Idée noire ou plus jamais je ne titillerai la fée verte
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Idée noire ou plus jamais je ne titillerai la fée verte
Question de point de vue Rue de Gembloux, 48 - 5002 Saint-Servais Tél : 081/73.40.86 - Fax : 081/74.28.33 [email protected] Idée noire ou plus jamais je ne titillerai la fée verte Cette analyse est téléchargeable sur : www.equipespopulaires.be Par Raphaël D'Amore Militant aux Equipes Populaires de Mons-La Louvière Avec le soutien de Drôle d’animal que l’homme. Terrifiant animal. Du genre à surpeupler la terre à raison de 3 rejetons par seconde, sans se soucier des suites. Capable d’être un loup pour son frère. Vrai génie de l’auto-extermination de masse. Mais aussi du genre à écrire des poèmes avant la bataille. « Le seul être de la création qui a ajouté la littérature au meurtre » ! Des idées noires, direz-vous peut-être. Oui. Mais avant tout, des idées. Nées d’une capacité à s’émouvoir et à s’indigner, puis à questionner. Ce qui est le propre de cet animal pensant qu’est l’homme. L’auteur, homo sapiens comme tant d’autres parmi nous, livre trois idées noires, dont voici la troisième. Nous sommes tous des Apollinaire ? Nous devenons le bourreau armé d’un fusil, d’une voiture polluante, d’un caddie de supermarché bourré de sacs plastiques qui finiront en dioxines et PCB (dérivés chimiques chlorés) dans le lait des mamans et la chair des bébés. Dieu que la guerre est jolie (partie 1) (citation de Guillaume Apollinaire) Nous sommes le seul animal de la création qui ajoute la littérature au meurtre. L’homme est l’unique être vivant qui compose des poèmes avant la bataille : ce qui ne l’empêche pas de salir son pantalon avant de monter à l’assaut, il anéantit ses semblables en chantant «la Madelon, l’Internationale, ou le cantique des cantiques…» mais il devient aussi sans aucun complexe le bourreau de la nature. Nous n’avons plus de prédateurs naturels - (ours des cavernes, tigres, requins…) - Il reste si peu de créatures bien peu agressives. Nous n’avons qu’un seul ennemi : les microbes, virus, bactéries… mais ces prédateurs sont lâches, invisibles, nous subissons la grippe, la peste, le paludisme. Frustration ! Ces ennemis bafouent les règles du combat singulier et donc nous retournons notre violence contre nous-mêmes, nous devenons nos tueurs à la fois prédateurs et proies. Ainsi nous créons les conditions de notre extinction. Dans les années soixante, Rachel Carson, dans son livre «Printemps silencieux», révèle l’empoisonnement de la chaîne alimentaire au DDT (insecticide). Il éveille le mouvement écologiste et amène à l’interdiction du DDT… Mais problème, nous répandons bien plus d’insecticide aujourd’hui que dans les années soixante. Nous saccageons notre planète dont nous avons besoin pour respirer, manger, boire, vivre… Nous inventons, avec une imagination sans limite, mille machines à tuer : la hache de pierre, la kalachnikov, les missiles nucléaires. 1 Nous fabriquons par milliers de tonnes de mégatonnes d’armes blanches, conventionnelles, chimiques, bactériologiques, atomiques. Nous appuyons sur la détente, mettons le feu aux poudres, lançons des gaz de combat. Nous préparons de terrifiantes épidémies de variole, de charbon (anthrax c’est la même chose, de gros bubons noirs et le grand noir au bout) et tout cela avec une facilité déconcertante… Nous arrivons à nous justifier "défense du monde libre", "guerre juste" et demain nous appuierons sur le grand feu d’artifice nucléaire. dans sa grotte jouit en mobilisant les mêmes molécules que Jack l’éventreur ou qu’un couple faisant l’amour… Le paradis communique avec l’enfer. Nous nous faisons hara-kiri, notre suicide nous fascine. Nous pleurons sur la tragédie humaine mais nous l’accélérons, la maison s’écroule et nous branchons la télévision, la fumée nous fait tousser, et nous regardons l’élection de miss blonde ou la coupe du monde de