GRIGNAN – AIX EN PROVENCE

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GRIGNAN – AIX EN PROVENCE
GRIGNAN – AIX EN PROVENCE
Comme
Madame
de
Sévigné , nous
arrivons
à
Grignan
« sans aucune
incommodité »
. Après un
repas
très
apprécié,
nous
découvrons
un
bourg
typiquement provençal que domine, sur une
butte rocheuse, le vaste et beau château rendu
célèbre grâce à la correspondance entre
Madame de Sévigné et sa fille Madame de
Grignan. On ne sait pas grand-chose des débuts
du château (XIème siècle ?). Au XIIIème siècle
le Château passe aux mains des Adhémar qui
ont œuvré pour le renforcement des aspects
défensifs du château. Il est alors fait état de la
première mention de la baronnie de Grignan en
1281.Louis Adhémar construit la collégiale
Saint-Sauveur et fait bâtir la façade
renaissance……mais meurt en 1559 sans laisser
d’héritier. Ses titres de possession passent à son
neveu : le comte de Grignan époux de la fille
de Madame de Sévigné. Celui-ci entreprit de
nombreux travaux visant à accroître le prestige
et la commodité du château dont il fit sa
demeure; il meurt ruiné. En 1793 une partie du
château est détruite par les vents de la
révolution ; la collection précieuse des tableaux
est brûlée ; les meubles dispersés. Léopold
Faure se porte acquéreur des ruines ; fait réparer
le toit terrasse de la collégiale, consolider les
murs et les remparts .Il retrouve et rachète les
meubles. Ses héritiers vendent le château en
1912 à Madame Fontaine qui entreprend aussi
d'importants travaux de restauration. En 1979, le
château est vendu au conseil général de la
Drôme qui parachève la restauration de l'édifice
et la restitution des décors. Que serait devenu le
château sans l’aura littéraire que les lettres de
Madame de Sévigné lui ont conféré ? …
Nous avons marché sur ses pas depuis
son appartement jusqu'au village, via la
collégiale, empruntant des ruelles où certains ont
failli se perdre !... Mais nous devons gagner Aix
où, un hôtel confortable nous attend.
Reposés, nous sommes prêts à affronter
Aix. Nous commençons notre deuxième journée
par la dégustation de calissons chez un artisan
confiseur qui nous ouvre son petit atelier. Dans
l'Antiquité, les gourmands de l'époque ont eu
l’idée de mélanger des amandes à des fruits
confits.
Nommés
Calisone
en
Italie,
Kalitsounia en Grèce, le Calisoun fait son
apparition à Aix sous sa forme moderne en 1473
à l'occasion du repas de noce du deuxième
mariage du Roi René. Au XVIème siècle,
l'amande est introduite en Provence; Aix devient
la capitale mondiale du négoce des amandes et
compte une vingtaine de fabricants. La
fabrication s'effectue en deux étapes: préparation
de la pâte (amandes émondées, broyées avec des
melons confits ou des oranges, additionnées de
sirop de fruits) habillée d'une feuille d’hostie
nappée de glace royale.
Chargés de calissons, nous nous
dirigeons vers le vieil Aix, accompagnés de nos
guides.
Aix… pas moins de 31 musées et sites à visiter
sans parler de l'élégance sobre des hôtels
particuliers, de la majesté des avenues, du
charme des places, de la grâce des fontaines.
Nos guides nous font sinuer dans des rues
jalonnées de portes ostentatoirement sculptées,
dans lesquelles s'intègrent des heurtoirs de
bronze ou de cuivre. Nous découvrons la façade
de l'hôtel de ville, la tour de l’horloge, l'hôtel du
musée du vieil Aix rue de Saporta , la place
d'Alberta et sa fontaine.
