Les génisses l`avenir du troupeau allaitant
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Les génisses l`avenir du troupeau allaitant
L O I R E L A D E P A Y S Guide de recommandations pour l’élevage des génisses de renouvellement Les génisses l’avenir du troupeau allaitant Les génisses constituent l’avenir du troupeau ; il ne faut pas les négliger car elles sont pour environ les deux tiers d’entre-elles destinées à assurer le renouvellement. Cette proportion élevée s’explique par l’accroissement de la taille des troupeaux et par les taux de renouvellement élevés pratiqués par les éleveurs de la base de sélection. Cette stratégie de conduite peut s’expliquer par l’engagement fréquent dans des démarches “qualité” (label, certification, agriculture biologique…) qui privilégient la production de vaches jeunes, et par la recherche du progrès génétique. Dans les troupeaux engagés dans une démarche de sélection, elles ont par ailleurs en général une valeur génétique supérieure à celle des vaches. Elles sont pourtant trop souvent “le parent pauvre” des troupeaux allaitants, avec un premier vêlage tardif. Ce guide comprend : ■ Des références régionales, issues des élevages adhérant à Bovins Croissance, au contrôle officiel des performances des bovins allaitants en ferme. Ces références nous ont permis de caractériser les performances obtenues et leur évolution, de hiérarchiser les facteurs de variation de ces performances et d’apprécier l’incidence de la conduite et des performances des génisses sur la carrière ultérieure des vaches. ■ Une modélisation de l’impact des stratégies de renouvellement sur la productivité du troupeau. Ces modélisations nous ont permis d’étudier les effets de l’âge au premier vêlage, de la saison de vêlage et du taux de renouvellement. ■ Des simulations sur l’intérêt économique de différentes stratégies de renouvellement. Ces simulations économiques ont été réalisées sur un cas type des réseaux d’élevage : Naisseur-Engraisseur Charolais semi intensif. Ces simulations ont permis d’apprécier les impacts économiques du vêlage 30 mois, de la saison de vêlage, et du taux de renouvellement adopté. ■ Des conseils sur les conditions à respecter pour réussir l’élevage des génisses. Les points clefs de la conduite de la génisse, de l’élevage du veau jusqu’à la conduite de la vache primipare ont été précisés. La technique du vêlage deux ans, actuellement très peu utilisée, a été abordée, en rapportant notamment les conclusions d’un essai de longue durée réalisé sur le troupeau Charolais de la Ferme expérimentale de Jalogny. Un catalogue de 40 courbes de croissance, en fonction, de l’âge au premier vêlage, et de la période de vêlage. Il concerne les races Charolaise, Limousine, Blonde d’Aquitaine, et Rouge des prés. Il comprend également des propositions pour adapter les courbes au contexte de chaque élevage. Ce catalogue est disponible sur CD ou téléchargeable depuis le site Internet de la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire (www.agrilianet.com). ■ Quelques références bibliographiques Sommaire Des références régionales ................................................................. 1 Une modélisation de l’impact des stratégies de renouvellement sur la productivité du troupeau..................................................... 9 Mesurer l’intérêt économique de différentes stratégies de renouvellement ................................................................................. 13 Les conditions de réussite de l’élevage des génisses ................................................................ 18 Le vêlage à deux ans nécessite une grande technicité ......................................................................... 26 Les courbes de croissance ............................................................. 28 AGABRIEL J., MESCHY F., 2007, Alimentation des veaux et génisses d’élevage in Alimentation des Bovins, Ovins et Caprins, éditions Quae, 75-87 COUTARD J.P., MENARD M., BENOTEAU G., LUCAS F., HENRY J.M., CHAIGNEAU F., RAIMBAULT B., 2007, Reproduction des troupeaux allaitants dans les Pays de la Loire : Facteurs de variation des Performances, Rencontres Recherches Ruminants, 14, 359-362 FARRIE J.P, PIERRET P., RENON J., 2006, Effet du vêlage à 2 ans sur quelques paramètres de la productivité d’un troupeau Charolais, Rencontres Recherches Ruminants, 13, 384 FARRIE J.P., RENON J., BOURGE C., GROS J.M., LAHEMADE T., MURON G., ROUDIER J., 2008, Conditions et conséquences de la mise en place du vêlage à deux ans dans un troupeau Charolais, Rencontres Recherches Ruminants, 15, 147-150 HOCH T., BEGON C., CASSAR-MALEK I., PICARD B., SAVARYAUZELOUX I., 2003, Mécanismes et conséquences de la croissance compensatrice chez