foot. Nous avalons avec un air béat la logorrhée des politiciens et des économistes qui nous promettent la croissance perpétuelle et s’extasient sur la progression d’un quart de point de l’indice de confiance de l’institut de statistiques. Ce noyau est farci de récepteurs de dopamine, un neurotransmetteur comme la sérotonine… On peut dire que c’est la molécule du bonheur… Toutes nos émotions, l’amour, la joie, la haine, la tristesse… ne sont qu’un mélange, un subtil équilibre entre ces molécules… en un mot comme en cent… rien que de la chimie. Fin du cours de biologie des passions. Dans notre cerveau, il existe des aires de plaisir et de récompense, tout se passe dans ce que l’on nomme cerveau primitif ou reptilien. C’est là que se trouve le support de la mémoire et des émotions ainsi que dans un petit organe insignifiant, négligeable "le noyau d’accumbens", et c’est dans cet amas de neurones que s’élabore le plaisir. Si Dieu existe, il se moque de nous derrière son nuage, mais si Dieu nous a créés, quel flop ! Quel raté historique ! ème Le 21 siècle sera belliqueux, la conclusion pourrait être une série de conflits terrifiants se terminant par une 3ème guerre mondiale… une apothéose, la guerre nucléaire, la dernière, la plus belle tant elle sera lumineuse et au final de ce feu d’artifice, l’humanité serait grillée, irradiée, affamée, anéantie sans le moindre espoir de renaissance. Ne resterait que les cafards et les scorpions. Lorsque ces récepteurs sont excités : nous aimons, nous adorons, nous sommes gratifiés par ce que l’existence possède de plus positif… l’extase… nous sommes heureux ! La peau s’échauffe, les yeux papillotent, la respiration s’accélère, le cœur bat plus fort, nous bavons, nous gloussons… Alléluia ! Nous avons un orgasme… Nous avons l’air idiot, béat, que nous voulons le revivre… bis repetita placent ! Allez hop ! Un petit verre de fée verte. Nous avons trois pulsions essentielles ancrées en nous. Le sexe, le territoire, la domination. Nous adorons qu’elles nous fouettent et nous fassent ramper… parce qu’elles nous font plaisir. Petit cours de biologie des passions Le plaisir et son cortège de fantasmes est subjectif, nous les renforçons par des images excitantes, d’où la notion de péché, base de toutes les religions, s’y trouve aplatie. Le schéma organique du bien et du mal, du vice et de la vertu, de l’amour et de la haine sont d’un poids moléculaire égal. L’ermite 2 Lorsque nous ressentons le plaisir, nous identifions la cause : un bon vin, un visage ami, le spectacle d’un sexe. Nous en mémorisons la source, nous cherchons à y revenir et nous nous retrouvons dépendants, en addiction, obligés d’augmenter la dose… Nous sommes tous accros, junkies. On a beau nous persuader que nous sommes adultes, vaccinés, rationnels, maîtres de nos passions, en vérité nous ne contrôlons rien, nous disons amen à nos circuits de la récompense que Freud nomme le «CA». Notre moi, notre surmoi, nos sentiments, notre religion, notre morale se plient aux oukases de nos récepteurs de dopamine. Dur à avaler hein ! Nous sommes drogués, nous en oublions jusqu'à ce que nous sommes : "homo sapiens" l’homme sage. Les stupéfiants majeurs les plus faciles à trouver sont le sexe, la domination, le territoire. Ce ne sont ni les moins chers, ni les moins dangereux mais ils sont légaux. égorgent l’infidèle en psalmodiant "Dieu est grand…". Les types de domination varient avec les époques : Les critères peuvent être socio-économiques : il en est ainsi dans l’antiquité (esclaves, plébéienspatriciens) ou l’Inde (intouchables aux maharadjahs), à la féodalité (serfs-clergé-seigneurs) ou dans les classes sociales (quart-monde, prolétariat, petite et moyenne bourgeoisie, capitaliste, world company…). La distinction relève parfois de la religion : dans les théocraties, curé, pope, pasteur, imam, rabbin sont infaillibles. Le degré de tolérance au sexe varie avec l’intensité de la