le chat sans queue - Théâtre des Marionnettes de Genève

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le chat sans queue - Théâtre des Marionnettes de Genève
Théâtre des Marionnettes de Genève
Dossier presse – saison 2012 - 2013
LE CHAT SANS QUEUE
Création du Théâtre des Marionnettes de Genève
Du 10 au 28 avril 2013
D’après le récit de Germano Zullo
et les dessins d’Albertine
Texte, mise en scène et scénographie :
Guy Jutard
Marionnettes : Albertine et Guy Jutard
assistés de Matthias Brügger
Conseiller artistique : Pierre Monnerat
Interprétation : Olivier Carrel et
Jacques Douplat
Musique : Hélène Zambelli
Lumière : Eric Carruzzo
Costumes : Marie-Ange Sorésina
Théâtre des Marionnettes de Genève
3, Rue Rodo 1205 Genève
Réservations : 022 807 31 07 ou
www.marionnettes.ch
~ 50 minutes
Dès 4 ans
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Le spectacle
1. L’histoire
Les chats ont, paraît-il, neuf vies :
c’est dire s’ils sont doués pour les
métamorphoses. Il était une fois un
petit chat étonnement dépourvu de
queue. On le découvre solitaire
avec son cartable sur le chemin des
écoliers. Notre matou se sait
différent des autres félins. Chacun
le moque, le mate avec dédain,
l’obligeant à se cacher et à fuir. Le
chat sans queue se fait botter,
déloger de partout et se retrouve
bien démunis. Parviendra-t-il à
masquer son imperfection ? N’y
Le Chat sans queue.
aurait-il pas, dans cette cité
Photo du spectacle.
traversée à intervalles réguliers par
une subtile trapéziste funambule,
une boutique pour lui délivrer une queue afin de compléter son anatomie qui fera de lui un minou
ordinaire ? Et pas un phénomène de société, objet de toutes les plaisanteries. Son destin croise la route
de deux compères, Marcel et Jean-Claude. Ils sont de la trempe du collectionneur, passionné à recueillir
tout ce qui sort de l’ordinaire, devenant fantastique. Le chat sans queue deviendra-t-il le fleuron de leur
collection ? Au fil de cette fable qui baigne dans une atmosphère à la fois tendre et légère, étonnante et
surréaliste, tout devient de plus en plus étrange, hypnotisant, envoûtant, et bien sûr captivant. Le chat
sans queue aborde le thème essentiel de la différence et la manière de la vivre. Ce spectacle suggère
que le sentiment éprouvé de la honte, s’il est difficile à vivre pour le jeune enfant, n’en constitue pas
moins un lien social. Loin d’être un poison, l’acceptation de ce sentiment et son dépassement permettent
aussi de s’affirmer et de grandir. A côté des hontes paralysantes, il existe aussi des hontes positives et
qui permettent à l’enfant de se construire.
D’une vive et colorée candeur, les dessins d'Albertine donnent le ton. Humains, animaux et
objets s'amusent à se déformer au cœur d’une joyeuse fantaisie. Deux conteurs manipulateurs
mènent ce ballet de figurines évoluant autour de l’idée de la différence, à vivre, éprouver et
accueillir. Par instants, Ils revêtent un habit de marionnette devenant personnages parmi les
protagonistes hauts en couleurs du récit. En un battement de paupières, l’on glisse d’un lieu
stylisé à l’autre, comme si l’intrigue jaillissait des pages mêmes d’un album feuilleté. Sur le fil
entre réel et imaginaire, se déploie une façon inédite de jouer et de se jouer des limites d'un
espace à deux dimensions.
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2. L’histoire
Marcel et Jean-Claude errent
dans la ville, armés de leur
filet à papillons. Ils capturent
toutes sortent d'objets où
d'animaux. De temps à autre,
ils interrompent leur quête
pour admirer une trapéziste
qui se balance dans le ciel.
Puis, ils se montrent leurs
trouvailles : un camembert qui
sent la rose, une souris verte
à pois blancs, une fleur qui
chante… En vieux "chasseurs
Le Chat sans queue. Photo du spectacle.
d'insolite".
