Les instants damnés du Fléau

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Les instants damnés du Fléau
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Sommaire
06 News
08 T’entends ?
10 T’as lu ? Tu lis quoi ? C’est bien ? T’en es où ?
12 24 fenêtres, chronique d’images en mouvements
13 Enfant du Rap : Homonymie & Dépression En 5916 Signes
14 Freestylo : Acide Acetyl-Sali-Cynique
15 Monologue pour camisole de couple
16 Les instants damnés du Fléau : 5 sens, 5 angles, 1 vision
18 Carte blanche à Beekei
20 Tilt Trip
28 Joe la pompe
30 Une nuit
31 Interview : Aurélien Desbois
32 LAST Interview : Cinematic Orchestra
34 Dossier : Radio libre / Etat des lieux
38 Live Pics
40 Zoom : Comme un aimant
42 Protest LAST Contest #02
43 Et que ça glisse !
44 Hardcore Session
46 Sold Out !
48 Charlotte aux fraises maskées
Edito
Les couleurs
passent-elles ?
Noyés entre une sinistre vague bleue,
une rose fanée, une giclée de rouge qui coule,
une orange divisée, et du vert pom pom pom...
Nous avons été spectateurs d’un terne
mélange de couleurs, à la fois dégradé
et dégradant.
Pas de finesse dans le trait, pas de nuances
recherchées ni de tons véritablement clairs;
Comme toujours un amalgame sans fin,
inéxorable reproduction
aussi morne que lassante.
Mes respects à tous ceux qui entreprirent,
entreprennent et entreprendront une fresque
collective, riche et polychrome.
Car peu importe la couleur du paysage,
c’est à chacun de nous de teindre la vie
et de dessiner l’horizon.
Les couleurs ne passent pas, les secondes oui.
BG
couv by Tilt
http://www.graffitilt.com/
Merci à vous : TILT et ses bubblegirls, Eastpak, Yc et le Artoyz crew, b., Lolo, Joe (la pompe), Jojo (la guitare), Mist,
le No More (tchyeeah), Taschen, Pec, Beekei, Kitchen93, Stan, les LAST de l’Alpe, Goloom t’inquiète ça gère, Pauline
Lardy de Warner & Betrand de Fhcom, One Block & Squalid, La Ronce & monsieur Du Tuyau, Undergnome, Ketchoupy et
Pauline, Pec, la famille des Tanneries, Noenoeil, Philippe, Julie et Mountain Rider, Stéphanie et Protest, BLK, Damien et
Sich, Dimitri, Kaws, les M.A.S.K. qui font leur come back par surprise avec mamie Annie ! Gaylord pour le Taravana mais
pas pour les LAST Games, L’Atlas, B_Fresh, Let’s et Azelton, Bébé et Lili, Kôtt, Pauline et Tihany.
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Edité par la société LAST ACTION SARL au capital de 7500 euros
PIT Pompignane (Bat T2) - Rue de la vieille poste - 34055 Montpellier Cedex 1
30.000 exemplaires / Distribution dans plus de 400 points en France.
Copyright 2007 / Dépôt légal : ISSN 1766-5345
Directeur de la publication :
Nicolas Pinelli ([email protected]) / 06.87.03.64.26
Rédacteur en chef :
Bruno Giordano ([email protected]) / 06.82.94.78.67
Equipe Rédactionnelle :
Yacine_, Stéphane Krzywoglowy, Guillaume Baron, Diegbass, Le F.L.E.A.U. aka
Sylvain de la Sanction divine, TrukMush, Akwel, Aspirine et Doctor R
Infographie / Graphisme / Dessins : Truk avec les précieuses collaborations de
Arknot, Seyr, MiD et BeeKei. + Photos : Haze
Contact Publicitaire :
[email protected] > Tel : 06.87.03.64.26 ou 06.82.94.78.67
LAST Bar Alpe d’Huez :
Jc (06.82.25.87.27) & Nico (06.07.90.46.99)
LAST Records :
Etienne Bouzy (06.25.24.21.90) & Goloom (06.63.78.85.01)
Envoyez vos news et articles à la rédaction : [email protected]
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Lunettes France
Ou « Quand Eraz et Raziek (des mecs notoirement bizarres) mettent la main sur un stock limité de lunettes de soleil fluo ambiance 90’s ».
Sur leur blog, vous pourrez voir ces modèles, loin d’être périmés, portés par des têtes connues et de fringants anonymes. /// http://www.lunettesfrance.blogspot.com
< News >
Premiers signes
Tiens ? C’est bizarre... La bande à Bonnaud qui gicle d’Inter, Arrêt
sur Images qui vole de France 5, les directoires de groupes et titres
de presse qui basculent ouvertement... Et récemment, la disparition
du blog de Nico Shark (http://www.zanorg.com/nicoshark), où Frantico
(aka Lewis Trondheim ?) distillait chaque jour un petit strip marrant
avec des personnages de la vie politique transposés à la sauce aigredoux qu’on lui connaît. Poutine ne semble pas se limiter à donner des
conseils uniquement en matière d’apéro...
SARKOFRANCE, le blog politique d’un citoyen vigilant
Ca va 5 minutes l’anti-sarkozysme primaire « Ouais, Sarko, c’est un enculé de bâtard de fils de pute ! ». Ok, merci, tu as fais avancer
le débat, et pendant ce temps, en coulisse, il se passe des choses... mais tu n’es peut-être même pas en mesure de les appréhender...
Mon conseil, va sur le blog Sarkofrance « ouvert le 7 mai 2007 au matin, par un électeur Français, inquiet et triste, anonyme mais
sincère, qui a décidé de suivre chaque jour l’action du Président Sarkozy ». Faites comme lui, n’oubliez rien.
http://www.sarkofrance.blogspot.com/
Les Tanneries ne périront pas !
Les Tanneries, c’est un lieu autogéré occupé depuis 1998 à Dijon. Ce centre social autonome, au coeur de nombreuses résistances et initiatives était menacé d’expulsion. Après
de nombreuses démarches administratives, juridiques, manifestations, etc... la communauté
occupante, réunie autour d’une entente affinitaire et politique, a obtenu la garantie de pouvoir rester jusqu’à juin 2011 dans ses locaux. Dans le prochain numéro de LAST Mag, nous
tacherons de vous présenter au mieux le fonctionnement et l’intérêt de voir survivre ces
structures. ///http://squat.net/tanneries
Back to the good ol’ days
Marque qui n’aura pas échappée à de nombreux aficionados de bon son, de graphismes
travaillés et de concepts juteux. Juicy Jazz revient en force avec une collection « Tribute to
the 80’s » de toute beauté. On y trouve du all over pour les sneaker’s addicts et une grosse
série pour les b-boys, trempée dans une liqueur old school, avec la collaboration remarquée
du légendaire Jamel Shabazz (auteur des livres références BACK IN THE DAYS ainsi que
THE TIME BEFORE CRACK). On salue bien bas le taff des crate - designers - diggers
passionnés à l’origine du projet. Dispo dès Juillet... /// http://www.juicyjazz.com
Eastpak de luxe !
La célèbre marque de bagagerie
qui touchait déjà toute une génération de jeun’s, élargit aujourd’hui
sa gamme avec une série limitée en
cuir véritable. Retrouvez le sac que
vous aviez au lycée en version de
luxe pour vos rendez-vous les plus
sérieux.
Artoyz SG Lyon
Il y a 3 ans, ils ouvraient un site internet exclusivement dédié aux toys. Un an plus tard, ils ouvraient une boutique dans le 1er arrondissement de Paris, Shop + Gallery. Aujourd’hui
ils ouvrent leur second shop, sur le même principe, à Lyon. Artoyz connaît une croissance continue et propose désormais, en plus d’une sélection très poussée de toys, des livres,
magazines ainsi que de la wear en rapport avec cet univers. Une belle réussite que l’on tient à saluer !
Logo ? nous a préparé une belle collection pour cet été !
En plus de la série Sofa qui propose des skates et tees en collaboration avec des artistes, Logo ? présente pour
cet été une gamme élargie et travaillée. A découvrir dans le skateshop le plus proche.
Celo
Myspace regorge de talents, c’est
bien connu, encore faut-il les trouver. Du talent, Celo n’en manque
pas. Un duo violoncelle / guitare +
chant, tendu et troublant, leur univers mérite largement un passage
sur leur page… vous y reviendrez !
http://www.myspace.com/celofr
Exclu
Le clip du nouveau single de UNKLE : Burn My Shadow featuring Ian Astbury le chanteur de The Cult est présenté en exclusivité sur le site www.shils.net.
Tu veux voir mon cul ?
Euuuh, bah ouais, fais voir... Argh ! David, t’as craqué là ?!?
Vidéo embarquée
Immortalisez vos sessions de l’été avec une caméra embarquée étanche. Résistante à l’eau (jusqu’à
3m), la boue et la neige. Légère et sans fil, elle a
été conçue spécialement pour les sports extrêmes
et est adaptable sur un casque pour garder une
trace de vos sensations de rider afin de les partager sur votre écran de télévision. Le système est
développée par Scientific Oregon et toujours disponible sur http://www.maison-intelligente.fr
Lâchez des com’
En passant, petit coup de coeur pour le blog “Dreyf, Aznavour & moi”, tenu par le beatmaker Catharsis qui réalise en ce moment avec
le rappeur Dreyf (celui du titre) un disque hommage à Charles Aznavour (idem). Making-of d’un album à la sortie encore incertaine, ce
blog est écrit d’une plume alerte par Catharsis qui mêle avec humour informations factuelles et bouffées de mégalomanie assumée.
A consulter, au moins pour le billet sur Amel Bent. http://aznavourdreyfetmoi.wordpress.fr
DVD « Melting Pot »
Mélange de lives et d’interviews,
« Melting Pot » offre du rap une image
multiple et en mouvement. Chaleureux
compte-rendu des soirées organisées
par la salle l’Abcradabar, le documentaire invite Octobre Rouge, Zoxea, Puzzle
ou encore Kohndo et Flynt à parler de ce
qu’ils connaissent le mieux : la musique.
A noter qu’une compilation inspirée du
film et supervisée par le groupe Eclektik
est fournie avec le DVD. Un documentaire de Pierre Jampy. Plus d’infos :
http://meltingpot-ledvd.com/
Et tu veux voir ma chatte ?
Sabine, ton mec est tellement ouf qu’il en devient respectable !
71 artistes - 1 projet
Notre ami b. a vu grand avec ce
projet fédérateur autour du croquis.
De nombreux artistes vont participer
à cette expo destinée à devenir itinérante que l’on se languie de voir
prendre la route...
/// http://www.awakestudio.com/71
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Le gâteau d’anniversaire le plus cainri de l’univers.
Bellade Sam, welcome in the NMEF /// www.cainri.com
Nouveauté toyesque !
Bonustoyz est le seul producteur de toys français, et produit uniquement des toys de graffiti artists. C’est donc
la référence en France avec, à sa tête, Mist qui a commencé par produire ses propres jouets. Bonustoyz a
également développé les jouets de Steph Cop. Ils viennent de dévoiler leur nouveau site internet avec, pour son
lancement, la totalité des jouets sortis sous le label Bonustoyz disponibles à la vente. Nous vous conseillons
de vous y rendre, il reste peut être quelques raretés ressorties du grenier. Aussi, pour la mise en ligne, le Orus
Brown version sera proposé en exclusivité ! /// http://www.bonustoyz.com
< /News >
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Coup de pression
T’entends ?
Personne n’échappera à JUSTICE
Unlimited Project / « Sounds of Paris »
Voici une des sorties indépendantes les mieux cuisinées qu’il m’ait été donné d’entendre. J’emploie le mot « cuisinée » car Unlimited Project,
c’est vraiment une affaire de choix d’ingrédients et de mariage de saveurs. On hume la passion, le temps passé aux fourneaux pour nous
proposer des mets raffinés à consommer à toute heure, avec délectation. Vinh a composé et réalisé l’essentiel de cet album qui se balade entre
dub, hip hop, reggae, trip hop, jazz... avec la part belle aux nombreux instrumentistes et chanteurs : on y retrouve différents auteurs/interprètes
qui distillent des ambiances teintées de soul, parfois même empreintes de références au grand Gainsbourg. dj Nelson et dj T.Killa s’emparent
des mixtures scratchées qui se posent sur les pistes comme une cerise sur la gâteau. Enfin, la composition aurait pu être fade sans tous ces sax,
flûte, clarinette, guitare, basse, trompette... qui donnent à cet opus magistralement réalisé, une sève des plus délectables. TruK
Björk / « VOLTA »
Björk poursuit ses explorations, cette fois très organiques, tribales, la prise de son et la qualité de l’interprétation, l’originalité
du tout ne sont jamais prises en défaut, mais ce nouvel album ici ne saurait rivaliser avec des bijoux passés. Après Medulla
(album très vocal), Björk est revenue à des sons plus électros et des mélodies envoûtantes, elle associe fanfare islandaise,
samples électros, rythmique africaine et se risque même à faire klaxonner une chorale de cargos ! Bjork se permet de goûter
de nouvelles couleurs instrumentales (I see Who you are, Hope), ose des cocktails sonores inédits comme dans I See Who
You Are. Enfin sur l’avant dernier titre, un cri de guerre technoïsé appelle à l’indépendance... Quelques uns peuvent se lasser,
même si elle apporte toujours sa petite touche personnelle, la satisfaction de faire des choses différentes de ce que l’on peut
entendre par ailleurs, mais les vrais fans seront enchantés de la retrouver sur ce nouvel album. Bébé
La Fouine / « Aller-Retour »
La Fouine sait rapper. Vraiment. Avec son débit chantonné, ses intonations toujours bien placées, sa façon de rebondir sur le milieu de certains
mots et ses accélérations impromptues, il est même peut-être l’un des seuls rappeurs en France à paraître à l’aise quoi qu’il dise. Normal donc,
que ce second album, produit par Focus (de l’écurie de Dr Dre) et Animal son (Booba) suscite de hautes attentes. Et inévitable qu’il déçoive
quelque peu… La Fouine réjouit quand il se fait mélodieux sur le beat discontinu de « Contrôle Abusif », hédoniste sur les ritournelles enjouées
de « Ma Tabatière » et « La Danse du Ghetto » ou sentimental sur « Tombé Pour Elle » (reprise du « Dead Presidents » de Jay-Z avec Amel
Bent dans le rôle de Nas). En revanche, il lasse quand il abuse du gimmick (« On S’en Bats les Couilles » et « Reste En Chien ») ou quand il
s’obstine à se répéter (« Qui peut me stopper ? », « Partout Pareil », « Quel est mon rôle ? »). Alors, on regrette forcément l’autodérision qui
faisait le charme de sa street-tape « Planète Trappes » mais on se dit que vu le potentiel de l’artiste, ce n’est que partie remise… Rendez-vous
au troisième album. Yacine_
LCD Soundsystem / « Sound of silver »
Attendu. Après la claque que fut le premier LCD, oui, autant dire que James Murphy était attendu. On a peur un instant à
l’écoute de « Time to get away » qu’LCD tombe dans la facilité mais on se ravise très vite. Le groove est là et cet album
fonctionne, il y a toujours ce sens inouï du beat, des morceaux toujours aussi évolutif tel « all my friends » et puis il y a cette
clôture monumentale qu’est « NY I love you ». LCD , c’est toujours cette alliance si spéciale de punk, d’électro, avec cette
touche funky si représentative de sa génération. Akwel
Grinderman / « Grindeman »
La dernière fois que j’ai vraiment apprécié la musique de Nick Cave, c’était en duo avec Kylie Minogue et c’était finalement il y a bien longtemps.
Les professions de foi dégoulinantes de contradiction des dernières années ne m’ont jamais passionné, que ce soit textuellement ou musicalement, et rien ne m’annonçait le plaisir avec lequel j’ai découvert ce Grinderman. Sous ce nom et cette pochette étrange se cache le nouveau
projet de Nick Cave. Avec une partie de ses anciens acolytes, mister Bad Seeds remet le vieux blues-rock crasseux au goût du jour et ce avec
un talent passionnant. Un album équilibré, énergique (Honey Bee), léger (Get It On, No Pussy Blues), émouvant (rise, man on the moon) et
beau (Vortex). Bref un bien bel effort musical, authentique et pas si classique que ça. Seyr.
