Les génisses l`avenir du troupeau allaitant

Transcription

Les génisses l`avenir du troupeau allaitant
L O I R E
L A
D E
P A Y S
Guide
de recommandations
pour l’élevage
des génisses
de renouvellement
Les génisses
l’avenir du troupeau allaitant
Les génisses constituent l’avenir du troupeau ; il ne faut pas les négliger car elles sont pour environ les deux tiers d’entre-elles destinées à assurer le renouvellement. Cette proportion élevée s’explique par l’accroissement de la taille des
troupeaux et par les taux de renouvellement élevés pratiqués par les éleveurs de la base de sélection. Cette stratégie de
conduite peut s’expliquer par l’engagement fréquent dans des démarches “qualité” (label, certification, agriculture biologique…) qui privilégient la production de vaches jeunes, et par la recherche du progrès génétique. Dans les troupeaux
engagés dans une démarche de sélection, elles ont par ailleurs en général une valeur génétique supérieure à celle des
vaches. Elles sont pourtant trop souvent “le parent pauvre” des troupeaux allaitants, avec un premier vêlage tardif.
Ce guide comprend :
■ Des références régionales, issues des élevages adhérant à Bovins Croissance, au contrôle officiel des performances des
bovins allaitants en ferme. Ces références nous ont permis de caractériser les performances obtenues et leur évolution, de
hiérarchiser les facteurs de variation de ces performances et d’apprécier l’incidence de la conduite et des performances
des génisses sur la carrière ultérieure des vaches.
■ Une modélisation de l’impact des stratégies de renouvellement sur la productivité du troupeau. Ces modélisations
nous ont permis d’étudier les effets de l’âge au premier vêlage, de la saison de vêlage et du taux de renouvellement.
■ Des simulations sur l’intérêt économique de différentes stratégies de renouvellement. Ces simulations économiques
ont été réalisées sur un cas type des réseaux d’élevage : Naisseur-Engraisseur Charolais semi intensif. Ces simulations ont
permis d’apprécier les impacts économiques du vêlage 30 mois, de la saison de vêlage, et du taux de renouvellement adopté.
■ Des conseils sur les conditions à respecter pour réussir l’élevage des génisses. Les points clefs de la conduite de la
génisse, de l’élevage du veau jusqu’à la conduite de la vache primipare ont été précisés. La technique du vêlage deux ans,
actuellement très peu utilisée, a été abordée, en rapportant notamment les conclusions d’un essai de longue durée réalisé
sur le troupeau Charolais de la Ferme expérimentale de Jalogny.
Un catalogue de 40 courbes de croissance, en fonction, de l’âge au premier vêlage, et de la période de vêlage. Il
concerne les races Charolaise, Limousine, Blonde d’Aquitaine, et Rouge des prés. Il comprend également des propositions
pour adapter les courbes au contexte de chaque élevage. Ce catalogue est disponible sur CD ou téléchargeable depuis le
site Internet de la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire (www.agrilianet.com).
■
Quelques références bibliographiques
Sommaire
Des références régionales ................................................................. 1
Une modélisation de l’impact
des stratégies de renouvellement
sur la productivité du troupeau..................................................... 9
Mesurer l’intérêt économique
de différentes stratégies
de renouvellement ................................................................................. 13
Les conditions de réussite
de l’élevage des génisses ................................................................ 18
Le vêlage à deux ans nécessite
une grande technicité ......................................................................... 26
Les courbes de croissance ............................................................. 28
AGABRIEL J., MESCHY F., 2007, Alimentation des veaux et génisses
d’élevage in Alimentation des Bovins, Ovins et Caprins, éditions Quae,
75-87
COUTARD J.P., MENARD M., BENOTEAU G., LUCAS F., HENRY J.M.,
CHAIGNEAU F., RAIMBAULT B., 2007, Reproduction des troupeaux allaitants dans les Pays de la Loire : Facteurs de variation des
Performances, Rencontres Recherches Ruminants, 14, 359-362
FARRIE J.P, PIERRET P., RENON J., 2006, Effet du vêlage à 2 ans sur
quelques paramètres de la productivité d’un troupeau Charolais,
Rencontres Recherches Ruminants, 13, 384
FARRIE J.P., RENON J., BOURGE C., GROS J.M., LAHEMADE T., MURON
G., ROUDIER J., 2008, Conditions et conséquences de la mise en place
du vêlage à deux ans dans un troupeau Charolais, Rencontres
Recherches Ruminants, 15, 147-150
HOCH T., BEGON C., CASSAR-MALEK I., PICARD B., SAVARYAUZELOUX I., 2003, Mécanismes et conséquences de la croissance
compensatrice chez les ruminants – INRA – Productions Animales,
16(1), 49-59
PIERRET P., FARRIE J.P., RENON J., 2009, Impact d’une conduite en
vêlage à deux ans en race Charolaise sur la morphologie et la réforme
des vaches, la mortalité et la morbidité des veaux, Rencontres
Recherches Ruminants, 16, 383
TROCCON J.L., PETIT M., 1989, Croissance des génisses de renouvellement et performances ultérieures – INRA – Productions Animales, 2 (1),
55-64, 359-362
Des références
régionales
Modalités de l’étude
■ Les objectifs des études conduites sont de :
• caractériser les performances obtenues ainsi que leur évolution dans les 4 principales races
de la région,
• hiérarchiser les facteurs de variation des performances,
• apprécier les conséquences de la conduite et des performances des génisses sur la carrière ultérieure des vaches,
• modéliser la conduite du troupeau, en intégrant les facteurs de production identifiés, pour être en capacité de
simuler, toutes choses égales par ailleurs, les effets : 1) de
l’âge et la période du premier vêlage, 2) du taux de renouvellement.
■ Les données étudiées concernent :
• les troupeaux allaitants adhérant à Bovins Croissance, au contrôle officiel des performances
des bovins allaitants en ferme (formule VA4),
• les 5 départements de la région Pays de la Loire (44, 49, 53, 72, 85),
• les 4 principales races allaitantes de la région : Charolaise (CH), Limousine (LI), Blonde
d’Aquitaine (BA), et Rouge des prés (RP),
• les résultats de 231 075 génisses nées sur huit campagnes de naissances (période du 01/08/1998
au 31/07/2006) ; sur cette population, l’échantillon disposant d’un poids âge-type 18 mois est
de 19 938 femelles.
■ Les méthodes d’analyse
• Nous avons analysé la totalité des indicateurs de performances disponibles, de la naissance
de la génisse, à l’abattage de la vache réformée, avec un nombre de campagnes intégrées
variable selon les critères étudiés.
• Des contrôles de cohérence, ont permis d’éliminer les données aberrantes.
• Des indices intra troupeau, en base 100 des contemporains, ont été calculés, sur les poids
et les pointages, pour séparer les effets de ces critères zootechniques des effets “élevage”.
Un indice inférieur à 95 est qualifié de faible, un indice supérieur ou égal à 105 est qualifié
d’élevé et un indice compris entre 95 et 104,9 est qualifié de moyen. Pour le poids à 210 jours
la population se repartit de la façon suivante : 30 % de “faible”, et 37 % de “élevé”.
• Dans un objectif de communication, nous avons privilégié une approche descriptive sous
forme de tableaux croisés.
• Des tests de comparaison de moyennes et de proportions ont été effectués (test z) ; des lettres
différentes dans les tableaux de résultats indiquent une différence statistique au seuil de 1‰.
1
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Evolution des performances
Pas d’évolution notable
des conditions de naissance et
de la mortalité des veaux
plus légères que les génisses de race Rouge des prés
(tableau 2).
Les conditions de naissances sont déclarées par les
éleveurs avec une note de 1 à 5 (cf encadré).
Les conditions de naissance et la mortalité des veaux
n’ont pas évolué sur la période étudiée, malgré de légères
fluctuations selon les années. Les écarts entre races sont
très importants (tableau 1).
Tableau 1 – Naissances difficiles et mortalité des veaux
Campagnes de naissances 1999 à 2005 - veaux femelles nés simples
■ La courbe de croissance des génisses Charolaises
nées au cours de la campagne 2004 est présentée sur la
figure 3 ; le coefficient de variation des croissances
constatées augmente avec l’âge des génisses.
Tableau 2 – Croissance des veaux
Femelles nées simples - campagnes de naissances 2003 à 2005
Race
CH
Poids à 210 j. (kg) 268 ± 38
test z (seuil 1‰)
Race
CH
LI
BA
RP
GMQ 0 à 210 j.
% naissances difficiles (a)
5,4
1,2
3,6
10,6
test z (seuil 1‰)
8,3
5,2
7,4
12,2
% mortalité des veaux (b)
(a) codes 3 + 4 + 5
(b) de la naissance à 210 jours
LI
BA
RP
248 ± 31
268 ± 37
272 ± 39
a
b
c
b
1056 ± 177 996 ± 145 1065 ± 170 1057 ± 179
b
a
c
b
Figure 1 – Evolution du poids vif à 210 jours
Femelles nées simples
275
Les notes de conditions de naissance
270
265
Poids à 210 jours (kg)
1 - Sans aide : sans assistance
2 - Avec aide facile : assistance d’une seule personne
sans aide mécanique
3 - Avec aide difficile : assistance de plusieurs
personnes ou recours à des moyens mécaniques
4 - Césarienne
5 - Embryotomie : veau découpé
Tout vêlage assisté par un vétérinaire est codé 3, 4 ou 5
260
255
250
245
240
235
230
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Campagne de naissance
CH
LI
BA
RP
Figure 2 – Evolution du poids vif à 18 mois
Des génisses
de plus en plus lourdes
■ Les génisses sont de plus en plus lourdes à 7 et 18 mois
(figures 1 et 2). La perturbation constatée sur la campagne
2001 s’explique très probablement par des modifications
des pratiques d’élevage imputables à la deuxième crise de
l’ESB. En cinq campagnes de naissances, entre 1999 et
2004, le poids moyen des génisses de race charolaise a
augmenté de 20 kg à 7 mois et de 45 kg à 18 mois.
■ Les génisses de race Limousine obtiennent une croissance légèrement plus faible. A 7 mois, elles sont 24 kg
2
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
poids à 18 mois (kg)
Femelles nées simples
490
485
480
475
470
465
460
455
450
445
440
435
430
425
420
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Campagne de naissance
CH
LI
BA
■ Le premier vêlage est assez tardif (tableau 3). En
moyenne des campagnes de naissances 1999 à 2002, il est
compris entre 33,4 mois en Rouge des prés et 34,6 mois en
Charolaise et Blonde d’Aquitaine.
■ Le vêlage à 2 ans (moins de 28 mois) est très peu
fréquent.
Figure 4 – Dispersion de l’âge au premier vêlage
Campagnes de naissances 1999 à 2002
■ La proportion de premiers vêlages au delà de 36 mois
est selon la race, comprise entre 26 et 35 % (figure 4).
50
44
45
Tableau 3 – Age au premier vêlage
Age au premier
vêlage (mois)
LI
BA
RP
34,6 ± 3,8 34,2 ± 3,9 34,6 ± 3,9 33,4 ± 4,5
test z (seuil 1‰)
c
b
c
% des génisses
CH
36
35
Femelles nées simples - campagnes de naissances 1999 à 2002
Race
42
39
40
30
30
25
27
25
21
20
19
16
15
9
10
a
29
24
5
5 5
6 6
8 7
3
0
- de 28
28 à 31
Figure 3 – Courbe de croissance des génisses
Femelles charolaises nées simples au cours de la campagne 2004
500
36 à 39
40 et +
CH
LI
BA
RP
487
450
584 ± 214
400
382
350
Pods vif
32 à 35
Age au premier vêlage (mois)
753 ± 213
300
264
250
1037 ± 165
200
164
150
100
50
46
0
0
50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550
La proportion constatée de premiers vêlages
tardifs, au delà de 3 ans est excessive. Les poids
moyens observés à 18 mois sont compatibles
avec des vêlages plus précoces : 32 à 35 mois et
pour partie avec des vêlages 30 mois.
Age (jours)
Facteurs de variation des performances
et incidences sur la carrière
Maîtriser les poids
et les conditions de naissance
Figure 5 – Poids à 210 jours en fonction
du poids de naissance
Génisses nées simples - Campagnes de naissances de 1999 à 2005
275
270
265
poids à 210 jours (kg)
■ Les femelles lourdes à la naissance sont plus lourdes à
210 jours (figure 5). Les poids de naissance élevés s’accompagnent d’une forte augmentation de la fréquence des
naissances difficiles
(figure 6). Sur celles
nées difficilement la
croissance entre 0
et 210 jours est
affectée.
260
255
250
245
240
235
230
Faible
Moyen
Elevé
Poids de naissance intra
CH
LI
BA
RP
3
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Figure 6 - Poids et conditions de naissance
Génisses nées simples - campagnes de naissances 1999 à 2005
■ L’intervalle entre le premier et le deuxième vêlage est
fortement détérioré après césarienne, pour celles qui “ont
droit” à un deuxième vêlage (figure 9).
Figure 9 - Conditions de première mise bas et intervalle
entre le premier et le deuxième vêlage
Campagnes de naissances 1999 à 2001
445
Limousine
Poids de naissance moyen
Poids de naissance élevé
■ La mortalité des jeunes génisses s’accroît fortement
lorsqu’elles naissent difficilement ; selon la race, entre 31
et 41 % des génisses nées d’un vêlage avec assistance
difficile (code 3) meurent entre 0 et 210 jours (figure 7).
404
405
402
397
395
394 394
391
388
405
385
375
Limousine
Blonde d’A. Charolaise Rouge des P.
Sans aide et aide facile
Génisses nées simples – campagnes de naissances 1999 à 2005
Aide difficile
Césarienne
41
40
36
% de mortalités des génisses (0 - 210 j)
414
415
365
35
35
31
31
30
25
25
23
19
20
15
11
■ La longévité de la carrière de reproductrice des
femelles est pénalisée par les premiers vêlages difficiles,
et par la mortalité des veaux. Malgré cela, une assez forte
proportion de femelles ayant eu un premier vêlage difficile
(codes 3 et 4), ou ayant perdu leur veau sont conservées
pour un deuxième vêlage (figure 10).
11
9
10
0
442
425
425
Figure 7 - Conditions de naissance et mortalité
des veaux
5
442
435
Blonde d’A. Charolaise Rouge des P.
IVV 1-2 des génisses
% de naissances difficiles
22
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
■ Les femelles nées difficilement ont fréquemment un
premier vêlage difficile ; en race Charolaise 35 % des
génisses nées difficilement (code 3) ont un premier vêlage
difficile (figure 8).
7
6
5
9
8
Figure 10 - Mortalité du premier veau et longévité
Limousine
Campagnes de naissances 1999 à 2002
Blonde d’A. Charolaise Rouge des P.
75
Aide facile
Aide difficile
Césarienne
Figure 8 - Pourcentage de premiers vêlages difficiles
en fonction des conditions de naissance de la génisse
Génisses nées simples – campagnes de naissances 1999 à 2002
% de vêlages difficiles (code 3+4+5)
45
41
40
35
35
27
25
24
25
60
55
50
45
40
35
30
0-30j
31-210j
vivant
Mortalité du premier veau
20
20
17
16
14
15
10
10
0
34
70
65
25
30
5
36
% des génisses ayant un 2e vêlage
Sans aide
17
15
CH
LI
BA
RP
10
4
Limousine
Blonde d’A. Charolaise Rouge des P.
Conditions de naissance de la génisse
Sans aide
Aide facile
Aide difficile
4
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Césarienne
■ Les vêlages difficiles
ayant un vêlage difficile
d’avoir un vêlage suivant
coefficient multiplicateur
(figure 11).
sont répétables; les femelles
ont une plus forte probabilité
difficile ; en race Charolaise le
est compris entre 2,8 et 4,4
Les génisses nées de primipares :
Figure 11 - Répétabilité des conditions de mise-bas
Race Charolaise
20
■ ont plus fréquemment des naissances difficiles : selon
la race 2 à 3 fois plus que les génisses nées de multipares,
18,3
18
16,4
15,7
14,5
14
■ sont plus légères à 210 jours (figure 12) ; les poids à 210
jours augmentent jusqu’au troisième ou quatrième vêlage.
12
Figure 12 - Poids à 210 jours et rang de vêlage
10
8
Génisses nées simples – campagnes de naissances 1999 à 2004
6,5
6
4,3
4
3,8
3,3
2
0
Rang 2
Rang 3
Vêlage précédent facile
Rang 4
Rang 5 et +
Vêlage précédent difficile
Poids à 210 jours (kg)
% de vêlages difficiles
16
285
280
275
270
265
260
255
250
245
240
235
230
225
1
2
3
4
Rang de vêlage
La maîtrise des conditions de naissance
constitue un facteur essentiel de la productivité
des troupeaux allaitants. L’accroissement des
poids de naissance consécutif à une sélection
sur la croissance et le développement
squelettique doit être contrôlé. Le choix des
reproducteurs mâles, la sélection des femelles
de renouvellement, et le tri des femelles de
réforme doivent contribuer à cette maîtrise.