Ensemble,
ils
évoquent le chat qu'ils ont
déniché. Et se décident à raconter son histoire.
Au pays des chats
Dans la maison chat, la mère chat réveille le jeune chat. Son cartable est préparé avec soin, et
on imagine que les inquiétudes du chat sont liées à son départ vers l'école… Cartable sur le
dos, voilà notre petit félin sur le chemin de l'école. Il se sent observé de tous côtés. Il lui semble
entendre rumeurs et quolibets : "Oh regardez-le. Il n'a pas de queue !" On se moque de lui.
Troublé, il abandonne son cartable sur le trottoir et se cache dans le premier magasin venu.
Hasard ou chance, il est précisément entré dans un magasin de queues. Charmante, la
vendeuse lui propose toute une gamme d'articles. Mais avec le seul franc qu'il a en poche, le
chaton ne peut rien s’offrir. La marchande lui propose alors merveilleux masque de tête de chat.
Et voici l’animal dissimulé derrière son masque déambulant dans la rue.
Masqué, notre chat retrouve une certaine assurance. Face aux quolibets qui redoublent, le
matou se met le masque sur le postérieur, bien décidé à rejoindre le chemin de l'école. Le
facétieux Marcel le capture avant de décider avec son compère Jean-Claude de le relâcher. Car
il n’y a point de place pour le félin dans leur collection d'objets insolites et extraordinaires.
La magie du cirque et une fée originale
En suivant la grande parade des animaux dans la cité, le chat s’empare subrepticement de la
queue du lion. Sous le chapiteau du cirque, le roi des animaux ouvre le spectacle. Mais au beau
milieu de son numéro, un spectateur s'écrie : "Ridicule : il n'a pas de queue". Le lion très en
colère, trouve dans les coulisses une solution de fortune et revient saluer. Ainsi en va-t-il des
numéros de la du crocodile puis de la girafe. La girafe lui a emprunté sa queue et fâché la lui
reprend. La girafe à son tour…. Finalement le lion aperçoit le chat voleur qui s'est glissé dans le
public. On craint le pire, mais le chat abandonne sur place la queue qu'il avait dérobée au lion
et s'enfuit.
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La nuit tombe. Le chat entend une voix qui se mêle à une musique irréelle. Une fée habite au
cœur de poubelles magiques. Et le chat de formuler encore son vœu, celui d’avoir une
précieuse queue. La magicienne n’a pas le sortilège très affûté. Et le chat se retrouve affublé
d’une tête et d’une queue… de poisson. Sera-t-il mangé par un autre minou ? Le chat sans
queue rase les murs.
Le temps de l’héroïsme
Marcel et Jean-Claude applaudissent la trapéziste, qui n'a cessé pendant toute l'errance du
chat de virevolter dans le ciel, suscitant l'admiration de tous les habitants de la cité. Soudain les
deux amis s'inquiètent : la trapéziste après une double virevolte n'a pas pu ressaisir son trapèze
et… elle chute. Le chat se précipite et la rattrape. Il est ainsi adulé et admiré. Jean-Claude et
Marcel ont repris leurs épuisettes. Ils prennent congé du public en leur faisant voir de près les
insolites objets qu'ils collectionnent et en les conviant à faire de même à temps perdu.
3. Un univers coloré et rythmé
Questions à Albertine,
Germano Zullo et Guy Jutard.
Vous proposez un univers ingénu
formé, côté décor, de plans
successifs avec de larges à-plats de
couleurs
faisant
ressortir
les
personnages.
