Événements de vie négatifs, support social et santé

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Événements de vie négatifs, support social et santé
L’Année psychologique
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Événements de vie négatifs, support social et santé mentale des
âgés
Nathalie Bailly, Daniel Alaphilippe, Catherine Hervé et Michèle Joulain
L’Année psychologique / Volume 107 / Issue 02 / June 2007, pp 211 - 224
DOI: 10.4074/S0003503307002035, Published online: 03 June 2009
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Nathalie Bailly, Daniel Alaphilippe, Catherine Hervé et Michèle Joulain (2007). Événements de vie négatifs,
support social et santé mentale des âgés. L’Année psychologique, 107, pp 211-224 doi:10.4074/
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Événements de vie négatifs, support social
et santé mentale des âgés
Nathalie Bailly*, Daniel Alaphilippe, Catherine Hervé
et Michèle Joulain
Laboratoire EA 2114, Département de Psychologie, Tours
RÉSUMÉ
Les objectifs de l’étude sont d’examiner 1) l’impact des événements négatifs
sur la santé mentale des âgés, 2) le rôle modérateur du support social et 3)
l’impact de l’âge sur ces facteurs. Nous avons évalué les événements de vie
négatifs, le support social et la dépression de 703 personnes âgées. Une
analyse de régression indique que l’impact des événements négatifs et du
support social sur la dépression varie en fonction de l’âge des individus. Le
rôle modérateur du support social est mis en évidence chez les plus jeunes.
Face à des événements négatifs ceux qui sont très satisfaits de leur support
social sont moins dépressifs. En revanche, chez les très âgés, la satisfaction
ou non du soutien social ne modifie pas l’impact négatif des événements de
vie sur la dépression. L’hypothèse selon laquelle les plus de 80 ans n’utilisent
pas de façon efficace leur réseau social est soulevée et pose la question de la
capacité adaptative des très âgés.
Negative life events, social support and mental health in elderly
ABSTRACT
The aims of the study are to examine 1) the impact of negative life events on the mental
health in elderly, 2) the moderating role of social support and 3) the impact of age on these
factors. 703 old people are evaluated on negative life events, social support and depression.
Multiple regression analysis indicates that the impact of the negative events and the social
support on the depression is different according to the age. The moderating role of the social
support is highlighted for the younger older. Meeting negative event, those which are very
satisfied with their social support are less depressive. For the oldest old, the satisfaction or
not of the social support does not modify the negative impact of the events of life on the
depression. One interpretation of the rejection of the buffering hypothesis is that the very old
do not use in an effective way their social network so, adaptative potentiel of the oldest-olds
is raised.
*Correspondance : Nathalie Bailly, Laboratoire EA 2114, Département de Psychologie, 3 rue des Tanneurs,
37041 Tours Cedex. E-mail : [email protected]
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Nathalie Bailly • Daniel Alaphilippe • Catherine Hervé • Michèle Joulain
INTRODUCTION
Comparativement à d’autres groupes d’âge, la population âgée semble
tout particulièrement affectée par les événements de vie stressants. Fuller
et Larson (1980) montrent que les événements de vie stressants comptent
pour 20 % de la variance du fonctionnement mental chez les âgés tandis
que ce taux est de 5 % seulement chez les plus jeunes. Force est de
constater que l’avancée en âge génère bon nombre de modifications physiques, relationnelles, sociales, cognitives… et, que l’accumulation de ces
événements a le plus souvent des répercussions négatives sur l’individu.
Mais la plupart des études effectuées sur les âgés considère ce groupe
comme un groupe monolithique sans différenciation des générations au
sein de celui-ci (l’âge moyen des âgés testés étant le plus souvent autour
de 74 ans). Or, on envisage mal que l’impact des événements de vie soit le
même à 60 ans qu’au-delà de 80 ans. On peut même supposer qu’au-delà
de 80 ans, des capacités de réserves moindres vont engendrer une plus
grande difficulté à gérer le stress et à s’y adapter de façon efficiente (Lansford, Sherman, & Antonucci, 1998 ; Smith & Baltes, 1998).
