Cancers du sein L`ANTICORPS QUI S`ATTAQUE AUX PETITES
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Cancers du sein L`ANTICORPS QUI S`ATTAQUE AUX PETITES
Directeur de la publication : Pr Claude Huriet Comité éditorial : Pr Daniel Louvard, Pr Jean-Nicolas Munck, Dr Marc Estève, Dr Alain Pecking, Sergio Roman-Roman, Paul Caroly, Damien Salauze Directeur de la rédaction : Catherine Goupillon-Senghor Rédaction : Céline Giustranti, Catherine Tastemain Iconographie : Cécile Charré ISSN 1768-4463 Crédit photo : S. Tallandier – Juliette Godin – Franck Perez – Sylvie Robine – Silvia Fre – François Amblard – Ilse Hurbain – Pedro Lombardi – Noak/Le Bar Floréal – Karine Guevorkian/Institut Curie Contact : [email protected] - Tél. : 01 56 24 55 24 Maquette et réalisation : Dominique Hamot Imprimeur : tcgraphite Pour plus d’informations : www.curie.fr Biophysique UNE PIPETTE BIEN INSPIRÉE La propagation des cellules cancéreuses, la cicatrisation des blessures, la morphogenèse embryonnaire sont autant d’exemples d’événements biologiques où les lois de la physique jouent un rôle important. C’est pourquoi l’équipe de physico-chimistes dirigée par Françoise Brochard-Wyart s’emploie à étudier les propriétés mécaniques des agrégats de cellules vivantes utilisés comme modèle de tissus. L’équipe vient de démontrer que la micropipette est un excellent instrument pour effectuer ce type d’étude. L’aspiration de l’agrégat dans la pipette provoque la déformation élastique de celui-ci puis son écoulement lent, mettant en évidence le comportement viscoélastique des tissus. Cela permet aux chercheurs d’en déduire la tension superficielle, la viscosité et le module d’élasticité de l’agrégat. Une telle approche, facile à mettre en œuvre, pourrait être appliquée à l’examen d’échantillons biologiques, pour en caractériser les propriétés mécaniques, ou de tissus in vivo. 26 LETTRE D’INFORMATION DE L’INSTITUT CURIE « Aspiration of Biological Viscoelastic Drops. » Guevorkian K. et coll. Phys. Rev. Letter. 28 mai 2010;104(21):218101. Cancers gynécologiques ADÉNOCARCINOME DU COL UTÉRIN : DES FACTEURS PRÉDICTIFS DE LA SENSIBILITÉ AU TRAITEMENT Avec leurs collègues de 8 centres hospitaliers, les chirurgiens de l’Institut Curie ont mené une étude rétrospective sur 54 patientes atteintes d’adénocarcinome du col utérin et ayant subi, entre 1988 et 2005, un traitement néoadjuvant combiné de chimiothérapie et radiothérapie, suivi d’une intervention chirurgicale. L’objectif de ce travail était d’identifier les facteurs pouvant aider à prédire la réponse au traitement néoadjuvant. 18 femmes ont présenté une réponse clinique complète alors que chez 36 patientes, on observait une tumeur résiduelle après le traitement complet (avec une tumeur supérieure à 1 cm pour 18 d’entre elles). L’analyse a permis de mettre en évidence l’impact de la ménopause, de l’invasion des tissus situés de part et d’autre de l’utérus (les paramètres), de l’existence d’emboles ou de la nature des tissus L’enseignement est l’une des missions de l’Institut Curie, une mission intégrée impliqués sur la sensibilité à la chimio-radiothérapie néoadjuvante. Ces résultats doivent être considérés avec prudence du fait du caractère rétrospectif et du faible nombre de patientes incluses dans l’étude. Toutefois, ils permettent d’ébaucher des hypothèses physiologiques importantes concernant la réponse à ce type de traitement. « Pathologic Response Rate After Concomitant Neo-Adjuvant Radiotherapy and Chemotherapy for Adenocarcinoma of the Uterine Cervix: A Retrospective Multicentric Study. » Poujade O. et coll. Int J Gynecol Cancer. Juillet 2010;20(5):815-820. dans la dynamique de la recherche