CH
LI
BA
RP
Ces deux constats peuvent sembler favorables à
l’adoption d’un faible taux de renouvellement,
mais d’autres facteurs sont à prendre en
compte tels que le progrès génétique, la
valorisation des jeunes vaches, et l’élimination
des vaches à problèmes.
Les jumelles sont plus fragiles
■ Les femelles nées jumelles ont un taux de mortalité
nettement plus élevé : 1,9 fois celui des simples en race
Rouge des prés.
■ Les jumelles conservées sont plus légères ; à 210 jours
elles pèsent 21 à 25 kg de moins que les nées simples.
■ Les génisses nées jumelles ont plus fréquemment des
jumeaux que les nées simples : 6,2 % contre 2,8 % soit
2,2 fois plus, dans nos observations en race Rouge des prés.
Le caractère répétable de la gémellité est à
intégrer dans le choix des génisses conservées
pour le renouvellement.
Les génisses nées d’un père
d’insémination :
■ sont plus lourdes et plus développées au sevrage ; en
race Charolaise elles pèsent en moyenne 13 kg de plus à
210 jours que les femelles nées d’un père de monte
naturelle.
■ sont plus fréquemment conservées pour la reproduction.
L’utilisation de l’insémination, avec des
taureaux améliorateurs, connus avec précision,
sécurise les accouplements.
5
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Les génisses nées à l’automne sont
plus lourdes à 18 mois
■ Les femelles nées à l’automne (août à octobre) sont plus
lourdes à 18 mois que celles nées au printemps (février à
avril) ; en race Charolaise l’écart constaté à 18 mois est de
25 kg. La période pendant laquelle l’écart de croissance est
le plus sensible est la période 7 à 12 mois ; pendant cette
phase la nature des régimes est différente (pâturage par
rapport à régime hivernal).
■ Les génisses lourdes et développées à 7 et 18 mois sont
plus fréquemment conservées pour la reproduction, et
ont une meilleure longévité de leur carrière de
reproductrice (figure 14).
■ Les femelles lourdes et développées au sevrage
produisent des carcasses plus lourdes lors de la réforme
(figure 15).
Figure 15 - Poids de carcasse
en fonction du poids à 210 jours
Femelles nées simples - campagnes de naissances 1999 à 2001.
Abattage entre deux ans et après le deuxième vêlage
■ Les femelles lourdes à 210 jours, intra élevage, sont
lourdes à 18 mois (figure 13) ; au minimum 80 % de
l’avance de croissance acquise sous la mère (par le
potentiel de croissance du veau, et par l’aptitude à
l’allaitement de sa mère) est conservée à 18 mois.
■ Les génisses lourdes à 18 mois vêlent plus
précocement, sans accroissement de la fréquence des
vêlages difficiles.
poids de carcasse (kg)
Assurer un bon démarrage
des veaux
510
500
490
480
470
460
450
440
430
420
410
400
390
380
370
360
faible
moyen
élevé
Poids intra-élevage à 210 jours
CH
LI
BA
RP
Figure 13 - Poids à 18 mois en fonction
du poids à 210 jours
Génisses nées simples – campagnes de naissances 1999 à 2004
500
490
Les génisses retenues pour le renouvellement
doivent être choisies parmi les femelles lourdes
et développées au sevrage. Cela correspond à la
pratique du terrain.
Il faut cependant être vigilant sur les poids et
conditions de naissance.
Poids à 18 mois (kg)
480
470
460
450
440
430
420
410
faible
moyen
élevé
Entre 12 et 18 mois les croissances
élevées sont rares
Poids à 210 jours intra
CH
LI
BA
RP
Figure 14 - Poids à 18 mois et longévité
Génisses nées simples - Race Charolaise
90
80
80
76
70
% des génisses
60
58
58
53
50
43
38
38
40
30
28
25
31
■ Contrairement à ce qui est rapporté dans la
bibliographie, en races laitières et races à viande anglosaxonnes (TROCCON J.L., PETIT M., 1989), nous n’avons
pas constaté d’effet dépressif d’une croissance élevée de la
génisse entre 12 et 18 mois (phase de puberté), sur la
croissance de son premier veau.
■ Notons que dans les conditions de production des
élevages de la base de sélection des Pays de la Loire, les
croissances supérieures à 800 g/j pendant cette phase sont
peu fréquentes (9 % des génisses en race Charolaise).
16
20
10
0
% ayant un 1er
vêlage (1)
% ayant un 2e
vêlage (1)
poids faible
% ayant un 3e
vêlage (2)
poids moyen
% ayant un 4e
vêlage (3)
poids élevé
(1) en pourcentage des génisses ayant un poids à âge-type à 18 mois pour les campagnes
1999 à 2002, (2) 1999 à 2001, (3) 1999 et 2000.
6
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Des analyses plus fines, non réalisables avec
les données disponibles, seraient néanmoins
souhaitables.
Un intervalle entre le 1er et le 2e vêlage
(IVV 1-2) mal maîtrisé
Age au premier vêlage
■ La croissance moyenne des veaux de primipares, entre
la naissance et 210 jours, est plus faible pour des
premiers vêlages précoces, mais reste satisfaisante pour
des vêlages entre 28 et 31 mois (figure 16). Les veaux de
génisses vêlées tardivement (entre 36 et 39 mois)
n’obtiennent pas des croissances supérieures, à ceux de
mères ayant vêlé entre 32 et 35 mois.
■ La longévité de la carrière de reproductrice est
pénalisée par les premiers vêlages tardifs.
■ Les femelles ayant vêlé à 30 mois produisent des
carcasses légèrement moins lourdes mais sont abattues
nettement plus jeunes que celles ayant vêlé à 3 ans
(figure 17).
■ Entre le premier et le deuxième veau, l’intervalle entre
vêlages est nettement supérieur à un an.
■ L’IVV 1-2 est plus long pour les premiers vêlages
d’hiver (novembre à janvier). Cela peut probablement
s’expliquer en partie par des conditions d’alimentation
hivernale des femelles primipares peu favorables à la
reproduction (figure 18). Ces résultats confirment les
conclusions de nos études antérieures (COUTARD J.P. et
al, 2007).
Figure 18 - Périodes de vêlage et IVV 1 – 2
Génisses nées simples – campagnes de naissances de 1999 à 2002
415
Figure 16 - Croissance du premier veau de la génisse
en fonction de l’âge au premier vêlage
410
Génisses nées au cours des campagnes 1999 à 2001 - Veau mâle
405
1 125
400
GMQ 0 - 210 jours (g/j
1 100
395
1 075
390
1 050
1 025
385
1 000
380
août-oct
975
nov-janv
fév-avril
Période du premier vêlage
950
- de 27
28 à 31
32 à 35
CH
36 à 39
LI
BA
RP
Age au premier vêlage de la génisse
CH
LI
BA
RP
Figure 17 - Age au premier vêlage et résultats d’abattage
sans deuxième
vêlage
75
sans troisième
vêlage
Il faut porter une attention particulière à
l’alimentation hivernale des femelles primipares.
70
442
65
435
60
427
60
426
57
419
52
414
55
50
48
Age d'abattage (mois)
Poids de carcasse (Kg)
Génisses nées simples - Race Charolaise
455
450
445
440
435
430
425
420
415
410
405
400
45
45
41
40
28 à 32 32 à 36 36 à 40
28 à 32 32 à 36 36 à 40
Age au premier vêlage (mois)
poids de carcasse (kg)
âge abattage (mois)
Génisses nées au cours des campagnes 1999 à 2002 pour les femelles
abattues sans deuxième vêlage, et des campagnes 1999 à 2001 pour les
génisses abattues sans troisième vêlage.
Dans les élevages à double période de vêlage,
l’intérêt du vêlage 30 mois est indéniable.
7
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Des taux de renouvellement
variables
Un taux de renouvellement
élevé est favorable à l’accroissement du
progrès génétique, mais d’autres facteurs
sont à prendre en considération.
Figure 19 - IVMAT par campagne de naissance
CH.PF.09 - 451 troupeaux - Région Pays de la Loire
105
96,4
89,2
103
70
62,5
60
102
50
43,4
101
40
30
100
20,6
20
99
98
Campagnes 2003 à 2007
Variation annuelle du nombre de vêlages comprise entre – 5 et + 5 %
Race
CH
LI
BA
RP
Total
Troupeaux
Moyenne (%)
Ecart -type (%)
Inf. à 25 % (a)
239
27,6
4,8
30,1
71
27,2
5,4
35,2
86
28,9
4,5
16,3
54
29,3
4,4
18,5
450
28,0
4,8
26,9
% de femelles conservées
80
78
Tableau 4 – Taux de renouvellement
100
90
104
IVMAT
■ Le taux de renouvellement correspond au pourcentage
de primipares dans le total des vêlages d’une campagne ;
il a été analysé sur 450 troupeaux, adhérents à la base de
sélection n’ayant pas connu de forte variations du nombre
de vêlages sur les campagnes 2003 à 2007. Dans ces troupeaux en rythme de croisière, le taux de renouvellement
moyen est de 28 % (tableau 4). La variabilité des taux de
renouvellement pratiqués est importante ; 88 % des troupeaux ont un taux de renouvellement compris entre 21 et
35 %. Les stratégies à faible taux de renouvellement
(moins de 25 %) sont plus fréquentes dans les races
Limousine et Charolaise.
Dans les élevages à taux de renouvellement élevé, l’âge au
premier vêlage est plus précoce, et la pratique de
l’insémination plus fréquente, la proportion de vêlages
difficiles augmente (sauf en race Limousine). Dans les
races Charolaise, Rouge des prés et Blonde d’Aquitaine,
l’intervalle entre vêlages semble moins maîtrisé dans les
élevages à faible taux de renouvellement ; cela pose la
question du tri des vaches à problèmes dans ces élevages.
Les interactions entre taux de renouvellement et âge au
premier vêlage conduisent à proposer une démarche de
modélisation pour l’analyse séparée de ces deux facteurs.
10
0
2004
2003
et avant et 2005
2006
2007
2008
2009
Campagne de naissance
IVMAT
% Femelles conservées
(a) en % des élevages
Figure 20 - Index IBOVAL par campagne de naissance
CH.PF.09 - 451 troupeaux - Région Pays de la Loire
Les génisses sont supérieures
aux vaches
8
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
104
103
Index
■ Dans les troupeaux de la base de sélection, les génisses
ont une valeur génétique supérieure aux vaches. Les résultats moyens des bilans génétiques des troupeaux
Charolais des Pays de la Loire (CH.PF.09) permettent d’illustrer cette affirmation (figures 19 et 20). Les génisses
nées au cours de la campagne 2009 ont en moyenne une
valeur IVMAT supérieure de 5 points à celle des vaches
nées au cours des campagnes 2003 et avant. Au niveau des
index élémentaires la supériorité est élevée sur CRsev et
DSsev, avec une légère détérioration concomitante de
l’IFNAIS ; l’écart est moins important sur DMsev et sur
ALait. La supériorité génétique des génisses est susceptible d’être maximisée par le choix des femelles conservées
pour le renouvellement.
105
102
101
100
99
98
2003
et avant
2004
et 2005
2006
2007
2008
2009
Campagne de naissance
IFNAIS
CRrsev
DMsev
DSsev
AVel
ALait
Une modélisation de l’impact
des stratégies de renouvellement
sur la productivité du troupeau
Une modélisation de l’incidence de la conduite du
troupeau sur les performances zootechniques a été
réalisée, à partir des observations, pour simuler toutes
choses égales par ailleurs les effets de : 1) l’âge au
premier vêlage, 2) de la saison de vêlage, 3) du taux de
renouvellement.
Cette approche a été effectuée pour les races Charolaise,
Limousine, Blonde d’Aquitaine et Rouge des prés. Elle
intègre les effets moyens sur les performances
zootechniques des facteurs de production identifiés. Une
stratégie a été décidée pour le tri des génisses conservées
pour le renouvellement et des réformes. Les résultats
sont présentés en situation de croisière ; ils n’intègrent
pas le progrès génétique.
Les modèles additifs élaborés
Les facteurs de variations intégrés dans les modèles
figurent dans le tableau 5. A titre d’illustration le modèle
concernant le GMQ naissance-210 jours est présenté dans
la figure 21.
■ Les conditions de naissance et poids de naissance
Les difficultés de mise bas résultent d’une incompatibilité
foeto-maternelle. Les facteurs de variations pris en
compte sont la race, le sexe, le rang de vêlage de la mère
et le poids de naissance ; le sexe et le poids de naissance
rendent compte de l’effet veau ; les naissances difficiles
sont plus fréquentes sur veaux lourds ; le rang de vêlage
rend compte du développement de la mère et de sa
capacité à vêler. L’effet race est très important.
■ La mortalité des veaux
Les conditions de naissance ont une incidence déterminante sur la mortalité des veaux ; elles interviennent en
interaction avec le sexe et la race ; 30 à 41 % des veaux
meurent après une naissance difficile. La mortalité des
veaux est plus importante (+2,8 %) pour les naissances
d’hiver (novembre-janvier) et légèrement plus faible
(-1,2 %) pour les naissances d’automne (août-octobre).
L’effet rang de vêlage est faible (+1 % sur primipares) ;
le taux de mortalité plus important constaté sur veaux de
primipares est donc principalement lié aux vêlages plus
difficiles.
■ La croissance naissance-210 jours
Le principal facteur de variation est le rang de vêlage de la
mère. Entre un veau de primipare et un veau de vache
adulte l’écart est d’environ 100 g par jour. Les veaux de
primipares sont pénalisés par la moindre production
laitière de leur mère. L’effet sexe est également important ;
les mâles réalisent une croissance supérieure de 94 g à
celle des femelles ; les naissances difficiles (codes 4 et 3)
pénalisent les croissances de 50 à 60 g. Les veaux issus
d’un père d’insémination obtiennent en moyenne une
croissance supérieure de 60 g par jour comparativement à
celle de ceux issus de monte naturelle. Les poids de
naissance et la saison de naissance ont également une
incidence.
Tableau 5 – Les facteurs de variations intégrés dans les modèles de réponse additifs
Facteurs explicatifs
intégrés
Race
Sexe
Rang de naissance / vêlage
Poids de naissance
Conditions de naissance
Saison de naissance / vêlage
Gémellité
Origine (IA/MN)
Poids à 210 jours
Age au premier vêlage
Conditions de mise bas
Age abattage
Poids de carcasse
Facteurs à expliquer
Conditions
Poids
de
de
naissance naissance
✹
✹
✹
✹
Mortalité
des
veaux
✹
✹
✹
✹
✹
✹
✹
✹
✹
GMQ
Conditions Intervalle
naissance
de
entre
210 jours mise bas
vêlages
✹
✹
✹
✹
✹
✹
✹
✹
Age
à la
réforme
✹
✹
✹
✹
✹
✹
Poids
Conformation
de
carcasse
carcasse
✹
✹
✹
✹
✹
✹
✹
✹
✹
✹
✹
9
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Figure 21 - Modèle GMQ naissance – 210 jours
Equation
GMQ 0 à 210 jours =
Base (fonction de la race)
+ Effet sexe
+ Effet rang de vêlage de la mère
+ Effet origine paternelle
+ Effet saison de naissance
+ Effet poids de naissance
+ Effet conditions de naissance
Base (en g)
Limousine
Charolaise
Rouge des prés
Blonde d’Aquitaine
1025
1050
1070
1080
Effets fixes (en g)
Effets de vêlage de la mère
Effets sexe
Mâles
Femelles
47
- 47
Effets origine paternelle
Insémination
Monte naturelle
-60
-6
42
15
Effets saison de naissance
38
- 22
Automne (A-S-O)
Hiver (N-D-J)
Printemps (F-M-A)
Eté (M-J-J)
-9
18
12
- 27
Effets conditions de naissance
Effets poids de naissance
Léger
Moyen
Lourd
Rang 1
Rang 2
Rang 3 à 7
Rang 8 et +
-20
0
20
sans aide (1)
aide facile (2)
aide difficile (3)
césarienne (4)
0
0
- 60
- 50
Validation
R2 = 0,90
Y = 1,00 X
ETR = 22 g
L’âge au premier vêlage intervient également sur le poids à
210 jours du premier veau (tableau 6) ; plus le premier
vêlage est précoce, plus la concurrence entre la croissance
de la primipare et la production laitière est importante.
