Visites des lieux de cultes chrétiens dans leur diversité - UTL

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Visites des lieux de cultes chrétiens dans leur diversité - UTL
PROGRAMME DES VISITES DES
Par Maxime CUMUNEL (en liaison avec Jean-Luc POUTHIER)
Ce programme de 6 visites est conçu comme une plongée au cœur du patrimoine religieux chrétien de la capitale
et nous permettra de questionner l’architecture religieuse comme expression de l’évolution des gouts et des
besoins du culte.
La première étape, à saint Nicolas des Champs, nous permettra de résumer les bases de l’architecture catholique
et son évolution au fil des siècles, du Moyen Age à Vatican 2, en s’émerveillant des trésors qui ont ici survécus,
même aux épisodes révolutionnaires.
Les deux visites suivantes nous mènerons à la découverte des cultes chrétiens orientaux puis protestants, dans
des édifices catholiques reconvertis, ce qui nous permettra de mieux cerner l’évolution de l’architecture et du
décor de ces édifices au gré de leurs affectations successives.
Nous partirons ensuite à la découverte d’édifices orthodoxes, anglican et arméniens, conçus spécialement pour le
culte qu’ils abritent. La « pureté » de leur architecture, adaptée aux usages contemporains démontre le
développement des cultes minoritaires dans la France déjà mondialisée de la belle époque.
Enfin, une promenade au cœur du IXème arrondissement de Paris nous permettra de mieux cerner l’évolution
architecturale de Paris à l’heure du triomphe haussmannien, époque qui fut marquée par une meilleure
acceptation des cultes minoritaires
10 janvier 2014 : St Nicolas des champs
RDV devant l’église, 254 rue Saint Martin, Paris 3ème arrondissement, 10h00
Métro Réaumur –Sébastopol et Arts et Métiers
Ancienne chapelle dépendant de l’abbaye de Saint-Martin attestée dès
1119, Saint-Nicolas-des-Champs devient église paroissiale en 1184 et
fut reconstruite à de nombreuses reprises, au gré de l’évolution
démographique du quartier et des moyens disponibles. Ainsi, si les
sept premières travées datent d’avant 1420, les colonnes bordant le
chœur ne sont installée qu’en 1745.
Ornée au fil des siècles par les plus grands artistes, elle s’enorgueillit,
entre-autre, d’un petit portail (donnant sur la rue Cunin-Gridaine)
signé Philibert de l’Orme (1510 – 1570), d’un orgue de Clicquot
datant de 1777, sans oublier de superbes retables. Au sein du cœur on peut encore admirer le chef
d’œuvre de l’église : un splendide retable monumental en marbre signé Simon Vouet (1590 – 1649,
premier peintre de Louis XIII) et Jacques Sarrazin (1992 - 1660, sculpteur et fondateur de l’Académie
Royale de peinture et de sculpture, et mari de la nièce de Simon Vouet).
Miraculeusement épargné par la révolution, qui transforme l’église en Temple de l’Hymen et de la
Fidélité, ces trésors sont aujourd’hui presque intacts et nous permettent d’admirer une église parisienne
embellie sans interruption depuis sa construction.
Remaniée au XIXème siècle dans un style gothique tardif, l’édifice comprend encore ses parties les plus
anciennes, datant du XVème siècle, qui ont savamment été intégrées au fil des aménagements opérés au
cours des siècles. Outre ce rhabillage gothicisant, l’église est également enrichie de nombreuses
peintures au cours de ce siècle, provenant d’autres églises parisiennes, parmi lesquelles de grandes
signatures françaises et italiennes, sans oublier des commandes passées spécialement pour elle pendant
la Restauration.
Très émouvante, Saint-Nicolas-des-Champs, église presque
incontestablement une des plus riches et des plus élégantes de Paris.
millénaire
du
Marais
reste
1. 17 janvier 2014 : Notre Dame du Liban, Saint Ephrem & Saint Julien le Pauvre
RDV au 79 rue Galande, Paris 5e, 10h00
Métro Cluny-la-Sorbonne ou Saint-Michel
1. Saint-Julien-le-Pauvre
Construite au XIIe siècle, Saint-Julien-le-Pauvre est considérée
comme l’une des plus anciennes églises de Paris existantes. Erigée
sur les fondations d’une ancienne
chapelle au carrefour de deux grandes
voies romaines, elle présente une
architecture gothique de transition.