les ruminants – INRA – Productions Animales, 16(1), 49-59 PIERRET P., FARRIE J.P., RENON J., 2009, Impact d’une conduite en vêlage à deux ans en race Charolaise sur la morphologie et la réforme des vaches, la mortalité et la morbidité des veaux, Rencontres Recherches Ruminants, 16, 383 TROCCON J.L., PETIT M., 1989, Croissance des génisses de renouvellement et performances ultérieures – INRA – Productions Animales, 2 (1), 55-64, 359-362 Des références régionales Modalités de l’étude ■ Les objectifs des études conduites sont de : • caractériser les performances obtenues ainsi que leur évolution dans les 4 principales races de la région, • hiérarchiser les facteurs de variation des performances, • apprécier les conséquences de la conduite et des performances des génisses sur la carrière ultérieure des vaches, • modéliser la conduite du troupeau, en intégrant les facteurs de production identifiés, pour être en capacité de simuler, toutes choses égales par ailleurs, les effets : 1) de l’âge et la période du premier vêlage, 2) du taux de renouvellement. ■ Les données étudiées concernent : • les troupeaux allaitants adhérant à Bovins Croissance, au contrôle officiel des performances des bovins allaitants en ferme (formule VA4), • les 5 départements de la région Pays de la Loire (44, 49, 53, 72, 85), • les 4 principales races allaitantes de la région : Charolaise (CH), Limousine (LI), Blonde d’Aquitaine (BA), et Rouge des prés (RP), • les résultats de 231 075 génisses nées sur huit campagnes de naissances (période du 01/08/1998 au 31/07/2006) ; sur cette population, l’échantillon disposant d’un poids âge-type 18 mois est de 19 938 femelles. ■ Les méthodes d’analyse • Nous avons analysé la totalité des indicateurs de performances disponibles, de la naissance de la génisse, à l’abattage de la vache réformée, avec un nombre de campagnes intégrées variable selon les critères étudiés. • Des contrôles de cohérence, ont permis d’éliminer les données aberrantes. • Des indices intra troupeau, en base 100 des contemporains, ont été calculés, sur les poids et les pointages, pour séparer les effets de ces critères zootechniques des effets “élevage”. Un indice inférieur à 95 est qualifié de faible, un indice supérieur ou égal à 105 est qualifié d’élevé et un indice compris entre 95 et 104,9 est qualifié de moyen. Pour le poids à 210 jours la population se repartit de la façon suivante : 30 % de “faible”, et 37 % de “élevé”. • Dans un objectif de communication, nous avons privilégié une approche descriptive sous forme de tableaux croisés. • Des tests de comparaison de moyennes et de proportions ont été effectués (test z) ; des lettres différentes dans les tableaux de résultats indiquent une différence statistique au seuil de 1‰. 1 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Evolution des performances Pas d’évolution notable des conditions de naissance et de la mortalité des veaux plus légères que les génisses de race Rouge des prés (tableau 2). Les conditions de naissances sont déclarées par les éleveurs avec une note de 1 à 5 (cf encadré). Les conditions de naissance et la mortalité des veaux n’ont pas évolué sur la période étudiée, malgré de légères fluctuations selon les années. Les écarts entre races sont très importants (tableau 1). Tableau 1 – Naissances difficiles et mortalité des veaux Campagnes de naissances 1999 à 2005 - veaux femelles nés simples ■ La courbe de croissance des génisses Charolaises nées au cours de la campagne 2004 est présentée sur la figure 3 ; le coefficient de variation des croissances constatées augmente avec l’âge des génisses. Tableau 2 – Croissance des veaux Femelles nées simples - campagnes de naissances 2003 à 2005 Race CH Poids à 210 j. (kg) 268 ± 38 test z (seuil 1‰) Race CH LI BA RP GMQ 0 à 210 j. % naissances difficiles (a) 5,4 1,2 3,6 10,6 test z (seuil 1‰) 8,3 5,2 7,4 12,2 % mortalité des veaux (b) (a) codes 3 + 4 + 5 (b) de la naissance à 210 jours LI BA RP 248 ± 31 268 ± 37 272 ± 39 a b c b 1056 ± 177 996 ± 145 1065 ± 170 1057 ± 179 b a c b Figure 1 – Evolution du poids vif à 210 jours Femelles nées simples 275 Les notes de conditions de naissance 270 265 Poids à 210 jours (kg) 1 - Sans aide : sans assistance 2 - Avec aide facile : assistance d’une seule personne sans aide mécanique 3 - Avec aide difficile : assistance de plusieurs personnes ou recours à des moyens mécaniques 4 - Césarienne 5 - Embryotomie : veau découpé Tout vêlage assisté par un vétérinaire est codé 3, 4 ou 5 260 255 250 245 240 235 230 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Campagne de naissance CH LI BA RP Figure 2 – Evolution du poids vif à 18 mois Des génisses de plus en plus lourdes ■ Les génisses sont de plus en plus lourdes à 7 et 18 