REPONSE EBOLA: OU EN SOMMES NOUS

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REPONSE EBOLA: OU EN SOMMES NOUS
REPONSE EBOLA: ETAT DES LIEUX
NOTE DE MSF
DECEMBRE 2014
INTRODUCTION
Début septembre 2014, Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé un appel aux Etats dotés
d’une capacité de réponse aux catastrophes biologiques pour qu’ils interviennent en Afrique
de l'Ouest où une épidémie d’Ebola avait déjà fait plus de 5900 morts. L’organisation
déclarait alors que sans l'aide d’Etats étrangers, les organisations non gouvernementales
(ONG) et les Nations Unies n’avaient aucun espoir de pouvoir efficacement mettre en œuvre
la feuille de route mondiale préconisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour
lutter contre le virus Ebola.
MSF a demandé aux États d’intervenir en urgence en Guinée, Sierra Leone et au Libéria, de
mettre en place des structures de prise en charge des cas d’Ebola, d’envoyer du personnel
qualifié en nombre, d’installer des laboratoires mobiles afin d'améliorer les capacités de
diagnostic et de mettre en place des centres de prise en charge des cas. L'organisation a
également appelé ces Etats à établir des ponts aériens pour transporter le personnel et les
équipements en Afrique de l'Ouest, à créer un réseau régional d'hôpitaux de campagne pour
traiter le personnel médical et à s’attaquer au problème de l'effondrement des infrastructures
publiques qui, dans de nombreuses régions d'Afrique de l’Ouest, prive la population d’un
accès aux soins, même les plus élémentaires.
Trois mois plus tard, la réponse se déploie dans les pays les plus touchés par le virus et les
populations, autorités locales, ONG internationales et Etats étrangers y participent maintenant
à des degrés divers. Il y a eu des avancées : par exemple, un certain nombre d'organes ont été
mis en place pour améliorer la coordination aux niveaux national et régional, quelques
hôpitaux de campagne réservés au personnel médical ont été mis en place dans la région, et
les Etats - avec le soutien de la communauté internationale - sont maintenant à la tête des
efforts menés contre Ebola dans les trois pays.
Dans l'ensemble cependant, la réponse à cette épidémie qui évolue rapidement a été
insuffisante jusqu'ici. Au lieu de l'intervention coordonnée, globale et menée par des experts
que MSF avait demandée il y a 90 jours, les efforts déployés ont été lents et fragmentaires,
bien en-deçà des attentes. En particulier :

La réponse internationale au virus Ebola en Afrique de l'Ouest a été lente,
entravée par un grave manque de personnel. Bien que les trois pays les plus
touchés aient reçu de l'aide de la part d’Etats étrangers, ces derniers se sont concentrés
essentiellement sur le financement et/ou la construction de centres de prise en charge
des cas d'Ebola, laissant à des ONG et aux personnels de santé locaux qui n’avaient
pas les compétences requises le soin de les pourvoir en personnel. Former du
personnel pour faire fonctionner en toute sécurité des centres Ebola et pour mener les
autres activités nécessaires prend des semaines et cette formation est à la fois
théorique et pratique. Bien qu'un certain nombre d'organisations, dont MSF, aient
proposé ce type de formation, ce goulot d'étranglement a été à l’origine d’importants
retards.
1

Dans les trois pays les plus touchés, il n’y a toujours pas assez de structures où
diagnostiquer et traiter les patients, et il y a des lacunes importantes pour tous les
autres éléments de la réponse1. Au Libéria, la plupart des lits opérationnels sont
concentrés dans la capitale Monrovia tandis que les zones rurales éloignées ne
reçoivent qu’un faible soutien international. En Sierra Leone, alors que le nombre de
cas est en augmentation dans tout le pays, il n’y a toujours pas assez de structures
supplémentaires de prise en charge des cas : la plupart des patients qui se trouvent
actuellement dans les centres de prise en charge2 MSF à Bo et Kailahun viennent
d'autres districts. En Guinée, il n’y a que quelques centres de prise en charge ouverts
et fonctionnels, huit mois après que l'épidémie a été déclarée. Dans la région, tous les
autres éléments de la réponse présentent de grosses lacunes. Seulement un petit
nombre d’organismes internationaux mènent ces activités et toutes les zones touchées
ne sont pas couvertes.