Une abondante littérature scientifique porte sur les conséquences négatives des événements de vie stressants sur la santé mentale des âgés
(Andersonn & Stanish, 1996 ; Bazargan & Barbre, 1994 ; Bieliauskas,
Counte & Glandon, 1995 ; Chou & Chi, 2001 ; Cui & Vailland, 1996 ; De
Beurs, Beekman, Geerlings, Deeg, Van Duck, & Van tilburf, 2001 ;
Kahana, Redmond, Hill, Kercher, Kahana, Johnson, & Young, 1995 ;
Kendler, Kessler, Walters, MacLean, Neale, Heath, & Eaves, 1995 ; Kessler, 1997 ; Kraaij & de Wilde, 2001 ; Kraaij, Arensman, & Spinhoven,
2002 ; Lefrançois, Leclerc, Dubé, Hévert, & Gaulin, 2000 ; Prigerson, Reynolds, Freank, Kupfer, George, & Houck, 1994). Les principales mesures
de santé mentale étant les symptômes dépressifs, la dépression, le nombre
de maladie ou encore le bien- être. Quant aux mesures des événements de
vie stressants, il s’agit le plus souvent d’une liste d’événements incluant
des sphères de vie telles que la famille, les relations amicales, l’environnement ou encore la santé. L’une des critiques faites à l’égard de ces échelles
(Bruchon-Schweitzer, 2002 ; Kessler, 1997) porte justement sur la grande
diversité de ces événements puisqu’elles comportent tout à la fois des événements négatifs et positifs, contrôlables ou incontrôlables, majeurs ou
mineurs. À l’origine, les études sur l’impact des évènements de vie sur la
santé mentale considéraient que tout évènement, quelle que soit sa
nature, était potentiellement perturbant pour un individu (Holmes &
Rahe, 1967), des études ultérieures montrèrent que ce sont essentiellement les évènements négatifs qui sont associés à une détérioration de la
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santé mentale (Sarason & Sarason, 1985 ; Zautra & Reich, 1983). Dans
une récente méta analyse consacrée aux événements de vie négatifs et à la
dépression chez les âgés, Kraaij et al. (2002), indiquent que presque tous
les évènements de vie négatifs paraissent avoir une modeste mais significative liaison avec la dépression et, c’est surtout le nombre total
d’événements de vie négatifs récemment rencontrés qui montre la liaison
la plus importante avec la dépression.
Concernant l’impact des événements de vie sur la santé mentale, le rôle
du support social tient une place centrale. Le support social peut être
défini comme l’ensemble des individus en relation avec le sujet et
pouvant « potentiellement » être source de soutien en cas de besoin. Pour
certains, le support social, considéré comme une variable stable à travers
le temps (Eckenrode & Wethington, 1990 ; Sarason, Pearce, & Sarason,
1990) aurait un rôle protecteur sur la santé (Unger, McAvay, Bruce,
Berkman, & Seeman, 1999) et sur le bien-être (Prince, Harwood, Blizard,
Thomas, & Mann, 1997 ; Sarason et al., 1990 ; Vaux, 1990) et ceci, indépendamment de la situation stressante. De plus, d’autres montrent que le
support social atténue l’impact négatif des évènements de vie sur la
dépression (Hollinger & Buschmann, 1994 ; Robert, Dunkle, & Haug,
1994) et à ce titre peut être défini comme une variable modératrice. Les
personnes qui peuvent compter sur leur entourage seraient plus résistantes aux agressions environnementales. C’est surtout la perception
subjective que l’on a du support social plutôt que sa disponibilité réelle
qui importe. Même si les ressources effectives du support social jouent un
rôle, c’est la satisfaction du support social qui aurait un rôle crucial et primordial dans le maintien d’une bonne santé (Prince et al., 1997 ; Unger et
al., 1999 ; Vaux, 1990). En ce qui concerne le groupe des très âgés, le rôle
du support social reste encore à préciser. En effet, non seulement l’effet
« tampon » du support social ne fonctionnerait pas de façon aussi efficace
chez les très âgés comparativement à une population âgée plus générale
(Lansford et al., 1998 ; Lefrançois et al., 2000), mais il pourrait même
avoir des effets négatifs sur la santé dans la mesure où les très âgés pourraient y voir une reconnaissance de leur propre vulnérabilité (Krause,
1997). Dès lors, il nous semble particulièrement pertinent d’envisager
l’impact du support social sur les événements négatifs en distinguant différentes tranches d’âge chez les âgés.
