savinien de cyrano de bergerac - Association Suisse des Libres
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141_juin09.qxd 01.07.2009 16:01 Page 1 le libre penseur Périodique romand laïc et indépendant Editeur: Association vaudoise de la Libre Pensée Case postale 5264 CH-1002 Lausanne 35e année Juin 2009 Trimestriel N° 141 Abonnement annuel: CH Fr. 10.–, CCP 10-7494-3 Etranger Euro 10.– ISSN 0256-8985 Rédacteur responsable Ivo Caprara Tirage 1700 exemplaires SAVINIEN DE CYRANO DE BERGERAC SA VIE ET SES EXTRAORDINAIRES PRESSENTIMENTS ET VISIONS Savinien de Cyrano (1619-1655) dit de Bergerac, naît à Paris. Son acte de baptême fut retrouvé par l’érudit Auguste Jal, au milieu du XlXe siècle, dans les registres de la paroisse Saint-Sauveur, à Paris. Il porte le même prénom que son grand-père paternel, marchand de poissons de mer à Paris, et on retrouve la trace de son commerce dès 1560. Abel, père de Savinien, est l’aîné des enfants du grand-père Savinien et a donc la jouissance des terres de Mauvières et de Bergerac, situées dans la vallée de Chevreuse. Abel choisit de porter le nom de sieur de Mauvières et de Bergerac. La famille quitte Paris en 1622 pour s’installer au château de Mauvières. Ce château, situé près de Saint-Forget, dans l’actuel département des Yvelines, n’était en réalité qu’une belle gentilhommière perdue dans la campagne. Savinien est relié de bonne heure à l’ésotérisme. Il doit cette instruction très particulière au curé de Mauvières, dont il est l’élève en même temps que Le Bret, son ami de toujours. Le brave curé, qui leur enseigne le latin dans des livres qui sentent le soufre, est soupçonné de Cyrano de Bergerac d’après une gravure du XVIIe siècle. sorcellerie. On lui retire les deux garçons et on les place comme internes au collège de Beauvais. Intrépides, ils s’en échappent plus d’une fois pour rendre visite au vieux philosophe italien Campanella, qui achève à Paris sa vie tragique. Campanella les initie à sa Cité du Soleil et à ses Utopies: religion de la nature, culte solaire, culte des arts et des héros prudemment mêlé de catholicisme, communauté des biens et des personnes, égalité d’éducation et de coutumes pour les hommes et les femmes, travail réduit à quatre heures par jour, vie prolongée jusqu’à deux cents ans, vols humains à travers les airs et jusque dans les étoiles les plus éloignées. A travers le curé de Mauvières et Campaneila, Savinien est constamment relié aux doctrines ésotériques, incompréhensibles aux personnes non initiées. Est-ce par coquetterie ou par dérision que Savinien ajoute «de Bergerac» à son nom? En tout cas, c’est ainsi qu’il signera ses œuvres plus tard. Peut-être porte-til ce patronyme par simple nostalgie? Il n’était plus tout à fait légitime puisque son père avait vendu les terres de Mauvières et de Bergerac en 1636. En SOMMAIRE 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Savinien de Cyrano de Bergerac Un problème Indien non résolu Auguste Blanqui Bouffons du curé... Le don qui es-tu? On sort du Moyen Âge Les tribunaux religieux en Europe Devinette L’Express masque le visage supposé de Mahomet 10. Excommuniés pour cause d’avortement: polémique au Brésil 11. Narcisse Praz à l’université Juan de Pradena p.1-3 Claude Cantini p. 3-4 André Panchaud p. 4-6 André Thomann p. 6-8 Olivier Lazo p. 8-10 ATS/Ivo Caprara p. 10 Guillaume Plas p. 10-13 Narcisse Praz p. 13 Jocelyn Bézecourt p. 14 Chantal Rayes p. 14-15 J.-Marc Theytaz p. 15 12. Crucifix interdits dans les classes d’une école p. 15 13. Connaissance et raison Yves Bernasconi p. 16-17 14. Le juge Tosti acquitté! p. 18 15. Viens de paraître/Libre service p. 18 16. Dieu Robert Nicole p. 19 17. Courrier des lecteurs Michel Jörimann p. 19 18. En lisant p. 20 19. Le nouvel allié du Vatican Edouard Kutten p. 20 20. Les créationnistes à l’assaut des écoles p. 21 21. Procès de la scientologie Narcisse Praz p. 21 22. Les brèves Thor Danneman p. 21 23. La fouine des archives p. 22 24. Histoire du drapeau européen La Raison p. 23 25. Bon de commande p. 24 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 2 le libre penseur/no 141 2 vérité, nous ne sommes pas sûrs que Savinien ait fait ce choix à cette époquelà, mais on peut penser qu’il ne dédaigna pas cette petite touche d’humour avant d’aller rejoindre «les cadets de Gascogne», la fameuse compagnie de Monsieur de Carbon de Casteljaloux. Il y brille rapidement par sa bravoure au combat et dans les duels: «… la réputation de son courage et de son adresse l’engagèrent plus de cent fois à être second car il n’eut jamais une querelle de son chef…». Bien que Richelieu eût interdit les duels en mars 1626, ils sont encore fréquents et il est d’usage dans ce genre de combat de se faire accompagner d’un ou plusieurs amis qu’on appelle des «seconds». Ils croisent le fer et prennent les mêmes risques que les premiers intéressés: «… les duels qui semblaient en ce temps-là le plus prompt moyen de se faire connaître, le rendirent en peu de jours si fameux que les Gascons qui composaient cette compagnie le considéraient comme le démon de la bravoure, et on comptait autant de combats que de jours qu’il y était rentré. Tout cela ne le détournait cependant point de ses études, et je le vis un jour dans un Corps de Garde travailler à une élégie avec aussi peu de distraction que s’il eût été dans un cabinet fort éloigné du bruit.» En 1639, pendant le siège de Mouzon, il est blessé «d’un coup de mousquet à travers le corps». Quelques mois plus tard, remis de sa blessure, il repart au front. En 1640, au siège d’Arras, il reçoit «un coup d’épée dans la gorge». C’est aussi à Arras, au cours d’une de ces échauffourées, que meurt le baron de Neuvilette, époux de la cousine de Cyrano, Madeleine Robineau; et c’est dans ces mêmes circonstances que d’Artagnan essuie une de ses premières blessures. Quelques romanciers, comme Paul Féval ont imaginé une rencontre entre Cyrano et d’Artagnan. Ce fut en effet possible, puisque pour soigner leurs blessures respectives, il est plausible qu’ils aient fait un séjour dans le même hôpital. Ils ignoraient évidemment que plus de deux siècles plus tard ils auraient un point commun bien surprenant: être tous deux inoubliables héros de la littérature! Savinien arrête là sa carrière militaire, usé, désabusé, déçu. La reconnaissance ou l’avancement en grade a moins de rapport avec le talent ou le courage d’un individu qu’avec son sang de naissance et cette injustice ne peut lui convenir. En dehors de cela, «le peu d’espérance qu’il avait d’être considéré, faute d’un patron auprès de qui son génie épris de liberté le rendait incapable de s’assujettir, et enfin le grand amour qu’il avait pour l’étude, le firent entièrement renoncer au métier de la guerre». Toutefois, de cette époque, il conserve de bons amis: Royer de Prade, et de Guigy, ainsi que quelques ennemis et un début de notoriété. Pourtant, en 1653, il franchit le pas. Malgré ses réticences et certainement désireux d’être enfin édité, il accepte de se mettre sous la protection du duc d’Arpajon et s’installe chez lui à l’Hôtel du Marais. Il a un temps l’espoir d’obtenir la reconnaissance qu’il mérite, fût-ce au prix de sa chère liberté, et son premier pseudonyme littéraire est Hercule de Bergerac. Enfin, La mort d’Agrippine est jouée à Paris, mais Cyrano est victime de ses détracteurs et de leur haine féroce. Très vite, les représentations de la pièce sont arrêtées à la suite d’un scandale «organisé par tous ceux qui lui en veulent et jalousent son immense talent. Malgré cela, La mort d’Agrippine plaît et sera publiée au début de 1654 et très régulièrement rééditée par la suite. D’après Charles de Sercy, son éditeur, cette publication donnera lieu à un beau succès de librairie, grâce, écrit-il, aux «belles impiétés» que contient la pièce. L’ouvrage Œuvres diverses de Monsieur de Bergerac est aussi publié la même année. Il contient Le pédant joué et quarantesept lettres de Savinien. Voilà enfin la reconnaissance tant impossible, car il était courant aux amis d’échanger pièces littéraires et signatures. Cela permettait aux uns de profiter de la célébrité des autres, et à ces derniers d’avoir de nouvelles productions fraîches sans beaucoup d’efforts. Entre-temps, son frère aîné, Denys, a endossé l’habit de prêtre, et sa sœur Catherine a pris le voile en 1641. Savinien se retrouve donc très seul. Dans un acte notarié du 1er avril 1645, on retrouve une reconnaissance de dette signée par lui. Sur cet acte, il reconnaît devoir la somme de 400 livres tournois à un certain Hélie Pigou, maître barbier chirurgien à Paris, «pour l’avoir pansé, médicamenté et guéri d’une maladie secrète». Cependant, l’ingestion de mercure qui s’utilisait alors pour traiter les maladies vénériennes laisse des séquelles qui transforment Savinien physiquement et moralement. Il perd sa belle chevelure d’antan, il est maigre, maladif. Sa souffrance et sa solitude lui remplissent le cœur d’amertume. Il demeure extrêmement discret sur sa ve sentimentale. On retrouve des traces de souffrances amoureuses dans ses écrits, mais il ne donne jamais de nom et déguise l’objet masculin de son tourment en dame. On lit Monsieur dans le manuscrit original, mais Monsieur devient Madame lors de la publication. Savinien s’accommode mal de la vie qui lui est imposée chez le duc d’Arpajon, qui apprécie peu les critiques qui sont faites à l’auteur qu’il a recueilli. Un événement, aujourd’hui célèbre, va faire basculer sa vie. Il est victime d’un grave accident (ou attentat?). Un soir qu’il chemine vers l’hôtel de son protecteur, il reçoit sur la tête une lourde pièce de bois. D’après Le Bret, cet événement marque la fin de l’hospitalité du duc d’Arpajon. Savinien est dans un état de grande détresse. Sa lettre de Thésée à Hercule résonne comme un appel au secours adressé à son dernier bienfaiteur, Tanneguy Renault des Boisclairs, chevalier, conseiller du roi et grand prévôt de Bourgogne et de Bresse. Ami de longue date de la famille, il héberge Savinien à partir de 1654 et c’est à lui que Le Bret dédiera l’édition posthume de Etats et Empires de la Lune. Il est probable que la maladie secrète contractée par Savinien dix ans auparavant se soit réveillée. Le 23 juin 1655, il se fait porter chez son cousin germain, Pierre de Cyrano, à Sannois, où il passera les derniers mois de sa vie. Il aime à penser que la mort permettra à ses malheurs et disgrâces de prendre fin, mais sa plus grande souffrance est «de ne pas avoir employé mieux sa vie». Il a le temps de se voir mourir. Son corps se dérobe et son esprit lui fait souvent défaut. Il s’éteint à l’âge de 36 ans et est enterré par Pierre de Cyrano dans l’église de Sannois. On ne sait toujours pas situer sa tombe dans cette église. Celui qui fut notre Léonard de Vinci, notre Faust, a tout pressenti: la montgolfière, le parachute, le darwinisme, l’ampoule électrique, le phonographe. Tout le XXe siècle, avec ses splendeurs techniques et ses audaces, est en filigrane dans son œuvre stupéfiante: la primauté psychanalytique de l’imagination et du rêve, le surréalisme, les doctrines sur l’atome, la critique des dogmes chrétiens, les idées de liberté et d’égalité, le culte de la jeunesse, l’engagement politique, l’exaltation de la vie sexuelle et de l’amour libre, la reconnaissance de l’homosexualité, le droit au suicide, la 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 3 le libre penseur/no 141 crémation des morts, les machines mises en mouvement par l’action de la lumière, sans oublier le cosmopolitisme qu’il résume ainsi: «Un honnête homme n’est ni Français, ni Allemand, ni Espagnol, il est citoyen du monde.» Il a décrit le transistor, la télévision, les rayons X, la non-pesanteur dans l’espace, la fusée à étages, la locomotion sur coussin d’air. Il a même fait allusion à de futures découvertes qui n’existent pas encore, comme les gaz nutritifs, l’immortalité biologique, le rajeunissement total, les villes mobiles et les villes qui pourront à volonté rentrer dans la terre. Il a affirmé la pluralité des mondes, la possibilité des voyages interplanétaires, le lent refroidissement du Soleil, l’occupation de la terre par des êtres venus d’ailleurs. La littérature d’anticipation procède de lui: le Swift des Voyages de Gulliver et le Voltaire de Micromégas se sont inspirés de ses textes, sans toutefois aller aussi loin dans les hardiesses et les prophéties. Maintenant que la plupart de ses hypothèses et pressentiments se sont vérifiés, il est beaucoup plus proche de nous qu’il ne l’était d’Edmond Rostand, capable de voir en lui surtout le duelliste, le bretteur jailli d’un dessin de Callot, et le Gascon… qu’il ne fut jamais. Son importance comme écrivain est considérable. Avec une existence plus longue et un peu plus de chance, Cyrano aurait pu être un autre Corneille (voir sa Mort d’Agrippine), un autre Molière (voir son Pédant joué). Il y a même du Pascal en lui: le fameux pari se trouve déjà dans Le voyage dans la Lune. Que d’écrivains ont puisé sans le dire dans son œuvre, véritable caverne d’Ali-Baba! Son style, haut en couleur, le rend plus proche de nous que des classiques. Il y a dans ses poésies burlesques et ses pamphlets, des audaces, des gauloiseries à faire pâlir les réalistes les plus endurcis et les surréalistes les plus farfelus. En 1957, les Russes envoyaient dans l’espace le premier satellite. En 1657, deux ans après la mort de Cyrano, son ami de toujours publiait son Voyage dans la Lune et son Histoire comique des Etats et Empires du Soleil. Ce que Savinien y dit du corps transparent rejoint tout ce que nous savons actuellement sur le corps métaphysique. Mieux employer sa vie? Qui peut faire et écrire autant en trente-six ans de vie? JUAN DE PRADENA Psychopédagogue, écrivain 3 UN PROBLÈME INDIEN NON RÉSOLU: LES INTOUCHABLES En 2007,1’Inde a fêté en fanfare le 60e anniversaire de son indépendance et les médias occidentaux n’ont pas lésiné sur les éloges, en parlant des indiscutables succès économiques de l’Inde, tout en signalant parfois, il est vrai, les zones d’ombre de la lourde fracture sociale. Rares par contre ont été les voix qui ont rappelé la scandaleuse survivance d’une discrimination: celle qui frappe les intouchables («dalit») ou parias; quelque chose comme 150 millions, sur une population d’un milliard d’habitants. Une triste situation qui persiste malgré une loi constitutionnelle, promulguée en 1951, qui prévoit justement sur le plan fédéral (l’Inde compte 18 Etats autonomes) l’émancipation des intouchables par l’abolition pure et simple des castes, ainsi que l’introduction de quotas en leur faveur dans les écoles, les emplois et même dans les parlements. Cette loi courageuse est en effet restée pratiquement lettre morte dans les campagnes; la société rurale indienne qui représente le 70% d’une population ayant conservé presque inchangé le poids écrasant du fanatisme religieux. Historiquement, le système social des castes – deux ou trois fois millénaire – est le grand «cadeau» que l’hindouisme a fait à l’Inde. Elles sont (en simplifiant, car il faudrait détailler autrement les souscastes, au nombre de trois mille) au nombre de quatre (l’appartenance à l’une ou à l’autre était encore mentionnée, vers 1970, sur les cartes d’identité. Au sommet de la hiérarchie les «brahmanes» (prêtres), puis celle des «kshatriya» (militaires) et celle des «vaisya» (paysans, artisans et marchands), enfin la caste la plus basse, celle des «sudra» (serviteurs). Les trois premières castes sont considérées par certains ethnologues comme ayant une origine aryenne (cela ne vous rappelle rien?). Comme si tout cela ne suffisait pas, la tenace autant que rigide tradition hindoue prévoit encore une catégorie de gens «hors caste»; ce sont justement les intouchables qui englobent tous ceux qui exercent les métiers qui les mettent en contact avec toutes les matières qui sont considérées comme impures. (Le Million, tome 7, Novare 1971, p.212). Il s’agit donc des vidangeurs de fosses d’aisance, des blanchisseurs, des balayeurs et des tanneurs. L’obsession de la pureté est telle que même un simple cadeau venant d’un membre d’une caste inférieure rend obligatoire un acte purificateur. L’hindou «parfait» est en effet pour beaucoup encore aujourd’hui celui qui croit que «tous les actes qu’il accomplit lui seront comptés dans une autre vie. S’il a manqué à ses devoirs sur terre, il vivra sa nouvelle vie comme membre d’une caste inférieure» (ibidem, p. 212); ce qui est pire, à ses yeux, que d’être exclu de sa caste en cas de «faute» grave. Et pourtant l’exclusion signifie une véritable excommunication sociale car «en sortant de sa caste, l’homme ne perd pas seulement parents et amis, mais très souvent sa femme et ses enfants, qui préfèrent l’abandonner plutôt que de partager son sort maudit. Personne n’ose plus manger avec lui; tous l’évitent et ses enfants ne trouveront plus à se marier. La déchéance est totale, car le malheureux ne pouvant entrer dans une caste inférieure ne trouvera asile que chez les intouchables» (ibidem, p. 213). Aujourd’hui encore donc, malgré les bonnes intentions laïques du gouvernement – précédées par l’inoubliable exemple fracassant donné par Gandhi qui avait tout simplement adopté un enfant paria qui, avec un geste qu’avec sa cohabitation avec des musulmans, lui avait coûté la vie) – les intouchables n’ont toujours pas le droit, dans les villages, où vivent généralement dans des quartiers séparés, de lire les livres sacrés et d’envoyer leurs enfants à l’école publique (rien d’étonnant donc si l’analphabétisme touche encore au moins le 35% de la population: il