les tropiques, les tropiques

Transcription

les tropiques, les tropiques
42, rue Scheffer
75116 Paris
Téléphone :
01 53 70 20 22
Télécopie :
01 53 70 21 44
www.cirad.fr
Crédit photos et illustrations
(de gauche à droite et de haut en bas)
Les tropiques, l’autre jardin
(pp. 2 et 3) :
Illustration originale de Terri Andon –
Zébus Afar, © Cirad-Emvt – PluieAverse, © Sunset – Désert, Brossard,
© Sunset – Savane à Madagascar,
C. Lanaud, © Cirad – Ouragan El Niño,
© Weather Stock/Sunset – Lutte contre
l’ensablement au Maroc, V. Dollé,
© Cirad – Ouragan Georges, Weather
Stock, © Sunset – Illustrations originales
de Helen Larkins.
Les tropiques, une histoire
(pp. 4 et 5) :
Groupe de bovidés, Sahara, Acacus,
Lybie (environ 2000 avant notre ère),
© Y. et C. Gauthier – Outils
préhistoriques, © Agropolis Museum –
Le Jardin d’essai d’Alger. Carte
postale – Scène de labourage en
Égypte. L’Illustration, 1847
(Bibliothèque municipale de
Montpellier) – Liste des plantes
cultivées, extrait du Rapport du Jardin
d’essais de Camayenne, Guinée
française, 1899 (Document Cirad) –
Greffage d’orangers dans les serres de
l’Institut national d’agronomie
coloniale, © Cirad – Moissonneuses,
Canada, Masterfiles, © Pix –
Hélicoptère, 1957 (Bibliothèque
municipale de Montpellier), © Science
et Vie – © Agropolis Museum – Barrage,
M. Morell, © IRD – Plantation
d’arachides, © Cirad – Serres, © Cirad.
Les tropiques, une diversité
(pp. 6 et 7) :
Collecte de matériel biologique,
© Cirad – Paysage de forêt tropicale,
Japack, © Sunset – Caméléon,
C. Lanaud, © Cirad – Ornithorynque,
in Voyage de découvertes aux terres
australes, Freycinet et F. Péron,
1816 (Bibliothèque municipale de
Montpellier) – Grenouille, C. Lanaud,
© Cirad – Illustrations du radeau des
cimes par Jean-Louis Tripp.
Les tropiques, un enjeu
(pp. 10 et 11) :
Marché de poissons à Dhaka,
Bangladesh, Shehzad Noorani, © Still
Pictures – Rizière, C. Poisson, © Cirad –
Rizière en Guinée, C. Poisson, © Cirad –
Rizière aux Philippines, C. Poisson,
© Cirad – Rizière d’altitude, C. Poisson,
© Cirad – Riz, C. Poisson, © Cirad –
Rizière en Indonésie, © A. Rival –
Illustrations de Helen Larkins.
Les tropiques, un défi
(pp. 12 et 13) :
Enfants à Madagascar, C. Lanaud,
© Cirad – Marché d’Abidjan,
C. Lanaud, © Cirad – Récolte de thé en
Malaisie, C. Lanaud, © Cirad – Rizière
au Bangladesh, Shehzad Noorani,
© Still Pictures – Labour dans une
rizière au Bangladesh, Shehzad
Noorani, © Still Pictures – Marché de
Chichikastenan, Guatemala,
Timmermann, © Sunset – Cerrados
Brésil, R. Billaz, © Cirad – Culture de
soja dans une couverture de paille de
riz, L. Séguy, © Cirad – Rocinha, Rio de
Janeiro, John Maier, © Still Pictures –
Dhaka, Bangladesh, Shehzad Noorani,
© Still Pictures.
Les tropiques, des nourritures
(pp. 14 et 15) :
Illustrations de Helen Larkins.
Plusieurs exemples et références de cette brochure ont été
tirés de documents de la Fao (Rome, Italie).
Certaines des pages (en particulier la première et la dernière
double page) ont été élaborées en collaboration avec
Agropolis-Museum (Montpellier). Agropolis-Museum
présente au public une exposition permanente sur les
agricultures et les nourritures du monde, avec notamment
la Fresque historique de l'alimentaire, Paysages du monde,
Aliments du monde, Nourritures du monde, Boissons du
monde, Banquet de l'Humanité.
Agropolis-Museum est ouvert au public tous les jours
sauf le mardi de 14 à 18 h 00. Agropolis-Museum
est aussi un musée virtuel : www.agropolis.fr,
rubrique Agropolis-Museum.
E-mail : [email protected]
Tél. : 04 67 04 75 00
Fax : 04 67 04 13 69
GROUPE AGENCE
FRANCAISE DE
DEVELOPPEMENT
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plan de Hallete
Gran Villet
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LES TROPIQUES,
le jardin nourricier
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9 - 2 ANVIER
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Les tropiques, des ressources
(pp. 8 et 9) :
Arche de Noé, illustration originale de
Terri Andon – Interprétation d’image
Spot, plantation d’hévéa au Liberia,
© Cirad – Parc Naukluff, Namibie, FLPA,
© Sunset – Chutes d’Iguazu à la
frontière du Brésil et de l’Argentine,
J. Warden, © Sunset – Sécheresse en
Thaïlande, Kittprempool, © Still
Pictures – Tsé-tsé en position de
piqûre : Glossina fuscipes fuscipes,
Newstead, 1910, B. Geoffroy et
D. Cuisance, © IRD/Cirad – Troupeau,
© Cirad-emvt – Petite fille portant du
poisson, Mauritanie, Demi Onep, © Still
Pictures – Éléphants et impalas,
Zimbabwe, I. de Szoborowski, © Cirad.
© Cirad août 1999
Il a été réalisé avec le concours :
• du ministère des Affaires étrangères,
Sous-Direction de la recherche ;
• du ministère de l’Aménagement
du Territoire et de l’Environnement ;
• de l’Agence française pour le
développement (AFD);
• du Fonds français pour
l’environnement mondial
(FFEM).
DE LA V
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Centre
de coopération
internationale
en recherche
agronomique
pour le
développement
Ce document a été édité par le Cirad
à l’occasion de l’exposition promenade
« Le Jardin Planétaire » organisée du
15 septembre 1999 au 23 janvier 2000
à la Grande Halle de la Villette.
• PARIS,
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CIRAD
Couverture : Illustration originale de
Terri Andon
Coordination : Anne Hébert, Cirad,
Direction des relations extérieures
Textes : Pascale Ammar-Khodja,
avec la collaboration des chercheurs du
Cirad et de l’Ird
Création et mise en pages :
Denis Delebecque, Bernard Favre,
Pascale Thiers, Louma productions
42, rue Scheffer
75116 Paris
Téléphone :
01 53 70 20 22
Télécopie :
01 53 70 21 44
www.cirad.fr
Crédit photos et illustrations
(de gauche à droite et de haut en bas)
Les tropiques, l’autre jardin
(pp. 2 et 3) :
Illustration originale de Terri Andon –
Zébus Afar, © Cirad-Emvt – PluieAverse, © Sunset – Désert, Brossard,
© Sunset – Savane à Madagascar,
C. Lanaud, © Cirad – Ouragan El Niño,
© Weather Stock/Sunset – Lutte contre
l’ensablement au Maroc, V. Dollé,
© Cirad – Ouragan Georges, Weather
Stock, © Sunset – Illustrations originales
de Helen Larkins.
Les tropiques, une histoire
(pp. 4 et 5) :
Groupe de bovidés, Sahara, Acacus,
Lybie (environ 2000 avant notre ère),
© Y. et C. Gauthier – Outils
préhistoriques, © Agropolis Museum –
Le Jardin d’essai d’Alger. Carte
postale – Scène de labourage en
Égypte. L’Illustration, 1847
(Bibliothèque municipale de
Montpellier) – Liste des plantes
cultivées, extrait du Rapport du Jardin
d’essais de Camayenne, Guinée
française, 1899 (Document Cirad) –
Greffage d’orangers dans les serres de
l’Institut national d’agronomie
coloniale, © Cirad – Moissonneuses,
Canada, Masterfiles, © Pix –
Hélicoptère, 1957 (Bibliothèque
municipale de Montpellier), © Science
et Vie – © Agropolis Museum – Barrage,
M. Morell, © IRD – Plantation
d’arachides, © Cirad – Serres, © Cirad.
Les tropiques, une diversité
(pp. 6 et 7) :
Collecte de matériel biologique,
© Cirad – Paysage de forêt tropicale,
Japack, © Sunset – Caméléon,
C. Lanaud, © Cirad – Ornithorynque,
in Voyage de découvertes aux terres
australes, Freycinet et F. Péron,
1816 (Bibliothèque municipale de
Montpellier) – Grenouille, C. Lanaud,
© Cirad – Illustrations du radeau des
cimes par Jean-Louis Tripp.
