L`expérience JCM : L`histoire de Samuel
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L`expérience JCM : L`histoire de Samuel
L’expérience JCM : L’histoire de Samuel Gendron et d’Erin Ennis, anciens de JCM Samuel Gendron Programme Jeunes Leaders en Action – Indonésie/Truro (N.-É.) 2008-2009 J’ai rarement eu l’impression d’être à ma place dans la vie. Lorsque j’ai commencé JCM à Truro en Nouvelle-Écosse, j’ai eu certaines difficultés dans les premières semaines. Je venais de passé un an en Colombie-Britannique et mon style de vie était beaucoup moins sain. Après un certain temps, j’ai mentionné aux 2 superviseurs de mon projet que je pensais quitter Jeunesse Canada Monde. Je croyais que cette expérience n’était pas pour moi et je voulais retourner travailler en Colombie-Britannique. Il s’est ensuite passé un événement qui a changé ma vie. La journée suivante, pendant une activité éducative de groupe, mon superviseur indonésien est venu me présenter le formulaire de départ. J’avais la feuille de papier entre les mains et je m’apprêtais à signer quand il m’a dit : « Tu sais, si tu tournes à droite, cela représente que pour toi le programme est terminé et il n’y a plus moyen de revenir. Par contre, si tu tournes à gauche et tu te pourras te donner la chance de croire en toi-même, continuer le programme et quitter plus tard après avoir tout essayé. » J’ai décidé de ne pas signer le formulaire. J’ai passé si près de quitter que j’avais l’impression que chaque seconde après cette journée-là était un bonus. Pendant les semaines suivantes, je me suis rapproché de mon homologue et de ma famille d’accueil. Je peux affirmer avec certitude que mes 3 mois en Nouvelle-Écosse m’ont permis de trouver le frère que je n’ai jamais eu et de changer ma vision de la vie. J’ai appris à profiter du moment présent. Lorsque nous sommes arrivés en Indonésie, mon homologue a bien pris soin de moi. Dans notre groupe, nous avions la réputation d'avoir la meilleure relation entre homologues. Nous étions très autosuffisants et nous passions beaucoup de temps ensemble. Nous parlions de la vie sur le bord de la mer et j’ai réalisé que malgré nos différentes cultures nous nous ressemblions beaucoup. L’être humain a des questions qui sont universelles et des réponses qui sont culturelles. Adi, mon homologue, vient d’une famille très pauvre. Je me rappelle après quelques jours en Indonésie, je m’étais plaint que nous mangions toujours à même chose. Il m’avait dit : « tu sais, au moins tu manges… » Vers la fin du programme, j’avais hâte de revenir dans mon luxe au Canada. Avec une toilette, de l’eau chaude et surtout de la poutine! Adi par contre, perdait du luxe de la maison de notre famille d’accueil indonésienne et retournait dans la pauvreté. Je me sentais très mal de laisser la personne qui avait totalement changé ma vie sans changer la sienne. Lorsque j’ai vu Adi pour la dernière fois à l’aéroport, il y a une partie de moi qui est restée en Indonésie. J’étais convaincu que notre relation n’était pas terminée et que nous n'avions pas vécu nos plus beaux moments encore. Cette certitude ne venait pas du cœur, mais de quelque chose de beaucoup plus puissant. Je peux simplement affirmer que lorsque j'étais avec mon homologue, j'étais meilleur et plus fort. Je crois qu’Adi pense la même chose de moi aussi. À son retour, Adi a terminé son Baccalauréat et est devenu professeur d’anglais. Il m’a toujours dit que son rêve était d’ouvrir une école d’anglais. Étant entrepreneurs dans l’âme, nous avons décidé de commencer à élaborer ce projet ensemble en 2010. Il fut difficile de démarrer ce projet dû aux normes internationales. Par contre, nous n’avons pas abandonné et nous sommes maintenant partenaires de l’entreprise Eduprana. Notre première école ouvrira dans la ville natale d’Adi en septembre prochain et nous prévoyons ouvrir plusieurs écoles au courant des prochaines années. Je finance à 100 % l’entreprise actuellement, mais il serait impensable pour moi d’envoyer autant d’argent dans un autre pays sans la relation que j’ai développée avec mon homologue. Adi n’aurait jamais pu réaliser son rêve sans mon aide et cela va lui permettre de sortir de la pauvreté. Il s’est marié il y a environ 1 mois et j’étais très triste de ne pas être à son mariage. Par contre à moyen terme, je suis convaincu que nous allons nous voir régulièrement et recommencer à prendre des laits de coco sur le bord de la mer comme dans le bon vieux temps. Jeunesse Canada Monde a changé ma vie. Ce programme m’a permis de rencontrer des gens extraordinaires et surtout un frère pour la vie. Grâce à ce programme, j’ai une entreprise en partenariat avec mon homologue et nous allons continuer à améliorer l’éducation en Indonésie. Je suis heureux d’avoir pris la décision de ne pas quitter le programme, car il m’a donné les outils nécessaires pour entamer un projet de vie. Merci à Travis, mon superviseur canadien, merci à Andi, mon superviseur indonésien, merci à mon groupe et merci à Adi mon homologue, frère et maintenant partenaire d’affaires. Nous allons changer le monde comme