Albertine : Le désir est de travailler
sur des plans avec une perspective
faussée. J’ai toujours l’impression
qu’une vérité ne peut se lire que dans
la
stylisation
allongeant
les
personnages. C’est leur expression qui
Le Chat sans queue.
prévaut, à mes yeux. L’importance du
Photo du spectacle.
dessin se cristallise sur cette force
d’évocation,
de
caractérisation
d’attitudes des protagonistes représentés. La couleur revêt une énorme importance, car elle permet de
jouer de plans différents, de créer une atmosphère. En gouache, c’est la rapidité qui doit s’imposer. La
lenteur dans le geste et la composition m’ennuie. C’est à la fois instinctif, comme appliqué sur le vif et
dans le même temps il y a un savoir, une expérience rattachés à la création d’une couleur. Instinct et
savoir sont ici mêlés. Je pose d’ailleurs ma couleur en acceptant qu’elle soit mal mélangée, qu’il puisse y
avoir des matières, des dépôts. L’important est aussi que l’on puisse ressentir une sorte de vibration dans
la couleur. Cela fait partie du rythme du dessin et de sa profondeur.
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Le félin que vous avez imaginé est
comme nu, dépourvu de sa queue, à vif,
tout en essayant désespérément de se
dissimuler.
Germano Zullo : Lorsque les inconditionnels
des chats témoignent, ils avancent que le
matou est plus honnête que son compagnon
humain bipède, qu’il est indépendant et a
son caractère bien tranché. Hemingway a
d’ailleurs écrit : "Le chat est d'une honnêteté
absolue : les êtres humains cachent, pour
une raison ou une autre, leurs sentiments.
Les chats non". Notre chat est très jeune et,
partant, d’une extrême naïveté. Il découvre
Le Chat sans queue.
la vie. On sent qu’il a été très protégé et
Photo du spectacle.
câliné par ses parents. C’est alors le
moment où il est invité à cultiver son
émancipation. Il va ainsi devoir s’extraire du
cocon familial avec une différence notoire. Qui ne va pas sans susciter la moquerie chez les autres.
Comment avez-vous travaillé à partir de la dynamique graphique d’Albertine proposant des
personnages aux formes allongées sur des à-plats colorés ?
G. J. : Les intuitions plastiques de départ sont, à chaque fois, confrontées à un matériau. Ce dernier
peut-être ainsi le tissu plissé à l’occasion du Zoo de Monsieur Jean, les figurines bidimensionnelles
sur La Promenade du roi ou le plastique thermoformé au détour des personnages de Chaperon
Rouge Cartoon. Il y a ici la tentative de trouver une jolie analogie entre la façon dont Albertine
déforme ses silhouettes, leur faisant prendre des poses éminemment graphiques. Ces figures ont
déjà inscrites en elles un mouvement particulièrement étonnant. Il s’agit alors de prolonger, moduler,
amplifier le fait qu’ils sont deux marionnettes.
Le souci est de préserver le caractère ingénu et l’esprit subtil que cette illustratrice met dans ses
dessins. L’œil occupe une place considérable dans les réalisations d’Albertine. Ainsi les yeux sont-ils
réalisés de manière très simple, évoquant de loin en loin, certains dessins animés : une petite tache
blanche piquée d’un point noir, d’une bille s’y baladant. Cette qualité de regard se doit de trouver un
équivalent jusqu’au cœur des personnages.
4. Pour la différence
Le chat sans queue sait qu’il est un peu différent des autres et que cette différence sera remarquée.
Il sait aussi que nul n’est parfait, sauf peut-être la très belle voltigeuse qui effectue depuis toujours
semble-t-il des acrobaties aussi périlleuses qu’élégantes dans le ciel. Tout le monde admire la très
belle voltigeuse. Cependant, s’il pouvait choisir, il est certain que le chat sans queue choisirait d’être
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normal. Tout simplement normal. Il
serait comme les autres et n’aurait
ainsi pas à subir leurs humiliations.
La différence peut alors se métamorphoser
Il ne serait pas non plus obligé de
en perfection et la perfection devenir normalité.
se cacher ou de fuir. Se pourrait-il
néanmoins que dans cette course
éperdue le chat sans queue trouve
remède à sa différence quelque
part ? Au magasin de queues
peut-être ? Ou alors grâce aux pouvoirs de la magicienne du coin de la rue ? Et s’il se faisait voleur
de queues, après tout ?