coercition religieuse, les intégristes de tout poil fustigent l’acte charnel qui les obsède. La vibration érotique n’est pas la même dans l’occident de 1968 et dans l’Iran des mollahs. Imaginez un Woodstock à Téhéran : la musique rock, cent mille corps nus, sous un portrait de l’ayatollah Khomeiny en train de chanter "faites l’amour et pas la guerre sainte"… Stop ! J’arrête ce délire (les effets de la fée verte sans aucun doute…). Les fous d’Allah, les barbus hurleraient au sacrilège. A qui porte la bonne parole par le prosélytisme ou la guerre sainte, on promet la domination suprême… UNE PLACE AU PARADIS… Du côté du territoire et de la hiérarchie, tout est permis. Encouragées, la possession, la domination sont élevées au rang des valeurs : on les récompense par des biens matériels, salaires, profits, médailles. Chaque fois que nous étendons notre territoire ou que nous prenons le dessus sur quelqu’un, nous jouissons. Un flot de dopamine et autres molécules nous envahissent et on ne demande qu’une seule chose RECOMMENCER… Devenir plus riche, plus puissant. A l’inverse, nous souffrons si un concurrent nous dépasse. Comme tout animal, nous aimons notre territoire parce que nous nous y sentons en sécurité, il nous garantit notre approvisionnement : nourriture, eau, air… Il accroit nos chances de rencontrer un partenaire sexuel (Spinoza dirait : qu’il permet à notre être de préserver dans son être) ! Nous ne connaissons pas d’expression plus douce que "faire son nid, fonder un foyer"… Le sans-abri est malheureux, le nomade inquiète, suscite la suspicion, le rejet, la haine… Nous n’avons plus conscience que nous sommes dans une société où l’on meure lentement… et que notre ultime territoire sera celui d’une concession au cimetière. Nous défendons nos biens comme un chien sa niche… Avec les utopies communistes, le territoire, la hiérarchie prennent un autre sens : Tout le monde a la même valeur, mais comme l’écrivait Georges Orwell dans la ferme des animaux "certains sont plus égaux que d’autres". Les dirigeants du parti épousent la cause du peuple… Ils mangent du caviar… mais prolétarien… ils vivent dans des palais… mais se font appeler «camarades»… ils citent Marx… le congrès applaudit… preuve qu’ils aiment les masses populaires… Ils s’appellent Lénine, Staline, Mao, Castro, El Che… Ils séparent le bon grain de l’ivraie gauchiste ou révisionniste en appliquant la vertu égalitaire des chars d’assaut dans les rues de Budapest, Prague, ou Tien’anmen. D’autres codes d’évaluation sont moins lourds que les tanks : Le bulletin scolaire, le tableau d’honneur, le championnat de foot… Il leur arrive également de faire des morts. Nous utilisons tous les moyens pour escalader l’échelle sociale : la banque, la politique, le commerce, l’escroquerie, le droit, les médias et même l’amour et l’amitié. Les stratégies de groupes excellent : le corporatisme, le communautarisme, le poujadisme, le populisme triomphant. Il s’ensuit une foire d’empoigne dont la guerre n’est que le délire suprême… L’orgasme sadomasochiste… Partout l’individu affronte l’individu, le groupe défie le groupe. Dans le manifeste du parti communiste Marx lance : PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS UNISSEZ-VOUS ! Devant le spectacle de ceux qui se battent pour leur clocher, leur ethnie, leur religion, je crie : «INDIVIDUALISTES DE TOUS LES PAYS RESTEZ-LE !» Il suffit d’observer les relations entre voisins, les collègues au travail, les politiciens, les écrivains, les philosophes qui se haïssent en dissertant sur la bonté universelle, ces humanitaires qui se disputent les victimes ou ces soldats de la vraie foi qui Allez hop ! Un petit verre d’absinthe. 