et de la médecine. Les spécificités de l’Institut Curie, qui regroupe chercheurs et médecins, permettent de promouvoir des formations originales, multidisciplinaires, transversales et de niveau international. Le programme d’enseignement se définit dans ce contexte, dans une approche active, en immersion dans les laboratoires, en favorisant les interactions et les échanges. Si l’activité d’enseignement existe de longue date à l’Institut Curie, qui compte des professeurs et maîtres de conférence de différentes universités, elle prend un essor nouveau avec la création récente d’une cellule enseignement avec des L’équipe Télomères et cancer dirigée par José-Arturo Londoño Vallejo a remporté un appel à projet sur les cancers de la prostate de l’INCa, l’Arc et la Ligue nationale contre le cancer. Ce projet porte sur l’instabilité télomérique et la dérégulation des microARNs dans le cancer de la prostate. Il est coordonné par JOSÉ-ARTURO LONDOÑO VALLEJO et LUIS JAIME CASTRO VEGA, chercheurs dans l’unité « Dynamique de l’information génétique : bases fondamentales et cancer » dirigée par le Pr Michelle Debatisse. ROSETTE LIDEREAU, chef du laboratoire d’Oncogénétique à l’hôpital René Huguenin de l’Institut Curie, vient de recevoir une subvention de 225 000 dollars de la fondation américaine dédiée au cancer du sein : la Breast Cancer Research Foundation. Seule récipiendaire française parmi les 172 bénéficiaires, Rosette Lidereau a reçu ce soutien financier pour les travaux qu’elle réalise, DÉCEMBRE 2010 en collaboration avec Keltouma Driouch, sur l’identification d’une signature prédictive du risque de métastases et du lieu de leur développement. moyens dédiés. Cette cellule assure l’accueil et le L’ANTICORPS QUI S’ATTAQUE AUX PETITES TUMEURS Grâce au programme national de dépistage, de plus en plus de femmes sont diagnostiquées avec un cancer du sein de petite taille (10 mm et moins). En revanche, il existe peu d’évaluations des thérapies à utiliser pour ce type de cancer. Il faut donc saluer la première étude multicentrique – impliquant l’Institut Curie, le Centre René Huguenin (désormais hôpital René Huguenin de l’Institut Curie) et l’Institut Gustave Roussy – menée pour connaître l’efficacité du trastuzumab utilisé en adjuvant chez des patientes atteintes de tumeur de petite taille qui surexpriment HER2. Ces tumeurs ont un pronostic moins bon que les autres petites tumeurs. Chez les 97 patientes ayant participé à l’étude, les tumeurs mesuraient de 2 à 10 mm et aucune n’avait d’atteinte ganglionnaire. suivi des étudiants et doctorants, soutient toutes Du 19 au 22 janvier 2011 Le Workshop International sur les exosomes à l’Institut ARMELLE CORPET et ANNE LETESSIER se sont vues décerner respectivement le 2e Prix Kerner et le 1er Prix Hélène-Starck lors de la journée annuelle « Jeunes chercheurs » de l’Arc. Armelle Corpet de l’équipe de Geneviève Almouzni a été primée pour son article de vulgarisation sur le rôle d’une protéine essentielle à la division des cellules. Anne Letessier de l’équipe du Pr Michelle Debatisse a reçu le prix du meilleur poster scientifique pour ses travaux sur certains mécanismes du processus de duplication du patrimoine génétique au cours de la division des cellules humaines, qui conduisent à l’apparition d’altérations génétiques potentiellement cancérigènes. Cancers du sein Curie (Paris 5e). Le 25 janvier 2011 « Les cellules initiatrices de tumeurs » par le Pr Daniel louvard, directeur du Centre de Recherche dans le cadre des Mardis de l’Institut Curie, 12 rue Lhomond (Paris 5e). les initiatives de formation et coordonne les étrangers pour des programmes internationaux compétitifs, permettant