est vrai qu’en 1960 ce taux était de 76%), de tirer l’eau du puits communal, car leur ombre contaminerait l’eau» (ibidem, p. 213). Par ailleurs, «les relations intimes entre des personnes de castes différentes, sans parler du mariage, étaient exclues, sauf dans le contexte d’un rapport entre maître et servante» (S.Tharoor, p.144-145)». Les conséquences tragiques de cet incroyable conditionnement social peuvent, hélas, être encore constatées dans les campagnes indiennes. «En dépit de soixante années de liberté, d’administrateurs éclairés possédant une très bonne formation, d’un discours politiquement correct à tous les niveaux, la caste 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 4 le libre penseur/no 141 4 continue d’asservir la société villageoise. La presse nationale révèle chaque semaine de nouvelles histoires horribles. Une femme intouchable est dévêtue et exhibée nue à travers les rues de son village parce que son fils a osé voler un thakur, un propriétaire terrien de haute caste; elle est ensuite contrainte d’avoir des relations sexuelles avec son propre fils, coupable de ce délit, devant des thakur goguenards. Une jat de haute caste, amoureuse d’un intouchable, a été surprise alors qu’elle tentait de s’enfuir avec lui.Après avoir rattrapé le couple et leur complice, également intouchable, les villageois les rouent de coups, les torturent devant leurs familles et les pendent. On brûle ensuite leurs corps. La jeune fille, qui n’est pas morte immédiatement après la pendaison est encore vivante lorsqu’on allume le bûcher. Elle tente de s’enfuir en rampant, mais elle est rejetée dans les flammes. Dans un autre village, vingt-deux intouchables «prétentieux» sont abattus lors d’un massacre perpétré par des gens de haute caste. Quatre cents famille de dalit sont chassées de leurs huttes qui sont incendiées, car ils ont osé demander le salaire minimum légal pour leur travail. Il ne s’agit pas d’incidents isolé; des dizaines d’histoires analogues sont signalées tous les ans» (S.Tharoor, p.146-147). Dans la mesure où l’on partage l’optimisme du même auteur, une bonne dose d’espoir existe néanmoins: «Ces épisodes tragiques ne doivent pas faire douter des perspectives de changement social dans l’Inde rurale. Ils témoignent davantage de la résistance opposée au changement plutôt que de son impossibilité». (p. 147). Dans les villes par contre, les exigences d’une fréquentation sociale quotidienne inévitable (transports en commun, démarches administratives, contacts professionnels) ont fait tomber bien des barrières. En effet, comment un «brahmane» orthodoxe pourrait-il vivre et exercer dans une ville, tout en respectant tous les devoirs sacrés que lui impose l’hindouisme? Soit: «ne jamais être en contact avec les intouchables; se hâter de prendre un bain dès que l’effleure l’ombre d’un paria; ne consommer que des aliments préparés par un cuisinier de sa propre caste; ne voyager qu’en compagnie de membres de sa caste; n’enseigner qu’à ses pairs» (Le Million cité, p. 212). Du reste, aujourd’hui, malgré tout, toute généralisation tombe à plat, car – même s’il s’agit dans les deux cas d’une minorité – il existe des brahmanes pauvres et sans pouvoir et des intouchables (dalit) membres de la classe moyenne. La grande misère indienne, qui touche environ la moitié de la population, n’est donc plus, en particulier dans les localités importantes, une question de caste mais de classe, une lutte, parfois manipulée, entre pauvres et riches, ou en voie d’enrichissement. L’intolérance hindoue en matière de castes a non seulement provoqué un important exode rural vers les villes, mais poussé également à la conversion vers d’autres religions: vers le bouddhisme (pratiqué par 1% des Indiens) et le christianisme (2,5% contre les 12% de musulmans). Un moindre mal? Rappelons à tout hasard que «les missionnaires chrétiens durent eux aussi s’adapter aux réalités de la caste: on dit que les églises portugaises de Goa avaient deux portes, l’une pour les brahmanes chrétiens et l’autre pour les convertis de basses castes» (Tharoor, p. l45). Par ailleurs, «pour lutter contre les effets sociaux du système traditionnel des castes, l’Inde a donné des avantages fiscaux et éducatifs aux «dalits», les «intouchables» de naguère. Ces avantages ne sont plus accordés si un «dalit» se convertit au christianisme. Les fondamentalistes ont vraiment peur. Sans ces mesures discriminatoires, les conversions pourraient se compter en millions d’individus, surtout chez les plus pauvres» (présentation de l’ouvrage de Thomas Grimaux, Le livre noir des nouvelles persécutions chrétiennes, Lausanne 2007, dans Bonne Nouvelle de mars 2008). Avec d’autres marginaux de la société indienne, un certain nombre d’intouchables sont enfin attirés par les promesses du «Shiv Sena», une organisation religieuse d’extrême droite. Malgré tout, une lueur d’espoir tout de même: en décembre 2008, le «Bahujan Samaj Party», le parti des dalit, a obtenu à New Delhi le 14% des suffrages contre le 5% de 2003. CLAUDE CANTINI Sources principales Heuzé Djallal, Des intouchables aux dalit: les errements d’un mouvement d’émancipation dans l’Inde contemporaine. La Courneuve 2006. Tharoor Shashi, L’Inde. D’un millénaire à l’autre, 1947-2007, Paris 2007. AUGUSTE BLANQUI, L’HOMME SANS DIEU NI MAÎTRE De même que de Proudhon beaucoup de gens ne connaissent que son célèbre aphorisme «la propriété c’est le vol», nombreux sont ceux pour qui le nom de Blanqui n’évoque que la formule «ni Dieu ni maître». Selon l’historien Maurice Dommanget1, Blanqui aurait lancé ladite formule quand il la choisit comme titre de son journal, en novembre 1880 Mais l’idée même était depuis déjà longtemps dans l’air. Un siècle auparavant, Sylvain Maréchal l’avait formulée dans ces vers: Qu’ai-je besoin d’un Dieu, qu’ai-je besoin d’un maître, Si je suis vertueux pour le plaisir de 1’être? Le titre du journal marquait clairement 1’antithéisme de son fondateur et rédacteur. Tous les dictionnaires présentent Blanqui comme homme politique, théoricien socialiste, révolutionnaire. Certes, il fut tout cela. Mais l’anticléricalisme, l’athéisme même du personnage furent trop souvent négligés voire occultés par les lexicographes et même ses biographes. C’est cet aspect du grand révolutionnaire qui mérite d’être évoqué pour les libres penseurs. «L’ENFERMÉ» La vie d’Auguste Blanqui peut se résumer dans cette récapitulation de Maurice Dommanget: Quinze procès, deux condamnations à la peine capitale, vingtsept prisons différentes, trois évasions, presque sept ans d’exil ou surveillance policière, trente-trois ans et demi de prison effective, en tout plus de quarante-quatre ans d’enchaînement sous des formes diverses2.» Le surnom de «1’Enfermé» sous lequel on le désignait était donc parfaitement justifié. Et cependant, cet enfermé perpétuel fut peut-être le plus libre des hommes. «Il était plus indépendant que les gens au pouvoir et que les valets qui l’emprisonnaient» remarque Edouard Rothen3. Conspirateur-né, en une époque où les sociétés secrètes foisonnaient, il s’affilia dès 1823 à la Charbonnerie. En 1831, il 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 5 le libre penseur/no 141 5 entre à la Société des amis du peuple et, en 1837, crée la Société des saisons. S’il n’adhéra pas à la Chevalerie du travail, beaucoup de chevaliers (dont Octave Martinet qui collabora à Ni Dieu ni Maître) s’inspiraient de ses idées. Quant à ses rapports avec la franc-maçonnerie, il semble que «l’Enfermé « ait été membre des Amis de la Vérité dans les années 1830 et du Temple des Amis de l’Honneur français en 1842. Lors de ses obsèques (5 janvier 1881), la loge parisienne Le Lien des Peuples défila avec bannière et insignes4. PLUS DE DIEU NI DE MAÎTRE Pour le pédagogue Blanqui – il fut professeur, précepteur, répétiteur – l’école est un instrument d’asservissement entre les mains des classes dirigeantes. L’école cléricale sert ouvertement à la «production des ténèbres», et l’école officielle, dispensatrice de la soi-disant instruction publique, n’est souvent qu’une «simple succursale des sacristies». Aussi manifestait-il une opposition farouche à l’enseignement clérical, qu’il assimilait à un «vampirisme des cerveaux». «L’Enfermé» est, souligne Dommanget5, aussi acharné sur le terrain rationaliste contre les religions révélées et contre Dieu que sur le terrain social contre le Capital et l’Etat bourgeois. La révolution ne doit pas se faire seulement à l’usine, dans la rue mais aussi à l’école. «Point de révolution durable sans lumières! Point d’émancipation sans l’intelligence pour base! La liberté, c’est l’instruction! L’égalité, c’est l’instruction! Des instituteurs, des livres, la lettre moulée, voilà les vrais agents révolutionnaires!6» Pour le croyant, le seul maître c’est Dieu. «Je suis votre maître» dit l’Eternel (Jér. 3:14). En supprimant Dieu nous supprimons non seulement le maître mais aussi tous ses prétendus représentants, parasites de la société. L’idée de Dieu, les religions sont, aux yeux de Blanqui, les sources de l’ignorance, de l’abrutissement du peuple. Dieu est un moyen de gouvernement, une protection pour les privilégiés, une mystification pour la multitude. «Dieu, c’est le mot qui prétend tout expliquer, qui n’explique rien et qui interdit toute explication. C’est le mot qui satisfait la paresse et l’orgueil en faisant de l’ignorance le savoir 7». Le péril clérical s’avérait, pour lui, l’une des plus formidables entraves à l’avènement d’un régime social égalitaire et fraternel. «Les «Le grand révolutionnaire, écrit Paul Louis11, n’a pas été uniquement comme certains l’ont cru et avancé, un chef d’émeutes, un directeur de barricades. A côté du courage froid, du dévouement à une cause, de la vision nette, des vertus morales qui en firent un exemple et un maître, il a déployé des qualités de pensée qui ne furent point médiocres. […] Peu d’hommes ont droit à un égal respect du prolétariat, car peu ont manifesté une pareille abnégation, en sacrifiant tout à la lutte.» Il était un de ces hommes «qui stimulent les tièdes, raffermissent ceux qui chancellent, effraient les timides et déconcertent les théoriciens12.» (suite au verso) Auguste Blanqui à 25 ans. croyants dépensent tant de foi dans le trafic avec Dieu qu’il n’en reste plus un atome dans le commerce avec les hommes. […] Nous ne reconnaissons pas ces imaginaires devoirs envers Dieu, véritable bonne fortune pour l’égoïsme qui se hâte de les traduire en superstitions, heureux de leur immoler d’autres devoirs plus gênants, les devoirs envers les hommes 8.» L’athéisme de Blanqui s’en prend non seulement à la Bible et au christianisme mais à toutes les religions révélées: «La Bible, livre exécrable, pire que la peste et le choléra, inépuisable tonneau d’ordures d’où sont sorties et sortent encore toutes les immondices qui infectent l’humanité: le judaïsme, le christianisme, l’islamisme, le mormonisme9.» Les religions sont – ont toujours été – le frein, l’entrave à tout progrès, à tout effort d’émancipation des peuples. On en a encore un exemple récent par les prises de position rétrogrades du pape actuel et de son prédécesseur. FIDÉLITÉ ET DÉVOUEMENT À UNE CAUSE La fidélité à ses convictions est un des traits dominants du caractère de Blanqui. Elle suscite l’approbation élogieuse de Jules Vallès: «Auguste Blanqui est, je l’avoue, un de ceux que j’admire tout bas et que j’ai défendu et défendrai tout haut, car il a, celui-là au moins, la logique terrible de ses convictions10.» Loin d’être une girouette tournant à tout vent, il fut en effet l’un des rares hommes politiques dont les idées et les combats furent en harmonie avec leur règle de vie. PICSOU-FLASH Nous avons encarté dans ce numéro (pour la Suisse) un bulletin de versement afin de vous permettre: – de vous acquitter de l’abonnement 2009, pour ceux qui n’auraient pas encore effectué leur versement; – d’alimenter l’indispensable «souscription de solidarité» (même un versement symbolique sera le bienvenu). Aux lecteurs habitant hors de Suisse, nous conseillons de se renseigner à la poste ou à leur banque, afin d’effectuer directement un virement sur notre compte postal (CCP) N° 10-7494-3, ou plus simplement de nous envoyer la somme désirée entourée de papier alu dans une enveloppe fermée. Pour la quittance voir en dernière page «versements directs». Pour les membres de l’AVLP, LPG et ASLP sezione Ticino, l’abonnement est compris dans les cotisations. ATTENTION: ne pas envoyer de chèques depuis l’étranger, car il nous est difficile de les encaisser et souvent la taxe à payer dépasse le montant indiqué. Merci d’avance 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 6 le libre penseur/no 141 6 La fin de vie de Blanqui fut aussi pénible que l’avait été son combat militant. S’étant toujours refusé à être le disciple ou le chef d’un parti politique, il eut sa part d’horions, de médisances, de calomnies, d’attaques fielleuses. «Dévasté par les souffrances morales et physiques, par les malheurs publics et les douleurs privées, exténué par une vie plus qu’ascétique, par la séquestration, par de vastes espérances déçues, abreuvé d’amertumes et d’outrages, vaincu, écrasé, anéanti, il est resté inflexible dans ses convictions. Inébranlable dans sa foi13.» Victime d’une congestion cérébrale, Auguste Blanqui s’éteint le 1er janvier 1881, au domicile de son ami Ernest Granger. Cent mille personnes assistent aux obsèques. «Une impression d’âpre tristesse et de beauté farouche se déga- ge de cette affluence humaine qui entoure enfin celui qui a toujours vécu seul» relate son biographe14. Ultime hommage à l’«Enfermé», Eugène Pottier, le chantre de L’Internationale, lui dédia ce poème: A présent qu’il est mort, tu l’entendras… peut-être! Ce combattant, passant de la geôle au cercueil, Du fond de son silence, il dit: Ni Dieu ni maître! Contre une classe sans entrailles, Luttant pour le peuple sans pain, Il eut, vivant, quatre murailles, Mort, quatre planches de sapin! ANDRÉ PANCHAUD Notes 1 Préface de Ni Dieu ni Maître. Editions Aden, 2009. 2 Les grands socialistes et l’éducation, Armand Colin, Paris, 1970. 3 Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure, réédition de 1974, 4 Daniel Ligou: Dictionnaire de la franc-maçonnerie, PUF, 1987. 5 Blanqui EDI Etudes et documentation internationales, Paris, 1970. 6 Les grands socialistes…, op. cit. 7 Ni Dieu ni Maître, op. cit. 8 Candide N° 1, 3 mai 1865. 9 Manuscrit 9587, f° 4O8, B.N. NAF. 10 La Rue. Les Editeurs Français Réunis, Paris, 1969. 11 Histoire du socialisme en France. Librairie Marcel Rivière et Cie Paris, 1950. 12 Nouveau Dictionnaire universel de Maurice Lachâtre, t. 1, 1870. 13 Pierre Larousse: Pages du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle. Union Générale d’éditions, 1975. Coll. «10-18» N° 935. 14 Gustave Geffroy: L’Enfermé, Fasquelle, 1926. Ed. Rencontre, Lausanne, s.d. BOUFFONS DU CURÉ ET QUELQUES PRÉLATS EN PRIME – Vous plaisantez, Thomann, avec votre titre ringard. – ?... – On ne bouffe plus du curé depuis,... est-ce que je sais, depuis le XIXe siècle. – En voilà d’une autre! Ces messieurs auraient-ils été déclarés peu digestes? – C’est pas ça, il s’agit d’une question d’image. Le Libre Penseur se veut aimable, moderne et tolérant. Il accueille toutes les opinions, c’est d’ailleurs dans son titre et si elles sont en majorité mécréantes, c’est un pur effet statistique. Car de fait, nos collaborateurs trouvent plus facilement accès à nos colonnes qu’au Association vaudoise de la Libre Pensée Case postale 5264 CH-1002 Lausanne Internet: www.librepensee.ch Libre Pensée de Genève Ch. des Quoattes 27 CH-1285 Avusy Associazione Svizzera dei Liberi Pensatori (ASLP) Sezione Ticino, Casella postale 721, 6902 Paradiso Presidente: R. Spielhofer 091 994 21 45 Association suisse de la Libre Pensée FVS-ASLP Case postale CH-3001 Bern Internet: www.freidenker.ch International Humanist and Ethical Union Internet: www.iheu.org journal parisien La Croix ou au bulletin paroissial du Gibloux. C’est la vie! Mais nous sommes ouverts, c’est notre vocation. Nous serions à même de publier – il a le droit de penser librement – une homélie du pape, quitte naturellement à ce qu’il subisse les huées des lecteurs, c’est le jeu; nous serions même disposés, en poussant les limites de la tolérance vraiment très loin, à accepter une interview de Mgr Genoud. – Si je vous comprends bien, l’ECAR (Eglise catholique, apostolique et romaine) n’est plus ce qu’elle était et que nous n’avons plus aucune raison de nous méfier. – C’est exactement ça. – Et si je vous prouve le contraire? Vous me donnez la même liberté qu’au pape et au Genoud? – Parfaitement. Mais plus de dérives intempestives. Ce qui me surprend de plus en plus, c’est l’ignorance abyssale de mes interlocuteurs sur les sujets sur lesquels ils désirent pourtant irrésistiblement donner leur avis. Ils ne savent rien, ils ne se sont renseignés sur rien, ils ont vaguement entendu parler de telle chose mais n’ont rien approfondi. Ils ont un dogme soutenu par rien et qui est en gros celui d’une tolérance universelle. Les religions ont le droit d’exister et c’est marre. Celui qui dit le contraire aura une tapette. Il y a là une formulation irréfléchie. Que celui qui croyait en Dieu et celui qui n’y croyait pas (selon la formule saisissante d’Aragon), ce sont deux posi- tions également acceptables. Nous sommes là dans le domaine de la liberté de conscience. D’accord. Mais il ne faut pas confondre la liberté de conscience et sa manifestation, et l’admirable Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 fait avec