Les tropiques, un enjeu
(pp. 10 et 11) :
Marché de poissons à Dhaka,
Bangladesh, Shehzad Noorani, © Still
Pictures – Rizière, C. Poisson, © Cirad –
Rizière en Guinée, C. Poisson, © Cirad –
Rizière aux Philippines, C. Poisson,
© Cirad – Rizière d’altitude, C. Poisson,
© Cirad – Riz, C. Poisson, © Cirad –
Rizière en Indonésie, © A. Rival –
Illustrations de Helen Larkins.
Les tropiques, un défi
(pp. 12 et 13) :
Enfants à Madagascar, C. Lanaud,
© Cirad – Marché d’Abidjan,
C. Lanaud, © Cirad – Récolte de thé en
Malaisie, C. Lanaud, © Cirad – Rizière
au Bangladesh, Shehzad Noorani,
© Still Pictures – Labour dans une
rizière au Bangladesh, Shehzad
Noorani, © Still Pictures – Marché de
Chichikastenan, Guatemala,
Timmermann, © Sunset – Cerrados
Brésil, R. Billaz, © Cirad – Culture de
soja dans une couverture de paille de
riz, L. Séguy, © Cirad – Rocinha, Rio de
Janeiro, John Maier, © Still Pictures –
Dhaka, Bangladesh, Shehzad Noorani,
© Still Pictures.
Les tropiques, des nourritures
(pp. 14 et 15) :
Illustrations de Helen Larkins.
Plusieurs exemples et références de cette brochure ont été
tirés de documents de la Fao (Rome, Italie).
Certaines des pages (en particulier la première et la dernière
double page) ont été élaborées en collaboration avec
Agropolis-Museum (Montpellier). Agropolis-Museum
présente au public une exposition permanente sur les
agricultures et les nourritures du monde, avec notamment
la Fresque historique de l'alimentaire, Paysages du monde,
Aliments du monde, Nourritures du monde, Boissons du
monde, Banquet de l'Humanité.
Agropolis-Museum est ouvert au public tous les jours
sauf le mardi de 14 à 18 h 00. Agropolis-Museum
est aussi un musée virtuel : www.agropolis.fr,
rubrique Agropolis-Museum.
E-mail : [email protected]
Tél. : 04 67 04 75 00
Fax : 04 67 04 13 69
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LES TROPIQUES,
le jardin nourricier
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Les tropiques, des ressources
(pp. 8 et 9) :
Arche de Noé, illustration originale de
Terri Andon – Interprétation d’image
Spot, plantation d’hévéa au Liberia,
© Cirad – Parc Naukluff, Namibie, FLPA,
© Sunset – Chutes d’Iguazu à la
frontière du Brésil et de l’Argentine,
J. Warden, © Sunset – Sécheresse en
Thaïlande, Kittprempool, © Still
Pictures – Tsé-tsé en position de
piqûre : Glossina fuscipes fuscipes,
Newstead, 1910, B. Geoffroy et
D. Cuisance, © IRD/Cirad – Troupeau,
© Cirad-emvt – Petite fille portant du
poisson, Mauritanie, Demi Onep, © Still
Pictures – Éléphants et impalas,
Zimbabwe, I. de Szoborowski, © Cirad.
© Cirad août 1999
Il a été réalisé avec le concours :
• du ministère des Affaires étrangères,
Sous-Direction de la recherche ;
• du ministère de l’Aménagement
du Territoire et de l’Environnement ;
• de l’Agence française pour le
développement (AFD);
• du Fonds français pour
l’environnement mondial
(FFEM).
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de coopération
internationale
en recherche
agronomique
pour le
développement
Ce document a été édité par le Cirad
à l’occasion de l’exposition promenade
« Le Jardin Planétaire » organisée du
15 septembre 1999 au 23 janvier 2000
à la Grande Halle de la Villette.
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Couverture : Illustration originale de
Terri Andon
Coordination : Anne Hébert, Cirad,
Direction des relations extérieures
Textes : Pascale Ammar-Khodja,
avec la collaboration des chercheurs du
Cirad et de l’Ird
Création et mise en pages :
Denis Delebecque, Bernard Favre,
Pascale Thiers, Louma productions
Les tropiques,
Mexique
l’autre
jardin
Forêt équatoriale,
déserts brûlants,
steppes arides
du Sahel, savanes herbeuses, lagunes, marécages…
la zone intertropicale présente une grande variété
de paysages, de cultures et de modes de vie.
L
es tropiques ne connaissent pas d’hiver
rigoureux, de printemps fleuri, d’été torride
et d’automne coloré. Sauf en altitude et
dans les déserts de latitude élevée, les tropiques
ne connaissent pas le gel. À l’exception de la
zone équatoriale, deux saisons liées au rythme
des pluies se partagent l’année : une saison sèche
relativement fraîche
de décembre à
février, puis de plus
en plus chaude
jusqu’en avrilmai, et une
saison des pluies
correspondant
à l’été dans
l’hémisphère nord.
La pluie constitue
la principale préoccupation
des populations tropicales qui
redoutent terriblement la sécheresse. Les
précipitations sont, en effet, très variables et
imprévisibles. Sous les tropiques, il pleut trop,
ou pas assez.
Le soleil, à la verticale dans les régions
tropicales, fournit une énergie
considérable, théoriquement favorable
pour la production agricole. Mais les
tropiques sont un milieu fragile :
« Le cultivateur qui a connu la
sécheresse ne l’oublie jamais.
Des années plus tard, loin de
l’Afrique, dans le climat humide
d’une région septentrionale,
il s’éveille en sursaut la nuit au bruit
d’une soudaine averse et s’écrie :
enfin, enfin! »
Karen Blixen, Hors de l’Afrique
« L’attitude d’un Indien
en face des nuages et de la pluie
demeure fondamentalement différente
de celle d’un Occidental. Pour le
premier, nuages est synonyme
d’espérance; pour l’autre, il évoque la
consternation. L’Indien scrute le ciel,
et si le soleil est caché par un
cumulus, son cœur se remplit
d’allégresse. »
Khushwant Singh
Dans une petite vallée sèche à 1600 mètres d’altitude, Las
Fuentes est un village de hauts plateaux tempérés, siège
d’un ejido – une forme juridique particulière d’usage de la
terre, qui est attribuée de façon communautaire à un
groupe de paysans; il abrite également des paysans sans
terre, mais aucun propriétaire privé, à la différence des
villages voisins où subsistent quelques héritiers des anciens
grands domaines constitués à partir de la conquête
espagnole, les haciendas.
À plusieurs reprises, Chava Martinez a été élu président
du conseil de l’ejido. Plus jeune il partait chaque année
travailler aux États-Unis.
Aujourd’hui, les relations qu’il a tissées avec
l’administration locale lui permettent de négocier le
financement d’un puits collectif pour l’irrigation, ou des
arrangements concernant le
remboursement des dettes de l’ejido.
Pour lui et sa famille, une mauvaise
récolte serait dramatique si la
banque publique se montrait trop
stricte.
La conjoncture actuelle de
restriction des aides l’inquiète.
Brésil
Munifumi Mitsubara est le pionnier d’une agriculture respectueuse de
l’environnement. Il vit dans les zones tropicales du Mato Grosso où sa
famille s’est installée après avoir quitté le Japon au début du siècle. Au
cours des années 80, il a accueilli pendant plusieurs années, dans son
exploitation (la Fazenda Progreso), les expérimentations conduites par le
Cirad sur des techniques de semis réalisé sans labour directement sur une
couverture végétale. Il y consacra plusieurs dizaines d’hectares
et des financements très conséquents.
La Fazenda Progreso, de 2000 ha environ, est située dans les fronts
pionniers de la route conduisant de Cuiaba (MT) à Santarem (PA), dans
les Cerrados. M. M. l’avait acquise au début des années 70 alors qu’il
était marchand de grains dans le sud du Brésil. Il décida de s’y installer
quelques années plus tard, en abandonnant ses activités antérieures
pour y cultiver du soja. Mais, à cause de l’érosion engendrée par la
monoculture (le soja ne se cultive qu’une partie de l’année, entre-temps
les sols sont à nu) et les outils de labour, il a dû modifier
ses pratiques culturales.
Son sens aigu de l’observation, le soin qu’il a apporté à mettre en œuvre
sur ses propres parcelles les recommandations issues de la recherche, lui
ont permis de suivre pas à pas les étapes qui ont conduit à la maîtrise du
semis direct dans des couvertures permanentes, et d’améliorer
considérablement les résultats de son exploitation (augmentation des
rendements, diminution des dépenses d’intrants, diversification des
cultures, constitution d’un élevage très performant...).
Membre influent de la Coopérative locale, il a joué un rôle déterminant
dans l’adoption massive de ces techniques par les autres agriculteurs
(plusieurs centaines de milliers d’hectares en quelques années).
Aussi modeste que studieux et entreprenant, il est sans cesse
à la pointe du progrès technique.
Les actions du ministère des Affaires Étrangères
Au regard de la place qu’il occupe au cœur des débats
de société et de développement, l’environnement
constitue désormais un enjeu politique et
socio-économique vital.
