Poste de travail: l`avènement du client mi-lourd
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Poste de travail: l`avènement du client mi-lourd
DOSSIER Analyse Débat Décryptage Client riche, client léger, deux approches différentes P 16 Le modèle client Web est-il aujourd’hui suffisant ? P 20 Microsoft adapte le modèle Web à ses besoins P 22 DR Poste de travail : l’avènement du client mi-lourd Complexe à administrer, démesuré par rapport aux besoins, le poste de travail classique – client lourd – perd du terrain face au client léger, où tout réside sur le serveur, et au client Web, où un navigateur suffit pour accéder à un portail de services. Mais ces solutions ne conviennent pas à tous les usages et pourraient se voir supplantées par l’approche hybride défendue par Microsoft : un client mi-lourd, à l’aise tant en mode connecté qu’en mode déconnecté. www. lemondeinformatique.fr N° 1061 • 11 mars 2005 • LE MONDE INFORMATIQUE 15 DOSSIER | Poste client Analyse Client riche, client léger, deux objectifs différents Les architectures client léger et client riche ont en commun de chercher à simplifier l’administration des postes de travail. La première a prouvé son efficacité sur le court terme, la seconde est encore en phase de maturation. n informatique, les bonnes idées ne meurent jamais. Un retour de balancier menace l’équilibre actuel du couple client-serveur. Côté utilisateur, le PC sous Windows croule sous une multitude d’applications, dont certaines, comme la messagerie instantanée, ont été installées à l’insu de la direction informatique. Côté administrateur, les coûts d’exploitation explosent du fait des mises à jour et de la gestion des correctifs, surtout quand il s’agit de parcs micros contenant des milliers de machines. A tel point que certaines grandes entreprises se sont d’ores et déjà lancées dans des projets structurants destinés à centraliser le contrôle et la gestion de leurs applications utilisateurs sur la partie serveur. Une sorte de retour aux sources au temps du mainframe tout puissant ou des terminaux X du monde Unix. Deux stratégies sont possibles. L’une vise les économies à court terme, c’est le recours à une architecture dite client léger, très en vogue actuellement. L’autre, nettement plus structurante, y compris pour les applications métier de l’entreprise, est encore dans les limbes. Elle s’appuie sur l’interaction entre les portails et des logiciels clients dits “riches”. Centraliser les applications pour réduire les coûts La question peut se poser par exemple à l’occasion du changement de parc des postes de travail, qui intervient en théorie tous les trois ou quatre ans. L’opération est lourde, souvent complexe et onéreuse. Il faut prévoir d’installer les nouvelles machines, de les configurer, puis de gérer leur maintenance, la sauvegarde des données disséminées sur chaque PC, et leur sécurité au quotidien. Avec, à la clé, des coûts récurrents d’administration, de mise à niveau, de support technique et de gestion de correctifs. Pour les directions informatiques qui cherchent à réduire les dépenses, la tentation est forte de vouloir sortir de ce cercle infernal en centralisant toutes les applications et les données au niveau d’une ferme de serveurs. Les mises à jour sont ainsi effectuées une seule fois pour tous les utilisateurs. Du pain béni pour l’éditeur Citrix, le champion de l’architecture client léger, qui a réalisé en France une croissance record de plus de 30% de son chiffre d’affaires en 2004. Les 16 Marc Guillaumot E LES ACCÈS CLIENTS LÉGERS, BON PLACEMENT POUR LES CLIENTS ÉCONOMES la Caisse d’épargne Ile-deA France Paris (photo ci-dessus), il s’agissait de centraliser les applications au siège, sous Windows 2000. S’est alors posé le problème du mode d’accès, les agences étant équipées de postes sous OS/2. L’infrastructure d’accès MetaFrame de Citrix a résolu le problème. Aujourd’hui, les postes clients sont des terminaux clients légers. Citrix et Tarantella, les principaux fournisseurs de logiciels clients légers, fourmillent d’histoires de la sorte. Le plus souvent, il est question de réaliser des