la lettre d`infos - Département de l`Ardèche

Transcription

la lettre d`infos - Département de l`Ardèche
Grégoire Deyirmandjian,
directeur régional de l’Asn
Prévenir le risque, qu'il soit naturel, technologique ou induit de manière chronique par les
activités de l'homme, consiste en tout premier
lieu à développer une solide "culture du risque"
chez chaque citoyen.
INFOS
PRATIQUES
>
Sites utiles
Sur ces différents sites
vous trouverez des informations
en lien avec le périmètre d’action
de chaque institution
www.ardeche.fr
www.asn.fr
www.ancli.fr
www.ardeche.pref.gouv.fr
www.irsn.fr
Contacts
CNPE de Cruas-Meysse
BP 30 - 07350 Cruas-Meysse
tél. 04 75 49 30 00
Asn – Division de Lyon
5 place Jules Ferry
69006 Lyon
tél. 04 26 28 60 00
Préfecture de l’Ardèche
Service interministériel
de défense et de protection civile
5, rue Pierre Filliat
BP 721
07007 Privas cedex
tél. 04 75 66 50 24
Courriel : defense-protection-civile@
ardeche.pref.gouv.fr
Cli de Cruas-Meysse
Conseil général de l’Ardèche
Hôtel du Département
07007 Privas
tél. 04 75 66 77 92
Courriel : [email protected]
Le point sur /
Des performances en retrait
Il y a les bons élèves et ceux, en retrait, qui doivent faire des efforts. Le CNPE de CruasMeysse appartient à la seconde catégorie. Voilà, en substance, la conclusion du rapport
annuel 2012 de l’Agence de sûreté nucléaire.
Même si le directeur régional de l’Asn, Grégoire Deyirmandjian, juge les performances de la
centrale ardéchoise « assez satisfaisantes dans l’ensemble », quelques points méritent
d’être améliorés.
Tout d’abord, 51 événements significatifs, dont 9 de niveau 1, ont été déclarés. Ils concernent
notamment les réacteurs 3 et 4 de la centrale. Ces chiffres sont légèrement supérieurs à
ceux de 2011. Nous relatons dans ces colonnes l’incident le plus problématique : l’incident
de niveau 1 qui s’est produit le 3 juin 2012 dans le bâtiment du réacteur numéro 4. Il est en
grande partie la conséquence, note l’Asn, de facteurs organisationnels et humains (manque
de rigueur, erreurs de maintenance…).
Les 16 visites d’inspection effectuées en 2012 sur Cruas-Meysse par des membres de l’Asn
ont également révélé d’autres faiblesses. En matière de radioprotection, l’Agence souligne
que « le CPNE de Cruas-Meysse doit s’améliorer sur l’accès en zone orange. L’Asn attend
une diminution notable du nombre d’événement
sur ce thème ».
Sur le plan des rejets (5 événements en 2012),
2012 EN QUELQUES
l’Asn souhaite qu’EDF se montre exemplaire
CHIFFRES
pour empêcher les rejets intempestifs, aussi
faibles soient-ils, dans l’environnement.
23,04 milliards de
Sur la face positive du bilan 2012, l’Agence de
kilowattheures la production de la
sûreté nucléaire pointe avec satisfaction les
centrale de Cruas-Meysse, soit l’équivalent
de 40 % de la consommation de la région
marques de transparence du site de CruasRhône-Alpes.
Meysse à la vue du nombre d’événements
déclarés par EDF. Elle relève aussi des progrès
1 260 le nombre de salariés d’EDF à la
centrale auquel on peut ajouter 440
importants constatés dans la gestion des essais
salariés d’entreprises partenaires à
périodiques (programmation, déclinaison) et
l’année.
dans la réduction des arrêts automatiques de
150 000 la quantité d’heures de
réacteur.
formation dispensées au personnel.
4 000 le nombre de personnes ayant
Lors du siècle dernier, nous sommes passés
d’une culture de la fatalité à celle de l’indifférence confortée par la relative rareté du risque
d’incident grave.
La CLI* de
Cruas-Meysse
*Commission locale
d’information
LA
LETTRE
D’INFOS
n°7
Il est nécessaire aujourd’hui de favoriser un
débat entre la source du risque et la société
civile tout en développant la culture du risque
auprès de l’ensemble des acteurs.
Le maire est responsable en dernier lieu de toute
la gestion des risques. La culture de la sécurité
du risque doit être partagée et ne doit pas être
vécue seulement comme une question pesante
et angoissante quand il y a un accident, puis
retomber ensuite dans l’oubli.
Il faut que nos concitoyens qui sont confrontés à
ces situations acquièrent une culture minimum
de connaissances de l’entreprise, de ses process, mais aussi de leur capacité à se protéger.