Pour relever le défi, la France se doit de :
• assister ses partenaires en matière de gestion des
ressources naturelles, supports de leurs économies (forêts,
grands fleuves, eaux souterraines, ressources halieutiques,
sols, diversité biologique…);
• parfaire la connaissance scientifique des phénomènes et
l’analyse approfondie des interactions homme-nature;
• privilégier des actions de terrain exemplaires et
reproductibles.
l’aridité et la sécheresse, l’agression des
pluies et l’érosion, la dégradation de la
matière organique des sols…
constituent de fortes contraintes au
développement de l’agriculture.
2
Ses objectifs sont :
• chez ses partenaires, contribuer à la conservation de
l’environnement, appuyer la mise en œuvre d’opérations
de développement durable, former des compétences;
• pour elle-même, valoriser son expertise et élaborer des
positions françaises sur l’enjeu environnemental;
• en multilatéral, rechercher les cohérences dans les
actions afin de mieux rentabiliser les ressources financières
disponibles.
Dans son engagement pour la protection de l’environnement,
la France intervient dans le cadre des conventions
internationales issues de la Conférence de Rio sur le
développement durable (1992).
Burkina Faso
Comores
Amidou habite la région de l’Oudalan à l’extrême nord du Burkina Faso.
Cette région est caractéristique du milieu sahélien. Une pluviosité
moyenne annuelle de 350 à 400 mm, en une seule courte saison des
pluies, permet d’y pratiquer à la fois une culture extensive de mil et un
élevage plus ou moins mobile.
Plusieurs groupes ethniques d’agro-pasteurs (à la fois agriculteurs et
éleveurs), sédentaires ou semi-nomades, coexistent dans l’espace régional.
Si certaines unités de production familiales se consacrent prioritairement
à l’élevage et d’autres à l’agriculture, la plupart combinent ces deux
activités. Les semi-nomades, contrairement aux sédentaires, s’installent
pendant la saison sèche sur les terres cultivables afin d’y concentrer la
fumure animale grâce au parcage des troupeaux; pendant la saison des
pluies, ils habitent à l’écart des champs pour que les animaux
n’occasionnent pas de dommages aux cultures.
Le mil et le lait constituent les bases de l’alimentation. La vente
d’animaux permet d’acheter sur les marchés les compléments céréaliers
nécessaires et les autres biens de consommation. En période difficile, des
activités complémentaires, telles que la cueillette (de nombreux végétaux
sauvages permettent de diversifier et de compléter la ration alimentaire) et
surtout le travail des hommes lors des migrations lointaines, peuvent être
indispensables à la survie de la famille et à la reconstitution du cheptel.
Les Comores sont un archipel de l’océan Indien, au large de Madagascar et des
côtes africaines. C’est là qu’Ahmed vit avec sa famille, sur l’île la moins
peuplée, Mwali, dans un village de pêcheurs au bord du lagon. En fait, comme
beaucoup de Comoriens, Ahmed est pêcheur-agriculteur : le produit de la
pêche lui permet de compléter la nourriture habituelle, ou d’acheter du riz et
d’autres denrées lorsqu’il vend suffisamment de poisson : c’est ce qu’on appelle
la pêche vivrière.
Ahmed ne peut pas prendre la mer tous les jours avec sa « galawa », une
pirogue à deux balanciers : elle est trop fragile lorsque la mer est agitée,
pendant la période de mousson par exemple, d’octobre à mars. Il pêche surtout
la nuit, sur le récif, avec une lampe à pétrole. Il utilise des lignes de fond ou de
traîne et parfois des nasses ou un filet pour ramener des thons, des bonites et
des « capitaines ».
Avec sa femme, il cultive aussi un potager où il récolte du manioc, des
ignames, du maïs, des légumes. De plus, la cocoteraie plantée autour du village
permet d’utiliser les fruits pour se nourrir, pour fabriquer de l’huile, du savon,
des bougies, et les palmes pour tresser les toits et les cloisons des maisons.
Ahmed espère pouvoir bientôt obtenir un prêt pour acheter une « japawa »,
une barque en plastique insubmersible dont le gouvernement encourage l’achat
pour développer la pêche artisanale. Elle lui permettra de sortir plus souvent et
d’aller plus loin.
Sri Lanka
Cameroun
Gaston Bivina habite Ekali, un village de
la zone forestière camerounaise, situé à
environ 50 km de Yaoundé. Dans le
village coexistent deux systèmes
d’arbitrage : celui des notables et celui de
l’administration territoriale. Comme tous
les anciens, Gaston fait partie du Conseil
des notables.
Comme bon nombre de petits planteurs
tropicaux, Gaston, gros travailleur, a
planté, année après année, des cacaoyers,
« capital arbres » capable de donner un
revenu régulier lui permettant de marquer
son droit sur le sol par rapport à ses
voisins. Sa femme se consacre
aux cultures vivrières, qui peuvent se
vendre mais qui sont surtout produites
pour nourrir la famille (manioc,
banane plantain…).
Jusqu’à une date récente,
Gaston a bien maîtrisé son activité
agricole, en cohérence avec sa force
familiale de travail.
De 1956 à 1991, la collecte du cacao
était effectuée sous le contrôle de
l’administration camerounaise qui fixait
un prix garanti aux producteurs.
À présent, la libéralisation des échanges
laisse les petits planteurs seuls face aux
commerçants. En outre, la tendance
actuelle à la baisse des cours
du cacao est pour eux un élément
supplémentaire de fragilité.
Depuis quatre ans, la vie de Shantala et
de sa famille est en train de changer.
Shantala travaillait dans une grande
plantation de thé, qui est la culture
dominante au Sri Lanka.
Les plantations de thé ont été créées par
les Anglais au siècle dernier. Le thé est
d’excellente qualité car il pousse sur des
terrasses au flanc des montagnes où le
climat tropical est tempéré par l’altitude
et où la pluviosité est importante (plus
l’altitude est élevée, plus le thé est
corsé), mais sa culture demande
beaucoup de travail. La cueillette –
tâche délicate – se fait toute l’année;
ensuite, il faut rouler les feuilles, les
laisser fermenter puis les sécher avant
de les trier et de les mettre en sacs. Le
salaire journalier est de quelques francs
et, pour pouvoir vivre, toute la famille
de Shantala travaillait à la plantation.
Il y a quelques années, Shantala a
entendu parler d’une association qui
proposait une plantation en locationvente aux journaliers acceptant de se
constituer en coopérative. Le thé serait
commercialisé, sans intermédiaires,
selon le principe du commerce équitable
(Fair Trade) : un prix minimum,
toujours supérieur aux coûts de
production, garanti aux coopérateurs, un
contrat conclu sur plusieurs années. Ce
principe correspond à une demande de
plus en plus grande des consommateurs
et donne aux producteurs une sécurité
qui leur permet de faire des projets.
Après avoir hésité, Shantala a rejoint la
coopérative et aujourd’hui elle ne le
regrette pas : ses revenus ont augmenté,
elle possède quelques parts de la
plantation, elle peut faire soigner ses
enfants quand ils sont malades et
envisage même d’envoyer
les plus jeunes à l’école.
Mais le travail reste dur…
Ouganda
Samwiri habite la région du
Kigezi au sud-ouest de
l’Ouganda. Cette région
d’altitude, située sur l’équateur,
est très vallonnée et très peuplée.
Comme la plupart de ses
compatriotes, Samwiri se
consacre aux cultures vivrières
qui lui permettent de nourrir sa
famille.
Grâce à des sols très fertiles et à
deux saisons des pluies, il récolte
toute l’année du manioc, des
patates douces et des bananes
plantains et deux fois par an des
haricots, du maïs et du millet.
Mais, dans sa région, les
agriculteurs sont très nombreux
et ne possèdent, comme lui, que
peu de terres : moins de deux
hectares en général. Il n’y a pas
de machines agricoles, sa femme
et ses enfants l’aident beaucoup
pour les travaux des champs. Les
parcelles cultivées se trouvent à
flanc de montagne, sur des
terrasses. Leur village, lui, est au
fond de la vallée. Le Kigezi tout
entier ressemble à un jardin bien
entretenu. Il espère que les
récoltes seront meilleures cette
année, après la sécheresse du
début de l’année 1997 et les
pluies torrentielles du début de
1998. Pour améliorer ses
revenus, et à condition de
trouver de la terre à acheter, il a
le projet de planter des caféiers :
son pays est le premier
producteur de café d’Afrique.
UN CLIMAT ÉQUATORIAL, DES CLIMATS TROPICAUX
Ici, ce sont les pluies qui caractérisent les climats. Les tropiques
connaissent trois grands climats types avec cependant des
variantes régionales.
• Le climat équatorial humide est caractérisé par des
températures élevées et constantes, des précipitations abondantes
tout au long de l’année, une humidité atmosphérique
permanente. C’est le domaine de la grande forêt, des plantations
pérennes (palmier à huile, cacaoyer, caféier, hévéa), des
tubercules (igname, patate, manioc), des bananiers et du maïs.
