la sous-traitance aéronautique en ile-de-france
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la sous-traitance aéronautique en ile-de-france
Juin 2003 LA SOUS-TRAITANCE AÉRONAUTIQUE EN ILE-DE-FRANCE : Tableau général et tendances récentes L'Ile-de-France, première région aéronautique en France et en Europe par le nombre de salariés, est aussi le premier pôle national pour les sociétés impliquées, qu'il s'agisse de fournisseurs ou de sous-traitants. Constituant en effet un vaste espace d'opportunités commerciales dans le domaine de la soustraitance aéronautique, la région-capitale structure d'importants marchés aux réseaux complexes et évolutifs. A partir des études et enquêtes menées par la DRIRE Ile-de-France (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement) et le CROCIS (Centre régional d’observation du commerce, de l’industrie et des services), on trouvera ici les tendances récentes de la soustraitance aéronautique francilienne. UNE INDUSTRIE TRÈS STRUCTURÉE L'industrie aéronautique regroupe plusieurs types d'intervenants. Le GIFAS (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales) les répartit en 3 secteurs : les maîtres d'œuvre, concepteurs de systèmes (EADS, DASSAULT AVIATION, EUROCOPTER…), les motoristes (SNECMA, TURBOMECA, SMA…), et l'industrie des systèmes et équipements (THALES, SAGEM, AERAZUR… et de nombreuses PME technologiques et innovantes). Selon le GIFAS, la région Ile-deFrance occupe 35% des emplois directs dans ce secteur dont une forte proportion d'ingénieurs et cadres, et génère directement ou indirectement 80% des emplois liés à l'activité aéronautique dans l'hexagone. Que ce soit à Paris, en petite couronne (Hauts de Seine notamment) ou en grande couronne (Yvelines particulièrement), les grands donneurs d'ordres de l'industrie aéronautique sont présents (EADS, THALES, SNECMA, DASSAULT…) et induisent un fort tissu de sous traitants. Cette sous-traitance peut être décomposée en 3 niveaux : niveau 1 : les motoristes et équipementiers l l niveau 2 : les concepteurs et fabricants de sous-systèmes et composants niveau 3 : les entreprises de sous-traitance de capacité ou de spécialité (peu ou pas de moyens d'études) l En parallèle, interviennent, tant auprès de cette sous-traitance que des donneurs d’ordres, des entreprises de services offrant des prestations d'études, d'ingénierie, de maintenance et informatiques. L'Ile-de-France est ainsi l'une des seules régions à rassembler sur son territoire des entreprises de tous les niveaux de la filière aéronautique. PROFIL RÉGIONAL DU SECTEUR Si environ 12 % des entreprises représentées sont exclusivement liées au secteur de la défense, plus de 50 % des entreprises de sous-traitance en Ile-de-France interviennent partiellement pour le secteur militaire national ou européen, selon diverses enquêtes commerciales régionales (enquête CROCIS, bases de données US Commercial Services). Environ 16 % des entreprises considérées interviennent dans d'autres secteurs que le secteur aéronautique civil et militaire. Enfin, environ 50% des entreprises disposent de moins de trois clients majeurs ou, dans de nombreux cas, ont essentiellement leurs filiales en contrat (enquête CROCIS, bases de données US Commercial Services). Même si bon nombre des fabricants de deuxième et troisième niveaux n'exporte pas directement, leurs produits se font concurrence sur les marchés mondiaux comme éléments de systèmes ou de sous-systèmes. Parmi les entreprises de second niveau exportatrices, environ 15 % le font sous forme de livraisons "captives" vers leurs sociétés mères européennes ou nordaméricaines. L'industrie de la sous-traitance régionale se caractérise par un réseau complexe de relations aval et amont entre les établissements des trois niveaux. La complexité croissante des produits finaux entraîne : l nombre d’équipementiers à renforcer leur compétence autour de grands métiers et leur capacité à assurer auprès des maîtres d’œuvre le développement, la production et la maintenance de fonctions et systèmes complets sur un programme , un degré élevé de spécialisation technologique et d’innovation des fournisseurs de composants et sous-systèmes de rang 2, l l des investissements réguliers et un niveau technologique élevé chez bon nombre de soustraitants, de rang 3 et plus, du fait des exigences croissantes en matière de qualité, de coûts, de délais et de partage des risques. Estimation CROCIS du profil régional global des entreprises oeuvrant dans la sous-traitance aéronautique par spécialités de rattachement en 2002 Mécanique