leur financement à l’Institut Curie, représente un enjeu fort pour accueillir des jeunes motivés et à fort potentiel. Un atout pour imag(in)er le futur ! Les 6e Forums francophones de cancérologie au palais des congrès (Paris, 17e). Cancers du sein POINT TROP N’EN FAUT... DANS CERTAINS CAS Les radiothérapeutes de l’hôpital René Huguenin de l’Institut Curie ont conduit une étude rétrospective sur 248 patientes atteintes d’un cancer du sein sans envahissement ganglionnaire ayant reçu une chimiothérapie néoadjuvante suivie d’une chirurgie conservatrice avec prélèvement ganglionnaire axillaire. Les cliniciens cherchaient à évaluer l’utilité d’une irradiation adjuvante des aires ganglionnaires. Toutes les patientes ont donc reçu une irradiation mammaire associée, pour 158 (63,7 %) d’entre elles, à une irradiation ganglionnaire. Après un suivi médian de 88 mois, projets d’enseignement. La sélection d’étudiants Du 1er au 4 février 2011 Le trastuzumab est un anticorps qui cible et bloque le récepteur HER2, présent dans 10 à 15 % des cancers du sein. Combiné à la chimiothérapie, cet anticorps monoclonal est devenu un standard du traitement des tumeurs du sein excédant 10 mm. Les résultats montrent que chez les patientes ayant une petite tumeur surexprimant le récepteur HER2, le traitement comportant du trastuzumab apporte un réel bénéfice, après seulement 2 ans de recul, notamment chez les patientes présentant d’autres facteurs de mauvais pronostic. « Trastuzumab Treatment in T1ab, Node-Negative, Human Epidermal Growth Factor Receptor 2-Overexpressing Breast Carcinomas. » Rodrigues MJ. et coll. J Clin Oncol. 1er Octobre 2010;28(28):e541-2. Geneviève Almouzni Directrice déléguée à l’Enseignement L’ensemble des congrès et colloques organisés par l’Institut Curie sur www.curie.fr/congres FOCUS Voir pour mieux comprendre, comprendre pour mieux voir Thérapies ciblées et cancers du sein de petite taille Radiothérapie adjuvante pour les cancers du sein Comment est inactivé le chromosome X lors du développement de l’embryon Quand les systèmes de réparation cellulaire créent une instabilité génétique Eclairage sur les dysfonctionnements cellulaires dans la maladie de Huntington Mieux comprendre le fonctionnement des cellules sensorielles de l’oreille interne Un système modèle pour étudier les propriétés mécaniques des tissus Prédire la sensibilité au traitement des cancers du col de l’utérus 26 Génétique UNE ÉPÉE À DOUBLE TRANCHANT l’absence d’irradiation ganglionnaire adjuvante n’était pas associée à un risque accru de récidive loco-régionale ou de décès. Ces résultats demandent à être confirmés par une étude prospective. « Is Regional Lymph Node Irradiation Necessary in Stage II to III Breast Cancer Patients with Negative Pathologic Node Status after Neoadjuvant Chemotherapy? » Daveau C. et coll. Int. J. Radiation Oncology Biol. Phys. 1er octobre 2010;78(2):337-42. Biologie du développement LES SILENCES DU CHROMOSOME X Un des aspects les plus étonnants du développement embryonnaire des mammifères est que, chez la femelle, il s’accompagne de l’inactivation précoce de l’un des deux chromosomes X. Comment ? Une région précise du chromosome X, le centre d’inactivation, produit un transcrit non-codant, Xist, qui rend « silencieux » les gènes qu’il recouvre. Mais on ne sait pas très bien comment l’inactivation se propage le long du chromosome et de ses milliers de gènes. Selon l’étude que vient de publier l’équipe d’Edith Heard, des éléments répétés, en particulier les séquences LINE-1, insérés en de nombreux endroits du chromosome X, pourraient jouer un rôle important dans la mise en place et la propagation de cette