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Théorèmes limites pour processus stationnaires mélangeants En collaboration avec Dalibor Volný Davide Giraudo Université de Rouen 7 juin 2013 1 / 27 Plan Présentation du TCLF et des conditions de mélange Un exemple de suite β-mélangeante avec TCL, sans TCLF Extension aux champs aléatoires 2 / 27 Plan Présentation du TCLF et des conditions de mélange 3 / 27 Suites stationnaires, définition Définition La suite (Xj , j ∈ Z) de variables aléatoires de Ω dans R est strictement stationnaire si pour tout entier n, les suites (Xj+n , j ∈ Z) et (Xj , j ∈ Z) ont la même loi. Cette condition est équivalente à : pour tout d ∈ N∗ , n ∈ N, t1 , . . . , td ∈ R, µ d \ j=1 ! {Xj < tj } =µ d \ ! {Xj+n < tj } . j=1 4 / 27 Suite stationnaires, représentation Soit T : Ω → Ω bijective, bi-mesurable, et préservant la mesure : µ(T −1 (A)) = µ(A) pour tout A ∈ F. ` ´ Si f : Ω → R est mesurable, alors la suite f ◦ T j , j ∈ Z est strictement stationnaire. Réciproquement, toute suite strictement stationnaire peut-être représentée de cette manière. On appelle le quadruplet (Ω, F, µ, T ) un système dynamique. 5 / 27 Le théorème central limite (TCL) Soit f ∈ L2 (Ω) à moyenne nulle, Sn (f ) := Pn−1 j=0 f ◦ T j et σn (f )2 := E (Sn (f )2 ). Définition ` ´ On dit que f ◦ T j , j ∈ Z vérifie le théorème central limite si la suite “ ” 1 S (f ), n > 1 converge en loi vers la loi normale centrée réduite, i.e. pour σn (f ) n toute fonction h : R → R continue bornée, » „ «– „ 2« Z +∞ 1 x lim E h Sn (f ) = (2π)−1/2 h(x) exp − dx. n→∞ σn (f ) 2 −∞ 6 / 27 Le théorème central limite fonctionnel (TCLF) Pour f : Ω → R, on pose bntc−1 Sn∗ (f , t, ω) := X f ◦ T j (ω). j=0 Pour ω et n fixés, t 7→ Sn∗ (f , t, ω) est une fonction à valeurs dans l’espace D[0, 1] des fonctions continues à droite, ayant un limite à gauche en tout point de [0, 1]. ` ´ On dit que la suite f ◦ T j , n ∈ N vérifie le TCLF si la suite “ ” 1 S ∗ (f , t, ·), n ∈ N converge en loi dans D[0, 1] vers un mouvement σn n Brownien standard (Bt )t>0 . On peut travailler avec C [0, 1] et définir bntc−1 Sn∗ (f , t, ω) := X f ◦ T j (ω) + (nt − bntc)f ◦ T bntc . j=0 7 / 27 Théorème de Donsker Définition (indépendance) On dit que la suite (Xj , j ∈ Z) est indépendante si pour tous I , J ⊂ Z finis et disjoints, et A ∈ B(R|I | ), B ∈ B(R|J| ), on a µ ({(Xi )i∈I ∈ A} ∩ {(Xj )j∈J ∈ B}) = µ ((Xi )i∈I ∈ A) µ ((Xj )j∈J ∈ B) Théorème (Donsker, 1952) Si la suite (Xj , j ∈ Z) est indépendante, identiquement distribuée à moyenne nulle, de carré intégrable, alors le TCLF a lieu. 8 / 27 Relation entre TCL et TCLF On peut montrer que le TLCF est équivalent à 1. la convergence des lois fini-dimensionnelles, et, 2. la tension uniforme dans l’espace considéré, i.e. pour tout ε > 0, il existe ˘ ¯ un compact K tel que µ( σn−1 Sn∗ ∈ K ) > 1 − ε pour chaque n. En particulier, le TCLF implique le théorème central limite. On cherche à voir sous quelles conditions on a une réciproque partielle, i.e. une condition (C) telle que si (Xk , k ∈ Z) est stationnaire, à moyenne nulle, de carré intégrable, et vérifie à la fois le TCL et la condition (C), alors on a le TCLF. Il faut donner une quantification de la dépendance d’une suite. 9 / 27 Les conditions de mélange Soient A et B deux sous-tribus de F. On introduit α(A, B) := |µ(A ∩ B) − µ(A)µ(B)| ; sup A∈A,B∈B I β(A, B) := J XX 1 sup |µ(Ai ∩ Bj ) − µ(Ai )µ(Bj )| ; 2 i=1 j=1 où Ai ∈ A, Bj ∈ B, et {Ai , 1 6 i 6 I }, {Bj , 1 6 j 6 J} forment une partition de Ω, et ˛ ˛ ˛ ˛ µ(A ∩ B) ˛ ˛ φ(A, B) := sup ˛ µ(A) − µ(B)˛ . A∈A,µ(A)>0, B∈B Si −∞ 6 m 6 n 6 +∞ et X := (Xj , j ∈ Z) est une suite de variables aléatoires, on pose Fmn := σ(Xj , m 6 j 6 n). 