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Université de Strasbourg Ecole nationale d’administration Master « Administration publique » Parcours « Administration publique générale » CRISES ECONOMIQUES ET POLITIQUES ET LA MOBILISATION DES RECETTES PUBLIQUES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Sous la direction de Robert HERTZOG Professeur Emérite de l’Université de Strasbourg Soutenu par Adolphe LUMBIKILA LUEMBA CIL Promotion Jean de La Fontaine (2013-2014) Jury composé de : - Gabriel ECKERT : président - Robert HERTZOG : directeur de mémoire - Fabrice LARAT : membre du jury Mai 2014 I DEDICACE A mon épouse Sissy MOLAY MOKANGO, pour les sacrifices consentis ! A mon fils Armel LUMBIKILA LUEMBA, dont les premiers instants de la vie ont été marqués par mon absence pour raison de la présente scolarité ! II REMERCIEMENTS Force nous est, à la fin de ce travail, remercier tous ceux qui nous ont aidé pour réaliser ce travail. Nous exprimons notre gratitude Monsieur Robert HERTZOG, professeur émérite à l’Université de Strasbourg, pour avoir accepté de guider nos pas dans la réalisation de ce travail. Nos remerciements s’adressent également à Maitre TUNDA ya KASENDE ainsi qu’aux Messieurs Gérard POINTE, Laurent MABIALA UMBA et Dieudonné SASSE KEMBE pour l’attention et la documentation fournie. III SOMMAIRE O. INTRODUCTION…………………………………………………………………………1 CHAPITRE I : CONTEXTE INSTITUTIONNEL ET ECONOMIQUE DE LA RDC……8 I.1. Bref aperçu sur l’évolution politique de la Rd Congo ……………………………….8 I.2. La situation économique de la Rd Congo…………………………………………..14 I.3. Valeur et légitimité du pouvoir public congolais ………………………………….27 CHAPITRE II : L’ORGANISATION DU SYSTEME DES RECETTES PUBLIQUES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO…………………30 II.1. Cadre juridique et administratif des recettes publiques…………………………...30 II.2. Spécificités du système congolais de perception des recettes publiques………39 CHAPITRE III : L’IMPACT DES RECETTES PUBLIQUES SUR LES CONDITIONS DE VIE DES HABITANTS EN RD CONGO………………………….51 III.1. Le contraste de l’augmentation des recettes publiques et de la persistance de la vulnérabilité des citoyens…………………………………………………………..51 III.2. L’évaluation de la mobilisation des recettes courantes. ………………………...59 III.3. Recommandations pour la maximisation des recettes publiques……………..64 CONCLUSION…………………………………………………………………………….75 IV ACRONYMES BAD : Banque Africaine du Développement CDF : Congolese Democratic Francs (Francs congolais) DGDA : Direction Générale des Douanes et Accises DGI : Direction Générale des Impôts DGRAD : Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations. DSCRP : Document de la Stratégie pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté. FMI : Fonds Monétaire International IPPTE : Initiative- Pays Pauvres Très Endettés ITIE : Initiative pour la Transparence des Industries Extractives OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement ONU : Organisation des Nations Unies PEG : Programme Economique du Gouvernement PIB : Produit Intérieur Brut PIR : Programme Intérimaire Renforcé PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement RDC : République Démocratique du Congo TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée USD : United States Dollars (Dollars Américains) V RESUME La République Démocratique du Congo est un pays pauvre. Cette situation est la résultante de la récession économique qui a débuté depuis 1960 ainsi que les troubles politiques et la dictature qui ont caractérisé les cinquante années d’indépendance. Les réformes politiques et économiques entamées depuis 2001 ont permis la mise en place des institutions politiques démocratiques et l’amorce de la croissance économique continue. Mais ces efforts restent insuffisants au regard de besoins de reconstruction du pays. C’est ainsi que la RD Congo cherche des ressources financières pour reconstruire le pays et réduire la pauvreté. Mais elle est butée à plusieurs difficultés : le pays n’a pas accès aux marchés des capitaux, la volatilité et la diminution de l’aide au développement, l’épargne domestique quasi-inexistante, les financements bilatéraux et multilatéraux sont soumis à des conditionnalités qui laissent le destin du pays à la merci des financeurs. Les recettes fiscales demeurent le seul levier. Celles-ci ont certes sensiblement augmenté de 2001 à 2012, dans la mouvance de la croissance économique enregistrée durant la même période. Mais elles demeurent très faibles au regard des défis et le taux de prélèvements se situe encore en déca de la capacité contributive du pays. D’où la possibilité et nécessité d’augmenter encore les recettes fiscales. Pour y parvenir, il faudra certes poursuivre la reforme du cadre juridique de la fiscalité congolaise, mais il est judicieux de réorganiser le cadre administratif notamment en fusionnant plusieurs les administrations fiscales et en instituant le contrôle interne, informatiser les circuits et les procédures pour sécuriser les recettes et réduire la fraude, simplifier les procédures, mais surtout améliorer la gouvernance en canalisant la rente des ressources naturelles vers le Trésor public. VI SUMMARY The Democratic Republic of Congo is a poor country. This situation is a result of economic recession which started in 1960 as well as a consequence of political instability and dictatorship which have characterised the fifty four years of independence. The Democratic Republic of Congo is thus in search of financial resources in order to rebuild the country and reduce poverty. However, the country faces several challenges: lack of access to the capital market, development aid volatility and depletion, quasi non-existent domestic saving, bilateral and multilateral loans are only available on terms which leave the country at the mercy of financiers. The country can only rely on fiscal revenue which has significantly increased from 2001 to 2012 in accordance with economic growth experienced during the same period. However, given the challenges faced by the country, fiscal revenue remains low. Besides, fiscal collection stands below the country’s fiscal contribution capacity. Therefore, it is possible and even necessary to increase fiscal revenue. To reach this goal, it is undoubtedly necessary to reform the fiscal legal framework. In addition, it is also important to reorganise the administrative framework by merging several fiscal administrations, instituting internal audit, computerising processes and procedures in order to secure fiscal revenue and minimise fraud, simplifying procedures, and most importantly improving governance in channelling natural resources revenue towards the public Treasury. INTRODUCTION 1. CONTEXTE La République Démocratique du Congo est un pays pauvre : le taux de pauvreté est à 70% de sa population estimée à 73 millions d’habitants. A la clôture de l’année 2013, le taux de chômage se situait à 46,1% de la population active, dont deux tiers des jeunes. 30 enfants sur 100 en âge de scolarité ne vont pas à l’école, et 55,5% d’écoliers n’achèvent pas la sixième année primaire. Le taux de mortalité maternelle s’élève à 670 pour 100.000 naissances vivantes et la prévalence de VIH est estimée à 1,3%. Le taux d’inflation, qui était à 520% en 1994 et à 46% en 2008 a été ramené à 9,34% en 2012. Le taux de croissance était à 7,2% la même année. Cependant, l’indice du développement humain est de 0,304 et la RD Congo est classée au dernier rang mondial1. Elle est aussi un Etat post-conflit et est à cet effet nommé un Etat « fragile »2. En effet, la RD Congo sort de deux guerres civiles qui se sont déroulées de 1996 à 1997 et 1998 à 2002. La première guerre a eu raison du dictateur qui régnait depuis 32 ans alors que pendant la seconde est considérée comme la première guerre africaine puisqu’elle a vu intervenir sept pays africains soutenir soit le Gouvernement, soit les deux rebellions qui occupaient le deux tiers du territoire national. Malgré la signature de l’accord mettant fin aux hostilités en décembre 2002 à Sun-city et la constitution d’un gouvernement d’union nationale de juin 2003 à juin 2006 rassemblant tous les belligérants dans un, d’autres rébellions se sont successivement formées dans les provinces du Kivu à l’Est du pays. Une Mission de l’Organisation des Nations Unies de Stabilisation du Congo (MONUSCO) est installée au pays depuis 2002. Formée de 18.000 hommes, elle actuellement associée aux Forces armées de la RDC dans les opérations d’éradication de rebellions et groupes armés qui sèment l’insécurité dans les provinces du Kivu. 1 Lire à ce sujet Le condensé hebdomadaire d’informations statistiques de la Banque Centrale du Congo (n° 02/2014 du 10 janvier 2014) et le Rapport sur le développement humain en 2013, publié par le Programme des Nations Unies pour le Développement. 2 OCDE, Suivi des principes d’engagement international dans les Etats fragiles et les situations précaires. Rapport pays 3 : République Démocratique du Congo. 2010. 1 La RD Congo est un Etat qui renoue avec la pratique démocratique. Autrefois appelé « Zaïre », ce pays fut confronté aux troubles politiques au lendemain de l’indépendance et a subi, dès 1965, une dictature sanglante et prédatrice jusqu’au coup d’état de 1997. Elle est ensuite passée sous le régime militaire et puis à partir de 2003 sous le régime des belligérants qui a abouti en 2006 aux premières élections démocratiques, après celles de 1960 organisées à la veille de l’indépendance. Mais, ce processus de refondation de l’Etat se heurte actuellement au problème de gouvernance. Du point de vue politique, le défaut de gouvernance est symbolisé par de nombreuses irrégularités et fraudes constatées lors les élections présidentielles et législatives de 2011 qui ont permis la réélection du président Joseph Kabila3. Sous l’angle économique, le défaut de gouvernance est épinglé dans la gestion des ressources naturelles. En effet, en décembre 2012, le FMI et la Banque Mondiale avaient suspendu la coopération technique4 et par ricochet, tout financement extérieur. Il est reproché aux autorités congolaises le manque de transparence dans l’attribution des contrats d’exploitation des concessions minières. Le pays est aussi suspendu du processus de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE), car des centaines de millions USD, pourtant déclarés payés à l’Etat par les entreprises minières, n’ont pas été retracés dans le compte du Trésor Public5. 2. PROBLEMATIQUE La RD Congo est donc confrontée aux défis de reconstruction du pays et de la lutte contre la pauvreté. Ces défis sont immenses et complexes car elle est dans un cercle vicieux : insécurité, faible accès aux besoins humains de base, absence de sécurité sociale, ressources publiques insuffisantes, faible gouvernance, absence de fierté nationale, faible épargne, une économie non industrialisé,… Elle a certes fait des avancées depuis 2001 : l’organisation des élections en en 2006 et 2011 et la stabilisation du cadre macroéconomique, gratifiée en juillet 2010 par un allègement 3 Lire à ce sujet le Rapport de la Mission d’observation de l’Union Européenne pour les élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011 en République Démocratique du Congo 4 Rapport de la revue trimestrielle du programme de relais consolidation (Ministère des FinancesRDC) décembre 2012, p.4. 5 Rapport ITIE – RDC 2010 publié en décembre 2012. 2 plus que substantiel de 80 % de sa dette extérieure dans le cadre du processus de l’Initiative pays pauvres très endettés (I-PPTE.). Mais, la stagnation de l'indice du développement humain en 2013 démontre que le pays éprouve d’énormes difficultés pour sortir de l’interaction de la pauvreté et de la fragilité. Certaines études estiment que l’industrialisation, par ses effets multiplicateurs sur la croissance et la création d’emplois, permettrait de briser ce cercle vicieux6. Le Gouvernement pour sa part, qui a longtemps concentré les efforts sur la stabilité du cadre macroéconomique, mise sur l’augmentation des ressources publiques pour endiguer la persistance de la pauvreté. Il prévoit de collecter environ 48 milliards USD en recettes publiques cumulées pour la période de 2012 à 20167. Cet objectif, estimé très ambitieux par le Gouvernement, parait très insuffisant pour faire passer la RD Congo du stade de pays fragile à celui de pays en voie de développement, qui est un processus social et culturel et non une statistique macro-économique. Quant à la piste du financement extérieur, il faut noter que le pays n’a pas accès aux marchés des capitaux. Et le constat réalisé en 2003 par Kabuya Kalala et Tshuinza Mbiye est toujours d’actualité. En effet, ces derniers notent que l’accomplissement des fonctions minimales d’un Etat moderne ainsi que l’impératif de mobiliser le financement requis pour la reconstruction post-conflit sont si contraignants que l’aide étrangère demeure incontournable dans le processus de refondation politique et de consolidation de l’économie congolaise8. Ce cri de détresse eut un écho favorable car la RDC a bénéficié d’un flux net cumulé de 15,08 milliards USD au titre de l’aide publique au développement pour la période de 2002 à 2008. Cette injection de ressources extérieures dans l’économie congolaise a été si importante qu’elle a permis de remettre en place un minimum 6 SEUNG-HUN Chun (Dr), La relance économique de la RDC, Séminaire à l'intention des membres du Gouvernement, à Zongo, (KDS-KOICA), 6 août 2012. 7 Programme d’actions du Gouvernement 2012-2016 – RDC, Mai 2012, p.53. 8 Kabuya (Kalala) et Tshuinza (Mbiye), Les enjeux du financement de la reconstruction de l’Etat et de l’Economie formelle, in Notes de Conjoncture, (Nouvelles séries), Volume 1, n° 1, octobre 2003, p. 64. 3 d’infrastructures essentielles du pays9. Elle a aussi permis la stabilisation du cadre macroéconomique, sous le contrôle des institutions de Brettons Wood (Banque Mondiale et le FMI). Cependant, ces ressources, bien que plus importantes que les ressources fiscales prélevées durant la même période, ont constitué plus un palliatif qu’un mécanisme susceptible de déclencher le décollage économique. Fort de ce constat, le pays a recherché d’autres sources de financement, illustrées par la signature en 2008 du contrat de financement de 9 milliards USD en échange d’une joint-venture sino-congolaise d’exploitation des ressources naturelles. Ces ressources devraient permettre la réalisation des grands travaux d’infrastructures à impact économique et social. L’exécution de cet accord tarde cependant toujours10. Notre premier constat demeure : le pays est pauvre et fragile, sans ressources fiscales suffisantes et sans ressources extérieures conséquentes. C’est ainsi que la question de mobilisation des ressources fiscales pour le développement de la RDC reste une priorité d’Etat, surtout que le pays a enregistré depuis 2002 un taux annuel moyen de 5,5% de croissance économique. Ce qui suggère plusieurs questions : quel a été le niveau réel des ressources fiscales ? Et ont-elles contribué à l’amélioration des conditions de vie des habitants ? Voila des questions auxquelles ce travail s’évertuera de répondre. Répondre à ces questions conduit à associer dans une seule étude deux aspects distincts du circuit financier de l’Etat : la collecte des deniers publics et leur redistribution. Réaliser une telle étude pousse d’une part s’interroger sur le système fiscal tant son cadre juridique que son fonctionnement administratif, et d’autre part à choisir l’investissement public par les ressources fiscales comme l’axe d’analyse de la redistribution. Mais il faut préalablement s’imprégner du contexte institutionnel et économique d la RD Congo pour mieux appréhender les enjeux de ce travail. ème 9 Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté, 2 2015. (Ministère du Plan – RDC), Kinshasa, octobre 2011. génération 2011- 10 Rapport du le contrat de financement des infrastructures de la R.D.C. Document présenté au Parlement par le Ministère du Plan – RDC, en décembre 2008. 4 3. CHOIX ET INTERET DU SUJET Le choix du sujet que nous nous proposons de développer se justifie par le fait que la R.D.C. est un pays qui est pris dans le piège de la pauvreté et de la fragilité. Pour sortir de la pauvreté et rétablir l’autorité de l’Etat, elle a besoin de la bonne gestion économique et de la confiance, lesquelles lui font défaut actuellement. En effet, ses ressources fiscales sont très faibles au regard des besoins de reconstruction du pays. L’épargne domestique ne peut couvrir ses besoins en investissements pour lutter contre la pauvreté. D’autre part, la R.D.C n’a pas accès aux marchés des capitaux et reste fortement dépendante aux ressources extérieures, lesquelles sont tributaires aux nombreuses et drastiques conditionnalités et s’amenuisent de plus en plus. Considérant que les marges de manœuvre restent centrées sur les ressources fiscales, l’intérêt de cette étude est de: - montrer la situation actuelle de la RD Congo est la résultante de son passé politique et économique caractérisé par une dictature prédatrice et de politiques économiques désastreuses. - montrer que le système fiscal a été l’un des axes des réformes économiques entamées depuis 2001. - analyser l’évolution des recettes publiques depuis l’engagement de ces réformes et s’interroger sur leur incidence sur la vie des habitants. - de formuler des recommandations pour maximiser les recettes publiques. 4. OBJECTIFS Ce travail vise de manière globale à démontrer que la mobilisation des recettes publiques est l’un des leviers du développement (Causes et conséquence): la collecte optimale des ressources fiscales et leur meilleure affectation aux besoins sociaux de base permettent de réduire la pauvreté. De ce fait, le premier objectif de ce travail est de montrer la corrélation existant entre la modicité des ressources fiscales et la persistance de la pauvreté. Le second objectif est de signaler la possibilité d’accroitre davantage les ressources fiscales, 5 grâce à des pratiques de bonne gouvernance et la réorganisation de l’organisation administrative des services mobilisateurs des recettes. Aussi, ce travail se voudrait-il être un document de travail pour toute personne, chercheur et acteur du développement et de la fiscalité congolaise. 5. HYPOTHESES Pour atteindre les objectifs susmentionnés, ce travail s’appuie sur l’hypothèse suivante : l’augmentation substantielle des recettes publiques permettra de réduire la vulnérabilité de la population de la RD Congo, à condition qu’elles soient utilisées de manière appropriée. Ce qui pousse à solliciter des efforts supplémentaires, en termes de comportements et réformes, pour accroître les recettes publiques. 6. METHODOLOGIES Notre méthode sera analytique, comparative et documentaire. La méthode documentaire nous permettra de réunir un maximum de la documentation sur la mobilisation des ressources fiscales en RDC, sur les différents financements extérieurs obtenus ainsi que sur les différentes actions réformes et politiques entamées dans ce secteur. La méthode analytique et comparative nous permettra d’approfondir la réflexion sur la pertinence et l’efficacité de l’existant et proposer des réformes et politiques conséquentes. 7. DELIMITATION DU TRAVAIL Notre étude analyse l’incidence des ressources fiscales sur le développement en s’appuyant sur les dépenses d’investissement et écarte de ce fait les dépenses de fonctionnement. Elle couvrira la période de 2001 à 2012 dont le choix se justifie par le fait que c’est en 2001 que la R.D. Congo a entamé les réformes structurelles en gestion publique et la relance de la croissance. 6 8. PLAN Cette étude s’articule sur trois chapitres, plus l’introduction et la conclusion. Le premier chapitre, intitulé « Contexte institutionnel et économique de la RD Congo » a pour objet de brosser l’évolution politique et économique de la RDC, reprenant d’une part la désintégration politico-économique et les efforts de redressement qui s’en sont suivis depuis 2001. Le deuxième chapitre, intitulé « L’organisation du système fiscal en RD Congo » analyse les réformes du cadre juridique et de la structure administrative des services mobilisateurs des recettes. Il souligne également les forces et pesanteurs de ce système fiscal. Le dernier chapitre, « l’impact des recettes publiques sur le développement en RD Congo », évalue d’une part l’effort de mobilisation des recettes publiques et d’autre part leur impact sur le développement du pays et formule des recommandations pour la maximisation des recettes publiques. 7 CHAPITRE I : CONTEXTE INSTITUTIONNEL ET ECONOMIQUE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Ce chapitre a pour but de montrer que la mobilisation des ressources publiques en RD Congo reste tributaire d’un environnement politique et économique particulier marqué par les troubles politiques, la dictature, les guerres civiles et les politiques économiques désastreuses. Le premier point traite de l’évolution politique du pays, dont l’éclatement a été évité de justesse grâce au concours des Nations Unies. Le deuxième point démontre la trajectoire de récession prise par l’économie congolaise et les efforts de redressement entrepris depuis une décennie. Le dernier point illustre le déficit de confiance enregistré par les acteurs politiques en un demi-siècle d’indépendance. I.1. BREF APERCU SUR L’EVOLUTION POLITIQUE DE LA RDC L’évolution des institutions politiques de la RD Congo est à l’image de différentes appellations qu’a connues le pays. Etat Indépendant du Congo est son premier nom à partir de 1885 lorsque Léopold II, roi des Belges, en devient le propriétaire à l’issue de la conférence de Berlin qui en délimita les frontières actuelles. Le pays devient ensuite Congo-Belge dès 1908 lorsque le roi souverain en céda la souveraineté au Royaume de Belgique jusqu’au jour de son indépendance le 30 juin 1960. République du Congo ou Congo-Kinshasa à l’indépendance, il prit le nom de République Démocratique du Congo en 1967, pour devenir la République du Zaïre en 1971. En 1997, le pays reprend le nom de République Démocratique du Congo, qu’il conserve jusqu’à ce jour. Ces changements d’appellation illustrent bien les instabilités qu’a connues la RDC, pays aux dimensions d’un sous-continent situé au cœur de l’Afrique : 2,345 millions km2 avec 9 pays limitrophes. En 2012, la population congolaise était évaluée à 73 millions d’habitants. I.1.1. RDC : 50 ans d’agitation politique 8 L’agenda politique des premières années de l’indépendance fut mouvementé. Le jeune Etat fit face à des événements dramatiques, lesquels menaçaient déjà son existence et son unité : l’assassinat du Premier Ministre Patrice Lumumba le 17 janvier 1961, la sécession de la province diamantifère du Sud-Kasaï (8 août 1960 au 30 décembre 1961), la sécession de la riche province minière du Katanga dirigée par Moïse Tshombe du 11 juillet 1960 au 15 janvier 1963 avec le soutien du royaume de la Belgique, l’intervention des troupes onusiennes11 ainsi que la mort du Secrétaire Général de l’ONU, Dag Hammarskjöld le 18 septembre 1961 à Ndola en Zambie, lors de sa tournée au Congo pour négocier la fin de la sécession. Le coup d’Etat du colonel Mobutu survenu en novembre 1965 contre le président Kasa Vubu mit un terme à la stabilité politique, consécutive à la Conférence de Luluabourg d’août 1964 qui permit la rédaction d’une nouvelle constitution, adoptée au referendum de la même année et censée régir la nouvelle législature et le nouveau mandat présidentiel à partir de 1965. Bien que la pacification du pays fût au rendez-vous et que la menace d’éclatement fut écartée, il n’en demeure pas moins que le régime de Mobutu se transforma en une dictature prédatrice. En 32 ans de pouvoir, il a cumulé tous les ingrédients d’un développement manqué et d’une stabilité apparente : clientélisme politique, mesures économiques désastreuses, effondrement du tissu social et de l’appareil administratif, parti unique, instabilité institutionnelle après le début du multipartisme (10 premiers ministres de 1990 à 1997), prédation des ressources publiques ainsi que divers assassinats. En effet, et comme le décrivait Colette Braeckman « si l’argent est utilisé pour soudoyer, récompenser, déstabiliser l’économie et saper les adversaires, c’est la violence qui demeure le plus sûr garant de la pérennité du pouvoir du dinosaure12 ». La fin du parti unique annoncée en avril 1990 dans la foulée du vent de la pérestroïka a eu le mérite de délier les langues, mais n’a pas empêché le régime de Mobutu de perpétuer les maux dessus décriés. La Conférence Nationale qui s’en est 11 Résolution 143 du Conseil de sécurité des Nations Unies du 17 juillet 1960, demandant au royaume de la Belgique de retirer ses troupes au Congo. Il s’agit d’une première intervention des troupes onusiennes en Afrique. 