mois (figures 1 et 2). La perturbation constatée sur la campagne 2001 s’explique très probablement par des modifications des pratiques d’élevage imputables à la deuxième crise de l’ESB. En cinq campagnes de naissances, entre 1999 et 2004, le poids moyen des génisses de race charolaise a augmenté de 20 kg à 7 mois et de 45 kg à 18 mois. ■ Les génisses de race Limousine obtiennent une croissance légèrement plus faible. A 7 mois, elles sont 24 kg 2 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 poids à 18 mois (kg) Femelles nées simples 490 485 480 475 470 465 460 455 450 445 440 435 430 425 420 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Campagne de naissance CH LI BA ■ Le premier vêlage est assez tardif (tableau 3). En moyenne des campagnes de naissances 1999 à 2002, il est compris entre 33,4 mois en Rouge des prés et 34,6 mois en Charolaise et Blonde d’Aquitaine. ■ Le vêlage à 2 ans (moins de 28 mois) est très peu fréquent. Figure 4 – Dispersion de l’âge au premier vêlage Campagnes de naissances 1999 à 2002 ■ La proportion de premiers vêlages au delà de 36 mois est selon la race, comprise entre 26 et 35 % (figure 4). 50 44 45 Tableau 3 – Age au premier vêlage Age au premier vêlage (mois) LI BA RP 34,6 ± 3,8 34,2 ± 3,9 34,6 ± 3,9 33,4 ± 4,5 test z (seuil 1‰) c b c % des génisses CH 36 35 Femelles nées simples - campagnes de naissances 1999 à 2002 Race 42 39 40 30 30 25 27 25 21 20 19 16 15 9 10 a 29 24 5 5 5 6 6 8 7 3 0 - de 28 28 à 31 Figure 3 – Courbe de croissance des génisses Femelles charolaises nées simples au cours de la campagne 2004 500 36 à 39 40 et + CH LI BA RP 487 450 584 ± 214 400 382 350 Pods vif 32 à 35 Age au premier vêlage (mois) 753 ± 213 300 264 250 1037 ± 165 200 164 150 100 50 46 0 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550 La proportion constatée de premiers vêlages tardifs, au delà de 3 ans est excessive. Les poids moyens observés à 18 mois sont compatibles avec des vêlages plus précoces : 32 à 35 mois et pour partie avec des vêlages 30 mois. Age (jours) Facteurs de variation des performances et incidences sur la carrière Maîtriser les poids et les conditions de naissance Figure 5 – Poids à 210 jours en fonction du poids de naissance Génisses nées simples - Campagnes de naissances de 1999 à 2005 275 270 265 poids à 210 jours (kg) ■ Les femelles lourdes à la naissance sont plus lourdes à 210 jours (figure 5). Les poids de naissance élevés s’accompagnent d’une forte augmentation de la fréquence des naissances difficiles (figure 6). Sur celles nées difficilement la croissance entre 0 et 210 jours est affectée. 260 255 250 245 240 235 230 Faible Moyen Elevé Poids de naissance intra CH LI BA RP 3 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Figure 6 - Poids et conditions de naissance Génisses nées simples - campagnes de naissances 1999 à 2005 ■ L’intervalle entre le premier et le deuxième vêlage est fortement détérioré après césarienne, pour celles qui “ont droit” à un deuxième vêlage (figure 9). Figure 9 - Conditions de première mise bas et intervalle entre le premier et le deuxième vêlage Campagnes de naissances 1999 à 2001 445 Limousine Poids de naissance moyen Poids de naissance élevé ■ La mortalité des jeunes génisses s’accroît fortement lorsqu’elles naissent difficilement ; selon la race, entre 31 et 41 % des génisses nées d’un vêlage avec assistance difficile (code 3) meurent entre 0 et 210 jours (figure 7). 404 405 402 397 395 394 394 391 388 405 385 375 Limousine Blonde d’A. Charolaise Rouge des P. Sans aide et aide facile Génisses nées simples – campagnes de naissances 1999 à 2005 Aide difficile Césarienne 41 40 36 % de mortalités des génisses (0 - 210 j) 414 415 365 35 35 31 31 30 25 25 23 19 20 15 11 ■ La longévité de la carrière de reproductrice des femelles est pénalisée par les premiers vêlages difficiles, et par la mortalité des veaux. Malgré cela, une assez forte proportion de femelles ayant eu un premier vêlage difficile (codes 3 et 4), ou ayant perdu leur veau sont conservées pour un deuxième vêlage (figure 10). 11 9 10 0 442 425 425 Figure 7 - Conditions de naissance et mortalité des veaux 5 442 435 Blonde d’A. Charolaise Rouge des P. IVV 1-2 des génisses % de naissances difficiles 22 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 ■ Les femelles nées difficilement ont fréquemment un premier vêlage difficile ; en race Charolaise 35 % des génisses nées difficilement (code 3) ont un premier vêlage difficile (figure 8). 