VOYAGE AU VIETNAM ET AU CAMBODGE du 5 au 23 novembre

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VOYAGE AU VIETNAM ET AU CAMBODGE du 5 au 23 novembre
VOYAGE AU VIETNAM ET AU CAMBODGE
du 5 au 23 novembre 2013
(1ère partie)
Par Elisabeth De Groote
Résumer ce voyage ne fut pas une mince affaire vu

la diversité des régions parcourues (le Vietnam, à savoir le nord, le centre et le sud avec
le delta du Mékong, et le Cambodge, comprenant la zone archéologique d’Angkor et la
capitale Phnom Penh) ;

l’histoire complexe de ces pays qui connurent de nombreuses guerres (dont certaines,
très récentes, sont encore bien présentes dans la mémoire collective) et qui souhaitent
sortir avec plus ou moins de succès de leur sous-développement ;

la richesse de leur patrimoine, liée à leurs grandes civilisations disparues (civilisation
Champa au centre du Vietnam et la civilisation khmère au Cambodge) ;

la variété de l’orthographe des noms et des lieux : devons-nous retenir baie d’Halong ou
baie d’Along ou encore baie d’Ha Long ? Personnellement, j’ai opté pour l’orthographe
adoptée dans notre programme de voyage ;

last but not least la volonté de nos différents guides (pas moins de 5). Chacun d’entre
eux s’est fait un point d’honneur à nous donner une image aussi complète que possible
de sa région (histoire, économie, organisation sociale, artisanat …) et à répondre au
mieux à nos attentes (découverte de la gastronomie locale, de l’artisanat et des
commerces qui y sont liés, des bonnes affaires …). Dans l’enthousiasme de l’action et
pour faire face au mieux aux réalités du terrain (e.a. intempéries, durée des repas, fièvre
acheteuse des voyageurs, …), ils prirent parfois quelque liberté avec le programme
préétabli. Il en fut de même avec les statistiques (population, espérance de vie, revenu
par habitant…) ; peut-être est-ce dû au rythme effréné des changements, surtout au
Vietnam.
Ce long préambule pour vous dire qu’il ne m’a pas été possible en quelques pages de vous
faire (re)vivre en détail et dans l’ordre chronologique chacune des journées de ce
merveilleux voyage. J’ai donc subdivisé ce récit en 2 grands chapitres (Vietnam et
Cambodge), subdivisés à leur tour en fonction de la région visitée (le nord, le centre et le sud
du Vietnam, d’une part, Angkor et le Tonle Sap, ainsi que Phnom Penh, d'autre part).
LE VIETNAM
Le nord du Vietnam
Partis de Bruxelles le mardi 5 novembre à 13h30, non sans avoir connu quelques petits
pépins (retard du taxi à la BNB, chute d’Hilde sur le tapis roulant à l’aéroport, perte de
l’appareil photo d’Yvan lors du contrôle des bagages), nous avons atterri à Hanoï, capitale
de la république socialiste du Vietnam le mercredi 6 novembre à 9h30 heure locale1 après
un périple de plus de 9000 km et une escale à Bangkok.
Nous y sommes attendus par Kien qui nous accompagnera pendant les 5 jours que nous
passerons dans cette région. Sur la route qui nous conduit à notre hôtel situé au centre-ville,
nous sommes directement plongés dans un autre monde : nous voici en Asie dans un pays
socialiste dirigé par un parti unique, le parti communiste, mais où règne une économie de
marché. Tout au cours de notre voyage, ce concept hybride nous sera rappelé et nous
aurons bien souvent le sentiment que les Vietnamiens n’ont pas retenu du communisme ses
aspects positifs mais plutôt ses défauts et que c’est avec pragmatisme qu’ils avancent
courageusement, sans oublier leur passé, vers un avenir qu’ils espèrent meilleur.