Nous devons éviter une situation de « double échec » où la réponse est d’abord
lente et ensuite inadéquate. De nombreux acteurs internationaux semblent incapables
de s’adapter suffisamment vite à une situation qui évolue rapidement. Résultat, les
ressources sont allouées à des activités qui ne sont plus adaptées à la situation
présente. Par exemple à Monrovia (Libéria), de nouveaux centres de prise en charge
des cas sont en cours de construction alors que les capacités d'isolement sont
suffisantes et que le nombre de cas baisse dans la capitale. Toutes les organisations
impliquées dans la réponse, y compris MSF, doivent adopter une approche souple et
affecter leurs ressources aux besoins les plus pressants quand et là où cela est
nécessaire.
La Guinée, la Sierra Leone, le Libéria et maintenant le Mali se trouvent aujourd’hui à
différentes phases de l’épidémie et les foyers d’Ebola se déplacent en permanence. En
Afrique de l’Ouest, MSF est impliquée dans les six éléments essentiels de la réponse à
l’épidémie : isolement et prise en charge médicale des cas ; gestion sécurisée des
enterrement ; sensibilisation ; gestion des alertes et surveillance au sein de la
communauté; recherche des personnes ayant été en contact avec des malades et soins de
santé habituels. Un soutien plus souple s’impose pour chacun de ces six éléments jusqu’à
la fin de l’épidémie, en d'autres termes, jusqu'à ce que la dernière personne qui ait été en
contact avec un patient Ebola ait été suivie et dépistée négative au virus Ebola.
1
La stratégie de MSF pour lutter contre Ebola s’articule autour de six éléments essentiels: isolement et prise en
charge médicale des cas, y compris les capacités de diagnostic en laboratoire pour confirmer l'infection ;
organisation d’enterrements sécurisés dans les centres de prise en charge des cas et les communautés ;
sensibilisation ; gestion des alertes et surveillance dans les communautés ; recherche des personnes contacts; et
accès aux soins pour les patients non-Ebola, y compris la protection des structures et des personnels de santé.
Ces activités sont inter dépendantes et elles doivent être toutes mises en place pour contenir l’épidémie.
2
Un centre de prise en charge des cas ou centre Ebola est une structure centralisée où des patients peuvent être
dépistés pour le virus Ebola et recevoir des soins médicaux, en nombre (50 lits ou +). Regrouper les patients
permet d’assurer un niveau élevé de contrôle infectieux. Ces centres sont parfois dénommés « centres de
traitement Ebola ». A ne pas confondre avec les centres de transit où les cas suspects peuvent être isolés en toute
sécurité et recevoir des soins jusqu’à leur transfert dans un centre de prise en charge, ni avec les centres de soins
communautaires qui sont des petites structures (huit à dix lits) où les patients d’une zone plus petite sont isolés
au sein de leur communauté et où ils reçoivent des soins de base, des médicaments, de l’eau non souillée dans de
bonnes conditions sanitaires.
2
LIBERIA
Des progrès, une réponse adaptée toujours nécessaire
Au vu du nombre de cas, le Libéria a été le pays le plus touché par cette épidémie, Monrovia
et la région de Monrovia étant la zone la plus sévèrement touchée. Le nombre de cas a
commencé à baisser dans la capitale et des lits sont inoccupés dans les quatre centres de prise
en charge Ebola. Mais de nouveaux cas apparaissent ailleurs dans le pays, notamment dans les
comtés de Bong, Margibi, Gbarpolu, Grand Cape Mount et River Cess. Etant donné qu’un
seul cas peut créer un nouveau foyer, l’épidémie est loin d’être terminée.