7 6 5 9 8 Figure 10 - Mortalité du premier veau et longévité Limousine Campagnes de naissances 1999 à 2002 Blonde d’A. Charolaise Rouge des P. 75 Aide facile Aide difficile Césarienne Figure 8 - Pourcentage de premiers vêlages difficiles en fonction des conditions de naissance de la génisse Génisses nées simples – campagnes de naissances 1999 à 2002 % de vêlages difficiles (code 3+4+5) 45 41 40 35 35 27 25 24 25 60 55 50 45 40 35 30 0-30j 31-210j vivant Mortalité du premier veau 20 20 17 16 14 15 10 10 0 34 70 65 25 30 5 36 % des génisses ayant un 2e vêlage Sans aide 17 15 CH LI BA RP 10 4 Limousine Blonde d’A. Charolaise Rouge des P. Conditions de naissance de la génisse Sans aide Aide facile Aide difficile 4 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Césarienne ■ Les vêlages difficiles ayant un vêlage difficile d’avoir un vêlage suivant coefficient multiplicateur (figure 11). sont répétables; les femelles ont une plus forte probabilité difficile ; en race Charolaise le est compris entre 2,8 et 4,4 Les génisses nées de primipares : Figure 11 - Répétabilité des conditions de mise-bas Race Charolaise 20 ■ ont plus fréquemment des naissances difficiles : selon la race 2 à 3 fois plus que les génisses nées de multipares, 18,3 18 16,4 15,7 14,5 14 ■ sont plus légères à 210 jours (figure 12) ; les poids à 210 jours augmentent jusqu’au troisième ou quatrième vêlage. 12 Figure 12 - Poids à 210 jours et rang de vêlage 10 8 Génisses nées simples – campagnes de naissances 1999 à 2004 6,5 6 4,3 4 3,8 3,3 2 0 Rang 2 Rang 3 Vêlage précédent facile Rang 4 Rang 5 et + Vêlage précédent difficile Poids à 210 jours (kg) % de vêlages difficiles 16 285 280 275 270 265 260 255 250 245 240 235 230 225 1 2 3 4 Rang de vêlage La maîtrise des conditions de naissance constitue un facteur essentiel de la productivité des troupeaux allaitants. L’accroissement des poids de naissance consécutif à une sélection sur la croissance et le développement squelettique doit être contrôlé. Le choix des reproducteurs mâles, la sélection des femelles de renouvellement, et le tri des femelles de réforme doivent contribuer à cette maîtrise. CH LI BA RP Ces deux constats peuvent sembler favorables à l’adoption d’un faible taux de renouvellement, mais d’autres facteurs sont à prendre en compte tels que le progrès génétique, la valorisation des jeunes vaches, et l’élimination des vaches à problèmes. Les jumelles sont plus fragiles ■ Les femelles nées jumelles ont un taux de mortalité nettement plus élevé : 1,9 fois celui des simples en race Rouge des prés. ■ Les jumelles conservées sont plus légères ; à 210 jours elles pèsent 21 à 25 kg de moins que les nées simples. ■ Les génisses nées jumelles ont plus fréquemment des jumeaux que les nées simples : 6,2 % contre 2,8 % soit 2,2 fois plus, dans nos observations en race Rouge des prés. Le caractère répétable de la gémellité est à intégrer dans le choix des génisses conservées pour le renouvellement. Les génisses nées d’un père d’insémination : ■ sont plus lourdes et plus développées au sevrage ; en race Charolaise elles pèsent en moyenne 13 kg de plus à 210 jours que les femelles nées d’un père de monte naturelle. ■ sont plus fréquemment conservées pour la reproduction. L’utilisation de l’insémination, avec des taureaux améliorateurs, connus avec précision, sécurise les accouplements. 5 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Les génisses nées à l’automne sont plus lourdes à 18 mois ■ Les femelles nées à l’automne (août à octobre) sont plus lourdes à 18 mois que celles nées au printemps (février à avril) ; en race Charolaise l’écart constaté à 18 mois est de 25 kg. La période pendant laquelle l’écart de croissance est le plus sensible est la période 7 à 12 mois ; pendant cette phase la nature des régimes est différente (pâturage par rapport à régime hivernal). ■ Les génisses lourdes et développées à 7 et 18 mois sont plus fréquemment conservées pour la reproduction, et ont une meilleure longévité de leur carrière de reproductrice (figure 14). ■ Les femelles lourdes et développées au sevrage produisent des carcasses plus lourdes lors de la réforme (figure 15). Figure 15 - Poids de carcasse en fonction du poids à 210 jours Femelles nées simples - campagnes de naissances 1999 à 2001. Abattage entre deux ans et après le deuxième vêlage ■ Les femelles lourdes à 210 jours, intra élevage, sont lourdes à 18 mois (figure 13) ; au minimum 80 % de l’avance de croissance acquise sous la mère (par le potentiel de croissance du veau, et par l’aptitude à l’allaitement de sa mère) est conservée à 18 mois. ■ Les génisses lourdes à 18 mois vêlent plus précocement, sans accroissement de la fréquence des vêlages difficiles. poids de carcasse (kg) Assurer un bon démarrage des veaux 510 500 490 480 470 460 450 440 430 420 410 400 390 380 370 360 faible moyen élevé Poids intra-élevage à 210 jours CH LI BA RP Figure 13 - Poids à 18 mois en fonction du poids à 210 jours Génisses nées simples – campagnes de naissances 1999 