Les paysans y pratiquent souvent des cultures
itinérantes sur brûlis ou ils y exploitent des
agroforêts. Il s’étend sur une
zone couvrant environ
cinq degrés de part et d’autre de l’équateur : en Amérique sur le
bassin amazonien (Brésil, Surinam, Guyane française, Guyana,
Venezuela); en Asie du Sud-Est et Pacifique sur des portions de
la Péninsule malaise, de l’Indonésie, de la Nouvelle-Guinée, et
de nombreuses îles du Pacifique; en Afrique orientale sur les
côtes du Kenya et de la Tanzanie et la côte est de Madagascar, en
Afrique occidentale et centrale sur le bassin du Congo (Zaïre) et
la bande côtière du golfe de Guinée.
• Le climat tropical soudanien, aux deux saisons très contrastées
(sèche et humide), décline une succession de climats qui assure
une transition progressive entre les deux extrêmes.
C’est le domaine des savanes et des grandes cultures annuelles :
coton, maïs, sorgho, riz pluvial… Il est aussi le lieu de
prédilection d’une association active et intensive entre
l’agriculture et l’élevage. Il s’étend entre les 5e et 15e degrés de
latitude nord et sud : sur l’Amérique du Sud,
l’Afrique centrale et occidentale.
Il plonge même jusque dans certaines parties
de l’Asie du Sud-Est. On l’observe également
à des latitudes plus élevées et dans la zone
équatoriale d’une grande partie de l’Afrique
orientale.
3
Java
La famille Prawiro habite Kedung, l’un des
hameaux du village de Wukirsari, situé dans
la province de Yogyakarta, en Indonésie.
L’essentiel de son activité économique se
confine au hameau. Un réseau d’entraide
particulièrement actif lie tous les habitants
de Kedung, pour des travaux tels que la
construction et l’entretien des réseaux
d’irrigation. Les Prawiro se rendent à
Wukirsari pour le marché (tous les cinq
jours), ou pour régler des problèmes
administratifs avec le chef de village. Une
fois par an, à l’occasion du lebaran (fin du
ramadan), toute la famille se rend à
Yogyakarta, capitale culturelle de Java.
Bien que de nationalité indonésienne,
Monsieur Prawiro se considère avant tout
comme javanais.
Avec 8 ares de pekarangan (jardin)
et 50 ares de sawah (rizière) en pleine
propriété, qu’ils cultivent toute l’année sans
interruption, les Prawiro bénéficient d’un
statut social élevé. Ils font partie des 15 %
de privilégiés tirant l’essentiel de leurs
revenus de l’activité agricole. À Kedung,
seulement une famille sur deux possède un
jardin et une rizière. La petitesse des
surfaces en propriété oblige de nombreuses
familles à recourir au travail à l’extérieur
pour compléter leurs revenus.
• Le climat tropical sec, voire aride, intéresse les zones
désertiques chaudes et semi-arides. Ces zones ont une
pluviosité faible et aléatoire souvent concentrée en
une saison très courte. Sans irrigation, les cultures
pluviales y sont risquées ou pratiquement impossibles
(Afrique du Nord, Arabie, Iran, Inde du Nord-Est,
Australie et une partie de la côte Pacifique de
l’Amérique du Sud). C’est le domaine des
oasis, des grands élevages transhumants, des
nomades et du miraculeux mil pénicillaire
qui peut se contenter de quelque 300 à
450 millimètres de pluie. Il est
généralement centré sur les
tropiques du Cancer et du
Capricorne (Sahel
africain, Nordeste
du Brésil en sont
les exemples
les plus
connus).
Les tropiques,
une histoire
Dès que les hommes ont commencé
à travailler la terre, ils ont donné naissance à des
communautés agricoles et des civilisations
qui se sont développées différemment.
Avec le temps, les écarts se sont creusés.
L
e développement de
l’agriculture dépend des
sols et des climats. Mais
l’histoire explique également les
différences et les inégalités qui
caractérisent aujourd’hui les agricultures de notre planète.
Ainsi, ce sont seulement quelques sociétés d’Eurasie, d’Afrique
et d’Amérique qui connurent les outils métalliques à l’âge du
bronze. Ce sont les mêmes qui, à l’âge du fer, remplaceront
couteaux, petites haches, pointes de bâtons à fouir par des
outils beaucoup plus performants comme les haches, les houes,
les bêches, les faucilles et seront les premières à trouver
comment utiliser l’énergie animale (araire, bât, charrette).
Certaines sociétés humaines
vivront aussi des bouleversements
considérables, notamment du fait
de la colonisation.
Les écarts se creuseront encore
davantage dans la seconde moitié du
XIXe siècle. Les agricultures de
l’Europe du Nord-Ouest et de
l’Amérique du Nord connaîtront un
véritable essor grâce aux progrès de
l’industrie, à l’apparition de nouveaux
La Révolution verte
de financement du crédit…); les résultats furent spectaculaires. En Asie, la
Révolution verte a permis notamment à de grands pays de devenir autosuffisants en
riz (Inde, Indonésie, Bangladesh et Philippines) ou de passer au rang de grands
exportateurs (Vietnam, Birmanie).
Mais la Révolution verte atteignit cependant ses limites en deux ou trois décennies.
Elle ne put être appliquée partout et s’est limitée à des pays à fort potentiel de
production (abondance d’eau, sols et climats favorables), à forte densité de population,
dotés d’infrastructures de communication, d’institutions facilitant le fonctionnement de
l’économie de marché, de
politiques publiques très
incitatives. En outre, elle
a été préjudiciable pour
l’environnement :
remontée des nappes
phréatiques et salinisation
des sols dans les zones
intensément irriguées,
pollution par les intrants
chimiques, etc.
L’insuffisance alimentaire chronique en Asie inquiète particulièrement les
États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. La menace de pénuries
alimentaires, voire de famines, dans les pays en développement alerta en effet
les pays du Nord sur la nécessité d’accroître la production agricole. L’Inde
devient alors un enjeu stratégique dans cette course production-population.
Des fondations nord-américaines (Rockefeller, Ford…) entreprennent, à la
fin des années cinquante, d’aider à la modernisation des agricultures en Asie,
mais aussi en Amérique latine où éclataient des conflits agraires générés par la
pauvreté. Elles investirent alors dans le transfert, vers les régions tropicales,
des techniques agricoles conçues en Occident. C’est la « Révolution verte »
dont l’objectif fut avant tout de mettre au point des variétés de blé et de riz
très productives, en utilisant massivement engrais et pesticides. La
communauté internationale mène alors parallèlement une politique agricole
d’accompagnement considérable, finançant massivement des infrastructures
d’irrigation, mettant en place un appareil parapublic de grande envergure
(organismes de recherche publique, de vulgarisation, entreprises publiques
d’approvisionnement en intrants, offices publics d’achat, organismes publics
matériels mécaniques à traction
animale ou à vapeur (faucheuses,
moissonneuses, batteuses…) et à la
révolution des transports (chemins
de fer, bateaux à vapeur) qui permettra
aux paysans d’écouler plus facilement
et plus rapidement leur production.
Au XXe siècle, l’apparition de
nouvelles techniques et de nouveaux
outils (motorisation, sélection,
fertilisation minérale, traitements) fera
exploser ces inégalités au profit des pays
développés.
Ces plantes tropicales qui ont bouleversé notre alimentation
Les premiers contacts des voyageurs européens avec les pays
asiatiques, puis la découverte des Amériques et de l’Afrique ont fait
connaître au vieux monde de nombreuses plantes exotiques, dont
certaines ont occupé progressivement une place considérable dans
l’alimentation et l’agro-industrie.
Dès avant la Révolution française, le thé, le café, la pomme de terre,
le sucre de canne, le coton et l’indigo avaient dépassé en Europe le
stade de simple curiosité exotique : nobles et bourgeois avaient pris
goût aux breuvages stimulants et à la consommation des autres
plantes qui se répandaient dans la population.
5
À partir du XIXe siècle, avec le développement des transports à
vapeur et la généralisation de l’expansion coloniale, de nouveaux
produits tropicaux devinrent accessibles, puis essentiels, pour les
économies européennes : c’est le cas du riz, des huiles végétales
(d’arachide, de palme), de la banane et de plusieurs autres fruits
tropicaux, mais aussi de l’hévéa avec la très forte croissance du
marché des pneumatiques. Plus récemment, avec l’« acclimatation »
du maïs aux conditions tempérées, c’est encore une plante tropicale
qui occupe une place de choix dans l’économie agroalimentaire des
pays tempérés.
Les tropiques,
une
diversité...
Les tropiques constituent une source
inestimable de diversité biologique.
La vie et la reproduction s’y poursuivent
tout au long de l’année. Le froid, le gel
n’empêchent jamais la croissance continue
des plantes et la prolifération incessante
de toute sorte d’organismes vivants.
Diversité
et alimentation
Si la diversité biologique est cruciale pour le
devenir des écosystèmes « naturels », elle l’est
plus encore pour les agriculteurs, éleveurs et
pêcheurs et plus généralement pour les
humains, leur alimentation et leur cadre de vie.