Nous rapportons
des
images
visuelles (plus
que sonores pour
un groupe) de la
cathédrale
Saint Sauveur
où voisinent tous
les styles (du
IVème au XVIème siècle). La cuve du baptistère
octogonal (IVème siècle) incorporée à l’édifice,
est entourée de huit colonnes provenant de
l’édifice romain; le dôme qu’elles supportent
date de la Renaissance. La nef principale abrite
le triptyque du Buisson ardent (1476), œuvre
de Nicolas Froment. Le Toulonnais, Jean
Guiramand sculpta les superbes vantaux en
noyer du portail ; celui-ci comprend deux
Statues anciennes : saint Michel, au-dessus de la
grande verrière et une Vierge à l’Enfant adossée
au trumeau. Nous cheminons vers le cours
Mirabeau: cette large avenue ombragée par de
beaux platanes, a été tracée au XVIIème sur
l’emplacement des remparts. A une de ses
extrémités, s’élève la fontaine de la Rotonde à
l’autre, la statue du roi René. Le cours est bordé
au nord, de commerces et de restaurants (nous
nous sommes restaurés dans l’un d’entre eux) et
au sud, d’élégants hôtels particuliers.
On
ne
peut
visiter Aix
sans
rencontrer
l’enfant du
pays, Paul
Cézanne.
Nous avons
donc visité son atelier et sillonné, comme lui, le
pays Aixois autour de la montagne Ste Victoire.
« Je fais bâtir mon atelier sur un terrain
que j’ai acquis à cet effet »….terrain offrant à
Cézanne, le panorama le plus élevé par rapport à
la Ste Victoire et une vue plongeante sur Aix.
L’atelier, situé au 1er étage du pavillon, n’abrite
aucune œuvre du peintre et pourtant on ressent
sa présence au milieu d’objets familiers : le
cruchon vert, le pot aux olives, le pot gingembre,
la carafe bleue, la bouteille de rhum, les crânes,
la pipe des joueurs de cartes…tous ces objets
apparaissent dans ses natures mortes. Le
mobilier, le matériel de travail, rien n’a changé
depuis son décès en 1906. Cézanne a voulu que
cet atelier soit éclairé, au nord, par une verrière
et qu’il présente une « fente verticale » ménagée
dans l’épaisseur du mur : « un passe tableaux »
permettant la sortie de « trop grandes toiles »
comme les Grandes baigneuses. Beaucoup
d’œuvres, aujourd’hui conservées dans les plus
grands musées du monde, ont été peintes dans
cet atelier de lumière et de silence : les dernières
natures mortes, la montagne Ste Victoire, le
cabanon de Jourdan, le portrait du jardinier
Vallier….Après la mort de Cézanne, l’atelier
reste fermé pendant 15 ans ; en1921 Marcel
Provence le rachète au fils de l’artiste, vit au
rez-de-chaussée sans rien changer dans l’atelier.
Il meurt en 1951. Alors, une association de
mécènes américains, allemands, français, récolte
les fonds nécessaires au rachat de l’atelier en
1952, en fait don à
l’université d’Aix en 1954 qui le cède à la ville
d’Aix en 1959.
Nous ne quittons pas l’atelier sur une
note triste, puisque nous retrouvons Cézanne
jeune, sillonnant le pays d’Aix, à la recherche de
la « vérité de l’espace » loin, des conventions
classiques. Lors du circuit des sites de Cézanne,
notre guide nous fait découvrir sa maison natale,
le lycée qu’il fréquentait avec Zola, les paysages
qu’il affectionnait particulièrement. La Bastide
du Mas de Bouffan fut le théâtre de ses
premières œuvres, ainsi que les carrières de
Bibémus où il loua un cabanon et réalisa huiles
et aquarelles dans lesquelles cinq motifs sont
identifiables aujourd’hui. Nous ne perdons pas
de vue notre repère la Ste Victoire, motif que
Cézanne a peint et repeint , perfectionnant « sa
touche », créant des plans, des lumières et des
ombres, jetant sans le savoir, les bases du
cubisme.
Autre patrimoine de la ville d’Aix……les
Santons ! Depuis 4 générations, la famille
Fouque fabrique artisanalement des santons
dont le plus célèbre est « le coup de mistral ».