pertinence cette distinction entre cette liberté et le droit de pratiquer sa religion, laquelle est soumise à des contingences pratiques, et qui en interdit les manifestations ostentatoires. Petite parenthèse: le bonheur d’être citoyen d’un canton (Genève) rigoureusement laïque, où on ne paie pas d’impôt ecclésiastique (ça me ferait mal), où il n’y a pas de processions, où on ne rencontre pas de prêtres (et de nonnettes) en uniforme, où on ne vous parle pas de la mise en orbite de personnages inventés qui vont rejoindre la divinité sise sur un petit nuage, je compte mes bénédictions. Oh, je connais l’objection: les religions ne sont plus ce qu’elles étaient, on rencontre désormais des prêtres catholiques sympas qui portent des baskets et ne vous font plus peur avec la punition de l’enfer pour vos péchés petits et grands. Ils ont pris la succession des prêtres tyranniques qui interdisaient les bals dans leurs paroisses. Je tiens de Fernanda, qui est croyante, Portugaise et pleine de bon sens, que la confession auriculaire a fait son temps dans la paroisse helvète où elle pratique sa religion. Mais elle me raconte aussi que, petite fille, elle était encore bel et bien 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 7 le libre penseur/no 141 soumise à cette avanie et que si elle avait le malheur d’oublier un seul de ses péchés, tous gravissimes quand on a huit ans, elle devrait rentrer chez elle en portant un loup sur les épaules, loup que le curé tenait dans un sac et gardait pour punir les petites pécheresses. Or, Fernanda n’a pas quarante ans, ces faits remontent donc à une trentaine d’années, et rien ne me dit que si un prêtre d’ici n’ose plus raconter ces fariboles sous peine de ridicule et d’incrédulité, son confrère lusitanien ne continue pas à répandre la terreur chez les gamines de son village. Mes doutes sont fondés entre autres sur une petite nouvelle récente qui nous explique qu’un prélat polonais, violet ou même rouge du chapeau, décrit (il y était?) un traitement différencié, en enfer, pour les hommes et pour les femmes, ces dernières devant être plus punies, étant donné que le péché originel, c’est bien à elles qu’on le doit. Ben voyons Ergo, on continue, en Pologne tout au moins, à convaincre les croyants, et ils y sont nombreux, que a) l’enfer existe, et que b) les femmes n’auront que ce qu’elles méritent en y étant moins bien traitées. Je rappelle, car j’aime bien être complet, que la Pologne est un de ces pays qui demandaient à cor et à cri que la valeur de l’héritage judéo-chrétien (judéo un peu moins il est vrai) soit inscrit dans la Constitution européenne. Et si vous permettez, je remets la compresse. Il y a en ce moment, dans la bonne catholicité allemande et autrichienne des cardinaux parfaitement déjantés (on parlera plus loin d’un cardinal français qui vaut aussi le déplacement) qui vont disant, le premier qu’il n’y a pas de différence entre le nombre des avortements et celui des victimes juives (et tsiganes, n’oublions pas ces autres martyrs) de la Shoa; le second que si la tempête avait durement frappé La Nouvelle-Orléans, c’est qu’on trouvait dans cette cité de perdition des cliniques qui pratiquaient l’avortement et que son mode de vie était de toute façon répréhensible. Cela rappelle, mais ça paraît loin tout ça, les bons pasteurs de Boston qui expliquaient que le tremblement de terre de Lisbonne (1755) avait pour cause la vie dissipée des habitants du Massachusetts. (Cité par Isaac Asimov, un malicieux mécréant.) Si, comme on le prétend, l’histoire ne repasse pas les plats, la religion oui. Il est juste de dire que la plupart des autres prélats allemands se sont indignés de ces déclarations d’un autre âge. Il y a même de la fronde dans l’air, ce qui ne peut que réjouir le démocrate qui écrit ces lignes: si l’Eglise catholique cessait d’ê- 7 tre une dictature? Remarquez, moi, ce que j’en dis... Mais on remarquera que ces chapeaux rouges ont été nommés en toute connaissance de cause par le Grand T(i)aré dont on ne peut pas suspecter qu’il ne savait pas ce qu’il faisait. Alors, revenons à nos curés en espadrilles: c’est bien joli de se faire un petit aggiornamento de quartier, en douce, comme ça, en disant que le péché, ça n’est pas si grave, que l’Enfer, oui bon, et que si par exemple, j’ai parmi mes ouailles des divorcés remariés qui veulent communier, moi, je ferme l’œil et le bon. (Pourquoi ces obstinés tiennent à avaler une hostie reste pour moi un mystère mais bon, chacun son truc.) Mais si la hiérarchie impose aux employés des chefs qui sont manifestement réacs, liberticides et, disons-le, à côté de leurs escarpins, la base se retrouve dans la situation du fantassin qui obéit aux ordres sans les approuver. La Wehrmacht, la Grande Armée, sans parler des troupes qui saccagèrent l’Europe entre 1618 et 1648 ni de celles d’Alexandre, ont dû avoir parmi leurs rangs des biffins qui se demandaient ce qu’ils faisaient là et qui auraient bien aimé être ailleurs. La logique voudrait que ces petits, ces sans-grades, désertassent et, s’ils le portaient encore, jetassent leur froc aux orties. Il devrait tout de même être possible de quitter son Eglise sans quitter sa religion. Ils disent être attachés à l’une comme à l’autre.Attaché à sa religion, c’est croire en Dieu. Alors allez-y, croyez, personne ne vous en empêche, même pas la Déclaration de 1789. Mais attaché à l’Eglise? Si c’est à l’institution, ils savent que l’institution les a trompés, humiliés, réduits à l’obéissance béate. Alors il ne reste plus que l’attrait (irrésistible?) des ors et des fanfares, des vitraux colorés, des cierges, de l’encens et des musiques censément célestes, d’une missa, qu’elle soit solemnis ou non. Mais d’autres monothéismes se passent parfaitement de ces adjuvants sans que la piété en souffre. Qu’ils fassent donc le saut, comme le font, dans leur congrégation, des fidèles (qui cessent ipso facto de l’être) écœurés par une hiérarchie imposant d’en haut et qu’ils ne reconnaissent plus. Je lis ce livre où Marie Métrailler, une sacrée bonne femme, pleine de vie et d’humour, raconte sa vie. M.M. est Evolènarde, tisserande pour gagner sa vie, qui explique que ses contemporains (elle a vécu les trois premiers quarts du XXe siècle) étaient terrorisés par la perspective de l’enfer que leur décrivaient des curés sans scrupules psychologiques. J’aime à croire que les temps ont changé et que le Valais est enfin entré dans l’ère moderne. On me dit qu’il y a même dans cette vallée ensoleillée des pervers qui votent socialiste. Lesquels, qui sait, ne croient pas à l’enfer. Sauf que l’enfer, contrairement à ce que les optimistes pourraient penser, continue à exister, et cela sous une forme assez surprenante. Si jadis, et même, on vient de le voir, naguère, la peur de l’enfer s’adressait à des foules peu éduquées à qui on pouvait faire croire n’importe quoi, il n’en va pas de même pour l’Opus Dei. Vous connaissez l’Opus Dei? Vaguement entendu parler. Deux lignes dans le journal et après, on passe au sport. Alors un petit topo. Il faut savoir que l’Opus Dei est une société secrète (oui, secrète, sur les bâtiments qui abritent leur organisation, le nom n’apparaît pas) et qui, bien que de tradition récente, elle date de 1928, fait la pige à cette vieille institution que sont les vénérables jésuites. Ces derniers sont tout penauds. L’Opus Dei est si puissant dans le système catholique que l’élection des deux derniers papes est due à leur influence. Ce qui explique la béatification express de leur fondateur Balaguer, alors que les béatifications et canonisations prennent normalement des dizaines d’années. C’est un prêté pour un rendu. Les lecteurs du L.P. pourraient considérer à juste titre que l’élection d’un pape est ce dont ils se foutent le plus. Aussi n’est-ce pas mon propos. Ce qu’il faut vraiment savoir, c’est que les méthodes de l’Opus Dei sont au mieux discutables, au pire criminelles. Pour commencer, ils ne recrutent pas des Soubirous illettrées mais au contraire des adolescents prometteurs, premiers de classe, rejetons de bonnes familles croyantes et pieuses. Ces petits jeunes dès quatorze ans sont peut-être intelligents mais ont, pour ce qui est de l’acceptation des dogmes les plus discutables, une âme de bergère du Sud-Ouest. On leur inculque d’abord que l’enfer existe bel et bien et c’est à eux de s’empêcher d’y tomber plus tard en évitant désormais tout faux pas dans le cursus qui leur est imposé par des prêtres sachant manier la savonnette qui lave les cerveaux. Dès lors qu’ils ont mis le doigt dans l’engrenage, il est facile ensuite de leur faire prendre des décisions qui ne sont pas de leur âge: ainsi, on leur demandera de se flageller un peu et de se mettre sur la cuisse un truc avec des pointes qui entrent dans les chairs, histoire de souffrir comme a souffert le fameux J.-C. Ne croyez pas que ce sont là des rumeurs ou que j’invente: j’ai mes sources et elles sont fiables. Puis ils voudront bien passer au stade suivant: celui de prononcer trois vœux définitifs: vœu de pauvreté, d’obéis- 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 8 le libre penseur/no 141 8 sance et de chasteté. Promettre de rester chaste quand on a dix-sept ans, vous voyez un peu. Enfin, ils exigent la mise à l’écart des parents, la coupure du cordon, ce qu’ont fait tous les gourous de tous les temps, y compris le gourou Jésus (Luc, 14:26, donc pas une rumeur non plus). Ces agissements, à la limite de la légalité (il y a eu d’ailleurs des plaintes de parents) ne sont pas connus du public pour qui le nom Opus Dei ne signifie rien. Mais le Vatican, et pour cause, voir plus haut, sait tout mais puisque tout cela est fait ad majorem dei (et Vaticani) gloriam... Quelquefois, le public est tiré de son ignorance grâce au bon fonctionnement des médias. Quand l’archevêque de Recife, qu’on ne saurait qualifier sans employer de gros mots, se met en tête d’excommunier une mère pour avoir laissé avorter sa fillette de neuf ans violée et qui attendait des jumeaux dans son petit bassin de gamine, le geste qui aurait dû rester «molto catimini» a fait le tour de la planète. Argument de ce prélat las: La loi de Dieu prime sur celle des hommes. La charia chrétienne en quelque sorte. Il faut vraiment se méfier de tout le monde. Cela laisse même les autres prélats pantois et indignés et ils commencent à se rebiffer. Il était temps. Le Vatican, lui, n’a pas moufté, la curie n’en a cure. Pour les ignorants toujours, on précisera que l’excommunication est une chose gravissime pour ceux qu’on a endoctrinés à croire que ne plus pouvoir communier menait tout droit à l’enfer. Les lecteurs du L.P. en revanche, pourront s’en battre l’œil jusqu’au sang. L’Eglise catholique est une nef qui prend l’eau de toute part. Elle se rend ridicule, ce qui n’est pas grave, elle se couvre d’opprobre, elle bafoue la charité qu’elle appelle abusivement chrétienne dont elle nous rabat* hypocritement les oreilles. Il faut savoir gré au pape actuel de précipiter le mouvement. Avant le dernier conclave, il était question d’élire un nègre (oh, pardon, un Africain) à la papauté. On sait ce qu’il est advenu, on a nommé un vieillard incompétent dont le seul mérite était d’être bon théologien. Benoît XVI, qui a passé sa vie dans les bureaux et les sacristies, n’a aucune idée du monde tel qu’il est, au point de n’avoir pas été au courant qu’un prélat anglais de son obédience niait l’Holocauste. Enfin, lui dit qu’il ne savait pas et ce petit mensonge aura vite fait d’être pardonné grâce au détergent de la confession. Contrairement à l’archevêque de Recife, nous ne voulons pas la mort du pécheur. Si des catholiques bon teint croient à la présence réelle, à l’enfer et à la résurrection des corps, rien ne les empêche de créer une maison concurrente qui serait à mi-chemin entre celle peccamineuse qu’ils quitteraient et celle du compère Luther qu’ils jugeraient un peu trop bolchevique. Ils pourraient continuer à allumer des cierges et répandre de l’encens. Par parenthèse, on me fait croire qu’il y a du cannabis dans l’encens; n’étant pas chimiste, je ne me prononce pas. L’essentiel pour eux serait que la plus grande gloire de Dieu soit reconnue. Bonne chance! ANDRÉ THOMANN * Je prétends, contre tous les puristes, et ils sont nombreux, qu’il faut dire «rabattre» les oreilles. Rebattre ne veut rien dire. Vous aurez remarqué que si nos yeux ont des paupières qui nous permettent, quand on les ferme, de ne plus voir les horreurs du monde, nous n’avons pas, ce qui serait pourtant bien utile, l’équivalent pour les oreilles. A l’exception des cockers, qui peuvent se permettre, le cas échéant, de ne pas écouter. Il leur arrive de regarder leur maître de ce regard sympa qu’ils ont et de leur dire: «Cause toujours, j’ai rabattu mes oreilles.» LE DON QUI ES-TU? Il y a plusieurs sortes, natures et formes de dons (le don traditionnel, moderne, de soi, de sang, d’organes, d’argent, divin, du ciel, du Saint-Esprit, du Père Noël... à Dieu, d’énerver, avoir un don et le contre-don, etc.) qui revêtent des significations différentes en fonction du contexte et du cadre qu’ils contribuent à créer. Il concerne notre rapport avec autrui. Il peut être spontané, affectif, objectif comme subjectif. Il peut agir en fonction d’exigences d’amour, de solidarité, de sollicitation comme de morale ou en fonction de tel texte de loi. Ce peut être l’action de donner quelque chose que l’on possède, en espèces, en Association vaudoise de la Libre Pensée Service des obsèques civiles, tél. 022 361 94 00 026 660 46 78 Service gratuit pour les membres. Pour s’exprimer lors des cérémonies, s’adresser au comité nature, un bienfait, une faveur ou encore faire don de son corps à la science. Il y a aussi le don du ciel, celui qui ne veut rien dire. Il est possible d’avoir un don, une qualité naturelle, du talent en parlant des facultés d’une personne, comme avec le don de réussir comme d’énerver. Celui que l’on appelle le don de soi, c’est le soi, mais si c’est le soi, avoir en quoi se distingue-t-il de l’oubli de soi? Si ce n’est pas le soi qui est donné, le don de soi n’est-il qu’une forme raffinée d’affirmation de soi? Il n’est pas tout à fait la destination de cet acte gratuit car, on ne se donne pas soimême dans le don, parce qu’il apparaît plutôt comme une manière de faire discret en s’exposant ou en se surexposant à d’autres formes d’expression que celles que permet la mise en avant de soi. Donner serait bien vulgaire s’il s’agissait de se donner, de se montrer voire de se vendre. Au lieu de constituer le don de soi, il doit passer au travers d’un objet ou d’une aide matérielle. Il y a aussi le don traditionnel, qui possède toujours cette capacité de pouvoir exprimer ce que nous pouvons dire par des mots et signifie l’estime et l’honneur que nous portons à l’autre. C’est pourquoi tout apport n’est pas obligatoirement un don. Plusieurs dons relèvent soit du don divin qui pourrait être de donner un livre à quelqu’un, soit du don humain qui serait plutôt de lui apprendre à lire. C’est la grande différence entre le vivre et le penser où l’apport humain aide l’autre à devenir vraiment soi-même, tandis que le don divin, charitable, provient non pas d’un élan de pur altruisme, mais de phénomènes passionnels qui dérivent directement de l’effort que chacun fait pour se préserver dans son être. Et pourtant, le don doit être un acte libre, gratuit, généreux qui n’attend en retour aucune contrepartie ou réciprocité. Ce don véritable, à la différence de la charité, dite bien souvent chrétienne, est libre de toute référence théologique et n’obéit à aucun commandement. Inverse de cette charité humiliante, ce 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 9 le libre penseur/no 141 don véritable ne postule aucune supériorité métaphysique, morale, sociale du donateur, ni aucune aliénation du destinataire. Pas de hiérarchie entre donateur et destinataire. Ce n’est pas ou ne doit pas être une offrande faite à une divinité avec cette intention religieuse. Sans en attendre de reconnaissance, le donateur peut néanmoins se réjouir de l’éventuelle réponse du destinataire, dépassant la dialectique de la servitude présente dans le remerciement. Marcel Mauss, sociologue et anthropologue 1872-1950, définit le don comme une prestation totale de type agonistique. Sa forme la plus élevée n’est pas le potlatch archaïque ou le cadeau rituel et obligé, mais l’activité consacrée à l’autre. Là, le don a cette vertu créative sans être morale qui crée le lien, la joie et c’est à ce titre qu’il a une valeur. Dans le langage courant, on emploie souvent le verbe «donner» dans un sens très différent de «faire un don». Ne pas confondre don et donner. Le don s’oppose à l’échange. On pourrait dire que le don ne fait naître qu’une obligation morale. Dans un couple, quand le cycle paisible du don est brisé, peut s’installer une spirale qui conduit à la rupture, au divorce. Dans les rapports commerciaux, on trouve une place importante au don: les vendeurs offrent souvent des cadeaux pour fidéliser la clientèle, les négociations s’accompagnent souvent d’un bon déjeuner au restaurant, etc. Dans le travail c’est aussi donner soi aux autres, sachant que le don de soi participe au salaire. D’un point de vue historique, en France, le Gouvernement de Vichy a voulu réunir la famille, le travail et la patrie, en imposant ce don de soi à ce qu’il considérait comme trois «valeurs» essentielles. Le don a une connotation religieuse au départ qui relève plus du renoncement à soi-même car c’est du sacrifice par amour de Dieu. On fait d’abord don à Dieu. Dans