Le Journal de l`Institut Curie - n°74
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Le Journal de l`Institut Curie - n°74
LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER ACTUALITÉS Recherche : coup de pouce à l’immunothérapie anticancéreuse ENTRE NOUS Courir pour la Vie : 113 communes mobilisées pour plus de 157 000 euros de dons DOSSIER Génétique Des progrès au bénéfice des patients # 74 - MAI 2008 - 1,25 € - ISSN 1145-9131 JIC74_P1.indd 1 18/04/08 15:19:23 SOMMAIRE ÉDITORIAL Recherche : coup de pouce à l’immunothérapie p. 3 anticancéreuse grâce à la génétique Innovation : la chimiothèque, réservoir de médicaments potentiels p. 4 Actualités générales Soleil et peau : les bonnes résolutions de l’été Cancers colorectaux : le dépistage pour maître mot p. 5 p. 6 FICHE PRATIQUE h Don d’organes : du prélèvement à la greffe, une grande chaîne de solidarité p. 7 h DOSSIER p. 8 Noak/Le Bar Floréal/IC GÉNÉTIQUE : DES PROGRÈS AU BÉNÉFICE DES PATIENTS Questions au Pr François Doz, de l’Hôpital de l’Institut Curie Décryptage : puces à ADN, elles disent tout sur les gènes La signature génomique à l’épreuve du réel p. 9 p. 10 p. 14 ENTRE NOUS h Initiatives Courir pour la Vie : 113 communes mobilisées p. 15 pour plus de 157 000 euros de dons Mécénat : Areva finance un équipement d’anesthésie et une salle de réveil p. 16 Soutenir autrement : contre le cancer, vous êtes les meilleurs p. 18 alliés de l’Institut Curie Rétrospective Balade dans Paris avec Marie Curie p. 19 Noak/Le bar Floréal/Institut Curie ACTUALITÉS h Institut Curie Vaincre le cancer avec l’Institut Curie Ne serait-ce qu’en regardant autour de moi, j’ai réalisé que nous sommes tous des malades potentiels, et que certains — trop nombreux — sont déjà touchés par le cancer. C’est la raison pour laquelle je soutiens la recherche. À l’Institut Curie, Michel Desjoyeaux, navigateur, le Centre de recherche fondamentale, parrain bénévole les laboratoires de recherche appliquée de l’Institut Curie et la structure hospitalière forment un tout. La générosité des donateurs est ainsi, au bout du compte, au bénéfice du malade ; « du producteur au consommateur », s’il est possible de s’exprimer ainsi. Ce qui est marquant à l’Institut Curie, c’est également sa capacité d’innovation que j’ai constatée en visitant ses laboratoires. Mais à quoi servent ces progrès ? En voile comme en cancérologie, c’est pour gagner du temps. Face à la maladie, il faut transférer au plus vite les progrès de la recherche. Le sport nécessite de la volonté, de l’engagement, de la pugnacité… autant de valeurs auxquelles les malades et ceux qui les entourent sont attachés. Mais la voile a cette particularité : quand on est seul au milieu de l’océan, on ne peut décider d’arrêter brutalement, de sortir du terrain pour rejoindre le vestiaire et prendre une douche. Cet effort qui ramène le navigateur à la Terre promise est aussi celui que fournissent les patients atteints de cancer. Au-delà de l’opération Une Jonquille pour la Vie1, je me suis engagé à aider l’Institut Curie dans la durée, à lui donner la visibilité qu’il mérite, tant ses enjeux concernent notre société dans son ensemble. 1. Lire page 17. ERRATUM Dans l’éditorial de notre précédente édition, quant aux nouvelles dispositions fiscales, il fallait lire : « Depuis la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat, dite loi Tepa, les contribuables assujettis à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) peuvent déduire de leur impôt 75 % des dons effectués, dans la limite de 50 000 euros ». LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER EST ÉDITÉ PAR L’INSTITUT CURIE, 26 RUE D’ULM, 75248 PARIS CEDEX 05 - FAX: 01 43 25 17 56 - JOURNAL.CURIE@CURIE. FR - WWW.CURIE.FR - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : PR CLAUDE HURIET - RÉDACTRICE EN CHEF : NATHALIE BOISSIÈRE – RÉDACTION : CÉLINE GIUSTRANTI, LAURENCE MAUDIT, MARIE-LAURE MOINET – ICONOGRAPHIE : CÉCILE CHARRE (01 44 32 40 51) SAUF RUBRIQUE RÉTROSPECTIVE LENKA BROCHARD (01 55 43 14 74) - DONS ET ABONNEMENTS : YOVAN VUJOSEVIC (01 44 32 40 80) ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO : ALAIN AURIAS, PR PIERRE BEY, PATRICIA DE CREMOUX, DR VERONIQUE DIERAS, PR FRANCOIS DOZ, PR DANIEL LOUVARD, DR LAURENT MIGNOT, DR SOPHIE PIPERNO-NEUMAN, FRANCOIS RADVANYI, SERGIO ROMAN-ROMAN, ANNE VINCENT-SALOMON, DR GUDRUN SCHLEIERMACHER, BRIGITTE SIGAL, PR DOMINIQUE STOPPA LYONNET DE L’INSTITUT CURIE – LE SOMMAIRE, LES TITRES, CHAPÔS, INTERTITRES, ILLUSTRATIONS ET LÉGENDES SONT DE LA RESPONSABILITÉ DE LA RÉDACTION EN CHEF ET N’ENGAGENT QU’ELLE (01 53 00 10 00) – FABRICATION : TCGRAPHITE PHOTO DE COUVERTURE : GETTYIMAGES/MEDIOIMAGES - ABONNEMENT POUR 4 NUMÉROS/AN : 6 € - CRÉATION ET RÉALISATION : (MONTREUIL) – IMPRESSION : LA GAILOTE PRENANT 70, RUE AUBERT 94783 VITRY-SUR-SEINE - NUMÉRO DE COMMISSION PARITAIRE : 0907H82469 - DÉPÔT LÉGAL DU # 74 : MAI 2008 - CE NUMÉRO A ÉTÉ IMPRIMÉ À 140 000 EXEMPLAIRES. Il est accompagné d’une information sur le don par prélèvement automatique pour certains adressés. 02, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE JIC74_P2_3.indd 2 17/04/08 12:41:59 ACTUALITÉS INSTITUT CURIE ,RECHERCHE Coup de pouce à l’immunothérapie anticancéreuse Depuis de nombreuses années, l’Institut Curie participe activement au développement de stratégies innovantes en immunothérapie, en particulier la vaccination dite « thérapeutique ». Elle lance aujourd’hui un vaste programme de recherche dans ce domaine. h Avec un budget Noak / Le Bar Floréal / Institut Curie U n nouveau Programme incitatif et coopératif (Pic) « Immunothérapie et cancer » a été initié en janvier dernier, avec pour objectif de coordonner recherche fondamentale et clinique sur l’immunothérapie des cancers et de favoriser quatre projets communs entre l’Institut Curie et l’Institut Pasteur. Ces nouvelles stratégies de « vaccination anticancéreuse » constituent un réel espoir pour la prévention des rechutes tumorales provoquées par les cellules cancéreuses qui ont échappé aux traitements classiques. Les projets envisagés dans le cadre de ce Pic font intervenir à la fois des chercheurs fondamentaux et des cliniciens, et seront réalisés en collaboration avec le Département de transfert de l’Institut Curie. D’une durée de trois ans, ce programme représente une belle opportunité de coordonner et de mettre en commun les efforts et les moyens des deux instituts dans ce domaine. Le Pic « Immunothérapie et cancer » bénéficie d’un budget de 459 000 euros pour trois ans ; il est entièrement financé par la générosité publique1. Il constitue, une fois encore, un remarquable exemple de l’étroite et constante collaboration entre les équipes médicales et scientifiques de l’Institut Curie. Mis en place à l’Institut depuis 1996, ce type de programme mobilise des médecins et des chercheurs de 459 000 euros pour trois ans, le programme « Immunothérapie et cancer » de l’Institut Curie devrait permettre de développer la stratégie de vaccination thérapeutique, porteuse d’espoir pour les malades. de différentes disciplines et favorise les interactions entre les domaines de recherche situés aux interfaces. L’Institut Curie, l’un des plus importants centres français de recherche clinique, offre l’ensemble des compétences scientifiques et médicales permettant la mise au point de nouvelles stratégies thérapeutiques comme l’immunothérapie. Ainsi, à l’Institut Curie, des protocoles innovants d’immunothérapie sont à l’étude avec la participation de patients traités pour des mélanomes de l’œil et des cancers du col de l’utérus. Tadzio Lathière 1. Lire aussi p. 17 « Une Jonquille pour la Vie ». VACCINATION THÉRAPEUTIQUE, OU COMMENT STIMULER NOS DÉFENSES NATURELLES CONTRE LE CANCER Le principe de la vaccination thérapeutique consiste à stimuler le système immunitaire1 du patient pour qu’il s’attaque plus efficacement aux cellules cancéreuses. L’essor de l’immunothérapie2 a débuté avec la découverte en Belgique, en 1991, des premiers antigènes tumoraux. Ces molécules spécifiques d’une cellule cancéreuse sont en effet capables de déclencher une réaction immunitaire. Depuis, de nombreux antigènes ont été découverts. Après avoir déterminé l’antigène tumoral à utiliser, celui-ci est introduit dans l’organisme sous forme de fragment. Il va alors déclencher une cascade de réactions qui vont aboutir à la mise en route du système immunitaire. Ce système complexe, qui peut agir dans l’ensemble de l’organisme, va pouvoir traquer les cellules cancéreuses où qu’elles soient. On parle ainsi de « vaccins thérapeutiques » contre le cancer. T. L. h Pour en savoir plus 1. Conférence « Le système immunitaire », Les Mardis de l’Institut Curie, 27 mai 2008 (lire l’Agenda p. 16). 