générale Mécanique de précision Composants et matériels électroniques Maintenance de matériel pour l'aéronautique Fabrication de composants divers pour l'aéronautique Fabrication de petits et gros moteurs Bureaux d'études Fabricants de moules 28 17 12 10 9 9 8 7 % % % % % % % % Source : enquête commerciale CROCIS 2002 et compilation des bases U.S Commercial Services. L'industrie régionale vise principalement les marchés civils -mais pas exclusivement- qu'il s'agisse de fournir des sous-systèmes et des sous-composants aux fabricants d'aéronefs et de moteurs ou de vendre directement aux transporteurs aériens ou même au marché de l'aviation en général. A noter que les établissements de deuxième niveau vendent, à plus de 90 %, aux constructeurs d'aéronefs mondiaux et environ 20 % d’entre eux comptent principalement sur les contrats de soustraitance avec des constructeurs étrangers pour assurer leur chiffre d’affaires (essentiellement avec l’Europe, le Canada, les Etats-Unis et marginalement avec le Brésil et l’Afrique du Sud). L'industrie régionale a pour caractéristique de servir aussi d'autres industries de haute technologie (secteur instrumentation pour l’industrie, contrôle de process, robotique industrielle, optronique) à travers la mise au point de métaux et matériaux nouveaux, de technologies manufacturières de pointe, de matériel informatique et de communication et de systèmes pour l’avionique. Par La situation dans les départements franciliens : le cas des PME-PMI spécialisées des Hauts de Seine et de la Seine et Marne rencontrées par la DRIRE* Les entreprises rencontrées par la DRIRE Ile-de-France peuvent être classées selon leurs activités comme suit : Mécanique Equipements et systèmes divers Etudes Plasturgie Composants électriques et électroniques Fabrication de moteurs Maintenance Traitement et revêtement des métaux 38 16 14 11 9 5 5 2 % % % % % % % % Pour l’essentiel opérant au rang 2 et 3, prés de 60% des PME engagées sur le secteur réalisent plus de 50 % de leur CA avec l’aéronautique et 25 % d’entre elles en sont dépendantes à plus de 95 %. Les entreprises visitées sont bien structurées en terme organisationnel mais 75 % de celles-ci ont un effectif de moins de 50 salariés ce qui les expose à une certaine fragilité. En outre, peu d’entre elles (moins de 25 %) appartiennent à un groupe. Pour ces PME la taille du marché reste essentiellement nationale bien que certaines puissent être stimulées par la proximité des grands donneurs d’ordres de dimension internationale. *(étude réalisée au deuxième semestre 2002 sur la base de 44 visites d’entreprises). exemple, certains établissements proposent leurs compétences en usinage de précision pour les besoins de production de composantes métalliques de grande qualité utilisées dans les instruments médicaux (Hauts de Seine, Essonne, Seine et Marne). UNE DYNAMIQUE DES MARCHÉS MARQUÉE PAR L'INTERNATIONAL La forte croissance des exportations durant les années 1990 s'explique par : l la montée des ventes internationales de nouveaux produits conçus et fabriqués principalement en Europe et en France, avec leurs retombées en Ile-deFrance, l la croissance des exportations d'hélicoptères, la participation accrue des établissements de deuxième niveau de l'industrie à la conception de sous-systèmes et à la fabrication de sous-structures d'aéronefs pour le compte de grands constructeurs étrangers. l On notera qu’environ 36 % des exportations franciliennes du secteur se font à destination de l'Europe et 23 % vers l'Amérique du Nord. Le reste se répartit, dans l'ordre, vers l'Asie-Pacifique, le Proche et Moyen-Orient et l'Amérique du Sud. Parmi les produits de conception réalisés en Ile-de-France, on relèvera que près des deux tiers des ventes sont faits sur les marchés d'exportation (enquête commerciale CROCIS 2002 et bases de données US Commercial Services). Les entreprises de premier niveau de sous-traitance comme les équipementiers ont, elles aussi, enregistré un niveau d'exportation élevé en participant aux programmes de construction aéronautique étrangers. Les solides positions acquises par les entreprises franciliennes, apparaissent aujourd’hui menacées par toute une série de nouveaux facteurs touchant à la fois à la demande et à l'offre : l l'industrie doit composer avec des marchés stagnants ou incertains au cours des dix prochaines années, le taux de croissance le plus élevé étant attendu dans la zone Asie (Chine et Malaisie notamment). Les marchés nordaméricain et européen traditionnels resteront importants, mais la part croissante