de la complexité La nécessité d'une théorie des systèmes complexes résulte du fait qu'une réalité complexe ne peut être décrite qu'avec les moyens d'une pensée complexe. _______________________________________________________177 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ La théorie des structures dissipatives (Prigogine), celle de la stabilité structurale (Thom) et la synergétique (Haken) – théories qui constituent le noyau dur de l'actuelle science de la complexité – posent les fondements d'une possible science de la lumière complexe, une lumière reflétée dans les multiples hypostases de la connaissance humaine, pour lesquelles la sémiotique réprésente le cadre intégrateur. Pourquoi la lumière, nous nous interrogeons de nouveau, en nous rapportant à la possibilité d'une science de la connaissance / signification complexe? À cause de trois raisons, pourrait-on répondre: a) parce que, du point de vue fonctionnel, la lumière constitue l'archétype d'une connaissance essentielle; b) parce que, du point de vue structurel, la double nature de la lumière peut décrire parfaitement la structure de n'importe quel symbole/ signe; c) parce que, en se définissant comme un facteur actif dans la réalisation des métamorphoses du monde, la lumière joue le rôle du langage unificateur. Etant donnée la nature complexe des implications de la lumière dans la genèse des systèmes du monde, les arguments favorables pour une démarche sémiotique intégratrice – on peut l'appeler la sémiotique de la lumière (photosémiotique) – viennent de l'horizon de nombreuses disciplines particulières, notamment: les sciences de la nature micro- et macro- cosmique, les sciences technologiques, les sciences de la nature humaine. Le caractère transdisciplinaire d'une « sémiotique de la lumière » apparaît, ainsi, contouré dès le début. Rétrospectivement, on peut dire maintenant que deux motifs justifient le fait de l'ouvrage ci-présent par la mise en évidence du modèle de «l'Unité Essentielle»: a) la nécessité d'établir des correspondances entre les différents moyens particuliers de manifestation de la lumière; b) la recherche des effets de la lumière vers les structures biologiques (humaines) suppose la délimitation de deux états relativement différents de manifestation de la lumière: l'état cosmique (physique) et l'état bio-psycho-logique (humain). À une sémiotique de la lumière revient implicitement l'obligation d'expliquer – que nous avons réalisé extensivement dans un autre contexte (St nciulescu, Manu, 2001) – les métamorphoses de la lumière dans son passage à travers les phases suivantes : — la lumière physique (naturelle), propre à l'état cosmique de la radiation lumineuse; — la biolumière (bioluminescence), spécifique à l'état biologique de l'existence vivante, généralement, et à l'état humain particulièrement; — la psycholumière (psycholuminescence), produite pendant l'activité psychique (affective, vollitive, intellectuelle) de l'être humain. Les trois niveaux de la réalité consignés par Stephane Lupasco (1960) – physique, biologique, psychique – se retrouvent ainsi dans l'horizon de la métamorphose: lumière biolumière psycholumière. Au carrefour de ces trois 178__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ horizons – dont on peut empiriquement relever la manifestation – on retrouvera ce qu'on peut appeler la lumière complexe. À la biophotonique revient ainsi la dignité d'être la discipline introductive à une science syncrétique de la lumière complexe, vouée à décrire – avec les instruments de la sémiotique – les multiples manifestations hiérarchisées du monde. En se définissant comme un tel principe ordonnateur, comme facteur actif dans la réalisation des métamorphoses par lesquelles le monde lui-même est défini, la lumière – en tant que dualité énergo-informationnelle – joue le rôle du langage unificateur. Du point de vue sémiotique, on retrouve dans ce contexte l'action d'une loi générale des systèmes complexes, que nous avons nommée la loi des métamorphoses circulaires (St nciulescu, 1999b). Celle-ci est fondée sur la suivante conclusion: ce qui est le signifié (le contenu informationel) dans les signes d'un système sousjacent représente le signifiant (le substrat substantiel-energetique) dans les signes du système suprajacent, etc. En récapitulant, on peut dire que la construction d'une sémiotique de la lumière complexe, d’un langage unificateur de la lumière (figure peut-être justifiée par le fait que: tout objet du monde a sa propre « lumière » matrice énergoinformationelle qui reflète dans un langage (bio)électromagnétique les particularités (bio)physiques caractéristiques à l'objet de référence (Guja, 1993); — dans le cas des « objets » biologiques, cette matrice définit ce qu'on pourrait, symboliquement, nommer « la lumière vivante », lumière biologiquement structurée (polarisée, cohérente, monocromatique etc.); — la lumière métamorphosée au niveau de l'organisme humain joue un rôle essentiel dans la fonction des mécanismes bio-psycho-logiques du langage, en assurant – parmi d'autres – la « communication sans paroles » (par la résonance / cohérence) établie entre les individus; — la lumière (toute l'échelle du spectre électromagnétique, en réalité) représente le contexte de la génération de certains champs énergo-informationnels unificateurs (socio-champs), spécifiques à la communauté humaine dans son ensemble. a) b) c) Figure 10. La lumière, langage archétypale unificateur: l’électronographie d’un(e): a) goutte d’eau; b) feuille; c) doigt humain. _______________________________________________________179 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Si on pourrait évidencier sans équivoque (avec les instruments de la technologie, par exemple) la présence des phénomènes et des processus envisagés dans les hypothèses formulées au-dessus, d'une part, et si on pourrait les expliquer avec les moyens rigoureuses de la science théorique (de la physique des champs, par exemple), d'autre part, le passage « de la lumière à l'illumination » ne représenterait plus seulement une métaphore, mais un processus de métamorphose objective, qui décrirait la genèse même de la connaissance humaine. En dépassant beaucoup des limites conventionnelles de la science acad Si on pourrait évidencier sans équivoque (avec les instruments de la technologie, par exemple) la présence des phénomènes et des processus envisagés dans les hypothèses formulées audessus, d'une part, et si on pourrait les expliquer avec les moyens rigoureuses de la science théorique (de la physique des champs, par exemple), d'autre part, le passage « de la lumière à l'illumination » ne représenterait plus seulement une métaphore, mais un processus de métamorphose objective, qui décrirait la genèse même de la connaissance humaine. En dépassant beaucoup des limites conventionnelles de la science academique, la science (sémiotique) de la lumière complexe commence déjà à accomplir une pareille tâche. Les voies de la connaissance créatrice: conclusions intégratives La sémiosis de la lumière apparaît maintenant comme un processus fondamental qui subordonne l'univers de la physiosémiosis même dans celui de la biosémiosis. (Deely 5-6) Une synthèse intégratrice permet de suivre le procès de compréhension de l'Ontos par le Logos en utilisant quelques corrélations suggestives visant « l'Unité Essentielle » de la connaissance humaine. En récapitulant, on pourrait dire que notre étude s'est proposé de formuler les hypothèses nécessaires pour suivre et atteindre les suivants objectifs: — esquisser un possible modèle théorique de « l'Unité Essentielle », où l'unité de monde se reflète implicitement dans l'unité de la connaissance humaine; — définir la correspondance entre ontos et logos par l'intermédiaire des « formes essentielles »; — mettre en évidence la présence des mêmes formes symboliques (signes), ayant la lumière en tant qu' archétype, dans des cultures ethniques différentes, réalité qui soutîent l'idée de l'unité spirituelle de l'homme de tous les temps et espaces; — interpréter la présence des « signes de lumière » comme l'effet d'une motivation symbolique, comme un résultat des multiples implications de la lumière dans la vie de l'homme historique; — constater que l'histoire des « signes de lumière » décrit l'histoire même de la connaissance humaine, en suivant le passage du type de connaissance éminemment intuitive, par l'intermédiaire du type expérientiel et holistique au type de connaissance rationnelle, éminemment analytique et expérimentale; — l'élaboration d'un critère taxonomique pour les principaux types de connaissance, formes de discours cognitif etc. catégories de disciplines 180__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ scientifiques associées (ethnologie, mythologie, théologie, esthétique, philosophie, sciences de la nature cosmique et humaine, sciences technologiques etc.), par rapport à la symbolique de la lumière; — récupérer (par l'intermédiaire d'une « herméneutique analytique ») des significations rationnelles cachées par la symbolique intuitive de la lumière, en réalisant un cadre de référence pour que la raison scientifique reconsidère des aspects ignorés ou négligés des pratiques archaïques; — valoriser d’une manière transdisciplinaire la méthodologie sémiotique, en tant que composante de la science de la complexité', pour laquelle la « sémiotique de la lumière » représente le noyau dur. En synthèse, on peut dire que récuperer l’histoire des archétypes de la lumière, c’est une démarche sine-qua-non pour définir la voie que l'homme devra suivre pour (re)devenir un être « visuel-visionnaire » (Shayegan, 1986), la voie de la connaissance synergique: Celle de l'intuition transpersonelle, personalisée par la raison créatrice... Bibliographie Constantinescu, Paul, Traian D., St nciulescu. « Resonance as a Principle of Universal Creativity. Photonic (Quantical) Hypothesis of Information-Energy ». Revista de Inventic . Ia i: 12, 1993. Deely, John. Basics of Semiotics, 1990. Trad. rom. Bazele semioticii. Bucure ti: All, 1997. Dumitrescu, Florin. Electronografia, metode electrografice în biologie. Bucure ti: Editura tiin ific i Enciclopedic , 1979. Eminescu, Mihai. Poeme / Poems, Romanian-English bilingual version, translated by Leon Levi chi and Andrei Banta . Bucure ti: Minerva, 1979. Guja, Cornelia (coordonator). Aurele corpurilor – interfe e cu cosmosul. 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Together with other more famous experts and promoters of the Romanian language and culture from abroad, like Paul Miron, Georges Bartouille, Jean Pierre Courriol – just to name a few, professor Louis Michel, the founder of the Romanian Language and Literature Department of Paul Valéry University in Montpellier, author of studies and articles of impressive erudition and eloquent feeling, dedicated to the Romanian language and literature, is worth remembering both as person and author. It is not just an act of justice and piety, but also an act of remembering and subsuming him, for his valuable work, into the historic and literary contemporary context. Keywords: French expert, promoter, Romanian language an culture, didactic and scientific concerns, historic and literary contemporary contexts. Rezumat Studiul de fa î i propune s evoce personalitatea profesorului, omului de tiin a i devotatului prieten al poporului român Louis Michel. Al turi de al i mai cunoscu ii exper i i promotori ai românisticii dincolo de hotarele României, precum Paul Miron, Georges Bartouille, Jean-Pierre Courriol, ca s numim doar pe câ iva, profesorul Louis Michel, întemeietorul Sec iei de Limb i Literatur român la Universitatea Paul Valéry din Montpellier, autor al unor studii i articole de o impresionant erudi ie i pilduitor sentiment, consacrate limbii i literaturii române merit s fie readus în actualitate ca om i autor. Nu este doar un act de dreptate i pietate, ci mai ales unul de aducere în actualitate i încadrat, cu deplin dreptate, pentru opera sa valoroas , în contextul istoric i literar contemporan. Cuvinte-cheie: expert francez, promotor, românistic , preocup ri didactice i tiin ifice, context istoric i literar contemporan. Il y a plusieurs savants et écrivains français qui en maîtrisant bien la langue roumaine, ils nous ont honoré avec leur amitié dévouée à travers des sentiments, des faits, de l’écriture etc. Grâce à leur liaison étroite avec la vie culturelle de Ia i, nous pouvons nommer les plus connus: Georges Bartouille, Jean-Pierre Courriol et Louis Michel, la mort duquel a été provoquée par un accident routier à Bucarest, Roumanie, le pays qu’il aimait visiter chaque année. Je l’ai connu à travers un volume anniversaire de 480 pages découvert dans nos bibliothèques où on lui rend hommage pour sa valeur en tant qu’individu, savant, personnalité civile et académique. Dans la table des matières du volume on trouve des études et des articles très diversifiés, qui sont étroitement liés aux préoccupations didactiques et _______________________________________________________183 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ scientifiques du professeur Louis Michel. Dans la deuxième partie de notre travail nous allons insister sur cela pour mettre en évidence l’érudition, la capacité analytique et le souffle d’émotion ce qui caractérisent le contenu du volume. Il est difficile de synthétiser et de systématiser le destin existentiel, dans sa structure biologique, morale et intellectuelle d’une personnalité riche et contradictoire. Sous le coup de l’émotion nous essayons de la déchiffrer. Né le 12 février 1913 à Uzès, le professeur Louis Michel appartenait à une famille fortement liée à la terre d’une région à la limite entre Languedoc et Provence. L’enfance et l’adolescence ont été empreintes, selon son propre aveu; d’un humanisme payant et d’une riche et originale culture artistique populaire. Il a d’ailleurs lui-même évoqué, à maintes reprises, avec les dons du mémorialiste né, l’atmosphère de gaieté exubérante des premières années de sa jeunesse méridionale; il se rappelait les courses de taureaux auxquelles il a plusieurs fois participé, les « farandoles » dans les places de la ville, le souffle du mistral dans les pins, le chant « enivré » des cigales dans les nuits argentées par la lune. Il a fixé, du même ton participatif, dans ses souvenirs, la figure des habitants de cette région de conte, qui pourrait facilement être prise pour un autoportrait: traditionaliste, aimant la vie qu’il concevait vivre dans toute sa plénitude et tout son charme, connaissant et appréciant le mot. « Le Bas-Rhodanien Louis Michel, écrivait-il, adore parler, et les mots chez lui entraînent la pensée ». C’est a u m o t , à son étude, qu’a destiné le Bas-Rhodanien Louis Michel, son existence et sa carrière. Après le lycée à Uzès et à Montpellier, il fut étudiant à la Faculté des Lettres de Montpellier, où il acquit une licence de Lettres Classiques, complétée, quinze ans plus tard, par une licence de Portugais. Le professeur Marcel Gramont 1 a éveillé sa passion pour les langues. Le plaisir presque sensuel de les apprendre et d’interpréter leurs formes. À la linguistique, le professeur Louis Michel est resté fidèle jusqu’au bout. La science, comme la vie, est avant tout, un a c t e d e f o i. Professeur de lycée pendant plus de vingt ans, Louis Michel est invité, en 1 9 6 0, comme maître de conférences à la Faculté des Lettres de Montpellier, où il devient, quatre ans plus tard, professeur titulaire et chef de la chaire de phonétique et dialectologie. Dans l’hétérogénéité des préoccupations de cet esprit complexe – on dirait un autre Paul Miron2, mais pas autochtone, cette fois – qui, en liant l’enthousiasme à la lucidité, possédait une vaste et rigoureuse formation intellectuelle, dans laquelle la linguistique, la philosophie et la connaissance de toutes les langues romanes (l e r o u m a i n é g a l e m e n t) occupaient des places égales par 1 Le culte du professeur Louis Michel pour son maître est évoqué par le linguiste J. S t e f a n i n i le long d’un article du volume y présenté (À propos d’un cours de F. de Saussure) où il discute un cours de grammaire comparée du gothique, de F. de Saussure, transmis, en manuscrit, par Maurice Granmont à son disciple préféré, et gardé pieusement par celui-ci. 2 Voir Silvia Ra cu-Pistol, Gina Nimigean, Ludmila Brani te. „Paul Miron. In memoriam.” Alloquor – Studia Humanitatis Iassyensia. Ia i. 1-2 (2008), pp. 281-288. 184__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ rapport à la culture artistique, littéraire, musicale, quelques constantes peuvent être identifiées de façon évidente. L’une d’elles tient à la passion pour l a d i a l e c t o l o g i e, domaine de choix du chercheur, domaine qu’il a considéré comme point de convergence de toutes les connaissances sur les sons et les mots. Les nombreuses études consacrées aux parleurs du Sud de la France, connus dans la profondeur et l’originalité de leurs particularités, nous prouvent que le professeur Louis Michel a v é c u les problèmes de dialectologie dans toute leur complexité. Entre celles-ci il faut placer l’ample travail dédié à la Langue des pêcheurs du golfe du Lion3, présenté comme thèse principale de doctorat à la Sorbonne, en 1960. Afin de pouvoir le réaliser, il a vécu des mois et des années près des hommes de la mer, possesseur, comme il était, de cette faculté rare de savoir s’identifier à eux, de s’approprier leur manière de vivre, et de les prendre dans leur identité matérielle et spirituelle. Il était de ces dialectologues qui ne se bornent jamais à un questionnaire ou à une aire linguistique d’enquête. Derrière les mots il cherchait, avec un sens philologique rare, un m a t é r i e l h u m a i n. Le volumineux Atlas linguistique du Languedoc-Roussillon, qui se trouve dans son premier volume, sous presse, est l’œuvre d’un homme de science, qui, en découvrant sa vocation, a très tôt saisi le rapport dialectique entre l’acte de vie, le fait de langue et l’obligation morale de le revivre par l’investigation. En tant que professeur, il a manifesté une compréhension supérieure pour les étudiants, un humanitarisme reconnu pour ceux qui l’entouraient, une grande disponibilité pour le dialogue. Il s’est consacré, avec une noble joie, aux autres, conscient qu’un jour on ne vit plus que par eux. Le professeur Louis Michel fut aussi un animateur infatigable. Sa chaire de phonétique et dialectologie rayonnait dans les directions les plus diverses: l a n g u e s r o m a n e s, a s i a t i q u e s aussi bien que langues a f r i c a i n e s. Après avoir soutenu le développement des recherches lusitaniennes, il a fondé, en 1 9 6 3, à l’Université Paul Valéry de Montpellier, la section d e l a n g u e e t l i t t é r a t u r e r o u m a i n e s, devenue, sous sa direction, un des centres les plus puissants de connaissance de la langue, de la civilisation, de la culture et de la littérature du peuple roumain. Pour tout ce qu’il a fait, dans sa qualité reconnue, de messager de l’amitié et de la solidarité humaine et intellectuelle, l’État roumain lui a accordé, en 1 9 6 9, la haute distinction du M é r i t e c u l t u r e l première classe, et l’Université de Bucarest l’a élu d o c t e u r h o n o r i s c a u s a dans l’automne de 1975; très peu après, un accident stupide d’automobile mettait fin à sa vie. Il reste beaucoup à dire afin de pouvoir comprendre le professeur Louis Michel comme destiné individuelle. Nous ne nous sommes pas proposés de réaliser une description détaillée; notre but était de détacher certaines marques 3 Louis Michel. Langue des pêcheurs du golfe du Lion, Paris: Éditions d’Artrey, 1964, p. 225. _______________________________________________________185 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ distinctives essentielles, sur une échelle de valeurs de l’h u m a i n et du spirituel. * * * En ce qui concerne le volume Mélanges à la mémoire du professeur Louis Michel4 nous observons que des savants, des chercheurs et des professeurs français et roumains, plus jeunes ou plus âgés, avouent ouvertement leur option pour un thème ou un autre de leur investigation, déterminée non seulement par un intérêt strictement scientifique mais, à la fois, par un fort mobile affectif. C’est ce que fait l’académicien roumain Iorgu Iordan, dans l’introduction à son étude, Observations sur le lexique piscicole roumain, quand il déclare: ce qui m’a déterminé d’aborder ce thème c’est, en premier lieu, l’intérêt qu’il présente du point de vue strictement scientifique, sous son aspect plutôt théorique. En même temps, il m’a attiré affectivement. Je ne pouvais pas oublier que mon très regretté ami Louis Michel, à la mémoire duquel est destinée ma modeste contribution, s’est fait connu comme un remarquable linguiste par un ouvrage consacré à un sujet identique du domaine galloroman. (Mélange 293) C’est en même temps ce que fait, entre beaucoup d’autres, le professeur, dans Marcel Barral de l’Université Paul Valéry de Montpellier, dans son excellent travail, Les mots arabes ou d’origine arabe dans Tartarin de Tarascon: c’est en évoquant et en gardant à l’esprit le souvenir de Louis Michel, mon vieil ami et mon collègue de l’Université, que j’ai entrepris et écrit cet article sur un aspect du vocabulaire d’Alphonse Daudet dans Tartarin de Tarascon. J’ai pensé que, pour honorer sa mémoire dans ces Mélanges, une étude de vocabulaire répondait bien à ce qui a été l’une de ses préoccupations de chercheur. Louis Michel, philologue, s’intéressait aux mots, à leur origine, à leur évolution, à leurs transformations, dans leur forme et dans leur sens. Et aussi à leur emploi dans les textes. Sa thèse complémentaire sur le Langage méridional dans L’œuvre d’Alphonse Daudet (1961) est, en grande partie, consacrée aux mots. (Mélanges 63) C’est donc la pensée et le sentiment qui ont été à la base de cette ample œuvre collective, qui devient, comme intention et réalisation, la synthèse d’une individualité. À l’étude pertinente de l’académicien Iorgu Iordan, qui partant du lexique populaire, met en évidence le fait que la terminologie piscicole roumaine possède un riche fond latin, auquel on a ajouté, le long du temps, des emprunts étrangers, slaves surtout, il faut ajouter d’autres, consacrés toujours « à la mer, porteuse de mots », telle que la considérait le professeur Louis Michel. André Campan (Nice) signe Recherches comparatives sur certains noms d’animaux marins en 4 Mélanges à la mémoire du professeur Louis Michel, Montpellier-France, 1979. 186__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ Monégasque et en Nissart, une démonstration convaincante par la variété et l’interprétation nuancée des exemples, de l’existence de la structure lexicologique semblable, le long du littoral méditerranéen, en ce qui concerne la faune marine et le révérend Luis Frolla (Monaco) s’occupe du Parler de Monaco comparé à celui de Gênes, une autre illustration de la parenté linguistique entre le parler génévoix et le parler monégasque, à la suite d’anciennes relations maritimes entre deux ports. C’est toujours a u x m o t s que sont destinées les « notes » érudites de Jean Dufournet (Paris), Premières notes sur le bestiaire de Villon, dédiées « à la mémoire de notre cher Louis Michel; ce fils de la garrigue que fascinait la mer (il se plaisait à citer l’Agamemnon d’Eschyle: « Il y a la mer … et qui l’épuisera ») et qui aimait toutes les formes de la nature qu’il ne cessait d’observer patiemment » (Mélanges 167), tout comme l’article moderne, par les méthodes utilisées, de JeanLouis Fossat (Toulouse), Les parties du cochon et la sensibilité alimentaire en Gascogne, qui se propose d’apporter des éclaircissements dans un domaine encore peu connu, celui « des conduites et des comportements alimentaires d’une population ». (Mélanges 185) Dans la lignée des investigations scientifiques du professeur Louis Michel, qui a donné le long de plusieurs années un cours d’orthophonétique à la Faculté de Médecine de Montpellier, il faut noter les études d’André Bothorel (de l’Institut de phonétique de Strasbourg), La cavité pharyngale: configuration et variation dans la chaîne parlée, de Pièrre-René Leon (Toronto) La socialisation d’une émotion: de la colère à la voie impérative, un vif débat autour « des émotions, qui ont toujours occupé une place importante dans la recherche de l’expressivité vocale » (Mélanges 311), ou encore celle de Denis Autessere et Michelle Bohé, Phonétique et prothèses vélo-palatines, qui abordent ensemble un thème chez leur maître disparu, « L’aspect pathologique de la phonation dû en particulier à une déficience vélaire ». (Mélanges 39) C’est toujours sous la forme d’un hommage scientifique posthume que se présentent les contributions consacrées à des problèmes de folklore roumain, domaine pour lequel, le professeur Louis Michel a manifesté un intérêt soutenu et une haute appréciation due à un art authentique et profond. Jacques Bouet (Montpellier) formule, dans son intervention, Problématique de la recherche dans le domaine de la littérature populaire dacoroumaine d’expression dialectale, les conditions auxquelles doit correspondre un chercheur « puisque la traduction orale roumaine soit plausible » (Mélanges 119), D. Pop (Cluj – Roumanie) s’occupe de manière théorique de la ballade (Quelques considérations sur la ballade populaire roumaine). L’émotion se fait sentir aussi dans les études destinées au problème de la latinité du roumain, objet également des préoccupations du linguiste Louis Michel. Le professeur Alex. Miculescu de Bucarest, Roumanie écrit des pages denses sur la Romanité roumaine, rédigées, comme une démonstration vivante, en roumain, et V. A r v i n t e, de Ia i – Roumanie, soumet à la critique du spécialiste des faits de langue, afin de démonter pourquoi le roumain est le seul à garder, avec son sens _______________________________________________________187 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ ethnique, le mot latin R o m a n u s (Les Roumains sont les seuls à conserver le latin Romanus). Traducteur et interprète de nombreuses œuvres littéraires roumaines, le professeur Louis Michel s’est dirigé, en tant que chercheur, vers le vaste domaine où se manifestent les mentalités et les goûts humains: celui de l’élaboration artistique. L’a r t d u m o t témoigne avec la même force de conviction que la s c i e n c e d u m o t les immenses possibilités d’expression de la condition humaine. Les recherches sur le phénomène littéraire trouvent, donc, pleinement leur place à l’intérieur de ce volume: celles qui, par l’approche historique et le jugement axiologique de certains écrivains représentatifs de la littérature roumaine, comme M. Sadoveanu (G. I s t r a t i, Ia i, Les morts commandent aux vivants), G. Bacovia, avec sont art placé de façon originale dans l’ensemble du symbolisme européen (C. C i o p r a g a, Ia i, Fragments sur G. Bacovia), Hortensia PapadatBengescu (N. C r e u, Ia i, La poétique du « masque » dans les romans de Hortensia Papadat Bengescu) ou celles qui, par la méthode comparatiste illustrent les traits spécifiques d’un courant littéraire (A. M a c o v e i, Ia i, L’originalité du romantisme roumain) et le timbre particulier de certains grands artistes (I. A p e t r o a i e, Ia i, Deux poètes roumains: Eminescu et Bacovia). Il nous est impossible de nommer, dans le cadre restreint que nous nous sommes proposés, tous les 42 travaux qui constituent le volume. Notre but a été de mettre en évidence, à l’aide de quelques illustrations, la charge affective qui, à coté du potentiel intellectuel, donne de l’unité la diversité des problèmes abordés. L’affectivité n’est en rien nuisible à la communication des vérités scientifiques. On la sent enrichir et animer les idées même dans les études les plus érudites et les plus abstraites par la nature des sujets, comme celle du professeur G. I v n e s c u (Ia i – Roumanie), Sur la notion de neutralisation en linguistique, de H. G u i t e r (Montpellier), Critique et limite d’une méthode, ou de J. G o u d e t (Lyon), La dérive des structures. L’effet de cet élément affectif, infus dans la structure de toutes les contributions d’une haute tenue scientifique du volume d’hommage, se fait remarquer non seulement dans la « solidarité » des auteurs avec le sens des textes, mais aussi dans la communion qui s’établit avec les lecteurs; et c’est ce qui nous fait comprendre pourquoi, à l’honneur de l’amitié pour un homme, s’ajoute, par sa disparition, l’effrayante solennité du malheur. Bibliographie Michel, Louis. Langue des pêcheurs du golfe du Lion. Paris: Éditions d’Artrey, 1964. Ra cu-Pistol, Silvia, Gina Nimigean, Ludmila Brani te. „Paul Miron. In memoriam.” Alloquor – Studia Humanitatis Iassyensia. Ia i. 1-2 (2008), pp. 281-288. 188__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ Transformations spirituelles reflétées dans l’œuvre de Camil Petrescu Odette ARHIP Université des Sciences écologiques Bucarest, Roumanie Cristian ARHIP Université « Alexandru Ioan Cuza » Ia i, Roumanie Abstract We assert the meagreness of an attempt to analyse Camil Petrescu’s work, especially his novels, only in terms of Marcel Proust’s, André Gide’s, Stendhal’s influence and that of other foreign writers, or as consequence of an arhitypal reading-grill. Although, generally speaking, the attempts to associate literature with a mythical source are notorious, modern people continue to transcende the historic moment in order to run into mythic time. For that purpose, we identify and we suggest Don Quijote arhitypal field which can be concluded in Camil Petrescu’s novels. Both the author and his character Ladima are arhitypal doubles of Cervantes’ hero. They all wish to reestablish man’s primary, absolute state by rooting out madness or bluntness which lead the institutions and the human actions. Like Don Quijote, Camil Petrescu’s character is an European citizen, presented as a model, and who is under the sign of reason, conscious discussion and quest of truth. Furthermore, both characters are incapable to correctly interpret the reality and they do relate only with a self-achievement through an ideal love. Every ugly or hideous thing in their proximity is rejected. Not lastly, Camil Petrescu’s characters and Cervantes’ hero attest the tragic axiom: heroism stands for the simple believer. Keywords: mith, arhetype, hero, truth, utopia, idealism. Rezumat Afirm m insuficien a interpret rii operei lui Camil Petrescu, în special a romanelor sale, prin prisma influen ei lui Marcel Proust, A. Gide, Stendhal i a altor scriitori, ori ca o consecin a grilei de lectur psihanalitice. De i încerc rile de a uni, în general, literatura cu o surs mitic sunt notorii, în continuare, omul modern transcende momentul istoric pentru a reg si timpul mitic. În acest sens, identific m i propunem un câmp arhetipal Don Quijote. Atât autorul, cât i personajul Ladima sunt dubluri arhetipale ale eroului din opera lui Cervantes. Ace tia doresc s reinstaureze starea primordial a omului, eradicând nebunia sau prostia ce guverneaz ac iunile umane i institu iile. Asemeni lui Don Quijote, eroul lui Camil Petrescu este un european-model aflat sub semnul ra iunii, al discu iei temeinice i al c ut rii adev rului. De asemenea, ambii eroi sunt incapabili s interpreteze corect realitatea i se raporteaz numai la o împlinire prin iubirea ideal , utopic , tot ceea ce este hidos fiind refuzat. Nu în ultimul rând, prin conduita prob , eroii romanelor i cavalerul lui Cervantes confirm axioma tragic : eroismul e credul. Cuvinte-cheie: mit, arhetip, erou, adev r, utopie, idealism. Introduction Au-delà des influences fréquemment mentionnées de Marcel Proust, André Gide et Stendhal sur Camil Petrescu, il y a aussi d’autres coutumes pour sa réception littéraire: l’intellectuel lucide, le style anticalophile ou la grille de lecture _______________________________________________________189 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ psychanalytique. On essaie d’identifier et d’argumenter l’existence d’un champ mythique archétypal dont on n’a pas beaucoup entendu parler. On soutient les points de vue de Mircea Eliade et Gilbert Durand comme que le mythe « raconte une histoire sacre »1 et, quoi que soit le contexte, vise à créer une histoire2. De manière géniale, Nietzsche avait vu – contrairement à ses successeurs – le fait que le mythe qui constitue la pensée grecque est représenté par la narration de l’antagonisme entre les forces apolliniennes et les forces dionysiennes. Le modèle européen On se propose de mettre face à face l’œuvre de l’écrivain roumain avec des autres appartenant à la littérature universelle. Une telle œuvre, de valeur et notoriété incontestées, est celle de Don Quichotte, œuvre qui, avec le temps, a eu le privilège des interprétations célèbres (Unamuno, José Ortega Y Gasset etc.)3. On connaît déjà le fait que l’écrivain roumain lui-même a eu un comportement et une attitude de Don Quichotte pendant toute sa vie, de la même manière dont son héros, Ladima, semble être un double archétypal du personnage de Cervantes. Concrètement et succinctement, l’œuvre, qui a comme héros le chevalier de La Manche, est cataloguée par Ortega Y Gasset «équivoque », à la limite entre parodie et gravité. Le personnage principal est un « Christ gothique, déchiré par des angoisses modernes »4. Le chevalier voyageur est considéré un modèle européen, se trouvant sous le signe de la raison, du sérieux discours et la recherche de la vérité. Dans ses discours on peut retrouver les grandes idées du rationalisme renaissant: Shakespeare, Francis Bacon, Giordano Bruno, etc. Le héros souhaite le retour à l’état primordial de l’homme, mettant fin à la folie du monde et ressuscitant la sagesse. L’ensemble des aventures du chevalier, aussi ridicules que grandioses, s’affirme comme une métaphore de l’humanité qui lutte pour transformer le rêve paradisiaque en réalité, oscillant entre comique et tragique, accomplissement et désastre, solutions et paradoxe5. 1 Cf. Eliade, Mircea. Sacrul i profanul, Bucure ti: Humanitas, 1992. Cf. Durand, Gilbert. Structurile antropologice ale imaginarului, Bucure ti: Univers, 1991. 3 Miguel de Unamuno a étudié pendant 40 ans le phénomène Cervantes; Cf. Miguel de Unamuno. Viata lui Don Quijote si Sancho, Bucure ti: Univers, 1973. 4 Cf. Ortega y Gasset, J. Meditatii despre Don Quijote, Bucuresti: Univers, 1973. 5 « Le héros se meut délibéré dans des dimensions et intensités extrêmes, de sorte qu’il provoque et entretient la tension maximale de son évolution dans ce cadre comportemental dont il s’y avait imposé. Ainsi, il joue aussi son rôle après un scénario de roman authentique, où la tension maximale se trouve entre les limites d’une liberté minimale. » Cf. Nimigean, Gina, Brani te, Ludmila. Romanul courtois în avatarurile sale, in Intertext, no. 3-4/2009, pp. 164-177. 2 190__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ Applications sur les personnages de Camil Petrescu L’énoncé, qui commence la perspective donquichottesque, appartenant à Fred Vasilescu, est un fragment de monologue intérieur survenu au moment où le héros découvre l’intention de Ladima de se suicider: « Dans mon crâne bougent les ailes d’un moulin à vent ». Fred s’aperçoit que Ladima a laissé une lettre d’amour pour madame T. Cette lettre, qui contient aussi des accents dramatiques que lucides, nous permet à percevoir Ladima comme l’individu aboulique qui, proche de sa mort, commence à avoir une pensée saine: pendant sa vie remplie de ridicule, il n’aurait pas dû aimer Emilia mais madame T. Son geste est significatif et fait preuve que le poète est comme un héros donquichottesque étant donné que le célèbre hidalgo vit de manière irrationnelle et finit par être quelqu’un avec une pensée très claire et saine. Tudor Vianu l’affirme décidément: « Une importante signification est liée à l’épisode final de l’histoire de Cervantes. Don Quichotte vit comme un fou et meurt comme un homme avec une raison saine, reconnaissant ses longtemps erreur et errance. Son retour au bon sens a lieu seulement quand le ressort vital se rompt. »6. On se trouve devant une représentation archétypale de la mort comme panacée du bizarre trouble mental. Continuant le fil logique des faits, on peut nuancer une autre représentation, celle de la femme aimée, mais qui ne le connaît pas. Aussi Dulcineea del Tobosso que madame T. peuvent parfaitement s’encadrer dans le topos « elle ne sait pas qu’elle ne sait pas ». L’opinion se retrouve chez Miguel de Unanumo: « Et après ça il cherche la femme à aimer. L’image d’Aldonza Lorenzo, la jeune et très belle paysanne dont il avait été amoureux, bien que la fille ne l’eût jamais su ou remarqué, devint pour lui l’image de la Gloire et la nomma Dulcineea del Toboso »7. vitant le « vraie » amour et la consommation de l’éros, Ladima, aussi que Don Quichotte, ont « une réaction défensive pour que le personnage soit au moins protégé de l’échec de l’idéal, sinon de celui total du réel »8. D’où provient plus exactement la symétrie don Quichotte-Ladima? Les crises de la notion du réel sont remplacées par un idéal. Quichotte est méfient de la perspective du présent qui s’affiche devant lui et s’imagine une vision utopique du monde. De manière subjective, le noble hidalgo crée un monde par son propre point de vue, se défiant des réalités du présent. Les mêmes éléments se retrouvent dans la situation de Ladima. Ignorant le fait que la Roumanie de ses temps passait par une période d’augmentation du capital, il croit avec certitude que la récession économique est un faux problème et l’état de la crise est dû à l’évasion fiscale menée par les potentats de l’époque. Il écrit un article intitulé «La mauvaise circulation » dans lequel il montre comment une poignée de gens ont accumulé des grosses fortunes, défavorisant la plupart de la population. Par conséquent, il fait 6 Vianu, T. Cervantes, Bucure ti: ESPLA, 1955, p.34. Miguel de Unamuno, op. cit., p. 168. 8 Florica Bodi tean. Don Quijote i fic iunea iubirii, en vol. International Symposium “Research and Education in an Innovation Era”, 3rd Edition, november 11-12, Arad: Editura Universit ii „Aurel Vlaicu”, 2010, p. 148. 7 _______________________________________________________191 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ inconsciemment du mal à Nae Gheoghidiu, le patron du journal « Veacul » / « Le Siècle ». Ladima croit dans des principes économiques qui sont valides seulement dans le plan théorique. Les deux utopistes se rencontrent dans les faits d’essence. Pour eux, toutes les femmes doivent porter une beauté distincte, tout ce qui signifie laid ou hideux étant à priori rejeté et considéré comme inauthentique. « Création du Moyen Âge, l'amour délicat et raffiné de la littérature de cour - celui de la poésie et des romans chevaleresques - est une révolte contre la réalité dominante par une fiction harmonieuse et élégante »9. La laideur est substituée par l’imaginaire de la beauté absolue. Ainsi, dans une expression de délire, Ladima croit que la triviale Emilia serait appropriée comme modèle idéal pour les maîtres de la peinture flamande: « Ah, et une épouse, une épouse ronde, blanche comme toi, avec des grands yeux verts, pleine de vie, brillant de pureté et de santé… comme un modèle de Titien, comme est Lavinia ou Emilia, préparant le thé… Avoir des pantoufles douillettes… Voilà… Voilà ce que je rêve. ». 10 Selon leur optique, la beauté éclatante de la femme doit être accompagnée d’une moralité à mesure. Dans son périple chevaleresque, les premières deux personnes rencontrées par don Quichotte sont deux prostituées qui, selon ses principes déformés, lui apparaissent comme les plus magnifiques créatures. Ladima fait preuve de la même absurdité, Emilia lui semblant être une créature séraphique qui vit dans une chambre brillante, pleine de pureté et de la lumière, quand, en fait, sa pièce est plus ou moins un bordel semi-clandestin. Le beaucoup plus lucide Fred Vasilescu consacre cette vérité: « Ici tu peux venir, mais quand tu finis, il faut laisser une pièce de monnaie en-dessous du cendrier, sur la table de nuit, et partir inquiet de laisser rien compromettant sur place » 11 . On remarque la même bravoure chez Ladima qui, sur la terrasse du restaurant « Movila », condamne à l’instant tous les outrages de Fred Vasilescu, malgré le fait que le second était reconnu comme un boxeur redoutable. C’est pas les lions qui peuvent vaincre le noble hidalgo, sinon des pauvres chats qui le griffent et le mordent, en le couvrant de ridicule. Dans ce cas, le verdict d’Unamuno nous fait découvrir une nouvelle représentation ayant de la valeur archétypale: le fait insignifiant, apparemment inoffensif, peut en fait devenir une chose fatale. Les êtres qui sont très petits et anodins, peuvent créer encore plus de désastres. Il faut se souvenir que Ladima est vraiment obsédé par un vers appartenant à Rimbaud: « Des serpents géants dévorés par des punaises ». Par leur conduite, les deux héros confirment un axiome tragique: l’héroïsme est naïf. La dernière représentation archétypale commune est constituée par ce qu’Unamuno lui-même appelle « le plaisir de la défaite ». Chaque fois quand Ladima et Don Quichotte se sentent vaincus et humiliés, ils commencent à 9 Florica Bodi tean. Condi ia femeii în literatura medieval , en vol. Cultur i comunicare în spa iul unitar european, coord. Nimigean, Gina, Brani te, Ludmila, Ia i: Editura Universit ii „Alexandru Ioan Cuza”, 2010, p. 33. 10 Camil Petrescu. Patul lui Procust, en Opere, I-V, Bucure ti: Minerva, 1973-1982, p. 140. 11 Ibidem, p. 94. 192__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ déclamer des vers appartenant aux divers auteurs ou des poésies créées par euxmêmes: « Et pendant que Don Quichotte gisait sur la terre, il trouva sa délivrance parmi les faits de ces livres, de la même manière dont on trouve notre refuge au milieu des histoires de nos livres. Il commença à rouler dans la poussière et à réciter des vers, chose qu’on doit considérée comme un plaisir dans la défaite et une métamorphose en substance chevaleresque ». En fait, en ce qui concerne Ladima, il ne s’agit pas de la déclamation des vers, sinon de leur création et inclusion dans des lettres désespérées, aspect qui ne modifie pas beaucoup les dates du problème. Et, si on accepte que le caractère de Camil Petrescu a beaucoup de choses en commun avec celui de Don Quichotte, alors, conformément à la théorie du pluri-perspectivisme de Tudor Vianu, G. Calinescu et N. Manolescu (ce qu’on considère en fait un glissement archétypal), on peut trouver d’autres personnages ressemblant au héros ibérique. Il y a des moments dans la vie de chaque personne où, accablé des inquiétudes et des pensées obscures, on vit le sentiment bizarre de la mort qui nous entoure. Malgré le statut social atteint ou l’état psychique vécu, le néant nous fait le tour. L’effroi, l’angoisse de Martin Heidegger, te fait plus sage et plus lucide, en te menant vers la connaissance intime de certaines vérités. Déchiffrant les mystères de la mort, Ladima arrive à se connaître mieux en défoulant cette troublante révélation dans les méandres de son journal. Ce type de connaissance substantielle fait aussi creuser l’esprit d’Unamuno lorsqu’il analyse les accès de mélancolie (apparemment) injustifiés de Don Quichotte. Enfin, une dernière remarque: les « bretteurs » de Camil Petrescu évitent à luter contre ceux qui ne connaissent pas les règles de ce jeu de l’honneur et de la mort. Celui qui réussit à mieux synthétiser cette idée est l’officier prussien acceptant le dialogue avec Nae Gheorghidiu sur l’art de porter une guerre. Parce que l’armée roumaine est celle qui ne sait rien sur les normes de la guerre, la note d’ironie avec une teinte sarcastique doit être de nouveau prise en compte: « Nous, les allemands, on aime beaucoup le duel. Nous, les prussiens surtout, tous on a des coupures… Eh bien, on a une sorte de proverbe: Il ne faut pas se battre en duel avec quelqu’un qui ne sait pas du tout comment le faire car il est très dangereux. »12 L’ignorance, doublée parfois d’arrogance, est beaucoup plus périlleuse que tout adversaire d’un tournoi. C’est une leçon que Don Quichotte apprend depuis les livres qu’il porte tout le temps sur lui: « Cher lecteur, il ne faut pas parler avec les gens qui n’ont pas été nommés chevaliers ou ceux qui n’ont pas comme toi la lumière de la pensée, mais la reçoivent d’autre part. Dis ton mot, suis ton chemin et laisse-les à le ronger jusqu’à l’os. »13 Celui-ci représente, de notre point de vue, le mythe de Don Quichotte reraconté par Unamuno et qui métamorphose dans un champ archétypal les romans de Camil Petrescu. On a considéré l’étude critique du penseur espagnol un repère certain car, tout le temps, on a tenu compte de l’idée de Mircea Eliade: « Unamuno 12 13 Camil Petrescu. Ultima noapte de dragoste, prima noapte de r zboi, ed. cit., p. 313. Miguel de Unamuno. op. cit., p. 143. _______________________________________________________193 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ est le seul espagnol à avoir réussi à donner une nouvelle interprétation, ibérique, sur l’idéalisme, en transformant une philosophie dans un mythe. » 14. Une telle analyse sur Camil Petrescu le met dans un nouveau cadre qui ne souligne pas seulement les influences étrangères, les pluparts françaises, mais surtout la source mythique d’inspiration. Par l’intermède de l’éducation, la lecture et le spectacle, l’homme moderne Camil Petrescu quitte son temps historique pour retrouver le temps mythique des héros et gestes exemplaires. Bibliographie Doty, W. G. Mythography. The Study of Myths and Rituals: University of Alabama Press, 1986. Durand, Gilbert. Aventurile imaginii. Imagina ia simbolic . Imaginarul, Bucure ti: Nemira, 1999. - - -. Structurile antropologice ale imaginarului, Bucure ti: Univers, 1991. Eco, Umberto. Lector in fabula, Bucure ti: Univers, 1991. Eliade, Mircea. Insula lui Euthanasius, Bucure ti: Humanitas, 1993. - - -. Sacrul i profanul, Bucure ti: Humanitas, 1992. Le Goff, J. Imaginarul medieval, Bucure ti: Meridiane, 1991. Gunn, J. V. Autobiography: Towards a Poetics of Experience, Philadelphia: Philadelphia University Press, 1982. Ortega y Gasset, J. Medita ii despre Don Quijote, Bucure ti: Univers, 1973. Ricoeur, Pierre. Oneself as Another, Chicago: University Press of Chicago, 1992. Rougemont, D. Iubirea i Occidentul, Bucure ti: Univers, 1987. Unamuno, Miguel de. Via a lui Don Quijote i Sancho, Bucure ti: Univers, 1973. Vianu, T. Cervantes, Bucure ti: ESPLA, 1955. Zamfir, M. Imaginea ascuns . Structura narativ a romanului proustian, Bucure ti: Univers, 1976. Bodi tean, Florica. Condi ia femeii în literatura medieval , en vol. Cultur i comunicare în spa iul unitar european, coord. Gina Nimigean, Ludmila Brani te, Ia i, Editura Universit ii „Alexandru Ioan Cuza”, 2010, pp. 31-35. Bodi tean, Florica. Don Quijote i fic iunea iubirii, en vol. International Symposium “Research and Education in an Innovation Era”, 3rd Edition, november 11-12, Arad: Editura Universit ii „Aurel Vlaicu”, 2010, pp. 141-154. Nimigean, Gina, Ludmila Brani te. Romanul courtois în avatarurile sale, en Intertext, no. 3-4/2009, pp. 164-177. Oisteanu, A. Duelul la români de la Dimitrie Cantemir la Lucian Blaga, en România literar , no. 21/2005. Petrescu, Camil. Opere, I-V, ed. par Al. Rosetti et Liviu C lin, Bucure ti: Minerva, 1973, 1979, 1981, 1982. Petrescu, Camil. Note zilnice, Bucure ti: Cartea Româneasc , 1975. 14 Eliade, Mircea. Insula lui Euthanasius, Bucuresti: Humanitas, 1993, p. 217. 194__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ Le groupe Ikona et la peinture ecclésiastique orthodoxe contemporaine Vasile TUDOR, Carmen TUDOR Université « Alexandru Ioan Cuza » Ia i, Roumanie Abstract Group Ikona members are teachers at Theological Faculties with departments of Ecclesiastical Art in Russia, Bulgaria, Greece, Serbia and Romania. The initiative to set this group up belongs to Prof. Dr. Georgios Kordis from the Faculty of Orthodox Theology, Univ. of Athens. Members began their activity in Thessaloniki, Greece in May, 2009, with International Iconographical Art Symposium. Symposia followed in Ia i, in November 2009, Sankt Petersburg, in October 2010 and New Valamo, Finland, in May 2011. The purpose of these meetings is to continue and to enrich the tradition of Byzantine painting. Keywords: Ikona group, symposium, art, orthodox church, icon, byzantine painting, tradition, technical execution. Rezumat Membrii grupului Ikona sunt cadre didactice la Facult ile Teologice care au departamente de Art Eclezial în Rusia, Bulgaria, Grecia, Serbia i România. Ini iativa constituirii acestui grup a avut-o profesorul i doctorul Georgios Kordis, de la Facultatea de Teologie Ortodox , Univ. Atena. Activitatea membrilor a debutat la Tesalonic, Grecia, în mai 2009, cu un Simpozion Interna ional de Art Iconografic . Au urmat simpozioanele de la Ia i, în noiembrie 2009, Sankt Petersburg, în oct. 2010 i New Valamo, Finlanda, în mai 2011. Scopul acestor întâlniri este de a continua i de a îmbog i tradi ia picturii bizantine. Cuvinte-cheie: grupul Ikona, simpozion, art , biserica ortodox , icoan , pictur bizantin , tradi ie, execu ie tehnic . L’initiative de constituer ce groupe appartient à M. le Professeur dr. Georgios Kordis, enseignant de la Faculté de Théologie Orthodoxe, Université d’Athènes, Grèce. Vu qu’il a soutenu dans de nombreux pays de la zone chrétienne orthodoxe des Master Class, il a connu des enseignants des Facultés Théologiques qui avaient des sections d’Art Ecclésiastique. Le Groupe Ikona a pour objectif la recherche, la conscience et la continuation du système byzantin avec des lois concrètes et principes gouvernés par une raison intérieure. L’inventaire de ces principes est le premier degré de l’enseignement de l’art de la peinture des icônes, principes qui ne se modifient pas dans le temps. Le style des icônes est variable d’une école à l’autre, d’un peintre à l’autre et ce caractère variable du style est celui qui a transformé l’histoire de l’iconographie orthodoxe. Une fois que l’on inventorie le problème de la peinture orthodoxe contemporaine, par les symposiums organisés dans différents pays de tradition byzantine, le Groupe Ikona désire avoir un dialogue entre ses membres et les invités. Entre le 18 mai 2009 – le 23 mai 2009, s’est déroulé le Symposium International d’Art Iconographique du Groupe Ikona, organisé par la Faculté de _______________________________________________________195 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Théologie Orthodoxe de Thessalonique, Grèce. A cet événement ont participé des enseignants de Russie, Bulgarie, Grèce, Serbie et Roumanie. Le suivant symposium s’est déroulé à Ia i, entre le 16 novembre 2009 – le 20 novembre 2009, à l’initiative de la Faculté de Théologie Orthodoxe, sous le patronage de la Métropolie de Moldavie et Bucovine et de Son Eminence Teofan, Archevêque de Ia i et Métropolite de Moldavie et Bucovine. Parmi les membres du Groupe Ikona, ont répondu à l’invitation à cet événement les suivants: Ilyina Anna, professeur de l’Institut de Théologie Orthodoxe et Art Ecclésiastique de Moscou; Eugenia Davydenko et Philipp Davydov, professeurs de l’Institut de Théologie Orthodoxe et Art Ecclésiastique de Saint- Pétersbourg, Russie; Todor Mitrovic, professeur associé, Académie Orthodoxe de l’Eglise Serbe pour Art et Restauration, Belgrade, Serbie; Ivanova Desislava, professeur à l’Université Saints Cyril et Metodiu, Faculté de Théologie Orthodoxe, Département d’Art Chrétienne, Véliko - Tarnovo, Bulgarie; Coman Mihai, assistant universitaire de l’Université de Bucarest, Faculté de Théologie Orthodoxe « Patriarche Justinien », section – Art Sacré, Roumanie; Sorin Albu, Université d’Arts et Design de Cluj – Napoca, Faculté de Beaux - Arts, Département de Restauration et Conservation des Œuvres d’Art; Vasile Tudor, assistant de docteur de la Faculté de Théologie, Section – Art Sacré, Ia i, Roumanie. L’invité spécial du moment a été le peintre muraliste Grigore Popescu. La thématique et la technique d’exécution ont été au choix, les surfaces de mur ont été préparées en fonction de la technique choisie. C’est pour cela que pour la technique al secco 1, on a éliminé la couche de crépi pour la portion à peindre jusqu’à la brique, après, on a appliqué une nouvelle couche de crépi à base de plâtre, sable et chaux, armé par filet en fibre de verre, puis un enduit au plâtre et chaux. Pour la technique al fresco2, après avoir éliminé la surface ancienne jusqu’à la brique, on a appliqué une fresque noire ou arriccio3, après le renforcement, la soirée avant le début de l’ouvrage, on a appliqué une couche souple de 5-7 mm, 1 Dictionnaire d’art, Bucarest, Meridiane, 1995, volume II, p. 50. Al secco - genre de peinture murale où l’on applique les couleurs sur le crépi sec, le liant peut être une émulsion naturelle d’œuf ou une émulsion artificielle, le chaux, la colle etc. 2 Dictionnaire d’art, Bucarest, Meridiane, 1995, volume I, p. 188. Fresco (it., frais). Le procédé technique utilisé dans la peinture murale, où les pigments (pulvérulents) sont mêlés avec de l’eau et appliqués sur un mortier de chaux humide (récemment enduit) qui les incorpore. La technique fresco se base sur ledit processus de carbonatation, par lequel le calcaire parcourt un cycle chimique complet et redevient pierre, formant à la surface une pellicule dure, sémi- brillante, pareille au marbre. Une fois séchée, la peinture al fresco n’est plus affectée par l’eau ou d’autres agents destructifs, s’imposant comme l’une des plus durables techniques de la peinture.(…). 3 Ibidem, p. 39. Arriccio (it.) Terme qui définit la couche ou les couches internes qui comp Bucarest, osent le crépi de la fresque (c’est-à-dire les couches superposées directement sur la maçonnerie, afin de la lisser). Au cours du temps, il y a eu différentes formules qui incluaient le sable et la chaux, parfois d’autres ingrédients. Sur arriccio on applique intonaco. 196__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ appelée fresque blanche ou intonaco4, sur laquelle on a pu commencé la peinture proprement-dite. Le symposium de peinture byzantine déroulé à Ia i a fait possible que des peintres iconographes, muralistes et en même temps enseignants se rencontrent et travaillent ensemble. A cet événement ont participé des étudiants de la section d’Art Sacré, Théologie Pastorale, Faculté d’Arts Plastiques et d’autres facultés qui ont eu l’occasion de parler, de se connaître, chacun d’entre eux élargissant son horizon de connaissance, en fonction du spécifique artistique de chaque participant. Le maître Grigore Popescu a joui d’un grand intérêt de la part des assistants lorsqu’il travaillait. Des étudiants venus spécialement de Bucarest et Cluj ont installé les trépieds et ont filmé le processus évolutif entier de l’exécution de son ouvrage selon la technique fresco. Le maître Geogios Kordis a participé à un atelier en mars 2010, à Ia i, où, en plus, de nombreux étudiants ont été présents, posant des questions, filmant et faisant des photos. Après avoir fini l’ouvrage, le professeur Kordis a eu un Master Class avec la thématique: le spécifique et l’importance de la ligne dans la peinture byzantine. Un autre symposium international a été organisé entre le 22 mai 2010 – 29 mai 2010 en Finlande, à Valamo Lay Academy5, avec l’appui du professeur de théologie Vladimir Sokratilin. Le symposium s’est proposé de promouvoir l’échange d’expérience dans la peinture contemporaine de style byzantin, invitant les membres du Groupe Ikona, (formé par les professeurs universitaires, ci-dessus appelés). La thématique a été centrée sur des scènes de la vie de Sainte Vierge Marie, la technique d’exécution est tempera à l’œuf, silicate et acrylique, sur des panneaux en bois stratifié, ayant des dimensions de 2m x 2,5m et avec une préparation en chaux et silicate. Pourquoi organiser un tel événement dans ce lieu ? Valamo Lay Academy, selon les témoignages de Vladimir Sokratilin, est un centre culturel important en Finlande et en toute l’Europe de l’Ouest. Il a une école – foyer, ouverte à tout le monde, offrant des cours pour des matières artistiques et habiletés pratiques. Le centre est situé au monastère orthodoxe de New Valaamo, qui offre une occasion unique aux étudiants de se familiariser avec la culture et le style de vie monacale orthodoxe. Le séjour au monastère et la participation aux services religieux de chaque jour dans la belle église, représentent pour la plupart des visiteurs une expérience impressionnante qui est intensifiée par la tranquillité et la beauté de l’environnement. Le fondement du programme d’enseignement envisage, à l’aide des notions théologiques orthodoxes de base, à promouvoir les valeurs locales, nationales, telles que la coopération et la solidarité. Dans un esprit orthodoxe vrai, l’on encourage les qualités humaines d’intégration et tolérance. En plus, Valamo Lay Academy offre des cours avec une durée de cinq jours à deux mois, en fonction des sujets envisagés qui varient entre les icônes 4 Ibidem, p. 232. Intonaco (it.) Terme qui définit la couche de la surface du crépi de fresque et qui (en état humide, récemment appliqué) reçoit le pigment de couleur. 