2. « Sur la piste des vaccins thérapeutiques » – Le Journal de l’Institut Curie #62. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE JIC74_P2_3.indd 3 ,03 17/04/08 12:42:30 ACTUALITÉS INSTITUT CURIE h La chimiothèque de l’Institut Curie abrite déjà 10 000 molécules, parmi lesquelles certainement des médicaments de demain. N. Marie/Institut Curie EN BREF LIVRE TINO, LE CHAT, LUTTE CONTRE LE RÉTINOBLASTOME L’association Rétinostop publie Mon œil nouveau, un livret destiné aux enfants porteurs d’une prothèse oculaire. Le chat Tino converse avec son amie Mirabelle et communique ainsi au jeune lecteur sa force de vie face à l’implantation d’une prothèse oculaire. Le rétinoblastome est une tumeur grave de l’œil qui touche le jeune enfant et dont le traitement nécessite dans certains cas de remplacer l’œil malade par une prothèse. Ce livre devrait aider les parents à trouver les mots dans cette situation, heureusement rare. h Mon œil nouveau, un petit livre pour en ,INNOVATION La chimiothèque, réservoir de médicaments potentiels F ruit de trente ans de recherche, la chimiothèque du laboratoire Conception, synthèse et vectorisation de biomolécules CNRS/Institut Curie compte aujourd’hui plus de 10 000 substances chimiques rassemblées dans une banque de données unique. Elle permet de tester en haut débit des candidats médicaments. Récemment, une nouvelle classe d’antiviraux a ainsi été découverte grâce au criblage d’une collection de molécules de cette chimiothèque par les chercheurs de l’Institut de génétique moléculaire de Montpellier. Il s’agit de substances capables de bloquer l’infection par le virus du sida VIH-1 en empêchant la maturation du génome du virus et donc sa multiplication. La chimiothèque de l’Institut Curie occupe ainsi une position de leader dans un grand nombre de domaines des sciences médicales, notamment en cancérologie. Céline Giustranti Source : Plos Pathogens, 26 octobre 2007. ,CANCÉROGÉNÈSE parler, dessinateur, créateur : Jean-René Ménard, distribué par les professionnels, dès 2 ans, 24 p. Pour en savoir plus : www.retinostop.org GSK3, agent double LEUCÉMIE L Source : Blood, 11 décembre 2007. 04, Maxence Fischer L’inactivation d’une des deux copies du gène CDKN1B contribue au développement de la leucémie prolymphocytaire T, une pathologie rare. Telle est la découverte faite à l’Institut Curie par une équipe de l’Unité Inserm Génétique et biologie des cancers. La copie non altérée fonctionne normalement et produit la protéine équivalente, mais dans une quantité moindre que la normale. Or cette réduction quantitative est suffisante pour participer à la transformation tumorale des cellules. de plusieurs gènes impliqués es protéines Maf jouent dans la migration cellulaire un rôle important dans et l’apparition de la progression tumorale, métastases cancéreuses. particulièrement dans le Mais, heureusement, un myélome multiple : elles rétrocontrôle automatique sont en surnombre dans entraîne ensuite la la moitié de ces cancers dégradation de MafA. du sang. L’équipe Autre présomption sur Signalisation Raf et Maf l’agent double : GSK3 est dans l’oncogenèse et déjà connue pour réguler le développement, Interagissant avec l’ADN, la protéine GSK3 est tantôt l’activité d’autres protéines UMR 146 CNRS/Institut antitumorale, tantôt et notamment pour bloquer Curie vient de montrer que protumorale. leurs pouvoirs tumoraux. l’une d’entre elles, MafA, Tantôt protumorale, tantôt antitumorale, est sous la coupe d’un « agent double » GSK3 constitue une cible thérapeutique cellulaire, la protéine GSK3. potentielle à manier avec dextérité. Grâce à une modification chimique, GSK3 augmente l’activité de MafA, T. L. Source : Molecular Cell, 30 novembre 2007. ce qui entraîne notamment l’activation h QUAND UN GÈNE MANQUE À L’APPEL… de la progression tumorale LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE JIC74_4-7-BAG.indd 4 11/04/08 21:58:35 ACTUALITÉS GÉNÉRALES ,CANCER DU SEIN À LIRE Le numérique LE MATCH DE CHRISTOPHE PIGNOL La mammographie numérique est plus performante pour détecter les lésions suspectes des seins denses. élevé de cancer. L’image électronique du sein peut également être facilement stockée sur ordinateur, ou envoyée pour être lue à distance. Toutefois, certains radiologues estiment que l’avenir du dépistage du cancer du sein repose sur l’IRM mammaire qui apporte une meilleure définition, mais reste rare et très coûteuse. À suivre… Alice Devaux ,SOLEIL ET PEAU Gettyimages Les bonnes résolutions de l’été L e soleil, sa douce chaleur, le teint hâlé qu’il procure… Que du bonheur ? Malheureusement, non. Les UV, solaires ou en cabines, sont en effet responsables de cancers de la peau1. Et, parmi les diverses formes de cancers de la peau, le mélanome – s’il n’est pas diagnostiqué et traité à temps – est un cancer mortel qui provoque en France environ 2 000 décès par an. Comme chaque année depuis dix ans, des dermatologues organisent une Journée nationale de prévention et de dépistage des cancers de la peau2. Et, tout au long de l’année, les experts rappellent la nécessaire surveillance de toute lésion suspecte. Alors, si vous aussi, vous avez des doutes sur un grain de beauté qui change de forme ou qui n’est pas « beau », n’hésitez pas, consultez un dermatologue le plus vite possible. Et, seconde bonne résolution, préférez l’ombre au soleil ! Nathalie Boissière 1. Lire « Mélanome : mettre sa peau sous protection rapprochée », Le Journal de l’Institut Curie #70. 2. Journée nationale de prévention et de dépistage des cancers de la peau, le 15 mai 2008. Pour en savoir plus : syndicatdermatos.com Les amateurs CHRISTOPHE PIGNOL de football se souviennent de lui. Championnats LE MATCH DE MA VIE de France pour Nantes, Monaco, puis Lille… Mais l’ascension LE RÉCIT POI GNANT DE SON de Christophe COMBAT CONTRE LA LEUCÉMIE, UN GÉNÉREUX MESSAGE D’ES POIR Pignol s’arrête là. 10 avril 2001, une grande fatigue, une prise de sang et l’annonce brutale du diagnostic : leucémie aiguë. Après l’abattement et l’angoisse, la décision farouche de lutter : son match, il le jouera contre la leucémie. Le footballeur nous livre ici le récit poignant de son combat. Un témoignage d’espoir, complété de celui de ses proches, entraîneurs, médecins. Les droits d’auteurs sont reversés à l’association qu’il a créée en faveur des malades atteints de leucémie. PRÉFACE DE WILLY SAGNOL EDITION S DU M OMENT h Le Match de ma vie, éditions du Moment (204 p., 14,95 euros). MON COMBAT DE FEMME Conseillère en communication et romancière, Thérèse Nehr raconte son expérience, celle qu’elle partage avec des milliers de femmes, celle du cancer du sein. « Cet absolu désespoir », elle le raconte tout comme la chance qu’elle a eue d’engager un dialogue de confiance totale avec les médecins (à l’Institut Curie notamment) qui sont « les artisans de [sa] guérison ». Que son récit-témoignage participe à promouvoir le dépistage, à démystifier la crainte de la maladie et à aider les patientes à faire face. h Vaincre le cancer du sein. Mon combat de femme, éd. Privat (155 p., 14,90 euros). LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE JIC74_4-7-BAG.indd 5 DR esdames qui vous rendrez bientôt chez le radiologue pour une mammographie (radiographie des seins), ne soyez pas étonnées si le médecin vous parle de nouvelles machines et de nouvelles technologies. La mammographie numérique fait son apparition pour le dépistage du cancer du sein. Le passage au numérique va engendrer des surcoûts (équipement, formation), mais le ministère de la Santé entend améliorer le dépistage. Cette mammographie est en effet plus rapide et plus fiable pour les femmes à risque h M Garo/Phanie participe au dépistage ,05 11/04/08 21:58:39 ACTUALITÉS GÉNÉRALES ,CANCERS COLORECTAUX h vec plus de 36 000 nouveaux cas estimés en France chaque année, le cancer colorectal est le 3e cancer le plus répandu après ceux du sein et de la prostate, et sa fréquence ne cesse d’augmenter. Le dépistage permet de le détecter tôt et donc de lutter plus efficacement. Le test consiste à détecter la présence de sang dans un échantillon de selles. Un dispositif de dépistage organisé1 est déjà proposé aux hommes et femmes âgés de 50 à 74 ans, dans 88 départements, et il sera étendu d’ici à fin 2008 à tout le territoire. Pour accompagner cette dernière phase de déploiement, un bus pédagogique présentant une exposition sur ce cancer parcourt, jusqu’en juin 2008, les grandes C. Charré/Institut Curie Le dépistage pour maître mot A Le test de dépistage des cancers du côlon et du rectum est en vente en pharmacie. Il est entièrement pris en charge par l’Assurance maladie pour les personnes ayant reçu une invitation à participer au dépistage. villes de France pour permettre aux visiteurs de mieux comprendre l’intérêt du dépistage et d’en connaître les modalités pratiques. Un nouveau guide2 sort également en librairie pour informer sur ce cancer et sensibiliser à l’importance de son diagnostic précoce. D’autant que sont identifiés des facteurs de risque comme l’âge, l’hérédité ou des maladies inflammatoires du tube digestif. N. B. 1. Lire notre Fiche pratique, Le Journal de l’Institut Curie #70. 