10 / 27 Le ρ-mélange Pour A et B deux sous-tribus de F, n o ρ(A, B) := sup |Corr(f , g )| , f ∈ L2 (A), g ∈ L2 (B), f , g 6= 0 , où Corr(f , g ) := E (fg )−E (f )E (g ) . kf kL2 kg kL2 11 / 27 Suite mélangeante On dit que X := (Xj , j ∈ Z) est α-mélangeante si m +∞ α(n) := sup α(F−∞ , Fm+n ) → 0, n → +∞. m∈N On a α(n) 6 ρ(n) 6 φ(n) en tout généralité. Il n’y a pas de telle relation entre les coefficients de β et ρ-mélange. 0 Dans le cas stationnaire, c(n) = c(F−∞ , Fn∞ ) (avec c = α, β ou φ). On a 0 6 α(n) 6 2β(n) 6 φ(n). Si X est indépendante, alors φ(n) = 0 pour tout n. 12 / 27 Théorème central limite sous des conditions de mélange Théorème Soit X = (Xk , k ∈ Z) une suite stationnaire α-mélangeante, avec σn2 := Var Sn → +∞, E (X0 ) = 0. Les conditions suivantes sont équivalentes : Sn σn ⇒ N(0, 1) ; o n 2 S 2. la famille σn2 , n > 1 est uniformément intégrable. 1. on a n 13 / 27 Théorème central limite sous des conditions de mélange Théorème Soit X = (Xk , k ∈ Z) une suite stationnaire α-mélangeante, avec σn2 := Var Sn → +∞, E (X0 ) = 0. Les conditions suivantes sont équivalentes : Sn σn ⇒ N(0, 1) ; o n 2 S 2. la famille σn2 , n > 1 est uniformément intégrable. 1. on a n Théorème (Herrndorff, 1983) Étant donnée une suite décroissante (ck , k > 1) de nombres réels positifs, il existe une suite (Xk , k ∈ Z) strictement stationnaire, à moyenne nulle, σn2 := Var Sn2 → +∞, vérifiant I la suite (Sn , n > 1) est uniformément tendue ; I inf n>1 µ(Sn = 0) > 0 ; I pour tout entier n, βX (n) 6 cn . 13 / 27 Sous la condition d’α-méalange Théorème (Oodaira, 1972) Soit X := (Xj , j ∈ Z) une suite strictement stationnaire, à moyenne nulle, telle P δ que E [X02+δ ] < ∞ pour un δ > 0. Sous la condition n α(n) 2+δ < ∞, le TCLF a lieu. En 1984, Herndorff a construit un exemple de suite non-stationnaire, 1-dépendante, avec des moments d’ordre deux, vérifiant un TCL sans TLCF. 14 / 27 Un critère de Doukhan, Massart et Rio Soit (Xk , k ∈ Z) une suite strictement stationnaire, et Q la fonction càdlàg inverse de t 7→ µ {|X0 | > t}. On note α−1 (u) := inf {t, α(btc) 6 u}. La condition Z 1 (DMR) α−1 (u)Q(u)2 du < ∞ 0 entraı̂ne le TLFC. R1 Si a > 1 et F une fonction de répartition telle que 0 u −1/a QF (u)2 du diverge, alors il existe une suite strictement stationnaire X = (Xk , k ∈ Z) pour laquelle : 1. X0 a pour fonction de répartition F ; 2. αX (n) se comporte comme n−a ; 3. le théorème central limite n’est pas vérifié. 15 / 27 Sous la condition de φ-mélange Théorème (Peligrad, 1985) Soit X := (Xj , j ∈ Z) une suite strictement stationnaire, à moyenne nulle, de carré sommable, σn → ∞ et φ-mélangeante, avec φ(1) < 1. Alors le TCL donne le TCLF. Le φ-mélange est donc suffisament restrictif pour impliquer la version fonctionnelle du TLC. Qu’en est-il des autres conditions de mélange ? 16 / 27 Plan Un exemple de suite β-mélangeante avec TCL, sans TCLF 17 / 27 Énoncé du résultat Théorème (G., Volný) Il existe une suite stationnaire à valeurs réelles X = (Xk , k > 0) vérifiant les conditions suivantes : 1. X vérifie le théorème central limite ; 2. X ne vérifie pas le TLCF ; 3. X0 ∈ Lp pour tout p > 0 ; 4. X est β-mélangeant. 