L’histoire du chat sans queue est racontée par deux spécialistes de la différence, Marcel et JeanClaude, véritables experts en excentricités, mais pour qui, de toute évidence, le chat sans queue
n’est pas suffisamment différent pour garnir leurs cabinets de curiosités respectifs. Ils auraient sans
doute préféré faire le récit du chat à deux têtes…
Cette petite fable nous rappelle, s’il était encore besoin, qu’une règle universelle semble dicter notre
comportement : se complaire dans la normalité, éviter la différence et tendre à la perfection. Il n’est
donc jamais facile de rester soi-même au milieu des autres, d’autant plus que, très souvent, sans
prévenir et sans que l’on sache vraiment pourquoi ni comment, quelqu’un ou quelque chose
redistribue les cartes après les avoir mélangées, la différence peut alors se métamorphoser en
perfection et la perfection devenir normalité.
Germano Zullo
5. Les lieux d’une fable
Un spectacle de marionnettes, c'est
avant tout une esthétique dominante et
un traitement stylistique du mouvement.
Ici les dessins d'Albertine donnent le
ton. Le traitement de ses pages
colorées où personnages et paysages
jouent de contraste, où humains,
animaux et objets s'amusent à se
déformer, à jouer de disproportions,
l'importance donnée à l'œil, au regard
de chacune des figures, la joyeuse
fantaisie qui émane des pages
gouachées et qui crée ce climat de
naïveté ingénue : c'est là tout l'univers
de cette graphiste.
Le Chat sans queue. Photo du spectacle.
Lorsque le marionnettiste s'empare de cette œuvre graphique, il souhaite en préserver les
caractères dominants et avant tout la puissance et la fraîcheur de la couleur. Il veut s'attacher
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ensuite à faire que les personnages de l'histoire trouvent une dynamique de mouvement qui
préserve le caractère bidimensionnel, le traitement en ligne claire des dessins d'Albertine.
Les lieux de l'histoire ensuite : quelques signes, la silhouette d'une maison, les quelques marches
d'un escalier, un banc sous un arbre…
Deux conteurs manipulateurs mènent ce ballet de figurines qui semblent sorties d'un album de la
graphiste. Ils endossent parfois un habit de marionnette devenant personnages parmi les héros de
l'histoire. On change vite de lieu dans l'espace clos de cette petite scène, aussi rapidement que
lorsqu'on tourne la page d'un album. Les personnages se déforment, semblent se réduire ou
s'allonger, s'enroulent pour mieux disparaître… Là ils réapparaissent en ribambelle et mènent une
farandole joyeuse et légère. Au final, une façon de jouer et de se jouer des limites d'un espace à
deux dimensions.
Guy Jutard
6. Les Marionnettes et la musique
Le personnage du chat sans queue est accompagné à chacune de ses apparitions par
une signature musicale caractéristique comme c’est le cas dans certains dessins animés.
Cette composition rend compte des émotions et ressentis du jeune félin plus sûrement
que ne le ferait le filet des mots. Les compositions musicales se partagent entre une
atmosphère reflétant les parades liées à l’univers du cirque, les numéros des différents
animaux (crocodile, girafe, lion) qui se déploient au cœur d’un chapiteau stylisé aux
couleurs pimpantes. Sans oublier des moments de rêveries accompagnant les évolutions
entre ciel et terre d’une fabuleuse trapéziste.
Les deux protagonistes sont proches du duo clownesque ou du tandem à la Sempé. Ils
évoluent, à l’ouverture de la pièce, sur un air de chachacha en puisant à l’aide de leur filet
à papillons les curiosités et étrangetés qui habitent la ville. Cet air entraînant accompagne
également leur présentation commune de leur "téléachat" burlesque et décalé. La
compositrice n’est autre qu’Hélène Zambelli qui a collaboré à plusieurs créations
présentées au Théâtre des Marionnettes, dont la célèbre Sorcière du placard aux balais
d’après un récit de Pierre Gripari (2005 et 2009).
7. L’enfant et la honte
L’impudeur infantile des premières années permet de remarquer que, tant que le petit ne se soucie
pas de la manière dont il existe dans l’esprit de l’autre, il n’a aucune raison d’avoir honte… S’il
ressent un besoin ou une pulsion, il l’adresse à l’autre sans tenir compte de l’effet que ça pourrait
produire dans cet autre monde. En revanche, dès qu’il devient capable de se représenter que la
représentation de sa pulsion peut gêner l’autre, l’enfant devient apte à la honte, c’est le début de la
morale !...