des marchés asiatiques oblige d'ores et déjà les constructeurs à un compromis avec les pays qui aspirent à leur propre industrie de sous-traitance et qui sont aussi susceptibles d'utiliser leur pouvoir d'achat accru pour atteindre cet objectif. Ainsi, le développement de “joint-ventures” pour des sous-composants de grands aéronefs conçus en occident, en Chine continentale et en Malaisie par exemple, s’inscrivent dans cette perspective. A terme, à partir de ces centres d’excellence, se développent désormais de véritables lignes de fabrication pour la réalisation d’aéronefs complets achetés par les compagnies aériennes locales dont la capacité financière a été multipliée ces dernières années. Un phénomène non négligeable d’auto-développement “industrie locale” vers “les compagnies aériennes locales” est en cours un peu partout en Asie. l l'industrie du transport aérien est en restructuration, les premiers signes étant les accords de partage des codes de vol qui lient les transporteurs internationaux et la détention réciproque d'actions; l les compagnies aériennes clientes, frappées durement depuis deux ans, sont financièrement fragiles. Même si leurs activités redeviennent rentables, le volume des fonds requis pour permettre la livraison de tous les aéronefs prévus au cours des dix prochaines années semble devoir dépasser leurs capacités financières; l le marché est bien servi par les produits offerts et il y a relativement peu de créneaux qui ne sont pas disputés. Étant donné les coûts croissants de développement initiaux, beaucoup moins de nouveaux programmes d'aéronefs devraient être lancés au cours de la prochaine décennie. Les fournisseurs seront alors contraints de se positionner sur chaque nouveau programme d'aéronefs annoncé ; l plusieurs nouveaux concurrents devraient gagner du terrain au cours des années futures, comme la Fédération de Russie (avec l’Ukraine) compte tenu de leurs installations de production et de leurs coûts faibles; En tout état de cause, même après la restructuration de l'industrie, la capacité de production globale devrait continuer d'être excédentaire dans l'industrie de l'aéronautique pendant encore au moins les dix prochaines années. EVOLUTIONS STRATÉGIQUES ET PERSPECTIVES Les entreprises franciliennes du secteur devront adapter leur fonctionnement en fonction des incertitudes du marché et de la nécessité de réduire les coûts de développement et d’industrialisation des futurs programmes aéronautiques. Pour faire face au défi de la mondialisation et de la globalisation des marchés, le secteur de l’industrie aéronautique a connu d’importants mouvements de restructuration et de consolidation. Des besoins accrus de réactivité et de compétitivité, l’émergence de l’économie de la connaissance et l’innovation technologique Estimation des marchés internationaux en matière de soustraitance aéronautique en croissance ayant des répercussions sur la région Ile-de-France supérieures à cinq ans Zone Asie-Pacifique (usinage, fabrication de petits composants) Zone Union Européenne élargie (usinage, traitement de surface) Zone Amérique du nord (ingénierie, systèmes embarqués) 50 % 40 % 10 % Source : enquête commerciale CROCIS 2002 galopante imposent aujourd’hui de nouveaux modes de relations et de travail inter-entreprises. Parmi les sociétés visitées par la DRIRE, un nombre significatif souhaite ainsi se développer en s’associant avec d’autres, aux activités complémentaires, de rangs éventuellement différents, soit en créant des filiales soit par croissance externe. Ces partenariats sont l’occasion de transfert de technologies et de partage de moyens pour atteindre des marchés parfois difficilement accessibles. Ces nouvelles méthodes de travail ont aussi un effet sur la maind'œuvre en Ile de France : les emplois d'usinage traditionnels évoluent du fait de tâches à accomplir de plus en plus automatisées et nécessitant des compétences nouvelles. Toutefois, nombreuses sont les entreprises qui relatent des difficultés de recrutement notamment sur les personnels techniques, de niveau BEP à BTS dans le secteur de la mécanique. Dans les autres secteurs, le manque de main d’œuvre qualifiée est aussi souvent exprimé. Dans les grands groupes industriels l’e-business s’inscrit désormais dans les stratégies à court terme, y compris, d’ici 2 à 3 ans, l’exportation de leur e-transformation à leurs fournisseurs dans le cadre de l’intégration du système d’information de l’entreprise étendue (de la conception à la livraison). L’adaptation à ces nouveaux modes de travail est un défi