Brochure - académie de Caen
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Brochure pédagogique Plan de l’exposition 5 4 1 3 6 2 9 10 7 Service éducatif 8 Denis TESSIER t. 02 33 22 99 23 f. 02 33 22 96 66 [email protected] Permanence : jeudi de 8h à 12h 1. Henri Salesse 2. 3. 4. Jean Michaud Robert Doisneau Henri Salesse 5. 6. Jean-Phillippe Charbonnier Henri Salesse 7. Henri Salesse Centre d’art/éditeur 107, avenue de Paris 50100 Cherbourg-Octeville 8. 9. Pierre Boulat Henri Salesse [email protected] www.lepointdujour.eu Cherbourg, 1959 Le Point du Jour Montreuil-sous-Bois, 1953 Petit-Quevilly, 1952 Rouen, 1951 Le Chambon-Feugerolles, 1953 10. Deux films : Éli Lotar et Jacques Prévert Aubervilliers (1946, 25 min.) Claude Moignard et Yvon Hecht Côté Cour (1950, 15 min.) Horaires du Centre d’art Mercredi, jeudi et vendredi 14h à 18h Samedi et dimanche 11h à 19h Entrée libre Henri Salesse Enquêtes sur l’habitat 1951-1953 Exposition du 17 octobre 2009 au 14 février 2010 Pistes pédagogiques Références bibliographiques à la bibliothèque ` du Point du Jour Atget, une rétrospective Collectif Hazan, 2007 Walker Evans Lloyd Fonvielle Konemann, 1998 Doisneau Brigitte Ollier Hazan, 1996 Le Style documentaire Olivier Lugon Macula, 2004 Programme CULTURE HUMANISTE Les pratiques artistiques individuelles ou collectives développent le sens esthétique, elles favorisent l’expression, la création réfléchie, la maîtrise du geste et l’acquisition de méthodes de travail et de techniques. Elles sont éclairées, dans le cadre de l’histoire des arts, par une rencontre sensible et raisonnée avec des œuvres considérées dans un cadre chronologique. Primaire Par sa relation avec les gens dont il fait le portrait, son attention aux lieux qu’il représente, la qualité des cadrages et des lumières, Henri Salesse fait véritablement œuvre de photographe. Certaines images peuvent évoquer un « style documentaire » dans la lignée de Walker Evans, d’autres la « photographie humaniste » représentée par Robert Doisneau. Une vingtaine d’œuvres de photographes français contemporains de Salesse permettront de mesurer ici proximité et différence. Cette exposition largement augmentée illustre la richesse des relations entre œuvre et document, histoire sociale et histoire de la photographie. De ce point de vue encore, les enquêtes d’Henri Salesse constituent une réelle découverte. Dans l’exposition, deux films – Aubervilliers (1946) d’Éli Lotar et Jacques Prévert, et Côté Cour (1950) de Claude Moignard, sur les taudis de Rouen – rappellent la situation d’urgence et la vivacité du débat public, au cours de la décennie qui précéda l’appel de l’Abbé Pierre. (extrait du texte de présentation de l’exposition) PRATIQUES ARTISTIQUES ET HISTOIRE DES ARTS Pratiques artistiques La sensibilité artistique et les capacités d’expression des élèves sont développées par les pratiques artistiques, mais également par la rencontre et l’étude d’œuvres diversifiées relevant des différentes composantes esthétiques, temporelles et géographiques de l’histoire des arts. Arts visuels Conjuguant pratiques diversifiées et fréquentation d’œuvres de plus en plus complexes et variées, l’enseignement des arts visuels (arts plastiques, cinéma, photographie, design, arts numériques) approfondit le programme commencé en cycle 2. Cet enseignement favorise l’expression et la création. Il conduit à l’acquisition de savoirs et de techniques spécifiques et amène progressivement l’enfant à cerner la notion d’œuvre d’art et à distinguer la valeur d’usage de la valeur esthétique des objets étudiés. Pratiques régulières et diversifiées et références aux œuvres contribuent ainsi à l’enseignement de l’histoire des arts. Questions Histoire des arts Progressif, cohérent et toujours connecté aux autres disciplines, l’enseignement de l’histoire des arts vise à : – susciter la curiosité de l’élève, développer son désir d’apprendre, stimuler sa créativité, notamment en lien avec une pratique sensible ; – développer