18 / 27 La construction Soit (nk , k ∈ N) une suite strictement croissante d’entiers. On peut construire − un système dynamique (Ω, F, µ, T ) et des parties mesurables A+ k , Ak telles que les variables aléatoires ” “ U −i (χA+ − χA− ), i, k ∈ Z k k − sont indépendantes, avec U(f )(ω) := f (T ω), et µ(A+ k = µ(Ak ) = µ(Ω \ (A+ k t A− k )) =1− 1 nk2 X i=0 , . On pose nk −1 hk := 1 2nk2 nk −1 U −i ξk − U −nk X i=0 U −i ξk ; h := +∞ X k · hk . k=1 19 / 27 Justification I On peut écrire h sous la forme g − Ug , donc ça ne pertubera pas le TCL. I On peut montrer que β(2nk ) 6 I En choisissant la suite (nk , k > 1), on peut s’assurer que : I I 2 j>k nj P . h est bien définie (Borel-Cantelli) ; ` ´ en ajoutant une suite indépendante, indépendante de h ◦ T j , j ∈ Z , on met en défaut le TLCF. 20 / 27 Plan Extension aux champs aléatoires 21 / 27 Présentation des champs aléatoires Soit d > 1 un entier. Un champ aléatoire est une collection de variables aléatoires (Xk , k ∈ Zd ). Le champ (Xk , k ∈ Zd ) est (strictement) stationnaire si pour tout u ∈ Z, la loi de (Xk , k ∈ Zd ) est la même que celle de (Xk+u , k ∈ Zd ). On peut représenter un champ aléatoire stationnaire (Xk , k ∈ Z) par k (U k f , k ∈ Z), où U k = U1k1 . . . Ud d , avec les Uj les opérateurs associés à Tj (par Uj f (x) = f (Tj x)), applications préservant la mesure et qui commutent. On dit que (f ◦ T k , k ∈ Zd ) vérifie le TCL si 1 √ n1 . . . nd X 16ki 6ni f ◦ T k ⇒ N(0, 1) quand min ni → +∞. 16i6d 22 / 27 Le principe d’invariance pour les champs aléatoires Soit Qd := nQ d j=1 [0, tj ], 0 o 6 tj 6 1 la classe des quadrants. On pose Sn∗ (f , A) := X λ(nA ∩ Rj ) · f ◦ T j , j∈Zd Qd où Rj := i=1 (ji − 1, ji ], A ∈ Qd et λ est la mesure de Lebesgue. Q On note At := dj=1 [0, tj ]. On dit que (f ◦ T j , j ∈ Zd ) vérifie le principe d’invariance relativement à Qd si la famille (t 7→ n−d/2 Sn∗ (f , At )) converge Q en loi vers un drap brownien (Bt )t∈[0,1]d (de covariance Cov(Bs , Bt ) = dj=1 min {si , ti }) dans C [0, 1]d . 23 / 27 Les conditions de mélange pour les champs aléatoires Soit (f ◦ T k , k ∈ Zd ) un champ aléatoire stationnaire. Si I ⊂ Zd , on note FI la tribu engendrée par les f ◦ T k , k ∈ I . Si i, j ∈ N ∪ {∞}, on pose αi,j (n) = sup {α(FI , FJ ), |I | 6 i, |J| 6 j, ∃c ∈ [d], ∀i ∈ I , j ∈ J, ic 6 et jc > n} . On a pour d > 2 et pour tout champ aléatoire stationnaire que α∞,∞ (n) 6 ρ∞,∞ (n) 6 2π · α∞,∞ (n), et si β∞,∞ (n) → 0, alors (f ◦ T k , k ∈ Zd ) est m-dépendant. (i.e. si max16i6d |ji − ki | > m alors f ◦ T j et f ◦ T k sont indépendants. 24 / 27 Adaptation du contre-exemple aux champs aléatoires Théorème (G., Volný) Il existe ` un champs ´ aléatoire stationnaire à valeurs réelles, moyenne nulle, X = Xk , k ∈ Zd vérifiant les conditions suivantes : 1. X vérifie le théorème central limite ; 2. X ne vérifie pas le TLCF relativement à Qd ; 3. X0 ∈ Lp pour tout p > 0 ; 4. on a βk,∞ (n) → 0 pour tout entier k. 25 / 27 Résultat expliquant la différence avec les suites Théorème (Kim, Seok) Si (Xk , k ∈ Zd ) est un champ aléatoire strictement stationnaire à moyenne nulle, tel que E (X02+δ ) < ∞ pour un δ > 0, Var(Sn ) → +∞,et α∞,∞ (n) → 0, alors le principe d’invariance a lieu relativement à Qd . Conséquence : on ne peut pas espérer une condition de mélange uniforme pour les coefficients d’α-mélange. 26 / 27 Perspectives Question 1. Soit (Xj , j ∈ Z) une suite strictement stationnaire, E (X0 ) = 0,E (X02 ) < ∞, Var Sn → ∞, et ρX (n) → 0. On suppose que le TCL est vérifié. En est-il de même pour le TLCF ? P∞ j I Le TLCF a lieu si j=0 ρ(2 ) < ∞ (Shao, Peligrad). I I Il a également lieu si E (|X0 |2+δ ) < ∞ pour un δ > 0. S’il existe une fonction g : [0, +∞) → [0, +∞) telle que E (X“02 g (|X0 |)) < ∞ et” il existe A > 2 tel que Pblog nc exp A j=1 2 ρ(2j ) g (n1/2 ), alors le TFLC a lieu. Question 2. Peut-on remplace Qd par une classe de boréliens plus petite ? 27 / 27