Une petite honte est la preuve d’une bonne maturité biologique et d’un bon développement des
aptitudes relationnelles. Une grande honte révèle une sensibilité exacerbée proche de la crainte, une
tendance à se dépersonnaliser pour laisser la place à l’autre. Quand à l’absence de honte, elle
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témoigne d’un arrêt du développement et d’une incapacité à se représenter d’autres mondes que le
sien.
Boris Cyrulnik
8. Un sentiment commun à tous
La honte est l'un des principaux facteurs compromettant la résilience. Dans Mourir de dire. La honte
(Odile Jacob, 2010), le neuropsychiatre et éthologue Boris Cyrulnik explore cette émotion en croisant
anecdotes personnelles, découvertes neurobiologiques et regards psychanalytiques. La honte peut
nous tourmenter, mais sans elle, nous ne sommes pas humains.
Pour avoir choisi le thème de la honte pour votre livre ?
Boris Cyrulnik : Il y a plusieurs facteurs qui empêchent la résilience, un mot désignant
plusieurs processus qui permettent de résister à un traumatisme et/ou de se reconstruire après
lui. On trouve l’isolement, le non- et
la honte. La phrase typique du
honteux, c’est : "J’aurais voulu
rentrer sous terre." C’est une
La honte a un effet
phrase de gibier, le honteux se
tranquilisant, sécurisant.
terre pour se protéger. Mais ce
mécanisme de protection empêche
la résilience, en isolant. Par
ailleurs, le thème me touche
personnellement puisqu’à cause de mon enfance, j’ai pu me sentir monstre, hors de
l’humanité… Pour vous rendre honteux, je dois provoquer en vous une représentation verbale,
familiale ou culturelle : "Tu es minable, tu es moins que moi, je te méprise…" La honte est le
pouvoir que je donne au regard de l’autre. Moi, le honteux, je désire être près de l’autre, mais je
pense qu’il va mal me juger, ce qui d’ailleurs, à mon insu, ne sera peut-être pas le cas. Je suis
malheureux sous son regard, je suis honteux d’une représentation que j’ai de moi par rapport à
ce que j’imagine que l’autre pense de moi.
Pour vous, la honte est une émotion qu’on ne peut partager. Vous évoquez des
"camouflages linguistiques" pour dissimuler cet inavouable…
B. C. : La plupart du temps, le camouflage est une compensation : un enfant très choqué par le
spectacle de ses parents se battant devant lui pourra inventer des stéréotypes pour les
dépeindre comme des gens formidables, conformes aux stéréotypes de notre culture. Ce peut
donc être le refuge dans l’imaginaire. Quand on est adulte et qu’on veut éviter la honte, par
exemple quand il faut licencier des gens qu’on aime bien, on se camoufle, comme le dit Hannah
Arendt, derrière des formules administratives permettant d’éviter l’émotion. Mais c’est un leurre
verbal. Ce n’est pas un mensonge, car le menteur ment pour se protéger parce qu’il se sent
agressé.
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Jusqu’où la honte peut-elle affecter notre organisme même ?
B. C. : La honte est un stress constant : rencontrer quelqu’un d’autre n’étant pas une
exploration amusante mais une agression ("il va mal me juger, il va comprendre que je suis
minable…"), les marqueurs du stress sont biologiquement épuisants. L’inhibition de nos
comportements, avec l’immobilité de parole et de comportement, demande une décharge
d’énergie énorme. De plus, la même information, neutre pour un enfant ou un adulte qui a
confiance en lui ou qui se sent soutenu, est une alerte pour le honteux… Lorsqu’on peut agir
sur le monde intime du honteux et surtout sur sa socialisation, les mêmes informations cessent
d’être perçues comme des alertes, le honteux se sent moins honteux, il apprend à parler, à
entrer en relation.
La honte a-t-elle joué un rôle dans
l’évolution ?
