For your eyes only (Rien que pour vos yeux)

Méthodes et pratiques scientifiques: Science et investigation policière
For your eyes only
(Rien que pour vos yeux)
I)
Introduction
Les méthodes d'investigation en matière de recherche de la vérité dans les affaires criminelles ont évolué au
cours du temps.
Au moyen âge, on s'en remettait au jugement de Dieu ou ordalie. La personne soupçonnée d'un
crime devait traverser un lit de braise pieds nus ou plonger ses bras dans du plomb fondu. S'il s'en
sortait sans blessures, son innocence était alors avérée.
Lorsque deux personnes se contredisaient, on avait recours à l'"ordalie de la croix". Les deux
protagonistes devaient garder les bras levés à l'horizontale le plus longtemps possible. Raison était
donnée à celui qui restait le plus longtemps dans cette position d'où l'expression "baisser les bras".
C'est ainsi qu'un grand nombre d'innocents montèrent au gibet.
Vers le XV° siècle, le recours aux barbiers-chirurgiens constitue le premier pas vers une expertise
technique et scientifique du crime.
Barbiers, arracheurs de dents et autres artisans ayant quelques notions d'anatomie sont consultés
pour donner leur avis sur les circonstances de la mort d'une personne.
A-t-elle été empoisonnée? D'où viennent ces traces suspectes sur le corps? Avec l'apparition des
armes à feu, les armuriers seront aussi amenés à apporter leur contribution à la justice.
Au XVI° siècle, une corporation d'experts en écriture est créée pour apporter son analyse en matière
de faux.
Dans la deuxième moitié du XIX° siècle, le souci
majeur des enquêteurs est d'empêcher la récidive.
Mais les récidivistes vont avoir du mal à avouer
leurs crimes passés sous peine d'aggraver leur
peine. Les enquêteurs font pression sur eux
("Tiens, te voila encore", "ça faisait longtemps")
ou utilisent des moyens plus brutaux pour obtenir
des aveux. L'expression "passage à tabac" (et par
extension le verbe tabasser) vient du fait que
l'enquêteur ayant obtenu les aveux d'un récidiviste
recevait en prime un paquet de tabac.
Embauché dans les années 1870 par la préfecture
de Paris, Alphonse Bertillon constate que les
mêmes personnes passent régulièrement par les
services de police sous des noms différents.
Il décide donc de faire sur ces individus des
relevés de dimensions de leurs mains, oreilles,
Fiche anthropométrique de Jules Bonnot, chef de la
nez…
"bande à Bonnot" premiers gangsters à utiliser une
L'anthropométrie est née et sera complétée par la voiture pour leurs braquages (21 décembre 1911 à
Paris).
suite par la photographie.
Selon Bertillon "l'indice matériel est la seule chose qui ne mente pas". Ainsi, en 1910 à Lyon, pour
la première fois en France, deux individus sont condamnés sans aveu ni témoignage dans une
affaire de vol uniquement à partir de leurs empreintes digitales découvertes sur les lieux.
La criminalistique se base alors sur le principe d'échange de Locard (Edmond Locard: fondateur du
premier laboratoire de police scientifique à Lyon en 1910): "l'action criminelle d'une personne
laisse des traces d'elle et de ses accessoires sur les lieux de son forfait et le malfaiteur emporte
avec lui des traces des lieux visités et de la personne agressée".
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L'unicité des empreintes digitales (étudiée depuis 1823) va être supplantée dans les années 1990 par
l'identification par l'ADN. Chaque individu possède un patrimoine génétique unique. Il faudra alors
que les enquêteurs puissent retrouver sur la scène de crime des "bouts" de criminel.
Cette technique va s'ajouter aux techniques classiques de la criminalistique telles que balistique,
toxicologie, entomologie légale, recherche des traces de sang, de fibre textiles… techniques en
constante évolution grâce aux progrès technologiques.
II)
La scène de crime
La police reçoit un coup de téléphone venant d’une personne ayant découvert un crime dans une pièce.
Cette personne n’a touché à rien et appelle la police.
Celle-ci décide d’envoyer sur place une équipe technique de la police scientifique.
Quels indices les enquêteurs vont-ils devoir relever?
Diaporama "Scène de crime"
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La personne a-t-elle eu raison de ne pas entrer davantage dans la pièce?
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III)
L'encre est elle sympathique?
Dans l'appartement de M et Mme Frapon, une pierre entourée d'une feuille de papier blanc a été retrouvée.
A priori, on ne saisit pas l'intérêt de joindre une feuille de papier blanc à un éventuel projectile.
C'est pourquoi ces deux objets vont faire l'objet d'analyses plus poussées.
Les techniciens de l'INPS découvrent sur le papier la présence anormale d'ions iodure (I-), ce qui laisse
supposer qu'un message invisible a été rédigé sur cette feuille.
Penchons nous donc sur la réalisation d'une encre sympathique.
1) Action de la vitamine C sur la Bétadine .
Dans un tube à essais, verser de la solution de Bétadine diluée sur environ 1 cm de hauteur.
Ajouter environ le même volume de solution d'acide ascorbique (vitamine C).
Observer:
2) Action de l'eau oxygénée
Rajouter maintenant dans le tube à essais un peu d'acide chlorhydrique puis de l'eau oxygénée.
Observer (cela peut prendre un peu de temps):
3) Interprétations
a) Disparition de la teinte
La Bétadine est un antiseptique constitué principalement d'une solution aqueuse de diiode (I2).
La vitamine C ou acide ascorbique a pour formule brute C6H8O6.
Cette molécule est facilement oxydable et va se transformer en une autre molécule de formule brute
C6H6O6 notamment en présence de diiode. Cette dernière molécule se décompose alors en ions iodure.
En déduire l'équation bilan de la réaction ayant lieu entre la vitamine C et la Bétadine :
b) Réapparition de la teinte
En présence d'eau oxygénée (H2O2) et d'ions hydrogène (H+), les ions iodure réagissent et se transforment
en molécules de diiode (I2). L'autre produit qui se forme est l'eau.
En déduire l'équation bilan de la réaction ayant lieu entre les ions iodure et l'eau oxygénée (peroxyde
d'hydrogène):
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4) Réalisation d'un message à l'encre sympathique
Proposer un protocole permettant, en exploitant ces résultats, de rédiger puis révéler un message écrit à
l'encre sympathique.
Mettre en œuvre ce protocole pour rédiger un message.
Echanger avec un autre binôme vos messages afin de les révéler.
5) Autres encres sympathiques
Chercher à l'aide d'internet un autre procédé d'encre sympathique et mettre celui-ci en œuvre si le matériel
est disponible.