Discours C-Duflot Bas Clichy - DRIHL Ile-de

Transcription

Discours C-Duflot Bas Clichy - DRIHL Ile-de
Cabinet de la ministre de l’Égalité des territoires
et du Logement
Paris, le 17 septembre 2012
Signature du protocole d’accord pour la mise en œuvre d’une stratégie
d’intervention partenariale sur les copropriétés du Chêne Pointu et de l’Étoile
du Chêne Pointu, dans le quartier du Bas Clichy
Monsieur le ministre,
Monsieur le préfet,
Messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du conseil régional,
Monsieur le président du conseil général,
Monsieur le maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations,
Messieurs les directeurs,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi aujourd’hui à la fois une fierté et un honneur que d'être avec vous ce matin
en tant que ministre de l'Égalité des Territoires.
Un honneur, parce que je sais que la tâche que nous entamons ce matin ne s'inscrit que
dans la suite du combat de nombreux acteurs, élus locaux ou militants associatifs, qui depuis
des années essaient ici, à Clichy-sous-Bois, et ailleurs, de faire entendre la voix de la raison.
Permettez-moi de saluer pour leur action ici tous les militants, tous les locataires, tous les
copropriétaires, et en particulier les militants du collectif AC Le Feu, qui ont fait entendre la
voix des habitants de ces quartiers.
Une fierté parce que c'est ainsi et ici que la mission d'égalité des territoires prend un sens.
Lorsque l'État s'engage pour mettre fin à une situation injuste et insupportable. Lorsqu'il prend
à bras le corps la réalité d'un territoire et sa souffrance sociale, et qu'il se donne les moyens
de dire et de faire : « plus jamais ça ».
L'égalité, ce n'est pas un simple mot, cela doit devenir une réalité. C'est d'abord ici, à
Clichy, là où c’est sans doute parfois plus difficile, qu'elle doit devenir réalité.
Pour la première fois depuis des années, l’ensemble des acteurs publics : l’État, la région,
le département, la commune, l’Anru, l’Anah et la Caisse des dépôts, se sont réunis autour
72 rue de Varenne – 75007 PARIS
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d’un objectif commun : venir en aide au Bas Clichy et résoudre la situation des copropriétés,
ou plutôt des copropriétaires et des habitants du Chêne Pointu et de l’Étoile du Chêne
Pointu. Je tiens vraiment à saluer la présence de l'ensemble des élus, du président de la
région Ile-de-France, du président du conseil général de la Seine Saint-Denis, mais aussi votre
présence, monsieur le directeur de la Caisse des dépôts et consignations, dont c’est votre
premier déplacement. Voici un signe très fort de l’attention nouvelle que porte la Caisse des
dépôts et consignations à la question de la crise du logement, et à la situation de certains
quartiers qui ont besoin de l’intervention de cet outil de l’État.
Après des années à entendre et à s'émouvoir, une stratégie claire, partagée, a enfin été
arrêtée. Assurément, beaucoup reste à faire, chacun le sait. Nous avons tous ici conscience
que les problèmes du Bas Clichy ne pourront pas être résolus sans un projet global de grande
ampleur. Mais les fondations sont désormais posées et toutes les énergies disponibles vont
pouvoir être mobilisées dans un même sens. C'est l’essentiel.
Le plan d’action qui a été élaboré fixe également des échéances à court terme afin que
des réponses rapides soient apportées aux problèmes concrets des habitants. C'est impératif.
Il y a beaucoup à faire. Des travaux de mise en sécurité des parties communes seront
réalisés, la fourniture de chauffage sera assurée, de façon à être certain qu’il fonctionnera
cet hiver. Et beaucoup d’autres choses, dont une gouvernance adaptée, qui sera mise en
place pour assurer la réalisation de ce programme d'actions. Le cap pour l'année à venir est
donc fixé. Je veillerai personnellement à ce qu'il soit tenu.
Je me félicite également du partenariat large autour de ce protocole. Car il ne peut y
avoir de solutions au cercle vicieux de la dégradation des copropriétés dégradées sans une
action concertée et coordonnée de tous les acteurs concernés.
Il était donc essentiel que les acteurs publics unissent leurs efforts pour apporter des
solutions coordonnées. En particulier, je souhaite que tous les services de l’État agissent de
concert sur ce dossier. Je sais que le préfet de la région et du département y porteront toute
leur attention. Lutter contre l’insécurité, c’est aussi ne pas permettre que des gens vivent
dans des conditions insupportables, parfois dangereuse pour leur santé et la santé de leur
enfants.
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Clichy-sous-Bois, c'est d'abord pour moi un engagement personnel.
Un engagement personnel, peut-être lié au quartier qui m’a vu grandir, et qui a été
renforcé en 2005 avec la conviction qu'aux émeutes urbaines on ne pourrait répondre par le
seul mot d'ordre de la sécurité. La réalité sociale de l'enclavement d'un territoire et de sa
relégation ne relève pas de la responsabilité de ses habitants. C'est celle de la puissance
publique qui l'a abandonné.