Les objectifs de notre étude sont donc 1) d’appréhender l’impact des événements négatifs sur la santé mentale des âgés, et plus particulièrement
sur la dépression, 2) de déterminer le rôle du support social en tant que
variable modératrice et 3) d’examiner l’impact de l’âge sur ces facteurs : le
rôle du support social est-il identique quel que soit l’âge ?
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MATÉRIEL ET MÉTHODE
Participants
Les données recueillies proviennent de la deuxième étape d’une étude
longitudinale sur la personne âgée initiée par les auteurs du présent article
dans le cadre de l’université de Tours en France.
Tous les participants sont volontaires, ils viennent de toute la France et
ont été contactés par le biais d’associations et d’annonces dans des journaux spécialisés (caisses de retraite). Les constitutions particulières de
l’échantillonnage sont plus précisément décrites dans l’article d’Alaphilippe, Bailly, Gana et Martin (2005). Sur les 748 personnes ayant répondu
à l’enquête, certaines n’ont pas été retenues parce qu’elles étaient en
maison de retraite et/ou parce qu’elles se considéraient comme étant en
mauvaise ou très mauvaise santé. Ainsi, l’étude porte sur 703 personnes
âgées vivant de façon autonome (maison individuelle, appartements ou
foyer logement) et en bonne santé.
Mesures
La santé mentale (dépression)
Nous avons choisi de travailler sur la variable la plus communément
étudiée lorsqu’il s’agit d’évaluer la santé mentale des âgés, à savoir la
dépression. L’échelle de dépression gériatrique (« Geriatric Depression
Scale » : GDS) de Yesavage, Brink, Rose, Lum, Huang, Adey et Leirer
(1983 ; Traduction française : Bourque, Blanchard, & Vezina, 1990) a été
utilisée dans sa forme abrégée en 15 items (Sheikh & Yesavage, 1986). À
chaque question, le sujet répond "oui" ou "non" en fonction de l’état dans
lequel il s’est senti pendant la semaine précédente. Une réponse positive à
10 des quinze questions et une réponse négative aux 5 autres questions
indiquent la présence possible de dépression. Un score de 0 à 4 signifie
l’absence de dépression, de 5 à 8 une dépression légère, de 9 à 11 une
dépression modérée et de plus de 12 une dépression sévère. Le coefficient
de consistance interne est jugé satisfaisant puisque l’alpha de Cronbach
est de .77.
Les événements de vie
L’inventaire des événements de vie stressants de Bieliauskas et al. (1995)
compte 54 événements de vie et s’adresse à des populations âgées. Il est
demandé aux sujets d’indiquer les événements qu’ils ont vécus au cours
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des six derniers mois. La version française résulte de la traduction faite
par un groupe de trois experts (universitaires travaillant sur les problématiques liées au vieillissement : deux des auteurs et une personne extérieure
à la recherche). Après avoir traduit l’instrument individuellement, les
experts étaient invités à échanger en groupe sur les difficultés rencontrées
et à dégager un consensus quant à la formulation la plus appropriée.
Quelques modifications mineures furent suggérées. Nous n’avons pas
utilisé la méthode de la traduction inversée préconisée par Vallières et
Hess (1999) compte tenu de la nature des items à traduire : items courts
(4 mots maximum) et peu ambigus (pas de phrase). Dans un deuxième
temps, l’échelle a été administrée à vingt personnes âgées entre 60 et
80 ans afin qu’ils jugent de la clarté des items (échelle de 0 : « pas clair du
tout » à 10 : « tout à fait clair »). Aucun des items n’a été évalué en deçà
de 6/10.
Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes uniquement intéressés
aux événements de vie négatifs puisqu’il a été montré qu’ils sont plus
directement liés à la santé mentale des personnes que les événements
positifs (Sarason et al., 1985). De plus, même s’il a été montré qu’un lien
plus fort existe entre les événements de vie dépendants (« difficultés relationnelles avec la famille », « maladie personnelle bénigne ») et la
dépression comparativement aux événements de vie indépendants (« décès
du conjoint », « maladie d’un proche ») et la dépression (Williamson,
Birmaher, Anderson, Al-Shabbout, & Ryan, 1995), cette liaison reste très
ambiguë puisque la dépression en elle-même peut entraîner des événements stressants (Hammen, 1991). Pour notre étude, seuls les événements
indépendants ont été retenus. Parmi les 26 événements sélectionnés, on
trouve les items : « décès d’un ami proche », « maladie ou accident grave
d’un proche », « décès du conjoint »…
La satisfaction du support social
La satisfaction du support social a été appréhendée par l’index de support
social de Duke (DSSI) dans sa version brève de 11-items (Goodger, Byles,
Higganbotham, & Mishra, 1999). Notre étude portera uniquement sur la
satisfaction perçue du support social parce qu’elle est un meilleur prédicteur du bien-être que la disponibilité effective du support social. La sous
échelle « satisfaction du support social » du DSSI comporte 7 items de
type « Vous sentez-vous compris par votre famille, amis et les personnes
qui comptent pour vous ? ». Les réponses se situent sur une échelle en 5
points de jamais (0) à tout le temps (5). Un score élevé indique une forte
satisfaction du support social.
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La version française résulte de la traduction faite par un groupe de trois
experts (2 universitaires et 1 personne bilingue). Le coefficient de consistance interne est jugé satisfaisant puisque l’alpha de Cronbach est de .82.
Analyse statistique
La première partie de notre analyse concerne les caractéristiques de notre
échantillon : données sociodémographiques, nombre moyen d’événements de vie négatifs, satisfaction du support social et dépression. Ensuite
afin de répondre aux objectifs de notre étude, nous avons effectué une
analyse corrélationnelle de manière à établir les liens entre nos principales
variables : âge, événements de vie négatifs, satisfaction du support social
et dépression. Pour tester l’effet modérateur du support social nous avons
utilisé l’analyse de régression multiple selon la procédure requise par
Baron et Kenny (1986). Premièrement, les variables âges, événements de
vie négatifs et satisfaction du support social sont entrées en tant que
variables prédictrices et la variable dépression en tant que variable dépendante. Ensuite, pour évaluer l’hypothèse modératrice, nous avons
introduit une troisième variable constituée du produit entre les variables
événements de vie négatifs et satisfaction du support social (Événements
de Vie Négatifs * Satisfaction du soutien). L’effet modérateur du support
social est mis en évidence si la variable « interaction » est statistiquement
significative. D’autre part, afin de déterminer si les dynamiques observées
sont identiques selon l’âge des âgés, nous avons introduit l’âge dans les
interactions. Ainsi, trois nouvelles variables « interaction » ont été créées
dans le modèle de régression : Âge X Événements de Vie Négatifs/Âge X
Satisfaction du soutien et Âge X Événements de Vie Négatifs X Satisfaction du soutien.
Selon Baron et Kenny (1986), le résultat d’une analyse de régression n’est
pas satisfaisant quand une interaction est calculée sur des données brutes,
dès lors, nous avons suivi leur procédure en centrant les différentes variables du modèle.
RÉSULTATS
Les caractéristiques des participants selon les variables mesurées sont
répertoriées dans le tableau I. Notre étude concerne 703 personnes âgées
dont l’âge varie entre 63 ans et 97 ans (moyenne = 74.33, écart-type =
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5.68). La population est majoritairement féminine (57.46 %) et mariée ou
vivant maritalement (57.04 %). Quant au niveau d’étude, il est élevé
surtout pour des personnes âgées puisque le nombre moyen d’année
d’étude est de 9.80. Quasiment la moitié de la population testée a le
niveau baccalauréat ou plus.