Des Etats étrangers et des organisations non gouvernementales construisent actuellement des
centres Ebola d’une grande capacité de prise en charge. Les lits pour les patients Ebola sont
actuellement concentrés dans la capitale et 16 centres Ebola supplémentaires doivent être
construits dans le pays. Toutefois ce seront essentiellement aux « partenaires », tels que les
personnels de santé locaux et les ONG, qui devront pourvoir en personnel ces structures. Un
certain nombre d’acteurs assurent la formation de ces partenaires, mais il faudra plusieurs
semaines pour que ces personnes reçoivent cette formation et soient à même de prendre en
charge les patients en toute sécurité.
Soucieux de tenir les engagements pris il y a deux mois, de nombreux acteurs internationaux
semblent incapables de s’adapter à la situation qui évolue rapidement au Libéria. Résultat,
des ressources sont allouées à des activités qui ne sont plus adaptées à la situation. Par
exemple, la Chine vient de construire à Monrovia un centre de prise en charge d’une capacité
de 100 lits alors qu’il y a déjà 580 lits opérationnels dans les quatre centres Ebola de la
capitale libérienne et qu’il y a seulement 178 lits opérationnels dans le reste du pays.
Si les capacités d’isolement et de prise en charge médicale semblent suffisantes à Monrovia
pour le moment, elles font en revanche toujours défaut dans les régions rurales du pays. Ainsi,
dans le comté de River Cess, les patients doivent faire jusqu'à 12 heures de route pour arriver
à un laboratoire et à un centre de prise en charge fonctionnels. Dispenser des soins aux
patients dans les zones rurales difficiles d’accès pose des défis majeurs en termes de
logistique et de transport.
Dans de nombreux endroits, le personnel des structures de soins normales n'a pas reçu de
formation sur les mesures de contrôle de l’infection, ni sur la façon de faire avec des patients
Ebola au cas où ils se présenteraient et il n’a pas non plus reçu le matériel médical nécessaire
pour se protéger. Les structures de soins deviennent rapidement des lieux où se transmet le
virus, ce qui entraîne souvent leur fermeture. C'est le cas à Monrovia, par exemple, où la
plupart des structures de soins ont aujourd'hui fermé leurs portes. Pour qu’elles puissent
rouvrir en toute sécurité, des points de triage doivent être créés dans ces structures et des
mesures doivent être mises en œuvre pour restaurer la confiance dans les structures de soins.
Le virus continue de se transmettre presque partout dans le pays, ce qui démontre la nécessité
de poursuivre la sensibilisation et la mobilisation des communautés. Les équipes MSF
constatent que de fausses idées sur le virus Ebola sont encore répandues et que la
stigmatisation est forte, ce qui amène certaines personnes à ne pas avoir recours aux soins ou
à ne pas signaler des malades. Ainsi, lors d'une évaluation faite récemment dans le comté de
Bong, les équipes MSF ont observé que des personnes qui avaient été en contact avec des
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malades avaient fui dans la campagne, de peur d'être enregistrées en tant que 'contact' ou
transférées dans un centre de prise en charge d'Ebola.
Les services de laboratoire (et le transport, si nécessaire, pour avoir des résultats rapides), la
gestion sécurisée des enterrements, les systèmes d'alerte et de surveillance, les services
d'ambulance et la recherche des personnes ayant été en contact avec les malades sont d’autres
activités qui nécessitent un renfort urgent, en particulier dans les régions reculées et rurales du
pays. Bien que des équipes du ministère de la Santé aient été déployées dans toutes les régions
pour mener ces activités, elles manquent parfois de l'équipement de base nécessaire pour les
mener à bien et ne sont pas rémunérées pour leur travail. Lors d’une mission exploratoire dans
le comté de Margibi, il y a deux semaines, le personnel MSF a constaté que les équipes
chargées de rechercher les 'contacts' et les malades manquaient de moyens essentiels,
notamment de véhicules et de cartes SIM pour leurs téléphones portables, pour faire ce
travail. Dans certaines régions rurales, ces activités commencent à recevoir le soutien des
acteurs de l'aide internationale ; mais dans bien d'autres, ce soutien continue de faire défaut.