chez lui l’aptitude à voir et regarder, à entendre et écouter, observer, décrire et comprendre ; – enrichir sa mémoire de quelques exemples diversifiés et précis d’œuvres constituant autant de repères historiques ; – mettre en évidence l’importance des arts dans l’histoire de la France et de l’Europe. Les périodes historiques Le XXe siècle et notre époque. Les six grands domaines artistiques Les arts du visuels : arts plastiques, cinéma, photographie. La liste de références Des œuvres cinématographiques (dont des œuvres illustrant les différentes périodes historiques) et photographiques. • Quel est l’objet du travail photographique d’Henri SALESSE ? Répondez à partir d’exemples précis. • Dans quel contexte travaille-t-il ? • Que signifie l’expression « habitat défectueux » ? Comment Henri SALESSE le représente-t-il ? • Henri SALESSE ne s’intéresse-t-il qu’à l’habitat ? Justifiez votre réponse. • Un genre photographique : la photographie humaniste, expliquez à partir d’exemples précis, le sens du mot humaniste. • Que nous apprennent aujourd’hui les photographies d’Henri SALESSE ? Pistes pédagogiques Références bibliographiques à la bibliothèque du Point du Jour Atget, une rétrospective Collectif Hazan, 2007 Walker Evans Lloyd Fonvielle Konemann, 1998 Collège HISTOIRE DES ARTS Thématique « Arts, espace, temps » L’œuvre d’art et l’évocation du temps et de l’espace : construction (vitesse, durée, répétition ; perspectives, profondeur de champ ; illusions d’optique) ; découpages (unités, mesures, âges de la vie, époques, âge d’or) ; formes symboliques (clôture, finitude, mélancolie, nostalgie, Vanités, Thanatos ; ouverture, infinité, euphorie, Eros). L’œuvre d’art et la place du corps et de l’homme dans le monde et la nature : petitesse / grandeur ; harmonie / chaos ; ordres / désordres) ; les déplacements dans le temps et l’espace (voyages, croisades, découvertes, expéditions, migrations) et leur imaginaire (rêves, fictions, utopies). Par sa relation avec les gens dont il fait le portrait, son attention aux lieux qu’il représente, la qualité des cadrages et des lumières, Henri Salesse fait véritablement œuvre de photographe. Certaines images peuvent évoquer un « style documentaire » dans la lignée de Walker Evans, d’autres la « photographie humaniste » représentée par Robert Doisneau. Une vingtaine d’œuvres de photographes français contemporains de Salesse permettront de mesurer ici proximité et différence. Cette exposition largement augmentée illustre la richesse des relations entre œuvre et document, histoire sociale et histoire de la photographie. De ce point de vue encore, les enquêtes d’Henri Salesse constituent une réelle découverte. Dans l’exposition, deux films – Aubervilliers (1946) d’Éli Lotar et Jacques Prévert, et Côté Cour (1950) de Claude Moignard, sur les taudis de Rouen – rappellent la situation d’urgence et la vivacité du débat public, au cours de la décennie qui précéda l’appel de l’Abbé Pierre. (extrait du texte de présentation de l’exposition) Thématique « Arts, Etats et pouvoir » Doisneau Brigitte Ollier Hazan, 1996 L’œuvre d’art et le pouvoir : représentation et mise en scène du pouvoir (propagande) ou œuvres conçues en opposition au pouvoir (œuvre engagée, contestatrice). L’œuvre d’art et la mémoire : mémoire de l’individu (autobiographies, témoignages), inscription dans l’histoire collective (témoignages, récits). Thématique « Arts, ruptures, continuités » Le Style documentaire Olivier Lugon Macula, 2004 L’œuvre d’art et la tradition : ruptures (avantgardes), continuités (emprunts, échos, citations), renaissances (l’influence d’une époque, d’un mouvement d’une période à l’autre, historicisme). La réécriture de thèmes et de motifs (poncifs, clichés, lieux communs, stéréotypes) ; hommages (citations), reprises (remake, adaptation, plagiat), parodies (pastiche, caricature). L’œuvre d’art et le dialogue des arts : citations et références d’une œuvre à l’autre ; échanges et comparaisons entre les