Dans les 6 mois précédant l’enquête, les participants ont rencontré en
moyenne 2.90 événements négatifs. 10. 95 % (n = 77) des âgés n’ont eu
aucun évènement négatif, 56.33 % (n = 396) entre 1 et 3, 28.73 % (n = 202)
entre 4 et 7 et 3.98 % (n = 28) plus de 7. Quant à la satisfaction du
support social, le score moyen est de 19.58 indiquant des individus très
satisfaits de leur réseau social. Concernant la mesure de la dépression, le
score moyen de dépression est de 2.29 indiquant des personnes très peu
dépressives. En effet, 87.20 % (n = 613) des personnes âgées ne sont pas
du tout dépressives, 10.43 % (n = 70) ont une dépression légère, 3.34 %
(n = 19) ont une dépression modérée et enfin 0.40 % (n = 3) ont une
dépression sévère.
La matrice de corrélation entre nos mesures est présentée sur le tableau II.
L’âge n’est corrélé avec aucune des variables mesurées. Avec l’avancée en
âge, les personnes ne rencontrent pas davantage d’événements négatifs,
elles ne sont pas non plus davantage dépressives. Quant à la satisfaction
du support social, elle est identique à tous les âges. Les deux variables prédictrices sont associées à la dépression. Les personnes les plus dépressives
sont celles qui ont rencontré le plus d’événements négatifs (r =.25,
p <.001) et qui sont le moins satisfaites de leur support social (r = -.37,
p <.001). Enfin, les événements négatifs et la satisfaction du support
social sont corrélées (r = -.15, p <.001) : plus grand est le nombre d’événements de vie négatifs rencontrés, plus forte est la satisfaction du soutien
social.
L’ensemble des éléments pris en considération compte pour 24 % de la
variance explicative de la dépression (R2 = .24 ; F(6, 714) = 31.71 ;
p <.0001).
Les principaux prédicteurs de la dépression s’avèrent être la satisfaction
du support social (β = – .32, p <.000) et le nombre d’événements de vie
négatifs rencontrés (β = .22, p <.000). Plus forte est la satisfaction du
support social moindre sera la dépression et plus grand est le nombre
d’événements de vie négatifs rencontrés plus forte sera la dépression. Ces
deux variables comptent pour 20 % de la variance explicative de la
dépression. En ce qui concernent les interactions entre nos variables,
seule l’interaction entre l’âge, la satisfaction du soutien social et le
nombre d’événements négatifs est significative (β = – .10, p <.02). Cette
interaction indique que l’impact des événements négatifs et du support
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Tableau I. Caractéristiques socio démographiques, événements
de vie négatifs, satisfaction du support social et dépression
Table I. Demographic characteristics, negative life events, social support
satisfaction and depression
Caractéristiques
Nombre de participants
Age moyen (63-97)
N = 703
74.33 (5.68)
Sexe
Hommes
Femmes
299 (42.53 %)
404 (57.46 %)
Statut Marital
Marié, Vie Maritale
Veuf
Célibataire
Divorcé, Séparé
401 (57.04 %)
211 (30 %)
28 (3.98 %)
63 (8.96 %)
Nombre moyen d’année d’étude
Nombre moyen d’événements Négatifs (Max = 26)
Score moyen de support social (Max = 28)
Score moyen de dépression (Max = 15)
9.80 (3)
2.90 (2.15)
19.56 (4)
2.29 (2.44)
Tableau II. Matrice de corrélation entre l’âge, les variables
prédictrices et la dépression (r de Bravais Pearson)
Table II. Matrix of correlation between age, predictrices variables
and depression (Pearson r)
Âge
Événements
Négatifs
Événements Négatifs
.06
Satisfaction Support Social
–.01
–.15*
Dépression
.05
.25*
Satisfaction
Support Social
–.37*
* p <.001 – Matrice effectuée sur les scores bruts (sans transformation linéaire)
Les résultats de l’analyse de régression multiples ont été synthétisés sur le tableau III. Cette analyse va nous permettre de déterminer (1) l’impact des variables prédictrices sur la dépression, (2) le rôle modérateur de la satisfaction du soutien social et (3) l’effet de l’âge sur ces indicateurs.