MSF a observé qu'une réponse globale à Ebola comprenant tous les éléments nécessaires peut
contribuer à réduire la transmission du virus. A Foya, dans le comté de Lofa, où l'ensemble
des activités de lutte contre Ebola ont été mises en oeuvre et où la communauté locale s'est
fortement mobilisée, il n'y a aucun cas confirmé depuis plus de quatre semaines. Pour cette
épidémie mouvante à l’évolution rapide, tous les acteurs impliqués dans la réponse doivent
adopter une approche flexible et allouer des ressources aux activités là où elles sont le plus
utiles et au moment requis.
SIERRA LEONE
Des capacités d'isolement encore insuffisantes, des personnels de santé locaux dépassés
par l’ampleur des besoins
En Sierra Leone, la lutte contre Ebola prend du retard face à l’augmentation du nombre de
cas. Malgré les efforts déployés par les autorités nationales et le soutien d’acteurs
internationaux, la situation est loin d'être sous contrôle. Tous les districts du pays sont touchés
par l'épidémie, et le nombre de cas a augmenté de façon alarmante. L'Ouest (Freetown et ses
environs), ainsi que Port Loko, Bombali et Tonkolili restent les zones où le nombre de cas est
élevé et où le virus continue de se propager.
Des Etats étrangers - principalement le Royaume-Uni et la Chine - ont dépêché des équipes
pour construire de nouveaux centres dans différents endroits du pays, notamment à Port Loko,
Freetown et Makeni. En septembre, le Royaume-Uni a annoncé qu'il allait construire et
fournir des moyens matériels pour 700 lits supplémentaires (en laissant à des partenaires la
tâche de les pourvoir en personnel). Le 27 novembre dernier, seulement 11 de ces lits étaient
opérationnels, et seulement 28 patients avaient été traités. Même si les autres centres sont en
construction et devraient bientôt ouvrir, ils ne fonctionneront pas à pleine capacité avant
l'année prochaine. Maintenant, un certain nombre d'acteurs assurent une formation du
personnel, ce qui est un point positif.
Malgré les importantes promesses d'aide de la communauté internationale, la plupart du
travail de terrain auprès des patients et des communautés est toujours effectué par les
populations locales, les autorités sierra-léonaises et les ONG. À l'heure actuelle, dans la
région Ouest, l'une des plus touchées, la grande majorité des lits disponibles pour les patients
Ebola sont gérés par le ministère de la Santé, avec le soutien d’organisations internationales et
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de quelques Etats, comme le Royaume-Uni, la Chine et Cuba. Environ 50 pour cent des lits
disponibles dans l'ensemble de la Sierra Leone sont gérés par le ministère de la Santé et
l'armée sierra-léonaise, et 40 pour cent par MSF.
Les capacités d'isolement et de prise en charge médicale des patients demeurent un grave
problème : il n'y a toujours pas assez de lits pour recevoir les patients dont le nombre est en
augmentation dans tout le pays. Dans les centres MSF de prise en charge à Bo et Kailahun, la
majorité des patients viennent maintenant d'autres districts du fait que les capacités de prise en
charge sont insuffisantes dans les régions plus reculées. Le manque de lits d’hospitalisation
est particulièrement aigu à Freetown et dans l'Ouest : le dernier week-end de novembre, dix
patients venus de Freetown ont été reçus dans le centre MSF de prise en charge à Kailahun,
car il n'y avait pas de lits libres à proximité de la capitale. Freetown se trouve à neuf heures de
route de Kailahun.
Faute de structures en nombre suffisant pour isoler, diagnostiquer et prendre en charge les cas
d'Ebola, le personnel de santé sierra-léonais est dépassé par l'ampleur des besoins et doit faire
face à l'épidémie avec le soutien apporté, quel qu’il soit. MSF est très préoccupé par la
contamination de patients non infectés et du personnel de santé dans les structures de soins
existantes, où le personnel n'est pas nécessairement formé pour prendre en charge des patients
atteints d'Ebola et où les mesures de contrôle de l’infection ne peuvent pas être mises en
oeuvre.
GUINEE
Longtemps négligée par les efforts internationaux, la réponse en Guinée est dramatiquement
lente
La Guinée a été le premier pays touché par le virus Ebola en Afrique de l’Ouest, mais au départ, le
pays a bénéficié d’un soutien international limité. A mesure que l’épidémie s’est propagée dans les
pays voisins, les engagements internationaux les plus importants pour participer à la réponse ont été
pris essentiellement au bénéfice du Liberia et de la Sierra Leone. Toutefois, depuis septembre dernier,
quelques engagements locaux et internationaux se sont manifestés.
