Place des mini laiteries rurales dans le développement
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Place des mini laiteries rurales dans le développement
Un acteur au service du monde rural Thème 2 : Les mini-laiteries comme modèle de développement communautaire (aspects socio-économiques liés à la mise en place d’une mini-laiterie ; rôle de la femme ; lait et malnutrition ; création d’emploi pour les jeunes,…). Place des mini laiteries rurales dans le développement de la filière lait au Mali Forum sur le lait local en Afrique de l’Ouest Nouakchott, 7 et 8 Octobre 2015 Septembre 2015 I. Introduction : Le Mali est un pays à vocation essentiellement agro-pastorale. Le sous-secteur de l’élevage constitue la principale source de subsistance pour plus de 30% de la population. Sa contribution au PIB est estimée 11,7% (INSAT 2012). Le Mali dispose de l'un des cheptels les plus importants d'Afrique de l'Ouest avec un potentiel laitier de l’ordre de 1 640 000 tonnes. L’élevage se situe au 3ème rang en termes de recettes d’exportation après l’or et le coton. Malgré le potentiel laitier mobilisable sur l’ensemble du cheptel et les nombreuses politiques et stratégies en faveur de la promotion de la filière laitière, le pays reste toujours un des plus gros importateurs de produits laitiers pour satisfaire les besoins de consommation. Le Mali dépense chaque année plus de 20 milliards de FCFA pour l’importation du lait et des sousproduits laitiers. La consommation urbaine se résume pratiquement au lait en poudre comme l’expose S. Darrax en spécifiant que 95% de la consommation de lait de la population bamakoise est assurée par les importations (Darrax, 2009). Ce paradoxe soulève de nombreuses questions sur la structuration de la filière lait local au Mali. Le lait est produit principalement en hivernage et en zone rurale alors que le marché solvable se situe lui majoritairement en zone urbaine et en période sèche. Cette double déconnexion spatio-temporelle ne permet donc pas de répondre à la demande malgré l’existence incontestable d’un potentiel laitier conséquent. Dans un tel contexte, maintenir et créer des emplois en zones rurales, et faire de l’élevage et de l’agriculture des métiers rémunérateurs susceptibles d’attirer les jeunes et de les maintenir au village, sont des enjeux primordiaux. Constat actuel Maintes études ont montré que l’approvisionnement régulier et durable des populations en lait et produits laitiers devrait passer par une meilleure organisation à l’échelle de la filière: la production, la transformation et la commercialisation. Le modèle mini-laiterie est un bel exemple de réussite pouvant servir de fer de lance de la filière laitière locale au Mali en accompagnement des politiques et stratégiques nationaux de développement de la filière. Un des problèmes majeurs qui entravent le développement de la production animale au Mali est l'alimentation du cheptel, principalement en saison sèche. Dans le cas des élevages à vocation laitière, cette contrainte pénalise doublement le producteur à la fois à travers la chute voire l’arrêt de la production des femelles en lactation et la forte perte de poids pouvant compromettre les chances de saillie fécondante. La stratégie retenue et présentée ici, est la promotion et l’accompagnement de petites unités (mini-laiteries) de transformation laitière de proximité jouant le rôle d’interfaces stables entre éleveurs/producteurs et marchés. Il s’agit d’améliorer la production en y apportant une valeur ajoutée et en garantissant un marché sûr et durable. En raison de l’existence de marché surtout urbain mais exigent, il s’avère nécessaire d’améliorer les volumes de production en lait local et la qualité des produits. Les actions retenues par ICD, combinent ainsi: • Le développement d’un dispositif d’accès des groupements d’éleveurs au marché: des Entreprises de Services et Organisations de Producteurs (ESOP). Ce sont des entreprises de production, transformation et commercialisation de produits laitiers. Chaque ESOP conjugue deux dynamiques complémentaires : des éleveurs formés et organisés pour devenir des acteurs économiques fiables (prise de part au capital de l’entreprise) et une entreprise privée orientée marché, offrant des services efficaces aux producteurs et des produits transformés compétitifs à ses clients. La valeur ajoutée créée permet d'assurer la pérennité de l'entreprise et le développement de la production laitière. • L’articulation avec les opportunités de marché identifiées: des études de marché ont mis en lumière des demandes croissantes et non satisfaites en produits laitiers. Les mini laiteries (5 ESOP) promues par ICD en partenariat avec le CIDR1 (Centre International de Développement et de Recherche) ont une capacité de production de l’ordre de 3000 litres /jour (environ 600l/jour/laiterie). Mais la production actuelle est en deçà de cette capacité: 1000 à 1500 litres. Les éleveurs sont organisés en groupements avec des règles de fonctionnement, pour approvisionner les laiteries. Ces groupements dans le cas des laiteries constituées en SARL prennent des parts au capital des entreprises. Ces entreprises créent à la fois des emplois salariés à plein temps (transformation, appuis techniques aux producteurs, gardien…) et à temps partiel (cyclistes, revendeurs dépositaires…). Leurs relations en amont avec les éleveurs et en aval avec le marché contribuent à sécuriser l’écoulement du lait et sa valorisation à un prix rémunérateur. 