économies. Le groupe de transport et de logistique Sernam dit avoir réalisé une économie d’un million d’euros par projets portant sur plusieurs milliers d’utilisateurs ne font plus figure d’exceptions, dans les banques, les caisses de retraites, ou chez les opérateurs. Même SAP, en tant qu’entreprise, s’est laissé tenter par les perspectives de réduire ses coûts de 30 % en centralisant une quarantaine d’applications… dont SAP. Un recyclage des vieux PC La technologie permet de déporter sur des serveurs MetaFrame sous Windows les applications qui tournent ha- LE MONDE INFORMATIQUE • N° 1061 • 11 mars 2005 an grâce au déploiement de clients légers dans ses 108 sites en France. La société de maintenance aéronautique TAT Industries estime économiser entre 350 et 450 euros par poste de travail et par an. Insensible aux virus, impossible à bidouiller, un client léger diminue sensiblement le recours à l’assistance technique. De même, il élimine les besoins de déplacement sur site et les prestations de mises à jour. Il faut cependant disposer d’un budget initial élevé (investissement dans une infrastructure serveur et stockage centralisée, licences serveurs en plus des licences clients) et ne compter sur les économies R. F. ET O. R. qu’à moyen terme. bituellement sur les postes de travail (il faut quand même s’acquitter d’autant de licences logicielles que d’utilisateurs simultanés). Ceux-ci n’ont besoin que d’un unique logiciel client (disponible pour un PC sous Windows, un ordinateur Macintosh, des stations de travail sous Unix ou Linux, des périphériques sans fil ou des PDA…), qui communique avec le serveur par un protocole propriétaire, ICA (ou RDP pour l’offre Microsoft Terminal Server, développée à l’origine par Citrix). Plus récemment, l’offre serveur MetaFrame s’est étoffée en une véritable suite logicielle, avec gestion des mots de passe, accès Web et travail collaboratif. C’est le concept de l’informatique client léger, en tant qu’infrastructure d’accès, à ne pas confondre avec le client léger en tant que tel, qui désigne un PC simplifié, sans disque dur, comme on en trouve chez Wyse, Neoware, HP, Sun (Sun Ray) ou Fujitsu Siemens, et qui s’appuie généralement sur une infrastructure logicielle de type Citrix. L’un peut aller sans l’autre. D’ailleurs, dans la grande majorité des cas, les entreprises qui optent pour une architecture client léger décident d’installer un client ICA sur leurs PC existants, qui peuvent ainsi continuer à servir pendant encore deux à cinq ans supplémentaires. C’est le cas chez France Télécom (60 000 postes), où de nombreux vieux PC ont été habilement recyclés, et relookés agrémentés d’un écran plat et d’un clavier sans fil flambant neufs. Une solution adaptée à la mobilité L’architecture client léger permet ainsi à n’importe quel terminal doté d’un client ICA ou RDP d’accéder à des applications client exécutées sur un serveur. C’est valable sur le réseau local (LAN) comme sur le réseau étendu (WAN), dans le cas d’entreprises multisites. La consommation de bande passante du protocole ICA par utilisateur étant relativement réduite (moins de 20 Kbit/s), la solution s’adapte désormais à la mobilité comme en témoigne le récent lancement chez France Télécom d’un forfait illimité aux applications sous Citrix pour les connexions 3G, Wi-Fi et GPRS. Elle s’étend aussi au Web, avec les solutions Nfuse de Citrix qui permettent d’accéder à des applications sur le Web par téléchargement d’un client ICA. Certaines entreprises, comme la Caisse d’épargne Ile-deFrance ou Vediorbis, publient même des navigateurs Web sur des serveurs MetaFrame, en frontal d’un portail ou de serveurs d’applications “webisées” de type Siebel. L’avantage est double : d’une part, le trafic ICA entre le client et le serveur est plus faible que celui généré par HTTP, et d’autre part la mise à jour du navigateur, en cas d’alerte sécurité, ne nécessite qu’une seule intervention au niveau du serveur MetaFrame. www.lemondeinformatique.fr Chiffres clés Qui allège le client ? Le marché des postes clients légers en France Parts de marché des logiciels clients légers pour Windows En nombre de sites français équipés (*) et de machines installées Nombre de sites Nombre de machines Wyse 222 9 458 IBM 186 6 965 140 3 184 Autres 90% HP/Compaq 126 3 538 NCD/Neoware 117 4 925 60% Dell 27 1 002 50% Fujitsu Siemens 10 508 Sun Microsystems 9 207 8 274 VXL 8 160 8 Esesix Total : 115 1 3 862 30 339 (*) Harte Hanks Market Intelligence recense le parc informatique des 24 000 plus grands sites en France (grands comptes et grosses PME). 