inactivation. Tout se passe, précisent les auteurs, comme si les LINE-1 facilitaient l’inactivation selon deux modalités : des LINE-1 viennent en aide à Xist pour compacter le matériel génétique jusqu’à le rendre silencieux ; et une sous-population de LINE-1 facilite la propagation de l’inactivation dans certaines régions du X, qui auraient tendance à résister à l’inactivation autrement. « LINE-1 Activity in Facultative Heterochromatin Formation During X Chromosome Inactivation. » Chow JC. et coll. Cell. 11 juin 2010;141(6):956-69. La réplication de l’ADN consiste à réaliser une copie de chaque chromosome. Les deux brins de la molécule d’ADN sont écartés l’un de l’autre et deux nouveaux brins sont synthétisés par copie complémentaire. Lorsque la réplication a démarré, elle peut buter sur des obstacles mettant ainsi en péril la production d’une copie conforme des chromosomes. La recombinaison homologue, mécanisme bien connu de la « réparation » de l’ADN, agit alors comme une « roue de secours » en aidant à surmonter certains de ces obstacles. L’équipe de Sarah Lambert vient de mettre en évidence sur un modèle biologique bien connu – la levure S.pombe – que, si la recombinaison homologue est capable de faire redémarrer la réplication, elle est aussi susceptible de commettre des erreurs, et de générer des copies de chromosomes remaniées. Elle crée ainsi une instabilité que l’on retrouve souvent associée à des désordres génétiques et au développement de cancers. « Homologous Recombination Restarts Blocked Replication Forks at the Expense of Genome Rearrangements by Template Exchange. » Lambert S. et coll. Mol Cell. Août 2010;13;39(3):346-59. Biophysique QUAND LES CYBER-CLONES ONT L’OREILLE DES SCIENTIFIQUES Pour comprendre comment fonctionnent les cellules sensorielles de l’oreille interne, l’équipe de Pascal Martin a mis au point, en collaboration avec des chercheurs du Max Planck Institut de Dresde, un ingénieux système couplant modèle biologique et réalité virtuelle. Paradoxe de départ : les cellules sensorielles sont dotées d’une touffe de poils (la touffe ciliaire) pouvant vibrer spontanément pour amplifier le stimulus sonore, mais elles ne sont pas suffisamment sensibles individuellement pour expliquer les performances auditives de l’ensemble. Partant de l’hypothèse que les cellules ciliées sont connectées mécaniquement entre elles, les chercheurs ont, à l’aide d’une fibre, mis en relation une cellule vivante avec deux cyber-clones, à savoir deux cellules virtuelles commandées par un programme mimant le comportement spontanée d’une cellule. Lorsque la connexion est établie, les cellules se synchronisent et produisent moins de bruit de fond. Parallè- VOIR POUR MIEUX COMPRENDRE, COMPRENDRE POUR MIEUX VOIR Rendre accessible à tous le voyage à l’intérieur de la cellule, telle pourrait être la devise des chercheurs et des ingénieurs de l’Institut Curie : ils assurent le fonctionnement d’un plateau technique exceptionnel, forment les chercheurs à ces nouvelles technologies, et réfléchissent aux microscopes de demain. ’Institut Curie a placé l’imagerie au cœur de ses recherches. Il dispose d’un plateau parmi les plus performants en Europe, mais aussi des experts – ingénieurs et chercheurs – qui participent aux développements de nouvelles technologies adaptées aux besoins des biologistes. Le développement de l’imagerie in vivo représente un enjeu majeur pour la recherche biomédicale. C’est par une approche globale de la cellule, prenant en compte toute sa complexité, que les fonctions et les désordres cellulaires seront progressivement élucidés. L’imagerie, en offrant aux chercheurs une nouvelle vision du monde