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Tableau III. Synthèse de la régression multiple pour la variable
« dépression » (Béta standardisé)
Table III. Stepwise Multiple regression for “depression” variable
(standardized betas and P value)
Étapes
Variables
β
R
Multiple
F(incl./
excl.)
p
1
Satis. Support Social
–32*
.13
111.43
.000
2
Ev. Nég
.22*
.20
54.79
.000
3
Age* Nég. * Satis. Social
–.10*
.23
14.02
.02
4
Neg * Satis. Support Social
.07
.23
4.64
.06
5
Age * Nég
.06
.24
3.02
.07
6
Age * Satis. Support Social
.03
.24
1.02
.31
social sur la dépression varie en fonction de l’âge des individus. Afin
d’aider à l’interprétation de cette interaction nous allons tester quelques
contrastes sous la forme de moyennes (ANOVA). À l’aide des médianes
nous avons divisé la population en fonction du niveau de satisfaction du
support social (les moins satisfaits versus les plus satisfaits) et en fonction
du nombre d’événements négatifs rencontrés (ceux qui en ont rencontré
le plus versus ceux qui en ont rencontré le moins). En ce qui concerne la
variable âge, même si la division de la dernière partie de la vie en tranches
d’âge peut s’avérer complexe et arbitraire, il semble néanmoins qu’audelà de 80 ans l’ensemble du fonctionnement cognitif des individus (personnalité, soi, intelligence…) subit un déclin plus prononcé que chez les
plus jeunes des âgés (Baltes, 1998 ; Baltes & Mayer, 1999 ; Singer, Verhaeghen, Ghisletta, Lindenberger, & Baltes, 2003). Aussi, nous avons scindé
notre population entre deux groupes d’âge : les « jeunes vieux » (inférieur
à 80 ans) et les « vieux » (supérieur à 80 ans). Une ANOVA a ainsi été
effectuée sur les personnes ayant rencontrées le plus d’événements de vie
négatifs. Une interaction significative a été mise en évidence entre l’âge et
le soutien social sur la dépression (F (1,370) = 7.50 ; p = .001). Chez les
plus jeunes, ceux qui sont le plus satisfaits de leur support social sont
moins dépressifs comparativement à ceux qui sont le moins satisfaits de
leur support social (Moyenne Satisfaction Forte = 3.41 – Moyenne Satisfaction Faible = 1.47 - F (1,296) = 49.55 ; p = .001). En revanche, aucune
différence significative n’existe chez les plus âgés : quelle que soit la
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satisfaction des plus de 80 ans quant à leur support social, leur score de
dépression est identique (Moyenne Satisfaction Forte = 3.18 – Moyenne
Satisfaction Faible = 4.17 - F (1,74) = 1.93 ; ns).
DISCUSSION
Le but de cette étude était d’appréhender l’impact des événements de vie
négatifs et du support social sur la santé mentale des âgés. Surtout, il
s’agissait de mesurer l’impact de ces facteurs en fonction de l’âge.
Les premiers résultats obtenus avec la matrice de corrélation nous montrent que l’avancée en âge n’augmente pas de façon significative le
nombre d’événements de vie négatifs, pas plus qu’elle ne modifie la satisfaction du support social des âgés. Ces résultats optimistes quant à la
qualité de vie des âgés sont à nuancer dans la mesure où les événements
de vie mesurés sont certes tous négatifs mais surtout sont indépendants et
extérieurs aux personnes interrogées. On peut imaginer en revanche que
l’accumulation de problèmes personnels majeurs (maladie personnelle) et
mineurs (tracas quotidien) augmente avec l’âge compte tenu des modifications physiques et cognitives inhérentes à l’avancée en âge. En ce qui
concerne la satisfaction du support social, même si des travaux indiquent
que les âgés sont enclins inévitablement à réduire leur support social au fil
du temps (perte des amis, relations sociales plus faibles), il n’en reste pas
moins qu’ils restent satisfaits de leur entourage proche (Carstensen,
1995 ; Lansford et al., 1998). Quant à la dépression révélatrice de la santé
des âgés, elle reste stable et surtout très faible à travers le temps. Même si
l’âge n’influe pas sur les trois facteurs évoqués, ces derniers sont en
revanche corrélés les uns aux autres. Ces résultats corroborent les travaux
déjà cités : la dépression est liée aux nombre d’événements négatifs rencontrés d’une part et à la satisfaction du support social d’autre part.