Feist / « The Reminder »
Quel bonheur cette fille. Feist, c’est un peu la classe à Dallas quand même. Toujours sur un fil, tout en nuance, chic et déluré,
glam mais pleine de sens. Son précédent album « Let it die » avait été un vrai grand bonheur pop. Sur « The Reminder », son
3ème opus, Feist reste Feist mais la teneur plus acoustique de cet album le rend plus intime, on y perd en couleurs mais elle
gagne en maîtrise. On est dans une espèce de swing nonchalant, on pense au très doux « Brandy Alexander » ou à l’introductif
« So sorry ». On ne peut résister à l’inévitable et très « gonzalessien » single « My moon, my man ». Thanks for this one Feist
and, please, mary me… Akwel
Dj Gero / « 7 3/8 »
Bon, Gero, c’est la famille, on va pas prendre un ton de neutralité journalistique (laisse moi rire) pour vous compter fleurette sur sa dernière
tape. Je vais simplement reporter le fait que sa selecta vous livre à domicile un panorama non exhaustif du son que le bonhomme se plait à
faire cracher sur les enceintes en soirée. Une entrée en matière très hip hop pour commencer l’exercice : on secoue la tête de droite à gauche,
d’avant en arrière et on commence à se chauffer les épaules. Lentement mais sûrement, le mix évolue vers des tracks plus musclés portés par
des bootlegs carrément dansants. On bouge son bassin, les pieds se dégourdissent et il est temps de bouger son body : la phase electro / drum
n’ bass déboule à grands renforts de bpm. Bref, 21 pistes taillées pour la gym tonique progressive, idéal pour secouer les brawlers... TruK
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Buzz monumental, 2,5 millions d’écoutes sur Myspace, jingle sur Canal+, single en playlist radio
dès le 1er jour. «†» est l’album le plus attendu de
l’année. 10 ans après les Daft, JUSTICE repart à la
conquête du monde. Retour sur la naissance du
nouveau phénomène électronique français.
chinois). Nous sommes en 2001, ils ne s’appellent pas
encore JUSTICE mais font des morceaux ensemble
depuis quelques mois. Pedro écoute 2 titres insignifiants mais repère immédiatement le 3ème : « never
be alone », un remix du groupe gallois Simian. Le titre
croupissait dans l’ordi de Gaspard, Simian le trouvait
trop cheap et avait refusé de le sortir. Busy P, lui, signe
le duo sur Ed Rec, son nouveau label et sort le single.
Il n’en faut pas plus que ça : une simple histoire de
fromage et beaucoup de talent, c’est là que tout a vraiment commencé pour Justice. Le refrain « we are your
friends » sera entonné à pleins poumons adulescents
dans tous les clubs de la planète.
2005, c’est le contre-pied total, à l’opposé du très funky « Never be alone », « Water of nazareth », leur
second single est très dark bourré d’infrabasses avec
des accords d’orgue au milieu mais ce titre préfigure
ce que sera vraiment Justice.
Dans le même temps, Pedro Winter remet Paris sur la
carte de l’eurodance (dans son acception la plus noble). Il utilisent le marketing viral et les « rich media » à
merveille, propulse Ed Banger comme le label le plus
excitant du moment et fait monter le buzz. Justice va
surfer là-dessus comme on surfe sur un tsunami.
L’histoire des frenchies est au départ surtout une histoire de « frencheese », c’est lors d’un raclette party
chez la mère de Gaspard (le grand barbu) que Pedro
Winter rencontre Gaspard donc, et Xavier (le petit
Pour les 4 ans d’Ed Banger, à l’Espace Pierre Cardin, en Mars 2007 le mal est fait, des hordes de kids
sur lookés venu d’Angleterre ou du Japon forment
une queue de plusieurs centaines de mètres sur les
Champs Elysées pour écouter « the next big thing ».
Coup de coeur
Coup double
Personne ne devrait échapper à CYESM
Buzz montant, 7,5 mille écoutes sur Myspace, jingle sur mon baladeur, single en playlist au bureau
dès le 1er jour. « Tricks And Stuff » est l’album que
l’on n’attendait pas et qui arrive à point nommé...
Avec cet opus composé de 13 titres, gratuit et téléchargeable depuis son myspace, Cyesm nous livre une
carte de visite des plus concluantes. Des compositions
lourdes, servies par des scratchs de Fish n’ Chips sur
les premières pistes, Tricks and Stuff est porté par
un mélange qui a maintes fois fait ses preuves : une
colonne vertébrale trip hop, des entrailles grouillantes
d’organes jazzy, hip hop, rock, dub... Bref, de multiples
incartades stylistiques subtilement mariées donnant
naissance à une créature viscéralement belle qui n’a
que faire des enclaves.... TruK
http://www.myspace.com/cyesm
BLOC PARTY - a weekend in the city (Wichita)
ARCADE FIRE - neon bible (Mercury)
Une chronique croisée pour 2 groupes aux univers
distants mais que bien des éléments rapprochent.
Symboles de la réussite des indépendants, Bloc
Party et Arcade Fire ont tous deux écoulés un million d’exemplaire de leur premier album… ça laisse
rêveur. La contrepartie inhérente à un tel succès, c’est
que tout le monde vous attend au tournant. Sortir un
premier album proche de la perfection est une chose,
confirmer tout le bien qu’on pense de vous est un exercice autrement plus délicat. Russell Leetch, bassiste
d’Editors, explique cette difficulté par le fait que bien
souvent, le premier album est le résultat de plusieurs
années de composition ; plusieurs maxis ou autres
autoprods se retrouvent compilés dans un album aux
allures de best of. Continuité (sécurité) ou créativité
(prise de risque), tel est le dilemme auquel se retrouve
confronté tout groupe dans cette situation. Avec ten
new messages, les Rakes ont récemment choisi la
première option, les groupes qui nous intéressent ici
ont quand à eux choisi la deuxième. Prise de risque
donc car on constate dès la première écoute qu’il va
en falloir plusieurs pour estimer à leur juste valeur ces
deux opus. Alors qu’on pouvait s’attendre d’un coté
comme de l’autre à du son patateux, ce sont bel et
bien des titres très aboutis, complexes et habilement
orchestrés qui parviennent à nos oreilles quelque peu
déroutées. Moins accrocheuses, les compositions
n’ont cependant pas entièrement désavoué l’identité
originelle de leurs groupes respectifs (heureusement).
Avec un brin de persévérance, les repères réapparaissent peu à peu et le plaisir d’écoute s’intensifie. Tout
avis catégorique et définitif de ma part à ce jour ne
serait qu’éphémère tant la richesse potentielle de ces
albums laisse encore entrevoir de très bonne choses
que seul le recul permettra d’apprécier pleinement.
Nul doute que ces deux albums trouveront aisément
une place de choix dans les discographie de leur groupe et l’avenir leur donnera certainement plus de sens,
on peut penser que Neon Bible et Weekend in the city
marqueront une transition vers un univers qu’on a déjà
hâte de découvrir. Il est désormais évident qu’Arcade
Fire et Bloc Party font parti des grands et sont deux
groupes avec lesquels il va falloir compter, souhaitons
le, pendant de nombreuses années. Diegbass
9 / www.last-mag.com
Jamais avare de feintes, le duo christique sert un disco
set très rond, emporte le tout à l’énergie et transforme
la salle en une gigantesque et « savage riot ».
Un mois avant la sortie de l’album, JUSTICE rempli le
Roxtore à Montpellier, Gaspard et Xavier sont visiblement fatigués mais donnent une leçon de grand écart
ou comment enchaîner Beni Benassi avec Aphex
Twin. Le duo fait son taf et profite de la force d’inertie,
« Ouais, ce soir, c’était plus classique qu’à Pierre Cardin, ça nous ressemblait plus » dixit Gaspard. Portant
leur croix à travers le vieux continent, on les retrouve
en Juin à Madrid par le plus grand des hasards. Au
Low Club, JUSTICE distille quelques titres du futur
album et bouleverse la nuit madrilène pendant près de
4 heures jusqu’à ce que le boss local intervienne pour
débrancher les decks.
En Juin, après plus d’un an de travail dans un des
studios du sous-sol du Triptyque, l’album est enfin out.
Sinuant entre des titres plutôt mainstream comme «
D.A.N.C.E », le très efficace « D.V.N.O. » et des titres
plus dark, plus rugueux comme « Phantom » ou l’hypnotique « Stress ». On remarque le surprenant mais
très réussi « Valentine » qui nous ramène aux B.O. du
cinéma français des années 80 !? Anti intello, très entertainement, cet album est un toy électro-breaké. Au
final, rien n’est à jeter et rien ne semble pouvoir arrêter
le phénomène, la conquête est en marche : personne
n’échappera à Justice.
Akwel
Architecture Now Vol. 2 (Taschen)
On vous parle souvent d’art dans nos
pages, à travers le street art ou encore
les toys designers, il s’exprime aussi par
l’architecture. Ce livre nous propose une
multitude de projets d’habitat, de mobilier
d’intérieur ou autres concept stores des
plus fututristes. Une autre façon d’aborder l’art, par le mobilier ou l’immobilier de
demain qui se construit avec des matériaux novateurs et des formes bien loin
de la maison que vous dessiniez quand
vous étiez petit. np
T'as lu ?
LE CARRE COMICS
« Marvel Zombies » (Kirkman/Phillips) publié par Panini, disponible en librairies
« Astro City : Des Ailes de Plombs » (Busiek/Anderson) idem
« 52 » (La moitié du staff de DC Comics) mensuel publié par Panini, disponible en kiosques
Peut-être que le précédent numéro de LAST Mag les a fatigués… En tout cas, les superhéros n’ont pas la forme ces temps-ci. Dans « Marvel Zombies », ils sont carrément en pleine
décomposition. Le résultat : 144 pages de transgression durant lesquelles les héros de votre
enfance sont transformés en morts-vivants stupides, mesquins et avides de chair fraîche.
Le pire dans tout ça, c’est qu’ils réussissent à rester attachants. Une lecture sympathique
même si les premières pages donnent franchement la nausée. Plus conventionnel, « 52 »
propose de suivre au rythme de quatre épisodes par mois toute une année d’un univers
DC déserté par Superman, Batman et Wonder Woman. Alors, les remplaçants se relaient
(mention spéciale au fort matérialiste Booster Gold), les sous-histoires se multiplient et le
lecteur se croit dans « Heroes » ou « Lost ». Sympa. Enfin, foin de cynisme avec « Astro
City », série hommage aux grandes heures de l’histoire des comics. Ici, un ex-super-vilain au
corps entièrement fait de métal sort de taule. Il tente une reconversion en détective amateur
et entame une route vers la rédemption jonchée de losers aux destins aussi cabossés que
le sien. Sensible et adulte, « Des Ailes de plomb » est porté par des dessins qui respirent
la nostalgie et par un scénario qui assume son idéalisme. Bon, tout ça ne va pas sans une
certaine naïveté, mais parfois, ça a du bon. Yacine_
Voyage-Voyage (Taschen)
Après vous avoir fait découvrir une sélection de bons plans voyages dans les
précédents numéros, c’est au tour des
éditions Taschen d’éditer les leurs, avec
une série de livres dédiés aux capitales
et les traitant à travers les thèmes suivants : Shops, Restaurants, Hotels &
More. Ces ouvrages illustrent de beaux
lieux, classés par quartier, à découvrir
et, si possible, à tester... La sélection est
assez luxueuse mais vaut au moins le
coup d’œil ! np
Frank
Vous connaissiez peut être la version
américaine de ce magazine de luxe gratuit, voici le premier numéro Cuvée Spéciale France 2007. Une très bonne idée
pour ce premier numéro avec une qualité
plus proche du livre que du gratuit. Pour
le fond, les sujets s’enchaînent sans une
actualité marquée : vous ne trouverez
pas de news, de shopping ou autres
sorties CD, DVD, mais plutôt des sujets
insolites comme un retour sur les souvenirs de notre enfance avec les albums
Panini ou les mobylettes Motobecane.
Vive la presse gratuite de luxe ! np
Pierre Eric, 27 ans, ex-hardcore gamer
Tu lis quoi ? « Gunnm Last Order », de Yukito Kishiro, un super mangaka. Il n’était pas satisfait de la fin de la première saga de Gunnm et la série
Last order poursuit l’odyssée de Gally, le personnage principal, une cyborg humanisée aux techniques de combat surpuissantes.
C’est bien ? Génial aussi bien sur le fond que sur la forme : le dessin est super bien fait, et c’est en phase avec le déroulement d’un scénario intelligent. Les nombreuses scènes de baston sont très bien rendues.
T’en es où ? J’en suis au troisième volume. La série en compte actuellement neuf mais elle est en cours et la liste devrait s’allonger. Là, j’en suis à une
scène où Trinidad, une sorte d’être supérieur qui dispose de diverses intelligences, trois comme son nom le laisse entendre, est en train d’en récupérer
une quatrième, sous forme de chipset… Il annonce qu’on doit dès lors le surnommer Quadra, il va devenir redoutable.
Gautier (Woumpah), 22 ans, membre des Pipichattes
Tu lis quoi ? «Max et les Maximonstres», un livre de Maurice Sendak que je lisais quand j’étais
en CP. C’est l’histoire de Max, un petit garçon qui fait plein de bêtises déguisé en loup blanc. Pour
le punir, sa mère l’envoie dans sa chambre qui se transforme en gigantesque forêt. A partir de ce
moment là, quand t’es gamin, t’arrêtes de rire et tu commences à flipper.
C’est bien ? C’est énorme ! Les illustrations sont terribles et les monstres font vraiment peur.
Max c’est un peu le sale gamin qui sommeille en chacun de nous (c’est beau ce que je dis) et son
costume de loup est terrible. Ca rappelle les cours de récré, la bibliothèque toute pourrie de l’école
et les bastons dans la cour.
T’en es où ? Je l’ai fini, c’est le genre de bouquin qui se lit rapidement une fois que tu sais lire.
Walid, 23 ans, suppôt de Babylone affecté aux ressources
humaines (en CDD)
Tu lis quoi ? « Le Premier Amour
» de Santiago Amigorena, scénariste et ami d’enfance de Cedric
Klapish. C’est un bouquin plus
ou moins autobiographique qui
raconte toutes les expériences
sexuelles qu’il a vécu avec son
amour de lycée.
C’est bien ? Oui, si on aime les
interminables paragraphes de
prose nombriliste écrite à l’imparfait du subjonctif ! L’auteur passe
son temps à détailler l’entrejambe
de sa copine, à expliquer que c’est
dur d’être aussi beau que lui et à
donner son avis sur tout ce qui lui
passe par la tête : la religion, le cinéma, François Mitterrand... Et le
pire, c’est qu’il a l’air très sérieux.
T’en es ou ? Euh, là, il raconte
qu’il méprise sa copine parce
qu’elle n’est pas aussi cultivée
que lui.
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Pauline, 20 ans, experte en houblon
Tu lis quoi ? « Au bonheur des ogres » de Daniel Pennac, je sais pas se que ce mec à fait d’autre dans sa vie, mais la simple écriture de ce livre le
rend glorieux pour le restant de ses jours, et peut être plus.
C’est bien ? Oh oui, on découvre chaque personnage de manière délicate et mesurée, et on se rend surtout compte qu’ils sont tous aussi tordus et
attachants les uns que les autres. Et bien sûr tout ça est plongé dans une histoire complètement saugrenue de bouc émissaire dans un supermarché
où des bombes attaquent de manière incontrôlée.
T’en es où ? Bin je l’ai fini, et je me suis retrouvée toute perdue avec l’étrange impression de plus savoir comment faire pour m’occuper, mais depuis
ça va mieux.
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/// Carnet DVD
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Chronique d’images en mouvements
Par Guillaume Baron, qui se verrait bien en Denzel Washington version Man of Fire dans une convention de L’UMP.
Notre premier été sous le règne du président / PDG / VRP va bientôt commencer. Alors plutôt que de cramer des voitures pour afficher un mécontentement 68-tard suranné, concentrons nous sur les DVD à apporter avec soi à la plage, à la montagne, ou pour les plus malchanceux d’entre nous, chez
les beaux-parents qui se font une joie de nous accueillir pour les vacances. Ben ouais, les jeunes couples qui se lèvent tôt mais qui gagnent le SMIC
vont pas tailler la route direction Malte. Pour les célibataires smicards, j’en parle même pas. Travaille plus soldat, si tu veux gagner plus. Donc si Vincent Bolloré ne vous prête pas son yacht, il ne vous restera plus qu’à pleurer sur votre sort. Ou regarder des DVD, en vous levant tôt tout ça tout ça.
Bond revient de loin. De 4 épisodes Brosnaniens catastrophiques pour être précis. Coincé dans un genre
dont il est le précurseur (le film d’espionnage/glamour/guide touristique) et dont il n’était plus que sa
propre caricature, l’agent 007 mise tout dans Casino
Royale et sur un nouveau visage, un diamant brut,
Daniel Craig. Dans un univers archi balisé comme
celui de Bond (vodka martini au shaker et pas à la
cuillère, femmes fatales kleenex, Aston Martin, gadgets...), le ravalement de façade se présentait comme
un exercice périlleux. Comment garder la substance,
concasser 40 ans d’une légende kitch mais planétaire, tout en étant ambitieux et proposer un spectacle
digne des super productions actuelles auxquelles
les spectateurs sont habitués et à côté desquelles
James Bond passe pour une espèce de dinosaure
pop? Tout simplement en recommençant à zéro. Introducing Bond, James Bond. Fonceur incontrôlable,
assassin de sang-froid patenté et misogyne notoire.
Les failles du personnage sont ici centrales, comme
pour humaniser une icône dont on finissait par ne
plus voir que le côté People. Mais comme beaucoup
d’entre nous, Bond est un déçu de l’Amour, revenu
de ces sentiments qui semblaient pouvoir sauver son
âme tourmentée et violente. Et cet ingrédient majeur
donne la saveur du film. Pas de rédemption, pas de
paix. Magistrale et nerveux dans l’action, tendu et
troublant dans son suspense, Casino Royale envoie
ses scènes d’action monumentales pour la mise en
place et articule ensuite son récit autour d’un poker
menteur où chacun des personnages dévoile son
jeu minutieusement. Structure brillante, introspection
réussie, Bond est de retour. The bitch is dead.