arts (croisements) . ARTS PLASTIQUES • Comment Henri SALESSE photographie-t-il les espaces intérieurs ? • Analyser plastiquement la technique photographique de SALESSE : le point de vue, la distance de prise de vue, la lumière naturelle ou artificielle ? • Définir la photographie humaniste ? • Dans l’exposition, quels rôles jouent la présence des différentes références : Pierre Boulat, Jean-Philippe Charbonnier, Robert Doisneau, Jean Michaud ? LETTRES • La description, le regard social ? • Le documentaire • Le réel, La mise en scène ? HISTOIRE GÉOGRAPHIE • Photographier la pauvreté ? • La situation sociale au milieu du XXe siècle ? • L’hygiénisme architectural / l’habitat défectueux Pistes pédagogiques Références bibliographiques à la bibliothèque du Point du Jour Atget, une rétrospective Collectif Hazan, 2007 Thématique « Arts, réalités, imaginaires » L’art et le réel : citation, observation, mimétisme, représentation, enregistrement, stylisation ; L’art et le vrai : aspects du vrai, aspects mensongers, trompe-l’œil, tromperie, illusion ; Walker Evans Lloyd Fonvielle Konemann, 1998 L’art et l’imaginaire : inventions artistiques (transpositions et récits de rêves, de cauchemars, créatures, personnages et motifs fictifs, univers légendaires, fantastiques mythologiques. Thématique « Arts, théories et pratiques » Doisneau Brigitte Ollier Hazan, 1996 Le Style documentaire Olivier Lugon Macula, 2004 Lycée HISTOIRE DES ARTS L’art, la doctrine et sa mise en pratique : textes théoriques, manifestes, méthodes, écrits d’artistes, d’esthéticiens. Application et transgression des dogmes (doctrines, canons, textes prescriptifs) ; instances derégulation (les écoles et établissements de formation, les académies) ; L’art et ses conventions : courants dominants (conventions, tendances, influences, modes, mouvements, opinions, doxa) ; discussions et débats (controverses, dialogues, polémiques, querelles). L’art et les pratiques sociales : normes professionnelles, corporations, guildes, compagnonnage, salons, groupes, associations, syndicats, sociétés d’artistes. Par sa relation avec les gens dont il fait le portrait, son attention aux lieux qu’il représente, la qualité des cadrages et des lumières, Henri Salesse fait véritablement œuvre de photographe. Certaines images peuvent évoquer un « style documentaire » dans la lignée de Walker Evans, d’autres la « photographie humaniste » représentée par Robert Doisneau. Une vingtaine d’œuvres de photographes français contemporains de Salesse permettront de mesurer ici proximité et différence. Cette exposition largement augmentée illustre la richesse des relations entre œuvre et document, histoire sociale et histoire de la photographie. De ce point de vue encore, les enquêtes d’Henri Salesse constituent une réelle découverte. Dans l’exposition, deux films – Aubervilliers (1946) d’Éli Lotar et Jacques Prévert, et Côté Cour (1950) de Claude Moignard, sur les taudis de Rouen – rappellent la situation d’urgence et la vivacité du débat public, au cours de la décennie qui précéda l’appel de l’Abbé Pierre. (extrait du texte de présentation de l’exposition) ARTS PLASTIQUES • En seconde, autour de la thématique « l’œuvre et l’image » : Analyse de la matérialité du médium photographique et son rapport au réel Les questions documentaire / œuvre d’art ? La reproduction, diffusion, médiatisation de l’œuvre • En première, autour de la problématique « l’œuvre et le lieu » : Le lieu figuré, son traitement photographique La représentation, le documentaire social, l’engagement ou non du photographe • En terminale, autour de la problématique « l’œuvre et le corps » : Le corps figuré, le corps dans l’espace Le corps et l’expérience sensible du monde et des autres Le statut de la production ou de l’œuvre, sa reconnaissance artistique et ses éventuelles mises en question. LETTRES • La description, le regard social ? • Un genre photographique : la photographie humaniste • Décrire, dénoncer ? HISTOIRE / GEOGRAPHIE • Les