les sociétés féodales, on travaillait la terre pour vivre ou survivre mais aussi pour se donner à Dieu, ce qui n’est, espérons-le, plus le cas aujourd’hui car la fonction du sacré a apparemment disparu. En sociologie, le don «substantif du verbe donner» est une forme d’offrande, comme le don de sang, d’organes ou d’argent. En droit, le don ou donation est un contrat solennel. «Le don est l’action de donner sans contrepartie au moins apparente», disait 9 Montaigne. Action de remettre à quelqu’un quelque chose sans rien recevoir en échange. Le don se veut désintéressé et intemporel; cependant, pour faire honneur au don, la personne en bénéficiant peut faire un don en retour, qu’on appelle le contredon. Il ne s’agit pas d’un acte d’échange de valeurs comme la vente ou le troc, puisque le receveur n’est pas tenu de rendre le don et la valeur des dons ne rentre pas directement en compte. Il convient donc que le donateur agisse sans répondre à aucune forme d’obligation autre que sa motivation, en dehors du respect de formalités légales réglant les dons d’une valeur importante «donation». Le troc: peut se rapprocher du don/contre-don par le fait qu’il s’agit d’un échange sans garantie d’une tierce partie. La vente: cet échange est régi par des lois fixes dépendantes du pouvoir ou du marché. Un grand nombre de circonstances sont l’occasion de dons plus au moins traditionnels: les aumônes, les étrennes et autre cadeaux liés aux fêtes, qui sont des cadeaux de fin d’année ou d’anniversaire qui s’inscrivent dans une logique d’échanges; les offrandes pour cérémonies religieuses, comme le don du Saint-Esprit qui s’exerce sur l’âme par le sacrement de la confirmation «force, piété, crainte de Dieu, etc.»; les pourboires et gratifications diverses, les souscriptions favorisant des réalisations collectives, les opérations de solidarité à l’occasion de guerres, catastrophes, etc. Dans la théologie chrétienne, la grâce divine est conçue comme un don pur représenté d’ailleurs par le Père Noël qui illustre très bien ce don pur. «Faut-il encore croire au Saint-Esprit comme au Père Noël». Les dons sont aussi le fait d’institutions publiques sous la forme d’aide alimentaire en priorité, puis d’aides sociales et de subventions, mais aussi d’organismes privés apparaissant comme sponsors. Les dons de personnes les plus fortunées prenaient la forme du mécénat et permettaient en particulier aux artistes de réaliser leurs œuvres. Il y a aussi les personnes, employant une notable partie de leurs fortunes en dons, qui sont appelées philanthropes. Jean-Luc Marais, (histoire du don en France de 1800 à 1939) a évalué à 30% la proportion de donateurs inspirés au moins en partie par le désir de perpétuer leur mémoire. Plus généralement dans la perspective religieuse, la «générosité» pratiquée sur terre est assez souvent un gage d’amélioration de sa condition post-mortem. Certains dons prennent la forme de la constitution d’une bourse commune pour permettre à l’intérieur de corporations ou confréries la constitution de systèmes d’entraide basés sur la mutualité ou solidarité. Selon les pays et les cultures, des formes de dons «en apparence» sont illégaux «corruption, commissions occultes dites pots-de-vin, etc.» et certains plus forts encore relèvent directement de la délinquance tel le racket ponctuel ou organisé «mafia». Historiquement, on peut différencier trois sortes de don/contre-don: 1 L’échange rituel: il s’agit d’honorer des puissances avec l’espoir d’obtenir des faveurs terrestres ou la clémence de Dieu. 2 L’échange intercommunautaire: il s’agit de garantir les bons rapports entre deux communautés par le biais de relations privilégiées. 3 La marque d’une distinction sociale: il s’agit de faire reconnaître sa primauté par le biais d’une compétition du don, les valeurs données pouvant parfois être détruites «potlatch». Selon Marcel Mauss, le don en tant qu’acte social suppose que le bonheur personnel passe par le bonheur des autres, il sous entend les règles: donner, recevoir et rendre «par le contre-don: potlatch». 1 L’acte fondateur en est un don, donc la reconnaissance de l’alter ego «ce qui m’appartienait t’appartient maintenant» 2 Le deuxième acte comprend l’acceptation du don, le receveur reconnaissant ainsi la valeur du don pour son propre usage «force unificatrice du oui». 3 Le troisième acte élimine une différence de valeur entre celle que lui accorde le donateur et celle que perçoit le receveur ce qui revient à annuler la valeur matérielle de l’échange pour mettre en avant la valeur sociale de l’échange. Le don se base sur une valeur de sociabilité primaire: la réciprocité. En France, les dons sont prévus en particulier par les articles 930 et 937 du Code civil. Par les lois de 1901 et 1905 où les institutions religieuses perdirent la possibilité de recevoir des dons ou legs, par contre toutes associations sont aptes à recevoir des dons en contrepartie d’un reçu. Les dons sont réglementés par le Code général des impôts et particulièrement l’article 200. D’un point de vue humaniste, nous sommes appelés à combattre les inégalités et à lutter pour davantage de justice, car la justice ne peut se contenter d’appliquer sans 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 10 le libre penseur/no 141 10 cœur et sans intelligence les règles et les lois qui la commandent et le don doit apparaître comme le principe d’une existence infiniment exigeante mais pleinement humaine, à la fois libre, généreuse et douée de sens. Mais comment donner, se donner sans se décourager, par le biais du don ou du bénévolat? Malgré son aspect direct et spontané, le don moderne s’inscrit dans la vie sociale et ses conventions. Il y a aussi l’utilisation des médias qui offre une gigantesque plateforme aux spectacles de la misère. En langue italienne, don est un nom donné aux curés. Don est un titre social en espagnol et en italien devant un patronyme. Que de dons… Mais un don n’est jamais exigible, s’il l’était ce ne serait pas un don. La vertu du don (s’il est pur, sans calcul) est la générosité car il va au-delà de l’intérêt du donateur. Enfin: celui qui donne ne doit jamais s’en souvenir Celui qui reçoit ne doit jamais l’oublier. OLIVIER LAZO ON SORT DU MOYEN AGE Enfin le canton de Lucerne lève l’interdiction de danser pendant certains jours fériés. En effet, à l’issue du vote très serré, 51 députés se sont exprimés en faveur et 50 contre, on met fin à une querelle vieille de 500 ans dans ce canton majoritairement catholique. L’interdiction de danser concernait le dimanche de Pâques, le dimanche de la Pentecôte, le jour du Jeûne fédéral, Noël et le mercredi des Cendres. La députée Verte Katharina Meile, qui a présenté le projet de loi, a estimé que l’Etat n’avait pas à décider des activités des gens pendant les jours fériés. L’Etat et l’Eglise doivent être séparés, a-t-elle souligné. Mme Meile a estimé paradoxal qu’au terme de la législation actuelle, on puisse jouer de la musique dans un bar dansant, mais que danser sur la musique soit interdit. Le Parti démocrate-chrétien et l’Union démocratique du centre (UDC) ont en revanche défendu le maintien du statu quo. Cette interdiction était un sujet récurrent dans le canton de Lucerne et débattu depuis 1428. SOURCE ATS / IVO CAPRARA LES TRIBUNAUX RELIGIEUX EN EUROPE L’Europe bascule lentement mais sûrement dans l’obscurantisme religieux et la communautarisation à outrance, dans tous les domaines. L’Union européenne ellemême est de plus en plus noyautée par les lobbies religieux. L’émission sur les religions par ARTE l’a récemment encore confirmé. Le président Sarkozy ne veut pas uniquement communautariser et théocratiser la France, mais l’Europe tout entière. C’est pourquoi il est aussi l’instigateur ou le promoteur du colloque «Religions et puissance publique dans l’Union européenne» qui a eu lieu le 17.12.2008 à Paris, avec ses délégués des religions (prêtres, popes, pasteurs, rabbins et imams). Il a prononcé quatorze fois le mot «Dieu» dans son discours, le 14.1.2008 devant le roi Abdallah d’Arabie saoudite, ce pays musulman où les hommes sont décapités et les femmes abattues ou lapidées au nom d’Allah, conformément à la charia saoudienne. Benoît XVI est tellement fier du chanoine Sarkozy qu’il ne faut pas s’étonner qu’il en fasse le premier Français canonisé vivant. Les règles de la charia s’introduisent partout et dans toute l’Europe, grâce à l’appui des politiciens qui bafouent la Convention européenne des droits de l’homme et la vident de sa substance. Il est inacceptable que les femmes musulmanes n’aient pas les mêmes droits que les hommes en Europe, et qu’elles soient soumises partiellement ou entièrement à la charia, ce fatras juridico-religieux discriminatoire, injuste, arbitraire et moyenâgeux. Dire qu’elles acceptent soi-disant volontairement d’être jugées par des tribunaux islamiques est un sophisme. C’est tout aussi faux que de prétendre qu’elles portent soi-disant volontairement le voile ou la burqa, cette prison ambulante, qui les déféminise, les dépersonnalise, et les font vivre selon des règles islamiques moyenâgeuses, du VIIe siècle de notre ère. Dans l’Afghanistan théocratique, les talibans brûlent les écoles pour filles, tuent les instituteurs, mutilent les filles qui osent aller à l’école et les menacent de mort si elles ne se résignent pas à déserter l’école avant le 15 janvier 2009.Va-t-on ensuite prétendre que les filles ont abandonné volontairement l’école par respect pour la charia afghane? La liberté religieuse a ses limites, et la tolérance ne permet pas de tolérer l’intolérable, par intérêt électoral, par lâcheté, par ignorance, par indifférence, ou par imbécillité. On se souvient que l’archevêque de Canterbury, Rowan Williams, a défrayé la chronique, en disant que «l’adoption» de certaines parties de la charia islamique au Royaume-Uni semble «inévitable», et que cela permettrait de maintenir la cohésion sociale. Il estime que le Royaume-Uni doit «affronter le fait que certains de ses concitoyens ne se reconnaissent pas dans le système juridique britannique». Cet archevêque, à demi converti à la charia, qui trouve que la foi chrétienne en la Trinité est difficile, parfois même offensante pour les musulmans, (voir sa lettre A Common Word for the Common Good du 15.7.2008) ignore donc que les musulmans qui ne se reconnaissent pas dans le système juridique britannique ou européen ont la possibilité de retourner ou d’émigrer dans les pays musulmans, où la loi coranique n’est pas appliquée partiellement, mais entièrement. Selon les sondages, 44% des jeunes musulmans voudraient qu’on introduise la charia au Royaume-Uni. Leurs parents ont fui la charia et émigré en Europe, rien ne les empêche d’émigrer (ou selon le cas de retourner) vivre dans un pays où la charia fait le bonheur des musulmans, s’ils n’acceptent pas le droit européen. Ils pourront y vivre le vrai islam, celui des décapitations, amputations, lapidations, condamnations à mort pour apostasie, adultère, blasphème, homosexualité, et j’en passe. Fuir les pays musulmans où l’on applique la charia et ensuite vouloir imposer celle-ci en Europe n’est pas tolérable. Ceux qui veulent introduire petit à petit la charia (règles religieuses du VIIe siècle) dans tous les domaines de la vie, veulent détruire les droits de l’homme, les libertés fondamentales, la démocratie. Ils veulent diviser les citoyens en «communautés ethno-religieuses», qui pratiquent l’ostracisme les uns envers les autres. Ils veulent «anarchiser» l’Europe, créer un système de droit communautarisé et d’apartheid selon la religion pratiquée. Si l’on comprend bien l’archevêque, on évitera ainsi la ségrégation des populations musulmanes. Il faut dire à sa décharge que cet humaniste chrétien a précisé que l’acceptation de la charia n’irait pas jusqu’à l’acceptation de châtiments du genre amputation, lapidation ou flagellation. C’est vrai que l’introduction de la charia doit se faire par étapes. Il faut que 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 11 le libre penseur/no 141 les Européens aient le temps de s’habituer aux règles barbares de l’islam. Quelle mansuétude! Nous voilà rassurés par un archevêque qu’on peut qualifier de «musulman modéré». C’est encore trop tôt pour réinstaller les tribunaux chrétiens et musulmans de l’Inquisition, mais il y déjà une volonté commune coranique et évangélique. Le cardinal Jean-Louis Touran estime même que Dieu a fait son retour dans les sociétés européennes grâce aux musulmans. Dieu est donc si faible qu’il a fallu l’aide des imams, des mullahs et des ayatollahs pour y retrouver sa place. Il a fallu dixneuf siècles pour réaliser les droits de l’homme, tels qu’ils figurent dans la CEDH, il faudra moins de cinquante ans pour retourner au Moyen Age, grâce à la nouvelle collaboration et conspiration entre religions monothéistes. En juillet 2008, le lord Chief Justice Philips (président de la Haute Cour d’Angleterre) se déclarait d’accord pour que les musulmans puissent régler leurs conflits familiaux (droit familial) et financiers selon les règles de la charia. Il estime que la charia souffre d’une incompréhension généralisée (sharia suffers from «widespread misunderstanding»), tout comme Hani Ramadan du centre islamique de Genève. Il est en faveur de l’application de la charia, mais elle ne peut s’étendre à des peines corporelles. Le lord Chief Justice et l’archevêque, sont sur la même longueur d’onde pour communautariser le droit selon la religion, l’ethnie, ou les deux à la fois. Ce haut magistrat anglais et l’archevêque se moquent donc la CEDH et sont donc d’accord pour que diverses communautés ethnoreligieuses appliquent des lois religieuses absurdes, iniques, discriminatoires, variables d’un tribunal ethnoreligieux à un autre et d’un texte religieux à un autre. Mais au Royaume-Uni, il n’y a pas que les tribunaux de la charia qui s’installent. Cinq banques halal ont été autorisées et pratiquent les principes de la charia financière. Le virus de l’intégrisme religieux, si violent aux Etats-Unis, se répand comme une pandémie dans la classe politique européenne et dans le monde tout entier. Selon le ministre chrétien néerlandais J.P.H. Donner l’instauration de la charia aux Pays-Bas doit être possible si une majorité parlementaire le vote et ce serait scandaleux, selon lui, de la refuser parce que la «majorité» c’est l’essence de la démocratie. Dès que la charia sera votée, le ministre J.P.H Donner ne devra d’ailleurs plus voter, il ne sera plus qu’un dhimmi, ou un «soumis». Le ministre 11 néerlandais, Wouter Bos, socialiste PvdA, veut autoriser des banques halals, appliquant la charia financière, pour satisfaire les musulmans. Le refuser, selon ce ministre, pourrait avoir un effet contraire sur le combat antiterroriste. La ministre néerlandaise Ella Vogelaar (parti du Travail) n’est pas contre le port de la burqa, mais dit que ce n’est pas recommandable dans les cas où cela crée un obstacle professionnel, parce que le travail exigerait un contact trop important avec le public, etc. D’Afganistan à Hollandistan, on n’en est plus loin, avec des femmes ministres qui acceptent la déshumanisation totale de la femme dans leur prison ambulante. On ne peut que dire «shame on you», Ella Vogelaar et Donner. La ministre néerlandaise, chrétienne CDA Maria van der Hoeven a demandé, dans un débat parlementaire, qu’on enseigne à l’école «l’intelligent design» autrement dit le «créationnisme». Nous ne voulons pas d’une justice parallèle et discriminatoire. Nous voulons maintenir en Europe l’égalité entre tous les hommes et toutes les femmes, le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la démocratie etc. Nous disons donc non à la charia contraire à tous les principes de justice, d’équité et d’égalité. Nous refusons la communautarisation de la société en groupes ethnoreligieux qui vivent selon des lois différentes. Nous condamnons la haine propagée par les religions entre elles et contre les infidèles. L’infidèle n’est pas, comme le dit le Coran, un criminel, un pervers, un hypocrite, un méchant. La liberté de croire ou de ne pas croire est un droit et la discrimination ne peut être pratiquée à l’aide des livres saints. Les livres saints divisent le genre humain en catégories de fidèles et d’infidèles, qu’on oppose ensuite les uns aux autres. En réalité il n’existe pas de fidèles, parce que les fidèles d’une religion sont des infidèles envers une autre religion. Le droit religieux ne peut se substituer au droit séculier. Le droit à la différence ne peut conduire à la différence des droits. Dans plusieurs grandes villes anglaises, telles que Londres, Birmingham, Bradford, Manchester, Nuneaton (Warwickshire) des tribunaux islamiques opèrent depuis août 2007. Ces tribunaux islamiques prononcent des jugements religieux basés sur la charia. Deux autres tribunaux islamiques (sharia courts) s’ouvriront à Glasgow et Edimbourg. L’Eglise écossaise anglicane est également favorable à la création de tribunaux de la charia. Le révérend Ian Galloway a dit que les tribu- naux islamiques avaient été injustement dépeints à la suite des propos de l’archevêque de Canterbury. Les tribunaux religieux prononcent des sentences conformes à la loi coranique, au nom d’Allah, qui donne son exequatur, etc., dans le domaine du droit civil familial, du mariage et du divorce, d’héritages, de nuisances entre voisins, et même pour violences domestiques. Les musulmans se sont inspirés des Beth Din, les tribunaux rabbiniques, qui existent depuis environ cent ans au Royaume-Uni. Ces tribunaux rabbiniques règlent des conflits de droit civil, les disputes familiales, les mariages religieux et les divorces, les violations de contrats civils et commerciaux, etc. Selon la loi juive, les juifs orthodoxes ont interdiction de porter leurs disputes civiles devant un tribunal séculier, ils doivent faire appel au Beth Din. Les tribunaux religieux juifs (Beth Din) au Royaume-Uni fonctionnent également sur base de «l’Arbitration Act 1996». Sous l’Arbitration Act on peut régler des conflits en se servant de n’importe quel droit étranger ou de n’importe quel code religieux, que ce soit la Thora, le Talmud, la Sharia, la Bible, les Evangiles, le livre de Mormon, etc. Dans la loi juive, les femmes ne peuvent divorcer religieusement tant que le mari ne délivre pas le guet ou «lettre de répudiation». Le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, veut créer un tribunal rabbinique national. Dès que des lois religieuses servent de base au règlement des conflits entre époux, on sait que la femme est toujours la victime discriminée, désavantagée, méprisée. Les pays qui autorisent l’application de ces règles religieuses moyenâgeuses, ne sont plus des démocraties. Les ANCIENS NUMÉROS Des anciens numéros du Libre Penseur sont encore disponibles en écrivant à notre rédaction. • Numéro séparé Fr. 1.50 • Par année (4 numéros) Fr. 5.