5 Valamo Lay Academy a hébergé la quatrième édition des symposiums du Groupe Ikona. Les précédents symposiums ont été organisés à Thessalonique – Grèce, Ia i – Roumanie, Saint-Pétersbourg – Russie. _______________________________________________________197 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ peintes, mosaïque, vitraux, métaloplastie et bijouterie, gravure, etc, jusqu’à différents aspects de la culture et tradition orthodoxe. Il est en étroite collaboration avec plusieurs organisations nationales et internationales qui organisent chaque année des conférences sur divers thèmes actuels. Par l’Association Oecuménique des Académies et Centres Laïques en Europe (EAALCE), elles sont liées à un réseau à niveau mondial d’institutions d’enseignement de ce genre. Lay Academy a des salles de cours et ateliers d’art appliqué. En plus, l’on peut y trouver une bibliothèque très bien douée6, une salle d’expositions et un centre très important de restauration où fonctionnent des sections de restauration des ouvrages de peinture huile, sur différents supports, peinture tempera sur bois et photographie ancienne. Vu l’espace bien doué mis à disposition par les hôtes, l’ouverture officielle du symposium s’est déroulée dans la salle de conférence quand on a décidé aussi le lieu de travail du Groupe Ikona. Le professeur Georgios Kordis a fait une brève présentation et après, on a commencé les préparations des panneaux support pour peinture. Pendant la durée d’exécution des ouvrages, les étudiants et le public intéressé ont eu la possibilité de dialoguer avec les auteurs sur le thème choisi, le spécifique de la technique utilisée et les sources d’inspiration. Dans ce cadre généreux, le symposium a eu un impacte extraordinaire sur les étudiants, apportant une nouvelle vision sur l’art religieux byzantin, surtout dans un espace moins familiarisé avec ce genre de peinture, tel que les Pays de la Péninsule Scandinave. En conclusion, les membres participants ont présenté des images avec la peinture ecclésiale de la zone d’où proviennent les ouvrages personnels, répondant aux questions posées par les étudiants. Le Groupe Ikona plaide pour une approche créative, personnelle, plus actualisée, mais en même temps, conservant la structure de base et les lois immuables de composition de la peinture byzantine. L’image créée doit maintenir la fonctionnalité de l’icône, de prière et la relation cachée qui s’établit entre l’image – le saint représenté – le croyant. On n’encourage pas l’idée de copier jusqu’à l’obstination les icônes anciennes, déjà consacrées. Ce type de peinture fait que les icônes ressemblent, causant une stagnation dans une seule caractéristique stylistique. Tant bien exécutées que soient de telles icônes, elles augmentent le sentiment de monotonie et même d’industrialisation. Bibliographie Dictionnaire d’art. Vol. I-II. Bucarest: Meridiane, 1995. Dionisius de Furna. Le manuel de la peinture byzantine. Bucarest: Sophia, 2000. Kordis, Georgios. Le rythme dans la peinture byzantine. Bucarest: Editura Bizantin , 2008. 6 La bibliothèque inclut surtout des livres à caractère ecclésiastique, de tous les pays chrétiens, surtout orthodoxes, parmi lesquels on trouve des livres roumains, en spécial des albums d’art médiéval et études. 198__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ Paradigma intercultural i filmul de art Dumitru OL RESCU Institutul Patrimoniului Cultural al A. .M., Chi in u Résumé Les auteurs des films de non fiction dédiés à l’art dénotent un grand intérêt pour le paradigme interculturel, avec ses fréquentes issues dans des espaces transculturels. Ce genre des films, grâce à leur potentiel d’exploration, d’assimilation et de soumission au langage cinématographique de plusieurs genres d’art (les arts plastiques, la chorégraphie, l’art populaire etc.) de diverses civilisations et culture, s’est imposé comme une des catégories importantes dans l’évolution de la cinématographie de non fiction, en provocant les cinéastes de tous les temps et espaces «cinématographiques». Ceux-ci, cointéressés à la valorisation des œuvres artistiques – l’une des fonctions principales du filme d’art, mais aussi à la mise en évidence des problèmes sociaux, culturels et moraux, n’ont pas tenu compte de la géographie, des nationalités, religions etc. C’est ainsi qu’on peut expliquer la création du film Guernica, inspiré de la tragédie de cette ville espagnole, par le célèbre réalisateur français Alain Resnais d’après les travaux du plasticien espagnol Pablo Picasso. Les auteurs du film: Alain Resnais – le réalisateur, Paul Eluard – le poète, l’auteur du texte, Maria Cassares – l’interprète des poésies, ressentent, assimilent et soutiennent les souffrances du peuple espagnole. Les cinéastes italiens Luciano Emmer et Enrico Gras ont lancé les documentaires Le Paradis terrestre, sur les œuvres du peintre hollandais Hieronimus Bosch et, plus tard, sur les peintures du Pablo Picasso. Les films des cinéastes hollandais Henri Storck et Paul Haesaerts, dédiés à Rubens et l’autre Du Renoir à Picasso – une panorama de la peinture européenne, deviennent très connus sur les écrans du monde. Les réalisateurs français Jean Gremillon et Pierre Kast ont trouvé des expressions filmiques originales pour évoquer les désastres de la guerre par les œuvres du peintre Francisco de Goya – une figure symbolique pour l’Espagne. Le réalisateur Ion Bostan a initié le genre de film d’art dans la cinématographie roumaine avec le film Le massacre des innocents – une « écranisation » de l’œuvre homonyme du célèbre peintre flamand Pieter Bruegel. L’étude de ses exemples et des autres permet de faire la concordance entre les conceptions et les pratiques interculturelles, ainsi que la configuration de l’unité et de la pluralité des valeurs et des cultures. Mots-clés: films de non fiction, film d’art, le paradigme interculturel, langage cinématographique, Guernica, Les désastres de la guerre, Le Paradis terrestre, Le massacre des innocents, Alain Resnais, Ion Bostan, Jean Gremillon et Pierre Kast. Rezumat Paradigma intercultural , cu ie iri frecvente în spa ii transculturale, i-a interesat în mod special pe autorii filmelor de nonfic iune dedicate artei. Acest gen de filme, gra ie poten ialului s u de explorare, asimilare i supunere limbajului cinematografic a mai multor genuri de art (arte plastice, coregrafie, art popular etc.) din diverse civiliza ii i culturi, s-a impus drept o categorie deosebit în evolu ia cinematografiei mondiale de nonfic iune, provocând cinea ti din toate timpurile i spa iile „cinematografice”. Ace tea, fiind cointeresa i de valorificarea operelor de art – una din func iile principale a filmului de art –, dar i de eviden ierea unor probleme de ordin social, cultural i moral n-au inut cont de _______________________________________________________199 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ hotarele geografice, na ionalit i, religii i de alte motive. Astfel poate fi explicat faptul c pe baza lucr rilor plasticianului spaniol Pablo Picasso cunoscutul regizor francez Alain Resnais creeaz filmul Guernica inspirat de tragedia or elului spaniol Guernica, ars totalmente în 1937 de bombardierele fasciste. În structurile filmului se interfereaz , se asimileaz , se contopesc durerile poporului spaniol cu sus inerea, comp timirea i atitudinea uman ale celor trei mon tri sacri Alain Resnais – regizorul, Paul Eluard – poetul, autorul textului, Maria Cassares – interpreta poeziilor. Cinea tii italieni Luciano Emmer i Enrico Gras lanseaz pe ecrane documentarele de mare succes Paradisul terestru despre operele pictorului olandez Hieronimus Bosch i mai târziu despre desenele controversatului Pablo Picasso. Regizorul Ion Bostan întemeiaz genul filmului de art în cinematografia român cu filmul s i Uciderea pruncilor – o „ecranizare” a lucr rii omonime a celebrului pictor flamand Pieter Bruegel. Devin cunoscute pe ecranele lumii filmele cinea tilor olandezi Henri Storck i Paul Haesaerts dedicat lui Rubens i altul De la Renoir la Picasso – o panoram a picturii europene. Iar regizorii francezi Jean Gremillon i Pierre Kast au sit expresii filmice originale pentru a evoca dezastrele r zboiului prin operele pictorului Francisco de Goya – figur simbolic pentru Spania. Cercetarea acestor exemple, precum i a altora, face posibil punerea în concordan a unor concep ii i practici interculturale precum i configurarea unit ii i pluralit ii valorilor i culturilor. Cuvinte-cheie: film de nonfic iune, paradigma intercultural , filmul de art , limbaj cinematografic, Guernica, Dezastrele r zboiului, Paradisul terestru, Uciderea pruncilor, Alain Resnais, Ion Bostan, Jean Gremillon i Pierre Kast. Problema concilierii unit ii i pluralit ii valorilor spirituale/culturale i-a fr mântat de-a lungul secolelor pe filosofi, pe esteticieni i teoreticieni ai artei i culturii, dar i pe creatori – reprezentan i ai tuturor genurilor de art i cultur . Cu timpul evolu ia civiliza iilor a devenit de neconceput în lipsa diversit ii culturale sau a rela iilor interculturale. Marea migra ie a popoarelor, procesul globaliz rii inevitabile, comunitatea pentru toat lumea a multor probleme de importan planetar au constituit o anumit apropiere a popoarelor, o anumit consolidare pentru comprehensiunea complexelor fenomene de divers natur ce se declan eaz în structurile evolu iei civiliza iei noastre. Un proces ce include i psihologia intercultural preocupat de asimilarea i explorarea identit ii „celuilalt”, descoperind valori sociale i culturale necunoscute, integrându-le organic în alte spa ii. i aici un mare rol apar ine artei cinematografice, care prin natura ei sintetic , prin limbajul universal a reu it s penetreze cele mai diverse spa ii artistice, sociale i morale, interpretându-le i propunându-le lumii spre cunoa tere i asimilare. Paradigma intercultural cu ie iri frecvente în spa ii transculturale i-a interesat în mod special pe autorii filmelor de nonfic iune dedicate artei – o categorie deosebit de filme, unde operele de art finisate (arte plastice, coregrafie, film, arte populare i alte genuri de art ) sunt supuse prin limbaj cinematografic unor noi interpret ri i viziuni, deja ale cinea tilor, ob inându-se o nou oper – audiovizual – cu statut estetic autonom. Conceptualizarea interculturalit ii în filmul de art constituie un proces complex, mai ales, atunci când apare, lucru firesc, momentul interpret rii unor 200__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ realit i sau al unui fenomen artistic. Func ia interpretativ a artei i a culturii, în mod general, de ine un rol important, când inem cont de interac iunea valorilor interculturale integrate în procesul finit i care, gra ie interpret rii, devine un bun spiritual/ estetic comun. Deci, procesul de interpretare estetic a interpret rilor se afl la baza filmului de art – o sintez organic , artistico-analitic compus din mai multe viziuni, concepte, asimil ri de limbaje ale diverselor genuri de art , modalit i de interpetare. Anume în componentele filmului de art avem posibilitatea s admir m repercusiunile impactului spiritual al unor personalit i din diverse spa ii i civiliza ii, cu cinea tii – reprezentan ii celei mai moderne arte. Anume aici se intersecteaz , se interfereaz cele mai vechi i cele mai moderne tradi ii, culturi i arte – fapt ce necesit implicarea multidisciplinar (estetic , filosofic , istoric , culturologic , antropologic .a.) i intercultural prin care se valorific , devin comune problemele culturii moderne, dar i motivele ancestrale din cele mai diverse stratific ri mitologice ale tuturor popoarelor i ale tuturor timpurilor. Astfel, filmul de art , gra ie polifunc ionalit ii sale i a poten ialului de explorare a realit ii, de asimilare i supunere limbajului cinematografic a mai multor genuri de art din diverse civiliza ii i culturi, a provocat cinea ti din toate timpurile i spa iile „cinematografice”. Ace tea, fiind cointeresa i de valorificarea operelor de art – una din func iile principale ale filmului de art , dar obseda i i de marea dorin de a spune lumii ceva nou, ceva important, n-au inut cont de hotare geografice, na ionalitate i de alte motive ce nu se integreaz în sferele de m iestrie artistic i talent. Astfel poate fi explicat faptul c , spre exemplu, cinea tii italieni Luciano Emmer i Enrico Gras lanseaz pe ecrane documentarele de art de mare succes Paradisul terestru, creat pe baza operelor pictorului olandez Hieronimus Bosch i mai târziu – un alt film despre desenele controversatului plastician spaniol Pablo Picasso. Devin cunoscute pe ecranele lumii filmele cinea tilor olandezi Henri Storck i Paul Haesaerts dedicat plasticianului flamand Rubens i De la Renoir la Picasso – o panoram conceput conform unei rigori axiologice. Iar regizorii francezi Jean Gremillon i Pierre Kast au g sit expresii filmice originale pentru a evoca dezastrele r zboiului prin operele pictorului Francisco de Goya – figur simbolic pentru Spania. Vestitul regizor francez Alain Resnais s-a afirmat cu documentarul de art dedicat plasticianului olandez Van Gogh – filmul a fost decernat cu premiul Oscar i a constituit o etap în evolu ia genului. Mai târziu cineastul Resnais lanseaz pe ecranele lumii filmul Guernica, inspirat de lucrarea plasticianului Pablo Picasso, care pe baza faptului documentar – tragedia ora ului bascilor Guernica ters totalmente de pe fa a p mântului în 1937 de bombardamentele fasciste, creeaz fresca de mari rezonan e civice i artistice Guernica. În componentele filmului se întâlnesc dou culturi – francez i spaniol – conceptele a doi mari arti ti asupra aceluia i eveniment. Astfel, tragedia s rmanului popor basc devine o durere a artistului spaniol Pablo Picasso i apoi, prin discursul cinematografic – o durere sfâ ietoare a autorilor filmului, a celor trei mon tri sacri: Alain Resnais – regizorul, Paul Eluard – poetul, autorul comentariului literar i actri a Maria Cassares – _______________________________________________________201 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ irepetabila interpret a poeziilor lui P. Eluard. Prin film ace ti arti ti francezi au reu it s împ rt easc lumii durerile tragice ale altui popor. Acela i lucru Alain Resnais face i în filmul de fic iune Hirosima – dragostea mea – un poem de dragoste pe fundalul marii tragedii a poporului japonez care a încercat marele calvar al r zboiului atomic. Dar pân la acest film Resnais, împreun cu un alt regizor francez Chris Marker, turneaz filmul i statuile mor, în care î i expun – într-un limbaj cinematografic sobru – indignarea sau chiar revolta despre dispari ia artei africane prin procesul de intensificare a turismului i a contrabandei, o critic dur a civiliza iei albe fa de spiritualitatea neagr . Filmul a f cut mare scandal ca pân la urm s fie interzis de cenzur . Nu tim exact care ar fi fost motivul deciderii cineastului român Ion Bostan creeze un film pe baza tabloului Uciderea pruncilor a pictorului flamand Pieter Bruegel: tragedia motivului biblic tratat cu mare iscusin în tablou? Sau faptul c o copie a acestei lucr ri executate perfect de fiul lui Bruegel – Bruegel cel Tân r, se afl la Muzeul de Art din Bucure ti? Ori poate alte încerc ri l-au provocat pe regizorul român, ca dup cele dou filme dedicate tot artei plastice – Pictorul Nicolae Grigorescu i Theodor Aman – dar realizate într-un stil academic cu pronun ate valen e monografice, s treac la o alt modalitate de gândire cinematografic – la cea alegoric , lansându-se cu filmul Uciderea pruncilor – considerat primul film documentar de art , în sensul no ional al genului, din cinematografia român de nonfic iune? Înclin m s credem c pe cineastul Ion Bostan l-a provocat i arta veritabil pentru care a avut o deosebit predilec ie. Dar ne amintim i de contextul social-politic în care se aflau rile lag rului socialist, inclusiv România, în anii ’50 ai secolului trecut, când a fost creat filmul Uciderea pruncilor: def imarea cultului personalit ii; impunerea unor condi ii drastice de tre imperiul sovietic, chiar amenin ri dure; invazia imperiului sovietic sub drapelul imperialismului în Ungaria, Polonia (mai târziu, acest fel de a veni în ospe ie cu tancurile, devine tradi ional). De aceea filmul regizorului Ion Bostan ne sugereaz aluzii la aceste condi ii inspirate din opera pictural a lui Bruegel. Prin interpretarea alegoric sau fantastic – satiric , caracteristic operei lui Bruegel, se întrevede pozi ia lui protestatar . El îndr zne te s efectueze aluzii directe la tragismul epocii sale, la timpurile ducelui de Alba, care a ini iat i a dirijat grozavele represalii. Un artist ca Bruegel nu putea r mâne indiferent la gravele crize sociale, morale i politice din vremea sa. În lucrarea Uciderea pruncilor el reu te s interpreteze i s adapteze cunoscutul motiv biblic – cu uciderea pruncilor din porunca lui Irod1 – la condi iile rii sale. Acest fapt îl încearc i cineastul Ion Bostan, îns , din motive binecunoscute, foarte aluziv i foarte atent. Autorii filmelor de art cunosc bine condi iile modeste de mijloace i procedee cinematografice, specifice filmului dedicat picturii, ce necesit apelarea 1 „Iar când Irod a v zut c a fost am git de magi, s-a mâniat foarte i, trimi ând (o tiri – D.O.) a ucis pe to i pruncii care erau în Betleem i în toate hotarele lui, de doi ani i mai în jos, dup timpul pe care îl aflase de la magi” (Noul Testament, Sfânta Evanghelie dup Matei 2:16). 202__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ la decupaje minu ioase i încadraturii exacte, capabile s p streze fondul ideatic al operei originale, dar s genereze i noi idei, noi asocia ii. Dup mai multe abord ri, în ultima variant de decupaj regizoral, tabloul Uciderea pruncilor s-a transformat într-o nara iune cinematografic de nonfic iune cu viziunile i concep iile reflexive ale cineastului Ion Bostan, supunând ulterior pe ecran materia bruegelian în cadraje de mare exactitudine. Aici m iestria regizorului i a operatorului se impune prin opera ia select rii, „a ruperii” sau a desec rii fragmentelor de imagini picturale i a detaliilor dintr-un tot întreg i a încadr rii acestora, conform legilor dramaturgice, în spa iul acelui patrulater unde se cumuleaz repercusiunile tuturor opera iilor artistice, efectuate de c tre cinea ti. Toate acestea îl determin pe criticul Ion Barna s afirme: Regizorul Ion Bostan mânuie te cu un deosebit talent mijloacele de exprimare cinematografic i, în special aici, cadrajul i montajul. Arta realizatorului const înaintea de toate în felul în care i-a ales încadraturile. În nici un cadru nu exist elemente plastice de prisos, inutile. Fiecare cadru exprim altceva i contemplarea tabloului în întregime, la sfâr it, te uime te tocmai pentru c î i dai seama cât m iestrie a cerut delimitarea savant a fiec rui încadraturi, pentru c nici un element plastic din vecin tatea detaliului cuprins s nu apar în cadru. Ion Bostan a izbutit astfel un decupaj identic ca stil, cu decupajul unui film artistic. (Citat dup C liman 21) Prin încadraturi bine gândite, prin travelinguri elaborate cu mare scrupulozitate regizorul Ion Bostan eviden iaz cele dou for e din cadrul tabloului: for a neagr – deta amentul de c re i înarma i i îmbr ca i în hainele cotropitorilor spanioli dezumaniza i ca ni te robo i, ca un mecanism macabru capabil de cele mai apocaliptice ac iuni, repezându-se s ucid neprih nitele fiin e – pruncii. i alt for – suferinzii, mamele acestor prunci, care disperate de groaz i durere, cad umilite în genunchi, rugându-se întru cru area copiilor. Cu scopul amplific rii acestei st ri Bruegel utilizeaz poten ialul dramaturgic al contrastelor, plasând în planul din fa al bestialului dezastru, declan at într-o ambian de iarn (obsesia lui Bruegel) cu z pad alb , imaginea unei gropi negre ceea ce în accep ia mitologic este un loc închis « destinat mor ii i învierii i se opune luminii, reprezentând întunericul, haosul, intrarea în infern ». (Evseev 320) Gra ie acestor conota ii motivul gropii e utilizat de Bruegel i în alte lucr ri, cum ar fi Parabola cu orbii, Convertirea Sfântului Pavel .a. Spre regret, acest motiv a r mas neexplorat cinematografic de c tre regizorul filmului Uciderea pruncilor. În schimb succesiunea ritmic a figurilor, ce domin tabloul Uciderea pruncilor, în film devine cu mult mai impresionant i nu numai prin inuta lor expresiv , dar i prin iluzia mi rii eroilor. Lumina dirijat de operator eviden iaz o ritmare a spectrului cromatic, o justapunere select a culorilor. Corela iile dintre imaginile picturale deja sonorizate (s ne amintim de partitura interpretat la org acompaniind fragmentele bestiale cu uciderea pruncilor) i animate prin mi rile de aparat, travlinguri, prin ilumin ri i umbre, prin montaj confer lucr rii bruegeliene volum, dinamic , noi accente, noi dimensiuni. _______________________________________________________203 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ În lucrarea Uciderea pruncilor Bruegel plaseaz în compozi ia tabloului numeroase personaje, aranjându-le în grupuri separate (modalitate frecvent i la pictorul olandez Bosch) i privindu-le de la în ime ca s reu easc s integreze în lucrare toate personajele, eliminând i pericolul exlips rii reciproce ale acestora – adesea prea numeroase pentru un singur tablou. Regia acestor „mizanscene picturale”, efectuat cu m iestrie de Bruegel, face accesibil i apropierea cinea tilor pentru a explora cinematografic calit ile expresive ale diferitelor st ri ale eroilor din lucrarea respectiv – activitate dificil dar important pentru a crea structura unui film întreg aproape numai pe astfel de opera ii, fiindc a a cum a observat i cineastul Lauren iu Damian « filmul Uciderea pruncilor este edificator pentru structura lui cinematografic în condi iile unei maxime limit ri de mijloace – i spun „mijloace”, gândindu-m la un plein-air sau la un spa iu scenografic, ce permite mi ri de aparat sau, din punct de vedere dramatic, o ie ire din „ram ”». (Damian 85) De men ionat c efectul ie irii fondului ideatic i semnificativ din cadrul ramei tabloului – ceea ce înseamn noi valen e, noi valori – e considerat o mare reu it a autorilor de film de art dedicat picturii. i regizorul Ion Bostan reu te prin montaj asociativ, prin alternan ele izbutite a detaliilor cu întregul s redea ori chiar s creeze situa ii dramatice, noi figuri poetice, facilitând ie irea asociativ , aluziv sau sugestiv a acestora din rama tabloului. Exactitatea compunerii tuturor componentelor filmului i a elementelor lui structurale, v dita sobrietate vizual îl fac pe regizor s refuze de comentariul literar, l sând totul pe seama imaginii i a partiturii muzicale i limitându-se doar la câteva inscrip ii mai mult cu caracter informativ. Una din acestea con ine o caracteristic precis a filmului: obiectivul aparatului de filmat a urm rit gândul i mâna pictorului – idee sus inut i de criticul C lin C liman, care afirm c în filmul Uciderea pruncilor înainte de oricine altcineva vorbe te artistul. adar Uciderea pruncilor r mâne a fi primul film de art din cinematografia român de nonfic iune i tot primul în care avem posibilitatea s sesiz m unele repercusiuni ale impactului a dou genuri de art i a dou culturi: cea flamand i cea româneasc . Interesele artistului cineast Ion Bostan fa de destinele i aspira iile unor mari arti ti str ini se manifest i în alt film al s u de art Dialog El Greco – Bach, o lucrare plin de ingeniozitate, rafinament artistic i de o „cuceritoare modernitate”, în care cineastul încearc o subtil analiz comparat între dou materii – imaginea i sunetul – absolut eterogene, dar fiind atât de organic cristalizate prin con inutul lor de frumos. Ca structur , ritm, modalitate de abordate cinematografic a problemelor, Uciderea pruncilor are mult comun cu filmul Dezastrele r zboiului al cinea tilor francezi Jean Gremillon i Pierre Kast. Similitudinile vin i de la acelea i bestialitate i cruzime, de la acela i caracter inuman al evenimentelor supuse interpret rilor cinematografice. Diferen a const în faptul c primul film se bazeaz pe un motiv biblic, iar cel de al doilea – pe un eveniment real: r zboiul francospaniol (1808-1814), declan at concomitent cu revolu ia burghez din Spania. 204__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ Ace ti doi cinea ti francezi – Jean Gremillon i Pierre Kast, creeaz filmul Dezastrele r zboiului, dedicat unuia dintre cele mai tragice evenimente din istoria Spaniei, fiind provocat pe timpuri de cona ionalii lor, care, în frunte cu Napoleon Bonaparte, au cucerit i subjugat Spania timp de mai mul i ani, urcându-l pe tron pe un frate al lui Napoleon – Joseph Bonaparte. La baza filmului se afl celebra serie de gravuri Dezastrele r zboiului, realizat de pictorul spaniol Francesco de Goya, început în timpul r zboiului (1810) i finisat peste 10 ani, dar, din diverse motive, publicat postum deabea în 1863. Gra ie pozi iei deosebite a artistului Goya, care dup ce a slujit regelui Spaniei a acceptat s fie pictorul principal la curtea regelui uzurpator, a fost p sit de to i prietenii i admiratorii s i. Continu boala sa grea, dup care r mâne surd i amenin at i de pierderea vederilor. Dup ce a creat cele mai frumoase portrete de ducese, regine i regi, ducând o via de boem a pictorului de curte, via a lui Goya se transform într-un spectacol mut: oamenii dragi, p rile, copacii au mu it pentru totdeauna... Este avertizat dur i de inchizi ie pentru faptul c arta lui este orientat spre degenerare i este dominat de un spirit de revolt împotriva ordinei divine. Moartea copiilor s i (din cei dou zeci r mâne numai unul) i, mai târziu, i a so iei sale – Josefe îl deprim totalmente. i toate acestea pe lâng situa ia devastatoare de r zboi, ce domin într-o Spanie tr dat i schingiuit , cu scene apocaliptice cu sânge, violen i umilin . La toate acestea Goya era martor... Fire te c ace ti factori au condi ionat caracterul, spectrul cromatic i toate modalit ile de expresie a întregului ciclu de gravuri Dezastrele r zboiului. Cinea tii au reu it ca în tot traiectul filmului s se simt starea psihic a pictorului, o stare ce prinde calit i de dram perceput în culori tot mai sumbre. Pictorul Goya din marile i preten ioasele sale preferin e cromatice de alt dat se opre te cu stricte e la culorile alb i negru. Gros-planurile cu ochii, cu mâinile i cu fe ele contuzionate de durere ale suferinzilor – copii, femei, b trâni – con inute în cadrajele eviden iate de c tre cinea tii J. Gremillon i P. Kast, confer imaginii dinamic i profunzime, amplific starea de groaz a secven elor, care, prin consecutivitate, asociere cu altele, creeaz tabloul integru al oribilului dezastru. În acest mod cinea tii au subliniat ideea emis de c tre André Malraux despre aceea c , dac « Bosch îi aducea pe oameni în universul s u infernal, apoi Goya aducea infernalul în universul uman”, afirmându-se prin opera sa drept „cel mai mare poet al sângelui ». ( Malraux 54) Cei doi regizori s-au str duit ca din discursul lor cinematografic spectatorul i dea seama de pozi ia controversat a lui Goya, care nu se manifest nici împotriva cotropitorilor francezi, nici împotriva tiranilor spanioli, pronun ându-se cu vehemen contra fenomenului belic, contra r zboiului însu i. Acest mesaj devine universal pentru Goya i persist în tot filmul. Pe el nu l-a interesat desf urarea unui r zboi tradi ional. De aceea în film nu vom vedea imagini cu scene de înc ier ri militare cu cavalerie, cu comandan i, cu tunuri i drapele. Absen a spectacolelor militare este semnificativ , fiindc : ceea ce prezenta Goya „are reversul r zboiului, i anume, r zboiul ca abator i morg , uciderea s lbatic i disperat , schingiuirea, m cel rirea, actele de violen . Era r zboiul care se _______________________________________________________205 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ transformase într-un fel de fapt cotidian degenerat, un co mar zilnic, o demen generalizat ” (Lundkvist 136). Dac gravurile lui Goya din ciclul Dezastrul r zboiului se apropie mai mult de un poem dramatic în imagini picturale, apoi i filmul cinea tilor francezi ating nivelul unui veritabil poem cinematografic cu cele mai grave rezonan e umane. a, precum în gravurile lui Goya: „Ordinea canonic se rupe în urma exploziei infinitelor planuri vizuale, din care este compus scena” (Giuliano 125) tot astfel i în film alternan a dintre planuri de durat lung (cu imaginile suferinzilor) i suita de detalii ori de planuri scurte formeaz o emo ional explozie audiovizual i acel „vârtej dinamic în stare pur ” (Giuliano 125), ce îl reprezint pe Goya, îi reprezint i pe autorii filmului. În Dezastrele r zboiului, ca i în majoritatea lucr rilor sale, îl surprindem pe Goya profund preocupat de problemele expresivit ii atât în con inutul lucr rii, cât i în modalit ile de tratare compozi ional i cromatic . De aceea evenimentele din unele gravuri din seria Dezastrele r zboiului se desf oar pe înserate ori chiar noaptea. Astfel Goya î i creeaz mai multe posibilit i în plan expresiv i anume a utiliz rii umbrei i semiumbrei, a spectrului cromatic preferen ial cu dominanta culorilor întunecate, unde chiar negrul, cu gri-urile noroioase i p mântii, confer tabloului expresivitate i sensuri imprevizibile. Toate acestea se refer i la lucrarea 3 mai 1808: Împu carea revolta ilor madrilieni, în care ac iunea se desf oar noaptea. Printr-un cadraj foarte precis i montaj, conceput într-un mod sacadat, cinea tii au redat desf urarea sângeroasei ac iuni, f cându-ne martorii a trei momente importante din compozi ia lucr rii, aranjate conform unei reu ite logici dramaturgice: la p mânt în b ltoaca de sânge se zbat patrio ii împu ca i; în centru cu ochii acoperi i de groaza acestui spectacol al ororii – al i patrio i, care i pe ei îi teapt rândul mor ii; din cohorta condamna ilor, cinea tii, printr-o apropiere lent , îl eviden iaz pe martirul disperat, cu priviri s lbatice i cu bra ele aruncate înl turi, amintind de arhetipul universal – imaginea lui Cristos r stignit. Imaginile sunt completate de sunetele unei rafale de tobe ce revin de la începutul filmului, repetându-se dup o anumit caden , pân la final ca un laitmotiv sonor pe imaginile masacrelor, împu turilor, execu iilor i a cadavrelor. Ideea parti iei tobelor are un rol important în dinamica alternan ei imaginilor i a dramaturgiei întregului film. De men ionat, c ideea îi apar ine regizorului J. Gremillon, care s-a afirmat i în calitate de compozitor i de pictor – supranumit „Prin ul Rena terii”, gra ie vastei sale culturi în toate domeniile artei. El este autorul muzicii i al comentariului literar al filmului Dezastrele r zboiului. Împreun cu regizorul Pierre Kast, ei, având deja o bun experien în domeniul filmului de art , au studiat toate modalit ile de animare a imaginii picturale, de o redare cât mai plenar i mai emotiv a cunoscutelor gravuri ale lui Goya. În film optica cinematografic i iluminarea au amplificat deformarea paroxist a fizionomiilor i a corpurilor – tr tur caracteristic gravurilor Dezastrele zboiului, orientând-o spre starea psihic a personajelor privite de cinea ti din interior. Modalit ile de mi care ale personajelor (împrumutate conform unor 206__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ rturii ale lui Goya, de la precursorul s u Velasquez), surprinse i fixate astfel de i creeaz impresia c iese din ramele tabloului i î i continu mi carea spre noi, spectatorii, se impune ca una din for ele motrice a seriei de gravuri Dezastrele zboiului. Aceast modalitate pictural de a reda via a lumii i-a ajutat pe cinea ti re-integreze acea realitate v zut de Goya: prin mi carea de aparat, prin manipularea iscusit a opticii i a luminii, prin montaj i efecte sonore ei ob in imaginea filmic a evenimentelor cu un alt ritm, cu o alt dinamic , ce apropie discursul audiovizual de un spectacol cinematografic ancorat în cruda realitate a Spaniei de alt dat . A a precum operele lui Goya prin îns i esen a lor estetic au strat tradi iile vechi, dar concomitent fiind orientate spre mari deschideri moderne, tot a a filmul Dezastrele r zboiului, în care regizorii Grimillon i Kast au utilizat limbajul cinematografic tradi ional, dar din perspectiva înnoirii sale prin cadraje i travlinguri mai îndr zne e, printr-o dinamic mai spectaculoas provocat de efectele de montaj, de cele sonore i de partitura muzical . Iar lumina dezintegreaz formele picturale în particule moleculare, în pori ce respir , sugerând via i profunzimi imprevizibile. Toate acestea ne duc la gândul c filmul Dezastrele r zboiului, aidoma operei lui Goya, a fost conceput „mai mult s provoace decât s informeze, s exprime decât s nareze”. (Giuliano 127) Cei doi regizori francezi au f cut ca în filmul lor realismul dramatic din gravurile lui Goya s devin mai pronun at, iar stilul s u de un inconfundabil impresionism s domine tot filmul, eviden iindu-se expresia universal a operei marelui artist spaniol. Filmul Dezastrele r zboiului a continuat teribilul strig t al Spaniei, început de Goya i, al turi de Guernica lui Pablo Picasso – lucrare plastic , care mai târziu va deveni foarte popular i prin filmul vestitului regizor francez Alain Resnais. Pân a se afirma ca una dintre cele mai marcante personalit i în domeniul filmului documentar de art , adic pân la primul s u film Van Gogh (1948), regizorul Alain Resnais petrece timp îndelungat în atelierele mai multor pictori, studiind specificul artei plastice, diverse tehnici, spectre cromatice i alte aspecte din domeniul esteticii i practicii acestei arte. Comparativ cu predecesorii s i – cinea tii italieni Luciano Ermmer i Enrico Gras – Resnais utilizeaz cu mai mult intrepiditate procedeele i modalit ile de expresie cinematografic : mi rile de aparat, durata planurilor cinematografice (num rul de planuri atinge cantitatea unui film de lung metraj), cadrajul, accente prin apropierea sau îndep rtarea imaginii .a. Spectatorul devine martorul unui proces de re-creare a operelor plastice, unde acestea î i dezv luie virtu ile sale artistice printr-un nou limbaj – cel cinematografic, deosebindu-se radical de ceea ce se f cea în filmele anterioare printr-o simpl fotografiere i aranjare a tablourilor în ordinea lor cronologic . Printr-un limbaj cinematografic sobru (filmul despre acest mare colorist este realizat în alb negru, fiindc în opinia lui Resnais în felul acesta „va fi mi expresiv arhitectura tragic a picturii lui Van Gogh”) cineastul elucideaz fondul ideatic, amplific st rile dramatice. Prin universul operelor plastice Resnais _______________________________________________________207 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ investigheaz c ut rile pictorului Van Gogh, începând cu lucr rile din Olanda i pân la cele din Paris. Toate peregrin rile, c ut rile, urcu urile i c derile, chiar i nebunia artistului la azilul de aliena i Saint Rémy, fiind depistate de c tre Resnais în tablourile plasticianului i elucidate prin limbaj cinematografic, constituie conceptul filmului prin care regizorul reu te s ne conving c nu subiectele, con inutul tablourilor sunt dramatice, ci imagina ia, modul artistului Van Gogh de a concepe lumea i de a o re-crea sau „maniera de a vedea i a picta” conform expresiei esteticianului de film Jean Mitry, care a apreciat filmul Van Gogh «drept o capodoper a genului». (Mitry 423) Întradev r filmul Van Gogh a avut priz la spectator, învrednicindu-se cu „Premiul pentru cel mai bun film de art ” la Festivalul Interna ional din Vene ia (1948) i cu prestigiosul Oscar (1950) al Academiei Cinematografice Americane, dar, principalul, const în faptul c filmul Van Gogh s-a impus în plan mondial ca o important pies de reînnoire a filmului de art . Dac în pelicula Van Gogh regizorul Resnais s-a str duit s exprime drama artistului, apoi în cel de al treilea film al s u – Guernica (1950), el î i impune în prim-plan propria viziune, dramatizând prin limbaj cinematografic opera unui alt mare artist – pictorul Pablo Picasso. Guernica r mâne a fi primul tablou din istoria artei ce a dezv luit oroarea provocat de un eveniment ce se petrecuse pentru prima dat în istoria lumii: distrugerea programat de c tre avioanele militare a unui ora de oameni pa nici. Printr-un montaj asociativ, cu un ritm nervos regizorul Resnais, împreun cu scenaristul Robert Hessens, î i compun nara iunea cinematografic din imaginile tablourilor i schi elor lui Picasso, ce sugereaz sau chiar formeaz st ri contrastante: dup imaginile cu or elul Guernica în ruine, cu fe e de b rba i frumo i i femei cu copii în bra e apar imagini de clovni i arlechini – to i tragici prin îns i esen a lor – vin s tr deze, s tortureze, s distrug o civiliza ie. Momentul culminant al filmului Resnais îl construie te pe baza imaginilor din compozi ia Guernica i a schi elor realizate pentru aceast lucrare. Planuri scurte i foarte scurte cu imagini de fe e monstruoase, lamentabil deformate – m rturii impresionante ale groz viilor îndurate în acei ani, alterneaz cu imaginile denaturate ale unor animale (tauri, cai) furioase de durerea r nilor sângerânde. Apogeul emo ional al acestui moment incandescent Resnais l-a compus din alternan ele acelora i planuri cinematografice cu imagini animate de capete de tauri i de cai în agonie, de fe e umane crispate de durere i spaim . Prin animare i sonorizare aceste imagini prind via , devin tulbur toare. Resnais face ca acordul final al filmului s sugereze omenirii o speran , dar concomitent s-o eviden ieze prin mesajul crea iei artistului Picasso, care a fost numit „o algebr a speran ei” secolului s u. Astfel, montajul asociativ, mi carea camerei de filmat pe liniile unei geometrii intuitive sau emotive; disecarea pe vertical i pe orizontal a lucr rilor lui Picasso; accentuarea (prin montaj, partitura muzical – compozitor Guy Bernard, comentariul literar – poemele tr ite de P. Eluard i re-tr ite de 208__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ M. Casares, efecte sonore) unor fragmente, linii, detalii atât din planul întâi, cât i din celelalte planuri ale compozi iei plastice; jocul de lumini i umbre; animarea unor imagini – toate acestea compun acel limbaj cinematografic, prin care s-a asimilat opera plasticianului i prin care regizorul Resnais i-a compus propria sa oper – filmul Guernica. Filmul Guernica, devenind un eveniment în contextul social-cultural de atunci, l-a interesat i pe cunoscutul filmolog Georges Sadoul: Guernica a dep it cadrul unui film de art . În aceast simfonie plastic Resnais face s se îmbine într-un torent unic multiple evenimente eterogene: „perioadele” lui Picasso, picturi, fragmente de articole din ziare, sculpturi, fotografii din reviste – toate acestea alterneaz în afara oric rei logici cronologice. ...Ea nu este atât instructiv cât liric , este un cânt admirabil în imagini vizuale. ( Sadoul 8) Astfel Guernica, afar c este un veritabil film de art (Grand Prix Pentru cel mai reu it film de art , la Festivalul Interna ional din Punta del Este, Uruguay, 1952), datorit mesajului s u pronun at, se impune la acela i nivel i ca un film antir zboinic. Aceste dou teme vor domina crea ia cinematografic a regizorului Alain Resnais. Infernul din filmul Guernica are rezonan e cu ororile fascismului din documentarul Noapte i cea (1956) i cu asocierile apocaliptice din filmul de fic iune Hiroshima, dragostea mea semnate de A. Resnais. Condi ia omului de art , locul acestuia în societate, rolul artei în via a spiritual a civiliza ilor sunt unele din aspectele ce l-au interesat pe regizor în lungmetrajul s u Providen a. Spre sfâr itul anilor ’50, cineastul A. Resnais se adreseaz culturii mondiale prin filmul de nonfic iune Toat memoria lumii (1957) – despre capitalul spiritual mondial aflat în Biblioteca Na ional a Fran ei. Mai târziu, Resnais avea s se dest inuie: „Se tie eu atribui o importan primordial sond rii reac iilor psihicului omenesc. Dar pentru mine psihologia înseamn , în primul rând, memoria, memoria care înmagazineaz imagini demult uitate sau proiecteaz lumini nea teptate spre viitor. În fiecare film închin o liturghie memoriei umane”. (Popi teanu 69) Liturghii ale memoriei, ale frumosului, ale omenescului pot fi numite toate filmele regizorului Alain Resnais, dar, în primul rând, cele dedicate crea iei i omului de art . Cu totul alte interese artistice, alte lumi se afl în aten ia cinea tilor italieni Luciano Emmer i Enrico Gras, care, dup lansarea filmelor sale de art Povestire despre o fresc i Romanul unei epoci, creeaz documentarul Paradisul terestru, având la baz opera pictorului olandez Hieronimus Bosch Gr dina desf rilor – cea mai complex , mai bogat i mai variat în semnifica ii dintre celebrele tripticuri panoramice precum Carul cu fân i Ispitele Sfântului Anton. Tripticul selectat de cinea tii italieni pentru interpret ri cinematografice dezv luie o erup ie de fantezie: portretiz rile idilice ale omenirii la vârsta inocen ii vin s contrasteze puternic cu scenele apocaliptice, monstruoase pline de haos, absurditate i co mar. Anume aceste contraste sau juxtapuneri de cele mai diverse st ri, gândite i construite pe baza unei imagina ii ie ite din comun, expuse în _______________________________________________________209 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ secven e plastice deosebite din punct de vedere con inuital, compozi ional i cromatic constituie axa dramaturgiei filmului Paradisul terestru. Cinea tii, utilizând cele mai fine opera ii cinematografice, cum ar fi încadratura sau iluminare unor detalii minuscule din opera pictural i alte procedee din limbajul cinematografic, reu esc prin iretlicul demonului, adic prin Bosch, s orienteze procesiunea de oameni de la gr dina desf rilor spre ororile iadului. În nara iunea cinematografic regizorii s-au folosit creativ i de faptul c chiar i compozi ional tripticul a fost conceput la modul dramaturgic: al turi de cele mai erotice, obscene, perverse, dar frumoase desf ri, interpretate de Bosch în culori ginga e, pastelate, se afl groaznica judecat de apoi – conceput în cele mai sumbre culori. Cinea tii italieni reu esc s descifreze conota iile limbajului profund alegoric al operei picturale a lui Bosch i propun propriile solu ii audiovizuale. Astfel, în film, al turi de predilec ia lui Bosch fa de urâ eniile lumii, este eviden iat i contemplarea artistului fa de frumos, capacitatea plasticianului de a si armonia sau contrastele culorilor. Frumoasele i tulbur toarele imagini de senzualitate ispititoare eviden iate în prim-planuri i gros-planuri, efectuate de cinea ti pe suprafa a panoului din centru al tripticului, i cele dramatice (cu imaginile iadului) contrasteaz puternic între ele i spectatorul se apropie întratât de evenimentele portretizate, încât pare s participe la ele. Conform finei observa ii a criticului Virgil V ianu, în scena cu Crearea Evei sunt caracteristice nu numai atitudinile celor trei protagoni ti, dar îndeosebi privirile lor. i cinea tii, prin gros-plan-uri ne conving de privirea grav a lui Isus, curioas i pofticioas a lui Adam i pudic a Evei... Analizând lucr rile lui Bosch, depist m un lucru curios, i anume predilec ia pictorului pentru unghiurile ascu ite, pentru vârfuri, chiar i în cele mai frumoase imagini. Dar regizorii filmului n-au inut cont i n-au elucidat aceast tr tur caracteristic , mai ales, pentru panoul central al tripticului i a aripii din dreapta. Gradina desf rilor con ine o mul ime de corpuri omene ti nude, al turi de animale, p ri enorme, venite din cine tie din ce lumi, ce zboar sau zburd într-un spa iu imaginar, unde b rbatul i femeia sunt gata s fac dragoste într-o sfer transparent . Într-o piscin se scald femei goale, iar în jurul lor – o hor cu personaje c lare pe tot felul de animale hidoase. Aceast lume a absurdului domin ântreaga oper a lui Bosch i, în mod special, acest triptic. Poate era cazul, credem noi, ca aceast mare ispit a absurdului din triptic s se r sfrâng într-un mod organic i asupra componentelor, structurilor i compozi iei filmului, care e prea moderat raportat la opera ce le-a servit cinea tilor drept inspira ie. E opera lui Bosch – acel „copil teribil al picturii” – utilizat într-un film prea „cuminte”. Poate a a i trebuia s fie rezultatele impactului a dou culturi foarte difierite: cea italian a cinea tilor i cea olandez a plasticianului. De men ionat c în filmul Paradisul terestru se eviden iaz i str duin a cinea tilor italienii de a prezenta erudi ia lui Bosch, profunda sa cunoa tere a culturii i a mitologiei opoarelor, a semnifica iilor celor mai importante simboluri, metafore i arhetipuri. Dar o leg tur mai organic între con inut i form observ m în lucr rile ulterioare 210__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ ale cinea tilor Luciano Emmer i Enrico Gras. Avem în vedere filmele de art Leonardo da Vinci i Pablo Picasso. Astfel, filmele nominalizate ne ajut s discernem o deschidere transcultural influen at de pattern-urile sociale i culturale în care arti tii cinea ti activeaz , ie ind prin film c tre noi contacte sociale i artistice, c tre o interferen complex de viziuni i interpret ri. Or, integrarea într-o cultur str in ne impune revizuirea propriei identit i, a propriei concep ii asupra lumii, presupunând restructur ri i transform ri. Abord rile culturale ( i transculturale) prin filmul de art genereaz procese de valorificare sau chiar de universalizare ale unor opere de art , dar i eviden ierea unor probleme de ordin social, cultural i moral. Rela iile interculturale ale celor dou persoane – cineastul i autorul operei finisate – au, în cadrul filmului de art , posibilitatea cre rii unui nou produs – tertium qvid ( al treilea ceva’), care poate fi superior i mai profund decât realizarea sa în condi ii obi nuite. În afar de dublele delect ri estetice prin artele plastice i arta filmului, aceste argumente audiovizuale eviden iaz factorii din amplul spectru, polifunc ional, al filmului de art . În plan general ele ne-au convins filmul de art a reu it s asimileze, s interpreteze i s sintetizeze mai multe culturi, tradi ii, genuri de art , supunându-le limbajului cinematografic. Tot prin filmul de art devenim martori ai felului cum durerile, problemele, aspira iile unor arti ti ca Pieter Brugel, Pablo Picasso, Francesco de Goya, Hieronimus Bosch devin comune i tot atât de importante pentru al i arti ti, ca Ion Bostan, Alain Resnais, Luciano Emmer i Enrico Gras, Jean Gremillon, Pierre Kast .a. Cercetarea mai multor exemple de filme de art face posibil punerea în concordan a unor concep ii i practici interculturale, precum i configurarea unit ii i pluralit ii valorilor i culturilor – factori decisivi într-un eventual paralelism cu inevitabila globalizare a artei, culturii i a întregii activit i umane. Bibliografie liman, C lin. Ion Bostan. Bucure ti: Meridiane, 1997. Damian, Lauren iu. Filmul documentar. Bucure ti: Editura Tehnic , 2003. Evseev, Ivan. Dic ionar de simboluri. Bucure ti: Editura Vox, 2007. Giuliano, Serafini. Goya. Trad. Irina Runcan. Bucure ti: Editura Adev rul Holding, 2009. Lundkvist, Artur. Fantezie despre Goya. Trad. Valeriu Munteanu. Bucure ti: Editura Eminescu, 1982. Malraux, André. Saturn. Eseu despre Goya. Trad. Dumitru epeneag. Bucure ti: Meridiane, 1970. Mitry, Jean. «Despre pictura filmat .» A aptea art . Antologie în dou volume îngrijit de Ervin Voiculescu. Trad. Margareta Andreescu. Bucure ti: Editura Meridiane, 1966.Vol. I, pp. 420-425. Popi teanu, Cristian. Întâlniri în lumea filmului. Bucure ti: Editura Meridiane, 1970. Sadoul, Georges. „Lumea i pic tura de rou ”. Lettres francaises, nr. 778 (1959), pp. 60-72. _______________________________________________________211 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ La culture profane et la culture religieuse dans l’oeuvre Souvenirs d’enfance d’après Ion Creang Adela DR UCEAN Université «Aurel Vlaicu», Arad, Roumanie Abstract In the traditional village time is measured according to certain important moments from man’s life (birth, marriage, death), but especially according to that celebrating time that has a metaphysical load. Celebration used to be a way of gathering the whole community, an occasion to share personal joys and sorrows with the people from the village but also a moment to stop the clock. Time is stopped not only by the celebrating time but also by the childhood time. Because of this, in Memories from childhood. Ion Creang connects some of Nic ’s happenings to important moments from the life of a saint – Ilie, Nicolae, Foca, but also from the life of Jesus Christ, the Savior – Birth, Baptism, Entrance in Jerusalem. Thus, the harmonious mixture of the childhood happenings and the events with metaphysical load makes us talk about a profane culture and a sacred culture in the memorialistic work of Ion Creang . Keywords: celebration, happening, childhood time, celebrating time, profane culture, sacred culture. Rezumat În satul tradi ional timpul se m soar dup anumite momente importante din via a omului (na tere, nunt , moarte), dar mai ales dup acel timp s rb toresc care are o înc rc tur metafizic . rb toarea era un prilej de a aduna la un loc întreaga comunitate, ocazie de a împ rt i întregului sat bucuriile sau necazurile personale, dar i moment de a opri limbile ceasornicului. Nu doar timpul s rb toresc opre te timpul, ci i timpul copil riei. Din aceast cauz în Amintiri din copil rie, Ion Creang leag unele întâmpl ri ale lui Nic de momente importante din via a unui sfânt – Ilie, Nicolae, Foca, dar i din via a Mântuitorului Iisus Hristos – Na terea, Botezul, Intrarea în Ierusalim, Învierea. Împletirea armonioas a p aniilor din copil rie i a evenimentelor cu înc rc tur metafizic ne face astfel s vorbim de o cultur profan i de o cultur sacr în opera memorialistic a lui Ion Creang . Cuvinte-cheie: s rb toare, p anie, timpul copil riei, timpul s rb toresc, cultur profan , cultur sacr . En parcourant les quatre chapitres de l’oeuvre Souvenirs d’enfance, on constate que Ion Creang unit la culture profane avec la culture sacrée. À la suite d’une analyse sérieuse on peut observer que les mésaventures de Nic sont liées aux certaines fêtes du calendrier religieux, comme par exemple: le Saint Elie, le Samedi de Lazare, la coupe de la tête de Jean Baptiste, Noël, Pâques etc. L’écrivain arrête le temps au moment plein de vivacité et de sottises, mais en même temps il le fixe en tenant compte aussi du temps solennel, sacré au sein de la communauté traditionnelle. Les espiègleries de l’enfance ont lieu dans une 212__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ ambiance réelle de l’existence, dans un cadre humain et géographique, celui de la région natale, celui de Humule ti. Le village de Humule ti constitue pour Creang une contrée féerique de la candeur infantile, mais aussi « le centre de l’univers »1 – selon l’avais de Mircea Eliade concernant le village traditionnel – où le temps est mesuré en fonction du temps solennel caractérisé par une charge métaphysique. Ce genre de temps à une telle charge sacrée, selon l’affirmation de Vasile B ncil , a le rôle d’enlever le temps passager: « Les fêtes constituent la volonté profonde des peuples pour vivre, manifestée par l’éloignement de la futilité du temps et par la descente en enfer des sens profonds et lumineux de l’existence »2. L’écrivain lie les souvenirs de l’enfance pour arrêter le temps, pour souligner davantage le cas que les faits passés ont une influence considérable sur la vie d’une personne mûre dans la même mesure que les fêtes influencent la vie d’une communauté traditionnelle. Ce qui est intéressant c’est que les péripéties du héros s’harmonisent à merveille avec la période où elles se passent, ce qui nous détermine à penser que rien dans l’œuvre n’est accidental. On peut observer cela entre l’histoire de Nic et la période du Carême ( resimii). Le terme de Carême signifie toute la période de la Quarantaine, des Pâques, et la Moitié du Carême représente les deux périodes de préparation pour le jour de la Résurrection. À la campagne la dernière est appelée aussi le Centre du Carême (Miezul Paresimilor, Paresii, Miaza Paresii, Pare i) ou Murs (nom à signification précise vers le mot mur, c’est-à-dire une construction ou objet qui délimite quelque chose). En Souvenirs de Ion Creang on mentionne la fête qui marque la moitié du Quarantaine: « Puis on nous a rangé à côté d’autres écoliers et on nous a donné quelque chose à étudier selon notre possibilité, entre autres, L’ange a crié, par cœur. Il nous est arrivé cela jusqu’à la moitié du Carême. Un beau matin nous nous sommes réveillés et soudain nous avons constaté d’avoir contracté une sorte de gale présente aussi des chèvres d’Irinuca. Que faire maintenant ? L’instituteur ne nous permettait plus d’aller à l’école, Irinuca ne pouvait pas nous guérir, mon grand-père ne pouvait pas être annoncé, les provisions allaient finir, malheur à nous ! Je ne sais pas comment il arrive mais vers l’Annonciation, il commence à faire très chaud, une chaleur qui réussit à fondre la neige et les ruisseaux s’écoulent et Bistri a monte de bord en bord, d’une telle manière qu’elle a failli démolir la maison de Irinuca. Et nous, par une telle chaleur nous nous graissions avec de la lessive trouble, nous restions dehors au soleil tout nus pour que le cendrier sèche sur notre corps puis nous entrions dans la rivière de Bistri a pour nous baigner. C’était le conseil d’une vieille femme pour qu’on guérisse de gale. Vous pouvez imaginer ce qui veut dire se baigner en Bistri a, à Bro teni, deux fois par jour, justement pendant la Quarantaine ! Nous n’avions rien: ni pain de côté ni fièvre, ni 1 2 Mircea Eliade. Le sacré et le profane, Bucarest: Edition Humanitas, 1992, p. 58. Vasile B ncil . L’esprit des fêtes, Bucarest: Edition Anastasia, 1996, p. 54. _______________________________________________________213 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ aucune autre maladie, en échange la gale était toujours présente. D’ailleurs on dit souvent: on ne peut pas s’en débarrasser »3. Comme le Carême divise la Quarantaine en deux, de même cette fête délimite le séjour de Nic et de son cousin dans la maison d’Irinuca. L’intégration des faits à l’approche de ce Carême n’est pas accidentelle parce que, la première partie de celui-ci est beaucoup plus facile à la différence de la rudesse des jours de la Semaine Sainte. Métaphoriquement parlant, la période de pénitence des deux enfants consiste dans leur lutte avec la gale, les passions étant marquées par la destruction de la maison d’Irinuca, le meurtre de la chèvre, la fuite du lieu de l’action et le chemin difficile vers la maison des grands-parents, et la Résurrection, le jour où les garçons ont reçu la bénédiction à l’occasion de leur guérison de la gale, à l’aide des remèdes connus par la grand-mère Nastasia. À la même période du Carême est lié aussi le Samedi de Lazare, le dernier samedi avant la Semaine des Passions. Avant l’Entrée du Seigneur au Jérusalem (Le Dimanche des Rameaux) Jésus le Sauveur fait un miracle qui allait surprendre plus que jamais les gens, si méfiants devant les miracles que le seigneur accomplit. La Résurrection de son ami Lazare de Béthanie, mort depuis plus de quatre jours et enterré, a été la preuve incontestable de la déification de Jésus Christ. L’évangéliste Jean raconte (Jean 11) que, à la veille de son entrée en Jérusalem, quelques jours avant Ses Passions, le Sauveur Jésus Christ, arrivé en Béthanie, a été sollicité par les sœurs de Lazare (ami de Jésus), Marta et Marie, où Jésus avait été hébergé plusieurs fois pendant son activité publique (Luca 38-42). Lazare était malade, ses sœurs ont appelé Jésus pour qu’il vienne guérir leur frère. Mais Lazare est mort avant l’arrivée de Jésus, et de cette façon aura lieu le grand miracle de la Résurrection qui, mort déjà quatre jours auparavant et déposé dans le tombeau est ressuscité par le Rédempteur. Plusieurs des Juifs qui étaient là et qui virent ce que fit Jésus, crurent en lui. (Jean 45) La fête de la Résurrection de Lazare est présente aussi dans l’œuvre Souvenirs d’enfance de Creang : « Un beau jour Irinuca étant en village et ayant l’habitude d’y rester longtemps, comme la fille de l’adjoint du maire du village nous n’avions, nous rien à faire ? Nous escaladons la montagne, un peu plus loin de sa maison, un morceau de palis à la main, et comme les ruisseaux coulaient terriblement, surtout un blanc comme le lait, le diable nous met à arracher une rache de sa place qui tenait à peine et la rache roule vers la vallée avec une vitesse extraordinaire; elle passe par la palissade et par l’antichambre d’Irinuca, passe chez les chèvres et va directement à Bistri a. Tout cela se passait dans le samedi de Lazare, vers le midi. Ei, ei ! Que faire maintenant ? La palissade et la maison de la pauvre femme étaient détruites et gisaient par terre, une chèvre morte, des choses qu’on ne peut pas prendre à la légère. À ce moment nous avons oublié de gale et de tout, parce que nous avons commencé à trembler de peur. 3 Ion Creang . Souvenirs d’enfance, Bucarest: Edition la Lettre Internationale, 2005, p.189. 214__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ – Ramasse vite tout jusqu’à l’arrivée de la vieille femme et courons avec ce radeau chez mon frère Basile, à Borca, dit Dumitru, car les radeaux commencèrent à circuler. Nous réussissons à prendre toutes les choses que nous trouvions par là, nous allions vite au radeau et les bateliers, sérieux, partent. Je ne peux pas m’imaginer ce que Irinuca aurait pu dire après notre départ, mais je sais que j’avais une peur bleue jusqu’à Borca, où nous nous sommes couchés »4. Tout le monde attendait que le Rédempteur ait fait des miracles et les enfants à leur tout espéraient d’être guéris de gale. Si jusqu’au Vendredi Sec rien n’a pu guérir les deux compagnons de souffrance, à l’occasion du Samedi de Lazare la vie de ces deux enfants changera et ils pourront enfin oublier de leur gale grâce à une grosse pierre. L’homme qui souffre apparaît dans les deux narrations, tantôt en Souvenirs d’enfance que dans la Résurrection de Lazare. Dans la dernière narration le Rédempteur exige qu’on enlève la pierre qui se trouvait à la porte du tombeau. Marta essaie de s’apposer en disant que quelque chose sent mauvais déjà, ce qui veut dire que Lazare était entré en putréfaction. Jésus Christ, en la conseillant d’avoir de la croyance remercie tout d’abord au Père pour le miracle qui allait se produire, puis et appelle Lazare dehors. Celui-ci passe du tombeau tel comme on l’avait enterré: enveloppé en un linceul et un long voile sur le visage. Dans l’œuvre de Creang les choses se passent à l’envers: la grosse pierre qui a été déplacée de sa place ne ramène pas avec soi la vie mais la mort et beaucoup d’ennuis: « le diable nous met à ébranler une pierre de sa place qui tenait à peine et elle roule vers la vallée en grande vitesse; la grosse pierre a détruit déjà la palissade et par l’antichambre d’Irinuca, passe chez les chèvres et va directement en Bistri a. Tout cela se passait le samedi de Lazare, vers le midi. Ei, ei ! Que faire maintenant ? La palissade et la maison de la pauvre femme étaient détruites et gisaient par terre, une chèvre morte, des choses qu’on ne peut pas prendre à la légère. À ce moment nous avons oublié de gale et de tout, parce que nous avons commencé à trembler de peur »5. Après cette « bonne » action que les garçons viennent de faire, ils décident que, le Dimanche des Rameaux voulaient rentrer à la maison: « Le lendemain, le dimanche des Rameaux, de très grand matin nous sommes partis de Borca à l’Ancien Pays, avec deux montagnards à cheval, vers Pipirig » 6. La fête de l’Entrée de Jésus au Jérusalem est connue parmi les gens sous le nom de Rameaux ou le Dimanche des Grâces, parce que, en son honneur, les empereurs accordaient des grâces. Ce jour ouvre la Grande Semaine, occasion pour faire des pélérinages aux Saints Lieux. Le pélérinage à l’occasion du Dimanche des Rameaux, pratiqué aujourd’hui, annonce, comme les livres pour le service divin d’ailleurs, la relation spirituelle entre le Samedi de la Résurrection de Lazare, 4 Ibidem: 190. Ibidem: 190. 6 Ibidem: 190. 