Ce sont les premiers concernés et les premiers
à devoir être conscients de la situation à
laquelle ils vont éventuellement faire face.
Ainsi, le code de l’environnement énonce le
droit des citoyens à l’information sur les risques
majeurs d’origine naturelle ou technologique
auxquels ils sont soumis.
Une campagne d’information régionale des
populations sur les risques industriels majeurs
va être engagée d’ici fin 2013. Elle vise notamment à favoriser le développement d’une culture
de la prévention des risques en diffusant une
information homogène et complète.
Cette campagne est coordonnée par la DREAL et
impacte l’Ardèche sur 4 zones d’informations :
autour de l’établissement ORRION à La Voulte
sur Rhône, autour du CNPE de Cruas-Meysse, du
CNPE du Tricastin et du CNPE de Saint Alban.
La prochaine Cli devrait évoquer en détail ce
sujet d’importance.
Pascal Terrasse
Président de la Cli de Cruas-Meysse,
Député et conseiller général de l'Ardèche
Actualités / Ce qui a été fait depuis
l’incident de décembre 2009
Un bon cas d’école : comment EDF tire-t-elle les leçons d’un incident de niveau 2 ?
Le 2 décembre 2009, le CNPE déclenche le plan d’urgence interne (PUI). A la suite
d’une hausse du débit du Rhône et de l’arrivée massive de végétaux, la réfrigération des matériels de la salle des machines est mise à mal. Tout comme on constate
une perte de débit sur le circuit de refroidissement des auxiliaires du réacteur.
Quelles mesures ont donc été prises depuis pour éviter ce type de déconvenue
(niveau 2) ? Toute une batterie d’actions anticipatives est d’abord opérée : liens
renforcés avec la Cnr, surveillance aérienne avec cartographie, consigne de
veille… Par ailleurs, en octobre 2010, est installée dans la station de pompage une
mesure de niveau d’eau à l’aide d’un capteur.
Sur le plan opérationnel, le pilotage de l’installation est amélioré avec notamment
la mise en place d’une nouvelle consigne incidentelle et le déclenchement plus
rapide du PUI.
Des actions, semble-t’il, probantes, puisque malgré des variations importantes du
Rhône en 2011 et 2012, aucun colmatage significatif des grilles n’a été relevé. Reste
que le système sera encore renforcé dans les années à venir avec une optimisation du profil d’entrée du canal de prise d’eau (limitation de colmatants), l’augmentation des capacités de dégrillage, la fiabilisation de perte de la source froide ou la
mise en place d’une mesure de niveau permanente en aval de la filtration.
visité la centrale.
La lettre de la Cli
est éditée par
Cli de Cruas-Meysse
Conseil général de l’Ardèche
Hôtel du Département - 07007 Privas
tél. 04 75 66 77 92
Courriel : [email protected]
Crédits photos : Thierry Guerraz / Matthieu Dupont /
CNPE Cruas-Meysse / CG 07
Mise en page : Pascal Challier
* Les Cli sont des instances de concertation et de suivi,
créées autour des Installations nucléaires de base (INB)
conformément à la loi du 13 juin 2006 relative à la
transparence et à la sécurité en matière nucléaire.
La CLI* de
Cruas-Meysse
*Commission locale
d’information
l’accès à la centrale :
une question de fond
Lors de la réunion de la Commission locale
d’information du 19 avril, son président, Pascal
Terrasse, a qualifié de « sérieux » le risque
terroriste dans les centrales nucléaires. Il est
revenu sur l’intrusion de Greenpeace sur le site
de Cruas le 5 décembre 2011 : « Quelles mesures
ont été prises depuis cet incident pour renforcer
les dispositions d’accès au site ? s’est-il
interrogé. C’est un sujet très important sur lequel
nous devons être d’une grande vigilance.
J’aimerais que nous abordions cette question
lors d’une prochaine Cli avec, par exemple,
l’intervention d’un membre du Ministère de
l’Intérieur. Nous avons besoin d’être informé et
rassuré ».
Point Technique /
Erreurs humaines sans conséquence
Coup de projecteur sur /
Vive la nouvelle génération !
Classé au niveau 1 par EDF mais n’ayant pas entraîné de Plan d’urgence
interne, l’incident du 3 juin 2012 sur le réacteur numéro 4 a révélé des
manquements dans la maintenance et la mise en configuration des circuits
(suite à un arrêt automatique du réacteur).
En 2014, le site de Cruas-Meysse remplacera ses générateurs de vapeur. C’est
la 26e opération de ce type en France qui nécessite de considérables moyens.
