Le Temps Page 8

Transcription

Le Temps Page 8
LE TEMPS
VENDREDI 5 AOÛT 2016
VENDREDI 5 AOÛT 2016
LE TEMPS
8 La Une
La Une 9
6
1896 ATHÈNES
JAMES CONNOLLY La première médaille d’or est gagnée par un Américain au triple saut.
La discipline est anecdotique, la nationalité tout sauf un hasard
DESTINS
OLYMPIQUES
QUI NOUS
RACONTENT
LE MONDE
PORTRAITS Depuis les premiers Jeux
olympiques modernes à Athènes en 1896,
4809 médailles d’or ont été décernées.
Beaucoup ont changé des vies, quelquesunes ont changé le sport. Retour sur 6
destins d’athlètes marquants des années
en «6», dont l’histoire épouse aussi la
marche du monde
1916 ANNULÉ
XXXX XXX
Légende (GETTY IMAGES)
Laurent Favre
Le premier champion olympique de
l’ère moderne est sacré le 6 avril 1896, au
lendemain de la cérémonie d’ouverture
des Jeux d’Athènes. Il est Américain et
son histoire préfigure déjà ce que deviendra le rêve du baron de Coubertin.
Au printemps 1896, James Connolly a
27 ans. Fils d’une famille modeste d’immigrés irlandais, il doit à ses aptitudes
au football américain et au cyclisme la
bourse d’études qui lui permet d’entrer
à Harvard. Venir à Athènes est pour lui
une nécessité impérieuse. Son université
refuse de le libérer? Il met un terme à ses
études, pourtant entamées sur le tard en
autodidacte, et hypothèque son avenir
pour participer à cet événement dont
personne ne sait grand-chose et dont très
peu saisissent la portée. Le voyage dure
trois semaines, d’abord sur un cargo allemand, le Barbarossa, qui l’amène jusqu’en
Italie. A Brindisi, on lui vole sa valise. Les
formalités administratives s’éternisent
Laurent Favre
Laurent Favre
En 1912, le CIO attribue à Berlin les Jeux
de la VIe Olympiade, mais deux ans plus
tard, le conflit mondial éclate. On croit
d’abord que la guerre ne durera pas longtemps, alors on maintient le rendez-vous
de 1916 dans la capitale impériale. Ces
Jeux prévoient notamment une semaine
de sports de neige.
Berlin construit son stade, les canons
ne se taisent pas, alors d’autres villes se
proposent en remplacement (Budapest,
Cleveland, Bruxelles) puis Berlin 1916 est
définitivement annulé. «Si la jeunesse du
monde venait à laisser temporairement
tomber de ses mains le flambeau olympique, il se trouverait de l’autre côté du
monde une autre jeunesse prête à le relever», écrit Coubertin en 1914. Ce sera
Anvers, en 1920, sans l’Allemagne.
Berlin obtiendra finalement les Jeux en
1936, dans le stade construit pour 1916
mais orné d’un autre drapeau.
LégendTem vellabo. De ma aut quis niaectamet am quat essi offictas enihilis nectam quo in
corepuditius videscimil ma dolo doluptae con prmpori onsequame (AP PHOTO / LUCA BRUNO)
tant qu’il manque de rater son train, qu’il
attrape en bout de quai en pratiquant
l’une de ses spécialités: le saut en longueur.
A Athènes, Connolly arrive in extremis:
il avait confondu les calendriers orthodoxe et grégorien. Il participe d’abord au
triple saut. Dernier à s’élancer, il inspecte
le sautoir et y jette sa casquette à hauteur
de la meilleure marque. Sa technique,
cloche-pied puis foulée, intrigue mais
elle est efficace: il retombe au-delà de sa
casquette. Avec un bond à 13,71 m, James
Connolly devance le Français Tuffère et
le Grec Persakis. Le public s’exaspère;
les Américains gagnent aussi les lancers
du disque et du poids, les trois sauts (hauteur, longueur, perche), les sprints. Au
100 m, la position accroupie, mains
appuyées contre le sol, de l’Américain
Burke déclenche l’hilarité. Jusqu’à ce
qu’il gagne. L’Amérique triomphe, déjà,
et se passionne, bien plus que les autres,
pour ces joutes modernes. «Les plus violents, les plus bruyants nationalistes du
stade, savez-vous leur patrie? Ce sont les
gens de l’Amérique. Venus en bandes, les
Yankees paraissent trois fois plus nombreux qu’ils ne le sont», écrit le seul journaliste français présent, Charles Maurras (le futur directeur de L’Action
française).