espaces de la ville, l’environnement urbain, l’explosion urbaine • Photographier la pauvreté ? Images des conditions de vie au milieu du XXe siècle ? • L’hygiénisme architectural / l’habitat défectueux. Pistes pédagogiques Rapprochements photographiques Henri SALESSE, rouen 1951 Henri SALESSE Rue des Ursins, Paris Eugene Atget, 1900 Henri SALESSE Bedroom of relief family, Hamilton Co., Ohio. Mydans, Carl 1936 Washstand in the dog run and kitchen of Floyd Burroughs' cabin. Hale County, Alabama, Walker EVANS 1936 Questions Confronter des photographies d’Henri Salesse, d’Eugene ATGET en 1900, de Carl MYDANS, un des photographes de la FSA, sur une thématique quasi similaire “l’habitat, constats et rénovations” en 1935 et 36, permet de s’interroger sur : • Les contraintes et les conséquences de la commande sur le travail du photographe. • L'entrée de la photographie documentaire dans le champ artistique... • La relecture, à l’aune des pratiques contemporaines, d’un travail photographique de commande. La commande photographique Le travail photographique d’Henri SALESSE pose la question du contexte particulier de la commande photographique, quelle soit institutionnelle, politique, artistique. Quelle influence à cette situation sur le travail du photographe ? N’est-il qu’un simple exécutant ? Quel est sa part d’autonomie ? Est-il témoin ou artiste ? Cette question est présente des le début de la photographie avec le Mission Héliographique de 1851.... La Mission héliographique (Wikipedia) fut la première commande d'État passée à des photographes en 1851, elle est considérée comme un événement majeur de l'histoire de la photographie, Baldus, Bayard, Le Secq, Le Gray et Mestral furent désignés pour cette campagne, parmi les meilleurs photographes de l'époque. Ils ont accompli un long périple au cours de l'été 1851 pour photographier, à la demande de la commission des Monuments historiques, des bâtiments avant restauration. Baldus traverse la Bourgogne et se rend jusqu'en Provence. Soucieux d'enregistrer une vue d'ensemble de chaque édifice, il met au point un système sophistiqué d'assemblages de négatifs. Dans des panoramas de plus en plus complexes, il saisit les bâtiments de façon large pour en traduire la monumentalité. Le Secq se rend dans le Nord et l'Est de la France. Imprégné d'une vision romantique de l'architecture médiévale, il s'attache en priorité aux ensembles décoratifs pour en saisir les motifs et les contours. Le Gray et Mestral, qui ont voyagé ensemble, ont accompli un immense périple au cours duquel ils réalisent plus de six cents prises de vues. Ils prennent une grande liberté par rapport à la commande, privilégiant avant tout la composition de leurs images. Bayard qui s'est rendu en Normandie a effectué le parcours le plus court. Il n'a rien remis à l'administration. Une poignée de photographies peut cependant être rattachée à ce voyage. La Farm Security Administration (FSA) (Wikipedia) est un organisme américain créé par le ministère de l'agriculture en 1937, chargé d'aider les fermiers les plus pauvres touchés par la Grande Dépression. La FSA est le successeur de la Resettlement Administration, créée en 1935, (mais le nom étant peu utilisé, on utilisera le sigle FSA indifféremment pour l'un ou l'autre des programmes). Il s'agit de l'un des programmes du New Deal mis en place par Roosevelt à la suite de la Grande Dépression. C'est par sa section photographique dirigée par Roy Stryker de 1935 à 1942 que la FSA marque l'Histoire : le projet consiste à faire un bilan objectif des conditions de vie et de travail des Américains ruraux. Roy Striker recrute une douzaine de photographes, parmi lesquels on compte : Walker Evans, Dorothea Lange, Jack Delano, Harold Corsini, Sol Libsohn, Arnold Eagle, Russell Lee, Carl Mydans, GordoParks, Sheldon Dick, Theodor Jung, Charlotte Brooks, Arthur Rothstein, Ben Shahn, John Vachon, Martha McMillan, Roberts Marion, Post Wolcott, Marjory Collins, Richard Saunders, Edwin