85% 82% 79% 78% 74% 71% Hermitage Solutions Citrix et Microsoft (*) 40% Ce spécialiste de Linux distribue en France Win4Lin Terminal Server. Ce dernier permet d’exécuter sur un serveur Linux des applications Windows, auxquelles les utilisateurs accèdent grâce au système X Window. Microsoft seul 30% Source : Forrester Research Inc. Bull En pourcentage du nombre de licences total (nouvelles ventes et renouvellements) 80% 70% Acer Source : Harte Hanks 100% Citrix L’offre s’appuie sur la technologie de déport d’écran des serveurs MetaFrame, à laquelle sont venus se greffer des services de sécurisation en SSL, d’authentification unique, de portail, d’accès aux contenus… 27% 24% 20% 15% 17% 19% 3% 4% 3% 10% 10% 5% IBM Autres 2% La stratégie WorkPlace Client observe les canons de la centralisation (attribution des droits depuis le serveur, télédistribution de rustines, supervision de la sécurité…), mais impose toutefois l’installation d’une couche middleware sur les postes clients : un environnement de services, des interfaces de programmation, un mini serveur d’applications, un gestionnaire de données dérivé de DB2, etc. 2% 0% 2000 2001 2002 2003 2004 (*) 85% du chiffre d'affaires réalisé par Microsoft dans ce domaine provient désormais d'une vente Citrix, d'après les analystes de Forrester. 2005 20 à 25 % 25 à 30 % La croissance annuelle des ventes mondiales de clients légers d’ici à 2006 (source : Gartner, novembre 2004). La proportion de terminaux, parmi les postes de travail, utilisés comme clients légers (source : Gartner, novembre 2004). Softricity Globalement, les arguments de l’architecture client léger sont essentiellement liés aux économies que l’on peut réaliser en coûts sur la mise à niveau des postes de travail, en maintenance applicative et en support. Même si l’architecture apporte également sur le plan technique des réponses très intéressantes en termes de haute disponibilité (équilibrage de charge), de sécurité (mot de passe unique) et d’accès mobile. Il faut par ailleurs être conscient que cette approche nécessite la constitution (et l’administration) d’une véritable ferme de serveurs MetaFrame, qui peut atteindre la centaine de serveurs rack ou de serveurs lames lorsque le nombre d’utilisateurs dépasse plusieurs milliers, chaque serveur MetaFrame ne gérant en pratique que 30 à 100 utilisateurs. Le coût dépend également du niveau de service voulu pour les applications. Dans certains cas, il faudra par exemple prévoir d’investir dans des dispositifs de qualité de service sur le WAN pour donner la priorité aux flux Citrix sur d’autres flux comme la messagerie par exemple, ou se lancer dans des processus de maquettage, de tests de non-régression pour valider la stabilité de telle ou telle application métier sur un serveur MetaFrame. Bref, la solution miracle n’existe pas. “Pour ne pas passer à côté Le client riche WorkPlace d’IBM, entièrement personnalisable, est une extension du portail sur le poste de travail. SoftGrid for Terminal Servers complète les offres Citrix et TSE, en permettant de consolider les applications serveurs. SoftGrid répartit la charge entre les serveurs et les postes clients pour permettre d’aller au-delà des possibilités théoriques de Citrix et TSE. Sun Un poste de travail Sun Ray ne contient ni disque dur, ni système d’exploitation, ni applications locales. Les applications sont centralisées sur un serveur Sparc/Solaris, les données utilisateur sont stockées sur le réseau, et les paramètres sur une carte Java. Tarantella des bénéfices d’une architecture client léger, il faut impérativement faire une étude préalable, car dans certains cas la migration peut