Tableau 6 – Effet de l’âge au premier vêlage sur le poids
à 210 jours du premier veau
Age au premier
vêlage (mois)
moins
de 28
28
à 32
32,1
à 36
36,1
à 38
Effet sur le poids
à 210 jours (kg)
-10
-3
3
2
■ Les conditions de mise-bas
L’incidence des conditions de naissance sur les conditions
de mise-bas de la primipare et la répétitivité des misesbas difficiles ont été intégrées.
■ L’intervalle entre vêlage
L’intervalle entre vêlages est fonction de : 1) la durée de
gestation, 2) l’intervalle entre le vêlage et la saillie
fécondante. La durée moyenne de gestation est de 287
jours en race Charolaise, 288 jours en race Rouge des
prés, 290 jours en race Limousine, et de 294 jours en race
Blonde d’Aquitaine. Les conditions de vêlage ont un impact
10
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
très important sur l’intervalle vêlage – saillie fécondante
(+ 38 jours après césarienne) ; l’intervalle est augmenté de
11 jours sur primipares ; les vêlages d’hiver (novembre à
janvier) entrainent un allongement plus important sur
primipares que sur multipares (respectivement + 11 et + 5
jours) ; il existe un effet propre de la race. Tous ces effets
sont additifs.
■ L’âge à la réforme
Pour un taux de renouvellement donné, la répartition des
vaches par rang de vêlage est comparable dans les quatre
races ; ce facteur a donc été étudié toutes races confondues.
L’âge au premier vêlage et le taux de renouvellement font
varier l’âge moyen du troupeau à l’abattage et au vêlage
(tableau 7). L’écart entre l’âge au vêlage et l’âge à l’abattage
est plus élevé pour les faibles taux de renouvellement. Dans
l’hypothèse d’un éleveur produisant des génisses de 3 ans
sur les femelles non conservées pour le renouvellement, à
un poids de carcasse inférieur de 30 kg à celui des adultes,
l’âge moyen et le poids moyen de carcasse de la totalité
des femelles produites (vaches + génisses) seraient
sensiblement constants.
■ Le poids et la conformation des carcasses
Deux paramètres ont été intégrés : le poids à 210 jours des
femelles conservées et l’âge d’abattage. Les femelles
lourdes à 210 jours produisent des carcasses plus lourdes
lors de la réforme. L’âge au premier vêlage conditionne
l’âge à la réforme des femelles d’un rang de vêlage donné.
Le classement EUROP des carcasses a été codé en note de
1 à 18 (avec 11 = R=, 12 = R+, 13 = U-,…). Le modèle intègre
l’amélioration du classement consécutive à l’alourdissement des carcasses.
Tableau 7 – Age au vêlage et âge à l’abattage
Premier vêlage
36 mois
30 mois
Age à Age au Ecart Age à Age au Ecart
Taux de
l’abat- vêlage
renouvellement l’abat- vêlage
tage
tage
22 %
26 %
30 %
34 %
38 %
7,2
6,6
6,2
5,8
5,5
5,4
5,2
5,0
4,9
4,6
1,8
1,4
1,2
0,9
0,9
6,7
6,1
5,7
5,3
5,0
4,9
4,7
4,6
4,4
4,1
1,8
1,4
1,1
0,9
0,9
Pour en savoir plus sur la méthode :
Les bases de données utilisées pour la modélisation
ont été stratifiées en fonction des facteurs de variation
étudiés ; les variables quantitatives ont été transformées en classes ; cela a permis de réduire la variabilité
et de quantifier l’effet moyen de facteurs qualitatifs sur
les performances en construisant des modèles de
réponse additifs. Les modèles ont été validés en comparant les observations stratifiées avec le modèle ;
quatre critères ont été analysés : Le R² (pourcentage de
la variabilité expliqué), la relation entre l’estimé (Y)
et l’observé (X), l’écart-type résiduel, et une représentation graphique des écarts. Les modèles validés ont
un R² supérieur ou égal à 0,90, Y très proche de
y = 1,00 x X, et un faible écart-type résiduel.
pas d’éliminer toutes les femelles nées difficilement et les
jumelles. La plage de taux de renouvellement permettant
de trier à la fois sur génisses et sur primipares est d’autant
plus importante que la fréquence des vêlages difficiles est
faible (figure 22).
■ La stratégie de tri des génisses conservées
et des réformes
Le choix de tri : 1) maximise le poids à 210 jours des
génisses conservées pour le renouvellement, 2) intègre la
possibilité d’éliminer les génisses nées difficilement et les
jumelles, 3) intègre la possibilité de réformer les primipares
à veaux morts et à césarienne. Les génisses élevées pour le
renouvellement corrrespondent au taux de renouvellement
majoré de 10 % pour prendre en compte les pertes en
élevage et les échecs de la mise à la reproduction. La possibilité de réformer les primipares à veaux morts et à
césarienne intègre un taux de réformes pour causes indéterminées de 10 % à l’échelle du troupeau. Lorsque les tris
sont impossibles les conséquences des conditions de naissance sur les conditions de mise bas des primipares, et de
la répétitivité des mises bas difficiles sont intégrées.
Eliminer les femelles vêlées
difficilement constitue une priorité.
■ Incidence de la saison de vêlage
La saison de vêlage a un impact important sur les performances de reproduction. Les intervalles entre vêlages sont
dégradés et la mortalité des veaux accrue pour les vêlages
d’hiver (novembre à janvier). Dans l’exemple du tableau 8,
concernant la race Charolaise l’impact est de 6 jours sur
l’IVV moyen et de 4 % sur la mortalité des veaux et le pourcentage de veaux sevrés par vêlage.
■ Le taux de renouvellement adopté conditionne les
possibilités de tri des génisses de renouvellement et des
vaches à réformer
L’augmentation du taux de renouvellement permet d’éliminer les vaches à veaux morts et à césarienne. Cela évite la
répétivité des mises bas difficiles et la dégradation des
intervalles entre vêlages. Dans les races Rouge des prés et
Charolaise un renouvellement très élevé (38 %) ne permet
Tableau 8 – Incidence de la saison de vêlage
Race Charolaise – Premier vêlage à 36 mois – 34 % de renouvellement
Saison de vêlage
Intervalle vêlage - vêlage (jours)
Mortalité des veaux 0-210 jours (%)
Veaux sevrés / vêlages (%)
Poids des veaux à 210 jours (kg)
Poids de carcasse des vaches (kg)
Figure 22 - Les possibilités de tri
Vêlage printemps à 36 mois
Taux de renouvellement
Limousine
22
26
30
34
P
381
11,1
93,5
265
429
Une comparaison entre vêlage de printemps (février à avril)
et vêlage d’automne (août à octobre) effectuée dans l’hypothèse d’un premier vêlage à 36 mois et d’un taux de
renouvellement de 30 % met en évidence une mortalité des
veaux plus élevée de 1,9 % pour les vêlages de printemps.
Les veaux sont par contre plus lourds de 4 à 5 kg à
210 jours avec le vêlage de printemps (tableau 9).
38
Génisses
Primipares
Charolaise Génisses
Primipares
Génisses
Primipares
tri possible
H
388
13,2
91,4
266
429
A = automne (août à octobre), H = hiver (novembre à janvier),
P = printemps (février à avril)
Blonde
Génisses
d'Aquitaine Primipares
Rouge
des prés
A
382
9,2
95,4
260
427
Les risques d’impact sur la mortalité
des veaux et sur les intervalles entre vêlages sont à prendre
en compte dans le choix des périodes de vêlage.
tri impossible
Tableau 9 – Incidence de la saison de vêlage - Premier vêlage à 36 mois – 30 % de renouvellement
Race
Saison de vêlage
P
Charolaise
A
Ecart
P
Limousine
A
Ecart
P
Rouge des Prés
A
Ecart
Blonde d'Aquitaine
P
A
Ecart
Age au premier vêlage (mois)
36
36
0
36
36
0
36
36
0
36
36
0
Taux de renouvellement (%)
30
30
0
30
30
0
30
30
0
30
30
0
Possibilité de trier les génisses (a)
non
non
non
non
Possibilité de trier les primipares (b)
non
non
non
non
Vêlages difficiles (%)
7,8
7,8
0
2,1
2,1
0
12,5
12,5
0
5,8
5,8
0
4,1
4,1
0
0,4
0,4
0
8,1
8,1
0
2,3
2,3
0
Intervalle vêlage - vêlage (jours)
381
382
1
377
379
2
388
389
1
392
394
2
Vêlages gemellaires
4,8
4,8
0,0
1,2
1,2
0,0
5,6
5,6
0,0
2,6
2,6
0
Mortalité des veaux 0-210 jours (%)
10,9
9,0
-1,9
6,8
4,9
-1,9
15,2
13,3
-1,9
10,7
8,8
-1,9
Veaux sevrés / vêlages (%)
93,8
95,7
1,9
94,4
96,3
1,9
90,4
92,3
1,9
91,9
93,8
1,9
Poids des veaux à 210 jours (kg)
266
261
-5
254
250
-4
273
269
-4
270
266
-4
Poids de carcasse des vaches (kg)
432
431
-1
397
395
-2
443
442
-1
516
514
-2
Conformation (note de 1 à 18)
12,0
12,0
0
12,4
12,4
0
10,4
10,4
0
14,7
14,6
-0,1
Age moyen à l'abattage (années)
6,2
6,2
0
6,2
6,2
0
6,2
6,2
0
6,2
6,2
0
Femelles abattues à moins de 8 ans (%)
80
80
0
80
80
0
80
80
0
80
80
0
dont césariennes (%)
P = printemps (février à avril), A = automne (août à octobre)
(a) sur les jumelles et sur les naissances difficiles
(b) sur les femelles à veaux morts et sur césariennes
tri possible
tri impossible
11
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Tableau 10 – Incidence de l’âge au premier vêlage - Vêlages d’automne – 30 % de renouvellement
Race
Age au premier vêlage
36
Taux de renouvellement (%)
30
Charolaise
30
Ecart
30
36
0
30
Limousine
30
Ecart
30
0
Rouge des Prés
30
Ecart
36
30
30
0
Blonde d'Aquitaine
36
30
Ecart
30
30
0
Possibilité de trier les génisses (a)
non
non
non
non
Possibilité de trier les primipares (b)
oui
non
non
non
Vêlages difficiles primipares (%)
15,3
19,9
4,6
4,1
5,3
1,2
19,0
20,8
1,8
10,9
11,6
0,7
Total vêlages difficiles (%)
7,8
10,0
2,2
2,1
2,4
0,3
12,5
13,1
0,6
5,8
5,6
-0,2
dont césariennes (%)
4,1
5,2
1,1
0,4
0,5
0,1
8,1
8,3
0,2
2,3
2,4
0,1
Intervalle vêlage - vêlage (jours)
382
384
2
379
379
0
389
389
0
394
394
0
Vêlages gemellaires
4,8
4,8
0,0
1,2
1,2
0,0
5,6
5,6
0,0
2,6
2,6
0
Mortalité des veaux 0-210 jours (%)
9,0
9,4
0,4
4,9
5,0
0,1
13,3
13,5
0,2
8,8
8,8
0
Veaux sevrés / vêlages (%)
95,7
95,3
-0,4
96,3
96,2
-0,1
92,3
92,1
-0,2
93,8
93,8
0
Poids des veaux à 210 jours (kg)
261
259
-2
250
248
-2
269
267
-2
266
264
-2
Poids de carcasse des vaches (kg)
431
427
-4
395
393
-2
442
438
-4
514
509
-5
Conformation (note de 1 à 18)
12,0
11,9
-0,1
12,4
12,3
-0,1
10,4
10,3
-0,1
14,6
14,4
-0,2
Age moyen à l'abattage (années)
6,2
5,7
-0,5
6,2
5,7
-0,5
6,2
5,7
-0,5
6,2
5,7
-0,5
Femelles abattues à moins de 8 ans (%)
80
87
7
80
87
7
80
87
7
80
87
7
(a) sur les jumelles et sur les naissances difficiles
(b) sur les femelles à veaux morts et sur césariennes
■ Incidence de l’âge au premier vêlage
Le vêlage 30 mois, comparativement au vêlage 36 mois se
traduit, dans l’exemple du vêlage d’automne, avec un taux de
renouvellement de 30 %, présenté dans le tableau 10 par :
• une réduction de 2 à 5 kg de carcasse du poids des
vaches réformées ; cette réduction s’accompagne d’une
diminution de 6 mois de l’âge moyen à l’abattage, et d’un
accroissement de 7 % de la proportion des femelles
abattues avant 8 ans ;
• une réduction de 2 kg du poids des veaux à 210 jours ;
• un impact limité sur les performances de reproduction.
Avec le vêlage 30 mois la fréquence des vêlages difficiles
est légèrement accrue sur primipares ; l’impact à l’échelle
de l’ensemble du troupeau est limité.
Le vêlage 30 mois a un faible impact sur
les performances zootechniques, comparativement à la réduction de 6 mois de la “durée de vie improductive” des génisses.
■ Incidence du taux de renouvellement
L’augmentation du taux de renouvellement de 26 à 34 %,
présentée dans le tableau 11 dans la situation d’un premier
vêlage à 30 mois au printemps de traduit par :
• une diminution du poids moyen de carcasse des vaches
réformées de 7 à 12 kg selon la race. Cette diminution s’ex-
tri possible
tri impossible
plique par une réduction de l’âge moyen d’abattage de
0,8 année (+6 % de femelles abattues à moins de 8 ans), et
par un tri moins sévère du poids des génisses conservées au
sevrage. Notons que les vaches abattues jeunes sont susceptibles d’être mieux valorisées par les filières “qualité“ ;
• une diminution de 2 à 3 kg du poids des veaux à 210 jours ;
• un très faible impact sur les performances de reproduction. L’augmentation du taux de renouvellement permet de
réformer les primipares vêlées difficilement ; cela limite
l’augmentation globale du pourcentage de vêlages difficiles, la détérioration de l’intervalle entre vêlages, et
l’augmentation de la mortalité des veaux. En intégrant le
plus faible taux de vêlages gémellaires sur primipares, la
réduction du pourcentage de veaux sevrés par rapport aux
vêlages est, dans la plage de variation étudiée, compris
selon la race entre – 0,3 et – 0,5 %.
L’adoption d’un taux de renouvellement
élevé permet de réformer toutes les femelles à veaux morts, à
vêlage difficile ou hors période. Rappelons que la possibilité d’accroître le progrès génétique, permise par l’augmentation des taux
de renouvellement n’a pas été intégrée. L’adoption d’un faible
taux de renouvellement , avec un tri rigoureux des génisses
conservées permet de maximiser le poids des vaches réformées
mais risque de conduire à conserver des femelles improductives.
Entre ces deux choix extrêmes l’équilibre à adopter réside dans la
capacité à limiter la fréquence des premiers vêlages difficiles par
des accouplements raisonnés et une conduite adaptée.
Tableau 11 – Incidence du taux de renouvellement - Vêlages de printemps – Premier vêlage à 30 mois
Race
Taux de renouvellement (%)
Age au premier vêlage (mois)
26
Charolaise
34
30
30
Ecart
26
Limousine
34
0
30
30
Ecart
26
0
30
Rouge des Prés
34
Ecart
30
0
Blonde d'Aquitaine
26
34
Ecart
30
30
0
Possibilité de trier les génisses (a)
non
non
non
non
Possibilité de trier les primipares (b)
oui
non
oui
non
Vêlages difficiles (%)
9,3
9,8
0,5
2,3
2,6
0,3
12,6
12,5
-0,1
5,6
5,9
0,3
4,8
5,2
0,4
0,4
0,5
0,1
8,0
7,7
-0,3
2,3
2,5
0,2
Intervalle vêlage - vêlage (jours)
382
381
-1
377
378
1
387
385
-2
393
393
0,0
Vêlages gemellaires
4,9
4,6
-0,3
1,2
1,1
-0,1
5,8
5,4
-0,4
2,7
2,5
-0,2
dont césariennes (%)
Mortalité des veaux 0-210 jours (%)
11,2
11,3
0,1
6,8
7,0
0,2
15,2
15,3
0,1
10,7
10,8
0,1
Veaux sevrés / vêlages (%)
93,8
93,3
-0,5
94,4
94,1
-0,3
90,6
90,1
-0,5
92,1
91,7
-0,4
Poids des veaux à 210 jours (kg)
265
263
-2
253
251
-2
272
270
-2
270
267
-3
Poids de carcasse des vaches (kg)
432
424
-8
398
391
-7
444
434
-10
517
505
-12
Conformation (note de 1 à 18)
12,1
11,7
-0,4
12,5
12,2
-0,3
10,5
10,2
-0,3
14,7
14,2
-0,5
Age moyen à l'abattage (années)
6,1
5,3
-0,8
6,1
5,3
-0,8
6,1
5,3
-0,8
6,1
5,3
-0,8
Femelles abattues à moins de 8 ans (%)
83
89
6
83
89
6
83
89
6
83
89
6
(a) sur les jumelles et sur les naissances difficiles
12
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
(b) sur les femelles à veaux morts et sur césariennes
tri possible
tri impossible
Mesurer l’intérêt économique
de différentes stratégies
de renouvellement
En matière de reproduction des troupeaux allaitants, les
éleveurs sont confrontés à de nombreux choix techniques
(tri des reproductrices, niveau de renouvellement, âge au
vêlage,…) dont les impacts économiques et techniques ne
sont pas toujours aisément discernables. Entre les objectifs
de l’éleveur, les qualités du troupeau, les facteurs zootechniques qui sont en jeu et leurs nombreuses interactions, il
n’est pas évident au niveau de l’exploitation d’anticiper les
résultats techniques et économiques de ces choix.