Parmi près de 13000 plantes alimentaires
connues, 4800 sont cultivées mais quatre
espèces seulement représentent près de 50 % de
l’alimentation mondiale (le blé, le maïs, le riz et
la pomme de terre) et 18 plantes en
représentent 80 %. Ce faible nombre de plantes
sur lesquelles repose notre alimentation ainsi
que la diminution de leur diversité génétique
pourraient entraîner des risques importants en
cas d’épidémie ou de changement climatique.
La mondialisation des échanges, jointe aux
progrés dans la sélection de variétés à haut
rendement, aboutit à ce que l‘alimentation de
l’humanité repose sur un petit nombre de
plantes, d’animaux, de plus en plus fragiles.
Chaque pays, chaque culture dispose d’un
patrimoine de savoir-faire agro-alimentaire et
culinaire important qui s’appuie sur cette
diversité et la spécificité des plantes et animaux,
et permet de les valoriser. La diversité est donc
à la fois biologique et culturelle.
Les forêts tropicales, un des berceaux de la diversité
Elles ne couvrent que 6 % de la superficie du globe et pourtant les forêts tropicales concentrent
plus de la moitié des espèces animales et végétales de notre planète. On estime que, dans ces
espaces tropicaux, seulement 10 % des organismes vivants sont décrits et qu’il resterait environ
30 millions d’espèces à identifier, surtout des insectes. Un hectare de forêt porte, en moyenne, de
50 (en Asie) à 300 (en Afrique) espèces de grands arbres accompagnés de plus de deux mille
autres plantes. Les milieux forestiers de la ceinture tropicale du globe ont également une
particularité par continent, notamment parce qu’ils abritent une faune spécifique comme le
gorille en Afrique, le panda en Asie, sans compter les orchidées d’Amérique du Sud, etc.
Pour l’humanité, les forêts tropicales jouent un rôle fondamental. Elles lui apportent
directement nourriture, pharmacie et matières premières et, plus globalement, ont un rôle
essentiel pour la protection des sols, la régulation des eaux. En outre, elles marquent leur
influence sur les climats.
Mais l’utilisation souvent abusive de ces espaces (par exemple par une exploitation mal organisée
et un défrichement régulier pour les besoins de l’agriculture) a conduit, depuis un demi-siècle, à
une forte réduction des superficies de forêts tropicales ou à une perturbation de leur diversité.
Chaque année, 15 à 20 millions d’hectares disparaissent (l’équivalent d’un terrain de football
chaque seconde), signifiant l’extinction probable de très nombreuses espèces.
6
O
n estime à environ 13 millions le nombre d’espèces végétales
et animales présentes sur la terre, sur lesquelles
1,75 million ont été identifiées à ce jour. Les forêts
tropicales à elles seules concentrent la moitié des espèces de
notre planète. Cette diversité biologique est essentielle à la
survie de l’humanité. C’est au sein de cette diversité qu’ont été
découvertes, domestiquées et sélectionnées les espèces de
végétaux cultivés et d’animaux élevés. Mais
c’est aussi dans cette diversité qu’on été
trouvés et pourront
être trouvés
les gènes
nécessaires
à l’amélioration de
ces espèces. Pourtant, des pertes irréversibles sont déjà
à déplorer. On estime, par exemple, qu’au cours
du XXe siècle il y a eu une réduction de
plus des trois quarts des potentialités d’utilisation de
Le Fonds français
la diversité variétale dans les cultures.
pour l’environnement mondial
Comment favoriser le développement
économique et social des pays pauvres
tout en préservant l’environnement de
la planète?
Telle est la préoccupation visée par la
France lorsqu’elle crée en 1994 le
FFEM (Fonds français pour
l’environnement mondial),
spécialement destiné à promouvoir les
activités qui concilient ou réconcilient
développement économique et
Le radeau des cimes
Depuis une dizaine d'années, grâce à cette invention française, les
scientifiques peuvent accéder au sommet des arbres de la forêt
tropicale, situé entre 30 et 45 mètres au-dessus du sol. Ce
radeau des cimes représente une occasion unique de
collecter micro-organismes, échantillons botaniques
et échantillons d'insectes dont beaucoup étaient
méconnus jusqu'alors. Ces données permettent de
mieux comprendre l'écologie des forêts tropicales.
Les expéditions mises en place à cette occasion
rassemblent des chercheurs de nombreux pays
et représentent une aventure humaine et
scientifique passionnante. Trois missions sur
cinq ont eu lieu en Guyane française
dont la forêt fait l'objet de
nombreuses études.
préservation des grands équilibres de
notre planète. Le FFEM finance,
dans une cinquantaine de pays du
monde situés majoritairement en
Afrique, des projets exemplaires de
cette préoccupation dans quatre
domaines : la protection de la
biodiversité, la lutte contre l’effet
de serre, la protection des eaux
internationales et la préservation
de la couche d’ozone.
7
Les tropiques,
... des
ressources
Les ressources naturelles comme l’eau,
les sols, les formations végétales, les
animaux (terrestres et aquatiques)…
font aussi partie de notre patrimoine.
J
usqu’à une époque récente, ces ressources naturelles étaient
généralement utilisées de façon harmonieuse. Mais la population
humaine, en raison de son nombre croissant et des technologies qu’elle développe, influence
fortement le devenir des ressources qui sont vitales au développement de l’agriculture des pays du
Sud. Il devient donc urgent de
trouver des solutions techniques
qui permettent de les préserver.
Il est également indispensable
de proposer des solutions visant
à donner aux usagers de ce
patrimoine les moyens de le
valoriser et de le gérer
durablement, en conservant
des pratiques et organisations
sociales garantes de la survie
des communautés rurales.
L’eau recouvre les trois quarts de la surface du globe,
mais 97,5 % est salée. Sur les 2,5 % restants, une
bonne partie est souterraine, est inaccessible ou gelée
dans les glaciers.
Les sols, une
ressource capitale
mais en danger
Tous les sols cultivables ne sont
pas mis en valeur et certaines
régions disposent encore de
réserves (essentiellement en
Amérique latine et en Afrique)
dont l’inventaire et la
classification sont cependant
largement avancés et leurs
aptitudes agricoles connues.
Toutefois, ces ressources sont
limitées en surface et inégales en
valeur et en répartition; 11 %
seulement des sols de la planète
ont une véritable vocation
agricole, les autres étant trop
humides, trop secs, trop escarpés,
trop peu profonds, chimiquement
inaptes ou gelés en permanence.
Bien que l’érosion soit au départ
un phénomène naturel,
l’influence de l’homme peut en
aggraver et accélérer les processus.
Actuellement, cette dégradation
des sols affecte plus ou moins
sérieusement près de 2 milliards
d’hectares de terres arables et de
pâturages dans le monde, soit une
superficie plus vaste que celle des
États-Unis et du Mexique réunis.
Elle est due notamment à la
désertification et à la destruction
de la végétation qui ne protège
plus les sols des méfaits du
ruissellement et du vent. Une fois
détruit, le sol est souvent
irréversiblement perdu et la zone
concernée peut demeurer stérile.
En outre, les pluies tropicales sont
généralement plus abondantes et
agressives qu’en régions tempérées
et les sols – particulièrement après
déboisement – arrivent
difficilement à absorber de telles
quantités d’eau : le ruissellement
et l’érosion peuvent alors prendre
des formes catastrophiques.
Par ailleurs, la mise en culture
sous irrigation artificielle de zones
arides provoque des processus
parfois lents (échelle du millier
d’années), mais parfois très
rapides (échelle de la dizaine
d’années), de dégradation
chimique des sols par salinisation.
Actuellement, on estime que
20 à 30 millions d’hectares parmi
les plus productifs sont
sérieusement affectés.
L’accès à l’eau pour tous
L’eau est indispensable à la plupart des activités humaines, économiques,
sociales ou culturelles. Or, les ressources en eau sont limitées et l’eau est
inégalement répartie : les deux tiers de l’humanité
ne disposent pas d’eau saine. L’eau insalubre fait
des milliers de victimes dans le monde pendant que
la croissance démographique fait reculer le volume
disponible par habitant. Depuis 1950, ce volume a
diminué de moitié en Amérique du Nord et des trois
quarts en Afrique. La pénurie d’eau touche
aujourd’hui 230 millions de personnes dans vingtsix pays. Avec l’augmentation de la demande, les
pays, les foyers, l’industrie et l’agriculture se
disputent tous l’eau. Si L’eau est peu fréquemment
rare, elle est très souvent insalubre ou inaccessible.
Dans une ville comme Douala au Cameroun
(10 mètres de précipitations annuelles) seules 50 000 personnes, sur plus
de 2 millions, ont accès à une eau potable.
8
Dans les années à venir, cela risque de s’amplifier. D’ores et déjà, l’accès
à l’eau est un facteur supplémentaire de conflits.