Après cette parenthèse, reprenons notre route…
Nous découvrons le fleuve Rouge, le pont Doumer, vestige de la période coloniale, la
mosaïque du Millénaire2, les petits commerces, les restaurants en plein air sur les trottoirs et
beaucoup de femmes portant des masques. Nous pensons naturellement qu’il s’agit d’un
moyen de protection contre la pollution; Kien se charge de nous détromper : il s’agit surtout
de protéger la peau qui est un témoin du statut professionnel, teint pâle pour les employées
de bureau, teint hâlé pour les paysannes de la campagne… Les canons de la beauté ne
sont pas les nôtres dans ce pays…
Nous découvrons une circulation trépidante,
dominée non plus par les vélos, pas encore par
les voitures mais bien par des motocyclettes,
signe d’un certain développement économique,
et constatons avec surprise et une certaine
anxiété que le code de la route n’est pas
toujours scrupuleusement respecté… A notre
arrivée à l’hôtel, nous prendrons pleinement
conscience du trafic ; Kien nous donne comme
consigne de ne jamais traverser une rue en
courant car nous risquerions de perturber les Vietnamiens qui ont intégré dans leur trajet la
présence d’obstacles… Après ce premier aperçu, nous avons droit à goûter la gastronomie
vietnamienne qui possède ses propres saveurs et parfums liés à l’usage de nombreuses
herbes aromatiques et condiments. Pour nous, ce sera toujours jour de fête, midi et soir,
repas avec 7 ou 8 plats, potage, nems, crevettes ou calamars frits, viande, poisson,
légumes, riz et dessert.
1
Au Vietnam et au Cambodge : GMT +7 ; en Belgique GMT +2 en été, GMT +1 en hiver. Donc quand nous atterrissons à
Hanoï, il est 15h30 à Bruxelles.
2
Le chemin de la mosaïque a été réalisé dans le cadre du millénaire fêté en 2010, il court sur une distance de presque 4.000
mètres et couvre une superficie d’environ 7.000 m2 de mosaïques qui agrémentent en plein centre de Hanoï la digue du fleuve
Rouge.
Nous terminerons notre première journée par la visite en cyclo-pousse du vieux quartier des
corporations et du grand marché, puis c’est à pied que nous rejoindrons le Petit Lac (Ho
Haon Kiem) pour accéder par un charmant petit pont rouge au temple Ngoc Son. Cette
première journée nous a permis de découvrir une ville au charme indéniable où le présent et
le passé sont intimement liés comme nous le constaterons pendant tout notre séjour à
Hanoï. Avant de quitter Hanoï, nous découvrirons encore
-
la pagode Tran Ngoc (pagode de la défense du pays) et la pagode du pilier unique ;
-
le quartier colonial avec arrêt-photo devant l’ancien palais du gouverneur général
d’Indochine ;
-
-
le mausolée d’Ho Chi Minh dont le nom ne
peut être dissocié de l’histoire politique du
Vietnam du 20e siècle, caractérisée par une
longue lutte contre le colonialisme français,
au terme de laquelle le Vietnam fut scindé
en deux avant d’être réuni en 1975 après la
terrible guerre du Vietnam qui vit s’affronter
les idéologies dominantes de l’époque et se
termina par la victoire des communistes ;
le temple de la littérature dédié à Confucius. Ce temple fut construit en 1070, c’est le
seul temple de Hanoï de cette époque à nous être parvenu sans trop de modification.
On y ajouta dès 1076 un centre d’enseignement (transféré dès 1802 à Hué) pour former
les lettrés et les dignitaires du pays.
Dans cet endroit calme, loin de l’agitation de
la ville, quelle ne fut notre surprise de trouver
de nombreux étudiants fêtant la fin des
études, portant pour l’occasion toge et petit
chapeau noir comme dans les universités
anglo-saxonnes et se livrant avec délectation
à de nombreuses séances de photos. Il
nous fut également donné d’admirer dans
cet endroit hors du temps de nombreuses
jeunes filles dans leur superbe robe
traditionnel et
-
le musée d’ethnographie du Vietnam, inauguré lors du sommet de la francophonie en
1997. Le grand hall circulaire est censé symboliser l’unité des différentes populations du
pays, grande ambition quand on sait qu’il comporte 54 ethnies réparties entre plaines,
hauts plateaux et montagnes. Le musée est entouré d’un parc dans lequel on peut
découvrir les maisons de certaines ethnies, maisons qui y ont été transportées et
remontées par leurs artisans.