2. Cancers du côlon et du rectum : savoir utile !, Pr Michel Ducreux, Médi-Text éditions (25 euros, 148 p). En librairie ou sur commande directe à Médi-Text. h Pour en savoir plus Après Lyon, Saint-Nazaire, Strasbourg et Montpellier, le bus-exposition sera les 16 et 17 mai à Aurillac, les 23 et 24 mai à Lens, les 5 et 6 juin à Toulouse et les 13 et 14 juin à Toulon. Informations pratiques : www.e-cancer.fr ou Cancer Info Service : 0810 810 821 (prix d’un appel local). ,MÉDICAMENTS LA MORTALITÉ PAR CANCER EN BAISSE Au cours des 25 dernières années, l’incidence du cancer en France a doublé, tandis que la mortalité diminuait d’un quart. Le nombre de nouveaux cas de cancer en 2005 vient d’être estimé à 320 000 : 184 000 chez les hommes et 136 000 chez les femmes. Le cancer le plus fréquent demeure chez l’homme celui de la prostate, et chez la femme le cancer du sein. Ils sont suivis des cancers du poumon et du côlon-rectum. Cette augmentation est expliquée par la croissance et le vieillissement de la population française, les effets du dépistage et du diagnostic précoce et l’augmentation de l’importance des facteurs de risque. Tandis que les progrès médicaux participent à la baisse de la mortalité. h Pour en savoir plus : www.e-cancer.fr 06, Moins chers et aussi efficaces : les génériques L es Français sont de plus en plus adeptes des génériques, et cela devrait encore s’accentuer. Début 2008, les prix de ces médicaments ont, en effet, une nouvelle fois baissé (- 6 %) sur l’initiative du gouvernement. Les pharmaciens ont accepté de régulariser leurs marges sur les génériques, tout en les réduisant. L’Assurance maladie espère ainsi une économie d’environ 100 millions d’euros. Les organismes complémentaires et les patients bénéficient également de cette baisse pour environ 30 millions d’euros. Les médicaments génériques représentent 3,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit plus de 17 % du marché « remboursable »*. em 1980-2005 Le EN BREF Tout médicament peut être remplacé par son générique s’il existe. C’est une copie tout aussi efficace que le médicament original dont le brevet est tombé dans le domaine public. A. D. * Source : Les entreprises du médicament (Leem). LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE JIC74_4-7-BAG.indd 6 11/04/08 21:58:45 Photos : Benoît Rajau/Agence de la biomédecine FICHE PRATIQUE DON D’ORGANES Du prélèvement à la greffe : une grande chaîne de solidarité Cœur, poumon, foie, rein, pancréas, intestin peuvent aujourd’hui être greffés. Mais leur faible disponibilité ne permet pas de répondre à toutes les attentes. Cette pénurie entraîne plus de 200 décès chaque année, parce que les opportunités de prélèvement restent rares, mais aussi parce que les proches ne connaissent pas toujours le souhait du défunt. h DANS QUELS CAS LES ORGANES PEUVENT-ILS ÊTRE PRÉLEVÉS ? Le prélèvement des organes n’est envisagé qu’à partir du moment où la personne se trouve en état de mort encéphalique. À la fois rare et irréversible, cette disparition brutale peut être la conséquence d’un accident vasculaire cérébral ou d’un traumatisme crânien, lorsque le sang n’irrigue plus le cerveau. Les médecins attestent la mort encéphalique par une angiographie. h COMMENT CELA SE PASSET-IL AU MOMENT DU DÉCÈS ? Les médecins s’assurent de l’absence totale de conscience, d’activité motrice et de respiration spontanée. Ensuite, les coordonnateurs hospitaliers recensent les défunts susceptibles d’être donneurs d’organes ou de tissus, pour éventuellement prendre la décision d’en parler avec la famille, à condition que le défunt ne soit pas inscrit au EN PRATIQUE Pour faciliter le travail des équipes médicales, guider ses proches dans des décisions difficiles à prendre, et aussi s’assurer que sa volonté sera respectée, vous pouvez vous procurer une carte de donneur ou vous inscrire sur le registre des refus en composant le Numéro vert : 0 800 20 22 24 (appel gratuit). registre national des refus. La famille est accueillie par le médecin et une infirmière de coordination des prélèvements. Pendant ce temps, le donneur potentiel est pris en charge médicalement et ses activités cardiaque et respiratoire sont maintenues pour préserver les organes et rendre le prélèvement possible. Le médecin réanimateur répond à toutes les questions de la famille. L’équipe de coordination s’efforce de recueillir le témoignage de la volonté du défunt auprès des proches, qui prendront ou non la décision. La famille du défunt est accueillie. h QUELLES SONT LES PRÉCAUTIONS PRISES ? Pour le bon déroulement des opérations, de multiples vérifications, déplacements, échanges d’informations sont nécessaires avant le prélèvement des organes LE DON D’ORGANES EN 2007 : 4 664 greffes réalisées. 1 562 donneurs prélevés. 4 606 organes greffés. 13 074 personnes en attente de greffe. 231 personnes décédées faute de greffons. h Y réfléchir et en parler tout simplement avec son entourage est une étape indispensable. La faible probabilité que cette situation se produise ne doit pas empêcher chacun d’entre nous d’exprimer ce qu’il en pense. Réfléchir au don de ses organes, c’est prendre une position et la transmettre à sa famille. Cela reste la seule façon de s’assurer que sa volonté sera bien respectée. C’est aussi permettre aux proches de pouvoir répondre sereinement aux médecins, si la question se pose un jour. h DE PARLER À SES PROCHES DE SON SOUHAIT OU NON DE DONNER SES ORGANES ? h h POURQUOI EST-IL UTILE Les organes sont prélevés. en vue de greffes. Un bilan sanguin du donneur est également effectué. La recherche de maladies transmissibles, comme les maladies virales, est systématiquement réalisée. Des règles de sécurité très strictes sont alors appliquées pour garantir les conditions de sécurité sanitaire, mais aussi pour rechercher la meilleure compatibilité entre donneur et receveur en fonction, notamment, des groupes sanguins. Laurence Mauduit SOURCE : AGENCE DE LA BIOMÉDECINE. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE JIC74_4-7-BAG.indd 7 ,07 11/04/08 21:58:51 Noak/Le Bar Floréal/Institut Curie GÉNÉTIQUE : DES PROGRÈS AU BÉNÉFICE DES PATIENTS Distinguer chaque tumeur par sa « signature génétique », afin de personnaliser les traitements et donc de mieux soigner les patients : tel est l’objectif des recherches actuelles en génétique des cancers. Déjà, des marqueurs moléculaires participent au diagnostic, éclairent un pronostic, ou prédisent la réponse d’un patient à un traitement envisagé. Dossier réalisé par Marie-Laure Moinet 08, « D ans le cancer, c’est la division cellulaire qui est perturbée », résume le D r Laurent Mignot, chef du Département de médecine oncologique à l’hôpital de l’Institut Curie. Or la division cellulaire est sous le contrôle des gènes. Selon l’emplacement de la cellule dans l’organisme, ou selon les moments de la vie, certains gènes s’expriment ou demeurent silencieux. Leur activité peut dépendre de phénomènes dits « épigénétiques », qui n’affectent pas la structure moléculaire de l’ADN mais son environnement. Une molécule extérieure ou une compaction de l’ADN peuvent ainsi bloquer LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE re JIC74_8-14-BAG.indd 8 11/04/08 21:42:26 DOSSIER GÉNÉTIQUE h La génétique rencontre des succès là où on ne l’attendait pas : dans le diagnostic, le pronostic et la mise au point de traitements ciblés. Séquençage Le séquençage permet de déterminer précisément la succession des briques élémentaires qui composent la molécule d’ADN, les nucléotides. Les séquenceurs de dernière génération automatisent ce déchiffrage avec un très haut débit. Une anomalie peut en cacher une autre Pour pénétrer ces arcanes, il faut garder deux points à l’esprit : • Premièrement, comme les gènes, sont les artisans originels des signaux cellulaires, ainsi que leurs cibles, l’altération des uns se répercute sur la qualité et sur le message des autres. D’où l’importance des outils d’analyse à grande échelle, dits de génomique, qui embrassent tous les acteurs d’un même niveau : tous les gènes, tous les intermédiaires de leur expression