cellulaire, participe largement aux découvertes scientifiques. Domaine en constante évolution, l’imagerie nécessite des outils de pointe, une collaboration entre spécialistes de divers horizons et une formation régulière des usagers de ces nouvelles technologies. L’école thématique interdisciplinaire Microscopie Fonctionnelle en Biologie (MiFoBio) 2010 du CNRS, qui s’est déroulée du 19 au 25 septembre dernier à Seignosse, a été une occasion unique pour les experts d’échanger sur les dernières avancées, de découvrir les nouveaux outils d’imagerie et d’apprendre à s’en servir pour d’autres. « Cette école qui a réuni près de 350 personnes – mathématiciens, physiciens, chimistes, informaticiens, biologistes... – venant de toute la France, voire d’autres pays européens, favorise l’interdisciplinarité scientifique nécessaire à l’émergence d’une recherche d’avant-garde et aux développements des technologies photoniques appliquées au vivant » explique Fabrice Cordelières, responsable de la plate- avancées du domaine et 51 sessions pratiques » ajoute-t-il. De ces échanges naîtront les microscopes de demain qui permettront de mieux comprendre la cellule en condition normale et pathologique. Pour preuve, en combinant leurs efforts, l’équipe du L lement, elles connaissent une amplification accrue des vibrations correspondant au signal acoustique. Une union pour la bonne entente, en somme. « Couplage a Sensory Hair-Cell bundle to Cyber Clones Enhances Nonlinear Amplification. » Barral J. et coll. Proc Natl Acad Sci USA. 4 Mai 2010;107(18):8079-84. Maladie de Huntington DOUBLE-JEU POUR L’HUNTINGTINE La maladie de Huntington est une affection neurodégénérative héréditaire où la mort sélective des neurones du cerveau conduit à de graves déficits psychiatriques, cognitifs et moteurs. Les gorithme de traitement des images mis au point par les spécialistes de l’Institut Curie dans le cadre d’une collaboration avec l’INRIA. Cet algorithme permet de réduire la quantité de lumière nécessaire pour observer des cellules in vivo. Désormais les observations peuvent être beaucoup plus rapprochées, voire faites sur une plus longue période et ce, en perturbant beaucoup moins les phénomènes observés au sein des cellules. (1) « Fast Live Simultaneous Multiwavelength Fourdimensional Optical Microscopy. » Carlton PM. et coll. Proc Natl Acad Sci USA. 14 sept 2010;107(37):16016-22. forme Imagerie cellulaire et tissulaire du site d’Orsay de l’Institut Curie, et co-responsable scientifique de MiFoBio 2010. « Concrètement, MiFoBio 2010, c’est une trentaine de systèmes de microscopie spécialement déplacés par les constructeurs avec plusieurs avantpremières françaises, voire mondiales, un cours de base introductif pour remettre tout le monde à niveau, des conférences plus appliquées sur les dernières Pr John Sedat à l’université de Californie (Etats-Unis) et Jérôme Boulanger au sein de la plateforme d’imagerie de l’Institut Curie (PICT-IBiSA) ont fait un pas important pour la résolution de l’un des dilemmes majeurs de la microscopie : avoir assez de lumière pour voir les cellules et leurs composants sans que cela nuise à la cellule (1). John Sedat a combiné son système de microscopie haute résolution expérimentale avec l’al- mécanismes conduisant à la maladie sont encore mal connus. L’équipe de Sandrine Humbert, qui s’est spécialisée dans l’étude de la huntingtine, protéine dont la mutation est à l’origine de la maladie, vient de publier deux articles importants. Dans l’un, les chercheurs montrent que, au moment de la division cellulaire (mitose), la huntingtine se concentre aux deux pôles du fuseau de microtubules et qu’elle est un acteur important du contrôle