pressant et un enjeu vital pour les entreprises soustraitantes de l’aéronautique franciliennes sous peine de se voir de facto exclues de ces marchés. La pénétration des TIC au sein des PME sous traitantes de l’aéronautique reste un point de développement majeur, plus ou moins bien identifié suivant les entreprises : en Ile-de-France, si la quasi-totalité possède un accès Internet, seules 10 à 15 % utilisent régulièrement l’EDI. Les stratégies de partage des risques sont également au cœur de ces nouveaux modes de travail entre donneurs d’ordres et soustraitants de l’aéronautique. Elles se concrétisent par plus de relations globales avec les principaux fournisseurs et plus de collaborations à l'échelle internationale. Les fournisseurs de premier niveau, motoristes et équipementiers, voire parfois de rang inférieur, sont devenus des partenaires à part entière des maîtres d’œuvre. Ces derniers cherchent, en effet, à rationaliser leur production en réduisant le nombre de leurs fournisseurs et en les impliquant de plus en plus dans les programmes. Au delà de l’investissement en capital initial, les sous-traitants doivent assumer les mêmes risques que les donneurs d'ordres, puisque la récupération de leur investissement dépend du succès sur le marché. En fonction de cette stratégie de partage de risques, ils subissent de fortes pressions pour continuer à chercher des débouchés. Pour réussir, ils doivent alors prêter davantage attention à la dynamique de chaque segment de marché et évaluer objectivement les probabilités de succès commercial de chaque programme. Ces considérations sont néanmoins difficilement appréciables pour nombre de PME, ceci d’autant plus qu'il y aura moins de nouveaux projets que dans le passé, que la concurrence des pays aspirant à devenir des puissances aérospatiales continuera de s'intensifier et que leurs clients traditionnels pourraient confier de plus en plus de travaux à des entreprises étrangères dans le cadre d'ententes de collaboration internationale. La rationalisation de l'industrie francilienne risque donc d'être difficile. Elle passera notamment par l'élimination de la capacité excédentaire et continuera de se traduire par l'élimination de lignes de produits à mesure que les décisions de développer la prochaine génération d'aéronefs seront prises. Face à la rationalisation de l’activité, l’Ile-de-France a toutefois la possibilité de maintenir voire renforcer sa position de leader. Elle dispose d’un tissu industriel dynamique et performant. Nombre de petites structures créent des produits ou service innovants qui intéressent les donneurs d’ordres même si ces derniers ne sont pas à l’origine directe des projets. Grâce à une vision stratégique, elles devancent les évolutions du marché pour se tourner vers des créneaux porteurs ou en apportant une forte valeur ajoutée à leur production. Au delà, les PME franciliennes renforceront leur position de partenaires fiables et crédibles des donneurs d’ordre en saisissant les opportunités offertes par les TIC, en se sensibilisant davantage à l’intelligence économique, et en accroissant leur niveau technologique et leur capacité d’innovation. Contacts : l DRIRE Ile-de-France 10 rue Crillon 75194 PARIS cedex 04 Pierre ASCENCIO et Alexandre CHEVALLIER - DRIRE Ile-de-France Martine CRUSILLEAU Fabrice RIGAUX - CROCIS [email protected] Tél. : 01.44.59.48.85 Alexandre CHEVALLIER [email protected] Tél. : 01.64.10.53.33 Pour en savoir plus : Pierre ASCENCIO 4 La situation et les perspectives de développement des entre- [email protected] prises de la sous-traitance aéronautique dans le Val d'Oise, CEEVO (Comité d'Expansion Economique du Val d'Oise), 2000. Tél. : 01.56.38.02.78 4L'aéronautique et le spatial en Ile-de-France, ARD (Agence l CROCIS Régionale de Développement), 2001. 47/49 rue de Tocqueville 4Annuaire de la filière aéronautique de la Seine-Saint-Denis, COMEX, CCIP (Délégation de la Seine-Saint-Denis, Chambre des Métiers de la Seine-Saint-Denis, Conseil Général du Département de la Seine-Saint-Denis), téléchargeable : http://www.ccip93.ccip.fr/ 4Fichier Aéronautique et Spatial 2002-2003, Régie Générale d'Annuaire. 4Le Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales (GIFAS), www.gifas.asso.fr Découvrez les données économiques de l’Ile-de-France sur le site Internet du CROCIS http://www.ccip.fr/crocis 75813 PARIS cedex 17 Denis DESCHAMPS [email protected] Tél. : 01.55.65.62.03 Fabrice RIGAUX [email protected] Tél. : 01.55.65.62.06 Le site Internet de la DRIRE Ile-de-France http://www.ile-de-france.drire.gouv.fr/