Le Prestige, dans le langage des magiciens, c’est le
bouquet final, le clou du spectacle. Le moment auquel
on se dit « Non mais c’est quoi ce bordel ? C’est pas
possible là son truc ! ». Le Prestige c’est un film
hors norme de Christopher Nolan (Batman Begins,
Memento), sur deux magiciens, dans l’Angleterre Victorienne, en quête de l’illusion parfaite. Deux hommes
rivalisant avec force autour de cette perfection invisible (pour nous) nécessaire à la magie. Tour à tour
victime des prouesses de l’autre, ils s’engageront sur
une voie sans retour, où leur obsession mettra en péril leurs proches, leur consciences et leur santé mentale. Si le cinéma est l’art de l’illusion il trouve ici une
de ses plus belles mise en abîme, construite autour
d’une narration déroutante, complexe, mais tellement
intelligente que s’y perdre est impossible. Porté par
deux acteurs en état de grâce (Hugh Jackman et
Christian Bale), ce duel d’illusionnistes n’est pas que
poudre aux yeux. Son histoire torturée, à la conclusion renversante, porte autant sur les dangers d’une
obsession que le sens qu’elle peut donner à une vie.
Beau à pleurer, sombre à crever... Abracadabra.
Plus terre à terre, le nouveau Tony Scott (True Romance, Domino) mêle un soupçon de science fiction
et beaucoup de Denzel Washington. Le FBI (ou je ne
sais quelle agence gouvernementale américaine top
secrète à la con) à mis au point un procédé recréant
en 3D le passé par bribes de 5 minutes grâce à des
super satellites qui filment toutes la Terre et nous
avec (c’est rassurant non?). Nous voilà (mais surtout
Denzel) à la poursuite d’un terroriste White Trash en
colère contre les démocrates... . On rajoute une pincée de voyage dans le temps et on suit ce petit thriller
nerveux tranquillement, bien calé dans son fauteuil,
un mojito dans une main et une pizza dans l’autre.
Les talents de Tony Scott (quand il n’a pas parkinson-cf Domino pour les plus téméraires-) pour faire
passer n’importe quelle couleuvres scénaristiques
font le reste. Denzel fait du Denzel, à savoir le-mecsuper-déterminé-qu’on-pense-pouvoir-blouser-maisen-fait-il-te-la-fait-à-l’envers-à-la-fin. Trop fort le type,
mais en même temps quand on a sa classe, faut
quand même être con pour vouloir essayer. Ah oui,
le film s’appelle Déjà-vu. Alors oui c’est pas super
original et oui vous l’avez certainement déjà-vu. Mais
pas avec Denzel.
Sortie discrète d’un des plus poignants films sur les
gangs latinos de L.A, Sans Remission, d’Edward
James Olmos, le capitaine Castillo de la série Miami
Vice. Le rêve américain n’a pas le même goût pour
tout le monde. Les laissés pour compte s’organisent
et le moins que l’on puisse dire c’est que les codes
et les structures sont aussi rigoureux qu’à la Maison
Blanche. Sans concession, Olmos dévoile avec force
les secrets de ces hommes prêts à tout pour obtenir
respect et puissance dans leurs rues, leurs quartiers
ou leurs cellules. Pour la petite histoire, le travail du
réalisateur, très documenté, lui a valu d’avoir sa tête
mise à prix par certains parrains, pas très contents de
voir les arcanes de leurs activités dévoilées sur grand
écran. Il est depuis protégé par des bodygards et porte-paroles de la communauté latino à Hollywood. Si
c’est pas risquer sa vie pour son art ça?
Sorti dans un anonymat honteux qui rappelle que bien
souvent les distributeurs français sont vraiment des
manches dès qu’il s’agit de science fiction (ce genre
populaire qu’on sait pas faire en France, beurk....),
Les Fils de l’Homme débarque dans une belle
édition de rattrapage. Rattrapage car la virtuosité affichée par Alfonso Cuaron pour raconter cette histoire
originale ne prend toute sa dimension que dans une
salle de cinéma. Au passage, l’Angleterre, ici théâtre
d’une société futuriste bien flippante, prouve qu’elle
tient aujourd’hui une place prépondérante dans le
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cinéma de genre (Shaun of the Dead, 28 jours plus
tard...). Pendant ce temps là, en France, c’est comédies pas drôles et films de chambre emmerdants.
Retour dans ce sale quartier de Farmington, antichambre de l’enfer urbain et terrain de chasse de
flics borderline. Coursés par la mafia arménienne,
Vic et ses hommes sont pris dans le chaos insoluble
de guerres des gangs ultra violentes. The Shield S3
poursuit cette étonnante série de portraits de différents flics d’un commissariat surnommé «le bercail»,
comme pour mieux stigmatiser le côté animal des
rapports qui unissent tous les protagonistes (flics/
truands/politiques/civils) de cette série révolutionnaire. Les plus forts survivent, les faibles ne le méritent pas. Plus où moins tiré de l’histoire d’une brigade
anti-gang du quartier de Rampart à L.A, The Shield
n’épargne rien au spectateur sur la réalité des ghettos
de la cité des anges. Souvent bien plus traumatisante
que ce que l’on peut décemment imaginer, les différentes enquêtes que la Strike Team et les autres flics
se coltinnent sont autant de moyen de comprendre
comment chacun d’eux appréhende son travail. Entre
ceux qui en profite pour croquer et les rares qui se
battent contre vents et marées, sans cynisme, pour
maintenir un semblant de calme, ils usent tous différemment de leur insigne. Derrière cette dualité se
découpent des tempéraments plus vrais que nature,
à mettre au crédit de Shawn Ryan, concepteur et producteur de la série. The shield, c’est le bouclier qui
protège autant les angelinos des criminels que des
flics imprévisibles. La meilleure série policière depuis
NYPD blue, un show unique. Protéger et servir.
Petite friandise concoctée par Dave Chappelle et
Michel Gondry, Block Party c’est un documentaire
ludique et coloré sur un concert unique organisé à
New-York par un Dave Chappelle possédé par son
projet. On suit ici l’humoriste dans l’élaboration et la
mise en place d’un évènement qui lui tient particulièrement à coeur. Offrir Kayne West, les Dead Prez,
Erikah Badu, les Roots, Common et j’en passe pour
pas un rond à une foule de riverains surchauffés,
c’est ce qu’on appelle une mission divine. En plein
Brooklyn, le miracle a lieu.
Malheureusement la place me manque pour remplir
vos valises de galettes indispensables (comme les
superbes The Queen et Little Miss Sunshine par
exemple). Bon ceci dit vous allez quand même pas
passer vos courtes vacances devant la télé non ?
Si Bush et Sarkozy n’ont pas déclaré la guerre à la
Chine, on se retrouve frais et dispos en Septembre.
Bonnes vacances.
HOMONYMIE & DEPRESSION EN 5916 SIGNES
Autant vous l’avouer, ça ne va pas fort en ce moment. J’ai l’impression que le meilleur de mon existence est derrière moi, la moindre douleur dans mon corps m’annonce une mort imminente, la sécurité sociale ne me rembourse plus mes visites chez le médecin et le simple fait de devoir écrire cette chronique me paraît aussi
logique et naturel que de me mettre à… faire le poirier. D’ailleurs, si je me permets de vous en parler, c’est que ces temps-ci, les confessions sont à la mode…
Prenez Soprano. Son très introspectif album solo
« Puisqu’il faut vivre » est bientôt disque d’or.
Bon, c’est vrai, l’album contient un intrus : le single. Alors que le reste du disque est rempli des
interrogations du rappeur sur sa vie, ses proches,
le sort de son fils qu’il n’a jamais vu (l’excellent «
Parle-moi » où son flow bondissant prend le sujet
à contre-pied) ou les raisons de sa tentative de
suicide, « Halla Halla » ne contient que deux questions : « Faut-il vraiment que je cesse de faire
du flow ? Oh noooon ! » et « Faut-il vraiment
que je cesse de parler des blocks ? Oh nooon
! » - interrogations forcément rhétoriques suivies
des imprécations suivantes : « Halla Halla, Halla
Halla, Halla Halla !!! », etc, etc…
A titre personnel, je lui reprocherai également l’exploitation qu’il fait de l’homonymie de son pseudo
(pourtant antérieur à la série) avec l’excellent
feuilleton psychanalytique « Les Soprano ». Non
seulement, il construit tout son album comme une
séance de psy, interludes à l’appui, mais en plus
il mentionne le Docteur Melffi sur la couv’ de son
street-CD ! Le souci, c’est que la mise en scène
de ses problèmes rappelles plus les envolées larmoyantes de Diams que le spleen diffus des mafieux du New Jersey. Pourtant, la série elle aussi
fait dans la mise en scène du mal-être. Mais là où
Soprano (le rappeur) est triste, Tony Soprano (le
mafieux) est mélancolique et refuse toute remise
en question.
D’abord incongru, puis déplaisant et enfin addictif,
« Halla Halla » est une vraie curiosité, dont les
irritants gimmicks finissent par faire sourire. A la
croisée du street-single, du morceau dancefloor
et de l’hymne de supporters, la chanson apparaît
comme un exutoire pour Soprano qui prend l’instru
comme un terrain de jeu et y fait en gros ce qu’il
veut. Laissant de côté le contenu (vague mélange
de dédicaces à ses potes et de références au football), il s’y permet toutes les fluctuations possibles
de débit, de volume, de timbre de voix et rappelle
qu’il est une bête de rap, comme d’autres sont des
bêtes de scènes. Sans être un rappeur technique,
Soprano voltige à ses risques et périls au-dessus
n’importe quel instru, sachant toujours retomber
sur ses pieds. Et à défaut de forcément apprécier
le résultat, on goûte au moins le spectacle. Malheureusement, son insistance à aborder des sujets sérieux le rend souvent, hum, plutôt maladroit
: « Je ne suis qu’un jeune rêveur dans ce pays
nazi (…) je fais des pompes sur un tapis de prière
(..) on utilise que les neurones de notre zguegue »,
tout ça dans le bien nommé morceau « Juste Faisle » (A un moment aussi, il dit qu’il a « un gang de
boxe à la place des lèvres »).
« Gangsters don’t die, they get chubby and
move to Miami », rappait Jadakiss en 1998. Les
Soprano, c’est un peu ça : la vie quotidienne d’un
Tony Montana qui aurait préféré les petites combines aux gros coups et le confort bourgeois aux
fantasmes de grandeur. Un sorte de cadre sup’ du
crime organisé, ventru et désabusé, qui n’aime
rien tant que déguster des crèmes glacées en
matant des documentaires historiques sur sa télé
grand écran. D’ailleurs, s’il a une détresse existentielle, elle est intimement liée à ses soucis domestiques : sa fille est une gauchiste, son oncle est
sénile et son fils complètement crétin. Ainsi, dans
« Les Soprano », même les règlements de comptes sont ordinaires et le plus dévastateur reste la
routine. Car la fatalité de leur condition pèse sur
les personnages. Alors, l’un deux, dans le coma,
se réincarne en agent immobilier ; un autre tente
de produire une improbable série Z qui mélangerait « Saw » et « Le Parrain » ; un troisième, lassé
des rapports de force, s’enferme dans son garage
pour jouer aux trains électriques ; un autre encore
s’exile dans un ville paumée et fantasme sur un
cuisinier qui joue les pompiers bénévoles. Las, à
défaut de changer, ils se contentent tous de vieillir,
13 / www.last-mag.com
seulement occupés à s’embrouiller avec la mafia
voisine pour sauver … leur assurance maladie (les
Sopano sont comme moi : obsédés par leurs dépenses de santé). Et finalement, le regard affligé
de Tony Soprano quand le rappeur Da Lux (interprété par Lord Jamar de Brand Nubians) le salue,
pétri d’admiration, traduit bien ce malentendu :
les rappeurs veulent être des gangsters mais les
gangsters rêvent de classe moyenne.
Les conflits de génération, l’usure du temps qui
passe, la soif de respectabilité malgré le souci de
crédibilité… Et si, au-delà de son décorum, c’était
par ses thèmes que les rappeurs se retrouvaient
dans « Les Soprano », série anti-spectaculaire
au possible ? En tout cas, Lino y fait souvent
référence, 50 cent a engagé un des scénaristes
pour écrire son film, Jay-Z déclare dans l’intro de
« The Dynasty » (2000) avoir « en boucle dans
la tête » son générique (justement repris par Nas
pour le premier single de « Stillmatic ») et, plus
rigolo, le rappeur Gravy est soupçonné de s’être
inspiré d’un épisode la saison 6 pour mettre en
scène sa propre fusillade. Bref, les rappeurs ont
enfin trouvé une nouvelle œuvre à vampiriser et
à name-dropper sans vergogne, quitte à en faire
parfois n’importe quoi. Sigh. Bon, au moins, ça annonce une bonne nouvelle : ils vont peut-être enfin
commencer A NOUS FOUTRE LA PAIX AVEC
SCARFACE !!!
……
Ah, je me sens mieux tout à coup !
Yacine_
illustration : Seyr
_______________________________________
Soprano « Puisqu’il faut vivre » (Hostile/EMI) ; «
Les Soprano », Saison 6 (Warner Home Video)
/// Freestylo
Acide
Acetyl-sali-cynique
C’était un beau dimanche de mai, le genre de beau dimanche où il vaut mieux rester chez soi si on n’est pas fan de Walt
Disney, tellement les couinements des oiseaux se la jouent choeurs sur
l’amour et l’optimisme, accompagnés d’harmonieuses chorégraphies
niaises avec une petite fleur dans le bec. On ne sait pas comment ces
cons font pour chanter avec des fleurs dans le bec mais ils ne s’en privent pas, et ça n’est rien à côté de ce petit salaud de Bambi qui menace
de sortir chanceler sur ses petites pattes graciles à chaque coin de rue,
exhibant ses gros yeux qui brillent sans la moindre pudeur. N’ayant
que mépris et dégoût pour les petits animaux mignons et les chansons
pour enfants, bien que ce soit uniquement pour justifier ma réputation de Reine du Cynisme, je restai cloîtrée dans ma petite fraction de
quatrième étage, jusqu’à ce qu’on me missionne à aller regarder des
horaires de bus à la gare, ce qui n’est pas si illogique puisqu’il y a une
gare routière derrière la gare, la vraie.
Je traîne donc dans la rue mes baskets trouées et mon
ventre vide, tentant de ne pas défaillir face au vertigineux bleu du ciel,
ah tout ça c’est trop pour moi. Je viens de débarquer sur la plus grande
place passante d’Europe, ce qui entend que non seulement c’est grand,
mais qu’en plus il y a des passants, des entités vivantes piégées dans
une enveloppe corporelle généralement moche, grasse et couverte de
sueur, en somme : des GENS. D’ailleurs à cet instant, certains d’entre
eux viennent d’entrer dans mon champ de vision et de percuter le fond
de ma pensée accaparée par elle-même, c’est... oh ! Un visage plein
de sang. Nous assistons à l’affrontement sans merci de l’homme aux
mains les plus gonflées du monde contre un balayeur vêtu de fluo.
Le temps s’arrête, la caméra fait le tour du champ de
bataille, s’attarde à peine sur les dents crispées, les yeux plissés de
haine - putain ils rigolent pas - les mains prêtes à arracher toute
corde vocale qui traîne, les jambes fléchies parées à bondir tel le fauve
habile sur sa proie impuissante. Les mains de « l’homme aux mains
les plus gonflées du monde » ressemblent tellement à des gants en
plastique remplis d’eau qu’on a peur qu’il se les perce en allant cogner Balais-Man. La scène semble sortir d’un Comics déjanté, THE
INCREDIBLE MAN-WITH-THE-MOST-SWOLLEN-HANDSIN-THE-WORLD*VS* THE SWEEPER, la production maudite d’un
auteur en plein déclin, esquissée entre deux murges au whisky premier
prix et restée inachevée : on est servis en matière de costumes fluos et de
mutations physiques impressionnantes, il y a du sang, de la violence,
du suspens... mais la cavalerie a déjà débarqué, nos copains les CRS
sautent lestement au bas de leur camionnette, gonflent le torse et font
tournoyer leurs matraques. Ils ont beaucoup dû s’y entraîner au vu de
la perfection technique qu’ils offrent au public, et comme à chaque fois
que je vois quelqu’un faire étal de capacités de tournoiement brillantes dues à une pratique rigoureuse « et vous me ferez trente tours de
matraque et plus vite que ça », je me dis qu’ils ont vraiment que ça à
foutre - je n’éprouve aussi que mépris pour les gens qui font tournoyer
des objets, et là c’est juste parce que je suis moi-même trop nulle pour
faire tournoyer ne serait-ce qu’un sac à main... d’ailleurs j’ai pas de
sac à main. Les CRS non plus, puisque les matraques semblent suffir
pour qu’en un rien de temps la place soit balayée du balayeur et de
l’ordure ensanglantée.
L’ordurerie était sûrement partagée entre les deux, mais
ces considérations nuancées n’appartiennent qu’au Mystère, mystère
des histoires laissées en plan par un auteur trop saoul et tombé du
septième étage en laissant ses dettes, son chien rabougri et quelques
planches médiocres. Après avoir assisté impuissant à cette démonstration brillante de la réalité sordide, le bleu Walt Disney du ciel a
arrêté de la ramener, s’est grisé d’amertume et orangé de whisky, et
dimanche a fini sous la pluie.
Aspirine
Monologue Pour Camisole De Couple
(l’Age Du Plan B)
« Représentation et Représentativité…
Creationnisme :
« …Entre Mirage De L’Arc En Ciel
& La hiérarchie Du Panorama »
Représentation : soit la traduction par des signes d’une réalité physique, conceptuelle ou symbolique.
Représentativité : soit la traduction d’individus, d’éléments se répartissant selon des caractéristiques, constituant un portrait fidèle d’une population.