La Conférence de Paris sur l’eau et le
développement durable qui s’est tenue en
mars 1998 a permis à plus de 80 pays de
venir témoigner de l’importance de cette
bataille de l’eau. Ils ont posé les principes
d’une gestion durable de la ressource
permettant de contribuer au développement
des pays tropicaux : priorité à accorder au
développement des capacités humaines plutôt
qu’aux grands projets souvent sans
lendemain, nécessité d’une gestion au plus
près du terrain qui associe tous les groupes
sociaux, et enfin, dans ce but, échange
d’expériences en réseau qui doit fonder la coopération internationale
dans le domaine de l’eau.
Les communautés
locales et la gestion
de leurs ressources
Élevage : mieux combattre les tsé-tsé
La glossine ou « mouche tsé-tsé » véhicule des parasites (trypanosomes) aux effets pathologiques
graves sur les hommes (« maladie du sommeil ») mais aussi sur le bétail (amaigrissement, chute
de lait, avortement, mortalité, incapacité à l’effort, etc.).
Les pertes qui en résultent, estimées à 1,5 milliard de dollars par an, freinent considérablement le
développement de l’agriculture mais aussi l’approvisionnement en protéines (viande, lait).
Ces maladies ou trypanosomoses sont transmises généralement par la piqûre d’une mouche (il y a
31 espèces ou sous-espèces de tsé-tsé en Afrique) préalablement contaminée avec le sang parasité d’un
mammifère infecté.
Le bétail peut être traité et guéri s’il n’est pas trop gravement atteint et
les experts estiment qu’on pourrait élever 33 millions de bovins supplémentaires
sur le continent africain.
La FAO pense qu’actuellement 60 millions de bovins et 100 millions de petits
ruminants sont exposés au risque.
La lutte est dirigée à la fois contre les tsé-tsé et contre le parasite. Elle associe le
contrôle de l’insecte à une gestion raisonnée de la maladie (thérapie, sélection
d’animaux tolérants, etc.).
Pour faire face à ce défi, le Cirad s’est orienté vers le contrôle local des tsé-tsé
par des méthodes simples, souples, propres et gérables par les populations
rurales : pièges, écrans attractifs, imprégnation insecticide du bétail (devenant
des pièges vivants). Il a également investi dans la mise au point d’un vaccin
original anti-effet pathogène du parasite. Il s’est, par ailleurs, engagé dans des
méthodes d’identification rapide des milieux favorables aux tsé-tsé et fréquentés
par le bétail, méthodes associant imagerie satellitaire et enquêtes de terrain
permettant de spatialiser les zones à risques parasitaires et leur gestion.
Préserver les ressources aquatiques
En Asie, des millions de gens tirent la majorité de leurs protéines alimentaires des ressources aquatiques. Les
pêcheries marines et continentales fournissent près de 30 % des protéines animales de la région. En Afrique,
cette proportion est de 21 %, en Amérique latine de 8 %, et en Asie de plus de 50 %. Environ 30 % du
produit mondial de la pêche est transformé en farine de poisson pour le bétail ou la pisciculture et n’est
pas destiné à la consommation humaine. Environ 60 % des prises mondiales sont pêchées par les pays
en développement. Or la pêche a aujourd’hui atteint ses limites naturelles. Alors que les pêcheurs des
pays du Nord utilisent des techniques industrielles et modernes, ceux des pays en développement
sont équipés de flottilles artisanales. Il en résulte une surexploitation des stocks aquatiques et une
concurrence inégale sur une même ressource. Si l’on n’y prend pas garde, la situation de ces stocks
dans le monde risque de se détériorer et de ne plus se renouveler.
Les actions du ministère de l’Environnement
Garant des grandes conventions internationales signées dans le domaine de
l’environnement, le ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement
est aussi un partenaire de terrain pour les pays en développement. Son action repose
principalement sur la recherche, l’information et le recueil de données. C’est ainsi que,
dans le cadre de la lutte contre la désertification, il aide l’Observatoire du Sahara et du
Sahel, participe à l’Organisation météorologique mondiale, et forme des techniciens au
sein d’ONG africaines. Ses interventions peuvent être très diverses : cycles d’études
sur la gestion environnementale de la Patagonie; aide au classement de la palmeraie
de Errachidia, dans le Sud marocain; lutte contre l’érosion marine des côtes
méditerranéennes; développement d’un projet d’agroforesterie au Brésil pour lutter
contre l’effet de serre… Mais toutes participent de la même volonté de faire de la
protection de l’environnement un défi collectif et non un obstacle au développement.
9
Au Zimbabwe, comme dans de
nombreux pays d’Afrique, la
cohabitation des agriculteurs et de
la faune sauvage n’est pas toujours
pacifique.
Les activités humaines ont réduit
et fragmenté l’espace dans lequel la
faune avait l’habitude de se
déplacer. Privés de l’accès à l’eau,
les animaux sauvages dévastent par
leur passage les champs pour aller
s’abreuver. Parfois même, ils pillent
les greniers des villages et
déclenchent la colère des
villageois. Chaque année, un
cinquième des récoltes peut être
détruit. L’objectif est donc de
trouver un équilibre afin que les
animaux et les humains puissent se
partager l’espace en toute quiétude.
C’est dans cet esprit qu’a été lancé
le projet de conservation de la
biodiversité dans la vallée du
Zambèze. Les paysans acceptent de
mieux respecter l’habitat naturel
des animaux. En compensation, la
faune, sans être mise en péril, paie
un tribut en nature. Sa
valorisation, bien gérée, se fait sous
différentes formes et contribue au
développement des villages et au
mieux-être des habitants. En
négociant des quotas de
prélèvement, on augmente les
produits et les revenus locaux issus
de l’exploitation de la faune, on
met notamment de la viande de
brousse à la portée des villageois
(qui manquent de protéines).
Convaincus de la nécessité de
protéger la faune sauvage, les
villageois participent aux
concertations et aux négociations.
Le regard qu’ils portent sur leur
environnement s’est modifié.
D’autant que les paysages et la
faune protégés peuvent se prêter au
développement d’un écotourisme
dans la région (autre source de
revenus importante) ainsi qu’à la
chasse sportive. Des formations à la
gestion des ressources naturelles
ont donné aux responsables locaux
les moyens d’élaborer une politique
de développement dynamique et
durable où chacun trouve son
intérêt. Ce projet mené par le
Cirad et financé par l’aide française
(ministère des Affaires
étrangères, FFEM) montre la
voie d’une entente écologique
possible entre développeurs et
protecteurs.
Les tropiques,
un enjeu
Actuellement, plus de 800 millions de personnes souffrent de sous-alimentation
chronique. La sécurité alimentaire est menacée dans de nombreux pays par la
rapidité de la croissance démographique et la généralisation de la pauvreté.
A
Le droit
de s’alimenter
Il n’y a pas de droit de l’homme plus
fondamental que celui de
s’alimenter. En 1948, la
Déclaration universelle des droits de
l’homme reconnaissait que toute
personne a droit à un niveau de vie
suffisant pour assurer sa santé, son
bien-être et ceux de sa famille,
notamment pour l’alimentation.
La sous-alimentation (manque de
nourriture) fait bien plus de victimes
que les famines sans faire la une des
journaux télévisés. Elle devient
critique lorsque le besoin énergétique
minimum n’est pas assuré (de 1600
à 1800 calories par personne et par
jour) avec de fortes disparités selon
le sexe, l’âge, le poids ou le mode
de vie.
La malnutrition (carences
multiples, en protéines, fer,
vitamines…) entraîne des maladies
spécifiques qui affaiblissent les
individus, les rendent plus
vulnérables aux autres maladies
courantes. Elle freine la croissance
des enfants, y compris leur
développement intellectuel. Ainsi, le
manque de vitamine A est lié à
l’augmentation de la mortalité
infantile. Elle est aussi souvent
responsable de la cécité des enfants.
L’anémie, due en majorité au
manque de fer, est le problème le
plus répandu, avec 2 milliards de
personnes touchées dans le monde.
La malnutrition affaiblit les facultés
intellectuelles et la productivité, et
elle est l’une des causes principales
de la mortalité maternelle dans les
pays en développement.
ujourd’hui, malgré les
progrès spectaculaires
réalisés dans
l’agriculture et dans les politiques
publiques au cours des cinquante
dernières années, et malgré
un certain ralentissement de
la croissance démographique,
plus d’un tiers de
l’humanité souffre
de malnutrition
liée à des carences
en minéraux et
vitamines
essentiels. Même
lorsque la
nourriture est
largement
disponible, tous les
habitants n’ont pas
forcément les
moyens de se la
procurer. Les plus
pauvres sont en
situation
d’insécurité
alimentaire. Leur
garantir l’accès à la
nourriture reste
essentiel pour
échapper au piège
de la pauvreté.
La sécurité
alimentaire existe
lorsque tous les habitants, à tout moment, ont accès aux
aliments nécessaires pour mener une vie saine et active,
autrement dit quand l’alimentation est disponible tout au
long de l’année et à des prix à la portée de chacun. Or, pour
des milliards d’hommes, trouver de quoi manger reste un
sujet d’inquiétude et l’accroissement de la population
mondiale est tel qu’il continue à excéder la disponibilité
alimentaire dans de nombreux pays.