– • Série complète Fr. 75.– + frais de port Quelques numéros épuisés peuvent être fournis seulement en photocopie. AVLP Case postale 5264 1002 Lausanne 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 12 le libre penseur/no 141 12 musulmans prennent comme modèles les tribunaux judaïques, appelés généralement Beth Din. C’est pourquoi, au Canada, le gouvernement de la province de l´Ontario a décidé de refuser la création de tribunaux d’arbitrage islamiques et de remettre en cause les tribunaux existants, chrétiens et juifs. On ne peut interdire les tribunaux de la charia et autoriser les tribunaux de la Thora. Il faut stopper la folie religieuse intégriste et fondamentaliste, sans quoi l’Europe deviendra l’Europe de la discrimination, l’Europe de la ségrégation, l’Europe de l’apartheid, qu’elle a tant condamnée en Afrique du Sud. Les tribunaux ethnoreligieux en Europe, c’est la boîte de Pandore, c’est la communautarisation du droit selon l’ethnie, la religion, la nationalité, et autres tendances diverses. Si chaque communauté religieuse érige son propre tribunal basé sur des règles religieuses et ethniques, ce sera l’anarchie et ce tribalisme religieux mettra l’Europe à feu et à sang. Pourquoi pas aussi des tribunaux d’arbitrage pour les Blancs, les Noirs, les jaunes, les basanés? Où est la limite? On aura en Europe des tribunaux musulmans, selon leur ethnie ou leur nationalité: des tribunaux de la charia marocains, algériens, tunisiens, saoudiens, libyens, iraniens, turcs, pakistanais, soudanais, nigériens, indonésiens, etc. mais aussi selon les tendances dans l’islam, des tribunaux sunnites ou chiites, des tribunaux conservateurs, orthodoxes, type salafistes ou wahhabistes, etc. L’existence de tribunaux de la charia ou de tribunaux de la Thora a pour conséquence que toute autre religion ou secte doit avoir les mêmes droits. Ce sera la prolifération de tribunaux catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, hindous, bouddhistes,Témoins de Jéhovah, Mormons, etc. sans oublier aussi leur division selon la nationalité. Le monopole des tribunaux religieux ne peut être octroyé ni à l’islam ni au judaïsme. Il faut qu’on interdise les tribunaux religieux parce qu’ils sont irrationnels, arbitraires et injustes. C’est inacceptable au XXIe siècle. Ce serait pire qu’au temps des tribunaux d’Inquisition de la religion catholique, qui avait le monopole en matière de législation et de jurisprudence ecclésiastiques. Les tribunaux religieux portent atteinte aux droits de l’homme et à l’égalité entre les sexes. Les articles 5, 6 et 7 du texte de la résolution 1464 adoptée le 4.10.2005 par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ne tolèrent pas de tels tribunaux et invitent à supprimer ceux qui existent: «Toutes les femmes vivant dans des Etats membres du Conseil de l’Europe ont droit à l’égalité et à la dignité dans tous les domaines de la vie. La liberté de religion ne peut pas être acceptée comme un prétexte pour justifier les violations des droits des femmes, qu’elles soient flagrantes ou subtiles, légales ou illégales, pratiquées avec ou sans le consentement théorique des victimes – les femmes. Il incombe aux Etats membres du Conseil de l’Europe de protéger les femmes contre les violations de leurs droits au nom de la religion, et de promouvoir et pleinement mettre en œuvre l’égalité entre les sexes. Les Etats ne doivent accepter aucun relativisme culturel ou religieux en matière de droits fondamentaux des femmes. Ils ne doivent pas accepter de justifier la discrimination et l’inégalité touchant les femmes pour des raisons telles que la différentiation physique ou biologique fondée sur ou imputée à la religion. Ils se doivent de lutter contre les stéréotypes sur le rôle des femmes et des hommes motivés par des croyances religieuses, et ce depuis le plus jeune âge, y compris à l’école.» L’assemblée parlementaire exhorte donc les Etats membres du Conseil de l’Europe, en son article 7, à protéger pleinement toutes les femmes vivant sur leur territoire contre toute violation de leurs droits fondée sur ou attribuée à la religion: en mettant en place et en appliquant des politiques spécifiques visant à lutter efficacement contre toutes les violations du droit des femmes à la vie, à l’intégrité physique, à la liberté de circulation et au libre choix du partenaire, notamment les prétendus crimes d’honneur, les mariages forcés et les mutilations génitales féminines, quels que soient le lieu où ces violations sont commises et la personne qui en est l’auteur, et quelle que soit leur justification, indépendamment du consentement théorique de la victime; ce qui signifie que la liberté de religion trouve ses limites avec les droits de la personne humaine; en refusant de reconnaître les codes de la famille étrangers et les lois relatives au statut personnel reposant sur des principes religieux qui violent les droits des femmes, et en cessant de les appliquer sur leur propre sol, en renégociant si nécessaire des traités bilatéraux. L’article 14 de la CEDH interdit les discriminations fondées notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions. Il faut aussi rappeler que, par un arrêt rendu à Strasbourg le 31 juillet 2001 dans l’affaire Refah Partisi, Erbakan, Kazan et Tekdal c. Turquie (ns 41340/98 & 413424/98), la Cour européenne a jugé que l’intention d’établir un système multijuridique fondé sur la discrimination selon les croyances, d’instaurer la loi islamique (la charia) qui se démarque nettement des valeurs de la Convention européenne des droits de l’homme, est contraire à ladite convention, et aucune disposition de la convention ne peut, en vertu de son article 17, être interprétée comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu, un droit quelconque de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits ou libertés dans la présente convention ou des limitations plus amples de ces droits et libertés que celles prévues à ladite convention. La charia ne peut donc servir de législation dans des tribunaux islamiques, sur le territoire européen, même si les personnes jugées, notamment les femmes musulmanes seraient soi-disant théoriquement consentantes. Le Conseil européen pour la Fatwa et la recherche (1), créé en 1997 établi au Royaume-Uni (Londres) veut introduire la charia partout en Europe et les tribunaux islamiques en sont une application pratique. Le Conseil européen de la Fatwa et les tribunaux de la charia sont contraires à l’ordre public, à la Constitution de chaque pays européen, à la Déclaration universelle des droits de l’homme, à la Convention de sauvegarde des droits de l’homme (CEDH), au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, à la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes. Avant de conclure il est peut-être utile de dire qu’il y a plus de 1600 madrasas au Royaume-Uni, ce qui est encore bien plus inquiétant que les tribunaux isla- 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 13 le libre penseur/no 141 miques, parce qu’on y endoctrine dangereusement les enfants à l’aide d’un Coran qui incite à exterminer l’infidèle. Pour ne citer qu’un exemple de madrasas à la pakistanaise, au Royaume-Uni, un article dans The Independent U.K titré: Les dirigeants musulmans craignent que des milliers d’enfants soient abusés dans les madrasas au Royaume-Uni (traduction partielle) Robert Verkaik, écrit que des milliers d’écoliers musulmans sont physiquement et sexuellement abusés par leurs enseignants religieux et les imams chaque année, d’après un rapport relatif au système d’éducation islamique. Selon le rapport du Muslim Parliament of the U.K, «les dirigeants musulmans craignent que des milliers d’enfants soient abusés dans les madrasas. Deux cent mille enfants musulmans suivent un enseignement coranique dans 1600 écoles islamiques ou madrasas opérant au Royaume-Uni selon le Times (1.1.2009) Les abus y seraient si graves que le Dr Ghayasuddin Siddiqui, dirigeant du Muslim Parliament, dit que la solution du problème ne consiste pas à balayer le problème sous le tapis. Une douzaine d’enfants sont sexuellement abusés chaque année par les enseignants et imams; rarement un cas est rendu public. Si rien n’est fait, ajoute-t-il, maintenant, il faudra faire face à une avalanche de scandales d’abus sexuels d’enfants, comme cela a été le cas chez les catholiques en 1990.» (1) Le Parlement musulman demande au gouvernement un schéma d’enregistrement national des madrasas. Les exigences ségrégationnistes des islamistes sont telles qu’ils veulent vivre totalement en dehors des lois européennes et des traditions européennes. Sous prétexte de sauvegarder leur «propre identité religieuse et culturelle», ils veulent compromettre la nôtre et vivre dans un isolement, un ostracisme total, avec leurs traditions et prescriptions coraniques absurdes et anachroniques de leur pays d’origine, et nous imposer de gré ou de force la charia qui règle toute la vie musulmane. La liste des principes de la charia, qui sont déjà en usage dans la société européenne s’allonge chaque jour et les revendications musulmanes s’amplifient, vu la complicité de nos politiciens. Les musulmans dans les grandes villes vivent complètement «repliés sur euxmêmes», avec leurs us et coutumes musulmans, comme dans leur pays d’origine. C’est le rejet total de l’intégration, c’est de l’ostracisme à outrance. Une femme qui épouse un non-musulman risque d’être tuée, on ne se marie en principe qu’entre musulmans et quitter l’islam est interdit. Ils installent des tribunaux de la charia. Ils fré- 13 quentent uniquement le boucher halal et pratiquent l’abattage halal, l’épicier halal, la boulangerie halal, la poissonnerie halal, la banque halal, le coiffeur musulman, le bijoutier musulman, les cafés et snacks musulmans, le médecin musulman, le pharmacien musulman, la cuisine halal séparée à l’école publique (on ne cuisine pas dans une casserole impure de l’infidèle), ils exigent la fin de la mixité dans les écoles, un programme scolaire adapté, les filles voilées doivent briser la laïcité et la mixité à l’école «publique et dans l’administration en refusant les règles de la neutralité publique, on crée de plus en plus des écoles purement musulmanes, ils exigent les règles de la charia dans les hôpitaux, ils créent des hôpitaux halal en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et bientôt aussi des maisons de repos halals aux Pays-Bas. Les fournisseurs pour tous ces commerces halal sont souvent des marchands en gros halal. C’est un circuit économique, social, politique et religieux complètement fermé dans lequel les commerçants musulmans sont approvisionnés par des fournisseurs musulmans, et dans lequel on vit dans un système qu’on peut appeler «autarcie musulmane». On achète, on vend, on dépense et on consomme, mais uniquement entre musulmans, sauf cas de force majeure. Une telle évolution ségrégationniste et communautariste, dans la société européenne ne peut que déclencher des tensions graves entre communautés, telles que celles qu’on découvre chaque jour en Inde et ailleurs dans le monde. Qui va encore arrêter cette folie religieuse intégriste et fondamentaliste, aussi bien chrétienne que musulmane, qui se répand comme une pandémie? Il a fallu dix-neuf siècles de combat contre l’obscurantisme moyenâgeux, le despotisme de l’Eglise et des rois catholiques, pour obtenir en Europe la démocratie et le respect des droits de l’homme. On a créé une civilisation avancée grâce au siècle des Lumières. Les islamistes veulent détruire, à l’aide de l’islam totalitaire et de la charia qui en est l’application, en moins de cinquante ans ce que nous n’avons pu réaliser qu’en dixneuf siècles, c’est-à-dire, la civilisation occidentale, la démocratie, les droits de l’homme, pour nous imposer de gré ou de force l’obscurantisme religieux et moyenâgeux d’un bédouin illettré du VIIe siècle. Mesdames et Messieurs les politiciens à la Sarkozy, à la Donner, à la Bos, à la Vogelaar, etc., ne venez pas prétendre: Ich wusste nicht. GUILLAUME PLAS EUROPE ET LAÏCITÉ DEVINETTE «La nécessité est une vie voulue par Dieu. Une vie avec un sens, puisqu’à l’origine Dieu nous veut et que tout au bout lors de la mort, Dieu nous reprend en lui.» Qui a prononcé cette affirmation sans nuance et sans réplique? Sa Sainteté Benoît XVI? Le Grand Mufti de Jérusalem? L’ayatollah Khomeiny? Le Grand Rabbin de Paris? Jean Calvin? Mgr l’évêque de Fribourg? Celui de Sion? Toute vie humaine étant voulue par Dieu, grâces lui en soient rendues par les nés estropiés, les nés aveugles, sourds, muets, boiteux, borgnes, crétins, demeurés, abrutis, les nés futurs assassins et futurs assassinés, les futurs cancéreux, futurs paralytiques, futurs morts dans la fleur de l’âge et tous les futurs condamnés à mort que nous sommes tous! Dieu l’a voulu! Dieu le veut! C’est avec ce slogan que de tout temps une prétendue élite a mené à n’importe quelle extrémité par le bout du nez les masses humaines ignorantes. Aux Croisades! A Berlin! A Moscou! Mais au fait, qui est l’auteur de cette géniale philosophie? Et à quelle occasion cette fulgurante affirmation a-t-elle été énoncée? C’est au cours d’une causerie de réflexion posant pour principe central et indubitable l’existence de Dieu. Vous avez bien lu: indubitable! Cela se passait en Valais, à Vercorin, et le défenseur du postulat de l’indubitable existence de Dieu se nomme Jacques Chessex. (Cf. Le Nouvelliste du lundi 6 avril 2009.) Décidément Jacques Chessex ne connaît pas les affres et les bonheurs du doute si chers aux vrais grands philosophes. Vrais. Grands. Il ne doute surtout pas de lui-même. Heureux homme! Signé: l’idiot du village qui remercie Dieu de l’avoir fait naître idiot avec des doutes plutôt qu’intellocrate bardé de certitudes indubitables. NARCISSE PRAZ Les articles du Libre Penseur peuvent être reproduits librement, en indiquant la source, à l’exception (rare) de ceux qui sont protégés par le copyright © 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 14 le libre penseur/no 141 14 L’EXPRESS MASQUE LE VISAGE SUPPOSÉ DE MAHOMET POUR COMPLAIRE AUX FANATIQUES Après le Palais Bénédictine de Fécamp (autocensure du titre du Mahomet de Dali), la mairie du VIe arrondissement de Paris (suppression du mot Allah dans le titre d’une pièce de théâtre) et les Editions Belin (floutage du visage supposé de Mahomet dans un manuel scolaire), c’est L’Express qui a succombé à la couardise face à l’obscurantisme islamique. Sur la couverture de l’édition internationale de son numéro 2991 (30 octobre au 5 novembre 2008) consacré au légendaire Jésus et à Mahomet, le visage supposé du gourou de l’islam est masqué alors qu’il est visible dans l’édition française. Cette attention délicate n’a toutefois pas éloigné les foudres du gouvernement marocain qui a interdit le magazine sur son sol pour cause d’insulte à l’islam. Le changement de couverture fut donc bien inutile. On n’achète pas les obscurantistes en cédant par avance à leur phobie de la représentation d’un chef antique (bien qu’on connaisse de nombreuses représentations du visage de Mahomet imaginé par des artistes musulmans). CH’TI LIBRE PENSEUR N°83 JOCELYN BÉZECOURT EXCOMMUNIÉS POUR CAUSE D’AVORTEMENT: POLÉMIQUE AU BRÉSIL Le Dr Rivaldo Mendès d’Albuquerque ne parvient pas à cacher «sa tristesse». Ce fervent catholique, qui a coutume d’aller à la messe tous les dimanches, est l’un des médecins excommuniés la semaine dernière par l’archevêque de Recife (Etat de Pernambouc, dans le nord-est du Brésil), Mgr José Cardoso Sobrinho, pour avoir fait avorter une fillette de neuf ans violée par son beau-père. Une affaire qui révolte et abasourdit les Brésiliens. Frêle, mal nourrie et anémique, la victime, dont l’identité ni même les initiales n’ont été révélés, portait des jumeaux. Les médecins ont expliqué que l’IVG était d’autant plus inévitable que la fillette risquait de surcroît de succomber à la grossesse, entrée dans sa quinzième semaine. La victime et sa mère – qui ignorait tout du comportement de son époux – ont quitté leur ville d’Alagoinhas, dans l’arrière-pays de Recife, et vivent maintenant dans un lieu tenu secret. Quant au beau-père, un ouvrier agricole de 23 ans, il est sous les verrous après avoir avoué qu’il abusait de l’enfant depuis qu’elle avait 6 ans, ainsi que