coûter cher”, prévient Vincent Malka, ingénieur avantvente chez l’intégrateur D-Fi. Pouvoir accéder à des services composites L’autre solution de centralisation des applications repose sur une évolution future du portail d’entreprise. L’avantage par rapport au client léger, c’est la possibilité d’accéder à des services composites, intégrant plusieurs applications ou services Web au niveau du serveur. Reste qu’aujourd’hui, l’accès aux applications à travers le portail s’effectue à l’aide d’un navigateur Web utilisé comme client universel. Compte tenu des temps de réponse du protocole HTTP, ce schéma ne permet pas de centraliser les applications bureautiques, qui restent la plupart du temps en local, à moins qu’elles ne soient publiées sur un serveur MetaFrame, dans le cadre de solutions hybrides. La DSI ne peut donc pas faire l’économie des coûts de mise à jour sur Issu de SCO (après la vente du nom et des Unix à Caldera), Tarantella est depuis le rachat de New Moon en 2003 le principal concurrent de Citrix, notamment sur Unix. VMWare ACE (Assured Computing Environment) est une machine virtuelle installée sur le poste de l’utilisateur, qui contient sous forme cryptée l’OS, les applications et les données que l’administrateur aura sélectionnées. Suite page 18 ➤ www.lemondeinformatique.fr N° 1061 • 11 mars 2005 • LE MONDE INFORMATIQUE 17 DOSSIER | Poste client ➤ son parc. Par ailleurs, les performances sont souvent insuffisantes pour permettre un accès mobile aux applications critiques dans de bonnes conditions. Le client riche veut réunir le meilleur des deux mondes La réponse des éditeurs de portails et de serveurs d’applications, IBM en tête avec son offre WorkPlace, est de défendre le concept de client riche. L’objectif est de réunir le meilleur des deux mondes, la facilité de navigation du Web d’une part, et la richesse applicative et les performances du client lourd de l’autre. Dans le principe, le poste de travail n’a besoin que d’un seul logiciel client qui gérera l’exécution, en mode connecté ou non, de l’ensemble des applications et services. La mise à jour, la synchronisation et la sauvegarde sont gérées automatiquement de manière centralisée, à partir du portail-serveur d’applications. Chez IBM, ce client riche se présente sous la forme d’un mini “portail local”, avec un mini serveur d’applications, une mini base de données, et des mécanismes de synchronisation serveur (SyncML) avec le portail. Il comprend également une suite de logiciels bureautiques, collaboratifs et de gestion de documents, sous la forme de composants prêts à l’emploi pouvant se greffer sur des services provenant d’éditeurs tiers (progiciels de gestion intégrés ou de gestion de la relation client), ou des applications métier. Le tout dans un environnement de développement Java, basé à 100 % sur Eclipse. “WorkPlace est une architecture de bout en bout, c’est une extension en local du portail Web vers n’importe quel terminal : un PC sous Linux ou Windows, un Macintosh, un PocketPC, un Palm”, précise Thomas Coustenoble, chef de produit chez IBM Lotus France. En revanche, le modèle client riche récupère également un inconvénient non négligeable du client lourd, à savoir la nécessité de continuer à faire évoluer régulièrement son parc de postes de travail, avec des capacités importantes en termes de mémoire et de ressources de stockage. Contrairement au client léger. Au final, il apparaît que les deux architectures ne répondent pas tout à fait aux mêmes objectifs. La mise en œuvre d’une architecture client léger constitue souvent un moyen immédiat pour la DSI de se simplifier la vie et de réduire ses coûts. A l’opposé, l’architecture client riche, dans la lignée du portail d’entreprise, intéresse davantage les directions métier dans le cadre d’une réflexion stratégique plus large sur la manière d’optimiser les applications de l’entreprise et, plus généralement, ses processus. Les projets sont évidemment à plus long terme. Cela tombe bien, car l’offre n’est pas encore tout à fait mature. ● JEAN-LUC ROGNON 18 POUR EN SAVOIR PLUS LES PLUS DU CLIENT LÉGER LES MOINS DU CLIENT