Connolly envoie un télégramme au pays:
«Les Hellènes ont vaincu l’Europe; moi,
j’ai vaincu le monde entier…», complète
sa collection de médailles avec l’argent à
la hauteur et le bronze à la longueur puis
rentre chez lui où il est célébré comme le
premier champion olympique de l’histoire moderne. Il reviendra à Paris en
1900 comme athlète (médaillé d’argent
au triple saut) puis à Saint-Louis en 1904
comme reporter pour le Boston Globe.
Plus tard, il deviendra ensuite un auteur
prolifique (25 livres, des dizaines de nouvelles), reconnu pour ses récits maritimes. Aucun n’est consacré aux Jeux
olympiques.
J ESSE OWENS ET LUZ LONG Une belle histoire d’amitié entre un Américain à la peau noire
et un Allemand blond aux yeux bleus sous le regard d’Adolf Hitler
Légende (GETTY IMAGES)
C’est une histoire sur le compte de
laquelle courent beaucoup de légendes.
Démontons-les une à une, l’histoire n’en
est pas moins belle. Aux Jeux de Berlin en
1936, le sprinter américain Jesse Owens
remporte quatre médailles d’or sur 100 m,
200 m, 4x100 m et au saut en longueur. A
la longueur, alors qu’il a raté ses deux
premiers essais qualificatifs et est tout
proche de l’élimination, l’un de ses adversaires, l’Allemand Luz Long, vient lui suggérer de reculer de quelques centimètres
sa course d’élan. Grace à ce conseil, Owens
réussit son saut, se qualifie et bat Long
quelques heures plus tard en finale.
Furieux, Hitler refuse de serrer la main
de cet homme de couleur qui ridiculise la
théorie de la suprématie de la race
aryenne, quitte la tribune d’honneur et
expédie quelques années plus tard Luz
Long sur le front de l’Est. Voilà pour la
légende.
En réalité, Jesse Owens découvre en
BETTY CUTHBERT Cette inconnue de 18 ans remporte trois médailles d’or aux Jeux
de Melbourne, pour lesquels elle avait acheté des billets comme spectatrice
Légende (GETTY IMAGES)
1936 BERLIN
Légende (PAUL POPPER / POPPERFOTO / GETTY IMAGES)
1956 MELBOURNE 1976 MONTRÉAL
Laurent Favre
Le nom de Betty Cuthbert n’évoque plus
grand-chose aux non-Australiens. En 2000,
cette femme atteinte de sclérose en plaques
et clouée dans un fauteuil avait été l’une
des dernières relayeuses de la flamme
olympique à Sydney. L’olympisme se souvenait de ce que la «Golden girl» avait fait,
44 ans plus tôt, sur la piste de Melbourne.
Les Jeux de 1956 sont les premiers qui se
disputent dans l’hémisphère Sud. En ces
temps troublés (invasion de Budapest,
crise de Suez), cela vaut mieux. Malgré le
rappel à l’ordre du président du CIO Avery
Brundage («Les Jeux olympiques sont une
compétition entre athlètes et non entre
nations»), le match de water-polo Hongrie-URSS tourne au pugilat subaquatique
et colore la piscine de rouge.
Betty Cuthbert est loin de toutes ces
considérations. Elle a 18 ans et aime l’athlétisme. Depuis toute petite, elle adore
courir vite et battre les garçons. Elle le fait
simplement, sans arrière-pensée ni publi-
Légende (GETTY IMAGES)
cité. A 15 ans, elle bat le record d’Australie
mais demeure une inconnue dans son
pays. Elle-même croit peu en ses chances
et s’achète des billets pour pouvoir suivre
les compétitions d’athlétisme comme
spectatrice. Tout bascule deux mois avant
les Jeux lorsqu’elle remporte le titre national sur 200 m et bat le record du monde
de sa compatriote Marjorie Jackson. La
voilà sur la piste! Au début, le public australien la surnomme «Baby» à cause de
son âge, de ses boucles blondes et de sa
candeur.
Sa technique de course, genoux hauts,
mouvements saccadés, rythme frénétique, est plus efficace qu’esthétique. Betty
Cuthbert court la bouche grande ouverte
et laisse le public bouche bée: elle gagne
le 100 m, le 200 m et le 4 x 100 m, ainsi
qu’un nouveau surnom: «Golden Girl».