Rosskam, Louise Rosskam. Mais l'objectivité visée officiellement par ce projet ne peut dissimuler le véritable dessein gouvernemental : il s'agit en réalité de convaincre l'Amérique de l'utilité des réformes de Roosevelt. Roy Striker, inspiré par le travail de Lewis Hine, choisit les photographes en fonction de leur engagement social et politique. À travers 270 000 documents photographiques, les photographes, chacun à leur façon, dressent un portrait très humain de l'Amérique en crise. Les portraits de Mère migrante de Dorothea Lange ou de Fermiers en Alabama de Walker Evans marquent profondément les Américains de l'entre-deuxguerre (...) Cette indécision et cette relative méconnaissance de la photographie, va permettre dès le départ une prise d'initiative forte des photographes et Walker Evans, jouissant du statut de "Senior Information Specialist", va dès lors en tracer les grandes lignes. En 1935, Walker Evans part en mission et rapporte des photographies s'inscrivant dans la lignée de ses précédents travaux. Prises à la chambre, d'une impeccable précision, elles s'attachent à l'architecture vernaculaire, aux intérieurs, aux pancartes et aux affiches autant qu'aux problèmes directement traités par laFSA... La mission photographique de la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale) (Wikipedia), est une commande publique passée au départ, en 1984, à 12 photographes. L’objectif est de « représenter le paysage français des années 1980 ». Conçu comme un projet ponctuel d’une année le projet a pris de l’ampleur et c’est au final 28 photographes, français et étranger, qui ont parcouru la France pour constituer un fond de 2 000 épreuves photographiques. Celles-ci, ainsi que les planches contacts de 200 000 prises de vues, sont conservées à la Bibliothèque nationale de France. C’est Bernard Latarjet et François Hers qui ont assurés la direction de la mission . Dominique Auerbacher, Lewis Baltz, Gabriele Basilico, Bernard Birsinger, Alain Ceccaroli, Marc Deneyer, Raymond Depardon, Despatin & Gobeli, Robert Doisneau, Tom Drahos, Philippe Dufour, Gilbert Fastenaekens, Pierre de Fenöyl, Jean-Louis Garnell, Albert Giordan, Frank Gohlke, Yves Guillot, Werner Hannapel, François Hers, Joseph Koudelka Suzanne Lafont, Christian Meynen, Christian Milovanoff, Vincent Monthiers, Richard Pare, Hervé Rabot, Sophie Ristelhueber, Holger Trülzsch. Eugène ATGET Photographe/artiste/précurseur ? “Pourquoi regarder ces photographies à l’aune d’une histoire de la photographie qui ne s’est construite que progressivement qu’à partir des années soixante ? Pourquoi valoriser cette documentation photographique dans le champ artistique alors qu’elle n’a été reconnue ni par son auteur ni diffusée au-delà d’un cercle étroit de commanditaire “ Dit Didier MOUCHEL La redécouverte et la promotion artistique du travail photographique d’ATGET pat Berenice ABBOTT et les surréalistes pose une question tout à fait similaire. Eugène Atget (Wikipedia) est né d’un couple d’artisans de la banlieue parisienne. Orphelin à l’âge de cinq ans, Eugène Atget est élevé par ses grands-parents. Après de courtes études secondaires, il s’embarque comme mousse dans la Marine marchande, et sera, de 1875 à 1877, sur un navire des lignes d’Afrique. En 1878, de retour à Paris, il tente d’entrer, sans succès, aux cours d’art dramatique du Conservatoire. Il doit alors accomplir son service militaire. En 1879, il tente de nouveau le Conservatoire, et réussit. Il commence une carrière d’acteur qu’il poursuivra durant quinze ans, sans grande réussite ; en 1885, il entre dans une troupe ambulante de comédiens. Son métier lui aura au moins permis de rencontrer, en 1895, Valentine Delafosse-Compagnon, qui deviendra sa femme. L’année suivante, victime d’une affection des cordes vocales, il abandonne le théâtre et Paris pour se lancer dans la peinture, le dessin et la photographie. Dès 1890, il est de retour à Paris pour s’essayer à la peinture, sans grand succès. Il comprend vite que les