LÉGER • Connexion rapide et simple au réseau et aux applications et données centrales. • Aucune donnée en local (pas de risque de vol, ou de perte en cas de panne). • Administration entièrement centralisée. • Sauvegarde des données et des applications assurée sur le serveur central. • Mises à jour du matériel et des logiciels en une seule fois depuis le serveur central. • Les clients légers sont mis en route par un simple bouton, pas de parties mobiles ou de disque dur. • Insensibles aux attaques des virus. • Les clients légers ont une durée de vie moyenne de 5 à 7 ans. • Facilite l’externalisation de la gestion de parc. • Nécessité d’optimiser les connexions réseau, notamment les réseaux distants et les flux d’impression. • Infrastructure serveur importante à prévoir. • Devient totalement inutile en cas de problème de connexion ou de couverture réseau. • Bride les possibilités de personnalisation par l’utilisateur. • Inadapté aux futures applications produisant et consommant des services Web. • Problèmes éventuels de certifications d’applications, nécessité de valider la stabilité. • Ne devient intéressant qu’au-delà d’un certain nombre d’utilisateurs aux besoins comparables. • Nécessite un accompagnement humain auprès des utilisateurs, administrateurs locaux… ■ www.wyse.fr/wyse/literature/ whitepapers Le constructeur donne accès à plusieurs études, rédigées notamment par des analystes de Butler Group et Bloor Research. ■ www.thinclient.org Informations en anglais et pointeurs vers des annonces ou articles liés au client léger. Possibilité de souscrire à un flux d’information (RSS). ■ Citrix MetaFrame XP (FR3) Installation, configuration et administration, par Marc Stoik, chez Eni éditions, est destiné aux administrateurs réseaux devant mettre en œuvre le serveur de présentation de Citrix. Prix : 27,14 €. ■ www.microsoft.com/NET/ SmartClient/Benefits.mspx Microsoft a commandité une étude auprès de Jupiter Research sur le concept de “smart client”. Quatre solutions pour enrichir le client Web omment enrichir le navigateur Web pour atteindre l’ergonomie des applications natives tout en conservant les avantages des architectures distribuées (indépendance de la couche de présentation, déploiement sans douleur, standards du Web…) ? C 1 Les appliquettes Java représentent l’approche classique. Sur le client, le seul prérequis est une machine virtuelle Java (JVM). Côté serveur, un container de servlets tel que Tomcat peut suffire. Cette solution offre une grande simplicité de programmation et de déploiement. Mais les interfaces graphiques en Java sont loin d’atteindre la rapidité des interfaces Windows ou Flash. Citons, dans cette catégorie, des produits tels que UltraLightClient de Canoo, AltioLive Presentation Server de Altio, Nexaweb Client de Nexaweb. plug-in sur le poste 2 Des client constituent une tentation forte. Ainsi, Eclipse Rich Client Platform (RCP) installe deux plug-in. Ce projet Open Source est issu de l’atelier Eclipse auquel il emprunte le framework et les composants graphiques pour développer des applications Internet riches. Eclipse RCP sert également de base pour le poste utilisateur d’IBM, WorkPlace Client Technology Rich Edition (WCTRE), environnement d’exécution destiné à remplacer l’interface de Windows. LE MONDE INFORMATIQUE • N° 1061 • 11 mars 2005 A partir de son langage de description MXML, Macromedia Flex génère des interfaces riches en Flash : glisser-déposer, rafraîchissement et calculs instantanés… Un navigateur intégrant sa 3 plate-forme d’exécution comme Mozilla Firefox peut se substituer à Internet Explorer et apporter certaines technologies, comme XUL, son langage XML de description de l’interface graphique. XUL, sous la bannière de l’Open XUL Alliance, draine de nombreux projets de clients riches en Open Source : Mozilla, Luxor, SwixML, Thinlet, MyXAML… Décrire l’interface utilisateur en XML en se basant sur des composants préinstallés, c’est aussi la démarche adoptée par Microsoft avec XAML dans son prochain OS Longhorn. Pour l’heure, la firme de Redmond vante timidement sa technologie smart client (voir page 22). 