Comme une visite à Hanoï ne peut se concevoir sans assister à un spectacle de
marionnettes sur l’eau, cette activité figurait à notre programme. Cet art traditionnel vieux de
900 ans est très répandu dans le delta du fleuve Rouge. La scène est une étendue d’eau sur
laquelle est présentée une succession de petits tableaux mettant en scène la vie des
paysans et de leur famille, le tout rythmé par la musique d’instruments traditionnels. La
plupart d’entre nous n’ont malheureusement pu profiter pleinement du spectacle vu leur état
de fatigue …
Après ces deux journées consacrées à la découverte d’Hanoï, nous prenons de bon matin la
route pour la baie d’Halong située au nord du Vietnam, dans le golfe du Tonkin, à proximité
de la Chine et à 170 km à l'est de Hanoï. C’est un site mythique3, inscrit au patrimoine
mondial naturel de l’Unesco en raison de ses valeurs esthétiques exceptionnelles et de son
grand intérêt biologique.
Pendant le trajet, qui prendra plusieurs heures, Kien poursuit notre formation sur le Vietnam
et nous fait entendre la chanson « Bonjour Vietnam » écrite par Marc Lavoine et interprétée
par Pham Quynh Anh (Vietnamienne vivant en Belgique). De par ses accents de vérité,
cette chanson (texte en annexe) fit le tour de la diaspora vietnamienne en exil et fut même
relayée dans les médias au Vietnam.
De plus, quelques arrêts ont été prévus pour nous distraire et permettre au chauffeur de se
détendre un peu. Nous nous arrêtons d’abord dans un centre commercial où nous trouvons
bijoux en pierres semi-précieuses, articles de confection, objets en laque, confiseries…
Nous découvrons l’artisanat vietnamien et les plaisirs du marchandage.
Plus loin, il nous sera donné de faire quelques photos de la campagne vietnamienne et de
ses cultures maraîchères et au dernier arrêt, nous aurons une bien agréable surprise : notre
chauffeur et son adjoint (ici, les petits métiers sont bien présents) nous offrent une petite
collation, de l’ananas frais débité avec adresse par de charmantes marchandes des quatresaisons.
3
Certaines scènes du film Indochine, réalisé en 1992 par Régis Warnier avec entre autres Catherine Deneuve, y ont été
tournées.
En fin de matinée, nous atteignons le but de notre excursion: la baie se profile à l’horizon,
nous retenons notre souffle devant tant de beauté et accédons avec plaisir au Pélican, la
luxueuse jonque qui sera notre hôtel pour 24
heures. Ici aussi, tout est prévu pour répondre
à nos moindres désirs : bonne table, chambre
confortable, climatisation, cabinet de toilette
avec douche, animations diverses (cours de
cuisine, film, pêche au calamar…). Rien de tel
pour profiter pleinement de ce lieu unique.
C’est de notre jonque que nous partirons sur
des sampans à la découverte des îles et de
grottes telles que la grotte « Hang Sung Sôt »
(ou grotte des surprises vu sa taille, son relief et ses superbes stalactites et stalagmites) et la
grotte Hang Luon (il s’agit plus précisément d’un lac intérieur) sur le chemin de laquelle des
« Golden Monkeys » nous observeront sans acrimonie.
Comme toutes les bonnes choses ont une fin, nous quittons notre jonque dès le lunch
terminé pour reprendre le chemin de Hanoï. Au retour, nous visiterons un centre de perles
où on nous donnera quelques filons pour distinguer les vraies perles (perles de mer) des «
vraies fausses » (perles de rivière) et « des fausses fausses » (perles chinoises), ainsi qu’un
atelier de céramique.
C’est en fin de journée que nous recevons les premières informations relatives au typhon
Hayan. Celles-ci sont encore très floues, notre accompagnateur ne semble pas paniquer ;
les Vietnamiens connaissent bien les typhons et s’il devait toucher la région, ce ne serait que
le treizième de l’année si bien que le déroulement de nos dernières activités dans le nord du
Vietnam ne semble nullement compromis.
Le dimanche matin, nous partons donc pour Ninh Binh, surnommée la « baie d’Halong
terrestre » et située à 3 heures de route de Hanoï. Le temps se dégrade et le risque de pluie
ne peut être exclu, ce qui contrarie notre guide : celle-ci pourrait nuire au succès de notre
balade en barque sur le ruisseau qui serpente entre les collines karstiques et les rizières.
Heureusement, quand nous arrivons à l’embarcadère, le danger semble s’éloigner et c’est
confiant que nous montons deux par deux dans de petites barques à rames actionnées non
pas à la force du poignet mais des pieds, bien souvent par des femmes d’un certain âge.
