Événements de vie négatifs, support social et santé
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Événements de vie négatifs, support social et santé
L’Année psychologique http://www.necplus.eu/APY Additional services for L’Année psychologique: Email alerts: Click here Subscriptions: Click here Commercial reprints: Click here Terms of use : Click here Événements de vie négatifs, support social et santé mentale des âgés Nathalie Bailly, Daniel Alaphilippe, Catherine Hervé et Michèle Joulain L’Année psychologique / Volume 107 / Issue 02 / June 2007, pp 211 - 224 DOI: 10.4074/S0003503307002035, Published online: 03 June 2009 Link to this article: http://www.necplus.eu/abstract_S0003503307002035 How to cite this article: Nathalie Bailly, Daniel Alaphilippe, Catherine Hervé et Michèle Joulain (2007). Événements de vie négatifs, support social et santé mentale des âgés. L’Année psychologique, 107, pp 211-224 doi:10.4074/ S0003503307002035 Request Permissions : Click here Downloaded from http://www.necplus.eu/APY, IP address: 78.47.27.170 on 22 Feb 2017 03-Bailly.fm Page 211 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 Événements de vie négatifs, support social et santé mentale des âgés Nathalie Bailly*, Daniel Alaphilippe, Catherine Hervé et Michèle Joulain Laboratoire EA 2114, Département de Psychologie, Tours RÉSUMÉ Les objectifs de l’étude sont d’examiner 1) l’impact des événements négatifs sur la santé mentale des âgés, 2) le rôle modérateur du support social et 3) l’impact de l’âge sur ces facteurs. Nous avons évalué les événements de vie négatifs, le support social et la dépression de 703 personnes âgées. Une analyse de régression indique que l’impact des événements négatifs et du support social sur la dépression varie en fonction de l’âge des individus. Le rôle modérateur du support social est mis en évidence chez les plus jeunes. Face à des événements négatifs ceux qui sont très satisfaits de leur support social sont moins dépressifs. En revanche, chez les très âgés, la satisfaction ou non du soutien social ne modifie pas l’impact négatif des événements de vie sur la dépression. L’hypothèse selon laquelle les plus de 80 ans n’utilisent pas de façon efficace leur réseau social est soulevée et pose la question de la capacité adaptative des très âgés. Negative life events, social support and mental health in elderly ABSTRACT The aims of the study are to examine 1) the impact of negative life events on the mental health in elderly, 2) the moderating role of social support and 3) the impact of age on these factors. 703 old people are evaluated on negative life events, social support and depression. Multiple regression analysis indicates that the impact of the negative events and the social support on the depression is different according to the age. The moderating role of the social support is highlighted for the younger older. Meeting negative event, those which are very satisfied with their social support are less depressive. For the oldest old, the satisfaction or not of the social support does not modify the negative impact of the events of life on the depression. One interpretation of the rejection of the buffering hypothesis is that the very old do not use in an effective way their social network so, adaptative potentiel of the oldest-olds is raised. *Correspondance : Nathalie Bailly, Laboratoire EA 2114, Département de Psychologie, 3 rue des Tanneurs, 37041 Tours Cedex. E-mail : [email protected] L’année psychologique, 2007, 107, 211-224 03-Bailly.fm Page 212 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 212 Nathalie Bailly • Daniel Alaphilippe • Catherine Hervé • Michèle Joulain INTRODUCTION Comparativement à d’autres groupes d’âge, la population âgée semble tout particulièrement affectée par les événements de vie stressants. Fuller et Larson (1980) montrent que les événements de vie stressants comptent pour 20 % de la variance du fonctionnement mental chez les âgés tandis que ce taux est de 5 % seulement chez les plus jeunes. Force est de constater que l’avancée en âge génère bon nombre de modifications physiques, relationnelles, sociales, cognitives… et, que l’accumulation de ces événements a le plus souvent des répercussions négatives sur l’individu. Mais la plupart des études effectuées sur les âgés considère ce groupe comme un groupe monolithique sans différenciation des générations au sein de celui-ci (l’âge moyen des âgés testés étant le plus souvent autour de 74 ans). Or, on envisage mal que l’impact des événements de vie soit le même à 60 ans qu’au-delà de 80 ans. On peut même supposer qu’au-delà de 80 ans, des capacités de réserves moindres vont engendrer une plus grande difficulté à gérer le stress et à s’y adapter de façon efficiente (Lansford, Sherman, & Antonucci, 1998 ; Smith & Baltes, 1998). Une abondante littérature scientifique porte sur les conséquences négatives des événements de vie stressants sur la santé mentale des âgés (Andersonn & Stanish, 1996 ; Bazargan & Barbre, 1994 ; Bieliauskas, Counte & Glandon, 1995 ; Chou & Chi, 2001 ; Cui & Vailland, 1996 ; De Beurs, Beekman, Geerlings, Deeg, Van Duck, & Van tilburf, 2001 ; Kahana, Redmond, Hill, Kercher, Kahana, Johnson, & Young, 1995 ; Kendler, Kessler, Walters, MacLean, Neale, Heath, & Eaves, 1995 ; Kessler, 1997 ; Kraaij & de Wilde, 2001 ; Kraaij, Arensman, & Spinhoven, 2002 ; Lefrançois, Leclerc, Dubé, Hévert, & Gaulin, 2000 ; Prigerson, Reynolds, Freank, Kupfer, George, & Houck, 1994). Les principales mesures de santé mentale étant les symptômes dépressifs, la dépression, le nombre de maladie ou encore le bien- être. Quant aux mesures des événements de vie stressants, il s’agit le plus souvent d’une liste d’événements incluant des sphères de vie telles que la famille, les relations amicales, l’environnement ou encore la santé. L’une des critiques faites à l’égard de ces échelles (Bruchon-Schweitzer, 2002 ; Kessler, 1997) porte justement sur la grande diversité de ces événements puisqu’elles comportent tout à la fois des événements négatifs et positifs, contrôlables ou incontrôlables, majeurs ou mineurs. À l’origine, les études sur l’impact des évènements de vie sur la santé mentale considéraient que tout évènement, quelle que soit sa nature, était potentiellement perturbant pour un individu (Holmes & Rahe, 1967), des études ultérieures montrèrent que ce sont essentiellement les évènements négatifs qui sont associés à une détérioration de la L’année psychologique, 2007, 107, 211-224 03-Bailly.fm Page 213 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 Événements de vie négatifs, support social et santé mentale des âgés 213 santé mentale (Sarason & Sarason, 1985 ; Zautra & Reich, 1983). Dans une récente méta analyse consacrée aux événements de vie négatifs et à la dépression chez les âgés, Kraaij et al. (2002), indiquent que presque tous les évènements de vie négatifs paraissent avoir une modeste mais significative liaison avec la dépression et, c’est surtout le nombre total d’événements de vie négatifs récemment rencontrés qui montre la liaison la plus importante avec la dépression. Concernant l’impact des événements de vie sur la santé mentale, le rôle du support social tient une place centrale. Le support social peut être défini comme l’ensemble des individus en relation avec le sujet et pouvant « potentiellement » être source de soutien en cas de besoin. Pour certains, le support social, considéré comme une variable stable à travers le temps (Eckenrode & Wethington, 1990 ; Sarason, Pearce, & Sarason, 1990) aurait un rôle protecteur sur la santé (Unger, McAvay, Bruce, Berkman, & Seeman, 1999) et sur le bien-être (Prince, Harwood, Blizard, Thomas, & Mann, 1997 ; Sarason et al., 1990 ; Vaux, 1990) et ceci, indépendamment de la situation stressante. De plus, d’autres montrent que le support social atténue l’impact négatif des évènements de vie sur la dépression (Hollinger & Buschmann, 1994 ; Robert, Dunkle, & Haug, 1994) et à ce titre peut être défini comme une variable modératrice. Les personnes qui peuvent compter sur leur entourage seraient plus résistantes aux agressions environnementales. C’est surtout la perception subjective que l’on a du support social plutôt que sa disponibilité réelle qui importe. Même si les ressources effectives du support social jouent un rôle, c’est la satisfaction du support social qui aurait un rôle crucial et primordial dans le maintien d’une bonne santé (Prince et al., 1997 ; Unger et al., 1999 ; Vaux, 1990). En ce qui concerne le groupe des très âgés, le rôle du support social reste encore à préciser. En effet, non seulement l’effet « tampon » du support social ne fonctionnerait pas de façon aussi efficace chez les très âgés comparativement à une population âgée plus générale (Lansford et al., 1998 ; Lefrançois et al., 