4 La technologie Flash, dédaignée par les développeurs pour son image de gadget pour créatifs, offre pourtant l’avantage d’être présente sur la quasi-totalité des navigateurs et des OS, et d’être à la fois légère et rapide. Flash gagne ses galons de client riche grâce à la technologie Flex de Macromedia. Ce serveur de présentation s’intercale entre un serveur d’applications J2EE (bientôt .Net) et le serveur Web. Le langage de description d’interface Macromedia XML (MXML) permet de générer à la volée une interface utilisateur en Flash qui sera exécutée sur le poste client par le plug-in Flash Reader. Contrairement à XUL, l’interprétation et la génération de l’interface se fait côté serveur. Cette solution apparaît comme la plus aboutie : haute programmabilité (Java, XML), déploiement aisé (Flash) et bonne ergonomie de l’interface (Flash). Son seul handicap est d’utiliser un format propriétaire. A noter que le projet Open Source Lazlo utilise également un langage XML (LZX) pour générer des applications Flash côté serveur. ● PIERRE TRAN www.lemondeinformatique.fr DOSSIER | Poste client Débat Le modèle client Web est-il aujourd’hui suffisant ? Laurent Chaumereuil, DR DR responsable produits pour la gamme x86 de Sun Microsystems France OUI ’ approche L client Web permet aux entreprises d’être plus flexibles et aux collaborateurs d’être plus performants. Dans ce modèle, tous les services [ceux que rendent les applications, NDLR] se trouvent accessibles à tout moment et indépendamment de la position géographique du collaborateur. L’approche client Web permet ainsi aux utilisateurs de s’affranchir des équipements matériels utilisés pour accéder aux services : poste de travail classique, client léger ou encore assistant personnel. Evidemment, cette mutation nécessite quelques aménagements dans l’architecture informatique classique. Il faut transférer une partie de “l’intelligence” qui 20 L’approche client Web fait la part belle au Jean-Christophe Cimetière, navigateur au détriment des applications chef de produit plate-forme .Net clientes traditionnelles. Mais rencontre une vive chez Microsoft France opposition, menée par le duo Microsoft-Intel. se trouve sur les postes clients vers le réseau de l’entreprise. Dans ce modèle, les applications se transforment ainsi en “services”, le plus souvent accessibles L’effort de maintenance du poste de travail est quasi inexistant dans le cas du client Web. au travers d’un portail. Cette approche n’est pas nouvelle pour Sun. Cela fait vingt ans que le constructeur y travaille. L’évolution technologique actuelle lui donne raison, même si certains s’y opposent. Microsoft, par exemple, a une approche différente. L’éditeur tire une part importante de ses revenus des produits installés sur le poste client. Il est normal qu’il ne préconise pas l’approche client Web. LE MONDE INFORMATIQUE • N° 1061 • 11 mars 2005 Le client Sun Ray de Sun (à droite) dispose d’un emplacement pour insérer une Javacard, qui contient le profil utilisateur. De son côté, Microsoft lance Click-Once pour gérer les paramètres d’administration et de déploiement des smart clients (ci-dessus). our la gestion et le suivi de ses projets, l’Afnor a choisi son camp entre le client Web et le client riche : ce seront les deux. Les chefs de projet de l’Agence française de normalisation utilisent un client Web pour saisir les informations relatives aux projets qu’ils supervisent. Les administrateurs s’appuient, quant à eux, sur un client riche pour visualiser et gérer des plannings très lourds, ce qui est impossible avec une interface Web. Le cas de l’Afnor reflète bien la situation des entreprises. Ces dernières lorgnent avec intérêt sur le concept client Web, et pour cause. Les applications accessibles par des navigateurs sont plus simples à installer et à suivre que des applications sur le poste client. En outre, le matériel du poste client perd de son importance. Les applications, aussi appelées services dans ce modèle, fournissent le contenu par le réseau. Les administrateurs, pour leur part, apprécient ce modèle qui leur simplifie les tâches de