peintres, architectes et graphistes ont besoin de documentation, c’est alors qu’il se tourne vers la photographie. Il commence à photographier systématiquement, avec l’intention de réunir une collection documentaire à destination des peintres. Il s’attache d’abord à des sujets mineurs : les « petits métiers de Paris » qu’il voit disparaître, les cours d’immeubles, les devantures des boutiques (il vend ses tirages aux commerçants pour une somme modique). Ce travail l’amène à développer le projet de photographier tout ce qui, à Paris, est artistique ou pittoresque. Les institutions telles que la Bibliothèque nationale perçoivent l’intérêt documentaire d’une telle collection : c’est par milliers qu’elles achètent ses photographies. En 1899, le couple s’installe au 17 bis, rue Campagne-Première (où se situeront les dernières scènes d’À bout de souffle). Malgré son illustre clientèle d’artistes (Georges Braque, André Derain, Maurice Utrillo, Maurice de Vlaminck, André Dunoyer de Segonzac, Moïse Kisling, Tsugouharu Foujita), la situation financière d’Atget est précaire (le couple vivra pendant un temps sur les seuls revenus de sa femme), particulièrement durant et après la Première Guerremondiale, au cours de laquelle il cesse progressivement de photographier jusqu’aux années 1920. Madame Atget meurt en 1926. Et c’est peu avant sa mort dans la misère, le 4 août 1927, que les surréalistes, notamment Man Ray grâce à son assistante Berenice Abbott, découvrent son oeuvre. Par la publication de divers articles et ouvrages sur son travail, Berenice Abbott permet de faire connaître la documentation qu’il a constituée sur les quartiers anciens de Paris. Elle écrit au sujet d’Atget : « On se souviendra de lui comme d’un historien de l’urbanisme, d’un véritable romantique, d’un amoureux de Paris, d’un Balzac de la caméra, dont l’oeuvre nous permet de tisser une vaste tapisserie de la civilisation française. » En 1927, l’année de la mort d’Atget, le musée des monuments historiques de Paris acquiert 2000 plaques de son travail. L’oeuvre photographique d’Atget a particulière- ment intéressé le philosophe et critique Walter Benjamin dans son opuscule L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique ou encore dans sa Petite histoire de la photographie. Dans le premier opuscule, le travail photographique d’Atget fait figure de précurseur dans l’histoire de cette nouvelle catégorie esthétique, savoir la valeur d’exposition: «Sitôt que la figure humaine tend à disparaître de la photographie, la valeur d’exposition s’y affirme comme supérieure à la valeur rituelle. Le fait d’avoir situé ce processus dans les rues de Paris 1900, en les phot graphiant désertes, constitue toute l’importance des clichés d’Atget. Avec raison, on a dit qu’il les photographiait comme le lieu d’un crime. (...) Dans le procès de l’histoire, les photographies d’Atget prennent la valeur de pièces à conviction. C’est ce qui leur donne une signification politique cachée.» in Ecrits français La figure du Photographe par Olivier LUGON (extrait du texte sur le site internet de la BNF à propos d’ATGET)....Que dès la fin des années 1920, Atget devienne le héros de la modernité photographique reste jusqu’à aujourd’hui une énigme. Il incarne la perpétuation de modes descriptifs conventionnels dans un climat d’apologie de l’expérimentation, une production pléthorique et répétitive face à une définition de l’art fondée sur l’exception, un travail circonscrit à une unique thématique locale dans une période d’explosion des registres, enfin un projet dévoué à la préservation de l’ancien au plus fort du culte du nouveau… Face à de tels handicaps, il est clair que le succès n’est pas venu tout seul, qu’il a d’abord fallu façonner un Atget compatible avec cette modernité, ou plus exactement l’y faire entrer assez pour contribuer en retour à la changer. Cet apprêt va longtemps passer par le biais d’une autre photographe, l’Américaine Berenice Abbott. C’est elle en effet qui, en 