Avec la nageuse Dawn Fraser, elle incarne
la montée des femmes dans l’olympisme
et le poids grandissant de l’Australie, troisième au tableau des médailles derrière
l’URSS et les Etats-Unis. Mais alors que
Fraser, volubile et au tempérament
affirmé, devient un personnage public
puis politique, Cuthbert s’en retourne à
une vie ordinaire.
Blessée durant les Jeux de Rome en 1960,
elle met un terme à sa carrière à 22 ans.
Quelques années plus tard, ne pouvant
résister à une voix intérieure, elle revient
pour les JO de Tokyo où l’épreuve du
400 m est désormais ouverte aux femmes.
La jeune fille est devenue femme, elle a
perdu en vitesse pure mais gagné en résistance et en tactique. Elle se ménage dans
les séries, part fort en finale, contrôle à
mi-parcours et finit en trombe. C’est sa
quatrième médaille d’or, record de la
Néerlandaise Fanny Blankers-Koen égalé.
Betty Cuthbert reste à ce jour l’unique
athlète, homme et femme confondus, à
avoir remporté toutes les disciplines du
sprint. Elle n’en tira aucune fierté, de
même qu’elle ne conçut aucune amertume lorsque, à partir de 1969, la maladie
s’empara de ce corps qui courait si vite,
juste pour le plaisir.
1996 ATLANTA
MICHELLE SMITH L’Irlandaise remporte trois médailles d’or en natation mais patauge dans
les soupçons de dopage. Contrôlée positive en 1998, elle nie encore aujourd’hui
Légende (GETTY IMAGES)
arrivant à Berlin d’abord puis au village
olympique un respect et une fraternité
auxquels il n’est pas habitué aux EtatsUnis. Comme les 17 autres athlètes noirs
de l’équipe américaine, il a voyagé séparé
des Blancs. Au contraire, Luz Long, grand,
blond, avocat, est particulièrement sympathique avec lui. Le public allemand
applaudit sa victoire sur 100 m. S’il n’est
pas invité dans la loge d’Hitler comme
deux vainqueurs allemands la veille, c’est
parce que le président du CIO, le comte
belge Henri de Baillet-Latour, a rappelé
au Führer que cela était contraire au protocole. L’aurait-il fait? Pas sûr: pour Hitler,
les Noirs américains étaient des «Africains auxiliaires des Américains». Ce qui
est établi, par contre, c’est qu’Owens ne
fut jamais reçu à la Maison-Blanche par
Franklin Roosevelt.
Au concours de saut en longueur, c’est
la probité des juges allemands qui est à
souligner. Owens a tellement assuré son
dernier saut qu’il a pris son appel 50 bons
centimètres avant la planche. Il s’en faut
de quelques millimètres qu’il n’échoue – et
des juges mal intentionnés n’auraient
aucune peine à tricher – mais il est qualifié avec un saut de 7,15 m. Exactement
la limite! Il est vrai, cependant, que Long
est venu spontanément le féliciter après
cette victoire, qui signifiait aussi sa
défaite. L’Allemand ne mourra pas sur le
front de l’Est mais en Sicile, en juillet 1943.
Sentant son heure venir, il avait écrit peu
avant à son ami américain, lui demandant
de parler à son fils. C’est pour faire plaisir
au jeune garçon qu’Owens – il l’avouera
en 1964 à un historien américain – inventa
cette histoire du conseil avant le troisième
saut. Dans sa lettre, Long écrivait: «J’ai la
sensation que celle-ci sera ma dernière
lettre, donc quand tu retourneras en Allemagne, une fois la guerre finie, va voir
mon fils et dis-lui qui était son père, je t’en
prie, Jesse, raconte-lui comment deux
hommes, sur cette Terre, peuvent être
amis.» Une histoire toute simple, finalement.
Laurent Favre
Les Jeux d’Atlanta sont ceux des petites
nations. Plus personne ne boycotte,
25 nouveaux CNO (Comité national olympique) sont admis. La mondialisation est
une victoire du Mouvement olympique.
En Géorgie, 197 pays sont représentés;
79 montent au moins une fois sur un
podium, 53 ont la fierté d’entendre leur
hymne résonner pour célébrer une
médaille d’or (ils n’étaient que 31 en 1988
à Séoul, 37 en 1992 à Barcelone). Les stars
des Jeux ne sont plus seulement américaines, russes ou australiennes; elles
peuvent venir de Turquie, du Burundi,
d’Equateur, de Corée. Et même d’Irlande.