En Mode Foetus
:
À l’aube du monde, L’Homme possédait sa représentation ésotérique et sa représentativité Darwinienne, moralité la vérité n’est pas une
question d’éditrice, mais une réponse d’édition, tout ceci en vertu du syndrome du monochrome.
L’iconographie rend personnalisable l’ensemble des différences au nom de la productivité, de l’étau nation, de la paie sociale.
L’échographie prétend réalisable que l’on scinde la science en communauté, la nature en fonction, la génétique en quota racial.
À la fin du moule, des prototypes aux fins de séries, les statistiques des rubriques nécrologiques ne sont pas des épitaphes du panthéon,
les personnages produisent l’Histoire, les personnes la subissent.
Theorie Du RubiCube :
La composition du casting de la troupe communautaire additionne les logotypes des légendes ainsi que les pictogrammes des stéréotypes;
la gestion n’est pas mère de résolution, hors le troupeau coloré et coloriable s’alignent sur l’hygiène du monde, ce qui revient à suggérer que les mœurs
s’indexent sur l’orchestration des révoltes populaires.
L’intégration conditionne l’individu à un statut de dividende, l’assimilation cautionne révisionnisme et division, l’identification promotionne l’emballage du produit.
La visibilité s’octroie, la lisibilité s’acquiert entre pions et options car la repentance symbolise ce qui ne veut, ce qui ne peut.
La majorité des minorités se domestique pour le contre et la minorité des majorités se transgresse contre le pour, dès lors la revanche se
vit comme innée et les victimes comme investies.
Le Boulier & La Francaise Des Je :
La symétrie des actes colonise le hasard des idées par accoutumance au spatial; La déraison accouche d’une mémoire sans devoir,
chacun sa peine et les royautés pour tous, la ressemblance des conséquences détient la différence des causes pour asseoir l’unification du temps et des
hommes.
Le nombre calcule les mobiles, le genre simule les alibis, les phobies articulent les antécédents autour de la mythologie, car l’uniformisation des réflexes structure le modèle de l’indivisible en aliénant la diversité.
La conception d’un équilibre ne se croit pas équitable, elle essaye dogmatiquement, de facto seule la foi dans l’autre, l’irréel du parfait
prescrit la fantasme du multiple.
L’inégalité des chances est l’unique équité possible, la régulation de la réalité dicte aux difformités d’apparaître comme une norme
accomplie, ce qui promulgue l’ère des belligérants provenant du même espace au nom d’un droit universel.
Un siphon... font... fond :
Le mode opératoire de représentation des biographies ethniques n’a de cesse d’esthétiser les blessures intimes et de convertir les amnésies
collectives à la seule vérité unidimensionnelle ; de sorte que la représentativité tutoie la compétitivité, jusqu’à ce que le fractionnel supplante la somme,
néanmoins les membres sont liés que par l’historique et l’esprit par le mémorielles, les époques témoignent de la souffrance, les écrits attestent de leurs
immortalités, entre le mécanisme de la prise de conscience de soi et la schématisation de l’appartenance, en somme le complexe du no man’s land.
Sylvain de la Sanction Divine
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Les instants damnés du Fléau
|
5 sens, 5 angles, 1 vision
Chacun cherche son train, un dernier, souffle un dernier coup de rein,
Le Noir & Blanc est opportun, la lumière nous rafle depuis que l’ombre déteint.
Le huis clos d’un cliché, le coupable au bon profil construisant le signalement,
Le regard se meurt sous le but, devant l’objectif, sans adjectif, ni compléments.
Le temps est en grève, le pouls joue l’intermittence, l’oxygène se bonifie,
Un espace en voie d’expansion marié à un cathéter, pour prédateur sans détente ni catharsis.
Le fantôme voyage seul ou mal accompagné, sans
destinataire, l’absence cherche un thérapeute,
Siège de seconde main, pour passagers aux
hématomes internes, aux anathèmes post mortem
en route pour l’ultime émeute.
Entre room service à
domicile et litige de
l’âge en gras,
l’homme en berne rest
reint l’étreinte,
Du trône du concile à
l’illumination du karm
en passant par la tabl
acoma
e des égociations, le
visage feinte.
Les points de fuites son
t des angles de vues
dissimulés par la cibl
e,
pour qu’on la crible,
l’accable, la comble,
Ce grain pâle, ce gris
sale, ces graines men
une sangle cumulée au
tales, ce grand mal,
sable, rend irascible
et rentable puis notable.
Les histoires imperso
nnelles et la géograp
hie intime sont le lot
du balayage contempora
de consommation
in, un voisin, pour cha
que mur, pour chaque
séquelle,
ironie, la réclusion déla
ye le vaccin.
Un poster en outdoor
? Une nature morte ?
Une fourmili
Les pistes se suivent,
mais ne s’exportent pas, ère individuelle ?
ne s’importent plus,
Entre créer l’avant et
ressusciter l’après, les
circonstances, les bug
s,
le service juridique disp
ute le contrat à son insu
.
Au centre, il
y a la vie, la vo
ix, le vœu, le
parents, les po
vain, au milie
urtant, les sac
u, les antécéd
hant,
Qu’il y a la mo
ents, les
rt, le statu qu
o, la réalité, les
enfants, les pa
extrêmes, l’anti
rce que, les et
maintenant.
cipation, les
Entre un déco
r en carton et
une réalité en
en série illimi
fond bleu, de
tée
s molécules ma
S’entredéchire avec l’acte de décès sérigr
tricules
aphié à même
en eux-mêmes
la peau,
anonymemen
au nom de la
t familière, sig
lésion étrangè
re, cette doule
ne distinctif de
ur
son appartena
nce au troupea
Génération esc
u.
argot, allant à
son rythme, aim
en paradis art
ificiel, demand
ant avec une
carapace, s’exil
ant l’asile pro
filles seules,
lifique dans l’e
ant
nfer des ficell
Pour un envir
es, des
onnement séc
ure, un engage
indéterminée,
ment stérile, un
une vieillesse
e ce
prêtée à crédit
vendu avec lai
, une capitalisat rtitude à durée
sse.
ion de l’affecti
f
Quand la ressem
blance entre rou
sante, suivre
te arpentée et
la liste, les jam
cu
rri
culum vitae se
bes à son coup
mais pas en mê
fait pres, sortir la tête
me temps, ap
et les doigts du
prend à menti
Les prothèses
cul,
r par toi-mêm
sentimentales
e,
ne
de succession
, rides, cheveu passent pas le contrôle tec
hnique, des cri
x blancs, calvi
prennent plus,
ses
tie, peu de do
las, les distan
nneurs, les gre
ces trompent
ffe
le passeport,
l’identité, la fem s ne
me.
cœur, de
ttement de
ier
, dernier ba otographe, le prem
ne ne sort
ph
on
le
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les voleurs d’image
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My Virgin BubbleGirl à Bali
On te connaissait pour tes murs et ton incontournable flop, tu as aujourd’hui développé d’autres facettes et exploité de nouveaux supports avec les BubbleGirls, les toys, la sape, peux-tu nous en dire un peu plus sur ces nouvelles orientations complémentaires ?
- Pour ce qui est des jouets et des fringues, c’est plus une sorte de plaisir de voir mon travail sur de nouveaux supports. Je collabore beaucoup
avec Kidrobot mais j ai travaillé aussi avec Logo?, Preduce ( 1ère marque de skate thaïlandaise), Bathing Ape, Colette pour Uniqlo, Montana…
J’ai un rapport très bizarre avec tous ces produits parce que, d’un coté je suis très content quand ça sort, mais c’est du consommable, donc juste
après je m’aperçois du coté futile et je trouve ça presque chiant. Par contre ce que je suis en train de faire avec mes photos de BubbleGirls est
totalement différent. C est un projet complet dans lequel je me retrouve a 100%. De magnifiques inconnues, des poscas, du graffiti nocturne, des
chambres d’hôtel a l’arrache, des talons aiguilles, des chaussettes rayées, des villes nouvelles aux quatre coins du globe, comment ne pas avoir
envie de se perdre dans ce concept. En plus, j’ai eu la chance d’être invité à des expos géniales avec Os Gemeos, Herbert Baglione, Miss Van,
Daim et d’autres artistes, et ce, parce que pas mal de gens ont beaucoup apprécié qu’un graffiti artist décide d’utiliser un autre média comme la
photo. J’ai une manière très personnelle de voir la photographie en général, du fait que je l’appréhende avec mes 19 ans de graffiti. Je suis un
vrai fétichiste et la photo est un moyen bien plus adapté pour mettre en images mes obsessions.
Kidrobot édite de nombreux produits dérivés avec tes créations graphiques, comment est arrivée ta première collaboration avec eux ?
- Je les ai rencontré il y a longtemps quand ils n’avaient que leur shop a S.F et puis un jour ils m’ont demandé de faire un design du Dunny 8
inch. Ca a mis du temps avant qu’on fasse quelque chose ensemble parce que je ne suis pas du genre à proposer ce que je fais le premier.
Ils déclinent énormément tes hoodies en multiples couleurs, suite au succès du premier qui était Sold Out en quelques heures, mais aussi
en casquettes, sacs... Pour toi c’est une reconnaissance ? Quels sont les projets futurs dans ce domaine ?
- Je ne vois pas du tout ça comme une reconnaissance mais je suis content de voir que beaucoup de gens aient aimé ce que j’ai fait avec Kidrobot. En fait, j’ai vendu un monogramme et un design avec mes bubbles et ils les déclinent autant qu’ils veulent, sachant que j’ai un droit de
regard sur tout ce qui va sortir.
Tes jouets s’arrachent sur EBay et les enchères montent à n’en plus finir, notamment un custom Cheech Wizard 10’’ qui est parti à 850
euros, comment expliques-tu ce phénomène ?
- Les japonais ont des sous ! Pour ce qui est du monde des collectionneurs de jouets, je ne m’y intéresse pas trop. Je sais juste que ça m’aide à
acheter des billets d’avion, de vieux jeux vidéo, et à dévaliser les sex shop du net via Paypal et rien que pour ça, c est un phénomène qui me plait
pas mal. Hi, hi, hi !!!!
Tu pars vivre à New York, c’est le rêve américain que tu concrétises ?
- la première fois que j’y suis allé, c’était il y a 13 ans. La dernière fois, c’était ma 13ème fois, alors je ne suis pas superstitieux mais c’est juste
qu’après avoir beaucoup voyagé, ça reste la ville que je préfère, la ville du graffiti, du skate, de l’art et des filles les plus folles et sexy, alors…
Le rêve américain, je m’en fous, j’ai juste envie de me retrouver au milieu de cette folie et profiter de son énergie.
Tu viens de sortir un Triptyque de skate Deck’On édité a 100 exemplaires, quelle a été ta démarche pour sa conception graphique ?
- J’ai choisi d’utiliser un visuel que j’avais déjà fait et qui avait été imprimé un peu comme une lithographie lors d’une expo de mes photos de
BubbleGirls à Londres. C’est pour ça que si on essaye de lire, on s’aperçoit qu’il n’y a presque que des noms de filles. Pour moi, le skateboard
est totalement lié avec la notion de plaisir et quoi de mieux pour représenter ce plaisir que toutes ces filles qui ont fait partie, même pour de
courts instants, de ma vie.
Quelle relation as-tu avec ton skateboard ? Tu le pratiques depuis toujours ?
- Ca fait 24 ans que je fais du skate et hier pour la première fois, je me suis écrasé les dents et le nez sur le bitume en essayant un rock slide à
deux francs. J’ai les chevilles qui claquent à chacun de mes pas, j’ai une hernie discale qui me fait trop mal et pourtant j’espère pouvoir continuer aussi longtemps que possible. Je skate souvent avec mon pote Tober qui à un style de malade , même quand il tombe, il a de la classe… En
été, il m’arrive de partir skater, seul avec mon Ipod, dans les rues de Toulouse en pleine nuit quand la ville est morte. C’est la qu’on croise, les
toxs, les putes, leurs macs, les voyageurs égarés, les gens bourrés qui sortent de boite, les vieux mafieux et leurs grosses caisses, les flics et tout
ce beau monde dans la seule boulangerie ouverte a 4hoo pour acheter des croissants tout chauds. J’adore cette atmosphère…
Le MISTILT a pris le relais sur LeClub, quelles expériences retiens-tu du Club ? Et quelles collaborations se profilent avec Mist ?
- Les années LeClub ont été vraiment cool mais il faut avouer qu’avec l’arrivée des bébés, les déménagements et le vieillissement de la population on se voit un peu moins. Mist est venu habiter à Montpellier il y a quelques années du coup c’est plus facile pour se voir et bosser ensemble.
J’adore ce mec, il est à moitié fou, sans doute parce qu’il se drogue trop mais c’est quelqu’un avec qui je suis très fier de bosser et encore plus
de voyager. A l’époque où il peignait avec Steph, c’était un des graffeurs français que je préférais. Aujourd’hui c’est devenu mon partenaire de
jeu. Nos univers pourraient sembler éloignés mais au final ce qu’on fait se marie parfaitement, mais le plus important, c’est qu’il ne se passe
pas une fois où on se voit sans qu’il y aie un fou rire mémorable. On a pour projet de mélanger sa Bonass avec une des mes BubbleGirl avec un
petit bouquin qui regrouperait pas mal d’images de nos Mistiltrips à NYC, Nouvelle Zélande, Australie, Hong Kong… Bruce La Bruce, Shoichi
Aoki, Dan Witz, Shary Boyle…
On n’oublie pas tes toiles et ton travail qui est destiné à être accroché en galerie ou à la maison, quels sont tes projets d’expositions ?
- J’ai eu deux grosses expos collective en Allemagne et en Suisse, avec entre autres Miss Van, Daim, Daniel Man, Os Gemeos, Herbert
Baglione. En 2008 je participe à un show au musée d’art contemporain de Toronto avec Junko Mizuno, Bruce La Bruce, Shoichi Aoki, Dan
Witz, Shary Boyle… Je travaille avec Rik Reinking qui est mon agent et à qui je laisse le pénible travail de trouver des endroits où exposer mon
travail. J’ai des choses bien plus agréables à faire comme du graffiti, chercher de nouvelles magnifiques inconnues dans les rues du monde entier
ou même m’écorcher les tibias avec ma planche à roulettes…
Un dernier mot ?
- Sex, Mushrooms and BubbleGirls !!!!
Propos recueillis par TrukMush
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HOLLY, coiffeuse à Soho
Il devait être 3h00 du mat’ et après une expédition incroyable, d’immeubles en immeubles, nous sommes enfin arrivés sur
le toit que nous avions repéré, avec Mist, en regardant par la fenêtre de chez Kidrobot. Alors que nous étions tranquillement
en train de peindre, éclairés par les lumières de la ville, la porte qui donnait sur le toit s’est ouverte, nous faisant sursauter.
Heureusement ce n’était que trois gars un peu défoncés qui venaient terminer leurs bières et profiter de la vue. Après que
nous nous soyons présentés, l’un d’eux est revenu me voir en me faisant remarquer que j’avais le même nom qu’un graffeur français qui était bien connu chez eux et que je devrais peut-être changer de nom.
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Pour moi, Kowloon qui est la partie plus populaire de Hong Kong, a la même réputation que NYC dans le sens où chaque
coin de rue peut cacher un trésor. La seule différence étant qu’il y a de fortes chances pour que se soit un bordel miteux, une
arrière cour puante, un restaurant de mafieux avec des posters de bodybuilders, un appart’ rempli de faux en tous genres. Je
suis tombé amoureux de ces ambiances crades et authentiques et je passe mon temps à faire des photos de poubelles et de
toutes formes de saletés qui sont, pour moi, belles, riches et tellement plus représentatives du Hong Kong que j’aime.
Eva, comédienne à Hong Kong.
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Je ne pensais pas trouver une BubbleGirl à Wuppertal tellement la ville était austère. Pourtant, elle était là, un peu timide mais
magnifique. J’ai demandé à mon agent s’il pouvait nous enfermer dans le musée sans que personne ne le sache. Il a accepté. On
était seuls, dans la pièce des jumeaux. Elle était gênée. Evidemment, je repartais le lendemain en France et il fallait maintenant
que je trouve un mur pour faire un graff avec le nom de cette jolie inconnue allemande. Il était 4h30, il pleuvait, j’ai peint et je
suis rentré à l’hôtel pour dormir un peu.
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/// Interview
Joe la pompe (www.joelapompe.net)
« C’est en copiant qu’on invente ». Cette citation de Paul Valery trouvera peu d’écho au sein de cette interview. Difficile d’éviter que les
grands esprits se rencontrent dans le milieu de la création publicitaire. Agences, faites germer vos idées, Joe la pompe veille au grain.
Joe, que peux tu nous livrer sur toi et sur ton
identité ? Pas grand chose si ce n’est que je travaille dans la publicité comme créatif en agence
depuis plus de 10 ans. J’ai créé ce site de manière
anonyme pour ne pas subir de pressions de la part
de mon employeur et pour ne pas être suspecté
de parti pris. Aussi peut être pour ne pas avoir de
problèmes avec les gens pris la main dans le sac
et qui pourraient avoir un désir de vengeance un
peu idiot mais surtout assez violent.
 
Lancé en 1999, racontes nous la genèse, le
concept et le parcours du site www.joelapompe.net : C’est parti comme une blague et
comme un défi. On entend toujours en agence
des mauvais esprits, ou des vieux directeurs de
création blasés dire «ton truc c’est du déjà vu».