Le modèle technique présenté précédemment permet
d’apporter des repères de performances zootechniques du
troupeau (reproduction, poids) en fonction :
Les cas-types Réseaux d’élevage : un outil pour
la simulation technico-économique
Les “cas-types” sont des outils développés par les
Réseaux d’élevage. Elaborés à partir du suivi de fermes
de références, ils décrivent des systèmes de production
dans leurs contextes (situation, moyens de production,…), en détaillant finement les fonctionnements mis
en œuvre (système fourrager, conduite du troupeau,
équipements…) et les résultats techniques et économiques qui en découlent. Un cas-type est représentatif
d’un groupe d’exploitations similaires et homogènes
dans leurs fonctionnements et leurs pratiques.
- des contraintes de tri des reproductrices,
- de l’âge au premier vêlage,
- de la période de naissance,
- du taux de renouvellement.
Simuler des stratégies de
renouvellement à l’échelle d’une
exploitation grâce aux “cas-types”
des Réseaux d’élevage
A partir de ces éléments techniques, il est possible
d’évaluer l’intérêt économique de plusieurs scénarios de
reproduction à l’échelle de l’exploitation. Ainsi, nous avons
exploré l’intérêt économique de plusieurs stratégies de
renouvellement, en testant sur un “cas-type” d’exploitation
viande bovine (voir encadré) différentes options :
- d’âges au vêlage combinées avec des périodes de vêlage
- de taux de renouvellement.
Pour évaluer l’impact économique des choix possibles en
matière de stratégie de reproduction, nous retenons le castype “Naisseur Engraisseur Semi Intensif” (NESI) décrit par
les Réseaux d’élevage Pays de la Loire-Deux Sèvres(1)
comme support de la simulation économique. Quelques
éléments concernant l’assolement, le fonctionnement du
troupeau, les performances animales et économiques du
NESI sont présentés ci-après (Figure 23 et tableau 12).
Figure 23 - Description du fonctionnement du cas-type Naisseur Engraisseur Semi Intensif
Naisseur Engraisseur Semi Intensif Charolais
1,2 UMO - 85 ha de SAU - 70 vêlages - 118 UGB - 1,6 UGB/ha de SFP
Double saison de vêlage
20/08 au 5/10
35 vêlages
dont 11 génisses
20/02 au 30/03
35 vêlages
dont 11 génisses
Ventes du troupeau
20 vaches 430 Kgc
8 génisses 400 Kgc
32 jeunes bovins 425 Kgc
1 vache adulte perte
1 vache adulte accident
1 jeune bovin accident
2 broutardes
1 veau
70 vêlages
74 veaux nés
66 veaux sevrés
Pour disposer de sa description technique complète, se
référer à la brochure “Systèmes Bovins Viande en Pays de la
Loire-Deux Sèvres” - cas-types (2008), publiée par les Réseaux
d’Elevage Pays de Loire-Deux Sèvres (www.agrilianet.com)
Les résultats économiques 2009 de ces cas-types sont
disponibles : brochure “Systèmes Bovins Viande en Pays de la
Loire-Deux Sèvres” - résultats 2009 (www.agrilianet.com)
(1)
33
mâles
33
femelles
13
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Tableau 12 – Eléments de description techniques et économiques du cas-type NESI Charolais
Surfaces
Troupeau
Economie (conjoncture 2009)
SAU
85 ha
Taux de
renouvellement
31 %
Herbe
63 ha
Âge au premier
vêlage
11 ha
(10,5 T MS/ha)
Maïs
Céréales
Paille achetée
11 ha
(65 qtx/ha)
91 T
Production de
viande vive
30 mois
Résultat courant
17 360 €
46 370 kg
Coût alimentaire
265 €/UGB
2,3 T MS/UGB
Frais d’élevage
194 €/UGB
Concentrés
consommés
0,6 T MS/UGB
Dont paille
71 €/UGB
La méthode et les hypothèses
Les différentes simulations sont réalisées à chargement
constant (1,6 UGB de chargement), et sans modification de
la SAU. Cela signifie que les évolutions d’effectifs animaux
et les évolutions de leurs besoins en surfaces se répercutent sur l’assolement en céréales (prioritairement les
surfaces en céréales vendues, puis, si besoin les surfaces
autoconsommées en procédant à des achats de concentrés de substitution).
Par ailleurs, les modifications d’effectifs animaux
(génisses, vaches) à l’intérieur du système de production
sont corrigées des besoins alimentaires des animaux
concernés par ces évolutions : les besoins alimentaires
des catégories vaches et génisses sont prévus en fonction
des conduites retenues dans le scénario et non pas seulement en fonction de l’évolution des UGB globaux.
Les différents scénarios s’établissent dans le cadre des
contraintes du système Naisseur Engraisseur semi-intensif, et dans la conjoncture économique de l’année 2009. Ils
prennent en compte les impacts sur :
A : les modifications de surfaces (charges en plus ou moins
pour la surface fourragère et les cultures, et éventuellement les variations de produits cultures, en fonction des
scénarios (prix de vente du blé de : 130 €/T),
B : les variations de consommation des concentrés,
C : les aides couplées de la PAC,
Les effets A,B, et C sont regroupés dans les tableaux de
données et les commentaires sous la dénomination
“charges végétales liées aux surfaces”,
D : les frais d’élevages (frais vétérinaires, de reproduction,
identification...),
E : la paille achetée,
F : les charges de bâtiments (entretien et amortissements), notamment dans les cas d’augmentations
d’effectifs (par hypothèse tous les animaux sont logés),
ainsi que l’eau et l’électricité.
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
35 270 €
Fourrages stockés
Avec 70 vêlages (70 PMTVA) répartis en deux lots de tailles
équivalentes (début automne et début printemps), le système permet de sevrer 66 veaux (0,94 veau/vêlage). L’âge
au vêlage des primipares est de 30 mois. Une grande partie des animaux, tant mâles que femelles, est engraissée.
Une partie des céréales est autoconsommée (4,7 ha), ce
qui représente 38 % des concentrés consommés. Le système dégage 35 270 € d’EBE en 2009 ; il comporte 85 DPU
à 185 €/ha.
14
EBE
G : l’évolution de la MSA,
H, I, J : les écarts de performances du troupeau entre le
scénario testé et le cas-type (voir encadré).
Ils ne prennent pas en compte les impacts sur la mécanisation et les autres charges de structures.
Les performances du troupeau données
par le modèle et analysées
Les résultats de conduite d’élevage et les performances
donnés par le modèle permettent de prendre en compte
les éléments suivants :
H : des effets valorisation des carcasse liés aux croissances et aux poids (appelés “effets poids” dans les
tableaux de données et les commentaires)
- l’écart de valeur des carcasses des vaches de réformes
(différentiels poids de carcasse et classements),
- l’écart de valorisation lié à la proportion de vaches de
plus de 8 ans abattues (hypothèse : -25 centimes/kg carcasse pour les vaches de plus de 8 ans),
- l’écart économique lié au différentiel de poids vif des
broutards à 210 jours (rapporté en jours d’engraissement
en plus ou moins sur les bilans alimentaires des jeunes
bovins) ;
I : des effets de substitution des vaches de réformes par
des génisses ou inversement (appelés “effets substitution” dans les tableaux de données et les commentaires)
- l’écart de valorisation économique lié à la substitution de
vaches de réformes par des génisses de boucheries (rappel : 400 kg de carcasse), dans les scénarios “taux de
renouvellement” uniquement,
- l’écart de coût alimentaire lié à la substitution de génisses
d’élevage (30 mois) par des génisses de boucherie
(33 mois) ;
J : des effets liés aux pratiques de reproduction (appelés
“effets reproduction” dans les tableaux de données et les
commentaires
- l’écart économique lié à la différence de veaux
sevrés/vêlage (rapporté au produit bovin (hors aides) plus
les aides bovines couplées, moins les charges opérationnelles bovines),
- l’écart économique lié à la proportion de vêlages difficiles (hypothèse : 1 vêlage difficile sur 3 avec visite
vétérinaire et produits, soit coût direct par vêlage difficile
de 40 1),
- l’écart économique lié à la proportion de césarienne
(hypothèse : coût direct d’une césarienne fixé à 250 1),
- l’écart économique lié à la variation d’IVV (rapporté aux
frais d’élevage et au coût alimentaire des vaches).
Les scénarios “Age au premier
vêlage et période de vêlages”
Dans un premier temps, le “cas-type” qui fonctionne en
double saison de vêlage, et 30 mois d’âge au premier
vêlage est comparé avec 3 autres conduites de vêlages :
- une double saison de vêlages à 36 mois (mesure de l’effet
âge au vêlage uniquement)
- une simple saison de vêlages à 36 mois au printemps
(double effet âge et période)
- une simple saison de vêlages à 36 mois à l’automne (double effet âge et période).
Les taux de renouvellement pour l’ensemble de ces scénarios sont fixés à 31 % (22 génisses de renouvellement).
Vêler à 36 mois génère 5 fois plus
de charges que de produit
supplémentaire créé
Les résultats sont exprimés en écart par rapport au castype (tableau 13).
Aucun des scénarios proposant des vêlages à 36 mois
n’améliore la performance économique du système par
rapport à une conduite en double saison de vêlage à 30
mois. Les conduites à 36 mois en double ou simple saison
de vêlage dégradent le résultat économique de 130 à 180 €
par génisse renouvelée.
L’amélioration du produit viande liée à la revalorisation des
carcasses ne permet jamais d’effacer les charges supplémentaires qui sont engagées pour entretenir les UGB
supplémentaires (9 à 11 UGB de plus en conduite 36 mois).
En comparant la double saison de vêlage à 30 mois avec la
double saison à 36 mois, les effets liés aux modifications
de surfaces, de frais d’élevage et de logement pèsent 5 fois
plus (5 435 €) que les produits supplémentaires générés
par le troupeau, tant du point de vue de la revalorisation
des carcasses que de l’amélioration des conditions de
naissance et de la réduction de la mortalité des veaux
(1 079 € au total).
Avec des réductions de 5,6 à 6,9 ha de la sole en céréales,
les systèmes vêlant à 36 mois dégradent de façon importante leurs ressources en paille qui devront être couvertes
par des achats supplémentaires (+1 540 € à +1 740 €). De
la même façon, les ventes de céréales sont quasi nulles
dans le scénario “vêlage double saison 36 mois”, et le
“vêlage 36 mois printemps” doit même avoir recours à de
l’achat de céréales (équivalent de 0,6 ha) pour maintenir
son niveau d’autoconsommation.
Enfin, concernant les simples saisons de vêlage à 36 mois,
il est intéressant de noter que la conduite en vêlage
36 mois printemps, malgré des poids un peu plus élevés
(poids à 210 jours des broutards et poids de carcasse
vaches), est économiquement plus pénalisée que la
conduite 36 mois en vêlage automne qui bénéficie d’un
ratio veaux sevrés/vêlage sensiblement supérieur de
1,90 %.
En bref, le niveau des charges à engager en conduite
36 mois explique en grande partie la dégradation des
résultats économiques ; la période 30-36 mois étant dans
ce cas une période de productivité limitée mais coûteuse
en entretien des animaux supplémentaires qu’elle
implique.
Tableau 13 – Résultats de l’analyse des scénarios “Age au vêlage et période de naissance”
36 mois
double
saison
22
128
11,00
69,27
4,73
2 845 2
1 651 2
142 2
797 2
36 mois
vêlage
printemps
22
129
11,00
69,89
4,11
3 118 2
1 543 2
156 2
882 2
5 435 3
5 699 3
5 449 3
3,0 kg
0,03 2/kgc
2,0 kg
437 3
3,5 kg
0,03 2/kgc
4,5 kg
424 3
2,5 kg
0,02 2/kgc
-0,5 kg
153 3
Ecart technique veaux sevrés / vêlage
Ecart technique vêlage difficile
Ecart technique césarienne
Ecart technique IVV en j
Ecart économique liés aux effets "reproduction"
0,20 %
-1,40 %
-0,70 %
-2,0 j
642 3
-0,75 %
-1,40 %
-0,70 %
-2,5 j
-85 3
1,15 %
-1,40 %
-0,70 %
-1,5 j
1 384 3
Total écart lié aux résultats du troupeau
1 079 3
339 3
1 537 3
-3 267 3
-148 2
-1 089 3
-4 020 3
-183 2
-1 340 3
-2 934 3
-133 2
-978 3
Age au vêlage
Nombre de femelles réformées
Nombre d'UGB
Surface en maïs (ha)
Surface en herbe (ha)
Surface en céréales (ha)
Charges végétales (liées aux modification de surface)
Paille achetée
Frais d'élevage hors paille
Charges de structure (eau, électricité, bâtiments)
Total écart charges végétales, frais d'élevage et de structures
Ecart poids de carcasse des vaches de réforme
Ecart de prix des vaches de réforme au kg de carcasse (effet classement)
Ecart technique lié au P210 des broutards (kg poids vif)
Ecart économique lié aux effets "poids"
Evolution de revenu (net MSA)
soit par génisse renouvelée
(MSA pour info)
30 mois
double saison
cas type
22
118
11,00
63,00
11,00
36 mois
vêlage
automne
22
127
11,00
68,64
5,36
2 851 2
1 749 2
137 2
712 2
(Nota : pour les informations monétaires +: signifie augmentation de charges ou de produits et -: signifie diminution de charges ou de produits)
15
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Les scénarios
“Taux de renouvellement”
Ici, le “cas-type” fonctionnant avec un taux de renouvellement de 31,4 % (22 génisses de renouvellement) est
comparé avec 3 autres taux de renouvellement, dans une
conduite en double saison, à 30 mois d’âge au premier
vêlage, soit :
• 34,2 % de renouvellement (24 génisses)
• 28,6 % de renouvellement (20 génisses)
• 25,7 % de renouvellement (18 génisses).
Par rapport aux scénarios “Âge au vêlage et saison de
vêlage”, les résultats ci-dessous intègrent deux effets supplémentaires liés à l’incorporation de plus de vaches de
réformes et donc la diminution du nombre de génisses de
boucherie, ou inversement :
• un effet relatif aux valeurs des carcasses de vaches et de
génisses qui se substituent. Le poids des génisses de
boucherie de 33 mois est fixé à 400 Kg de carcasse et le
différentiel de prix à +0,20 €/kg de carcasse en faveur
des génisses.
• un effet prenant en compte les écarts de bilans alimentaires entre les catégories animales qui se substituent.
Un optimum économique entre 31 et
34 % de renouvellement
Les résultats sont toujours exprimés en écart par rapport
au cas-type (tableau 14).
Les scénarios “taux de renouvellement” font apparaître une
ampleur de variation des résultats économiques beaucoup
plus réduite que les scénarios “âge au vêlage” : respectivement de -100 à -500 € contre -3 000 à -4 000 €.
Pour différentes raisons, aucun des taux de renouvellement étudiés ne semble améliorer le résultat économique
du cas-type fonctionnant avec 30 % de renouvellement :
■ le scénario avec un renouvellement élevé (34,7 %) est le
seul qui réduit ses charges (grâce à une légère réduction
du nombre d’UGB et à l’impact sur le bilan alimentaire de
la substitution des génisses de boucherie de 33 mois par
des futures primipares de 30 mois) soit une baisse de
336 € sur ces postes. Mais l’écart observé sur la valorisation des carcasses de vaches et les impacts sur
l’engraissement (poids à 210 jours des jeunes bovins)
pèsent pour environ 520 € dans la diminution des produits
quand les facteurs de reproduction représentent 230 € de
diminution de produits. Au final le résultat économique est
quasi identique avec celui permis par une politique de
renouvellement de 31,4 %.