de l’orientation de ce fuseau, chez les mammifères comme chez la drosophile. Chez la souris, cette altération de l’orientation du fuseau de cellules neuronales embryonnaires va de pair avec une modification du devenir cellulaire. Ainsi, ce travail établit pour la première fois un lien entre la huntingtine, l’orientation appropriée du fuseau et la neurogenèse chez les mammifères. Dans le second article, l’équipe identifie un nouveau mécanisme pathologique : la huntingtine se lie à un complexe qui dégrade la ß-caténine, protéine jouant un rôle important au cours du développement embryonnaire, chez l’adulte mais aussi dans la progression des cancers. Dans la maladie de Huntington, ce couplage est altéré de sorte qu’il y a accumulation toxique de la ß-caténine. Les chercheurs suggèrent d’utiliser, dans la maladie de Huntington, des traitements pour prévenir cette accumulation de ß -caténine. Plateforme d’imagerie scientifique de l’Institut Curie 30 postes de microscopie photonique avancée 5 microscopes à force atomique 4 microscopes électroniques 1 microscope ionique 1 IRM dédiée à la recherche « Huntingtin is Required for Mitotic Spindle Orientation and Mammalian Neurogenesis. » Godin JD. et coll. Neuron. 12 août 2010;67(3):392-406. « Mutant Huntingtin-Impaired Degradation of BetaCatenin Causes Neurotoxicity in Huntington’s Disease. » Godin JD. et coll. EMBO J. 21 juillet 2010;29(14):2433-45. Directeur de la publication : Pr Claude Huriet Comité éditorial : Pr Daniel Louvard, Pr Jean-Nicolas Munck, Dr Marc Estève, Dr Alain Pecking, Sergio Roman-Roman, Paul Caroly, Damien Salauze Directeur de la rédaction : Catherine Goupillon-Senghor Rédaction : Céline Giustranti, Catherine Tastemain Iconographie : Cécile Charré ISSN 1768-4463 Crédit photo : S. Tallandier – Juliette Godin – Franck Perez – Sylvie Robine – Silvia Fre – François Amblard – Ilse Hurbain – Pedro Lombardi – Noak/Le Bar Floréal – Karine Guevorkian/Institut Curie Contact : [email protected] - Tél. : 01 56 24 55 24 Maquette et réalisation : Dominique Hamot Imprimeur : tcgraphite Pour plus d’informations : www.curie.fr Biophysique UNE PIPETTE BIEN INSPIRÉE La propagation des cellules cancéreuses, la cicatrisation des blessures, la morphogenèse embryonnaire sont autant d’exemples d’événements biologiques où les lois de la physique jouent un rôle important. C’est pourquoi l’équipe de physico-chimistes dirigée par Françoise Brochard-Wyart s’emploie à étudier les propriétés mécaniques des agrégats de cellules vivantes utilisés comme modèle de tissus. L’équipe vient de démontrer que la micropipette est un excellent instrument pour effectuer ce type d’étude. L’aspiration de l’agrégat dans la pipette provoque la déformation élastique de celui-ci puis son écoulement lent, mettant en évidence le comportement viscoélastique des tissus. Cela permet aux chercheurs d’en déduire la tension superficielle, la viscosité et le module d’élasticité de l’agrégat. Une telle approche, facile à mettre en œuvre, pourrait être appliquée à l’examen d’échantillons biologiques, pour en caractériser les propriétés mécaniques, ou de tissus in vivo. 26 LETTRE D’INFORMATION DE L’INSTITUT CURIE « Aspiration of Biological Viscoelastic Drops. » Guevorkian K. et coll. Phys. Rev. Letter. 28 mai 2010;104(21):218101. Cancers gynécologiques ADÉNOCARCINOME DU COL UTÉRIN : DES FACTEURS PRÉDICTIFS DE LA SENSIBILITÉ AU TRAITEMENT Avec leurs collègues de 8 centres hospitaliers, les chirurgiens de l’Institut Curie ont mené une étude rétrospective sur 54 patientes atteintes d’adénocarcinome du col utérin et ayant subi, entre 1988 et 2005, un traitement néoadjuvant combiné de chimiothérapie et radiothérapie, suivi d’une intervention chirurgicale. L’objectif de ce travail était d’identifier les facteurs pouvant aider à prédire la réponse au traitement néoadjuvant. 