5 _______________________________________________________215 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ suivie par le Dimanche de l’Entrée en Jérusalem terrestre et le Grand Samedi du repos du Seigneur dans le tombeau, suivie du Dimanche de la Résurrection. Entre toutes ces fêtes, il y a une liaison même dans notre œuvre. Dans le Samedi du Lazare, les deux enfants ont détruit la palissade et la maison d’Irinuca et ont tué la chèvre: « la palissade et la maison de la femme détruites par terre, une chèvre morte ce ne sont pas des choses à prendre à la légère ». Puis, après la bonne action qu’ils viennent de faire, ils décident qu’ils doivent rentrer à la maison justement à l’occasion du Dimanche des Rameaux: « et le lendemain, le dimanche des Rameaux, de très grand matin nous sommes partis de Borca à l’Ancien Pays, avec deux montagnards à cheval, vers Pipirig ». La pélérinage de Rameaux est, d’ailleurs, une attestation de la victoire de Jésus Christ sur la mort de Lazare et une prévision de la victoire de Jésus sur le pêché, sur la mort et sur l’enfer, par sa Résurrection de la mort. Le pèlerinage de Rameaux, annonce par conséquent, comme les livres du service divin orthodoxe aussi, la relation entre le Mystère de la Croix et la Résurrection du Seigneur, entre l’Entrée du Seigneur en Jérusalem terrestre, afin de souffrir « pour nous, les hommes et pour notre salut » et l’entrée du Seigneur en Jérusalem céleste, afin de nous offrir une vie et une joie éternelles. Et en effet, le dimanche des Rameaux, les garçons vont en pèlerinage vers leur maison: « Il y avait un beau jour ce dimanché-là et les montagnards disaient qu’ils n’avaient jamais vécu un printemps comme celui-ci. Malgré tout ça, moi et Dumitru, nous chantions en cueillant des violettes et nous marchions en sautant et en nous lutinant comme si nous n’étions plus les enfants pleins de gale de Bro teni, qui s’amusaient copieusement dans la maison d’Irinuca. Nous avons continué à marcher et vers le midi, soudain le temps devenait capricieux et il a commencé une tempête terrible prête à mettre les sapins par terre ! Probablement la vieille Dochia n’avait pas enlevé ses touloupes ! Il a commencé à bruiner, puis c’était la giboulée pis il a fait froid et la neige est tombé en mesure à nous barrer la route. Il y avait du brouillard et de la neige et la route devenait presque impraticable. – Par hasard, le temps s’est-il gâté ? – dit un des montagnards en soupirant. Je me disais qu’il était impossible que l’hiver ait passé si vite. A partir des lieux isolés où l’on tient les agneaux, le chemin devenait de plus en plus confus et nous ne savions pas où aller. Nous nous sommes proposés de marcher au hasard. – Vous entendez la voix d’un coq, dit l’autre montagnard. Allons de ce côté-là et espérons qu’on arrivera dans le village. Enfin, nous descendons difficilement des pentes dangereuses et nous nous perdons entre les buissons de sapins et les chevaux glissaient et allaient en roulant et moi et Dumitru, nous marchions et nous pleurions en cachette à cause du froid; les montagnards gémissaient et ils mordaient les lèvres de colère; la neige ayant couvert la terre par endroits jusqu’à la taille et il faisait déjà nuit quand nous sommes arrivés dans une impasse de montagne où on entendait la voix d’un ruisseau qui venait, comme nous aussi, à partir d’une colline vers la vallée, en s’écroulant et en frappant les roches sans sa volonté… Le ruisseau suivait son chemin et nous nous sommes restés sur notre place ayant l’intention de préparer 216__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ une polenta, mais il n’y avait pas d’eau. Garçon, allez dormir enfin, dit un des montagnards, en allumant un sapin. – On s’est arrêté; nous étions assez distraits. Nous avions commencé à manger; on nous est resté peu de provisions. Peu de temps après nous nous sommes recroquevillés autour du feu: au-dessus de la neige, au-dessous de l’humidité. Nos conditions étaient lamentables. Probablement la malédiction d’Irinuca fonctionnait. Enfin, il fait jour et après s’être lavé avec de la neige et après avoir prié Dieu nous partons de nouveau. La neige avait cessé et après beaucoup d’effort nous avons retrouvé la route »7. Le pélérinage de Rameaux, comme une procession de la communion et de la communion écclésiale mais aussi comme un voyage – passage par la cité, il constitue en même temps le symbole de notre vie passagère. 8 On peut tirer la conclusion que le court vayage de Nic et de Dumitru signifie une initiation, le chemin proprement – dit ne comptant pas trop. L’important c’est la leçon apprise par ces péripéties et certainement chaque histoire peut nous enrichir la vie. Le pélérinage vers Jérusalem céleste commence tout d’abord dans les âmes sur la « voie de la croyance » en ramassant les fleurs des bonnes actions pour la rencontre avec Jésus Christ le Seigneur, celui qui a fait Sa Croix l’escalier de résurrection et de Sa Résurrection, le début de notre vie éternelle. Pour les deux espiègles les fleurs signifient les actions entreprises, les fleurs étant seulement les violettes: « moi et Dumitru, nous chantions sans cesse en cueillant des violettes sur la plaine »9. Le Dimanche des Rameaux représente le signe de la liberté en chemin vers la sainteté, l’humanité, la paix et la joie, ce que nos héros ont fait à leur tour même au moment où on a produit des ennuis à Irinuca et ont décidé de partir en « pélérinage » à la maison à cause de la peur en vue de chercher le calme spirituel. Après ce chemin de l’offrande, Nic et son copain auront le béni miracle de guérir de gale à l’aide de la grand-mère de Nastasia: « et après les lamentations et les pleurs de la grand-mère après ses coutumes, après nous avoir nourri et nous avoir hébergé, elle est allée dans le vestibule, a pris un petit pot en terre à goudron en bouleau, elle nous a mis des pieds à la tête et puis elle nous a offert le fourneau chaud pour dormir. Et ainsi elle a continué à nous joindre deux ou trois fois par jour et nuit jusqu’au Vendredi Sec quand nous nous sommes réveillés, guéris complètement ».10 Finalement, le Grand Samedi, Nic arrive à la maison, à Humule ti, où il reste tranquille et il pourra se reposer après tant d’aventures. Maintenant il était déjà guéri de rogne et content il passera la fête des Pâques dans son village bien 7 Ibidem : 192. « Le Sacré et le Profane, les valeurs colorées et lumineuses s’adressent à la partie sensible et, surtout, affectueuse de notre conscience esthétique, offrant un point de support original à la mission constructive de l’artiste. » – Arhip, Odette. Opera pictural – o lectur semiotic , Ia i: Edition Junimea, 2009, p. 156. 9 Ibidem: 190. 10 Ibidem: 193. 8 _______________________________________________________217 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ aimé: « ensuite le Samedi des Pâques on m’a envoyé chez mes parents, à ma maison, à Humule ti »11. Le jour des Pâques l’enfant se réjoint pour le moment solennel et il essaie de s’habituer à la campagne, allant à l’église où il chantait, en participant au repas du prêt Jean et chez Sm ndi a où ils cognent des œufs: « même le jour des Pâques j’ai chanté L’ange a crié dans l’église de manière à attirer toute l’attention vers moi. J’ai remarqué le bonheur et la fierté sur le visage de ma mère. Le prêt Jean m’a invité à prendre le déjeuner à côté de lui, et Sm ndi a à son tour a cogné des œufs avec moi. Les moments de joie ne finissaient plus… ».12 Le jour de la Résurrection du Seigneur du calendrier Religieux coïncide ainsi avec la résurrection de Nic à la vie d’autrefois, celle qu’il avait avant de quitter le « centre de l’univers » que Humule ti signifiait pour lui. La mort s’ensuivra, c’est-à-dire le voyage à Iassy, vu comme un « voyage aux Enfers, élément incontournable de tout scénario d’initiation (…), comme un exil malheureux « chez le diable en personne » en passant par la charrette de père Luca, ce Charon autochtone ad hoc ».13 Bibliographie Arhip, Odette. Opera pictural – o lectur semiotic , Bucarest: Edition Junimea, 2009. ncil , Vasile. L’esprit des fêtes, Bucarest: Edition Anastasia, 1996. Bodi tean, Florica. La littérature d’enfance et de jeunesse au-delà de la story, ClujNapoca: Casa C ii de tiin , 2007. Creang , Ion. Souvenirs d’enfance, Bucarest: Edition la Lettre Internationale, 2005. Dumitrescu-Bu ulenga, Zoe. Ion Creang , Bucarest: Edition Elion, 2000. Eliade, Mircea. Le sacré et le profane, Bucarest: Edition Humanitas, 1992. Furtun , Dumitru. Cuvinte i m rturii despre Ion Creang , Ia i: Edition Junimea, 1990. Gr dinaru, Dan. Ion Creang , Bucarest: Edition Allfa, 2002. Holban, I. Ion Creang – spa iul memoriei, Ia i: Edition Junimea, 1984. Lovinescu, V. Creang i Creanga de aur, Bucarest: Edition Cartea Româneasc , 1989. 11 Ibidem: 191. Ibidem: 193. 13 Florica Bodi tean. La littérature d’enfance et de jeunesse au-delà de la story, ClujNapoca: Casa C ii de tiin , 2007, p. 245. 12 218__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ (Im)possibles tableaux: Eugène Fromentin et l’Orient Roxana MONAH École « tefan Bârs nescu », Ia i, Roumanie Abstract At the same time a revelation and a fatality, the voyage to Italy gives Fromentin (18201876) the opportunity to formulate an artistic project appreciated by the audience, but that he will not able to update. He strives to find the formula that will enable him to represent the Orient while remaining faithful to the European pictural paradigm that he affectionates. A writer, he translates his aesthetic dilemmas into travel writings (Un été dans le Sahara and Une année dans le Sahel) that secure him a good literary reputation. This paper aims at analyzing the relationship between painting and words, taking into consideration the difficulties imposed by the representation of a space that is radically other. Keywords: travel writings, painting, Orient, aesthetic dilemmas. Rezumat Revela ie i fatalitate, c toria în Algeria îi ofera lui Eugène Fromentin (1820- 1876) posibilitatea de a formula un proiect artistic cu priz la public, dar pe care nu va mai putea -l înnoiasca. Pictorul Fromentin încearc s g seasc formula artistic ce i-ar permite s reprezinte Orientul r mânând fidel tradi iilor picturale europene, artei marilor pictori, în timp ce scriitorul Fromentin are posibilitatea s dea glas in relat rile sale de c torie (O var în Sahara i Un An în Sahel) dilemelor estetice provocate de descoperirea lumii orientale. Acest articol îsi propune s analizeze raportul dintre pictur si scriitur , dintre tablourile picturale si cele literare, prin prisma dificult ilor pe care le pune reprezentarea unui spa iu radical diferit. Cuvinte-cheie: literatur de c torie, pictur , Orient, dileme estetice. En 1846, Eugène Fromentin, jeune licencié en droit qui rêve de la peinture et écrit occasionnellement des articles sur des questions touchant à l’art, part en Algérie chercher l’inspiration artistique. Il y restera quelques mois, le temps de se convaincre que « malgré Marilhat et Delacroix l’Orient reste à faire », comme il l’avouera dans sa correspondance la même année. Il y retournera deux fois pour ramasser des esquisses et des souvenirs dont, une fois de retour en France, il fera jusqu’à la fin de sa vie des tableaux et deux récits de voyage qui lui vaudront la reconnaissance littéraire de ses contemporains. Quarante années plus tard, à sa mort, Fromentin sera l’auteur désabusé de nombre de tableaux d’inspiration orientale, de deux récits de voyage tirés de ce périple formateur, Un été dans le Sahara et Une année dans le Sahel, d’un roman personnel, Dominique, et d’un morceau de critique d’art, Les Maîtres d’autrefois, qui lui vaudra à la fois des louanges et des contestations. Si la double activité, de peintre et d’écrivain, n’est pas quelque chose de tout-à-fait singulier dans ce XIXe siècle où les hommes de lettres et les artistes plastiques se côtoient et s’inspirent réciproquement, le cas de _______________________________________________________219 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Fromentin est exemplaire, c’est une histoire d’attraction et de résistance, de pratique raisonnée et de méditation sur les deux arts qui séduisent nombre de ses contemporains. L’adolescence et la jeunesse de Fromentin semblent être placées plutôt sous le signe de la littérature, la pratique du dessin étant reléguée à des croquis dans ses cahiers d’écolier. A partir de 1837, il publie des poèmes dans la revue La Charente inférieure, parfois touchant aux rapports entre les deux domaines qui marqueront sa carrière, la littérature et la peinture (Un mot sur l’Art et Peinture et poésie). C’est à Paris, pendant ses études en Droit, qu’il commence à prendre des cours de peinture avec Rémond, bientôt remplacé par Cabat, paysagiste qu’il admire. Fromentin fait ses débuts artistiques au Salon du 1847, après son premier voyage en Algérie, avec deux tableaux d’inspiration africaine et un autre d’inspiration rochelaise. Avant cela, comme d’autres jeunes gens désireux de se faire un nom dans le monde littéraire, il avait publié un Salon (1845) et quelques autres textes à visée critique dans la Revue organique fondée par un de ses amis. Lorsque Un été dans le Sahara paraît, en 1854, il est déjà reconnu comme peintre et assume le texte en tant que peintre qui écrit. Une année dans le Sahel paraît en 1859, année de son succès le plus éclatant au Salon. Si le nombre des publications est assez restreint (deux récits de voyage qui forment un ensemble, un roman personnel et une œuvre de critique d’art sous forme de récit de voyage), l’archive qu’il a laissée et la correspondance parlent de plusieurs projets littéraires avortés, ce qui montre que l’intérêt pour la littérature a été une constante, et non pas un hasard, comme pourrait le laisser croire quelques-uns de ses textes, notamment la préface à la réédition d’Un été dans le Sahara de 1874. Cette hésitation initiale entre la littérature et la peinture et la manière dont il finit par choisir, déterminée dans une certaine mesure par le calcul de ses chances de devenir un bon professionnel et d’obtenir l’assentiment de sa famille, Fromentin l’avoue dans la correspondance. Dans une lettre qui fait le point sur le métier et les circonstances qui l’ont poussé à l’embrasser, l’auteur semble suggérer que le choix a été fait par résignation, la carrière de peintre s’imposant à défaut d’une possibilité réelle de devenir écrivain. L’idée de se faire une « position » occupe une place centrale dans la modalité dont il pense sa carrière: A ce moment je sentis ou crus sentier que, n’étant point ou ne pouvant point être écrivain, je réussirais peut-être à faire peintre. La vague même et la langueur de mon sentiment, l’amour extrême que j’avais eu toute ma vie pour la nature, enfin une certaine aptitude à décrire que je me croyais connaître, me décidaient pour le paysage. J’obtins de mon père qu’il me laissât faire un essai. Aujourd’hui le terme est venu de fixer ma position, toujours incertaine. Mon père hésite et j’hésite peut-être encore plus que lui. Pour lui, c’est une question de talent et de position. Pour moi, c’est une question de talent. (Fromentin 374) « Talent » et « position », voilà les deux pôles entre lesquels se construit la carrière de Fromentin: à la fois hésitant et conscient de son talent et de ses 220__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ possibilités, il désire s’assurer une vie commode tout en faisant un métier conforme à ses penchants. Et ses penchants mènent vers l’art et non pas vers le barreau auquel le vouait initialement sa famille. Dans le texte qu’il lui dédie dans ses Intérieurs, Albert Thibaudet remarque que Fromentin avait « le goût et l’intelligence de l’art sous toutes ses formes », plutôt que pour un art précis, il s’agissait pour lui plutôt d’une sensibilité artistique raisonnée que d’un talent dévorateur: Il est de ces esprits qui, se donnant à tous les arts, sont pris par l’art beaucoup plus que par un art, restent désormais un peu flottants, se développeront dans le sens de l’intelligence, de l’analyse et de la critique beaucoup plus que dans celui de la création, mais qui se révèlent assez capables, incidemment, de cette création, chez eux toujours à base d’intelligence, pour que leur analyse soit nourrie d’expérience et leur critique visiblement compétente. (Thibaudet 74) Comprendre la carrière et l’œuvre de Fromentin en dehors de ce flottement constitutif - qui se décline sous la forme de l’oscillation entre la littérature et la peinture mais aussi entre le désir de faire de la peinture conforme à son goût et le besoin d’obéir à la demande du public -, relève de l’impossible. Ce flottement qui le pousse à embrasser une double carrière, de peintre (en professionnel) et d’écrivain (en amateur), est mis à profit par l’artiste qui devient son propre agent de publicité. En 1859, après les succès qu’il enregistre avec les tableaux exposés au Salon et avec la publication d’Une année dans le Sahel, Fromentin écrit dans une lettre à Paul Bataillard: Mon exposition est bien accueillie par la très bonne raison que je suis plus difficile que personne. Elle me fera du bien, et si je ne considère que l’effet produit, je n’ai pas trop à me plaindre. J’espère placer à peu près tous les tableaux, moins un peut-être. Et, par le temps qui court, je devrais m’estimer heureux de ne pas mourir de faim. Mon livre a réussi. Un succès aidant l’autre, ma position se fait, je dirais même est faite, quand le succès d’argent sera proportionnel aux succès de renommée .(Fromentin 1147-1148) Les choses se présentent de façon assez riante en cette année 1859 où la consécration de Fromentin devient définitive, même si subsiste le mécontentement de l’artiste qui désire avoir réalisé autre chose, une peinture à même de lui ouvrir les portes du cercle restreint des grands peintres. L’auteur met en évidence la complémentarité de ses réussites sur le plan littéraire et pictural, les deux domaines étant inséparables pour se faire une renommée et gagner sa vie. Les écrits qui lui ont valu une certaine notoriété sont assumés comme des récits d’un peintre à la recherche des sujets et de la manière de peindre. Ils participent d’une construction de l’image de l’artiste qu’ils forgent si bien que, le moment où le peintre ressent le besoin de changer de sujet, d’abandonner la peinture orientaliste pour d’autres types d’inspiration, ce changement n’est pas accepté par le public, qui s’attend à ce _______________________________________________________221 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ qu’il continue dans le même filon. Il se retrouve prisonnier de son propre succès et n’a plus le courage de rompre avec ce qu’on demande de lui. Fromentin prête d’ailleurs attention à la réception qu’on fait à ses œuvres littéraires justement en fonction de ce que son statut de peintre lui permettait faire. « Il m’importait beaucoup de ne pas faire un four – se confesse-t-il à Gaston Romieux, en 1862, après la parution de Dominique – Un roman, après deux livres de voyage; un livre d’homme, après des essais littéraires qu’on pouvait tolérer d’un peintre; c’était une grosse entreprise, et pleine de danger. Le danger est passé. La réussite, est-elle assurée ? vous le dites » ( Fromentin 1241). On devine dans ces paroles une certaine retenue, même l’appréhension de ne pas transgresser les règles tacites qui stipulent qu’un peintre n’est pas « autorisé » à empiéter sur le territoire de l’autre, du professionnel de la plume, idée reprise avec éclat dans la Préface de 1874: Le hasard m’avait fourni le thème; restait à trouver la forme. L’instrument que j’avais dans la main était si malhabile, que d’abord il me rebuta. Ni l’abondance, ni la vivacité, ni l’intimité de mes souvenirs ne s’accommodaient des pauvres moyens de rendre dont je disposais. C’est alors que l’insuffisance de mon métier me conseilla, comme expédient, d’en chercher un autre, et que la difficulté de peindre avec le pinceau me fit essayer la plume. (Fromentin 5) Ce fragment peut être lu comme l’aveu de maladresse d’un novice en peinture, mais on peut y voir également l’idée, présente déjà chez Lessing et chez les néo-classiques du XVIIIe siècle, que le domaine de l’écriture est plus vaste que celui de la peinture: « Le lot du peintre était forcément si réduit, que celui de l’écrivain me parut immense ». (Fromentin 7) La question des limites assignées à la peinture est un des points de réflexion que le narrateur développe dans ses récits algériens. Quant à ce qui est du rapport écriture - peinture, il est inutile que cette dernière empiète sur la première, comme il arrive souvent dans les écrits de la même époque car, – Fromentin le formule presque dans les termes de Lessing –, « il y a des formes pour l’esprit, comme il y a des formes pour les yeux; la langue qui parle aux yeux n’est pas celle qui parle à l’esprit ». (Fromentin 7) Pour Fromentin, le recours à l’écriture – ici sous la forme du récit de voyage, genre qui permet une grande liberté d’expression et la possibilité d’endosser le masque de l’écrivain amateur qui assume les défauts de style en toute humilité – ne pose pas les mêmes problèmes génériques et ontologiques qu’élève la peinture qui doit sortir de l’expérience du voyage. En même temps, l’écriture lui permet de développer une réflexion concernant les possibilités de mise en formes et en couleurs d’une telle expérience, lui offre un champ de justification et d’explication de sa démarche artistique. Le récit de voyage fromentinien assume la voix narrative d’un peintre qui tente de déceler le spécifique d’un monde encore nouveau pour l’art européen, l’Algérie, le désert, monde pour lequel les formules artistiques forgées en Europe pendant des siècles se montrent inexactes et faibles. 222__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ La confrontation du peintre occidental avec L’Orient représente le point essentiel de ses récits de voyage et Fromentin pose sur la réalité un regard chargé d’attention esthétique, la compréhension de l’Afrique étant conditionnée par son expérience de peintre. Venu en Algérie pour trouver sa voie artistique, le voyageur se fait un devoir de saisir avec exactitude ce qui fait la différence entre l’Occident et l’Orient, tout comme ce qui les unit. Dans ce sens il essaie de faire l’expérience directe de ce monde autre, de se fier à ses perceptions pour bâtir sa vision de l’Orient – à la fois exacte par rapport au référent et originale par rapport à ce qui avait été déjà fait dans la peinture occidentale – vision qu’il lui faudra traduire par la suite dans son œuvre picturale. L’écriture devient ainsi pour le peintre l’instrument de décanter ses impressions, de les ordonner, c’est un laboratoire de création de quelqu’un qui interroge à la fois la réalité, la tradition artistique (comme en témoignent les nombreuses références et allusions aux œuvres les plus diverses de la peinture occidentale et l’analyse des démarches de Marilhat, Decamps et Delacroix, les trois orientalistes les plus en vogue de son temps), ses propres capacités et sa sensibilité et les moyens que l’art permet de mettre en place pour aboutir à cet idéal d’une représentation fidèle et originale. Pour tout peintre de l’Europe du XIXe siècle, l’Orient comporte de nombreux pièges: le premier sur la liste de Fromentin est le danger du pittoresque facile qui repose sur la mise en évidence d’une nouveauté saisie seulement dans ses manifestations superficielles. La tâche de transposer l’Orient en peinture est l’une des plus ardues, car l’Orient est trop particulier, se caractérise par un excès de couleurs et de lumière, et que l’artiste ne trouve pas pour exprimer ce type de beauté trop nouvelle des « précédents dans la littérature ancienne ni dans l’art » (Fromentin 321), il manque de schémas artistiques à même de donner des points d’appui. Si le peintre prend le parti de faire plier le spécifique de l’Orient aux « lois générales » de l’art, il risque de n’en rendre qu’un triste copie sans vie: « Changer quoi que ce soit dans cette physionomie si nettement nouvelle et décisive, c’est l’amoindrir; apaiser ce qu’elle a de trop vif, c’est l’affadir; généraliser une pareille effigie, c’est la défigurer ». (Fromentin 321) Si, au contraire, le peintre prend le parti de le rendre dans sa nouveauté, comme le « dictionnaire artistique » n’a pas de « de terme approprié à des œuvres de caractère si imprévu », il court le danger de ne donner que des « documents » qui tiennent plutôt de l’ethnographie qui ne peuvent trouver leur place que dans les récits de voyage. Le meilleur exemple pour appuyer ces réflexions tirées de la discussion (plutôt un monologue – dissertation) entre le narrateur et le géographe Vandell est l’épisode de la fête des fèves d’Une année dans le Sahel. Ce rassemblement de la population noire, spectacle éblouissant de couleurs, formes et sons, offre l’occasion au narrateur de réaliser un véritable tableau en paroles, un morceau qui ne néglige pas ni les références picturales (Rubens, peinture chinoise), les références détaillées aux nuances des couleurs (ici le rouge, pour donner une idée de l’intensité du rouge des haïks des femmes), ni les éléments permettant d’établir le point de vue, les lignes principales du « tableau » et le cadrage. Le narrateur se soucie constamment du choix du point de vue, ce qui laisse voir le peintre à la _______________________________________________________223 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ recherche de son sujet. On le voit essayer plusieurs variantes, afin de trouver le meilleur angle d’observation. Les descriptions deviennent des réflexions sur ce qui n’est pas encore image, sur ce qui va le devenir: ce sont des scènes montrées dans leurs transformations sous le regard qui cherche ce qui dans le référent pourrait se constituer en image picturale. Imagine un millier de femmes au moins (…) toutes, non pas habillées, car le voile uniforme cachait, au contraire, des splendeurs innombrables de couleurs, mais enveloppées de rouge, et de rouge éclatant, sans nuances, sans adoucissement ni mélange, le pur rouge à peine exprimable par la palette, enflammé en outre par le soleil, et poussé jusqu’à l’extrême ardeur par toute sorte de contacts irritants. (…) Tout pâlissait à côté de ce rouge inimitable, dont la violence eût effrayé Rubens, le seul homme du monde à qui le rouge, quel qu’il fût, n’ait jamais fait peur, et c’était la note dominante qui forçait les autres couleurs à se marier dans des accords doux. Je te parle ici des femmes, les hommes n’occupant que les derniers plans du tableau. (…) C’étaient de grandes filles au nez droit, aux yeux luisants, aux joues fermes et polies comme du basalte, coiffées à l’égyptienne, et de formes si vigoureuses que, malgré l’ampleur des voiles et des fouta, les muscles vivaient sous leurs habits aussi nettement que sous des draperies mouillées. Elles composaient une seule ligne, faisaient face à l’horizon vide, et se découpaient sur l’émail bleu de la mer avec la dureté d’une peinture chinoise. (Fromentin 299- 301) Mais cette image, extrêmement plastique, construite à force de mots qui rappelle l’art du peintre, ce tableau enivrant pour les yeux du spectateur aurait du mal à être transposé sur la toile car la scène transgresse les codes de l’art et choque le goût. Pour cette fois la beauté, de par son excès et manque de règles ne peut pas entrer dans le cadre du tableau: C’était fort beau, et dans cette alliance inattendue du costume et de la statuaire, de la forme pure et de la fantaisie barbare, il y avait un exemple de goût détestable à suivre, mais éblouissant. Au reste, ne parlons pas de goût dans un pareil sujet. Pour aujourd’hui, laissons les règles. Il s’agit d’un tableau sans discipline, et qui n’a presque rien de commun avec l’art. Gardons-nous bien de le discuter; voyons. (Fromentin 302) Mais ce que la peinture ne peut pas admettre, l’art de la parole, dans sa plus grande liberté, permet de rendre et la scène est mise verbalement en peinture. Les récits algériens peuvent être considérés comme un témoignage et un dépassement de l’impasse à qui aboutit la tentative de Fromentin représenter l’Orient selon les vœux du grand art auquel il rêve, ils offrent la possibilité de se laisser emporter par le plaisir de voir, de céder à la tentation de l’excessif et du voyant. Les recherches de Fromentin et l’analyse à laquelle il soumet la peinture orientaliste de son temps (la sienne et celle des autres) montrent sa conscience du fait que pour donner une expression adéquate à ce monde qui se construit souvent 224__________________________________________________________ DIMENSIONS ARTISTIQUES DE LA COMMUNICATION INTERCULTURELLE ________________________________________________________________________________ en opposition avec le monde familier, il faut opérer des changements plus radicaux, bouleverser les habitudes de la peinture européenne, les adapter à cette réalité nouvelle. Mais cette conception reste surtout au niveau des observations qu’il fait tout le long du récit; quant à sa pratique, il espère pouvoir trouver sa voie au sein même de la tradition des grands maîtres, il cherche à intégrer l’Orient avec toutes ses inversions (de lumière, de couleur ou de mœurs) dans les pratiques picturales auxquelles l’Orient semble se refuser. Il s’agit en fait de la part de Fromentin de la reconnaissance d’un de ces moments de crise dans l’évolution de l’art, où les moyens semblent épuisés, impuissants et demandent un renversement radical, renversement auquel il se refuse. La littérature, qui porte le sceau des recherches du peintre, qui se teinte de l’intérêt que les arts plastiques portent au matériel et emprunte souvent le lexique d’atelier (mais jamais à outrance, jamais sans motivation interne) devient ainsi un pendant nécessaire à la pratique picturale de Fromentin, un espace moins réglé où prend vie ce qui est inexprimable dans la peinture. Bibliographie Fromentin, Eugène. Œuvres completes. Paris: Bibliothèque de la Pléiade, 1984. Fromentin, Eugène. Correspondance. t. I-II, textes réunis, classés et annotés par Barbara Wright, Paris: CNRS-Editions, 1995. Berchet, Jean Claude. Le Voyage en Orient. Anthologie des voyageurs français dans le Levant au XIXe siècle. Paris: Robert Lafont, 1985. Christin, Anne-Marie. Fromentin, conteur d’espace. Essai sur l’œuvre algérien. Paris: Le Sycomore, 1982. Heinich, Nathalie. Etre écrivain. Création et identité, Paris: La Découverte, coll. L’Armillaire, 2000. Roger, Alain. Nus et paysages. Paris: Aubier, 1978. Schaeffer, Jean-Marie. Les Célibataires de l’art. Pour une esthétique sans mythes. Paris: Gallimard, 1996. Thibaudet, Albert. Intérieurs. Baudelaire, Fromentin, Amiel. Paris: Plon, 1924. _______________________________________________________225 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Divinités sous le signe de Jupiter dans les représentations statuaires antiques sur le territoire de la Roumanie Ioana-Iulia OLARU Université des Beaux-Arts «George Enescu», Ia i, Roumanie Abstract Although the Roman statues of deities found in Romania do not represent the official art (like the statuary of the emperors and the funeral) and they do not constitute a direct political propaganda, they are convincing examples of religious propaganda, demonstrating the existence of Roman religion in Dacia and Scythia Minor (today known as Dobrogea). Especially since the examples are many and varied, all the major deities and almost all the secondary ones were represented in sculpture ronde bosse, not only the supreme god, Jupiter (the god whose worship refers to the official cult of the Emperor). Keywords: statuary art, propaganda, religion, official cult, Dacia Traiana, Scythia Minor. Rezumat Chiar dac nu reprezint art oficial (ca statuara împ ra ilor i cea funerar ) i nu constituie a adar propagand politic direct , statuile divinit ilor romane g site pe teritoriul României sunt exemple conving toare de propagand religioas , demonstrând existen a în Dacia Traiana i în Scythia Minor (Dobrogea de ast zi) a religiei romanilor pe aceste meleaguri. Cu atât mai mult cu cât exemplele sunt multe i variate, toate divinit ile principale i aproape toate cele secundare fiind g site reprezentate în sculptura ronde bosse, nu doar zeul suprem Iupiter (zeu al c rui cult face trimitere la cultul oficial al împ ratului). Cuvinte-cheie: art statuar , propagand , religie, cult oficial, Dacia Traiana, Scythia Minor. L’assimilation – par parallélisme ou par analogie plastique – des divinités étrangères (grecques, orientales et ensuite celles appartenant aux peuples subjugués et englobés dans l’empire) avec celles d’origine italique, du panthéon romain originaire, a engendré tout un panthéon qui comprend des divinités romaines, assimilées aux divinités appartenant à des régions non-romaines. En général, en Antiquité, les statues de culte des divinités étaient destinées aux cellae des temples. Elles ne constituent pas de l’art officiel, où la propagande agisse de manière directe, mais pour les provinces – y inclus les deux sur le territoire de notre pays (Scytia Minor et Dacia Traiana), elles restent le témoignage de l’existence de la religion des Romains sur ces terres. Elles sont, en même temps, une manifestation de l’art plastique, même si dans la plupart des cas celles-ci étaient des repliques dépourvues d’originalité ou tout simplement des imitations, parfois grossières du point de vue stylistique, d’autres fois soignées, des prototypes répandus partout dans le monde greco-romain. Mais elles s’imposent par la clarté de l’expression artistique et par des particularisations concernant les hypostases, les vêtements, les attributs. D’ailleurs, c’est dans les attitudes consacrées, les symboles 226_______________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ et les attributs correspondants que réside la force de la religion; pratiquement, c’est de la sculpture religieuse et l’on ne peut pas prétendre à trop d’inovations dans cette série qui fait partie des types iconographiques classiques. Si le culte de Jupiter faisait référence directe au culte officiel de l’empereur, dans les provinces, les statues du dieu suprême étant un signe de dévouement pour l’Empire Romain, les représentations des autres divinités existantes dans le panthéon sont aussi très importantes: elles prouvent, indubitablement, le fait que le panthéon tout entier était connu et adopté sur le territoire des deux provinces de frontière essentielles du point de vue stratégique pour l’Empire. Une recherche – non-exhaustive!1 – du statuaire de culte sur le territoire de la Roumanie se limitera à une analyse stylistique des principales activités du panthéon romain assimilées à travers le phénomène interpretatio romana, divinités trouvées sous la direction du dieu suprême, Jupiter, sans que l’on puisse suivre chronologiquement une évolution en fonction des périodes auxquelles on suppose qu’elle appartiennent. (même si, dans le cas des oeuvres de bonne qualité et bien conservées, on peut saisir des influences d’un siècle à l’autre.) De toute façon, il ne s’agit pas de portraits véritables, comme c’est le cas du statuaire impérial ou du statuaire même funéraire, mais de modèles répandus, arrivés chez nous aussi. Junon, parèdre de Jupiter, peut être retrouvée, en général, sous forme de fragments (Sucidava, Criste ti – ici une petite tête en albâtre). Minerve est toujours représentée dans le statuaire d’après le prototype des Athéniennes de Fidias et Miron 2 : une vierge vêtue de chiton, à la cuirasse, au bouclier et à la casque, à la lance, une physionomie réservée, telle que l’on voit sur les statues en marbre d’Histria (le département de Constan a) et de Drobéta, ou sur celle en bronze d’Histria et Tomis, des pièces de série, mais de qualité, avec des postures et des mouvements naturels, en contrapposto, les mains le long du corps ou soulevées, au chiton long et drapé, un casque sur la tête; comme, on retrouve, d’ailleurs, dans le cas des statues dans le style artisanal, grossier, de Potaissa (Turda, le département de Cluj). Dionysos est un dieu jeune, représenté avec une grosse barbe (comme la tête du I-er siècle d’Histria), le manteau sur l’épaule, laissée doucement sur son dos (un fragment réaliste et détaillé, découvert dans l’Edifice à la mosaïque de Tomis (Constan a), nu, le corps penché côté droit). Mais il apparaît également en tant qu’enfant, dans certaines représentations grecques, comme dans une statue de Tangra de Callatis (Mangalia) (III-ème siècle av. J.-C. 3 ): un petit enfant, aux formes rondes, aux traits spécifiques à son âge, dans une posture expressive. En général, Dionysos est représenté en train d’apporter les libations (la statue fragmentaire de Mârleanu (le département de Constan a) le représente dans un style artisanal, mais non pas dépourvu d’expressivité, en train de verser l’offrande d’un 1 Hormis quelques divinités assimilées par interpretatio romana, il y a aussi les divinités locales (Bendis, le Chevalier thrace, les Chevaliers du Danube), tout comme celles orientales (Mythra, Cybèle, Hécate, Isis, Osiris etc.). 2 Radu Florescu. Daco-romanii, Bucure ti: Ed. Meridiane, 1980, p. 150. 3 Idem, Geto-dacii, p. 38. _______________________________________________________ 227 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ kantharos, ou appuyé sur son thyrsus, le serpent qui s’enroule autour de son sceptre étant l'un de ses attributs personnels. la Des statues, il y en a quelques-unes qui se sont conservées à Pojejena (le département de Cara -Severin) et Capidava (le département de Constan a). Pan (le dieu la tête et le tors humain, les pieds, les cornes et la barbe de bouc, jouant de la flûte), l’un des personnages qui consituent le cortège de Dionysos, est reste souvent représenté dans le statuaire: par exemple, une statue romaine acéphale, en marbre, de bonne qualité (Techirghiol, le département de Constan a); une tête de statue (Callatis), toujours dans un style soigné, réalisée avec adresse, un visage expressif dû aussi au regard ardent spécifique à l’Antiquité tardive (III-ème siècle ap. J.-C.), l’iris sculpté et orienté vers le haut. Il y a, aussi, les statues de Romula (Re ca, le département d’Olt), ou d’Ulpia Traiana Sarmisegtuza (le département de Hunédoara), une statue de qualité en bronze tourné, d’une execution technique très soignée, qui permet aux détails d’accentuer, voire de manière expressioniste, les déformations du corps, la plasicité du visage à l’iris marqué. Liber et Libera représentent l’hypostase latine du couple Dionysos et Ariadne. Liber est représenté, tout comme Dionysos, jeune, nu, paré de vignes, aux attributs spécifiques (thyrsus, raisins, accompagné de personnages du cortège dionysiaque). Il y a des statues en marbre découvertes dans le temple de Liber Pater d’Apulum (Alba-Iulia) (il.1); des têtes trouvées à Potaissa, qui appartiennent, le plus probablement, au même groupe statuaire: l’une féminine – une bonne réalisation, le visage ovale, les grands yeux, le nez grec, les cheveux ondulés noués en trois queues, portant une taenia autour de la tête, une coronne de lierre, un bouquet de raisins d’un côté et de l’autre des oreilles – représente, probablement, Libera; de manière identique, une tête masculine (probablement Liber), le visage rond, coupe de cheveux, coque à la nuque, à la même taenia autour de la tête et aux bouquets de raisins aux oreilles. Le groupe Liber et Libera d’Ulpia Traiana nous représente, lui aussi, Libera drapée au long chiton. Apollon est un autre dieu qui apparaît dans le statuaire avant l’époque romaine, le témoignange en étant trois statues de l’époque archaïque dédiées à Apollon Ietros (le Thaumaturge) d’Histria; une statue hellénistique en terre cuite, praxitélienne (Tomis), une tête en marbre, toujours hellénistique et provenant de la même ville – une pièce (d’import) de haut niveau artistique4. Il y a, aussi, à Tomis, une statue fragmentaire qui représente Apollon Cytharoedus, le joueur de cythère. À Aquae (C lan, le département de Hunedoara), une tête d’Apollon présente encore des traces de teinture. Toute particulière est une tête en marbre, d’Apulum, datant de la période antonine (ou du début de la période sévérienne5), une sculpture le plus probablement autochtone (étant donnée la marbre locale), creation d’un artiste itinérant, qui reproduit avec adresse la tête d’Apollon de Belvedere, en surprenant des détails de son visage délicat, l’expressivité du regard, la position 4 5 Ibidem: 37. La technique du trépane nous est utile ici. Cf. Radu O a. O copie a lui Apollo din Belvedere descoperit la Apulum, in Apulum, XLIII/1, Alba Iulia, 2006, pp. 231-232. 228_______________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ légèrement tournée vers la gauche, ses cheveux bouclés noués dans une coque à la nuque, et dans une autre au front. Aesculape et Hygie (sa fille) apparaissent d’habitude ensemble, tant dans les bas reliefs, que dans le statuaire. Un exemple en est celui d’un groupe statuaire d’Apulum, avec les deux personnages représentés de manière symétrique, de face, assis, acéphales, le serpent figuré dans le bas relief, à leurs pieds, devant le socle (il.2). Certains chercheurs attribuent le monument au couple Pluton et Proserpine6. Seule Hygie est illustrée comme une jeune femme vêtue de chiton et manteau, comme dans la statue acéphale d’Ulpia Traiana, dans un style autochtone, au drapage simplifié. il.1 Liber, Apulum il.2 Esculap et Hygeia, Apulum Silvanus, à la tunique, chlamyde et bonnet phrygien, dans l’hypostase de l’agriculteur est accompagné par le chien et tient à la main ses attributs, les torches et la faucille pour nettoyer les vignes, mais il apparaît également dans l’hypostase Sylvanus Pater, dieu olympien, représenté nu, la barbe épaisse, à Ulpia Traiana (à présent à Kunsthistoriches Museum, Viena). Des statues de toutes les dimensions peuvent être retrouvées à Apulum et Romula. Des statues de la déesse de la chasse, Diane, se sont conservées – l’une en marbre à Ulpia Traiana, acéphale, qui dégage de la force; un fragment à Capidava au chiton drapé; tout comme une série de petites statues et des figurines en bronze découvertes à Ulpia Traiana, Apulum, Potaissa, Romula, Tomis. Mercure-Hermes apparaît rarement dans la province Dacia, son culte n’est pas tellement répandu comme dans d’autres provinces de l’Empire. Il est représenté le visage classique bien connu: nu, avec le caducée de serpents, le chapeau et les sandales ailées, dans des figurines en bronze à Gherla (le département de Cluj), Drobéta, Romula, Sucidava (Celei, le département d’Olt), Apulum, Ulpia Traiana. La petite statue de Gherla (III-ème siècle ap. J.-C., probablement locale, étant donéees les particularités provinciales, représente le dieu debout, en contrapposto, la tête légèrement surdimensionné, le torse allongé, le visage imberbe, portant un collier; il est vêtu d’une chlamyde, il n’a pas les 6 Clo ca L. B lu . Monumentul statuar cu Pluton i Proserpina de la Apulum (Dacia), in Apulum, XXXIX, Alba Iulia, 2002, p. 301 i urm. _______________________________________________________ 229 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ sandales spécifiques, mais tient à la main le sachet et le caducée (qui, à présent, est absent). Bien que la pièce soit travaillée avec précision, les traits du visage sont schématisés. La statue est typique, mais c’est la coiffure qui est intéressante, une queue nouée autour de la tête (coupe de cheveux spécifique aux athlètes), d’où sortent directement les ailes (il n’y a pas d’analogies concernant l’emplacement des ailes directement dans la coiffure)7. La déesse Némésis est représentée jeune, au long chiton, un exemple illustratif étant une petite statue dans un style local, trouvée à Apulum (il.3), spécifique à la fin du II-ème siècle – le début du III-ème siècle ap. J.-C.8. Celle-ci se caractérise par un drapage schématique, avec une disproportion entre la tête surdimensionnée et le corps dense, un visage sévère, un air conventionnel suggéré par le fait qu’elle tient sa main appuyée sur sa potrine, qui symbolise l’autocontrôle. L’autre main tient un attribut spécifique qui est la coudée, avec laquelle elle mesurait les péchés. Une statue découverte très récemment9 toujours à Apulum (dans le temple du castre romain, la déesse étant également la patronne des gladiateurs et des soldats) est une pièce en marbre de très bonne qualité, peinte (il y a encore des traces de peinture rouge sur les vêtements), une sculpture d’import cette fois-ci, mais appartenant à la même période, une œuvre de haut niveau esthétique: aux proportions équilibrées, une physionomie expressive, la coiffure étant soigneusement rendue, tout comme la diadème sur la tête. Avec la même précision est rendu aussi le drapage, qui met en évidence les formes. La divinité est accompagnée par l’animal-attribut, le griffon, et tient la main droite sur la poitrine; dans la main gauche (disparue partiellement), elle tenait le même instrument pour mesurer les faits des hommes. Un groupe statuaire votif de tradition hellénistique est l’édicule monolythe avec la Némésis double du Trésor de sculptures de Tomis (il.4) (105cm)10. C’est une belle création du III-ème siècle ap. J.-C., comme le prouvent une somme de caractéristiques. La simplicité du cadre architectural en est renforcée par le fait que le petit temple est limité d’une partie et de l’autre par deux colonnes corinthiennes (l’une est conservée, l’autre réconstituée), au bras lisses, sur lesquels s’appuie l’architrave avec le fronton aux acrotères; au milieu, une coronne de lauriers est liée par une taenia. Evidemment, les deux divinités identiques qui représentent toutes les deux Némésis (le dos à l’édicule) ont, elles aussi, le même style sévérien: ce sont des répliques de bonne qualité des modèles connus. Elles sont représentées de face, en position symétrique (par rapport à un axe qui percerait le toit du fronton, debout, avec la même attitude – un bras laissé le long du corps tient la balance, l’autre s’appuie sur la potrine. Les visages expressifs ont un air de portrait11, des détails comme la sensualité de la bouche, le nez et le menton fins, 7 Radu Ardevan. Mercurius de la Gherla, in Acta Musei Napocensis, XX, Cluj-Napoca, 1983, pp. 397-401. 8 Al. Popa, I. Berciu. Cetatea Alba Iulia, Bucure ti, Editura Meridiane, 1962, p. 28. 9 Descoperire unic : templu roman în castrul Legiunii a XIII-a Gemina, in Historia, mai, 2011, an XI, nr. 113, p. 8. 10 Radu Florescu. Daco-romanii, p. 150. 11 V. Canarache et al., op. cit., pp. 83-84. 230_______________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ leur visage ovale, auquel s’ajoute la coiffure minutieuse et rendue avec précision (coque à la nuque, les cheveux peignés à la raie au milieu) – complète la plasticité du drapage (la même combinaison entre chiton et himation. Toute l’oeuvre, où la stylisation des éléments décoratifs architecturaux joint le jeu de lumières et d’ombres, la technique du trépan, est spécifique à l’Antiquité tardive. Des statues acéphales de cette déesse (patronne de la vengeance) ont été trouvées chez nous aussi: l’une à Ulpia Traiana, l’autre à Callatis, III-ème siècle ap. J.-C. (il.5). il.3 Nemesis, Apulum il.4 Némésis double, Tomis il.5 Nemesis, Callatis De dimension relativement grande (155cm), Fortuna et Pontus, faisant partie du Trésor de sculptures de Tomis (il.6), s’élèvent majestueusement le corps droit et impressionant. Impressionant par la noblesse de l’allure et du visage et par le niveau qualitativement supérieur d’une pièce locale, mais appartenant à un atelier important et à un artiste adroit, maniériste, qui utilise, en effet, des modèles connus (Fortuna Polias, le groupe sculptural Tychè d’Antioche appartenant à Euthymides de Sicyone, disciple de Lisip). Le style (spécifique à la deuxième moitié du II-ème siècle ap. J.-C. – le début du III-ème siècle ap. J.-C.12) ressort en évidence par des caractéristiques hellénistiques concernant le modélage correct, les proportions anatomiques harmonieuses, la finition attentive aux détails de la surface, mais à laquelle s’ajoute le spécifique romain tardif surpris dans l’expressivité du regard pathétique orienté vers le haut (les yeux ont l’iris et la pupile marqués) et dans la technique du contraste et du jeu lumière-ombre à l’aide du trépan. Le visage à la joue délicate et la bouche sensuelle est entouré par les cheveux bouclés, à la raie au milieu. Le drapage épais et élégant du chiton et de la chlamyde suit la ligne du corps, en mettant en évidence le pied droit fandé (la position contraposée) et le genou, en s’arrangeant de manière naturelle en des plis répétés, paralléles vers le bas de la taille, ou suivant la torsion du vêtement autour de la taille. La main gauche (la droite manque) tient cornu copiae. Aux pieds de la déesse, appuyé contre un bateau (représentée schématiquement et par fragments), il y a un dieu, probablement Pontus, la personification de la Mer Noire (au début de toutes les mers). On voit la partie supérieure du corps d’un homme mûr, le torse athlétique (nu), son apparition d’une acanthe suggérant la sortie des vagues de la 12 Ibidem: 18. _______________________________________________________ 231 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Mer, fait souligné par l’aspect des cheveux et de la barbe bouclée qui semblent être mouillés. On a utilisé dans ce cas-ci aussi le trépan; corona muralis qu’il a sur la tête (ce qui ressemble à une porte de cité aux portes flanquées par des canons), le désigne en tant que protecteur de la ville. Il y a aussi une statue similaire de Fortuna Poliade, trouvée toujours à Tomis, moins complexe et d’un niveau inférieur en ce qui concerne la réalisation plastique, mais avec la même élégance du vêtement et de la coiffure. Une statue acéphale à Apulum (il.7) est identifiable par le cornu copiae conservé dans la main gauche visiblement trop grande (la main droite est coupé du coude). En marbre blanc, de 40cm, la statue représente la déesse debout, avec le chiton dont les plis mettent en relief la ligne du corps; elle a le pied gauche fandé et exprime une atitude imposante, bien que la réalisation de la pièce soit provinciale. La datation peut être fixée entre la fin du II-ème siècle et le début du III-ème siècle ap. J.-C. Des analogies sont possibles avec les petites statues de Stobi (Macédoine), Sopot (Moesia Superior), Sapaja (l’ex-Yougoslavie), Gallia etc13. De loin la sculpture ronde bosse la plus originale de toute la période antique dans notre pays en est une animalière: le serpent Glykon (il.8), du même trésor de Tomis. Un dieu énigmatique (adoré même en Occident, pendant l’Antiquité Tardive – pendant Hadrianus et Antonius Pius14), Glykon représente un concept complexe: un synchrétisme entre Glykon dans son hypostase classique et une divinité locale personifiée par le serpent d’Aesculape (Asklepios), non pas sans relation avec des divinités telles Dionysos ou le Chevalier thrace. À cela s’ajoute aussi une complexité sans comparaison de la représentation plastique – spécifique à la période antique tardive, à laquelle l’oeuvre appartient, avec l’accent mis sur la tension baroque des volumes et sur le dramatisme du corps enroulé. Celui-ci s’élève à une hauteur de 66cm15, en s’inscrivant dans un coin, dont la base est formée par le plateau d’un diamètre de 50cm, ce qui constitue la base de la statue. L’harmonie et l’équilibre spatial16 de cette composition parfaite ont un fort impact visuel, cachant et relevant à la fois une géométrie secrète: de tout angle17, cette pièce d’exception impressionne par la section d’or qui se détecte au-delà (sinon justement dans) les tressages fluides et qui le rend unique18. Non pas au dernier lieu, il faut remarquer l’imbrication fantastique de plusieurs animaux (ici, le prototype est celui classique, retrouvé aussi dans les autres représentations de ce dieu): corps de serpent, mufle d’ovine, yeux de chien, regard expressif, oreilles et longs cheveux d’homme, collés à la tête et separés en mèches semble-t-il mouillées, 13 Ioan Pigariu. O statuet a Fortunei descoperit la Apulum, in Apulum, XXVI, Alba Iulia, 1989, pp. 213-221. 14 V. Canarache et al., op. cit., p. 110. 15 Mihai Irimia. Glykon la Tomis, in Preda’s, Constan a nr. 2, martie, 2005, p. 89. 16 Radu Florescu. Daco-romanii, p. 150. 17 Pour plus de détails, voir Dorina Popovici, Ioan Mircea Popovici. Glykon geometria secret , in Preda’s, Constan a, nr. 2, martie, 2005, p. 106. 18 Bien que plusieurs petites statues de ce dieu soient aussi connues (Anatolian Museum, Ankara, Agora Museum, Athena). 232_______________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ queue de lion, terminée par une touffe de cheveux. Un artifice technique: une petite bare spiralée de 8,5cm, coupée du même bloc de marbre, relie la tête des anneaux placées au-dessous, en le soutenant, mais réalise aussi un remplissage d’un vide compositionnel qui aurait pu être désagréable pour le regard. Une exécution technique d’exception, d’un réalisme illusionistique, fait que les anneaux deviennent de plus en plus petites à partir de la queue et tête vers le milieu, tout en se rapportant à la dimension de la tête, et les écailles sont représentées en détail, même dans les parties cachées, vers l’intérieur de la statue19. il.6 Fortuna et Pontus (Tomis) il.7 Fortuna, Apulum il.8 Glykon, Tomis Vénus, la déesse de la beauté et de l’amour, est fréquemment représentée dans le statuaire. Il y en a encore, dans les provinces sur le territoires de la Roumaine egalement, quelques sculptures, quelques-unes conservées par fragments, où l’on retrouve les prototypes hellénistiques consacrées, toutes en mettant l’accent sur l’harmonie et la beauté des proportions anatomiques, mises en évidence dans un corps nu, comme par exemple la sensualité et la grâce de tradition hellénistique en ce qui concerne la posture et le mouvement du corps. Dans la représentation de l’image de la beauté, la sculpture confirme aussi la vision homérique, à savoir que « chez la femme belle tout est fermeté, potentialité, contour bien marqué, même plusieurs dimensions »20. Un torse en marbre de Tomis, haut de 68cm, d’un haut niveau artistique, est lui-aussi un tel exemple qui représente avec adresse les traits classiques de la déesse21. C’est toujours dans cette province que l’on a récemment découvert (2006) une petite statue fragmentaire en marbre translucide (la moitié inférieure du corps mesurant, avec le socle 25,5 cm hauteur22), datant du II-ème siècle ap. J.-C. La déesse est représentée dans l’hypostase de la maternité, Venus Gentrix23, avec dans ses bras Eros-enfant (dont il ne reste plus que le pied gauche). Mais la représentation est ici semi-nue, sensuelle, la chlamyde devoilant son corps 19 V. Canarache et al., op. cit., p. 109. Florica Bodi tean. L’image de la femme dans l’épopée héroïque: l’Iliade, in Alloquor Studia Humanitatis Iassyensia, vol. 2, nr. 3, iulie-septembrie 2009, p. 65. 21 Radu Florescu. Daco-romanii, pp. 148-49. 22 Zaharia Covacef. O nou statuet a zei ei Venus descoperit la Tomis, in Pontica, XXXIX, Constan a, 2006, pp. 339-340. 23 Bien des femmes d’empereurs romains étaient représentées de cette manière. 20 _______________________________________________________ 233 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ dans la partie supérieure. C’est une oeuvre qui témoigne de l’adresse d’un artiste qui a su contrôler les proportions anatomiques (bien que les pieds soient surdimenionnés), qui a maîtrisé la science de la représentation du drapage, qui s’est préoccupé de la finition de l’oeuvre. D’autres fragments similaires, toujours avec la moitié inférieure du corps sont ceux d’Apulum (il.9), ou de Callatis (il.10), le deuxième quart du III-ème siècle ap. J.-C., à cette différence prés qu’il s’agit de l’hypostase Venus Pudica, la déesse faisant un geste en soulevant avec la main gauche (conservée partiellement) le voile qui vient de glisser, couvrant seulement ses jambes. Des fragments de statues en marbre se retrouvent de nos jours aussi à Drobéta, Histria, Tomis. Mais il y en a d’autres qui se sont conservées: de petites statues provinciales conformes à l’archétype praxitélien, en divers matériaux, de diverses niveaux d’exécution (Drobéta, Sucidava, Romula, Apulum, Ulpia Traiana, Napoca, Porolissum-Moigrad, le département de Salaj). Nombre de telles figurines rudimentaires en bronze, à cause du mauvais traitement lors de la création, la sensualité a disparu, tout comme les proportions justes, les formes sont devenues de plus en plus schématiques (un exemple: une statue de Tomis, il.11). Nombre de figurines en terre cuite se sont conservées à Apulum et Potaissa. Mais il y a aussi des exemples d’oeuvres de qualité, de petites statues travaillées avec art, en bronze, à Gil u (le département de Cluj), Potaissa (en bronze avec d’or) – celle-ci du type Venus Pudica, s’éloigne du prototype classique, mais les proportions sont correctes, et l’anatomie voluptueuse n’est pas dépourvue de charme; le visage a des traits jeunes, une coiffure avec une coque à la nuque. D’un haut niveau artistique est aussi la statue en marbre (II-ème siècle ap. J.-C.), de Tomis (il.12), même si fragmentaire: la ligne du corps rendue sensuellement, on remarque l’intérêt pour les proportions, pour le mouvement, la finition. On dirait une tête d’une statue praxitelienne (toujours de Tomis) (une réplique de la fin du II-ème – le début du III-ème siècle ap. J-C.24), un bronze tourné et attentivement poli. il.9 Venus, Apulum il.10 Venus, Callatis il.11 Venus, Tomis il.12 Venus, Tomis Le dieu de la guerre, Mars, est représenté dans le statuaire, jeune et armé, portant armure et casque, comme dans la statue d’exception de Porolissum. Les détails et proportions sont bien réalisées, le corps est harmonieux, on distingue les 24 Radu Florescu. Daco-romanii, p. 148. 