12 Colette Braeckman, Terreur africaine. Burundi, Rwanda, Zaïre : les racines de la violence. Fayard, 1996, p 216. 9 suivie s’est heurtée aux blocages du dictateur. Conçue comme un grand forum de déballage public pour une réconciliation nationale, elle s’est clôturée en catastrophe, sans résultat palpable. Le leader de l’opposition, Etienne Tshisekedi, qui a été élu Premier Ministre au cours de ces assises, a été gêné d’exercer ses fonctions et limogé par la suite. Il s’ensuivit le déclenchement d’une rébellion en août 1996 qui conduisit à la prise de pouvoir de Laurent Désiré Kabila en mai 1997 et a sonné le début d’une longue période de guerre en RDC. A partir du 2 août 1998, deux rébellions consacrent la partition du pays en 3 zones, soutenues chacune par des pays africains : (1) le Gouvernement de Kinshasa soutenu par l’Angola, la Namibie, le Zimbabwe et le Tchad, (2) le Mouvement de Libération du Congo de Jean-Pierre Bemba soutenu par l’Ouganda et (3) le Rassemblement Congolais pour la Démocratie soutenu par le Rwanda. La persistance de cette guerre considérée comme la première guerre africaine poussa les Nations Unies à mobiliser un effectif de 18.914 personnes au Congo, après la création de la Mission de l’Organisation des Nations Unies au Congo (MONUC)13. Malgré l’assassinat de Laurent Désiré Kabila en janvier 2001, cette guerre ne prendra fin qu’après l’accord de paix signé à Sun City en Afrique du Sud en décembre 2002. Elle a enregistré « 5,4 millions de morts du fait de la guerre et des troubles sociaux et économiques causés par la guerre»14. Le 1er juillet 2003, tous les belligérants (pouvoir de Kinshasa, le Mouvement de Libération du Congo et le Rassemblement Congolais pour la Démocratie) ainsi que l’opposition politique formèrent un gouvernement d’union nationale et un parlement qui a rédigé une nouvelle constitution votée au referendum le 18 février 2006. La même année furent organisées les élections présidentielles, législatives et provinciales. Joseph Kabila, qui a succédé à son père en 2001, est élu président et gouverna durant les cinq années de législature avec la majorité parlementaire formée par une coalition politique composée de son parti (le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) et du Parti Lumumbiste Unifié d’Antoine Gizenga. 13 14 Résolution 1279 du 30 novembre 1999 du Conseil de sécurité des Nations-Unies. International Rescue Committee, « Mortality in the Democratic Republic of Congo: An Ongoing Crisis », 2008. 10 Le processus de paix qui aboutit à l’organisation des élections révéla un fait politique majeur : la mise sous tutelle de fait de la RDC par la communauté internationale. Elle s’est traduite par une responsabilisation partielle du Gouvernement de transition. L’action de la communauté internationale en RDC a permis la fin de la guerre et l’unification du pays, l’institution du régime de la transition incluant tous les belligérants et l’organisation des élections en 2006, donnant ainsi naissance à la troisième république congolaise. Sous l’appellation du Comité International d’Accompagnement de la Transition (CIAT), présidée par le représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, la communauté internationale avait un pouvoir décisionnel en dernière instance dans la mesure où elle était chargée d’arbitrer et de trancher tout désaccord pouvant surgir entre les parties de l’accord de paix.15 La stabilité institutionnelle retrouvée à l’issue des élections de 2006 n’a pas franchi la barre de la deuxième législature de la 3ème république : le scrutin présidentiel et législatif du 28 novembre 2011 s’est révélé comme un retour en arrière dans la construction d’un Etat démocratique en RDC, car ces élections sont considérées comme « pas crédibles à la lumière des nombreuses irrégularités et fraudes constatées lors du processus électoral »16. Aussi, la stabilité institutionnelle reste-t-elle encore fragilisée par la guerre qui sévit dans les provinces du Kivu. Plusieurs groupes rebelles successifs se créent : la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Kunda soutenu par le Rwanda et l’Ouganda17 et arrêté en janvier 2009 ainsi que la rébellion du Mouvement du 23 mars 2009 (M23). La création, la violence et les activités 15 Gauthier de Villers, la « communauté internationale » dans l’impasse ? Perspectives critiques, dans Conjonctures congolaises 2012. Politique, secteur minier et gestion des ressources naturelles en RD Congo, Cahiers africains n° 82, 2013, p 288-291 16 Mission d’observation de l’Union Européenne, République Démocratique du Congo : Rapport final, élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011, p. 8. 17 Le 11 mai 2007, William Lacy Swing, représentant du secrétaire général de l’ONU à Kinshasa, dénonçait : « 7 à 8.000 éléments armés rwandais et un millier d’Ougandais occupent l’Est de la RDC où ils sèment l’insécurité et provoquent la désolation parmi les populations civiles ». http://www.digitalcongo.net/article/43565 (consulté le 21 juillet 2013) 11 déstabilisatrices de ces groupes rebelles ont été fortement condamnées par la Nations Unies18. Alimentée par le trafic des matières premières (coltan en particulier), cette guerre demeure à ce jour un obstacle au développement du pays et menace l’intégrité du territoire national. Elle fragilise davantage l’administration publique, dont l’affaiblissement remonte aux années Mobutu. I.1.2. L’effondrement de l’appareil administratif L’instabilité politique chronique des institutions politiques a eu des répercussions sur l’administration publique. Dans son chapitre relatif à l’administration publique, le Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté résume bien les maux qui gangrènent l’administration publique congolaise : « l’inadaptation et l’anachronisme des textes légaux et réglementaires régissant le personnel de l’Etat et du régime de protection sociale, l’inadéquation des missions, des structures, des emplois et des effectifs, la non-maîtrise de la masse salariale, le vieillissement et le manque de qualification du personnel de l’Etat, la non – observance d’éthique professionnelle, l’obsolescence du système de suivi de la carrière des agents de l’Etat, l’absence d’une politique de rémunération cohérente et attractive ainsi que des avantages sociaux »19. Le parcours administratif n’est plus respecté. Le dernier de recrutement sur concours remonte aux années 80, sauf pour certains recrutement du personnel de catégorie B du ministère des finances et budget, qui se fait par voie de l’unique l’école nationale des finances. Celle-ci reste la seule école de recrutement et de formation du personnel qui a su résister à l’effondrement du système administratif. L’école nationale d’administration est en cours de réimplantation. Le système des salaires, versés de manière inégale et insuffisante par rapport au coût de la vie, a généré les mauvaises habitudes et des formes d’encouragement à la corruption traduite respectivement par l’adage «la chèvre ne broute que là où on 18 Résolution 2098 du 28 mars 2013 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. 19 Document de la Stratégique de Croissance et de Réduction de la Pauvreté. Deuxième génération. 2011-2015, Volume 1, (Ministère du Plan – RDC), octobre 2011, p. 14 12 l’a attachée» et la culture de l’impunité à tous les niveaux en cas des détournements constatés même en cas de flagrance.20. Pour y remédier, des mesures de redressement ont été entreprises sous la coordination et le financement des partenaires internationaux à partir de l’année 2005 : l’élaboration d’un cadre juridique soumis à l’adoption du parlement, le recensement des fonctionnaires, la mise à la retraite dans les administrations des finances et budget, les audits institutionnels.21 Cependant, ces réformes sont restées au point mort. Un recensement des fonctionnaires a été initié en 2005, mais il fut abandonné et sa finalisation n’est toujours pas à l’ordre du jour. Le processus de mise en retraite s’est arrêté aux secrétaires généraux et fonctionnaires des ministères des finances et Budget22, alors que près de 60% des fonctionnaires ont atteint l’âge légal d’admission à la retraite. Une première étape pour la réforme du système de salaires a été lancée en 2007, mais n’a pas été suivie d’effets. La combinaison des facteurs logistiques, le manque de financements et les désaccords au sein du gouvernement expliquent clairement cette situation23. Ce qui permet de constater que l’administration publique congolaise n’est pas encore en mesure, non seulement de rendre un service public de qualité, mais aussi de créer un environnement favorable aux affaires et aux investissements. C’est dans ce contexte que la Banque Mondiale a créé des « administrations quasi autonomes » chargées de la gestion des financements extérieurs et de certaines réformes. Elle espérait ainsi former quelques îlots de bonne gestion, quitte 20 KABUYA KALALA et TSHIUNZA MBIYE, La politique économique revisitée en R.D.C. : pesanteurs d’hier et perspectives, dans L’Afrique des grands lacs. Annuaire 2005-2006, Kinshasa, mars 2006, p 325 21 Document de la Stratégique de Croissance et de Réduction de la Pauvreté, Deuxième génération, 2011-2015, (Ministère du Plan – RDC, Volume 1, octobre 2011, p. 39 22 Les secrétaires généraux et les fonctionnaires du Ministères des finances et budget n’ont jamais reçu leurs indemnités de fin de carrière, en dépit de leur mise en retraite respectivement en 2007 et les deux vagues de 2009 et 2010. 23 VERHEIJEN,T., & alii, Dynamique institutionnelle, dans Résilience d’un Géant Africain : Accélérer la Croissance et Promouvoir l’emploi en République Démocratique du Congo, Volume I, Kinshasa, page 108. 13 plus tard à dissoudre ces structures «provisoires» et à transférer leurs compétences à l’administration publique.24 I.2. LA SITUATION ECONOMIQUE DE LA RD CONGO Deux périodes couvrent l’histoire économique de ce pays, à savoir l’effondrement (1960 – 2001) et les efforts de redressement (2001 à nos jours). La crise de la dette publique, quant à elle, s’est étalée sur ces deux périodes. I.2.1. Les espoirs déçus d’un géant économique africain « De 1960 à 2001, l’économie de la RDC a connu globalement, au-delà des fluctuations conjoncturelles, un déclin prolongé du PIB réel »25. Cette situation se révèle comme un contraste à la croissance qui a prévalu pendant la période coloniale. Une étude commandée par la Banque Mondiale indique que le taux de croissance réel du Congo Belge était sans doute l’un des taux les plus élevés non seulement en Afrique mais dans le monde, avec une moyenne de 4.5% entre 1920 et 1950, et de 6.7% entre 1950 et 195726. Le graphique ci-dessous montre clairement la trajectoire de la récession postcoloniale. Graphique n°1 : L’évolution du PIB (prix 1987 en milliards de Zaïres) P IB 1000 900 800 700 600 500 P IB 400 300 200 100 2000 1998 1996 1994 1992 1990 1988 1986 1984 1982 1980 1978 1976 1974 1972 1970 1968 1966 1964 1962 1960 0 Source : Rapports Annuels de la Banque Centrale du Congo 24 KABUYA KALALA et TSHIUNZA MBIYE, Op.cit., pp 325-326 25 Idem, p.309 ALFIE ULLOA et alii, Contraintes à la Croissance Economique en République Démocratique du Congo dans Résilience d’un Géant Africain : Accélérer la Croissance et Promouvoir l’emploi en République Démocratique du Congo, Volume I, pp 175-176. 26 14 Pour mieux comprendre cette récession, Akitoby et Cinyabuguma identifient cinq sous-périodes importantes dans la trajectoire de l’économie congolaise27 : • 1960 – 1965 : chaos politique et dislocation de l’appareil économique ; • 1966 – 1975 : stabilité politique et croissance ; • 1975 – 1982 : marasme économique et crise de l’endettement ; • 1983 – 1989 : programmes d’ajustement appuyés par le Fonds Monétaire International et politiques de « stop and go » ; • 1990 – 2000 : hyperinflation et effondrement des systèmes économique et politique. I.2.1.1. Les mesures de nationalisation et de zaïrianisation La période post coloniale se caractérise par la recherche de l’indépendance économique, symbolisée par les mesures de nationalisation et de zaïrianisation. Les nationalisations forment l’ensemble des mesures politiques, prises après l’échec des accords sur le contentieux belgo-congolais, à l’occasion duquel le nouvel Etat réclamait les titres de participation de la Colonie dans plusieurs sociétés coloniales à caractère public ou mixte. En effet, de la création de l’Etat Indépendant du Congo en 1885 à l’instauration de la colonie belge en 1908, le patrimoine de la colonie était toujours distinct de celui de la Belgique.28 Les accords signés le 8 février 1965, après 3 ans de négociation, n’ont pas satisfait le nouveau régime de Mobutu car plusieurs titres de la colonie dans les 27 KABUYA KALALA et TSHIUNZA MBIYE, Op.cit., , pp 309-310 28 A l’approche de l’indépendance, la Belgique prit, presque en catastrophe, deux lois dont l’application allait occasionner la naissance du contentieux : (1) la Loi d’option de nationalité du 17 juin 1960 qui autorisait les sociétés anciennement propriété du Congo-Belge qui le souhaitaient d’opter soit pour la nationalité belge, soit pour la nationalité congolaise. Celles-ci optèrent pour la nationalité congolaise et érigèrent en succursales leurs établissements situés au Congo ; (2) le décret royal du 27 juin 1960 portant suppression des sociétés à charte : Comité Spécial du Katanga, Chemin de fer du Congo Supérieur aux Grands Lacs Africains et le Comité National du Kivu, qui eurent des nombreuses filiales, notamment L’Union Minière du Haut Katanga, la Compagnie de Chemin de fer du Bas-Congo au Katanga et la Société Internationale Forestière et Minière du Congo. 15 importantes sociétés ci-après n’ont pas été restitués. 29 Les mesures suivantes de nationalisation ont été prises30 : - la loi n° 66-343 du 7 juin 1966 dite « loi Bakajika » par laquelle la RDC reprenait la pleine et libre disposition de tous les droits fonciers, forestiers et miniers concédés avant le 30 juin 1960 en propriété ou en participation à des tiers, personnes morales ou physiques. Cette loi permit aussi la récupération de tous les biens abandonnés par les ressortissants belges et qui n’étaient pas mis en valeur ; - l’ordonnance-loi n° 66-341 qui exigeait aux sociétés dont le principal siège d’exploitation est situé au Congo, d’y transférer leur siège administratif et leur siège social. Ce qui permit la nationalisation de l’Union Minière du Haut Katanga, l’actuelle Gécamines ; - le retrait au Congo du Fonds Belgo-Congolais de gestion et d’amortissement de la dette ; - le renoncement aux droits sur les immeubles que l’Office National de Sécurité Sociale détenait en Belgique, en contrepartie de la reconnaissance que tous les biens meubles et immeubles de cet organisme au Congo revenaient de droit au Congo ; - le retrait de la SABENA, société aérienne belge dont le Congo détenait 24% des actions et corrélativement le Congo somma la SABENA de se retirer d’AIR CONGO dont elle détenait 35% du capital. En outre, la RDC confisqua 8 immeubles de la SABENA au profit de l’OTRACO qui devait céder 8 immeubles qu’il possédait en Belgique en contrepartie ; - la dissolution et la nationalisation de la société minière de Kilo-Moto et la société internationale forestière et minière au Congo (La Forminière). Dans la foulée des mesures dites de sauvegarde de l’économie nationale et de l’indépendance économique, des décisions draconiennes furent annoncées le 30 novembre 1973, sous l’appellation de « zaïrianisation ». Cette dernière consistait « en la reprise par l’Etat ou les organismes publics en vue d’une gestion publique ou d’une cession à des particuliers congolais, personnes physiques ou morales, de la 29 OMOMBO OMANA Adrien, Le portefeuille de l’Etat et l’Ajustement Economique de la RDC, Kinshasa, Hippolyte éditeur, 1999, p13-26. 30 Francis KIKASSA, le contentieux Belgo-congolais, in Congo-Afrique, n° 7, août – octobre 1966, p.333 16 propriété de la quasi-totalité des moyens de production et des services économiques appartenant à des expatriés »31. La zaïrianisation comportait cinq (5) niveaux32 : - zaïrianisation des plantations, élevages, fermes, carrières et exploitations forestières, raffinage du cuivre, direction de la Gécamines, assurances, agences immobilières, transport maritime, entreprises de construction, etc ; - zaïrianisation du commerce, des sociétés à charte et des filiales de l’Union minière ; - zaïrianisation par institution du monopole de l’Etat en matière d’assurance automobile obligatoire, de transport maritime international (création de la compagnie Maritime Congolaise et interdiction de la Société Congolaise de Surveillance) ; - zaïrianisation des emplois des cadres dans les entreprises privées qui devraient compter dans leur haute direction des congolais au poste de Président et de Directeur Général notamment ; - zaïrianisation des biens immeubles appartenant à des étrangers dont certains considérés comme abandonnés sont plus acquis par l’Etat sans indemnité, etc. S’étant certainement rendu compte qu’il était allé trop loin, le Gouvernement décida, par la loi n°77-027 du 17 novembre 1977, de rétrocéder à leurs anciens propriétaires les entreprises zaïrianisées. Cette loi, prévoyait aussi plusieurs restrictions qui limitèrent sa portée : - la limitation à 60% du capital détenu par les personnes physiques ou morales de nationalité étrangère ; - le droit réservé au gouvernement congolais d’ordonner le retrait des biens rétrocédés en cas de défaillance de gestion dûment constatée, pour les confier à d’autres personnes physiques ou morales désignées par lui ; - le droit de participation réservé à l’Etat congolais dans certains domaines d’intérêt national, à savoir les mines, l’énergie, le bois, les transports maritimes, fluviaux, aériens et ferroviaires. 31 BUABUA wa KAYEMBE, Cours de droit économique et social congolais, Université protestante au Congo, 2011-2012, p.55 32 YABILI YALALA ASANI, Code de la Zaïrianisation, Lubumbashi, Mwanga Hebdo, 1973, p 76 17 Les congolais demeuraient cependant propriétaires des fermes, élevages, petits commerces et plantations acquis par l’effet des mesures de zaïrianisation. I.2.1.2. La crise de la dette et les ajustements structurels En 2003, la RDC entra dans le processus Pays Pauvre Très Endettés, qui met en place des mécanismes d’annulation de la dette. Celle-ci devenait un lourd fardeau dans la mesure où le Congo était « en cessation de paiements au vu de ses ressources financières »33. La rupture de l’équilibre de la balance des paiements constatée en 1972 révéla la première crise économique congolaise et les désastres des mesures de nationalisation et zaïrianisation. Ce déséquilibre, qui devient profond lors du premier choc pétrolier en 1973 et de la chute du cours de cuivre à partir de second trimestre 1974, obligea la RD Congo à recourir à ses liquidités internationales au Fonds Monétaire International34. Par ailleurs, le Congo a poursuivi de 1969 à 1980 une politique d’industrialisation et d’équipement. Ce fut l’époque des « éléphants blancs » et « canards boiteux », parfaite expression du gaspillage technologique, qui peuvent être classés en quatre catégories35 : - les investissements fictifs et usines fantômes ne correspondant à aucune réalisation visible sur le terrain. C’est le cas d’une trentaine d’usines d’égrenage de coton achetées en 1972 pour une valeur de 7.700.000 $US ; - les infrastructures à destination non économique : la cité de la Voix du Zaïre (600 millions de francs) et le spectaculaire immeuble du Centre du Commerce International du Zaïre ; 33 MABI MULUMBA, Les dérives d’une gestion prédatrice. Le cas du Zaïre devenu la République Démocratique du Congo, Kinshasa, CRP, 1998, p.7. 34 TSHUINZA MBIYE, Le Zaïre aux guichets du Fonds Monétaire International, dans Zaïre – Afrique, n° 138, p.475. 35 VERHAEGEN, Benoit, Les safaris technologiques du Zaïre, dans Gaspillages technologiques (Politique Africaine), Paris, Karthala, juin 1985, p. 71-86. 18 - les infrastructures à vocation économique, mais secteur à gestation trop lente : barrage d’Inga I et II pour un montant de 643.350.000 $ US, les aéroports de Kisangani et Goma ; - les industries non rentables (sidérurgie de MALUKU). Ces emprunts utilisés pour l’essentiel dans l’infrastructure au sens large ou dans les secteurs à rentabilité douteuse, et gonflés d’intérêts débiteurs, n’ont pas permis de créer des richesses qui auraient pu éponger par la suite le remboursement et le service de la dette. Consécutivement aux difficultés de remboursement de la dette du fait de ces investissements improductifs, et après avoir épuisé ses réserves des liquidités internationales au FMI, le jeune Etat conclut avec le FMI presque systématiquement et de façon interrompue de 1976 à 1989 plus de douze (12) accords qui, selon les besoins, oscillaient entre un accord de confirmation et un accord ou une facilité élargie36. Dix (10) accords de rééchelonnement de la dette ont été signés à la même période, dont neuf (9) avec le Club de Paris37. Ces accords, appelés programmes d’ajustement structurel, contenaient un ensemble des mesures économiques : « la restriction du secteur informel, la dévaluation de la monnaie, le blocage relatif ou absolu des salaires, la limitation des crédits à l’économie, la limitation des dépenses publiques en particulier les dépenses sociales et le remboursement de la dette publique ».38 Les différentes interventions du FMI et de la Banque Mondiale ont eu un bilan mitigé, en ce quelles n’ont pas permis de casser le déséquilibre de la balance des paiements. Par contre, le montant du remboursement de la dette extérieure a sensiblement augmenté pour atteindre en 1986 près de 50% du budget de l’Etat. Il 36 TSHUINZA MBIYE, Op.cit., p.475. 37 KAWATA BUALAM, L’endettement extérieur du Zaïre, dans Zaïre-Afrique, n° 237 (1989), p.363. KANKWENDA MBAYA, Le FMI dans la crise économique du Zaïre : Bilan et perspectives, dans Analyses Sociales, vol.1 janvier-février 1984, p 10. 38 19 était respectivement de 22,4% en 1980 ; 16,5% en 1981 ; 7,8% en 1982 ; 39,5% en 1983 ; 40,3% en 1984 ; 42,3% en 1985 ; 49,5% en 198639. Cette politique a causé le blocage du fonctionnement de l’Etat et la mise en œuvre des projets du développement socio – économique, avec des lourdes conséquences telles que les démontre l’inventaire fait en mars 1998 par le Secrétaire Général pour le renforcement des capacités de l’économie40 : - le salaire mensuel moyen des fonctionnaires est resté inférieur à 10 dollars depuis plusieurs années ; - l’alimentation de la majorité des citoyens ne s’est pas améliorée (…). La plupart des familles n’étant encore pas en mesure de se procurer plus d’un repas par jour ; - le logement est très insuffisant faute de politique appropriée et les habitants de Kinshasa ont multiplié de manière précaire des constructions très peu conformes aux alentours de la ville ; - les maladies déjà éradiquées pendant la période coloniale ont refait surface à cause de mauvaises conditions sanitaires ; - le système d’enseignement public est en perdition et l’on assiste à une émergence des écoles et universités privées en substitution ; - les dépenses publiques par tête d’habitant pour les soins de santé sont environ six fois inférieures à la moyenne en Afrique au sud du Sahara et seulement 26% de la population congolaise ont accès aux services de santé ; - l’accès à l’eau potable et à l’électricité est parmi le plus faible en Afrique ; - la consommation de carburants pat habitant ne représente que le quart de la consommation moyenne en Afrique. L’échec de ces accords et politiques d’ajustement structurel, dont les responsabilités restent partagées, a conduit au retrait des FMI et BANQUE Mondiale, qui ont définitivement rompu la coopération en 1990. 