■ Les scénarios à 25,7 % et 28,6 % de renouvellement
réagissent de façon identique, mais avec une ampleur différente (respectivement -496 € et -210 €). Les charges
sont en hausse (UGB supplémentaires, bilans alimentaires plus exigeants pour les génisses finies, manque à
gagner céréales…).
Tableau 14 – Résultats de l’analyse des scénarii “taux de renouvellement”
Taux de renouvellement en %
25,70 %
28,60 %
31,40 %
34,20 %
Nombre de femelles réformées
Nombre d'UGB
Surface en maïs (ha)
Surface en herbe (ha)
Surface en céréales (ha)
Charges végétales (liées aux modification de surface)
Paille achetée
Frais d'élevage hors paille
Charges de structure (eau, électricité, bâtiments)
18
119,20
11,07
63,43
10,50
265 2
97 2
34 2
48 2
20
118,80
11,04
63,21
10,75
137 2
48 2
17 2
24 2
22
118,40
11,00
63,00
11,00
24
118,00
11,96
62,75
10,29
-156 2
-48 2
-17 2
-10 2
Total écart charges végétales, frais d'élevage et de structures
444 3
226 3
-231 3
4 kgc
0,03 2/kgc
1,5 kg
332 3
2 kgc
0,01 2/kgc
0,8 kg
208 3
-4,5 kgc
-0,01 2/kgc
1,5 kg
-457 3
Ecart économique lié aux effets "subsitution"
-830 3
-397 3
336 3
Ecart technique veaux sevrés / vêlage
Ecart technique vêlage difficile
Ecart technique césarienne
Ecart technique IVV en j
Ecart économique liés aux effets "reproduction"
0,30 %
-0,70 %
-0,40 %
-1 j
279 3
0,15 %
-0,35 %
-0,20 %
-0,5 j
136 3
0,30 %
0,40 %
0,40 %
0,5 j
-231 3
Total écart lié aux résultats du troupeau
-218 3
-54 3
-352 3
-496 3
-28 2
-166 3
-210 3
-10 2
-70 3
-90 3
-4 2
-30 3
Ecart poids de carcasse des vaches de réforme
Ecart de prix des vaches de réforme au kg de carcasse (effet classement)
Ecart technique lié au Pvif JB (kg poids vif à 210 j)
Ecart économique lié aux effets "poids"
Evolution de revenu (net MSA)
soit par génisse renouvelée
(MSA pour info)
(Nota : pour les informations monétaires +: signifie augmentation de charges ou de produits et -: signifie diminution de charges ou de produits)
16
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
L’amélioration des critères de reproduction et la meilleure valorisation des carcasses de ces deux scénarios ne
permettent pas de récupérer la hausse des charges et la
baisse des ventes de céréales.
Néanmoins, les conclusions concernant les scénarios “taux
de renouvellement” doivent être relativisées au regard
du niveau de réponse obtenu ; avec une variation de -90 à
-500 € seulement, les scénarios analysés nous donnent
plutôt une tendance se situant entre un résultat étal ou
légèrement dégradé par rapport au cas-type.
100
50
31 %
0
Evolution en 2
■ En observant les résultats des 4 scénarios, il semble
qu’en terme de résultat économique, le taux de renouvellement de 31 % place le cas-type à proximité de son
optimum économique (figure 24).
Figure 24 - Evolution du revenu du cas-type NESI
en fonction de différents taux de renouvellement
-50
-100
-150
-200
-250
-300
-350
-400
-450
-500
-550
-600
34 %
29 %
26 %
25 %
30 %
35 %
Taux de renouvellement
La réponse apportée sur la problématique de l’âge au vêlage des génisses démontre la forte
sensibilité de nos systèmes allaitants à la maîtrise de ce facteur. S’orienter vers des stratégies
de vêlage à 30 mois en deux saisons strictement respectées s’avère être un choix
économiquement payant.
Les freins au développement de cette pratique se situent de moins en moins au niveau des
performances animales à atteindre, mais peut-être plus au niveau de l’organisation de travail
(allotement, cases et bâtiments). Sans être une solution à toutes les situations (taille de
cheptel) et notamment les situations à fortes contraintes pédoclimatiques (type zones
humides, marais), cette conduite mérite d’être envisagée dans la grande majorité des
exploitations viande bovine.
Concernant, les résultats “taux de renouvellement”, en sus de la proximité des résultats
observés dans les simulations, il faut aussi les juger en fonction des limites de l’exercice. En
l’occurrence plusieurs facteurs n’ont pas pu être intégrés dans la réflexion ; ils avantagent en
général les taux de renouvellement élevés :
• un meilleur niveau de prix pour les jeunes vaches : cet aspect plus favorable pour les taux de
réformes élevés est observé de façon trop aléatoire depuis quelques mois sur le marché pour
faire l’objet d’une hypothèse durable. Il n’a pas été pris en compte,
• la vitesse du progrès génétique : cet aspect est en règle générale plus favorable dans la
durée aux taux de réformes élevés. Il n’a pas été pris en compte car ces simulations sont
“photographiques” et non “dynamiques”,
• le traitement de la réforme des vaches âgées (rangs de vêlage 9 et plus) : bien que peu
présentes dans les troupeaux des scénarios étudiés (entre 1,5 et 3,5 %), elles sont tout de
même 2 fois plus fréquentes dans le renouvellement à 25,7 % que dans celui à 34,2 %. Or, au
moment de la réforme, les élevages pratiquent aussi bien la vente en maigre qu’en gras sur
ces animaux parfois difficiles à engraisser. La probabilité de vendre ces animaux en maigre
est plus faible chez les taux élevés de renouvellement ; il n’a pas été estimé,
• les variations de charges alimentaires d’entretien liées au gabarit des vaches présentes ne
sont pas prises en compte,
• pour les besoins de la simulation, les résultats des scénarios déterminent de nouveaux
assolements répondant aux besoins des animaux. Ces assolements peuvent parfois se
heurter à des problèmes de cohérence ou de contrainte agronomique. Ils peuvent se traduire
sur le terrain par des adaptations des éleveurs à ces contraintes qui modifient donc le
système (fourrages, alimentation). Le panel des contraintes et adaptions étant
potentiellement large, il n’est pas possible de poser des hypothèses plus pertinentes que
d’autres en la matière. Cet aspect n’est pas intégré dans la simulation.
17
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Les conditions de réussite
de l’élevage des génisses
Pour réussir l’élevage des génisses il est
conseillé de :
• choisir des périodes de vêlages,
• adapter les rythmes de croissance à l’âge au premier
vêlage,
• tenir compte du poids adulte des vaches,
• assurer un bon démarrage des veaux,
• atteindre un poids suffisant lors de la mise à la
reproduction,
• assurer un suivi efficace de la reproduction,
• rechercher des croissances hivernales modérées,
• réussir la conduite du pâturage,
• gérer les strongles,
• surveiller la fin de gestation,
• séparer les primipares pour leur apporter une
alimentation spécifique.
Les rythmes de croissance à adopter au cours de la
période d’élevage dépendent de la saison de vêlage, de
l’âge au premier vêlage, et du poids adulte des vaches.
Choisir des périodes de vêlage
■ Le choix de périodes précises de vêlage facilite le suivi de
la reproduction et la constitution de lots homogènes. Une
durée de 3 mois par période paraît raisonnable. Il faut pour
cela : 1) décider des dates de début et de fin de période de
reproduction et s’y tenir avec rigueur, 2) élever suffisamment de génisses pour s’imposer la réforme systématique
des vaches improductives, ou vêlant hors période.
■ Le vêlage d’automne (août à octobre), est exigeant au
niveau de l’alimentation hivernale des mères ; il facilite
l’utilisation de l’insémination, réduit les risques de pertes
de veaux, et permet un sevrage des veaux avant la sécheresse estivale.
■ Le vêlage de printemps (février à avril) est moins exigeant au niveau de l’alimentation hivernale des vaches ; les
risques de pertes de veaux sont plus élevés ; les veaux sont
en général plus lourd à 210 jours. Une offre d’herbe abondante au cours du pâturage de printemps favorise
l’obtention de bonnes performances de reproduction.
■ Le vêlage d’hiver (novembre à janvier) cumule les
risques de pertes de veaux et de non maîtrise des intervalles entre vêlages.
18
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
■ La double période de vêlage (automne et printemps)
présente de nombreux atouts :
1) elle permet de réduire le coût de production des
génisses en les faisant vêler à 30 mois, 2) un meilleur étalement des ventes, 3) une meilleure valorisation du
pâturage, 4) une réduction des risques sanitaires consécutifs à une concentration d’un grand nombre de naissances
sur une seule période... Elle nécessite par contre un respect rigoureux des périodes de reproduction pour ne pas
aboutir au cas fréquent de vêlages étalés de août à mai.
Cette technique convient bien pour des troupeaux d’une
taille minimum de 50 vaches.
Adapter les rythmes de croissance
à l’âge au premier vêlage
■ Le vêlage à 3 ans
Le vêlage à 3 ans est préconisé dans les élevages ayant
une seule période de vêlage. Dans ces élevages, les
génisses doivent être mises à la reproduction en début de
période de façon à : 1) obtenir l’essentiel des vêlages entre
32 et 36 mois, 2) maintenir la date moyenne des vêlages en
tolérant un intervalle entre vêlages légèrement plus long
entre le premier et le deuxième vêlage, 3) minimiser au
maximum la fréquence des premiers vêlages entre 36 et 39
mois. Cet âge au premier vêlage est compatible avec des
rythmes de croissance modérés ; il permet de faire jouer
fortement la croissance compensatrice et d’atteindre dès
le premier vêlage une proportion d’environ 90 % du poids
adulte.
■ Le vêlage à 30 mois
Le vêlage 30 mois est à privilégier dans tous les troupeaux
conduits en double période de vêlage car, comparativement
au vêlage 3 ans : 1) il améliore l’efficacité économique du
système de production, 2) il a un faible impact sur les
performances zootechniques, 3) il ne nécessite qu’un
accroissement modéré des rythmes de croissance et un
meilleur suivi de l’alimentation des primipares, 4) il présente beaucoup moins de risques de non maîtrise que le
vêlage deux ans. Cette technique est utilisée, avec entière
satisfaction, sur les fermes expérimentales des Etablières
(85) et de Thorigné-d’Anjou (49).
■ Le vêlage à deux ans
Cette technique est très peu utilisée dans la région ; elle
nécessite une excellente maîtrise technique. Elle fait l’objet d’un développement spécifique page 26.
Tenir compte du poids moyen
adulte des vaches
Il faut assurer un bon démarrage
des veaux
Nous assistons à un alourdissement progressif des carcasses des vaches réformées ; la sélection sur la
croissance et le développement squelettique conduit à une
augmentation importante du poids des vaches. Les vaches
atteignent le poids adulte vers 6-7 ans. Le poids adulte
considéré est le poids après vêlage. Ce poids n’est pas
mesuré dans les élevages ; Il est possible de l’estimer chez
les éleveurs engraissant les vaches à partir (tableau 15) :
■ Un retard de croissance pendant la phase d’allaitement
est difficilement compensé par la suite. L’essentiel de
l’avantage de croissance acquise sous la mère par le
potentiel de croissance de l’animal et par la production laitière de la mère est conservé.
■ du poids de carcasse,
■ Les femelles conservées pour le renouvellement seront
donc choisies parmi les femelles lourdes et développées
au sevrage, tout en intégrant les conditions de naissance et
la gémellité. Bovins Croissance fournit aux éleveurs de la
base de sélection les outils nécessaires pour un tri rigoureux et objectif des femelles conservées pour le
renouvellement.
■ du rendement carcasse, qui permet d’estimer le poids
vif moyen à l’abattage.
Le rendement varie principalement avec la race, la conformation, le poids de carcasse et l’âge. Il tend à augmenter
avec l’alourdissement des carcasses et à baisser avec l’âge
d’abattage. Les rendements retenus pour l’estimation
du poids vif à l’abattage sont centrés respectivement sur
58, 54, 53, et 52 % pour les races Blonde d’Aquitaine,
Limousine, Charolaise, et Rouge des prés.
■ du gain de poids entre vêlage et abattage (reprise de
poids et d’état au pâturage et gain de poids en phase de
finition), qui permet d’estimer le poids moyen des vaches
au vêlage. Ces gains de poids par vache peuvent en première approche être estimés à 90 kg par vache dans les
races Charolaise, Rouge des prés et Limousine, et à 130 kg
dans la race Blonde d’Aquitaine (finitions plus longues).
■ de l’âge moyen d’abattage, dans les élevages à vêlage
précoce, et ou à taux de renouvellement élevé une part
importante des vaches est abattue avant l’âge adulte. Il
faut donc également intégrer ce facteur.
■ Les femelles les plus lourdes et les plus développées à
210 jours produisent lors de la réforme des carcasses plus
lourdes.
■ Dans le cas d’un premier vêlage à 30 ou à 36 mois, l’objectif raisonnable de croissance naissance sevrage est de
1 000 g par jour en race Limousine, et de 1 050 g par jour
dans les autres races. Une croissance majorée de 100 g
par jour est nécessaire dans le cas du vêlage à deux ans.
Atteindre un poids suffisant lors
de la mise à la reproduction
■ Pour une race donnée, la puberté (définie comme l’âge
d’apparition des premières chaleurs) intervient à développement squelettique et pondéral constant ; elles est
tardive dans les races allaitantes : 55 % du poids vif adulte
en race Charolaise, 60 % dans les races Limousine et
Tableau 15 – Estimation du poids adulte
Race
Limousine
Charolaise
Rouge des Prés
Blonde
d'Aquitaine
Age moyen
abattage
6,5
5,5
6,5
5,5
6,5
5,5
6,5
5,5
375
600 à 615
615 à 630
400
645 à 660
660 à 675
425
690 à 705
700 à 715
705 à 720
720 à 735
720 à 740
740 à 755
Poids de carcasse (kg)
450
475
735 à 750
745 à 760
750 à 765
795 à 810
765 à 780
810 à 830
765 à 785
810 à 830
785 à 800
830 à 845
685 à 700
700 à 705
Le potentiel et les objectifs de croissance sont fonction de
ces poids adultes. Dans chaque race la variabilité entre les
troupeaux est très importante. Les recommandations doivent donc être adaptées au cas par cas. Cela nous amène
à les formuler en % du poids adulte et non en poids. Entre
des vaches adultes de 650 et de 800 kg l’écart dans les
objectifs de croissance hivernale atteint 150 g/jour.
Prenons l’exemple d’un élevage Limousin conduit avec un
taux de renouvellement élevé et abattant des vaches d’un
poids moyen de 425 kg de carcasse à 5,5 ans. Le poids vif
adulte est estimé à 700-715 kg. Le poids de carcasse de
425 kg correspond en effet à un poids vif à l’abattage de
787 kg (425kg / 54 %), à un poids vif après vêlage de 697 kg
(787 kg –90 kg), et à un poids vif adulte d’environ 710 kg en
intégrant l’effet de l’âge moyen d’abattage.
500
525
550
840 à 857
855 à 870
855 à 870
870 à 890
725 à 740
745 à 760
765 à 780
785 à 800
805 à 820
825 à 840
Blonde d’Aquitaine. Cela limite la possibilité du vêlage à
deux ans.
■ Un poids suffisant à la saillie (65 à 70 % du poids adulte)
est souhaitable pour une première lactation satisfaisante
et une bonne longévité des vaches. Si non, la reproduction
est compromise par la non cyclicité des génisses dont la
puberté est tardive et l’anoestrus des vaches primipares
insuffisamment développées.
■ Pour les génisses en état médiocre, la fertilité est améliorée par la pratique du flushing; il peut se réaliser par
l’apport d’un complément énergétique de 2 UFL pendant 6
semaines, en démarrant 3 semaines avant la mise à la
reproduction.
■ Il faut néanmoins éviter des croissances élevées en
phase prépubertaire. Des travaux en race laitière et en race
19
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
à viande anglo-saxonnes (TROCCON J.L., PETIT M., 1989)
ont en effet montré qu’une croissance et un engraissement
excessif au cours de cette période sont préjudiciables au
développement mammaire, et à la production laitière ultérieure. Rappelons que nous avons montré que ces
croissances élevées sont rares dans les conditions de
production des élevages de la base de sélection des Pays
de la Loire.
Assurer un suivi efficace
de la reproduction
■ Détecter les chaleurs pour réduire l’intervalle
vêlage-vêlage
La détection des chaleurs est l’élément clé de la bonne
gestion de la reproduction. Il existe à l’heure actuelle plusieurs systèmes d’aide à la détection, la surveillance et
l’œil de l’éleveur restent cependant un des meilleurs
moyens pour suivre la reproduction de son troupeau.
