Le PCT au bord de l`implosion ? Le Professeur - (DAC)

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Le PCT au bord de l`implosion ? Le Professeur - (DAC)
Le PCT au bord de l'implosion ? Le Professeur Grégoire LEFOUOBA prend ses distances avec SASSOU N
Écrit par La Tribune d'Afrique
Samedi, 15 Août 2015 13:26 - Mis à jour Samedi, 15 Août 2015 13:37
A la suite des prises de position de Marion Madzimba Ehouango, Tout Bouge Okombi
Salissa, Charles Zacharie Bowao, Etienne Mokondzi Mabé, Jacques Banagadzala, Léon
Ibovi
etc... Le
Professeur
Grégoire Lefouoba
sort de son silence et prend ses distances avec les méthodes du
PCT
.
La Tribune d'Afrique: Le Congo s'apprête à célébrer les 13,14 et 15 Août prochain le 55ème
anniversaire de son accession à la souveraineté internationale.
On sait que dans la liesse populaire les filles et fils du Congo se souviennent de ces dates avec
beaucoup d'émotion. Est-ce que le Congo a des raisons de se réjouir de son indépendance?
Professeur Grégoire LEFOUOBA: On a toujours des raisons pour justifier une réjouissance,
un acte. Pour le cas de notre indépendance, pourquoi pas. Surtout ceux qui ont connu la
colonisation, c'est très important. En 55 ans ce qui est visible c'est le changement intervenu
dans l'amélioration des conditions de transport au moyen des routes bitumées. Dans les autres
domaines c'est un échec; par exemple l'école. On continue à être assis à même le sol sans que
cela n'inquiète personne. On danse et on est content quand la base de la société se détruit.
La Tribune d'Afrique: Quelle évaluation pouvez-vous faire de la démocratie congolaise de la
conférence à nos jours?
Professeur Grégoire LEFOUOBA: Notre démocratie est en panne. Je préfère ne pas qualifier
la démocratie au Congo en disant la démocratie congolaise car j'ai entendu des énormités ou
intellectuelles d'un autre âge du genre démocratie à l'Africaine comme si on peut parler de la
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chimie à l'africaine ou de la biologie à la congolaise. Revenons à votre question après avoir
clarifié le paradigme.
Notre démocratie est en panne faute de démocrates. Il y a une élite parasitée par la facilité et le
mensonge, la roublardise et même la flagornerie.
La démocratie dans un pays se manifeste par la contradiction érigée en système méthodique et
le lieu de vérification c'est au niveau des medias d'Etat. Je remarque que les médias d'état sont
devenus ceux du gouvernement comme au vieux temps de la guerre froide, du règne de la
Pravda. J'observe par exemple qu'il n'y a aucune émission de débat contradictoire, il y a une
propension au monologue.
Lors de la transition démocratique sous Milongo et sous le Professeur Lissouba, il y avait des
débats d'opinions. Je ne dis pas que c'était parfait mais il y avait la manifestation de la
circulation de l'intelligence et des idées. Le constat actuel est que Télé Congo et Radio Congo
sont des médias au service d'une seule opinion, celle du pouvoir.
Pour preuve l'autre dialogue n'était pas sur les antennes. Quand on agit ainsi c'est un aveu de
faiblesse. Qu'on me prouve le contraire ! C'est désolant et ahurissant. On affaiblit ainsi les
lumières dans un pays.
La Tribune d'Afrique: Dans les pays européens, les partis politiques sont soit de gauche ou de
droite ou encore du centre. Quelle est la spécificité de la démocratie congolaise? Au Congo, les
sociaux-démocrates s'opposent entre eux. Y a-t-il une explication à cela?
Professeur Grégoire LEFOUOBA : L'enseignement commence par la langue ou les signes
pour les mal entendants. La confusion est énorme dans ce domaine. En définitive les partis de
la même obédience devraient former des alliances stratégiques en dernière instance et ne
devraient pas s'affronter comme nous le voyons au Congo. En plus, la confusion est entretenue
par notre ignorance de la typologie ou la classification des partis politiques.
Chez nous, le Centre se définit comme un milieu entre la majorité (le pouvoir) et la minorité
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(l'opposition). C'est un drame national et à l'étranger on trouve cela comme une incongruité
purement congolaise. Je mets au défi quiconque de me dire le contraire sur cet aspect pour que
le débat s'éveille dans le pays, argument contre argument. Une faute n'est pas une spécificité,
c'est une erreur et c'est tout.