Mais en réalité, peu nombreux sont ceux capables
de dire où et quand ça a déjà été fait et si ça l’a
vraiment été ! J’ai donc commencé, tout seul, avec
l’aide ponctuelle de quelques amis à fouiller dans
tous les bouquins. On était tout excités quand on a
trouvé nos premiers doublons. On s’est vite aperçus que les même directeurs de création qui nous
prenaient de haut avaient été primés pour des
idées déjà primées elles mêmes dix ans avant...
Tout le monde est invité à participer, y a-t-il un
profil type du contributeur ? (Citoyen lambda,
publicitaire…) C’est surtout des publicitaires qui
m’envoient des exemples. Pas forcement des
créatifs d’ailleurs mais aussi des commerciaux,
des planners stratégiques... rarement des citoyens
lambdas, même si dans l’audience même du site il
y a de nombreux néophytes.
Le bouche à oreille est principal vecteur de
communication pour ton site, comment ça
se passe niveau trafic ? J’ai aussi lancé deux
Cart’Com diffusées en agences et lancé une guérilla avec diffusion massive de stickers en agences et en soirées, mais c’est vrai que le bouche
à oreille est le moyen qui a le mieux marché. De
nombreux blogs me mettent dans leurs liens. Le
trafic a déjà atteint des piques à 100.000 visiteurs
par mois lorsque j’ai eu un article dans Entrevue
ou dans Capital... mais en moyenne il y a 15.000
visiteurs par mois. Peut être que cette interview
dans LAST Mag me permettra de battre un nouveau record !
As tu eu affaire à des menaces, piratages et
autres prises de tête avec des agences ou des
annonceurs ? (Car les vilains copieurs peuvent
te traiter de sale balance…) Des témoignages
de sympathie de la part de ceux qui savent
pratiquer l’auto-critique ? Avec les annonceurs
jamais ! Je suppose qu’ils se sont pleins à leur
agence directement de leur avoir vendu aussi
cher de vieilles idées. Sinon quelques créatifs
visés se sont tournés vers moi avec des menaces
mais plus souvent pour tenter de se justifier avec
des « je ne savais pas », « comment aurais-je pu
savoir ? » etc... Ceci-dit le plus souvent je reçois
des mails de félicitations et d’encouragements, y
compris de la part de personnes qui figurent sur le
site. Quand on me traite de « balance » je répond
souvent que je ne vise personne en particulier
mais plutôt un système. Je dénonce plus le fait de
vouloir chercher des récompenses avec des idées
éculées que le fait de tricher.
Quel message souhaites tu faire passer aux
pompeurs ? Que je sais que les vrais tricheurs
ne sont qu’une infime minorité. Que ceux qui le
font y sont souvent contraint par les délais où la
pression gigantesque qui règne en agence. Mais
aussi qu’aujourd’hui, avec l’existence de mon site,
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il va être de plus en plus dur de passer inaperçu et
que franchement au final, la beauté de ce métier
c’est de lancer des idées neuves.
Que souhaites-tu mettre en lumière pour les
internautes qui passent sur ton site ? Qu’ils ne
se disent pas immédiatement « les créatifs sont
tous des pourris ». Certes, le site s’appelle Joe
« la pompe » mais c’est surtout une provocation. En visitant le site ils faut qu’ils se rendent
compte de l’extrême difficulté de la tache créative
aujourd’hui, alors que tout semble avoir déjà été
fait et refait de toutes les manières.
Qu’est ce qui te procure le plus de joie : la
recherche du pillage parfait, ou celle de la
petite phrase cynique qui servira à l’illustrer ?
Ce qui est le plus excitant et qui m’étonne le plus
c’est quand on peut jouer au jeu des sept erreurs
avec deux annonces alors qu’elles ont été crées à
l’autre bout du monde avec une décennie ou deux
d’intervalle par des gens qu’à priori tout sépare. Je
ne suis pas cynique, mais un peu ironique. C’est
juste pour souligner l’absurdité de certains exemples et pour provoquer un peu.
Les internautes sont appelés à voter pour le
plus gros pompage. Personnellement, quel est
celui (ou quels sont ceux) qui t’a (t’ont) le plus
choqué ? Ce qui me choque le plus finalement
c’est quand des publicitaires pompent un cartoon
humoristique d’un dessinateur connu. Qu’ensuite
ils se le réapproprient carrément et cherchent à
se faire récompenser pour ça dans un concours
«créatif» sans citer leur source. Là on marche sur
la tête ! Je pense par exemple à un célèbre dessin
de Gary Larsson pompé puis primé à Cannes ou à
l’oeuvre de Serre pillée par les publicitaires qui se
contentent de refaire le dessin en photo.
« En visitant le site, les gens doivent se rendre compte de l’extrême difficulté de la tache créative aujourd’hui, alors que tout
semble avoir déjà été fait et refait de toutes les manières.»
Quels créatifs, agences et campagnes t’ont
agréablement surprises par leur originalité ces
derniers temps ? Heureusement il y en a plein !
J’en découvre tous les jours. La production
d’agences telles que Crispin’ Porter + Bogusky à
Miami ou Mother à Londres est étonnante de par
la diversité et le côté novateur. En France, et bien
qu’ils soient parfois cités sur « Joe » le travail de
TBWA ou de Leg est de très très bonne qualité.
J’attend aussi avec impatience de voir le travail de
Fred et Farid...
Quel est ton sentiment profond sur :
- L’acte ouvert et évident de plagiat :
Pour moi ça ressemble tout à la fois à la contrefaçon de produits de luxe, à l’espionnage industriel
et en même temps au phénomène du dopage
dans le cyclisme. C’est inévitable, parfois grotesque, mais au fond heureusement plutôt marginal.
Ce qui m’étonne plus en revanche c’est le manque
de culture pub des créatifs et des annonceurs.
- L’évolution de l’industrie publicitaire,
On crie un peu trop vite que la pub traditionnelle
est morte. Que maintenant elle va se redéployer
sur Internet, dans le hors média, dans le buzz...
C’est vrai en partie, en même temps je reste persuadé que l’affichage par exemple a encore de
beaux jours devant lui. Je ne suis pas le seul à le
dire, mais de toute façon ce qui importe le plus en
dehors de la forme et du média c’est l’idée !
- La multiplication des collaborations d’artistes (designers, graffeurs, illustrateurs...) dans
les campagnes de pub...
Ça a toujours été le cas. Dès qu’un mouvement se
met à marcher, la pub récupère. Elle surfe sur la
tendance plus où moins intelligemment d’ailleurs.
Aujourd’hui le street art, la culture urbaine, l’illustration sont à la mode, la pub suit. Tant qu’elle ne
«pille» pas ces formes d’art mais qu’elle leur fait
des emprunts ou des hommages pourquoi pas.
Que penses tu des stratégies de marketing
alternatif ? (street marketing, guérilla marketing…) On ne parle plus que de ça. Comme si ça
venait de sortir. On voit des trucs très étonnant
dans ces catégories c’est vrai ! Sauf que j’ai des
bouquins de 1983 avec de superbes opérations
que l’on appelle aujourd’hui « guérilla » et que l’on
appelait simplement hors-media à l’époque quand
on leur donnait un nom... bref le principe en lui
même n’a rien de nouveau, il est aussi un moyen
pour les créatifs de recycler des idées «papier» en
leur donnant une seconde vie ou de s’échapper de
catégories ou tout semble avoir déjà été fait.
Que penses tu du phénomène et de l’activisme
anti-pub ? Il ne m’étonne pas tant il est vrai que
la pub nous encercle massivement et surtout étant
donné la qualité pathétique de la plupart des messages. Ils sont perçus alors à juste titre comme
des agressions ! En même temps, je pense qu’ils
se trompent totalement de cible et de combat en
s’attaquant ainsi à cette surface immergée de
l’iceberg qu’est l’affichage. C’est beaucoup de
bruit pour rien.
On peut supposer que tu as lu le bouquin « No
Logo » de Naomi Klein, qu’en retiens tu principalement ? Je vais peut-être vous étonner ou
vous décevoir mais je ne l’ai pas lu. Je dévore tous
les ouvrages montrant des pubs, assez peu ceux
qui philosophent autour. Mais je devrais peut-être
m’y mettre...
Des lectures à conseiller sur le domaine publi29 / www.last-mag.com
citaire ? Je conseille de relire ou de redécouvrir
des bouquins de pub des années 70 à 90. Les
One Show ou les Art Directors Club. Loin d’être
ringards, ils sont pleins de super idées. On les
trouve d’occasion à pas cher. Je ne dis pas ça
pour qu’on les « pompe » mais pour qu’on s’en
inspire, qu’on les réinterprète intelligemment et
qu’on finisse enfin de croire qu’on est en train de
tout inventer aujourd’hui et que hier tout était ringard. Un super bouquin aussi que j’ai découvert et
dont pourtant le titre est naze : « Photos de pub :
400 effets bluffants » par Uwe Stoklossa aux Editions Eyrolles. Vraiment étonnant !
Une dernière anecdote à nous confier ? Le boss
de mon agence un jour m’a violemment pris à parti
à propos d’une campagne que je lui présentais en
me disant que comme tous les jeunes aujourd’hui
je manquais totalement de culture publicitaire !
Propos recueillis par TruK
Illustration : Arknot
/// Artworks
/// Interview
Article à mettre en parallèle avec l’interview de Joe la
pompe (pages précedentes) qui met en lumière la
paupérisation créative d’une riche industrie mondiale, celle de la publicité.
Quel plaisir, à chaque fois, de rencontrer des artistes qui nourrissent leur art de
ces disciplines sportives que l’on affectionne. Aurélien, est pile au croisement, on
l’embarque le temps d’une interview…
Une nuit
Aurelien Desbois
Salut Aurélien, peux-tu te présenter ?
Aurélien Desbois, Aurel pour les intimes, je
vis et travaille à Bayonne, au pays Basque.
Je partage mon temps entre le surf, le skate,
le ski et toute autre forme de glisse. La peinture occupe la majeure partie de mon temps.
Ma scolarité ne s’est pas vraiment prolongée
bien que j’ai passé deux années à l’école
d’art de Bayonne…
« Une Nuit », un collectif doté d’un
concept, dont émerge une action
engagée et ouverte à tous, qui ne
manque ni de diversité ni
d’inspiration...
Il était Une Nuit...
Tout est
affaire de goût et
certainement de positionnement culturel : la perception visuelle
en milieu urbain connaît sa propre loi de la
relativité. Alors que certains se sentent agressés par
l’activisme graffiti / tag / street art, d’autres sont usés par
l’affichage publicitaire. Les deux types d’invasions adoptant respectivement des techniques matraquages, variables selon les coins de bitume
que l’on arpente. Dès 2002, un collectif composé d’artistes urbains a décidé de
lancer une « guérilla autogérée » contre les espaces dits 4 par 3, sur une durée commune
qui définit leur nom de guerre : Une Nuit. L’offensive a eu lieu à trois reprises en 5 ans (2002, 2003,
2005), massivement sur la capitale, avec des foyers localisés en province. A des fins stratégiques et impactantes, la publicité (ab)use souvent de l’art. Et ce dernier passe régulièrement le cap de la simple démarche de
création esthétique pour se marier au plus tôt à une approche marketée... Les frontières sont fines. Dans le cadre de notre
Nuit, l’art prend ouvertement le pas sur la publicité, personne n’a vraiment son mot à dire (mis à part les artistes) clandestinité et
opération coup de poing obligent. Résultat : ça interpelle les passants, provoque des réactions, ouvre des brèches dans nos repères visuels en milieu urbain... ça excite les neurones. Une Nuit, le livre, rassemble les photographies de ces oeuvres éphémères créées par plus de 160
artistes urbains, affichées au cours des trois Nuits d’action. À cette archive photographique unique s’ajoutent les informations documentaires retraçant les
différents épisodes de ces défis urbains. Pour ceux qui se sentiront l’âme de (s’y) coller, un mode d’emploi pourra vous mettre sur la voie, publique bien sûr...
TruK
UNE NUIT - Editions Kitchen 93 (244 pages, 18 x 24 cm) / Bilingue : Français & Anglais / 19,90 euros
www.kitchen93.fr / unenuit.tk
Parle nous un peu de ton univers, le snow,
le skate, le surf... Mon univers commence
dans mon atelier, un ancien bar prés de la
gare, où s’enchevêtrent différents supports
de glisse : planches de skate, ski, planches
de surf et bien sûr les toiles vierges, les toiles
achevées, les toiles commencées, les châssis, les peintures. C’est mon décor, ma vie.
Comme l’océan fait partie de moi, j’ai besoin
de le rencontrer, d’aller sur ses vagues. Et
la montagne l’hiver, les pentes de neige, les
murs et la vitesse. Dans ces sports de glisse
je retrouve une liberté totale comme sur la
toile qui devient un champ de poudreuse ou
je pose de grandes courbes.
D’où te viens ton amour pour la photo
et la peinture ? Ma mère m’a amené dans
les musées dés que j’ai été petit. Il y a des
tableaux, reproductions, affiches, livres,
partout dans la maison familiale. Ma grandmère peint, et ma tante, aquarelliste, est
enseignante à la faculté de Bordeaux. Mon
oncle est un photographe reconnu dans
le monde de la montagne. J’ai grandi dans
ce monde où la peinture et la musique font
partie du quotidien. C’est à l’adolescence
que j’ai peint mes premières boards de skate,
alors que d’autres idolâtraient des starlettes
de cinéma ! Je peignais partout, je graffais,
j’avais des bombes et chaque mur devenait
un support. Je me suis retrouvé plusieurs fois
au commissariat ! La photo a très vite été un
complément à la peinture.
Comment définirais-tu ton travail, tes inspirations et tes Supports ? J’ai du mal à
juger mon travail. Il est ce que je suis, c’est
mon attitude, mon ressenti. On me demande
souvent pourquoi je fais ces personnages
tristes. Ils sont sans doute l’expression de
mes angoisses, de mes questionnements. Ils
sont dans ma tête, mais moi je ne les juge
pas forcément tristes. Mon travail est en évolution permanente. J’essaie des techniques,
je regarde le travail d’autres peintres. Je travaille avec les pinceaux, le grattage, l’acrylique, les bombes et les posca. Le mélange
bombe et acrylique me permet d’exprimer
mes humeurs. A l’école d’art, je peignais sur
des feuilles de papiers kraft dont la surface
pouvait être 2 mètres de haut ou plus. J’aime
les grandes surfaces. Je suis dans une période où je travaille toutes les gammes de
couleurs jaunes, rouges, oranges. C’est dans
un monde en couleur que je veux vivre. Le
rendu de lumière et ombre n’est pas mon fort.
Je travaille beaucoup la nuit, car il y a une
qualité du silence particulière, je peux me
www.last-mag.com / 30
concentrer comme dans un monde éloigné
et isolé où le téléphone ne sonne pas. J’exprime des ressentis du moment, c’est une
peinture assez instinctive. On retrouve toujours les mêmes sujets mais je les travaille au
moment. Je trouve mes inspirations dans des
mythologies lointaines, dans les masques
africains. J’aime les visages des femmes
très épurés et bruts où juste les lignes et les
courbes racontent la personne. Je m’inspire
beaucoup de l’époque cubiste où on retrouve
ces mêmes lignes et courbes, un trait cassé
ou un arrondi. Braque et Picasso. Je regarde
beaucoup Hunderwasser peintre allemand
des années 60. Etant très inspiré par la
tendance « graffitis », et l’utilisation de tous
supports, je m’inspire beaucoup de Barry Mc
Gee. Je l’ai découvert lors de la Biennale de
Venise sur une installation qui se prénommait
« street market ». Il avait reconstitué une ville
entièrement investie par les personnages
dessinés à même les vitres et les murs.
Quelle est ton actualité ? J’ai exposé aux
Puces de l’Art à Bayonne où j’ai rencontré
beaucoup de monde. Je crois que mon travail
plaît et intrigue... Je vais participer à une exposition collective à la Galerie Space Junk de
Bayonne et j’expose des toiles et des skates
au shop « Woodstock » à Hossegor jusqu’à
fin Août 07. Mon actualité du moment découle
de ma passion pour la glisse, c’est ainsi qu’il
y a quelques temps, j’ai décoré les modules
du snowpark de Saint-Lary, j’ai également
réalisé l’affiche du « Betty Jam », contest de
ski et snow 100% fille. En ce qui concerne
mes projets d’avenir, quelques trips sont en
préparation. Le fait que le shop Woodstock
m’ouvre ses portes m’a permis de pouvoir
intégrer un autre magasin de skate et snowboard sur Bordeaux. Je vais exposer mes
toiles dans ce lieu dès la rentrée 2007. Mais
mon objectif principal serait d’être exposé de
façon permanente dans une galerie !
propos recuellis par Stan
http://www.myspace.com/artistaurel
31 / www.last-mag.com
/// LAST Interview
Cinematic Orchestra
En journée promo exclusive à paris, pour la sortie de son très bel
album «Ma Fleur» (Ninja Tune/Ping Pong). Jason Swinscoe, la tête
pensante de «Cinematic Orchestra» s’est laissé tenter par une petite
Last Interview.
Dernier coup de foudre : ma femme
Dernier album : Karen Dalton, elle a juste fait deux albums, qui viennent
d’être réédités.
Dernier concert : Cat power. Un concert en deux parties avec le Memphis
Band et Cat Power en solo accompagnée d’un piano et d’une guitare, la
deuxième partie était énorme la première vraiment très bien techniquement, mais pas assez intime.