que sont les ARN, toutes les protéines, voire toutes les cellules d’un tissu… C’est le va-et-vient entre la génomique, la génétique moléculaire et une troisième technique, le séquençage, qui est fécond en découvertes (lire encadré p. 12). La génétique, au sens large, s’intéresse donc autant à l’expression du gène qu’à sa structure. • Deuxièmement, la plupart des altérations qui déclenchent le cancer sont acquises au cours de la vie et évoluent dans la tumeur. Certains changements modifient l’efficacité des traitements et il importe donc de les reconnaître. Il importe également de s’assurer que d’autres mutations ne viennent pas compromettre cette efficacité. Ainsi, un médicament « antiprolifération » indiqué dans le cancer du côlon, le panitumumab, a été autorisé en décembre dernier sous réserve que le médecin fasse effectuer, avant prescription, un test génétique sur les cellules tumorales du patient. ■ ■ ■ QUESTIONS AU ... Alexandre Lescure/Institut Curie le signal nécessaire à l’expression du gène. Un gène peut aussi subir des altérations intrinsèques. Ce peut être des changements dans la composition de l’ADN (mutations ponctuelles), des échanges (translocations), des pertes (délétions) ou des gains (amplifications) de fragments d’ADN. « Prenons la division cellulaire. Certains gènes la stimulent, ce sont des gènes activateurs de prolifération. D’autres l’inhibent, ce sont des gènes répresseurs de prolifération. L’équilibre entre ces deux influences, stimulation et inhibition, fait que la division cellulaire, en temps normal, est suffisante pour compenser les pertes cellulaires de l’organisme, et est régulée pour ne pas s’emballer », poursuit Laurent Mignot. Mais dans une cellule cancéreuse, des altérations font que des gènes et signaux d’activation sont surexprimés, ou que des gènes et signaux de répression sont défaillants ; l’équilibre se brise et bascule vers un excès de division cellulaire. La perturbation d’autres voies de signalisation fait basculer la cellule tumorale vers des défauts comme la perte de différenciation, l’immortalité, la mobilité… PR FRANÇOIS DOZ, DIRECTEUR DÉLÉGUÉ À LA RECHERCHE À L’HÔPITAL DE L’INSTITUT CURIE Comment la caractérisation génétique des tumeurs aide-t-elle le clinicien ? Jusqu’ici, elle l’a surtout aidé dans les formes de cancer à déterminisme moléculaire relativement simple. On peut citer à titre d’exemple le gène à l’origine d’une tumeur de l’os, le sarcome d’Ewing. Découvert et caractérisé à l’Institut Curie1, c’est un gène de « fusion », créé à la suite d’un échange de fragments de chromosomes. Sa recherche constitue désormais un argument diagnostic majeur. Et un test pronostique. Car cette technique est assez sensible pour repérer la présence du gène dans une seule cellule tumorale parmi un million de cellules normales du sang ou de la moelle osseuse. Fournit-elle aussi des pistes pour la thérapeutique ? Oui. Toujours dans le sarcome d’Ewing, en utilisant la technique des biopuces, qui permet d’étudier simultanément un grand nombre de gènes ou de leurs produits, on a identifié des facteurs inactivés du fait d’une protéine anormale. L’un de ces facteurs est un puissant frein à la prolifération cellulaire. Des essais cliniques vont tester la possibilité de restaurer ce frein. Plus généralement, la connaissance des gènes tumoraux et de leurs mutations donne les clefs de l’efficacité d’un médicament. Et pour les tumeurs comme celles du sein, du poumon, du côlon ? Ces cancers ont une génétique complexe. Parfois, ils ont un marqueur spécifique, ou amplifié, à valeur pronostique et potentiellement neutralisable par une thérapie ciblée. Mais seule la biologie à grande échelle2 livre une signature de leur agressivité, ou de leur chimiosensiblilité. Certaines signatures commencent à orienter les protocoles pré ou postopératoires. 1. Lire Le Journal de l’Institut Curie, décembre 2007. 2. Biologie à grande échelle : par opposition à la biologie moléculaire, la biologie à grande échelle s’intéresse à l’expression simultanée de milliers de gènes sur des centaines d’échantillons. (Suite p. 11) LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE re JIC74_8-14-BAG.indd 9 , 09 11/04/08 21:42:31 DÉCRYPTAGE Puces à ADN : elles disent tout sur les gènes LES PUCES À ADN PERMETTENT D’AMÉLIORER DE MANIÈRE SPECTACULAIRE LA PRISE EN CHARGE DES CANCERS. QUELS SONT LES SECRETS DE CES PETITES « BÊTES » ? EXEMPLE AVEC UNE PUCE DITE « TRANSCRIPTOME » QUI RÉVÈLE L’EXPRESSION DES GÈNES DANS UNE CELLULE DONNÉE. ARN 1 Cellules tumorales Avant tout, des cellules sont prélevées dans la tumeur. L’ARN en est extrait. Cette molécule, dérivée de l’ADN, véhicule l’information génétique depuis le noyau de la cellule jusqu’au lieu de synthèse des protéines. Elle est donc le reflet qualitatif et quantitatif de « l’expression » des gènes à un instant donné. 3 La puce à ADN elle-même est préalablement préparée : une lame de verre ou de plastique de quelques centimètres sur laquelle sont accrochés des fragments d’ADN, appelés sondes. Une seule puce peut accueillir plusieurs dizaines de milliers de sondes différentes, correspondant à autant de gènes, bien alignées par un robot selon une grille précise. 4 Les échantillons d’ARNc issus de cellules cancéreuses sont déposés sur la puce. Ils ont la faculté de s’accrocher aux sondes correspondant à leur gène. Cette faculté repose sur une caractéristique de l’ADN : deux brins d’ADN complémentaires l’un de l’autre peuvent en effet « s’hybrider » pour former un ADN double brin, comme peuvent se lier les deux côtés d’une fermeture à glissière. De la streptavidine, associée à une molécule fluorescente, est ajoutée. Elle a la propriété de s’accrocher à la biotine. ARNc 2 À partir de cet ARN, des molécules d’ARNc (complémentaire) sont synthétisées. Des molécules du nom de biotine y sont fixées. Elles permettront ensuite de réaliser un marquage fluorescent. C’est ici que réside la révolution des puces à ADN : permettre des dizaines de milliers d’analyses génétiques en une seule manipulation. 5 Les puces sont alors passées sous l’œil d’un scanner qui détectera la fluorescence émise. Plus un gène est exprimé, plus la fluorescence sera intense. Un ordinateur analyse les résultats. En comparant le profil d’expression des gènes obtenu pour ces cellules à celui d’autres cellules (cellules normales, cellules d’un autre cancer, cellules après traitement…), des différences fines apparaissent. Elles permettent de mieux classer les cancers, de mieux les diagnostiquer, de déterminer leur réponse au traitement. Sylvie Dessert À terme, le traitement peut être adapté aux caractéristiques génétiques de la tumeur. DAVID GENTIEN, RESPONSABLE DE LA PLATE-FORME AFFYMETRIX DU DÉPARTEMENT DE TRANSFERT ET DE RECHERCHE PRÉCLINIQUE, INSTITUT CURIE. 10, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE re JIC74_8-14-BAG.indd 10 11/04/08 21:42:36 DOSSIER GÉNÉTIQUE (Suite de la p. 9) ■ ■ ■ Il s’agit de vérifier qu’un gène, appelé KRAS, est intact chez le patient, sinon il enclenche un signal de prolifération cellulaire, en aval de la cible du médicament. Lequel, dans ce cas, n’a aucune efficacité ! Or 40 % des patients ont cette mutation tumorale. La génétique au service de la prévention Parfois, les cancers sont liés à un gène de prédisposition transmis de façon héréditaire. Depuis dix ans, on a identifié une cinquantaine de ces gènes. Les plus connus sont le gène RB1, qui prédisIndividualisation pose au rétinoblastome, une tumeur de la rétine qui touche les enfants, et deux gènes et optimisation BRCA1, qui prédisposent les femmes à des des traitements cancers du sein particulièrement agressifs. La recherche de telles mutations héréditaianticancéreux res requiert une simple prise de sang pour l’analyse. L’Institut Curie est un centre de référence international pour cette détection (lire encadré ci-dessous). Ainsi, les progrès de la génétique ne débouchent pas sur la réparation de gènes défectueux, comme certains ont pu l’espérer dans les années 1980 avec la thérapie génique. Mais ils permettent déjà une nouvelle prise en charge des malades, l’individualisation des traitements anticancéreux et leur optimisation. Les gènes comme signature diagnostique Certaines anomalies sont tellement caractéristiques de la tumeur que leur détection signe, à elle seule, le diagnostic. C’est le cas de la protéine Abelson dans la leucémie myéloïde chronique ou du facteur de transcription EWS/FLI-1 identifié à l’Institut Curie et spécifique d’un cancer de l’os nommé sarcome d’Ewing (lire interview p. 9). Souvent, de tels marqueurs sont également éléments de pronostic. Par exemple, les récepteurs aux hormones