à 2004 500 490 Les génisses retenues pour le renouvellement doivent être choisies parmi les femelles lourdes et développées au sevrage. Cela correspond à la pratique du terrain. Il faut cependant être vigilant sur les poids et conditions de naissance. Poids à 18 mois (kg) 480 470 460 450 440 430 420 410 faible moyen élevé Entre 12 et 18 mois les croissances élevées sont rares Poids à 210 jours intra CH LI BA RP Figure 14 - Poids à 18 mois et longévité Génisses nées simples - Race Charolaise 90 80 80 76 70 % des génisses 60 58 58 53 50 43 38 38 40 30 28 25 31 ■ Contrairement à ce qui est rapporté dans la bibliographie, en races laitières et races à viande anglosaxonnes (TROCCON J.L., PETIT M., 1989), nous n’avons pas constaté d’effet dépressif d’une croissance élevée de la génisse entre 12 et 18 mois (phase de puberté), sur la croissance de son premier veau. ■ Notons que dans les conditions de production des élevages de la base de sélection des Pays de la Loire, les croissances supérieures à 800 g/j pendant cette phase sont peu fréquentes (9 % des génisses en race Charolaise). 16 20 10 0 % ayant un 1er vêlage (1) % ayant un 2e vêlage (1) poids faible % ayant un 3e vêlage (2) poids moyen % ayant un 4e vêlage (3) poids élevé (1) en pourcentage des génisses ayant un poids à âge-type à 18 mois pour les campagnes 1999 à 2002, (2) 1999 à 2001, (3) 1999 et 2000. 6 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Des analyses plus fines, non réalisables avec les données disponibles, seraient néanmoins souhaitables. Un intervalle entre le 1er et le 2e vêlage (IVV 1-2) mal maîtrisé Age au premier vêlage ■ La croissance moyenne des veaux de primipares, entre la naissance et 210 jours, est plus faible pour des premiers vêlages précoces, mais reste satisfaisante pour des vêlages entre 28 et 31 mois (figure 16). Les veaux de génisses vêlées tardivement (entre 36 et 39 mois) n’obtiennent pas des croissances supérieures, à ceux de mères ayant vêlé entre 32 et 35 mois. ■ La longévité de la carrière de reproductrice est pénalisée par les premiers vêlages tardifs. ■ Les femelles ayant vêlé à 30 mois produisent des carcasses légèrement moins lourdes mais sont abattues nettement plus jeunes que celles ayant vêlé à 3 ans (figure 17). ■ Entre le premier et le deuxième veau, l’intervalle entre vêlages est nettement supérieur à un an. ■ L’IVV 1-2 est plus long pour les premiers vêlages d’hiver (novembre à janvier). Cela peut probablement s’expliquer en partie par des conditions d’alimentation hivernale des femelles primipares peu favorables à la reproduction (figure 18). Ces résultats confirment les conclusions de nos études antérieures (COUTARD J.P. et al, 2007). Figure 18 - Périodes de vêlage et IVV 1 – 2 Génisses nées simples – campagnes de naissances de 1999 à 2002 415 Figure 16 - Croissance du premier veau de la génisse en fonction de l’âge au premier vêlage 410 Génisses nées au cours des campagnes 1999 à 2001 - Veau mâle 405 1 125 400 GMQ 0 - 210 jours (g/j 1 100 395 1 075 390 1 050 1 025 385 1 000 380 août-oct 975 nov-janv fév-avril Période du premier vêlage 950 - de 27 28 à 31 32 à 35 CH 36 à 39 LI BA RP Age au premier vêlage de la génisse CH LI BA RP Figure 17 - Age au premier vêlage et résultats d’abattage sans deuxième vêlage 75 sans troisième vêlage Il faut porter une attention particulière à l’alimentation hivernale des femelles primipares. 70 442 65 435 60 427 60 426 57 419 52 414 55 50 48 Age d'abattage (mois) Poids de carcasse (Kg) Génisses nées simples - Race Charolaise 455 450 445 440 435 430 425 420 415 410 405 400 45 45 41 40 28 à 32 32 à 36 36 à 40 28 à 32 32 à 36 36 à 40 Age au premier vêlage (mois) poids de carcasse (kg) âge abattage (mois) Génisses nées au cours des campagnes 1999 à 2002 pour les femelles abattues sans deuxième vêlage, et des campagnes 1999 à 2001 pour les génisses abattues sans troisième vêlage. Dans les élevages à double période de vêlage, l’intérêt du vêlage 30 mois est indéniable. 7 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Des taux de renouvellement variables Un taux de renouvellement élevé est favorable à l’accroissement du progrès génétique, mais d’autres facteurs sont à prendre en considération. Figure 19 - IVMAT par campagne de naissance CH.PF.09 - 451 troupeaux - Région Pays de la Loire 105 96,4 89,2 103 70 62,5 60 102 50 43,4 101 40 30 100 20,6 20 99 98 Campagnes 2003 à 2007 Variation annuelle du nombre de vêlages comprise entre – 5 et + 5 % Race CH LI BA RP Total Troupeaux Moyenne (%) Ecart -type (%) Inf. à 25 % (a) 239 27,6 4,8 30,1 71 27,2 5,4 35,2 86 28,9 4,5 16,3 54 29,3 4,4 18,5 450 28,0 4,8 26,9 % de femelles conservées 80 78 Tableau 4 – Taux de renouvellement 100 90 104 IVMAT ■ Le taux de renouvellement correspond