B. C. : J’ai envie de répondre oui,
parce que la honte nous permet de
vivre ensemble, de nous côtoyer et de
partager les mêmes valeurs, les
mêmes préjugés. J’ai honte de me
teindre les cheveux en vert ou d’être
trop marginal : si je veux m’intégrer au
groupe, je dois me soumettre un peu à
la pression de conformité. Le fait
d’avoir honte ou d’être fier des mêmes
représentations participe probablement
au sentiment d’appartenance, qui est
un excellent tranquillisant. La honte a
un effet socialisant, sécurisant.
Le Chat sans queue. Photo du spectacle.
Propos recueillis par Jean-François Marmion
9. Les chats sans queue existent
Quand un chat est dépourvu de queue, on dit qu’il est "anoure". Il ne s’agit pas d’animaux
malchanceux qui l’ont perdue suite à un accident, mais bien de véritables races (Manx,
Cymric) sélectionnées par rapport à cette étrange caractéristique physique. Ces chats ont
un misérable pompon en guise de queue, voire une absence totale de cette extrémité.
Mais quelles sont les répercussions de l’absence de queue sur la vie d’un chat ?
En premier lieu, la queue est un moyen de communication important. C’est en effet à
travers la queue que le chat envoie différents signaux, compréhensibles par tous (même
les humains apprennent aisément à les déchiffrer) et surtout visibles même à une
certaine distance.
La queue reflète son état du moment, prévient les jeunes enfants du coup de griffe
imminent lorsque le chat s’énerve et remue sa queue nerveusement de gauche à droite.
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Mais ceci n’est qu’un exemple ; le chat possède une gamme de messages articulés
extrêmement variée, riche et subtile qu’il envoie par le biais de sa queue. Le chat qui en
est dépourvu rencontre donc un énorme handicap dans son mode de
communication.
Un autre aspect de la vie du chat est aussi fortement pénalisé en l’absence de queue : le
sens de l’équilibre. Les chats se servent de leur queue pour maintenir l’assiette dans
deux positions délicates : quand ils courent et quand ils tombent.
• L’élasticité de leurs articulations leur permet d’atteindre des vitesses prodigieuses, mais
le plus surprenant reste leurs changements de direction impromptus, lorsqu’ils
pourchassent une proie ou sont eux-mêmes coursés par un chien. Les changements de
direction peuvent être effectués grâce à la queue qui sert en quelque sorte de
gouvernail. Sans queue le chat est donc un moins habile à la chasse et est plus
vulnérable.
• Quand le chat tombe d’un arbre il se met dans une position particulière ; les pattes
amortissent la chute mais c’est la queue qui permet au corps de se mettre dans la bonne
position. Elle contrôle la rotation, et fait office de parachute incorporé. C’est grâce à elle
qu’il retombe toujours sur ses pattes. Elle lui est indispensable en cas de chute.
Cette sélection de races par absence de queue n’a en conséquence pas d’autre but que
de répondre à des critères esthétiques. Aucune raison concrète ne pousse à avoir un
chat sans queue, si ce n’est celle de posséder un animal hors norme, particulier ou
exotique. Pour l’animal il ne s’agit cependant pas que d’une question de goût.
En effet, comme bien souvent, les races animales créées par l’homme à travers
différentes sélections répondent à des canons de beauté dictés par la mode et ne
tiennent presque jamais compte des difficultés que ces choix peuvent occasionner.
Site : www.waliboo.com
10. Le Monde d’Albertine
Albertine est une artiste et illustratrice genevoise. Elle a notamment collaboré à l'Hebdo comme
illustratrice de presse. Elle enseigne la sérigraphie à l'Ecole supérieure d'arts visuels de Genève.
Germano Zullo et Albertine ont reçu en 2003, au Festival international d'animation d'Annecy le prix
spécial de la SACD et le prix Canal + pour un projet de court métrage d'animation de l'album Le Génie
de la Boîte de Raviolis. Elle a publié de nombreux livres illustrés sur des scénarios de Germano Zullo
notamment. Son dernier ouvrage paru est une adaptation très personnelle du Chat botté. Où elle
habille l'histoire, fidèle en tout point à celle écrite par Perrault, des dessins pétillants et colorés qui la
caractérisent. Un "bel exercice", confie-t-elle, qui devrait donner suite à d'autres mises en images de
contes de fées.