1 ONG Française Les impacts notables sont : • Des impacts économiques : revenus sécurisés et perçus tous les mois • Des impacts sur la sécurité alimentaire : les revenus du lait permettent aux éleveurs de faire face à certaines dépenses familiales (frais de condiments, soins sanitaires de la famille…) • Des impacts sur le système d’exploitation : meilleure gestion du troupeau laitier • Des impacts sociaux : considération au sein de la communauté et au sein de la famille (crédibilité, confiance), échanges avec d’autres éleveurs • Des impacts sur les acteurs aval : amélioration des habitudes alimentaires et création d’emplois (cyclistes, revendeurs, dépôts…) ; allègement des tâches ménagères pour les femmes Le système économique ESOP comme modèle de développement est présenté à travers cette communication qui relate l’expérience de ICD en matière d’accompagnement des mimi laiteries rurales. Les questionnements abordés sont autour des défis de la filière lait, le dispositif mimi laiterie, l’ancrage territorial des mini laiteries, l’analyse des forces et faiblesses de la filière et les perspectives. II. Rapport entre potentiel local et valorisation de la production La population animale à potentiel laitier du Mali est estimée à 9 millions de bovins, 13 millions d’ovins, 18 millions de caprins, 0,9 millions de camelins (DNPIA2 / CTB3 - 2015) L’élevage laitier est pratiqué dans la presque totalité des régions rurales de manière extensif, transhumant par tradition Production de lait au Mali : 680 000 tonnes (DNPIA, 2013) pour un potentiel de 1 640 000 tonnes (DNPIA/PRODEVALAIT4, 2013) La quantité de lait collecté attendue pour la campagne 2015 est de 5 500 tonnes contre 3 700 tonnes de lait collectées en 2014-2015, soit 30% d’augmentation (DNPIA, 2015) 2 3 4 Direction Nationale des Productions et Industries Animales Coopération Technique belge Projet de Développement et de Valorisation de la Production Laitière Part de la production autoconsommée : 50% (BM, 2009) Part de la production transformée : <10% (BM, 2009) Consommation lait au Mali : 30 litres/personne/an en milieu nomade, 5 à 6 litres dans le sud du pays. (Potentiel 50l/personne /an –DNPIA 2013) FAO : 62 litres/an Importations : + 20 Milliards de FCFA POTENTIEL LOCAL INCOMPLETEMENT VALORISE III. Production de lait local 98% agro-pastorale extensive et 2% semi-intensive DECONNEXION OFFRES ET DEMANDES PRODUCTION RURALE MAIS MARCHE URBAIN IV. Les mini laiteries : Outil de dynamique locale Etat des lieux 9 unités laitières mises en place par ICD/CIDR et VSFB/ICD dont 5 ESOP (Entreprises de Services et Organisations de Producteurs) 348 000 litres de lait traités (moyenne: 150 à 220l/j/laiterie) Près de 120 emplois directs créés : personnel laiterie, revendeurs, cyclistes… Plus de 500 éleveurs livreurs de lait Revenu annuel moyen/éleveur = 165 000 FCFA V. Une des réponses aux défis rencontrés : la mini laiterie rurale Une interface efficiente entre les éleveurs et le marché Un outil de dynamisation du territoire allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie Un outil de diversification des sources de revenus et de sécurisation des revenus VI. Les contraintes auxquelles répondent les laiteries rurales au Mali Enclavement et éparpillement de la production : le défi de rapprocher les producteurs des consommateurs et des intrants (aliment bétail, soins sanitaires…) Pénurie de saison sèche : le défi d’augmenter la production Méventes d’hivernage : le défi de développer un produit de garde (ghee, fromage, etc.) Pérennisation et durabilité : le défi de développer un modèle économique rentable VII. Dispositif mini-laiterie : Une offre de services amont/aval aux éleveurs Organisation des producteurs en groupement Accès à l’aliment bétail et aux conseils (santé animale, techniques d’alimentation, hygiène du lait) Valorisation du lait et création de valeur ajoutée Ecoulement du lait à travers un dispositif commercial dynamique (vendeurs ambulants, forains, dépositaires…) VIII. Un ancrage territorial Une collecte de proximité relativement modeste La promotion d’un aliment bétail local: introduction du soja dans l’alimentation des vaches laitières par exemple Des emplois créés localement (collecteurs, personnel de la laiterie, revendeurs…), des revenus pour les éleveurs locaux Des savoir-faire locaux améliorés et mieux maîtrisés (produit de garde local : le sirime, fromage) Des marchés de proximité : villes secondaires, foires hebdomadaires, sites d’orpaillage traditionnels... IX. Analyse FF0M des mini laiteries FORCES FAIBLESSES Circuit court et ancrage local : appropriation Compétences en gestion insuffisante et retombées locales Faible résilience aux crises Savoir-faire acquis Gouvernance parfois peu efficace Fidélisation des éleveurs et consolidation des Volume de lait modeste et impact limité marchés Rentabilité économique prouvée OPPORTUNITES Lait local très apprécié : marché porteur MENACES Concurrence de produits à base de lait en Volonté politique : PRODEVALAIT poudre Manque d’infrastructures, d’équipements X. Conclusion En s’ancrant dans une dynamique territoriale, la mini laiterie peut être un des maillons local d’une reconquête de la souveraineté alimentaire. Initiative locale à capitaliser et à intégrer dans l’optique d’une vision nationale Nécessité d’une politique laitière volontariste, au-delà de la problématique de la taxation DEVELOPPER L’ACCES AU MARCHE, L’ACCES AUX INTRANTS, L’ACCES AU CONSEIL ARBITRAGE ENTRE SOUTIEN A LA FILIERE LAIT LOCAL ET LA DEMANDE PONCTUELLE Quelques images du forum