Dernier livre : Cotton, un livre sur l’histoire de New York.
Dernière joie : finir l’album et bien entendu le faire. C’était bien dans un
studio terrible à NY.
Dernier cri de rage : Avoir raté mon avion en rentrant chez moi de Londres à New York
Dernier spleen : Quand j’ai quitté New York.
Dernier rêve: Je ne me souviens pas de mes rêves
Dernier film : Babel, magnifique!
Dernier merci : Barak Obama pour avoir poussé l’Amérique a être plus
positive
Dernier mot : Paix.
Shils présente en exclusivité un entretien avec Jason Swinscoe
(www.shils.net).
/// LAST Event
Fete de la musique
Cette année le Batofar avait placé la fête de la musique sous le signe
de la drum’n bass et du hip hop. En partenariat avec X-Ray Production, le programmateur du Batofar et son équipe avaient concoctés
un line up d’anthologie.
La soirée débute par un warm up géré par l’équipe du Bato. Sur le coup de
21H la foule commence à se tasser sur les quais, servie par une grosse
sélection de Crazy B. Deux gouttes de pluie tombent, puis plus rien, le
temps reste menaçant mais les grosses basses de dj Aphrodite dispersent les nuages. Dès 23H, l’anglais attaque son set. Pour l’annoncer on
retrouve un dj Science au top de sa forme. L’ambiance est électrique sur
les quais, plus de 3000 personnes en furie qui donnent du fil à retordre à
la sécu qui tente de retenir les restants de barrières de sécurité… Après
les pogos et les slams de l’extérieur, la soirée continue dans le club où
Goloom assure le warm up avant de laisser la place à Big Red et à dj
Science. Les massives attendaient leurs héros, le duo magique formé par
Ed Rush et Optical met une grosse claque d’entrée avec une sélection
ambiance « lance roquette », avant de trouver leur rythme de croisière
vers le milieu du set où le bon vieux old school rollin’ reprend toute sa place. Enfin, les deux compères d’X-Ray Production, Mac Manus et Goloom
assurent un finish dans la joie et la bonne humeur. La soirée se termine
vers 6H20 sur des classiques reggae pour calmer tout le monde avant de
rentrer se coucher. Fuck le tsunami bleu, seul importe le fait que la vague
rouge version Batofar ait inondé les citoyens de bonnes vibes… Alex
www.last-mag.com / 32
33 / www.last-mag.com
/// Dossier
Radio libre : Etat des lieux
Nous vous laissons en compagnie de l’intarissable Dimitri, permanent de la radio associative Dio.
Sept questions qui nous permettent de toucher du doigt les problématiques auxquelles est livré ce media, véritable ligature sociale.
« Une radio associative ne produit rien, en calculs capitalistiques,
donc n’est pas viable, donc poubelle… »
Salut Dimitri, peux tu te présenter ? Salut à
toi… Je m’appelle Dimitri Mbakop. On peut me
connaître aussi, artistiquement parlant, sous
les avatars Jah’Zz ou mBeu ou Gin Scotch &
Rhum, etc… Mais je pense que nous sommes
ici pour discuter du « civil » donc restons sur
Dimitri, ça me va ! Je suis né au Cameroun, il
y a plus de 30 ans, j’y ai grandi et je suis arrivé en France en 1991 (à St-Etienne), suite à
divers « soucis », qu’on qualifiera de politique,
chez moi… Parcours assez classique, études,
jobs, dérangements, arrangements, études,
jobs, dérangements, arrangements, et entre
tout ça, beaucoup d’écriture, de chant, de rap,
de mots parlés, de platines, de boîte à (micro)
rythmes, bref de musique, un peu de peinture et de danse… Et sinon, je suis permanent
dans une radio associative stéphanoise du
nom de Radio Dio, apparue en 1981. J’y suis
permanent depuis fin 2000. J’y faisais déjà des
émissions, en bénévole depuis 1993. Mon job
de permanent, c’est de m’occuper pour à peu
près moitié de programmation musicale, ainsi
que de la « chose » multimédia… Ceci dit, je
fais toujours des émissions dites spécialisées,
et bénévoles, j’y tiens, autour du hip-hop et
des musiques voisines, cousines… A côté, et
toujours dans le domaine associatif, avec une
asso’ qui s’appelle Univers Soul, nous organisons aussi des concerts et autres sound-systems, et sortons assez régulièrement des mixtapes, en do it yourself. Pour conclure, je crois,
en toute modestie, que l’on peut aussi me
qualifier de passionné de ça, le hip-hop, d’en
être un activiste ou ce genre d’idée… Enfin, je
tiens à dire que je répond ici à titre personnel,
et que je ne suis pas mandaté particulièrement
par x ou y ou z…
La question du jour, c’est quoi une radio
associative ? Comment ça fonctionne ?
Avantages, inconvénients… Comme son
nom l’indique, une radio associative est avant
tout d’une part une radio, et d’autre une association ou plutôt l’émanation « physique » d’un
projet associatif… En France, il y a plusieurs
catégories de radio… Ca va de la nationale
commerciale à l’associative, en passant par
la locale commerciale, et autres… Avec l’arrivée de François Mitterand en 1981, il y a eu
ce qu’on appelle la « libération des ondes »
(oserais-je dire maintenant la « libéralisation
des ondes » ?), et l’ouverture à d’autres radios
(celles qui étaient nommées « libres », les « pirates » aussi, ainsi que les « périphériques »),
puisque le paysage radiophonique et télévisé
était limité à la chaîne d’Etat.La radio associative date donc de 1981… Par association,
nous parlons de celle de la loi de 1901. Cela
veut dire aussi, et surtout, qu’une telle radio ne
peut avoir de recettes, ou tout du moins des
bénéfices, dans le sens capitalistique du terme… Ou encore que si bénéfices il y a, ceux-ci
doivent être « redistribués » dans le fonctionwww.last-mag.com / 34
nement de la radio et/ou de l’association ! Une
radio associative vit, survit, grâce notamment
aux subventions d’Etat et/ou de collectivités
locales, etc., mais aussi des cotisations des
adhérents, et autres dons et/ou mécénats…
La plus grande ressource financière des radios
associatives provient de ce qui s’apparente à
une subvention d’Etat, qui se nomme le FSER,
Fond de Soutien à l’Expression Radiophonique, alors que bien souvent, les uns et les
autres peuvent penser que les subventions
et ressources viennent essentiellement des
municipalités et autres collectivités locales
ou régionales. Notez cependant qu’une radio
associative peut, depuis 1989, aussi faire de
la publicité à hauteur de 20% de son chiffre
d’affaires. Mais bon, je ne vais pas m’étaler
sur la description complète du mode de fonctionnement d’une radio associative, ce sont
des infos que les lectrices et lecteurs peuvent
trouver assez facilement ! Bref, concernant les
avantages et les inconvénients, que répondre
? Les inconvénients… Il me semble que c’est
assez évident, un gros manque de moyens, et
financiers essentiellement ! Je pense que c’est
là le gros problème des radios associatives, et
de celle dans laquelle je bosse en particulier…
Il y a probablement d’autres inconvénients,
mais au final, comme partout, l’argent est le
nerf de la paix et à fortiori de la guerre ! Quant
aux avantages, là je parle pour Dio et sans
doute pour d’autres, c’est tout de même le
« semblant de liberté » qui peut y exister. Je
dis « semblant » car, sans vraiment rentrer
dans une discussion philosophique, il faudrait
peut-être déjà définir la notion de liberté, non
? Enfin, oui, il y a tout de même, disais-je, une
certaine « liberté » ou « indépendance », ce
type d’idée(s) là… Ceci dit aussi, toujours
sans réellement entrer de plein pied dans le
concept de liberté, ou donc d’indépendance,
le peu de ces notions là est assez mis à mal
par diverses oppositions. Et ces dernières
sont nombreuses et multiformes. La « pression » exercée par les grands groupes de
communication (je ne dis pas d’information et
de communication, sans porter un quelconque jugement
de valeur sur le métier de
communiquant !) en est un
exemple plutôt probant. Cette pression, ces pressions,
se situent surtout au niveau
du FSER cité plus haut, ou
encore sur les fréquences
hertziennes, car la FM n’est
pas, de facto, extensible à
souhait, et moins il y a et aura
de radios associatives, plus
les grands groupes peuvent
prétendre à de nouvelles
fréquences envers le CSA…
L’environnement politique
a aussi de temps en temps
des velléités d’ingérence,
des fois frontales, souvent
par des biais détournés.
C’est quelque part la société
que nous avons choisie, et
ces derniers jours, entre les
élections présidentielles et
les législatives, les municipales qui arrivent, peuvent
nous laisser croire que les
forces de la matrice seront
décuplées ! Le mode de
société libérale a été choisi,
et ce, il y a bien longtemps,
et nous le perpétuons au final, quoiqu’on en dise… Je
m’égare, je crois ?!?
L’idée originale se situait dans un contexte
Mitterrandien… Au final,
est-ce que le concept a
survécu au contexte ? Ca,
c’est une très belle question… Bon déjà, des « radios
libres », qu’est-ce qu’il en
reste ? Je pense que quelques unes, des radios associatives, perpétuent cet état
d’esprit, cette politique d’une
action qui peut être culturelle
ou sociale ou ce qu’on veut
au final, une action politique,
c’est suffisant ! Je crois donc
que l’on peut parler de « libéralisation des
ondes », car l’idée des « radios libres » s’est
assez vite diluée dans une espèce de soupe
du tout marchand, et pourtant j’aime bien la
soupe, et il m’arrive de marchander… Une
radio comme NRJ, qui était, quoiqu’en disent
les mauvaises langues, une représentation
comme une autre des radios libres, regarde
ou plutôt écoute, non, entend ce que c’est
devenu… Est-ce que le concept a survécu au
contexte ? Forcément non, au regard de ces
types de radio ! Mais, il y a des poches, de
résistance à la matrice, et je crois encore une
fois que certaines radios dites associatives
sont en plein dedans, dans le cœur, en sont
les poumons, pas toutes non plus… Peut-être
que certaines radios, sorties du stricto sensu
catégorie A (radios associatives), essaient
tant bien que mal de faire survivre ce concept
de radios libres, à leur manière, je pense un
peu à Nova ou Grenouille à Marseille, mais
lorsque tu mets un doigt dans matrice, j’ai
bien peur que ton corps en entier soit hapé,
tant mieux si tu sauves ton âme ! Je trouve
ça triste mais, le hold-up mental, ça marche
en chanson et c’est tout ! Et quand même, car
ce n’est pas toujours non plus « la faute des
autres », il y a aussi au sein même des radios
associatives des agents de la matrice, des dames ou sieurs Smith… Chacun à leur niveau,
mais ils existent néanmoins ! Les irréductibles
restent cependant, et ce n’est pas une forme
de corporatisme ou je ne sais quoi, j’ai horreur
de ça, mais ils résident dans quelques unes
des radios associatives… Et j’ai la prétention
de croire et de dire, que j’en fais partie de ces
irréductibles là, et que la radio dans laquelle je
bosse, en professionnel comme en bénévole,
peut faire partie, et en partie, de ce village,
cher à Uderzo et Goscinny comme à Mc Lu35 / www.last-mag.com
han… Je me dois aussi de toucher mot de
zones (radiophoniques) autonomes temporaires, des pirates qui subsistent encore ici et
là, ainsi que de certaines webradios qui, sans
doute, font partie elles aussi de ces entités
hors du tout marchand ou tout productivisme !
Global est le village, non ?
Racontes-nous le cas Dio : Radio Dio est
née en 1981, et grosso modo, on peut dire
que les débuts étaient entièrement sous la
philosophie des « radios libres », dont on
parlait il y a quelques instants, ainsi qu’une
espèce d’appartenance à la mouvance, ou
aux mouvances, libertaires
et anarchistes… Pas complètement pour cette dernière
réflexion, mais tout de même,
et je crois que c’est utile de le
préciser ! Cette date de naissance fait de Dio la doyenne
des radios associatives en
terres foréziennes et stéphanoises précisément… Bon, je
vais éluder les années qui se
sont écoulées, juste dire que
de manière générale, Radio
Dio aujourd’hui, c’est une programmation musicale axée
rock au sens large (c’est-àdire que la plupart des autres
courants musicaux ont leur
place, de la chanson française à la techno, du reggae au
hip-hop, etc.), c’est aussi de
l’information locale et régionale (et il y a encore quelques
mois, c’était du quotidien), et
enfin, ce sont des espaces
radiophoniques dédiés aux
associations culturelles actives et activistes, diverses,
variées, dédiés à certaines
communautés de minorités dites visibles ou encore aux familles et proches des détenus
de la maison d’arrêt du coin,
et des détenus eux-mêmes
au final ! Précisons aussi que
Radio Dio fait partie, et en est
une des radios créatrices, de
la Férarock, Fédération des
Radios Associatives Rock,
qui au fil du temps est, à mon
sens, devenue un acteur important de la vie culturelle, et
musicale précisément, française. Radio Dio essaie de
faire la part belle, ou à défaut
de laisser une place conséquente, aux artistes, labels et
styles émergents, « radio de
découverte » est une espèce
de slogan qui s’affiche avec
le blaze de Dio. Mais bon, là
ça commence à faire promotion de la bête. Bref, jusqu’à l’année dernière,
moitié de l’année, nous étions 5 permanents,
salariés, sachant aussi que la radio ne compte
pas loin d’une centaine de bénévoles. Depuis
la rentrée (Septembre), nous ne sommes plus
que 4 salariés, car la radio, ou du moins, le
Bureau et le Conseil d’Administration d’alors
(mais c’est la radio puisque élu, le Conseil),
a licencié une collègue journaliste ! Passons,
à regret mais nous n’avons sûrement pas le
temps, sur les aspects humains de la chose,
il y a surtout que le motif de licenciement était
on ne peut plus erroné et fallacieux, car mon >
ancienne collègue, à raison, s’est retournée
contre la radio, et surtout, elle a gagné ! La
radio a donc une somme conséquente à payer
à cette personne, et à nouveau, c’est tout à fait
légitime et normal qu’elle se soit défendue…
Tout comme maintenant, pour Radio Dio, c’est
normal et obligatoire de régler ce qui est dû !
Ceci dit, comme je le disais plus haut, la plupart des radios associatives rencontrent des
difficultés financières importantes, et quand
une telle dette non prévue déboule, c’est la
catastrophe… Quand je dis non prévue pour la
dette, je parle en terme très généraux, car pour
être un peu mieux précis, cet ancien Bureau
le savait pertinemment, mais il s’est amusé à
jouer à Prométhée, sur le dos des salariés, de
l’ex-salariée, mais surtout des associés et bénévoles, car la situation qui en découle met en
péril véritablement l’existence même de l’association et de la radio. C’est ainsi qu’au début
du mois de Juin 2007, après que l’association
et ses membres aient élu un autre CA et nommé un autre Bureau et que ces derniers aient
tenté, je le crois, de « sauver les meubles » (fin
Mai / début Juin), l’association s’est déclarée
en cessation de paiement et a déposé le bilan.
Nous avons par la suite obtenu un « sursis »
d’une durée de 6 mois, avec un suivi particulier des comptes par un mandataire judiciaire
nommé par le Tribunal de Grande Instance de
St-Etienne, et un suivi, de manière plus générale, de la mise en place et de la viabilité de
notre projet associatif. En interne, nous avons
remis à plat pas mal de questions, nous y sommes encore, et nous avons élaboré et proposé
un plan de redressement ! Cela a probablement joué pour nous dans l’obtention de ce
sursis. Peut-être que les nombreuses lettres
de soutien que nous avons reçues, émanant
d’anonymes, de professionnels, de politiques,
d’artistes, ont également eu un quelconque
rôle positif dans le décision du TGI, mais je ne
peux l’affirmer… Tiens, j’ai été il me semble, et
à raison, quelque peu critique des forces politiques, j’entend par là les forces au pouvoir,
je dois donc préciser ici qu’apparemment, la
municipalité stéphanoise de droite semble
toute de même voir d’un mauvais œil la disparition éventuelle de Radio Dio. Ca peut faire
l’objet d’une autre discussion intéressante…
L’honnêteté veut que je le précise, dont acte
! Et aussi pour re-affirmer que si disparition de
Dio il y a, de prime abord, cela n’aurait rien
à voir avec la liberté d’expression, okay ?!?
Autre débat encore…
A tes yeux, une radio associative, c’est plus
une plateforme de communication ou un réseau de militants ? Autre question forte intéressante, et qui appelle un vaste débat… Et je
crois que la réponse n’est pas tant que ça tranchée ! Je vais tenter d’expliquer clairement ma
position dessus, sachant que chaque jour ou
presque, je me remet en question et mes positions peuvent donc bouger… Si nous enlevons
les artifices de la pensée libérale occidentale,
l’idée de plateforme de communication, de
communion, sans verser dans un quelconque
prosélytisme, n’est pas en soi une hérésie…
Cette plateforme de communication serait le
socle d’une espèce de fédération, officieuse
ou pas, d’activistes associatifs. C’est une belle
vision de la radio, et de la radio associative,
non ? Je vois cependant mon activité au sein
d’une radio associative réellement comme une
sorte de « mission ».Cette dernière serait de
l’ordre de l’éducatif peut-être, du ludique sans
doute aussi, c’est le Masterblaster qui utilise le
néologisme d’« edutainment », et celui-ci me
convient parfaitement ! Même aujourd’hui, je
crois sincèrement que la voie hertzienne est
un défi, et une chance. Une radio associative
se doit d’être, non pas élitiste mais, un tantinet
pointue ou différente, amener les auditrices et
auditeurs à (re)découvrir des artistes et genres
musicaux autres… Alternatifs ! C’était quelque
part le contexte, tu disais, du début des années
80, je crois que ça devrait le rester. Ca ne veut
pas dire que les artistes et genres dominants
n’aient droit de cité ou sont simplement (sic !)
mauvais. Ca, c’est pour l’aspect musical de la
chose, mais c’est aussi valable à mes yeux
pour l’aspect sociétal, et l’information. La voix
de celles et ceux qui n’ont pas de voix, pour
paraphraser Césaire, je pense que la radio associative doit s’inspirer de cette formule, doit la
porter. En ce sens, oui, une radio associative
est un réseau de militants et une plateforme
de communication et d’information. Les deux
positions que tu me proposes ne sont pas tant
que ça, ou même pas du tout, antinomiques !