234_______________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ muscles mis en relief, les cheveux bouclés, les yeux très détaillés, le casque corinthien sur sa tête, au panache paré d’aiguilles de sapin, soutenu par un sphynx. Il a la posture d’un athlète en train de lancer la lance, dans un mouvement très bien réalisé. D’ailleurs, nombre de statues en bronze, d’une execution plus moins soignée, ont été retrouvées à Ulpia Traiana, Apulum, Gherla et Potaissa (de cette localité provient aussi la tête d’une statue en marbre de ce dieu). Donc, le statuaire de culte sur le territoire de ces deux provinces apporte, heureusement, des témoignages suffisants de l’existance sur ces terres d’un art qui prouve l’influence romaine à ce niveau aussi; même sans ces exemplaires très bien conservées, qui permettent une complète compréhension de l’évolution du statuaire, il y a, cependant, la possibilité d’une étude comparative qui éclaricit le problème concernant la propagation de la religion romaine en Dacia Traiana et en Schytia Minor. Bibliographie Ardevan, Radu. Mercurius de la Gherla, in Acta Musei Napocensis, XX, Cluj-Napoca, 1983. lu , Clo ca L. Monumentul statuar cu Pluton i Proserpina de la Apulum (Dacia), in Apulum, XXXIX, Alba Iulia, 2002. Bodi tean, Florica. L’image de la femme dans l’épopée héroïque: l’Iliade, in Alloquor Studia Humanitatis Iassyensia, vol. 2, nr. 3, iulie-septembrie 2009. Canarache, V., Aricescu, A., Barbu, V., R dulescu, A. Tezaurul de sculpturi de la Tomis, Bucure ti: Editura tiin ific , 1963. Covacef, Zaharia. O nou statuet a zei ei Venus descoperit la Tomis, in Pontica, XXXIX, Constan a, 2006. Descoperire unic : templu roman în castrul Legiunii a XIII-a Gemina, in Historia, mai, 2011, an XI, nr. 113. Florescu, Radu. Daco-romanii, Bucure ti: Editura Meridiane, 1980. - - -. Geto-dacii, Bucure ti: Editura Meridiane, 1980. Irimia, Mihai. Glykon la Tomis, in Preda’s, Constan a nr. 2, martie, 2005. Milea, Zaharia. Mars de la Potaissa, in Acta Musei Napocensis, VIII, Cluj-Napoca, 1971. a, Radu. O copie a lui Apollo din Belvedere descoperit la Apulum, in Apulum, XLIII/1, Alba Iulia, 2006. Pigariu, Ioan. O statuet a Fortunei descoperit la Apulum, in Apulum, XXVI, Alba Iulia, 1989. Popa, Al., Berciu, I. Cetatea Alba Iulia, Bucure ti: Editura Meridiane, 1962. _______________________________________________________ 235 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ 236_______________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ La sémiotique de la lumière: Hypothèses (non)conventionnelles sur la genèse du mot Traian D. ST NCIULESCU Université « Alexandru Ioan Cuza », Ia i, Roumanie Il y a plus d'un siècle, le problème de la genèse du mot était un tabou pour les membres de la Société de Linguistique de Paris, parce qu'il dépassait le cadre de la linguistique et provoquait de vives disputes, sans avoir une base scientifique. Les acquis récents du savoir permettent de lever une telle interdiction, après avoir accepté la vérité que, en général, les problèmes de l'existence humaine impliquent une recherche inter(trans)disciplinaire. Les controverses issues des mécanismes de la logogenèse supposent la corrélation de diverses explications, commençant par celles de la physique quantique jusqu'à celles de la biologie, de la neuro-psychologie jusqu'à celles de la logique, de la philosophie et de la linguistique. Dans sa double qualité, de théorie et de méthode, la sémiotique déploie ses vertus intégratrices pour décrire et expliquer d’une manière intégratrice le processus de passage de l'Ontos au Logos, du « langage de la nature (lumière) » au « langage de la culture (signe) ». Le langage de la nature : entre virtualité et réalité Le fait que la nature est « Le Grand Livre » de l'humanité (Emmeche & Hoffmeyer, WEB 6,7) représente une intuition bien ancienne, reconsidérée de nos jours par les conclusions de la sémiotique. Celle-ci soutient l'omniprésence de l'information et implicitement de la physio-sémiosis, de la «communication » du type « réflexion physique » au niveau des différents systèmes de la réalité: une «sémiose virtuelle, antérieure à toute vie cognitive, ou, d'une manière métaphorique, « un processus aussi grand que l'univers physique même ». (Deely 71) L'idée spéculative d'un « langage de la nature » est fondée sur la compétence humaine de découvrir, de choisir et d'interpréter des signes de la réalité qui déterminent la sémiosphère (Hoffmeyer, 1997b): l'ensamble des lumieres et des couleurs, des sons, des ondes de toutes les champs, des figures, des orientations, des mouvements, des numéro etc. Selon l'affirmation des représentants de la « Gnose de Princeton », par l'intermédiaire de ce « langage cosmique », « l'univers s'objective par nos sens », il « sensifie sans signifier ». (Ruyer 1997) Un pareil langage s'exprimerait en termes d'une binarité résultant des oppositions du type: impulsion-réaction, implosionexplosion, passif-actif etc., respectivement de la diade cause-effet et aussi par « la codification binaire » de type « on-off », analogue-digital. Deux conclusions certes peuvent se détacher de ces modèles (analogies de types spéculatifs », comme elles sont considérées par des certains spécialistes): ________________________________________________________239 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ les mécanismes supposés de «codification informationnelle » déclenchés sous l'action des forces polaires et de leurs combinations, engendrent les formes fondamentales du monde, des « signes virtuels » unificateurs, que la connaissance réflexive est en mesure de capter et de transformer en signes (symboles) réels; quelle qu'eût été la nature du hard d'un « calculateur cosmique », il est certain qu'un de ses soft a permis l'apparition de homo significans. 240__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ La genèse des formes essentielles: le langage de la nature ________________________________________________________241 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Dans ce contexte, la sémiotique peut assumer la sémiosis fondamentale de la cosmogenèse comme un « acte linguistique » de type Fiat lux! ou Big-Bang, par lequel « le texte du monde » va naître. Le spécificité d'un tel « langage » serait, donc, déterminée par: - l'activation de quelques principes universels ordonnateurs: la systématisation (la structuralité), la connexion, la reflexivité, d'une part, la spécificité des formes que l'information revêt, en tant que réalité universelle et objectivée, d'autre part; - la nature des forces physiques significatives impliquées (fondamentales ou/et dérivées); - la nature du substrat « signifiant » (substantiel et/ou énergétique) sur lequel le principe « qui signifie » agit, pour générer les « formes-signifiés » qui constituent « le lexique de la nature ». D'après Ch. Peirce, la stabilité des trajets qu'une telle « signification » (physiosémiosis) engendre représente le résultat de la plus ancienne loi de la nature: « la tendance de créer des formes et des coutumes »; mais où il y a une forme, un pattern, « retrouvera toujours un organisme pour lequel cette forme devient un signe ». (Hoffmeyer 935-936) Le mécanisme de la transformation des formes en signes constitue, donc, le prémisse du changement du « langage de la nature » dans ce qu'on peut appeler « langage du vif ». Sémiotique des formes humaines 242__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Le langage du vivant, phénomène de résonance Par langage du vivant on comprend la manière de manifestation (au niveau des systèmes biologiques) d'une propriété propre à toutes les structures substantielles-énergétiques du monde: la propriété d'entrer en résonance. Le mécanisme de la résonance est essentiel pour expliquer le processus de structuration et d'organisation hiérarchisée des systèmes complexes, vivants et nonvivants, respectivement le moyen de constitution des états: dissipatifs (Prigogine), sinérgique (Haken), d'auto-organisation (Eigen) et d'auto-production (Maturana & Varela) etc. Le processus de réflexion-communication (signification), présent au niveau du vif sous la forme des types différents de biosémiosis (Sebeok, 1972) est toute à fait intégrateur. Le langage du vivant: des interactions bioélectromagnétiques entre plantes Dans le cas de l'être humain, la genèse du « langage culturel » comporte une série d'étapes hiérarchiques où le principe de la « résonance universelle » (Constantinescu, Stanciulescu, 1993; Stanciulescu, 1998) est implicitement engagé. Ces étapes, qu'on ne se permet que de mentionner dans cette étude, visent: 1) le transfert de virtualités propre au niveau physique au niveau biologique; 2) la « communication génétique », où l'ADN et d'ARN représentent un langage binaire, susceptible de reduplication et reconstitution; 3) la sensibilité diffuse, qui permet une résonance indifférenciée par rapport à la qualité du stimulus; 4) la sensibilité différenciée, qui assure la manifestation complexe de l'être humain en qualité d'« être vibratil » (résonateur); 5) la constitution du code sémiotique (symbolique) primaire, qui marque l'apparition de la compétence de refléchir / représenter avec un sens certaines séquences de réalité (la sémiosis intentionnelle); 6) la « communication sans mots », intérieure (la pensée) par résonance intermentale, respectivement par résonance transindividuelle, par l'ajustement du sujet humain à un présumé « champ informationel collectif ». ________________________________________________________243 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ 7) la communication extérieure, par le biais des codes symboliques secondaires nonverbaux (le code gestuel, plastique, musicale) ou verbaux. Les correspondances entre l'Ontos (les types de résonance objective au dessus mentionnés) et le Logos (les discours sémiotique afférentes) sont décrites par les branches afférentes de la sémiotique: la physiosémiotique, la sémiotique génétique, la phytosémiotique et la zoosémiotique, la sociobiologie, l'écodynamique, l'anthropo-sémiotique, la sémiotique linguistique, la sémiotique culturelle. Les recherches réalisées dans ces domaines dénotent l'existence d'un processus de sémiotisation de la nature, un processus pour lequel le paradigme de la « résonance informationnelle » représente un cadre de référence. On peut tirer deux conclusions à ce moment: a) Envisagées retrospectivement, toutes les étapes de la transformation de la compétence en performance linguistique permetent une solution médiatrice entre l'école d'innéisme (Chomsky) et l'école du constructivisme (Piaget): la genèse du langage doit être cherchée autant dans l'existance du « noyau dur » (mesure de la compétence linguistique, acquise de manière phylogénetique par l'espèce humaine et héréditairement transmise à l'individu), que dans l'existence de certaines capacités intellectuelles acquises sous la pression du milieu socio-culturel (prémisse de la performance linguistique à laquelle l'individu est soumis) tout au long de l'ontogenèse. b) D'une perspective méthodologique, on peut dire qu'à chacune des branches de la sémiotique au dessus mentionnées correspond en principe une étape du processus de maturation de la sémiosis linguistique (par lequel le sens et le langage verbal sont générés). On pourrait conclure que la sémiotique est une « science de la vie » (Danesi 14) parce qu'elle offre une « base théorique pour la biologie », pour le processus de passage du nonanimé (physique) à l'animé (biologique) (Kull: WEB), respectivement pour le passage du biologique au psychologique, d'une part, parce que sa méthodologie permet de connaître unitairement la réalité du vivant, d'autre part. Le mot - „noyau dur du langage de la culture L'hypothèse longuement controversée selon laquelle le langage humain n'est autre chose qu'un miroir (speculum) dans lequel – d'une manière iso(homo)morphique – le monde lui-même se réfléchirait, définit aussi l'objet de la présente étude: les métamorphoses du langage/mot, en tant qu'archétype du passage de la nature à la culture. Pourquoi le mot? Parce que rien n'est plus important pour l'évolution historique de l'être humain que le langage: admettons que l'attribut de significans / loquens est celui qui fonde ses qualités de sapiens, cogitans, faber etc. à l'aide desquelles on définit d'habitude l'homme. 244__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Parce que, en tant qu'être cosmique et social, la meilleure façon de décrire l'homme, c'est son langage, selon Wittgenstein: « Les limites du langage sont les limites de mon monde ». (Wittgenstein 102) Puisqu' «être homme signifie exister par le langage » (Capra 49) et « être dans le langage (dans la communication) signifie devenir soi-même » (ourself) (Posner, 1993), signifie être en accord avec le milieu naturel et culturel grâce au mot. Parce que, parmi les systèmes de la culture, le langage est le système générateur, pour lequel le mot articulé représente le « noyau dur ». Le paradigme d'icônicité sous le signe de la „tension essentielle La genèse du mot peut être décrite comme une sémiosis en rapport avec l'idée de « tension essentielle ». En suivant Thomas Kuhn (1981), par ce syntagme en peut redéfinir en termes sémiotiques la polarité entre intuition/ connaissance ancienne et raison/connaissance moderne (perspective syntactique), entre l'ontos/ referentiel et logos/mot (analyse sémantique), entre culture/ code et nature/ contexte (attitude pragmatique). Il est à noter qu'en général, dans ces horizons explicatifs, le mécanisme générateur est celui d'une situation d'icônicité. Ainsi: a) la théorie moderne récupère/integre des principes (signes) de la théorie classique; b) le mot réproduit l'image mentale qui, à son tour, reproduit l'image naturelle; c) la culture réfléchit initialement la nature et ensuite la culture agit en tant que modèle sur la nature, en la modifiant. On pourrait donc dire que l'icônicité (le mimétisme) représente un trait essentiel de la réalité, un paradigme par lequel le signe (et la sémiosis même) est défini, parce que tout signe suppose un certain degré d'iconicité instituée entre son information (signifié) et sa forme (signifiant), d'un côté, entre son contenu-forme et la réalité dénommée, de l'autre côté. Autrement dit, l'icônicité désigne la relation de résonance (relation de signification) instituée entre le signe et son monde référentiel. C'est justement à cause de son importance que le paradigme de l'icônicité a été soumis à de violentes controverses. Pour ses adeptes, l'icônicité du signe a son origine « dans la représentation simulative du monde », l'icônisme étant «le cœur de la sémiosis » (Sebeok) (cf. Danesi, 1998). Par contre, les opposants critiquent l'icônisme, en affirmant qu'il se fonde sur quelques « préjugés naïfs », qui peuvent être logiquement repoussés, faisant prévaloir la « nature culturelle » des signes (Eco). Selon nous, en soutenant l'utilité d'une logique polyvalente du type « et/ et » pour resoudre les multiples disputes de la « tension essentielle », une solution médiatrice est possible. Dans cette tentative de conciliation, le privilège du métalangage revient à la sémiotique. ________________________________________________________245 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ La naissance du mot sous l'emprise du mimétisme : une taxonomie possible Deux catégories d'explications ont été historiquement associées à la naissance du langage verbal: naturaliste (phusei), en soutenant l'apparition du mot par motivation, par sa consubstantialité avec la réalité dénommée, et conventionnaliste (thesei), en postulant le caractère arbitraire du nom par rapport au référent. Les deux doctrines font l'objet d'une dispute acharnée – soutenue avec des arguments ontologiques et etymologiques (gramaticaux et sémantiques) – entre Cratylos et Hermogenes, personnages d'un des plus connus dialogues platoniciens. Tenant compte de ce qu'on a dit jusqu'à présent, on peut accréditer l'idée que l'apparition et l'utilisation de la parole verbale doit être liée à l'explication naturaliste, dans une première phase de la manifestation humaine par la parole, mais aussi à l'explication conventionaliste, dans une étape ultérieure, moderne, de l'histoire humaine. Pour argumenter ce point de vue dans un autre contexte (Stanciulescu, 1995), nous avons réconsidéré l'ensemble d'hypotèses explicatives formulées jusqu'à présent de la perspective de certaines disciplines complémentaires, notamment « intuitives » (la linguistique, la philosophie, la psycho-sociologie du langage etc.) ou/et « logiques » (phonologie et la phonétique, l'épistemo-logique, la sémiologie). La synthèse des principaux types d'explications scientifiques au sujet de la logogenèse nous a permis la mise en évidence de quatre catégories d'explications groupées - comme l’affirmait Umberto Eco (1982) - sous « la coupelle du mimétisme », en visant: 1. Les hypothèses du mimétisme ontologique (primaire) mettent en évidence la qualité du son d'être le substrat « passif » de la reproduction – selon le principe de la resemblance – des phénomènes ou des processus objectifs, particuliers (voir la genèse d'onomatopées naturelles ou artificielles, conformément à la théorie bow-wow). 2. Les hypothèses du mimétisme phonétique (secondaire) utilisent les valences « actives » des sons articulés, pour reproduire des correspondances adequates à un certain référent, par: l'imitation phonétique, le mimétisme articulatoir (la théorie pooh-pooh, ding-dong, yo-he-ho, la-la), le mimétisme des « traits distinctifs». 3. Les hypothèses du « mimétisme conventionnel » (tertiaire) suggèrent le passage de la genèse des mots du type intrinsèque (motivé) à la genèse des mots du type conventionnel (non-motivé), par les suivants mécanismes générateurs: a) le transfert sémantique; b) la motivation symbolique (relative); (c) l'étymologie par voisinage; d) la génération par combinaison sémantico-grammaticale; e) le conventionnalisme / mimétisme semi-partiel (par la motivation seule du signifiant ou du signifié). Dans tous ces cas le résultat est un mot partiellement rallié au referentiel (un signe sémi-motivé donc). 246__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ 4. Les hypothèses du conventionnalisme partiel vs intégral développées dans la filière de l'arbitraire saussurien – soutiennent le fait qu'une grande partie de signes linguistiques est née par convention culturelle, par un arrangement social au niveau du groupe linguistique, les mots n'étant motivés ni au niveau du signifiant ni à celui du signifié. Le tableau des explications présentées ci-dessus permet la formulation de quelques conclusions de facture sémantique, à savoir: L'idée d'un continuum graduel – de possibilités de l'expression icônique: du point de vue sémantique, celles-ci caractérisent tous les degrés du pouvoir du mot, en commençant avec la résonance énergétique du signifiant sonore par rapport à la chose dénommée jusqu'à la résonance informationnelle (du contenu logique) du signifié capté par le sujet humain. Les tentatives d'explication formulées suggèrent (chacune distinctement) un mécanisme générateur hypothétique d'un certain type de mots. Il résulte que seulement la complémentarité des hypothèses mentionnées peut ébaucher une image intégratrice sur la façon dont a vu le jour le foisonnement des types des mots. Les explications proposées sont construites surtout par la perspective des disciplines socio-humaines qui n'opère pas à l'aide d'un ensemble d'instruments possédant un haut degré de formalisation ou d'expérimentation scientifique. Il s'ensuit que d'une manière intuitive (en principe) elles peuvent être correctes, mais que du point de vue scientifique elles ne sont pas suffisamment justifiées et validées. La nécessité d'intégrer les acquis les plus récents des sciences des systèmes complexes (neurocybernétique, la psychologie cognitiviste, la théorie de l'information, la technologie computationnelle etc.) impose une nouvelle vision sur la logogenèse, capable de faire un peu de lumière dans „la boîte noire dans laquelle les mots sont nés et d’où ils ont émergé. Sésame, ouvre-toi! – un modèle non-conventionnel de la genèse du „mot-pouvoir Un modèle scientifique de la logogenèse, pour lequel la sémiotique est un instrument de travail, suppose l'intégration des principales données scientifiques connues sur la genèse du mot dans une modèle non-conventionnel, en admettant que: - c'est le résultat d'une vision transdisciplinaire (Nicolescu, 1998), en mobilisant sous l'emprise de la sémiotique les conclusions des explications scientifiques déjà mentionnées, pour lesquelles le principe de la résonance / iconicité de la chose avec son nom constitue une prémisse de départ; - il se raccorde aux conclusions pertinentes de certaines théories récemment élaborées concernant la logogenèse, par exemple la « théorie icônique sur l'origine du langage » (Voronin, WEB) ou la « théorie motrice du langage » (Allott, WEB); ________________________________________________________247 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ - il se sert des instruments de certaines disciplines scientifiques de frontière très récentes, par exemple la biophotonique (qui rapproche le domaine biologique des suggestions de la théorie et de la technologie des lasers); - il utilise dans son argumentation des théories scientifiques originales et, par cela, encore non-conventionnelles, des théories d'une grande force explicative, mais insuffisamment connues (et acceptés) par la communauté scientifique; - par l'intermédiaire des explications proposées, le modèle envoie directement ou indirectement à une phénoménologie insuffisamment connue (et souvent marginalisée, même ignorée) par la science « standard ». Pratiquement, grâce à ces dernières caractéristiques, notre recherche contribue à la compréhension des mécanismes de la logogenèse, en répondant aux questions que les scientifiques se posent aujourd'hui, notamment: Comment les types d'énergies-informations/ signaux se transmettent effectivement du référentiel extérieur vers le complexe sémantique du système nerveux et d'ici, par isomorphisme, au niveau de l'appareil verbo-kinesthésique?; Comment peut-on parler de ce qu'on voit?, et comment réaliser connexion entre la théorie du langage et la théorie de la vue (Jackendoff 90)?; Comment pourrait-on valider l'hypothèse de Karl Pribram (1971) selon laquelle le système cérébral (la mémoire) fonctionne sur des principes holographiques? etc. Le pouvoir organisateur du son 248__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Des possibles réponses peuvent-être formulées en utilisant les suggestions de deux théories « neconventionnelles » que nous avons developpées au point de vue « technique » dans des différentes autres contextes: 1) La théorie des « lasers biologiques » (TLB) (Stanciulescu, Manu, 2002) démontre le fait que, en qualité de source énergo-informationnelle, la lumière a le rôle essentiel dans l'organisation et de la fonctionnement des structures biopsychologique de l'organisme vivant (humain), fait permis par: - le mécanisme de l'absorption-émission stimulé par la radiation lumineuse au niveau de certaines micro-structures organiques (le complexe phosphate/eau liée/oxygène moléculaire) présentes partout dans l'organisme, qui engendre un processus de bioluminiscence (de type « laser biologique » ) caractérisé par cohérence, monochromaticité, directionnalité, intensité, polarisation; - la dispersion spécifique (magnétique-rotatoire et polarisée) de la lumière pénétrée dans l'organisme (par réflexion, réfraction, biréfrigence) au niveau de certaines structures ayant des propriétés de cristal liquide, présentes dans les membranes et dans le corps cellulaire. À la suite à ces propriétés structurales, les membranes, les noyaux et les cellules, les organes et l'organisme dans son ensemble fonctionnent comme un système toujours plus complexe de « lasers biologiques », enchaînés et entremêlés. Leur fonctionnement - dans ensemble corrélé par des phénomènes BEMPh (biochimiques, électriques, magnétiques, photoniques) - explique le processus de métamorphose de la lumière naturelle pénétrée dans l'organisme humain dans une lumière (bioluminiscence) de type « laser biologique ». Une telle métamorphose est essentielle pour comprendre les mécanismes néuro-physiologiques qui accompagnent la logogenèse: le fonctionnement holographique du cerveau, par exemple. À l'aide des arguments de la biophotonique on peut justifier, aujourd'hui que les hologrammes cérébraux sont le résultat de l'activité synergique du cerveau, qui interprète d'une manière unitaire les informations parvenues aux analyseurs (celui visuel notamment). Une telle activité unitaire du cerveau peut être expliquée par le fait qu'au niveau des cristaux liquides membranaires - du leurs propriétés de piezoélectricité - tout type de stimulusimpulsion est transformé en flux d'electrons, respectivement de (bio)photons. Donc, le cerveau interprète et stocke (mémorise) - à ses différents niveaux de profondeur (dans l'ADN, par exemple) (Popp et. al., 1989) - des complexes (bio)photoniques par lesquels le stimulus-source est caractérisé. Tous ces aspects corrélés à un complexe d'autres principes déterminés par l'activité photonique (optique) du cerveau peuvent être détaillés dans les limites d'un modèle analogique cerveau-ordinateur, réalisé par la perspective de la biophotonique dans une autre contexte (Stanciulescu, Manu, 2000). La présence des énergies/ informations captées par le cerveau sous forme d'impulsions photoniques, transmises par le système de « fibre optique » des nerfs, détermine la constitution de certains « trajets mnésiques » relativement stables, par références répétées à un seul et même monde référentiel. Nous avons identifié le ________________________________________________________249 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ substrat physique de ces « traces de mémoire » avec les cristaux liquides membranaires activés optiquement, qui - excités par des stimuli (bio)photoniques ayant des fréquences, intensités, temps d'actions etc. différents – se raidissent dans des formes/positions relativement stables et, en même temps, acquièrent des degrès différents de transparence. Enregistrées par des mécanismes spécifiques au niveau de l'entière masse cérébrale, les excitations extéroceptives (ou intéroceptives) constituent la source de différents types de mémoire. Il suffit qu'un stimulus identique à celui qui a généré l'enregistrement soit capté au niveau cérébral, afin que – par un processus de résonance holographique – le cerveau actualise (à un degré inférieur on supérieur de fidélité) l'entière information stockée par le cerveau, concernant le référentiel visé. 2) La théorie photonique de l'énergie-information (Constantinescu, Stanciulescu, 1993) met en évidence une modalité complémentaire de constitution des représentations mentales, en postulant: - la cohérence entre les deux dimensions structurales de la lumière: énergétique (à laquelle s'associe le composant électrique de la radiation électromagnétique) et informationnelle (à laquelle s'associe en subsidiaire le composant magnétique de la lumière); - l'existence du bio-champ autour de l'organisme humain ( « l'aura » qu'on peut rendre visible à l'aide des technologies de type Kirlian ou électronographiques) (Oldfield, Coghill, 1997), représente un résultat de l'émission de type « laser biologique », étant un champ énergo-informationnel quasi-stationnaire, constitué d'un nombre indéfini de spectres Fourier. Conformément à ce modèle, la réception des informations ne se réalise pas seulement au niveau des analyseurs, mais aussi au niveau du biochamp. On peut expliquer donc la possibilité de transfert des informations du substrat radiant au substrat cérébral, par un mécanisme de résonance holographique: l'information stockée au niveau du biochamp agit sur les vibrateures des cristaux liquides membranaire, qui en modifient la forme, la position etc. En essence, en corroborant les deux théories au-dessus nommées, il résulte que les hologrammes mentaux - constitués grâce aux analyseurs ou/et au biochamp humain – vont être activés au niveau des centres d'analyse et synthèse constitués dans les zones (pré)frontales du néocortex. D'ici l'information va être transmise au niveau de l'appareil verbo-kinesthésique par des commandes effectrices. Par ces commandes on transfère le complexe de vibrations (informations) afférentes au hologramme-objet au niveau du complexe de « lasers-biologiques » qui compose l'appareil verbo-kinesthésique. On pourrait donc dire que le mot sonore se constitue à la suite d'un processus de résonance entre les fréquences propres aux hologrammes mentaux et les fréquences auxquelles les cordes-vocales vibrent. Ce processus suppose quelques étapes corrélées, à savoir: - la représentation du référentiel au niveau d'un hologramme cérébral et l'activation de cet hologramme (du niveau du substrat mnésique) par des mécanismes de contrôle volontaire (attention, intentionnalité etc.); 250__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ - le transfert de l'information contenue dans le hologramme cérébral vers des muscles effecteurs de l'appareil verbo-kinesthésique, qui se tensionnent selon la forme, la couleur, la consistance etc. de l'objet représenté mentalement; - la transformation de l'énergie-information (bio)photonique en information énergie mécanique (pression), comme une conséquence de l'effet de piezoélectricité des cristaux liquides des membranes cellulaires. Chaque type d'information cérébrale reproduit une caractéristique du référentiel, leur ensemble étant transmis simultanément et d'une façon synchronisée vers la musculature de l'estomac et de la cavité pulmonaire, vers la musculature du résonateur laryngien, pharyngin et du larynx, et, finalement, vers la musculature buccale, faciale, du maxilaire et de la langue. La description de ce circuit verbokinesthésique profile quelques conclusions : - icônicité complète (le « motif phonématique » ) est réalisée au niveau supérieur de la cavité buccale, où les complexes sonores articulés synthétisent les particularités objectives du « langage de la nature » (objectuel ou processuel), par la combinaison des phonèmes icôniques élémentaires; - il résulte donc des formes circulaires ou linéaires, fricatives ou lisses, rondes ou aiguës etc., des actions de types implosion-explosion, pénétration-sortie, etc., des attributs comme lumineux ou obscur, humide ou sec, chaud ou froid, etc. (Saban, 1993); - le complexe sonore final - le mot articulé - est un complexe « SASER » (Sound Amplificated and Stimulated Emission of Radiation), reproduisant homomorphe les propriétés du hologramme-objet, qui, à son tour, est isomorphe avec la chose dénommée. La genèse iconique du langage verbal Ce mécanisme holonomique – d'interférence entre deux types d'énergies (biophotonique et biophonique) – a permis à l'être protohumain de générer ses premiers mots comme des hologrammes optiques-acoustiques, formes extérieures ________________________________________________________251 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ des hologrammes mentaux intérieurs. On peut considérer que dans leur qualité de «réflexion de la réflexion »/« résonance de la résonance », les mots ainsi nés ont défini le fond principal du lexique archaïque. Dans la mesure où les mots ont une forme interne (motivée par rapport au référentiel), ils ont aussi une forme sonore externe, motivée en rapport avec le contennu mental (le sens). D'autre part, ce «mimétisme ontologique » peut expliquer les effets « magiques » du pouvoir du mot de type: « Sésam, ouvre-toi! ». En qualité de réflexion homeomorphique du référentiel, le mot declanche par sa signifiance une résonance énergétique envers l'objet nommé, en lui provoquant des effets physiques plus ou moins sensibles. L'hypothèse décrite permet les correspondances suivantes: le signifié (contenu mental) correspond à la réprésentation cérébrale; le signifiant a une double correspondance: l'une intérieure, au niveau de la représentation phonémique (neuronale), l'autre au niveau de l'expression sonore associée. Le circuit causal : réprésentation phonème son constitue un cadre pour le processus de motivation mimetique de la logogenèse. On pourrait formuler, d’une manière intégratrice, une loi générale des systèmes complexes: la loi des metamorphoses circulaires. Celle-ci est fondée sur la conclusion: ce qui est signifié dans le système sous-jacent devient signifiant dans le système sus-jacent etc. Conclusions ouvertes : de la culture à la nature Du point de vue pragmatique, la preuve du fait qu' ab initio « tout mot a une force/puissance » dérivé non pas d'une convention ou d'une autorité, mais de sa structure sonore elle-même (Allott, WEBb) nous permet d'expliquer scientifiquement une série d'aspects obscurs, ignorés ou refusés de l'histoire du « mot de puissance ». Nous rappelons seulement quelques-uns dans ce contexte: la possibilité de la comprehension directe et immédiate du contenu d'un mot, le pouvoir du nom propre, le pouvoir thérapeutique des incantations, des mantres etc. Cet apport intrinsèque (bio-psycho-physique) du mot à la configuration de la réalité humaine confirme théoriquement l'hypothèse Sapir-Whorf: la forme de la langue reflète la conception sur le monde du groupe qui s'en sert. A cette hypothèse nous ajouterions une autre, moins conventionnelle: la structure phonétique d'une langue détermine implicitement la physionomie psychocomportementale de l'individu ou du groupe. Avec cette dernière considération, on peut formuler quelques conclusions intégratrices, en ce qui concerne les types de métamorphoses que l'apparition et l'évolution du mot ont subis à travers le temps sur la verticale Nature – Culture: - Les concepts « clés » sur lesquels repose toute la construction présente de la logogenèse sont ceux de résonance/signe-mot/icônicité, qui désignent fonctionnellement et structurellement l'isomorphisme entre la réalité et la nature (refletés par des signes potentiels) et celle de la culture (refletés par des signes réels). 252__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ - Le problème du passage de la « nature » à la « culture » équivaut – en termes sémiotiques – à un passage de « quelque chose » à « quelqu'un ». - Le complexe nature-culture engendre un paradoxe: le « langage de la nature », cosmique et biologique, génère et « sensifie » pas seulement les mots, mais aussi les parleurs mêmes. - Dans le processus de genèse et d'évolution du langage humain – toutes les directions (les hypothèses de la logogenèse) déjà mentionnées sont complémentaires. - Le mécanisme de la logogenése impose aussi une analyse synchronique et diachronique. Dans ce sens, une perspective triadique-sémiotique (syntactique, sémantique, pragmatique) sur les métamorphoses subies le long du temps par le mot (le langage) nous a permis les conclusions suivantes (Stanciulescu, 1995): 1) Dans une perspective syntactique, la corrélation motivé-immotivé peut être suivie à travers la dialectique entre signifiant et signifié. Une telle dialectique permet la mise en évidence des phases évolutives suivantes: une phase d'indistinction structurale, une phase d'individualisation relative des constituants du symbole-signe, une phase d'autonomie (arbitraire) quasi-totale du signifié par rapport au signifiant, une phase d'arbitraire total du signifiant par rapport au signifié. 2) Dans une perspective sémantique, visant l'étape indéfinie temporellement de la constitution du fonds principal de mots, on va constater que les deux dimensions du signe linguistique peuvent être retrouvées: l'attribut de «l'immanence » correspond surtout aux mots formés par mimétisme primaire ou secondaire, tout comme l'attribut de l'arbitraire se retrouve dans la genèse de type conventionnel (ou conventionnel-mimétique). 3) La perspective pragmatique retrouve la genèse et l'évolution du signe linguistique du point de vue de l'évolution de l'être humain en tant qu'entité biopsycho-sociale. On constate, ainsi, qu'en passant de l'état primitif à la modernité, l'homme va perdre graduellement ses aptitudes naturelles-intuitives présumées par le processus de la dénomination au profit de quelques mécanismes logicorationnels de type déductifs, pour résoudre différement le processus de développement de la langue et du langage. Parallèlement à la voie des métamorphoses subies par le mot, l'homme moderne (après avoir conquis la dignité d' « être culturel » ) semble souvent avoir oublié ses origines cosmiques, sa qualité d' « être naturel ». Devrait-on y chercher la cause des déséquilibres, du malaise, des tensions arrivées au paroxysme? Une solution, à la portée de tout homme, serait la conciliation des deux modes de connaissance qui permettraient à l'homme moderne de récupérer ses origines, de mieux comprendre sa nature et d'évoluer conformément à son essence, par l'intérmédiaire du « mot (idée, pensée) de pouvoir ». En synthétisant, un tel impératif pourrait être formulé ainsi : à partir de la culture, par le pouvoir du mot, de retour à la nature! ________________________________________________________253 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Bibliographie Allott, Robin (WEB a). « The motor theory of language: origin and function » (Cortona 1988), http://www.percep. demon.co.uk/motorthy.htm Allott, Robin (WEB b). « The power of words contents », dans: http://www.percep. demon.co.uk/power.htm Capra, Fritjof. La rete della vita, Milano: Rizzoli, 1997. Constantinescu, Paul, Traian D., St nciulescu. Resonance as a Principle of Universal Creativity. Photonic (Quantical) Hypothesis of Information-Energy, Revista de Inventic , Iasi: nr. 12, 1993. Danesi, Marcel. The Body in the Sign: Thomas A. Sebeok and Semiotics, Monograph Series, vol. 1, « Legas » Publishing House: New York, Otawa, Toronto, 1998. Deely, John. 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On s’interroge surtout sur les effets de l’interaction et de la coexistence des cultures, sur ce qui se produit avec l’identité nationale et en même temps avec les différences de cultures des émigrés, s’exprimant, en premier lieu, par les signes identificatoires de la culture anthropologique, les us et les coutumes. Les exemples apportés démontrent la coexistence de deux cultures dans le corporel et dans le psychique d’un être humain. C’est pour cette raison qu’on pourrait parler d’une double culture, d’une double identité mais elles ne se caractérisent pas par le même pouvoir d’identification et de manifestation de l’individu. Mots-clés: mondialisation, interculturel, interaction et coexistence des cultures, identité nationale, culture anthropologique, double culture, double identité. Abstract This paper examines a series of problems on intercultural, historically established in different social contexts of the world or which persists in all around the country, as a result of the migration process brought by the globalization. We wonder especially on the effects of cultures’ interaction and coexistence, on what happens with the national identity, and, at the same time, with different cultures of emigrants, speaking, firstly, about identifying signs of anthropological culture, habits and customs. The given examples show the coexistence of two cultures in the body and in the psyche of a human being. For this reason, we should speak of a double culture, a double identity, but they are not characterized by the same power of identification and demonstration of the entity. Keywords: globalization, intercultural, cultures interaction and coexistence, national identity, anthropological culture, double culture, double identity. La persistance de l’interculturel dans un contexte social est conçu comme le produit des contacts, de la cohabitation des cultures, de l’interaction de l’identité et de la diversité dans un contexte national, de l’interpénétration des cultures dans des espaces sociaux au niveau de la planète, de la construction d’une Alter identité ou d’une Alter culture pour une insertion sociale, de l’altération, voire de l’effacement, de la disparition des cultures et de l’installation de certains constituants de la culture d’un Autre, dans la majorité des cas du plus fort. C’est le problème de l’hégémonie d’une culture, phénomène apporté par la mondialisation. ________________________________________________________255 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Il est vrai que la mondialisation s’identifie de plus en plus à l’américanisation de nos modes de vie et d’existence, y compris de notre culturel. La mondialisation se caractérise par la mutation, par l’émigration, par la consommation de l’information, par des tendances uniformisantes s’instaurant et imposant leurs normes, leurs modes de vie et d’organisation du système politique, économique et culturel d’un pays. De nos jours, il est impossible de trouver un contexte social, une communauté sociale à qui soit propre une seule culture, où l’on pratique les mêmes us et coutumes, où l’on parle une seule langue, où la culture nationale du pays d’accueil, d’une part, ou celle des minorités nationales, d’autre part, ne soit altérée par une autre culture, par une autre tradition qui s’infiltre, commence à s’imposer, à persister, suite à leur pratique dans un milieu social. L’expérience démontre que certains des autochtones sous l’influence des traditions des émigrés ou des traditions d’autres cultures commencent à les pratiquer et à les intégrer dans leur milieu social, elles sont qualifiées comme des signes du nouveau. L’interculturel est un problème social, psychologique, politique, ayant ses effets sur l’économie des pays, finalement, c’est un problème pluridisciplinaire. Il génère des tensions, des contradictions dans l’organisation de la diversité, des conflits et des guerres, phénomènes qu’avaient vécus et continuent à vivre nombre de communautés sociales. Vu cette problématique de l’interculturel, nous nous sommes interrogés sur les questions suivantes: - Qu’est-ce qui se passe, en effet, avec deux ou plusieurs cultures qui se rencontrent, avec celle du contexte social dans lequel devrait s’intégrer un émigré et avec la culture d’origine de ce dernier? Par exemple, l’installation des émigrés d’Afrique dans nos villages, dans des logements construits avec le soutien financier de l’UE, qu’est-ce qu’elle va apporter pour le culturel de nos concitoyens? La préoccupation de l’UE pour les conditions de vie de ces émigrés démontre la favorisation de ce processus. Ceci donne de la matière à réfléchir sur les problèmes: - L’émigré vit, s’alimente des deux cultures ou il commence à pratiquer la culture de la terre d’accueil, en perdant petit à petit la sienne ou en la préservant dans un coin de sa conscience, de son corporel? - Si on préserve certains indices de la culture d’origine, quelle est la nature de la situation des contacts humains qui détermine l’émergence des signes identificatoires de l’identité? - Qu’est-ce qui conditionne l’acceptation ou le rejet de la culture de l’Autre? - Quel est le critère déterminant de l’acquisition des nouvelles pratiques culturelles ou de la préservation de son identité nationale, celui provoqué par la raison ou le critère psychologique? - Quels sont les effets perlocutoires des nouvelles pratiques sociales, culturelles acquises par un individu? - Quelle est le contenu de la compétence pluriculturelle qu’on devrait construire chez le public migrant, chez les élèves? 256__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Nombreux sont les problèmes que pose la rencontre des cultures. Il est certain qu’il est difficile de donner une réponse exhaustive à ces questions dans les conditions où l’avenir de l’UE et de sa monnaie pose tant de problèmes. La prise en compte du temps dans la persistance de différentes cultures dans les contextes sociaux du monde permet d’y identifier deux types d’interculturel et, par suite, de diversité: diversité historiquement instaurée dans un contexte social et diversité ou différence de cultures installées durant les dernières années, effet de la migration des peuples. Si on fait référence à notre contexte social, on pourrait exemplifier le premier type de diversité culturelle par l’installation depuis des siècles des Ukrainiens, des Bulgares, des Gagaouzes, des Bohémiens, des Russes sur le territoire de notre pays; le deuxième type de diversité c’est celle apportée par la migration des minorités arabes, africaines, asiatiques dans les années de l’indépendance du pays, impact de la mondialisation. La minorité arabe insiste sur la reconnaissance et l’acceptation légitime de la pratique de leur culte. Quant à la France, comme nombre d’autres pays, elle est devenue très différente au niveau culturel, étant obligée de vivre et d’accepter la pratique d’autres cultures. La politique du pluriculturalisme passe par une crise évidente, en effet, il s’agit d’un échec de son application. Les femmes musulmanes, malgré la loi adoptée concernant le port du voile, de la barca, ne la respectent pas, elles continuent à le porter. La chancelière A. Merclé, M. le Président N. Sarkozy, le Premier Ministre de la Grande Bretagne, David Kameron constatent l’échec de la thèse de la diversité nationale, du pluriculturalisme. Après le crime commis par l’islamiste Mohamed Merah en France les hommes politiques russes parlent du crache de multiculturalisme. Dans ces conditions N. Sarkozy considère qu’on s’est trop préoccupé des minorités nationales et on ne s’est pas préoccupé de l’identité nationale. Marine le Pen, représentante du Front National de France, candidate aux élections présidentielles en France, insiste qu’on endurcisse la loi de l’identité nationale, elle propose une double identité. La rencontre et la coexistence des cultures déterminent leur relation étroite, leur interaction. Les effets de cette interaction sont différents, on pourrait y identifier trois types d’intégration sociale des émigrés: - l’acceptation par l’émigré de la culture d’un nouveau contexte social, l’apprentissage et l’appropriation des modes d’être de l’autochtone. C’est en ce cas qu’on s’interroge sur ce qui se passe avec la culture d’origine. Les sociologues, les hommes politiques, les sociologues proposent pour des situations de ce genre la thèse: exploiter les effets du dialogue et apprendre à vivre en commun ou à côté de l’Autre; - les émigrés, en s’intégrant petit à petit dans la société d’accueil et en s’appropriant des comportements propres à cette communauté sociale, continuent en même temps à préserver et à vivre avec leurs traditions culturelles, en se servant de leur langue national comme outil de communication dans le privé; ________________________________________________________257 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ - l’émigré accepte de s’approprier tous les constituants de la culture du pays d’accueil, tandis que son national commence à s’effacer où à faire son apparition dans des situations particulières: rencontres des compatriotes, pratique des fêtes nationales du pays d’origine ou lors de sa rentrée, après des années, dans son pays d’origine etc. L’appropriation de l’identité du pays d’accueil se présente comme un long processus de l’acquisition et de l’appropriation de nouvelles normes de vie, de nouvelles traditions et de leur mise en place, des stéréotypes de vie. L’apprentissage de la langue est envisagé comme condition prioritaire pour l’interaction verbale, pour la compréhension de l’émigré et du locuteur autochtone. On apprend, en effet, les stéréotypes de faire, de dire et d’être de ceux qui représentent la nation d’accueil. Leur formation demande du temps lors duquel l’individu pratique les normes appropriées, il s’entraîne à être un Autre. On ne pourrait pas affirmer qu’un de ces types d’intégration sociale est plus propre ou moins propre à telle ou telle minorité nationale, car chaque émigré vit l’étape d’intégration à sa manière, en finissant par l’acceptation des modes de vie du contexte social d’accueil. Il est vrai que les musulmans, considérant qu’ils sont intégrés dans la société française, dans le privé ou dans un milieu purement musulman, ils pratiquent un comportement qui correspond en tout à celui de leurs identité. En acceptant la culture du pays d’accueil on se demande, s’il ne s’agit pas du processus d’assimilation d’une nation par une autre, de l’assimilation de la nation minoritaire par la nation majoritaire. L’assimilation suppose des contraintes, imposées par la majorité nationale ou par les autorités du régime dominant dans un pays, comme c’était le cas de l’idéologie communiste qui menait la politique de l’assimilation des nations des républiques soviétiques, des peuples de souche. Dans les conditions de ce régime, la catégorie de l’identité nationale, de nation, s’effaçait, les peuples de l’Ex-Union Soviétiques étaient identifiés et s’identifiaient au qualificatif « soviétique »: Ce sont des Soviétiques, -disaient les collègues français, lorsqu’ils accueillaient un groupe d’enseignants arrivés de l’Union Soviétique. Ce qualificatif était devenu signe de désignation de toutes les nations qui faisaient partie de l’état soviétique, ceci démontre à quel point l’identité nationale s’effaçait, perdait du terrain de son importance comme catégorie fondatrice d’un état. Dans les conditions d’un régime démocratique on ne parle pas de l’assimilation d’une nation par une autre, mais d’une coexistence des cultures, d’une interpénétration des cultures ou d’un enrichissement d’une culture par une autre. Ce type de relations entre les cultures, à première vue positif, pourrait, néanmoins, mener à la disparition d’une ou de plusieurs cultures ou aux modifications des indices fondamentaux d’expression d’une identité nationale et de l’installation d’une culture hégémonique. A l’époque de l’européanisation, on parle de plus en plus de l’identité européenne et de la culture européenne sans définir son contenu: - Est-ce un amalgame de toutes les cultures ou est-ce une culture construite sur ce qu’il y a de commun au niveau culturel entre les nations de l’UE? 258__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ -Est-ce un ensemble de nouvelles traditions, de modes de vie communs, de coexistence, d’interaction et de production de tous les états européens ou d’un ensemble de différences de la communauté européenne, ces dernières instaurées durant des siècles? - Ou, finalement, est-ce que ce sont des modes de vie et de collaboration institués par les institutions européennes? Dans cet ensemble de problèmes Edgar Morin, en parlant de la culture européenne considère que: ... ce qui importe dans la vie et le devenir de la culture européenne, c’est la rencontre fécondante des diversités, des antagonismes, des concurrences, des complémentarités, c’est-à-dire leur dialogue. C’est celle-ci qui est le produit producteur de la boucle « tourbillonnaire » où chaque élément ou moment est à la fois cause et effet de toute la boucle, laquelle se développe en nébuleuse spirale. C’est le dialogique qui est au cœur de l’identité culturelle européenne, et non tel ou tel de ses éléments ou moments. (Morin 129) Le grand penseur envisage le concept de culture européenne comme rencontre des cultures en lui assignant le qualificatif de fécond-e. Il est naturel, qu’on s’interroge sur l’effet et la nature du produit producteur, obtenu de ce genre de fécondité. L’effet de la fécondité, de sa productivité, c’est l’enrichissement des cultures sous les formes constatées par E. Morin: des antagonismes, des contradictions, des concurrences, des complémentarités. C’est dans des concurrences et des contradictions que survivent certains éléments d’une culture et disparaissent les autres, étant substitués par des constituants des autres, ces derniers s’affirmant et pénétrant dans nos habitudes. Les nouvelles formes de cultures sont générées par de nouvelles conditions, par les propriétés des nouvelles temporalités instaurées dans des contextes nouveaux. La catégorie de la culture et sa complexité La catégorie de culture est complexe et cette complexité réside dans les constituants qui forment son contenu. P. Bourdieu oppose la conception «savante» de la culture, celle de la culture légitime à une conception anthropologique. La culture savante suppose l’ensemble d’œuvres d’art, l’accès à ces œuvres d’art, le dernier critère assurant la démocratisation d’une culture. La conception anthropologique, comporte l’ensemble des pratiques sociales, l’ensemble des us et des coutumes. Selon S. Regoud, « La deuxième conception ne paraît guère poser de problèmes spécifiques en termes d’articulation entre culture et politique: l’ensemble des « us et coutumes » d’une société, façonnée par l’histoire, le territoire, langue, la religion...participe génériquement, de la culture de ladite société, qui peut, indifféremment, manifester ou non des signes démocratiques ». (Regourd 29) La conclusion à laquelle arrive S. Regoud, sur les deux types de ________________________________________________________259 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ culture, est celle que « La culture n’y paraît guère dissociable de l’identité « politique » des groupes concernés ». (Regourd 29) A notre avis, les deux types de culture nationale sont de nature politique, ils tiennent de la politique de la culture, cette dernière se transformant en politique des politiques, car les deux types de culture peuvent déclencher des événements à caractère politique, des confrontations, des contradictions; les deux cultures visent la mise en œuvre des principes de leur démocratisation. Par conséquent, la culture savante ainsi que celle anthropologique conditionnent l’insertion du politique. On pourrait argumenter cette idée par l’exemple du comportement des représentants du monde arabe dans le contexte de la France. On connaît la pratique des cultes des musulmans sur des places publiques de certains arrondissements de Paris ou sur des places d’autres grandes villes. Une action de ce genre se transforme en problème politique, car elle implique l’attitude du peuple et du gouvernement français à l’égard du respect des normes de comportement de ces minorités nationales dans des lieux publics d’un état qui est un pays d’accueil pour ces derniers, un état dont les lois devraient être respectées. Dans des situations similaires on s’imagine le positionnement des représentants du monde arabe si un groupe des catholiques ou d’orthodoxes, installés depuis plusieurs années en Syrie ou en Irak, se permettaient de faire passer leur culte dans une rue de ces pays. Il est certain que les Syriens ou les Irakiens auraient réagi très vivement. La pratique des deux types des us et des coutumes sur une terre étrangère par des émigrés peut appeler des réactions différentes de la part du peuple autochtone, en fonction de la nature et du type de civilisation. Nous connaissons la réaction du monde arabe lorsqu’on avait porté atteinte à l’image de Mohamed. Nous assistons à une opposition et à une contestation des décisions, des lois des parlements et des gouvernements des pays européens, décisions relatives aux comportements, en particulier, aux pratiques religieuses de différentes ethnies nationales. Un des derniers exemples de confrontation des cultures, c’est la tuerie de trois enfants et des quatre adultes de France, crime commis par l’islamiste radical Mohamed Merah. Les motifs de cette tuerie sont de nature culturelle, ils tiennent de la politique culturelle dans ce secteur social. Assez souvent lorsqu’on parle de l’identité nationale d’un immigré, on parle d’une double culture et pas d’une double identité. Dans une des émissions de RFI du 4. 01. 2011, le reporter posait la question suivante à une chanteuse d’origine arabe: - Comment vivez-vous avec cette double culture, au lieu de dire: - Comment vivez-vous cette double identité? Pour ne pas imposer, attribuer à l’interlocuteur l’identité française on se sert du syntagme « double culture », ce dernier étant fréquemment utilisé dans le langage des hommes politiques. Ceci s’explique par l’intention dissimulée du locuteur, d’éviter le terme d’identité. 