39 Données collectées dans les rapports annuels de la Banque du Zaïre, aujourd’hui Banque Centrale du Congo. 40 TUNDA ya KASENDE, La problématique de la dette extérieure de la République Démocratique du Congo, dans Congo-Afrique, n° 340, (décembre 1999) p.619-620 20 Il était reproché à l’Etat congolais le désordre dans la préparation des négociations, l’absence d’une analyse cohérente de portée macroéconomique soutenable et surtout le maquillage des états financiers par une manipulation délibérée des chiffres incitant ainsi le FMI à décerner au gouvernement congolais le certificat de bon élève.41 Quant aux institutions de Brettons Wood, il leur était reproché un « manque de clairvoyance dans l’appréciation des crises et des effets particuliers dans les pays malades de la dette, le Congo-démocratique en particulier »42. En clair, elles n’ont pas compris que le déséquilibre de la balance des paiements de la RD Congo n’était plus un phénomène conjoncturel, monétaire et financier comme on l’envisageait dans la deuxième moitié de la décennie 70, mais constituait un phénomène structurel43. Il leur était aussi reproché la passivité devant un transfert net des capitaux de près d’un milliard de dollars en défaveur du pays, et sa distraction au regard de l’allocation de 50% du budget de l’exercice 1986 au remboursement de la dette, ralentissant ainsi le redéploiement économique opéré durant l’exercice budgétaire 198444. I.2.1.3. L’effondrement de la Gécamines L’effondrement de la Gécamines en 1990, et en particulier du secteur cuprifère, « marque l’effondrement de l’économie formelle »45 en RDC, car ses conséquences affectèrent l’économie entière46 se manifestant par : - la réduction des ressources publiques puisque la Gécamines était la principale source de revenus pour le Gouvernement central. Celui-ci imprima alors de la monnaie pour couvrir les dépenses publiques et le niveau élevé de vie du régime, ce qui causa une spirale inflationniste ; 41 MABI MULUMBA, Op.cit., p.61. 42 BOSSEKOTA WATSHIA, Rebâtir le Congo-Démocratique : de la bonne gouvernance étatique et du rôle-clé des PME-PMI, Kinshasa, Presses Universitaires « Bel Campus », 1999, p.154. 43 KANKWENDA MBAYA, Op.cit., p 10 44 MABI MULUMBA, Op.cit., p.62 45 46 MATON,J., et SOLIGNAC LECOMTE, CONGO 1965-1999 : Les espoirs déçus du « Brésil Africain ». Centre de développement de l’OCDE. Septembre 2001, p 19. ALFIE ULLOA et alii, Op.cit., p 180-181. 21 - la pénurie des devises et réserves étrangères, avec comme conséquence la chute des importations et des exportations ; - le quasi-arrêt du transport fluvial et ferroviaire suite à l’arrêt des investissements dans l’entretien et l’équipement. Les opérateurs, notamment l’Office National de Transports (ONANTRA) et la Société Nationale de Chemin de fer du Congo (SNCC), ne pouvaient ajuster les tarifs selon l’inflation et les prix élevés du pétrole. Il s’installa alors une crise nationale de production, amplifiée par la liquéfaction du réseau de transports, qui était basé sur un réseau de rails et de rivières liés a un large système de raccordement de routes qui étaient liait les villes aux rivières/rails. Les provinces les plus éloignées souffrirent de cette isolation économique et le secteur de l’agriculture s’est même effondrée dans certaines provinces ; - la faillite de la Banque Centrale comme les politiques budgétaire et monétaire étaient peu judicieuses et/ou mal mises en œuvre. La plupart des banques fermèrent en 1993 ; - le gouvernement cessa d’honorer ses dettes aux compagnies de services publics, entreprises publiques et aux acteurs prives. A la fin de 1995, elle accumula US$ 217 millions de dettes envers la SNEL (électricité) et US$ 156 millions à REGIDESO (eau). La Gécamines, la REGIDESO et d’autres entreprises publiques cumulèrent une dette de 152 millions USD envers la SNEL. Un effet domino de banqueroutes de compagnies publiques et parapubliques s’enclencha. I.2.2. L’effort de redressement économique et de relance de la croissance Le redressement économique de la RDC se caractérise par les efforts d’exécution du Programme économique du Gouvernement (versions 2003 – 2006 et 2009 – 2012) et la mise en œuvre du Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté. L’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Pays Pauvres Très Endettés en est une étape importante. 22 I.2.2.1. Le retour de la croissance du PIB Le programme Intérimaire Renforcé47, initié en mai 2001, marque le début d’une action corrective d’envergure pour arrêter la dégradation de l’économie et remettre l’économie sur la voie d’une croissance durable. Il comprenait une liste de 84 projets urgents dont l’exécution pendant huit (8) mois a permis la signature du Programme économique du Gouvernement soutenu par la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance du FMI et de l’Initiative des Pays Pauvres Très Endettées. Ce programme d’ajustement structurel, dit de seconde génération, courait pour la période du 1er avril 2002 au 31 juillet 2005 et comprenait, « outre les exigences classiques d’un programme de stabilisation, requérant des politiques macroéconomiques restrictives, (…) la libéralisation des prix y compris ceux des produits pétroliers, des marchés des changes, du commerce du diamant d’exploitation artisanale et surtout l’instauration effective d’un régime de taux de change flottants »48. Les résultats de ce programme n’ont pas été satisfaisants malgré sa prolongation jusqu’au 31 mars 2006 à travers le Programme Relais de Consolidation. Ce qui a conduit le FMI à sa suspension formelle. En effet, ses objectifs « n’ont pas tous été atteints et les principaux repères quantitatifs et structurels () n’ont malheureusement pas été observés ».49 Nonobstant cet échec, un nouveau Programme Economique du Gouvernement 2009-2012 a été adopté. Il était axé sur « une plus grande stabilité macroéconomique, une augmentation de l’investissement dans la formation du capital physique et humain, et la mise en œuvre de réformes structurelles visant à améliorer la mobilisation des ressources intérieures, à renforcer la gestion des 47 Le Programme Intérimaire Renforcé était initié par le Gouvernement congolais, pour faciliter la reprise du dialogue avec les partenaires financiers internationaux, interrompu depuis 1990. Il visait la restauration d’un minimum de stabilité macroéconomique, des conditions de rentabilité et de sécurité des activités de production. 48 KABUYA KALALA et TSHIUNZA MBIYE, Op.cit., p.318. 49 Programme de suivi par les services du FMI. RDC, mai 2007, p.2. 23 finances publiques, à accroître l’indépendance de la banque centrale et à doper la capacité de production de l’économie »50. En dépit des constats énumérés ci-haut, ces différents programmes économiques ont permis d’inscrire le pays sur le rythme de la croissance. Graphique n° 2 : Evolution du P.I.B à prix constants de 2000 (en milliards de CDF) 600 500 400 300 PIB 200 100 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 0 Source : Banque Centrale du Congo Cependant, en dépit de la croissance économique observée, la situation économique de la RDC reste dégradée, comme l’indique le tableau suivant : 50 Lettre d’intention au Directeur Général du FMI. RDC, Kinshasa, 30 novembre 2013. 24 Tableau n°1 : Evolution de la croissance économique, de la population et de l’emploi (2000-2012) 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 (en milliards de CDF) 1 407,5 1 922,2 2 298,7 2 601,0 3 407,9 4 132,0 5 182,3 6 674,0 9 026,7 11 945,0 14 754,7 17 290,1 (en milliards de USD) 6,8 5,53 5,67 6,27 7,19 8,82 10,04 11,85 11,18 13,19 16,05 18,81 127,3 101,0 100,6 108,1 120,4 143,5 158,6 181,7 166,4 190,5 225,1 256,2 (en milliards de CDF) 290,83 300,91 318,34 339,48 365,96 386,39 410,57 435,84 447,93 479,95 513,10 549,88 (en milliards de USD) 4,2 4,4 4,6 4,9 5,3 5,6 5,9 6,3 6,5 7,0 7,4 8,0 -2,1 3,5 5,8 6,6 7,8 5,6 6,3 6,2 2,8 7,1 6,9 7,2 78,7 79,3 81,7 84,8 88,8 91,0 93,9 96,8 96,6 100,5 104,3 108,5 -4,7 0,7 3,0 3,8 4,7 2,5 3,2 3,1 -0,2 4,0 3,8 4,0 135,09 15,80 4,44 9,22 21,27 18,20 9,96 27,57 53,44 9,84 15,4 5,67 357,28 25,30 12,80 4,00 21,57 13,09 16,67 17,97 46,10 23,50 15,54 9,34 53 505,7 54 950,3 56 434,0 57 957,7 59 696,4 61 487,3 63 331,9 65 231,9 67 188,9 69 204,5 71 280,7 73 419,1 2,7 2,7 2,7 2,7 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 11 383,5 16 831,9 17 457,2 18 966,3 17 948,1 18 908,9 20 069,1 18 251,0 15 700,0 20 524,5 20 589,5 20 692,4 32 422,4 33 068,6 33 897,5 34 736,8 35 611,3 36 503,8 38 009,7 38 998,0 40 050,9 41 131,3 42 365,2 44 258,0 35,1 35,0 35,3 35,6 35,6 35,9 35,0 33,4 39,2 49,9 48,6 46,8 49,0 49,1 48,5 45,4 49,6 48,2 47,2 53,2 60,8 50,1 51,4 49,1 Produit Intérieur Brut (à prix courants) P.I.B./habitant (en USD courants) Produit Intérieur Brut (à prix constants de 2000) Taux de croissance du P.I.B. (en %) P.I.B. / habitant (en USD constant de 2000) Taux de croissance du P.I.B / hab. (en %) Taux d'inflation fin période Taux d'inflation moyenne annuelle Population résidente (en milliers d'habitants) Taux de croissance de la population Résidente Population occupée salariée (en milliers d'hab.) Population active (en milliers d'hab.) Rapport population salariée & active (en %) Taux de chômage Source : Banque Centrale du Congo L’analyse de ce tableau démontre que le bout du tunnel est encore long : le taux de chômage situe encore à près de 50% de la population active. Le revenu par habitant est de 239,2 USD en 2011, soit 0,65 USD par jour51. 51 Banque Centrale du Congo, Rapport Annuel 2011, p.5 25 I.2.2.2. L’annulation de la dette La mise en œuvre du Programme Intérimaire Renforcé en 2001 a remis la question de la dette sur la table de négociation avec les différents créanciers de la RDC. Ce programme avait aussi pour objectif de « faciliter (…) la reprise du dialogue avec les partenaires extérieurs afin de résoudre de problème de l’endettement extérieur de la République Démocratique du Congo et d’amorcer la relance des investissements étrangers devant soutenir celle de l’économie »52. Malgré l’atteinte du point de décision en 2003, « les contre-performances macro-économiques, la lenteur des réformes et la non exécution du Document de la stratégie pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSCRP) ont empêché la RDC d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE fin 2007, comme prévu »53. Ce n’est qu’après l’exécution satisfaisante du Programme Economique du Gouvernement (PEG II) appuyé par la Facilité Elargie de Crédit, que la RDC a atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE) avec comme conséquence l’annulation de 74,6 % de la dette. Cette décision a été annoncée le 1er juillet 2010 lors de la tenue conjointe du Conseil d’administration du FMI et de la Banque mondiale. A la faveur de l’achèvement de l’I-PPTE, le stock de la dette extérieure est passé de 12.467,7 millions en 2009 à 3.164,5 millions une année après. Le FMI a annulé 312,0 millions de Droits de Tirage Spécial (DTS), soit 478,1 millions de $ US, représentant 30,0 % de la dette envers cette structure financière. Le « Club de Paris » a annulé 6.499,3 milliards de USD sur 6.679,3 millions de $ US du stock arrêté à fin décembre 2009. Les négociations directes avec chaque créancier membre du « Club de Londres » pour obtenir l’annulation minimum équivalent au facteur commun de réduction de 82,4 % et maximum de 100,0 %. Les négociations 52 Programme Intérimaire Renforcée de la République Démocratique du Congo, 2001, p.15. 53 OCDE, Perspectives économiques en Afrique. Année 2008, p.257. 26 avec le « Club de Kinshasa », qui se sont poursuivies en 2011, ont conduit à l’annulation de 80% du montant global dû54. I.3. VALEUR ET LEGITIMITE DU POUVOIR PUBLIC CONGOLAIS La confiance de la population envers ses dirigeants s’est dégradée au fil des années. Contrairement aux espoirs suscités par l’indépendance et la prise de pouvoir de Mobutu en 1967, le premier discrédit de la classe politique remonte au lendemain de la zaïrianisation, dont les opérations de distribution aux acquéreurs se sont faites sans appel d’offres. Les conséquences économiques engendrées ont fait comprendre au peuple qu’il a été « floué par la classe politique qui s’était partagé le gâteau de la zaïrianisation en faisant payer la facture au peuple, via le Trésor public»55. Ce ressenti a été palpable lors des tentatives de privatisations des années 1980, auxquelles le peuple s’est fortement opposé et ont fait échec. Si les résultats des élections de 2006 ont été généralement acceptés par l’opinion nationale qui s’est reconnu à travers les candidats élus, la communion entre les élus et le peuple s’est vite effritée au vu du train de vie rapidement acquis par les parlementaires. Alors que le budget 2007 maintenait le salaire du fonctionnaire à l’équivalent de moins de 100$ US, les élus se sont accordé un salaire équivalent à 5000 $US et une allocation d’une jeep. Par ailleurs, ceux-ci n’ont pas payé l’impôt sur le revenu durant toute la législature, en dépit de toutes les actions menées par l’administration fiscale pour établir l’assiette de cet impôt et le recouvrer. L’organisation des élections législatives et présidentielles de 2011 a renforcée le sentiment de méfiance de la population envers la classe politique, suite au « manque de crédibilité de ce scrutin (…) du fait des fraudes constatées et du vide créé par la non-connaissance des résultats réels »56. La population ne se reconnait 54 Données publiées dans les Rapports Annuels de la Banque Centrale du Congo 2010 et 2011. 55 BUABUA wa KAYEMBE, Op.Cit., p 21 56 BOUVIER,P. & alii., RDC 2012 : la fracture ? dans Conjonctures congolaises 2012. Politique, secteur minier et gestion des ressources naturelles en RD Congo, Cahiers africains n° 82, 2013, p 241. 27 pas aux députés qui siègent à l’Assemblée Nationale. Cette antipathie est confortée par une situation peu connue dans l’univers politique mondial : une vingtaine de députés élus refusent depuis lors de siéger à coté des autres députés qu’ils considèrent n’avoir pas été élus, mais comme « nommés » par la Commission Electorale Nationale Indépendante. Ils conditionnent aussi leur participation à la reconnaissance de l’élection du leader de l’opposition Etienne Tshisekedi comme vainqueur du scrutin présidentiel. Dans un autre registre, la faible mise en œuvre des réformes structurelles, pourtant bénéfiques au peuple, est encore tributaire de la mauvaise gestion des coalitions politiques « particulièrement au regard de la nature de l’environnement politique de la RDC et de sa faible capacité à obtenir des engagements forts entre les acteurs-clés du système »57. Il n’échappe non plus à aucun citoyen que le Conseil des Ministres ne se réunit que très rarement, alors qu’il est l’instance d’adoption des projets de lois et des documents d’orientations politiques. Ce qui pousse la population à déduire que l’intérêt général n’est pas encore dans l’agenda des dirigeants. La lutte contre l’impunité lancée par le Président lors de son discours d’investiture en 2006 est demeurée lettre morte depuis lors. Aucune motion de méfiance n’a été adoptée contre le membre du Gouvernement, en dépit des nombreuses accusations. En plus, le 17 avril 2013, la RDC a été suspendue de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives, suite à l’opacité et les discordances observées dans les données publiées. Enfin, la croissance économique et la maîtrise de l’inflation enregistrées depuis une dizaine d’années ne se répercutent pas dans le panier de la ménagère. Le citoyen s’interroge sur les vrais bénéficiaires de la réduction de la dette à travers le processus PPTE obtenue en 2010, en vue de laquelle les dépenses sociales ont été fortement réduites depuis 2003. En effet, la RDC occupe la dernière place dans le classement de l’indice du développement humain en 2011 et 2012. Elle a même reculé d’un cran par rapport à 2010. 57 VERHEIJEN,T., & alii., Op.cit., p 105. 28 * * * La dégradation de la situation politique de la RDC s’est fait en concomitance avec son effondrement économique. Les efforts d’instauration d’un Etat de droit amorcés depuis 2001 se sont accompagné aussi des mesures de redressement économique. Si les élections de 2006 ont remis la RDC dans le processus démocratique rompu par le coup d’état de Mobutu en 1965, les institutions qui en ont résulté peinent à relever les défis de sortir le pays de la catégorie des pays dits «fragiles». Le manque de crédibilité des élections des élections de 2011 jette encore l’incertitude sur l’aptitude à construire un Etat. La guerre qui sévit encore à l’Est du pays continue à brandir le spectre de la balkanisation. Le doute subsiste sur la capacité du gouvernement à mettre en œuvre de nouvelles politiques publiques et assurer dans le même temps ses fonctions régaliennes. La moyenne de 5,3% de croissance économique constatée de 2001 à 2012 n’a empêché néanmoins pas la RDC d’être encore classée comme pays très pauvre. Il en résulte que la situation économique et sociale reste dégradée, dans la mesure où le gouvernement ne réussit que partiellement à mettre en place des politiques macroéconomiques qui permettent à la population de bénéficier des richesses naturelles du pays et à assurer la transparence dans la gestion publique. Ces échecs politiques et économiques ont entamé la confiance du peuple envers les dirigeants, qui brillent par l’absence d’un consensus national autour des réformes clés et le faible leadership national dans leur mise en œuvre. L’administration publique reste coincée dans cet étau. Les services mobilisateurs des ressources n’en sont pas moins impactés et leurs capacités opérationnelles demeurent encore réduites. L’on peut dès lors comprendre que la mobilisation des ressources demeure un défi dans cet environnement politique, administratif et économique. 29 CHAPITRE II : L’ORGANISATION DU SYSTEME DES RECETTES PUBLIQUES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE CONGO La mobilisation des ressources internes a été impactée par l’évolution de l’environnement politico-économique congolais déclenchée depuis 2001. Le système des recettes publiques a été inscrit comme une des composantes essentielles de l’objectif de consolidation de la stabilité macro-économique et de croissance, qui est l’un de cinq piliers de la stratégie de développement adoptée par le Gouvernement. Le système des recettes publiques congolais comprend l’ensemble des règles juridiques relatives aux recettes fiscales (impôts) et non fiscales (taxes, redevances et autres droits) telles qu’administrées par différents services mobilisateurs des recettes appelés « régies financières ». Ce système fiscal est en pleine réforme, déclenchée en 2003 puis relancée en 2010 dans l’objectif d’arrimer le modèle fiscal congolais aux standards internationaux et rendre le pays compétitif et attractif après des décennies de troubles politiques et de désarticulation du tissu économique. La fiscalité locale connait un nouveau tournant impulsé par les dispositions constitutionnelles du 18 février 2006 qui instituent le transfert des compétences fiscales et non fiscales du Pouvoir central vers les autorités locales. Afin de comprendre l’effort de mobilisation des recettes publiques, ce chapitre va mettre en lumière l’organisation du système des recettes publiques, en présentant son état actuel et l’organisation administrative des services mobilisateurs des recettes (1) ainsi que ses spécificités à travers ses atouts et faiblesses (2). II.1. CADRE JURIDIQUE ET ADMINISTRATIF DES RECETTES PUBLIQUES Le cadre juridique de la fiscalité congolaise s’articule autour du régime de droit commun et des régimes dérogatoires contenus dans certains textes particuliers (1). Le cadre administratif décrit la situation des régies financières (2). 30 II.1.1. Un système fiscal composé d’un régime de droit commun et de régimes dérogatoires. Le système fiscal congolais comprend des impôts, taxes, redevances et droits établis et perçus suivant des règles communes à tous les opérateurs contribuables et assujettis. Parallèlement il s’est développé au fil des années des textes particuliers dans certains secteurs économiques (mines, hydrocarbures, forêts, code des investissements,…) contenant des règles fiscales spécifiques et des incitations particulières. II.1.1.1. Le régime de droit commun Ce point expose la liste et la structure des impôts relevant de fiscalité intérieure et fiscalité de porte, les prélèvements non fiscaux, la fiscalité locale et la parafiscalité. II.1.1.1.1. La fiscalité intérieure La fiscalité intérieure correspond aux impôts directs et indirects perçus à l’intérieur du territoire national. Les impôts directs sont : • Impôts réels : Impôt foncier, impôt sur les véhicules, impôt sur les concessions minières et hydrocarbures ; • Impôts cédulaires sur les revenus : impôt sur les revenus locatifs, impôt sur les revenus mobiliers, impôt sur les revenus professionnels (impôt sur les bénéfices et profits des personnes physiques et morales, impôts Professionnels sur les Rémunérations des Expatriés), impôt exceptionnel sur les rémunérations des expatriés et l’impôt minimum pour expatrié ; Les impôts indirects : la Taxe sur la Valeur Ajoutée, instituée depuis le 1er janvier 2012. Tous ces impôts sont gérés par la Direction Générale des Impôts58, qui en assure l’assiette et le recouvrement. La structure des taux d’imposition a évolué depuis 2001. Pour l’impôt sur les bénéfices et Profits (IBP), elle est passé de 40% à 35%, mais un taux forfaitaire est appliqué aux petites entreprises : 1% sur le chiffre 58 Conformément à l’article 204 de la Constitution, les impôts réels (Impôt foncier, impôt sur les véhicules, Impôt sur les concessions minières et hydrocarbures) et Impôt sur les revenus locatifs sont de compétence exclusive des provinces, qui en assurent la gestion depuis 2011. 31 d’affaires pour les ventes et 2% sur le chiffre d’affaires pour les services. L’impôt sur les rémunérations (professionnel et exceptionnel) est à 30% de la rémunération perçue. L’impôt mobilier est à 20%, alors que la TVA est au taux de 16%. II.1.1.1.2. La fiscalité de porte La fiscalité de porte correspond aux droits exigés aux frontières nationales, à l’occasion de l’entrée, sortie ou transit des marchandises. Elle comprend les droits de douane, la TVA à l’importation, les droits de sortie à l’exportation des minerais, produits agricoles et autres produits ainsi que les droits d’accises (perçus à l’importation et à l’intérieur59). La structure tarifaire de la fiscalité de porte est variable. Les droits de douane à l’importation sont au taux normal de 10%. Leur taux est à 5% pour les matières premières et à 20% pour les produits concurrençant l’industrie nationale. La TVA à l’importation est à taux unique de 16%. Les droits de douane à l’exportation varient de 1% pour le café, 1% pour l’eau douce, 1,5 % pour l’or et le diamant d’exploitation artisanale, 3% pour l’or et le diamant de production industrielle, 5% pour la courante électricité, 5% et 10% pour les minerais, 6% à 10% pour le bois. La TVA à l’exportation est à 0%. II.1.1.1.3. Les prélèvements non fiscaux Les prélèvements non fiscaux sont constitués de l’ensemble des droits, taxes et redevances perçus au profit du Pouvoir central et qualifiés de non fiscaux. Une récente actualisation recense 364 actes générateurs des prélèvements non fiscaux (recettes non fiscales) répertoriés dans une nomenclature spécifique60 et regroupés en quatre (4) catégories selon la classification budgétaire : - les Recettes Administratives : perçues en contrepartie d’un service rendu par les ministères et services d’Etat ou d’une autorisation accordée (licence de 59 Le droit d’accises à l’intérieur est repris dans la catégorie de la fiscalité de porte parce que leur gestion est assurée par l’administration douanière. 60 Ordonnance-loi n° 13/002 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des droits, taxes et redevances du pouvoir central. 