■ Les conditions pour une bonne détection des chaleurs
Tout d’abord les femelles doivent être bien cyclées, pour
une bonne expression des chaleurs. Si ce n’est pas le cas,
il faut penser à revoir les conditions d’alimentation et
d’élevage et éventuellement faire contrôler l’activité ovarienne, par palpation ou échographie. L’acceptation du
chevauchement et le chevauchement des autres vaches
restent les comportements qui indiquent le mieux la déclaration en oestrus. Il est primordial de passer au minimum
matin, midi et soir afin de détecter tout comportement
inhabituel d’une femelle.
■ Les moyens utilisables
Le planning (calendrier de reproduction) est un moyen
simple qui permet l’enregistrement des vêlages et des
chaleurs repérées afin de cibler l’observation des animaux.
Un taureau vasectomisé identifiera les femelles en chaleurs, mais des risques sanitaires et d’accident sont
présents. Les systèmes de détecteurs de chevauchement
(KAMAR (1), Oestrotech (2)) sont des moyens simples mais
qui nécessitent un passage régulier de l’éleveur et qui ne
détectent pas les signes secondaires des chaleurs.
L’avènement des nouvelles technologies a permis de mettre
au point des systèmes de détection des chaleurs automatiques basés sur l’activité des vaches : le Heatime (3), le Heat
Phone (4) ou encore le Heat box (5). Aujourd’hui, le système
Heatime permet de détecter 95 % des chaleurs soit l’équivalent d’un taureau dans un troupeau. L’insémination doit
ensuite avoir lieu durant la seconde moitié des chaleurs
voire quelques heures après.
■ Synchroniser les chaleurs pour grouper les périodes de
reproduction
Figure 25 - Protocole de synchronisation des chaleurs
Spirales
JO
Pose spirale
Prid pendant
8-9 jours
Injection
24 h
avant le 1 flacon
retrait Enzaprost
• Retrait spirale
J+8 ou • Injection 1 flac.
J+9
PMSG 400
56
heures
après le
retrait
IA
Implants
JO
Pose implant
48 h Injection
CRESTAR pendant
avant le 1 flacon
9-11 jours
retrait Enzaprost
(+RECEPTAL
J+9 à
J+11
• Retrait implant
• Injection 1 flac.
PMSG 400
injection 2,5 ml)
20
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
48
heures
après le
retrait
IA
Lorsque les conditions d’élevage sont non maîtrisées les
femelles sont en anoestrus. Les femelles non cyclées ont
des résultats à la reproduction décevants, c’est pourquoi il
est intéressant d’induire un cycle, par la méthode de synchronisation des chaleurs. Cette technique permet de
grouper les périodes de vêlage et ainsi de mieux maîtriser
sa productivité numérique. Deux moyens sont couramment
utilisés (figure 25) : la pose de spirales, un système intra
utérin et la pose d’implants, un système intra auriculaire.
Quelque soit la méthode, les résultats sont équivalents. On
estime à 51 % le pourcentage de femelles pleines à la 1re IA,
une bonne détection des retours à 3 semaines permet
d’arriver à 70 % de vaches gestantes, ce qui est équivalent
à l’IA sur chaleurs naturelles. Le contrôle de gestation audelà de 30 jours permet ensuite de vérifier la réussite du
chantier de reproduction.
■ Réaliser un constat de gestation pour repérer
les vaches improductives
Figure 26 - Protocole de constat de gestation
en fonction du temps après IA
J0
J 21
Insémination
Animale
J 30
J 45 et +
J 280
Palper
rectal
Vêlage
Dosage
PSPB
Retour
en chaleurs
Echographie
L’objectif de tout éleveur est d’avoir un veau par vache et
par an. Pour ce faire, il est nécessaire de s’assurer de l’état
de gestation le plus rapidement après la mise à la reproduction. Les femelles non gestantes sont ainsi remises à la
reproduction ou réformées ; ceci permet de gérer plutôt
que de subir les réformes. Il existe trois méthodes fiables :
le palper rectal, l’échographie et le dosage hormonal
(PSPB). Les moyens les plus courants sont la palpation
rectale et l’échographie qui seront utilisés selon le stade de
gestation (figure 26). Dans le cas d’un troupeau vêlant à
l’automne, un contrôle systématique de gestation par
échographie, pourra par exemple être effectué en fin d’hiver avant la mise à l’herbe, au minimum 30 jours après la
fin de la période de reproduction.
■ Le vêlage : la clé pour une bonne reproduction
Il est conseillé d’utiliser des taureaux à vêlages faciles ou
qui améliorent l’aptitude au vêlage de leurs filles, pour
garantir les conditions de naissance. La surveillance des
vêlages est un travail essentiel pour que ce dernier se
passe bien.
(1) et (2) : autocollant coloré qui se pose sur la croupe et permet de détecter une
femelle chevauchée.
(3) (4) et (5) : les mouvements des animaux sont enregistrés par des capteurs
(colliers) qui permettent de détecter les comportements inhabituels : une suractivité est signe de chaleur et une sous-activité est signe de maladie.
Il existe aujourd’hui des systèmes automatiques qui révolutionnent la surveillance des vêlages : l’Alert’VEL (1) et le
Velphone (2).
Rechercher des croissances
hivernales modérées
■ L’herbe pâturée constitue l’alimentation
la moins coûteuse
C’est au cours des deux saisons d’herbe que l’essentiel de
la croissance doit être réalisée. Une croissance modérée
pendant les phases hivernales permet de faire jouer la
croissance compensatrice (figure 27).
Figure 27 - Croissance compensatrice
Croissance printemps suivant
1 200
1 100
1 000
■ Les recommandations alimentaires en UFL, PDI et UEB,
en fonction du poids vif et de de la croissance figurent dans
le tableau 16 (AGABRIEL J. et MESCHY F. 2007). La capacité d’ingestion des Limousines est inférieure de 10 % à
celle des Charolaises. Il faut utiliser la référence
Charolaise pour les Rouges des prés et la référence
Limousine pour les Blondes d’Aquitaine. Nous noterons
que de faibles écarts du niveau d’apport énergétique peuvent induire de fortes variations de la croissance. Le déficit
tolérable de PDIN par rapport aux PDIE est variable selon
l’âge des animaux ; il est d’autant plus faible que les animaux sont jeunes (-10 g/UFL sur génisses de moins d’un
an, et –15 g/UFL au delà).
Tableau 16 – Apports alimentaires recommandés
pour les génisses de race à viande - (INRA 2007)
900
800
700
200
hiver correspond à la phase de reproduction. Cela nous
amène à conseiller des croissances plus élevées pendant
cette phase ; il est ensuite, dans la deuxième partie de l’hiver, possible de réduire la croissance pour ne pas pénaliser
la croissance à l’herbe. Dans le cas du vêlage 30 mois, il
est nécessaire d’adopter des croissances hivernales légèrement plus élevées.
300
400
500
600
700
Poids
vif
(kg)
GMQ
(g)
250
600
800
1000
600
800
1000
400
600
800
400
600
800
400
600
800
400
600
800
400
600
800
400
600
800
Croissance hivernale
300
Une croissance excessive pendant l’hiver pénalise la croissance au pâturage du printemps suivant. Dans de bonnes
conditions de pâturage nous pouvons tabler sur une compensation de 75 %. Les retards de croissance en fin d’hiver
sont d’autant plus compensés que la génisse est plus âgée
au moment de la restriction. En seconde année de pâturage les génisses présentent des aptitudes au pâturage
supérieures du fait de l’âge et du poids.
350
400
450
■ Les périodes hivernales peuvent permettre
de resserrer les fourchettes de poids
Cette variabilité résulte de l’étalement des vêlages et des
écarts de potentiel de croissance. Les retards de croissance par rapport à l’objectif peuvent être compensés en
majorant d’environ 100 g par jour l’objectif de croissance
des femelles les moins développées ; l’utilisation de cette
technique suppose de pouvoir séparer les lots. Il faut
néanmoins éviter les accélérations de croissance à contretemps, avec de mauvaises croissances au pâturage, une
compensation excessive au cours de la phase hivernale,
une impossibilité de jouer la carte de la croissance compensatrice, et de mauvaises croissances au cours de la
phase de pâturage suivante.
Dans la pratique, pour un vêlage à 35 mois en fin d’hiver
nous pouvons conseiller, selon le poids adulte des vaches
du troupeau, des croissances hivernales comprises entre
550 et 700 g/jour au cours du premier hiver, comprises
entre 350 et 500 g/jour au cours du deuxième hiver. Dans
le cas du vêlage d’automne la première partie du deuxième
500
550
600
Apports
journaliers
UFL
PDI (g)
3,8
366
4,2
413
4,6
458
4,2
402
4,7
451
5,1
496
4,3
384
4,7
438
5,1
487
4,7
418
5,1
473
5,6
524
5,1
452
5,5
510
6,1
561
5,5
488
6,0
548
6,5
600
5,8
526
6,4
589
7,0
642
6,2
568
6,8
634
7,5
688
Capacité
d'ingestion (UEB)
CH
LI
5,0
4,5
5,9
5,3
6,7
6,1
7,6
6,8
8,4
7,6
9,3
8,4
10,1
9,1
10,9
9,9
CH = Charolaise, LI = Limousine
(1) et (2) : chaque vache présumée proche de la mise-bas est équipée du détecteur de vêlage. Ceci permet de détecter les signes précurseurs d’un vêlage et
d’alerter l’éleveur par téléphone.
L’Alert’VEL permet d’avoir une surveillance active automatisée basée sur les
mouvements de la queue de la vache à vêler. Le système peut gérer jusqu’à 8
vêlages sur un rayon de 2 km et avertir l’éleveur par téléphone dès que le vêlage
est imminent. L’investissement est souvent rentabilisé dès la première année en
évitant de nombreux veaux morts.
21
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
■ La valeur énergétique, et la valeur d’encombrement du
fourrage distribué à volonté permettent d’estimer les
quantités ingérées (en divisant la capacité d’ingestion par
la valeur UEB du fourrage), et la croissance permise. Dans
l’exemple du tableau 17, calculé en race Charolaise, la
croissance permise par le fourrage distribué à volonté est
élevée lorsque le fourrage est riche en énergie et très
ingestible ; La croissance permise augmente avec le poids
vif de l’animal. Sur génisses de race Limousine, du fait
d’une plus faible capacité d’ingestion la croissance permise est plus faible (d’environ 200 g par jour au poids vif de
450 kg).
Réussir la conduite du pâturage
L’alimentation des génisses est basée sur la valorisation
de l’herbe pâturée ; elles peuvent réaliser une croissance
élevée de 900 à 1 000 g par jour au cours du pâturage de
printemps:
Pour un pâturage des génisses réussi il faut :
■ une offre d’herbe abondante au printemps
Des indications de besoins en ares par génisse pour le
printemps (période mise à
l’herbe – 15 juin) sont présentés
Tableau 17 – Fourrages ingérés et croît permis par le fourrage distribué
dans le tableau 19. Les surfaces
à volonté selon sa valeur énergétique (UFL) et sa valeur d’encombrement
nécessaires, en fonction du
(selon les recommandations INRA 2007 – Race Charolaise)
poids à la mise à l’herbe,
varient du simple au double
UFL/kg MS
0,8
0,7
0,6
0,5
en fonction du potentiel des
UEB/kg MS
1
1,1 1,2
1
1,1 1,2 1,1 1,2 1,3 1,2 1,3 1,4
prairies. Ces références sont
Fourrage
350 kg
6,7
6,1 5,6 6,7 6,1 5,6 6,1 5,6 5,2 5,6 5,2 4,8
adaptées pour des génisses
ingéré
450 kg
8,4
7,7 7,0 8,4 7,7 7,0 7,7 7,0 6,5 7,0 6,5 6,0
Charolaise ou Rouge des prés ;
(kg MS)
550 kg
10,1 9,2 8,4 10,1 9,2 8,4 9,2 8,4 7,8 8,4 7,8 7,2
Pour des Limousines ou des
Croît
350 kg
900 700 500 600 400 200 100
Blondes d’Aquitaine à plus faipermis
450 kg
1000 800 600 700 500 300 200
ble
capacité d’ingestion, il faut
(g/j)
550 kg
1100 900 700 800 600 400 300
les réduire de 10 %.
Si la croissance permise par le fourrage dépasse l’objectif
de croissance visé, le fourrage distribué est rationné ; un
fourrage moins riche peut alors être introduit dans la
ration. Si l’objectif de croissance n’est pas atteint une complémentation est nécessaire.
■ Les quantités de concentré à apporter, pour atteindre
les croissances recherchées sont en général modeste ;
elles deviennent plus conséquentes avec des fourrages de
médiocre qualité. C’est souvent le cas avec les foins de
prairies naturelles et les foins de premiers cycle de graminées récoltés tardivement (avec une valeur énergétique
proche de 0.6 UFL/kg MS, et une valeur d’encombrement
comprise entre 1,2 et 1,3 UEB). Les génisses Limousines et
Blonde d’Aquitaine, à plus faible capacité d’ingestion
nécessitent des apports de concentré un peu plus importantes (tableau 18). Des apports de concentrés supérieurs
à ceux indiqués dans le tableau peuvent s’avérer nécessaire pour assurer l’équilibre azoté de la ration.
Tableau 19 – Besoin en surface en ares par génisse
(Période de printemps (mise à l’herbe – 15/06)
Potentiel
des prairies
Poids à la mise à l’herbe
300
400
500
600
Elevé (1)
Moyen (2)
Faible (3)
13
18
27
16
22
33
19
25
38
22
59
43
(1) 8 T MS par hectare, (2) 6 T MS par hectare, (3) 4 T MS par hectare
65 % de la production avant le 15 juin
Lorsque la totalité de la surface fourragère est consacrée
à l’herbe, environ la moitié est pâturée au printemps ; l’autre partie est consacrée à la réalisation des stocks (foin,
ensilage, enrubannage). Dans ce cas les surfaces disponibles pour le pâturage doublent en été. Lorsque la pousse
de l’herbe est insuffisante en été-automne une partie de
ces stocks est distribuée à l’herbe.
■ Les quantités de fourrages réellement ingérées
doivent, autant que possible être appréciées.
Tableau 18 – Exemples de rations selon la valeur énergétique (UFL) et la valeur d’encombrement (UEB) du fourrage
(selon les recommandations INRA 2007)
UFL/kg MS
UEB/kg MS
Ration Charolaise
350 kg - 600 g/j
Ration Charolaise
450 kg - 600 g/j
Ration Charolaise
550 kg - 400 g/j
Ration Limousine
450 kg - 600 g/j
Fourrage (MS)
concentré (MS)
Fourrage (MS)
concentré (MS)
Fourrage (MS)
concentré (MS)
Fourrage (MS)
concentré (MS)
22
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
1,0
0,8
1,1
5,8
5,8
6,9
1,2
1,0
6,7
6,9
5,6
0,2
6,9
7,9
7,3
7,3
7,3
8,3
6,9
6,9
6,3
0,4
7,5
0,7
1,1
1,2
6,0
0,4
7,6
0,1
8,3
5,5
0,7
6,9
0,6
8,3
6,7
0,2
6,1
0,7
1,1
0,6
1,2
1,3
5,7
1,1
7,4
1,1
9,1
0,3
6,3
1,5
5,2
1,3
6,7
1,3
8,3
0,7
5,7
1,8
4,8
1,5
6,2
1,6
7,7
1,0
5,3
2,0
1,2
0,5
1,3
1,4
4,9
1,9
6,3
2,0
8,0
1,6
5,3
2,5
4,5
2,1
5,9
2,2
7,4
1,8
4,9
2,7
4,3
2,2
5,3
2,5
7,0
2,0
4,6
2,7
■ Des prairies de qualité
■ Mettre en place un pâturage tournant
Les associations graminées-légumineuses, comme l’association RGA-trèfle blanc, et les prairies à flore variée
(plusieurs graminées et plusieurs légumineuses) ont de
nombreux atouts :
Dans un troupeau allaitant, 5 parcelles par lot au printemps, avec une durée de présence de l’ordre d’une
semaine constituent un bon objectif ; 3 paddock constituent un minimum. Moins il y a de parcelles, moins la
conduite est facile. Les parcelles fauchées au printemps,
sont introduites dans le pâturage estival.
• une économie d’engrais azotés,
• une valeur nutritive (en énergie, en azote et en minéraux)
et une ingestibilité élevée,
• une grande souplesse dans les rythmes d’exploitation.
Leurs principales limites résident dans l’équilibre fluctuant
de la part de légumineuses, et dans le risque de météorisation avec certaines espèces.