260__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Dans un de ses discours Nicolas Sarkozy avait émis l’idée selon laquelle « L’identité nationale n’est pas la somme de toutes les nationalités d’un pays ». En effet, on ne pourrait pas réduire l’identité nationale à toutes les nationalités qui habitent la France, ce serait une fusion inacceptable et inimaginable, car, en ce casci, la catégorie de nation disparaîtrait, perdrait sa fonction. La disparition de l’entité de nation entraînerait, à son tour, la disparition de l’état. Deux tendances dans le problème de l’interaction, des contacts des cultures L’analyse des visions sur le problème de l’interculturel, des débats où l’on s’attaque à ce problème, permet d’y identifier deux visions sur l’impact de l’interculturel, celle de l’impérialisme culturel qui se manifeste dans le monolinguisme au niveau international, dans le nivellement des cultures et dans la pratique d’une seule culture, dans la standardisation de nos modes de vie, de l’uniformisation de tous les secteurs de la vie sociale. La deuxième conception se résume à la préservation de la diversité culturelle et par elle de l’identité nationale. La première tendance, celle mondialisante se fixe, au premier abord, un objectif humain, celui du partage équitable des biens matériels au niveau de la planète. Malheureusement, au lieu de ce partage des biens, en effet, on remarque une division, une inégalité sociale touchant surtout les catégories sociales les plus démunies de différents contextes sociaux. La deuxième tendance est représentée par l’UNESCO, par le Conseil de l’Europe, par l’OIF qui plaident pour l’acceptation de la diversité, pour l’humanisation du monde, pour la préservation de l’humain dans l’humain, pour la pratique de l’humain dans la vie quotidienne par la reconnaissance de l’Autre, sans effacer le soi-même. C’est par un nombre considérable d’actions et d’activités que les organisations citées et la communauté pédagogique francophone du monde se battent pour une diversité dans tous les systèmes existants. A cette fin, il faudrait aller vers l’Autre, participer à la construction de l’Autre, car chacun est responsable de l’autre, quoique ce dernier ait une consistance différente de la sienne. En parlant de la coexistence de l’identité et de la diversité, nous trouvons que l’unicité de la chose s’exprime non pas uniquement dans l’identité relative des éléments qui constituent sa structure, elle se manifeste aussi dans la différence de ses constituants. La dernière est nécessaire pour l’identité, elle fait vivre l’identité, toutes les deux vont de pair en formant un couple indécomposable et ceci s’explique par le pouvoir tant de l’identité que de la diversité. Cette idée s’appuie sur la thèse du grand penseur Kant qui concevait la diversité comme produit de l’identitaire, porteur de la diversité. Selon Hegel, l’objet n’est identique qu’à soi-même. Sa relation avec les constituants d’une classe d’objets, à laquelle il appartient, fait voir les différences entre les objets. Il est vrai que ses différences sont limitées et en même temps appuyées par l’invariant, comme noyau d’une classe. C’est la condition de l’existence d’une classe, les différences assurent le fonctionnement des éléments au ________________________________________________________261 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ sein d’un système. Elles sont acceptées par l’invariant à condition qu’elles ne changent pas la nature du prototype de l’objet. Chaque élément d’un organisme, étant différent par rapport à l’autre, converge vers la construction d’une unicité et, finalement, d’une identité ou de quelque chose qui soit identique à soi-même et à une autre chose, être, plante, animal, langue, culture etc. Nombre de ces différences, apparues dans la structure d’un objet, sont conditionnées par le temps, par les changements apportés par le temps. La diversité persiste dans la chose dès son apparition, dès sa création, de sa production, durant toute son existence. C’est cette différence qui se présente comme norme d’existence et de manifestation de l’identité et par suite de l’unicité de la chose ou d’une autre entité. E. Morin, en analysant l’amour rapporté à la sagesse, le définit «... comme le comble de l’union de la folie et de la sagesse, c’est-à-dire qu’en l’amour sagesse et folie non seulement sont inséparables mais s’entregénèrent l’une l’autre ». (Morin 9) La persistance de deux qualités antithétiques dans la catégorie de l’amour, la folie et la sagesse, démontre la complexité de toute entité de nature matérielle, psychique, morale et l’existence des entités sous leur forme antithétique. La fonction que s’approprie un des éléments antithétiques est celle d’expliciter l’essence de l’autre. Ces deux qualités constituent le fondement de l’amour, car c’est la sagesse qui génère la folie, en démontrant l’autre facette de l’amour. La tendance principale de la mondialisation, celle de l’uniformisation dont un des aspects est celui de nivellement des cultures des pays de l’UE, se fait sentir dans tous les contextes de l’Europe. L’Union Européenne instaure un uniformisme dans tous les secteurs de la vie sociale: prix identique sur les produits agricoles, sur les produits textiles etc., uniformisme dans le système éducationnel au nom de la mobilité des jeunes. Une des mesures prises par l’Union Européenne, c’est celle de la modalité identique de l’abattage des porcs au niveau européen. On interdit aux paysans roumains d’abattre les porcs, à la veille du Noël ou des Pâques, dans des conditions domestiques, selon la tradition roumaine, y compris celle bassarabienne. Respecter la tradition en ce cas-ci, c’est reconnaître la diversité culturelle d’un peuple. Par cette décision les autorités européennes font disparaître une de nos traditions ancestrales et imposent à accepter un uniformisme qui ne peut pas s’adapter, être accepté par ceux qui pratiquent les traditions instaurées depuis des siècles et qui font partie du civilisationnel des Roumains. Une des « inventions » des plus récentes de la Commission européenne est celle d’élever des poules pondeuses uniquement dans des cages, information transmise par RFI, le 5 avril 2012. Les Européens pourrait dire: - Adieu œufs bio, achetez des œufs de la cage! L’uniformisation, venue avec la globalisation, apporte une identité du vestimentaire des jeunes, de la musique et des films qu’ils visionnent, de leur dire et de leur faire. On connaît les conséquences négatives de ces influences. Les communautés nationales de différents pays de l’Europe perdent de leurs traditions, elles s’effacent et on commence à pratiquer d’autres coutumes en 262__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ les empruntant aux autres. Si on demande à un Français les traditions qu’il pratique, il aura des difficultés à nous répondre, elles ne seront pas nombreuses, car la France en a perdu beaucoup. Un des exemples de la pénétration d’autres traditions, c’est la fête Halloween, du Saint Valentin dans notre contexte. Assez souvent ce ne sont que des fêtes commerciales, mais elles s’implantent et lors de leur pratique, elles commencent à faire partie des habitudes de la population, se transformant en traditions. En fin de compte, l’uniformisation porte atteinte tant à l’identité nationale, qu’ à la diversité de différents genres, y compris à celle culturelle, néanmoins elle règne et instaure ses normes de l’évolution sociale. Dans ce cadre d’idées un des didacticiens des plus connus par la communauté francophone de l’Europe, Raymond Gevaert, en abordant le problème de l’enseignement du français dans les pays de l’UE, au Congrès européen de la FIPF, à Prague avait constaté: Alors que l’Union européenne s’est construite sur diverses politiques, industrielle, agricole et monétaire, communes soumettant les objectifs nationaux à des directives européennes, et que l’on entame timidement, il est vrai, des tentatives de politique internationale commune, alors que les divers droits pénaux, civils, commerciaux, et financiers nationaux se conforment au droit européen, ce sont précisément les politiques de culture et d’enseignement qui achoppent sur les limites de l’unification européenne. Quoique diverses tentatives aient été entamées d’introduire dans l’enseignement secondaire des manuels européens communs pour l’histoire et la géographie ( exception faite d’un manuel d’histoire commun à la France et l’Allemagne mais qui n’est pas introduit partout dans ces pays), l’opposition de divers pays de l’Union à ces projets fut grande. (Gevaert 29) Il est difficile de nous imaginer l’enseignement secondaire de l’histoire et de la géographie dans tous les pays de l’Europe, en mettant à la disposition de l’enseignant un manuel européen commun. L’histoire d’un pays se résume, en premier lieu, à ce qui s’était passé sur le territoire du pays de l’apprenant, à son passé et ensuite à l’histoire de l’Autre, la terre étant l’indice déterminant d’un état, d’une nation. Il serait curieux de connaître les contenus des manuels européens communs. Selon l’opinion des sociologues, les cultures qui ne subissent pas l’influence de l’uniformisation, de l’altération, c’est la culture des Arabes et des Cazaks de Russie. La terre natale et son importance pour la pratique de la culture anthropologique Par l’exemple qu’on a cité ci-dessus et où l’on parle des pratiques religieuses du monde arabe en France, on a voulu démontrer non uniquement le côté politique d’un des constituants de l’aspect anthropologique de la culture, celui ________________________________________________________263 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ de la religion, on avait aussi l’intention d’argumenter l’importance de l’espace, du territoire pour la pratique et l’expression de l’identité nationale. A l’heure actuelle au nord de la France on peut rencontrer un nombre considérable de nos concitoyens qui dans des villages français pratiquent nos traditions, notre mode de fêter une noce, accompagnée d’une musique moldave, un baptême à la moldave etc. Les Français acceptent cette diversité culturelle et y participent avec beaucoup de plaisir. Lorsqu’on parle de l’importance du territoire où l’on pratique les traditions d’un pays d’accueil, on souhaite citer une réponse donnée à la RFI par un écrivain venue de l’Algérie et installé depuis des années sur la terre du Québec. Il répond que rentré dans son pays d’origine, après des années, il redevient Algérien, par suite, il ne perd pas ses origines, son identité d’origine, après avoir acquis une autre identité, d’autres « us et coutumes », qu’il pratique sur la terre québécoise Sa réponse fait voir combien il est difficile de déraciner, de rejeter ce qui avait pris racine dans la conscience et le corps d’une personne. Les signes de cette dernière culture pourraient émerger dans le comportant de la personne, même sur la terre algérienne. C’est un exemple de la coexistence de deux cultures dans l’être humain. Pour l’extériorisation de l’identité d’origine ou de l’identité acquise, il faut que l’individu soit situé ou se trouve dans un milieu social ou dans un espace, qui porte et exprime cette identité. Il s’avère que l’espace, le territoire ou la terre d’un pays se présente comme condition obligatoire de l’extériorisation et de la mise en fonctionnement des pratiques par lesquelles l’individu s’identifie aux autres, à ceux qui représentent la même identité ou appartiennent à la même terre. A notre avis, la terre est imprégné du national, de l’identitaire, c’est pourquoi elle fait partie des indices d’identification de l’identité nationale. Cet indice détermine l’institution et la reconnaissance d’un état, il est déterminant pour un autre signe, celui de la langue. E. Ionesco, écrivain d’origine roumaine et d’expression française, en cherchant à identifier son national d’origine dans le livre Présent passé, passé présent, témoigne avoir fouillé dans des lieux, dans la terre d’origine qui est porteur de tout ce qui se passe sur son terrain, car elle imprègne tout, surtout ce qui est propre à son peuple: « Jusqu’à trente cinq ans encore, on peut porter son regard dans la vallée d’où l’on vient. Mantenant, je descends une autre pente et la vallée qui m’attend n’est plus la vallée de la mort » . (Ionesco 36) L’auteur souligne l’importance des catégories de la terre et du temps pour la métamorphose qui se produit avec l’individu à travers les temps vécus. On pourrait parler d’une double nationalité, d’une double culture qu’une personne porte et manifeste en fonction de la terre, de l’espace, ce dernier impliquant un autre indice, celui de la langue, outil de la communication communautaire. Nous sommes en présence d’une interaction entre tous les constituants de la construction d’une autre culture, d’une Alter culture, de l’interdépendance entre le territoire d’une communauté sociale et la langue, entre la terre et les us et les coutumes de cette nation. En parlant de la nation, à l’heure 264__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ actuelle, on trouve des ouvrages où l’on pose la question si la catégorie de nation est encore applicable aux sociétés existantes. Nous supposons qu’un émigré acquiert une autre culture, mais la culture d’origine ne n’efface pas, le national de l’autochtone se superpose sur le national d’accueil. Les marques de la culture d’origine se situent dans le très fond, dans les cases du subconscient de l’être humain. Lors de cette étape l’émigré acquiert une autre série de traits pertinents propres à l’identité nationale du pays d’accueil, en formant d’autres habitudes, suite au contact avec l’autre, aux relations avec les autres, étrangers encore pour lui. Les propriétés pertinentes de la culture d’accueil deviennent petit à petit les siennes et s’ajoutent au soi-même de la personne. Le temps et son importance pour la construction d’une Alter identité En disant « petit à petit », habitudes, stéréotypes de la vie, modes d’être et d’entrer en relation, on a en vue le rôle de la répétition et, par suite, du temps dans la formation d’une autre manière de dire et de faire, car, comme nous l’avons constaté, l’acquisition de nouvelles habitudes et de nouveaux stéréotypes de vie demande du temps. Par suite, les catégories qui ont une importance déterminante pour la préservation ou la perte des indices identificatoires de l’identité nationale dans le contexte de la diversité de cultures et de langues de la planète, ce sont les catégories de l’espace et du temps. L’espace d’une identité nationale, restant identique, suppose à la fois la diversité de temps et de temporalités qui viennent, qui s’instaurent dans tout espace national. C’est le temps qui, en premier lieu, apporte la diversité de langues, de cultures. Les trois formes fondamentales d’être dans la vie, de faire, de dire et d’être au vrai sens du mot sont, à notre avis, fondamentales pour l’appropriation de l’identité du pays d’accueil de l’autre, des autres dans un espace déterminé et durant des années. L’émigré se forme un autre comportement, un comportement qui l’identifie au national, aux individus représentant la nation d’accueil. Ces traits s’incorporent dans l’individu, mieux dire, l’individu commence s’en apercevoir qu’il commence à pratiquer d’autres manières d’être. Le temps a un pouvoir décisif pour la construction d’une nouvelle identité. Elle conditionne la maîtrise de la langue du pays d’accueil, parce que c’est l’instrument principal des relations humaines et de manifestations identitaires de l’individu. Par suite, la langue est envisagée comme facteur d’importance prioritaire, après la terre, pour l’identification de l’identité d’un individu. La langue - constituant de l’identité nationale Parmi tous les constituants de l’identité nationale, la langue est conçue par C. Hagège comme identificateur déterminant, parce que, selon ce penseur, le lieu de notre définition collective est plus que tout la langue: c’est celle-ci que, partout et toujours, les nations exaltent pour être reconnu. (9). Selon C. Hagège, ________________________________________________________265 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Sous les III –e, IV-e, V-e Républiques le français était conçu comme une valeur politique fondamentale, investie même d’une mission civilisatrice. (9). L’auteur reproche à l’Etat et aux Français l’oubli du rôle de la langue dans la définition de l’identité nationale. A l’époque de la mondialisation les langues de l’Europe, des autres continents subissent une métamorphose, une altération sous l’influence de l’anglais, comme langue hégémonique. Cet outil de communication international a envahi la communication dans le secteur économique, politique, voire scientifique à tel point que la parole des Néerlandais, des Russes, voire des Français est truffée de mots, de sigles anglais. A l’aéroport d’Amsterdam on ne parle que l’anglais; dans les institutions européennes les Français parlent l’anglais, dans les entreprises françaises installées en Moldavie, en Bulgarie la communication se fait en anglais; l’anglais pollue le parler des énonciateurs de la RFI etc. L’anglais est qualifié comme langue dominante parce qu’elle représente le pays dominant. On devrait s’attendre à une substitution des langues officielles par la langue du plus puissant et dans cette situation l’enseignement de la fable de La Fontaine « La raison du plus fort est toujours la meilleure? », n’est-elle pas actuelle pour indiquer celui qui domine et qui gouverne le monde? La langue, comme marqueur de l’identité nationale, a un pouvoir évident sur tout locuteur, bientôt les locuteurs de tout coin du monde ne s’en apercevront pas qu’ils parlent le globiche qui pollue la langue maternelle, la langue nationale. Dans ces conditions pourrait-on parler d’une diversité linguistique au niveau de la planète? Tous ceux qui ont leur contribution à la construction et au maintien du français dans le contexte de notre pays et les francophones d’autres pays, en analysant le français que parlent les Français et la langue de la communication au sein des institutions européennes vivent avec les interrogations: - Pourquoi les Français abandonnent-ils le français dans la communication au sein des institutions européennes et au niveau international ? A ce sujet, nous souhaitons citer la préoccupation d’un des éminents linguistes de Paris Sorbonne Jean-Pierre Desclès à l’égard de la pensée et de la langue uniques dans les sciences. L’auteur parle d’une seule langue dont se servent les scientifiques français lors des colloques à l’étranger et de l’importance des autres langues, de l’allemand, de l’italien, de l’espagnol, du russe etc. pour la communication scientifique: Le français doit-il rester une langue de diffusion de la pensée scientifique? La même question doit être posée pour des langues comme l’allemand, le russe, l’espagnol, le portugais, l’italien..., alors que l’anglais tend manifestement, aujourd’hui, à devenir le seul vecteur pour la diffusion de la pensée scientifique, par ses revues, par ses modes d’enseignement et des modes d’évaluation imposés par la mondialisation et que la plupart des pays, surtout ceux de l’Europe continentale, semblent vouloir accepter alors qu’ils leur sont très défavorables – mais pas pour la qualité des recherches qui y sont effectuées... (Desclès 1) 266__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Le problème de l’hégémonie d’une seule de langue, pourrait être argumenté par l’ampleur par laquelle se caractérisent l’enseignement et l’apprentissage d’une seule langue étrangère au niveau européen et au niveau des autres continents. Dans nombre des universités des pays de l’Europe, l’enseignement se fait en anglais, même en France. Il est certain que le diplômé de ces universités, en rentrant dans son pays d’origine, il va recourir à l’anglais dans la communication au sein d’une entreprise. Conclusion L’uniformisation porte atteinte tant à la culture de l’identité nationale qu’à la diversité de cultures, qui, à l’époque actuelle, est un marqueur évident d’un contexte national, toutes les deux subissent les effets de ce processus, elles sont altérées et s’effacent. Certains indices de ces identités sont sur la voie de leur disparition. L’humanité a un avenir à condition que les identités nationales acceptent la diversité culturelle de l’Autre, à son tour la diversité a la chance de survivre uniquement à côté d’une identité. Cette idée impose la thèse de la coexistence de l’identité et de la diversité. C’est pour cette raison que la cohabitation de la diversité et de l’identité devient une condition d’homme, de l’existence humaine, par suite, de tout système social. C’est une loi naturelle qui s’impose et qui gère toute structure, tout système constitué d’éléments homogènes et à la fois hétérogènes. L’expérience acquise dans la coexistence des cultures a conditionné le phénomène de la double culture; le problème qui en résulte est celui si la notion de double culture est équivalente à la double identité. Bibliographie Bourdieu, P. La Distinction, critique sociale du jugement: Ed. de Minuit, 1979. Gevaert, G. L’enseignement du français dans l’Union européenne, nouvelles réalités, nouveaux enjeux, 2e Congrès européen de la FIPF, Prague, 2011. Hagège, C. Identité nationale et langue française, Le Monde, avril/mai 2010. Ionesco, E. Présent passé, passé présent, Paris: Gallimard, 1968. Morin, E. Amour, Poésie, Sagesse. Paris : Editions du Seuil, 1997. Regourd, S. La culture comme enjeu politique, Francophonie et mondialisation. Cognition, communication et politique. Paris : CHRS, Editions: Hermès 40, 2004. , F. , : , 1970. ________________________________________________________267 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ A contrastive and intercultural analysis of the abridged lexical units Dumitru MELENCIUC Universitatea de Stat din Moldova, Chi in u Abstract Lately the abridged units have extended in all the fields of activity in most languages. The subjective creation of abbreviations is increasing in the fields of science, politics, economy, military and social life activities. More “elegant” and “fashionable” units appear for consumers to have something jovial, euphonic, recognizable and related to some well-known names to make them superior, attractive, interesting for everybody to get eager to know more of the given object or phenomenon. In advertising, names of companies, organizations, associations, programs, may intentionally correspond to historical persons, constellations, continents, cities, deities, social-political movements, etc. to make the appellation more attractive and bring success. Keywords: acronym, abbridged units, initialisms, neology, double compression of abbreviations, fusion, blending. Rezumat Scopul lucr rii este de a familiariza studen ii i profesorii filologi cu un fenomen sociallingvistic extraordinar de abreviere în mas a unit ilor lexicale. Analiza motiva iei extralingvistice a form rii în limba englez a peste 500 000 de abrevia ii în ultimii 50-60 de ani demonstreaz c acronimele folosite în denumirile unor institu ii, organiza ii, societ i, etc. pot fi create cu scopul de a atrage aten ia i a produce un impact emo ional pozitiv asupra vorbitorilor de limb . Denumirea abreviat a unei organiza ii, institu ii, mi ri social-politice poate contribui la succesul i prosperitatea lor. Pentru consumatori este important ca unit ile metalingvistice s fie joviale, eufonice, asociate cu forme i nume bine cunoscute. Cuvinte-cheie: acronim, unit i prescurtate, neologie, compresie dubl de abreviere, fuziune, blending. Various types of abridgements, which were considered as minor word building means, now surpass quantitatively many other classic procedures of renovation of the vocabulary. The rapid progress of humankind in the field of science and technology impose the creation of new notions and linguistic forms to describe them. The abundance of advertising messages, literary works, and various kinds of information is flooding the language, the speakers try to single them out and distinguish their meanings, imposed by the expressivity of style and freshness of the vocabulary, attracting the information consumer, enhance his or her interest by the novelty of ideas and linguistic forms. Modern languages are subject to two tendencies: improvement of means of speech, where linguists are engaged in the standardization of the elements of word-building, supporting the ways of diversification and renovation of suggestive and emotional possibilities of expressivity. The second tendency is the principle of discourse economy, a linguistic 268__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ phenomenon which implies the reduction of linguistic units to the minimal space and time dimensions of the presented text, pragmatic exigency characteristic to modern times. The existing level of political and economic development requires the use of more compact lexical units to express a greater volume of information. There is a constant stream of curtailed or abridged specific metalinguistic units used to codify linguistic information in order to optimize communication, having a pragmatic character, helping to express as much information in as little space and time possible. The accelerating development of science and technology, economy, business, etc. have brought to the creation of hundreds of thousands of compact linguistic signs in order to cope with the huge amount of information to be communicated. The new units have a maximum compressed volume of their linguistic sign. They have made their way from the periphery of the language and have become one of the most productive means of word-building in various fields of human life, being part of specialized metalinguistic systems. The question asked by linguists is whether the acronym presents an independent linguistic sign or a compressed form of the component parts, still preserving their semantic plane. The classical linguists affirm that any change on the expression plane influence the change of the semantic structure and vice versa. A. Martiné affirms that any reduction of the form of a lexeme « est le signe de son emploi très fréquent dans le discours » ( Martiné 187). The rapid evolution of science and technology cause the creation of new notions and ideas and forms to express them. The speakers try to single out all the new lexical units, distinguish their meanings, imposed by the expressivity of style and freshness of the vocabulary, attracting the consumer of information, enhance his or her interest by the novelty of ideas and linguistic forms. Advertising is permanently manifesting itself as being inventive and creative, using all possible lexical specific units. Modern languages are subject to two contrary tendencies: improvement of means of speech, where linguists are engaged in the standardization of the elements of word-building of a given language, supporting the ways of diversification and renovation of suggestive and emotional possibilities of language expressivity. The second tendency is the principle of discourse economy, a linguistic phenomenon which implies the reduction of linguistic units to the minimal space and time dimensions of the presented text, pragmatic exigency characteristic to modern times. Linguists started to look for procedures that would satisfy the two exigencies of formal contraction of form and condensation of the semantic content of the language. Attention is paid to abbreviations, and all the cases of acronymisation. Many points of view have been expressed lately in linguistic publications concerning the massive use of acronyms in written and oral communication. Thus, Lopatnicova M. states the fact that the arbitrary formation of neologisms contradicts the essential function of the language as a means of communication (Lopatnicova). F. de Saussure’s supporters on acronyms think that: « Un signe sans signifié ne peut être qu'un de set extérieur au système la langue! L'acronyme sur le plan sémantique dévie doublement du modèle du signe linguistique créé par le grand savant: d'une part son signifié ne correspond pas concept ou une image mentale stable dans la langue; ________________________________________________________269 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ d'autre part on ne peut définir sa valeur dans un système de signes ». ( Saussure 24) Some counterarguments linguists suggest to treat lexicology only from a practical point of view: « Sauf l'économie discursive grâce à ce qu'ils n'utilisent la me matière linguistique s'évite le surplus, la surproduction des unités lexicales encombrerait le tissu de la langue, leur mémorisation et leur emploi correcte dans processus de la communication et comme conclusion logique l'opinion l'acronymisation c'est un procédé avec une finalité bien déterminée même qui transgressent toutes théories linguistiques créées depuis des siècles ». St. Ullmann also affirms that acronyms do not express notions, have no meaning, their function is not one of signification but one of identification, still he considers them as a means of linguistic communication. (Guiraud 24) P. Guiraud thinks that acronyms have nothing in common with abbreviations. The possibility and function of their mechanisms are radically opposite to the known linguistic units (Guiraud 24). A. Martinet explains the problem in the following way: «La réduction de présentation formelle c'est une des causes de sa haute fréquence dans la parole» (principe pragmatique) (Melenciuc, Zbant, Constantinescu 187). H. Marcuse thinks that « Ayant le sens truqué, alourdi mais une fois devenu vocable officiel, référence constamment dans l'usage général (national ou même international) et sanctionné les interlocuteurs… il perd toute valeur cognitive… sert simplement à foui l'information: SOS, NATO, USA » (Marcuse l19). Important is that each created neologism should possess its form and meaning. Thus, some linguists consider the acronym a spontaneous and arbitrary creation which lacks semantic motivation. In this connection C. Hagège affirms: « Les hommes opère avec leur langue, la réinventent, la transforment, créant des catégories nouvelles se répartissent conformément à une certaine hiérarchie transgressant souvent les établies par la linguistique classique. Pour les formations en cause ça sera: Autant d'acronymes, autant d'étymons » (Ibidem). Some scientists call them image-words, lexical units used to astonish and shock the reader. Let’s take the acronym ADAM, which has four homonyms. ADAM used in the text would intuitively evoke to the reader the name used in the Bible. In reality the present term ADAM covers realities of the contemporary world economy. This example will deny the affirmations that the acronym can be viewed as a comparison, where we usually look for common or different qualities and characteristic features. It can be considered with certain reserve as a kind of substitute used for a well determined purpose. Some linguists conclude that acronyms are not words in the classical point of view. In acronyms the volume of the linguistic message is reduced to a simple unit. Each component of the acronym represents a certain lexical unit. But to a closer inspection we discover that acronyms gradually acquire characteristic features of usual lexical units: they may be polysemantic and homonymous. The same unit can be transformed from noun into adjective or even verb. Thus, LASER as a noun, laser beam (adjective), to lase (verb) can be found in many languages used as a simple lexical unit and not as a combination of initial letters of five words. All the neologisms represent corresponding extra linguistic realities. Acronyms do not 270__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ possess a motivation in the classical sense of the word. Its motivation is completely arbitrary, formal, determined by the possibility of combining certain letters in a euphonic ensemble denoting a certain referent. The realization of a linguistic sign in the act of speech is the denomination of a reality which connects the significant to an extra-linguistic object or phenomenon recognized by the speakers. The same acronym can serve different referents in many languages. Acronyms formed by specialists in order to reduce some lexical elements to a single unit, denoting an object, a political organization, an important extra-linguistic phenomenon in the society. The new unit should possess certain qualities like euphony to attract the attention of the listeners; easily assimilated morphologically and syntactically, to be easily memorized, to possess expressivity to impress people in order to be easily kept in mind. The term abbreviation is used by some linguists to denote both initialisms and all forms of shortening of lexical units. Modern languages are subject to two contrary tendencies: improvement of means of speech, where linguists are engaged in the standardization of the elements of word-building of a given language, supporting the ways of diversification and renovation of suggestive and emotional possibilities of language expressivity. The second tendency is the principle of discourse economy, a linguistic phenomenon which implies the reduction of linguistic units to the minimal space and time dimensions of the presented text, pragmatic exigency characteristic to modern times. Linguists have started to look for procedures that would satisfy the two exigencies of formal contraction of form and condensation of the semantic content of the language. The entire world started to actively use compact units in all the fields of activity. Borrowings from Latin get English names of the corresponding lexemes and may be pronounced with Latin words, English words or both English and Latin depending on the functional style of the given register: e.g. (exempli gratia) – for example, a.m. – in formal register ante meridiem is used corresponding to the colloquial variant in the morning, the same in the case of p.m. – post meridiem/ in the afternoon. Many initial abbreviations are read like separate words usually named acronyms (radar, laser, NATO), some of them may be read both way (VAT: Value added tax) – (v t) or (vi ei ti)). Very often we find hybrids of shortenings and abbreviations: CoSIRA (Council for Small Industries in Rural Areas). Blending or fusion is combining two or more shortened words or mixed forms of clipped and unclipped units. Other terms used are portmanteau word and telescoping. In Modern English the number of fusions has radically increased. For example: smog (smoke + fog), brunch (breakfast + lunch), positron (positive + electron), and motel (motor-car + hotel), ballute (balloon + parachute), dawk ( dove + hawk) There are other kinds of blends where the degree of blending is less obvious (glasphalt) and cases where the blending is very difficult to recognize the shortened elements of the lexical units: arcology = architectural ecology. People get used to them and start using only the abridged variant. (Sawoniak, Henryk, WITT Maria) Plenty of acronyms have become homonymous. They may be intentionally chosen in order to compress information and form certain metasemiotic associations. Some compressed units have more than a hundred homonymous lexical units (see PET) and may be used to provoke positive ________________________________________________________271 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ or some other connotations. Acronyms like radar – radio detecting and ranging; laser – light amplification by stimulated emission of radiation are used now as integrated lexemes in many languages of the world. Among acronyms there are many homonyms of proper and common names. They may function as personified metaphors, sometimes producing a humorous effect or making it sound as something very important. Thus: ICARUS – Industrial Computer Applications, Retrieval and Utility Systems, HERMES – Higher Education Resource Materials: Evaluation and Services, EDGAR – Electronic Gathering, Analysis and Retrieval System (US). The intentional use of names is found in many cases. some of the elements may be left aside in order to have an acronym identical to a given name like in EDGAR. In case of DAISY. Dairy Information System (Reading University-GB), Decision-Aiding Information System (University of Pennsylvania, Wharton School of Finance and Commerce – US). DAISY(Daisy) – Druckindustrie – Abrechnungs – und Informations – System;) 2 - both in English and German the letters SY do not represent two different words; they are part of the word system. Many acronyms do not always consist of pure initial letters. In order to get an attractive appellation the authors contribute to the creation of a desired attractive and fashionable term that would be metasemiotically charged. The decoding of many proper noun homonymous abbreviations demonstrates that they possess two or more homonymous meanings: ADAM – Advanced Data Management System (MITRE Corp. – US), Aid in Design and Evaluation of Data Management (IBM-US), Automatic Data Management System (US), Automatic Document Abstracting Method (Ohio State University – US), EMIE – Education Management Information Exchange (GB), Educational Media Institute Evaluation Project. Many acronyms have homonyms both in English and other foreign languages. Thus, MIDAS – has 11 homonyms in English and one in Polish. (Sawoniak, Henryk, WITT Maria) Analysing acronyms like ORACLE, ORION, ADAM, AESOP, ARISTOTLE, AFRICA, BABILON, BEATRICE. CALLISTO. CARL, CASTLE, CLEOPATRA, LOLITA, LORA. LOUISA, MINERVA, MINERVE, OLIVIA, CLARA, PATRICIA, SAM, EROS, ESOPE, EUCLIDE, FABIUS, FRANCIS, FRED, FREDDY, COSA NOSTRA, COSMOS, PARIS, LEEDS, ODESSA, PATRIC, PATRICIA, PEAR, PEARL, PENELOPE, PLATON, POTOMAC. RAPIDS, SINBAD, SIRIUS, SMART, SOCRATE, SOCRATES; SOFIA, SOKRATES, SOKRATUS, SOLAR, MARS, ORION, ASTRA, SPARTAN, DAISY; DAVID; DAVIS, DEVIL, DRAGON, EARL. We find here well-known names found in the Bible, World Literature and World History, Natural Sciences etc. Most people are familiar with all these appellations and the metasemiotic impact on them would be considerable. The use of common names as homonymous equivalent acronyms can also be used to achieve a certain degree of expressivity and interest: CAR, INTIME, INFORMAL, INFER, INCLUDE, IMPRESS, IMPACT, HOST, HEN, IDEA, GOLD. MIDDLE, RAPID, SIMPLE, LION, TIGER, TIME, WISE, WISEDOM, EAGLE, PADRE, PAPA, KISS, JOVIAL, LAMP, KIWI, MAGIC, MEDIC, MAID, MALL, MANA, MASTER, MIRACL, MIRROR, MISS, NAME, ANTIDOTE, ANTILOPE, ART, ATLAS, AUDIT, CAPTAIN, CORRECT, PAPA, SAFARI, 272__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ SALT, FAME, MANIAC. Cf. some examples with homonyms in Romanian: COPAC, COPACEL, APA, (ABBYY Lingvo 10, Towell, Julie E., Helen E. Sheppard, Sawoniak, Henryk, WITT Maria) We have already mentioned a bove that many acronyms and initialisms have come to the point of not just representing a combination of words. They gradually developed features of independent lexical units with new global meanings like in: LASER – well known as Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation (there are also such homonymous combinations as: Learning Achievement through Saturated Educational Resources; London and South Eastern Library Region; Learning Achievement through Saturated Educational Resources) may be used as a noun, adjective, verb: to lase – print some materials by using a laser printer; a laser aircraft - an aircraft with a laser engine, laser – in the meaning of quantum/ laser amplifier, etc. (ABBYY Lingvo 10) We should reiterate the fact that in connection with the globalization and internationalization of metalinguistic systems many abridged lexical units become part of many languages of the world, where as a rule they are not viewed as abbreviations, in many cases they are used as simple lexemes, in many cases the meaning is modified. LASER would serve as a good example. As a rule laser is used as a simple lexical unit and it is used to form more than 500 word-combinations in Modern English (and other languages): to lase ( ), also laser printing; laser – , (ABBYY Lingvo 10). Double compression of abbreviations is a very good example of discourse economy. Practically laser in many word combinations is often re-abridged. Thus, in "Acronyms and Initialisms Dictionary", Michigan, 1998 we find: LIF - Laser Interference Filter; LFL - Laser Flash Lamp; LID - Laser Intrusion Detection; LIED Laser Initiating Explosion Devise. In other dictionaries we can find some more (14): LMI - Laser Microfilming, Inc., LVIS - Laser View Data Information Service. The acronym laser is further compressed as a component part of new abbreviated lexical units. More than 500 word combinations in the English technical terminology can appear in their abbreviated variants with the initial letter representing LASER in them. As examples of double compression can serve FACES (FORTRAN Automatic Code Evaluation System), FOS (FORTRAN Operating System), FRUGAL (Frugal) – (FORTRAN Rules Used as General Applications), we discover that F is the abbreviation of FORTRAN/ Fortran which is a blending of formulation translation. While in case of INFOR (Information Network and File Organization; Information-Oriented Language; Information Processing and Operational Research; Institut for Nyttinggorade and Forsknings Resultat; Interactive FORTRAN) – in the last combination FORTRAN is represented not by F, but by FOR. In the field of lexicography we should pay special attention to the constantly changing terminology to avoid the confusion of scientific terminology in the publication of lexicographic dictionaries, regularly making a revision in order to actualize the neologisms, modifying the definitions, to respect exigency towards the proposed neologisms. The creation of abbreviated units and their metalanguage is ________________________________________________________273 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ due to the important function they have in communication. In Russian and many other languages the acronym LASER has turned into a simple word laser used mostly in technical terminology and in some local metalinguistic units. In French we observe that like in many other languages, the acronym or acronymic abbreviation LASER has developed a rich semantic structure and high combinability;: 188 examples given in ABBY Lingvo 10 prove the fact that laser is mainly used attributively in numerous word-combinations connected with the domain of science and technology, the number of terms in the field of physics is prevailing. Only a limited number of specialists have a good idea of the term LASER being decoded as Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation. Even in English for most of the speakers laser is considered a simple lexical unit being used in many word combinations. The same happens to other abbreviated words like smog, positron, etc. The necessity of simplification in the process of language communication and economic issues encourages the creation of as many simpler signs to be used in the main semiotic system. The advantage of English or French abridged units consists in the fact that they circulate social, cultural, civilization information on the international scale. The languages of developing countries possess smaller word-stocks corresponding to their level of development and they readily borrow a multitude of words from languages, the speaking communities of which are among the dominant societies in the world from the political, economic, scientific, technical, military, cultural point of view. The Structures of Acronyms. In case of initialisms we would expect them to correspond to their name – each word of the abridged combination to be represented by the initial letter of the component units, like in UNESCO, NATO, LAD (Library Administration Division). In reality many acronyms deviate from initial representation letters. To read or pronounce the final unit like a specific name or ordinary word additional letters or syllables are added. Thus, in radar (Radio Detection and Ranging) we find radio represented by the syllable Ra, otherwise it would not be an acronym and be read like a word. In some cases some words would not be represented at all from the same reason: in LAMA - Library Administration and Management Association the conjunction is omitted, otherwise it would sound like LAAMA and would not be identical to the ordinary word lama existing in the language. The same we have in the acronym DOCTOR representing two homonyms: Dictionary Operation and Control for Thesaurus Organization, Display Oriented Communication Tool for Online Retrieval – the auxiliary words are omitted for the same reason, just to get a nice homonymous equivalent to the ordinary lexeme ‘doctor’. Various blendings are also read like words: motel (motor car hotel), smog (smoke and fog), proton (positive electron), sitcom (situation comedy) and are usually analyzed in a separate subgroup of abridged words: blendings (fusions, portmanteau words). All possible hybrids are found in the language: CoSIRA (Council for Small Industries in Rural Areas). In PIPs (Project Information Packages) – the plural number was preserved in “Packages”. While in PLANES (Programmed Language-based Enquiry System) Language-based is reduced only to LAN – a 274__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ clipping. We can conclude that most of the acronyms are usually created to resemble a certain already existing linguistic unit in the language, for the reader to identify it and get some metasemiotic connotations in it, making it more attractive. The word acronym itself has a homonymous lexical unit: ACRONYMS - A Convenient Reduction of Nomenclature Yielding Mnemonic Syllables. Like in the case of terminology acronyms are formed in mass by various individuals or group of people and they have to make their way into the accepted language, Many potential acronyms with time get out of usage and only those which are regularly used and indispensable for communication become part of the language. Acronyms are usually limited to reduced specific metalinguistic units, and lots of homonyms are created (people usually ignore the fact or they are unaware of the fact that similar combinations are already existing in other fields of activity in the given language). The example with ABC demonstrates the fact that the same form of an acronym can exist in a number of languages. Thus, the acronym CDC (sidisi) has 19 homonyms, including: Carribean Documentation Centre (TT – Trinidad and Tobago); Comission de documentation Cientifico (AR argentina); Comition de Documentai Cientifico (ES); EMIS-12 homonyms: Ecosystems of Machius Information Sisbur, etc… TIS… 12 homonyms; NIS, TIS, ART – 8 each. Compressing the contracted forms is a good example of discourse economy/ saving of time and space like in the examples taken from “Acronyms and Initialisms Dictionary”, Michigan, 1998: LIF: Laser Interference Filter; LFL: Laser Flash Lamp; LIED: Laser Initiating Explosion Devise. The word laser practically is used as a component of a new acronym. Compounding of abridged and unabbreviated units are attested in abridged units + words: A-bomb, AIDS cure, B-movie, CCAT ("See-cat": Cambridge College of Art and Technology), NY kiddy porn, an AIDS-Africa link, Metro-Montreal QPF contingent patrols (Metropolitan Montreal Quebec Police Force contingent patrols). Combining forms may precede or follow abbreviations: a pseudo-BBC agent; UFOlogy (the study of Unidentified Flying Objects) (Michigan, Thomas, p. 3). Blendings, Portmanteau words or Fusions - combine two or more clipped words or mixed forms of shortened and unabridged units. Some of the earliest blends date back to before Lewis Carroll: anecdotage (anecdote combined with dotage to suggest a garrulous old age, was first recorded in 1823, while squirl, a blend of squiggle and whirl to describe a flourish, as in handwriting, was recorded in 1843. In modern English the number of fusions has radically increased: smog (smoke+fog), brunch (breakfast+lunch), positron (positive+electron), motel (motor-car+hotel), fantabulous (fantastic+fabulous) in the meaning of excellent (superlative), televangelist (television +evangelist) - an evangelist who conducts regular religious services on television; netizen (Internet +citizen) - a person who spends an excessive amount of time in the Internet. Shortening or clipping is a widely spread means of word building. In most cases the shortened variants of the words coexist with the original unclipped ones: lab – laboratory, doc (Dr) – doctor, phone – telephone, math (maths) – mathematics. All the types of clippings (initial, mid and final) are regularly used to create shortened lexical units: rep (resentative), sub(marine), prep(are), phys(ical) ________________________________________________________275 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ ed(ucation); (tele)phone, (cara)van, (tele)scope, (ham)burger; (re)fridge(rator), (in)flu(enza). Back-formation of words is based on shortening the initial form: editor – to edit, burglar – to burgle, beggar – to beg, destruction – to destruct, housekeeping – housekeep/housekept, baby-sitter – to baby-sit, sightseeing – sightsee/sightsaw. Homonymous combinations. Thus, LB may correspond to: laser beacon, laser beam, laser blanking, laser bomb, laser bonding, laser burst (Towell, Julie E., Helen E. Sheppard). Let’s take some more examples: CALM - the letter C in the first meaning (COBOL Automatic Language Modifier) represents the acronym COBOL (COmmon Business Oriented Language) consisting of 1 shortening and 3 initialisms. There is a long list of acronyms with the initialism of FORTRAN - the blending of 2 clippings from FORmula TRANslator: BEEF (Business and Engineering Enriched FORTRAN), FACES (FORTRAN Automatic Code Evaluation System), FACTS (FORTRAN Analytical Cross Reference Tabulation System), FRUGAL (FORTRAN Rules Used as General Applications Language). Frugal as a simple lexeme means thrifty, economical. See also FLAP, FOCUS. In many cases we have a shortening of FORTRAN and initialisms or clippings of other units: FORCE (FORTRAN Conversational Environment), FORMS (FORTRAN-Oriented Information Management System), INFOR (Interactive FORTRAN). Many acronyms have come to the point of not just representing a combination of words they gradually developed features of independent lexical units with new global meanings. We can conclude that acronyms and other abridged units have an impressing development in all the fields of activity and gradually come into usage in all the languages of the world. The higher the level of development, more sophisticated compressed units are created and used. The evolution of acronyms in various functional styles very often is accompanied by a metasemiotic usage of codified combinations of initialisms. In various sophisticated contexts the abridged units gradually start to acquire a certain stylistic connotation. Names of institutions, organizations, etc. are chosen to sound more attractive and produce an emotional impact on people. The name of an organization, institution, or social-political movement can bring success and prosperity. The subjective character in creating new abbreviations is increasing in the fields of science, politics, economy and various social life activities. More “elegant”, “fashionable” and “super” compressed units come into being. It is for the information of consumers that it is important to have something jovial, euphonic, recognizable in form, related to some well-known names, that would make the new appellation more attractive, interesting and people would get eager to know more of the object or phenomenon in question. In advertising, names of companies, organizations, associations, programs, projects may intentionally correspond to wellknown historical persons, constellations, continents, cities, deities, social-political movements, etc, which would make the appellation more attractive and bring success and prosperity. 276__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Bibliography ABBYY Lingvo 10, 2004 ABBYY Software Ltd. BAUER, Laurie. English Word-Formation: Cambridge University Press, 1984. Le Dictionnaire de la langue française. Paris: Larousse, 1994. Lopatnicova, M. Lexicologie française. Moscow, 1974. Marcuse, H. L'hymne unidimensionnel. Paris, 1968. Marline, A. Elements. Paris. 1970. Melenciuc, D. (alc tuitor) of Reader in English Lexicology: CEP USM, 2005, pp. 172-175. Melenciuc, D., Zbant, L., Constantinescu, O. 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Actualisation sémiologique de 2001 à 2005 Irina MOGLAN Université René Descartes, Paris Abstract Inspired by the semiology of indexes, the article analyzes press caricatures on the first page of Le Monde between 2001 and 2005 presenting the September 11th attacks. A number of symbols are involved in the visual construction of the event. Throughout a short iconic diachronic study, these elements turn into indexes capable of standing out for September 11th when caricatures are no longer interested in presenting the same event. Keywords: caricature, newspaper, September 11th, semiology, index. Rezumat Obiectul acestui articol const în analiza caricaturilor de pres care prezint atacurile de la 11 septembrie 2001 si care au fost publicate din 2001 pân în 2005 pe prima pagin a cotidianului Le Monde. Utilizând baza metodologic a semiologiei indiciilor, studiul permite observarea unui numar de simboluri care, utilizate in acest interval de diacronie vizual , cap rolul de indicii în momentul în care desenele de pres se îndep rteaz de acest subiect. Cuvinte-cheie: caricatur , pres , 11 septembrie 2001, semiologie, indiciu. Le 11 septembre 2001 reste une date importante autant dans la mémoire des Etats-Unis, confrontés ce jour-là à trois attentats terroristes, que dans l’histoire mondiale en train de s’écrire au début du troisième millénaire, allant jusqu’à la guerre en Irak et la politique contre « l’axe du mal » du terrorisme, selon une expression déjà consacrée. Beaucoup d’encre coule encore à ce sujet, beaucoup de plumes et de voix essaient d’analyser l’état des choses d’une année à l’autre. Nous nous proposons de rendre compte de la manière dont cet événement a été traité dans des dessins de presse publiés dans le quotidien Le Monde, tous les 11 septembre, à partir de 2001 jusqu’en 2005, plus particulièrement à la Une du journal. À partir de ces deux critères, thématique et rédactionnel, nous avons constitué un corpus de cinq caricatures dont: quatre appartiennent à Plantu (en 2001, 2002, 2003 et 2005), et une à Pancho (en 2004). On trouvera leur description dans l’analyse ci-dessous. Un remaniement dans l’application des critères est exigé qui dépend des stratégies rédactionnelles et communicationnelles du journal Le Monde. Ce n’est qu’à partir du 13 septembre que le quotidien se consacre à l’épisode américain, l’édition de chaque numéro précédant l’actualité d’un jour, ce qui explique le contenu du 12 septembre, sans rapport avec les attentats. Contrairement aux habitudes, la Une du 13 septembre 2001 affiche une photographie de presse de la ville de New York ensevelie de fumée, tandis que le dessin de Plantu se retrouve à 278__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ l’intérieur du journal (rubrique Horizons – Analyses), en accompagnant l’éditorial « Nous sommes tous Américains ! » de Jean-Marie Colombani. Pour tous les autres consacrés au 11 septembre, de 2002 à 2005, le dessin garde sa place centrale sur la première page du journal. Comparée en général à un article de presse pour la concision et le regard critique porté sur le monde, la caricature intéresse la sémiologie en tant qu’image composite de signes. Derrière le dessin synthétique et le plus souvent elliptique, à base de traits graphiques simples, les signes s’encodent, ils passent de l’analogique au symbolique, voire au stéréotype culturel, idéologique, avec des rencontres insolites ou charges1 au niveau de la représentation. Dont, par exemple, l’anthropomorphisme. L’humour couronne l’effort du dessinateur: du rire fou au rire jaune et l’humour noir. Nous avons réuni les cinq dessins du Monde dans le but de décoder les signes qui les construisent, d’en analyser, par le prisme sémiologique, la nature et la portée du sens, de voir l’écriture, le texte, le discours dont ils accompagnent le 11 septembre 2001 et ses échos d’une année à l’autre. S’appliquant à mettre au jour la structure des signes qui composent et organisent la vie sociale, la sémiologie rend compte à la fois des univers sémantiques et des valeurs mythiques qui traversent les usages et qui se manifestent consciemment ou de manière latente à travers les différents systèmes de signes. Cette perspective sémiologique affirme le projet de Ferdinand de Saussure et puise dans la réflexion de Roland Barthes pour aboutir à ce que l’école houdebinienne développe comme sémiologie interprétative1 et dont nous adoptons la méthodologie pour une analyse de genre des dessins de presse concernant le 11 septembre 2001. L’analyse par étapes successives –description des strates, occurrences systémiques, potentiel interprétatif, interne et externe – a intérêt d’être objective et impartiale sans position prise en faveur ou en défaveur du sujet traité. Au niveau de la stratification sémiologique, le dispositif scénique s’avère quasi identique d’un dessin à l’autre. Publiées à la Une, les vignettes sont partiellement délimitées par des lignes qui les séparent du reste du journal, le cadre n’est pas entièrement tracé, comme si l’image se prolongeait à partir du texte voisin, dans un rapport d’ancrage dans le texte. La première caricature de Plantu parue dans Le Monde juste après le 11 septembre est intégrée à la rubrique Horizons – Analyses dont elle occupe trois quarts de la partie inférieure. Dans la description de la strate iconique, nous inventorions chaque dessin à tour de rôle, avec mise en évidence des formes signifiantes (signifiants, notés /…/), des signifiés dénotés (notés <…>) qui leur sont associés, et des indices qui apportent les premières interprétations et connotations (notées <<…>>), avec relevé des interprétants internes, immanents. Des interprétants externes (externes à l’histoire, au discours construit ou au contexte initial) viennent nécessairement appuyer l’une ou l’autre des interprétations et les objectiver. 1 Les principes méthodologiques de la sémiologie interprétative et de la sémiologie indicielle, avec applications pratiques à l’appui, sont exposés, entre autres, dans l’ouvrage Travaux de Linguistique – Sémiologie, numéro double 5-6, Université d’Angers, 1994, réédition 2004, Université René Descartes Paris 5. ________________________________________________________279 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Dans le premier dessin, signé Plantu 2, un /homme de grande taille/, /en redingote/ et avec <le drapeau américain> en tant que /haut de forme/, surmonte /deux tours/ dont les sommets sont en train de s’écrouler au niveau des /genoux/ du personnage qui balance ses /bras en l’air/. Les attributs iconiques 3 du personnage masculin correspondent au profil de l’<Oncle Sam>, symbole de la démocratie américaine, dont les jambes fléchies se confondent aux <Tours Jumelles>, symbole du <<pouvoir économique et financier des EU>>, entourées par la fumée. Le centre du visuel qui marque <le déséquilibre de l’Oncle Sam> et <l’écroulement des tours> se trouve /dans la trajectoire d’un avion/. Le moment illustré passe le film des attaques aériennes du 11 septembre 2001 (deux avions qui se sont abattus sur le World Trade Center et un est tombé à côté du Pentagone). Mais ce qui compose la charge de cette caricature résulte de l’impact inévitable entre l’Oncle Sam, les Tours Jumelles et l’avion. Est-ce que le dessin figure le deuxième avion, puisque ce bâtiment est déjà atteint, tout comme le personnage humain ? Ainsi c’est le point d’appui, les pieds, qui sont visés afin de fragiliser, voir anéantir les fondements ? Ou est-ce que <<l’affaiblissement des EU>> précède les attaques terroristes, puisque les deux tours s’écroulent en même temps, comme si la puissance américaine, associée aux deux symboles, avait déjà perdu de sa hauteur ? Vu la dimension du personnage figuré et le point de cassure, la caricature résume dans les deux cas de figure la fameuse expression "le géant aux pieds d’argile", connotant l’idée que <<même le plus fort a ses faiblesses>>. Un interprétant externe appuie cette connotation: le talon d’Achille, toujours par rapport à l’équilibre fragile et la vulnérabilité que cache toute force. Un an après, en 2002, Plantu écrit dans son dessin du 11 septembre «Hypnose » et dessine deux personnages: à gauche, /un homme barbu/ portant /un turban/, indices du stéréotype de <l’arabo-musulman>, tend les mains d’où émanent des <ondes> vers /la tête/ d’un personnage à droite. Ce dernier, malgré son air <jeune>, /les cheveux dans le vent/, se remarque par ses /grands yeux/ où se reflètent /deux tours/, <les Tours Jumelles>, sur fond de <drapeau américain> (/étoiles et rayures/ spécifiques). Une /larme/ tombe de son œil. À une année distance des attaques, le monde arabo-musulman « hypnotise » le monde américain. Les EU sont encore marqués par le 11 septembre 2001; dans les cavités qui remplacent les yeux nous retrouvons des indices de cette date: les Tours Jumelles et le <sang> qui coule de l’œil droit (en original, Plantu colorie la larme en rouge). L’arabo-musulman hypnotise l’Américain et le fait voir (revivre) le 11 septembre 2001. En même temps, <l’absence du regard> nous fait penser à l’<<aveuglement>>. L’hypnotiseur aveuglerait l’hypnotisé: <Al-Qaida> menace d’autres attentats les EU toujours vulnérables au choc terroriste. 2 3 Dessins en annexe. Attributs iconiques ou « éléments identifiants ou identificateurs » fonctionnent soit comme des signes évidents (symboles, stéréotypes), soit comme des indices. Voir Anne-Marie Houdebine et Mae Pozas, 2006, « De l’humour dans les dessins de presse », Questions de communication 10, sous la dir. de Béatrice Fleury et Jacques Walter, Dossier Humour et médias, pp. 43-64. 