1928, quelques mois après la mort d’Atget, achète le reste de son fonds de négatifs et de tirages, et, l’emportant à New York l’année suivante, en entame la diffusion internationale. Pendant des décennies, c’est presque exclusivement à partir de sa collection que s’organisera la promotion et l’étude du photographe, Abbott contrôlant à elle seule, en dehors de France, l’image qu’on a de lui, à travers le choix des clichés diffusés comme des éléments biographiques divulgués.... Tout salutaire qu’ait été cette exigence de véracité historique, on peut se demander si elle ne porte pas en elle une forme de contradiction. Si en effet, comme le montre Nesbit, la notion d’auteur doit être remise en cause par le fait que ce sont les utilisateurs autant que les producteurs qui « font » les photographies, pourquoi déclarer illégitimes les transformations successives que les usagers posthumes d’Atget, autant que ses clients contemporains,ont imprimées à ses images ? (...) Nier la vie changeante des images en photographie, c’est non seulement passer à côté d’une moitié de l’histoire, sans doute la plus passionnante, c’est aussi étouffer l’une des principales qualités du médium, sa formidable malléabilité. Vouloir libérer Atget du musée pour le rendre à l’archive, qui par définition ne serait pas l’art, c’est faire l’impasse sur le fait que sa réception a précisément contribué à rapprocher les deux. S’il ne peut être question de faire croire plus longtemps que son projet était de créer une oeuvre, il est tout aussi important d’examiner la façon dont son travail est malgré tout, malgré lui, devenu une oeuvre. Il faut accepter cet état de fait, désormais difficile à remettre en question : Atget n’a jamais été un artiste et il est un artiste – et dans ce mouvement même, il a contribué comme peu d’autres à modifier ce que recouvre ce mot. Prolongements Bibliographie Autres livres à consulter Images-mondes. De l'événement au documentaire, Paul Ardenne et Régis Durand, Monografik editions, 2007. Pour un nouvel art politique. De l'art contemporain au documentaire, Dominique Baqué, Flammarion, 2004. L'ombre du temps, Régis Durand, Michel Poivert, éditions du Jeu de Paume, 2004. Les photographies de la FSA GILLES MORA & BEVERLY W.BRANNAN SEUIL 2006 La France vue du sol Vincent Guigueno, Etudes photographiques n°18 mai 2006 Archivo Universal, la condición del documento y la utopía fotografía moderna, guide de l'exposition, Jorge Ribalta, Editions MACBA, 2008 La photographie, André Rouillé, Folio essais, 2006. Torture à Abou Ghraib : les médias et leur dehors Abigail Solomon-Godeau, paru dans Multitudes n°28, printemps 2007. On the Invention of Photographic Meaning, in Photography in Print, Allan Sekula, anthology edited by Vicki Goldberg, New-York,Simon and Schuster, 1981. Photography Against the Grain. Essays and photo works 1973-1983, The Press of the Nova Scotia, Allan Sekula, College of Art and Design, 1984. Paysages photographies DATAR 1985 Hazan Le statut de l'auteur dans l'image documentaire : signature du neutre, Gilles Saussier, Emmanuelle Chérel, Jean-Pierre Rehm, Allan Sekula, Michel Poivert,Olivier Lugon, Bruno Serralongue, Régis Durand, Jeu de Paume 2006 Prolongements... sitographie, expositions... Le site BNF sur ATGET http://classes.bnf.fr/atget/ Le site “l’histoire en images “du RMN http://www.photo.rmn.fr/ August SANDER jusqu’au 20 décembre 2009 Fondation Henri Cartier Bresson, Paris http://www.henricartierbresson.org/prog/PROG_expos_fr.htm# Le site de la Librairie du Congrès http://memory.loc.gov/ammem/fsahtml/fahome.html Le blog FOTODOC http://fotodoc.blogg.org/ JACOB A.RIIS jusqu’au 25 janvier 2010 MUSEE des BEAUX ARTS Caen http://www.mba.caen.fr/expos/2009/riis.html Prolongements... Citations Photographie documentaire ? «C’est à cette époque (vers 1930) que des photographes raffinés découvrirent les usages poétiques des faits regardés en face de façon brute, des faits présentés avec une telle réserve que la qualité de