œstrogènes, présents sur le noyau de la cellule à des niveaux variables, dans 70 % des cancers du sein, sont spécifiques de cancers hormonodépendants. Ils ont donc donné lieu, en 1975, à la première chimiothérapie ciblée, le tamoxifène, suivie depuis par d’autres médicaments antihormonaux. Un autre récepteur, HER2, situé cette fois à cheval sur la membrane cellulaire, est surexprimé ■ ■ ■ 1. (BReast CAncer, pour cancer du sein) Affaire Myriad Genetics h Présents dans le patrimoine génétique de tous les individus, les gènes BRCA (BReast CAncer, pour cancer du sein) doivent leur nom à leur propriété quand ils sont mutés : prédisposer à un risque élevé de cancer du sein ou de l’ovaire. Deux gènes majeurs ont été identifiés en 1994 et 1995, BRCA1 et BRCA2. Ce sont des gènes de grande taille, dont on connaît aujourd’hui plus de 1 500 mutations différentes responsables de ce risque héréditaire. La première recherche de mutation dans une famille est techniquement très difficile. Le Pr Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du Service de génétique oncologique à l’Institut Curie, a démontré, en 2001, que certaines mutations échappaient au crible de la méthode industrielle de séquençage direct, choisie par la société Myriad Genetics. Grâce à son expertise, les prétentions abusives de cette société américaine sur des brevets de BRCA1 et sur un monopole des tests génétiques afférents ont été rejetées en appel par l’Office européen des brevets, le 1er octobre 2007. Noak/Le Bar Floréal/Institut Curie La recherche internationale peut continuer grâce à la mobilisation de l’Institut Curie Le test génétique de recherche de prédisposition au cancer du sein, développé à l’Institut Curie, a démontré sa plus grande fiabilité face à son concurrent américain. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE re JIC74_8-14-BAG.indd 11 , 11 11/04/08 21:42:39 DOSSIER GÉNÉTIQUE Profil génomique : expression souvent employée à propos des paramètres génétiques associés à la tumeur, traits « somatiques », non héréditaires, exclusivement acquis et transmis par les cellules tumorales. dans 20 % des cancers du sein. C’est un marqueur de mauvais pronostic. Mais un bien pour un mal – c’est une cible de choix. Les chercheurs ont trouvé deux parades pour le neutraliser : le trastuzumab (herceptine®), qui bloque le récepteur du côté extérieur de la cellule ; et plus récemment, le lapatinib, qui entre dans la cellule et désactive le récepteur de l’intérieur. Depuis quatre ans, les traitements en –mab (pour monoclonal antibody), en –nib (pour inhibiteur) et autres thérapies ciblées se multiplient. Car souvent, les oncogènes leur donnent une prise, résultant, par exemple, d’anomalies amplifiant le nombre de copies du gène présent en cinq, dix ou cent copies au lieu de deux. C’est le cas du susnommé gène de HER2 ou de gènes caractéristiques de cancers des tissus mous, les sarcomes. Ces gènes amplifiés sont, là encore, des facteurs pronostiques : ainsi dans les liposarcomes, les chercheurs observent l’amplification constante de MDM2 et CDK4. Ces ■■■ h Alexandre Lescure/Institut Curie Pour des analyses à grande échelle, l’Institut Curie a créé son service de bio-informatique en 2003. tumeurs bien différenciées sont d’assez bon pronostic, sauf lorsque Jun est lui aussi amplifié : récemment identifiée par l’équipe d’Alain Aurias dans l’Unité Inserm Génétique et biologie des tumeurs à l’Institut Curie, cette amplification de Jun entraîne une dédifférenciation des cellules graisseuses et une agressivité de la tumeur. Un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC), regroupant les instituts Curie à Paris, Gustave-Roussy à Villejuif, Bergonié à Bordeaux et le Centre Léon-Bérard à Lyon, coordonné par Alain Aurias, a démarré en septembre 2007 pour étudier l’intégration de ces caractéristiques biologiques des tumeurs à la prise en charge initiale des patients adultes atteints de sarcome des tissus mous. La désescalade thérapeutique devient possible Le profil génomique est aussi d’une importance cruciale dans les neuroblastomes, un cancer de l’enfant. La répétition du gène n-myc, présente chez 25 à 30 % des patients, est de mauvais pronostic. Cette information oriente vers une chimiothérapie lourde. « Chez les enfants qui n’ont pas cette amplification, la tumeur, une fois sur deux, présente un profil génomique favorable », explique Gudrun Schleiermacher, pédiatre à l’Institut Curie. Dans ces cas, on pourrait envisager une « désescalade thérapeutique ». Grâce à la plate-forme de génétique moléculaire de l’Institut Curie, coordonnée par Olivier Delattre, le Dr Schleiermacher anime un PHRC qui intègre le profil génomique tumoral dans le protocole des traitements, avec pour objectif d’en tenir compte, surtout chez les nourrissons. « Les possibilités qu’offre la génomique en termes d’application clinique sont immenses, s’enthou- L’accélération des perfectionnements technologiques L’étude du génome humain est en pleine effervescence depuis plus de trente ans. Les technologies avancent à grands pas, les découvertes suivent. h Autour de 1980, la biologie moléculaire tient le haut du pavé ; elle épingle les anomalies du génome, à l’origine des premières protéines anormales ou surexprimées visées par les thérapies ciblées. Certains envisagent la thérapie génique comme médecine du futur particulièrement appropriée au cancer. h En 1995, la biologie cellulaire revient en force. Elle offre une vue synthétique sur les points chauds de l’initiation et de la progression tumorale, et multiplie les cibles potentielles. h Avec l’arrivée des « puces », la génomique permet d’embrasser toutes les modifications anormales de chromosomes (puces CGH) ou d’expression des gènes (puces à ADN). Elle inaugure l’ère des analyses à grande échelle. Les tumorothèques (collections d’échantillons de tumeurs classifiées et annotées des informations cliniques liées) livrent leurs signatures, grâce à la bio-informatique, indispensable pour traiter la masse de données ; l’Institut Curie structure son service de bio-informatique en 2003, qui prend une nouvelle dimension et est soutenu par l’Inserm et l’École des mines en janvier 2008. Le pouvoir de résolution des puces augmente à toute vitesse. h Par ailleurs, le projet Génome humain, lancé en 1990, dope le séquençage. Le premier « brouillon », sorti en 2004, a coûté 3 milliards d’euros ; l’entreprise coûte aujourd’hui mille fois moins, et mille fois plus que dans cinq ans. Car les séquenceurs de nouvelle génération font mieux et plus vite. LE JOURNAL DE 12 , L’INSTITUT CURIE re JIC74_8-14-BAG.indd 12 11/04/08 21:42:44 DOSSIER GÉNÉTIQUE siasme le biologiste François Radvanyi, chef de l’Équipe oncologie moléculaire à l’Institut Curie. Elle permet, par exemple, d’éclater en différents sous-groupes des cancers touchant un même organe, comme ceux du sein, du côlon, du cerveau, de la vessie… À la lumière de cette grille, il devient possible de différencier les tumeurs au vu de leur signature moléculaire, et de les combattre avec une meilleure efficacité. » De fait, « pour les cancers à génétique complexe, une combinaison de molécules en dit plus pour le pronostic ou la prédiction d’une réponse à un traitement qu’une seule molécule », confirme le Dr François Bertucci, clinicien oncologue à l’Institut Paoli-Calmettes (Marseille). Ayant vécu, en 1998, l’introduction en France des puces à ADN, il est l’un des pionniers dans leur maniement. Ces laboratoires miniatures sont rapidement devenus les principaux outils d’analyse génomique. Ils peuvent dévoiler le niveau d’expression de dizaines de milliers de gènes simultanément (puces transcriptome, cf. Décryptage, p. 10). D’autres puces, apparues en France au début des années 2000, examinent tout l’ADN : ce sont les puces CGH, qui permettent de localiser et d’identifier les pertes et les gains de fragments d’ADN (puces génome). Le chercheur, pour explorer le vivant, a besoin de puces qui explorent le génome ou le transcriptome de manière fine et exhaustive ; le médecin, au contraire, a besoin d’une puce simplifiée, n’explorant que la zone concourant à la signature recherchée. Aussi y a-t-il deux types d’analyses : • L’analyse « non supervisée » : elle passe en revue, sans a priori, les centaines de tumeurs conservées dans les tumorothèques. L’exemple du cancer du sein est instructif. Depuis l’an 2000, les études de transcriptome font ressortir cinq classes distinctes. La comparaison avec les annotations cliniques et histologiques Dévoiler le niveau montre que cette nomenclature classe les d’expression de dizaines patients de façon nouvelle et pertinente. Parmi ceux-ci, un profil est de pronostic