2000), mais il pourrait même avoir des effets négatifs sur la santé dans la mesure où les très âgés pourraient y voir une reconnaissance de leur propre vulnérabilité (Krause, 1997). Dès lors, il nous semble particulièrement pertinent d’envisager l’impact du support social sur les événements négatifs en distinguant différentes tranches d’âge chez les âgés. Les objectifs de notre étude sont donc 1) d’appréhender l’impact des événements négatifs sur la santé mentale des âgés, et plus particulièrement sur la dépression, 2) de déterminer le rôle du support social en tant que variable modératrice et 3) d’examiner l’impact de l’âge sur ces facteurs : le rôle du support social est-il identique quel que soit l’âge ? L’année psychologique, 2007, 107, 211-224 03-Bailly.fm Page 214 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 214 Nathalie Bailly • Daniel Alaphilippe • Catherine Hervé • Michèle Joulain MATÉRIEL ET MÉTHODE Participants Les données recueillies proviennent de la deuxième étape d’une étude longitudinale sur la personne âgée initiée par les auteurs du présent article dans le cadre de l’université de Tours en France. Tous les participants sont volontaires, ils viennent de toute la France et ont été contactés par le biais d’associations et d’annonces dans des journaux spécialisés (caisses de retraite). Les constitutions particulières de l’échantillonnage sont plus précisément décrites dans l’article d’Alaphilippe, Bailly, Gana et Martin (2005). Sur les 748 personnes ayant répondu à l’enquête, certaines n’ont pas été retenues parce qu’elles étaient en maison de retraite et/ou parce qu’elles se considéraient comme étant en mauvaise ou très mauvaise santé. Ainsi, l’étude porte sur 703 personnes âgées vivant de façon autonome (maison individuelle, appartements ou foyer logement) et en bonne santé. Mesures La santé mentale (dépression) Nous avons choisi de travailler sur la variable la plus communément étudiée lorsqu’il s’agit d’évaluer la santé mentale des âgés, à savoir la dépression. L’échelle de dépression gériatrique (« Geriatric Depression Scale » : GDS) de Yesavage, Brink, Rose, Lum, Huang, Adey et Leirer (1983 ; Traduction française : Bourque, Blanchard, & Vezina, 1990) a été utilisée dans sa forme abrégée en 15 items (Sheikh & Yesavage, 1986). À chaque question, le sujet répond "oui" ou "non" en fonction de l’état dans lequel il s’est senti pendant la semaine précédente. Une réponse positive à 10 des quinze questions et une réponse négative aux 5 autres questions indiquent la présence possible de dépression. Un score de 0 à 4 signifie l’absence de dépression, de 5 à 8 une dépression légère, de 9 à 11 une dépression modérée et de plus de 12 une dépression sévère. Le coefficient de consistance interne est jugé satisfaisant puisque l’alpha de Cronbach est de .77. Les événements de vie L’inventaire des événements de vie stressants de Bieliauskas et al. (1995) compte 54 événements de vie et s’adresse à des populations âgées. Il est demandé aux sujets d’indiquer les événements qu’ils ont vécus au cours L’année psychologique, 2007, 107, 211-224 03-Bailly.fm Page 215 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 Événements de vie négatifs, support social et santé mentale des âgés 215 des six derniers mois. La version française résulte de la traduction faite par un groupe de trois experts (universitaires travaillant sur les problématiques liées au vieillissement : deux des auteurs et une personne extérieure à la recherche). Après avoir traduit l’instrument individuellement, les experts étaient invités à échanger en groupe sur les difficultés rencontrées et à dégager un consensus quant à la formulation la plus appropriée. Quelques modifications mineures furent suggérées. Nous n’avons pas utilisé la méthode de la traduction inversée préconisée par Vallières et Hess (1999) compte tenu de la nature des items à traduire : items courts (4 mots maximum) et peu ambigus (pas de phrase). Dans un deuxième temps, l’échelle a été administrée à vingt personnes âgées entre 60 et 80 ans afin qu’ils jugent de la clarté des items (échelle de 0 : « pas clair du tout » à 10 : « tout à fait clair »). Aucun des items n’a été évalué en deçà de 6/10. Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes uniquement intéressés aux événements de vie négatifs puisqu’il a été montré qu’ils sont plus directement liés à la santé mentale des personnes que les événements positifs (Sarason et al., 1985). De plus, même s’il a été montré qu’un lien plus fort existe entre les événements de vie dépendants (« difficultés relationnelles avec la famille », « maladie personnelle bénigne ») et la dépression comparativement aux événements de vie indépendants (« décès du conjoint », « maladie d’un proche ») et la dépression (Williamson, Birmaher, Anderson, Al-Shabbout, & Ryan, 1995), cette liaison reste très ambiguë puisque la dépression en elle-même peut entraîner des événements stressants (Hammen, 1991). Pour notre étude, seuls les événements indépendants ont été retenus. Parmi les 26 événements sélectionnés, on trouve les items : « décès d’un ami proche », « maladie ou accident grave d’un proche », « décès du conjoint »… La satisfaction du support social La satisfaction du support social a été appréhendée par l’index de support social de Duke (DSSI) dans sa version brève de 11-items (Goodger, Byles, Higganbotham, & Mishra, 1999). Notre étude portera uniquement sur la satisfaction perçue du support social parce qu’elle est un meilleur prédicteur du bien-être que la disponibilité effective du support social. La sous échelle « satisfaction du support social » du DSSI comporte 7 items de type « Vous sentez-vous compris par votre famille, amis et les personnes qui comptent pour vous ? ». Les réponses se situent sur une échelle en 5 points de jamais (0) à tout le temps (5). Un score élevé indique une forte satisfaction du support social. L’année psychologique, 2007, 107, 211-224 03-Bailly.fm Page 216 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 216 Nathalie Bailly • Daniel Alaphilippe • Catherine Hervé • Michèle Joulain La version française résulte de la traduction faite par un groupe de trois experts (2 universitaires et 1 personne bilingue). Le coefficient de consistance interne est jugé satisfaisant puisque l’alpha de Cronbach est de .82. Analyse statistique La première partie de notre analyse concerne les caractéristiques de notre échantillon : données sociodémographiques, nombre moyen d’événements de vie négatifs, satisfaction du support social et dépression. Ensuite afin de répondre aux objectifs de notre étude, nous avons effectué une analyse corrélationnelle de manière à établir les liens entre nos principales variables : âge, événements de vie négatifs, satisfaction du support social et dépression. Pour tester l’effet modérateur du support social nous avons utilisé l’analyse de régression multiple selon la procédure requise par Baron et Kenny (1986). Premièrement, les variables âges, événements de vie négatifs et satisfaction du support social sont entrées en tant que variables prédictrices et la variable dépression en tant que variable dépendante. Ensuite, pour évaluer l’hypothèse modératrice, nous avons introduit une troisième variable constituée du produit entre les variables événements de vie négatifs et satisfaction du support social (Événements de Vie Négatifs * Satisfaction du soutien). L’effet modérateur du support social est mis en évidence si la variable « interaction » est statistiquement significative. D’autre part, afin de déterminer si les dynamiques observées sont identiques selon l’âge des âgés, nous avons introduit l’âge dans les interactions. Ainsi, trois nouvelles variables « interaction » ont été créées dans le modèle de régression : Âge X Événements de Vie Négatifs/Âge X Satisfaction du soutien et Âge X Événements de Vie Négatifs X Satisfaction du soutien. Selon Baron et Kenny (1986), le résultat d’une analyse de régression n’est pas satisfaisant quand une interaction est calculée sur des données brutes, dès lors, nous avons suivi leur procédure en centrant les différentes variables du modèle. RÉSULTATS Les caractéristiques des participants selon les variables mesurées sont répertoriées dans le tableau I. Notre étude concerne 703 personnes âgées dont l’âge varie entre 63 ans et 97 ans (moyenne = 74.33, écart-type = L’année psychologique, 2007, 107, 211-224 03-Bailly.fm Page 217 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 Événements de vie négatifs, support social et santé mentale des âgés 217 5.68). La population est majoritairement féminine (57.46 %) et mariée ou vivant maritalement (57.04 %). Quant au niveau d’étude, il est élevé surtout pour des personnes âgées puisque le nombre moyen d’année d’étude est de 9.80. Quasiment la moitié de la population testée a le niveau baccalauréat ou plus. Dans les 6 mois précédant l’enquête, les participants ont rencontré en moyenne 2.90 événements négatifs. 