Eau vive N°15
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Eau vive N°15
N° 15 2 février 2014 2 février : Présentation du Seigneur Evangile : Saint Luc 2, 22 - 40 Le « Temps ordinaire » de la liturgie s’efface ce dimanche pour laisser place à la fête de la Présentation de Jésus au Temple, 40 jours après Noël, le 2 février qui cette année tombe un dimanche. Luc en donne un exposé presque aussi long que celui de la naissance de Jésus et de l’annonce aux bergers. Autant les anges se sont égosillés à chanter Noël, autant la discrétion accompagne la présentation de Jésus. I – Une démarche toute simple. Il s’agit pour Marie et Joseph de se conformer à la loi juive : « Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur ». Les voilà en chemin, Joseph et Marie avec leur précieux « dépôt » : l’enfant de 40 jours et c’est lui qui va retenir l’attention de Saint Luc, Jésus, comme tout enfant, est bien fragile et bien passif. C’est sa 1ère visite au Temple, à la maison de son Père (Luc 2, 18 – 19 ; Jean 2, 16). Pour le moment, un bébé comme les autres, mais lourd de Mystère pour Joseph et Marie. Ce vrai fils de Marie vient d’Ailleurs : « L’ Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre ». Peu à peu, on comprendra que Jésus a une relation à Dieu comparable à celle d’un enfant à son « Abba », son papa. La Résurrection de Jésus confirmera en Jésus son vrai titre de Fils de Dieu. 1 Celui en qui la Lettre aux Hébreux verra le seul grand Prêtre (Hébreux 8, 1) n’est accueilli par aucun prêtre. Joseph, lui, a prévu l’offrande des pauvres, « un couple de tourterelles ou deux petites colombes ». II- Dans cette 1ère partie de l’Evangile de Luc, 3 rôles muets Jésus qui se contente de gazouiller. Il est « Parole de Dieu ». Jean 1, 1 et suivants mais ce temps-là est celui de l’infans, l’enfant celui qui ne parle pas. De lui on dira « Jamais homme n’a parlé comme cet homme », mais, sans tricher avec la condition humaine, il se tait. Joseph est le grand silencieux de l’Evangile. Il écoute, agit et se tait dans la contemplation intérieure de l’enfant qui lui est confié. Marie, à l’Annonciation, a dialogué avec l’Ange Gabriel (Luc 1, 2 – 38). Elle a salué Elisabeth, sa cousine et prié dans le Magnificat. (Luc 1, 40… 46 –51. Ce matinlà, elle se tait, elle écoute et recueille tout en son coeur comme lors de la visite des bergers. (Luc 2, 19). III - En contraste avec cette jeunesse presque insolente des 3 rôles muets, Saint Luc introduit la vieillesse : Syméon et Anne. Syméon est tellement habité par Dieu qu’il devient son confident. « L’ Esprit lui avait révélé qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur ». Sa vie est orientée vers cette attente de la consolation d’Israël. Deux mots pour le caractériser : « C’était un homme juste et religieux ». « Poussé par l’Esprit, Syméon vint dans le Temple ». C’est la rencontre avec l’enfant. « Et lui le prend dans le creux de ses bras » Sœur Jeanne d’Arc traduit ainsi le mot qui exprime un geste de tendresse. 2 (Les Evangiles, page 302). Syméon chante le Seigneur : Le temps est arrivé ; il peut « s’en aller dans la paix » car il a vu le salut « que Tu as préparé à la face de tous les peuples ». C’est la 1ère mention dans l’évangile du salut universel… et Syméon renchérit : « lumière pour éclairer les nations païennes et gloire d’Israël ton peuple ». La liturgie a bien orchestré le thème de la lumière : le 2 février est la fête de la chandeleur. On peut faire la procession, cierge allumé : « Qu’en avançant au droit chemin nous parvenions à la lumière qui ne s’éteint jamais ». IV - De la lumière à l’ombre de la Croix. Marie et Joseph s’étonnent de qu’on disait de Jésus. Syméon les bénit puis s’adresse à Marie. L’accueil de Jésus sera loin d’être unanime. « Vois, ton fils, qui est là, provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division ». L’ Evangile montrera ce conflit de la lumière et des ténèbres. La Tob (page 198) commente ces versets : « Jésus est un signe. Il ne s’impose pas, mais doit être accueilli librement par la foi. En fait une part importante d’Israël le refusera ». A Rome, Saint Paul reprendra une prophétie d’Isaïe : « Le cœur de ce peuple s’est épaissi. Ils sont devenus durs d’oreille. Ils se sont bouché les yeux pour ne pas voir de leurs yeux, ne pas entendre de leurs oreilles, ne pas comprendre avec leurs coeurs et pour ne pas se tourner vers Dieu ». Actes 28, 21. Syméon s’adresse ensuite à Marie « Et toimême, ton cœur sera transpercé par une épée ». Marie sera associée à la passion de son Fils. Cause de notre joie, elle sera Notre Dame des douleurs, Reine des martyrs déchirée par le drame du refus de Jésus Lumière. Au pied de la Croix, elle deviendra Mère de l’humanité, Mère de l’Eglise, 3 mais à quel prix ! V- La prophétesse Anne. Luc s’attarde sur cette femme qui accueille Jésus. Il nous renseigne sur sa famille, son âge (84 ans), sa vie spirituelle : jeûne, prière. Pour elle, devant Jésus, il n’est que louange à Dieu et parole sur Jésus. VI – Regard enrichi sur Jésus Ce texte lumineux de Luc enrichit notre regard sur Jésus * il est soumis à la loi comme tout petit juif. (v. 23) * il est consolation d’Israël (v. 25) * il est Messie de Dieu (v . 26) * il est salut de Dieu (v . 30) * il est lumière des nations (v. 32) * il sera cause de chute, signe de division (v. 34, 35) *en lui, plénitude de grâce et de sagesse de Dieu (v. 40) VII - Pour tous Ce texte de Luc est une invitation à accueillir la Salut de Dieu : « Jésus » veut dire Dieu sauve » Ce Jésus est lumière du monde. Comme le cierge du baptême est allumé au Cierge pascal, le chrétien tient sa lumière de Jésus Ressuscité. Les textes de la page 5 nous invitent à vivre en fils de lumière, de quoi faire de notre vie une permanente fête de la chandeleur. 4 Une vie lumineuse « Vous êtes la lumière du monde. Que votre lumière brille aux yeux des hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est aux cieux ». Matthieu 5, 14 – 16. « Vous êtes tous enfants de lumière et enfants du jour. Nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres ». 1ère Thessaloniciens 5, 5. « Jadis vous étiez ténèbres, mais à présent, vous êtes lumières dans le Seigneur, conduisez-vous en enfants de lumière. Or le fruit de la lumière c’est tout ce qui est bon, juste et vrai ». EPHÉSIENS 5, 8 – 9. « Le vieillard qui revient vers la source première Entre aux jours éternels et sort des jours changeants, Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, Mais dans l’œil du vieillard on voit de la lumière » Victor Hugo Booz endormi La Légende des siècles. 5 Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (2, 22-40) Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur. (…) Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit-Saint était sur lui. L’Esprit lui avait révélé qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur. Poussé par l’Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l’enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. Syméon prit l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d’Israël ton peuple. » Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qu’on disait de lui. (…) Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l’âge de 84 ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. S’approchant d’eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Lorsqu’ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. 6