Victime des vicissitudes du temps, elle
devint en 1660 la chapelle de l’HôtelDieu avant d’être fermée lors de la destruction de ce dernier. Déclarée
bien national à la Révolution, elle fut utilisée comme grenier à sel en 1790
avant d’être classée MH en 1846 puis cédée en 1889 à la colonie grecquemelkite catholique de Paris qui la consacra au rite byzantin.
2. Saint-Ephrem
L'édifice actuel est la troisième chapelle édifiée sur le site. La première
chapelle est édifiée vers 1334 : André Ghini, évêque d'Arras, transforme à cette époque son hôtel
parisien en collège pour des étudiants italiens, le collège des Lombards. Ce collège est racheté en 1677
par deux prêtres irlandais qui le transforment en collège des Irlandais ; ils construisent vers 1685 une
deuxième chapelle.
La chapelle actuelle est édifiée en 1733. Elle cesse ses activités religieuses en 1825. Elle est finalement
rachetée par la mairie de Paris qui l'attribue en 1925 à la Mission syriaque catholique en France.
L'édifice date du XVIIIe siècle. Il est en retrait par rapport à la rue.
3. ND du Liban
Construite vers 1893 sur les plans de l'architecte Jules-Godefroy Astruc, elle est inaugurée le
13 mai 1894 et allouée aux Pères Jésuites de l'école Sainte-Geneviève. Avec les lois sur la séparation des
Églises et de l'État en 1905, elle est délaissée par les jésuites puis affectée en 1915 au culte maronite. En
1937, le foyer franco-libanais est établi autour de la paroisse. De 1990 à 1993, d'importants travaux sont
réalisés dans l'église (toiture, verrière, rosace…).
L'unique autre église maronite française s'appelle également Notre-Dame du Liban et est située à
Marseille.
L'église Notre-Dame-du-Liban a connu également un rôle culturel avec pendant plus de 30 ans, le label
de musique classique Erato qui y a effectué la plupart de ses enregistrements. Plus de 1 200 disques y
ont été enregistrés[réf. nécessaire], notamment par le flûtiste Jean-Pierre Rampal, le trompettiste
Maurice André ou l'orchestre de chambre Jean-François Paillard.
En 1984, sur une suggestion de Robert Calle, directeur de l'Institut Curie attenant, le lieu a été investi
durant six mois par l'artiste espagnol Miquel Barceló qui y installe un atelier temporaire et peint sa série
de tableaux sur le Louvre1 exposée l'année suivante au Centre d'arts plastiques contemporains de
Bordeaux.
2. 24 janvier 2014 : Temple du Marais & Eglise des Billettes
RDV au 22-24 rue des Archives, Paris 4e, 10h00
Métro Hôtel de ville
1. Temple des Billettes
Fondée par Philippe le Bel pour commémorer le miracle de la Sainte Hostie, cette
église fut donnée en 1299 aux frères de la Charité de Notre-Dame. Un siècle plus
tard, le niveau de la rue étant rehaussé, une nouvelle église fut bâtie au-dessus de
l’ancienne. Le cloître, situé sur le flanc nord de l’église, date de 1427; il est le plus
ancien cloitre gothique conservé à Paris.
En 1631, les frères de la Charité cèdent leur couvent aux Carmes, qui confient la
restauration de l’église, entre 1756 à 1758, à un architecte dominicain : le frère
Claude. Si sa façade est inspirée de celle de la magnifique église du « Gesù » de
Rome -merveille de l’architecture romaine du XVIIème siècle -, le plan est original :
la nef et ses bas-côtés sont directement prolongés par le chevet circulaire, sans
transept.
Depuis le Concordat - comme un pied de nez à l’histoire pour ce monument de la Contre-Réforme l’église des Billettes est affectée au culte protestant et restauré grâce à la générosité de la princesse de
Courlande (1761 – 1821), calviniste. Élément principal de sa décoration, la chaire en bois de chêne
sculpté date des années 1830-1840. La sacristie conserve quant à elle de très belles peintures italiennes
et flamandes des XVIIème et XVIIIème siècles, témoignage de son passé catholique.
2. Temple du Marais
Ancienne église du couvent de la Visitation, l’actuel temple du Marais fut
construit à l'initiative de François de Sales et de Jeanne de Chantal de 1632
à 1643. Elevée sur les dessins de François Mansart, alors âgé de 35 ans,
elle s’enorgueillit d’une coupole de 13,50 m de diamètre, qui lui confère
une remarquable unité et servit de modèle à l’Abbaye royale du Val de
Grâce et à la cathédrale Saint-Louis des Invalides. De nombreuses familles
y furent inhumées, dont les Coulanges et les d’Ormesson, ou encore le
surintendant Fouquet.