32 télécommunication, passeport, dépôts des candidatures aux élections, carte de travail pour étrangers,…) ; - les Recettes Judiciaires : perçues en exécution des actes judiciaires, de la Police Nationale ou en contrepartie d’un acte administratif du ministère de la justice (inscription au nouveau registre de commerce, Droits proportionnels sur les S.A.R.L.,…) ; - les Recette Domaniales : en contrepartie de l’usage ou de la cession d’un bien du domaine privé de l’Etat. (Royalties pétrolières, Taxe rémunératoire annuelle sur les établissements classés, loyer sur les maisons de l’Etat, …) ; - les Recettes de Participations qui sont des dividendes et bonus perçus en rémunération des actions et participations de l’Etat dans les entreprises publiques et d’économie mixte. II.1.1.1.4. La fiscalité locale La fiscalité locale comprend les impôts, droits, taxes et redevances perçus au profit des Provinces et Entités territoriales décentralisées61. Elle regroupe 284 actes générateurs des recettes regroupés dans une nomenclature et répartis de la manière suivante62 : 109 impôts, taxes, droits et redevances d’intérêt commun ; 61 taxes, droits et redevances spécifiques aux provinces ; 53 taxes, droits et redevances spécifiques aux villes ; 48 impôt, taxes, droits et redevances spécifiques aux communes et 13 impôt et taxes spécifiques aux secteurs et chefferies. Les principaux impôts, droits, taxes et redevances relevant des Provinces et Entités Territoriales Décentralisées sont : l’impôt sur la superficie des propriétés bâties et non bâties, l’impôt sur les véhicules automoteurs, l’impôt sur les revenus locatifs, l’impôt personnel minimum, la taxe spéciale de circulation routière, la taxe annuelle pour la délivrance de la patente, la taxe de consommation sur la bière, l’alcool, le spiritueux et le tabac, la taxe de superficie sur les concessions forestières, 61 Au terme de l’article 3 de la constitution, les Provinces et les Entités territoriales décentralisées sont des entités distinctes du Pouvoir central, dotées dé la personnalité juridique et gérées par les organes locaux. Les entités territoriales décentralisées sont la ville, la commune, le secteur et la chefferie, elles jouissent de la libre administration et de l'autonomie de gestion de leurs ressources économiques, humaines, financières et techniques. 62 L’Ordonnance-loi n° 13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition. 33 la taxe de superficie sur les concessions minières et la taxe sur les ventes des matières précieuses de production artisanale. II.1.1.1.5. La parafiscalité La parafiscalité63 désigne des prélèvements sont opérés par divers organismes publics qui agissent : - aux frontières : l'Office de contrôle congolais (le contrôle de la qualité des produits importés), l'Office de Gestion du Fret Maritime (fiche électronique de renseignement à l’importation) ; - à la frontière comme à l’intérieur : la parafiscalité est gérée par la Régie des Voies Aériennes (RVA), qui perçoit la redevance aéroportuaire auprès des passagers de transport aérien national et international ; - A l’intérieur du pays : le Fonds de Promotion Industrielle (la taxe sur la production locale, et la taxe sur les biens importés), l’Institut National de Sécurité Sociale (les cotisations sociales), Fonds National d’Entretien routier (les redevances sur les carburants terrestres et les péages,…). Cette liste n’est pas exhaustive car il existe des prélèvements mal connus, dont les pratiques ont été développées durant la période de la guerre et la transition politique (péage routier perçus par la police, les taxes sur les minerais dans les zones de guerre et autres taxes créées par les autorités provinciales). II.1.1.2. Des textes particuliers dérogatoires du régime de droit commun Outre les dérogations contenues dans la loi fiscale et celles consignées dans les accords et conventions internationaux, le paysage fiscal congolais recense des textes particuliers contenant des dispositions fiscales qui dérogent au droit commun 63 La parafiscalité est un terme officiel qui désigne des prélèvements opérés par des organismes publics sous couvert de prestation d’un service, rendus obligatoires par un texte réglementaire et qui n’émargent pas dans budget de l’Etat. 34 (code des investissements, code minier, les conventions pétrolières)64, qui font l’objet de cette brève présentation. Le code des investissements est régi par la loi n° 004 du 21 février 2002 portant code des investissements65. Il prévoit un régime incitatif aux investissements directs, nationaux ou étrangers, pour une durée allant de 3 à 5 ans selon la région économique. Il fixe les avantages douaniers, fiscaux et parafiscaux ci-après : l’exonération des droits et taxes à l’importation des machines, matériels et équipements (à l’exclusion de la taxe administrative de 2 % et de la TVA, à payer en amont par le promoteur, mais à rembourser par l’Administration fiscale), l’exonération de l’impôt sur les bénéfices, l’exonération de l’impôt foncier, l’exonération des droits proportionnels lors de la création des SARL ou de l’augmentation de leur capital social. Une fiscalité minière, reprise dans la loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier et décret n° 038/2003 du 26 mars 2003 portant règlement minier, présente des avantages incitatifs aux investisseurs dans ce secteur porteur de la croissance. Le code minier pose le principe de la garantie de stabilité, fixée à 10 ans, qui permet de sécuriser les investissements dans un pays ballotté par les aléas politiques, au lendemain de deux guerres civiles. Cependant, en dressant une liste limitative des impôts, droits de douane, taxes et redevances applicables aux activités minières (article 220 du code minier), le code minier soustrait les opérateurs du secteur à d’autres impôts généraux, ce qui met en mal le principe d’égalité devant l’impôt. La fiscalité des pétroliers producteurs est régie d’une part par la convention du 9 août 1969 entre la RDC et le groupe CHEVRON et d’autre part par la convention du 11 août 1969 entre la RDC et le groupe PERENCO REP ainsi que leurs avenants successifs. Les sociétés pétrolières sont jouissent des exemptions 64 Bien que le titre VIII de la loi n° 011/2002 du 29 aout 2002 portant code forestier a un chapitre l’intitulé de « fiscalité forestière », le code forestier ne contient pas les mesures dérogatoires du droit commun. Ce chapitre se limite à présenter les modalités de répartition des produits des taxes et redevances forestières entre l’Etat, les Entités Territoriales décentralisées et Fonds Forestier National. 65 La promotion du code des investissements est assurée par l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements. 35 d’impôts suivantes prévues par l’article 93 de l’Ordonnance-Loi n° 67-231 du 11 mai 1967 portant législation générale sur les mines et hydrocarbures66 : l’impôt sur le revenu, l’impôt mobilier, l’impôt personnel minimum, la taxe sur la valeur ajoutée à l’exportation, l’impôt sur les concessions minières et d’hydrocarbures et l’impôt sur les véhicules. En contrepartie, les concessionnaires pétroliers s’acquittent, selon le régime de la convention, de l’impôt forfaitaire sur les bénéfices, la marge distribuable, la taxe de participation et la taxe statistique pour la convention off shore et d’une royaltie (12,5% de la valeur FOB), l’impôt sue le bénéfice et profit ainsi que des dividendes pour la convention on shore. Ces différents régimes dérogatoires ont été conçus pour accompagner des secteurs économiques porteurs de la croissance et qui nécessitent de gros investissements. Cependant, ils comportent les risques de complexification du régime fiscal, de restriction du champ d’action du régime de droit commun et de multiplication des fiscalités particulières dans chaque secteur économique au point que les experts réunis au sein des Assises nationales sur les coulage des recettes publiques ont proposé la suppression des régimes dérogatoires régissant les ressources naturelles67. II.1.2. Une multiplicité des services mobilisateurs des recettes ou «régies financières» Le paysage de l’administration fiscale congolaise se caractérise par une multitude des services mobilisateurs des recettes, communément appelés « régies financières ». Le Pouvoir Central en dispose trois (3) et chacune des onze (11) provinces a créé aussi sa régie financière. Cette pluralité de régies financières implique la recherche d’une cohérence dans la définition et mise en œuvre de politique fiscale nationale, laquelle n’est pas acquise. Pour les entreprises, elle pose la difficulté d’identification du véritable interlocuteur. 66 Un nouveau code des hydrocarbures est en discussion à l’assemblée nationale. Il remplacera l’Ordonnance-Loi n° 67-231 du 11 mai 1967 portant législation générale sur les mines et hydrocarbures et sera consacrée uniquement aux hydrocarbures, étant donné que le secteur minier est déjà régi par le code minier en vigueur depuis 2002. 67 Rapport des Assises nationales sur le coulage des recettes publiques. RDC, Vice Primature, Ministère du Budget – Ministère des Finances, Kinshasa du 2 au 4 mai 2013, p.7. 36 II.1.2.1. Une administration fiscale additionnelle aux deux administrations fiscales classiques du Pouvoir Central. Comme la plupart des pays, la structure administrative fiscale congolaise a les deux services classiques de mobilisation des impôts, l’un intérieur, la Direction Générale des Impôts, et l’autre à la frontière, La direction générale des douanes et accises (DGDA). Créée depuis l’époque coloniale, la Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA) a eu le statut d’entreprise publique de 1979 à 2009 et a fonctionné sous la dénomination de l’Office des Douanes et Accises (OFIDA), dotée d’une personnalité juridique. En exécution de la loi 08/007 du 07 juillet 2008 relative à la transformation des entreprises publiques, elle a été transformée en service public, portant sa dénomination actuelle, dotée d’une autonomie administrative et financière68. La Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA) a entre autres pour mission la perception des droits, taxes et autres redevances à caractère douanier et fiscal qui sont dus soit du fait de l’importation ou de l’exportation des marchandises de toute nature, soit du fait de leur transit ou leur séjour en entrepôt. Elle perçoit aussi les droits accises et de consommation. Par l’application des normes aux frontières, elle assure la protection de l’espace économique national. La Direction Générale des Impôts (DGI) fonctionnait sous la dénomination de « direction générale des contributions » avant de porter sa forme et dénomination actuelle depuis le décret 017/2003 du 3 mars 2003. Elle a pour mission l’assiette, le contrôle, le recouvrement des impôts, taxes, redevances et prélèvements à caractère fiscal. A ces deux services s’est ajoutée en 1995 la Direction Générale des Recettes 68 Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations Elle fonctionne suivant le Décret 09/043 du 03/12/2009 portant création de la Direction Générale des Douanes et Accises et le Décret 11/06 du 25/01/2011 portant institution du cadre organique de la direction générale des douanes et accises. 37 (DGRAD)69, créée dans l’objectif d’encadrer les recettes non fiscales, générées à l’initiative des différentes administrations de l’Etat. Sa création répondait à la nécessité de valoriser ces recettes dont la part au budget de l’Etat s’amenuisait de plus en plus jusqu’à atteindre 2% des recettes budgétaires, alors qu’elle atteignait 40% à l’indépendance70. La DGRAD assure, au profit du Trésor public, l’ordonnancement et le recouvrement des droits, taxes et redevances. Pour accomplir cette mission, elle collabore avec des ministères et services de l’Etat qui assurent l’assiette (la constatation et la liquidation). II.1.2.2. Des régies financières particulières dans chaque province La décentralisation administrative consacrée par la constitution du 18 février 2006 a engendré un processus de transfert de compétence fiscale aux collectivités locales, en vue de mettre les autorités provinciales et décentralisées en capacité d’assurer les prestations de services aux citoyens. C’est dans ce contexte que les Gouverneurs des provinces, désormais élus par les assemblées provinciales, ont créé tour à tour les régies financières, chargés du recouvrement des impôts, droits, taxes et redevances relevant de leur compétence exclusive. On en compte en 2014 onze : la direction Générale des recettes de Kinshasa (DGRK), la Régie Provinciale d’Encadrement des Recettes du Bas-Congo (REPERE), la Direction des Recettes de la Province Orientale (DRPO), la Brigade des recettes de Bandundu (BRB), la Direction des recettes du Katanga (DRKAT), la Direction Générale des Recettes de la Province de l’Equateur (DGRPE), Direction Provinciale des Recettes du Kasaï-Oriental (DPRKO), la Direction Générale des Recettes du Kasaï-Occidental (DGRKOC), la Direction des Recettes du Maniema (DRMA), la Direction Générale des Recettes du Nord-Kivu (DGRN-K), la Direction Provinciale de Mobilisation et d’Encadrement des Recettes du Sud Kivu (DPMER). 69 70 Décret 0058 du 27 décembre 1995 portant création de la Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations. DGRAD, Rapport d’activités 2007, Kinshasa, 2009, p. 9. 38 II.2. SPECIFICITES DU SYSTEME CONGOLAIS DE PERCEPTION DES RECETTES PUBLIQUES Le système congolais de perception des recettes publiques regorge quelques particularités, dans lesquelles se retrouvent ses points forts ainsi que ses points faibles. II.2.1. Atouts du système congolais de perception des recettes Le système fiscal congolais de perception des recettes comporte plusieurs aspects positifs, dont certains résultent des réformes de ces dernières années. II.2.1.1. La volonté de réformer symbolisée par « le Plan stratégique de réforme des finances publiques Depuis 2001, les autorités congolaises ont compris l’importance des recettes publiques et ont inscrit la mobilisation des recettes comme un des axes de la stratégie d’appui au Programme intérimaire renforcé du Gouvernement d’avril 2001. L’élaboration du « Plan stratégique de réformes des finances publiques » en mars 2010 et la mise en place du « Comité d’Orientation de Réformes des Finances Publiques » révèle la volonté politique à réformer le secteur des finances publiques. Celle-ci est aussi traduite dans différents textes qui ont amélioré le cadre juridique de la fiscalité congolaise. Il s’agit notamment des textes classés dans l’ordre chronologique suivant : - Décret n° 007/2002 du 02 février 2002 relatif au mode de paiement des dettes envers l'Etat tel que modifié et complété par le Décret n° 011/20 du 14 avril 2011 ; - Décret n° 018/2003 du 2 mars 2003 portant règlement administratif relatif au personnel de carrière de la Direction Générale des Impôts ; - Loi n° 004-2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales, telle que modifiée et complétée par l’Ordonnance-loi n° 005 / 2012 du 21 septembre 2012 ; - Décret n° 09/043 du 03 décembre 2009 portant création de la Direction Générale des Douanes et Accises et le Décret 11/06 du 25 janvier 2011 portant institution du cadre organique de la direction générale des douanes et accises ; 39 - Ordonnance-loi n° 10/001 du 20 aout 2010 portant institution de la taxe sur la valeur ajoutée telle que modifiée et complétée par l’ordonnance-loi n° 13/007 du 23 février 2013 ; - Ordonnance-loi n° 10/002 du 20 août 2010 portant code des douanes ; - Décret n° 011/32 du 29 juin 2011 du Premier Ministre portant suppression des perceptions illégales aux frontières. - Ordonnance-loi n° 002/2012 du 21 septembre 2012 modifiant et complétant l’ordonnance-loi n° 90-046 du 8 août 1990 portant réglementation du petit commerce ; - Ordonnance-loi n° 003/2012 du 21 septembre 2012 portant régime fiscal applicable aux entreprises de petite taille en matière d’Impôt sur les bénéfices et profits ; - Ordonnance-loi n°004/2012 du 21 septembre 2012 modifiant et complétant certaines dispositions de la Loi n° 69/009 du 10 février 1969 relative aux impôts cédulaires sur le revenu ; - Ordonnance-loi n° 13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition ; - Ordonnance-loi n° 13/002 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des droits, taxes et redevances du pouvoir central ; - Ordonnance-loi n° 13/003 du 23 février 2013 portant réforme des procédures relatives à l’assiette, au contrôle et aux modalités de recouvrement des recettes non fiscales. II.2.1.2. Un système déclaratif auto-liquidé Le système fiscal congolais est déclaratif auto-liquidé. Il met le contribuable devant ses responsabilités en lui demandant de s’identifier, de déclarer lui-même les bases de son imposition, de calculer son impôt et d’effectuer le paiement y correspondant. Ce système a l’avantage d’alléger les coûts administratifs de gestion de la fiscalité puisqu’il consiste à « confier la collecte de l’impôt aux entreprises (…) 40 et à réduire, en fonction des enjeux de recettes et des contraintes, le nombre de déclarations fiscales »71. II.2.1.3. Une législation fiscale adaptée au contexte régional La fiscalité de porte est axée sur un système de protection qui est concurrentiel, puisqu’elle fixe à 20% les produits concurrençant l’industrie nationale, et est également en phase avec les pays de la sous-région72 : 5% pour les matières premières, 10% pour les produits alimentaires de grande consommation, 20% pour les produits concurrençant l’industrie nationale, dont la consommation ne doit pas être encouragée ou est inélastique au prix et 0% pour la TVA à l’exportation. L’adaptation à l’environnement régional a conduit à la suppression d’une trentaine de perceptions opérées sans base légale ou instituées par des textes en violation de la loi, perçues par les agents, services et organismes à l’occasion de l’importation et exportation73. L’institution de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA)74 au 1er janvier 2012 permet une meilleure lisibilité des rapports fiscaux au sein des espaces économiques sousrégionaux. Elle a remplacé l’impôt sur le chiffre d’affaires dont l’étroitesse du champ d’action ne permettait pas la rentabilité optimale pour renflouer le Trésor public d’une part. D’autre part « son caractère cumulatif qui entrainait un effet en cascade, (…) a eu un impact négatif sur la compétitivité des produits de fabrication locale aussi bien à la consommation qu’à l’exportation, créant des distorsions dans le commerce 71 BRUNQUEL Christian, & alii., La modernisation des administrations fiscales, dans Afrique au Sud du Sahara : mobiliser des ressources fiscales pour le développement, Paris, Economica, 2005, p 219. 72 Gérard Pointe, Approche comparative du système fiscal congolais (inédit), Assises nationales sur les coulages des recettes publiques (Vice Primature, Ministère du Budget - Ministère des Finances), Kinshasa du 2 au 4 mai 2013, p.31. 73 Décret n° 011/32 du 29 juin 2011 du Premier Ministre portant suppression des perceptions illégales aux frontières. 74 Ordonnance-loi n° 10/001 du 20 aout 2010 portant institution de la taxe sur la valeur ajoutée telle que modifiée et complétée par l’ordonnance-loi n° 13/007 du 23 février 2013. 41 extérieur (…) et des conséquences néfastes au niveau des investissements et même de la consommation »75. II.2.1.4. L’externalisation de la perception des recettes par le système bancaire Le Décret n° 007/2002 du 2 février 2002 relatif au mode de paiement des dettes envers l’Etat attribue aux banques et institutions financières agréées la compétence de percevoir le paiement des dettes envers l’Etat et les astreint à les reverser au compte général du Trésor ouvert à la Banque Centrale du Congo endéans 48 heures. De ce fait, ce décret marque une révolution dans la procédure de perception des recettes, puisqu’il retire aux comptables publics la compétence d’encaissement des fonds publics76, qui leur était autrefois reconnue par l’Ordonnance n° 73-235 du 15 août 1973 portant création du cadre des comptables publics. Aux termes de ce Décret, les comptables publics n’exercent plus la fonction de « caissier » qui leur conférait la compétence « de détenir et de manier (par eux-mêmes ou par leurs préposés) les deniers publics »77. Instauré depuis plus d’une décennie, ce mode de paiement a donné satisfaction tant à l’Etat qu’aux opérateurs économiques, de telle sorte que sa révision n’a porté que sur le barème de sanctions pour non respect du délai de reversement78. 75 Laurent MABIALA UMBA, La TVA. Pratique dans le monde des affaires. Editions CRIGED, Kinshasa, 2011, pp 224-225. 76 Ce décret prévoit deux exceptions : d’une part des attachés financiers des représentations diplomatiques de la République démocratique du Congo à l’étranger et d’autre part sur autorisation du ministre ayant les finances dans ses attributions, les comptables publics des recettes ou receveurs affectés aux régies financières et aux entités administratives décentralisées dans les localités où les Institutions financières agréées ne sont pas représentées. 77 Jean-Luc ALBERT, Finances publiques, 8 ème 78 Décret n° 011/20 du 14 avril 2011 modifiant et complétant le Décret n° 007/2002 du 02 février 2002 relatif au mode de paiement des dettes envers l'Etat édition, Paris, Dalloz, 2013, p.108. 42 II.2.2. Les faiblesses du système congolais de mobilisation des recettes publiques La modernisation du système de mobilisation des recettes publiques n’est pas encore totale malgré les différentes réformes réalisées au cours de la dernière décennie. Elle est tributaire de plusieurs contraintes qui font sa faiblesse. II.2.2.1. L’incivisme fiscal La principale faiblesse est sans doute « l’incivisme fiscal » tant dans le chef des autorités politico-administratives que pour l’ensemble de la population. Si celui-ci est « sans doute la chose la mieux partagée sur le continent »79 africain, il se traduit en RDC principalement par la non perception de « l’impôt minimum garanti », conçu comme une obligation fiscale minimale pour participer aux charges publiques d’une part, et d’autre part par le refus des parlementaires de payer l’impôt professionnel sur les rémunérations. II.2.2.2. Multiplicité des prélèvements non fiscaux. Le système actuel recense 648 prélèvements non fiscaux dont 284 relèvent de la fiscalité locale. Si ce chiffre parait effrayant, il constitue déjà une avancée significative car en 2010 on dénombrait 774 prélèvements non fiscaux80. Les travaux de mise en place de la TVA et du transfert des compétences fiscales aux provinces ont permis la suppression de 126 prélèvements jugés redondants, sans base juridique et ceux faisant double imposition avec la TVA. Néanmoins, l’on peut constater leur nombre est encore important. II.2.2.3. Multiplicité des services mobilisateurs des recettes (régies financières). La RDC compte actuellement 14 services mobilisateurs des recettes : 3 services mobilisateurs des recettes relèvent du Pouvoir Central (la Direction Générale des Impôts, la Direction Générale des Douanes et Accises ainsi que la Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de 79 80 Salif YONABA, le recouvrement des recettes publiques dans les Etats africains, dans Revue Française d’administration publique (ENA), n°144, 2012/4, p 1045. Plan stratégique de réformes des finances publiques,( RDC – Ministère des Finances), p 30. 43 Participations) et 11 services mobilisateurs des recettes fonctionnent pour chacune des 11 provinces du pays. Contrairement aux autres pays francophones africains qui n’ont que les administrations fiscales (Douanes et Impôts) et que des pays anglophones qui évoluent vers une seule administration (Revenue Autority), la prolifération des services mobilisateurs des recettes ternit l’image des institutions fiscales. Les disputes de compétences entre ces différents services mobilisateurs des recettes, l’absence de coordination dans la programmation des contrôles ainsi que l’absence d’un interlocuteur unique sont autant de maux qui détériorent le climat des affaires et rendent ces services inefficaces. II.2.2.4. Dualité dans la gestion des phases d’exécution des prélèvements non fiscaux. La DGRAD a été créée en vue d’assurer « toutes les missions et prérogatives en matière d’ordonnancement et de recouvrement des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations émargeant du budget général de l’Etat»81. Il se dégage de ses missions et prérogatives que ce service mobilisateur des recettes n’exerce pas les missions d’assiette (la taxation et la liquidation) des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations émargeant du budget général de l’Etat. La DGRAD partage donc les phases d’exécution du budget de l’Etat avec 42 ministères et services de l’Etat généralement appelés « services d’assiette » ou « services générateurs »82. Il s’agit là d’une nette séparation dans la gestion de phases d’exécution des prélèvements non fiscaux. Cette dichotomie, qui a l’avantage de permettre le contrôle mutuel entre la DGRAD et les services d’assiette, présente néanmoins les inconvénients de cohérence, de coordination et d’absence d’interlocuteur unique pour les contribuables et assujettis, en matière de contrôle, d’établissement des statistiques et de recours (relatif à l’assiette ou le recouvrement). En effet, c’est le 81 Article 3 du Décret 058 du 27 décembre 1995 portant création, organisation et fonctionnement de la Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations. 