au pourcentage de primipares dans le total des vêlages d’une campagne ; il a été analysé sur 450 troupeaux, adhérents à la base de sélection n’ayant pas connu de forte variations du nombre de vêlages sur les campagnes 2003 à 2007. Dans ces troupeaux en rythme de croisière, le taux de renouvellement moyen est de 28 % (tableau 4). La variabilité des taux de renouvellement pratiqués est importante ; 88 % des troupeaux ont un taux de renouvellement compris entre 21 et 35 %. Les stratégies à faible taux de renouvellement (moins de 25 %) sont plus fréquentes dans les races Limousine et Charolaise. Dans les élevages à taux de renouvellement élevé, l’âge au premier vêlage est plus précoce, et la pratique de l’insémination plus fréquente, la proportion de vêlages difficiles augmente (sauf en race Limousine). Dans les races Charolaise, Rouge des prés et Blonde d’Aquitaine, l’intervalle entre vêlages semble moins maîtrisé dans les élevages à faible taux de renouvellement ; cela pose la question du tri des vaches à problèmes dans ces élevages. Les interactions entre taux de renouvellement et âge au premier vêlage conduisent à proposer une démarche de modélisation pour l’analyse séparée de ces deux facteurs. 10 0 2004 2003 et avant et 2005 2006 2007 2008 2009 Campagne de naissance IVMAT % Femelles conservées (a) en % des élevages Figure 20 - Index IBOVAL par campagne de naissance CH.PF.09 - 451 troupeaux - Région Pays de la Loire Les génisses sont supérieures aux vaches 8 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 104 103 Index ■ Dans les troupeaux de la base de sélection, les génisses ont une valeur génétique supérieure aux vaches. Les résultats moyens des bilans génétiques des troupeaux Charolais des Pays de la Loire (CH.PF.09) permettent d’illustrer cette affirmation (figures 19 et 20). Les génisses nées au cours de la campagne 2009 ont en moyenne une valeur IVMAT supérieure de 5 points à celle des vaches nées au cours des campagnes 2003 et avant. Au niveau des index élémentaires la supériorité est élevée sur CRsev et DSsev, avec une légère détérioration concomitante de l’IFNAIS ; l’écart est moins important sur DMsev et sur ALait. La supériorité génétique des génisses est susceptible d’être maximisée par le choix des femelles conservées pour le renouvellement. 105 102 101 100 99 98 2003 et avant 2004 et 2005 2006 2007 2008 2009 Campagne de naissance IFNAIS CRrsev DMsev DSsev AVel ALait Une modélisation de l’impact des stratégies de renouvellement sur la productivité du troupeau Une modélisation de l’incidence de la conduite du troupeau sur les performances zootechniques a été réalisée, à partir des observations, pour simuler toutes choses égales par ailleurs les effets de : 1) l’âge au premier vêlage, 2) de la saison de vêlage, 3) du taux de renouvellement. Cette approche a été effectuée pour les races Charolaise, Limousine, Blonde d’Aquitaine et Rouge des prés. Elle intègre les effets moyens sur les performances zootechniques des facteurs de production identifiés. Une stratégie a été décidée pour le tri des génisses conservées pour le renouvellement et des réformes. Les résultats sont présentés en situation de croisière ; ils n’intègrent pas le progrès génétique. Les modèles additifs élaborés Les facteurs de variations intégrés dans les modèles figurent dans le tableau 5. A titre d’illustration le modèle concernant le GMQ naissance-210 jours est présenté dans la figure 21. ■ Les conditions de naissance et poids de naissance Les difficultés de mise bas résultent d’une incompatibilité foeto-maternelle. Les facteurs de variations pris en compte sont la race, le sexe, le rang de vêlage de la mère et le poids de naissance ; le sexe et le poids de naissance rendent compte de l’effet veau ; les naissances difficiles sont plus fréquentes sur veaux lourds ; le rang de vêlage rend compte du développement de la mère et de sa capacité à vêler. L’effet race est très important. ■ La mortalité des veaux Les conditions de naissance ont une incidence déterminante sur la mortalité des veaux ; elles interviennent en interaction avec le sexe et la race ; 30 à 41 % des veaux meurent après une naissance difficile. La mortalité des veaux est plus importante (+2,8 %) pour les naissances d’hiver (novembre-janvier) et légèrement plus faible (-1,2 %) pour les naissances d’automne (août-octobre). L’effet rang de vêlage est faible (+1 % sur primipares) ; le taux de mortalité plus important constaté sur veaux de primipares est donc principalement lié aux vêlages plus difficiles. ■ La croissance naissance-210 jours Le principal facteur de variation est le rang de vêlage de la mère. Entre un veau de primipare et un veau de vache adulte l’écart est d’environ 100 g par jour. Les veaux