La photographie webcam, un dispositif de création d - esad

Transcription

La photographie webcam, un dispositif de création d - esad
La photographie webcam,
un dispositif de création d’autoportraits
Les photographies webcam sont des photos de nature numérique, de basse qualité, destinées à l’origine
à être transmises instantanément lors des vidéos-conférences par exemple ou dans le cadre d’échanges sur les réseaux
sociaux. Ce sont des photographies qui n’existent en général que sur l’écran, elles n’ont pas pour vocation à être imprimées.
Ces photographies ont un caractère plutôt intime puisqu’elles relèvent le plus souvent d’un usage personnel.
Elles sont reconnaissables par le cadrage défini par le format de l’ordinateur c’est à dire un format paysage.
Le cadrage est donc presque toujours le même.C’est en général un plan rapproché ou un gros plan qui correspond
à la distance entre le sujet et son ordinateur, c’est à dire environ 30/40 cm. L’utilisateur est ici statique (assis
devant son poste de travail, souvent installé dans son lieu de vie). Ces photographies prises en intérieur dévoilent
l’intimité dans l’arrière plan. L’utilisateur est donc invité à créer un mise en scène afin de cacher ou dévoiler
certains objets, éléments présents dans le décor qui l’entoure. Cependant, ce sont aussi parfois des images
de l’instant. Si la plupart du temps l’internaute travaille sa pause et aménage l’environement qui entre dans le cadre
de la photo, à d’autres moments, il les néglige totalement, se livrant à la facilité de capturer le moment présent,
l’instant T.
Elodie Espy - DNAT - Note d’intention - 2013
Ces photos sont généralement des autoportraits. On utilise la webcam principalement pour se photographier
soit-même, face à la fenêtre de l’ordinateur dans lequel on se regarde comme dans un miroir pour se «cadrer»
dans l’image. Cette pratique n’est pas sans rappeler celle des photomatons. Les photographies webcam sont
beaucoup utilisées par les internautes en guise d’avatar, de photo du profil, autrement dit la photographie d’entrée
en contact. Les notions d’identité numérique et de «cyber réputation» s’imposent alors. En effet, ces autoportraits
que l’on choisit pour se représenter à la vue de tous sont un espace de projection (tourné vers l’autre et vers
le groupe) et un espace d’intériorisation (tourné vers l’individu). Ils sont la représentation d’un état interne
de l’individu ou bien d’une volonté d’être de ce même individu. À la manière dont le pseudonyme masque le nom
reel de l’internaute, l’avatar masque, transforme son image réelle.Ces photographies webcam, utilisées comme
des avatars par les internautes sur les réseaux sociaux sont assez narratives. On peut dire en quelques sortes
qu’elles «racontent» l’internaute ou plutôt ce qu’il veut raconter.
Bien que ces photographies soient le témoin d’une certaine intimité, elles sont aujourd’hui massivement
diffusées sur le web. Elles montrent une volonté de se rendre visible, de se montrer ou en tout cas de partager
quelque chose qui le concerne pour assouvir son désir d’extimité. Celui-ci correspond au fait de déposer certains
éléments de notre vie intime dans le domaine public afin d’avoir un retour sur notre valeur. Il est différent de
l’exhibitionnisme et contribue à la création de l’estime de soi. Le nombre de blogs et de tumblr dévoilant l’intimité
des internautes ne cesse de croître et deviennent de moins en moins pudiques. Cette pratique est en quelques
sorte un dispositif d’écriture personelle, l’extension du journal intime. Une pratique dédiée à la recherche d’une
identité en passe d’être affirmée, remodelée ou réhabilitée, quête d’une liberté inconditionnelle. La diffusion de soi
sur internet, c’est peut être aussi un combat pour cette liberté mais non sans danger.
Le Web instaure une relation paradoxale à l’autre. D’un côté, il y a des internautes qui s’adressent à d’autres
internautes, sans précisément les connaître, et mettent à leur disposition des informations les concernant ;
de l’autre côté, celles et ceux qui regardent, qui consultent les pages personnelles, deviennent dépositaires
d’expériences, de tous ces moments de vie volontairement partagés. L’internaute devient un nouvel amateur qui
n’est pas strictement en situation de recueillir des expériences et de les analyser, mais qui est au moins un témoin,
parfois le principal, d’actions et d’expériences en train de s’accomplir. Les photographies webcam sont avant tout
un média d’enregistrement dans une société où tout moment vécu, pour vraiment exister doit avoir laissé une trace
de son existence.
Ces photographies webcam sont le témoignage de la représentation de soi d’une catégorie de personnes.
Elles nous donnent à voir comment ces personnes se représentent, mais surtout comment elles se regardent,
se perçoivent, mais aussi à quoi elles veulent ressembler?
Comment le geste de se photographier soi même avec les logiciels de capture d’images interagit-il sur
le processus de création d’autoportraits.
Qu’adviendrait-il si on intervenait directement sur le dispositif, à la source de l’image, à l’instant T où elle
se fabrique?
Serge Tisseron, Intimité et extimité
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Jean-Marie Schaeffer, Le portrait photographique est-il un art ?
Extrait du catalogue de l’exposition Portraits, singulier pluriel
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Elodie Espy - DNAT - Note d’intention - 2013
Rencontre avec Marc Pataut
http://www.youtube.com/watch?v=Kr5T0yHhO_A
Humaines
exposition de M. Pataut
http://www.clermont-ferrand.fr/Exposition-en-cours.html
Post Privacy Art La sphère privée n’existe pas
sur la Toile
«Tracks», émission diffusée par la chaine Arte,
janvier 2013.
Dora Mouto, La Gazette du mauvais goût
http://www.lagazettedumauvaisgout.com