82 DGRAD, Rapport d’activités 2009, p27. 44 souci de cohérence et coordination a poussé beaucoup de pays africains à mettre dans un même service. La Direction Générale des Impôts de la RDC fonctionne sur ce modèle d’administration unique. Aussi, ne faudrait-il pas intégrer au sein de la DGRAD tous les services des Ministères chargés de la taxation et de la liquidation. Ce qui permettrait d’assurer la cohérence et éviter la relation conflictuelle qui règne entre la DGRAD chargée de l’ordonnancement et du recouvrement et les services des Ministères qui assurent la taxation et la liquidation. D’ailleurs, le regroupement au sein d’une même administration les fonctions d’assiette et de recouvrement a l’avantage de mettre en place « des chaînes de travaux et de contrôle complètes allant de l’identification au paiement, en s’appuyant sur une informatique unique et cohérente (…) et de clarifier les responsabilités en évitant le renvoi des difficultés des services chargés de l’assiette à ceux chargés du recouvrement (et 83 réciproquement) ». II.2.2.5. Chevauchement de compétence dans la gestion de certains impôts, taxes et redevances La classification des impôts, taxes, redevances et droits appelle un questionnement sur leur répartition par services compétents chargés de leur mobilisation. C’est le cas pour les droits d’accises gérés par la DGDA, et les redevances minières et forestières gérées par La DGRAD. En attribuant à la Direction Générale des Douanes et Accises la mission de « perception des droits d’accises et de consommation »84, le Gouvernement congolais élargit les compétences de la DGDA, ayant vocation de gérer la fiscalité de porte, à des activités exclusives de la fiscalité intérieure. Bien que la DGDA gère les droits d’accises depuis l’époque coloniale, il est étonnant de constater que cette compétence n’a jamais été transférée à la Direction générale des impôts, chargé de la fiscalité intérieure. Chaque administration a, en effet, été spécialisée : « les métiers 83 Christian BRUNQUEL & alii, Administration de l’impôt : problématique d’ensemble, dans Afrique au Sud du Sahara : mobiliser des ressources fiscales pour le développement, Paris, Economica, 2005, p 146 84 Article 5 alinéa 2 du décret n° 09/43 du 03/12/2009 portant création et organisation de la direction générale des douanes et accises. 45 des Douanes et des Impôts présentent des spécificités marquées (spécificités d’assiette, des contribuables, des transactions) »85. Un autre constat montre que la DGRAD gère certaines opérations concernant les recettes ayant un caractère fiscal. Ils ne sont payés ni à titre de taxe en contrepartie d’un service rendu, ni en tant que redevance comme « un prix perçu en contrepartie de l’avantage économique procuré à certains usagers »86 ou encore comme prix perçu pour un bien cédé. Il s’agit notamment de la redevance minière et des droits superficiaires (pour le secteur minier), de la marge distribuable et des royalties (pour le secteur des hydrocarbures) ainsi que la taxe de numérotation et de la redevance annuelles sur les concessions en matière de téléphonie (pour le secteur des télécommunications). Face à ce constat, il y a lieu de s’interroger sur la pertinence de leur gestion par la DGRAD, spécialisée dans la gestion des recettes non fiscales, alors qu’une administration spécialisée pour les impôts existe, en l’occurrence la Direction générale des Impôts87. II.2.2.6. Un système de d’encouragement rémunération des agents axé sur les primes Le système de rémunération des services mobilisateurs du Pouvoir central88 des recettes comprend des mécanismes particuliers. En effet, outre le salaire payé à 85 Christian BRUNQUEL & cie, Op.Cit., p 144 86 Xavier CABANNES, La redevance : de la rémunération du coût du service rendu à la rémunération de la valeur économique de la prestation fournie. Une longue marche vers un prix du marché, dans Réformes des finances publiques et Modernisation de l’Administration. (Mélanges en l’honneur de Robert HERTZOG), Paris, Economia, 2011, p 76 (pp 67-82). 87 A sa création en 1995, la DGRAD a hérité de la gestion de ces opérations à caractère fiscal. En effet, depuis l’indépendance, les ministères chargés de la police du secteur concerné établissaient l’assiette de ces impôts et en assuraient aussi les activités du recouvrement. Avec la création e la DGRAD, celle-ci assure le recouvrement et les Ministères continuent d’en assurer l’établir l’assiette. La Direction Générale des Impôts est restée depuis toujours en dehors de la gestion de ces impôts. 88 Ce point ne traite pas de la rémunération (prime) des services provinciaux de mobilisation des recettes, dont le système de rémunération n’est pas encore formalisé, lisible et généralisé dans plusieurs provinces. A ce jour, les provinces oscillent entre le système de rémunération basé sur 46 tous les fonctionnaires, les agents et cadres des services mobilisateurs des recettes du Pouvoir central reçoivent d’autres rémunérations sous forme de primes : la prime de rétrocession, la prime de plus-value et la prime contentieuse. La prime de rétrocession provient de la rétrocession mensuelle émargée du budget de l’Etat à la hauteur des recettes mensuelles réalisées : 5% pour la DGI et la DGDA et 10% pour la DGRAD, qu’elle partage à parts égales avec les services générateurs desdites recettes89. Le tiers de cette rétrocession est payé au personnel au titre de prime de rétrocession pour motivation. Le solde est affecté au fonctionnement et à l’investissement. Instituée en 2004 dans le « Contrat de performance » signé entre le Ministre des Finances et les Directeurs généraux des services mobilisateurs du Pouvoir central, la prime de plus-value (bonus) est une prime payée trimestriellement à la hauteur de 10% du montant de la plus-value réalisée durant le trimestre entre les recettes recouvrées et les assignations budgétaires. Cette somme sert uniquement à la motivation du personnel et n’est en aucun cas affectée ni au fonctionnement et ni à l’investissement des services mobilisateurs des recettes. Les dispositions de la prime de plus-value ont été modifiées en 2010 par le Pacte de doublement des recettes90, qui institue un nouveau critère de performance, à savoir le doublement des recettes en l’année N+1 par rapport au niveau réalisé en un salaire base (sans rétrocession) et un système de rémunération basé sur une certaine rétrocession (sans un salaire de base). 89 Article 5 de la Loi 04/015 du 16 juillet 2004 fixant la nomenclature des actes générateurs des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations ainsi que leurs modalités de perception 90 Le pacte de doublement des recettes est un contrat de performance signé entre le ministre des finances et les directeurs généraux des services mobilisateurs des recettes. Il part de l’idée que les recettes réalisées et les assignations budgétaires sont très faibles par rapport au potentiel fiscal. Il exigeait aux services mobilisateurs des recettes de réaliser en l’année n le double du montant des recettes réalisées en n-1, en contre partie d’un appui du ministre des finances sur certains problèmes structurels et conjoncturels relatifs à la mobilisation des recettes d’une part, et d’une attribution d’une prime de plus value correspondant à 15% du de la part du montant supérieur aux recettes doublées. Le montant du pacte de doublement des recettes est généralement supérieur de 30% à 40% des assignations budgétaires. 47 l’année N. Le pacte de doublement des recettes élargit à un (1) an la période d’évaluation. La prime contentieuse est payée aux agents des services mobilisateurs à l’issue d’un contrôle fiscal. En effet, les règlements administratifs des services mobilisateurs des recettes91 disposent de la répartition du produit des amendes contentieuses comme suite : 50% versés au Trésor public au moyen de titre de perception et 10% versés au service mobilisateur des recettes concerné pour les travaux d’investissements et 40% pour la motivation du personnel. Le montant revenant à la motivation du personnel est ensuite scindé entre d’une part les auteurs du contrôle fiscal et d’autre part l’ensemble du personnel au titre de «la prime contentieuse minimum garantie ». Ces différentes primes ont un caractère incitatif et motivant pour maximiser les recettes publiques internes du pays. Elles soulèvent néanmoins des critiques. La prime de rétrocession comporte trois aspects négatifs : d’abord elle crée une différence de traitement avec les autres fonctionnaires à qui l’Etat ne paie que le salaire, ensuite elle masque le faible niveau du salaire, étant donné que le salaire se situe à 84.000 CDF alors que la prime de rétrocession garde une moyenne mensuelle de 500.000 CDF, enfin sa variabilité pose problème puisqu’elle peut fluctuer d’un mois à l’autre entre 250.000 CDF ou 750.000 CDF. La prime de plus-value quant à elle pose clairement la notion même de l’évaluation de la performance. Le trimestre n’est pas une périodicité optimale d’évaluation, car en dépit de performances réalisées au cours de certains trimestres et que des primes de plus-value y relatives ont été payées de 2004 à 2010 alors que les recettes mobilisées n’ont pas atteint les assignations budgétaires durant la même période. La prime sur le produit des amendes contentieuses a l’avantage d’encourager le personnel à réprimer la fraude. Mais elle présente l’inconvénient de créer un engouement massif du personnel vers les fonctions de contrôle, considéré comme 91 Article 18 du Décret n° 09/43 du 03/12/2009 portant création et organisation de la DGDA ; article 22 du Décret 018/2003 du 2 mars 2003 portant règlement administratif relatif au personnel de carrière de la Direction Générale des Impôts ; article 21 du décret 059 du 27 décembre 1995 portant règlement d’administration relatif au personnel de carrière de la DGRAD 48 une fonction enrichissante. Aussi, n’assiste-t-on pas à une frustration du personnel exerçant des fonctions support ou n’ayant pas l’avantage d’exercer les fonctions de contrôle. II.2.2.7. L’informatisation partielle de la chaîne des recettes Le système de gestion fiscale ne dispose pas d’un système intégré permettant le suivi en temps réel des recettes sur toute la procédure, hormis le circuit douanier avec le système informatique SYDONIA World. Le circuit de télédéclaration de la fiscalité intérieure n’est pas intégré avec les banques commerciales et la Banque centrale du Congo chargées respectivement de la perception et du nivellement92 des recettes au compte général du Trésor public. Les prélèvements non fiscaux ne sont pas informatisés. Seule la Direction Générale des Impôts possède un site internet. La problématique d’informatisation se présente sous trois aspects : d’abord, le début d’informatisation n’a pas transformé les méthodes de travail. Plusieurs procédures sont encore manuelles. L’utilisation de SYDONIA world par exemple n’exclut pas le maintien de plusieurs documents papiers ; ensuite, les échanges informatiques entre les services mobilisateurs des recettes ne sont pas fluides. Les applications informatiques ne sont interconnectées. Ce qui altère la fiabilité du fichier d’identifiant unique du contribuable (IUC) et complexifie la gestion de la TVA entre l’administration douanière et l’administration des impôts ; enfin, le processus d’informatisation souffre de « carence d’une approche coordonnée des démarches d’informatisation répondant à un plan d’ensemble et à des normes »93. Cette dispersion conduit au risque d’incohérence. 92 Le nivellement est un terme officiel qui désigne l’opération qui consiste à solder journellement les comptes transitoires des services mobilisateurs des recettes ouverts à la Banque centrale du Congo au profit du compte général du trésor. 93 François AUVIGNE, Diagnostics sur les régies financières en république démocratique du Congo. Note adressée au Ministre des Finances. Kinshasa, novembre 2011, p 10. 49 * * * Les différentes réformes entamées depuis 2001 donnent un nouveau visage au paysage fiscal en RD Congo. La législation fiscale est plus lisible, mais demeure perfectible. Le nouveau code douanier répond aux standards internationaux. L’institution de la TVA en 2012 a été une étape décisive de la modernisation du système fiscal. La structure et le taux d’impôts sont cohérents avec l’environnement régional. Le transfert des compétences fiscales vers les collectivités locales s’est opéré en même temps que le processus d’assainissement des prélèvements non fiscaux. L’externalisation de la perception des recettes par les banques est un vrai succès. D’autres réformes de droit commun ont permis d’élargir l’assiette et la fiscalisation progressive du secteur informel. Cependant le système fiscal n’est pas totalement modernisé pour répondre aux enjeux de la mobilisation optimale des recettes. Il a encore des marges de progression, tant du point de vue de la législation que de l’architecture et de l’organisation administratives. La poursuite des réformes est un impératif absolu pour sortir le système fiscal de son paradoxe actuel : ses atouts sont l’un des facteurs explicatifs de la hausse du niveau des recettes constatée depuis 2001 alors que ses faiblesses sont l’une des causes de l’incapacité du gouvernement à propulser le développement à travers la mobilisation des recettes. 50 CHAPITRE III : LA MOBILISATION DES RECETTES PUBLIQUES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Ce chapitre a pour but de montrer le contraste existant entre l’augmentation des recettes et la persistance de la pauvreté d’abord (1) ; il évalue ensuite l’effort de mobilisation de ces recettes au regard des prévisions budgétaires et du potentiel fiscal (2) en vue de formuler des recommandations (3). III.1. LE CONTRASTE DE L’AUGMENTATION DES RECETTES PUBLIQUES ET DE LA PERSISTANCE DE LA PAUVRETE. Cette étude analyse le comportement des recettes publiques prélevées au profit du Pouvoir central pour la période allant de 2001 à 2012. Sont donc écartées les recettes des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées, ainsi que les ressources extérieures reçues par l’Etat congolais. III.1.1. Une augmentation sensible des recettes publiques De 2001 à 2012, les recettes courantes ont sensiblement augmenté, passant de 64,4 milliards CDF en 2001 à 3.612,7 milliards CDF en 2012 soit un accroissement annuel moyen de 48,3%. En intégrant les recettes prélevées auprès des pétroliers producteurs, les recettes publiques dégagent la même trajectoire ascendante avec un montant de 69,55 milliards CDF en 2001 et 4.448,06 milliards CDF en 2012. Par contre, le taux d’accroissement annuel moyen des recettes globales a baissé à 17,76% suite à l’absence de paiement des impôts et taxes pétroliers en 2003 et du non paiement des royalties et de l’impôt sur le bénéfice et profits des pétroliers producteurs en 2004, consécutive aux déductions sur investissements opérés en 2002. Le tableau ci-dessous indique que les recettes courantes ont augmenté en même temps que le PIB. Le taux de prélèvements des recettes courantes est passé de 7,1% en 2001 à 20,9% du PIB en 2012, et rattrape ainsi son retard par rapport à 51 la moyenne non pondérée des pays africains située à 20,3% en 201094. Les recettes courantes ont dépassé la barre du milliard CDF en 2008, en dépit du contexte économique mondial marqué par le déclenchement de la crise financière, elles ont triplé en quatre ans pour atteindre 3.612,7 milliards CDF en 2014. Tableau n°2 : L’évolution des recettes publiques (en milliards de CDF) Année Recettes courantes PIB (à prix courants) Taux de Recettes prélèvement globales1 PIB (à prix courants) Taux de prélèvement 2001 64,41 1 407,55 4,58% 69,55 1 407,55 4,94% 2002 146,59 1 922,30 7,63% 169,37 1 922,30 8,81% 2003 168,47 2 298,66 7,33% 265,45 2 298,66 11,55% 2004 243,8 2 601,00 9,37% 392,5 2 601,00 15,09% 2005 309,54 3 407,94 9,08% 611,16 3 407,94 17,93% 2006 667,21 4 066,60 16,41% 917,37 4 066,60 22,56% 2007 61,32 5 148,17 1,19% 834,1 5 148,17 16,20% 2008 1 206,05 6 525,98 18,48% 1 270,44 6 525,98 19,47% 2009 1 426,01 9 026,68 15,80% 2 102,63 9 026,68 23,29% 2010 2 162,32 11 949,31 18,10% 3 094,17 11 949,31 25,89% 2011 2 679,03 14 760,54 18,15% 3 206,51 14 760,54 21,72% 2012 3 612,73 17 312,63 20,87% 4 448,06 17 312,63 25,69% 1. Recettes globales = Recettes courantes + les recettes des pétroliers producteurs. Source : Nos calculs sur la base des statistiques des services mobilisateurs des recettes et de la Banque Centrale du Congo. La classification budgétaire divise les recettes publiques en deux catégories : les recettes courantes et les recettes des pétroliers producteurs95. Dans cette dernière catégorie sont enregistrés les impôts déduits sur le chiffre d’affaires (Convention off shore) ou sur la production (Convention on shore) : la marge distribuable, la taxe de participation et l’impôt sur le bénéfice et profit. Ces impôts sont payés mensuellement. Par contre, les royalties et les dividendes sont 94 Le rapport de l’OCDE sur les « perspectives économiques en 2012 » indique que la moyenne non pondérée du recouvrement des impôts dans les pays d’Afrique subsaharienne est passée de 17,5% du PIB en 2000 à 20,3% en 2010. 95 Suivant les Conventions pétrolières signées entre l’Etat et les sociétés productrices du pétrole, celles-ci sont exemptés des impôts et taxes du droit commun. En revanche, elles paient les taxes et impôts ci-après : la marge distribuable, les royalties, l’impôt sur le bénéfice et profit, la taxe de participation et les dividendes. Les sociétés de production du pétrole paient généralement en devises et ces recettes servent au remboursement de la dette. 52 enregistrés dans la catégorie des recettes courantes et sont payés à la fin de l’exercice comptable. Les recettes de la catégorie des pétroliers producteurs ne sont pas intégrées dans le calcul de l’effort de mobilisation des recettes publiques ainsi que du taux des prélèvements publiés dans les publications officielles. En vue de garder la cohérence avec les statistiques officielles en la matière, le présent travail fait le choix de s’aligner sur l’option de l’Etat congolais qui écarte les recettes des pétroliers producteurs dans le calcul de l’effort de mobilisation des recettes. En effet, leur mise à l’écart ou leur intégration ne modifierait pas substantiellement les principales conclusions qui en découleront96. Tableau n° 3 : Structure du budget exécuté par rapport aux recettes totales (en pourcentage des ressources totales) Année Recettes courantes (1) (1= 2+3) Recettes 2001 100 92,9 7,1 - 100 2002 100 86,7 13,3 - 100 2003 77,6 66,1 11,5 22,4 100 2004 82,4 70,9 11,5 17,6 100 2005 79,2 67,7 11,5 20,8 100 2006 78,9 69,1 9,8 21,1 100 2007 95,9 76,2 19,7 4,1 100 2008 94,8 78 16,8 5,2 100 2009 75,6 56,6 19 24,4 100 2010 94,4 71,1 23,3 5,6 100 2011 98,4 75,3 23,1 1,6 100 Fiscales Recettes non fiscales (3) Ressources extérieures (4) -2 Ressources totales (5) (5=1+4) Source : Les Rapports d’activités 2010 et 2011 de la Banque Centrale du Congo. Il ressort de ce tableau que les recettes courantes constituent le poste principal des ressources totales. Les ressources extérieures n’ont jamais atteint 25% des ressources totales, malgré les promesses de la Communauté internationale 96 Le taux des prélèvements publiés dans les différentes Lois des finances (de 2002 à ce jour) et les Rapports d’activités de la Banque Centrale du Congo sont calculés sur les recettes courantes. Les recettes de la catégorie pétroliers producteurs ne sont pas aussi prises en compte dans le calcul du montant de la rétrocession payée mensuellement aux services mobilisateurs des recettes. 53 d’aider le pays fragile, post conflit. Aucune ressource extérieure n’a été apportée directement au Gouvernement congolais pendant la période d’exécution du Programme Intérimaire Renforcé (2001-2002). Les ressources extérieures ont été réduites autour de 5% en 2007 et 2008, consécutivement à l’échec du Programme Economique du Gouvernement I (PEG I). Après une remontée en 2009, ces ressources ont encore baissé en 2010 et 2011 du fait des promesses non tenues par les bailleurs de fonds. III.1.2. Faible poids des recettes courantes sur les dépenses d’investissements. L’analyse de l’incidence de l’effort national sur le développement de la RDC s’effectuera à travers les investissements réalisés sur base de recettes courantes. Tableau n° 4 : La part des dépenses d’investissement financées par les recettes courantes (en milliards CDF à taux courants) Année 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Recettes dépenses courantes d’investissement 64,41 1,61 146,59 5,42 168,47 10,28 243,80 15,12 309,54 16,10 667,21 31,36 761,32 19,79 1 206,05 150,76 1 426,01 332,26 2 162,32 605,45 2 799,60 352,75 9955,32 1540,90 % 2,5% 3,7% 6,1% 6,2% 5,2% 4,7% 2,6% 12,5% 23,3% 28,0% 12,6% 15,48% Source : nos calculs sur base des rapports d’activités de la Banque Centrale du Congo 2010 et 2011 Le tableau n° 3 nous renseigne que la part des recettes courantes affectées aux dépenses d’investissements a augmenté chaque année. Elle est passée de 2,5% en 2001 à 12,6% en 2011. Elle a connu des niveaux très élevés en 2009 et 2010 avec respectivement un taux de 23,3% et 28%. De manière globale, de 2001 à 2011, le montant de 1.540,9 milliards CDF des recettes courantes a été consacré aux projets d’investissements. Ce montant correspond au tiers des ressources extérieures reçues au titre de dépenses 54 d’investissements durant la même période, soit un montant de 4.611,3 milliards CDF97. Le graphique ci-dessous indique que les dépenses d’investissements financées par des recettes courantes ont certes augmenté, mais pas avec le même rythme que celles financées par les ressources extérieures. Il indique également que les dépenses d’investissements financées par les recettes courantes n’ont jamais atteint la moitié du montant des dépenses d’investissements financées par les ressources extérieures98. Le taux de 96% réalisé en 2010 est à la fois exceptionnel et historique : la somme de 605,45 milliards CDF a été consacrée à l’accélération des travaux du programme « Cinq chantiers »99, à la veille de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance. Graphique n° 3 : Situation des dépenses d’investissements financées par les recettes courantes et celles financées par les ressources extérieures (en milliards CDF) 1000,00 900,00 800,00 700,00 600,00 500,00 400,00 300,00 200,00 Dépenses d'investissements financées par les ressources internes Dépenses d'investissements financées par les ressources extérieures 100,00 0,00 Source : Nos calculs sur base des Rapports d’activités de la Banque Centrale du Congo 2010 et 2011. 97 Les ressources extérieures ont aussi financé les dépenses de fonctionnement à la hauteur de 1.750,2 milliards CDF de 2001 à 2011. 98 Les ressources externes reçues en 2001 et 2002 n’émargeaient pas dans le budget de l’Etat. Cette période correspond à la période d’exécution du Programme Intérimaire Renforcé (PIR) jusqu’à la reprise effective de la coopération structurelle. Les ressources extérieures étaient gérées par le Bureau Central de Coordination, créé par le Gouvernement et la Banque Mondiale pour gérer les projets d’investissements à financement extérieur. 