Emmanuel et Catherine nous font visiter leur
atelier et leur collection de figurines (2 à 70 cm)
parmi lesquelles toutes les corporations sont
représentées. Pour façonner une figurine,
Emmanuel sculpte dans l’argile rouge, le modèle
original. Cette matrice permet l’obtention d’une
réplique de la figurine à partir d’un ou plusieurs
moules correspondant à la face, aux corps, aux
membres...etc. La figurine démoulée, a besoin
de retouches, d’ébarbage; ensuite, elle est cuite
dans un four à 950° et peinte à la main.
L’instituteur, façon Pagnol, sur un socle
orné de palmes, pourrait représenter notre
association ???
Madeleine Montagne
MARSEILLE
dimanche 28 septembre 2014
LE MuCEM
Le temps est magnifique et l'humeur joyeuse, Après
un trajet sans encombre le car nous dépose près du
Fort St Jean.
Visible de la ville comme du littoral nord, le Fort St
Jean retrace dans un site de 14 000 m2 une épopée
de 26 siècles, Avec ses deux tours, celle du Roi
René : construction carrée édifiée au XV e S et la tour
ronde du fanal élevée en 1664, il est emblématique
de la ville. Vauban le fortifie dès 1671. Lié aux
diasporas et nombreuses vagues de migrations il est
aussi , avec son emplacement stratégique à
l'extrémité ouest du quai du port, un témoin privilégié
des mutations portuaires de Marseille. Il fut de ce fait
légitime qu'Euroméditerranée,
Euroméditerranée, lors de son
programme ambitieux de réhabilitation du front de
mer et de certains quartiers (Joliette, Arenc et Belle
de Mai), décidât de construire le MuCEM près du Fort
St Jean, plan urbanistique d'envergure qui permit à
Marseille d'entrer dans le XXI e S.
Le
MuCEM
prolonge
la
mission
ethnographique du musée des Arts et Traditions
populaires du quai Branly. Il lui confère cependant
une autre dimension car il est le premier musée du
monde à être consacré aux cultures de la
Méditerranée. Il a pour objectif, à travers ses
collections et une riche programmation,
d'expositions, de rencontres , de colloques, de
conférences, de spectacles et de films, de montrer
comment les civilisations méditerranéennes ont
participé à l'histoire du Monde, mais aussi comment
elles s'en distinguent, de privilégier les échanges
entre les pays qui bordent la Méditerranée et d'être
un lieu phare de leurs rencontres avec les pays
d'Europe.
Les concepteurs du MuCEM, Rudy Ricciotti et Roland
Carta le définissent ainsi : « C'est une casbah
verticale un carré parfait de 72 m. de côté tenu par
des structures arborescentes élancées, protégé par
une enveloppe brise soleil tel un moucharabieh ».Ce
classique parallélépipédique enserre un second
parallélépipède de 52 m. de côté qui constitue le
cœur même du musée. Dans ses 15 000 m2 il abrite
sur deux niveaux : la galerie de la Méditerranée, des
expos temporaires, un auditorium de 325 places, un
espace pour enfants, une librairie, un restaurant.
Autour, en dessous et au dessus sont distribués les
axes de circulation « Comme dans une ziggourat
(temple babylonien) le visiteur se balade sur des
rampes jusqu'au toit entre l'air, le ciel, le soleil et les
embruns, sans traverser les espaces muséaux ». Le
monument est construit en béton d'exception, le
BFUP, ou béton fibré à très haute performance,
Composé de granulats, de fibres et de liant, le BFUP
possède trois qualités essentielles : une résistance
mécanique à la compression six à huit fois supérieure
à celle du béton classique, une faculté à épouser les
formes les plus variées et une étanchéité parfaite à
l'air et à l'eau, indispensable dans ce contexte
maritime. Ce béton exceptionnel peut aussi
s'affranchir de la pesanteur et devenir poteaux de
soutien élancés et murs en légère résille. Bordé par
des douves au sud et à l'ouest, le MuCEM joue avec
les reflets du soleil et de l'eau. Il semble ancré à
l'image des paquebots, fixé au sol par ses deux
passerelles, l'une qui le relie au quartier du Panier et
l'autre de 135 m. de long qui le relie au Fort St Jean.