La verte Erin n’a pas l’habitude d’être
conviée à la fête: seulement cinq médailles
d’or (dont trois avant-guerre) en 15 participations. Les Irlandais n’ont jamais brillé
en natation lorsqu’ils voient débarquer le
phénomène Michelle Smith. Elle est
grande et rousse mais c’est à peu près son
seul point commun avec ses compatriotes.
BRUCE JENNER Triple recordman du monde, le champion olympique du décathlon incarne
l’homme parfait. Quarante ans plus tard, il change de sexe
Laurent Favre
«Le monde entier pensait que j’étais un
dieu grec, mais mon corps d’homme gros
et musclé me dégoûtait.» Ainsi parle Caitlyn Jenner de Bruce Jenner. Caitlyn et
Bruce sont une seule et même personne,
née homme en 1949, devenue femme en
2015. Ceux qui ne le/la connaissent que
depuis quelques années n’ont pas été surpris outre mesure: Jenner est un people
associé à l’une des familles les plus extravagantes des Etats-Unis du fait de son
mariage avec Kris Kardashian. Depuis
2007, leur vie privée et celles de leurs
enfants s’étalent dans L’incroyable famille
Kardashian, un programme de télé-réalité
diffusé par la chaîne E!. Le couple a
divorcé mais le show se poursuit.
Pour ceux qui ont connu Bruce dans sa
jeunesse, le choc est immense. Bruce Jenner, c’était le surhomme, l’athlète parfait.
Le champion olympique de décathlon aux
Jeux de Montréal en 1976. Consécration
presque plus grande encore, il a droit à sa
Légende (AP VANITY FAIR)
photo sur les paquets de céréales Wheaties. Il est l’exemple à suivre, le bon père
de deux enfants (il en aura quatre autres).
Les médias le surnomment «Captain
America» parce qu’il est beau, lisse, et
parce qu’il botte le cul des communistes
dans les compétitions internationales.
Intérieurement, le malaise est déjà présent. «Je m’étais accompli comme homme
mais j’avais toujours cette personne vivant
au fond de moi à laquelle je ne m’étais
toujours pas confrontée», dit-elle
aujourd’hui. Comment un athlète, qui
aurait pu faire carrière dans le football
américain sans une blessure au genou,
qui signera un contrat avec une équipe de
basketball après son titre olympique,
peut-il parvenir à être si fort en apparence
tout en étant si mal dans sa peau? La question taraude les entraîneurs. La réponse
de Caitlyn est d’une simplicité déconcertante: «Le sport n’est pas la vraie vie.» Plus
cruelle, elle ajoute: «Le décathlon était la
distraction parfaite pour ne pas m’accomplir réellement.»
2016 RIO
USRA MARDINI La réfugiée syrienne Yusra Mardini participe aux JO sous la bannière du CIO.
Y
Elle s’est fait connaître en nageant plusieurs heures en tirant une chaloupe de réfugiés sur la
Méditerranée
Légende (GETTY IMAGES)
A Atlanta, Michelle Smith remporte quatre
médailles, dont trois titres olympiques
(200 m 4 nages, 400 m nage libre, 400 m
4 nages). C’est beaucoup, c’est même trop
pour les observateurs qui peinent à s’enthousiasmer. Anonyme à Barcelone, Smith
a amélioré ses chronos en quatre ans de
20 secondes! Autour des bassins, spectateurs et journalistes ne se gênent pas pour
parler ouvertement de dopage. La personnalité trouble de son mari, l’ancien lanceur
néerlandais Erik de Bruin, sous le coup
d’une suspension de quatre ans pour usage
de testostérone, ajoute au soupçon.
Michelle dit tout devoir à Erik, qui dit
admirer Ben Johnson, le dopé le plus
célèbre de l’histoire de l’athlétisme.
Nous sommes en 1996, deux ans avant
l’affaire Festina, l’EPO a sans doute remplacé la testostérone et les anabolisants.
Michelle Smith se défend, prétend avoir
progressé en modifiant sa méthode d’entraînement et son alimentation, rappelle
qu’elle n’a jamais été contrôlée positive
mais le malaise persiste. Certains en rient.