La situation en Guinée est alarmante. Depuis août, le nombre de cas est en augmentation en Guinée et
en novembre, le nombre de cas avait augmenté d’environ 25% par rapport à octobre. L’épidémie se
propage aussi dans le pays : des contaminations sont enregistrées dans de nouvelles zones et 17 des 33
préfectures du pays ont fait état de cas ces trois dernières semaines.
Le groupe guinéen chargé de coordonner la réponse à Ebola enregistre des améliorations ; mais dans le
même temps, des manques qui doivent être palliés de toute urgence subsistent au niveau des
préfectures. Dans la plupart des zones touchées, il est urgent de déployer et renforcer les différentes
activités nécessaires pour lutter contre l’épidémie, et le soutien de partenaires internationaux du
ministère de la Santé pour les mettre en œuvre est tout autant indispensable.
Actuellement, seulement quatre centres reçoivent des patients Ebola. A la mi-novembre, la CroixRouge française a repris le centre de prise en charge construit par MSF à Macenta et la France finance
maintenant en totalité la structure et le laboratoire qui lui est rattaché, ce qui est un élément positif.
Toutefois la Croix-Rouge française et MSF ne sont que deux des quelques rares organisations
internationales gérant des structures de prise en charge dans le pays. Deux autres centres Ebola sont en
cours de construction par le Programme alimentaire mondial (PAM), mais pour le moment, une seule
organisation internationale a été identifiée pour faire fonctionner l’un des deux centres.
De même qu’en Sierra Leone et au Libéria, l’absence de partenaires qui souhaitent et puissent gérer
des centres Ebola et le manque de personnel formé constituent des goulots d’étranglement et sont à
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l’origine d’importants retards. MSF joue un rôle clé dans la formation du personnel des autres
organisations. Environ 120 personnes de nationalité guinéenne et d’autres nationalités ne travaillant
pas pour MSF ont été formées dans les deux centres MSF de prise en charge. Cela prend du temps
toutefois de former ces personnes pour qu’elles puissent travailler en toute sécurité dans les nouveaux
centres de prise en charge, or pendant ce temps, le nombre de cas continue d’augmenter.
Les capacités d’isolement et de prise en charge médicale des patients Ebola sont insuffisantes en
Guinée. A la mi-novembre, le centre MSF de Guéckédou était rempli au maximum de sa capacité avec
la majorité des patients venant de régions lointaines.
Les autres activités comme l’alerte des cas, la surveillance et le transfert des patients vers des centres
de prise en charge commencent lentement à recevoir le soutien nécessaire en termes d’expertise, de
ressources humaines, de formation, de supervision et de logistique, néanmoins elles restent fragiles et
insuffisantes. Les services d'ambulances doivent être améliorés de toute urgence, par exemple à
Macenta et dans d’autres régions, les patients confirmés et suspects sont transportés dans le même
véhicule pour des trajets parfois longs, risquant de contaminer ceux qui n’ont pas encore été infectés.
La sensibilisation, une activité essentielle pour aider les communautés à adapter leur comportement et
réduire la transmission du virus reste très insuffisante pour une intervention qui a débuté il y a huit
mois. Ces activités sont soutenues de manière inégale dans tout le pays. Autour de Conakry par
exemple, il y a toujours des zones où les équipes MSF ne sont pas les bienvenues. Là encore, la
formation de personnel local et international pour mener ces activités en toute sécurité reste une
contrainte majeure.
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NOTES AUX EDITEURS
La stratégie de MSF pour contrôler l’épidémie d’Ebola comprend six éléments clés :
l’isolation des patients, y compris la mise en place de laboratoires pour confirmer l’infection ;
l’encadrement d’enterrements sécurisés dans les structures de santé et dans la communauté :
la sensibilisation, la surveillance dans la communauté, le suivi des personnes contacts ; l’accès
aux soins de santé pour les patients non infectés par Ebola, incluant la protection des
structures et des travailleurs de santé. Tous ces éléments sont cruciaux pour rapidement
contrôler l’épidémie. Il est aussi indispensable que le personnel de santé soit formé et qu’ils
reçoivent du matériel pour assurer que ses activités soient mise en œuvre en toute sécurité.