280__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Avec comme avertissement « Pourvu qu’il n’y ait pas d’autres 11 septembre !…Ce serait trop injuste ! », la caricature de 2003 de Plantu attelle à /une voiture/ un personnage /maigrichon, habillé de chiffons/, /la tête penchée/. Sur le siège, derrière, <l’Oncle Sam> a l’apparence d’/un squelette/, coiffé d’/un haut de forme/ avec <le drapeau américain>. À côté, son compagnon tend devant <l’Africain> /une ligne à la pêche/ avec /une carotte/ au bout. Les <Tours Jumelles> et une flèche pointant vers OMC (abréviation de l’Organisation Mondiale du Commerce) sont les principaux repères que le dessin signale sur /la mappemonde/. La caricature impute <<la politique économique des EU dans les pays du tiers monde>>: l’Oncle Sam a tout de l’allure de <<la Mort>>, de celui qui amène la mort, tandis que le marcheur incarne <<la pauvreté>>, <<la victime>>, <<le moribond>>. Les deux tours, tracées à la manière de deux /aimants/, derrière la voiture, font des <<EU le pôle du monde>>, <<le pôle qui dirige le reste du monde>> et qui le <<manipule>> comme stipulé à travers la perche. Le 11 septembre 2004, Pancho place la tête de <Ben Laden> au centre d’un panneau de tir troué de balles, en le superposant en même temps à /une bombe/: il est illustré à la fois en tant que <<cible>>, <<menace>> et <<tête de la guerre>>. Nous remarquons aussi à l’intérieur de cette bombe une sorte de /fil barbelé/. Une autre impression de sens se dégage: le rond que représentent le tir et la grenade crée l’impression d’<<un labyrinthe>>, <<un réseau>> dont le centre est anthropomorphisé dans la personne de Ben Laden. En 2005, la petite souris de Plantu regarde un <Jacques Chirac> assis sur une chaise, qui écoute les /yeux fixés (perdus ?) dans l’air/ <Nicolas Sarkozy>, habillé en <esprit de la lampe>. La lecture que ce dernier fait dans /l’agenda du Président/ est succincte: « Aujourd’hui: RIEN. Demain: RIEN. Après-demain: RIEN ! ». Et rien sur le 11 septembre, date commémorative comme avéré à travers les autres dessins de presse. Le 11 septembre 2001 n’est plus à la Une du Monde quatre ans après les événements. Ce sont l’état de santé du président français et la rivalité aux prochaines présidentielles qui font l’accroche de la première page du journal. Dans la strate linguistique, nous tenons compte de la présence du verbal à l’intérieur de chaque caricature (immanent au corpus) et, à l’extérieur, du titre de l’article, dans le cas du premier dessin de Plantu (dessin n°1), du gros titre et du sommaire sur la Une dans les dessins n° 2, 3, 4 et 5. Assimilée à la suite de l’éditorial de J.-M. Colombani « Nous sommes tous Américains ! », le dessin de Plantu du 11 septembre 2001 domine la page par ses dimensions. Les quatre autres dessins du corpus font la Une du Monde, publiées entre les colonnes du sommaire, dans la moitié supérieure, presque en plein ventre4 de la première page. Nous citons les gros titres de chaque Une: Le 11 septembre 2002: « Un an après, où va l’Amérique ? » 4 Dans le jargon journalistique, le ventre désigne la partie située au beau milieu de la page, entre la tête en haut et le pied du journal en bas. ________________________________________________________281 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Le 11 septembre 2003: « Les guerres de l’après - 11 septembre » Le 11 septembre 2004: « L’état de la menace islamiste trois ans après le 11-Septembre » Le 11/12 septembre 2005: « Jacques Chirac contraint de réduire ses activités » L’analyse linguistique vient en dernière position dans le travail sémiologique pour affiner les impressions de sens et les interprétations qui nous adviennent des images, prioritaires par rapport au texte dans l’immanence initiale. En ce qui concerne les dessins de presse du Monde, chez Plantu et Pancho, ils sont ancrés dans l’actualité socio-politique et illustrent d’une manière plus ou moins fidèle les articles avoisinants. Les effets de sens dégagés dans l’analyse iconique sont ainsi soumis à un processus d’interprétation externe où corroborent le message véhiculé dans l’éditorial, les titres de la Une et un certain savoir socioculturel. La solidarité avec le peuple américain dont parle l’éditorial de Colombani fait figure à part eu égard à la caricature de Plantu (cf. Annexe visuel n°1). Cette dernière semble étrangère à l’idée de solidarité stipulée par l’éditorial, et construit le récit des événements et joue avec l’image de la fragilité contenue dans le système américain. « Le géant aux pieds d’argile » est vulnérable de par sa dimension. La question « Un an après, où va l’Amérique ? » se reflète dans le dessin de Plantu (visuel n°2, 11 septembre 2002) à travers une <<séance d’hypnose>>. Comme l’hypnotiseur est illustré par un personnage ressemblant à <Ben Laden> sur la mort duquel les médias donnent des informations contradictoires, l’hypnose qu’il exerce sur les Américains tient plutôt d’<<un processus de manipulation>>, <<manipulation de l’opinion publique>>: les EU sont exposés à la menace d’autres attaques à la manière de celles du 11 septembre 2001. Un an après, le suspens encore demeure. « Les guerres de l’après-11 Septembre » titré à la Une du 11 septembre 2003 concernent la guerre en Irak dont il est question dans le sommaire, et aussi la guerre économique et financière telle qu’elle est suggérée dans le dessin de Plantu (cf. Annexe, visuel n°3). Nous retrouvons ainsi dans la caricature de ce dessinateur une Amérique qui ramène la mort dans le chemin qu’elle se fraie à travers le monde vers l’OMC 5. La menace islamiste persiste trois ans après le 11 septembre 2001, avec un Ben Laden visé par tous le monde, mais intouchable, <<la tête d’un réseau/ labyrinthe qui menace toujours >> (Annexe dessin n°4). En 2005, le 11 septembre 2001 américain est absent du dessin de presse qui le confie aux dossiers de presse. L’image s’intéresse aux informations « chaudes » de l’actualité immédiate: l’hospitalisation du président Chirac est sujet de caricature et prévaut dans la hiérarchie informative, au moins dans celle d’ordre graphique. Dans le paradigme des visuels que nous avons réunis à l’étude, cette image fait figure à part, elle marque une rupture dans un discours préfiguré comme central à cette date pendant quatre ans d’affilée. Le dessin de presse fait économie de la 5 Organisation Mondiale du Commerce. 282__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ parole, voire du graphisme. Assez minimalistes au niveau de la représentation, les caricatures mobilisent des signes iconiques à visée interprétative stable, tels les symboles. La lecture sémiologique relève aussi d’une dynamique des indices qui, articulés au système symbolique (avec des références américaines: l’Oncle Sam, les Tours Jumelles, le drapeau américain, Ben Laden), déstabilisent l’interprétation figée des symboles et provoquent la charge (la charge caricaturale). Nous soulignons ainsi quelques conclusions possibles à la suite de l’analyse sémiologique. Le déclin de l’image des Etats-Unis en tant que géant est ressenti même avant les attaques (dessin n°1). L’image peut cacher un malaise (dessin n°2), l’hypnose fait ressurgir l’inconscient marqué par le 11 septembre 2001 et une inévitable menace terroriste toujours active une année après. Pourtant l’image détrompe le lecteur en 2003, voire le choque avec la représentation de la mort pour parler de la politique américaine. En 2004, la question de la menace terroriste revient dans le dessin de presse, le scénario semble se répéter: Ben Laden est toujours là, recherché, menacé et menaçant, au centre d’une guerre. Toute référence caricaturale au 11 septembre 2001 est absente en 2005 sur la Une du Monde: Plantu donne la parole aux Français dont le président a subi une hospitalisation. Le 11 septembre semble ne plus être d’actualité puisque sans réplique dans la caricature sur la Une. Evénement qui a généré un changement radical dans le climat politique mondial, le 11 septembre s’avère une thématique du dessin de presse centrale et stable dans la lecture iconographique de la Une du Monde pendant quatre ans successifs (de 2001 à 2004 inclus). Inscrit dans une histoire événementielle à fortes répercussions politiques, économiques et sociales, cet évènement se voit ainsi construire des signes référentiels spécifiques, en réinvestissant des symboles déjà connus, voire stéréotypiques, et en transformant d’autres signes en indices contextuels (le sang et l’avion, l’image des Tours Jumelles) à forte valeur symbolique. A partir de 2005, une page se tourne. L’expression subit une lexicalisation courante, car on dit 11 septembre, sans l’accroche de 2001. En parallèle, le tourment de l’actualité prend le dessu, en rendant cette date de plus en plus comme un mot-événement 6 d’une mémoire commune. La charge caricaturale change également, et une mémoire s’installe dans les pages intérieures cette fois-ci, celle des attentats du 11 septembre. Une certaine distance se fait ainsi ressentir. La Une de 2005 annonce déjà un changement dans la lecture et le sens des événements, se penchant sur une politique interne ou, comme dans le cas des caricatures d’un autre dessinateur signant dans Libération, Willem, exprimant une certaine hostilité eu égard aux Etats-Unis en France. Bibliographie 6 Moirand Sophie, Les discours de la presse quotidienne. Observer, analyser, comprendre, Paris: PUF, collection Linguistique nouvelle, 2007. ________________________________________________________283 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Ablali, Driss, Ducard, Dominique. Vocabulaire des études sémiotiques et sémiologiques, éd. Honoré Champion, Paris: Presses Universitaires de Franche-Comté, 2009. Houdebine Anne-Marie, Pozas Mae. De l’humour dans les dessins de presse, Questions de communication 10, sous la dir. de Béatrice Fleury et Jacques Walter, Dossier Humour et médias, 2006. Klinkenberg, Jean-Marie. Précis de sémiotique générale, Bruxelles, éd. de Boeck Université, coll. Culture & Communication, 1996. Moirand Sophie, Les discours de la presse quotidienne. Observer, analyser, comprendre, Paris: PUF, collection Linguistique nouvelle, 2007. Travaux de Linguistique – Sémiologie, numéro double 5-6, Université d’Angers, réédition 2004, Université René Descartes Paris 5, 1994. 284__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ «Aux armes, citoyens!» The role of French newspapers in the call to insurrection and unity June-October 1944 Aparna NAYAK-GUERCIO California State University Abstract This article discusses French newspapers from the early months of Liberation from Nazi occupation. After four years of multiple governing bodies, and of social and political rifts, it was fundamental that the internal community re-inscribe itself in a common tradition as a strategy of national identification. Newspapers played a fundamental role in this process. This article analyzes specific rhetorical and discursive strategies used by newspapers to initially incite the general population to insurgency, and later to resolve the lack of unity that threatened to corrode the very social fabric of France at liberation, doubly menaced by the threat of a second foreign occupation. Lastly, the focus is on the purge, a judicial exercise which posited the future composition of the national community. Newspapers clearly developed an identificatory symbolism, which in turn participated in an exclusionary gesture whereby certain members of the community were rejected from future conception of national life. Keywords: German occupation of France, months of liberation, newspaper discourses, national identification. Résumé Les « années noires » sont marquées par une situation politique des plus équivoques: la prolifération des organes gouvernants (les dirigeants allemands des forces de l’Occupation, les dirigeants de Vichy, la résistance interne, la « France Libre » à Londres) et les divisions internes dans chacune de ces factions rendait leur légitimité politique fortement contestée. À la Libération, face à l’image réfractaire de la communauté nationale crée par la défaite imminente des forces occupantes; par le besoin urgent de la reconstruction sociale, politique, et économique; par la possibilité très réelle d’une nouvelle occupation alliée; par la multiplicité des factions et d’idéologies; et par l’épuration. Dans ce contexte de discours politiques, littéraires et journalistiques concurrentiels, le besoin de réaffirmer l’identification nationale à une communauté politique unie et surtout l’unité nationale demeurait urgent. Ce travail se donne pour but d’analyser certaines stratégies rhétoriques et discursives d’un certain nombre de journaux de la Résistance publiés entre juin et octobre 1944, c’est à dire du début du débarquement en Normandie jusqu’à la reconnaissance du Gouvernement Provisoire de la République française (GPRF) par les Alliés en octobre 1944. Pendant un moment de crise nationale, qui peut prendre la parole pour la nation? Qui en est exclu? Dans quelle mesure et comment les journaux peuvent-ils contribuer au projet identitaire de la Résistance pendant les mois de libération ? Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre à partir d’un choix de journaux clandestins (par ex. Action, L’avant-garde, et L’aurore) ou de journaux affiliés à la Résistance interne (par ex. Défense de la France, Carrefour, La France Libre). ________________________________________________________285 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Mots-clés: L’occupation allemande, les mois de la libération, discours journalistique, identification nationale. Introduction World War II was a time of division, equivocation and even civil war in France. Not only was the country divided geographically into the Occupied Zone and the Free Zone, it also had two governing bodies that contended for power, one legitimated by the Germans and present on French soil, the other a self-proclaimed “Free France”, exiled in London and recognized by the English. The political legitimacy of any given group belonged to a strongly contested terrain. At liberation, the sense of a unified political community remained an equivocal and unresolved matter. Indeed, from the Armistice of June 1940 onwards, there was a deep schism in French society. The Vichy regime which was in power collaborated with the German occupying force, while the Resistance movement opposed both the occupiers and the regime in power. This seemingly simple dichotomy becomes further complicated when considering the differences of political opinion within these two larger factions. Not only were there Resistance groups from the whole political spectrum with their differences and dissidences, the Vichy regime too was “a pluralist dictatorship.”1 Divergent tendencies surfaced on the far-right too, as some endorsed Nazism while others gravitated toward a fascism anchored in the French tradition. The overarching problem at liberation was that of reaffirming identification with a national tradition, or a reconstruction of “Frenchness.” Indeed, varying factors coincided, contributing to a refracted image of the national community: the impending defeat of Germany; the urgent need for political, economic and social reconstruction; the above-mentioned multiplicity of factions and ideologies; the reality of the Occupation and the possibility of a future Allied occupation in France; the purge and punishment of traitors, to name just a few. Out of the reality of a nation in flux marked by competing political, literary, and journalistic discourses arose the need to rearticulate a cohesive sense of national unity and identity. Strikingly, it was as early as June 18, 1942 that de Gaulle explicitly stated for the first time: « L’unité nationale est le premier de nos buts. »2 However, with the number of resistance movements—often of opposing political persuasions— growing continuously over the following two years, internal divisions continued to expand. With liberation in sight, internal unity became one of the most pressing 1 Stanley Hoffmann, Decline or Renewal? France since the 1930s, New York: The Viking Press, 1974, p. 4. 2 Charles de Gaulle, Discours et Messages, vol. 1, Paris: Plon, 1946, p. 200. 286__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ issues to dominate the political arena, as can be seen from contemporary newspaper articles and editorials. 3 This article analyzes specific rhetorical and discursive strategies used by newspapers to initially incite the general population to insurgency, and later to resolve the lack of unity that threatened to corrode the very social fabric of France at liberation, doubly menaced by the threat of a second foreign occupation. The focus is on the months between June to October 1944, that is to say, the months between the Normandy landings on the one hand, and the recognition of the Gouvernement Provisoire de la République française (GPRF) by the Allies in October 1944. At the time of the Normandy landings, all the schisms mentioned above were still very manifest; with Operation Overlord also came the possibility for the GPRF to take over the reins of the political institutions and reinstate the republic. However, the GPRF was not officially recognized by the Allies until October 23, 1944, a fact which was cause for much consternation and uncertainty in the intervening months. Furthermore, the first elections for the National Assembly were held in October 1944: the French were once again able to exercise their right to vote, thereby reinstating due electoral process and republican institutions. Within this context, this article will examine three aspects of contemporary newspaper publications which are of particular relevance to French identity at liberation: the historical memories public discourse chose to underscore, the manner in which this turbulent and divisive period in France was reflected in print media, and the types of identificatory symbolism newspapers promoted in June-October 1944, both in terms of integration as well as exclusion.4 The source materials will include a sample of clandestine sheets such as Action, L’avantgarde, and L’aurore, or newspapers coming out of the internal Resistance, such as Défense de la France, Carrefour, La France Libre. The early months: a call to arms During the months of liberation, the principal issues of discussion and debate in newspapers changed as the political question at hand changed. For instance, newspapers and tracts dating from June, July, and early August 1944 — 3 In time, this notion of unity was codified by being explicitly introduced in Article 1 of the Constitution of the Fifth Republic (1958): « La France est une République indivisible (...) ». (Emphasis added) 4 For reasons of relevance to the discussion at hand, event-driven articles that are journalistic and descriptive in nature are left aside; instead, the focus is on articles that are more analytically oriented, in order to see what allusions and tropes are used, and to what effect. Recurrent ideas haunted intellectuals and journalists, as evidenced by the newspaper articles of the months of liberation. Many are of great interest, such as the return of deportees, the women’s vote, food availability, demographics, the colonies, just to name a few; it is beyond the scope of this article to address all these topics; it focuses on themes pertinent to unity. ________________________________________________________287 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ that is to say from the Normandy landing to the liberation of Paris, when a large number of newspapers were still clandestine — wrote mainly with the goal of inciting the masses to insurrection. This provocation was carried out in a variety of ways; for example, the anonymous headline article of the June 1944 issue of Action declares: La bataille de la France est engagée, il faut la gagner. (...) Tous les Français veulent se battre. Ils ont parfaitement conscience de la vérité de la formule militaire: “De toutes les fautes, une seule est infamante: l’inaction.” S’ils assistaient en spectateurs à la bataille en cours, ils subiraient, région par région, l’action de deux formidables armées, et le meilleur moyen de diminuer les destructions et les pertes françaises est encore de frapper l’ennemi.5 This call is clearly an emotional appeal: in psychological terms, it plays on the patriotic feelings of readers (« bataille de la France », « infamante »); at the same time, it appeals to their material and practical side by alluding to the reduction of French losses, surely a sound tactical move at a time of great penury on the one hand, and loss of life on the other. Furthermore, it goads the reader to move from the role of the spectator to the position of the agent through whom emancipation can be reached. This same rhetoric can be found in Avant-Garde, a mimeographed newspaper distributed by and for Communist youth in the Southern Zone: Nos Alliés ont enfin débarqué! Les Français ne sauraient rester de simples spectateurs de la bataille qui vient de s’engager, ils doivent y prendre part. Avec raison, le Général de Gaulle a proclamé que le devoir simple et sacré de tous les fils de France est de combattre par tous les moyens pour faire repasser le Rhin au plus tôt à l’ennemi, qui il y a 4 ans, submergeait notre pays grâce à sa cinquième colonne.6 Here again, the role of the spectator is demeaned through the use of the adjective « simple » which stresses the insignificance of this position. 7 On the contrary, this same idea is reinforced by both the command and the obligation conveyed by the verb « doivent », in turn mirrored by the noun form of the same verb, « devoir ». Once again, the adjective « simple » is used to qualify the noun 5 The cover page of the newspaper Action, clarified which group it belonged to: « Organe Social du M.L.N. et des Corps-Francs de la Libération ». I was only able to locate Numbers 6 and 7 (June and July 1944), but there are indications that this newspaper continued until at least December 1944. « Fonds Geneviève Delmas. Archives du MUR et du MLN, 1941-1945 ». Inventory by Philippe Mezzasalma. 2003. BDIC. http://www.bdic.fr/pdf/GDelmas.pdf (accessed October 16, 2005). 6 Anon. « Jeunes Français aux armes! », L’Avant-Garde. Zone Sud, June 8, 1944. 7 The reference to the beginning of combat four years earlier might also be read as a reference to the pre-war attentistes whose passivity was blamed for the military defeat of 1940. 288__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ «devoir », but this time in a different sense: simple as opposed to complex or multiple, or as synonymous with pure and unqualified. Pairing « simple » with « sacré » adds the religious register to the notion of duty. Furthermore, the use of the archaic expression « fils de France » and not simply « Français » adds yet another facet: that of filial obligation. The combination of the family and religious rhetoric is evidently meant not merely to coax but to inflame the readers as sons whose mother(land) is under attack. At the same time, it evokes a tricky sense of generational continuity, and the heritage that this continuity imparts. The insistence on a common heritage is part of the community-building process.8 The article’s attempt to inspire and provoke the readers is reinforced by the title of the article, which also serves as the headlines, stenciled by hand in capital letters: « Jeunes Français aux armes! Tous au combat pour délivrer la France!» « Aux armes » most naturally makes the link with the Marseillaise, just as the abovementioned « fils de France » evokes « enfants de la patrie. » Similar examples can be found in other clandestine newspapers such as L’Aurore which quotes « nos bras vengeurs »9 in italics from the Marseillaise, or L’Avenir which glorifies the Normandy landings with the headlines: « Le jour de gloire est arrive» 10 and develops the allusion to the Marseillaise even further when it foresees the destiny of collaborators: «Qu’un sang impur abreuve nos sillons.» Alluding to the Marseillaise indirectly or invoking it directly both participate in a move to inscribe the meaning of this call to arms in the tradition of the Revolution, and more specifically in the Franco-Austrian war of 1792, where the fledgling Republic triumphs over hordes of foreign invaders from Austria and Prussia. After the exaltation of the Normandy landings of June 1944, the July newspapers attempted even more to galvanize the population into action. The coincidence of the anniversary of the storming of the Bastille was exploited fully. To this effect, the Conseil National de la Résistance published an « Appel » in the July issue of l’Aurore.11 This long « Appel » takes up one half of the cover page, and is visually divided by lines in uppercase print which make it appear subdivided into sections. These apparent sub-sections are entitled « 14 JUILLET DE COMBAT » 8 Of course, this is complicated by the eliding of the fact that there are competing claims on the ‘fils de France’ heritage, with the pétainistes and collaborators making similar claims against Jews, Freemasons, and Communists. In the political discourse of the Vichy regime and elements of the extreme-right, Jews, Masons, and Communists owed their allegiance to other nations, not to France; it was therefore the « conspiration judéo-maçonnique » or the « péril judéo-bolchevique » that created the need for a National Revolution, pp. 200-201. Jean-Pierre Azéma. « Vichy » in Histoire de l’extrême droite en France. ed. Michel Winock (Paris: Seuil, 1994), pp. 200-201. 9 Anon. « Etre digne des morts..., » L’Aurore. No. 12, June 1944. L’Aurore carried a subtitle immediately below the title of the newspaper: « Organe de la Résistance Républicaine ». The more Gaullist newspapers such as Défense de la France bore de Gaulle’s insignia, the Lorraine cross, near the title banner. 10 Anon. « Le Jour de gloire est arrivé, » L’Avenir, No. 15, June 10, 1944. 11 « Appel du Conseil National de la Résistance pour le 14 juillet 1944 » in L’Aurore. No. 13, July 1944. ________________________________________________________289 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ and «14 JUILLET: JOUR DE PREPARATION DE L’INSURRECTION NATIONALE ». Under the first section, the CNR declares: (...) Que chaque Français fasse ce jour-là un acte de patriotisme, un acte de guerre contre l’envahisseur. Que pas un Français ne travaille ce jour-là pour l’ennemi. Que tous, de Paris au plus petit village de France, manifestent leur exécration de l’occupant, leur volonté de conquérir la liberté par l’insurrection nationale. This rather vague proposition is followed by very precise instructions, some urging readers to flaunt their patriotic allegiance, such as « Portez les trois couleurs nationales » and « Hissez les drapeaux tricolores sur les bâtiments publics, sur les clochers et les cheminées d’usines. » Others, however, are much more explicit and openly incite the readers to « hâter cette victoire en harcelant l’ennemi, en faisant dérailler ses trains, en coupant ses communications, en lui barrant les routes, en lui tendant des pièges et des embuscades, en sabotant et en arrêtant sa production de guerre, en bloquant son ravitaillement. » These instructions are precise and clear, yet there is no consideration of any possible (and realistically probable) punitive retaliation by the Germans. Instead, the article proclaims: « L’heure est venue d’exterminer les tueurs de la milice. »12 The choice of verb here is striking: the CNR is not calling for the arrest of the Milice in order for them to be put on trial for their misdeeds; exterminating would signify eradicating this entire category from the population. This statement is indicative of the desire to define who can continue to belong to the national community after the end of the occupation. On the contrary, towards the end of the « Appel » a collective wish is spelled out: « Que l’audace de nos aïeux, aux grands jours de notre histoire, nous inspire à nouveau! Que l’élan qui jeta le peuple de Paris sur la Bastille au 14 juillet 1789, que l’esprit de Valmy et le souffle de la Marseillaise soulève à nouveau la Nation!» Yet again, the mythology of the Revolution is exploited to the fullest, from the direct invocation of the storming of the Bastille to that of the Battle of Valmy, which marked the withdrawal of the anti-revolutionary allied armies in 1792, and true victory of the Revolutionary forces. Like the names Bastille and Marseillaise, Valmy too is part of the revolutionary iconography and represents the victory of a nascent Republic over anti-republican forces. Like the piece in L’Aurore, the main article in Action too aims at inspiring its readers and bringing them to action, and it also ends with a quote from the Marseillaise: « Aux armes, citoyens. Formez vos bataillons! » 13 Although the article exalts military formations of the Resistance such as the Franc-Tireurs et Partisans français (FTPF) or the Corps-Francs de la Libération, and also outlines specific actions the rebels need to take (sabotage, recuperation of arms from the 12 The Milice, Vichy’s paramilitary organization that worked closely with the Gestapo, was responsible for, among other things, the repression of the résistants and the rounding up of Jews. 13 Anon. « Pour gagner la bataille de France, » Action. No. 7, July 1944. 290__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Germans), it does not call for murder. On the other hand, the Bulletin d’information du Front national de lutte pour la libération de la France14 does not mince words. Among the list of instructions it gives the militants such as committing acts of sabotage and taking control of German food or arms reserves, one of the items on the list reads: « Abats les boches, les miliciens de Darnand, les traîtres! » The targets to be brought down seem to be mentioned in order of priority: first the Germans, then the Milice, then the collaborators. This exhortation is followed by an underlined sentence which spells the previous sentence out even more clearly: « En ce jour anniversaire de la prise de la Bastille, chaque Patriote doit, par tous les moyens, abattre un boche, un milicien, un traître! » This is much more than a mere call to arms to free the nation of the occupier: it openly advocates murder for treason. By the same token, it excludes members of the Milice and the so-called traitors from the future national community. Recognized or (re-)occupied? The attempts on the part of the newspapers to reinscribe the insurrection against the Germans in the tradition of the French Revolution ran parallel to another polemical issue of the early months of liberation was that of the status of de Gaulle in liberated France. The French waited and watched to see whether the Comité français du Libération nationale (CFLN) headed by de Gaulle and which declared itself the Gouvernement Provisoire de la République française (GPRF) in Algiers on June 3, 1944, would be recognized by the Allies as the sole, legitimate government of France. The point of contention, for the French, was whether this government would be recognized de jure or de facto. According to international law, de jure recognition is irrevocable; once accorded, it continues in spite of internal changes such as social or political organization. Were the Allies not to recognize the GPRF de jure, it would have logically made them impose an interim military administration (Allied Military Government of the Occupied Territories or AMGOT) in France, at least until national elections could be held. This fear can be seen through the sarcasm manifest in the following excerpt from L’Aurore: Alors, vraiment, Londres et Washington discutent encore autour de la reconnaissance « de jure » du Comité d’Alger? Mais oui, et savez-vous quelles raisons M. Winston Churchill vient de donner pour ne pas le considérer comme l’authentique gouvernement de la France? Ne cherchez pas, vous perdriez votre temps. Aux Communes, le premier britannique a déclaré: « qu’il ne veut pas imposer un gouvernement à notre patrie libérée et qu’il n’est pas certain que le C.F.L.N. présidé par le général de Gaulle exprime réellement la majorité de notre peuple. » Ce sont des phrases que 14 Anon. « Après ce 14 juillet de combat, en avant pour de nouvelles victoires!, » Bulletin d’information du Front National de lutte pour la libération de la France. No. II. July 1944. ________________________________________________________291 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ nous entendons d’ordinaire aux micros de Radio-Paris. (...) Mais qui donc renseigne les Anglo-Saxons?15 The Allied discussion of the de jure recognition of the CFLN is mocked right from the outset, first and foremost through the « Alors, vraiment, » that opens the article. It introduces a sense of incredulity which is later reinforced by the ridicule obvious in « Ne cherchez pas, vous perdriez votre temps. » By stating that the readers would waste their time in looking for an answer, the article underscores the preposterousness of such an idea. The reference to Radio-Paris further accentuates this by pointing out that the idea of the illegitimacy of the CFLN is the sort of information collaborationist propaganda would disseminate. The final «Mais qui donc... » has the effect of rendering the supposition of the Allies completely absurd and groundless. This debate of de jure recognition went beyond the immediate issue of who would govern liberated territories and into the realm of the post-war position of France in Europe, whence the title, « La France, alliée souveraine. » Not being granted de jure recognition would automatically undermine the sovereignty of the nation and introduce yet another occupation of the country. The overarching issue at stake here is that of self-definition. First and foremost, this is with respect to the position of France in post-war Europe as can be seen in one of the concluding statements of the article: L’Europe qui depuis deux millénaires prodigue au monde entier les merveilles de sa civilisation est marquée de notre empreinte. C’est la révolution française qui fit resplendir sur l’univers ébloui les principes de liberté publique et de respect de la personne humaine qui dressent la passion populaire contre la tyrannie hitlérienne. En proscrivant la France même exsangue d’un comité pour l’organisation de l’Europe on en proscrit l’esprit. Clearly, the heritage of the French Revolution is posited as the foundation of the nation; furthermore, Europe itself is shown to be irrevocably bound to France through its cultural influence. The specificity of the immediate past is thus effaced by evoking a glorious past in order to find a position on the side of the winners in the future. The notion of de jure recognition is also linked to the notion of selfdefinition in terms of inclusion and exclusion from the national community: L’autorité du gouvernement d’Alger déborde largement la masse de notre peuple en guerre contre l’Allemagne (...). Si l’on excepte la poignée de repris de justice et de traîtres embauchés par l’ennemi, on constate que la nation, d’un même élan, se retrouve dans le gouvernement d’Alger. Quel sortilège cache cette évidence à Roosevelt et Churchill? (...) notre peuple tendu vers son relèvement retrouve son âme dans la lutte et dans le sacrifice, (il) voit dans le général de Gaulle l’instrument de sa rédemption. 15 Anon. « La France, alliée souveraine, » L’Aurore. No. 12, June 1944. Emphasis added. 292__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ The CFLN is thus shown to govern much more than just active résistants (« déborde la masse de notre peuple en guerre »). This is an inclusive gesture that also embraces the common man who occupied his time trying to survive. At the same time, it is a gesture that repudiates the « repris de justice » and « traîtres embauchés par l’ennemi »; indeed, in the last sentence, the « traîtres » are merged with the « ennemi », thereby automatically making them outsiders.16 Carrefour, a daily publication which was Gaullist in inspiration, carried an article as late as September 1944 which still dealt with the same concern. The article begins in the following manner: Constatant que les meilleurs éléments de la nation, unis sans distinction de classe ni d’opinion dans la mystique de la patrie avaient enfin réalisé la souveraineté française, nous demandons ici que tout soit mis en œuvre pour sauvegarder cette souveraineté. Elle seule permit de sauver la France et d’éviter la révolution sanglante. Elle seule permettra d’affronter les tâches qui attendent: reconnaissance «de jure » du gouvernement, participation aux négociations de la paix, reconstruction et rénovation dans tous les domaines.17 Once again, the de jure recognition is the top priority, and it is through sovereignty, the article states, that France will achieve this coveted recognition. The journalist does not define the term sovereignty; he does, however, state that this sovereignty has been achieved through « la mystique de la patrie. » The use of the term « mystique, » beyond implying religious passion, also brings in the concept of transcendence. By proposing an ontological definition of the « patrie », this article posits an idea of nation that exists above and independent of real, concrete elements. The nation is thus implied to be more than the territory, people, language, traditions, and institutions it includes, it is an abstract but absolute reality capable of uniting « les meilleurs éléments. » Furthermore, the received meaning of the term sovereignty, in its modern usage, implies complete independence and self-government (in communities not under monarchical government). According to the article, however, this sovereignty would be the instrument through which de jure recognition would be achieved. 16 Vichy’s politics were also exclusionary, though they were based upon race or nationality. In the case of its continued repression of communists, exclusion was based upon political convictions. 17 Yves Helleu, « Les honnêtes gens », Carrefour. September 6, 1944. Emphasis added. ________________________________________________________293 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ In search of unity As the territory was progressively liberated and the focus shifted from driving out the occupiers to economic reconstruction on the one hand, and the purge on the other, the preeminent problem of national unity (or lack thereof) came to be directly addressed. The purportedly unanimous support of the government was exploited to this end by a variety of newspapers. The journalist Robert Salmon begins by stating that he is writing in response to an accusation by François Mauriac that there really was only one newspaper in France, that of the Resistance. He goes on to give his opinion: Certes, la Résistance a été une minorité; parce que la majorité préfère toujours ses pantoufles à la mort. Mais on a vu de quel côté étaient les sympathies de la Nation. (...) Si (les journaux) se taisent ce n’est pas par lâcheté. Mais ils savent ce que l’unité acquise a coûté de sang. (...) Voici pourquoi ils disent la même chose. Parce que selon vos propres paroles, ils pensent que « ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise ». Parce que tous sont spontanément unanimes pour réclamer un châtiment plus prompt, une rénovation plus profonde, parce que tous désirent que le gouvernement gouverne en accord avec la Résistance et gouverne hardiment sans se soucier si les Alliés le reconnaissent de jure ou de facto, parce que le peuple français, lui, le reconnaît sans conditions.18 Défense de la France was one among numerous Gaullist publications that thrived during the months of liberation. Alongside the title, it bore a croix de Lorraine, de Gaulle’s insignia, bigger than the font of the title. Image 1 18 Robert Salmon, « Journal unique », Défense de la France. October 22-23, 1944. Emphasis added. 294__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ For an openly Gaullist paper to admit that « la Résistance était une minorité » was dissonant, because de Gaulle unfailingly advocated the image of a France collectively liberated by her own people. 19 If the journalist admits that the majority of the population « préfère toujours ses pantoufles à la mort », he does so in order to reinforce the unconditional support of the government by the population, « sans se soucier si les Alliés le reconnaissent de jure ou de facto. » The main point of the article is to underscore the unity of the various factions, but the question of Allied recognition is not far removed from the main concern. The question of national unity raised by the previous article progressively became a more pressing issue, especially after the liberation of Paris. Indeed, the closing words of the article are: « Les divisions reviendront, Monsieur Mauriac. Elles reviendront même trop vite. » Initially, many newspapers portrayed the French as having unanimously rallied around an idea. For instance, on August 31, 1944, Défense de la France carried an article entitled « L’Union des Français » which states that « Les Français (...) refusaient de s’unir derrière (le Maréchal). Ils s’étaient unis contre lui. Contre l’occupant, contre Vichy, l’union des Français s’était faite. »20 The depiction of a majority of the population forming a united front against Marshall Pétain is an outright distortion of facts. The acclaim Pétain enjoyed at least until 1942, before the whole country was occupied, entirely disproves this statement. Yet what is noteworthy is the portrayal of this unity, real or imagined. Just as Défense de la France focuses on the rejection of Pétain as motive for unity, Carrefour distinguishes yet another motive. On September 16, 1944 the essayist and playwright Armand Salacrou writes in Carrefour: «l’union de tous les Français (...) s’est faite dans la volonté d’écarter de la vie nationale ceux qui vécurent heureux pendant ces quatre années terribles.»21 This was written barely three weeks after the liberation of Paris, whence the insistence on the word «union». Significantly, this union is based upon the idea of inclusion and exclusion too («écarter de la vie nationale»). Having lived happily during the German occupation is sufficient to be grounds for exclusion. Thus, logically, those who had suffered rightfully belonged to the nation. The imagined unity portrayed by a variety of newspapers was not translated into the political reality of the period. France Libre presciently acknowledges this as early as July 1944: 19 The epitome of this attitude can be seen in de Gaulle’s speech at the liberation of Paris on August 25, 1944: « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. » Charles de Gaulle, Discours et Messages, pp. 439-440. 20 Anon. « L’Union des Français », Défense de la France. August 31, 1944. 21 Armand Salacrou, « La dernière colonne », Carrefour. September 16, 1944. ________________________________________________________295 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Les résistants seront les chefs de la France de demain, mais ils ne seront pas des dictateurs. Ils apporteront au pays un programme de relèvement, de réformes profondes. (...) L’œuvre sera dure. D’aucuns commencent dans l’ombre leur action néfaste de désunion; les autres émettent des doutes sur la puissance future de la Résistance.22 Although this article also groups all résistants together, without making any concessions for the different political tendencies that were represented within the umbrella term « la Résistance », it does predict the future circumstances fairly accurately. More than a tone of pessimism, given the lack of unity in July 1944, this is at once a realistic observation and an indirect plea for unity. After the liberation of capital, the date of liberation of the city itself was used metaphorically by some newspapers as yet another element of cohesion. Carrefour carried an article entitled « La vraie mission de la Résistance: rallier le pays autour d’elle » which states that Le 25 août la France fut unanime. Des millions de Français avaient souhaité cette journée dans le fond de son cœur. (…) L’unanimité. C’était peut-être là, après quatre rudes années, la plus grande victoire française. (…) Il ne faut pas que la France soit à la merci d’un parti politique qui l’accapare, ni de plusieurs partis politiques qui la divisent. C’est l’esprit de résistance qui doit sonner le ralliement de la France entière. Voilà la vraie mission de la Résistance.23 Instead of using the word « task » or « duty », the journalist’s choice, «mission», is noteworthy. The article proposes a deontological definition of the Resistance, thereby reifying what was in reality a heterogeneous assemblage. It also capitalizes most interestingly on a date – 25 August 1944 – as a defining moment of national unity and unanimity. Indeed, in the very next issue of Carrefour24, there is an article which begins in the following manner: Après quatre années d’oppression, de contrainte physique et plus encore de contrainte morale, le Français, autant que de pain et de charbon, a besoin de vérité. La libération n’a pas seulement été celle des corps, elle a été aussi et surtout celle des âmes. Le 26 août dernier, (la France a retrouvé) un gouvernement démocratique.25 22 Anon. « La prise du pouvoir par la Résistance », France Libre, July 24, 1944. Jean-Bernard Derosne, « La vraie mission de la Résistance », Carrefour, January 13, 1945. 24 Carrefour was a weekly publication. 25 Robert Frégnier, « Savoir... pour comprendre », Carrefour, January 20, 1945. 23 296__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ "'Qu elle baucfaer lei que yeux ? - TQlmilî; ' suTviv gui î**m Image 2 This image dominates the front-page physically and the symbolism of this sketch is not lost upon the leader. A few months later, Le Monde made a similar assimilation between this painting and popular insurrection in France: Quel tableau apporte l’image intense des luttes intenses d'hier? Il n’en est qu’un, dans notre passé, qui reste de brûlante actualité. La Liberté guidant le peuple sur les barricades date de 1831. L’œuvre de Delacroix exprime, mieux qu’aucune autre, les heures proches où l’espoir nous revint. C’est le privilège du génie d’incarner ainsi, pour toujours, l’âme d’un peuple.26 Once again, the allusion to the liberation of « corps » and « âmes » belongs to the religious register, and this is reinforced by the miraculous appearance of a democratic government from one day to the next. And yet again, the exploitation of this calendarian mnemonic site is striking due to the way in which it reinforces the link between a date and the fact of being liberated. Like the storming of the Bastille, the liberation of Paris is already transformed into a date site, accompanied by the collective psychological act of establishing an anniversary avant la lettre, even before the requisite time has passed for there to actually be an anniversary. The popular insurrection in Paris with barricades at street corners was quickly assimilated to Delacroix’s Liberté Guidant le peuple. Indeed, on the very day after the liberation of Paris, Carrefour carried a cover-page article by François Mauriac entitled « Servir la France ressuscitée » with a photograph of de Gaulle on the right and a one-third page hand-drawn sketch of Liberté guidant le peuple on the lower part of the front page. 27 26 27 René-Jean. « Au 56e salon des Indépendants », Le Monde, March 4, 1945. Carrefour, August 26, 1944. ________________________________________________________297 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ This paean to Delacroix’ painting underscores the identification of a work of art with the whole nation. Popular revolt and barricades thus become a malleable metaphor applied to similar yet different historical contexts. The article refers the whole population (« l’âme d’un peuple ») without making any specific reference to Parisians in particular. Yet, in the given circumstances, that was not the case. The historian Philippe Buton has pointed out that only Paris, Lille, Marseille, Limoges, and Thiers were liberated through popular insurrections. In the rest of France, « la participation populaire aux événements libérateurs fut négligeable. Pour l’essentiel, le peuple resta témoin, limitant ainsi fortement la marge de manœuvre du courant révolutionnaire. »28 In spite of all the calls to action that we have noted above, a large part of the population chose to wait and watch, yet only a few months after the liberation of Paris Liberté guidant le peuple becomes part of the identificatory symbolism of the resistance of the entire population. Indeed, Buton asserts that «Paris ne résume pas toutefois la France, et la réussite du soulèvement parisien n’induit pas ipso facto celui de la France toute entière. Certes, la mémoire collective a longtemps confondu les deux. (...) À l’échelle de la France, l’insurrection nationale fut un échec.»29 Whatever the historical accuracy of mass uprising might have been, what concerns this study mainly is how the events were portrayed, and in this case an obvious generalization can be noted: the unanimity of revolt that the newspapers so strongly desire is translated into its representation in printed forms. The Purge, or ritual cleansing The purge was undoubtedly among the top concerns for all newspapers during the months of liberation. The purge as a political move had begun to be planned as early as 1941 and was established with the trial of Pierre Pucheu, Pétain’s Secretary of State for the Interior, in 1943. Pucheu was also the first French person to be executed by the Resistance on the charge of treason in 1944. In June 1944, there were fervent calls in the newspapers to incite civilians to action; these were often accompanied by threats to collaborators. Some of the terminology used to word these threats are inscribed in the ideals of the French Revolution; for instance, we have already noted references to the Marseillaise and, more specifically, to the line « Qu’un sang impur abreuve nos sillons. » In one instance, this line appears under a sub-heading called « Les traîtres vont payer » and the journalist clarifies whose blood is being referred to: « Le sang impur, après le sang boche, ce sera celui de tous les traîtres et de tous les vendus qui pendant quatre ans ont trahi et ont vendu le corps et l’âme de la France éternelle. L’heure de la justice et du châtiment, l’heure de la délivrance a sonné. » 30 After the top priority of expelling the Germans, it is made clear that the traitors will be brought to 28 Philippe Buton, La Joie douloureuse. La Libération de la France (Brussels: Editions Complexe, Collection IHTP, 2004), pp. 93-94. 29 Ibid., p. 93. 30 L’Avenir, No. 15. « Le jour de gloire est arrivé », June 10, 1944. 298__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ judgment. A dichotomy is established: « le sang boche » and that of « les traîtres et les vendus » are proposed as impure elements, and contrasted to the personification of « la France éternelle » whose very soul was sold by those who « (prononçaient) cette suite ininterrompue d’appels à la trahison, à la peur, à la passivité, à la lâcheté. » The tone of these calls changes drastically from July to August 1944, when liberation becomes an increasingly concrete possibility. Indeed, during the weeklong insurrection of Paris from August 19 to 25, 1944 when most clandestine newspapers began to publish openly, with no fear of censorship, these calls for justice assumed a new urgency. For instance, on August 23, 1944, Défense de la France carried an article which opens with a statement about the order which reigned during « le changement de régime », when no lynching or summary executions are stated to have taken place. Once again, it is not the inaccuracy proposed by this article that is of interest to this discussion, but rather the appeal that follows: Nous n’en sommes que mieux placés aujourd’hui pour demander que ces criminels soient jugés rapidement et châtiés sans faiblesse. (...) La France est aujourd’hui trop misérable, elle est trop pauvre matériellement, elle a trop souffert dans sa chair et dans son esprit pour se permettre le luxe d’être indulgente. Une justice impitoyable est une nécessité de salut public. On nous objectera sans doute les bienfaits de l’oubli. Mais il n’y aura pas de paix sans justice. On tentera d’exploiter la généreuse sensibilité du peuple français, cet éternel défenseur des faibles et des causes perdues. Craignons aussi sa colère, ce que le général de Gaulle a appelé sa « sainte colère ». Le peuple francais veut d’abord la justice.31 This demand is made clearly and openly to the new authorities even though they are not yet in place. As in the previous excerpt, here too France is personified, marked by the suffering of « sa chair » and « son esprit. » The nation itself is proposed as the supreme victim who has borne loss and misfortune; in her name, justice has to be « impitoyable. » This adjective can be translated as pitiless or merciless, but also refers to the quality of being without indulgence. This is underscored in the preceding sentence which clearly proposes the future lack of indulgence as the logical corollary to the current state of affliction. Indeed, the necessary prerequisite for both « salut public » and « paix » is this « justice impitoyable. » In addition to making demands for swift justice, this article also warns against potential pitfalls: the therapeutic effects of forgetting and, not least, yielding to emotional appeal, whence the insistence on the adjective «impitoyable. » The national community is portrayed monolithically as champion of the underdog (« éternel défenseur des faibles et des causes perdues »), even though the underdogs in question are fellow citizens. By highlighting the sensitivity of the 31 M.D. « Les châtiments nécessaires, » Défense de la France. August 23, 1944. Emphasis added. ________________________________________________________299 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ French and their propensity to support the loser, and at the same time by stating that the cause of the traitors is not one worth being upheld, the journalist places these traitors in the category of the unredeemable, even beyond that of « les causes perdues. » It seems that the article solicits the French to make reason dominate over emotion, all the while appealing to the readers’ emotions. As historian Henry Rousso has pointed out, among the various functions of the purge, one was « une fonction identitaire et de reconstruction nationale. » 32 This function of identity-creation or self-definition fulfilled by the purge can be discerned in the terminology used by various newspapers to speak about it. Soon after the liberation of Paris, La France Libre carried an editorial by Aymé Guerrin which states that Les défaillances seront châtiées; les hommes qui ont accepté la défaite, ceux qui ont pris leur parti de la pire humiliation de notre histoire, puis de la collaboration avec l’ennemi, seront éliminés de la vie nationale; c’était pour la plupart des affairistes; la France tenait peu de part dans leur préoccupations intimes, ils l’ont oubliée; elle les oublie aujourd’hui. (...) celui qui tenterait de troubler l’ordre public, qu’il soit de droite ou de gauche, serait vomi par le pays tout entier.33 In this excerpt, clearly the question of who can or cannot belong to and participate in public life is being defined. It is a journalistic translation of the ordinance of « indignité nationale », a juridical category of punishment created in August 1944 for treason. A person who received this sentence was subject to the loss of all civil rights and excluded from a number of public functions such as being a teacher, a banker, an insurance agent, standing for elections, or belonging to a labor union: in short, he was « éliminé de la vie nationale. » Defining who can or cannot belong to « la vie nationale » as if it were a homogeneous and absolute entity participates in the act of national self-definition. Postwar French identity is being posited in terms of negations: not weak and not profiteering. The violence of the last image is striking: he who shall try to disrupt the proper social order will be «vomi » by the whole country. The act of vomiting is also a purge of sorts; the disruptor will therefore be doubly purged, legally and socially: the purge can thus be seen as a sort of ritual cleansing. 34 In French, the verb épurer denotes to purify, 32 Rousso, Henry. « L’Épuration en France. Une histoire inachevée » in Vingtième Siècle. 33 (Jan-Mar 1992), p. 105. 33 Aymé Guerrin, « Toute la France », La France Libre, September 5, 1944. Emphasis added. 34 The newspaper in which Aymé Guerrin published his editorials, La France Libre, was particularly committed to the question of justice. This is confirmed by the sheer number of editorials that discuss justice and the purge, for instance « Epurer, c’est juger » (September 28, 1944), « Justice expéditive » (November 1, 1944), « L’injustice dans la justice » (November 17, 1944), « Nous serons justes ou nous périrons » (December 14, 1944), « Justice populaire » (January 3, 1945), « Justice quand même » 300__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ to sanitize, or to refine. In the case of the post-war purge in France, it is a newly conceived body politic that is being purged of treacherous — or alien — elements. The purge thus becomes an act of purification: once the body vomits the alien matter, it is again whole, unharmed, intact, and most importantly, pure. The following day, Défense de la France published an article which proposed the purge as the panacea for all problems facing liberated France: De tous les problèmes posés par la libération, il en est un qui prime tous les autres, c’est celui de l’épuration. Lorsque les quelques milliers de Français qui ont collaboré activement avec l’ennemi seront sous les verrous, les autres problèmes se résoudront d’eux-mêmes. L’épuration, c’est en somme le problème préliminaire au relèvement de la France.35 There was no lack of problems facing free France, from reinstating the machinery of administrative structures like the police, judiciary, municipal offices, postal and railway services among others, to economic reconstruction, food distribution, reconstruction of bombed cities, to name just a few. It is of course rather simplistic to subsume all problems facing free France under the umbrella category of the purge, but it is important to note that newspapers were propagating this kind of reduction. The article simply states that putting collaborators behind bars would remove all problems without explicitly stating how this would happen. Reporting on a meeting of the Conseil National des Ecrivains (CNE), Pierre Seghers uses a medical metaphor to call for justice: Certains maux, one ne les soigne pas avec des emplâtres. Nous en sommes à la période chirurgicale. Le mal est plus profond qu’on ne pourrait le penser. Des amputations, si pénibles qu’elles puissent paraître, sont indispensables. (...) Il faut savoir se séparer des hommes qui se sont, eux-mêmes, séparés du pays. 36 This call for pitiless justice advocates the surgical removal of unwanted elements, those who lack honesty, which he also defines as « une certaine force de pureté au cœur. » Those who have this purity in their hearts form the body politic, and those who don’t need to be excised. The articles of La France Libre, especially the editorials, relentlessly make appeals for implacable justice, and especially for not forgiving and forgetting. What is at stake here is largely a question of inclusion and exclusion from the national community. A few days after the previous excerpt appeared, another editorial by Aymé Guerrin proposed a link between punishment and the national unity based on exclusion: (January 11, 1945), « Pleine Justice » (February 22, 1945), just to name those that carried the words just or justice in the titles. 