10. 95 % (n = 77) des âgés n’ont eu aucun évènement négatif, 56.33 % (n = 396) entre 1 et 3, 28.73 % (n = 202) entre 4 et 7 et 3.98 % (n = 28) plus de 7. Quant à la satisfaction du support social, le score moyen est de 19.58 indiquant des individus très satisfaits de leur réseau social. Concernant la mesure de la dépression, le score moyen de dépression est de 2.29 indiquant des personnes très peu dépressives. En effet, 87.20 % (n = 613) des personnes âgées ne sont pas du tout dépressives, 10.43 % (n = 70) ont une dépression légère, 3.34 % (n = 19) ont une dépression modérée et enfin 0.40 % (n = 3) ont une dépression sévère. La matrice de corrélation entre nos mesures est présentée sur le tableau II. L’âge n’est corrélé avec aucune des variables mesurées. Avec l’avancée en âge, les personnes ne rencontrent pas davantage d’événements négatifs, elles ne sont pas non plus davantage dépressives. Quant à la satisfaction du support social, elle est identique à tous les âges. Les deux variables prédictrices sont associées à la dépression. Les personnes les plus dépressives sont celles qui ont rencontré le plus d’événements négatifs (r =.25, p <.001) et qui sont le moins satisfaites de leur support social (r = -.37, p <.001). Enfin, les événements négatifs et la satisfaction du support social sont corrélées (r = -.15, p <.001) : plus grand est le nombre d’événements de vie négatifs rencontrés, plus forte est la satisfaction du soutien social. L’ensemble des éléments pris en considération compte pour 24 % de la variance explicative de la dépression (R2 = .24 ; F(6, 714) = 31.71 ; p <.0001). Les principaux prédicteurs de la dépression s’avèrent être la satisfaction du support social (β = – .32, p <.000) et le nombre d’événements de vie négatifs rencontrés (β = .22, p <.000). Plus forte est la satisfaction du support social moindre sera la dépression et plus grand est le nombre d’événements de vie négatifs rencontrés plus forte sera la dépression. Ces deux variables comptent pour 20 % de la variance explicative de la dépression. En ce qui concernent les interactions entre nos variables, seule l’interaction entre l’âge, la satisfaction du soutien social et le nombre d’événements négatifs est significative (β = – .10, p <.02). Cette interaction indique que l’impact des événements négatifs et du support L’année psychologique, 2007, 107, 211-224 03-Bailly.fm Page 218 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 218 Nathalie Bailly • Daniel Alaphilippe • Catherine Hervé • Michèle Joulain Tableau I. Caractéristiques socio démographiques, événements de vie négatifs, satisfaction du support social et dépression Table I. Demographic characteristics, negative life events, social support satisfaction and depression Caractéristiques Nombre de participants Age moyen (63-97) N = 703 74.33 (5.68) Sexe Hommes Femmes 299 (42.53 %) 404 (57.46 %) Statut Marital Marié, Vie Maritale Veuf Célibataire Divorcé, Séparé 401 (57.04 %) 211 (30 %) 28 (3.98 %) 63 (8.96 %) Nombre moyen d’année d’étude Nombre moyen d’événements Négatifs (Max = 26) Score moyen de support social (Max = 28) Score moyen de dépression (Max = 15) 9.80 (3) 2.90 (2.15) 19.56 (4) 2.29 (2.44) Tableau II. Matrice de corrélation entre l’âge, les variables prédictrices et la dépression (r de Bravais Pearson) Table II. Matrix of correlation between age, predictrices variables and depression (Pearson r) Âge Événements Négatifs Événements Négatifs .06 Satisfaction Support Social –.01 –.15* Dépression .05 .25* Satisfaction Support Social –.37* * p <.001 – Matrice effectuée sur les scores bruts (sans transformation linéaire) Les résultats de l’analyse de régression multiples ont été synthétisés sur le tableau III. Cette analyse va nous permettre de déterminer (1) l’impact des variables prédictrices sur la dépression, (2) le rôle modérateur de la satisfaction du soutien social et (3) l’effet de l’âge sur ces indicateurs. L’année psychologique, 2007, 107, 211-224 03-Bailly.fm Page 219 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 Événements de vie négatifs, support social et santé mentale des âgés 219 Tableau III. Synthèse de la régression multiple pour la variable « dépression » (Béta standardisé) Table III. Stepwise Multiple regression for “depression” variable (standardized betas and P value) Étapes Variables β R Multiple F(incl./ excl.) p 1 Satis. Support Social –32* .13 111.43 .000 2 Ev. Nég .22* .20 54.79 .000 3 Age* Nég. * Satis. Social –.10* .23 14.02 .02 4 Neg * Satis. Support Social .07 .23 4.64 .06 5 Age * Nég .06 .24 3.02 .07 6 Age * Satis. Support Social .03 .24 1.02 .31 social sur la dépression varie en fonction de l’âge des individus. Afin d’aider à l’interprétation de cette interaction nous allons tester quelques contrastes sous la forme de moyennes (ANOVA). À l’aide des médianes nous avons divisé la population en fonction du niveau de satisfaction du support social (les moins satisfaits versus les plus satisfaits) et en fonction du nombre d’événements négatifs rencontrés (ceux qui en ont rencontré le plus versus ceux qui en ont rencontré le moins). En ce qui concerne la variable âge, même si la division de la dernière partie de la vie en tranches d’âge peut s’avérer complexe et arbitraire, il semble néanmoins qu’audelà de 80 ans l’ensemble du fonctionnement cognitif des individus (personnalité, soi, intelligence…) subit un déclin plus prononcé que chez les plus jeunes des âgés (Baltes, 1998 ; Baltes & Mayer, 1999 ; Singer, Verhaeghen, Ghisletta, Lindenberger, & Baltes, 2003). Aussi, nous avons scindé notre population entre deux groupes d’âge : les « jeunes vieux » (inférieur à 80 ans) et les « vieux » (supérieur à 80 ans). Une ANOVA a ainsi été effectuée sur les personnes ayant rencontrées le plus d’événements de vie négatifs. Une interaction significative a été mise en évidence entre l’âge et le soutien social sur la dépression (F (1,370) = 7.50 ; p = .001). Chez les plus jeunes, ceux qui sont le plus satisfaits de leur support social sont moins dépressifs comparativement à ceux qui sont le moins satisfaits de leur support social (Moyenne Satisfaction Forte = 3.41 – Moyenne Satisfaction Faible = 1.47 - F (1,296) = 49.55 ; p = .001). En revanche, aucune différence significative n’existe chez les plus âgés : quelle que soit la L’année psychologique, 2007, 107, 211-224 03-Bailly.fm Page 220 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 220 Nathalie Bailly • Daniel Alaphilippe • Catherine Hervé • Michèle Joulain satisfaction des plus de 80 ans quant à leur support social, leur score de dépression est identique (Moyenne Satisfaction Forte = 3.18 – Moyenne Satisfaction Faible = 4.17 - F (1,74) = 1.93 ; ns). DISCUSSION Le but de cette étude était d’appréhender l’impact des événements de vie négatifs et du support social sur la santé mentale des âgés. Surtout, il s’agissait de mesurer l’impact de ces facteurs en fonction de l’âge. Les premiers résultats obtenus avec la matrice de corrélation nous montrent que l’avancée en âge n’augmente pas de façon significative le nombre d’événements de vie négatifs, pas plus qu’elle ne modifie la satisfaction du support social des âgés. Ces résultats optimistes quant à la qualité de vie des âgés sont à nuancer dans la mesure où les événements de vie mesurés sont certes tous négatifs mais surtout sont indépendants et extérieurs aux personnes interrogées. On peut imaginer en revanche que l’accumulation de problèmes personnels majeurs (maladie personnelle) et mineurs (tracas quotidien) augmente avec l’âge compte tenu des modifications physiques et cognitives inhérentes à l’avancée en âge. En ce qui concerne la satisfaction du support social, même si des travaux indiquent que les âgés sont enclins inévitablement à réduire leur support social au fil du temps (perte des amis, relations sociales plus faibles), il n’en reste pas moins qu’ils restent satisfaits de leur entourage proche (Carstensen, 1995 ; Lansford et al., 1998). Quant à la dépression révélatrice de la santé des âgés, elle reste stable et surtout très faible à travers le temps. Même si l’âge n’influe pas sur les trois facteurs évoqués, ces derniers sont en revanche corrélés les uns aux autres. Ces résultats corroborent les travaux déjà cités : la dépression est liée aux nombre d’événements négatifs rencontrés d’une part et à la satisfaction du support social d’autre part. Les résultats obtenus suite à l’analyse de régression sont intéressants à plus d’un titre dans la mesure où ils montrent que l’impact des événements négatifs et du support social sur la dépression varie en fonction des âges. Premièrement, si l’on s’intéresse seulement à l’impact des événements négatifs sur la