de milliers de gènes plutôt favorable ; un autre est connu pour être plus agressif. • L’analyse « supervisée » part, quant à elle, de deux groupes de patients distingués par un critère, par exemple la survenue ou non d’une récidive, la sensibilité ou non à une thérapie ciblée, etc. Et elle pose une question précise : existe-t-il une signature génétique qui distingue ces deux groupes ? Si la réponse est oui, l’étape suivante est de vérifier que ■ ■ ■ h Noak/Le Bar Floréal/Institut Curie Puce CGH : Minidispositif portant des milliers de sondes faites de fragments d’ADN jalonnant le génome humain. Plus ces fragments sont rapprochés et nombreux, plus la puce est sensible et apte à découvrir de faibles amplifications ou délétions dans le génome analysé. Les puces à très haute densité, ou puces SNPs (prononcer snip), portent jusqu’à un million de sondes. Des chercheurs et radiothérapeutes de l’Institut Curie travaillent à la mise au point de tests prédictifs d’une hypersensibilité à la radiothérapie, pour laquelle des prédispositions génétiques seraient impliquées. GÉNÉROSITÉ Carte d’Identité des Tumeurs® : les cancers sont fichés Créé et piloté par la Ligue nationale contre le cancer sous l’impulsion du Pr François Sigaux, directeur de l’Institut d’hématologie à l’hôpital Saint-Louis (Paris) et vice-président chargé de la recherche au sein du conseil d’administration de l’Institut Curie, la Carte d’Identité des Tumeurs® est un programme de recherche dont le but est d’initier un répertoire des événements touchant les gènes et leur expression, qui sont associés au développement d’une tumeur donnée. Ainsi, depuis 2003, ce programme fédère un réseau d’études génomiques menées selon une méthodologie standardisée. Les données acquises sur près de 4 000 tumeurs sont ainsi comparables et permettent des études transversales d’un type de cancer à l’autre… En émerge une classification nouvelle, qui affine le diagnostic, le pronostic et le choix des thérapies. En 2008, 20 projets sont en cours et autant sont terminés. L’un d’eux, réussi avec le concours de l’équipe d’Olivier Delattre à l’Institut Curie, est en cours d’étude clinique à l’hôpital de la PitiéSalpêtrière (Paris) : les profils génomiques des tumeurs cérébrales permettent d’identifier des sous-groupes distincts, corrélés à la survie des patients. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE re JIC74_8-14-BAG.indd 13 , 13 11/04/08 21:42:49 DOSSIER GÉNÉTIQUE ■ ■ ■ cette signature est meilleure que les techniques standard pour orienter le choix thérapeutique. Si tel est le cas, la dernière étape, dite du « transfert », consistera à fabriquer une puce spécifique de cette signature et utilisable en « routine ». Plusieurs puces à ADN coexistent déjà pour attribuer un pronostic lors d’un cancer du sein. Parmi elles, la puce Mammaprint® a été choisie pour faire l’objet d’un essai prospectif international baptisé Mindact (lire encadré ci-dessous). L’objectif de l’essai, mené par les trois centres franciliens de lutte contre le cancer, est de mettre au point une puce prédisant la sensibilité des patientes à un traitement néoadjuvant2. Ainsi, de même que l’antibiothérapie a bénéficié d’un meilleur classement des germes infectieux, la recherche et l’industrie pharmaceutique explorent Essai prospectif : Par opposition à une analyse rétrospective qui compare des résultats passés, il s’agit d’un essai contrôlé, randomisé (les paramètres à comparer sont distribués par tirage au sort), en double aveugle sur des recrues volontaires, qui donnera ses résultats « en grandeur réelle » à la fin de l’essai. 2. Chimiothérapie donnée quelques mois avant l’opération chirurgicale pour réduire la taille d’une tumeur. GRÂCE À VOUS Plus de 7 millions d’euros pour l’innovation En 2008, ce sont plus de 7 millions d’euros réunis grâce à la générosité publique qui financent les programmes de recherche clinique ou de transfert de l’Institut Curie, sur un budget total de plus de 23 millions. La recherche clinique et la recherche translationnelle sont une priorité à l’Institut Curie, fidèle à l’héritage de Marie Curie valorisant la continuité entre une recherche fondamentale performante et des soins innovants de qualité. Clé de voûte de l’innovation médicale et de la mise à disposition des nouvelles stratégies de diagnostic, de traitement et de suivi des patients, la recherche clinique bénéficie du soutien de l’Institut Curie qui entend en faire l’un des premiers centres de recherche clinique en cancérologie en France : 8 % des patients traités à l’Hôpital de l’Institut participent à des essais ; l’objectif est, à terme, d’atteindre les 15 %. Noak/Le Bar Floréal/Institut Curie h Selon les résultats, l’essai clinique international Mindact, auquel contribue l’Institut Curie, pourrait éviter à des milliers de femmes un traitement chimiothérapeutique difficile et inutile. aujourd’hui le champ du classement des cancers. La génétique est sur ce point prometteuse et les précautions sont à la hauteur de l’enjeu. « Le développement jusqu’au stade clinique d’un marqueur ou d’une signature fait appel au même professionnalisme que celui d’un médicament, car sa fiabilité est tout aussi nécessaire », rappelle Patricia de Crémoux, présidente de la Commission des études et de la recherche clinique de l’Institut Curie. ■ Début d’un nouvel essai clinique La signature génomique à l’épreuve du réel L’Institut Curie participe à l’essai prospectif Mindact1. Cette grande étude internationale a pour objectif de confirmer que, pour prédire l’agressivité d’une tumeur sans envahissement ganglionnaire, sa signature moléculaire est d’une valeur pronostique supérieure à celle des critères classiques. Il s’agit donc de vérifier, dans les six ans à venir, qu’une signature favorable (risque faible de récidive) pourrait préserver un grand nombre de femmes d’une chimiothérapie adjuvante2 lourde, coûteuse et surtout, dans leur cas, inutile. Le test proposé est une puce à ADN simplifiée, qui analyse l’expression simultanée de 70 gènes, le profil résultant étant prédictif d’un risque bas ou d’un risque élevé de récidive. C’est la « signature d’Amsterdam », établie en 2002 au Netherlands Kancer Institute (NKI) et validée dans deux études rétrospectives. Ses auteurs ont d’ailleurs créé la société Agendia, émanation du NKI, pour effectuer et interpréter leur test, nommé MammaPrint®, le premier du genre agréé par les pouvoirs publics américains. Appel est lancé aux femmes volontaires pour participer à l’étude. Elles devront être 6 000, dont 600 en France, pour garantir la qualité de l’étude qui pourrait permettre d’éviter à moyen terme de « surtraiter » au moins 10 à 20 % des patientes. 1. Mindact : Microarray In Node-negative Disease may Avoid ChemoTherapy (la puce ADN pour les tumeurs sans envahissement ganglionnaire peut éviter une chimiothérapie). 2. Chimiothérapie prescrite en complément de l’intervention chirurgicale. LE JOURNAL DE 14 , L’INSTITUT CURIE re JIC74_8-14-BAG.indd 14 11/04/08 21:42:57 ENTRE NOUS INITIATIVES VOTRE FONDATION À l’Institut Curie, nous disposons de l’expertise, des structures et des ambitions nécessaires pour « prendre le cancer de vitesse ». La continuité de la recherche et des soins dans un même lieu, unique en son genre, stimule l’innovation, favorise les échanges et le travail en commun des chercheurs, médecins et soignants pour accélérer la mise à disposition des nouveaux traitements. Notre volonté de progresser est encouragée par le soutien et la générosité de nos donateurs, testateurs et partenaires. Pr Claude Huriet, président de l’Institut Curie Noak/Le Bar Floréal/Institut Curie ,COURIR POUR LA VIE 113 COMMUNES MOBILISÉES POUR PLUS DE 157 000 EUROS DE DONS E n 2007, ils ont été 16 765 à participer à ce grand élan national qu’est l’opération annuelle Courir pour la Vie, Courir pour Curie. Des représentants de ces participants au grand cœur étaient présents le 20 février dernier lors de la cérémonie officielle de remise des fonds. Près de 124 000 euros, auxquels s’ajoute un don de 5 000 euros de l’association Courir pour la Vie, Courir pour Curie, ont ainsi été remis au président centres de Rennes, Montpellier et Rouen. « En vingt ans d’existence, cette manifestation a permis de récolter plus de 4,2 millions d’euros pour la lutte contre le cancer à l’Institut Curie, a déclaré Dominique Ancelin, président de l’association Courir pour la Vie, Courir pour Curie. Nous sommes fiers d’être devenus, grâce à l’indéfectible participation des communes, le premier donateur de l’Institut Curie. » Celles et ceux qui soutiennent l’Institut Curie honorés Ce mouvement de soutien à l’Institut Curie n’existerait