35 Anon. « Le problème de l’épuration », Défense de la France. September 6, 1944. 36 Pierre Seghers, « Littérature et propreté », Le Parisien libéré, no. 16. September 7, 1944. ________________________________________________________301 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ (...) quelques-uns (...) proposent un geste d’oubli qui, à les entendre, rétablirait l’unité française. Notre sentiment est clair et nous avons le devoir de l’exprimer sans ambages: IL FAUT CHATIER TOUS CEUX QUI ONT TRAHI; et d’un châtiment proportionné à la culpabilité de chacun. (...). Chacun devra payer sa dette (...) Il faut payer, messieurs, payer d’abord. Après quoi nous referons – sans vous – L’UNITE FRANCAISE.37 The words in capital letters clearly indicate the point the journalist is trying to underscore: punishment and unity, where punishment seems to be the prerequisite for national unity. The terms of address also shift: the text begins by referring to the traitors in the third person, but ends by addressing them directly. The specification, « sans vous », is noteworthy: those who will be tried are forewarned that even after they pay for their misdeeds, they will not be able to belong to the national community. In the same week as the previous excerpt, Armand Salacrou who wrote for Carrefour articulated yet another idea in relation to the purge, this time specifically about the purge of intellectuals. The article is an appeal for « une épuration profonde de notre profession. » Salacrou sees collaborationist intellectuals as dead weight which « (alourdit) la marche » of France towards recovery. 38 He then goes on to state: « Je ne demande pas qu’on les arrête tous. Je demande qu’ils se taisent tous. » The idea of speaking versus remaining silent is articulated several times in the course of the article and, for the journalist, it is clearly a question of who can or cannot speak in the name of the nation at the given historical juncture. Having spoken or, in this case published, during four years of occupation, Salacrou seems to be asking collaborationist intellectuals to keep silent out of propriety, « jusqu’à la guérison de la France. » He also enunciates the ideal of the purge after four years of occupation: Emergeant de l’abîme et réapparaissant au milieu d’un monde en reconstruction, la France doit être un pays d’hommes forts, une nation de citoyens résolus, éperdument passionnés de liberté et de justice, de toutes les justices, et qui ne cherchent pas (...) les voies les plus faciles, – mais marchent coûte que coûte sur la route qu’ils ont décidé de suivre. Le pays doit se débarrasser des pleutres, des lâches, des filles à soldat, et des hommes courbés. Just as in the previous excerpts, this article too defines the composition of the national community and, more importantly, who will be excluded from this national community. At the same time, it indicates the traits that constitute national character: virility (« hommes forts », « ne cherchent pas (...) les voies les plus faciles ») and determination (« résolus », « éperdument passionnés de justice »). These are the two traits of character that are obviously lacking in « (les) pleutres, 37 38 Aymé Guerrin, « Passer l’éponge? », La France Libre. September 11, 1944. Armand Salacrou, « La dernière colonne », Carrefour, September 16, 1944. 302__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ (les) lâches, (les) filles à soldat, et (les) hommes courbés », and therefore those to be excluded. The purge of intellectuals was a theme to which many journalists and newspapers were particularly attached. Indeed, the first big purge trial of an intellectual, Georges Suarez, took place on October 23, 1944, few weeks after the purge courts were officially established in Paris. Member of the fascist Parti Populaire Français, Suarez’s journalism was marked by sensationalism on the one hand and virulent anti-Semitism and anti-Communism on the other. In the 1930s, Suarez never lost an opportunity to berate Léon Blum.39 Suarez’ trial was closely followed by the newspapers, reported in great detail, and when his death sentence was delivered on 24 October, 1944, Carrefour reported on October 28, 1944 that he had been « reconnu coupable de la pire forme du parricide: la trahison envers la mère patrie. » Yet again, the nation is personified, murdered by some of her own children who collaborated, but in a sense resuscitated by others who followed the right path. Conclusion In October 1944, the Allies recognized the GPRF as the legal government of France; this recognition gave France not only the possibility of avoiding an interim Allied military administration but, equally important in the eyes of the French, France ranked among the victors and after German capitulation in 1945, it gave France a Zone of Occupation in Germany. As we have seen, after four years of social and political rifts and divisions, and of multiple governing bodies, it was fundamental that the internal community reinscribe itself in the foundational myth of the Revolution in order to emphasize a common tradition and as a strategy of identification. This re-appropriation of topoi from Revolutionary discourse by French newspapers was done for a variety of reasons, from mobilizing the general population to insurrection to the question of the recognition of the Provisional government, and the purge. There was more at stake than just inspiring the readers: the articles clearly developed an identificatory symbolism, which posited the future composition of the national community. In this manner, national symbols and traditions were used to reconstruct the very idea of Frenchness; this participated contemporaneously in an exclusionary gesture whereby certain members of the community were rejected from future conception of national life. Although the continuing divisions were papered over, this narrative of a common lineage and a common heritage nevertheless emerges as a narrative of identity. 39 Laurent Kestel, « The emergence of anti-Semitism within the Parti Populaire Français ». Copyright 2005. Society for the study of French history. http://fh.oxfordjournals.org/cgi/reprint/19/3/364.pdf (accessed November 3, 2005). ________________________________________________________303 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Le rôle de l’interculturalité et des échanges linguistiques dans la perspective actionnelle Aliona SPINEI Université Pédagogique d’État „Ion Creang , Chi in u Abstract In the era of globalization, communication has become a key concept, so communicative competence, which is the ability to communicate in a certain language, is required.. Following the extension of communication, intercultural communicative competence has been supplemented with intercultural competence, which is indispensable in the new action-oriented perspective. The role of interculturality within this perspective is huge, because it relies on the action and on the creation of the social actors who would enter more easily in contact with other cultures. Keywords: communication, intercultural competence, communicative competence, intercultural dialogue, co-cultural, action-oriented perspective, task, social actor. Rezumat În epoca globaliz rii comunicarea a devenit no iune-cheie, deci este necesar posedarea competen ei comunicative, care este capacitatea de a comunica într-o anumit limb . În urma extinderii comunic rii interculturale competen a comunicativ a fost completat cu competen a intercultural , care este indispensabil în cadrul noii perspective ac ionale. Rolul interculturalului în cadrul acestei perspective este enorm, deoarece ea se bazeaz pe ac iune i pe crearea actorilor sociali care s intre mai u or în contact cu alte culturi. Cuvinte-cheie: comunicare, competen comunicativ , competen intercultural , intercultural, co-cultural, perspectiv ac ional , sarcin , actor social. A l’époque des grands changements survenus dans la didactique des langues la notion d’interculturalité est devenue une notion familière pour la didactique des langues, où on parle de plus en plus souvent de la nécessité d’enseigner une langue-culture. La compétence interculturelle devient une condition indispensable de la perspective actionnelle. Vu l’ampleur que prend la mondialisation avec l’internationalisation de l’économie, de la culture, des échanges sociaux, le progrès et l’apparition de nouvelles directions dans la didactique sont indispensables. Dans le présent article nous nous proposons de découvrir le rôle de la compétence interculturelle et de l’interculturalité dans la perspective actionnelle, qui est une nouvelle approche en didactique des langues, apparue dans les années 1990 basée sur le concept de la tâche, de l’action, sur la réalisation des situationsproblèmes et sur la compétence interculturelle. A l’époque de la mondialisation et de la globalisation la notion d’interculturalité est une notion-clé. Si l’approche communicative se basait sur le développement des compétences communicatives, 304__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ la perspective actionnelle continue le développement des mêmes compétences en ajoutant la compétence interculturelle. C’est la capacité d’un locuteur de produire et d’interpréter des énoncés adéquats à une situation donnée dans un contexte social. Donc, la seule connaissance du système de la langue est insuffisante car il faut connaître aussi, et surtout, les règles de son emploi. La littérature de spécialité nous donne les composantes de l’approche communicative comme: La compétence linguistique, qui est la compétence de base. Elle consiste à pouvoir formuler et interpréter des phrases grammaticalement correctes et composées de mots pris dans leur sens habituel. Elle exige, à la réalisation des actes de parole, la maîtrise de la compréhension et expression orales et écrites, en fonction de la connaissance des éléments lexicaux, des règles de morphologie, de syntaxe, de grammaire sémantique et de phonologie nécessaires pour pouvoir les pratiquer. La compétence sociolinguistique consiste à recourir au contexte et/ou à la situation de communication pour choisir la forme à donner au message à construire ou pour donner un sens au message reçu. Elle exige l’analyse de l’intention de communication, des relations sociales et psychologiques des interlocuteurs, du lieu et/ou du moment de communication: statut, rôle, âge, rang social, sexe, lieu de l’échange (qui parle, à qui, où, comment, pourquoi et quand). La compétence pragmatique renvoie à l’approche actionnelle et au choix de stratégies discursives pour atteindre un but précis (organiser, structurer le discours…). Elle fait le lien entre le locuteur et la situation en permettant de distinguer et d’identifier différents messages. La compétence stratégique consiste à recourir à divers moyens, linguistiques ou non, pour permettre la communication en dépit d’une maîtrise imparfaite de la langue. La compétence interculturelle qui constitue la conscience et la compréhension des relations (ressemblances et différences distinctives) entre le monde d’où l’on vient et le monde de la communauté ciblée. Les aptitudes et les savoir-faire interculturels comprennent: - la capacité d’établir une relation entre la culture d’origine et la culture étrangère, - la sensibilisation à la notion de culture et la capacité de reconnaître et d’utiliser des stratégies variées pour établir le contact avec des gens d’une autre culture, - la capacité de jouer le rôle d’intermédiaire culturel entre sa propre culture et la culture étrangère et de gérer efficacement des situations de malentendus et de conflits culturels. (CECRL, 2001) Donc, la compétence interculturelle peut être considérée comme la capacité du locuteur-auditeur à saisir, à comprendre, à expliquer et à exploiter des données interculturelles dans une situation de communication donnée. ________________________________________________________305 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Ensuite, nous voudrions élucider le concept de la perspective actionnelle, qui se base principalement sur l’action et prend en compte l’objectif social, comme l’accentue le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues: La perspective privilégiée ici est, très généralement aussi, de type actionnel en ce qu’elle considère avant tout l’usager et l’apprenant d’une langue comme des acteurs sociaux ayant à accomplir des tâches (qui ne sont pas seulement langagières) dans des circonstances et un environnement donnés, à l’intérieur d’un domaine d’action particulier. Si les actes de parole se réalisent dans des activités langagières, celles-ci s’inscrivent elles-mêmes à l’intérieur d’actions en contexte social qui seules leur donnent leur pleine signification. (CECRL 15) La perspective actionnelle est une continuation de l’approche communicative, très connue dans les années 70-80. Elle s’inspire des concepts de base de l’approche communicative, mais ajoute un nouveau concept- celui de « tâche »: Il y a « tâche » dans la mesure où l’action est le fait d’un (ou de plusieurs) sujet(s) qui y mobilise(nt) stratégiquement les compétences dont il(s) dispose(nt) en vue de parvenir à un résultat déterminé. La perspective actionnelle prend donc aussi en compte les ressources cognitives, affectives, volitives et l’ensemble des capacités que possède et met en œuvre l’acteur social. ( idem) Byram a défini en 1997 des objectifs d’apprentissage de la compétence interculturelle en s’arretant surtout au niveau suivant: Savoirs: Connaître (des faits, des capacités) Connaissance des groupes sociaux, de leurs produits et de leurs pratiques, à la fois dans son propre pays et dans celui de l'interlocuteur. Connaissance des interactions générales entre les sociétes et les individus. Connaissance des processus sociaux. Connaissance de la façon dont les autres nous perçoivent. Connaissance des autres. Aptitude à interpréter un document ou un évènement lié à une autre culture, à les expliquer et à les rapprocher de documents ou d'évènements liés à sa propre culture. Aptitude à voir comment les malentendus surgissent. Aptitude à regarder les cultures sous des perspectives différentes. Savoir apprendre/ faire et s'engager: Acquérir des savoirs Capacité à acquérir de nouvelles connaissances sur une culture et des pratiques culturelles données, et à manier connaissances, points de vue et aptitudes sous la contrainte de la communication et de l'interaction en temps réel. Aptitude à évaluer – de manière critique et sur la base de critères explicites – les points de vue, pratiques et produits de son propre pays et des autres nations et cultures. Savoir être: Développer des capacités 306__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Curiosité et ouverture, aptitude à réviser sa méfiance vis à vis des autres cultures et sa foi dans sa propre culture. Volonté de relativiser ses propres valeurs, croyances et comportements. Aptitude à accepter la perspective de l'autre. Aptitude à décentrer sa vision du monde. Ainsi, la perspective actionnelle effectue le passage du cadre linguistique au cadre social, où l’apprenant doit posséder non seulement des compétences linguistiques, mais aussi des compétences socioculturelles et même interculturelles. L’apprenant n’est plus aperçu comme un simple usager, mais comme un « acteur social » qui agit dans le « cadre social », « Dans la méthodologie active, on forme à l’inverse l’apprenant pour qu’il continue à faire en société comme s’il était en train de dire en classe ». (Puren, 2002) Donc, l’objectif de la perspective actionnelle n’est plus seulement le développement des compétences linguistiques et communicatives, mais aussi des compétences interculturelles. La compétence linguistique et communicative, seules, ne permettent pas à l’apprenant de s’orienter dans la culture étrangère. Il devrait aussi, développer des moyens de compréhension et de réflexion qui lui permettront de rendre explicite des réalités culturelles inconnues ou peu connues, de les reconnaître, de les expliquer, et de les utiliser. Il doit aussi développer des capacités à interpréter les non-verbaux dans la communication ou à se comporter de façon adéquate dans des situations concrètes. L’apprenant pourrait acquérir ces compétences grâce à des démarches pédagogiques centrées non pas sur un apport de connaissances mais aussi sur une démarche visant la découverte et l’interculturel. L’acquisition d’une compétence culturelle et interculturelle amènera l’apprenant à vivre l’expérience interculturelle comme un enrichissement linguistique et actionnel. De cela résulte que le développement de la compétence interculturelle mettant en jeu des méthodes actives d'expérimentation, des moyens d'observation, d'analyse et d'évaluation, des réflexions théoriques permet d'intégrer les acquis de l'expérience et de les confronter à d'autres expériences, d'autres points de vue, d'autres interprétations. Dans notre étude, nous voudrions relever les conditions qui sont importantes pour le développement de la compétence: • l'empathie: capacité à comprendre l'autre et à ressentir ce qu'il ressent sans nier les différences et sans cesser d'être soi-même; • le travail sur les divergences et les conflits: il permet l'explicitation des malentendus, des émotions qu'ils suscitent, des valeurs différentes qui les génèrent, afin de passer du conflit à la complémentarité créatrice; • la volonté de coopération: partant du déséquilibre expérimenté dans les malentendus, conflits et les remises en cause de ses propres valeurs, les personnes se transforment et trouvent un nouvel équilibre identitaire au cœur même des interactions; elles peuvent alors coopérer et construire ensemble un monde nouveau: la complémentarité des différences engendre la créativité. Donc, il en ressort que pour pouvoir agir dans un contexte social multiculturel l’usager est obligé de posséder des compétences qui lui permettront de connaître, de comprendre, d’agir dans d’autres cultures, et d’entrer plus ________________________________________________________307 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ facilement en contact avec les représentants de ces cultures. Seule la compétence linguistique n’est plus suffisante. La pédagogie moderne est une pédagogie du dialogue interculturel. La pédagogie de l’interculturalité est une pédagogie du partage, de l´acceptation et du respect de l´autre. L'interculturalité doit tendre à développer le dialogue. Elle ne doit viser ni l’assimilation ni le renforcement de la diversité, mais encourager l'échange. La compétence interculturelle est une compétence communicative qui considère la langue comme un des moyens de communication. Comme les langues sont des vecteurs de communication des cultures pour faire l’usage approprié d’une langue il est nécessaire de connaître les autres facteurs comme l’histoire du pays, les normes sociales, les fondements historiques du pays. Dans la perspective actionnelle, la compétence communicative suppose la capacité des interlocuteurs à repérer le culturel dans les échanges linguistiques. Les compétences acquises sensibilisent les apprenants à la différence, et développent la capacité de communiquer efficacement avec ceux qui sont différents. L’apprenant doit également et plus que jamais être impliqué dans le processus d’apprentissage. Ainsi, dans la perspective actionnelle suppose que dans la mesure où il ne s’agit plus de « vivre » mais de « faire ensemble » ou de « co-agir » Christian Puren propose d’utiliser le concept de co-action, et donc de parler de la perspective co-actionnelle, car la perspective actionnelle se propose d’initier les apprenants non seulement à communiquer avec l’autre mais aussi et surtout à agir avec l’autre, l’action se veut commune, co-construite, et donc, co-actionnelle: (…) les progrès prévisibles de l’intégration économique dans l’Europe des années 2000 exige un objectif plus ambitieux, en l’occurrence la capacité, pour chaque citoyen européen, non seulement de vivre mais aussi de travailler collectivement avec des étrangers tout autant dans le cadre de ses études que dans sa vie professionnelle.(…) en passant en particulier du concept d’interaction (qui est un parler avec et un agir sur l’autre) au concept de coaction (qui est un agir avec les autres), et du concept d’interculturalité (désignant principalement les phénomènes de contact entre cultures différentes chez des individus) à celui de co-culturalité (désignant les phénomènes d’élaboration d’une culture commune par et pour l’action collective). ( Puren 8) Dans la démarche « co-actionnelle » les apprenants doivent réaliser les actions suivantes: Les apprenants agissent, co-agissent, collaborent, s’entraident mutuellement pour mieux progresser collectivement dans leur apprentissage. Les apprenants partagent, au cours d’activités et de tâches collectives. Ils ont recours, pour communiquer, à des outils collaboratifs. La perspective actionnelle est une direction novatrice dans la didactique des langues qui est apparue comme suite à la mondialisation et aux grands échanges linguistiques et culturels du dernier temps. La perspective actionnelle 308__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ prend en compte l’élément social lié à une situation donnée. Son importance consiste surtout dans la création des acteurs sociaux, qui sont actifs dans les échanges linguistiques, qui acquièrent une nouvelle capacité- celle d’agir dans un cadre social. Au cadre social international, pour fonctionner dans la langue, l’usager doit acquérir une nouvelle compétence- la compétence interculturelle, qui permettra de communiquer efficacement avec des gens de cultures diverses. Le contact avec les autres langues et cultures fournit une excellente occasion de favoriser le développement de la compétence en communication interculturelle. Bibliographie Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Apprendre, enseigner, évaluer. Strasbourg, Conseil de l’Europe, 2001. Cuq, Jean-Pierre. Dictionnaire de didactique du français. Paris: Clé internationale, 2003. Denyer, Monique. La perspective actionnelle définie par le CECR et ses répercussions dans l’enseignement des langues, 2006. Puren, Christian. Perspectives actionnelles et perspectives culturelles en didactique des langues: vers une perspective co-actionnelle co-culturelle dans Les Langues modernes, no. 3, 2002. Rodier, Christian. La perspective actionnelle: évolution ou révolution ? www.edufle.net/La-perspective-actionnelle.html ________________________________________________________309 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Esen e conceptuale ale pedagogiei interculturale Direc ia Înv Doina USACI mântului Superior, Ministerul Educa iei, Chi in u Abstract The present work is directed to the process of intercultural education, being generated by the new guidelines for the use of languages as means of socio-cultural integration in the context of both national and european. Intercultural pedagogy promotes the ability to identify and participate in different cultures and therefore facilitates both integration into society and social cohesion. Therefore, it must be educated to accept each other, and the difference, alteration is the source of creativity and wealth.In accordance with the Council of Europe ideas that we've mastered in the European Charter of multilingualism, the multilinguistic society (and multicultural) consists of individuals who are in the majority multilinguists or multilingual, unlike a multilingual company that may be composed of monolinguistic individuals, but the speakers of different languages. Keywords: Intercultural pedagogy; multilinguism; intercultural society, the values of democracy, cultural differences, intercultural communication, multilinguistic/multilingual, monolingual, skills and cultural linguistic rules. Rezumat Lucrarea de fa vizeaz procesul de educa ie intercultural , fiind generat de noile orient ri în procesul de valorificare a limbilor moderne ca unul dintre mijloacele de integrare sociocultural atât în context na ional, cât i în cel european. Pedagogia intercultural promoveaz capacitatea de a te identifica i de a participa la culturi diferite i, în consecin , faciliteaz atât integrarea în societate, cât i coeziunea social . Prin urmare, trebuie educat acceptarea celuilalt, iar diferen a, alteritatea reprezint surse de creativitate i de bog ie. În conformitate cu ideile Consiliului Europei pe care ni le-am însu it în Carta european a plurilingvismului, o societate plurilingv ( i, implicit, pluricultural ) este alc tuit din indivizi care sunt în majoritate plurilingvi sau multilingvi, spre deosebire de o societate multilingv care poate fi alc tuit din indivizi monolingvi, dar vorbitori de limbi diferite. Cuvinte-cheie: Pedagogie intercultural ; plurilingvism; societate intercultural , valori ale democra iei, diferen e culturale, comunicare intercultural , persoane plurilingve/ monolingve, competen e plurilingvistice, norme lingvistice i culturale. În ultimele decenii dimensiunea cultural a Europei constituie obiectul a numeroase colocvii, simpozioane i proiecte, în cadrul c rora din ce în ce mai multe voci se exprim în favoarea necesit ii unei reflec ii aprofundate asupra aspectelor culturale ale construc iei europene actuale, paralel cu ac iunile întreprinse în plan politic, economic i financiar. Or, existenta unor identit i multiple, a valorilor, tradi iilor, obiceiurilor i a modului de rela ionare diferit dintre diver i indivizi sau grupuri impun cu 310__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ necesitate abordarea educa iei i a societ ii din perspectiva intercultural . Aceasta reprezint atât o noua provocare, cât i o condi ie pentru realizarea coeziunii sociale care are la baz cultivarea respectului reciproc i a în elegerii între indivizi i între grupuri. Angajarea în interac iuni interculturale este inevitabil i, mai mult, ea poate aduce atât un plus al cunoa terii, cât i al îmbog irii culturale. Cu toate acestea, în articolul L’homme sage antropologul Claude-Lévi Strauss î i exprim îngrijorarea fa de societ ile amenin ate de uniformizarea cultural . Evident, omul nu este niciodat lipsit de bagaj cultural. În elegem cultura ca pe un ansamblu de valori, de competen e, un fel de a fi i, mai mult, un mod de a putea deveni. Individul dispune de instrumente conceptuale, care joac rolul unor prisme deformante, dac prive te spre alte societ i numai prin intermediul lor. Acest mod de a vedea lucrurile ne poate face s c dem în capcanele etnocentrismului. Drept consecin , în lumea agitat în care tr im forma cea mai r spândit a conflictelor r mâne aceea de conflict intercultural. Fiecare dintre noi trebuie s tie cum s se în eleag cu persoane care apar in unor culturi diferite, cum s rezolve situa iile dificile ce decurg din aceast diferen i s tie cum s supravie uiasc întro cultur care nu e identic cu a sa. Caracterul multicultural al societ ilor noastre nu se limiteaz la plurilingvismul indus de prezen a etniilor ap rute istoric. El este o condi ie pentru societ ile noastre aflate într-un proces de planetarizare, care implic recunoa terea particularit ilor individului în scopul salv rii i promov rii democra iei culturale. În aceast ordine de idei, pedagogia intercultural constituie o op iune ideologica în societ ile democratice i vizeaz preg tirea viitorilor cet eni în a a fel, încât ei s fac cea mai bun alegere i s se orienteze în contextele multiplic rii sistemelor de valori. Pedagogia intercultural propune o abordare tolerant a diferen elor culturale. Prin intermediul acestei strategii se ia în considerare specificul spiritual (diferen e culturale) sau de alt gen (diferen a de gen, diferen a sociala, economica etc.), evitându-se, pe cât posibil, riscurile ce decurg din schimburile inegale dintre culturi. Iar abordarea intercultural reprezint o nou metodologie ce caut s integreze, în limita spa iului educa ional, datele psihologiei, antropologiei, tiin elor socialului, politicii, culturii i istoriei. Aceasta promoveaz acceptarea i participarea, înv area convie uirii, evitarea stereotipurilor i a prejudec ilor, propune solu ii pentru promovarea valorilor democra iei i ale interculturalit ii. Pedagogia intercultural tinde s înt reasc rela ia coal -comunitate care presupune respect, toleran i „vizibilitate” culturilor minoritare i colilor multietnice. Influen ele educative se refer la suportul acordat celor care înva în scopul achizi iei i prelucr rii personale a informa iilor, a interioriz rii valorilor i normelor de baza ale unei societ i interculturale, precum i formarea unui ________________________________________________________311 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ comportament care s promoveze valorile democratice. Prin acest tip de influen e se urm re te crearea unor oportunit i pentru a în elege necesitatea i responsabilitatea de a ac iona, de a produce o schimbare, o diferen a i de a contribui la coeziunea sociala (în elegere, parteneriat, toleran etc.). Cea mai important dimensiune referitoare la instruire, în acest context, se refera la exersarea atitudinilor i abilita ilor lingvistice în diferite limbi, ceea ce reprezint un suport necesar comunic rii interculturale, bazate pe acceptarea diferen ei, pe reciprocitate i deschidere. Europa s-a exprimat dintotdeauna în mai multe limbi. În acest sens, diferite programe care vizeaz plurilingvismul i pluriculturalismul sunt în derulare. Finalitatea lor declarat este „ameliorarea comunic rii i a în elegerii mutuale între persoane în vederea luptei împotriva intoleran ei i a xenofobiei”. Toate aceste ac iuni se concentreaz asupra preg tirii cet enilor europeni pentru o mobilitate transeuropean . Mobilitatea presupune plurilingvismul. Este plurilingvist un individ care st pâne te cel pu in o alt limb decât limba sa matern . Din aceast perspectiv înv area unei limbi str ine nu poate neglija explorarea nuan elor, a semnifica iilor i a conota iilor culturii. Or, însu irea mai multor limbi este o cerin dictat de nevoia consolid rii componentei umanistice a colii, de explorare a culturii na ionale, aceasta fiind o ac iune favorabil dezvolt rii libere i a personalit ii, i a culturii na ionale. În Raportul Consiliului Europei despre Celebrarea diversit ii lingvistice se men ioneaz c persoanele plurilingve sunt avantajate i din punctul de vedere al gândirii. S-a demonstrat c ei progreseaz mai repede decât persoanele monolingve în anumite domenii de dezvoltare cognitiv i c ei sunt în multe privin e mai creativi în competen ele lor lingvistice. În Portofoliul european al limbilor se men ioneaz necesitatea de a atribui procesului de studiere a unei limbi mai mult transparen , acordând astfel ajutor persoanelor în dezvoltarea capacit ii lor de reflec ie i de autoevaluare, ceea ce le permite s i asume din ce în ce mai mult responsabilitatea pentru propria lor înv are. Aceast func ie coincide cu obiectivul Consiliului Europei care vizeaz încurajarea dezvolt rii autonomiei individului în materie de înv are i promovarea perspectivei de înv are a limbilor. Ideile directorii ale Anului European al limbilor sunt urm toarele: cuno tin ele lingvistice deschid noi orizonturi; po i aprecia mai bine o persoan i cultura sa dac îi cuno ti limba; niciodat nu este prea devreme sau prea târziu – momente care relev aspecte noi pentru practica educa ional din ar . Or, în cadrul institu ional, dimensiunea interculturala a pedagogiei constituie axa directoare a activit ilor specifice privind: înv area limbilor str ine; înv area istoriei na ionale/ universale i conceperea manualelor de istorie; educa ia civica, educa ia pentru valori democratice i pentru drepturile omului; studiul problemelor de formare a con tiin ei na ionale i de p strare a culturii i limbii minorit ilor na ionale etc. 312__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Este cunoscut faptul c limba este i un mijloc de p strare a informa iei cultural-istorice. Principiile de baz ale pedagogiei interculturale prin intermediul înv rii limbilor moderne reprezint : înv area comunic rii în limba dialogului dintre culturi; conexiunea înv rii comunic rii interculturale cu dezvoltarea con tiin ei de drept (juridice) i preg tirea lor pentru activitatea de conciliere; axarea pe cuno tin ele interdisciplinare i din domeniul culturii; sprijinul pe poten ialul intelectual al subiec ilor educa iei în alegerea formelor de comunicare în limba int . În anii `80 i `90 ai secolului al XX-lea, atunci când didactica limbilor str ine i-a însu it conceptul de interculturalitate, succesul acestuia a fost suficient de mare, astfel încât s se extind i la celelalte discipline i s devin una dintre axele principale ale oric rei pedagogii. Dobândirea de competen e în cultura de origine nu este niciodat tr it ca o alegere între mai multe posibilit i. Pe parcursul educa iei, faptele de cultur apar ca ni te fapte naturale, cu totul fire ti i universale. Etapele socializ rii în cadrul comunit ii proprii sunt înv luite în uitare, în a a sur încât nu mai con tientiz m c ceea ce nou ni se pare „evident” este de fapt o construc ie a lumii care ine de mediul nostru. În acest context, conceptul de interculturalitate, folosit ast zi în domeniul tiin elor educa iei, implic interrela ii lingvistice, raporturi situative i schimburi între culturi diferite. Pornind de la acest concept se distinge semnifica ia termenului de comunicare intercultural . În cadrul comunic rii interculturale nu intr în contact culturile sau identit ile na ionale: comunicarea implic întotdeauna persoane care vehiculeaz sau mediatizeaz raporturile dintre culturi. Chiar dac se refer la o c torie de studiu sau la descoperirea unei ri sau a unei regiuni, rela iile interculturale vor presupune întotdeauna un demers personal: acesta poate fi achizi ia unor cuno tin e, descoperirea unor peisaje, monumente, opere de arta sau tradi ii. Astfel, prin comunicare intercultural trebuie mai întâi s se în eleag rela iile care se stabilesc între persoane sau grupuri care apar in unor culturi diferite. Acesta este faptul rela ional care intereseaz aici, chiar dac aduce dup el un plan secund de reprezent ri, de valori, de coduri, de stiluri de via i de moduri de a gândi specifice fiec rei culturi. Valorificarea acestor idei în practica educa ional ar contribui la: structurarea profilului uman complex al unui cet ean cu o vast cultur general , bun specialist, deschis i adaptabil la nou, dinamic, înzestrat cu putere de discern mânt, capabil de decizie i de ac iune, solidar cu semenii lui; redefinirea calit ii i eficien ei procesului educa ional în concordan cu cerin ele tranzi iei, a reintegr rii europene i cu caracterul unei societ i deschise, dinamice, democratice. În viziunea pe care ne-o propunem, pedagogia intercultural este orientat spre: 1) dezvoltarea la subiec ii educa iei a cuno tin elor despre mediul sociocultural al rii în care tr iesc, a percep iei propriei persoane ca purt toare de valori – în elegerea rolului lor în solu ionarea problemelor cultural-sociale; 2) dezvoltarea culturii de comunicare a subiec ilor educa iei, a poten ialului lor spiritual, a modului de gândire general-uman în raport cu ________________________________________________________313 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ drepturile civile ale oamenilor, con tientizarea responsabilit ii pentru viitor; 3) înv area unui mod acceptat de etic i de autoafirmare în societate; 4) înv area eticii adres rii în dezbateri i eticii interac iunii cu oamenii, care sunt de p reri diferite i apar in diferitelor na iuni; 5) dezvoltarea necesit ii de autoinstruire i autoevaluare. În procesul pred rii unei limbi str ine este necesar îns s se in cont de urm torul fapt important: înc înainte ca cel/ cea care înva o limb s vin în contact cu literatura, el/ ea are deja unele experien e importante legate de cultura respectiv , deoarece la asimilarea limbii au contribuit numeroase norme culturale sau sociale fundamentale. Rolul acestor norme devine evident atunci când se pune problema exers rii situa ionale a unei limbi, pentru a putea comunica i prin cultura respectiv . Pe de alt parte, înv area unei limbi i încercarea de a ac iona cu succes în cultura respectiv deschide posibilitatea de a înv a, pe exemple, cum s în elegi modul de a ac iona în propriul spa iu cultural i cum î i po i m ri capacitatea de ac iune. Se în elege c astfel cre te, la rândul ei, capacitatea de a în elege noul, i c premisele de ac iune i cunoa tere determinate de propria cultur sunt mai bine cunoscute. În orice ar cultura este prezentat prin profesor, care în actul educa ional este mijlocitor între culturi. În munca profesorului de limb succesul depinde de con inutul opera ionalizat, dac acesta ofer suficiente aspecte ale normelor lingvistice i culturale, care determin utilizarea i importan a limbii. Însu irea acestor norme se poate face în mai multe modalit i, de exemplu: prin stimularea unor situa ii de comunicare reale; prin prezentarea contrastiv a unor contexte de utilizare a materialului lingvistic; prin texte literare care, prin structura lor special , s atrag aten ia asupra „modului de lucru” al limbii în conexiune cu normele culturale. adar, stabilim c predarea limbilor trebuie s fie un dialog intercultural. Punerea în contrast a dou limbi/ culturi este mai mult decât o confruntare de fapte i aspecte geografice, istorice, gramaticale etc. Înv area unei limbi noi presupune cunoa terea unor structuri spirituale noi, a unor sisteme de valori, scheme de judecat i accep iuni de moral . Bibliografie Anul European al Limbilor 2001. Dosar informa ional; Web: http:// culture.coe.int/ecmle i http://www.ecme.at. Callo, T. Educa ia comunic rii verbale. Chi in u: Editura Litera+Litera Interna ional, 2003. 148 p. Co eriu, E. Sincronie, diacronie, istorie. Problema schimb rii lingvistice. Bucure ti: Editura Enciclopedic , 1997. 253 p. Dasen, P., Perregaux, Ch., Rey, M. Educa ia intercultural . Ia i: Editura Polirom, 1999. 203 p. Levi-strausse, Claude, L’homme sage, Le français dans le monde, nr. 325, 2003, pp. 8-9. Portofoliul european al limbilor: ghid destinat profesorilor i formatorilor cadrelor didactice, Little D. i Perclova P., Chi in u: Tipografia Central , 2003. 120 p. Raportul Consiliului Europei. Site-ul Internet: http:// culture. coe. int/AEL 2001 EYL. 314__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ L’enjeu didactique de la communication interculturelle dans l’enseignement/apprentissage du FLE Anastasia SAVA Université Pédagogique d’État « Ion Creang », Chi in u Abstract Communication is the essence of human relationships. Human communication is an active process of identifying establishing and maintaining social contacts. It is present in all areas of live, also in education, which is manifested as a particular form and personalized learning. Didactic approach to the concept of intercultural communication competence focuses on the study of intercultural communication between people of different nationalities, all communications between individuals study, because every human being wearing a different cultural baggage. It is impossible to developed communicative competence in French language classes, foreign language (FLE) without knowing the culture and the specific target language. Globalization is a driving force for teaching of languages and cultures in particular. Intercultural approach is part of general skills that the learner must acquire, as defined by the Common European Framework of Reference for Languages. Keywords: intercultural communication, teaching approach, teaching/ learning, FLE. Rezumat Comunicarea este esen a rela iilor interumane. Comunicarea uman este un proces activ de identificare, stabilire i men inere a contactelor sociale. Ea este prezent în toate domeniile vie ii, deasemenea în domeniul educa iei, unde se manifest ca o form particular i personalizat a înv rii. Abordarea didactic a conceptului de competen de comunicare intercultural se concentreaz pe comunicarea intercultural ca studiul de comunicare între oameni de diferite na ionalit i, studiu a tuturor comunic rilor interindividuale, deoarece fiecare fiin uman poart un bagaj cultural diferit. Or, este imposibil s se dezvolte competen a de comunicare la orele de limb francez , limb str in (FLE) f a cunoa te cultura i specificul limbei- int . Fenomenul globaliz rii este o for motrice pnetru predarea de limbi i culturi, în special. Abordarea intercultural face parte din competen ele generale pe care cel ce înva trebuie s le achizi ioneze, a a cum sunt definite de Cadrul European Comun de Referin pentru Limbi. Cuvinte-cheie: comunicare intercultural , abordare didactic , predare/înv are, FLE L’apprentissage d’une langue étrangère doit être en liaison étroite avec la culture et la civilisation à laquelle elles appartiennent, parce qu’au-delà de sa fonction instrumentale, la langue est toujours un signe définitoire d’une certaine culture. L’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère doit tenir compte des facteurs suivants: identité culturelle, attitudes, stéréotypes, compétence communicative, ainsi que de la formation d’identité ethnique dans le processus du développement culturel. ________________________________________________________315 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ L’apprentissage des langues étrangères comme élément essentiel de l’éducation pour un changement culturel, est devenu, en fond, une vision dans laquelle le futur ne doit pas être seulement attendu, mais conscientisé et centré sur des objectifs orientés vers la formation des capacités d’ouverture, de collaboration et communication interculturelle. Ce type d’apprentissage sollicite de la part de l’enseignant et des enseignés de nouveaux traits de personnalité orientés vers la compréhension de la diversité culturelle. La perspective interculturelle peut mener à la diminution des conflits et à l’éradication de la violence dans le milieu scolaire par la formation des aptitudes de communication et coopération, par l’instauration de la confiance dans le cadre du groupe, par la promotion du respect envers soi et envers autrui. Le phénomène de la globalisation s’avère un véritable moteur pour l’enseignement des langues et plus particulièrement des cultures. En effet, les enseignants s’intéressent de plus près à la connaissances des civilisations, à l’ouverture sur les autres cultures tout en réfléchissant sur la nécessité de préserver leur propre identité. Toutes les difficultés rencontrées face à l’appréhension d’une culture étrangère se voient intensifiées dans un monde globalisé. La classe de langue, véritable laboratoire d’études, constitue un espace privilégié pour observer ce phénomène: ce qui se vit dans la société actuelle se reflète aussi dans les classes de langues étrangères. (Bellanger V., Bourgeois C. 32-35) C’est en ce sens que le didacticien roumain Constantin Cuco affirme que «... pour réaliser avec succès l’éducation interculturelle, l’école doit être tout d’abord culture et puis interculture. Il faut aller vers l’interculturel par la culture » (Cuco 21). De même avis est Rey M. qui dit que « pour respecter une autre culture il faut connaître et respecter sa propre culture et langue ». (Clanet 175) En ce sens, pour Louis Porcher « une culture est un ensemble de pratiques communes, de manières de voir, de penser et de faire qui contribuent à définir les appartenances des individus, c’est-à-dire les héritages partagés dont ceux-ci sont les produits et qui constituent une partie de leur identité ». (Cuq, Gruca 83) C’est cette conception de la culture, d’après les didacticiens J-P. Cuq et I. Gruca, qui doit faire partie de la compétence interculturelle de l’apprenant. (Ibidem) D’après les mêmes auteurs: Apprendre une langue étrangère ne signifie plus simplement acquérir un savoir linguistique, mais savoir s’en servir pour agir dans cette langue et savoir opérer un choix entre différentes expressions possibles liées aux structures grammaticales et au vocabulaire qui sont subordonnés à l’acte que l’on désire accomplir et aux paramètres qui en commandent la réalisation. (Ibidem :197) Ainsi, le résultat de l’apprentissage d’une langue étrangère doit viser pas seulement la formation des compétences linguistiques, mais aussi la formation de la compétence de communication interculturelle. L’interculturalité est un terme qui désigne tout d’abord une situation de communication dans laquelle les participants mobilisent toutes leurs capacités pour 316__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ interagir les uns avec les autres et, ensuite, l’ensemble des stratégies de communication mises en œuvre dans cette interaction. L’enjeu didactique de la communication interculturelle dans l’enseignement/ apprentissage du FLE consiste dans l’acquisition tant des structures spécifiques à la langue étrangère, que des informations sur les valeurs, les coutumes et les traditions nationales et étrangères. L’enseignement/ apprentissage des langues étrangères constitue un repère pour la connaissance de soi-même et la formation de l’identité culturelle. La compétence de communication interculturelle plus que l’actualisation des connaissances, des capacités et des attitudes, son spécifique consiste dans le dépassement de la connaissance et l’application de la technologie apprise par la référence adéquate et flexible au contexte interculturel, supposant l’atteinte de certaines performances dans la solution des situations problématiques dans le milieu scolaire et extrascolaire. La compétence interculturelle n’est pas une compétence qui permet de dialoguer avec un étranger (avec une personne de nationalité différente, de culture différente) mais avec autrui. Pour voir comment l’approche interculturelle contribue au développement de la communication orale en classe de langue, il convient tout d’abord de définir ce qu’est la communication. Sur la base d’un sondage rapide, il semble que chacun puisse donner une définition, et sans qu’elle ne constitue la définition, mais il s’agit, a priori, de propositions partielles, non éloignées de la représentation collective, qui se résument comme suit: ….La communication c’est l’échange….communiquer avec les autres….c’est passer un message ….se faire comprendre des autres … c’est le fait de communiquer … c’est partager des informations … c’est aussi le regard … c’est tout ce qui nous lie … c’est ce que l’on dégage …c’est la vie, je communique donc je suis… La communication met tout l’être humain en jeu. Dans une approche interculturelle, un objectif essentiel de l’enseignement des langues est de favoriser le développement harmonieux de la personnalité de l’apprenant et de son identité en réponse à l’expérience enrichissante de l’altérité en matière de langue et de culture. Il revient aux enseignants et aux apprenants eux-mêmes de construire une personnalité saine et équilibrée à partir des éléments variés qui la composeront. (Cadre européen commun de référence pour les langues: apprendre, enseigner, évaluer, 2000) Le Conseil de l’Europe à Strasbourg a proposé une définition opératoire de l’approche interculturelle, que Louis Porcher a résumée dans les points suivants: 1. Toute société est aujourd’hui pluriculturelle. Plusieurs cultures y coexistent ou s’y interpénètrent, se juxtaposant ou se transformant mutuellement. Il n’y a plus de sociétés homogènes. ________________________________________________________317 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ 2. Toute culture est égale en dignité à toute autre. Une culture est un ensemble à la fois cohérent et contradictoire, qui a ses propres valeurs et ses propres systèmes de références, ses propres régulations. 3. Tout enseignement, dans ces conditions, s’effectue donc dans un contexte pluriculturel. Plusieurs cultures vivent dans une même classe et l’enseignant doit être formé à les employer, et d’abord à les repérer. 4. L’important, à cet égard, consiste à établir, entre ces cultures, des connexions, des relations, des articulations, des passages, des échanges. Il ne s’agit pas seulement de gérer au mieux la juxtaposition de divers cultures, mais de les mettre en dynamisme réciproque, de les valoriser par le contact (Porcher 54). Sur le site de Franc Parler, nous trouvons la définition suivante: L’approche interculturelle n’a pas pour objectif d’identifier autrui en l’enfermant dans un réseau de significations, ni d’établir des comparaisons sur la base d’une échelle ethnocentrée. L’interculturel accorde une place plus importante à l’individu en tant que sujet qu’aux caractéristiques culturelles de l’individu. Pour développer une compétence interculturelle, l’apprenant doit d’abord se décentrer de sa propre culture. Avec une prise de distance de sa culture, l’apprenant peut se poser des questions objectives et découvrir l’existence d’autres cultures et ainsi d’autres manières de penser (Giguet et al., 2008). Comme Geneviève Zarate nous le rappelle: « Le rôle que nous assignons à l’étranger est celui d’une mise à distance de la réalité étrangère et, par contrecoup, de l’objectivisation de la culture maternelle ». (Zarate, 1983) L’apprenant doit ensuite apprendre à se mettre à la place des autres. Cela veut dire qu’il apprend à ne pas généraliser et passer des jugements, mais plutôt à emphatiser avec son interlocuteur (Giguet et al., 2008). Coopérer est l’étape suivante. L’apprenant doit essayer de comprendre son interlocuteur en dépassant ses idées préconçues. (Ibidem) Finalement, l’apprenant doit comprendre comment l’autre perçoit la réalité et comment il est perçu lui-même. Cela veut dire que l’apprenant doit connaître certaines données par rapport au comportement de son interlocuteur, pour réussir le décodage de ses paroles. (Ibidem) Ainsi l’approche interculturelle est utilisée pour: prendre conscience qu’il existe des différences culturelles qui permettra à l’individu de prendre conscience de sa propre culture. C’est au travers de cette phase que débute l’ouverture à une autre culture. respecter ces différences culturelles. Une fois que l’on a pris conscience de notre propre culture, alors il nous est plus facile de s’ouvrir aux autres. assimiler les différences culturelles. Il devient maintenant possible d’assimiler les différences avec les autres cultures car on a pris conscience des autres. Pour développer la compétence interculturelle en salle de classe, il convient: a) de développer la complexité cognitive face à de nouveaux environnements; 318__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ b) d’ouvrir le champ de la co-orientation affective sur les nouveaux groupes culturels; et c) d’adapter son comportement aux différentes interactions avec d’autres groupes sociaux. Ainsi, un nouveau modèle a été développé qui est basé sur cinq principes fondamentaux pour l’enseignement de la culture (Crozet C., Liddicoat A., 2000). Les cinq principes sont: 1. La culture ne peut pas être enseignée comme un aspect de la langue, mais elle doit être intégrée dans la pédagogie. 2. La culture est enseignée depuis le début de l’apprentissage d’une langue étrangère pour éviter les fausses perceptions de la culture et pour commencer le processus avec une réflexion sur sa propre culture. 3. Le répertoire d’un interlocuteur bilingue est la norme et l’apprenant doit s’adapter à ce répertoire linguistique complexe. 4. L’exploration interculturelle est incorporée dans l’apprentissage d’une langue étrangère et ce processus inclut l’interaction avec des attitudes et des comportements divers, et n’est pas seulement l’apprentissage des faits. 5. Pendant l’apprentissage de la culture, on apprend comment découvrir de nouvelles informations culturelles pour être autonome. La culture en entier ne peut jamais être abordée en classe de langue et c’est à l’apprenant d’approfondir son apprentissage. A partir des cinq principes mentionnés ci-dessus, Liddicoat et Crozet (2000) ont proposé un modèle pour l’enseignement de la culture en classe de langue qui comprend quatre étapes: - Prise de conscience – De nouvelles informations de la culture sont introduites avec des activités interactives qui encouragent l’apprenant à comparer sa propre culture avec la culture cible. Schmidt (cité dans Kohler, 2003) remarque que la meilleure manière d’apprendre quelque chose est de le découvrir soi-même. C’est l’enseignant qui doit amener l’apprenant à ce point et l’encourager à partager ses découvertes. L’enseignant doit fournir les explications que l’apprenant souhaiterait. Des documents authentiques comme des vidéos ou des bandes dessinées sont appropriés pour cette étape. - Expérimentation – Les apprenants peuvent utiliser de nouvelles informations qu’ils ont apprises avec des activités communicatives guidées. Ils essaient de nouvelles manières de parler et de se comporter pour s’habituer aux nouvelles situations communicatives. L’enseignant peut se focaliser sur les besoins spécifiques des apprenants. - Production – Les apprenants participent aux jeux de rôle et aux simulations pour reprendre des éléments pratiqués dans l’étape d’expérimentation. Ils essaieront de communiquer comme des interlocuteurs natifs pour se mettre à la place d’autrui et pour voir s’ils se sentent à l’aise ou gênés. - Feed-back – Pendant cette étape, l’apprenant aura l’opportunité d’exprimer ses sentiments sur sa production. Il peut relever des aspects qu’il a trouvés faciles ________________________________________________________319 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ et d’autres qui lui étaient plus difficiles. L’enseignant donne un commentaire sur la langue employée par l’apprenant et sur sa performance en général. Le but de cette étape est pour l’apprenant de s’établir comme un interlocuteur bilingue (ou multilingue) et multiculturel. Traian Nica (Nica 114) considère que l’enseignement de la culture est conçu comme une action d’éveil dans l’enseignement de la langue française, un ensemble de stratégies didactiques par lesquelles les apprenants s’approprient la langue comme outil d’expression et de communication. La culture n’est plus tant un problème de méthodologie linguistique que d’exploitation systématique des activités, provoquées, par un choix adéquat des thèmes du travail. Apprendre une langue étrangère « c’est apprendre une culture nouvelle, des modes de vivre, des façons à penser, augmenter son capital de connaissances et d’informations nouvelles, son propre niveau de compréhension, ouvrir les portes de la communication entre civilisations, traditions et cultures » (Ibidem 115). La culture de la langue seconde doit être présentée de manière à créer le désir d’être connue, le sentiment d’apporter un plus. La motivation doit être conçue dans un sens actif. Le professeur doit laisser à l’apprenant la possibilité de construire sa compétence dans le domaine linguistique et culturel à la fois. La dimension culturelle occupe, donc, une place centrale dans l’apprentissage linguistique et dans l’accès aux compétences-clés. Le tissu culturel, qui sous-tend aussi bien la langue du pays que sa société, apparaît comme d’autant plus important dans la perspective de l’intégration et de l’insertion durables. Accéder aux références culturelles communément partagées par une communauté linguistique conduit l’apprenant à l’appropriation de la vision du monde qui se reflète dans la langue cible et que la communication dans cette langue renvoie à tout moment. Maîtriser la communication en une langue étrangère ne se réduit donc pas à l’acquisition des savoirs linguistiques; elle nécessite également une adéquation au contexte socioculturel. Ainsi, dans une perspective plus large, la situation de communication est définie non seulement par les rapports existant entre les locuteurs, mais aussi par un ensemble sous-jacent de références culturelles omniprésentes. Le résultat de l’apprentissage d’une langue étrangère doit viser pas seulement la formation des compétences linguistiques, mais aussi la formation de la compétence de communication interculturelle. L’apprentissage des langues étrangères comme élément essentiel de l’éducation pour un changement culturel, est devenu, en fond, une vision dans laquelle le futur ne doit pas être seulement attendu, mais conscientisé et centré sur des objectifs orientés vers la formation des capacités d’ouverture, de collaboration et communication interculturelle. Ce type d’apprentissage sollicite de la part de l’enseignant et des enseignés de nouveaux traits de personnalité orientés vers la compréhension de la diversité culturelle. La perspective interculturelle peut mener à la diminution des conflits et à l’éradication de la violence dans le milieu scolaire par la formation des aptitudes de communication et coopération, par l’instauration 320__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ de la confiance dans le cadre du groupe, par la promotion du respect envers soi et envers autrui. Par «compétence de communication interculturelle» nous comprenons la capacité de négocier les significations culturelles, de manifester des comportements de communication efficients, d’exprimer des attitudes positives et de résoudre dans de divers contextes les problèmes de communication interculturelle. La compétence de communication interculturelle sollicite une harmonisation et une complémentarité des connaissances, des habiletés, des attitudes et des comportements en fonction du spécifique des situations communicatives. En fond, les individus sont des « porteurs de cultures » radicalement différents les uns des autres. C'est pourquoi, toute situation de communication directe est, en dernière analyse, une communication interculturelle. Bien sûr, plus grandes sont les différences culturelles et plus fortes seront les difficultés communicationnelles. Pour autant, il ne faut pas surestimer le poids de la culture (consciente ou inconsciente) dans l'incommunication. La communication est, ontologiquement, imparfaite. Elle naît de l'incompréhension et meurt dans la communion. Elle ne peut donc être qu'un problème complexe sans solution parfaite. Du coup, la condition première d'un dialogue interculturel fécond est moins la connaissance de la culture d'autrui, que le respect de l'autre, la reconnaissance de son identité (qui ne se réduit pas à son identité ethnique ou culturelle). En effet, comme le rappelle E.M. Lipianski, l'identité est, toute à la fois, la condition, l'enjeu et le résultat de la communication. (37) En définitive, la prise en compte et le maintien d'une altérité radicale restent la condition fondamentale d'un minimum d'intercompréhension. La performance de l’individu étant en relation de communication interculturelle ne dépend pas seulement du facteur personnel, mais aussi d’autres nombreux facteurs qui tiennent de l’ambiance sociale. Le contexte social peut donner un certain sens à la communication interculturelle. Nous constatons que tant le transfert des connaissances que la communication interculturelle interviennent comme moyens dans la promotion de l’idée en ce qui concerne l’unité des langues, de l’histoire, de la culture, des coutumes, de la religion etc. Mettre un accent sur la compétence orale dans le processus d’apprentissage de permettrait de faire face à la dimension communicative et socioculturelle des langues. Ce serait une manière à offrir aux apprenants l’occasion de s’écouter euxmêmes, et d’oser franchir le mur des « préjugés linguistiques » qui pèsent sur les langues locales. S’intéresser à l’oral aiderait les élèves à dépasser leurs usages restreints des pratiques langagières, et motiverait le désir de construire une communauté d’expression, qui donne sa place à la différence. En outre, insister sur les aptitudes orales apporterait à chaque locuteur, la possibilité d’exister et de développer la tolérance de l’autre, de ses limites. Cela permettrait aux élèves de travailler, non pas seulement pour les notes, mais pour trouver dans la langue un vrai moyen de communication qui les inscrit dans une culture. De plus, la langue parlée les aiderait à dépasser les normes et le cadre de la ________________________________________________________321 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ classe pour s’insérer dans une société où le locuteur fait face à des problèmes de communication et d’altérité avec son interlocuteur. Ainsi, nous constatons que le point de départ pour réussir la communication interculturelle est l’apprentissage d’une langue étrangère et qu’une maîtrise des formes linguistiques de la langue apprise, ne garantit pas la bonne communication, car les réalités vécues par les interlocuteurs ne sont pas les mêmes. Pour communiquer efficacement avec une personne d’une autre culture, il faut posséder une compétence interculturelle. Cette compétence peut être acquise pendant l’apprentissage d’une langue étrangère, si l’approche adoptée pour l’enseignement de la langue est une approche interculturelle. Bibliographie Bellanger V., Bourgeois C. Formation de formateurs et culture de l’apprenant. Le français dans le monde, 2009, nr. 365, sept.