Conférence de presse sur l`évolution du pouvoir d`achat
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Conférence de presse sur l`évolution du pouvoir d`achat
Communiqué de Presse Mardi 1 er Octobre 2013 L’indice du Pouvoir d’Achat Ressenti calculé par le BIPE prévoit une nouvelle dégradation en 2013 de -1,6% et -0,4% en 2014 La… si lente reprise de l’économie française Malgré le redressement de la croissance au deuxième trimestre 2013 et une amélioration des principaux indicateurs de confiance, la France conserve des fondamentaux économiques toujours trop dégradés pour lui permettre de rebondir significativement sur le reste de 2013 et 2014. En effet, l’embellie du deuxième trimestre 2013 est en partie liée à des facteurs volatiles (consommation d’énergie et achats d’automobile, exportations aéronautiques) et les freins pesant sur l’économie restent bien serrés. Ces freins se situent principalement à trois niveaux : Une situation toujours dégradée du côté des ménages. Les destructions d’emploi dans le secteur concurrentiel vont se poursuivre jusque mi-2014, avec un taux de chômage total qui devrait atteindre 11,4% en 2014. Au final, la consommation des ménages restera très peu dynamique en 2014 (+0,6 % après +0,3 % cette année) ; Une évolution négative de l’investissement. La dégradation des revenus des ménages se répercute sur leurs décisions d’investissement en logement. Les collectivités territoriales – premiers investisseurs du secteur public – devront digérer la baisse des dotations sans pouvoir faire appel au crédit. Enfin, les entreprises doivent continuer leurs efforts en vue de restaurer leur profitabilité et sont toujours trop dépendantes du crédit pour rentrer dans une phase de réinvestissement ; Une performance trop faible à l’exportation. Si les exportations françaises vont bénéficier de la reprise européenne, cette amélioration restera fragile et, sur certains segments, la France doit faire face à la concurrence de l’Espagne, qui a gagné en compétitivité-coût ; Par conséquent, après une période de volatilité due à une évolution erratique de la consommation entre le troisième trimestre 2013 et le début 2014 (hausses de TVA et mesures sur le déblocage de l’épargne salariale), la reprise sera très lente et le BIPE table sur une croissance de seulement 0,8 % en 2014, après +0,1 % cette année. Un pouvoir d’achat ressenti en recul quatre années consécutives (2011-2014) Le Pouvoir d’Achat Ressenti des consommateurs diminue depuis 2011 selon l’indicateur BIPE, et cette situation perdurera en 2013 et 2014. Ce recul s’explique par la conjonction de trois facteurs qui pénalisent le budget des ménages : Une progression limitée du revenu disponible brut (+0,9% et +1,7% en 2013 et 2014 respectivement), en raison d’une pression fiscale accrue pesant sur les ménages (nouvelles hausses d’impôts et de cotisations sociales) et d’une situation sur le marché du travail qui reste tendue, se traduisant par une modération salariale qui va se faire sentir plus nettement (salaire moyen par tête : +1,7% en 2014 contre 2,2% en moyenne entre 2008 et 2012) ; Une augmentation du poids des dépenses contraintes dans le budget des ménages ; celles-ci augmentent plus vite que les dépenses totales, et représentent désormais 44,5% des dépenses totales en 2012 (remboursements de crédits consommation et immobilier compris), contre 38,6% en 2000, et près de 42% du RDB des ménages en 2012 contre 38,6% en 2000 ; Une poussée inflationniste liée aux hausses de TVA début 2014 (inflation : +1,6 % en 2014 contre +1,0 % en 2013). Évolution du Pouvoir d'Achat par UC en France (en glissement annuel, en %) 4.0 3.1 2.7 3.0 2.0 1.6 1.2 0.7 1.0 0.2 0.0 0.5 0.0 -1.0 -0.4 -0.4 -0.8 -0.8 -1.6 -2.0 -2.2 -3.0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 (p) 2014 (p) Sources : BIPE d'après