En 2009, accompagnée par Ali MEZIANE, j'ai découvert, sur le terrain, la situation du
Chêne Pointu. J'ai pu alors toucher du doigt la réalité d'un quartier délaissé, échanger avec
des habitants qui ne pouvait plus croire en personne, puisque tous les avaient abandonnés.
Nous y étions revenus depuis, avec Jean-Paul Huchon.
C'est ici que la politique se meurt. Lorsqu'on laisse seuls des élus locaux d'une qualité
exceptionnelle et d'un engagement sans faille, comme l'ont étés les maires Claude DILAIN,
puis aujourd’hui Olivier KLEIN, face aux doutes des citoyens. Je vous le dis : l’État vous
remercie, messieurs les maires, de faire face à ces difficultés au quotidien, quand parfois lui
fait défaut.
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Après notre élection au conseil régional d'Ile-de-France, avec Jean-Paul HUCHON, j'ai
mesuré la détermination personnelle exceptionnelle que portait Emmanuelle COSSE comme
vice-présidente de la région Ile-de-France pour que toutes les collectivités s'engagent. Je te
remercie Emmanuelle, je pense que les habitants te doivent beaucoup.
À l’époque, ni la mairie, ni le département, ni la région n'ont ménagés leurs efforts.
Pourtant l'État demeurait muet, ou plutôt dilatoire, et il faisait trop peu face à l'immensité de
l'enjeu. Parce que oui, s’occuper de Clichy-sous-Bois, c’est une responsabilité de l'État.
Dès le lendemain de ma nomination, c'est ici que j'ai voulu porter le message de l’égalité
des territoires. Mais l'heure n'était plus aux déplacements ministériels éclairs ou aux paroles de
seule dénonciation. Car il faut le dire : ici prospèrent des escrocs sur la misère de certains. La
situation des marchands de sommeil est inacceptable – nous allons travailler à un projet de
loi qui permettra que celles et ceux qui veulent lutter contre les marchands de sommeil de
pouvoir intervenir beaucoup plus rapidement et plus efficacement.
Mon devoir n’était pas seulement de venir vous voir, mais de revenir devant vous avec
des actes. Si le changement devait bien commencer quelque part, c'était ici au Chêne
Pointu.
C'est le sens du protocole que nous signons aujourd'hui. Ce protocole est d'abord celui
d'une réalité et d'un travail de longue haleine, qui ne fait que commencer. C'est un
engagement solennel, certes, mais c'est un engagement réel.
Je souhaite que la journée d'aujourd'hui soit un point de départ. Un point de départ pour
l'égalité des territoires. L'État reconnaît aujourd'hui qu'il ne doit plus y avoir en France de
territoires abandonnés, de quartiers délaissés, de villes reléguées, en banlieue mais aussi dans
les zones rurales. Cet engagement est un combat. Il prendra du temps, mais c'est un devoir.
Si la situation du Chêne pointu et de l'Étoile du Chêne pointu sont exceptionnelles par
l'acuité de leurs difficultés, il ne s'agit pourtant pas de cas isolés.
Dès aujourd'hui, nous nous attellerons à rénover ces copropriétés dégradées qui sont
nombreuses en France, et bien trop nombreuses en Seine-Saint-Denis. Nous avons vu ce qui
s’est passé, il y a dix jours, avec cet incendie à Saint-Denis : c’est inacceptable dans un pays
de droit, dans un pays qui met l’égalité au cœur de son projet. Nous modifierons la loi
pouvoir mieux intervenir et mieux réparer ces lieux abandonnés.
Mais les inégalités ne se résument pas à celles face au logement.
Dans le Bas-Clichy, les barrières qu'ils restent à franchir sont nombreuses.
Mauvaise desserte par les transports en commun, concentration des situations de difficultés
économiques et sociales, moyens publics locaux insuffisants... sont à la source de la spirale
de dégradation qui touche les copropriétés.
Des premières actions y contribueront prochainement, avec l'arrivée de transports en
commun en site propre, à court terme le T4 et à moyen terme le Grand Paris Express, avec
l'amélioration de la répartition géographique du logement social via le renforcement de la
loi SRU – qui a été adoptée la semaine dernière au Sénat et qui, je l’espère, sera adoptée la
semaine prochaine à l’Assemblée nationale – avec le projet de contrat de développement
territorial.
À Clichy comme ailleurs, les inégalités ne sont jamais uniques, mais méritent de
nombreuses attentions. C'est la mission de l'Etat que de reconquérir ses espaces et que de
redonner à ses habitants leurs droits les plus essentiels. Nous entamons depuis quelques mois
cette bataille. Elle sera de longue haleine et sans doute parfois encore douloureuse. Mais elle
sera surtout pleine d'espoir et de possibilités pour que demain ne ressemble plus à hier. Pour
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que les enfants du Bas-Clichy connaissent, dans quelques années, simplement le souvenir de
ce qui a pu être. C’est le sens de mon engagement, de notre engagement et l’honneur de
l’action politique lorsque la passion pour l'égalité est avant tout un combat pour la dignité.
Vous pouvez compter sur nous, et je serais heureuse de revenir avec François Lamy à
nouveaux, dans quelques mois, pour constater le résultat de ce nous lançons aujourd’hui
devant vous
Je vous remercie.