Robert Phalip, scout toujours prêtre

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Robert Phalip, scout toujours prêtre
Robert Phalip, scout toujours prêtre
Il fut curé de la basilique de 1978 à 1984. Et est revenu à Saint-Denis passer sa retraite.
(extrait du Journal de la municipalité de Saint-Denis, (page 2) daté du 27 juin 2012)
« C’était passionnant ! » Chaque fois qu’il évoque une époque de sa vie, Robert Phalip la conclue ainsi :
« Vous comprenez, c’était passionnant ! » C’est dire si l’homme est… passionné. Octogénaire plus que
dynamique, Robert Phalip est issu d’une famille aveyronnaise montée à Paris et fut élevé dans un milieu «
bourgeois rural catho », dit-il. Élève volontiers chahuteur, rebelle, extraverti comme il se définit lui-même («
petit, je voulais être clown ! »), il s’épanouit à l’adolescence chez les scouts. « Ce fut pour moi une école de la
liberté et de la responsabilité. »
La mort brutale d’un ami le fait passer à l’âge adulte en l’amenant à penser à la sienne : « Je me suis dit :
qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? » Après de courtes études en maths sup, quelque temps de jeunesse
festive, il sent qu’il n’est pas fait pour ça. Avec les scouts, il s’est rendu compte qu’il avait de l’influence sur les
autres et décide d’entrer au séminaire en 1953, sans trop savoir ce que c’était. « Je me suis retrouvé comme
une boule errante qui trouve enfin son trou. C’était passionnant », dit-il pour la première fois.
Il parle de révélation, se sent alors devenir vraiment chrétien. « J’ai découvert que nous sommes là pour
rencontrer les gens. » Avant d’être ordonné prêtre, en 1960, il est appelé vingt-huit mois en Algérie. « J’ai fait
mes classes dans les zouaves d’Oran », rigole-t-il. Élève, puis instructeur à l’école militaire de Cherchell, il
organise des Noëls, monte des pièces de théâtre, côtoie le danger et la mort aussi, et ressent la
reconnaissance qu’il suscite grâce à son entregent. « C’était passionnant ! », dit-il pour la deuxième fois.
Jeune prêtre, il est envoyé à Villemomble, dans ce qui n’est pas encore la Seine-Saint-Denis mais qui est déjà
la banlieue. Une terre qu’il découvre et à laquelle il va s’attacher pour la vie. Il y apprend à ne pas identifier les
gens par leur étiquette. Aumônier en lycée, « passionnant ! », il devient après Vatican II coordinateur des
mouvements de jeunes du diocèse de Paris. C’est de là qu’il vit Mai-68, en direct avec les jeunes de la JEC et
de la JOC. Il est à la Sorbonne avec le cardinal Marty, « un pays à moi », lorsque celui-ci lance : « Dieu n’est
pas conservateur ! »
Les années suivantes le verront remplir plusieurs missions, responsable des vocations, au contact des milieux
dits indépendants (entendre hors de la classe ouvrière) puis arrive à Saint-Denis en 1978 comme curé de la
basilique jusqu’en 1984.
« J’ai découvert Franc-Moisin, Sémard, Allende, toute la ville. On a fait des rencontres extraordinaires, j’ai vu
la qualité humaine des communistes de terrain, comme Marcelin Berthelot ou Jean Marcenac. C’était une
période passionnante ! », dit-il pour la…
Ce sera ensuite Pavillons-sous-Bois, Bagnolet, Le Raincy, comme aumônier, responsable de relais, au-delà
des clivages. Médiateur avant l’heure, il s’attache à réunir, toujours, lorsqu’un funeste jour de 2007, il est
terrassé par un malaise cardiaque. Mais l’homme, vigoureux, se remet et, aujourd’hui à la retraite et de retour
à Saint-Denis, est toujours aussi actif. « Je suis très occupé mais je ne suis plus préoccupé ! », sourit-il. Mais
toujours passionné. – Benoit Lagarrigue