A l’image de son album La Rumeur de Venise, ses univers sont souvent empreints d’une douce
poésie surréaliste qu’accompagnent un humour léger et une profonde tendresse envers les êtres, les
animaux et la nature. "L'album se présente dans un élégant format allongé mais se décline de
manière panoramique sous la forme d'un livre-accordéon. L'histoire se passe à Venise. Une rumeur
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enfle peu à peu autour d'un poisson ramené de la pêche. Le poisson assez commun au demeurant
devient un énorme poisson dans la bouche de la voisine puis un espadon dans celle du voisin, puis
une baleine puis une énorme pieuvre et même un monstrueux monstre marin et enfin une sirène! La
rumeur se répand de maison en maison (sous la forme de bulles imagées qui grossissent
parallèlement à la rumeur) par des vénitiens accolés à leurs balcons, estomaqués et volubiles. Et
d'ailleurs, quand arrive le bout de la lagune et qu'il n'y a plus de voisin à prévenir, il n'y a plus de
rumeur : la sirène, libérée de sa bulle, peut rejoindre tranquillement les eaux de la Méditerranée.
L'illustration d'Albertine mêle avec harmonie des montages photographiques en camaïeu représentant
de beaux palais vénitiens et des dessins aquarellés aux formes longilignes tout à fait caractéristiques
de son style", nous détaille le site de l’Armitière.
Sur un texte de Germano Zullo Les Oiseaux est un album dessiné par Albertine. Parvenu au terme
d’une route, un chauffeur de camion ouvre la porte de sa remorque. Un geste qui permet à des
oiseaux de prendre leur envol. Seul reste un petit oiseau, timide. Un lien complice se tisse entre le
camionneur et l’oiseau. Dans Ligne 135, inspiré d'un voyage au Japon, le lecteur suit le parcours
d'une ligne de monorail du cœur d'une mégapole jusqu'à la campagne. A l'intérieur du train, une petite
fille que sa maman vient de quitter sur le quai et qui va rendre visite à sa grand-mère. Les paysages
se succèdent, et les pensées de la fillette défilent à leur rythme.
Albertine a entre autres signé les affiches des plusieurs éditions de la Fête de la Musique et de la
Course de l’Escalade à Genève. Depuis la saison 2009-2010, elle réalise l’ensemble des visuels du
Théâtre des Marionnettes de Genève.
11. L’Equipe artistique
Olivier Carrel
En 2009 et 2012, il joue notamment Le Roi fatigué dans la reprise du Roi fatigué cherche royaume pour
vacances, spectacle créée en 2007, reprise ADC, Nuthonie, Divonne, Thonon, dans une m.e.s. d’Evelyne
Castellino. Au Théâtre des Marionnettes de Genève, il joue en 2008 dans Gilgamesh, Soucis de plume (2009)
et sa tournée en 2009-2013 ainsi que dans Les petits commencements (2012) . Parmi les spectacles dans
lesquels il a joué : Chambre froide, monté par Valérie Poirier en 2006 au Théâtre du Pommier (Neuchâtel) ;
Tranches Express, dans une m.e.s signée Isabelle Matter en 2006, Les Yeux de la Ville, Genève et Vaud ;
Hamlet, Grand Théâtre, m.e.s. par J-M Criqui en 2006 ; Signé Jules Verne d'Anne Gaud Mc Kee en 2005 Uni de
Physique, Genève, Le Globe CERN, Genève, m.e.s. d’Anne Gaud Mc Kee ; Au fil des étoiles d' Anne Gaud Mc
Kee-Uni Mail, Genève Forum Meyrin, Théâtre Benno Besson, Yverdon, m.e.s. d’Anne Gaud Mc Kee en 2005 ;
Le Prunus de Noelle Renaude dans une m.e.s d’Evelyne Castellino (2005), La Parfumerie (Genève). En 2009, il
est manipulateur dans Les Bouffons de la Confédération, série TV à sketches de Yann Lambiel et Thierry Meury
sur Léman Bleu TV.