La vie n’est pas toujours tendre au Vietnam, seuls les fonctionnaires et les salariés
bénéficient d’une pension et ont accès à une couverture sociale des frais médicaux, les
autres doivent travailler et/ou compter sur la solidarité familiale…
Comme dans la baie d’Halong, toute une vie s’organise sur la rivière, les Vietnamiens ne
manquent pas une occasion d’essayer de tirer parti de la présence des touristes ; on nous
propose des boissons, des fruits, des fleurs et même des produits artisanaux tandis qu’une
photographe locale immortalise notre passage, ses photos nous attendront à notre retour.
Après le déjeuner, nous visiterons encore quelques monuments dans la région dont la
Pagode Bai Dinh, la plus grande du nord Vietnam
mais nous ne nous attarderons plus guère car les
nouvelles du typhon deviennent plus précises et la
pluie semble imminente. Après avoir violemment
touché les Philippines, le typhon se dirige vers le
Vietnam et les autorités ont pris les dispositions qui
s’imposaient (fermeture de la baie d’Halong –
heureusement, nous y étions déjà allés -, déplacement de nombreuses personnes, surtout dans le centre du Vietnam, fermeture des
aéroports…). Nous prenons donc sans tarder le chemin du retour; en route, la pluie s’est
mise à tomber et nous voyons non sans une petite anxiété l’eau monter. Pour nous divertir,
notre chauffeur nous fait servir un apéritif et nous poursuivons dans le calme jusqu’à Hanoï.
A notre arrivée à Hanoï, nous apprenons que la suite de notre voyage sera modifiée. Au lieu
de nous envoler vers le centre du Vietnam le lundi matin, nous allons reprendre le car et
nous rendre au nord de Hanoï dans une ferme relais et, si les intempéries persistent, chez
l’habitant car l’hôtel ne peut nous garder, toutes ses chambres étant réservées… Nonobstant
ces nouvelles alarmantes, nous partons sous une pluie battante au restaurant. L’Association
nous y offre l’apéritif en l’honneur de Jeanine qui fête son anniversaire et le restaurant lui
présente un énorme gâteau que nous partagerons avec elle. Rien de tel pour oublier le
typhon et les risques qui planent sur notre voyage ; de plus, on nous annonce que nous
pourrons faire la grasse matinée, un véritable luxe pour nous qui avons pris l’habitude de
nous lever aux environs de 6h-6h15.
Le lundi matin, nous prenons donc tout notre temps pour profiter du buffet, lequel est comme
toujours très bien garni : pains, viennoiseries, charcuteries, fruits et légumes, pâtisseries…
Ce répit est toutefois de courte durée car nous voyons apparaître un messager à la
recherche des responsables de notre groupe. Changement en vue, le typhon a atterri et n’a
fait que très peu de dégâts au Vietnam si bien que les autorités ont décidé de rouvrir
l’aéroport et notre vol initialement prévu pour 11h ne sera que légèrement retardé… Dans
ces conditions, retour précipité dans les chambres pour terminer les bagages en tenant
compte des consignes de sécurité pour les bagages à main ; dans leur course, certains
oublieront à l’hôtel quelques objets pas trop importants, heureusement …
ANNEXE
Bonjour Vietnam
Raconte-moi ce nom étrange et difficile à prononcer
Que je porte depuis que je suis née.
Raconte-moi le vieil empire et le trait de mes yeux bridés
Qui disent mieux que moi ce que tu n'oses dire.
Je ne sais de toi que des images de la guerre
Un film de Coppola, des hélicoptères en colère...
Un jour, j'irai là-bas, un jour dire bonjour à ton âme.
Un jour, j'irai là-bas, te dire bonjour, Vietnam.
Raconte-moi ma couleur, mes cheveux et mes petits pieds
Qui me portent depuis que je suis née.
Raconte-moi ta maison, ta rue, raconte-moi cet inconnu
Les marchés flottants et les sampans de bois.
Je ne connais de mon pays que des photos de la guerre
Un film de Coppola, des hélicoptères en colère...
Un jour, j'irai là-bas, un jour dire bonjour à mon âme.
Un jour, j'irai là-bas, te dire bonjour, Vietnam.
Les temples et les Bouddhas de pierre pour mes pères
Les femmes courbées dans les rizières pour mes mères
Dans la prière, dans la lumière, revoir mes frères
Toucher mon âme, mes racines, ma terre...
Un jour, j'irai là-bas, un jour, dire bonjour à mon âme.
Un jour, j'irai là-bas, te dire bonjour, Vietnam.
Te dire bonjour, Vietnam