Au Liberia, à Monrovia, MSF dirige le centre de gestion d’Ebola- ELWA 3- d’une capacité de
240 lits. Dans la capitale, MSF mène une campagne de promotion de la santé en faisant du
« porte-à-porte » pour sensibiliser la communauté sur la maladie et sa transmission. Au-delà
de la prise en charge de patients, MSF a distribué plus de 63 000 kits de protection et
désinfection et dirige un centre de transit de 10 lits sur le site de l’hôpital Rédemption pour
trier et référer les patients atteints du virus vers un centre de gestion d’Ebola. L’organisation a
également distribué des médicaments antipaludéens a plus de 550 000 personnes dans des
zones très peuplées de Monrovia afin d’arrêter la contamination des patients fébriles non
Ebola dans les centres de prise en charge et afin de réduire l’incidence de la fièvre et de la
mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. L’organisation commence à réduire ses
activités dans le centre de gestion d’Ebola à Foya, dans l’est du pays car il n’y a pas eu de cas
confirmé depuis le 30 octobre 2014.
En Sierra Leone, MSF a mis à disposition 160 lits pour des patients d’Ebola dans l’ensemble
du pays : un centre de gestion d’Ebola de 104 lits à Kailahun dans l’est du pays et un centre
de 60 lits à Bo. En raison d’une pénurie de lits dans le pays, MSF va bientôt ouvrir un centre à
Magburaka et un autre à Freetown. Sur les deux sites existants, MSF forme le Ministère de la
santé et des ONG cherchant à ouvrir des structures à la prise en charge des patients Ebola au .
L’organisation a également déjà formé plus de 750 travailleurs de santé à la diffusion de
messages de promotion de la santé depuis juillet 2014. La distribution de médicaments
antipaludéens à 1.4 millions de personnes et de kits de protection contre le virus Ebola
devraient commencer dans les jours à venir.
En Guinée, MSF gère deux centres Ebola: un centre de 85 lits à Conakry, et un centre de 99
lits à Guéckédou, en Guinée forestière. Dans les deux sites, l’organisation forme le personnel
du Ministère de la santé afin qu’il puisse se déployer dans les sites de transit ailleurs dans le
pays. MSF a aussi construit un centre de transit à Forécariah pour le Ministère de la santé et
un centre de gestion d’Ebola à Macenta pour la Croix Rouge Française, qui a repris gestion du
centre le 14 novembre 2014. Les équipes de MSF vont continuer de travailler avec la Croix
Rouge Française jusqu’au mois de décembre afin de faciliter le transfert des compétences
d’investigation et les activités de promotion de la santé dans la zone.
Au Mali, l’organisation a démarré une intervention le 24 octobre 2014 juste après la
confirmation du premier cas à Kayes, dans le nord du pays. Suite à la détection d’un nouveau
cas à Bamako le 11 novembre, MSF a renforcé son équipe et étendu ses activités dans le but
de limiter la propagation de l’épidémie. MSF dirige actuellement un centre de gestion
d’Ebola en collaboration avec le Centre National d'Appui à la lutte contre la Maladie
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(CNAM). L’organisation forme le staff du CNAM et du Ministère de la santé à la prise en
charge de la maladie au, et veille à la mise en place d’un système d’ambulance et à
l’organisation d’enterrements sécurisés.
Au Nigéria et au Sénégal, MSF a apporté un soutien technique aux autorités sanitaires dans
les domaines de l’isolation, du suivi des contacts et de la sensibilisation. La fin de l’épidémie
a été déclarée dans ces deux pays.
À titre exceptionnel, l'organisation travaillera avec trois instituts de recherche pour accueillir
les essais de trois traitements expérimentaux contre le virus Ebola sur ses sites. Ces essais
devraient commencer dès décembre 2014.
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