Le monastère des Visitandines fut détruit dans les années qui suivirent la
Révolution et son église affectée par le Concordat au culte Réformé qui
est célébré depuis le 1er mai 1803.
Construite en 1632 ? par François Mansart sur le modèle du Panthéon de
Rome, la coupole de l’église, rotonde de 13,50 m de diamètre, fut le
modèle qui servit à l’Abbaye royale du Val de Grâce, à la cathédrale Saint Louis des Invalides et à tous
les dômes et coupoles de Paris.
Le bâtiment est classé monument historique par un arrêté du 18 février 1887 sous le nom de temple
Sainte-Marie.
3. 31 janvier 2014 : Cathédrale orthodoxe grecque Saint-Etienne
RDV au 7, rue Georges Bizet, Paris 16ème à 10h00
Métro Alma Marceau ou George V
Erigée à la demande des Schilizzi, grande famille de mécènes de l’Eglise
orthodoxe et construite de 1890 à 1895, cette église est donnée à l’Etat
grec. Inaugurée le 22 septembre 1895, elle est dédiée à Saint Stéphane et à
Saint Etienne. Elle devient une cathédrale en 1963.
L'architecte Joseph Vaudremer (1829-1914) exploite le terrain en forme
de « L » pour y bâtir une église et la maison presbytérale. Il s'agit d'une
construction rappelant le plan traditionnel des églises orthodoxes dit en
croix grecque inscrite avec sa coupole centrale sur pendentifs.
Les peintures murales réalisés par le peintre Charles Lameire (1832-1910),
auteur d’imposants décors à la basilique Notre Dame de Fourvières de
Lyon et à l’Eglise de la Madeleine à Paris, s’inspire largement des décors
byzantins.
Inscrit au titre des Monuments historiques, l'édifice présente une riche
décoration et de belles verrières.
4. 7 février 2014 : Cathédrale américaine de Paris & cathédrale arménienne
RDV au 23 avenue Georges V, Paris 8e, 10h00
Métro Alma-Marceau ou Georges V
1. La Cathédrale américaine de Paris dite église américaine de
la Trinité
La cathédrale américaine de Paris possède le statut de paroisse et de siège
de l’évêché.
En 1881, l’architecte britannique George-Edmund Street édifia une
cathédrale de style néo-gothique, inaugurée en 1886. L’église est en
constante référence à l’art anglais, à travers notamment son architecture et
ses vitraux. Les drapeaux des cinquante et un états flottent dans la nef. La
cathédrale est empreinte du style « revival » et d’un fort mysticisme. Les
chapelles latérales renferment des chefs d’œuvre picturaux du XVème et
XVIème siècle, tel qu’une Nativité de Jacopo Bassano (1515-1592). La
cathédrale constitue le principal monument de l’avenue Georges V (anc. avenue de l’Alma jusqu’en
1918). L’édifice est inscrit Monument Historique depuis 1997.
2. La cathédrale arménienne Saint-Jean-Baptiste de Paris
Premier lieu de culte de la communauté arménienne à Paris, cette église est
implantée depuis le début du XIXème siècle dans la capitale, est alors
composée d’environ 2 000 personnes, essentiellement industriels,
commerçants, ou étudiants venus du Caucase ou de l’empire ottoman.
Au début du XXème siècle, la question d’un lieu de culte arménien se pose.
Jusque-là, les Arméniens se rassemblaient dans une église protestante rue de
Vienne. Il faut attendre 1902, date à laquelle Alexandre Mantacheff, riche
magnat du pétrole, achète le terrain et finance la construction. Impressionné
par la toute récente église Notre-Dame-de-la-Consolation, il décide de confier la construction de sa
cathédrale au même architecte, Albert Guibert. Il lui demande alors de donner à l’édifice une
architecture arménienne inspirée de la cathédrale d'Etchmiadzine. La première église arménienne de
Paris est finalement consacrée en 1904 et n’a pas changé d’affectation depuis.
5. 14 février 2014 : le patrimoine religieux du IXème arrondissement, promenade
multiconfessionnelle
RDV devant l’église ND de Lorette 1 rue Fléchier Paris 9ème à 10 heures
Métro Notre-Dame de Lorette
Cette visite sera une promenade au cœur du IXeme arrondissement de Paris et illustrera le renouveau de
l’architecture religieuse au début de l’époque contemporaine marquée, comme aujourd’hui, par un
grand renouveau urbain et stylistique d’une part, et par « l’explosion » des cultes minoritaires d’autres
part, qui recomposent déjà le paysage du patrimoine religieux.