Jacques Douplat
Epris de farces et de spectacles de cirque, il crée la troupe de spectacle de rue le Magidik Bus Circus en 1992.
Des formations dans des écoles de cirques suivent, puis il entame sa formation d’éducateur, où la pratique
théâtrale dans le cadre de la prévention spécialisée tient naturellement une place privilégiée. Il co-fonde la
Compagnie « Pas de Panik » en 2001 qui présentera son spectacle de clown Aroum Bakar en France, avant
d’entamer la même année une formation à l’école Serge Martin, à Genève. Il joue dans la série « Entre
amis »sur la chaîne Léman Bleu. Au Théâtre des Marionnettes de Genève, il incarne un rôle de lapin dans
Lapins carottes, celui de comédien marionnettisé dans Mademoiselle Niaka et joue dans Gilgamesh. Il est
comédien manipulateur dans les spectacles pour tout petits Bonhommes Tiroirs et Turlututu ! créés au TMG. Il
est également comédien dans les hôpitaux, puisque sa première passion de le quitte pas : il est clown
hospitalier à Genève (Hôpiclowns) et Lyon.
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Germano Zullo
Dès 1996, il publie aux Editions La Joie de lire, avec l'illustratrice Albertine de nombreuses histoires pour
enfants ainsi que la bande dessinée Lucette cherche un amoureux paraissant dans le magazine Femina. Il écrit
aussi des histoires érotiques et des poèmes. Dans son texte, Quelques années de moins que la lune, il fait
retour à ses terres de l’enfance et de l’adolescence. Et s’interroge sur le rapport entre vécu et imaginaire, en
explorant, comme il l’écrit, « l'architecture complexe du mystère qui nourrit la création ». Il signe le récit dont est
librement adapté Le Chat sans queue au TMG.
Guy Jutard
Plasticien et pédagogue, fondateur du Théâtre Archimage de Moulins (France), il dirige le TMG depuis juillet
2002. Il aime mettre en évidence dans ses spectacles les liens entre l'univers pictural et celui des mots. Il a
ainsi créé pour les plus jeunes des contes autour de Paul Klee, Marc Chagall, Henri Matisse. Pour les très
jeunes, il a imaginé une trilogie autour du cercle, du carré et du triangle. Pour le public adulte, il a réalisé :
J'aurais aimé vous dire, Les Chaises d'après Ionesco, L’Épreuve du cercle d'après Brecht, L'Atelier volant
d'après Novarina, Un Homme qui rit d'après Hugo, Petite suite pour corps et quelques mots, Doux maux
d’amour et maux-croisés, la Cour des petits, Soucis de plume, Petit Poucet, Chaperon rouge cartoon, Grandpère, Les petits commencements. Il aime faire se rencontrer sur la scène l'acteur et la marionnette.
Horaires des représentations
Représentations publiques
LE CHAT SANS QUEUE
Mer
10
--Avril
Sam
13
--Dim
14
11h00
Mer
17
--Sam
20
--Dim
21
11h00
Mer
24
--Sam
27
--Dim
28
11h00
15h00
17h00
17h00
15h00
17h00
17h00
15h00
17h00
17h00
Représentations scolaires
Les représentations scolaires sont aussi accessibles aux journalistes.
LE CHAT SANS QUEUE
Jeu
11
09h30
Avril
Ven
12
--Mar
16
09h30
Jeu
18
09h30
Ven
19
09h30
Mar
23
09h30
Jeu
25
09h30
Ven
26
09h30
14h15
14h15
14h15
14h15
14h15
14h15
14h15
14h15
Pour des informations complémentaires :
Bertrand Tappolet
Théâtre des Marionnettes de Genève
3, rue Rodo - cp 217 - 1205 genève 4
tél. +41 (0) 22 807 31 04
mobile +41 (0) 79 517 09 47
e-mail [email protected]
Davantage d’informations sur : www.marionnettes.ch
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