99 Les « Cinq chantiers » : programme quinquennal de reconstruction de la RD Congo sur lequel le Président KABILA s’est fait élire en 2006. Il cible cinq secteurs clés : 1) Infrastructures ; 2) Santé et Education ; 3) Habitat ; 4) Eau et Electricité ; 5) Emploi. 55 Il en découle un constat majeur : le développement de la RD Congo n’était pas assuré par l’effort national, mais laissé à la merci des ressources extérieures. Et compte tenu de leur volatilité parce que dépendant de l’environnement économique et financier mondial, force est de conclure que la RD Congo n’est pas maître de son développement. III.1.3. Un pays en retard par rapport aux cibles à atteindre en 2015 relatifs aux Objectifs du Millénaire pour le Développement Le développement d’un pays, en tant que réalisation d’un niveau souhaité et souhaitable d’un bien-être humain, ne saurait se réduire à la seule croissance économique. Il s’apprécie par l’amélioration de la qualité de vie des individus, des familles et des communautés ainsi que par la combinaison des aspects sociaux, économiques, politiques, culturels et environnementaux : la nourriture, le logement, l’emploi, les services de santé, l’éducation, la sécurité. C’est une vision consensuelle du développement déclarée par les Nations Unies et traduite à travers les objectifs du millénaire pour le développement (OMD)100. Pour atteindre ces objectifs, la RD Congo a élaboré un « Document de Stratégie pour la croissance et de réduction de la pauvreté » (DSCRP) en deux versions, dont une première en 2006 et une version révisée en 2011. Ce document, qui est considéré comme le « seul cadre fédérateur de l’ensemble des politiques macroéconomiques et sectorielles »101, repose sur quatre piliers comportant des orientations stratégiques sectorielles et transversales : (1) renforcer la gouvernance et la paix, (2) diversifier l’économie, accélérer la croissance et promouvoir l’emploi, 100 Les Objectifs du Millénaire pour le Développement, définis lors du Sommet du millénaire de 2000 constituent les engagements des dirigeants de 189 Etats membres des Nations Unies pour un nouveau partenariat mondial visant à réduire, à l’horizon 2015, l’extrême pauvreté et construire un monde plus sûr, plus prospère et plus équitable, à travers les objectifs suivants : (1) éliminer l’extrême pauvreté et la faim, (2) assurer l’éducation primaire pour tous, (3) promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, (4) réduire la mortalité infantile et post-infantile, (5) améliorer la santé maternelle, (6) combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies, (7) préserver l’environnement (8) mettre en place un partenariat pour le développement. 101 Document de la stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté. Deuxième génération. RDC, Ministère du Plan, octobre 2011, p 8. 56 (3) améliorer l’accès aux services sociaux de base et renforcer le capital humain, (4) protéger l’environnement et lutter contre les changements climatiques. Les piliers 2 et 3 comportent des indicateurs quantitatifs, donc évaluables. Cependant, la quasi inexistence des statistiques relatives à l’emploi direct généré exclusivement par les investissements publics oblige à limiter cette analyse à l’évaluation du pilier 3, lequel a été financé tant par les recettes courantes que par les ressources extérieures. Ainsi, l’analyse de l’évolution de quelques indicateurs des OMD par rapport à leur cible de 2015 révèle des observations alarmantes : - en 2007, sept (7) congolais sur dix (10) disposaient encore d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté nationale (1 USD), alors que la cible est de réduire ce nombre à quatre personnes sur dix en 2015. Notons que ce nombre n’a presque pas bougé puisqu’en 2001, ils étaient presque autant à souffrir de l’extrême pauvreté et de la faim, soit 7,13 sur 10 personnes ; - près de la moitié (48 %) des enfants de moins de deux ans n’avaient pas été vacciné contre toutes les maladies, alors que l’objectif était que ce nombre soit en déça de 40% pour qu’au moins 60 % des enfants soient vaccinés à l’échéance 2015 ; - la prévalence du VIH/SIDA a enregistré une progression annuelle moyenne de 0,5%, passant de 3,8% à 4,1% entre 2001 à 2010, alors qu’il devra baisser au rythme de 1,2 % de 2010 à 2015 pour atteindre la cible de 3,1 % ; - trente (30) enfants sur cent (100) en âge de scolarité ne vont pas à l’école, et 55,5% d’écoliers n’achèvent pas la cinquième année primaire, malgré la gratuité de l’enseignement primaire consacrée par la Constitution. 57 Tableau 5 : Evolution des quelques indicateurs des objectifs du millénaire pour le développement humain en République Démocratique du Congo. Objectifs 2001 Indicateurs 2010 Cible Ecart(1) (en 2015) Objectif 1 : Réduction de l’extrême pauvreté et de la faim Objectif 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous Objectif 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes Objectif 4 : Réduire la mortalité infantile Objectif 5 : Combattre le VIH/sida, le paludisme et autres maladies Objectif 7 : Assurer un environnement durable Proportion de la population disposant de moins d’un dollar 71,3(*) par jour en parité du pouvoir d’achat 70(**) 40 -30 Taux net de scolarisation au primaire 51,7 75 100 -25 Taux d’alphabétisation hommes des 81,2 85,8(**) 100 -14,2 Rapport filles/garçons l’enseignement primaire dans 0,87 0,93 1 -0,7 Rapport filles/garçons dans l’enseignement secondaire 0,62 0,81 1 -0,19 Taux de juvénile 213 158 60 -98 22,8 48 90 -42 Taux de prévalence du sida 3,8 4,3 3,1 -1,2 Pourcentage des enfants de moins de 5 ans qui dorment sous des moustiquaires imprégnées d’insecticides 0,7 3,4(**) 15 - 11,6 Proportion de la population ayant accès de façon durable à une source d’eau meilleure 46 47 71 -24 Proportion de la population ayant accès à un meilleur système d’assainissement 27,2 17,6(**) 55 -37,4 mortalité infanto- Proportion des enfants (12 à 23 mois ayant reçu tous les vaccins) Source : Nos calculs sur base du Rapport pays RDC 2010. (*) : Niveau de 2005 et (**) : niveau de 2007 58 La lecture de ce tableau révèle un constat majeur : tous les objectifs sont en déficit par rapport à leur cible à atteindre en 2015. D’ailleurs, nombre d’entre eux ne seraient pas atteints avant plusieurs années. Et la situation ne s’est pas améliorée, étant donné qu’en 2013 la RD Congo occupe la dernière place du classement d’indices du développement humain, la place qu’elle occupait déjà en 2012. C’est le drame congolais : le pays stagne dans la pauvreté. Plusieurs facteurs expliquent cette contreperformance : d’une part, la récession économique et la désarticulation du tissu social enregistré depuis l’indépendance ne pouvaient être résorbées par la croissance enregistrée des dix dernières années, et d’autre part le déficit institutionnel en matière de programmation, de suivi et d’évaluation explique le faible taux d’absorption des financements extérieurs et la faiblesse des ressources publiques internes. En effet, en dépit de l’augmentation sensible des recettes publiques, celles-ci se sont avérées insuffisantes et mal utilisées pour améliorer le vécu quotidien de la population. Mais il y a lieu aussi de s’interroger sur l’efficacité de la mobilisation des recettes courantes. III.2. L’EVALUATION DE LA MOBILISATION DES RECETTES COURANTES. Pour apprécier l’efficacité de la mobilisation des recettes courantes, ce travail fait le choix de les comparer aux prévisions budgétaires et au potentiel fiscal du pays. III.2.1. Des contreperformances par rapport aux prévisions budgétaires. Les recettes courantes, comme l’indique le graphique n° 2 ci-dessous, ont connu une trajectoire ascendante de 2001 à 2012. L’accroissement des recettes observé durant toute cette période est tributaire de la croissance économique, de l’unification du pays après les quatre années de guerre civile, des réformes en matière de finances publiques et de l’effort des services mobilisateurs des recettes. 59 Graphique n° 4. Recettes courantes de l’Etat (en milliards de CDF courants) 4000 3500 3000 2500 2000 Recettes internes 1500 1000 500 0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Source : Nos calculs sur base des statistiques des services mobilisateurs des recettes Les recettes mobilisées par la Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA) sont passées de 31,20 milliards CDF à 1.326,86 milliards CDF soit une augmentation annuelle moyenne de 41,12%. Par contre l’accroissement annuel moyen des recettes réalisées par la Direction Générale des Impôts (DGI) se situe à 45,15% passant de 23,42 milliards CDF en 2001 à 282,65 milliards CDF en 2012. Bien que les recettes encadrées par la DGRAD ont connu une augmentation annuelle moyenne de 66,83% durant toute la période, la courbe des recettes était décroissante en 2004, 2007 et en 2011 avec respectivement des taux négatifs de -14,32%, -50,12% et -3,33%. Les recettes encadrées par la DGRAD sont passées de 5,79 milliards CDF en 2001 à 485,85 milliards CDF en 2012. L’analyse serait biaisée s’elle se limite à ces résultats, quoique spectaculaires, car les recettes publiques sont autorisées dans le cadre de Loi des finances, qui autorise les recettes minima à mobiliser durant l’exercice budgétaire. Ainsi, leur confrontation avec les prévisions budgétaires parait un meilleur indicateur de performance. 60 Tableau 6 : L’évolution des recettes réalisées par rapport aux prévisions budgétaires (en milliards CDF courants) DGDA Année Prévisions Réalisations DGI DGRAD Tx Réal Prévisions Réalisations Tx Réal Prévisions Réalisation Tx de Réal 2002 60,55 54,62 90,21% 45,22 40,44 89,43% 15,73 11,05 70,25% 2003 87,36 72,80 83,33% 65,40 62,84 96,09% 39,09 32,83 83,99% 2004 108,60 104,03 95,79% 77,76 87,66 112,73% 25,34 18,51 73,05% 2005 139,66 145,36 104,08% 90,38 112,14 124,08% 44,85 66,05 147,27% 2006 169,75 195,47 115,15% 141,00 216,37 153,45% 60,88 122,64 201,45% 2007 273,70 278,05 101,59% 250,36 184,90 73,85% 195,96 158,46 80,86% 2008 406,40 340,46 83,77% 346,70 431,23 124,38% 153,43 118,81 77,44% 2009 588,50 551,89 93,78% 636,83 564,30 88,61% 255,56 176,40 69,02% 2010 928,50 754,52 81,26% 908,50 778,10 85,65% 481,76 369,40 76,68% 2011 1 087,20 1 001,22 92,09% 1 253,27 893,30 71,28% 726,03 352,50 48,55% 2012 1 500,00 1 326,86 88,46% 1 427,84 1 235,70 86,54% 747,80 431,10 57,65% 5 243,26 5 350,22 4 825,28 90,19% 4 606,98 Source : Les statistiques de la DGDA, DGI et de la DGRAD. 87,86% 2 746,43 1 857,75 67,64% Ainsi, l’analyse du tableau n°5 laisse apparaître une autre réalité : les recettes réalisées sont inférieures aux prévisions budgétaires de la période. Le taux global de réalisation a été de 84,63%, car les recettes réalisées sont de l’ordre de 11.290,01 milliards CDF contre les prévisions de 13.339,91 milliards CDF. Comment alors expliquer ce décalage ? De deux choses l’une : soit les services mobilisateurs des recettes ont enregistré des contreperformances, soit alors les prévisions budgétaires ont été surestimées par rapport au potentiel fiscal du pays. III.2.2. Une faible mobilisation des recettes par rapport au potentiel fiscal. L’écart négatif des recettes réalisées sur les prévisions budgétaires incite à explorer l’hypothèse d’une exagération des prévisions budgétaires. En effet, depuis 2008, le Parlement, en tant qu’autorité budgétaire, ajoute les « recettes additionnelles » sur les prévisions élaborées par le Gouvernement. La Loi des finances 2008 a été votée avec des recettes additionnelles de l’ordre de 111,9 61 milliards CDF102. Tel est également le cas de la Loi des finances 2011 qui a voté la somme de 726,03 milliards au titre des recettes non fiscales, alors que le projet du budget 2011 élaboré par le Gouvernement les évaluait à 438,41 milliards CDF. Le verdict a été sans appel à la clôture de l’exercice budgétaire : seulement 352,50 milliards CDF ont été mobilisés, soit un taux de réalisation de 48,55%. Il apparait alors facile d’affirmer que le Parlement opère les ajustements sans une maitrise factuelle des contraintes liées à la mobilisation des recettes. Cela est d’autant plus plausible pour le cas illustré, étant donné que les recettes additionnelles du Parlement reposaient sur la vente des licences de télécommunications103 alors que le pays était confronté au problème d’indisponibilité des fréquences depuis l’année 2009. Il s’agit là donc de l’un des cas qui démontrent l’insécurité des prévisions budgétaires et économiques. Par ailleurs, conclure l’analyse uniquement à la surévaluation des prévisions budgétaires serait simpliste puisque la question mérite d’être approfondie sur l’angle de l’effort fiscal, considéré comme l’écart entre les ressources publiques et le potentiel fiscal104. Dans une étude présentée lors des « Assises nationales sur le coulage des recettes », Kabuya Kalala a évalué le potentiel fiscal de la RD Congo. En effet, après avoir réévalué le PIB selon le Système de Comptabilité National SCN-93105 d’une part, et d’autre part par une approche économétrique basée sur les données annuelles de 1980 à 2012, de plusieurs variables structurelles (le degré d’ouverture 102 Tableau d’évolution des recettes 2008 du Gouvernement à la Commission paritaire, (Ministère du Budget RDC), décembre 2007. 103 Rapport de la Sous-commission des recettes sur le projet de budget 2011. La Commission Economie et Finances. Assemblée Nationale – RDC. Novembre 2011. 104 Le potentiel fiscal est la mesure de la compatibilité de la politique économique avec la capacité contributive du pays. Lorsque les recettes publiques sont supérieures au potentiel fiscal, cela traduit un effort fiscal positif ; au contraire, c’est un effort fiscal négatif. 105 Kabuya Kalala est professeur ordinaire à l’université de Kinshasa et directeur de cabinet du Ministre des Finances depuis 2011. Dans cette étude, il estimait que le calcul du potentiel fiscal sur le Système de Comptabilité Nationale SCN-68, précédemment utilisé, était biaisé « parce que ce système n’intercepte pas le secteur informel dont le poids est de 55,3% en moyenne dans l’assemblée des activités productives ». 62 économique, la part des exportations minières et pétrolières dans le total des exportations des biens, le PIB par tête d’habitant et de la part de valeur ajoutée de l’agriculture dans le PIB), il détermine le potentiel fiscal et par conséquent l’effort fiscal de la manière suivante : Tableau n° 7 : Evolution du potentiel fiscal et de l’effort fiscal (en milliards de CDF) Année PIB courant SCN68 PIB courant SCN93 (en % du PIB SCN93) Recettes internes Potentiel fiscal SCN93 Effort fiscal SCN93 Recettes internes Potentiel fiscal Effort fiscal 2001 290,8 2 231 ,4 66,6 110,7 -44,0 3,0 4,96 -2,0 2002 300,9 3 025 ,9 139,2 152,0 -12,8 4,6 5,02 -0,4 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 318,3 339,5 366,0 386,4 410,6 435,8 447,9 3 623 ,3 4 113 ,6 5 670 ,1 6 694 ,8 8 456 ,1 10 691 ,4 14 740 ,3 173,0 217,3 319,9 503,9 869,0 1 212,0 1 419,0 276,0 384,1 563,2 747,2 1 348,7 1 828,4 2 320,6 4,8 5,3 5,6 7,5 10,3 11,3 9,6 7,62 9,34 9,93 11,16 15,95 17,10 15,74 -2,8 -4,1 -4,3 -3,6 -5,7 -5,8 -6,1 2010 480,0 19 512 ,9 2 666,7 3 936,8 13,7 20,18 -6,5 2011 513,1 24 103 ,4 2 755,3 5 223,1 11,4 21,67 -10 ,2 2012 549,9 28 234 ,3 3 608,5 5 904,6 -103,0 -166,8 -243,3 -243,3 -479,7 -616,4 -901,6 -1 270,1 -2 467,7 -2 296,1 12 ,8 20,91 -8,1 Source : Kabuya Kalala, évolution des recettes depuis 2001, Assises nationales sur le coulage des recettes, Kinshasa, 2 au 4 mai 2013, (inédit). Il ressort de ce tableau que l’effort fiscal a été négatif de 2001 à 2012 malgré la trajectoire ascendante des recettes courantes. Le niveau le plus bas a été atteint en 2011 avec un effort fiscal négatif de – 10,2%, entraînant un manque à gagner de l’ordre de 2.467,7 milliards CDF. Ce tableau prouve tout d’abord que les prévisions budgétaires ne sont pas surestimées, de même qu’ensuite, il interroge la capacité nationale à mobiliser les recettes publiques tout en expliquant en partie le faible impact des recettes courantes sur le développement. 63 III.3. RECOMMANDATIONS POUR LA MAXIMISATION DES RECETTES PUBLIQUES. La faible mobilisation des recettes constatée n’est pas une fatalité, elle est susceptible d’améliorations. Pour y parvenir, la recommandation générale est le renforcement de la gouvernance. En effet, comme affirmait le premier ministre Matata, « la pauvreté de ce pays, pourtant doté d’énormes ressources potentielles, est largement due à la mauvaise gouvernance»106. Selon l’indice de la perception de la corruption publié par Transparency International en 2013, la RDC est perçue comme un pays fortement corrompu et occupe la 154ème place sur 177 pays. La RDC est depuis le 17 avril 2013 suspendue de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives107 suite à des rapports non fiables et non exhaustifs. Par ailleurs, l’organisation non gouvernementale « Global Witness » dénonçait la mauvaise gouvernance dans le secteur forestier : « en 2012, seuls 10% des recettes que la redevance de superficie (forestière) aurait dû générer se sont retrouvés dans les caisses du trésor »108. Cette recommandation s’adresse principalement aux plus hautes autorités qui dirigent les institutions du pays. Concrètement, Elle se traduit par l’abandon des pratiques qui entrainent des manques à gagner, surtout dans les secteurs des ressources rares. Tel est le cas du secteur minier, dont plusieurs études démontrent que « les rentrées de recettes, avec la meilleure gouvernance, pourraient tripler »109. D’autres recommandations visent l’amélioration de la législation et le pilotage des services mobilisateurs des recettes. 106 Allocution du Premier ministre Matata Ponyo au congrès international sur la gestion des ressources naturelles co-organisé en 2012 avec le FMI, cité par Stefaan MARYSSE et Claudine TSHIMANGA, La renaissance spectaculaire du secteur minier en RDC : où va la rente minière ? dans Conjonctures congolaises 2012. Politique, secteur minier et gestion des ressources naturelles en RD Congo, Cahiers africains n° 82, 2013, p.23 (pp 11-46) 107 ITIE est une norme internationale pour la transparence au niveau de la gestion des revenus issus des ressources naturelles. Les gouvernements publient les montants qu’ils perçoivent des entreprises extractives implantées dans le pays, et ces entreprises publient ce qu’elles paient. (http://eiti.org/fr/faq#WhatEITI) 108 GLOBAL WITNESS, Les forêts de la RDC victimes d’une grande braderie, octobre 2013, p.3 109 MARYSSE.S et TSHIMANGA. C., La renaissance spectaculaire du secteur minier en RDC : où va la rente minière ? dans Conjonctures congolaises 2012. Politique, secteur minier et gestion des ressources naturelles en RD Congo, Cahiers africains n° 82, 2013, p.40 (pp 11-46) 64 III.3.1. Recourir à la procédure d’appel d’offres dans la vente des ressources rares. En dépit de l’installation des institutions démocratiques issues des élections de 2006, les prescrits de la commande publique ne sont pas encore d’usage en RD Congo, en l’occurrence lorsqu’il s’agit de la vente des blocs pétroliers ou des fréquences des télécommunications. En effet, la RD Congo a attribué à plusieurs sociétés des blocs pétroliers de bassin de la cuvette centrale et graben Albertine110 de la branche Ouest du Rift Est africain : les blocs 1 et 2 du graben Albertine ont été attribués à Caprikat et Foxwehelp, deux sociétés immatriculées aux Iles vierges, le bloc 3 a été attribué à South Africa Congo OIL (Sacoil). Pour la cuvette centrale, les blocs 1,2 et 3 ont été attribués à la Compagnie Minière Congolaise (COMICO), les blocs 7 et 9 à la firme britannique Soco oil et le bloc 8 au sud africain Divine Inspiration Group111. Aucun de ces blocs pétroliers n’a été attribué par appel d’offres, entrainant d’importants manques à gagner au profit du Trésor public. Aucun des majors du secteur pétrolier ne figure parmi des bénéficiaires de ces blocs pétroliers, alors que leur présence par appel d’offres aurait apporté des propositions financières préférentielles que les 2 millions USD payés par certaines sociétés au titre de bonus de signature lors de l’attribution des blocs. La même défaillance à la législation sur les marchés publics a été constatée dans le secteur des télécommunications : aucune licence d’exploitation de la téléphonie mobile n’a été attribuée par la procédure d’appels d’offres112. Qui pis est, 110 Le bassin de la cuvette centrale couvre une superficie de 800.000 km qui s’étend de la province du Bandundu jusqu’à la Province Orientale, tandis que le bassin de la Branche Ouest du Rift Est 2 Africain s’étend sur 50 km le long de la frontière Est de la RD Congo et comprend les grabens Albertine, Tanganyika, de l’Upemba, de Bangwelo et du lac Moero. 2 111 François MISSER, Enjeux et défis d’une province pétrolière en devenir, dans Conjonctures congolaises 2012. Politique, secteur minier et gestion des ressources naturelles en RD Congo, Cahiers africains n° 82, 2013, pp 153-158. (pp 147177). 112 Le non respect de la procédure d’obtention de licence est l’argument principal de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications au Congo (ARPTC) dans l’affaire qui l’oppose au Tribunal de commerce de Kinshasa à la société Nederland British Compagny. Cette dernière prétend détenir le monopole de la licence 3G depuis 2004 alors que pour l’ARPTC, Nederland 65 les sociétés YOZMA, SEMATEL, INGWETELE et EPHRATA ont obtenus des licences d’exploitation sans paiement préalables des droits dus au Trésor public. III.3.2. Fusionner les services mobilisateurs des recettes La pluralité des services mobilisateurs des recettes est l’un des facteurs qui ternit l’image de la fiscalité congolaise. Après une décennie des réformes sur la législation, l’heure est venue de réformer l’architecture administrative de la fiscalité congolaise. Cette réforme devra conduire à terme à deux administrations fiscales : l’administration des Douanes et celle des Impôts et taxes. Ainsi, notre recommandation consiste à fédérer l’administration des impôts avec toutes les administrations chargées des prélèvements non fiscaux. Elle s’articule en trois étapes suivantes: III.3.2.1. Fusionner la Direction Générale des impôts et la Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations. Cette étape est la première, sa mise en œuvre s’avère immédiate parce qu’elle est techniquement plus facile à réaliser. D’abord ces deux services relèvent du même ministère. Ensuite, ces deux services sont dans une dynamique de concertation depuis août 2010 à travers les « Concertations des régies financières », qui réunissent chaque mois les trois services mobilisateurs des recettes en vue de mutualiser les pratiques tant sur des questions techniques que sur la gestion du personnel. Enfin, Une commission indépendante avait été créée quant à ce en janvier 2010. Il ne reste qu’à adopter son rapport rendu depuis février 2011, avant de le soumettre à l’approbation du Gouvernement. British Compagny n’est pas un exploitant de la téléphonie en RDC et que sa licence est irrégulière puisque obtenue sans respect de la procédure édictée par la loi-cadre de 2002 sur les er télécommunications en RDC qui prévoit le recours à l’appel d’offres. (Radio okapi du 1 mars 2014 (http://radiookapi.net/actualite/2014/03/01/la-rdc-risque-detre-privee-de-la-technologie-3g/), consulté le 15 mars 2014. 66 III.3.2.2. Intégrer au sein de l’administration fiscale unifiée les services des ministères chargés de l’établissement de l’assiette et de la taxation des prélèvements non fiscaux. Cette proposition se veut une solution à la dualité dans la gestion les prélèvements non fiscaux. Elle consistera à sectionner chacun des services chargés de la taxation des prélèvements non fiscaux au sein des ministères et de les transférer au sein de l’administration fiscale. Son lancement devra intervenir à moyen terme, après la réalisation de ces deux préalables : réussir la fusion de la DGRADDGI ainsi que réduire le nombre des prélèvements fiscaux. Aussi, outre le fait que tout changement enregistre les résistances, la plus grande résistance viendra des hauts cadres des ministères qui tirent une grande partie de leurs revenus du système de rétrocession. Il est judicieux qu’une telle réforme soit pilotée par le Chef du Gouvernement. III.3.2.3. Fusionner l’administration fiscale unifiée les services provinciaux de mobilisateurs des recettes. Politiquement difficile à réaliser puisque cette option devrait requérir l’approbation de tous les Gouverneurs de provinces. Ainsi, cette démarche devrait préalablement être discutée au sein de la Conférence des Gouverneurs province113 et devrait à cet effet être soutenue par le Président de la République qui préside ladite Conférence. Sa mise en œuvre est à prévoir à long terme, dix ans après le déclenchement de la fusion DGI-DGRAD. III.3.3. Renégocier à la hausse les financements climatiques La RD Congo regorge 60% du bassin forestier du Congo qui couvre plus de 2 millions de km2 et qui s’étend sur six pays (Cameroun, République Centrafricaine, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale). C’est la deuxième réserve forestière mondiale, après la forêt d’Amazonie. 