de sa sœur aînée âgée de 14 ans, de surcroît handicapée. La famille est issue d’un milieu pauvre – c’est souvent le cas parmi les victimes de sévices sexuels au Brésil – où l’avortement est très mal vu. Aidée par des activistes, sa mère a fait face aux pressions de son entourage et notamment… du père biologique de la gamine, un évangélique, qui ne voulait pas entendre parler d’IVG. Pour avoir autorisé la démarche, elle a également été excommuniée. L’IVG reste interdite au Brésil, sauf en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. L’avortement était donc parfaitement légal. Mais pour Mgr Sobrinho, un ultra qui avait tenté, l’an dernier, de faire interdire la distribution par le gouvernement de la pilule du lendemain dans le Pernambouc, «la loi de Dieu est au-dessus de celle des hommes». Enfin, quand on lui a demandé pourquoi il n’a pas puni le beau-père, le prélat a répondu, imperturbable: «Le viol est un péché moins grave que l’avortement». Le président Luiz Inacio Lula da Silva a fustigé ce «comportement si conservateur». De nombreux catholiques brésiliens parlent, eux, d’«obscurantisme» et de «cruauté» de l’Eglise. D’autant que le Vatican, par la voix du cardinal Battista Re, président de la commission pontificale pour l’Amérique latine, a défendu cette excommunication collective au nom du «droit à la vie». «A partir d’aujourd’hui, je cesse d’être catholique!» écrit une lectrice de Folha de Sáo Paulo, «écœurée». Une autre se demande pourquoi les prêtres pédophiles, eux, n’ont pas été excommuniés... L’opinion est d’autant plus choquée que ce cas n’est pas isolé. Selon une étude menée l’an dernier dans un hôpital de Sáo Paulo, 76% des victimes de sévices sexuels ont moins de 17 ans et près de la moitié, moins de 12. Ces sévices sexuels sont souvent commis par quelqu’un de leur entourage. «Souvent les victimes ne savent même pas que la loi autorise l’avortement en cas de viol et bien des médecins se gardent de leur en parler, par conviction ou par peur de représailles», dénonce Yury Puello Orozco, de l’ONG «Femmes catholiques pour le droit de décider». Le Dr Olimpio Moraes, chef de l’équipe qui a procédé à l’IVG, en sait quelque chose. C’est la deuxième fois que Mgr Sobrinho l’excommunie: le prélat ne lui avait pas pardonné non plus sa défense de la pilule du lendemain. «Je ne donne pas 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 15 le libre penseur/no 141 mon avis sur la religion et je m’attends à ce que les religieux ne donnent pas non plus le leur sur la médecine», a lancé le Dr Moraes, très applaudi à Brasilia. Le ministre de la Santé, José Gomes Temporão, a salué son équipe qui a «sauvé 15 la vie d’une enfant». L’affaire devrait permettre de «faire mûrir l’idée que l’avortement est une question de santé publique», a espéré Temporão. L’écrasante majorité des Brésiliens, imprégnés des préceptes religieux, reste opposée à la dépénalisation totale de l’IVG. Au Brésil, les IVG clandestines – près d’un million par an – sont pourtant la quatrième cause de mortalité maternelle. CHANTAL RAYES PENSER ET AGIR N°108 ÉCHO DE LA PRESSE NARCISSE PRAZ À L’UNIVERSITÉ L’écrivain nendard voit l’un de ses romans faire l’objet d’une thèse à l’Université de Pescara. Un grand moment pour cet écrivain prolifique et totalement hors des normes. Interview. Monsieur Praz, une thèse de Mlle Valentina d’Alfonso, étudiante en lettres, sur votre roman Sous le pont Mirabeau à l’Université Gabriele-d’Annunzio de Pescara, c’est la consécration de votre itinéraire en littérature, et un grand saut hors des frontières romandes? Pour répondre au vœu de cette étudiante en lettres de l’Université de Pescara, j’ai assisté à sa soutenance de thèse qui fut spectaculaire par le rituel à l’italienne, j’allais dire à la romane antique, qui y préside et où chaque lauréat se voit revêtu de la toge noire à parements couleur vieil or. Est-ce à dire qu’il s’agit là d’une consécration venue de l’étranger? Le fait est que, nul n’étant prophète en son pays, il est vrai que mes plus grandes satisfactions sont venues de l’étranger. L’Université de Pescara m’a par ailleurs sollicité pour deux conférences sur l’athéisme et l’anarchisme, l’une face à une délégation de ses professeurs, l’autre pour les étudiants. Certains de mes articles ont été par ailleurs publiés aux Etats-Unis. Vous avez assisté à la défense de cette thèse dans l’université italienne; quelle impression éprouve l’auteur-écrivain lorsque son «enfant» fait l’objet d’une «dissection» devant un nombreux public de lettrés, de spécialistes en schémas actantiels, narrations linéaires ou circulaires, temporalités en spirales… un peu de vertige sur ce carrousel littéraire? J’ai assisté à la soutenance de la thèse de littérature française de Mlle Valentina d’Alfonso au siège de l’Université Gabriele-d’Annunzio de Pescara sur le thème de mon roman Sous le pont Mirabeau aux Editions Mon Village. Le travail de la lauréate lui a valu la note idéale de 110/110. Mon humilité naturelle en matière de mérites littéraires m’interdit d’imaginer que mon roman puisse y être pour quoi que ce soit. Je dois rendre un hommage tout particulier à l’hospitalité à l’italienne dont j’ai été honoré. J’aimerais noms propres et malpropres, disponible dans les librairies. (Ndlr:Voir en dernière page pour le livre de Narcisse Praz) Le Mag du 4 mai 2009 208, rue Lecourbe F-75015 Paris préciser que l’humilité n’est pas la vertu majeure du monde de la littérature française contemporaine, tant s’en faut, où l’on oublie aisément qu’ont droit à l’appellation d’écrivain(e) celles et ceux dont au moins une de leurs œuvres a une chance de traverser non pas seulement quelques décennies mais quelques siècles et donc d’être lues, analysées et expliquées dans 300 ou 500 ans. Après un XIXe siècle fécond, si nous nous référons au XXe siècle, quels noms ajouterons-nous à ceux d’Albert Camus, de Jean-Paul Sartre, succédant aux Victor Hugo, Gustave Flaubert, Charles Baudelaire, Rimbaud et autres Emile Zola du siècle précédent sur la liste des auteurs qui auront vraiment marqué durablement leur temps? Quelle est votre relation au Valais, canton que vous chérissez particulièrement? Elle est essentiellement liée à l’écriture du patois: j’ai écrit, fait jouer – et parfois joué moi-même – plusieurs pièces de théâtre en patois de Nendaz. La troupe A Cobva de Conthey en a joué une l’an passé et en prépare une nouvelle pour 2009 qui s’intitule Nostradametta. PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MARC THEYTAZ Par ailleurs, signalons que Narcisse Praz vient de publier dans un autre genre aux Editions Slatkine Dictionnaire satirique des CRUCIFIX INTERDITS DANS LES CLASSES D’UNE ÉCOLE ESPAGNOLE Un juge a ordonné de retirer les croix de Jésus des murs des classes, une première! Un juge du Tribunal administratif de Valladolid (nord), Alejandro Valentin, a demandé à l’école publique MaciasPicavea de «retirer les symboles religieux des salles de classe et espaces publics». Le magistrat, qui ainsi accède à la demande formulée en 2005 par un parent d’élève et une association locale de défense de l’école laïque, s’appuie sur la Constitution espagnole, qui garantit la «liberté de religion et de culte» et assure le caractère «laïque et neutre» de l’Etat espagnol. «La présence de ces symboles dans les zones […] où des mineurs en pleine phase de formation reçoivent des cours peut provoquer chez eux le sentiment que l’Etat est plus proche» de la religion catholique que d’autres confessions, argumente le juge. Trente ans après la fin de la dictature franquiste, les symboles catholiques demeurent très présents en Espagne. En particulier, tout nouveau chef de gouvernement doit jurer fidélité à la Constitution devant un crucifix lors de sa prestation de serment. 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 16 le libre penseur/no 141 16 CONNAISSANCE ET RAISON SONT LE CONTRAIRE DES CROYANCES D’IGNORANCE ET FOLIE AVATARS DES PREMIÈRES PEURS ET SUPERSTITIONS LA SCHIZOPHRÉNIE EST UNE MALADIE MENTALE QUI, COMME LA CONNERIE, NE PEUT ÊTRE DÉTECTÉE SCIEMMENT PAR L’INDIVIDU QUI EN EST ATTEINT… D’OÙ L’UTILITÉ D’UN PSY (PAS BARJO LUI-MÊME) POUR AIDER À LA QUÊTE D’UNE CERTAINE LUCIDITÉ Vous madame et monsieur sincères croyants du «Père Noël tout-puissant» et du fictif «Christ Sauveur au Paradis Imaginaire» comme antan avec force gravité et constance vous avait conté votre bon pasteur si convaincant ou gentil curé intégriste farouche… Un jour, certainement dans votre petit restaurant sympa avec horreur avez remarqué dans une pile de journaux Le Libre Penseur malicieusement laissé ici selon vous par un infâme suppôt du Diable malfaisant… Il est flagrant que déjà à vos yeux commettrez un péché mortel, serez précipités en enfer d’oser seulement en lire quelques lignes, n’est-ce pas? Ainsi, pour vous éviter tous de fauter malgré vous, d’urgence à un mur vous devriez fixer un imposant et magnifique crucifix bien visible indiquant à chacun entrant en ce lieu que seule ici est acceptée la «Parole de Dieu» pour y éloigner tout individu vil cartésien aux mauvaises pensées (on ne sait jamais). Non, assurément, ce n’est pas facile de se délivrer le psychisme de «cette drogue dure» si on a l’entendement saturé de bondieuseries depuis la plus tendre enfance. FAUT-IL CROIRE OU NON CROIRE? Selon les témoignages abondant en ce sens, si on écoute à la radio sur RSR1 «accidentellement» dimanche à 20 h l’émission Haute Fréquence diffusée pour généreusement nous convertir aux délires des dévots… Il paraît qu’invoquer le «Seigneur» si on y croit, de lui exiger d’exaucer des vœux si on est plongé dans les emmerdes sans fin, par enchantement ça fonctionnera (Alléluia!). Qu’ils sont bizarres ces curieux hasards (ou «synchronicités») non encore élucidés aujourd’hui par la science. On prétend qu’un des «Jésus» (lequel?) très inspiré un jour a dit bien à propos «Heureux, les simples d’esprit…». Lisons la Bible, quoi! Bref, c’est à me demander si je dois virer ma cutie me faire bigot pétrifié borné au risque de sombrer dans un profond créti- nisme contre mon gré, pour être multimillionnaire, baigner béat dans le fric comme Bertarelli, Schumacher et Zep (le nirvana, quoi!).Ah, les mystères de la foi! DINGUERIE OR NOT DINGUERIE? Quand, à Cery et ailleurs, il sera possible enfin de mesurer en laboratoire avec exactitude et méthode le degré (?) de lucidité de chacun, nombre d’éminents neurologues effarés seront saisis de vertige à la lecture du rapport sous leurs yeux du nombre de détraqués dépistés, voire des psys constatés singulièrement plus fous que leurs patients censés être soignés par eux. Ici en démocratie chacun-chacune est libre de cultiver sa «différence» (tels les lions mâles se faisant de tendres mamours), d’avoir sa propre opinion, de gober des balivernes, inversement aux rationalistes détestables adultes ne faisant confiance qu’en ce qui est vérifié scientifiquement (ciel!). LE HASARD C’EST DIEU ET LE POGNON LA SEULE VÉRITÉ Il est vrai que la conviction en un irréel pur esprit est une illusion faute de mieux confortant les modestes gens pour les aider à surmonter les difficultés de leur trop pénible existence, voire d’éviter d’en finir par désespoir. Etant «un humble parmi les humbles», pour simplement espérer je préfère de loin jouer chaque semaine au SwissLotto et à l’Euro Millions deux ou quatre grilles, si j’ai assez de blé dans le porte-monnaie. Cela me convient mieux que prier à genoux dans ma tête pour rien dans le vide (comme beaucoup). Si demain dans les églises et autres lieux dits «sacrés», nous chantons en chœur «la Rirette, la Rirette…» ce sera la preuve suprême qu’enfin d’un pas de géant l’espèce humaine en sa totalité aura évolué. «Oui, c’est Dieu!» me répondit lors d’une discussion très sérieusement une «bête à Bon Dieu» aimable particulier persuadé que depuis le début des temps n’existe que «l’Unique Vérité» révélée en la «Sainte Bible écrite de la main même du Divin».Amen! Si au cours de leur évolution les êtres humains s’étaient contentés d’une telle réponse face aux énigmes de la nature, de nos jours nous serions tous velus encore à nous balancer d’arbre en arbre, à nous nourrir de fruits, à copuler pour nous distraire… Vu que notre espèce n’aurait jamais pu à ce stade-là inventer la télé, le cinéma porno, les actualités, internet, les jeux vidéo pour idiots, le son «mosquito», plus un futur trou noir (dit improbable). AU TOUT DÉBUT DU COMMENCEMENT Sous toutes les appellations qu’on y donne, comme tout mythe «Dieu» et le reste n’est que la projection non consciente du moi d’humains effrayés par le monde qui nous entoure, pour se rassurer les uns les autres. Au départ informel, ceci s’est modifié en 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 17 le libre penseur/no 141 17 une soumission à des idéologies de peur infondée par pure ignorance du réel, d’obscurantisme totalitariste figé excluant toute réflexion, opposant à la raison quantité de dogmes, d’interdits stupides, fuyant, réprimant les remises en question «embarrassantes». C’est une quasi-démence provoquée au début des premières civilisations par des fieffés parasites cyniques pour le profit de tous les puissants se succédant et aussi s’octroyer sans exagérément s’éreinter une part fort importante du produit du labeur des naïfs hypnotisés. Au fil du temps, des contes de fées vrais bobards invérifiables à l’origine peu à peu ancrés dans les mentalités par des traditions immuables seront sacrés. Et suite aux fables sur Dieu le Père et de «Super-Jésus» immaculé beau barbu blondinet top-modèle tout illuminé qui reviendra sur son nuage blanc nous sauver du péché et de méchant Satan, déclencha une abominable contagion abêtissant hélas des foules de gens au cerveau vulnérable. ET LA FUNESTE TÉNÈBRE FUT! Sur tous les continents fatalement se répandirent des doctrines vecteurs de l’affreux sida mental religieux (qu’on sait) multipliant les mornes tristusses constipés s’ingéniant à enquiquiner leurs prochains avec leurs âneries. Aux hordes d’idolâtres manipulées par d’intouchables vieux déments maîtres à penser s’ajoutèrent des clans de dévots à l’envers tarés complices du «Démon» imaginé, en plus des sectes New Age de follos déjantés dont les soucoupistes du dénomme Raël dit «Cloclo l’halluciné» et ses superbes Claudettes «women in black» groupies nudistes clonées (toutes bandantes) venues ici en OVNI. Sans compter les ricains imbéciles créationnistes bornés dilapidant un fric colossal pour nous imposer leurs théories sans cesse frappé l’humanité, c’est incroyable comme nos sociétés continuellement se reconstituent. Vive les bébés! LE NÉANT EST L’ISSUE NATURELLE DE NOS DESTINÉES ET MÊME JÉSUS (LEQUEL?) SIMPLE MORTEL N’A PU ÉCHAPPER À LA MORT QUI TUE Je suis toujours étonné de savoir ici que de malheureux hères songent dur comme fer après leur mort aller s’envoler pour le Jardin d’Eden des prudes cathos et de s’ennuyer ferme parmi d’éblouissants anges vertueux sans queue ni chatte aux ailes de pigeon géant, pour prime durant leur misérable destinée faite de dures privations, frustration, de n’avoir pu profiter de la vie selon leurs envies, s’éclater en de sublimes orgies. absurdes contraires aux indices accumulés depuis par tous les savants chevronnés. Comment sont-ils devenus riches en étant si cons? Oui, le monde est mal fait! ENTRE INFANTILISME ET BARBARIE LES RELIGIONS ET LEUR FANTASMAGORIE SONT L’ANTITHÈSE DE LA RAISON Etre converti à une religion aggrave la difficulté à évoluer, devenir adulte pour discerner le réel, surtout si on est déjà schizophrène profond. C’est une des causes par laquelle les «pas cons» ne sont pas légion ici-bas. Afin de rester lucide s’essayer à taire son mental, en corriger les errances, à mon avis s’accorde bien avec une quête rationaliste de clarté (en soi) envers la solide bêtise nous cernant (oui-oui!). TOUS NÉS POUR NUIRE! Depuis toujours, nous voyons les jeunes cons agressifs succéder aux vieux cons haineux «sales bêtes» décédées, prenant leur relève… Oui, par malheur eux aussi se reproduisent! Malgré cela et les diverses calamités ayant RELIGION ET LOGIQUE ÇA FAIT DEUX! Pour ce qui est de ces incohérences du «spirituel» dans l’imaginaire fertile du restant des vivants présentement, c’est inutile d’en faire allusion, la majorité n’en guérira pas pour autant. C’est irréversible, fini pour eux! Contre ceci de vouloir jouer au débile brave con héros téméraire mal barré ne sert à rien… Car c’est à chacun (ici comme ailleurs) de se rendre compte de l’influence malsaine des mirages et diktats théocratiques imposés sous toutes les latitudes (du nord au sud, d’est en ouest), de s’en détacher une bonne fois sans regret, sinon vite se «sauver» à toutes jambes. Et tant pis pour tous ceux et celles ne l’ayant pas déjà compris! Oui, il faut se protéger des ouragans lourds de noirs maléfices, durs courants violents pouvant nous emporter, ne se fier qu’en son bon sens. N’empêche, c’est dingue ces croyances, le pensez-vous aussi? Hélas on n’y peut rien, et lorsque c’est possible il est plus sage de s’éloigner des z’autres et leur ahurissante sottise pour ne pas en être «contaminé». YVES BERNASCONI 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 18 le libre penseur/no 141 18 VIENS DE PARAÎTRE COMMUNIQUÉ DE LA FÉDÉRATION NATIONALE DE LA LIBRE PENSÉE LE JUGE TOSTI ACQUITTÉ! Nous apprenons que la Cour de cassation réunie à Rome le 17 février 2009 vient d’abandonner toutes les charges contre le juge Tosti qui avait refusé de siéger sous un crucifix et pour cela, condamné à sept mois de prison. Cet acquittement est une grande victoire pour tous les laïques, à commencer par nos amis italiens de la Fédération de Libre Pensée «Giordano Bruno». La Fédération nationale de la Libre Pensée française se félicite de ce succès, dû notamment à la mobilisation internationale, il s’inscrit dans le combat pour la séparation des Eglises et de l’Etat partout dans le monde. L’abrogation du Concordat de 19291984 est une nécessité pour la laïcité en Italie. Le juge Tosti doit maintenant être rétabli dans ses fonctions et les charges disciplinaires contre lui doivent être abandonnées. Enfin un «Larousse» sans censure, indispensable pour en savoir plus et pour toutes recherches que l’on ne trouve nulle part ailleurs. LIBRE SERVICE • DIEU N’EST PAS GRAND COMMENT LA RELIGION EMPOISONNE TOUT A l’heure où la laïcité positive fait débat, où les thèses créationnistes tentent de s’imposer, où la question religieuse n’a jamais été aussi brûlante, Christopher Hitchens, chef de file des nouveaux athées, polémiste génial, «un des meilleurs journalistes de notre époque», selon le London Observer, lance un pavé dans la mare: la religion empoisonne tout. La religion se mêle de sexe, contrôle ce que nous mangeons et exacerbe notre propension à la culpabilité en multipliant les interdits les plus arbitraires. La religion diabolise la science, se fait complice de l’ignorance et de l’obscurantisme. Source de haine, de tyrannie et de guerres, la religion met notre monde en danger. Voir en dernière page pour le bon de commande. L’INQUISITION PROTESTANTE Pour le 500e anniversaire de la naissance de Jean Calvin, la «fouine des archives» vous propose la lecture de la brochure de J. Rouquette Les victimes de Calvin, publiée en 1908 mais toujours d’actualité. Table des matières: – Préface – Caractère et législation de Calvin – Le poète Gruet, son supplice (1547) – Les patriotes de Genève, supplice de Berthelier – Bolsec et la légende du fer rouge – Supplice de Michel Servet – Castalion (Castellion) et la peste à Genève – Quelques autres victimes Pour en savoir plus vous pouvez aussi demander à notre rédaction (AVLP, case postale 5264, CH-1000 Lausanne) la brochure d’Edouard Herriot La vie et la passion de Michel Servet. ■ J. Rouquette – Les Victimes de Calvin 1908, 66 pages, Fr. 15.