Une pensée unique s’est-elle développée
dans l’univers de la radio associative ? Là
je t’avoue que je n’en ai aucune idée. Toujours
est-il que, un peu comme partout dans notre
société et dans les sociétés (compagnies,
entreprises…), il y a comme une espèce de
modèle qui sans aucun doute s’applique,
modèle qui prend exemple qu’on le veuille ou
non sur ce que « on » lui propose, soit une
reproduction, souvent médiocre en raison
du manque de moyens financiers, d’un autre
modèle, dominant celui-ci et initié, restons
donc sur cette métaphore, par la matrice ! Je
ne vais sûrement pas me faire des amis en
disant cela, mais c’est quelque chose que je
peux ressentir en regardant ici et là… A partir
de cette hypothèse, puis-je et peut-on affirmer
qu’il existe en radio associative une pensée
unique ? Un des soucis aussi d’étayer, ou au
contraire de l’infirmer, cette théorie, c’est le fait
que les radios associatives en France sont différentes les unes des autres, il me semble…
Même si certaines possèdent des caractéristiques communes, des volontés proches, des
« ...une radio associative est un réseau de militants
et une plateforme de communication et d’information. »
ponts entre elles, la réalité philosophique et
politique d’une radio associative d’ici est souvent différente de celle d’une radio de là ! Alors
en raison de tout ce qui précède je ne crois
pas trop à cette idée de pensée unique. Mais
qu’une forme de la pensée unique de notre société ait investie l’univers de la radio associative, oui, c’est évident ! Voilà que je me met à
parler comme Jean-François Kahn, argh ! Plus
sérieux, évidemment que le « petit monde » de
la radio associative subit ce type d’invasion, et
oui, je me répète, des fois c’est avec complicité. Cependant, puisque derrière ta question,
je sens comme une critique, d’ailleurs assez
fondée, je pense que si pensée unique il y
a, elle est postérieure, et forcément, ressemblante à celle proposée par notre environnement. Autre tournure pour au final dire à peu
près la même chose, il y a sans doute aussi
avec le temps, et les diverses conjonctures, eu
comme une espèce de « boboisation », si tu
me permets cette appellation, de l’univers de
la radio associative. Si cette boboisation est
pensée unique, alors définitivement oui, cette
idée, cette attitude, ce modèle s’est réellement
développé. Mais comme dans le reste de la
société française, non ?
www.last-mag.com / 36
La radio associative a l’heure de la radio
numérique ? Oui ! Voici une gageure d’une
sacrée taille… Comme ça de prime abord, on
peut penser, et je dirais que c’est légitime, que
la radio numérique devrait supplanter la radio,
et la radio associative en particulier. Personnellement, je ne soutiens pas une telle idée. Il
ne s’agit pas d’opposer les formes, il s’agirait
de savoir utiliser les deux médias, certes dans
le sens d’une complémentarité, mais aller un
tantinet plus loin. Ce que j’entend par là, c’est
que la radio « physique » et associative, si on
peut dire que la radio numérique est « dématérialisée » (pour aussi peut-être rapprocher
cette discussion du disque, et de la musique !),
garde ou se doit de garder un vrai rôle de relais
de certaines paroles éteintes ou étouffées. Je
pense que la radio numérique peut être plus
une vitrine de niche, mais que le bon vieux
format hertzien a des chances de survivre en
affinant et en affirmant son rôle de ferment associatif ou à défaut, comme on l’a vu, de plateforme et de réseau ! Mais il est évident que
la révolution numérique a tout changé pour
ainsi dire. Et comme toute révolution, au bout
de X temps, nous nous retrouverons au point
où nous en sommes aujourd’hui, une révolution après tout, ça n’est que faire un tour sur
soi-même, et le changement, si il existe, ne vit
que durant ce tour là. Les radios associatives,
et les autres médias se rapprochant de l’idée
d’indépendance, se doivent vraiment d’y être
présents. Chose faite d’ailleurs, ou au moins
en voie d’être faite pour la plupart. Ceci dit,
en terme de ressources financières, je ne suis
pas sûr que la radio numérique offre plus d’opportunités à une structure associative, à moins
d’accepter l’idée de la publicité sur ton site et /
ou dans tes programmes. Je suis partisan de
sans publicité, donc ce serait chaud ! De plus,
d’après ce que j’en sais, même en numérique,
tu dois rémunérer Johnny Hallyday même si tu
n’en joues pas dans ta programmation musicale, puisque tu dois régler la SACEM. L’exposition peut être grande par contre, mais si ce
n’est que pour flatter son égo, ou se gargariser
de je ne sais quelle vanité... La travailler comme une niche, pour reprendre ce que je disais
tantôt, et développer voir fédérer des niches,
oui, ça, ça me parle mieux déjà. Une meute
sur la toile, la vision me plait ! Il me semble
qu’aujourd’hui, la radio numérique est encore
plus un exemple du consumérisme culturel ou
pseudo culturel, je parle en généralité, et donc,
la voie hertzienne se doit d’être encore mieux,
pas forcément plus, engagée et militante d’une
certaine audace tout en investissant le Net…
Hum ! Je ne sais pas si ma pensée est bien
expliquée, d’autant plus que, encore une fois,
c’est en termes très généraux que j’essaie de
l’exprimer, comme d’ailleurs depuis le début
de cet entretien. Ce n’est pas si simple que ça,
ce ne sont pas les bonnes radios contre les
mauvaises, les situations ne se ressemblent
pas sur beaucoup de points. Pour conclure, je
dirais que la radio associative a encore quelques jours devant elle, mais que ces jours sont
comptés, de facto, vu à nouveau la société
qu’on nous propose et que nous choisissons
! Une radio associative ne produit rien, en
calculs capitalistiques, donc n’est pas viable,
donc poubelle… Mais je le sais, tu le sais et
j’ose espérer qu’évidemment les lectrices et
lecteurs le savent : les radios associatives,
mais tout un tas d’autres entités intéressantes
elles aussi, produisent quelque chose difficilement calculable qui est la culture, l’esprit, etc.
Maintenant, est-ce vraiment quantifiable, estce vraiment définissable en terme de produit,
37 / www.last-mag.com
de marchandise ? Oui, car la matrice a gagné,
et il y a deux siècles voir plus. A nous de nous
y accommoder, de trouver une espèce d’équilibre. Et c’est dur, c’est un épique combat de
chaque jour. Enfin, je parle pour moi, et probablement, pour beaucoup d’autres !
Propos recueillis par TruK
photos : Arknot
« Lorsque tu mets
un doigt dans la
matrice, j’ai bien
peur que ton corps
en entier soit happé, tant mieux si tu
sauves ton âme !
Je trouve ça triste
mais, le hold-up
mental, ça marche
en chanson et c’est
tout ! »
Pour écouter, soutenir, suivre l’histoire de
Radio Dio, rendez-vous sur le site
http://www.radiodio.org/
Justice
A leur passage, les clubs se retournent sous la désinvolture d’une jeunesse avide de suées et d’oublis synchronisés... La fatigue n’épargne pas Gaspard et Xavier,
véritables catalyseurs d’electro-energie. Elle ne les accable pas pour autant. Elle se contente de transiter par le sofa des loges du Roxtore, mais ne s’approche jamais
de leur table de mixage. Stop, lecture de cette pause, retour sur pose rare à savourer, l’avance rapide vers la piste suivra... TruK / photo : Laurent Villarem
Ed Rush & Optical
Pour une veille de jour férié, le Forbidden Science Crew a sorti l’artillerie lourde ! Ed Rush & Optical ont investi la salle Victoire 2 pour un set tonitruant en ce lundi 7
mai. Les deux oldtimers de la drum’n’bass ont abreuvé le dancefloor de leurs titres puissants sans pour autant être dénués de finesse et de subtilité. Depuis 98 et la
création de leur label Virus Recordings, ils ont enchaîné une quantité faramineuse d’hymnes d’n’b, de Funktion à Bacteria en passant par Watermelon ou encore l’album
Wormhole. Ed Rush & Optical nous ont montré au cours de cette soirée, qu’ils gardent manifestement une foi intacte, en alternant les dancefloor killas avec des morceaux
plus « mental », avec leur précision chirurgicale dans le mix et surtout avec des phases de montées 100% hardcore, comme une sorte de retour à la source : forcément
bénéfique et salvateur. Doctor R / photo : Haze
Mix Master Mike
Quel plaisir de voir les vieux de la vieille ambiancer et enchaîner
les skeuds avec le panache de néophytes toujours coincés dans
la phase d’émerveillement... Mix éclectique au Roxtore (Montpellier) à l’occasion du Battle of the year 2007, selecta au rythme
frénétique, le maître Mike a définitivement converti ses disciples.
TruK / photo : Haze
Après avoir renouvelé le Rap mourant de la fin des années 1990 avec Company Flow, le fondateur de Definitiv Jux, pierre angulaire du hip hop
indépendant à l’écurie originale et prolifique, est venu au Bus Palladium présenter son énorme nouvel effort «I’ll Sleep When I’m Dead». Prés de
deux heures d’énergie positive et revendicative auront fait lever les mains et bouger les têtes.
Du post rap, electronico-industriel, une grosse claque... Seyr
www.last-mag.com / 38
39 / www.last-mag.com
/// Zoom
Comme un aimant
Jusqu’alors, le skateboard se fixait à la vie des passionnés, à leur façon d’approcher le monde et de le sillonner. Desormais, il vient adhérer
(au sens propre) à leurs pieds grace à l’ingéniosité d’un homme : Philippe Riandet, l’inventeur du skate magnétique.
Ce projet trottait dans nombre de têtes, il a suffit que quelqu’un s’attache à le réaliser.
Philippe nous donne les clés de cette véritable « attraction »...
Qu’est-ce que ça change dans la pratique du skate ?
Lorsque je positionne mes pieds au niveau des trucks, je suis en position de
« snowboarder », et le plateau colle. Je franchis alors tous les obstacles en
levant les pieds et je peux pratiquer un ride facile et fluide en milieu urbain.
Par une simple flexion latérale des chevilles, je me libère du champ magnétique. Je reviens à la pratique traditionnelle du skate : street, park, ramp, varial,
flip, et autres figures.
Quelles ont été les étapes de l’idée, au produit fini ?
D’abord, il a fallu protéger l’idée, et donc déposer le brevet auprès de l’INPI.
Dans le même temps, j’ai conçu et réalisé des nombreux prototypes opérationnels pour s’assurer que le concept était viable. A un moment, j’ai cherché
à alléger le plateau, et je me suis lancé dans les matériaux composites (fibre
de carbone, kevlar, balsa, époxy…). Un domaine que j’ai dû découvrir pour
réaliser moi-même mes premières decks chez moi. Autant dire que pendant
3 ans mon appartement a plus ressemblé un atelier qu’un lieu de vie. Résultats : près de 50 protos composites, 20 paires de shoes massacrées et une
panoplie de montages avec des aimants. En fréquentant les salons pour créateurs d’entreprise, j’ai découvert l’existence de la structure qui allait m’aider :
le CRITT Chimie Environnement de l’Ile de France. La personne qui m’a reçue
a « kiffé » sur le projet, et m’a permis d’être accompagné par une société de
recherche et développement Pulsium Pilot Innovation avec des subventions
A qui s’adresse le skate magnétique ?
Le skateboard magnétique
s’adresse à tous ceux qui
veulent se faciliter la vie pour
franchir des obstacles, et plus
particulièrement aux skateurs
qui recherche un ride facile et
fluide pour se déplacer en ville en s’économisant, et avec
la possibilité de revenir à une
pratique plus traditionnelle du
skate lorsqu’ils le souhaitent.
Le skateboard magnétique s’adresse donc à un large public : skateurs
novices trouvant dans ce dispositif une aide pour leur apprentissage,
skateurs débutants voulant accéder plus rapidement aux pleines sensations du skate, skateurs expérimentés désireux de tenter des figures inédites, roller adepte de la randonnée urbaine, riders -hommes ou
femmes- venant d’autres horizons (snowboard, longboardeurs skate,
surf, kite, wake…) sensibles à la boardkulture et désirant un mode de
déplacement urbain.
Philippe, en quoi consiste cette innovation ?
Le skateboard magnétique, c’est un plateau de skate en érable, semblable à
d’autres, dans lequel on a inséré deux plaques de fer au niveau des trucks,
une paire de skateshoes avec une trappe aménagée dans la semelle interne,
et une paire d’aimants amovibles. Lorsqu’on veut pratiquer le skate magnétique, on range les aimants dans les skateshoes. On les remplace par un
morceau de semelle pour utiliser ses skateshoes au quotidien.
Comment t’es venue l’idée de créer ce skate magnétique ?
Dès l’âge de 10 ans, je me suis passionné pour les sports extrêmes. D’abord
le moto-cross que j’ai pratiqué dix années. Quand je me suis décidé d’arrêter,
je me suis tourné vers le skateboard, car la plus part de mes potes en faisaient
et j’aimais bien me jouer de ses difficultés. Certes, il y avait les après-midi
au skatepark, mais j’aimais plus particulièrement les sessions de nuit dans
Paris… Rider d’un bout à l’autre de la ville. Il se trouve que j’ai beaucoup
d’amis qui se sont pris de passion comme moi pour la planche à roulette.
Mais qui n’ont jamais passé l’écueil du ollie, et ils ont fini par se tourner vers
les rollers. C’est à ce moment que l’idée des aimants m’est venue. Je voulais
leur rendre accessible la pratique du skate. Je voulais rendre le skate aussi
facile que le snowboard, pour qu’ils profitent pleinement du ride urbain. Mais
je voulais aussi préserver les sensations que procure de la boardkulture, et
donc conserver l’accès aux difficultés des tricks de skate (flip, varial, shovit…).
Il fallait donc que le ride urbain soit une option sans risque de dénaturer la
pratique du skate que je respecte profondément.
dans le monde de la glisse. J’ai pu exposer gratuitement pendant
quatre jours le concept et mes prototypes en composite de l’époque.
Cela m’a permis d’apprécier les réactions du grand public et des professionnels. Cette année, j’ai présenté le skateboard magnétique au
Concours Lépine 2007. Du 28 avril au 8 mai, j’ai pu exposer le produit
commercialisé au grand public dans le cadre de la Foire de Paris. J’ai
gagné la Coupe du Ministère de la Jeunesse et des Sports. Le gain
majeur, c’est l’intérêt que les médias télévisuels, radio et presse ont
porté à mon invention.
de la région. Grâce à son carnet d’adresse et ses compétences, j’ai pu me
doter en un an d’un stock de produits finis. Depuis mi-2006, on s’est doté d’un
site Internet pour être notre vitrine et vendre le skateboard magnétique.
Combien de temps s’est écoulé entre ces étapes ?
C’est en 2001 que j’ai décidé de me lancer sur ce concept. Trois années pour
mûrir et accoucher d’un prototype expérimental. Création de 4SIZE en décembre 2003. Rencontre du CRITT juin 2004. Recherche et Développement avec
Pulsium jusqu’en fin 2005. Début de commercialisation mi-2006. Près de six
années. As tu présenté ton produit à l’émission de M6 l’inventeur de l’année J ?
J’ai détesté cette star’ac des inventeurs pour son principe du « concours de
l’invention qui change la vie de tout le monde », et pour la façon dont les
animateurs ont trop souvent malmené les inventeurs au nom de l’audience
télévisuelle. L’esprit inventif et le créateur n’y auront pas trouvé le respect
qu’ils méritent. Mon soutien va plus particulièrement au break board qui s’y
était présenté.
Tu as participé à d’autres concours, quel a été l’accueil de ce produit ?
J’ai fait beaucoup de petites manifestations d’inventeurs et des festivals de
sports de glisse Les 2 tournants marquants : En juillet 2004, j’ai présenté le
concept du skateboard magnétique à l’Ispo Brand New Award. Il s’agit d’un
village pour innovations au sein du plus grand salon européen des équipements de sport : l’ISPO Summer 2004 à Munich. Je suis arrivé Finaliste dans
cette compétition. Ce diplôme de Finaliste est une reconnaissance importante
www.last-mag.com / 40
Comment ce skate est perçu par les puristes du skate ?
Les skateboardeurs chevronnés trouvent le concept astucieux… mais
forcement, maîtrisant le ollie, ils n’échangeraient pas leur skate. Pour
autant, ils s’intéressent et demandent volontiers à l’essayer. Certains,
plus ouverts que d’autres, imaginent les opportunités que leur offre
l’option du magnétisme. Comme Jean Philippe, un très bon skateur,
avec qui je fais de la ville, mais aussi du parc. Certains puristes critiquent par réflexe. Quand ils m’accordent le temps d’une explication,
ils comprennent que je ne touche pas à l’étique du skateboard. Seul le
franchissement est facilité, pas les autres tricks… Quelle est la réflexion qui revient le plus quand tu présente ton
skate magnétique ?