-oct., pp. 32-35. Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues: apprendre, enseigner, évaluer, page consultée le 06.03.2011) <http://www.coe.int/T/DG4/Portfolio/documents/ cadrecommun.pdf> Claes, M. La dimension interculturelle dans l’enseignement du français langue de spécialité, 2008, (page consultée le 17 mai 2012) http://www.francparler. org/articles/interculturel_claes.doc Clanet, C., L’interculturel. Introduction aux approches interculturelles en éducation et en sciences humaines. Toulouse: Presses Universitaires du Mirail, 1990. Crozet, C., Liddicoat, A.J. Striving for the Third Place: Intercultural Competence through Language Education. 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Underlining the idea that a foreigner doesn’t resort to ‘paradigms’ in order to speak in the Romanian environment, we have also explained how statements can be easily formed with any verb included in lexical and morpho-syntactic structures, using the items that are to be found in all languages worldwide – who, whom, what, with what, where, when, how, why etc. – in both speaking and writing. The professor – practitioner, a director of the didactic discourse, is assigned the task of practicing these structures with other verbs taught during classes, too, until the student attains the desired level of competence in learning Romanian as a foreign language. Keywords: verb, the level zero, paradigm, morphological suffix, vowel gradation, inflection, the zero-form of the inflectional ending, stress, verbs in structures. Rezumat Comunicarea noastr prezint un mod – cât se poate de simplu –, de predare – la studen ii str ini –, a verbelor regulate, la modul indicativ, timpul prezent, oferind conven ii specifice, care pot fi utilizate, i în paradigma altor verbe. De asemenea, plecând de la ideea c un str in nu vorbe te „în paradigme” – în mediul românesc –, am explicat – la fel de simplu –, cum se pot alc tui enun uri cu oricare verb, inclus în structuri morfosintactice i lexicale, plecând de la itemii prezen i în oricare limb a planetei; cine, cu cine, ce, cu ce, unde, când, cum, de ce etc. – atât în conversa ie, cât i în scrierea în acea limb . Profesorului practician – regizorul Discursului didactic –, îi revine sarcina de a exersa aceste structuri, i cu alte verbe, predate la clas , pân când cursantul ajunge la acel nivel de competen mult dorit de fiecare destinator, care pred român ca limb str in . Cuvinte-cheie: verb, cota zero, paradigm , sufix morfologic, alternan , desinen , desinen zero, accent, verbe în structuri. Du point de vue de l’enseignement de la LR comme langue étrangère (LS), le verbe occupe une place privilégiée, à la différence du nom et de l’adjectif parce que l’action d’être « repéré » – en premier lieu – est extrêmement simple, pouvant être également résolue par le locuteur étranger le moins doué en roumain. Celui-ci, s’il comprend la structure morphématique du verbe (son radical et ses flectifs) tout comme l’accent qui, en association avec un ou plusieurs éléments segmentaux, ________________________________________________________323 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ fait partie de la structure d’un morphème – à l’aide d’une série d’exercices/ peut apprendre les formes du paradigme verbal, au bout de trois jours au plus tard1. En plus, à la différence du substantif, fonctionnant comme centre dans le groupe nominal, le verbe est le centre du groupe verbal, ses traits formels étant dérivés de cette opposition essentielle. Les traits morphologiques spécifiquement verbaux dépendent donc de son apport sémantico-syntaxique à la dynamique communicationelle, donné par les catégories grammaticales du temps et du mode. En suivant la même stratégie méthodique, le professeur, avant d’enseigner le paradigme verbal à l’indicatif présent et d’insérer les verbes dans des structures, doit établir les conventions spécifiques à cette classe morphologique, conventions valables aussi pour l’enseignement des autres faits de langue et sans lesquelles on ne peut pas communiquer de nouvelles connaissances, de la côte zéro, concernant le verbe. Défenseurs de l’idée d’appliquer les conventions spécifiques pour enseigner les modèles de langue, nous allons mettre en évidence leur importance: On répète les alternances phonologiques pour enseigner et faire retenir les verbes à radical partiellement variable, du type: a salut-a/ salu -i; a râd-e/ râz-i; a mu c-a/ mu t-i etc. Il n’est pas nécessaire de nous occuper des alternances qui supposent la prise en compte de certaines variantes régionales ou archaïques du type: a cer-e/ ce-i; a pier-e/ pie-i etc. On doit mentionner le fait qu’il n’y a jamais d’alternances contenant un terme consonantique qui s’appose à un terme vocalique. On doit faire remarquer également qu’il existe 3 verbes qui présentent l’alternance: g/ / p/, présente uniquement dans leur paradigme: a suge, a frige, a înfige qu’on expliquera au moment de l’enseignement du participe: supt, fript, înfipt. Quant à leurs occurrences, on relève le fait que les alternances consonantiques se manifestent (comme pour les substantifs et les adjectifs), dans tous les cas, seulement dans la partie finale du radical, c’est-à-dire elle se produisent au point de jointure du radical et de divers affixes qui lui suivent, l’accent n’ayant aucune influence sur les occurrences des membres des alternances consonantiques se manifestent (comme pour les substantifs et les adjectifs), dans tous les cas, selement dans la partie finale du radical, c’est-à-dire elles se produisent au point de jointure du radical et de divers affixes qui lui suivent l’accent n’ayant aucune influence sur les occurrences des membres des alternances. 1 Dans les manuels que nous avons utilisés en classe, le verbe apparaît dans les leçons 5 et 6 et, comme la leçon 7 propose une révision, il est suffisant qu’en trois jours l’apprenant se rende compte qu’en roumain ainsi que dans sa langue maternelle, le verbe présente un radical et des flectifs (suffixes morphologiques et désinences); un Allemand, par exemple, ayant les mêmes indices dans sa langue maternelle, retiendra aisément le paradigme verbal: ich frage, du fragst, er/ sie/ es fragt etc. 324__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Au point de vue des alternances vocaliques, il y a des verbes dont les alternances se produisent grâce au maintien du lieu d’accentuation (le statut de l’accent), comme: sp l/ spéli; alérg/ alérgi; v d/ vézi etc. tandis que pour d’autres verbes, les alternances vocaliques se produisent grâce au changement de l’accent: súi/ súie/ suim; adáug, adáugi, adáug / ad ug m etc. Comme pour les substantifs/ adjectifs, les alternances vocaliques se produisent au milieu du radical, par exemple: dorm/ doarme; v d/ vede; plec/ pleac etc. On rappelle aux apprenants la terminaison/désinence en faisant appel à la langue intermédiaire ou maternelle (par exemple, en bulgare et en russe, il y a les désinences - Ø, - T, - M, - TE, -T etc.) On explique également aux apprenants qu’il y a en roumain le suffixe zéro (Ø) et la désinance zéro (Ø) et on leur fournit des exemples avec tout le paradigme du verbe, afin qu’ils constatent d’eux-même ce fait: a afla afl - Ø - u afl - Ø - i afl - Ø afl - - m afl - a - i afl - Ø - a cânta cânt - Ø - Ø cân - Ø - i cânt - Ø cânt - - m cânt - a - i cânt - Ø - a lucra lucr-ez - Ø lucr-ez - i lucr-eaz lucr- - m lucr- a - i lucr-eaz - a înv a înv înv înv înv înv înv -a-m -a-i -a-Ø -a-m -a- i -a-u On rappelle aux apprenants seulement le suffixe substantival – re des infinitifs longs, devenus des dérivés féminins en -re: ie ire, intrare, plecare et en relation avec celui-ci, on introduit un autre terme métalinguistique le suffixe verbal morphologique. L’enseignement proprement-dit des verbes commence par leur répartition en quatre classes de flexions ou conjugaisons, selon le suffixe de l’infinitif présent et le suffixe de la deuxième personne du pluriel à l’indicatif présent. Les deux suffixes propres à chaque conjugaison sont: -a, a( i): a saluta; -ea, e( i): a vedea; e, e( i): a merge; -i, -i( i): a vorbi; -â, -â( i): a coborî. Il faut dire aux apprenants dès le début que les conjugaisons les plus productives sont la première et la quatrième; dans la II-e conjugaison on décompte 20 verbes qui sont instables, et pour la IV-e conjugaison, on marque au tableau noir 8 verbes avec le suffixe -î. On va marquer sur le tableau noir les verbes en -ea ainsi que ceux en -î, sous la forme d’une liste (les unités – unit ile cataliz ) pour une meilleure mémorisation. Dans l’étape suivante, on explique chaque conjugaison séparément, avec insistance sur les verbes en -a, -i et -î, puisque ceux-ci présentent deux systèmes de conjugaison: -a: -Ø/-ez; -i: -Ø/-esc; -î: -Ø/ sc. ________________________________________________________325 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ A partir de ce moment, il n’y a plus que la craie colorée, le tableau noir et les éléments inconiques qui aideront le professeur à expliquer aux apprenants divers modèles de paradigmes suivant le système de conjugaison: Verbe – Groupes de verbes Infinitif (le temps présent) -a -ea a cânta a dansa a saluta a vizita a avea a bea a t cea a vedea -e -i a aduce a deschide a merge a trimite -î a dormi a fugi a preg ti a vorbi a doborî a coborî a hot rî a urî Verbe: L’indicatif, (le temps présent) I er groupe Verbe a cânta (Ø) cânt cân i cânt cânt m cânta i cânt • a saluta (Ø) • a accepta (Ø) • a aproba (Ø) • a aduna (Ø) etc. -a Verbe Ø -i -m i -ez a dansa (ez) 1. dansez Ø 2. dansezi -i 3. danseaz 4. dans m -m 5. dans i i 6. danseaz • a vizita (ez) • a conversa (ez) • a fuma (ez) • a conversa (ez) etc. 326__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ IIe groupe - ea a avea 1.am 2.ai 3.are 4.avem 5.ave i 6.au a ap rea 1.apar 2.apari 3. apare 4.ap rem 5.ap re i 6. apar a bea 1.beau 2.bei 3.bea 4.bem 5.be i 6.beau a disp rea 1.dispar 2.dispari 3.dispare 4.disp rem 5. disp re i 6. dispar a vrea 1.vreau 2.vrei 3.vrea 4.vrem 5.vre i 6.vor a sc dea 1.scad 2.scazi 3.scade 4.sc dem 5.sc de i 6.scad a vedea 1.v d 2.vezi 3.vede 4.vedem 5.vede i 6.v d a putea 1.pot 2.po i 3.poate 4.putem 5.pute i 6.pot a c dea 1.cad 2.cazi 3.cade 4. dem 5.c de i 6.cad a-i pl cea 1.2.3.Îmi place 4.5.6. Ne plac a t cea a z cea 1.tac 1.zac 2.taci 2.zaci 3.tace 3.zace 4.t cem 4.z cem 5.t ce i 5.z ce i 6.tac 6.zac a-l durea 12.3. M doare 4.5.6. Ne dor IIIe groupe - e a merge a trimite 1. merg 2. mergi 3. merge 4. mergem 5. merge i 6. merg • a în elege • a plânge • a terge etc. 1. trimit 2. trimi i 3. trimite 4. trimitem 5. trimite i 6. trimit • a admite • a permite • a promite etc. a deschide 1. deschid 2. deschizi 3. deschide 4. deschidem 5. deschide i 6. deschid • a crede • a închide • a râde etc. a conduce 1. conduc 2. conduci 3. conduce 4. conducem 5. conduce i 6. conduc • a aduce • a produce • a zice etc (Ø) -i -e -m - i -(Ø) ________________________________________________________327 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ IVe groupe -i -Ø -esc a fugi a vorbi 1. fug 2. fugi 3. fuge 4. fugim 5. fugi i 6. fug • a dormi • a adormi • a ie i (Ø) etc. Ø -i -e -m i -Ø 1. vorbesc 2. vorbe ti 3. vorbe te 4. vorbim 5. vorbi i 6. vorbesc • a preg ti (esc) • a munci (esc) • a citi (esc) etc. Ø -i -e -m - i -Ø Le professeur va faire l’analyse morphématique des verbes de sorte que les apprenants comprennent la différence entre suffixe, désinence, suffixe Ø et désinence -Ø. IVe groupe -Ø - sc a coborî 1. cobor 2. cobori 3. coboar 4. coborâm 5. coborâ i 6. coboar • a doborî (Ø) • a omorî (Ø) -î a hot rî Ø -i -m i 1. hot sc 2. hot ti 3. hot te 4. hot râm 5. hot râ i 6. hot sc • a urî ( sc) • a pârî ( sc) Ø -i -m i -Ø 328__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Le tableau ci-dessous aide les apprenants à se former une image globale du paradigme des verbes rréguliers, c’est-à-dire les verbes qui n’ont pas dans leur flexion de changements du radical ou bien qui présentent des changements insignifiants (des alternances phonologiques) Groupes de verbes GROUPE 1 GROUPE 2 GROUPE 3 i-ai i -ea i i -ei GROUPE 4 i –ii -ez a cânta cânt cân i cânt cânt m cânta i cânt -esc a dansa dansez dansezi danseaz dans m dansa i danseaz i-îi a vedea d vezi vede vedem ved i d pers. 3 = pers. 6 a merge merg mergi merge mergem merge i merg a fugi fug fugi fuge fugim fugi i fug - sc a vorbi a coborî a hot rî vorbesc vorb ti vorb te vorbim vorbi i vorbesc cobor cobori coboar coborâm coborâ i coboar hot hot hot hot hot hot r sc r ti r te râm râ i r sc pers. 1 = pers. 6 Dans tous les cas, lorsqu’on écrit au tableau noir un nouveau verbe, le professeur est obligé de marquer entre parenthèses son système de conjugaison: a opera (ez), a afi a (ez), a r i (esc), a se muta (Ø) etc. Le professeur sera d’autant plus satisfait qu’il s’apercevra qu’au bout de trois jours d’exercices seulement, ses étudiants « parlent en paradigmes » sans aucun problème. Il leur suffit de reconnaître la forme du verbe à l’infinitif et le système de conjugaison indiqué entre parenthèses par le professeur, et après quelque temps, obtenant « le sens de la langue » et « pensant en roumain », les verbes deviennent déjà des automatismes, étant insérés dans des structures, sans aucune difficulté. Après que le paradigme des verbes réguliers aura été expliqué et compris par les apprenants, on passe tout de suite à l’étape de la formation des phrases, parce qu’on sait que le lexique et la syntaxe sont enseignés de manière introductive, en même temps que la morphologie. On ne vise pas là que les apprenants puissent parler en paradigmes, mais qu’ils soient à même de former les plus simples propositions avec un verbe donné. Aussi exerce-t-on on avec le groupe entier tous les pronoms/adverbes interogatifs qui seront employés par les apprenants comme stimuli pour la formation de différentes propositions qu’ils serviront à introduire. ________________________________________________________329 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Le verbe dans des structures grammaticales aller Qui? avec qui? quoi? avec quoi? Où? d’où? jusqu’où? (vers) où? quand? Depuis quand? jusqu’à quand? combien de temps? comment? combien? pourquoi? à quelle fin? L’étudiant marche. L’étudiant va avec son collègue grec. Il voyage en taxi. Il va à l’Université. L’étudiant va de la résidence jusqu’à l’Université. Le bus roule vers la gare. Le matin, l’étudiant va aux cours. Il y va de 7h jusq’à 7h.30. Il va une demi-heure. L’étudiant va vite. marche. L’étudiant va beaucoup. marche. L’étudiant ne va pas parce qu’il n’a pas de billet. vient. L’étudiant va aux cours pour étudier. Il y a des manuels et des professeurs qui expliquent en un même jour en inscrivant sur le tableau noir les uns à côté des autres, les paradigmes de certains verbes comme: a oferi; a acoperi; a umple; a scrie; a spune; a sublinia, à coté de a dormi, a fugi, a duce, a deschide, a studia etc. A notre avis, enseigner le verbe au présent de l’indicatif de manière «chaotique» sans la préoccupation de fixer ici aussi pour aller plus loin avec des acquis solides, cela complique les explications des leçons suivantes, comme par exemple la présentation du participe qui aide les apprenants à comprendre la forme analytique du passé composé, la présentation du conjonctif présent, de l’imparfait etc. De cette façon, sans alourdir ses explications, le professeur peut regrouper les verbes pour faciliter ainsi une bonne compréhension et mémorisation, très simple et rapide, fondée cependant sur des critères scientifiques. En effet, la plupart des enseignants expérimentés dans l'enseignement du roumain comme langue étrangère recommandent le suivi d' une progression dans l'exposition des catégories grammaticaux afin que les étudiants ne soient pas bombardés dès le début: « Un des mérites de ce principe pédagogique est que la première présentation d'un élément grammatical ne devrait pas être exhaustive. En première instance, il faudrait choisir uniquement les éléments considérés comme les plus pertinents et les aspects complémentaires ne doivent être introduits que dans la deuxième ou troisième étape, quand nous pouvons aussi recapituler les éléments déjà introduits. Il y a, naturellement, des règles provisoires ou primaires que nous proposons dans 330__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ un premier temps et que nous détailleront un peu plus tard, quand la maturité de l'étudiant de maîtriser une langue augmentera » (Platon 107). La systématisation que nous venons de proposer a aidé nos étudiants à mieux comprendre les verbes à radical partiellement variable, tout comme d’autres verbes qui doivent être retenus suivant les difficultés qu’ils impliquent. Bibliographie Avram, Mioara. Gramatica pentru to i. Bucure ti: Editura Academiei Române, 1986. Dimitriu, C. Gramatica limbii române explicat . Morfologia. Ia i: Editura Junimea, 1979. Irimia, D. Structura gramatical a limbii române. Verbul., Ia i: Editura Junimea, 1976. Moldovan, Victoria. Sintagme verbale uzuale – modalit i de predare a LR ca LS. Pred LRSS, vol. 2, Craiova: Reprografia Universit ii, 1977. Platon, Elena, Reflexia gramatical i febra comunic rii în didactica RLS. Rodica Zafiu, Florentina Sâmih ian (editori), Limba român : controverse, delimit ri, noi ipoteze (III). Limba i literatura român : noi abord ri didactice. Actele celui de-al 9-lea Colocviu al Catedrei de limba român , Bucure ti, 4-5 decembrie 2009. Bucure ti: Editura Universit ii din Bucure ti, 2010. Vlad, Felicia, Ana Gerdanovitz. Câteva sugestii privind predarea limbii române la studen ii str ini. Pred LRSS, vol.1, Craiova: Reprografia Universit ii, 1976. ________________________________________________________331 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ L’immersion linguistique – une méthode d’apprentissage de la langue roumaine par les étudiants qui apprennent le roumain comme langue seconde Liuba PETRENCO Université Pédagogique d’État « Ion Creang », Chi in u Abstract Language immersion is an effective method of teaching and learning of a language characterized by the presence of the speaker of other language in an adequate environment for learning a foreign language without harming the mother tongue. The Republic of Moldova is a multicultural and multilingual country, where besides the official language there are spoken the languages of national minorities: Russian, Bulgarian, Ukrainian, Gagauz etc. The learning of the Romanian language by the minority students, the future teachers of Romanian language and literature in Russian speaking schools through the partial language immersion method allows a functional-communicative learning of the official language at a high level, which contributes to a better understanding of the cultural values of natives and other inhabiting nations, providing mobility on the labour market. Keywords: communication, total language immersion, partial language immersion, language of communication, foreign language, second language/ target language, student minorities, multilingualism, cultural stereotype, communication barriers. Rezumat Imersiunea lingvistic este o metod eficient de predare-înv are a unei limbi, caracterizat prin aflarea cât mai îndelungat a vorbitorului alolingv într-un mediu propice însu irii limbii studiate f a aduce atingeri limbii materne. Republica Moldova este un stat pluricultural i plurilingv, în care, pe lâng limba de stat, sunt vorbite limbi ale minorit ilor na ionale: rusa, bulgara, ucraineana, g uza etc. Studierea limbii române de c tre studen ii alolingvi, viitori profesori de limba i literatura român în colile cu predare în limba rus , prin metoda imersiunii par iale permite însu irea func ional-comunicativ la un nivel înalt al limbii de stat, contribuie la o în elegere mai bun a valorilor culturale ale b tina ilor i ale popoarelor conlocuitoare, ofer mobilitate pe pia a muncii. Cuvinte-cheie: comunicare, imersiune lingvistic total , imersiune lingvistic par ial , limb de comunicare, limb str in , limba a doua/limb int , student alolingv, plurilingvism, stereotip cultural, bariere în comunicare. La connaissance de plus d'une langue est l’élément central d'une communication efficace dans une société pluriculturelle. Les langues reflètent notre identité et les différences culturelles, mais, en même temps nous permettent de nous comprendre. Le plurilinguisme est aujourd'hui, avant tout, un avantage concurrentiel. La maîtrise de plusieurs langues supprime les obstacles à la communication et les stéréotypes culturels, développe une pensée critique et, forme 332__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ ainsi une personnalité libre et mobile. L'accent est mis principalement sur les langues européennes. Le concept d'une langue européenne s’est réalisé de plus à l'heure actuelle, où s’est établie une mobilité croissante de la population dans les diverses parties du monde, ainsi que diverses situations économiques, politiques et militaires conduisent à l'établissement permanent ou temporaire dans divers pays, notamment dans l'ouest de l'Europe, de nombreux travailleurs étrangers, fonctionnaires internationaux, réfugiés, exilés, etc. 1 La mobilité, cependant, n'est pas seulement économique, mais aussi culturelle, non seulement parce qu'elle offre des possibilités de travail et d'éducation, des échanges culturels etc. La situation dans la République de Moldova, où environ un tiers de la population parle des langues minoritaires (en russe, bulgare, ukrainienne, gagaouze etc.) 2 , la langue roumaine apparaît comme la langue d'enseignement. Bien que rares, mais il y a des cas où les élèves d’une école russe, poursuivent des études supérieures en groupes d'étudiants pour qui le roumain est langue maternelle. Généralement, les candidats possèdent de très bonnes connaissances de langue roumaine et l'utilisent couramment comme langue maternelle. Dans ces circonstances, nous avons l'exemple le plus vaste et le plus profond du bilinguisme où les gens qui « possèdent et utilisent deux langues également, à tous les niveaux (grammaire, vocabulaire, terminologie, langue standard, compétences de communication en situation professionnelle) et sous toutes ses formes (écrite, orale, simplement comme idée), considèrent maternelles les deux langues ».3 Dans la plupart des cas, les diplômés des écoles ne se forment pas les compétences de communication nécessaires pour une intégration harmonieuse dans la société contemporaine, dans laquelle la connaissance de la langue d' État est de plus en plus nécessaire. Un cas spécial présentent les groupes autochtones, des étudiants qui choisissent la spécialité suivante: enseignement de la langue roumaine dans les écoles russes. Dans les conditions de la République de Moldova la langue roumaine est étudiée par les représentants des minorités nationales, non pas comme une langue étrangère, mais comme une langue seconde. 4 Contrairement à l'étude de la langue étrangère qui n'est pas imposée par la nécessité de survivre, la connaissance de la langue seconde est dictée par le besoin 1 Sala Marius, Vintil -R dulescu Ioana. Limbile Europei. Bucure ti: Univers Enciclopedic, 2001, pp. 6-7. 2 Ibidem: 43. 3 Condrea Irina. Bilingvismul în societatea diglosic . Limba român – mijloc de integrare social în Republica Moldova. Chi in u: Editura ARC, 2004, p. 74. 4 Predarea i înv area limbii prin comunicare. Ghidul profesorului. – Coordonator: E. Constantinovici. Chi in u: Editura Cartier, 2003, p. 18. ________________________________________________________333 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ d'intégration dans une société qui parle une autre langue que la langue maternelle. Si une langue étrangère est étudiée par le simple intérêt, afin de trouver un emploi mieux payé etc., la négligence de la langue seconde peut entraîner un conflit socioculturel. Selon l’avis des spécialistes dans le domaine, les problèmes liés au processus d'apprentissage de la langue comme langue seconde sont: • l'apprentissage d’une langue est un processus qui suppose des capacités cognitives universelles impliquant de la psyché humaine et qui reflète les propriétés de l’esprit humain; • le processus d’apprentissage d’une langue au début est le même, quelle que soit la culture ou l'âge; • le langage du niveau débutant est enseigné à l'aide des formules fixes qui aident les stagiaires à dépasser plus facilement des difficultés; • les formules utilisées à l'étape initiale sont préfabriquées et diffèrent souvent des modèles appris par la suite, qui sont créatifs.5 Du point de vue de la didactique, dans le processus d'enseignementapprentissage du roumain comme langue seconde on utilise les mêmes méthodes et techniques, traditionnelles et interactives. Les méthodes les plus efficaces utilisées parfois dans les classes ou groupes de langue roumaine comme langue seconde sont: la discussion, l’explication, les exercices, les études de cas, le jeu de rôle etc.6 L'un des moyens les plus efficaces pour l'étude de la langue roumaine comme langue seconde pour une utilisation ultérieure comme langue de travail est la méthode de l’immersion linguistique. Ainsi, par l'immersion linguistique on comprend le temps passé par la personne qui étudie le roumain comme langue seconde dans un milieu favorable à l’apprentissage de la langue roumaine à un niveau avancé sans diminuer le rôle de la langue maternelle. La méthode de l’immersion est basée sur le développement, la mise en œuvre et l'extension de la langue de formation, en tenant compte de la spécificité du socio-culturel existant. Les programmes d'immersion linguistique précoce ont été élaborés et mis en œuvre en 1965 dans les écoles de Montréal, au Canada, dans le but de faciliter l'étude de la langue française par les étudiants, les résidents anglophones du Québec. Parmi les pratiques existantes d'immersion linguistique internationale il faut mentionner: les cours de français de Nice depuis 1990 au cadre de l'école Azurlingua. L'école dispose d'une vaste expérience d'enseignement de la langue française aux non-francophones, d’accueil et d’hébergement des personnes. Les cours offrent un moyen d'être dans une immersion linguistique réelle de la langue 5 6 Ibidem: 19. Pour voir les méthodes les plus appropriés dans l'enseignement de la langue roumaine comme langue seconde, nous recommandons le volume coordoné par Elena Platon, qui « soulève des questions sur les méthodes actuelles et les approches théoriques en ce qui concerne la formation et le développement des compétences de communication en langue roumaine ». 334__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ française, qui fait partie de la vie quotidienne. l’hébergement dans une famille d'accueil est souvent une bonne occasion de connaître les Français, leur mode de vie et leur culture. Les programmes d'immersion aux Etats-Unis ont commencé en 1971 avec un programme d'immersion espagnol à Culver City, Californie. Dans l'espace post-soviétique il existe des pratiques d'immersion linguistique qui mettent en valeur la maîtrise fonctionnelle des langues officielles, ainsi que des langues maternelles, et qui permettent une meilleure intégration des minorités nationales dans la vie le développement socioculturel, politique et économique du pays dans lequel ils vivent et travaillent. Les pionniers de ce domaine sont les pays baltes. En Estonie, par exemple, en 2000, a été créé le Centre de l'immersion linguistique qui fonctionne par la décision du Ministère de l'Education de l'Estonie. Après la période de mise en œuvre du programme se distingue: • immersion débutante, à partir de la maternelle; • immersion moyenne, qui commence dans les classes secondaires; • immersion tardive, mise en place à l'école secondaire. La récompense pour l'utilisation est la meilleure façon d'apprendre une langue. C'est le principe de base de l'immersion linguistique, dans lequel l'étudiant est « plongé » entièrement ou partiellement dans un milieu linguistique qu'il étudie. Nous pouvons mentionner les autres avantages de cette méthode: la maîtrise fonctionnelle-communicative de la langue; - la simplification du processus de stockage des phénomènes linguistiques en raison de l'attractivité du processus d'enseignement; - l'extension des possibilités de connaissance de l'histoire, de la culture et des coutumes des peuples qui y habitent; - la mobilité sur le marché du travail etc. Dans les conditions de la République de Moldova nous parlons de la possibilité d'une immersion partielle de langue dans la société, parce que les locuteurs non natifs dans de rares cas sont obligés de parler la langue roumaine. La situation linguistique est telle, qu'on passe facilement au russe qui est connu et parlé par la majorité des citoyens. Dans cet article, nous essayons de présenter quelques donnés avec statut préliminaire, que nous avons réussi à obtenir après l'application des questionnaires au milieu des étudiants autochtones à la Faculté de philologie de l'U.P.S. « Ion Creanga », Chi in u. L'échantillon intervievé se composait des étudiants des I à III années, diplômés des écoles russes, qui étudient la langue et la littérature roumaines (première spécialité) et bulgare ou en anglais (seconde spécialité). L'enseignement de toutes les disciplines pour la première spécialité est effectué en conformité avec le plan d'éducation seulement dans la langue roumaine. Ainsi les étudiants sont placés dans un environnement qui est bénéfique pour apprendre la langue roumaine et le language de spécialité nécessaire pour l'activité professionnelle ultérieure. ________________________________________________________335 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Les résultats obtenus après la distribution d'un nombre d'environ 45 questionnaires ont établi qu'aucune des personnes interrogées ne savait rien de l'immersion comme méthode d'enseignement-apprentissage d'une langue. La majorité des étudiants ne sont pas Moldaves. Ils sont venus de différents districts de Moldavie, principalement des villages habités par les minorités nationales du sud de la Moldavie (les districts de Comrat, Taraclia, Ceadir-Lunga, etc.). La vision des étudiants sur leur appartenance nationale présente un grand intérêt. Les 45 personnes qui ont étudié la langue russe se sont définis comme Russes – 3, Bulgares – 5, Gagaouzes – 5, Ucraniens – 7, Moldaves – 15. Une autre conclusion, assez optimiste, après une première analyse pour nous était le fait que, pour la plupart des écoles, diplômés des écoles russes l'étude de la langue par la méthode de l'immersion ne présente pas un problème (35 étudiants) et seulement 10 personnes rencontrent des difficultés à acquérir les sujets étudiés. Afin de suivre l'évolution de la communication en langue seconde, nous avons appris que les familles de 14 interviewés parlent en russe, 3 – en gagaouze, 3 – en bulgare, dans les 25 autres cas dans la famille on communique en 2 ou même 3 langues: bulgare, russe et ukrainienne, l'enfant – en russe, ses parents – en roumain. Récemment on a découvert parmi les langues de communication entre les membres de la famille la langue italienne et turque comme suite du départ de l'un des parents pour travailler à l'étranger. L'image change dans le cas de la communication dans la ville, ou avec des amis/ collègues. Seulement 7 élèves n'utilisent pas la langue roumaine dans la communication sociale, étant en ville, 10 étudiants parlent seulement roumain et 28 interviewés utilisent les deux langues. La communiquation avec des amis ou des collègues se fait par l'intermédiaire de la langue roumaine dans huit cas, en russedans 7 cas, les 30 autres étudiants communiquent dans les deux langues: en roumain et en russe. Au niveau socio-culturel, l'un des aspects importants supris par nous à l'aide du questionnaire, est la croyance des interviewés que par le biais de la langue roumaine, ils ont appris beaucoup de choses nouvelles sur l'histoire, les valeurs culturelles et morales du peuple roumain et des groupes ethniques vivant dans le pays. Cette conviction découle directement des contacts entre les représentants des différentes ethnies et la mise en place des étudiants dans un milieu linguistique où on communique plus en roumain. Toutes les personnes interrogées ont répondu affirmativement à la question si ils ont trouvé quelque chose de nouveau dans l'histoire et la culture du pays par le biais de l'étude de la langue roumaine. Les réponses à la question quels sont les éléments d'étude de la langue roumaine par cette méthode ont confirmé les caractéristiques essentielles de l'enseignement par l'immersion: • le professionnalisme de l'enseignant; • le soutien solide de la langue étudiée, répendu dans la communauté; 336__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ • la division claire et sans interruption des langues au cours de l'enseignement. Les étudiants non Moldaves indiquent les facteurs suivants qui favorisent l'enseignement-apprentissage de la langue roumaine en plongeant dans un environnement linguistique et culturel favorable à ce processus: • étant dans l'environnement, nous entendons constamment la langue roumaine, nous apprenons plusieurs mots nouveaux, nous apprenons la langue plus vite (D. Burlacu); • la présence des enseignants flexibles qui utilisent des méthodes appropriées pour l'enseignement accessible à la matière (E. Platon); • l'enseignement des disciplines de spécialité étudiées offre la possibilité d'apprendre la matière d'une manière plus profonde (Sala, M., I. Vintil dulescu); • l'étude des différences entre les deux langues par l'utilisation de la languecible (I. Condrea); • la communication plus facile en langue roumaine; • on lit plus en roumain; • on commence à penser en roumain; • les étudiants ayant un niveau plus bas de connaissance du roumain s'adaptent plus difficilement, mais plus vite; • la langue roumaine est enseignée en même temps avec les termes spécialisés etc. Toutefois, les étudiants non autochtones, surtout les étudiants en I-ière année, mentionnent qu'outre des performances obtenues en raison de l'étude de la langue roumaine par l'immersion, ils doivent faire face à un éventail d'obstacles socioculturels et linguistiques. Les intervievés avertissent que: • nombre d'étudiants ont un vocabulaire qui ne suffit pas à l'étude depuis la Iière spécialité en langue roumaine. Cela exige d'eux un effort supplémentaire dans la préparation des questions, ou un apprentissage peu profond de la matière; • l'apprentissage initial de la matière se produit par la traduction du russe/ native, cet exercice n'est pas facile; • en mettant l'accent sur le rôle de l'enseignant dans le processus éducatif, les étudiants mentionnent que dans certains cas les différences de mentalité et de culture mènent à un désaccord entre les enseignants et les étudiants. En conclusion, nous pouvons dire que la pratique de la formation des futurs enseignants en minorité, les futurs enseignants de langue et littérature roumaines dans les écoles d'enseignement en russe, nous demontre l'efficacité de l'enseignement et l'apprentissage d'une langue seconde par l'immersion. La méthode décrite permet l'étude de la langue en même temps avec l'acquisition d'une terminologie spécialisée, offre aux étudiants la possibilité d'obtenir des connaissances sur la culture, les coutumes et les traditions des groupes ethniques qui y habitent, forme des compétences de communication dans la langue étudiée. En plus, nous considérons que la Moldavie doit acquérir l'expérience des pays européens dans lequels l'étude de la langue de la majorité de la population ________________________________________________________337 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ parlant d'autres langues l'immersion est réalisée à toutes les étapes de l'éducation: les établissements préscolaires (la maternelle), lycée (collège, lycée) et établissements d'enseignement supérieur. L'enseignement des 50 % des disciplines à l'étape du préuniversitaire dans la langue étudiée faciliterait beaucoup la formation des compétences de communication, créerait des premises à l'intégration civique et professsionnelle, à l'avenir socio-culturel et professionnel des minorités nationales. Bibliographie *** Dic ionarul explicativ al limbii române. Edi ia a II-a. Bucure ti: Univers Enciclopedic, 1998. *** Predarea i înv area limbii prin comunicare. Ghidul profesorului. Coordonator: E. Constantinovici, Chi in u: Editura Cartier, 2003. Condrea, Irina. Bilingvismul în societatea diglosic . Limba român – mijloc de integrare social în Republica Moldova. Chi in u: Editura ARC, 2004. 74-80. Platon, Elena. Limba român ca limb nematern (RLNM) în ciclul liceal – fundamentarea unui domeniu de cercetare. Elena Platon, Diana Burlacu, Ioana Silvia Sonea, Procesul de predare/ înv are a limbii române ca limb nematern (RLNM) la ciclul liceal. Cluj-Napoca: Editura Casa C ii de tiin , 2011. Sala, Marius, Les politiques linguistiquies en Roumanie. Aria curricular „Limb i comunicare” – concepte, politici, experien e didactice. Revist de pedagogie. 4-6, 2009, p. 13. Sala, Marius, Ioana Vintil -R dulescu, Limbile Europei, Bucure ti: Univers Enciclopedic, 2001. 338__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ Éléments savants gréco-latins dans la tridimensionnalité de la langue Daniela E ANU-DUMNAZEV, Eugenia MINCU L’Université d’État de Médecine et Pharmacie «Nicolae Testemi anu» Chi in u Abstract Language develops in perpetuum mobile, being receptive to new things in society, externalizing it verbally. Greek and Latin scholar elements form the nucleus of international lexicon, but the words formed on the basis of such universals become internationalisms and hold an interlingual position. Thus, the language expresses the universal new, unifying the specialized knowledge. In its three-dimensionality (word object, word word, word ego hicnunc). Greek and Latin scholar elements become axes word object. Word formation through the Greco-Latin elements is an expression of the abstraction and intellectualization of specialized language. Words formed by Greco-Latin elements are conscious creations of scientists, are paternal need to be generated from the recent discovery denominations, new things. By exclusive conjunction of scholar elements, we obtain a new meaning, able to render the nature of things. Keywords: language, three-dimensionality, science elements, specialized language, universals. Rezumat Limba se dezvolt in perpetuum mobile, fiind receptiv la noul lucrurilor în societate, exteriozându-l verbal. Elementele savante greco-latine formeaz nucleul lexiconului interna ional, iar cuvintele formate în baza acestor universalii devin interna ionalisme i de in o pozi ie interlingvistic . Astfel, limba red noul universal, unificând cuno tin ele specializate. În tridimensionalitatea limbii (cuvânt obiect, cuvânt cuvânt, cuvânt ego hic nunc), elementele savante se atribuie primei axe – cuvânt obiect. Formarea cuvintelor prin intermediul elementelor greco-latine este o expresie a tendin ei de abstractizare i de intelectualizare a limbajului specializat. Cuvintele pe care le formeaza elementele grecolatine sunt crea ii con tiente ale savan ilor, sunt paterne fiind generate din necesitatea de a denomina descoperirea recent , noul lucrurilor. Prin conjunc ia exclusiv de elemente savante, se ob ine o semnifica ie nou , apt de a reda natura lucrurilor. Cuvinte-cheie: limb , tridimensionalitate, elemente savante, limbaj specializat, universalii. La langue dans sa tridimensionnalité (mot objet, mot mot, mot ego hic nunc) est une réflexion intellectuelle de l’esprit du temps, de la réalité existante. I. Dimension sémantique. La première axe, mot objet, représente la liaison indispensable entre le mot et l’objet, parce qu’ une langue est formée d’un certain nombre d’objets externes, dont l’esprit utilise comme signes 1. Le nouveau dans la langue est exprimé par des mots-emprunts ou par des moyens personnels de 1 Saussure, F. Scrieri de lingvistic general , Ia i: Editura Polirom, 2004, p. 212. ________________________________________________________339 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ formation des mots. La formation des mots et en particulier, la composition par des éléments gréco-latins comme mécanisme de formation de nouvelles unités lexicales qui désigneraient ‹‹le rapport naturel›› entre les choses 2 est attribuée à la première axe, mot objet, y compris la relation motivationnelle; à partir de la motivation initiale du mot aux éventuelles modifications qu’un mot supporterait d’un exemple à l’autre. II. Dimension syntaxique. La seconde dimension réside dans la relation mot mot, formée par l’acte de motivation, par l’abstraction. La sémantique de cette dimension est formée par les relations entre les mots, le processus de l’unification des unités de la langue. III. Dimension pragmatique. La troisième dimension est formée par l’axe mot ego hic nunc qui exprime la fonction déictique du mot, car dans une société toutes les activités sont dictées par les besoins existants (dura necesitas), mais les choses, étant des événements sociaux dans la dénominalisation de ces besoins, elles-mêmes représentent la fonction de ces choses 3. Ces hic et nunc de la société font varier l’univers entier. L’existence d’un lexicon général international est déjà prouvée qui comprend: a) des unités lexicales autonomes et non-autonomes; b) des règles phonologiques, morphologiques, lexicales etc. utilisables en fonction des demandes d’information; ayant comme objectif la standardisation et la planification linguistique. Les mots formés en vertu de ce lexique, en particulier des éléments gréco-latins ont un statut d’internationalismes et occupent une position interlinguistique4. Unités lexicales autonomes: Provenant du grec aorte5 le lexème aorte a été utilisé pour la première fois par Hippocrate. Aorte, comme ça a été nommé ‹‹un conduit dont le lumen était rempli avec de l’air et où étaient suspendus les poumons››. Homer a comparé l’aorte avec une courroie qui pendait une arme à feu. Aristotel la considérait une grande artère qui soutenait le coeur. Le terme a un statut d’internationalisme et une position interlinguistique: roum. aorta, fr. aorte, angl. aorta, allem. aorta, ital. aorta, russe etc. Dans la médecine: aorte – l’artère principale qui conduit le sang oxygéné du coeur vers toutes les parties du corps. Unités lexicale non-autonomes: a) L’etymologie de l’élément savant mys, myos présente un intérêt particulier. Son nom provient du latin misc ce qui signifie souris. On a remarqué que la forme et le mouvement de certains muscles, en particulier du biceps 2 Ibidem: 214 Rey, A. La terminologie: noms et notions, Paris: Le Robert, 1979, p. 54. 4 Mincu, E. Afixoidele în procesul de neologizare a limbii, Chi in u: Medicina, 2009, p. 20. 5 Holomonova, A., Ivanova, A. History and the root of angiology, Intitute of Foreign Languages, Faculty of Medicine, Bratislava, 1950, pp. 364-368. 3 340__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ ressemble à la forme et aux mouvements des souris. Une telle analogie a été faite en grec: mys signifie muscle et souris, de mys provident aussi le segment my-/myo-, emprunté par d’autres langues. En slave signifie ‹‹souris››, tandis que signifie ‹‹bras››. En allemand ‹‹maus›› signifie ‹‹muscle›› et ‹‹souris››, en arabe ‹‹adalah›› signifie ‹‹muscle›› et ‹‹adal›› signifie ‹‹souris›› 6. Muscle – organe du corps de toutes les vertebrés et de la plupart de nonvertebrés, formé d’un tissue fibreux et charnu qui, grâce à ses propriétés fondamentales, la contractibilité et l’élasticité, met en fonction différents organes et parties du corps. Le terme myalgie, formé par l’association de deux éléments savants myos ‹‹muscle›› et algos ‹‹douleur›› et indique la présence de douleurs musculaires, est acquis de plusieurs langues: roum. mialgie, fr. myalgie, angl. myalgia, allem. myalgie, russe etc. b) L’étymologie d’un autre élément savant mneme, mnesia n’est pas moins intéressante, grâce à son origine mythologique. Mnémosyne était d’une beauté indescriptible qui a découvert l’utilité du pouvoir de l’esprit 7 8. Elle a donné un nom à chaque objet, pour faciliter la communication entre les terriens. Le fait le plus important est qu’elle a donné aux hommes le pouvoir, la capacité de mémoriser. Si l’homme est privé du don de la déesse, il ne pourra pas savoir qui il est ou ce qu’il est et à chaque instant de la vie il sentira, pensera et agira comme un nouveau-né. Ainsi, le mot mémoire provient du grec mneme, mnesis. Dans la pratique médicale il y a des mots qui comprennent ce segment. Dans la médecine: Amnesie – perte de mémoire. Par la suite, nous insistons sur le troisième élément hypnos, lui aussi d’origine mythologique. Hypnos, dans la mythologie grecque est le Dieu du sommeil9 10, le frère-jumeau de Thanatos. Tous les deux étaient les fils de Nyx, la déesse de la nuit. Elle habitait dans une grotte près de la riviere Lethe, la riviere de l’oubli. Hypnos provoque le sommeil temporaire, tandis que Thanatos – le sommeil éternal, c’est à dire la mort. Ainsi, Hypnos était le Dieu du sommeil et des rêves, mais son frère cadet, Thanatos – Dieu de la mort, et la nuit était leur nourrice. Selon la Théologie d’Hesiod, Hypnos demeurait dans le monde souterrain sans voir le soleil, mais pendant la nuit il en sortait et donnait aux hommes un repos calme. 6 Ramoutsaki, Ioana Ph. D., Ramoutsakis, Ioannis Md., Demosthenesouras, GCCP (Heraklion, Creta, Grecia). Pneumonology or Pneumology, American Journal of Roentgenology, 2002, pp. 1385-1387. 7 Perry, Pepper. Proceeding of the American philosophical society, Universities Pennsylvania, vol. 94, nr. 4, august, 1959, p. 364. 8 Christos, S. Geogiades. Etymology of selected medical terms used in radiology. The mythologic connection, Departamentul de Radiologie “John Hopkins”, 4 oct., 2001, pp. 1101-1107. 9 Perry, Pepper. Proceeding of the American philosophical society, Universities Pennsylvania, vol. 94, nr. 4, august, 1959, p. 365. 10 Christos, S. Geogiades. Etymology of selected medical terms used in radiology. The mythologic connection, Departamentul de Radiologie “John Hopkins”, 4 oct., 2001, pp. 1101-1107. ________________________________________________________341 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ Dans l’Iliade, Hypnos est avant tout un homme, dont Homer dit que la Nuit l’a sauvé de la colère de Zeus, dans ces conditions, la force cosmique que Zeus a décidé de respecter. Le mot attesté dans la médecine hypnotherapie – méthode de traitement par hypnose (hypnos – sommeil, therapeia – traitement) est inclus dans la lexicologie internationale: roum. hipnoterapie, fr. hypnothérapie, angl. hypnotherapy, allem. hypnotherapie, russe etc. Ainsi, la création de nouveaux mots ne s’accomplit pas ex nihilo autant en plan morphologique que sémantique: divers néologismes contiennent la nouveauté par l’association originale de morphèmes déjà enregistrés (dérivation, composition, conversion), mais découpés de façon originale accédant au statut de néomorphes. La préexistence et l’existence de ces unités forment le système, même si les nouvelles combinaisons comblent les lacunes 11 . Les sources de renouvellement continu du lexique international sont le grec et le latin, car le miracle de la langue grecque, systématisé et transmis par le génie latin ne peut pas concevoir la ‹‹spiritualité moderne›› 12. L’élément savant bios est actualisé comme partie constituante du mot biographie en 1951, suivi par le mot biologie – 180213, ayant le sens « de vie ». L’analyse statistique de l’inventaire lexical contenu dans la lettre B, Grand Dictionnaire de Néologismes 14 a mis en évidence les choses suivantes: partiellement savant bios s’atteste dans 235 mots. Le sens primaire ‹‹de vie›› est présent seulement dans 25 mots, utilisables dans les domaines suivants: biologie, agriculture, chimie, production alimentaire, écologie, astronomie, géographie et médecine. Autrement dit, on atteste une modification du sens primaire par l’acquisition de nouvelles significations, en fonction du spécifique du domaine d’activité qui éxige cet élément. Ainsi, ‹‹les processus de la vie››, biologie, médecine – 9 termes; ‹‹de nature biologique››, biologie, médecine – 90 termes; ‹‹organes vitaux››, biologie, médecine – 29 termes; ‹‹d’origine organique››, géographie, agriculture, géologie, biochimie – 11 termes; ‹‹le comportement de l’ organisme››, philosophie, psychologie – 6 termes; ‹‹organismos vivants››, biologie, biophysique, biochimie, agronomie – 38 termes; ‹‹homme, vie et activité humaine››, bioénergétique, cinématographie, littérature, transport – 5 termes; ‹‹la substitution des organes vitaux››, médecine, biophysique – 2 termes; ‹‹santé››, ‹‹médecine››, paléontology, médecine, pharmacologie, virusologie, biomédecine – 6 termes etc. Il est opportun de mentionner la variabilité sémantique du bios qui par l’association sémantique supporte des modifications du concept initial: vie 11 Cusin-Berche, F. Le lexique en movement, création lexicale et production sémantique, Langage, Revue trimestrielle, Paris : 1999, décembre, p. 13. 12 Matei, H. O istorie a lumii antice, Chi inau: Universul, 1993, p. 15. 13 Dauzat, Al. Dictionnaire étymologique de la langue française, Paris: Librairie Larousse, 1938, p. 89. 14 Marcu, F. Marele Dic ionar de Neologisme, Bucure ti: Editura Saeculum I.O., 2000. 342__________________________________________________________ DIMENSIONS LINGUISTIQUES ET DIDACTIQUES DE LA COMMUNICATION _________________________________________________________________________________ homme activité humaine; vie santé; médecine etc.; ce qui démontre la capacité de l’élément savant de pénétrer divers domaines d’activité. Conclusions La nécessité des créations savants survient des besoins sociaux de connaître et reconnaître et aussi de manipuler les choses. Cette règle, rapportée à la pratique linguistique est acceptable pour tous les domaines d’activité sociale; dont chacun comprend une multitude de nouvelles choses, la connaissance desquelles forme le langage spécialisé d’un tel ou tel domaine. Les mots crées par l’association des éléments savants dans la tridimensionnalité de la langue (mot objet, mot mot, mot ego hic nunc) correspondent à la dimension mot objet; il est inclus dans le dictionnare universel d’unification et de standardisation du langage spécialisé. L’afflux de nouveaux mots pénétrés dans la langue. Durant une période assez limitée, engendre des modifications visibles de sens (l’exemple de l’élément scientifique bios – diversités de signification ont été demontré dans l’article cidessus). Bibliographie Christos, S. Geogiades. Etymology of selected medical terms used in radiology. The mythologic connection, Departamentul de Radiologie “John Hopkins”, 4 oct., 2001. Cusin-Berche, F. Le lexique en movement, création lexicale et production sémantique, Langage, Revue trimestrielle. Paris, décembre, 1999. Dauzat, Al. Dictionnaire étymologique de la langue française, Paris: Librairie Larousse, 1938. Holomonova, A., A., Ivanova. History and the root of angiology. Institute of Foreign Languages, Faculty of Medicine, Bratislava, 1950. Marcu, F. Marele Dic ionar de Neologisme, Bucure ti: Editura Saeculum I.O., 2000. Matei, H. O istorie a lumii antice, Chi inau: Universul, 1993. Mincu, E. Afixoidele în procesul de neologizare a limbii, Chi in u: Medicina, 2009. Perry, Pepper. Proceeding of the American philosophical society, Universities Pennsylvania, vol. 94, nr. 4, august, 1959. Ramoutsaki, Ioana Ph. D., Ramoutsakis, Ioannis Md., Demosthenesouras, GCCP (Heraklion, Creta, Grecia). Pneumonology or Pneumology, American Journal of Roentgenology, 2002. Rey, A. La terminologie: noms et notions, Paris: Le Robert, 1979. Saussure, F. Scrieri de lingvistic general , Ia i: Editura Polirom, 2004. ________________________________________________________343 LA FRANCOPOLYPHONIE 7, vol. 2 2012 _________________________________________________________________________ La formation des compétences de communication argumentative Lilia G LU Université Pédagogique d’État « Ion Creang », Chi in u Abstract The present paper approaches current issues in fully formation of an autonomous personality as it is the communication competences formation. Based on these premises of the time, in recent years, the Romanian language and literature curriculum proposes a change of emphasis - from the accumulation of knowledge and information on communication skills. Note that communicative competence is not identical with that knowledge or skills that a person holds about language and communication, but their mobilization, their practical implementation. We have insisted on argumentative communication, because the modern individual is always in the position to convince the other, to show something, to impose a viewpoint. We have elucidated the forms of the arguments, an argument's structure, which are the most effective techniques and training methods of argumentative communication skills. Keywords: communication competence, argumentative communication, reasoning and ways of reasoning, communication techniques, forms of argumentation. Rezumat Prezenta lucrare vine s abordeze o problem actual în formarea integral a unei personalit i autonome cum este formarea competen elor de comunicare. Pornind de la aceste premize ale timpului, în ultimii ani, Curriculumul la limba i literatura roman propune o schimbare a accentului de pe cuno tin e i acumularea de informa ii pe dezvoltarea competen elor de comunicare. Se men ioneaz c competen a de comunicare nu se identific cu acele cuno tiin e sau capacit i, abilit i pe care persoana le de ine despre limbaj i comunicare, ci mobilizarea acestora, punerea lor în practic , în activitate. Am insistat asupra comunic rii argumentative, doarece omul contemporan este mereu pus în situa ia de a convinge pe cel lalt, de a demonstra ceva, de a impune un punct de vedere. Am elucidat care sunt formele argument rii, structura unui argument i care sunt cele mai eficiente tehnici i metode de formare a competen elor de comunicare argumentativ . Cuvinte-cheie: competen de comunicare, comunicarea argumentativ , argumentare, modalit i de argumentare, tehnici de comunicare, forme de argumentare. La formation intégrale et harmonieuse d’une personnalité autonome et créative, utile pour la société, doit se produire en vertu du développement continu des habitudes de communication active, lecture et écriture; de l’éducation intellectuelle, esthétique, professionnelle, technologique, morale civique et religieuse. Dans ce sens, la communication argumentative est un élément important de la démarche didactique, tant pour la fixation des connaissances, pour l’habitude des élèves d’utiliser les connaissances acquises tout au long des années d’études, de différentes sources, pour savoir motiver un point de vue plus convaincant, que 344__________________________________________________________