113 La Conférence des Gouverneurs de province est une instance créée par la Constitution en vue d’une part de servir de conseil aux deux échelons de l’Etat (Pouvoir central et provinces) et d’autre part pour assurer une bonne harmonie entre les provinces elles-mêmes. Présidée par le Président de la République, elle a pour mission d’émettre des avis et formuler des suggestions sur la politique à mener et sur la législation à édicter par la République. 67 Bien qu’il est difficile de quantifier de manière certaine le montant des droits revenant à chaque pays du bassin du Congo, il est certain de constater que la RD Congo ne reçoit pas une part juste et équitable des financements climatiques. En effet, tous les autres pays du bassin du Congo reçoivent environ 100 à 200 millions USD pour protéger leurs forêts, alors que la Tanzanie reçoit 100 millions USD, la Guyane avec sa petite superficie reçoit 250 millions USD, l’Indonésie et le Brésil reçoivent 1 milliards à chacun114. Face à ce manque à gagner évident, la RD Congo doit renégocier ces accords de financement. Elle devra aussi transformer ce financement, recueilli comme ressources extérieures, en une recette courante à insérer dans la nomenclature des actes générateurs des recettes du Pouvoir Central. Cette insertion aura l’avantage d’attirer l’attention de l’autorité budgétaire et l’encadrement des services mobilisateurs des recettes. III.3.4. Investir dans les infrastructures de contrôle. La RD Congo ne maitrise pas le flux d’appels internationaux entrants sur lesquels sont prélevées la taxe de régulation et la TVA. Selon le Ministre des Postes et Télécommunications, le manque à gagner est estimé à « 12 millions USD par mois car les exploitants de la téléphonie mobile ne déclarent recevoir que 20 millions d’appels internationaux alors que le Centre d’observation d’Angleterre affirme que la RD Congo reçoit 120 millions d’appels »115. En effet, le Gouvernement congolais ne possède pas d’infrastructures pour attester la sincérité des déclarations des exploitants de la téléphonie mobile et pour bloquer la piraterie téléphonique opérée moyennant des « Sim-box ». L’investissement pour acquérir un Switch est indispensable pour maximiser les recettes des flux internationaux entrants et les droits d’interconnexion à l’intérieur de l’espace national, assujettis également à la taxe de régulation et à la TVA. 114 Propos recueillis auprès de Tosi MPANU MPANU, président honoraire du Groupe des négociateurs africains au sein de la Convention Climat de l’ONU (2010-2012) et Membre du Conseil d’Administration du Fonds Vert pour le Climat. 115 Déclaration retransmise par la radio okapi en date du 12 novembre 2012. (http://radiookapi.net/actualite/2012/11/12/rdc-letat-perd-12-millions-usd-par-mois-suite-au-piratagetelephonique/) 68 III.3.5. Réviser le code minier pour en retirer les clauses fiscales. La révision du code minier permettra non seulement de réviser à la hausse les taux des droits superficiaires par carré et la redevance minière, mais aussi d’aligner plusieurs impôts sur le régime de droit commun : - l’impôt sur les bénéfices et profits passerait ainsi à 35% du régime du droit commun contre les 30% actuellement prévu dans le code minier ; - le taux de l’impôt exceptionnel sur les rémunérations versées au personnel expatrié pourrait s’élever alors à 22% contre les 10% fixés par le Code minier; - le taux de l’impôt mobilier fixé à 10 % sur les dividendes et autres distributions versés par le titulaire d’un droit minier à ses actionnaires actuellement sera perçu au taux de 20% conformément au droit commun. III.3.6. Canaliser vers le Trésor Public les dividendes perçus par la Gécamines au titre d’actionnaire dans divers joint-ventures. Après l’effondrement de la Gécamines en 1988, celle-ci a redéfini son rôle en se transformant en début des années 2000 à un courtier de ses droits miniers et en signant trente-cinq contrats de partenariats d’exploitations de ses concessions minières, en contrepartie d’un pourcentage d’actions dans les nouvelles 116 entreprises . Entreprise publique privatisée puis restructurée en Sarl dans laquelle l’Etat congolais est l’unique actionnaire, la Gécamines perçoit des dividendes de ces joint-ventures, dont certains n’ont aucune traçabilité au niveau du Trésor public. La transparence de cette rente et sa traçabilité permettront à la RDC de reprendre son siège au Conseil d’administration de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) après sa suspension prononcée en mars 2013. III.3.7. Rétablir l’autorité de l’Etat dans le secteur d’exploitation artisanale des minerais Le secteur minier en RD Congo présente deux facettes : l’exploitation industrielle et l’exploitation artisanale. Au-delà de la compétition existante entre ces 116 MARYSSE.S., et TSHIMANGA, C., Op.cit, p.24 69 deux exploitations, le code minier prévoit leur cohabitation en formalisant l’activité artisanale par l’achat des cartes des creuseurs. En effet, si l’artisanat minier a l’avantage de consommer une grande main-d’œuvre, son plus grand reproche est sa faible capacité contributrice au Trésor public. Plusieurs enquêtes témoignent que son fonctionnement actuel est infiltré par les « organisations parallèles qui permettent l’enrichissement d’individus censés représenter l’Etat, continuent de fonctionner en dehors du cadre légal et convertissent les mines artisanales du pays en ‘ zones de non-droit’ »117. Le rétablissement de l’autorité de l’Etat dans les provinces du Kivu et Katanga permettra de casser le manque à gagner occasionné non seulement par ces pratiques, mais aussi à bloquer le trafic illégal des quantités des minerais acheminés vers les pays frontaliers (Rwanda, Ouganda et Zambie) sans paiement des droits dus au Trésor public. III.3.8. Réduire le nombre des prélèvements non fiscaux Il est possible d’agréger les 364 actes générateurs des recettes du Pouvoir central en moins une centaine. Il s’agira en clair d’instaurer la gratuité du service public pour des actes ayant les caractéristiques suivants : - les prélèvements dont la collecte et la gestion en imprimés de valeur coûtent plus cher que le prix payé (tous les prélèvements taxés à moins de 20.000 CDF soit moins de 20 euros) ; - les prélèvements relatifs à l’innovation et la recherche (permis de recherche dans le domaine scientifique, carte de chercheur indépendant, agrément des bureaux d’études en matière des travaux publics et d’infrastructures,…) ; - beaucoup d’enregistrements et de renouvellements d’enregistrements,… Pour ce faire, un travail existe déjà et n’attend que sa mise en application. Il a été réalisé lors de l’Atelier sur le renforcement de la mobilisation des recettes fiscales organisé en juin 2012. Les participants ont proposé des mesures pour agréger en un seul acte ou deux, la multitude des prélèvements non fiscaux sans rendement. 117 Marie MAZALTO, la réforme du secteur minier en République Démocratique du Congo : enjeux de la Gouvernance et perspectives de reconstruction, dans Afrique contemporaine, 2008/3 n°227, p 68 70 Quant aux prélèvements non fiscaux relevant de la compétence des provinces, leur réduction devra s’enclencher à moyen terme, après le retour d’expérience de l’opération sur les prélèvements non fiscaux du Pouvoir central. Sa mise en œuvre exigera certainement un consensus national. III.3.9. Réformer le système de rémunération et lutter contre l’impunité Trois raisons principales conduisent à recommander la suppression du système de rémunération axée sur la rétrocession. D’abord, la rétrocession est fluctuante et donc ne sécurise pas le personnel dans la planification. Ensuite, parce qu’elle n’est qu’une prime, et en tant que telle, elle n’est pas indexée dans le calcul de la rente payée aux retraités. Enfin, elle attire la convoitise des autres fonctionnaires et agents de l’Etat. En substitution, le système de barème unique, incluant dans le fait le montant actuel du salaire de base et le montant moyen de la prime de rétrocession, parait le mieux indiqué puisqu’il ne modifierait pas l’enveloppe globale dédiée à la paie du personnel des services mobilisateurs des recettes. Aussi, une telle démarche ne doit pas être catégorielle, elle doit s’inscrire dans la politique générale du Gouvernement, définie dans l’agenda 2010-2012, visant à « harmoniser les divers systèmes de gestion de la paie des fonctionnaires, notamment par la révision de la structure des barèmes applicables à ces systèmes »118. Tous les observateurs s’accordent sur le fait que la corruption rime avec l’impunité dans les services mobilisateurs des recettes. Certes, une soixantaine des cadres et agents des services mobilisateurs des recettes ont été révoqués en janvier et mars 2010 respectivement par ordonnances présidentielles et arrêtés ministériels, mais cet épisode semble déjà lointain, puisque non systématisé. Pour qu’elle pénètre le système administratif fiscal congolais, l’Exécutif doit soutenir les actions répressives engagées par les Directeurs Généraux des services mobilisateurs des recettes. Ces derniers aussi devront être sanctionnés en cas de mégestion. 118 Mémorandum des politiques économiques et financières 2010-2012. RDC, Kinshasa 15 juin 2010. 71 III.3.10. Informatiser le circuit des recettes L’informatisation de la chaîne des recettes s’avère urgente pour la sécurisation des recettes. Sous le pilotage du Ministre des Finances, elle devrait intégrer les deux approches complémentaires : informatique et le process relatif aux métiers de base (vérificateurs, ordonnateurs, inspecteurs, receveurs,…). Sa conception devrait s’inspirer de schémas directeurs existants, s’inscrire dans la perspective de la fusion de la DGI et de la DGRAD ainsi que formaliser les échanges des données entre services mobilisateurs des recettes. Il est préférable de privilégier les impôts et taxes à fort enjeu, avant sa généralisation à tout le système fiscal. Par contre, le circuit informatique devrait s’étendre jusqu’au bout du processus de perception des recettes, en intégrant les banques commerciales chargées de leur perception et la Banque centrale du Congo qui en assure le nivellement au compte général du Trésor. Toutefois, sa réalisation pourrait se heurter au manque de financement. III.3.11. Adopter les modalités de pilotage plus efficace des services mobilisateurs des recettes. Les directeurs généraux des services mobilisateurs des recettes pourraient améliorer leur pilotage en intégrant les outils ci-après : le document d’orientations stratégiques, le contrôle interne et la démarche qualité. III.3.10.1. Elaborer un Document d’Orientations Stratégiques, à l’instar de la DGDA qui en élabore depuis dix ans. Cette recommandation s’adresse aux directeurs généraux de la DGI et de la DGRAD. Ce document fixe le cap pour les deux prochaines années, l’évolution des missions et de l’organisation administrative. Il a aussi pour objectif de rassembler le personnel autour des grandes thématiques et des valeurs du service. Il devra déboucher à une conclusion d’un contrat avec le Ministre des Finances, à l’instar du « pacte de doublement des recettes » conçu pour l’exercice 2010 et signé entre le Ministre des Finances et les directeurs généraux des services mobilisateurs des recettes. 72 III.3.10.2. Introduire au sein des Inspections Générales des Services l’approche maitrise des risques dans les opérations d’audit des services. La nécessité de sécuriser les procédures conduit à recommander aux directeurs généraux des services mobilisateurs des recettes d’introduire au sein des Inspections Générales des Services l’approche maitrise des risques dans les opérations d’audit des services. Une telle démarche vise à identifier les risques de fonctionnement des services tant pour la mobilisation des recettes que pour l’organisation administrative, à les hiérarchiser selon leur impact et probabilité de survenance pour proposer les mesures d’amélioration. III.3.10.3. Instituer la démarche qualité au sein des services mobilisateurs des recettes La démarche qualité est processus d’amélioration continue des services et prestations rendus. En effet, la maximisation des recettes passe aussi par l’amélioration de l’image reflétée par les services mobilisateurs des recettes. Les directeurs généraux devraient s’engager sur certains aspects de la relation entre l’administration et contribuable ou assujetti. Cette démarche devra être formalisée dans un « référentiel qualité de service » contenant des engagements et des indicateurs d’évaluation. Dans sa phase expérimentale, ce référentiel pourrait contenir les mesures d’amélioration de l’accueil (physique, téléphonique et courriel), de délai de réponse des courriers, ou de publication des informations sur le site internet,… Il pourra englober dans la suite le délai de dédouanement des marchandises, la diffusion de la meilleure information sur les avantages fiscaux et les procédures ou encore la diffusion des prix réels des taxes. Cette liste des recommandations n’est pas exhaustive, au regard de l’ampleur de la fragilité du pays et de la vulnérabilité de ses citoyens. Certes, leur mise en œuvre se heurtera aux pratiques de prédation qui gangrènent le pays depuis l’époque du Président Mobutu, mais elle parviendra à terme à modifier le modèle de gestion. Car, comme l’affirme Pierre JACQUEMOT, le temps « de la reconstruction 73 de l’Etat est peut-être arrivé en RD Congo (…). La classe politico-économique n’a plus guère d’autres choix »119. 119 JACQUEMOT, P., La résistance à la « bonne gouvernance » dans un Etat africain. Réflexions autour du cas congolais (RDC) dans Revue Tiers Monde 2010/4 n°204,p. 144 (pages 129 à 146) 74 CONCLUSION Ce travail intitulé « Crises économiques et politiques et mobilisation des recettes publiques en RD Congo », avait pour but d’évaluer, à travers le budget de l’Etat et le potentiel fiscal, l’effort de mobilisation des recettes de l’Etat de 2001 à 2012. Cette étude se justifie pour plusieurs raisons : - d’abord la RD Congo est un « pays fragile et post-conflit », résultant de cinquante ans de dictature et de guerres civiles, et dont les dirigeants tentent de rétablir l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national en dépit d’une légitimité constitutionnelle acquise depuis 2006. L’exercice d’une telle mission requiert d’importants moyens d’actions financiers pourvus par les recettes publiques ; - ensuite la RD Congo est un pays pauvre, consécutivement à quatre décennies de récession et de prédation. Les efforts de stabilisation du cadre macroéconomique entamée depuis 2001 ne parviennent pas toujours à endiguer la pauvreté qui est devenue un problème de masse. L’enjeu actuel est de transposer la croissance en bien-être des citoyens, à travers notamment une collecte suffisante des recettes publiques et leur meilleure distribution ; - enfin la RD Congo est un pays doté d’énormes ressources potentielles. Sa position géostratégique explique sa survie malgré les successives guerres civiles qu’elle a connues. En effet, la Communauté Internationale n’a pas ménagé les efforts pour éviter sa balkanisation et sa transformation en îlots de non-droits, et par ricochet pour ne pas compromettre l’accès à ses matières premières devenues des biens mondiaux de plus haute importante. Dans ce contexte, l’équation congolaise consiste à éviter le paradoxe de « la malédiction des ressources naturelles »120 en faisant profiter ses ressources géologique à la population, c’est-à-dire de passer du cercle vicieux de la pauvreté et de la fragilité à un Etat stable et en voie de développement. Pour y parvenir, il faudrait, entre 120 Concept évoqué dans l’article précité de Stefaan MARYSSE et Claudine TSHIMANGA, qui se réfèrent aux études de Ross 1999, Sachs & Warner 2001, Brunnschweiler 2008 et Auty 2010 qui répondent à la question suivante « Pourquoi certains pays, royalement dotés en ressources naturelles, n’arrivent-ils pas à faire bénéficier leur population de cette richesse ». 75 autres, réussir à mobiliser suffisamment les recettes publiques générées par les industries extractives et les investir pour les biens sociaux de base. Ce travail a donc tenté d’approfondir la mobilisation des recettes publiques, en apportant des réponses aux questions suivantes : Comment fonctionne le système fiscal congolais et comment se structure son architecture administrative ? Quel a été le comportement des recettes publiques durant la période 2001 à 2012 ? Répondre à ces questions recentre l’analyse sur le rôle de l’Etat en tant que collecteur d’impôts, notamment ceux collectés sur les ressources naturelles. Cela oblige également d’étudier le fonctionnement du système des prélèvements publics en tant qu’un des moyens d’actions financiers de l’Etat pour exercer ses missions tant régaliennes qu’interventionnistes. Ce qui laisse apparaitre l’interaction entre la perception des recettes publiques et l’intervention pour le développement. Par conséquent, le questionnement permanent de ce travail est axé sur, d’une part, l’efficacité de la collecte des recettes publiques, et d’autre part sur leur incidence sur quotidien de la population. Dans le cas de la RD Congo, le présent travail soutient le rôle des recettes publiques, si elles ont bien redistribuées à travers le Budget de l’Etat, non seulement pour refonder un Etat en pleine déliquescence mais aussi pour soulager la misère de la population pour la mise en œuvre d’une administration de qualité et des infrastructures vitaux de base. Dans un contexte économique international où le pays n’a pas accès aux marchés des capitaux, ce travail réaffirme le rôle principal des recettes publiques comme pourvoyeur des moyens d’actions financiers. Il considère également que les ressources extérieures octroyées par l’aide internationale ne doivent être que complémentaires, d’autant plus qu’elles sont volatiles et qu’elles s’amenuisent de plus en plus. Ainsi, l’hypothèse sur laquelle repose ce travail s’articule comme suit : l’augmentation substantielle des recettes publiques est possible. Elle est même obligatoire pour réduire la vulnérabilité des habitants. Ce qui conduit à postuler la poursuite des réformes, la bonne gestion économique et la confiance. 76 Dans ce contexte, l’intérêt de cette étude a été de : - montrer que la situation socio-économique actuelle de la RD Congo remonte d’un passé marqué l’échec des politiques de développement d’un géant africain aux potentialités énormes, qui n’a pas pu opérer son décollage économique aux lendemains de l’indépendance. La dictature et de la prédation des ressources publiques qui s’en sont suivies ont entrainé le pays à la faillite et aux guerres civiles ; - montrer que les réformes économiques entamées depuis 2001 ont permis la stabilité du cadre macroéconomique ainsi que la relance la croissance, et que le système fiscal en a été l’une des composantes essentielles ; - montrer que les ressources publiques ont certes ostensiblement augmenté depuis 2001, mais n’ont pas encore atteint leur niveau maximal ; - formuler des recommandations pour accroître davantage le niveau des recettes publiques. Dès lors, nous pouvons retenir de cette étude ce qui suit : • Sur le plan théorique : - Le cadre juridique du système fiscal congolais a subi de profondes améliorations depuis 2001 : l’institution de la Taxe sur la Valeur Ajoutée en 2012, l’alignement du barème tarifaire sur celui pratiqué dans la région, la fiscalisation progressive du secteur informel, la perception des recettes publiques par les banques. - Il est composé de la fiscalité intérieure, de la fiscalité de porte, des prélèvements non fiscaux (recettes non fiscales), de la fiscalité locale. S’y ajoute la parafiscalité dont le produit n’émarge pas du budget de l’Etat. - La fiscalité locale a connu un nouveau tournant en 2006 avec la Décentralisation déclenchée par la Constitution du 18 février 2006 qui a octroyé aux Provinces des compétences exclusives en matière fiscale. - Les prélèvements non fiscaux contiennent plusieurs actes générateurs des recettes, répartis à tous les échelons de l’administration : le Pouvoir central, les Provinces et les Entités Territoriales Décentralisées. - L’organisation administrative constitue l’un des points de fragilité du système fiscal congolais. La pluralité des services mobilisateurs des recettes, soit quatorze (14) au total, en est l’élément démonstrateur. 77 • sur le plan pratique : - De 2001 à 2012, la mobilisation des recettes publiques connait un accroissement remarquable : les recettes ont augmenté à une moyenne annuelle de 48,3% passant respectivement de 64,4 milliards CDF à 3.612,7 milliards CDF. Le taux des prélèvements rattrape le niveau des autres pays de la région, car il a atteint 20,9% du PIB en 2012 alors qu’il se situait à 7,1% en 2001. - Cet accroissement des recettes n’a cependant pas permis de réduire la vulnérabilité de la population. Seulement 15,48% de ces recettes, soit 1540,9 milliards CDF, a été consacré de 2001 à 2011 aux dépenses d’investissements censées améliorer les besoins sociaux de base. Et même avec l’injection des ressources extérieures à la hauteur de 4.611,3 milliards CDF durant cette période, la RD Congo a pris du retard par rapport à ses cibles à l’horizon 2015 pour ce qui est des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Le rythme de progression est très lent et la RD Congo occupe la dernière place au classement d’indice du développement humain de 2012 et 2013. Ce qui pousse à admettre que l’augmentation des recettes publiques contraste fortement avec la persistance de la pauvreté. - Par ailleurs, en finançant seulement le tiers des dépenses d’investissements, la RD Congo a laissé le sort de son développement aux pays donateurs de l’aide et perd le contrôle de son destin en tant que pays. Il s’agit en fait d’une situation dramatique d’autant plus que le développement de ce pays au cœur de l’Afrique, regorgeant d’immenses ressources naturelles et partageant ses frontières avec neuf autres pays, est considéré comme moteur du développement de l’ensemble des pays subsahariens. - Les recettes publiques constituent en principe l’un des leviers du développement. Mais ce n’est pas encore le cas pour la RD Congo car la mobilisation des recettes accuse des contreperformances par rapport aux prévisions budgétaires et au potentiel fiscal. De 2002 à 2012, les recettes publiques n’ont été mobilisées qu’à 84,63% par rapport aux prévisions budgétaires, lesquelles sont des minima à réaliser, entrainant un manque à gagner de 2.049,9 milliards CDF sur toute la période. Ce manque à gagner est encore plus important si on se réfère au potentiel fiscal puisque l’effort fiscal a été négatif de 2001 à 2012. Le point culminant a été atteint durant l’année 2011, où il a été enregistré un effort fiscal 78 négatif de -10,2% entrainant un manque à gagner de 2.467,7 milliards CDF, soit un montant supérieur à la somme des manques à gagner constatés de 2001 à 2012 sur les prévisions budgétaires. Au regard de ce qui précède, il apparait judicieux de : - améliorer la gouvernance en matière de perception des recettes publiques pour certainement de tripler les recettes publiques. C’est la recommandation principale de cette étude. Elle se traduit concrètement par le recours à la procédure de la commande publique pour attribuer l’exploitation des ressources rares dans les secteurs de télécommunications, des hydrocarbures et des mines. Elle veut aussi par la mise en œuvre d’action diplomatique relever les fonds du financement climatique reçu par la RDC au niveau des autres partenaires comme le Brésil ou l’Indonésie. - Investir dans les infrastructures pour informatiser l’ensemble de la chaine des recettes afin de fluidifier les circuits et réduire les traitements manuels et réduire tant soit peu la fraude fiscale, notamment par la maitrise de la comptabilité des interconnexions téléphoniques tant nationales qu’internationales ou la certification de la qualité des minerais taxés à l’exportation, les guichets uniques dans les postes frontaliers,… - Après la réforme du cadre légal de la fiscalité, s’attaquer à la refonte de l’organisation administrative de la fiscalité congolaise, en privilégiant la cohérence et l’efficacité sur des choix à opérer. Parmi les hypothèses, il y a celle de fusionner tous les services mobilisateurs des recettes pour aboutir à une seule administration fiscale. La formation du personnel, notamment sur les ressources rares et la réforme du système des rémunérations figureraient aussi parmi les priorités. Il s’agit donc d’un axe qui mérite attention pour les prochaines années. 