1. Notre-Dame de Lorette (extérieur & intérieur)
La construction de l’église débute en 1823 sous le règne de Louis
XVIII et s'achève en 1836 sous Louis-Philippe.
Bien avant le baron Haussmann, Paris faisait déjà l’objet de grands
travaux. Une chapelle Notre-Dame-de-Lorette, autrefois située au
54 de la rue Lamartine fut démolie par la Révolution. Par la suite
une chapelle Saint-Jean-de-Porte-Latine fut élevée sur ce qui est
aujourd'hui le carrefour de Chateaudun. En 1821, décision est prise
de construire l'église actuelle pour répondre au besoin de cette
paroisse devenue importante.
Louis-Hippolyte Lebas est le seul architecte à proposer une construction sur pilotis, nécessaire compte
tenu de la nature du sol. Ami d'Ingres, Lebas lui demanda de l'aider au choix des artistes qui décoreront
l'édifice. À l'origine l'église devait s'ouvrir au nord, mais le plan fut inversé après le percement de la rue
Laffitte.
Le début du XIXe siècle est caractérisé par un néoclassicisme qui transparaît dans l’église Notre-Damede-Lorette. Retour à un classicisme antique, certes, mais également retour aux primitifs chrétiens. Les
décorations murales sont ainsi peintes directement sur les murs. Le plan est un plan basilical classique
sans transept visible de l’extérieur comme à Sainte-Marie-Majeure de Rome. La façade comporte un
fronton représentant l'hommage de six anges à la Vierge et l'Enfant réalisé par Charles-François
Lebœuf. Au-dessus du fronton, des statues rappelant les acrotères antiques représentent les trois vertus
théologales: la Charité au centre secourant deux enfants par Charles-René Laitié, l'Espérance avec
l'ancre de Philippe Joseph Henri Lemaire, et la Foi avec le calice et l'hostie par Denis
Foyatier. La devise Liberté, Égalité, Fraternité au-dessus de l'entrée principale a été
rajoutée en 1902.
Son décor intérieur est absolument remarquable et reste l’un des plus riches de Paris.
2. Temple de la rue Chauchat (extérieur & intérieur – sous réserve)
Reconstruit en 1843, cet Ancien bâtiment des douanes érigé par Lussau de 1821 à
1825 dans le style de l'architecte Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) a été affecté au
culte luthérien. Le temple des Billettes se révélant trop petit, le premier culte y fut
célébré le 25 juin 1843. La duchesse d'Orléans, Hélène de Mecklembourg, y était
assidue, ainsi que le baron Haussmann, dont les funérailles furent célébrées ici.
3. Église de la trinité (extérieur & intérieur)
Décidée en 1860 dans le cadre de la modernisation de Paris initiée par l’Empereur Napoléon III, la
construction de l’Eglise débute en 1861 et s’achèvent en 1867. Théodore Ballu, à l’origine de la
Basilique Sainte-Clothilde, en est l’architecte. Elevée dans un quartier central de la capitale, et en pleine
mutation, elle est conçue comme étant le carrefour de la capitale destinée à être vue depuis l'Opéra de
Paris.
Cette église, un temps rêvée cathédrale de la rive droite, répond à un style très éclectique. En effet,
Théodore Ballu s’inspire aussi bien de la Renaissance italienne que du style gothique. Cependant, il
utilise des techniques résolument modernes, puisqu’il intègre, de manière visible, des éléments
métalliques dans toute sa structure.
Elle passe néanmoins pour avoir été très économique malgré le luxe des décorations — un peu moins
de 4 millions de francs de l'époque. Le bâtiment n'en est pas moins impressionnant avec ses 90 m de
long, 34 m de large, 30 m de hauteur et son clocher qui culmine à 65 m de hauteur.
Imaginé par Alphand, un petit square orne la devanture de l’église tandis que son clocher, haut de 65
mètres, est semblable à un beffroi. Les symboles de la Trinité – du chiffre trois - et des vertus cardinales
sont hautement représentés. Mais ceux-ci conditionnent avant tout l’architecture et l’agencement de
l’église. De nombreuses œuvres d’artistes renommés y sont présentées ; dont celles d’Elie Delaunay,
Félix Barrias, Paul Dubois, Félix Jobbé-Duval…
L’église de la Trinité est un monument fondamental de l’architecture religieuse du Second Empire.
Consacrée en 1913, la paroisse de la Trinité est la première de France à être confiée à la communauté de
l'Emmanuel par Mgr Lustiger en 1986, pour y animer l'ensemble du service pastoral2.
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