ROI DES TUBERCULES
Le riz, plante mythique de la sécurité alimentaire
Le riz est consommé partout dans le monde, et représente le quart des ressources
alimentaires de la planète. Sa part est discrète dans l’alimentation très diversifiée des
consommateurs des pays les plus développés (5 kg en France). En revanche, le riz est
l’aliment de base de plus de la moitié de l’humanité (190 kg par habitant et par an au
Myanmar, ex-Birmanie, 145 kg en Indonésie), nourriture traditionnelle dans de
nombreux pays (65 kg au Japon), ou plus récemment plébiscité (60 kg au Sénégal,
45 kg au Brésil).
Sa consommation augmente particulièrement en Afrique et en Amérique latine où il se
substitue aux féculents et autres céréales, mais aussi dans les pays développés, sous une
diversité de formes (étuvé, précuit, complet, etc.) et avec une bonne image diététique.
Les besoins mondiaux en riz usiné augmenteront au rythme de 2 % par an,
essentiellement en
raison de
l’accroissement de la
population.
Le riz est une des plus
anciennes plantes
vivrières cultivées,
sa domestication
remontant à plusieurs
millénaires. Elle s’est
effectuée en Asie d’où le
riz s’est propagé vers la
Chine (sa culture y est
attestée depuis trois
millénaires avant notre
ère) ainsi qu’en Afrique
où sa diffusion a été
plus limitée. Son
introduction dans les
autres parties du monde
est plus récente.
Cultivé sur tous les
continents, il est présent
des zones tropicales aux
zones tempérées et à des
altitudes allant jusqu’à
2400 mètres au Népal.
Il peut être
traditionnellement
irrigué mais aussi
submergé sous nappe
d’eau de parfois
plusieurs mètres de profondeur, de mangrove, pluvial
(comme les autres céréales), sur brûlis, défriche de
forêt, de plaine ou d’altitude. Cette grande variété des
modes de culture du riz sculpte et diversifie beaucoup
de paysages de notre planète. Savoir développer
La famine
L’humanité subit le fléau de la famine
depuis la nuit des temps : la plus
ancienne que l’on connaisse eut lieu en
Égypte en 3500 avant J.-C. et la pire
fit entre 9 et 13 millions de victimes en
Chine entre 1876 et 1879. Les famines
sont causées par des facteurs humains
comme la guerre et les conflits
ethniques, religieux et tribaux, ainsi que
par les conditions météorologiques et les
cataclysmes naturels. Les populations
pauvres ne sont pas aptes à y faire face.
Les famines n’ont pas disparu au
XXe siècle. Certaines sont restées
tragiquement célèbres (1978 dans le
Nord-Est du Brésil, 1983 au Sahel,
1984 en Éthiopie, 1989 au Soudan, et
1992 en Somalie). Même si elles se sont
raréfiées, les famines ont fait davantage
de victimes que les guerres au cours de
la dernière décennie. Cependant, les
chiffres sont peu élevés comparés au
durablement tous ces types de riziculture contribue à améliorer la sécurité alimentaire.
La demande croissant très fortement, il est nécessaire d’accroître la productivité tout en
luttant contre une pression parasitaire et des ravageurs de plus en plus élevée. Il faut,
en outre, élargir l’aire de production à différents milieux.
Le Cirad s’est particulièrement impliqué avec ses partenaires dans le transfert auprès
des pays du sud de l’ensemble des technologies mises au point. En 1990, il crée
notamment des variétés de riz pluvial adaptées à des altitudes supérieures à 1000 mètres
en région tropicale. À Madagascar, elles sont cultivées jusqu’à 1500 mètres, avec
des rendements de 5 t/ha (1 tonne avec des variétés conventionnelles). Il travaille
actuellement sur tous les constituants des systèmes de production à base de riz. Pour
appuyer cette démarche, il porte un effort particulier sur la qualité du grain, la lutte
contre les ennemis
des cultures, les
variétés hybrides,
la production de
semences et les
biotechnologies. Le riz
possède, en effet, la
particularité d’avoir
le plus petit génome
parmi ceux des
graminées cultivées
et représente un
concentré de
l’information
génétique retrouvée
chez ces dernières.
Ce caractère
synthétique rend plus
facilement accessible
le décryptage des
gènes (agencement,
expression, fonction).
nombre de personnes dont le régime
alimentaire ne suffit pas à les maintenir
en bonne santé.
• Aujourd’hui, pour une population
mondiale de 6 milliards d’individus :
– 10 à 15 millions meurent encore de
faim chaque année;
– 800 à 850 millions sont sousalimentés, soit une personne sur six;
– 1,5 à 2 milliards souffrent de
malnutrition, soit une personne
sur trois;
11
– 190 millions d’enfants de moins
de 5 ans souffrent de carences
protéiniques énergétiques.
• Sénèque : « On ne peut attendre ni
respect de la loi, ni raison de ceux
qui ont faim ».
• « Seul celui qui a
connu la famine
connaît le goût
des aliments ».
Proverbe peul du
Nord-Cameroun.
Je suis le Manioc, le Roi des Tubercules.
Je souffre, mais je suis bien content,
Parce que je suis aimé par
tout le monde.
Ah! Mais surtout
par les Camerounais(es).
Moi le manioc,
Mes feuilles c’est un délice,
elles sont découpées et préparées
Avec l’arachide ou avec les palmistes;
on me donne ce joli Nom de « Kouem »;
Oui je souffre.
Mais je suis content,
parce que je suis le bien-aimé.
Mes tubercules sont enlevés et préparés.
Là c’est mon propre nom le « Manioc ».
Ce n’est pas fini, oui je souffre,
mais bien content.
On me trempe dans l’eau, je pourris,
je sens,
On m’attache dans le sac,
tout mon jus sort,
On me pile, je prends le nom de famille
maternelle « Miondo »
(Bâton de Manioc), « Mintoumba »,
« Bobolo ».
Oui je souffre, mais bien content.
Ce n’est pas fini.
Mon jus séché c’est l’amidon pour
divers usages.
Moi le Roi des Tubercules.
Chez mes frères Nigérians, je subis
plusieurs transformations
Et me donne le nom « Gari ».
De mes feuilles aux tubercules
passent par mon jus, rien n’est négligé.
Oh! quel bonheur.
Je suis content,
Parce que je suis vraiment
le Roi des Tubercules.
Endale Shylot, Cameroun
Nourrir
les villes du Sud
La planète compte chaque année
environ 60 millions de citadins
supplémentaires. D’ici 2025, ceux-ci
représenteront plus de 60 % de la
population mondiale. Cette explosion
urbaine est particulièrement marquée
dans les pays du Sud. Elle y provoque
une brutale remise en cause des
systèmes traditionnels de production,
d’échange et de consommation. Dans
les villes et leur proche périphérie, se
développent alors de nouvelles formes
d’agriculture, d’élevage,
d’agroforesterie mais aussi de
nouveaux métiers spécialisés pour
transformer et distribuer les aliments
et restaurer les citadins. Cette
agriculture périurbaine joue un rôle
croissant dans l’approvisionnement
des villes, notamment en produits
frais. Elle procure aux citadins qui s’y
consacrent de nouveaux emplois et
revenus. Cette proximité offre aux
agriculteurs et éleveurs des facilités
d’accès au marché, aux services, aux
produits intermédiaires de la ville.
Dans ce contexte, et bénéficiant de
ces opportunités, les systèmes de
production et d’échanges évoluent vite
et constituent un vivier d’innovations
intéressantes. Mais la proximité de la
ville se traduit aussi par une forte
pression foncière sur les terres
cultivables, par des difficultés de
cohabitation entre citadins,
agriculteurs ou éleveurs, par un
accroissement des risques sanitaires
pour les aliments. Néanmoins, si
l’agriculture en zone périurbaine reste
confrontée à de multiples difficultés,
elle invente chaque jour de nouvelles
façons de réconcilier l’urbanisation et
l’agriculture.
Les tropiques,
un défi
Nourrir la planète tout en préservant les ressources naturelles,
mieux insérer l’économie des pays tropicaux dans l’économie mondiale compteront
parmi les défis vitaux du troisième millénaire. L’agriculture est au cœur de ces enjeux
importants qui nous concernent tous.
D’
révolution doublement verte, plus productive
que la première et vraiment « verte » : un
accent particulier est maintenant donné à
la gestion des ressources naturelles qui, pour
l’agriculture, sont avant tout des facteurs
de production (sol, eau, ressources
génétiques…). Il s’agit donc aujourd’hui de
mieux prendre en compte la spécificité des
milieux naturels et la diversité des types
d’agriculture qui leur correspondent pour
proposer de nouvelles techniques de
production et de nouveaux modes
de gestion des ressources naturelles.