Les résultats obtenus suite à l’analyse de régression sont intéressants à
plus d’un titre dans la mesure où ils montrent que l’impact des événements négatifs et du support social sur la dépression varie en fonction des
âges.
Premièrement, si l’on s’intéresse seulement à l’impact des événements
négatifs sur la dépression, ils expliquent de façon significative mais très
modestement la variance de cette dernière (environ 7 %). Même si une
récente étude ne trouvait aucun lien entre ces deux facteurs (Mundt,
2000), la majorité des études indique un pourcentage explicatif de la
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Événements de vie négatifs, support social et santé mentale des âgés
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variance santé mentale avoisinant les 16 % (Kraiij et al., 2001 ; Lefrançois
et al., 2000 ; Sarason et al., 1985). L’une des interprétations possibles tient
peut-être dans la spécificité des événements négatifs évoquée précédemment. En effet, les outils utilisés pour appréhender les événements de vie
font l’objet de nombreuses critiques parmi lesquelles on trouve la forte
hétérogénéité des événements de vie évoqués : positifs/négatifs, contrôlables/incontrôlables, mineurs/majeurs, dépendants/indépendants… Les
études menées ne spécifient pas toujours clairement quels événements
sont mesurés ce qui rend difficile toute comparaison avec nos résultats.
Deuxièmement, la prise en compte de la satisfaction du support social
dans le modèle de régression nous indique qu’il a un rôle sur la santé des
individus (13 % de la variance dépression). La présente étude montre le
rôle protecteur du soutien social sur la santé mentale des âgés. Pouvoir
compter sur autrui, se sentir compris est essentiel au bien-être de l’âgé.
Troisièmement, le rôle modérateur du support social est mis en évidence
chez les plus jeunes. Face à des événements négatifs ceux qui sont très
satisfaits de leur support social sont moins dépressifs. En revanche, alors
qu’ils sont autant satisfaits de leur support social et qu’ils rencontrent
autant d’événements négatifs que les plus jeunes, la satisfaction ou non
du soutien social ne modifie pas l’impact négatif des événements de vie
sur la dépression des très âgés. Pour ces derniers, les deux variables agissent de façons indépendantes sur la dépression. Même si les plus âgés sont
satisfaits de leur support social dans l’absolu, dans la pratique, peut-être
ne se servent-ils pas ou de façon inefficace de leur support social pour
faire face aux événements négatifs rencontrés : peur de déranger ses proches, pudeur ou encore peur de reconnaître sa propre vulnérabilité face
aux événements de la vie et son échec à résoudre seul des problèmes. Pour
autant, nous ne trouvons pas un effet négatif du soutien social comme
cela avait été le cas dans l’étude de Krause (1997). Afin de répondre à
cette hypothèse, une étude introduisant d’autres dimensions du soutien
social serait judicieuse. En particulier, il serait utile de répertorier les
comportements réels d’aide et les différents types de soutien reçus
(Streeter & Franklin, 1992 ; Vaux, 1992) des âgés. D’autre part, si la mobilisation des ressources sociales ou de leur appréciation est inefficace pour
les plus de 80 ans, d’autres stratégies de coping permettant de pallier les
conséquences négatives du stress seraient à étudier.
Notre recherche s’enrichirait fortement d’une perspective longitudinale
pour comprendre l’évolution de ces facteurs. En particulier, une telle
étude permettrait de vérifier si nos résultats sont dus à un facteur purement générationnel ou bien à des problèmes adaptatifs chez les plus de
80 ans.
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Compte tenu des résultats de cette recherche, les futures études menées
sur les effets conjoints des événements négatifs et du support social sur la
santé mentale de âgés, gagneraient à différencier, au sein de ce groupe, les
plus jeunes des plus âgés.
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