INSEE, prévisions BIPE Le Pouvoir d’Achat Ressenti, l’indice du BIPE au plus près de la perception des consommateurs L’indicateur du Pouvoir d’Achat des Ménages publié par l’INSEE, qui mesure la capacité de dépenser des ménages, ne permet pas de rendre compte de l’évolution de pouvoir d’achat telle qu’elle est perçue par les ménages. Certaines dépenses sont en effet perçues comme « subies » : ce sont des postes de dépenses pour lesquels la capacité d’arbitrage des ménages est réduite, que ce soit en termes de choix et/ou de prix, et dont les ménages ne peuvent se dispenser. Ces dépenses dites contraintes peuvent dès lors être considérées comme des « revenus en moins » qu’il faut déduire de son revenu disponible avant de faire face aux « dépenses du quotidien ». Par ailleurs, les ménages ne raisonnent pas en Pouvoir d’Achat des Ménages mais en Pouvoir d’Achat par Ménage, dont l’évolution est toujours inférieure à celle des ménages compte-tenu de la croissance de la population française. De plus, l’appréciation du Pouvoir d’Achat doit prendre en compte, en plus du nombre de ménages, la composition des ménages. Ce sont ces dimensions qu’intègre l’indicateur du Pouvoir d’Achat Ressenti, créé par le BIPE en 2004. Il permet ainsi de rendre compte de la perception du consommateur du Pouvoir d’Achat de son « Reste à Vivre », c’est-à-dire de son revenu disponible une fois défalqué de l’ensemble des dépenses contraintes auxquelles il est confronté i . De nécessaires déclinaisons par type de ménages, par zone géographique fine, pour être encore plus fidèle à la perception des consommateurs. Aujourd’hui, les individus se reconnaissent de moins en moins dans des indicateurs globaux, qui ne reflètent que l’évolution d’une « situation moyenne » dans laquelle ils ne se reconnaissent pas. Si l’indicateur BIPE de Pouvoir d’Achat Ressenti permet d’être au plus proche de la perception du consommateur, il décrit néanmoins des réalités différentes, d’une zone géographique à l’autre, ou d’un type de ménage à l’autre © BIPE Octobre 2013 Évolution annuelle moyenne du Pouvoir d'Achat ressenti par UC entre 2006 et 2012 (en%) 1.5 1.0 0.6 0.5 0.5 0.2 0.0 -0.5 -0.5 -1.0 -0.8 -0.9 -1.2 -1.5 -2.0 Couple biactif avec enfant(s) Couple biactif sans enfant Famille monoparentale, parent actif Couple retraité sans enfant(s) Personne seule, active Personne seule, retraitée Total Sources : BIPE d'après INSEE, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux, enquêtes Budget des Familles, estimations BIPE Ainsi, selon les estimations du BIPE, quand le Pouvoir d’Achat Ressenti du consommateur par unité de consommation moyen progressait de 0,2% annuellement entre 2006 et 2012, il progressait de 0,5% pour un couple bi-actif sans enfant sur la même période, alors qu’il reculait de 0,9% pour un couple de retraités sans enfant. « Dès lors, plus les indicateurs traduiront l’évolution du Pouvoir d’Achat des consommateurs et seront détaillés en mettant en perspective la situation personnelle des ménages (positionnement dans le cycle de vie, localisation géographique, structure du ménage…), plus ils rendront compte d’une réalité plurielle sur laquelle pourront se construire des diagnostics et des actions ciblées au plan économique et politique ». C’est dans ce contexte d’analyse que le BIPE se situe depuis 2004 afin d’apporter sa contribution à la réflexion économique sur le pouvoir d’achat des français Contacts Julien Salles, Senior Manager. E-mail : [email protected] www.bipe.com i Les dépenses contraintes comprennent les dépenses liées aux loyers, charges du logement, services de téléphonie, transports collectifs, assurances obligatoires, remboursements de crédit immobilier et de crédit consommation. Elles intègrent depuis 2013 les dépenses de cantine, services financiers, de santé et d’éducation. © BIPE Octobre 2013