18 femmes ont présenté une réponse clinique complète alors que chez 36 patientes, on observait une tumeur résiduelle après le traitement complet (avec une tumeur supérieure à 1 cm pour 18 d’entre elles). L’analyse a permis de mettre en évidence l’impact de la ménopause, de l’invasion des tissus situés de part et d’autre de l’utérus (les paramètres), de l’existence d’emboles ou de la nature des tissus L’enseignement est l’une des missions de l’Institut Curie, une mission intégrée impliqués sur la sensibilité à la chimio-radiothérapie néoadjuvante. Ces résultats doivent être considérés avec prudence du fait du caractère rétrospectif et du faible nombre de patientes incluses dans l’étude. Toutefois, ils permettent d’ébaucher des hypothèses physiologiques importantes concernant la réponse à ce type de traitement. « Pathologic Response Rate After Concomitant Neo-Adjuvant Radiotherapy and Chemotherapy for Adenocarcinoma of the Uterine Cervix: A Retrospective Multicentric Study. » Poujade O. et coll. Int J Gynecol Cancer. Juillet 2010;20(5):815-820. dans la dynamique de la recherche et de la médecine. Les spécificités de l’Institut Curie, qui regroupe chercheurs et médecins, permettent de promouvoir des formations originales, multidisciplinaires, transversales et de niveau international. Le programme d’enseignement se définit dans ce contexte, dans une approche active, en immersion dans les laboratoires, en favorisant les interactions et les échanges. Si l’activité d’enseignement existe de longue date à l’Institut Curie, qui compte des professeurs et maîtres de conférence de différentes universités, elle prend un essor nouveau avec la création récente d’une cellule enseignement avec des L’équipe Télomères et cancer dirigée par José-Arturo Londoño Vallejo a remporté un appel à projet sur les cancers de la prostate de l’INCa, l’Arc et la Ligue nationale contre le cancer. Ce projet porte sur l’instabilité télomérique et la dérégulation des microARNs dans le cancer de la prostate. Il est coordonné par JOSÉ-ARTURO LONDOÑO VALLEJO et LUIS JAIME CASTRO VEGA, chercheurs dans l’unité « Dynamique de l’information génétique : bases fondamentales et cancer » dirigée par le Pr Michelle Debatisse. ROSETTE LIDEREAU, chef du laboratoire d’Oncogénétique à l’hôpital René Huguenin de l’Institut Curie, vient de recevoir une subvention de 225 000 dollars de la fondation américaine dédiée au cancer du sein : la Breast Cancer Research Foundation. Seule récipiendaire française parmi les 172 bénéficiaires, Rosette Lidereau a reçu ce soutien financier pour les travaux qu’elle réalise, DÉCEMBRE 2010 en collaboration avec Keltouma Driouch, sur l’identification d’une signature prédictive du risque de métastases et du lieu de leur développement. moyens dédiés. Cette cellule assure l’accueil et le L’ANTICORPS QUI S’ATTAQUE AUX PETITES TUMEURS Grâce au programme national de dépistage, de plus en plus de femmes sont diagnostiquées avec un cancer du sein de petite taille (10 mm et moins). En revanche, il existe peu d’évaluations des thérapies à utiliser pour ce type de cancer. Il faut donc saluer la première étude multicentrique – impliquant l’Institut Curie, le Centre René Huguenin (désormais hôpital René Huguenin de l’Institut Curie) et l’Institut Gustave Roussy – menée pour connaître l’efficacité du trastuzumab utilisé en adjuvant chez des patientes atteintes de tumeur de petite taille qui surexpriment HER2. Ces tumeurs ont un pronostic moins bon que les autres petites tumeurs. Chez