La Tribune d'Afrique: Quel est le père de la Conférence Nationale Souveraine? Quel est le
père de la démocratie congolaise?
Professeur Grégoire LEFOUOBA: Pourquoi seulement le père et la mère, ce serait plus
compréhensible. Bref, Bakounine, je répondrai en disant " Ni dieu, ni maître". La Conférence
Nationale est une affaire nationale dans une ambiance nationale sous l'instigation des forces
conjuguées de la Perestroïka et la Glasnost, de la Baule et quelques velléitaires au sein et en
dehors du PCT. Ce sont les signataires de la Lettre ouverte qui peuvent revendiquer d'être les
géniteurs et les syndicats de l'époque. Cette histoire est une Histoire des forces sociales de
progrès dans notre pays. Cependant la démocratie, son père est la symbiose des forces
revendicatives et le Président du Pct de l'époque, Sassou Nguesso Denis.
La Tribune d'Afrique: Le Congo s'éloigne t-il de la démocratie ou est-il proche.
Professeur Grégoire LEFOUOBA: Manifestement le Congo est en train de tourner le dos
à la démocratie "moderne", civilisée et consciente des enjeux de l'évolution de
l'humanité. Dans quel pays au monde où le Député devient le constructeur d'écoles ou
d'Hôpitaux, distributeurs de produits pharmaceutiques, des soins infirmiers, des actes
médicaux. Et puis, on laisse faire, on embrouille le peuple, la population. On est en train
de créer une démocratie du faire semblant, des vrais faux riches. On expose la
population à la corruption et au viol des consciences.
De cette manière, on infantilise les gens. Leur misère devient un appât pour exhiber
notre générosité de circonstance, honteusement exprimée. A cette allure, on va bien
regretter le monopartisme qui au moins avait une puissante Commission de contrôle et
de Vérification du PCT pour veiller à l'éthique des hommes et femmes politiques.
On se comporte pire qu'au temps du parti unique notamment les appareils idéologiques
de l'Etat, précisément la radio et la télé renvoient à un âge archaïque d'où la frénésie à
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écouter les Radio étrangères comme RFI, BBC et la Voix de l'Amérique. Ainsi on crédite
tous les propos de l'opposition parce que leur accès hypothétique dans les médias
nationaux laisse croire finalement qu'elle a raison.
La Tribune d'Afrique: Il y a un débat qui a cours dans le pays lié à la réforme des institutions,
est-il un débat démocratique ou d'hommes.
Professeur Grégoire LEFOUOBA: A la réflexion c'est les deux à la fois. Le débat n'a pas
cours dans le pays mais dans la rue. Ce qui est grave. Trop de malice et de sous-entendus à la
fois techniques et politique. Et Certains prennent le prétexte d'un discours "supposé
démocratique" pour résoudre des problèmes d'allure personnalisée. Les arguments de deux
camps sont tellement pauvres qu'en réalité, tout semble être confondu. A cause de la
maladresse des discours des uns et des autres, on a l'impression que les deux camps opposés
ne sont pas sincères. Et puis s'installe une honteuse confusion, des slogans dans les deux
camps. Constitution de la paix par-ci, ce qui veut dire qu'il y a quelque part ceux qui sont contre
la paix. Les partis politiques sont si faibles en arguments et qu'on a l'impression est un pays
d'hommes embrouillés. Les invectives chaque jour, aucun argument sérieux.
L'arrogance des uns est supplée et recyclé par l'assurance des autres. Quelle élite?
Au total c'est à la fois par la forme un semblant d'échange de délibération démocratique mais
en réalité chacun règle intelligemment le problème de l'autre dans une affaire aussi importante
comme la Loi fondamentale.
La turpitude devenue un exercice national de bon goût nous suivra jusqu'à quand ? On fait des
textes soit pour viser X ou Y et après on se rend compte que ce n'est plus bon, on recommence
et on change de discours, et ainsi ça recommence tout le temps, on dramatise sans trêve, des
suspicions, pas de sincérité. On menace par-ci, on délibère par-là et au fond pour des intérêts
égotiques et égoïstes.
La Tribune d'Afrique : Votre dernier mot?
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Professeur Grégoire LEFOUOBA: Mon premier a été le dernier et si vous voulez, par la
politesse des manières, je vous remercie car vous contribuez à l'animation et à la survie du
débat réellement démocratique. Longue vie et bon vent à la Tribune d'Afrique/.
Source La Tribune d’Afrique
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