déploiement, de mise à jour et d’administration. Cette approche entraîne donc une baisse des coûts de revient au niveau du poste client. P Ce modèle présente néanmoins quelques inconvénients. En premier lieu, les applications doivent être accessibles au travers d’un portail, avec un système d’authentification unique, ce qui est loin d’être systématique. Ensuite, l’ergonomie d’affichage peut se révéler insuffisante. Voir midi à sa porte Ces raisons ont notamment poussé certains éditeurs et constructeurs à prôner l’approche client riche. Sous ce modèle, les applications s’exécutent localement sur l’ordinateur client et utilisent les ressources de la machine. Les applications s’affranchissent des contraintes liées au réseau. En fait, le positionnement des éditeurs et les constructeurs vis-à-vis de l’une ou l’autre approche est avant tout dicté par leur modèle économique. Les fournisseurs plus orientés serveurs que postes de travail poussent le concept client Web. A l’inverse, le couple Microsoft-Intel mène la résistance en insistant sur l’importance de disposer d’une certaine puissance sur le poste client pour traiter des informations en mode déconnecté. ● NON e modèle L client Web n’est pas suffisant bride l’ergonomie. Le recours au DHTML et aux scripts pour les entreprises. complexifie la tâche Pour commencer, il des développeurs qui ne fonctionne que si doivent par là même le client se trouve acquérir de nouvelles connecté au réseau. compétences. L’utilisateur n’accède Bien que le support donc plus à ses du modèle client Web informations lorsqu’il est déconnecté. Et Le concept Smart l’Hexagone est loin Client reprend le d’être couvert meilleur des entièrement. approches client Considéré parfois Web et client riche. comme le modèle de développement reste une priorité, universel, ce modèle toutes ces raisons atteint justement ses ont poussé Microsoft limites lorsqu’il est à proposer une voie utilisé dans le alternative qui a contexte de donné naissance au nomadisme. Second “smart client”. Ce frein à son adoption, modèle prend le l’ergonomie peut se meilleur des révéler insuffisante approches client Web dans certains cas par et client riche. Avec rapport aux clients ce client intelligent, riches. l’utilisateur bénéficie Afin de respecter d’une ergonomie les standards adaptée à ses supportés par les besoins. navigateurs, L’administrateur, lui, l’interface de retrouve la facilité de présentation repose déploiement et essentiellement sur d’administration du du code HTML, ce qui modèle client Web. XAVIER BOUCHET www.lemondeinformatique.fr DOSSIER | Poste client Décryptage Microsoft s’adapte au Web Le “Smart Client” permet à Microsoft de se démarquer à peu de frais de l’image négative du client lourd. G sont les applications phares du client hybride prôné par Microsoft. A première vue, rien ne distingue donc le Smart Client du client lourd traditionnel, équipé de Windows et Office. Côté matériel, toutefois, le PC peut être remplacé par un client plus mobile, à condition que ce dernier dispose d’une puissance de traitement et d’une capacité de stockage suffisantes. Mais les différences apparaîtront surtout avec la généralisation du modèle .Net, avec .Net 2.0 et Visual Studio 2005, attendus cette année. Un client équipé du “Framework .Net” apparaît bien plus simple à administrer. Les applications peuvent être déployées sans modification de la base de registre, ni impact sur des ressources partagées comme les DLL (bibliothèques de liens dynamiques, dont les conflits récurrents ont généré l’expression “enfer des DLL”). Plusieurs versions d’un composant pouvant même coexister. Une application peut ainsi être déployée par simple copie de fichier depuis le serveur, ts lourds Clien Importante empreinte mémoire Difficultés de déploiement Source : Microsoft artner pense, à l’instar des analystes de Zapthink, que l’émergence des architectures orientées services entraînera le retour à des postes clients plus lourds, consommant ou publiant des données sous forme de services Web. La prédiction tombe à pic pour Microsoft, qui tente d’imposer son concept de Smart