de primipares sont pénalisés par la moindre production laitière de leur mère. L’effet sexe est également important ; les mâles réalisent une croissance supérieure de 94 g à celle des femelles ; les naissances difficiles (codes 4 et 3) pénalisent les croissances de 50 à 60 g. Les veaux issus d’un père d’insémination obtiennent en moyenne une croissance supérieure de 60 g par jour comparativement à celle de ceux issus de monte naturelle. Les poids de naissance et la saison de naissance ont également une incidence. Tableau 5 – Les facteurs de variations intégrés dans les modèles de réponse additifs Facteurs explicatifs intégrés Race Sexe Rang de naissance / vêlage Poids de naissance Conditions de naissance Saison de naissance / vêlage Gémellité Origine (IA/MN) Poids à 210 jours Age au premier vêlage Conditions de mise bas Age abattage Poids de carcasse Facteurs à expliquer Conditions Poids de de naissance naissance ✹ ✹ ✹ ✹ Mortalité des veaux ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ GMQ Conditions Intervalle naissance de entre 210 jours mise bas vêlages ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ Age à la réforme ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ Poids Conformation de carcasse carcasse ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ ✹ 9 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Figure 21 - Modèle GMQ naissance – 210 jours Equation GMQ 0 à 210 jours = Base (fonction de la race) + Effet sexe + Effet rang de vêlage de la mère + Effet origine paternelle + Effet saison de naissance + Effet poids de naissance + Effet conditions de naissance Base (en g) Limousine Charolaise Rouge des prés Blonde d’Aquitaine 1025 1050 1070 1080 Effets fixes (en g) Effets de vêlage de la mère Effets sexe Mâles Femelles 47 - 47 Effets origine paternelle Insémination Monte naturelle -60 -6 42 15 Effets saison de naissance 38 - 22 Automne (A-S-O) Hiver (N-D-J) Printemps (F-M-A) Eté (M-J-J) -9 18 12 - 27 Effets conditions de naissance Effets poids de naissance Léger Moyen Lourd Rang 1 Rang 2 Rang 3 à 7 Rang 8 et + -20 0 20 sans aide (1) aide facile (2) aide difficile (3) césarienne (4) 0 0 - 60 - 50 Validation R2 = 0,90 Y = 1,00 X ETR = 22 g L’âge au premier vêlage intervient également sur le poids à 210 jours du premier veau (tableau 6) ; plus le premier vêlage est précoce, plus la concurrence entre la croissance de la primipare et la production laitière est importante. Tableau 6 – Effet de l’âge au premier vêlage sur le poids à 210 jours du premier veau Age au premier vêlage (mois) moins de 28 28 à 32 32,1 à 36 36,1 à 38 Effet sur le poids à 210 jours (kg) -10 -3 3 2 ■ Les conditions de mise-bas L’incidence des conditions de naissance sur les conditions de mise-bas de la primipare et la répétitivité des misesbas difficiles ont été intégrées. ■ L’intervalle entre vêlage L’intervalle entre vêlages est fonction de : 1) la durée de gestation, 2) l’intervalle entre le vêlage et la saillie fécondante. La durée moyenne de gestation est de 287 jours en race Charolaise, 288 jours en race Rouge des prés, 290 jours en race Limousine, et de 294 jours en race Blonde d’Aquitaine. Les conditions de vêlage ont un impact 10 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 très important sur l’intervalle vêlage – saillie fécondante (+ 38 jours après césarienne) ; l’intervalle est augmenté de 11 jours sur primipares ; les vêlages d’hiver (novembre à janvier) entrainent un allongement plus important sur primipares que sur multipares (respectivement + 11 et + 5 jours) ; il existe un effet propre de la race. Tous ces effets sont additifs. ■ L’âge à la réforme Pour un taux de renouvellement donné, la répartition des vaches par rang de vêlage est comparable dans les quatre races ; ce facteur a donc été étudié toutes races confondues. L’âge au premier vêlage et le taux de renouvellement font varier l’âge moyen du troupeau à l’abattage et au vêlage (tableau 7). L’écart entre l’âge au vêlage et l’âge à l’abattage est plus élevé pour les faibles taux de renouvellement. Dans l’hypothèse d’un éleveur produisant des génisses de 3 ans sur les femelles non conservées pour le renouvellement, à un poids de carcasse inférieur de 30 kg à celui des adultes, l’âge moyen et le poids moyen de carcasse de la totalité des femelles produites (vaches + génisses) seraient sensiblement constants. ■ Le poids et la conformation des carcasses Deux paramètres ont été intégrés : le poids à 210 jours des femelles conservées et l’âge d’abattage. Les femelles lourdes à 210 jours produisent des carcasses plus lourdes lors de la réforme. L’âge au premier vêlage conditionne l’âge à la réforme des femelles d’un rang de vêlage donné. Le classement EUROP des carcasses a été codé en