dépression, ils expliquent de façon significative mais très modestement la variance de cette dernière (environ 7 %). Même si une récente étude ne trouvait aucun lien entre ces deux facteurs (Mundt, 2000), la majorité des études indique un pourcentage explicatif de la L’année psychologique, 2007, 107, 211-224 03-Bailly.fm Page 221 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 Événements de vie négatifs, support social et santé mentale des âgés 221 variance santé mentale avoisinant les 16 % (Kraiij et al., 2001 ; Lefrançois et al., 2000 ; Sarason et al., 1985). L’une des interprétations possibles tient peut-être dans la spécificité des événements négatifs évoquée précédemment. En effet, les outils utilisés pour appréhender les événements de vie font l’objet de nombreuses critiques parmi lesquelles on trouve la forte hétérogénéité des événements de vie évoqués : positifs/négatifs, contrôlables/incontrôlables, mineurs/majeurs, dépendants/indépendants… Les études menées ne spécifient pas toujours clairement quels événements sont mesurés ce qui rend difficile toute comparaison avec nos résultats. Deuxièmement, la prise en compte de la satisfaction du support social dans le modèle de régression nous indique qu’il a un rôle sur la santé des individus (13 % de la variance dépression). La présente étude montre le rôle protecteur du soutien social sur la santé mentale des âgés. Pouvoir compter sur autrui, se sentir compris est essentiel au bien-être de l’âgé. Troisièmement, le rôle modérateur du support social est mis en évidence chez les plus jeunes. Face à des événements négatifs ceux qui sont très satisfaits de leur support social sont moins dépressifs. En revanche, alors qu’ils sont autant satisfaits de leur support social et qu’ils rencontrent autant d’événements négatifs que les plus jeunes, la satisfaction ou non du soutien social ne modifie pas l’impact négatif des événements de vie sur la dépression des très âgés. Pour ces derniers, les deux variables agissent de façons indépendantes sur la dépression. Même si les plus âgés sont satisfaits de leur support social dans l’absolu, dans la pratique, peut-être ne se servent-ils pas ou de façon inefficace de leur support social pour faire face aux événements négatifs rencontrés : peur de déranger ses proches, pudeur ou encore peur de reconnaître sa propre vulnérabilité face aux événements de la vie et son échec à résoudre seul des problèmes. Pour autant, nous ne trouvons pas un effet négatif du soutien social comme cela avait été le cas dans l’étude de Krause (1997). Afin de répondre à cette hypothèse, une étude introduisant d’autres dimensions du soutien social serait judicieuse. En particulier, il serait utile de répertorier les comportements réels d’aide et les différents types de soutien reçus (Streeter & Franklin, 1992 ; Vaux, 1992) des âgés. D’autre part, si la mobilisation des ressources sociales ou de leur appréciation est inefficace pour les plus de 80 ans, d’autres stratégies de coping permettant de pallier les conséquences négatives du stress seraient à étudier. Notre recherche s’enrichirait fortement d’une perspective longitudinale pour comprendre l’évolution de ces facteurs. En particulier, une telle étude permettrait de vérifier si nos résultats sont dus à un facteur purement générationnel ou bien à des problèmes adaptatifs chez les plus de 80 ans. L’année psychologique, 2007, 107, 211-224 03-Bailly.fm Page 222 Mercredi, 18. avril 2007 2:27 14 222 Nathalie Bailly • Daniel Alaphilippe • Catherine Hervé • Michèle Joulain Compte tenu des résultats de cette recherche, les futures études menées sur les effets conjoints des événements négatifs et du support social sur la santé mentale de âgés, gagneraient à différencier, au sein de ce groupe, les plus jeunes des plus âgés. BIBLIOGRAPHIE Alaphilippe, D., Bailly, N., Gana, K., & Martin, B. (2005). Les prédicteurs de l’adaptation chez l’adulte âgé. L’Année Psychologique, 105, 649-667. Andersson, L., & Stanish, J. (1996). Life events and their impact on health attitudes and health behaviour. Archives of Gerontology and Geriatrics, 23, 163-177. Bäckman, L., Small, B.J., Wahlin, A., & Larsson, M. (2000). Cognitive functioning in very old age. In F.I.M. Craik & T.A. Salthouse (Eds), The handbook of aging and cognition (2nd ed., pp. 449-558). Hillsdale, NJ : Erlbaum. Baltes, M.M. (1998). 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