3 Un autre trait de notre nazisme essentiel est le racisme. Tous les biologistes, anthropologues, ethnologues éclairés, intelligents, censés savent qu’il n’existe qu’une et une seule race : HOMO SAPIENS SAPIENS. La couleur de la peau, des yeux sont des traits génétiques négligeables. S’il faut greffer le cœur d’un aryen fasciste, on a autant de chance de trouver l’organe compatible dans la poitrine d’un juif, d’un noir ou d’un arabe. Mais rien n’y fait, le racisme prospère. train de navetteurs en entendant un poivrot éructer des insultes contre les «négros, bougnoules… ». Sûrement que cet imprécateur imbibé de bière à bon marché appartenait à la race des seigneurs. Entre le racisme et la guerre il y a l’épaisseur d’une grenade. Nous avons le racisme… nous aurons la guerre. Il existe un autre homo sapiens qui pousse jusqu’à l’absurde notre désir de domination : le terroriste. Celui qui pose une bombe dans un train, qui réduit en lambeaux la chair innocente, en clamant qu’il agit dans un but politique ou pour son dieu : celui-là peut être appelé "le plus humain des hommes Nietzsche". Il concentre tous les caractères de notre espèce dont certains disent que seul "un dessein intelligent a pu le créer". Le kamikaze endoctriné, dont on a reformaté le cerveau jusqu'à se faire exploser les boyaux, est le plus bel exemple de ce que nous incarnons. Aucun chimpanzé, orang-outan, gorille, bonobo (n’oublions pas que nous sommes des primates évolués…quoique j’en doute…) n’irait se suicider pour l’empereur des macaques du Japon ou le Ben Laden des gorilles. Le grand frisson du terroriste nait de la perception du pouvoir qu’il exerce sur ses semblables au moment d’infliger… dix, cent, mille victimes d’un coup… un avant-goût de puissance divine. Le tueur en série éprouve la même excitation, un éclair de jouissance, un subtil équilibre entre dopamine, endorphine, sérotonine… Comment la bête immonde donne naissance au racisme en trois étapes : démonstration 1ère étape Je veux accroitre mon territoire (plaisir), mon voisin me gêne, je dois le dominer (plaisir) puis je l’extermine (double plaisir). Pour m’en débarrasser, je vais le discréditer par le verbe puis l’achever par le pogrome (massacre). D’abord je l’anéantis en parole, je répands l’idée, «scientifiquement démontrée», qu’il appartient à une race inférieure. Je le décris comme stupide, laid, paresseux, voleur, pervers, vicieux. Il est repérable par sa peau (noire, bronzée), ses cheveux (crépus, frisés…), il sent mauvais, parle fort, ne songe qu'à forniquer. 2ème étape Lorsque je l’ai dévalorisé à mes yeux, et si possible aux siens, il me reste à le parquer dans un ghetto. Le jour où j’ai besoin d’un bouc émissaire je déclenche le massacre "discours de Nuremberg – discours d’Hitler" ou "les effluves nauséabondes de Radio mille collines à Kigali (Rwanda)"… 3ème étape Pour que l’opération soit une réussite… je me pose en victime, je ne suis pour rien dans ces événements, tout ce qui arrive est de sa faute… "Il n’avait qu’à s’intégrer". Le méchant au gros nez ou la peau basanée me veut du mal, il me dévalise, séduit ma femme… Si personne ne l’arrête, il sera maître chez moi, sa présence perturbe la bonne marche de la société, laquelle deviendrait idéale si je refusais le problème une fois pour toute… et je passe à l’acte avec la satisfaction du citoyen responsable, je suis en état de légitime défense, je protège les miens. En éliminant cette erreur de l’évolution, je fais mon devoir et j’éprouve un plaisir pour le travail bien fait. S’il avait la moindre idée de ce que signifie "civilisation" celui que j’élimine devrait me remercier. Fin de la démonstration. "Un raciste est un crétin congénital possédant le QI d’une blatte". J’ai lancé cette phrase dans un 4 Concernant les septante vierges promises au martyr… à mon avis je pense qu’il s’agit d’une interprétation erronée… septante asticots… ceux-là au moins c’est sûr. Allez, à votre santé… il reste encore une demibouteille d’absinthe… Ecrit en écoutant best of : Creedence clearwater revival 1969. [email protected] PS : "La religion est l’opium du peuple" disait Marx à son époque… aujourd’hui on est proche de la cocaïne.