79 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES I. Livres 1. ALBERT. Jean-Luc, Finances publiques, 8ème édition, Paris, Dalloz, 2013. 901 pages. 2. BOSSEKOTA WATSHIA, Rebâtir le Congo-Démocratique : de la bonne gouvernance étatique et du rôle-clé des PME-PMI, Kinshasa, Presses Universitaires « Bel Campus », 1999. 510 pages. 3. BUABUA wa KAYEMBE, Cours de droit économique et social congolais, Université protestante au Congo, 2011. 103 pages. 4. Braeckman, Colette, Terreur africaine. Burundi, Rwanda, Zaïre : les racines de la violence. Fayard, 1996, p 216. 347 pages. 5. MABI MULUMBA, Les dérives d’une gestion prédatrice, le cas du Zaïre devenu la République Démocratique du Congo, Kinshasa, CRP, 1998. 6. MABIALA Umba, Laurent, La TVA. Pratique dans le monde des affaires. Editions CRIGED, Kinshasa, 2011. 418 pages ; 7. OMOMBO OMANA Adrien, Le portefeuille de l’Etat et l’Ajustement Economique de la RDC, Kinshasa, Hippolyte éditeur, 1999. 8. YABILI YALALA ASANI, Code de la Zaïrianisation. Lubumbashi, Mwanga Hebdo, 1973. II. Articles 1. ALFIE ULLOA, MARKUS SCHEUERMAIER et CLAUDE BAISSAC, Contraintes à la Croissance Economique en République Démocratique du Congo dans Résilience d’un Géant Africain : Accélérer la Croissance et Promouvoir l’emploi en République Démocratique du Congo, Volume I. pp.171-226 2. BOUVIER Paul, OMASOMBO TSHONDA Jean et OBOTELA RASHIDI Noël, RDC 2012 : la fracture ? dans Conjonctures congolaises 2012. Politique, secteur minier et gestion des ressources naturelles en RD Congo, Cahiers africains n° 82, 2013, p 241-286. 3. BRUNQUEL Christian, CHAMBAS Gérard et CORNELY Jean-Paul, La modernisation des administrations fiscales, dans Afrique au Sud du Sahara : mobiliser des ressources fiscales pour le développement, Paris, Economica, 2005, pp 193-220. 80 4. BRUNQUEL Christian, CHAMBAS Gérard, CORNELY Jean-Paul, LIOTET Stéphane et RIBAUT Dénis, Administration de l’impôt : problématique d’ensemble, dans Afrique au Sud du Sahara : mobiliser des ressources fiscales pour le développement, Paris, Economica, 2005, p 146 5. CABANNES Xavier, La redevance : de la rémunération du coût du service rendu à la rémunération de la valeur économique de la prestation fournie. Une longue marche vers un prix du marché, dans Réformes des finances publiques et Modernisation de l’Administration. (Mélanges en l’honneur de Robert HERTZOG), Paris, Economia, 2011, p 76 (pp 67-82) 6. Gauthier de Villers, la « communauté internationale » dans l’impasse ? Perspectives critiques, dans Conjonctures congolaises 2012. Politique, secteur minier et gestion des ressources naturelles en RD Congo, Cahiers africains n° 82, 2013. pp287-304. 7. JACQUEMOT Pierre, La résistance à la « bonne gouvernance » dans un Etat africain. Réflexions autour du cas congolais (RDC) dans Revue Tiers Monde 2010/4 n°204,p. 144 (pages 129 à 146) 8. Kabuya (Kalala) et Tshuinza (Mbiye), Les enjeux du financement de la reconstruction de l’Etat et de l’économie formelle, in Notes de Conjoncture, Nouvelles séries, Volume 1, n° 1, octobre 2003, pp. 63- 74; 9. KABUYA KALALA et TSHIUNZA MBIYE, La politique économique revisitée en R.D.C.: pesanteurs d’hier et perspectives, dans L’Afrique des grands lacs. Annuaire 2005-2006, Kinshasa, mars 2006, pp 307-326. 10. KANKWENDA MBAYA, Le FMI dans la crise économique du Zaïre : Bilan et perspectives, dans Analyses Sociales, vol.1 janvier-février 1984, pp 6-18. 11. KAWATA BUALAM, L’endettement extérieur du Zaïre, dans Zaïre-Afrique, n° 237 (1989), p.363. 12. KIKASSA MWANALESSA Francis, le contentieux Belgo-congolais, in CongoAfrique, n° 7, août – octobre 1966. 13. Louis (Michel), L’appui budgétaire : « Et si on essayait le respect et la confiance ? », Commission Européenne, Belgique, 2008. 77 pages ; 14. MARYSSE Stefaan et TSHIMANGA Claudine, La renaissance spectaculaire du secteur minier en RDC : où va la rente minière ? dans Conjonctures congolaises 2012. Politique, secteur minier et gestion des ressources naturelles en RD Congo, Cahiers africains n° 82, 2013, p.40 (pp 11-46) 15. MATON Jean., et SOLIGNAC LECOMTE, CONGO 1965-1999 : Les espoirs déçus du « Brésil Africain ». Centre de développement de l’OCDE. Septembre 2001, p. 1-57. 81 16. MAZALTO, Marie la réforme du secteur minier en République Démocratique du Congo : enjeux de la Gouvernance et perspectives de reconstruction, dans Afrique contemporaine, 2008/3 n°227, p 68 (pp 53-80). 17. MISSER, François Enjeux et défis d’une province pétrolière en devenir, dans Conjonctures congolaises 2012. Politique, secteur minier et gestion des ressources naturelles en RD Congo, Cahiers africains n° 82, 2013, pp 153-158. (pp 147-177). 18. Mukoko Samba, Politiques économiques en RDC : les leçons de trois dernières décennies, in Notes de Conjoncture, Nouvelle série, Volume 1, n° 1, octobre 2003 ; 19. TSHUINZA MBIYE, Le Zaïre aux guichets du Fonds Monétaire International, dans Zaïre-Afrique, n° 138, 1979. 20. TUNDA ya KASENDE, La problématique de la dette extérieure de la République Démocratique du Congo, dans Congo-Afrique, n° 340, (décembre 1999) p.619620 21. VERHAEGEN, Benoit, Les safaris technologiques du Zaïre, dans Gaspillages technologiques (Politique Africaine), Paris, Karthala, juin 1985, p. 71-86. 22. VERHEIJEN,T., MUSA MUNDEDI, F. et Jean-Marie MUTAMBA MAKOMBO, JM., Dynamique institutionnelle, Résilience d’un Géant Africain : Accélérer la Croissance et Promouvoir l’emploi en République Démocratique du Congo, Volume I, Kinshasa, page 93-122. 23. YONABA Salif, le recouvrement des recettes publiques dans les Etats africains, dans Revue Française d’administration publique (ENA), n°144, 2012/4, pp 10431051. III. Documents officiels, Rapports et Etudes III.1. Documents officiels 1. Document de la Stratégique de Croissance et de Réduction de la Pauvreté. (RDC). 2005. 2. Document de la Stratégique de Croissance et de Réduction de la Pauvreté. Deuxième génération, 2011-2015. (RDC). octobre 2011. 3. Lettre d’intention au Directeur Général du FMI. (RDC). Kinshasa, 30 novembre 2013. 4. Mémorandum des politiques économiques et financières 2010-2012. RDC. Kinshasa, 15 juin 2010. 82 5. Plan stratégique de réformes des finances publiques. (RDC-Ministère des Finances). Mars 2010. 6. Programme Intérimaire Renforcé. (RDC). Avril 2001 7. Programme économique du Gouvernement (RDC) 2003-2005 8. Programme de suivi par les services du FMI (RDC) mai 2007. 9. Programme économique du Gouvernement (RDC) 2009-2012. 10. Tableau d’évolution des recettes 2008 du Gouvernement à la Commission paritaire, décembre 2007 Ministère du Budget RDC, III.2. Rapports 1. Banque Centrale du Congo, Rapports d’activités 2010 et 2011 2. DGRAD, Rapport d’activités 2007, Kinshasa, 2009 3. GLOBAL WITNESS, Les forêts de la RDC victimes d’une grande braderie, octobre 2013. 4. International Rescue Committee, « Mortality in the Democratic Republic of Congo: An Ongoing Crisis », 2008. 5. Mission d’observation de l’Union Européenne, Rapport final de la sur les élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011 en République Démocratique du Congo. 6. OCDE, Perspectives économiques en 2012. Promouvoir l’emploi des jeunes. 316 pages 7. OCDE, Perspectives économiques en Afrique 2008. Développement des compétences techniques et professionnelles. 720 pages. 8. OCDE, Suivi des principes d’engagement international dans les Etats fragiles et les situations précaires. Rapport pays 3 : République Démocratique du Congo., 2010. 50 pages. 9. Rapport ITIE – RDC 2010. Novembre 2012. 10. Rapport de la revue trimestrielle du programme de relais consolidation (Ministère des Finances-RDC) décembre 2012, p.4. 11. Rapport Objectifs du Millénaire pour le Développement 2012. Evaluation des progrès accomplis en Afrique dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. (ONU, UA, BAD, PNUD). 83 12. Rapport sur le développement Humain 2013. L’essor du Sud : le progrès humain dans un monde diversifié. (PNUD), Version française. 2013. 214 pages. 13. Résolution 143 du Conseil de sécurité des Nations Unies du 17 juillet 1960. 14. Résolution 1279 du 30 novembre 1999 du Conseil de sécurité des Nations Unies. 15. Résolution 2098 du 28 mars 2013 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. III.3. Etudes 1. AUVIGNE François, Diagnostics sur les régies financières en république démocratique du Congo. Note adressée au Ministre des Finances. Kinshasa, novembre 2011. 2. Assises nationales sur le coulage des recettes publiques. (Rapport Final). RDCVice Primature, Ministère du Budget et Ministère des Finances, Kinshasa du 2 au 4 mai 2013. 3. Banque Centrale du Congo, Le condensé hebdomadaire d’informations statistiques de la Banque Centrale du Congo. n° 02/2014 du 10 janvier 2014. 4. KABUYA KALALA, Evolution des recettes depuis 2001, Conférence animée aux Assises nationales sur les coulages des recettes, Kinshasa, 2 au 4 mai 2013. 5. Ministère du plan, Rapport du le contrat de financement des infrastructures de la R.D.C. Document présenté au Parlement. Décembre 2008. 6. POINTE Gérard, Approche comparative du système fiscal congolais. Présentation lors des Assises nationales sur les coulages des recettes publiques. Kinshasa du 2 au 4 mai 2013. 7. Rapport de la Sous-commission des recettes sur le projet de budget 2011.Commission Economie et Finances. Assemblée Nationale- RDC. Novembre 2011. 8. SEUNG-HUN Chun (Dr), la relance économique de la RDC. Actes du Séminaire à l'intention des membres du Gouvernement, à Zongo, 6 août 2012. 9. Statistiques des régies financières (DGDA, DGI et DGRAD). 84 IV. Textes juridiques 1. Constitution du 18 février 2006 2. Loi 004 du 21 février 2002 portant code des investissements 3. Loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier et Décret n° 038/2003 du 26 mars 2003 portant règlement minier Loi 004-2003 du 13 mars 2003 portant réforme des procédures fiscales. 4. 5. Ordonnance-loi n° 10/001 du 20 aout 2010 portant institution de la taxe sur la valeur ajoutée telle que modifiée et complétée par l’ordonnance-loi n° 13/007 du 23 février 2013. 6. L’Ordonnance-loi n° 13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition 7. Ordonnance-loi n° 13/002 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des droits, taxes et redevances du pouvoir central 8. Décret 0058 du 27 décembre 1995 portant création de la Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations. 9. Décret n° 007/2002 du 02 février 2002 relatif au mode de paiement des dettes envers l'Etat tel que modifié et complété par le Décret n° 011/20 du 14 avril 2011 10. Décret 017/2003 du 2 mars 2003 portant création de la Direction Générale des Impôts et Décret 018/2003 du 2 mars 2003 portant règlement d’administration relatif au personnel de carrière de la Direction Générale des impôts. 11. Décret 09/043 du 03/12/2009 portant création de la Direction Générale des Douanes et Accises 12. Décret n° 011/32 du 29 juin 2011 du Premier Ministre portant suppression des perceptions illégales aux frontières. V. Interviews 1. Tosi MPANU MPANU : président honoraire du Groupe des négociateurs africains au sein de la Convention Climat de l’ONU (2010-2012) et Membre du Conseil d’Administration du Fonds Vert pour le Climat. 85 2. Laurent MABIALA UMBA, directeur du recouvrement de la Direction Générale des Impôts. 3. Fidel RAMAZANI RADJABU, directeur à la direction générale des Douanes et accises. 4. Ephrem LUTETE, conseiller administratif du ministre des finances (2011-2012). 5. KALAMATA KATAMBWE, chef de bureau chargé des recettes pétrolières à la Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations. 86 TABLE DES MATIERES DEDICACE……………………………………………………………………………………………………………………………………………I REMERCIEMENTS …………………………………………………………………………………………………………………………….II SOMMAIRE ……………………………………………………………………………………………………………………………………….III ACRONYMES …………………………………………………………………………………………………………………………………….IV RESUME …………………………………………………………………………………………………………………………………………….V SUMMARY…………………………………………………………………………………………………………………………………………VI INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 1 1. CONTEXTE ........................................................................................................................................ 1 2. PROBLEMATIQUE ............................................................................................................................ 2 3. CHOIX ET INTERET DU SUJET ........................................................................................................... 5 4. OBJECTIFS ........................................................................................................................................ 5 5. HYPOTHESES .................................................................................................................................... 6 6. METHODOLOGIES ............................................................................................................................ 6 7. DELIMITATION DU TRAVAIL............................................................................................................. 6 8. PLAN ................................................................................................................................................ 7 CHAPITRE I : CONTEXTE INSTITUTIONNEL ET ECONOMIQUE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO .................................................................................................................................................... 8 I.1. BREF APERCU SUR L’EVOLUTION POLITIQUE DE LA RDC .................................................................. 8 I.1.1. RDC : 50 ans d’agitation politique .............................................................................................. 8 I.1.2. L’effondrement de l’appareil administratif .............................................................................. 12 I.2. LA SITUATION ECONOMIQUE DE LA RD CONGO ............................................................................. 14 I.2.1. Les espoirs déçus d’un géant économique africain.................................................................. 14 I.2.1.1. Les mesures de nationalisation et de zaïrianisation ......................................................... 15 I.2.1.2. La crise de la dette et les ajustements structurels ............................................................ 18 I.2.1.3. L’effondrement de la Gécamines ...................................................................................... 21 I.2.2. L’effort de redressement économique et de relance de la croissance .................................... 22 I.2.2.1. Le retour de la croissance du PIB ...................................................................................... 23 I.2.2.2. L’annulation de la dette .................................................................................................... 26 I.3. VALEUR ET LEGITIMITE DU POUVOIR PUBLIC CONGOLAIS ........................................................... 27 CHAPITRE II : L’ORGANISATION DU SYSTEME DES RECETTES PUBLIQUES EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE CONGO ...................................................................................................................... 30 II.1. CADRE JURIDIQUE ET ADMINISTRATIF DES RECETTES PUBLIQUES................................................ 30 87 II.1.1. Un système fiscal composé d’un régime de droit commun et de régimes dérogatoires. ..... 31 II.1.1.1. Le régime de droit commun ............................................................................................. 31 II.1.1.1.1. La fiscalité intérieure ................................................................................................. 31 II.1.1.1.2. La fiscalité de porte ................................................................................................... 32 II.1.1.1.3. Les prélèvements non fiscaux ................................................................................... 32 II.1.1.1.4. La fiscalité locale........................................................................................................ 33 II.1.1.1.5. La parafiscalité........................................................................................................... 34 II.1.1.2. Des textes particuliers dérogatoires du régime de droit commun .................................. 34 II.1.2. Une multiplicité des services mobilisateurs des recettes ou «régies financières» ................. 36 II.1.2.1. Une administration fiscale additionnelle aux deux administrations fiscales classiques du Pouvoir Central. ............................................................................................................................. 37 II.1.2.2. Des régies financières particulières dans chaque province ............................................. 38 II.2. SPECIFICITES DU SYSTEME CONGOLAIS DE PERCEPTION DES RECETTES PUBLIQUES.................... 39 II.2.1. Atouts du système congolais de perception des recettes ...................................................... 39 II.2.1.1. La volonté de réformer symbolisée par « le Plan stratégique de réforme des finances publiques ....................................................................................................................................... 39 II.2.1.2. Un système déclaratif auto-liquidé .................................................................................. 40 II.2.1.3. Une législation fiscale adaptée au contexte régional ...................................................... 41 II.2.1.4. L’externalisation de la perception des recettes par le système bancaire ........................ 42 II.2.2. Les faiblesses du système congolais de mobilisation des recettes publiques ........................ 43 II.2.2.1. L’incivisme fiscal ............................................................................................................... 43 II.2.2.2. Multiplicité des prélèvements non fiscaux. ..................................................................... 43 II.2.2.3. Multiplicité des services mobilisateurs des recettes (régies financières). ....................... 43 II.2.2.4. Dualité dans la gestion des phases d’exécution des prélèvements non fiscaux. ............. 44 II.2.2.5. Chevauchement de compétence dans la gestion de certains impôts, taxes et redevances ....................................................................................................................................................... 45 II.2.2.6. Un système de rémunération des agents axé sur les primes d’encouragement ............. 46 II.2.2.7. L’informatisation partielle de la chaîne des recettes ....................................................... 49 CHAPITRE III : LA MOBILISATION DES RECETTES PUBLIQUES EN .......................................................... 51 REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ........................................................................................... 51 III.1. LE CONTRASTE DE L’AUGMENTATION DES RECETTES PUBLIQUES ET DE LA PERSISTANCE DE LA PAUVRETE. ............................................................................................................................................. 51 III.1.1. Une augmentation sensible des recettes publiques ............................................................. 51 III.1.2. Faible poids des recettes courantes sur les dépenses d’investissements. ............................ 54 88 III.1.3. Un pays en retard par rapport aux cibles à atteindre en 2015 relatifs aux Objectifs du Millénaire pour le Développement .................................................................................................. 56 III.2. L’EVALUATION DE LA MOBILISATION DES RECETTES COURANTES. .............................................. 59 III.2.1. Des contreperformances par rapport aux prévisions budgétaires. ....................................... 59 III.2.2. Une faible mobilisation des recettes par rapport au potentiel fiscal..................................... 61 III.3. RECOMMANDATIONS POUR LA MAXIMISATION DES RECETTES PUBLIQUES. .............................. 64 III.3.1. Recourir à la procédure d’appel d’offres dans la vente des ressources rares. ...................... 65 III.3.2. Fusionner les services mobilisateurs des recettes ................................................................ 66 III.3.2.1. Fusionner la Direction Générale des impôts et la Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations. ..................................................... 66 III.3.2.2. Intégrer au sein de l’administration fiscale unifiée les services des ministères chargés de l’établissement de l’assiette et de la taxation des prélèvements non fiscaux. ............................. 67 III.3.2.3. Fusionner l’administration fiscale unifiée les services provinciaux de mobilisateurs des recettes.......................................................................................................................................... 67 III.3.3. Renégocier à la hausse les financements climatiques ........................................................... 67 III.3.4. Investir dans les infrastructures de contrôle.......................................................................... 68 III.3.5. Réviser le code minier pour en retirer les clauses fiscales. .................................................... 69 III.3.6. Canaliser vers le Trésor Public les dividendes perçus par la Gécamines au titre d’actionnaire dans divers joint-ventures. ................................................................................................................ 69 III.3.7. Rétablir l’autorité de l’Etat dans le secteur d’exploitation artisanale des minerais .............. 69 III.3.8. Réduire le nombre des prélèvements non fiscaux ................................................................. 70 III.3.9. Réformer le système de rémunération et lutter contre l’impunité ....................................... 71 III.3.10. Informatiser le circuit des recettes ...................................................................................... 72 III.3.11. Adopter les modalités de pilotage plus efficace des services mobilisateurs des recettes. . 72 III.3.10.1. Elaborer un Document d’Orientations Stratégiques, à l’instar de la DGDA qui en élabore depuis dix ans. .................................................................................................................. 72 III.3.10.2. Introduire au sein des Inspections Générales des Services l’approche maitrise des risques dans les opérations d’audit des services. ......................................................................... 73 III.3.10.3. Instituer la démarche qualité au sein des services mobilisateurs des recettes ............ 73 CONCLUSION ......................................................................................................................................... 75 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ......................................................................................................... 80 TABLE DES MATIERES ............................................................................................................................ 87 89