À l’arrêt depuis le 23 mars pour maintenance programmée et rechargement du
combustible, le réacteur numéro 4 s’apprêtait à redémarrer. Les opérations de
redémarrage se poursuivaient depuis le 18 mai.
Le 3 juin 2012, il était un peu plus de 12h lorsqu’est intervenue une erreur de
réglage sur une vanne du circuit de contrôle volumétrique et chimique du
réacteur numéro 4. À cela s’est greffée une erreur de mise en configuration du
circuit. Cette double conjonction a provoqué une fuite d’environ 150 mètres
cubes d’eau du circuit primaire restée confinée à l’intérieur du bâtiment réacteur.
Pour traiter le problème, EDF a amené le réacteur dans l’état dit « d’arrêt à froid », le 4
juin. L’ensemble de l’eau a été récupéré et traité dans les circuits normaux de
traitement des effluents. Le réacteur étant en phase de redémarrage, la réaction
nucléaire n’avait pas débuté au moment où s’est produite cette fuite : la sûreté
du réacteur n’a donc pas été affectée par cet événement.
Sur les lieux le 6 juin, l’Agence de sûreté nucléaire, soucieuse de mieux connaître les circonstances de l’événement, a relevé des dysfonctionnements dans les
processus de lignage et dans la mise en configuration des circuits et demandé
à EDF d’entreprendre des actions correctives dans ces deux domaines avant
d’autoriser le redémarrage du réacteur numéro 4. D’autant que cette tranche
avait déjà été le théâtre d’autres incidents entre le 24 mai et le 3 juin.
Dans l’esprit de l’Asn, ce n’est qu’une première étape. Comme elle le note fin
2012 dans son rapport annuel, « la centrale nucléaire de Cruas-Meysse doit
regagner la maîtrise du déroulement des arrêts programmés et progresser sur
la rigueur d’exploitation (pratiques de « performances humaines », formations,
culture de sûreté…) ».
Comme l’a souligné Philippe Bordarier, directeur de la centrale, « nous devons
tenir compte du renouvellement des compétences. C’est un des enjeux
majeurs pour EDF ».
Le représentant de la CFDT s’est dit lui « préoccupé car les gestes effectués
dans l’exploitation ou la maintenance ne sont pas anodins ».
Les générateurs de vapeur ? Des pièces essentielles dans les centrales
nucléaires. Leur fonction première est d’échanger la chaleur chauffée entre le
réacteur et le circuit secondaire qui fait tourner la turbine ou transporte la
chaleur produite. Face au vieillissement naturel des installations, EDF s’apprête
à se lancer dans de grandes manœuvres en changeant trois générateurs de
vapeur à la centrale de Cruas-Meysse. Commandés au Japon, ils seront
assemblés sur place par des membres d’Areva. Quelques chiffres pour situer
l’ampleur de l’opération : on estime à environ 300 000 le nombre d’heures de
travail, dont 100 000 en zone nucléaire effectué par quelques 1 000 à 1 500
intervenants au total. « Cela demandera près de trois mois de travaux entre le
découplage de l’unité de production et le changement effectif du générateur de
vapeur, essais de redémarrage compris », précise Philippe Bordarier, directeur
de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse.
Avec un coût de 45 millions d’euros pour l’achat de ces générateurs de vapeur,
l’investissement n’est pas neutre. On peut y ajouter les 10 millions d’euros
nécessaires pour la construction de trois bâtiments pour notamment
l’assemblage des nouveaux générateurs et l’entreposage des générateurs usés.
C’est d’ailleurs sur ce dernier point qu’est intervenu le président de la Criirad,
Roland Desbordes : « Une centrale nucléaire a-t’elle vocation à garder ses
déchets radioactifs sur site sans qu’aucune date ne soit avancée pour les
transférer ? J’aimerais qu’une prochaine Cli aborde ce sujet » s’est-il prononcé.
En outre, 2013 sera l’année de préparation des grands chantiers de 2014
marqués notamment par la visite décennale.
Générateur de vapeur
LA
LETTRE
D’INFOS
La Cli du 19 avril 2013
À propos des rejets
Lors de la Cli du 19 avril, Roland Desbordes,
le président de la Criirad (Centre de recherche et
d’information indépendantes sur la radioactivité)
a interpellé EDF à propos des rejets effectués
dans l’eau et dans l’atmosphère : « J’aurai
souhaité qu’EDF communique mieux sur ces
rejets et sur les éventuelles conséquences pour
la population » pour ensuite s’interroger : « les
normes autorisées ne sont-elles pas trop
élevées ? ». Philippe Bordarier, directeur de la
centrale nucléaire de Cruas-Meysse, lui a
répondu que les normes de rejet du nucléaire
figuraient parmi les plus basses de toutes celles
pratiquées par les industries.