– + port Edouard Herriot – La vie et la passion de Michel Servet. 1932 (1907), 34 pages, Fr. 8.– + port. Nom: Prénom: Adresse: NP: Ville: A retourner à: AVLP, Case postale 5264, CH-1002 Lausanne ✂ ■ Avec un mélange jubilatoire d’érudition et d’humour, s’appuyant sur une argumentation rigoureuse et une parfaite connaissance des textes sacrés et des classiques, Christopher Hitchens nous livre un pamphlet intelligent et incisif, un brûlant plaidoyer pour un nouvel humanisme des Lumières. Que l’on soit fidèle croyant, fervent athée ou indécis, cet ouvrage soulève le débat et fait souffler un vent de liberté de pensée et de paroles. Anglais en exil à Washington, diplômé d’Oxford en philosophie, sciences politiques et sciences économiques, Christopher Hitchens est écrivain et chroniqueur à Vanity Fair, Harper’s Magazine, Vogue, The London Review of Books, ainsi que dans le supplément littéraire du Times. Editions Belfond, prix pour la Suisse environ Fr. 43.– 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 19 le libre penseur/no 141 19 DIEU Après les dieux, voici Dieu, quatre lettres avec majuscule. D’après la définition du Petit Robert, ce serait: «Le principe d’explication de l’existence du monde conçu comme un être personnel, selon des modalités particulières aux croyances, aux religions.» «Un être personnel!» Comment les croyants des trois religions monothéistes s’imaginent-ils donc leur Dieu: Yahvé, l’Eternel ou Allah? Sont-ils demeurés anthropomorphistes comme les peintres du Moyen Age attribuant à Dieu une forme humaine? Le conçoivent-ils comme «esprit» dont il est bien difficile de définir l’essence et les attributs? Que pensent-ils du panthéisme d’un Spinoza, opposé à toute conception anthropomorphe de Dieu, mais affirmant Celui-ci: «substance infinie du Tout, ayant des attributs infinis et en nombre infini, dont seules l’étendue et la pensée nous seraient accessibles»? Affirmant aussi que chaque corps ou esprit particulier, de l’étoile à la grenouille et à l’humain, ne serait qu’un mode (une expression) fini et passager de cette même substance? Que pensent-ils de l’existentialisme athée d’un Sartre qui affirme la liberté absolue de l’homme (il n’y a rien au ciel, ni Bien, ni Mal, ni personne pour me donner des ordres), liberté qui rend l’homme responsable de ses choix devant lui-même et devant les autres? Que peuvent-ils bien penser du livre Le Hasard et la Nécessité de Jacques Monod, père de la biologie moderne, et de sa conclusion: «L’ancienne alliance (avec le Dieu de la Bible) est rompue; l’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’Univers d’où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n’est écrit nulle part. A lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres.»? Mais les croyants pensent-ils… ou se contentent-ils de prier, le regard tourné vers le passé? Et que pouvait bien penser Jésus qui se disait en relation directe avec le Père quand il disait aux chefs religieux: «Vous sondez les Ecritures, mais moi, je vous dis…»? Qu’avait-il découvert de si extraordinaire pour oser proclamer: «Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands»? (Jean 10:8) Et encore pour fustiger docteurs de la loi et pharisiens; «Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez… mais vous ne pouvez comprendre mon langage, car vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été menteur dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y pas de vérité en lui…» (Jean 8:42 et suivants), condamnant ainsi la religion du temple de Jérusalem et de son dieu Yahvé? Dieu? est aussi le titre d’un ouvrage d’Albert Jacquard (Stock/Bayard 2003). On y trouve un passage intéressant à propos du nom de Dieu: dans l’Exode (3:13), lorsque Dieu l’envoie vers son peuple, le mythique Moïse aurait demandé: «Si je leur dis: le Dieu de vos pères m’envoie vers vous, ils me demanderont quel est son nom: que répondrai-je? Alors Dieu dit: Je suis Celui qui dit: Je suis.» Jacquard estime cette traduction imparfaite. Il faudrait en français, comme cela existe dans la conjugaison des verbes de certaines langues orientales, disposer d’un temps dit «présent inaccompli» évoquant des actions en cours sans que leur effet soit encore pleinement réalisé. La définition de Dieu deviendrait alors: «Je suis Celui qui est en permanente construction.» Avec cette définition, la scène de Moïse, face à ce Dieu masqué par le «buisson ardent», tout imaginaire qu’elle soit, gagne en intérêt par l’idée originale qu’elle apporte: celle de l’existence d’une puissance évolutive, à la fois immanente et transcendante; l’idée d’un Dieu vivant, éternel et omniprésent, origine et moteur de notre Univers en pleine évolution; l’idée d’un Dieu, non pas tout-puissant et fantaisiste, mais croissant selon ses propres lois dont l’une permettrait même au hasard de se manifester. Et nous, fils et filles de ce Dieu-EspritPère-Univers, participants comme tout le reste à l’évolution, cette permanente construction? ROBERT NICOLE COURRIER DES LECTEURS Chers amis, Merci à André Panchaud d’avoir évoqué, dans le dernier numéro, la très intéressante personnalité de l’écrivain libertaire Michel Zévaco. Père notamment de l’extraordinaire saga des Pardaillan. Depuis que j’ai découvert, adolescent, ce fascinant cycle de romans de cape et d’épée, j’ai toujours placé Zévaco au premier rang des écrivains du genre. Devant Alexandre Dumas. Pourquoi? Parce que Pardaillan (qui tout comme d’Artagnan a réellement existé) est un héros libre. Contrairement au célèbre mousquetaire qui, lui, obéit au roi et parfois à la reine. Pardaillan n’a qu’un seul camp: celui de la liberté. En ce sens, c’est un héros libertaire voire anarchiste. C’est pourquoi, à la fin du XIXe et au tout début du XXe, il a choqué la très bourgeoise IIIe République. Un héros d’une indépendance totale face au pouvoir qu’il soit politique ou religieux, voilà qui était totalement nouveau et qui avait de quoi déranger. Mais il a fasciné, à l’époque, toute une génération d’adolescents. Dont certains se nommaient Jean-Paul Sartre ou Julien Gracq, comme le rappelle André Panchaud. Qui s’interroge: «Lit-on encore de nos jours les romans de Michel Zévaco?». Qu’il se rassure. La réponse est oui. J’ai personnellement initié plusieurs adolescent(e)s à cet auteur. Dont ma propre fille, aujourd’hui quadragénaire, et toujours admiratrice de Pardaillan! Et qui m’a fait remarquer un fait singulier. Alors que les Mousquetaires de Dumas ou le Bossu de Paul Féval ont fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques, rien ou presque pour Zévaco. Il semble que Jean Marais ait incarné le «Capitan» et qu’un Pardaillan ait été tourné dans les années 70 sans laisser de souvenir. N’est-ce point parce que les justiciers de Zévaco sont anarchistes? Et que l’anarchie si elle est populaire n’est pas populiste. Par conséquent, on ne va prôner, sur grand et petit écran, les exploits d’un héros sans Dieu ni maître, c’est-à-dire politiquement incorrect. Vive Zévaco! Bien cordialement à vous. MICHEL JÖRIMANN 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 20 le libre penseur/no 141 20 EN LISANT «Il est compréhensible que des chrétiens sincères s’acharnent à voir en Jésus le Fils de Dieu, au point de nier les faits. En revanche, il est étonnant qu’ils soient si nombreux à ignorer les inexactitudes historiques des Evangiles. Jamais la masse d’informations disponible n’a été si grande» (Lynn Picknett & Clive Prince, La révélation des Templiers, Paris 2001, p. 286). «Adam et Eve ont enfanté Abel et Caïn, lesquels ont ensuite donné naissance à l’humanité. Pour ce faire, il faut bien qu’ils aient couché, soit avec leur mère, soit avec leur sœur, soit avec les deux. L’humanité a donc commencé son histoire par un inceste. Et si c’était ça, le péché originel?» (Evelyne Dress, Les tournesols de Jérusalem, Paris 2001, p.36). A propos de l’Arabie saoudite, ce passage qui éclaire le présent, tiré de La princesse oubliée de Laurent Joffrin (Paris 2002, pp. 313-314): «Nous (les Anglais) et les Américains, nous avons tout intérêt à maintenir ces wahhabites au pouvoir. Ce sont des féodaux immondes, mais, depuis Lawrence, ce sont nos amis. C’est une dictature religieuse, mais ils nous livrent le pétrole à bon prix. Ils tiennent le sol sacré, nous tenons le sous-sol. C’est ainsi qu’Allah est grand.» «Depuis l’effroyable période des Croisades… la plupart des savants et des maîtres juifs, aigris par leurs deuils, et à qui toute possibilité créatrice était refusée, passèrent leurs plus belles années plongés dans les pages du Talmud, à couper les cheveux en quatre et à ruminer sur les lois. La Bible devint trop souvent un véhicule de superstition. De nombreux Juifs croyaient tous les charlatans qui leur promettaient la délivrance. A chaque génération, des dupes furent la proie des manigances de coquins ou de fanatiques qui se prétendaient des messies envoyés par Dieu pour ouvrir la porte d’un monde nouveau, où la souffrance juive prendrait fin et où l’humanité vivrait en paix. Une décence intellectuelle et spirituelle se produisit presque partout, engendrant des perversions telles que celle de la Cabale, une foi aveugle et de faux messies, et une fidélité étroite et sans compromis aux rites et aux dogmes (Abram-Léon Sachar, Histoire des Juifs, Paris 1973, pp. 272-273). «J’ai peu de sympathie pour les prêtres. Un homme qui fait vœu de chasteté et professe l’éloignement du sexe ne peut être qu’un impuissant, qui fait de nécessi- té vertu, ou bien un hypocrite, qui s’accorde en douce les satisfactions prohibées. Un tout petit nombre seulement choisissent l’abstinence en s’en tiennent à ce qu’ils ont choisi (Dominique Fernandez, La course à l’abîme, Paris 2002, p. 152). Sur le même sujet, une pensée (d’auteur inconnu) que le clergé catholique non oriental aurait intérêt à méditer: «De toutes les perversions sexuelles, la chasteté est la plus dangereuse.» Même si pour les habitants cela – indifférence sinon ignorance – n’éveille plus, depuis longtemps, la moindre curiosité (en dehors de l’occasion de faire la fête), il est intéressant de savoir qu’en Ardèche (ancien Vivarais), sur 339 communes, 97 (soit le 28,5%) portent la dénomination d’un saint, voire de deux comme c’est le cas pour Saint-Julien-en-Saint-Alban et Saint-Pierre-Saint-Jean! Le curieux, dans tout ce foisonnement c’est que certains saints n’ont probablement jamais existé (c’est le cas de Saint-Pons) et que pour d’autres, dont l’existence est avérée, n’ont pas été reconnus comme tels par la «Congrégation des Rites» et ne sont pas mentionnés dans le Sanctorum catalogo adscribium qui en compte pourtant dix mille. Permettez-moi de citer ces pauvres oubliés: Agrève, Bauzile, Christol, Cierge, Cirgues, Jeure, Lager, Péray, Priest, Remèze et Thomé. De toute façon – comme l’écrit si bien Mathilde Asensi (Iacobus, Paris 2003. pp. l36,193 et 276) «La plupart des saints et martyrs reconnus, quand ils n’avaient pas été des simples guerriers dont les batailles avaient servi les intérêts de l’Eglise, n’étaient souvent même pas des chrétiens, mais, comme d’habitude, la hiérarchie ecclésiastique avait maquillé leurs vies de païens ou d’initiés pour les ajuster aux canons romains de la sainteté. Créer des légendes, modifier des faits, bâtir des vies de saints ou bénir de fausses reliques était une coutume invétérée de l’Eglise de Rome. Elle inventait des saints inexistants et transformait les célébrations des dieux antiques en fêtes chrétiennes.» «Hitler, non seulement se présente comme croyant, mais il paiera son impôt ecclésiastique, c’est-à-dire restera membre de l’Eglise catholique jusqu’à la fin de sa vie» (Gilbert Merlio, Les résistances allemandes à Hitler, Paris 2003, p. l02). L’Italie ne pouvait pas ne pas développer sa propre fabrique de miracles, grâce au saint le plus vénéré du pays; Padre Pio di Pietralcina. C’est lui qui a permis à ses frères capucins de transformer la petite ville de San Giovanni Rotondo, dans le Sud, en une deuxième Lourdes. «La célébrité du «capucin aux stigmates», né en 1887 près de Naples, s’est bâtie sur les blessures inguérissables qu’il avait aux mains. Très controversé, jusqu’au Vatican même, il faudra attendre Jean Paul II pour que Padre Pio (décédé en 1968) soit béatifié en 1999, puis canonisé en 2002. Les sceptiques n’ont pourtant jamais manqué. Dans un livre récent (Padre Pio, le grand mensonge) Sergio Luzzato avance que le moine entretenait ses blessures aux mains avec de l’acide». 24 HEURES, 25 AVRIL 2008 LE NOUVEL ALLIÉ DU VATICAN Le nouveau parti italien PdL (Popolo della Libertà) constitué d’opportunistes de la Forza Italia de Berlusconi et d’ex-fascistes du MSI et de l’AN de Fini a reçu la bénédiction du Vatican. Le Vatican (cf. Osservatore Romano 31.3.2009) voit en effet dans ce parti le défenseur des vraies valeurs des Italiens et des catholiques. Mais le Vatican ne bénit pas pour rien. Il a aussi fait connaître ses revendications. Ainsi le SaintSiège veut-il que le PdL change la loi sur «fin vita» par exemple. Ceux qui sont choqués par le fait que l’Eglise catholique bénit un parti où se retrouvent d’anciens fascistes ont oublié que cette Eglise catholique a toujours vu ses «valeurs» défendues par des politiciens fascistes, que ce soient Mussolini, Hitler, Pétain, Franco, Salazar ou Pinochet. Donc, de ce côté-là, rien de nouveau. EDOUARD KUTTEN BIBLIOTHÈQUE Avez-vous des livres anciens, des revues ou des documents dont vous souhaitez vous débarrasser? Si oui, faites-le-nous savoir ou envoyez-les-nous directement à notre rédaction, afin d’enrichir notre documentation et nos collections. 