Mais il s’agit aussi de proposer des
innovations institutionnelles dans
les domaines de la gestion de
l’espace et du foncier, de l’eau,
de la biodiversité, des
ici 2025, notre planète devrait compter près de
9 milliards d’habitants dont 7 milliards se
trouveront dans les zones tropicales.
Pouvons-nous produire assez, assurer à chacun l’accès à
une alimentation suffisante, de façon durable et cela
sans porter atteinte à l’environnement?
Autant de questions qui poussent la
communauté internationale à
promouvoir à l’échelle de la
planète un développement
durable, et l’idée d’une
nouvelle révolution
agricole dite
cette fois
L’Agence française de développement
Pour l’AFD, la préservation des patrimoines de
ressources naturelles dans les projets de
développement devient une priorité. Outil
principal de financement de l’aide française au
développement, l’AFD prend en compte dans
tous les projets qu’elle finance la dimension
environnementale à travers des études d’impact
et de définition de mesures correctives.
Ces études précèdent les décisions de
financement et la mise en œuvre de tous les
projets d’infrastructures.
COMMERCE INTERNATIONAL :
CONJUGUER AGRICULTURE ET ENVIRONNEMENT
L’Organisation mondiale du commerce (OMC)
ouvre un nouveau round de négociations en fin
d’année 1999. L’organisation internationale,
chargée de négocier un nouvel accord
commercial mondial et de trancher les litiges
commerciaux entre États, va devoir, pour la
première fois, prendre en compte des critères
sociaux et environnementaux. Les accords
commerciaux devront rester compatibles avec
les accords internationaux existants destinés à
Dans le domaine de la production agricole,
l’AFD, en compagnie des principaux
partenaires de l’aide française, va apporter
son appui technique et financier à un vaste
programme de développement des méthodes
agro-écologiques : ces techniques très
prometteuses doivent permettre à des
économies paysannes de la zone
intertropicale de sortir de la spirale
d’appauvrissement continu dans lequel
elles sont prises.
protéger certaines espèces animales, assurer la
qualité des eaux ou limiter la circulation des
déchets toxiques… Mais pas seulement.
Lorsqu’elle règle les différends commerciaux
entre États, l’OMC devra prendre en compte
les principes de précaution et de pollueurpayeur dont pourrait se justifier un pays.
Enfin et surtout, ces règles devront contribuer
au développement durable des pays en
développement et ne pas se contenter
simplement de faciliter le développement
des exportations des pays développés.
12
Des techniques agro-écologiques pour une agriculture respectueuse de l’environnement
Dans les années 1970, les agriculteurs
du sud du Brésil avaient dû trouver des
solutions pour faire face à l’érosion des
sols due à la grande culture mécanisée
du soja. Ils eurent l’idée de laisser sur
place les résidus de leur récolte jusqu’au
semis suivant, sans plus labourer. Cette
pratique de semis direct fut un succès.
Elle échoua cependant dans les zones
intertropicales de savanes herbeuses
massivement défrichées du centre-ouest
brésilien, les cerrados. Dans ces régions,
au climat plus chaud et plus humide, la
couverture était beaucoup plus difficile à
maintenir. Dès 1983, le Cirad effectue
un travail de pionnier en adaptant aux
cerrados ces techniques de semis direct
sur couvert végétal à la grande culture
mécanisée.
Aujourd’hui, trois millions et demi
d’hectares de la zone tropicale
brésilienne sont couverts par des
systèmes de culture à base de soja, de
riz, de maïs, de cotonnier et de fourrage
utilisant ces nouvelles pratiques
agricoles : en protégeant en permanence
le sol (soit par une couverture morte
constituée de résidus de récolte, soit par
une couverture vive constituée par une
plante différente de celle cultivée) et en
À propos de gestion agro-écologique
L’idée centrale de la gestion
agro-écologique des sols est de
reproduire, dans les champs
cultivés, les mécanismes qui
assurent l’équilibre des forêts
avec leurs milieux : protéger le
sol en permanence contre les
pluies torrentielles et les
températures excessives qui
caractérisent les climats
tropicaux; recycler les
éléments nutritifs du sol avant
qu’ils ne soient drainés hors de
la portée des cultures grâce à
un enracinement profond;
favoriser le développement et
le maintien des organismes
vivants du sol (insectes, vers,
micro-organismes), qui
contribuent très activement à
l’« aérer », à produire de
l’humus et à solubiliser les
éléments minéraux des
matières organiques.
semant directement à travers cette couverture à l’aide d’outils
adaptés, on supprime les labours qui, en zone tropicale humide,
peuvent détériorer très vite les sols s’ils sont inconsidérément
réalisés.
Ces techniques offrent de nombreux avantages, puisqu’elles
permettent notamment à l’agriculteur de réduire la pénibilité
de son travail et d’accroître la productivité.
Elles ont, en outre, des effets bénéfiques pour
l’environnement : recyclage des nutriments par les
plantes de couverture; préservation du sol et de l’eau;
limitation de la déforestation (par stabilisation des
exploitations).
Aujourd’hui, le Cirad se consacre à l’adaptation de
ces techniques pour la zone tropicale dans plusieurs pays
en voie de développement, notamment à Madagascar.
émissions de gaz à effet de serre… et de mettre en place des agricultures durables et plus productives.
Dans les pays en développement, qui dépendent fortement sur le plan économique de l’agriculture,
augmenter l’utilisation durable des ressources agricoles et promouvoir le développement rural demeurent
les moyens les plus rapides et les plus satisfaisants pour lutter contre la pauvreté et améliorer la sécurité
alimentaire. L’agriculture, les forêts et les pêches sont donc de puissants moteurs du développement.
La France de l’outre mer constitue dans la relève de ce défi un atout majeur. Elle permet en effet la
réalisation, sur ces terres tropicales, de recherches et d’expérimentations dont les résultats sont importants
pour l’avancée des connaissances scientifiques mais aussi pour la contribution au développement des pays
de la zone intertropicale.
13
Les tropiques,
des
nourritures
Au Burkina Faso…
Les femmes écrasent le mil à l’aide d’un pilon. Dans un
chaudron, elles cuisent ensuite cette farine avec de l’eau.
Cette bouillie s’appelle le tô ou bien la pâte.
On la mange avec une sauce à base de concentré de
tomates, de gombos (condiment), de piments, de poisson
séché, de haricots secs... Cette sauce est
préparée dans un mortier, le
tô zunlugo.
En Chine…
Les Chinois découpent leurs aliments (légumes,
poissons...) en petits morceaux à l’aide d’un
fendoir et d’un billot. Ils les cuisent à feu vif dans
un wok. Ces préparations se consomment avec
du riz (cuit aujourd’hui dans un autocuiseur
électrique), et de la sauce
de soja, du gingembre, de la
ciboule et d’autres
épices.
Les aliments oubliés du monde
Certaines plantes alimentaires
traditionnelles pourraient bien devenir les
aliments de demain. On a ainsi
redécouvert l’amarante et le quinoa, des
graines provenant, à l’origine, des Andes
et considérées comme sacrées par les
Incas du Pérou et les Aztèques du
Mexique. Elles sont toutes deux
nourrissantes et d’utilisations diverses.
Elles sont également vivaces : l’amarante
prospère dans les climats chauds, le
quinoa résiste aux gelées et pousse
jusqu’à des altitudes de
4 000 mètres. (Extrait de « L’ampleur
des besoins », Atlas des produits
alimentaires et de l’agriculture, FAO.)
14
Aux quatre coins du monde,
les cuisines et les recettes ne se
ressemblent pas, les ustensiles
de cuisine ne sont pas les mêmes.
À chacun sa façon de faire.
Au Mexique…
Dans un mortier de
pierre appelé le
molcajete, les
Mexicains
préparent une
sauce à base de
légumes, d’épices,
de piments... qui
sont écrasés avec
un pilon. Cette sauce
accompagne généralement
une viande (dinde, poulet...), bouillie séparément dans une marmite, la cazuela.
Les repas sont toujours accompagnés par les tortillas (galettes de maïs), désormais
achetées toutes prêtes.
En Inde…
Les vendeurs ambulants de
Delhi, en Inde, proposent une
multitude de plats. Le riz au
safran est un mets très répandu
car beaucoup d’Indiens sont
végétariens. Le riz est cuit et coloré
avec du safran dans une grande marmite,
puis servi avec une sauce à la tomate, très
épicée. On le consomme sur place, pesé et
servi sur des assiettes.
En France…
Le « poulet-frites » est un plat bien
apprécié en France.
On fait rôtir le poulet dans un four
électrique. Les frites (achetées surgelées)
sont cuites dans une friteuse électrique.
Les repas sont traditionnellement
accompagnés de pain,
acheté en boulangerie.
15
En Thaïlande…
On mange souvent dans la rue, mais aussi
sur la plage. Des marchandes transportent
dans un panier les produits frais
(poissons, crevettes, brochettes de
volailles, légumes) prêts à être cuisinés et
dans un autre le brasero dont elles
raniment la flamme pour les grillades
qu’on leur demande. Le tout est servi
dans des petits bols ou des assiettes
en carton.