Dans les conditions des Pays de la Loire, les prairies à flore
variée sont en général mieux adaptées : elles produisent
plus que le RGA-trèfle blanc, y compris sur sols profonds ;
l’augmentation moyenne de rendement est d’environ 1,5 T
MS par hectare ; en valeur relative, le gain est plus important dans les conditions pédoclimatiques difficiles ; elles
sont plus robustes, avec une variabilité des rendements
atténuée. Le gain de productivité est lié à :
• l’utilisation d’espèces complémentaires, avec une augmentation de la contribution des légumineuses en été,
• un démarrage en végétation plus précoce, permis par le
choix des espèces et des variétés. La valeur nutritive de
ces prairies est légèrement inférieure à celle des RGAtrèfle blanc (-5 à -8 % sur les UFL) mais satisfaisante. Les
prairies à flore variée ont une aptitude à la fenaison supérieure à celle du RGA-trèfle blanc. Les foins de prairies à
flore variée, riches en légumineuses sont très ingestibles ;
ils ont une valeur énergétique, azotée et minérale (calcium)
nettement plus élevée que celle constatée sur foins de
prairies naturelles. Ces prairies sont faciles à conduire sur
herbe feuillue ; la seule période délicate est le deuxième
cycle. L’utilisation de graminées pures nécessite une fertilisation azotée et des rythmes de pâturage plus rapides.
Lorsque les génisses utilisent des parcelles médiocres il
faut en tenir compte et ne pas surestimer les objectifs de
croissance.
■ Des croissances modérées l’hiver précédent, pour
bénéficier de la croissance compensatrice
Les objectifs ont été décrits page 21.
■ Une mise à l’herbe précoce
La mise à l’herbe a lieu le plus tôt possible en sortie d’hiver, dès que la portance des sols le permet. A cette période
un apport de foin permet d’assurer une transition alimentaire dans de bonnes conditions. Les variations de lest
digestif, en général constatées à la mise à l’herbe, ont été
intégrées dans les courbes de croissance proposées. La
hauteur d’herbe à l’herbomètre nécessaire pour sortir avec
une sécurité suffisante (20 jours d’avance) varie en fonction
de la surface mise à disposition de 8 cm (faible potentiel) à
10 cm (potentiel élevé).
Deux techniques permettent de sortir plus tôt :
• le déprimage (pâturage précoce) de surfaces destinées à
la fauche,
• le pâturage de fourrages dérobés (RGI-trèfle incarnat par
exemple) avant semis d’un maïs ou d’un tournesol.
Pour changer de cycle, il est nécessaire de disposer de 15
à 20 jours de pâturage d’avance ; en dessous de ce seuil il
est nécessaire d’ajouter des parcelles initialement prévues
pour la fauche ; au dessus de 20 jours d’avance, il faut faucher le plus tôt possible les parcelles excédentaires. La
hauteur conseillée pour la sortie de parcelles est d’environ
4,5 à 5,0 cm à l’herbomètre sur associations graminées
légumineuses et sur prairies à flore variée.
Les fauches sont au premier cycle réalisées dans la
mesure du possible précocement pour récolter des fourrages de qualité (la digestibilité des graminées diminue
fortement à partir de l’épiaison), et pour disposer de
repousses pâturables avant la sécheresse estivale.
Durant l’été il faut éviter le surpâturage des prairies fragilisées par la sécheresse ; Pour cela deux solutions sont
envisageables : poursuivre le pâturage tournant en complémentant, parquer et affourrager sur une parcelle
destinée à être remise en culture.
Le pâturage d’automne peut se poursuivre jusqu’en
décembre si la portance des sols le permet.
Le pâturage continu sur une seule parcelle permet d’obtenir des croissances satisfaisantes au printemps ; il ne
permet par contre pas de disposer d’un stock sur pied en
début d’été ; il conduit de ce fait, à chargement équivalent,
à une augmentation de la durée du “trou d’été” donc de la
consommation de stocks ; il est également moins souple
pour la gestion des surfaces en excédents.
■ Complémenter en été-automne si nécessaire
La pousse de l’herbe et la croissance des génisses sont
plus aléatoires en été. La complémentation au pâturage
des veaux femelles sous la mère, est nécessaire si le
manque d’herbe conduit à des croissances inférieures à
1 000 g par jour. Dans les autres situations, elle ne se
justifie pas. La complémentation peut être réalisée avec un
mélange fermier 75 % céréales/25 % de tourteau, un
mélange 50 % céréales/50 % luzerne déshydratée, un
mélange céréales/protéagineux, ou un aliment du commerce à 18 % de MAT.
Au delà du sevrage, lorsque la pousse estivale de l’herbe
est insuffisante, il est conseillé d’apporter des fourrages
grossiers (foin, enrubannage…) en quantité adaptée pour
réaliser les objectifs de croissance (400 à 500 g par jour
dans le cas du vêlage à 36 mois). Lorsque le vêlage est plus
précoce, à 30 mois ou à 24 mois, un apport de 1 à 1,5 UFL
de concentré peut s’avérer nécessaire pour réaliser des
croissances de 6 à 700 g par jour. Sur prairies d’associations ou à flore variée, riches en légumineuses, les besoins
en calcium et en phosphore sont couverts ; des blocs à
lécher peuvent pallier au déficit en magnésium, sodium et
en oligo-éléments.
23
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Gérer les strongles
Le principe est de laisser les génisses s'infester un peu,
pour développer leur immunité avant l'âge de deux ans,
mais pas trop pour ne pas pénaliser leur croissance.
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour gérer au
mieux cet équilibre :
■ La gestion du pâturage
Des génisses qui passent derrière des vaches sont plus
exposées que si elles pâturent après une culture ou après
une fauche. Une bonne rotation des pâturages limite la
contamination, et donc les traitements, tout en permettant
aux génisses de s’immuniser tranquillement au contact
d’un nombre restreint de parasites. Au contraire, une forte
densité d'animaux, avec surpâturage, favorise les infestations massives et les pertes de croissance. Enfin, lorsque
la complémentation au champ est nécessaire, elle est à
double tranchant car l'aliment apporté est sain, mais les
abords de la mangeoire sont souvent très chargés en
larves de parasites. Or il n'est pas rare que les animaux
passent un coup de langue ici et là ou mangent de l'aliment tombé au sol et souillé.
■ Le climat
Un hiver bien froid ou un été bien sec tuent une partie des
parasites sur les champs. A l’inverse, un printemps ou un
automne humide et chaud permettent une forte multiplication des strongles. Cela est variable chaque année et il faut
en tenir compte pour la prévention.
■ Les traitements
On peut les classer en trois grandes familles :
nent coûteux est discutable. Enfin ces produits nuisent à la
bonne biodégradation des bouses en intoxiquant les
insectes coprophages comme les bousiers.
3 - les traitements à action longue à base de fenbendazole, levamisole, moxidectine, oxfendazole. Ils agissent 2 à
4 mois. L'un est injectable, les trois autres se présentent
sous forme de bolus à libération continue ou séquentielle.
La libération continue et l'injection auraient l'avantage
d'assainir les pâtures puisque tous les strongles ingérés
sont tués durant une période plus longue que celle de leur
cycle. La libération séquentielle, elle, n’empêcherait pas le
développement d’une immunité naturelle car elle laisserait
quelques strongles s'installer entre deux libérations de
produit. Quoi qu'il en soit, on utilise généralement ces traitements onéreux quand on ne peut/veut pas reprendre ses
animaux pendant une longue période. Ils sont interdits en
élevage biologique.
Dans tous les cas, il faut calculer le coût des traitements
par rapport aux kg de poids vif traités et ne pas s’arrêter
juste aux prix affichés. Et il convient aussi de demander
régulièrement les prix des différentes spécialités car, par
exemple, contrairement aux idées reçues les génériques
ne sont pas toujours moins chers que les princeps !
■ Les indicateurs et analyses
Il faut bien sûr surveiller le GMQ des animaux, leur aspect
général, leur pelage et les éventuelles diarrhées. On peut
aussi demander des analyses comme des comptages de
strongles par kg d'herbe, des coprologies quantitatives
sur des lots de génisses, ou encore des dosages du pepsinogène sanguin. Ce dernier indicateur permet de savoir
a posteriori si on a bien travaillé car il reflète le niveau
d'infestation des animaux durant les mois qui ont précédé
l'analyse.
1 - les traitements à action ponctuelle à base d’albendazole, fenbendazole, netobimin, oxfendazole, oxibendazole,
lévamisole. Ce sont les moins chers et ils sont parfaitement efficaces sur les strongles. Mais ils sont souvent
moins faciles à administrer car la plupart se donnent par
voie orale. Cependant il existe aujourd’hui des formes
injectables et même trois présentations “pour-on” avec le
lévamisole. Un bémol cependant, le lévamisole est à éviter
sur les bêtes qui ont pâturé après les premières gelées car
certains strongles peuvent s'enkyster et ne seront alors pas
tués par le traitement. Le risque, si l'animal était fortement
infesté à l'automne, est une ostertagiose dite “de type 2” au
printemps lorsque les strongles se désenkystent (diarrhée
parasitaire en fin d’hiver). Il est conseillé généralement de
réaliser ce type de traitement juste avant un changement
de parcelle ou juste avant la rentrée en bâtiment pour éviter que les animaux se re-contaminent juste après.
Enfin si les animaux se mettent à tousser en plein été on va
alors penser à une bronchite vermineuse due à des strongles respiratoires. Une analyse de bouses par la méthode
dite de Baermann est alors indiquée. Si le résultat est positif il faut traiter rapidement, et souvent pour plus de sûreté
on préfèrera alors utiliser un traitement rémanent.
Attention, les bovins adultes sont aussi concernés par la
bronchite vermineuse.
2 - les traitements à action rémanente à base de doramectine, éprinomectine, ivermectine, moxidectine. Ils
agissent 14 à 42 jours selon le type de strongle considéré
et sont sans doute les plus employés actuellement. Ils sont
nettement plus chers mais leur rémanence permet de traiter les animaux sans avoir à les changer de pâture et ils
sont presque tous déclinés en pour-on et en injectables.
De plus, ils permettent aussi de traiter d’autres parasites
tels que les poux, les gales et certains types de mouches.
Cependant si les animaux à traiter n'ont que des strongles
et qu'on vient de les rentrer, l'utilité d’un traitement réma-
Les trois derniers mois de gestation constituent également une période sensible, au cours de laquelle il faut
éviter tout amaigrissement ; le gain de poids au cours de
cette période doit au moins être équivalent à celui de l’utérus gravide.
Les primipares doivent arriver au premier vêlage ni trop
maigres, ni trop grasses :
24
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Pour chaque élevage il y a donc plusieurs plans de vermifugation possibles en fonction des objectifs de l'éleveur. Et
le plan retenu est à adapter chaque année selon le climat
et les éventuels changements intervenus dans la gestion
du pâturage et de la conduite d'élevage.
Surveiller la fin de gestation
■ ni trop maigres et insuffisamment développées avec
pour conséquences : une réduction du pourcentage de
femelles pleines à conserver pour un deuxième vêlage, une
augmentation importante de l’intervalle entre vêlages, une
réduction de la capacité d’ingestion, une diminution de la
production laitière des vaches donc de la croissance des
veaux, une augmentation de la fréquence des vêlages difficiles notamment lors de premiers vêlages précoces
■ ni trop grasses avec pour conséquences : une augmentation des difficultés de mise-bas déjà fréquentes sur les
primipares de certaines races, une réduction de la capacité
d’ingestion.
Rappelons que les vêlages difficiles se traduisent par : une
détérioration de l’intervalle entre vêlages, une diminution
de la proportion de femelles avec un vêlage suivant, une
forte augmentation de la mortalité des veaux. Il y a donc un
compromis à trouver, et une plage de croissance optimale
au cours de la phase d’élevage. Un état de 2,5 au premier
vêlage (grille de notation INRA), constitue un bon objectif.
Les primipares sont souvent plus maigres.
Séparer les primipares, pour leur
apporter une alimentation spécifique
Les primipares doivent, autant que possible être séparées
des multipares, et disposer d’une alimentation spécifique
pour ne pas compromettre leur aptitude à se reproduire
Une sous-alimentation hivernale des primipares se traduit
par, une baisse sensible de la production laitière et de la
croissance des veaux, et par une augmentation de l’intervalle vêlage-saillie fécondante.
Les primipares ne doivent pas être sous alimentées ; elles
font l’objet de recommandations spécifiques car
■ elles n’ont pas achevé leur croissance. Rappelons que
le poids adulte est atteint à 6-7 ans, et qu’au premier
vêlage elles doivent encore réaliser une croissance correspondant à 10 à 20 % du poids adulte
■ elles ont une capacité d’ingestion plus faible d’environ
20 % sous le triple effet du rang de vêlage, du poids vif plus
faible de la femelle, et d’une moindre production laitière ;
après élimination des effets du poids et de la production
laitière, l’écart est d’environ 10 %.
■ elles sont en règle général moins en état que les multipares.
■ elles vêlent souvent avant les adultes.
Il en est de même pour les vaches au second vêlage mal
développées.
Dans la pratique cela conduit souvent à apporter 1 UFL de
concentré supplémentaire aux primipares.
Les primipares en vêlage deux ans doivent, comparativement aux autres primipares, bénéficier d’un apport
supplémentaire d’environ 1 UFL et 120 g PDI pour assurer leur croissance.
Une sous alimentation persistante au delà du premier
vêlage peut réduire le format adulte donc le poids de carcasse des vaches réformées.
25
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Le vêlage à deux ans nécessite
une grande technicité
Le vêlage à 2 ans est un des moyens envisageables pour
augmenter la productivité des troupeaux allaitants. Il
nécessite une très grande technicité de la part de l’éleveur.
Cette technique est peu utilisée ; son opportunité mérite
d’être discutée. Il est en effet nécessaire d’atteindre : 1) un
poids suffisant pour la mise à la reproduction (au strict
minimum 60 % du poids adulte) ; si non un grand nombre
de femelles ne sont pas cyclées. 2) un développement suffisant au vêlage (80 % du poids adulte) pour minimiser
l’incidence des difficultés de vêlage, très dépendantes du
rapport poids du veau / poids de la mère.
Pour réaliser ces objectifs il est nécessaire :
■ d’obtenir d’excellentes croissances entre la naissance et
le sevrage,
■ de majorer d’environ 200 g/jour les croissances au cours
du premier hiver,
■ de disposer d’excellentes conditions de pâturage (offre
libérale d’une herbe de qualité) pour maintenir des croissances élevées malgré la croissance de l’hiver précédent,
■ d’utiliser des reproducteurs à vêlages facile pour obtenir une proportion de veaux sevrés satisfaisante ; les
difficultés de vêlage accroissent en effet la mortalité des
veaux et réduisent la fertilité ultérieure de la femelle ; le
maximum de sécurité est permis par l’utilisation de l’insémination animale, avec des reproducteurs favorablement
testés sur cet aspect.
■ d’apporter une alimentation spécifique à la vache
primipare pour éviter une chute des performances de
reproduction.
Cette technique peut concerner les génisses les plus
lourdes au sevrage, nées les premières, ou qui ont réalisées les meilleures croissances. En cas de non maîtrise, le
risque est de sacrifier les génisses disposant du meilleur
potentiel génétique. Il ne faut par ailleurs pas oublier que,
du fait des incompatibilités génétiques, les taureaux à
vêlages très faciles transmettent en général à leur descendance des aptitudes bouchères modestes (croissance,
conformation).
gnant le poids de 420 kg à 14 mois sont mises à la reproduction, par insémination animale après induction et
synchronisation des chaleurs.
■ Un objectif de 460 kg au moment de la mise
à la reproduction
La conduite affecte le taux de gestation des génisses
(tableau 20). Mais ces résultats dépendent du poids au
moment de la mise à la reproduction comme le montre la
figure 28. En revanche, l’âge à la 1re IA des génisses V2, qui
varie entre 13,5 et 15,5 mois, n’a pas eu d’effets sur la
réussite de la reproduction. Si la conduite V2 n’a pas eu
d’incidence ni sur les IVV ni sur les difficultés au vêlage, on
observe en revanche un effet significatif sur la mortalité
des veaux entre 0 et 2 mois. Cela est à relier à un poids des
veaux à la naissance plus faible, les veaux trop légers étant
les plus affectés par le risque de mortalité.