l’image semblait identique à celle du sujet. Ce nouveau style se fit appeler documentaire. c’est dans l’oeuvre de Walker Evans que cette approche de la photographie a été définie le plus clairement. Son travail semblait au premier abord presque l’antithése de l’art : il était austèrement économe, précisement mesuré, frontal, dépourvu d’émotion, sec dans sa texture, intensément attaché aux faits, caractères qui semblaient plus appropriés à un lvre de comptable qu’à l’art « John Szarkowski (Conservateur pour la photographie au MOMA de 1969 à 1991) à propos du travail de Walker EVANS, in «Le style documentaire « Olivier Lugon. «Documentaire ? Voilà un mot très recherché et trompeur. Et pas vraiment clair (...). Le terme exact devrait être Style doumentaire (documentary style). Un exemple de document littéral serait la photographie policière d’un crime. Un document à de l’utilité, alors que l’art est réellement inutile. Ansi, l’art n’est jamais un document, mais il peut en adopter le style. On me qualifie parfois de «photographe documentaire», mais cela suppose la connaissance subtiles de la distinction que je viens de faire, et qui est plutôt neuve. on peut opérer sous cette définition et prendre un main plaisir à donner le change. Très souvent, je fais une chose alors que me croit en train de faire une autre.... Je faisais des choses dont je pensais qu’elle étaient trop simples pour être des oeuvres d’art. Je commencais à me poser des questions. Je savais que je voulais être un artiste, mais je me demandais si j’étais vraiment un artiste. Je faisais des choses tellement ordinaires que, même si j’en percevais la singularité, je ne recevais aucun soutien. La plupart des spectateurs avaient tendance à dire : Ce n’est rien. ce n’est pas de l’art». Walker EVANS, in «Le style documentaire « Olivier Lugon. Photographie humaniste ? «Une des caractéristiques de la photographie humaniste est l’absence de voyeurisme, de quète du sensationnel, tant dans le reportage commandé que dans le travail pesonnel des photographes. il ne s’agit, ni d’étonner, ni de surprendre...Une autre spécificié, qui du reste en découle, est l’approche respectueuse du sujet,le refus de l’image indiscrète ou volée. Une relation implicite unit le photographe et son modèle». Laure Beaumont-MAILLET in 1945-1968 La photographie humaniste BNF 2006. «La photographie humaniste est un courant mais non une école. S’il existe, entre ces photographes, des points communs, un style, une morale, une posture, leurs regards sont néanmoins variés. L’internationalisation du marché de la photographie de presse associée aux commandes d’un État qui, après la déchirure de la guerre, souhaitait reconstruire une imagerie nationale consensuelle, a restreint l’éventail thématique de la photographie humaniste, en opérant un tri sélectif du corpus de ces reporters illustrateurs et en orientant leurs choix de prises de vue vers des sujets « pittoresques ». Aujourd’hui, les photographies les plus célèbres proposent la vision nostalgique d’une douceur de vivre qui, déjà à l’époque, semblait aller en sens inverse de la modernisation d’une France qui s’installait progressivement dans le culte de la performance. Le courant de la photographie humaniste coïncide avec l’apogée de la photographie document. Étroitement lié à une presse dont la fonction informative était forte, il était aussi animé par la perspective d’un monde meilleur. Mais, signe d’une époque soumise à une forme de désenchantement, nous sommes passés de la photographie-document à laphotographie-expression selon l’expression d’André Rouillé (André Rouillé, La Photographie, Gallimard, 2005). D’une image totalisante, qui montrait l’individu bien intégré à son territoire et au coeur de son espace, la photographie s’est mise, depuis plusieurs décennies déjà, à privilégier le fragment, le morcellement, comme si l’unité du monde et de l’homme était dorénavant rompue « Extrait du site internet de la BNF à propos la photographie humaniste.