L’olympisme, qui avait réussi à cohabiter
sans trop de dommages avec le dopage,
entre dans l’ère du doute permanent. Il
n’en sortira plus.
Le 6 août 1998, Michelle Smith est suspendue quatre ans par la Fédération internationale de natation (FINA) après un
contrôle antidopage inopiné à son domicile le 10 janvier. Elle s’obstine cependant,
va en justice, est déboutée par le TAS.
Jamais elle n’avouera l’évidence, ce que le
nageur Gary Hall Jr lui enjoint de faire
dans des e-mails restés sans réponse.
«Mieux vaut rester silencieux et passer
pour un idiot que parler et lever tout
doute», aime-t-elle à dire.
Toujours mariée à Erik de Bruin,
Michelle Smith vit près de Dublin. Elle a
obtenu son brevet d’avocate en 2005, élève
deux enfants et se moque du reste. En
1999, le Comité national irlandais a rayé
son nom des tablettes, mais pour le CIO
l’énigmatique rousse demeure l’une des
quatre champions olympiques irlandais
vivants.
Bernard Wüthrich et Lionel Pittet, Berne
t
Le Temps: Vous vous êtes présenté en
bermuda à la course d’école du Conseil
fédéral. Faut-il y voir un message?Guy
Parmelin: Comme il faisait beau et que
nous avions prévu une balade à vélo, j’ai
estimé que je serais plus à l’aise dans cette
tenue, comme je le fais parfois en Toscane.
Mais n’y voyez aucun message particulier.
L’éruption médiatique que cette image a
provoquée m’a surpris.
Quels sports pratiquez-vous ou avezvous pratiqués?J’ai fait du football dans
une «autre vie», mais à un niveau très
régional, au FC Bursins, d’abord chez les
juniors puis en cinquième ligue. J’ai toujou r s été u n sup p o r te r du L au sanne-Sports, ce qui a posé quelques
petits problèmes familiaux puisque mon
frère est, lui, fan de Servette. Quand les
deux équipes s’affrontaient, nous voyagions en cars séparés et chacun charriait
l’autre! Je me suis ensuite tourné vers
l’arbitrage. L’Association cantonale vaudoise exigeait un quota d’arbitres de la
part des clubs. J’ai décidé de me lancer
après un match qui avait à mon sens été
très mal sifflé. Je l’ai dit à l’arbitra, qui m’a
d’ailleurs averti. J’ai suivi les cours et cela
m’a plu.
Avez-vous regardé l’Euro 2016 avec l’oeil
de l’arbitre?Oui. J’ai trouvé l’arbitrage
bon. Mais il y a toujours des erreurs d’appréciation. Lors de la finale, on a reproché
à l’arbitre de ne pas avoir sanctionné Payet
après sa faute sur Cristiano Ronaldo. D’où
j’étais, j’ai pensé que c’était de la simulation. A la télévision, avec le ralenti, la faute
est claire. Mais ni l’arbitre ni ses assistants
ne l’ont jugée suffisamment grave pour
mériter un carton. Cela montre que c’est
difficile.
La Suisse n’a plus d’arbitre international
de haut niveau depuis la Coupe du monde
en Afrique du Sud en 2010. Qu’en pensez-vous?C’est regrettable et surprenant,
car la Suisse a souvent eu de très bons
arbitres. Est-ce un problème financier?
Est-ce un problème de formation? J’avoue
que je n’ai pas étudié la question. Mais il
faut s’en préoccuper.
Quels sports aimez-vous regarder en live
ou à la télévision?Le tennis, le hockey sur
glace, le curling, la gymnastique voire les
matches de basket de la NBA. Je manque
de temps pour aller voir des rencontres
sportives. Mais lorsque j’assiste à un
match, je le vis pleinement et mon épouse
doit parfois me retenir. Je ne sais pas si
on m’a vu jaillir de mon siège et hurler
«goal» lorsque la Suisse a égalisé contre
la Roumanie...
Qu’avez-vous retenu de l’’Euro 2016?
C’était très bien organisé. Mais la médaille
a son revers: les stades ressemblent de
plus en plus à des camps retranchés. Toujours plus de matchs sont jugés «à risques»
du fait de groupes de supporters violents.
J’ai rencontré des personnes qui étaient
arrivées trois heures avant le début de
Suisse-Roumanie mais ont manqué les
dix premières minutes à cause des
contrôles de sécurité.