tu as changé ma vie. Erin Ennis Programme Jeunes leaders en action Tanzanie-Peterborough (Ontario) 2011 Je rêvais de participer à un programme de Jeunesse Canada Monde (JCM) depuis l’âge de 15 ans. Après ma première année d’étude à l’université de Regina, je me suis inscrite et j’ai été acceptée dans un programme Jeunes leaders en action qui allait d’abord me mener en Tanzanie en juillet 2011, puis à Peterborough (Ontario) quelques mois plus tard, en octobre. J’ai vite tissé des liens avec les huit autres membres canadiens de mon groupe, et je savais déjà à ce moment que ces liens seraient durables. Nous étions tous tellement emballés de partir pour l’Afrique ! Après notre atterrissage en Tanzanie, nous nous sommes rendus aux bureaux de notre organisme d’accueil, UVIKIUTA, où notre superviseur tanzanien et nos huit collègues volontaires de ce pays nous ont reçus à bras ouverts avec de la musique, du rire et de l’excellente nourriture. Le fait que le séjour d’échange à l’étranger venait en premier dans notre programme représentait autant de défis que d’avantages. D’abord, j’ai tout de suite été immergée dans une culture différente, ce qui a entraîné un inévitable choc culturel. Heureusement, ça a renforcé le lien qui m’unissait à ma merveilleuse homologue Caroline, qui savait me rassurer et m’aider à comprendre ce nouveau contexte. J’avais hâte d’apprendre un peu de Swahili, de goûter à de nouveaux plats et de confronter ma mentalité aux valeurs de la société tanzanienne. Caro et moi étions hébergées dans la même maison qu’une autre paire d’homologues, et nous sommes devenues comme quatre sœurs. Nous vivions chez une famille très chaleureuse : notre Baba, notre Mama, Mama mdogo (tante) et sa jeune fille. Étant donné que toutes les familles d’accueil faisaient partie de l’organisme pour lequel nous travaillions, tous les membres du groupe vivaient à proximité les uns des autres en plus de travailler ensemble. Nous avons connu les parents et les jeunes enfants de toutes les familles d’accueil. Nous, les Canadiens du groupe, étions déjà tous très proches, mais ça ne nous a pas empêchés de nous lier d’amitié avec nos homologues tanzaniens. Comme UVIKIUTA accueille d’autres volontaires de l’étranger grâce à ses divers programmes, nous avons aussi eu la chance de connaître des gens de partout dans le monde et de travailler avec eux. J’avais été placée dans un jardin botanique, où je plantais des arbres. C’était tout un défi puisqu’il s’agissait de travail manuel et que nous ne disposions pas toujours de l’équipement nécessaire. Malgré tout, nous avons réussi à planter beaucoup d’arbres et à construire une clôture tout autour du périmètre. Nous avons aussi pu manger de la canne à sucre et de la noix de coco et regarder jouer les singes verts ! Les programmes JCM ne sont évidemment pas des voyages touristiques, mais nous avons quand même eu la chance de passer quatre jours sur la superbe île de Zanzibar pour notre évaluation de mi-projet hors de notre communauté d’accueil. Le manque d’autonomie que je ressentais me pesait parfois. Cela dit, si je pouvais refaire le programme au complet, je fermerais probablement les yeux sur ce détail et je me concentrerais vraiment sur les contacts avec les gens de la communauté de Chamazi. À Peterborough, nous nous sommes bien amusés ! Nous étions plus libres, mais nous n’habitions malheureusement plus tous dans le même coin. Ça avait quand même du bon, puisqu’il nous a fallu explorer et apprendre à connaître Peterborough. Je travaillais pour le Kawartha Turtle Trauma Centre, et j’ai adoré ce placement ! J’avais un superviseur fantastique et j’aimais beaucoup m’occuper directement des tortues blessées. Pendant l’étape canadienne du programme, c’était à moi qu’il revenait d’aider mon homologue à surmonter son choc culturel et de lui faire découvrir les meilleurs aspects de la vie au Canada. Je recommande aux futurs volontaires de JCM de prendre cette responsabilité au sérieux et aussi d’en profiter, car avant que vous vous en rendiez compte, votre programme sera terminé. Le 18 décembre est éventuellement arrivé et nous avons dû nous faire nos adieux à l’aéroport de Montréal. Nous étions tous très tristes et émotifs. Mon groupe de JCM était devenu une famille ! Ce programme peut s’avérer assez intense. Il arrive que les jeunes volontaires ressentent de la frustration par rapport à certaines des restrictions culturelles auxquelles ils sont soumis et du processus d’adaptation nécessaire, ou qu’il y ait des tensions personnelles au sein du groupe. C’est parfois difficile de maintenir une saine dynamique entre les membres du groupe ou entre deux homologues. Il faut travailler fort, avoir l’esprit ouvert, être créatif et savoir organiser des ateliers. Si vous faites tout ça, et de votre mieux, vous en retirerez d’étonnantes récompenses. Vous aurez établi des amitiés pour la vie et gagné une deuxième famille ailleurs dans le monde. Vous connaîtrez une culture différente, mais en bénéficiant du point de vue d’une personne de l’endroit, et vous aurez vécu une aventure qui aura changé votre vie