les 97 patientes ayant participé à l’étude, les tumeurs mesuraient de 2 à 10 mm et aucune n’avait d’atteinte ganglionnaire. suivi des étudiants et doctorants, soutient toutes Du 19 au 22 janvier 2011 Le Workshop International sur les exosomes à l’Institut ARMELLE CORPET et ANNE LETESSIER se sont vues décerner respectivement le 2e Prix Kerner et le 1er Prix Hélène-Starck lors de la journée annuelle « Jeunes chercheurs » de l’Arc. Armelle Corpet de l’équipe de Geneviève Almouzni a été primée pour son article de vulgarisation sur le rôle d’une protéine essentielle à la division des cellules. Anne Letessier de l’équipe du Pr Michelle Debatisse a reçu le prix du meilleur poster scientifique pour ses travaux sur certains mécanismes du processus de duplication du patrimoine génétique au cours de la division des cellules humaines, qui conduisent à l’apparition d’altérations génétiques potentiellement cancérigènes. Cancers du sein Curie (Paris 5e). Le 25 janvier 2011 « Les cellules initiatrices de tumeurs » par le Pr Daniel louvard, directeur du Centre de Recherche dans le cadre des Mardis de l’Institut Curie, 12 rue Lhomond (Paris 5e). les initiatives de formation et coordonne les étrangers pour des programmes internationaux compétitifs, permettant leur financement à l’Institut Curie, représente un enjeu fort pour accueillir des jeunes motivés et à fort potentiel. Un atout pour imag(in)er le futur ! Les 6e Forums francophones de cancérologie au palais des congrès (Paris, 17e). Cancers du sein POINT TROP N’EN FAUT... DANS CERTAINS CAS Les radiothérapeutes de l’hôpital René Huguenin de l’Institut Curie ont conduit une étude rétrospective sur 248 patientes atteintes d’un cancer du sein sans envahissement ganglionnaire ayant reçu une chimiothérapie néoadjuvante suivie d’une chirurgie conservatrice avec prélèvement ganglionnaire axillaire. Les cliniciens cherchaient à évaluer l’utilité d’une irradiation adjuvante des aires ganglionnaires. Toutes les patientes ont donc reçu une irradiation mammaire associée, pour 158 (63,7 %) d’entre elles, à une irradiation ganglionnaire. Après un suivi médian de 88 mois, projets d’enseignement. La sélection d’étudiants Du 1er au 4 février 2011 Le trastuzumab est un anticorps qui cible et bloque le récepteur HER2, présent dans 10 à 15 % des cancers du sein. Combiné à la chimiothérapie, cet anticorps monoclonal est devenu un standard du traitement des tumeurs du sein excédant 10 mm. Les résultats montrent que chez les patientes ayant une petite tumeur surexprimant le récepteur HER2, le traitement comportant du trastuzumab apporte un réel bénéfice, après seulement 2 ans de recul, notamment chez les patientes présentant d’autres facteurs de mauvais pronostic. « Trastuzumab Treatment in T1ab, Node-Negative, Human Epidermal Growth Factor Receptor 2-Overexpressing Breast Carcinomas. » Rodrigues MJ. et coll. J Clin Oncol. 1er Octobre 2010;28(28):e541-2. Geneviève Almouzni Directrice déléguée à l’Enseignement L’ensemble des congrès et colloques organisés par l’Institut Curie sur www.curie.fr/congres FOCUS Voir pour mieux comprendre, comprendre pour mieux voir Thérapies ciblées et cancers du sein de petite taille Radiothérapie adjuvante pour les cancers du sein Comment est inactivé le chromosome X lors du développement de l’embryon Quand les systèmes de réparation cellulaire créent une instabilité génétique Eclairage sur les dysfonctionnements cellulaires dans la maladie de Huntington Mieux comprendre le fonctionnement des cellules sensorielles de l’oreille interne Un système modèle pour étudier les propriétés mécaniques des tissus Prédire la sensibilité au traitement des cancers du col de l’utérus