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 21 le libre penseur/no 141 21 LES CRÉATIONNISTES À L’ASSAUT DES ÉCOLES Les deux cents ans de la naissance de Darwin donnent de drôles d’idées aux chrétiens fondamentalistes. Président de l’association ProGenesis, en lutte contre les idées du naturaliste anglais, Gian Luca Carigiet va profiter de cet anniversaire pour lancer une initiative populaire hautement polémique. Son but: que la Bible et Darwin soient enseignés sur un pied d’égalité lors des cours de biologie à l’école publique. Selon lui, le programme actuel pousse les élèves à l’athéisme en n’enseignant que la théorie de l’évolution, qui contredit la version biblique de la création en six jours. En Suisse alémanique, certains politiciens conservateurs ont déjà affirmé leur soutien. Et en Romandie? «Ce serait bien que le peuple puisse voter sur cette question», se réjouis Maximilien Bernhard, de la très chrétienne UDF. «Selon le texte de l’initiative, nous pourrions tout à fait la relayer.» Les professeurs ne sont pas enthousiastes. «Si tous les lobbies remodèlent l’école à leur idée, autant la jeter à la poubelle», peste Olivier Baud, de la Société pédagogique genevoise. Jacques Daniélou, son homologue vaudois, craint que les élèves suisses, très moyens en sciences, ne soient troublés par l’introduction d’une théorie non scientifique. D’APRÈS LE JOURNAL «LE MATIN» PROCÈS DE LA SCIENTOLOGIE Enfants de chœur! En édictant des lois sanctionnant les sectes, la France, réputée laïque au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, se met en fait au service des banques du Vatican, éliminant un à un leurs concurrents plus ou moins menaçants. Le procès actuel fait à la scientologie en est la démonstration. En effet, en matière d’arnaque et de manipulation mentale de leurs adeptes, scientologues et autres témoins de Jéhovah sont de pâles enfants de chœur en compoaraison de leur modèle absolu, l’Eglise de Rome. Parlons manipulation mentale: quel degré de folie mystique ne faut-il pas avoir atteint pour adhérer à son sacrement d’eucharistie théophage? Psychiatres, au secours! Parlons exploitation de la crédulité humaine: depuis plus d’un siècle, l’Eglise de Rome entretient le culte de guérisons miraculeuses attribuées à une bonne femme morte depuis deux mille ans et plus mais revenue dire à une gamine mythomane et hystérique illettrée «Je suis l’immaculée conception.» En vertu de quoi, ladite Eglise perpétue des pèleri- nages qui lui rapportent des centaines de millions d’euros escroqués à des malheureux dont elle sait pertinement par avance qu’ils rentreront chez eux bredouilles. Si ça n’est pas de l’escroquerie, alors qu’est-ce qui en mérite l’appellation? Parlons terrorisme intellectuel avec prise d’otages: que dire de l’invention du purgatoire où de prétendues âmes seraient en attente d’offrandes sonnantes et trébuchantes leur permettant, à force de messes payantes, d’échapper aux horreurs de l’enfer, sacrée invention terroriste s’il en fut? Et cela dure et perdure de nos jours encore, à Lourdes comme à Trifouilly-lesOies, à Paris comme chez Mère Teresa. Les sectes ne sont jamais que de pâles imitatrices du modèle universel, la romaine qui, elle, a réussi. Bon vent à vous, Mesdames et Messieurs les arnaqueurs! Vous avez encore du chemin à parcourir avant de parvenir à égaler votre modèle universel, l’Eglise catholique, apostolique et romaine. NARCISSE PRAZ LES BRÈVES DE THOR DANNEMAN • Je lis cette phrase étonnante dans un journal, à propos des minarets: «Les musulmans ont bien le droit de prier leur dieu comme ils l'entendent.» Leur dieu? J'avais cru comprendre que les religions monothéistes n'avaient qu'un seul dieu. Il ne peut donc y avoir un dieu des musulmans, un dieu des juifs et un dieu des chrétiens.A moins qu'il y ait en effet trois et qui se tirent la bourre. Non, restons sérieux. Il n'y a, à ce qu'ils disent, bel et bien qu'un seul dieu, mais il s'appelle Allah en arabe. Si vous allez à Londres/if you go to London, vous arrivez dans la même ville. • Si j'étais une femme, ce qui ne m'a pas été accordé, je ne pense pas que je signerais la pétition demandant à avoir accès au Mont Athos. On rencontre assez de cinglés épars dans la vie quotidienne pour ne pas vouloir les trouver concentrés sur un petit territoire. Pour mémoire, ce sont ces chastes moines qui ne tolèrent aucun être vivant femelle sur leur petite presqu'île. Sur un point on est obligé de leur donner raison: la malaria n'est transmise que par l'anophèle femelle. • C'est sans doute le passage le plus nunuche du Pentateuque: «Alors leurs yeux se dessillèrent à tous deux et ils virent qu'ils étaient nus. Ils cousirent donc des feuilles de figuier et s'en firent des ceintures.» Pour se protéger des regards? Mais quels regards puisque ces deux prototypes étaient seuls sous les frondaisons? On remarquera qu'il est seulement question des ceintures, ce qui laisse entendre qu'Eve continuait à se promener les nibards à l'air. La postérité jugera. Mine de rien, on assiste là, petitement, à la naissance de l'érotisme. Malheureusement le passage suivant qui commence ainsi «Alors Adam se mit à bander...» a été supprimé. C'en était trop pour le puritain monothéiste chargé de la rédaction de la Genèse. Le comité de rédaction, respectueux d’une totale liberté d’expression, précise que les articles signés sont sous la responsabilité de leurs auteurs et ne peuvent engager l’Association vaudoise de la Libre Pensée dans son ensemble. 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 22 le libre penseur/no 141 22 LA FOUINE DES ARCHIVES Copie des brochures disponibles de nos archives que vous pouvez demander à notre rédaction (AVLP, Case postale 5264, CH-1002 Lausanne) ■ Neuchâtel – Rapport du Conseil d’Etat au Grand Conseil sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, 1869, 37 pages, Fr. 10.– + port ■ Ch. Malato – L’assassinat de Ferrer (éclaircissements) 1911, 16 pages, Fr. 5.– + port ■ Pasteur Léopold Jacobi – L’interdiction des jésuites en Suisse 1964, 11 pages, Fr. 5.– + port ■ Lucie Guyot – Gandhi 1936, 64 pages, Fr. 15.- + port ■ Jean Bossu – Henri Rochefort Date? 80 pages, Fr. 15.- + port ■ Jean Bossu – Le Syllabus 1938, 32 pages, Fr. 8.- + port ■ Jean Bossu – Petite histoire de la Libre Pensée en France (La Libre Pensée en 1848) 1950, 48 pages, Fr. 10.- + port ■ Augustus – Les Questions de mon Fils Date? 32 pages, Fr. 8.– + port ■ Jean Grave – Les scientifiques 1913, 8 pages, Fr. 4.– + port ■ Auguste Forel – L’Union libre (1908) 1935, 16 pages, Fr. 5.- + port ■ Dikran Elmassian – Dieu n’existe pas Date?, 6 pages, Fr. 3.– + port ■ Geo Welby van Pelt – Cinq arguments contre le christianisme 1925, 8 pages, Fr. 4.- + port ■ L’Unique – Pensées d’Epicure Date?, 24 pages, Fr. 10.– + port ■ Georges Matisse – Qu’est-ce que le matérialisme? Date?, 16 pages, Fr. 5.– + port ■ Otto Karmin – Le problème du mal. Conférence faite à Neuchâtel, au Locle et à La Chaux-de-Fonds 1907, 24 pages, Fr. 10.– + port ■ Statut de l’Association Libre Pensée vaudoise 1900, 8 pages, Fr. 4.– + port ■ Otto Karmin – Qu’on connaisse aujourd’hui que tu es Dieu 1915, 24 pages, Fr. 8.- + port ■ Lorulot/Desgranges – Le Catholique, la Paix et la Société des Nations (controverse publique) 1927, 34 pages, Fr. 8.- + port ■ Albert Flua – Les véritables origines de la papauté 1928, 38 pages, Fr. 10.- + port ■ Lorulot/Viollet – Pour ou contre la confession? (controverse publique) 1928, 34 pages, Fr. 8.- + port ■ André Lorulot – Notre ennemie: la Femme 1930, 26 pages, Fr. 8.- + port ■ Edouard Herriot – La vie et la passion de Michel Servet 1932 (1907), 34 pages, Fr. 8.- + port ■ M. Belbende – Les méfaits du christianisme 1932, 42 pages, Fr. 10.- + port ■ Albert Flua – La question juive 1934, 34 pages, Fr. 8.- + port ■ Louis Launay – Le christianisme des banquiers 1937, 26 pages, Fr. 8.– + port ■ Aristide Bochot – La colossale imposture 1979, 24 pages, Fr. 8.- + port ■ Dr Brotteaux – La maison volante de Lorette 1949, 32 pages, Fr. 8.- + port ■ André Girard – Anarchistes et Bandits 1914, 24 pages, Fr. 8.- + port ■ André Lorulot – La vérité sur La Salette 1949, 48 pages, Fr. 10.- + port ■ Statuts (projet) de la Fédération romande de la Libre Pensée 1908, 4 pages, Fr. 2.– + port ■ Michel Bakounine – L’organisation de l’Internationale (1872), 1914, 16 pages, Fr. 5.- + port ■ E. Fournier – Le péché d’Adam et d’Eve 1932, 24 pages, Fr. 8.- + port ■ André Lorulot – Lourdes (La vérité sur Bernadette) 1933, 32 pages, Fr. 8.- + port ■ Abbé Joseph Turmel – Jésus, sa vie terrestre 48 pages, Fr. 10.– + port ■ André Lorulot – La Libre Pensée de 1939 à 1945 1945, 16 pages, Fr. 5.- + port ■ René Ghaughi – Les trois complices (La bonne collection) 1924, 20 pages, Fr. 6.- + port ■ Abbé Joseph Turmel – Jésus, sa seconde vie 48 pages, Fr. 10.– + port ■ André Lorulot – La vérité sur la Vierge de Boulogne 1948, 16 pages, Fr. 5.- + port ■ Jean Most – La peste religieuse 1925 (1892), 16 pages, Fr. 5.– + port ■ Victor Hugo? – Le Christ au Vatican 1925, 16 pages, Fr. 5.- + port ■ Louis Bertoni (pour son 70e anniversaire) 36 pages, Fr. 10.– + port ■ J. Peyrou – Les principales âneries des religions dites chrétiennes, 1927, 12 pages, Fr. 5.- + port ■ Brenno Bertoni – La morale nel libero pensiero (in italiano) 1908, 14 pages, Fr. 5.– + port ■ E.-Paul Graber – Guerre et militarisme 1928, 16 pages, Fr. 5.- + port ■ Sylvain Maréchal – Dictionnaire des Athées (extrait) 1926, 28 pages, Fr. 10.– + port ■ Biblioteca del Popolo – Darwin e il Darwinismo (in italiano) 1893, 64 pages, Fr. 10.– + port ■ Sébastien Faure – Les crimes de Dieu 1982, 20 pages, Fr. 8.– + port ■ André Lorulot – L’Eglise en guerre / Le Vatican contre la Serbie + carte en couleur de 1894 1961, 9 pages, Fr. 5.- + port ■ Eugène Fournière – Les moyens pratiques du socialisme, 1900, 32 pages, Fr. 8.- + port ■ Benito Mussolini – L’Uomo e la Divinità 1904, 48 pagine, Fr. 15.– più spese di spedizione (Copia dell’originale in italiano) ■ Benito Mussolini – L’Uomo e la Divinità 1964, 64 pagine, Fr. 15.– più spese di spedizione (Copia di una ristampa in italiano delle Edizioni «La Fiaccola», con note varie, commenti e caricature) ■ Jenny Wilson – Sacco et Vanzetti Date?, 48 pages, Fr. 10.- + port ■ Benito Mussolini – L’Homme et la Divinité 1937, 48 pages, Fr. 15.– + port (Copie de la traduction en français par le professeur Gaberel de Neuchâtel, publiée aux éditions de L’Idée Libre) ■ André Lorulot – Alfred Naquet 1934, 52 pages, Fr. 10.- + port ■ La Laïcité (Les Cahiers de «Terre Libre») 1938, 32 pages, Fr. 6.– + port ■ Dr N. Simon – Viaggio umoristico attraverso i dogmi e le religioni – I Vangeli (in italiano) 1963, 30 pages, Fr. 8.- + port ■ Pier Tarragona – Il progresso della scienza e la Chiesa di Roma (in italiano) 1964, 50 pages, Fr. 10.- + port ■ Aristide Bochot – Catéchisme laïque 1965, 20 pages, Fr. 8.- + port ■ Emilio Bossi – Jésus-Christ n’a jamais existé (résumé) Date?, 16 pages, Fr. 6.- + port ■ Emilio Bossi – Gesù non è mai esistito (riassunto in italiano) 1951, 24 pages, Fr. 6.- + port ■ J. Rouquette – Les victimes de Calvin 1908, 66 pages, Fr. 15.- + port Nom: Prénom: Adresse: NP: Ville: A retourner à: AVLP, Case postale 5264, CH-1002 Lausanne 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 23 le libre penseur/no 141 23 EUROTRICHERIE HISTOIRE DU DRAPEAU EUROPÉEN Le drapeau européen représente 12 étoiles en cercle sur un fond bleu. Son histoire comporte une version officielle, et une version cachée – même si depuis, le secret a fait long feu. Côté officiel, l’histoire remonte aux années 50, lorsque la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) n’était composée que des six Etats fondateurs. A ses côtés siégeait un autre organisme, plus important en nombre, le Conseil de l’Europe, préposé à la défense des droits de l’homme et à la promotion de la culture européenne. Le 18 août 1950, il charge une commission de trouver, pour le représenter, un symbole qui traduirait (déjà!) «les valeurs spirituelles et morales qui sont le patrimoine commun des peuples qui le composent». UNE QUESTION «DÉLICATE» Paul-Henri Spaak, homme politique belge considéré comme un des pères de l’Europe, aurait, paraît-il, murmuré: «Question délicate», ce qui prouve sa perspicacité. 120 projets ont vu le jour: D’un «E» vert sur fond blanc, à un disque d’or sur fond rouge avec une croix, tout fut rejeté (notamment par les Turcs qui ne voulaient pas de croix). Lors d’une exposition au palais de Tokyo, un artiste japonais propose une grande étoile dorée sur fond bleu. On commence alors à s’orienter autour de ce thème. Un artiste espagnol propose un champ d’azur avec des étoiles représentant les capitales européennes. La constellation ainsi formée ressemble à la Grande Ourse. Le président de la commission, Robert Bichet, annonce finalement un champ d’azur avec 15 étoiles figurant les 15 membres du Conseil de l’Europe. L’Allemagne proteste, parce que la Sarre – qui siège en tant que telle – a sa propre étoile. Le 12 novembre 1954, on met au vote un drapeau avec huit anneaux d’or, mais ce projet est retiré à cause de sa ressemblance avec le drapeau olympique, de plus les anneaux évoquent la servitude pour les uns, un cadran de téléphone pour les autres. C’est alors qu’à l’initiative de Paul M.-G. Levy, journaliste, professeur à l’Université catholique de Louvain, et premier directeur de l’information et de la presse du Conseil de l’Europe, le projet est confié à Arsène Heitz – simple pré- posé au courrier au Conseil de l’Europe et dessinateur à ses heures – qui propose un cercle de 12 étoiles sur fond bleu. Le projet est finalement adopté, et le drapeau est inauguré le 13 décembre 1955 à Paris. Puis le Conseil de l’Europe invite les autres institutions européennes à adopter le même symbole. En juin 1985, le drapeau est accepté par tous les chefs d’Etat après avoir été approuvé par le Parlement élu au suffrage universel en 1979. Son entrée en vigueur est fixée au 1er janvier 1986, date à laquelle la Communauté européenne devait – ça tombait bien (n.d.l.r. Quand on veut tricher) – comporter 12 Etats membres. Le Conseil de l’Europe, quant à lui, n’a jamais comporté 12 membres, et la Communauté européenne en comporte aujourd’hui 27: d’où vient cette idée des douze étoiles, et pourquoi ce nombre est-il immuable1? LA «MÉDAILLE MIRACULEUSE» On apprendra la vérité (mais était-elle ignorée des décideurs?) seulement après la mort de Heitz, et de la bouche même de sa veuve: «Il avait beaucoup de dévotion pour la Sainte Vierge, mais il fallait garder le secret, car il y a des juifs et des protestants en Europe. On ne pouvait pas dévoiler que c’était la médaille miraculeuse.» Le drapeau est en fait un symbole marial2. On le trouve notamment dans l’introït de la messe de l’Assomption du 15 août:«Un signe grandiose est apparu dans le ciel, une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles3». Cette couronne a été reproduite à des milliers d’exemplaires, grâce à la «médaille miraculeuse», évoquée par la veuve. Elle commémorait les «apparitions de la Vierge» à la bienheureuse Catherine Labouré, dans son couvent de la rue du Bac à Paris en 1830. Ces visions furent d’ailleurs les premières de la série qui – avant celles de Bernadette Soubirous (1851) à Lourdes – aboutiront à la proclamation par Pie IX du dogme de l’immaculée conception (1854). Les apparitions de Fatima (1917) en auraient été les derniers soubresauts, sans la ruse dévote du fonctionnaire strasbourgeois. Certains avaient cru échapper aux racines chrétiennes de l’Europe référencées dans les traités de l’Union européenne, pour affirmer, paraît-il, son caractère laïque. Mais c’est sur les fonts baptismaux, dès sa naissance, qu’elle avait été bénie. LA RAISON RUE DES FOSSÉS-ST-JACQUES 10-12 F-75005 PARIS 1 Par exemple, le drapeau des Etats-Unis représente bien le nombre des Etats qui le compose. On ajoutait régulièrement une étoile à chaque fois qu’un nouvel Etat se formait. 2 Le bleu est la couleur mariale traditionnelle 3 Apocalypse 12;1. À VOUS DE VOUS EXPRIMER Cher lecteur du LIBRE PENSEUR, votre opinion peut intéresser d’autres lecteurs. Alors n’hésitez pas à nous envoyer votre article à l’adresse suivante: LE LIBRE PENSEUR Case postale 5264 CH-1002 LAUSANNE CLÔTURE DE LA RÉDACTION 1er août 2009 Les écrits anonymes ne seront pas pris en considération. 141_juin09.qxd 01.07.2009 15:32 Page 24 le libre penseur/no 141 24 SOUSCRIPTION DE SOLIDARITÉ CCP 10-7494-3 BON DE COMMANDE (marquer d’une croix) ■ Narcisse Praz – Dictionnaire satirique des noms propres et malpropres 242 pages, 3500 définitions satiriques, Fr. 43.– + port. ■ Claude Frochaux – L’Homme religieux 230 pages, Fr. 35.– + port R.E.N. M.A.L. F.R.B. B.J.-Cl.Th. K.J.A. Anonyme A.G.C.(F) L.A.L.-les-B.(F) L.J.V.(F) L.M.R.(F) P.S.C.(I) T.A.M.-T.(I) C.J.-M.V. R.M.L. G.J.-Cl.G. M.Y.N. L.E.V. S.R.B. P.M.Gr.-L. G.M.E. R.J.L. S.W.G. Z.R.D. J.D.G. H.C.G. F.Cl.L. M.R.A. G.H.S. D.-B.P.P. R.G.L.-V. B.M.R. P.H.P. P.L.E. C.A.V. H.-Z.L.C. H.D.G. M.M.-Th.F. O.M.-A.G. G.E.+M.P. Dell’A.M.B. H.J.P. ■ Robert Nicole – Voir clair 100 pages, Fr. 22.– + port ■ Narcisse Praz – La mésange charbonnière 280 pages, Fr. 35.– + port ■ Giancarlo Tranfo – La Croce di spine (in italiano) 452 pages, Fr. 32.– + port ■ Luigi Cascioli – La morte di Cristo (in italiano) 224 pagine, Fr. 28.– + port ■ Robert Nicole – Jésus, ce maître de sagesse méconnu 102 pages, Fr. 25.– + port ■ Narcisse Praz – Sous le pont Mirabeau 328 pages, Fr. 35.– port compris pour la Suisse ■ Louis Ducommun – L’existence improbable de Dieu 39 pages, Fr. 10.– + port (étranger 10 € avec port) ■ Albert-Marie Guye – Les entrailles de Gisors 20 pages, Fr. 5.– + port (étranger 5 €) ■ Roger Peytrignet – Jésus-Christ, mythe ou personnage historique? 206 pages, Fr. 32.– + port ■ Luigi Cascioli – La Fable de Christ ■ La Favola di Cristo (in italiano) 175 pages, Fr. 20.– + port ■ Narcisse Praz – Le dictionnaire insolent 554 pages, Fr. 48.– Nom: Prénom: Adresse: NP: Ville: JAB 1530 PAYERNE A retourner à: AVLP, Case postale 5264, CH-1002 Lausanne ✂ Fr. 20.– Fr. 10.– Fr. 5.– Fr. 10.– Fr. 40.– Fr. 1000.– Fr. 15.– Fr. 15.– Fr. 15.– Fr. 15.– Fr. 15.– Fr. 10.– Fr. 10.– Fr. 10.– Fr. 10.– Fr. 10.– Fr. 30.– Fr. 10.– Fr. 20.– Fr. 5.– Fr. 10.– Fr. 10.– Fr. 10.– Fr. 40.– Fr. 5.– Fr. 10.– Fr. 40.– Fr. 100.– Fr. 10.– Fr. 10.– Fr. 15.– Fr. 15.– Fr. 40.– Fr. 10.– Fr. 10.– Fr. 90.– Fr. 20.– Fr. 20.– Fr. 90.– Fr. 40.– Fr. 10.– R.A.M. M.Ch.T. B.A.D. P.A.L. M.H.S. M.J.-L.Ch.-B. G.-M.M.-L.M. B.D.Ch. F.-P.G.R. DeC. J.B. L.Ph.G. V.R.M. C.Cl.R.-S.-V. D.J.G. G.R.D. M.A.B. G.J.-P.La-T.deP. J.G.A. G.F.G. O.R.Y-les-B. G.J.-P.F. S.R.O. M.R.C. M.SAS. M.M.L. P.R.L. H.D.G. V.J.-Cl.O. W.G.LeM. F.G.M. A.A.L. B.S.T. mars 2009 Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. Fr. VERSEMENTS DIRECTS (QUITTANCE) L.M.R.(F) € 20.– P.S.C.(I) € 20.– K.E.B.(L) € 10.– P.F.N. Fr. 10.– H.J.-P.R.(F) € 20.– Merci à tous • Votre caissier Ordre des initiales: nom, prénom, ville. AVLP Pour une pensée libre, lisez Le Libre Penseur! Case postale 5264 Et pour nous aider: CH-1002 Lausanne – contribuez à diffuser et à faire connaître notre périodique; – pensez à vous acquitter du montant de l’abonnement annuel (Fr. 10.– ou euros 10.–, pour l’étranger); – et pourquoi pas? faites un petit geste de solidarité par le truchement du CCP 10-7494-3. 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