Client. Un client sans les principaux défauts du client lourd traditionnel, notamment en termes d’administration, mais beaucoup plus riche qu’un client léger sans disque dur ou un client Web. Connecté au serveur, il échange des données, synchronise la messagerie et l’agenda, voire se met à jour. Déconnecté, il permet de travailler sur les données ou de préparer des messages qui seront envoyés lors de la reconnexion. Le concept était au cœur d’Office System Developer Conference, début février, que Microsoft consacrait à sa suite bureautique et son environnement. Car Word 2003, Excel 2003 et Infopath 2003 Entre lourd et léger : smart Enfer des DLL Clients lég ts hybrides (Smart clients) ers Clien Support des services Dépendance Web et des modes envers connecté/déconnecté Capacité Richesse le réseau à toucher de l'interface un maximum de clients Pauvreté de Productivité élevée Gestion simple l'interface du développement des changements Facilité de déploiement Réactivité Adaptabilité aux matériels clients Complexité du développement Microsoft affirme reprendre le meilleur des deux mondes. Mais omet le principal avantage du client Web : il suffit d’un client HTML et d’un serveur Web quelconques. lorsque le client s’y connecte (technologie ClickOnce). Microsoft admettant tout de même que des logiciels sensibles, par exemple des pilotes, devraient plutôt être installés de façon traditionnelle. Le modèle .Net implique aussi des échanges de données au format XML. Dissocier la couche de présentation, le format des documents et l’application cliente des données est une grande avancée de ce modèle. Cela facilite la colla- boration, y compris avec des utilisateurs de technologies non Microsoft ou des applications back-office capables d’échanger en XML. Les applications s’appuyant sur ces avancées sont encore peu nombreuses. Microsoft incite ses partenaires à développer des solutions verticales. La majorité des entreprises utilisant encore Office 97, ces solutions ont le temps de mûrir. ● OLIVIER RAFAL Veille Les PC lames de HP en phase de test l y a un an environ, HP lançait sa solution CCI (Consolidated Client Infrastructure) pour résoudre les problèmes du client lourd. L’idée du constructeur est de déporter les PC vers des salles serveurs, sous forme de lames insérées dans des châssis, en ne laissant sur les bureaux que des clients fins : clavier, souris, écran et le strict nécessaire en matière de puissance et de connectique. Chaque “PC blade” est pourvu d’un système d’exploitation et des applications utilisateurs classiques. En revanche, les données sont enregistrées à part, au sein d’un SAN. Après s’être identifié, l’utilisateur peut donc travailler depuis n’importe quel client fin. En cas de panne, du client, du réseau ou d’une lame, l’utilisateur peut se connecter sur une autre lame depuis son client ou un autre et récupérer ses documents (au dernier enregistrement). Le coût initial est d’environ 1 500 dollars par utilisateur, déploiement compris. La solution CCI est pour l’heure uniquement disponible en Amérique du Nord. Et pas par manque d’intérêt, nous a répondu HP : “Afin de nous assurer que les ressources adéquates sont en place pour assurer un service satis- I 22 LE MONDE INFORMATIQUE • N° 1061 • 11 mars 2005 Les PC lames (blades) de HP, sous XP Pro, sont accessibles au travers du protocole Windows RDC. faisant aux clients de CCI, nous nous consacrerons dans les prochains mois à la réussite d’un nombre limité de déploiements de grande envergure [...]. En outre, un déploiement significatif est en cours dans un certain nombre de groupes de travail au sein de HP. En phase avec notre engagement de répondre aux besoins des marchés locaux en fournissant le bon produit au bon moment, nous surveillerons l’impact de ces déploiements afin d’évaluer l’opportunité d’introduire CCI sur d’autres marchés, y compris EMEA.” Pour l’heure, la solution n’apparaît intéressante qu’à partir de 1 000 utilisateurs. Et encore, en déplaçant simplement la localisation du PC, elle n’apporte qu’une partie des avantages du client léger. ● OLIVIER RAFAL www.lemondeinformatique.fr