Le musée est complété par deux autres
constructions : la Villa de la Méditerranée et le Centre
des Conservations et des Ressources implanté dans
la quartier de La Belle de Mai, lieu de réserve des
œuvres mais aussi, espaces ouverts à un public de
chercheurs. Le Fort St Jean lui fournit également des
salles d'expositions.
Accompagnés de deux guides nous visitons la
Galerie de la Méditerranée – quatre grands axes y
sont retenus et illustrés par des objets de toutes
époques venus du monde entier :
-l'invention des agricultures,
-les monothéismes et Jérusalem ville trois
fois sainte,
-la Citoyenneté et les Droits de l'Homme,
-les voyages et les grandes découvertes.
Nous parcourons ensuite « les espaces servants »
pour monter jusqu'au toit en terrasse et emprunter la
longue passerelle qui conduit au Fort St Jean
profitant de la vue magnifique et du jardin botanique
des migrations qui y est installé.
guinguettes surplombant une plage minuscule. La
mer, calme jusque là, se fait plus houleuse et
franchement agitée. Le bateau craque et tangue, des
Amopaliens s’inquiètent, posent des questions à
l'équipage: « Avez-vous assez de canots de
sauvetage ? » D'autres, placés à l'avant,
commencent à recevoir des paquets d'eau et
essaient de rentrer à l'intérieur en se cramponnant au
bastingage, certains, le cœur retourné par le roulis,
ne verront pas Callelongue et sa flottille de bateaux,
Sormiou et ses nombreux cabanons, le Cap Morgiou
et l'entrée sous-marine de la grotte Cosquer. Ils ne
verront pas non plus, entre les hauteurs arides du
massif du Puget à l'ouest et les escarpements boisés
du Cap Canaille, au fond de sa baie, le village de
Cassis. Son décor nimbé d'une belle lumière inspira
Vlaminck, Matisse, Derain, Dufy …..
Heureusement le retour est plus calme et les malades
réconfortés !
Sormiou
LES CALANQUES
Nous déjeunons à deux pas du Vieux Port au
« 29 Pla
Place
ce aux Huiles », Il faut noter que malgré notre
groupe de 48 personnes, le chef a tenu à nous
cuisiner des produits frais (poulpe et dorade),
Nous le remercions pour la qualité de son accueil et
ce très bon repas.
Nous nous dirigeons vers l'embarcadère pour la
croisière « l'intégrale des calanques » qui nous
conduira de Marseille à Cassis. Nous embarquons sur
« le Green Calanques », le bateau nous est
entièrement réservé, chacun peut donc choisir ce
qu'il pense être la meilleure place !
Nous sortons du port, longeons le château d'If , les
îles du Frioul, les grandes plages du Prado et le Cap
Croisette et arrivons vers les Goules : décor grandiose
de roches calcaires d'une blancheur éclatante,
baignées par des eaux d'un bleu intense et petites
Nous avions programmé, pour terminer cette belle
journée, une montée en petit train vers Notre Dame
de la Garde. Nous avons attendu, attendu et le petit
train n'est pas venu !! A 18 h 30 nous recevions les
excuses téléphoniques du responsable de la société,
alléguant une difficulté due à un jeu installé sur les
quais et nous proposant, en compensation, des
places gratuites pour un autre jour !!!
Lundi 29 septembre, le retour.
C'est l'esprit empreint d'un avant goût de Noël que
nous sortons de la Maison FOUQUE (fabrique de
santons), chacun emportant en Berry des petits
personnages qui iront égayer le décor de fête
Nous reprenons le car. A Avignon l'Auberge de
Bonpas nous accueille. Rien de tel qu'un petit
apéritif et un bon repas pour partager des moments
d'amitié, délier les langues et formuler le souhait de
repartir bientôt pour d'autres projets : peut-être Paris
en décembre et pourquoi pas Londres en septembre
2015 !
Jacqueline Périllat