Cela dépend du type d’interlocuteur et de sa réaction. Ca varie entre :
- superlatifs d’admiration : Magique. Génial. Dément…
- intrigué : Mais comment tu fais les ollies ?
- réticence : C’est de la triche…
- constat, regrets: On l’a tous rêvé, toi tu l’as fait. Fallait y penser !
Où peut on trouver les skates, shoes et plateaux 4 Size ?
On commercialise aujourd’hui uniquement par l’intermédiaire de notre
site Internet www.4size.com Nous sommes en train de constituer notre
réseau de distributeurs à Paris et en province.
Combien de pratiquants as-tu recensé ?
On commence à être un peu connus sur certains sites de skateurs
parisiens et dans certaines villes de province où évoluent nos premiers
clients. Ca devrait évoluer vite avec le bouche à oreille, car le skate
magnétique ne laisse pas indifférent. Surtout avec le coup de pousse
médiatique que nous a donné le Concours Lépine. Mais c’est encore
trop tôt pour tirer une conclusion.
As-tu d’autres projets encore plus fou ?
Les prototypes expérimentaux de longboard magnétique et de snowskate magnétique sont déjà opérationnels. Les études R&D pour la
réalisation des produit finis sont programmées.
Propos recueillis par Np
41 / www.last-mag.com
Fise 2007
Après les cases Palavas et Grammont, le Festival International des
Sports Extrêmes a déménagé au bord du Lez, dans le quartier de Richter, Montpellier. Grosse affluence et succès pour cet événement qui réunit comme toujours de nombreuses disciplines : wakeboard, snowboard,
skate, roller, bmx... Le nouveau spot et la gratuité y sont pour quelque
chose et nous tenons à saluer ce cru 2007 qui poursuit l’ouverture de ces
sports au grand public.
/// Glisse
10 ans de vibrations urbaines
LAST Contest 2007
29 mars 2007, pour sa deuxième édition, le LAST Contest organisé à l’Alpe d’Huez, fief du LAST Bar, a grimpé les echelons avec : plus de 80 participants, la présence active des musiciens du team : Mc Youthstar, dj Goloom, dj Kaktus, de nombreux cadeaux à gagner grace à nos partenaires : Protest, Planet Surf, Analog, Electric... et la présence de l’asso Mountain Rider. Julie Manet, bénévole depuis 4 ans nous en dit plus sur leurs initiatives.
Peux-tu nous présenter l’asso ?
Mountain Riders est née en 2001, à l’initiative de
passionnés de la montagne énervés de voir ce
milieu naturel détruit par les activités humaines.
Dans le sillage de la fondation Surfrider pour la
protection du littoral, MR agit pour sensibiliser
les pratiquants de la montagne au respect de cet
environnement fragile. L’asso est basée à Lyon
mais rayonne sur tous les massifs montagneux
Français. Nos antennes locales sont animées
par des bénévoles qui assurent un dynamisme
permanent grâce à des actions multiples avec les
écoles, les associations, les offices de tourisme ou
encore les sociétés de remontées mécaniques. La
diffusion d’un guide vert y contribue grandement.
Comment participer à vos actions ?
Si vous souhaitez nous aider à faire passer le
message, il vous suffit de consulter notre site
Internet qui indique, entre autres, les prochains
évènements comme les ramassages de déchets
près de chez vous, le MR Respect Festival, les
conférences - débats… vous pouvez également
vous inscrire à la newsletter pour être sûrs de ne
rien rater. Enfin, pour nous soutenir, vous avez la
possibilité de devenir adhérents à l’asso. Tous les
détails sont sur www.mountain-riders.org, bientôt
l’inscription pourra même se faire en ligne !
Les prochains évènements ?
Des ramassages de déchets auront lieu les 29 et
30 juin prochain au Tourmalet, Gourette, Peyragude, Luz(65). Le Passport’VTT aux Gets se déroule
le même week-end. Le 1er Juillet, ramassage à Val
d’Isère (73), les Samedi 7 et Dimanche 8 Juillet :
7ème foire Bio à Méaudre (38), Le 22 Juillet : Fête
de la montagne à Aile Froide (05), etc... Toutes
les dates sur notre site ! Merci au Last Bar, qui à
largement diffusé les infos pour MR l’hiver dernier.
Vivement l’hiver prochain ! Keep it Pure !
L’événement skate et bmx indoor incontournable se prépare avec
l’arrivée d’une nouvelle aire de street, sur fond de plancher bois, créé
spécialement pour l’occasion. Les Vibrations Urbaines se déroule cette
année les 27 et 28 octobre pour le skate et les 3 et 4 novembre 2007
pour le bmx, à Pessac prêt de Bordeaux. Et pour agrémenter le tout on
nous annonce déjà la présence de High Tone et Redman et bien d’autres
surprises, restez informé sur www.vibrations-urbaines.net
Pipe ou Slope Show ?
La neige se fait de plus en plus rare sur nos sommets, c’est pourquoi le
Pipe Show 2007 s’est transformé en Slope Show ! Faute de neige le pipe
n’a pas peu être exploité pour cet événement annuel, mais les organisateurs se sont adaptés aux conditions et ont transformé l’évent en Slope
Show, les riders ont pu évoluer sur un snowpark bien shappé !
Anthony Turin, bs 720 - Photo Moris-United Riders
www.last-mag.com / 42
43 / www.last-mag.com
/// Urban
Hardcore Session
Poursuivons notre enquête sur le croisement entre les marques et l’art avec le cas Hardcore Session.
BLK, fondateur de « HS », revient sur le profil de son bébé, devenu adolescent, toujours plein d’idées et d’actions :
Première mission : nous résumer succinctement l’histoire de Hardcore Session, entre genèse, lancement, évolution et perspectives…
Tout a débuté en 1993, aux prémices de la mode
urbaine en France. Du premier Tee-shirt aux collections actuelles, on a voulu faire évoluer la marque sur la base d’un engagement créatif au cœur
de toutes choses. Ca a accompagné une période
d’activisme parisien (Début des années 90 / Paris
18ème / Hôpital éphémère), avec la dynamique de
nombreuses communautés artistiques et urbaines.
Depuis le début, on défend une identité fondée sur
l’engagement et l’éclectisme culturels. Aujourd’hui
je me plais à dire qu’HS reste l’expression visuelle
d’une mentalité…
Quels univers gravitent autour de HS ?
Comment s’articulent et se développent ces
réseaux ? On a suivi et, d’une certaine façon,
accompagné, l’évolution des cultures urbaines
et de leurs dimensions artistiques. La marque
est imprégnée du milieu hip hop début 90, avec
la volonté de garder une mentalité d’ouverture et
de curiosité. On accompagne au quotidien des
acteurs littéraires, comédiens, designers, Djs,
Vjs, writers et autres street-artists. On bosse ainsi
avec plusieurs turntablists internationaux tels que
Dj Troubl’ (France) et Dj Rafik (Allemagne). Mais
HS est avant tout une marque transversale : nous
avons travaillé avec bons nombres d’icônes issues
de la culture hip hop (Spike Lee, Guru de Gangstarr, Joey Star, Assassin…) et j’ai été amené à
rencontrer diverses personnalités du mouvement
rock, proches des valeurs HS, tels que No one is
innocent, F.F.F., l’Ofofora, One Eyed jack… Puis
on s’est naturellement rapprochés d’artistes issus
de la scène electro-hardcore comme Manu le malin (Block 46) qui portent nos vêtements à la même
période que Dee Nasty. Les scènes electro et drum
n’ bass accueillent la marque avec enthousiasme
et des gens comme MC Youthman, Elisa do Brasil, ont intègré un temps le team. Depuis le début,
on a toujours voulu soutenir les sports alternatifs,
la pratique du Skate Board (Vincent Bressol, JJ
Rousseau, Sebastien Marlin) ou du BMX (Mexicos, Alain Massabova) impliquent l’organisation
de contests que l’on souhaite soutenir. Au final, la
marque touche de nombreuses communautés distinctes et les rassemble autour de ce même esprit
basé sur la création et l’engagement, on est fiers
d’avoir fédéré un lifestyle autour de HS. Tous ces
gens, à mon sens, sont des artistes et des sportifs,
parfois les deux en même temps, qui proposent
leur propre vision, différente et personnelle, de
leurs domaines. Nous parlons souvent de marque
citoyenne dans notre secteur. On s’efforce de sentir l’essence des mouvances émergeantes afin de
les diffuser dans nos collections mais également
dans nos prises de paroles.
Peux-tu nous dresser un historique des collaborations avec des artistes s’associant à HS
dans le cadre de designs et d’expos concept ?
Nous faisons régulièrement appel à des artistes
pour contribuer aux collections. Le graffeur Sharp
(Wildstyle) a travaillé avec nous en 2005, Moze et
Ake (EKER) ont également crée leur propre série
limitée HS. Plus récemment, nous avons proposé
à Arnaud Pagès et Sich de travailler sur des
t-shirts (un projet de série limitée intitulé Limited
Serie VS Fucking Artist) intégrants nos collections.
En termes d’exposition, la structure a collaboré
avec nombre d’artistes : Benjamin Debert (Photographe, fondateur Sugar, Kingping) en 1999, Jean
Sebastien Pardo (Peintre) en 2000, Lumie (Photographe) en 2003, Same (Unkunstruction) en 2003,
Olivier Simon (Peintre) et PNK (Peintre / Graffeur)
en 2004, Eddie Hutcher (Photographe) en 2005,
Arnaud Pagès en 2006 / 2007, et Marc Sich en ce
moment même !
Artware, c’est votre exposition itinérante avec
Arnaud Pagès, quel est le bilan après ce trip
international ? Nous sommes satisfaits de cette
première exposition internationale. Artware nous a
permis de sortir de nos lieux « réguliers » d’échanges culturels situés généralement entre Paris,
Metz et Rouen. Nous avons exposé à Londres
puis à Hong Kong et à ces occasions, nous avons
fait pas mal de contacts (designers, galeristes,
activistes urbains), rencontré de nouvelles personnes désireuses d’aller dans le même sens que
nous, vers la « démocratisation » des connections
entre art et mode urbaine, au-delà des barrières
culturelles et géographiques. La date de Hong
Kong a été particulièrement intéressante, nous
avons bénéficié d’une large couverture médiatique (Milk, East touch, Sun…). Le travail d’Arnaud
Pagès est de plus en plus reconnu là-bas. Le projet Artware se terminera chez Artoys SG à Paris.
L’univers d’Arnaud étant très proche de la culture
Toys, nous y serons présents pour un vernissage
de clôture, le 20 Septembre 2007.
Maintenant, il est temps de nous raconter l’histoire et le concept de Be Come, votre aventure
avec un artiste que l’on aime particulièrement
par ici, le souriant Sich… Sich appartient à la
ville, il est souvent en hauteur et propose des
sourires sur affiches 4 par 3. Il est connu de nos
services d’investigations depuis un moment ! En
fait, Marc (de son prénom) et un ami à moi, designer du site web HS, avons fait la même école
d’art (Penninghen). Après plusieurs rencontres,
nous avons convenu de cette prochaine étape
commune : il présentera « Be, Come », une nouvelle exposition organisée autour de l’identité. Le
concept est construit sur des compositions qui
permettront aux curieux de s’imaginer autrement :
comment devenir une autre personne tout en reswww.last-mag.com / 44
tant soi -même... L’exposition se déroulera du 29
Juin au 12 Juillet 2007, au Show-Room HS.
[ BLK et Sich ]
Pour finir, qu’apportent concrètement ces initiatives pour la marque et pour les artistes ?
Ces initiatives amènent des rencontres, des
confrontations de démarches, un mélange d’univers et de personnalités. Un moyen d’apporter aux
artistes des lieux d’expositions et une marque qui
les soutient sur un projet. C’est une dynamisation
de HS afin d’être dans l’action, dans le mouvement d’aujourd’hui, une volonté qui a toujours
existée chez nous et qui perdure ! C’est un des
credo de la marque, soutenir l’action artistique,
faire (re)découvrir des artistes qui tuent sur la
scène française. Une manière de poursuivre notre contribution à l’existence de ce milieu, et ce,
depuis 13 ans maintenant !
/// Bonsproposplarecueillis
ns par Truk
Agenda
Infos complémentaires :
www.hardcore-session.com
www.myspace.com/expoartware
www.myspace.com/sichbecome
Hardcore Session Show-Room
8 Rue Dussoubs - 75002 Paris
Métro : Etienne Marcel
45 / www.last-mag.com
/// Toys
Sold out !
« Salut ! T’as réussi à shopper le Be@rbrick 400% Wood de Kaws ?
- Non, je suis dégoûté, j’étais pas connecté au moment où il a été mis en vente.
- Ouais, c’est vrai, il n’en avaient pas annoncé l’heure, juste la date. Moi j’ai bloqué ma journée, j’ai mis
www.kawsone.com en page d’accueil de mon navigateur pour être sur de ne pas le rater, et j’ai martelé F5.
- Bon, de toute façon je trouve qu’il n’est pas top, tout noir.
- Ouais mais attend, il se revend trop bien, j’ai réussi à en shopper deux : un pour le revendre histoire d’alléger
le prix de celui que je garde, car il est quand même à 500 dollars la bête sans compter les frais de port depuis
le Japon, ça fait plus de 400 euros pièce !
- Bien joué ! J’ai vu qu’il est déjà à 999 dollars sur Ebay, c’est vraiment la folie.
- En moins de trois quarts d’heure, les 400 exemplaires sont tous partis... C’était encore pire pour le
Companion 5YL dissected black, impossible d’afficher le site, il a buggé tellement il y avait de connexions...»
C’est la folie du sold out ! L’arrivée des spéculateurs
dans l’univers des designers toys : en moins d’une
heure, un artiste est capable de vendre 400 pièces
à 400 euros. La frénésie a incité de nouveaux acheteurs à se pencher sur le marché : ce ne sont plus
seulement les passionnés de l’artiste, mais des revendeurs qui se procurent plusieurs pièces pour les
écouler dans la foulée. Ce phénomène ne peut pas
se reproduire à chaque sortie de jouet, puisque que
la pièce rare et prisée n’apparaît, par définition, que
de manière occasionnelle. Kaws se démarque en
matière de Sold out puisque chacune de ses sorties
toyesques se transforme en sprint, avec du monde
sur la ligne au départ : passionnées, spéculateurs,
revendeurs, et bien souvent, les passionnés n’arrivent pas à rejoindre le panier pour acquérir la pièce
ultime de Kaws, contraints par la suite de l’acheter
au prix fort sur EBay.
Toutefois la rareté prime parfois sur l’attrait pour
le jouet en lui-même, puisque certaines sorties
prisées manquent de créativité et d’originalité.
La rareté n’est parfois pas le mot juste puisque
grâce à Ebay vous pouvez trouver la quasi-totalité des jouets. La rareté se manifeste par la
difficulté d’accès par le prix, puisque la revente
en « seconde main » via Ebay fait flamber les
prix. Il est donc possible de trouver les jouets recherchés, mais à des prix souvent inaccessibles.
Le monde des passionnés de designer toys demande donc de se tenir informé sur les forums, sites ou
magazines pour découvrir les nouveautés et dates
de sorties. Car si vous souhaitez avoir absolument
un jouet à un prix raisonnable, il faudra être là au
bon endroit et surtout au bon moment. Prochaine
sortie de Kaws qui fait beaucoup parler le Companion Years Later 4 feet soit 1 mètre 20 !
Remarque : le site Internet www.wesoldout.com a
fait de ce phénomène à la fois son leitmotiv et son
fond de commerce, avec comme particularité d’indiquer le stock disponible et de laisser les articles
Sold Out. Un moyen de susciter l’intérêt de l’internaute et le mettre sur la voie de l’achat impulsif pour
la prochaine sortie à venir...
De quoi tu Kaws ?
Cet artiste, né en 1974 à New York, s’est illustré par le graffiti dès l’âge de 12 ans puis s’est
fait remarquer par le détournement d’affiches
publicitaires. A l’aide de sa clef magique, il dérobe des publicités situées dans les abris bus
et les ramène à son atelier. Il appose ensuite
les traits de son personnage, qui se caracté-
rise par une tête de mort et des yeux en forme
de croix, de façon à détourner l’affiche. Kaws
remet soigneusement ces affiches customisées à leur place pour ainsi exposer au grand
public son travail sur ce support original. C’est
de cette façon qu’il se fait remarquer et débute
ses premières expositions en galerie. Suivent
la sortie d’un livre récapitulatif de son travail
puis l’édition de son premier jouet en 1999,
cette fois Kaws s’empare du personnage
mythique Mickey qu’il réinterprète,
toujours en lui apposant son crâne
stylisé. Kaws regorge d’actualité depuis
l’ouverture de sa boutique « Original Fake
» en association avec Medicom Toyz avec
qui il a toujours travaillé. Les sorties de ses
jouets s’enchaînent toujours et connaissent
un succès grandissant.
LeMush
www.last-mag.com / 46
47 / www.last-mag.com
/// Recette
Charlotte aux fraises maskees !
proposée par LeMush
Après le plat de résistance proposé dans LAST Mag #14, l’insatiable équipe M.A.S.K. vous invite à réaliser un dessert de saison.
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51 / www.last-mag.com
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