pas sans la générosité des habitants, l’implication des élus et la ténacité des organisateurs. L’association Courir pour la Vie, Courir pour Curie décerne ainsi des trophées récompensant les plus méritants. • UN TROPHÉE FINANCIER a été remis aux communes du Theil-Nolent (Eure), de Rivarennes (Indre) et de Janzé, associée à 26 communes de son canton (Ille-et-Vilaine) ; • UN TROPHÉE SPORTIF a été remis aux communes de Freneuse (Yvelines), de Boeschepe (Nord) et de Villefranchesur-Cher (Loir-et-Cher) ; A. Lescure/Institut Curie GRÂCE À VOUS de l’Institut Curie, le P r Claude Huriet. Les fonds contribueront au financement du programme de développement du diagnostic précoce et des traitements du rétinoblastome, cancer de la rétine touchant les jeunes enfants. Selon le même concept du double défi financier et sportif, certaines communes ont remis la moitié de leur collecte au centre de lutte contre le cancer de leur région, soit près de 34 000 euros répartis sur les • UN TROPHÉE D’HONNEUR a été remis aux communes de Mareil-Marly (Yvelines) et de Pennautier (Aude). • UN TROPHÉE DE FIDÉLITÉ a également été décerné cette année, pour les 20 ans de l’association, aux communes de Braine (Aisne), Cesson-Vert-Saint-Denis (Seine-et-Marne), Chirac (Lozère), Confolens (Charente), Courgivaux (Marne), Freneuse (Yvelines), Grenade-sur-l’Adour (Landes), Herbitzeim (Bas-Rhin), Janzé (Ille-etVilaine), La Motte-d’Aveillans (Isère), Le Theil-Nolent (Eure), Lichères-prèsAigremont (Yonne), Lisses (Essonne), canton d’Outarville (Loiret), Pennautier (Aude), Ploubezre (Côtes-d’Armor), Rivarennes (Indre), Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne), Saint-Denis-lesRebais (Seine-et-Marne), Saint-Léonard (Seine-Maritime), Saint-Pierre-d’Autils (Eure), Villefranche-sur-Cher (Loire-et-Cher) et Vitry-en-Artois (Pas-de-Calais). LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE JIC74_15-BAG.indd 15 , 15 11/04/08 22:01:02 ENTRE NOUS INITIATIVES ,MÉCÉNAT ,TÉMOIGNAGES AREVA Jacques-Emmanuel Saulnier, directeur de la communication d’Areva, porte-parole du groupe. « Lorsqu’en 2004, l’Institut Curie a proposé à Areva de soutenir le développement de la protonthérapie en France et de rejoindre les mécènes de son centre spécialisé à Orsay, notre enthousiasme a été immédiat. En effet, cette technologie de pointe est née autour d’un accélérateur de physique nucléaire historique, construit en 1954 à l’initiative d’Irène et Frédéric Joliot-Curie, eux-mêmes à l’origine du formidable développement de l’énergie nucléaire en France. Passer du synchrocyclotron au traitement de cancers chez les enfants, en préservant au maximum les organes sains encore en phase de croissance, ne pouvait être un plus bel exemple de haute technologie au service du mieux-être. Encourager une équipe passionnée et entièrement dédiée au cancer est, au-delà de notre partenariat avec l’Institut Curie, une expérience humaine riche de sens pour Areva. » Noak/Le Bar Floréal/I.C. AREVA FINANCE UN ÉQUIPEMENT D’ANESTHÉSIE ET UNE SALLE DE RÉVEIL Pierre Renié, directeur délégué du Centre de protonthérapie de l’Institut Curie. « Chaque jour, deux enfants en moyenne bénéficient de meilleures conditions de traitement grâce à ce mécénat d’entreprise. L’apport financier d’Areva a permis à notre centre d’être le premier en France à s’équiper du matériel médical permettant d’anesthésier les jeunes enfants traités par protonthérapie (radiothérapie par protons) et de suivre leur phase de réveil en toute sécurité. La précision millimétrique de cette « chirurgie par rayonnements » est en effet conditionnée, notamment par le bon positionnement du patient et sa stricte immobilité, naturellement difficile pour les enfants. L’absence d’équipements et de salles de réveil en France avait pour conséquence une expatriation médicale, vers les États-Unis par exemple. Ce financement va nous permettre également de transférer la salle de réveil dans la future aile du centre, qui accueillera à terme tous les équipements déjà acquis et toujours performants. » ,PARTENARIAT À VOS AGENDAS SOUTENEZ L’INSTITUT CURIE EN FAISANT VOS ACHATS SUR INTERNET L ’Institut Curie s’est associé à Soliland, un portail Internet qui encourage les achats solidaires. Vos achats réalisés sur Internet auprès d’un commerçant partenaire permettent désormais de soutenir l’Institut Curie, sans dépenser plus. Pour cela, il suffit de vous connecter sur notre site curie.fr. Vous pourrez alors télécharger le logiciel humanitaire Soliland. Une fois le logiciel installé, à chaque fois que vous ferez des achats en ligne dans l’une des 400 enseignes partenaires, jusqu’à 15 % du montant de vos achats seront automatiquement reversés à l’Institut Curie, sans aucun surcoût pour vous. N’hésitez pas à réaliser vos achats en ligne par Soliland et à encourager vos proches à le faire, en choisissant l’Institut Curie comme association bénéficiaire. h curie.fr (rubrique Soutenir l’Institut Curie/Acheter solidaire) h soliland.fr/telechargement/InstitutCurie Conférences Les Mardis de l’Institut Curie 12 rue Lhomond, Paris 5e, 18 h. Entrée libre dans la limite des places disponibles. Enregistrements audio des conférences disponibles quelques jours après sur curie.fr/conferences h 27 mai 2008 « Comment le système immunitaire protège l’organisme », par Sebastian Amigorena, membre de l’Académie des sciences, directeur de l’unité Inserm/Institut Curie Immunité et cancer. h 24 juin 2008 « Imagerie médicale : de nouveaux moyens d’investigations », par le Dr Sylvia Neuenschwander, chef du Département d’imagerie médicale de l’Institut Curie. LE JOURNAL DE 16 , L’INSTITUT CURIE JIC74_P16-17.indd 16 17/04/08 12:44:46 ENTRE NOUS INITIATIVES ,UNE JONQUILLE POUR LA VIE Photos : Noak/Le Bar Floréal/Institut Curie UNE 5E ÉDITION PARTICULIÈREMENT RÉUSSIE L ’opération Une Jonquille pour la Vie, s’est tenue du 20 au 30 mars partout en France. Grâce à une mobilisation de plus en plus forte, au moins 150 000 euros ont été collectés dans le jardin, chez les fleuristes partenaires de l’opération dans toute la France, auprès des clients des magasins Truffaut, dans les entreprises… Et ce n’est pas terminé, puisque l’opération se poursuit sur Internet. Du 21 au 23 mars, pour la cinquième année consécutive, le Panthéon a pris un air printanier et festif. Le public, fidèle au rendez-vous, est venu se promener dans un champ fleuri et coloré de 50 000 jonquilles, en solidarité avec la recherche sur le cancer. Le vendredi, journée inaugurale, les parrains bénévoles de l’édition 1 2 2008 sont venus apporter leur soutien aux patients, aux médecins et aux chercheurs de l’Institut Curie. Durant les trois jours, plus de 30 000 visiteurs ont cueilli des jonquilles en échange d’un don au profit de la recherche à l’Institut Curie, pendant que danseurs, musiciens et autres échassiers-acrobates déambulaient parmi les jonquilles, pour le plaisir des petits et des grands. Cette année, les fonds collectés vont financer un programme de recherche sur la « vaccination thérapeutique » ou immunothérapie, qui consiste à stimuler le système immunitaire pour détruire les cellules cancéreuses disséminées dans l’organisme (lire p.3). Rendez-vous en mars 2009 pour une nouvelle édition. 3 4 ILS SOUTIENNENT L’OPÉRATION UNE JONQUILLE POUR LA VIE • Parrains 2008 : Michel Desjoyeaux (1), navigateur, spécialiste de la voile en solitaire, Thierry Gilardi, journaliste sportif sur TF1, Gérard Holtz, journaliste sportif sur France 2, Hervé Mathoux (3), journaliste sportif sur Canal+, Henri Sannier (4), journaliste sportif sur France 3. • Ambassadeurs 2008 : Bernard Giraudeau, acteur, réalisateur et écrivain, Bernard Hinault (2), champion cycliste. LES JONQUILLES DE LA SOLIDARITÉ Un grand merci à tous les bénévoles, à l’association Rétinostop et à la fondation Air France qui se sont mobilisés au Panthéon. Et merci à toutes les entreprises et institutions qui soutiennent l’Institut Curie et lui ont permis d’étendre son action au niveau national : les partenaires officiels, Truffaut et le Centre des monuments nationaux ; les partenaires media : France Télévisions et Mon Jardin & Ma Maison ; et les partenaires soutiens : la Fédération française de rugby, la RATP, Disney, la mairie du 5e arr. et la mairie de Paris. JARDINEZ SUR LE WEB « Plus de recherche, plus d’espoir », « Un soutien à tous ceux qui souffrent et courage à tous ceux qui soignent », « Que ces rayons de soleil égaient vos journées et vous apportent l’espoir de guérir ! ». Voici quelques-uns des messages d’encouragement déposés par les internautes qui ont déjà planté plusieurs milliers de jonquilles « virtuelles » sur le site de l’opération. Pour continuer à fleurir ce cyberjardin (2 euros la jonquille), connectezvous sur jonquille.curie.fr. Les fonds recueillis iront à la recherche sur l’immunothérapie, menée à l’Institut. h jonquille.curie.fr > Au moment d’imprimer, nous apprenons avec tristesse la disparition de Thierry Gilardi. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE JIC74_P16-17.indd 17 , 17 17/04/08 12:45:01 ENTRE NOUS INITIATIVES ,SOUTENIR AUTREMENT CONTRE LE CANCER, VOUS ÊTES LES MEILLEURS ALLIÉS DE L’INSTITUT CURIE LES ACTIONS DE COLLECTE : TISSER DES LIENS DE SOLIDARITÉ Toutes vos initiatives en matière de collecte privée sont précieuses. Partout en France, des événements caritatifs voient DR h Chaque année, plusieurs ventes aux enchères sont organisées au profit de l’Institut Curie. h V Les revenus d’un bien immobilier (loyers) peuvent être reversés au profit de l’Institut Curie dans le cadre d’une donation temporaire d’usufruit. DR otre présence aux côtés de l’Institut Curie est essentielle au développement de ses programmes de recherche. Vous êtes les partenaires indispensables de la lutte que nous livrons contre le cancer. Mais savez-vous que vous avez la possibilité d’accompagner les progrès de nos chercheurs et de nos médecins par d’autres manières qu’un don ponctuel ? Il existe en effet de nombreuses et belles façons d’exprimer votre générosité et d’assurer la continuité de votre soutien. Ensemble, nous avons concrétisé bien des avancées, mais nous pouvons aller plus loin encore. régulièrement le jour : de la course à pied au concert de jazz, de la vente aux enchères au gala… Des donateurs fidèles à notre combat se rassemblent et réunissent des fonds. Ils permettent de financer des projets de recherche ou des innovations médicales prometteuses. Votre engagement en faveur de l’Institut Curie ne se dément jamais : en juin dernier, la vente de la collection d’art moderne et contemporain de Jean et Huguette Pierre a rapporté 960 000 euros. Si cette donation est exceptionnelle, toutes les initiatives traduisent cependant votre attachement durable à la pérennité de notre action. DONATION TEMPORAIRE D’USUFRUIT : STIMULER L’INNOVATION Ce type de donation est un geste d’une portée considérable pour nos chercheurs et nos médecins. Une marque de confiance qui peut accélérer la mise au point de nouveaux traitements. Un acte qui témoigne profondément des valeurs qui vous animent. La donation temporaire d’usufruit consiste à offrir à l’Institut Curie, pour une durée minimale de trois ans, tout ou partie des revenus d’un bien immobilier (loyers) ou des revenus d’actions (dividendes). Une façon astucieuse fiscalement et généreuse de favoriser l’exploration de futures stratégies thérapeutiques et de contribuer à l’amélioration de la prise en charge des patients. LEGS ET ASSURANCE-VIE : TRANSMETTRE UN MESSAGE D’ESPOIR Léguer totalement ou partiellement votre patrimoine à l’Institut Curie ou le désigner comme bénéficiaire d’une assurance-vie, c’est lancer un signe d’espoir et construire l’avenir. Notre fondation est reconnue d’utilité publique et ainsi exonérée de droits de succession ; vous avez donc la certitude que vos biens seront intégralement consacrés au combat des nombreuses pathologies cancéreuses. Pour les patients qui bénéficieront plus rapidement des progrès de la recherche, votre don est un message de vie. h Pour en savoir plus sur le legs, la donation et l’assurance vie, contactez madame Ginette Busson, tél. : 01 44 32 40 58 / 40 65 - [email protected] h Si vous souhaitez faire bénéficier notre fondation d’une action de collecte privée, contactez madame Annick Bas, chargée de communication événementielle, tél. : 01 53 10 55 01 – [email protected] LE JOURNAL DE 18 , L’INSTITUT CURIE re JIC74_18-19-BAG.indd 18 11/04/08 21:46:16 ENTRE NOUS RÉTROSPECTIVE ,IL Y A 115 ANS BALADE DANS PARIS AVEC MARIE CURIE aris 19e arr. – De la gare du Nord au 92 rue d’Allemagne* Sur un quai de la gare du Nord, par une matinée de novembre 1891, une jeune femme de vingt-trois ans aux cheveux blond cendré et aux yeux gris-bleu descend d’un compartiment de quatrième classe. Marya Sklodowska voyage depuis trois jours. Elle a parcouru mille cinq cents kilomètres, quittant sa ville natale, Varsovie en Pologne, pour venir vivre dans la capitale française. Elle attendait ce départ depuis des mois, voire des années… depuis qu’elle ressent le désir d’étudier coûte que coûte les sciences à l’université. Mais, en Pologne, les femmes ne sont pas admises sur les bancs des facultés. Il lui fallait donc franchir les frontières. Ce matin-là, son beau-frère, Kazimierz Dluski, est venu l’accueillir. Sa sœur, Bronia Dluski, et son mari, tous deux médecins polonais exilés, vivent avec leur enfant dans un quartier ouvrier entre la gare du Nord et les abattoirs de la Villette. ACJC Novembre 1891, Marya Sklodowska arrive gare du Nord. Elle a quitté sa Pologne natale motivée par le désir d’apprendre les sciences. Le guide Balade parisienne avec Pierre et Marie Curie*, édité par l’Institut Curie, propose de découvrir ces lieux de Paris où Pierre et Marie Curie ont habité ou travaillé, au temps de la Belle Époque et des Années folles. Extraits. h DR/P.Clavier/Coll.Archives de Paris La gare du Nord, Paris 10e arr. h P h ACJC Marie sur le balcon de l’appartement des Dluski, rue d’Allemagne, en 1892. Les sœurs Sklodowska : Marya (à gauche) et Bronia. Leur appartement est au premier étage de l’immeuble, au no 92 de la rue d’Allemagne* du 19e arrondissement de Paris. Marya a un toit à Paris. Enfin, le rêve de la jeune Polonaise va pouvoir se réaliser… Paris 5e arr. – Boulevard Saint-Michel, Quartier latin Marie Sklodowska prend chaque matin l’omnibus à impériale. Cette voiture tirée par des chevaux avec une plate-forme pouvant recevoir des voyageurs est un transport en commun de la fin du XIXe siècle. Le trajet sur la chaussée pavée est épique et long : il faut compter une heure pour se rendre depuis le nord de Paris jusqu’au « Boul’ Mich’ ». Le Boul’Mich’, c’est ainsi que les étudiants surnomment le boulevard Saint-Michel. Ici, c’est leur quartier, le Quartier latin, celui des facultés et des grandes écoles. La Sorbonne ouvre ses amphithéâtres à la toute nouvelle étudiante polonaise qui se prénomme désormais Marie. Elle a francisé son prénom sur sa fiche d’inscription à la faculté des sciences. Les laboratoires sont flambant neufs, ils viennent d’être rénovés par l’architecte de la Sorbonne, Henri-Paul Nénot. L’avenir s’annonce sous les meilleurs augures ! Extrait de Balade parisienne avec Pierre et Marie Curie, Nathalie Huchette, éd. Institut Curie. * Aujourd’hui, 92 avenue Jean-Jaurès. À LIRE PARCOURS SANS FAUTE De la gare du Nord, en passant par la Sorbonne, l’Institut de France, bifurquant pour un petit détour par le théâtre de l’Œuvre et se terminant à l’Institut Curie, le lecteur part sur les traces du premier couple de savants prix Nobel français. h Balade parisienne avec Pierre et Marie Curie, collection Les Carnets du Musée Curie, édités par l’Institut Curie (52 pages, 14,90 euros). En vente au Musée Curie. Les bénéfices de la vente sont reversés au bénéfice de la lutte contre le cancer menée à l’Institut Curie. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE re JIC74_18-19-BAG.indd 19 , 19 11/04/08 21:46:20 15/04/08 17:59 Page 1 À l’Institut Curie, avec votre don mensuel, nous faisons plus qu’avancer. Optimus CURIE205X264 V2(v.4)3 Grâce au prélèvement mensuel, vous nous apportez le plus efficace des soutiens en nous donnant les moyens de construire nos projets à long terme et vous soutenez activement nos programmes de recherche. Avec votre soutien régulier, nous serons plus forts pour, ensemble, aller toujours plus loin pour prendre le cancer de vitesse ! ✂ Coupon à compléter et à adresser avec votre RIB, dans l’enveloppe ci-jointe à : Institut Curie - 26 rue d’Ulm - 75248 PARIS Cedex 05. ❏ Je choisis d’aider régulièrement l’Institut Curie en faisant un don mensuel de : ❏ ❏ ❏ ❏ Autorisation de prélèvement en faveur de l’Institut Curie Bénéficiaire Institut Curie Numéro d’émetteur : 462 498 26 rue d’Ulm - 75248 Paris Cedex 05 Fondation privée reconnue d’utilité publique 8 euros 15 euros Mes coordonnées 20 euros Nom / Prénom : euros (autre montant) J’autorise l’établissement teneur de mon compte à prélever, directement à partir de ce dernier, mon don mensuel en faveur de l’Institut Curie le 5 de chaque mois. Je pourrai suspendre cet accord à tout moment. Adresse : Code postal : Ville : Etablissement teneur de mon compte Désignation de mon compte Code établissement Code guichet Nom : Adresse : le : N° de compte Clé RIB Code postal : Ville : 8J2 Fait à : Signature : (obligatoire)