Tableau 20 – Résultats de reproduction et de mise bas
par rang de vêlage et par modalité de conduite
Parité
Génisses
Primipares
Multipares
Conduite
V2
V3
V2
V3
V2
V3
83ac
95b
85c
91bc
87bc
86bc
Nombre de
mise bas
86
115
58
72
68
66
Taux de vêlage
à problème
25a
26a
13b
12b
13b
9b
18,6a
9,2bc
12,2b
6,1c
5,3c
9,7bc
Taux de
gestation (%)
Mortalité à
-2 mois (%)
abc : pour 2 valeurs considérées, une lettre en commun dans l’indice indique
que l’écart n’est pas significatif au seuil p = 10 %
Figure 28 - Evolution du taux de gestation
des génisses en fonction du poids à l'IA
120 %
Un essai de longue durée en race
Charolaise
Un dispositif expérimental mis en place sur la station
expérimentale de Jalogny en 1999 a permis de comparer
un troupeau charolais conduit selon cette pratique (V2) et
un troupeau témoin, conduit en vêlage 3 ans (V3). (FARRIE
J.P. et al 2006, FARRIE J.P et al 2008, PIERRET P. et al
2009). Il permet de situer les conditions de réussite de
cette technique. Dans le troupeau V2, les génisses attei-
26
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Taux de gestation
100 %
80 %
83,8 %
91,7 %
95,5 %
62,5 %
60 %
40 %
20 %
0%
< 430 kg
430-460 kg
460-490 kg
Classe de poids à l’IA
490 kg et +
■ La complémentation est nécessaire pour soutenir les
performances des veaux
■ Une diminution du gabarit des vaches et des poids
de carcasse
La conduite V2 affecte la croissance des veaux nés de
génisses (tableau 21), l’effet étant plus marqué en hiver, du
fait d’une moindre production laitière des mères. Il n’y a
pas de différence significative du poids à âge type (PAT) à
240 jours du fait de la complémentation supplémentaire de
1,5 kg de concentrés par tête et par jour, apportée durant
l’été aux veaux de génisses V2.
La conduite V2 diminue le poids des vaches d’environ 30 kg
à l’âge de 3 ans. Cet écart n’est pas rattrapé à 4 et 5 ans,
voire accentué. L’analyse montre aussi un effet dépressif
sur le poids de carcasse à la réforme pour la conduite V2
(tableau 22).
Tableau 21 – Performances des veaux (mâles et femelles)
selon le rang de vêlage de la mère et la conduite
Tableau 22 – Poids des vaches à différents âges,
en fonction de la conduite
V2
V3
à 3 ans
682
723
à 4 ans
740
775
à 5 ans
772
828
440
452
Conduite
Poids en kg
Rang
de vêlage
1
2
3 et +
Conduite
V2
V3
V2
V3
V2
V3
GMQ hiver
(g/jour)
810a
940b
939b
1056c
1026c
988bc
Poids de carcasse à la réforme (kg)
GMQ printemps
1005a 1051a 1141b 1107bc 1220c 1172bc
(g/jour)
PAT 240
jours (kg)
279a
285a
310ab
316b
321b
316b
abc : pour 2 valeurs considérées, une lettre en commun dans l’indice indique
que l’écart n’est pas significatif au seuil p = 10 %
27
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Les courbes de croissance
Nous proposons un catalogue de 40 courbes de croissance
pour l’élevage des génisses allaitantes. Les courbes sont
disponibles sur le CD joint au guide ou directement téléchargeable sur le site de la Chambre régionale
d’agriculture des Pays de la Loire (www.agrilianet.com).
Les objectifs de croissance sont fonction de :
• la race : Limousine, Charolaise, Rouge des prés et Blonde
d’Aquitaine,
• l’âge au vêlage : deux ans, 30 mois ou trois ans,
• la période de vêlage : automne, début d’hiver, fin d’hiver
et printemps.
Ces courbes ont été construites dans le respect des préconisations de ce guide, à savoir :
• des objectifs de poids à dates clés fonction du poids
adulte,
• des croissances soutenues sous la mère,
• des croissances hivernales modérées, économes et permettant de jouer avec la croissance compensatrice au
pâturage,
• une perte de poids vif à la mise à l’herbe, liée à une diminution du contenu digestif, est intégrée,
• les croissances calculées sur la période de printemps
excluent les 14 premiers jours de mise à l’herbe pour la
prise en compte de ces variations de contenu digestif.
Les courbes proposées correspondent à un poids adulte
par race mais peuvent être adaptées au gabarit de chaque
troupeau. Les poids adultes retenus dans les courbes présentées correspondent à un poids moyen de carcasse des
vaches adultes réformées d’environ 410 kg en race
Limousine, 445 kg en race Charolaise, 450 kg en race
Rouge des prés, et de 510 kg en race Blonde d’Aquitaine.
Vous trouverez dans les quatre tableaux suivants la synthèse des repères pour chaque race.
Tableau 23 – Repères de croissance en race Limousine
Limousine 675 kg
Vêlage
Deux ans
Période de vêlage
5/2
Age au vêlage
% du poids adulte
30 mois
1/2
5/3
5/9
Trois ans
5/9
1/2
5/3
5/9
5/12
24,0
24,0
28,4
29,5
29,6
30,6
35,5
35,5
35,5
35,5
LI 24-FH
LI 24-A
LI 28-FH
LI 30-P
LI 30-A
LI 31-A
LI 36-FH
LI 36-P
LI 36-A
LI 36-DH
210 jours
273
273
252
252
252
252
252
252
252
252
1 an
398
400
368
366
342
358
352
335
358
352
18 mois
496
496
451
449
447
445
433
420
434
443
Reproduction
407
433
443
483
475
486
485
511
541
524
Après vêlage
547
549
576
586
564
574
600
598
620
601
210 jours
40
40
37
37
37
37
37
37
37
37
1 an
59
59
55
54
51
53
52
50
53
52
18 mois
74
74
67
67
66
66
64
62
64
66
Reproduction
60
64
66
72
70
72
72
76
80
78
Après vêlage
81
81
85
87
84
85
89
89
92
89
Code courbe
Poids
10/9
Tableau 24 – Repères de croissance en race Charolaise
Charolaise 750 kg
Vêlage
Deux ans
30 mois
Trois ans
Période de vêlage
5/2
10/9
1/2
5/3
5/9
5/9
1/2
5/3
5/9
5/12
Age au vêlage
24,0
24,0
28,4
29,5
29,6
30,6
35,5
35,5
35,5
35,5
CH 24-FH CH 24-A CH 28-FH CH 30-P
Code courbe
Poids
% du poids adulte
CH 30-A
CH 31-A CH 36-FH CH 36-P
CH 36-A CH 36-DH
210 jours
300
290
269
269
269
269
269
269
269
269
1 an
441
429
397
397
372
388
376
359
383
376
18 mois
547
543
496
496
489
487
468
456
467
478
Reproduction
448
469
485
535
523
537
526
559
589
578
Après vêlage
602
604
639
654
624
636
658
656
674
665
210 jours
40
39
36
36
36
36
36
36
36
36
1 an
59
57
53
53
50
52
50
48
51
50
18 mois
73
72
66
66
65
65
62
61
62
64
Reproduction
60
62
65
71
70
72
70
75
79
77
Après vêlage
80
80
85
87
83
85
88
88
90
89
28
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Tableau 25 – Repères de croissance en race Rouge des prés
Rouge des prés
775 kg
Deux ans
Vêlage
30 mois
Trois ans
Période de vêlage
5/2
10/9
1/2
5/3
5/9
5/9
1/2
5/3
5/9
5/12
Age au vêlage
24,0
24,0
28,4
29,5
29,6
30,6
35,5
35,5
35,5
35,5
Code courbe
RP 24-FH RP 24-A RP 28-FH RP 30-P
210 jours
Poids
% du poids adulte
302
292
271
271
RP 30-A
271
RP 31-A RP 36-FH RP 36-P
271
271
271
RP 36-A RP 36-DH
271
271
1 an
454
440
409
409
375
391
378
362
390
384
18 mois
562
560
515
515
496
496
477
468
482
486
Reproduction
464
484
503
552
532
552
543
576
613
602
Après vêlage
619
618
656
673
631
649
675
674
696
687
210 jours
39
38
35
35
35
35
35
35
35
35
1 an
59
57
53
53
48
50
49
47
50
50
18 mois
73
72
66
66
64
64
62
60
62
63
Reproduction
60
62
65
71
69
71
70
74
79
78
Après vêlage
80
80
85
87
81
84
87
87
90
89
Tableau 26 – Repères de croissance en race Blonde d’Aquitaine
Blonde d’Aquitaine
750 kg
Vêlage
Deux ans
30 mois
Trois ans
Période de vêlage
5/2
10/9
1/2
5/3
5/9
5/9
1/2
5/3
5/9
5/12
Age au vêlage
24,0
24,0
28,4
29,5
29,6
30,6
35,5
35,5
35,5
35,5
Code courbe
Poids
% du poids adulte
BA 24-FH BA 24-A BA 28-FH BA 30-P
BA 30-A
BA 31-A BA 36-FH BA 36-P
BA 36-A BA 36-DH
210 jours
298
288
267
267
267
267
267
267
267
267
1 an
439
431
400
400
364
380
380
364
390
384
18 mois
537
548
503
503
481
481
472
462
486
478
Reproduction
456
469
502
530
511
530
561
567
592
574
Après vêlage
594
603
640
655
610
628
670
669
678
667
210 jours
40
38
36
36
36
36
36
36
36
36
1 an
59
57
53
53
49
51
51
49
52
51
18 mois
72
73
67
67
64
64
63
62
65
64
Reproduction
61
63
67
71
68
71
75
76
79
77
Après vêlage
79
80
85
87
81
84
89
89
90
89
Comment lire les courbes
Chaque fiche est construite de façon identique afin de
faciliter la lecture ; elle contient :
■ un code synthétique par fiche :
• deux lettres initiales de la race : CH, Charolais ; LI,
Limousin ; RP, Rouge des prés ; BA, Blonde d’Aquitaine,
• deux chiffres codant l’âge au premier vêlage : 36, trois
ans ; 30, 30 mois ; 24, deux ans,
• une ou deux lettres pour la période de vêlage de la
génisse : FH, fin d’hiver (1 ou 5 février) ; P, printemps
(5 mars) ; A, automne (5 ou 10 septembre) et DH, début
d’hiver (5 décembre) ;
• la date du vêlage et le poids après vêlage,
• les GMQ par période en g/jour,
• une double illustration des périodes de pâturages :
“herbe haute” au printemps du 15 mars au 15 juin et
“herbe courte” sur la période d’été-automne ;
■ un second tableau qui décrit les phases de croissance
avec l’âge et le poids des génisses aux dates charnières
ainsi que les GMQ des périodes considérées.
Figure 29 - Exemple de fiche
■ un titre reprenant la race, l’âge au vêlage, la période de
vêlage et poids adulte pour lequel la courbe est construite ;
■ la durée de gestation par race ;
■ un premier tableau de synthèse des poids à âge type et
les pourcentages du poids adulte ;
■ la courbe d’évolution du poids :
• la date de naissance,
• la période de reproduction et le poids en début de
période,
29
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Le vêlage à trois ans
• Il est accessible à tous
les animaux.
Figure 30 - Courbe de croissance génisse Rouge des prés,
vêlage 36 mois en fin d’hiver, 775 kg
• Il utilise un rythme de
croissance très modéré.
• Il permet d’atteindre 90 %
du poids adulte après le
premier vêlage.
• Il est économe
concentrés.
en
Figure 31 - Courbe de croissance génisse Blonde d’Aquitaine,
vêlage 36 mois à l’automne, 750 kg
30
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Le vêlage à trente mois
• Il est accessible à la quasitotalité des génisses.
Figure 32 - Courbe de croissance génisse Rouge des prés,
vêlage 30 mois au printemps, 775 kg
• Il nécessite des performances modérée, faciles
à atteindre avec une
alimentation hivernale
contrôlée.
• Il permet d’atteindre 85 %
du poids adulte après le
premier vêlage.
• Il convient de prévoir une
complémentation de la
primipare pour ne pas
pénaliser le poids adulte.
• Il est utilisable en deux
périodes de vêlages
mais également pour
une partie des génisses
lorsque les vêlages se
déroulent sur plus de 4
mois.
Figure 33 - Courbe de croissance génisse Limousine,
vêlage 30 mois à l’automne, 675 kg
31
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
Le vêlage à deux ans
• Il est accessible aux meilleurs animaux avec des
démarrages à plus de
1100 g/jour sous la mère.
• C’est une conduite exigeante en terme de
performances.
• Il faudrait atteindre 80 %
du poids adulte après le
premier vêlage.
• Une complémentation de
la primipare est indispensable pour une bonne
remise en reproduction.
• Il est adaptable à toutes
les races à condition de
bien respecter les seuils
minima de poids pour la
mise à la reproduction.
• Il est plus facilement
gérable en vêlage d’automne.
Figure 34 - Courbe de croissance génisse Charolaise vêlage 24 mois à l’automne, 750 kg
Adapter les objectifs de croissance
à son élevage
Pour adapter les courbes de croissance à sa situation propre, il suffit de repartir du tableau de synthèse en
pourcentage du poids adulte de la courbe choisie afin
d’avoir les poids minimum objectif aux dates clés. On peut
également partir des indicateurs synthétiques (tableau 27).
Tableau 27 – Repères toute race en pourcentage
du poids adulte
Age au vêlage
Poids à 210 jours
Reproduction
Après vêlage
2 ans
30 mois
3 ans
40
60
80
35
70
85
35
75
90
Une fois les poids objectifs obtenus, il suffit de reconstruire
les rythmes de croissance selon les périodes définies avec
l’éleveur pour parvenir à ces poids.
Exemple :
Quels objectifs de croissance pour faire vêler une génisse
Limousine à 30 mois à l’automne, dans un élevage avec un
poids de carcasse moyen des vaches réformées de 425 kg ?
425 kg carcasse / 54 % de rendement = 787 kg vif animal
fini
787 kgv - 90 kg de reprise de poids entre le vêlage et l’abattage = 697 kg
32
Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010
+ 15 kg pour tenir compte de l’abattage de vaches jeunes
avec un âge moyen à l’abattage de 5,5 ans (tableau 15
“Estimation du poids adulte“).
Ce poids correspond à un poids adulte d’environ 710 kg
(tableau 28).
Tableau 28 – Repères de poids calculés pour une
génisse Limousine, vêlage à 30 mois à l’automne,
710 kg de poids adulte
Age
PAT 210 jours
PAT à 1 an
PAT à 18 mois
Poids à la repro
PAT à 2 ans
Poids après vêlage
% PA
Poids
calculé
GMQ
période
37
53
66
72
81
85
265
375
470
510
575
605
1 050 g/jour*
710 g/jour
490 g/jour
-
* Pour un veau de 45 kg à la naissance
Ces repères de croissances et la
détermination du poids objectif à atteindre pour la mise
à la reproduction ne seront utiles que si l’on dispose en
élevage des poids réels des génisses. Nous conseillons
donc de réaliser la pesée des génisses jusqu’à la
période de mise à la reproduction : deux ans pour du
vêlage à trois ans et 20 mois pour du vêlage à 30 mois.
Les pesées des génisses pourront être effectuées en
début d’hiver à la rentrée en bâtiment et en sortie d’hiver avant la mise à l’herbe.
Les études ayant permis l’élaboration de ce guide ont été réalisées dans le cadre
d’un groupe d’ingénieurs des Chambres d’agriculture des Pays de la Loire,
conduisant des actions de recherche-développement sur la conduite, les performances et l’amélioration génétique des troupeaux allaitants.
Ont contribué à ce travail : Gaël BENOTEAU (Chambre d’agriculture de LoireAtlantique), Jean-Paul COUTARD (Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire),
Romain GUIBERT (Chambre d’agriculture de Mayenne), Jean-Michel HENRY et
Philippe DIMON (Chambre d’agriculture de la Sarthe), Franck CHAIGNEAU
(Chambre d’agriculture de Vendée). Le groupe a été efficacement assisté par
deux élèves ingénieurs de l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers : Maxime
MENARD et Bertrand DAVEAU.
Pour la rédaction et l’édition du guide nous avons également bénéficié de l’appui
de :
• Yannick BIALADE, CREAVIA, pour la partie “Assurer un suivi efficace de la
reproduction”.
• Alban CHARRETTE, vétérinaire BOVICAP Conseils, pour la partie “Gérer les
strongles”.
• Marie DELANNOY, GIE Elevage et Chambre régionale d’agriculture des Pays de
la Loire, pour l’édition du guide.
Document réalisé avec
la participation financière
du Conseil régional
des Pays de la Loire.
Réalisation : Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire – Conception D. Benoist – Angers – Edition : janvier 2011
La coordination des études conduites et de la rédaction du guide a été réalisée
par Jean-Paul COUTARD.