note de 1 à 18 (avec 11 = R=, 12 = R+, 13 = U-,…). Le modèle intègre l’amélioration du classement consécutive à l’alourdissement des carcasses. Tableau 7 – Age au vêlage et âge à l’abattage Premier vêlage 36 mois 30 mois Age à Age au Ecart Age à Age au Ecart Taux de l’abat- vêlage renouvellement l’abat- vêlage tage tage 22 % 26 % 30 % 34 % 38 % 7,2 6,6 6,2 5,8 5,5 5,4 5,2 5,0 4,9 4,6 1,8 1,4 1,2 0,9 0,9 6,7 6,1 5,7 5,3 5,0 4,9 4,7 4,6 4,4 4,1 1,8 1,4 1,1 0,9 0,9 Pour en savoir plus sur la méthode : Les bases de données utilisées pour la modélisation ont été stratifiées en fonction des facteurs de variation étudiés ; les variables quantitatives ont été transformées en classes ; cela a permis de réduire la variabilité et de quantifier l’effet moyen de facteurs qualitatifs sur les performances en construisant des modèles de réponse additifs. Les modèles ont été validés en comparant les observations stratifiées avec le modèle ; quatre critères ont été analysés : Le R² (pourcentage de la variabilité expliqué), la relation entre l’estimé (Y) et l’observé (X), l’écart-type résiduel, et une représentation graphique des écarts. Les modèles validés ont un R² supérieur ou égal à 0,90, Y très proche de y = 1,00 x X, et un faible écart-type résiduel. pas d’éliminer toutes les femelles nées difficilement et les jumelles. La plage de taux de renouvellement permettant de trier à la fois sur génisses et sur primipares est d’autant plus importante que la fréquence des vêlages difficiles est faible (figure 22). ■ La stratégie de tri des génisses conservées et des réformes Le choix de tri : 1) maximise le poids à 210 jours des génisses conservées pour le renouvellement, 2) intègre la possibilité d’éliminer les génisses nées difficilement et les jumelles, 3) intègre la possibilité de réformer les primipares à veaux morts et à césarienne. Les génisses élevées pour le renouvellement corrrespondent au taux de renouvellement majoré de 10 % pour prendre en compte les pertes en élevage et les échecs de la mise à la reproduction. La possibilité de réformer les primipares à veaux morts et à césarienne intègre un taux de réformes pour causes indéterminées de 10 % à l’échelle du troupeau. Lorsque les tris sont impossibles les conséquences des conditions de naissance sur les conditions de mise bas des primipares, et de la répétitivité des mises bas difficiles sont intégrées. Eliminer les femelles vêlées difficilement constitue une priorité. ■ Incidence de la saison de vêlage La saison de vêlage a un impact important sur les performances de reproduction. Les intervalles entre vêlages sont dégradés et la mortalité des veaux accrue pour les vêlages d’hiver (novembre à janvier). Dans l’exemple du tableau 8, concernant la race Charolaise l’impact est de 6 jours sur l’IVV moyen et de 4 % sur la mortalité des veaux et le pourcentage de veaux sevrés par vêlage. ■ Le taux de renouvellement adopté conditionne les possibilités de tri des génisses de renouvellement et des vaches à réformer L’augmentation du taux de renouvellement permet d’éliminer les vaches à veaux morts et à césarienne. Cela évite la répétivité des mises bas difficiles et la dégradation des intervalles entre vêlages. Dans les races Rouge des prés et Charolaise un renouvellement très élevé (38 %) ne permet Tableau 8 – Incidence de la saison de vêlage Race Charolaise – Premier vêlage à 36 mois – 34 % de renouvellement Saison de vêlage Intervalle vêlage - vêlage (jours) Mortalité des veaux 0-210 jours (%) Veaux sevrés / vêlages (%) Poids des veaux à 210 jours (kg) Poids de carcasse des vaches (kg) Figure 22 - Les possibilités de tri Vêlage printemps à 36 mois Taux de renouvellement Limousine 22 26 30 34 P 381 11,1 93,5 265 429 Une comparaison entre vêlage de printemps (février à avril) et vêlage d’automne (août à octobre) effectuée dans l’hypothèse d’un premier vêlage à 36 mois et d’un taux de renouvellement de 30 % met en évidence une mortalité des veaux plus élevée de 1,9 % pour les vêlages de printemps. Les veaux sont par contre plus lourds de 4 à 5 kg à 210 jours avec le vêlage de printemps (tableau 9). 38 Génisses Primipares Charolaise Génisses Primipares Génisses Primipares tri possible H 388 13,2 91,4 266 429 A = automne (août à octobre), H = hiver (novembre à janvier), P = printemps (février à avril) Blonde Génisses d'Aquitaine Primipares Rouge des prés A 382 9,2 95,4 260 427 Les risques d’impact sur la mortalité des veaux et sur les intervalles entre vêlages sont à prendre en compte dans le choix des périodes de vêlage. tri impossible Tableau 9 – Incidence de la saison de vêlage - Premier vêlage à 36 mois – 30 % de renouvellement Race Saison de vêlage P Charolaise A Ecart P Limousine A Ecart P Rouge des Prés A Ecart Blonde d'Aquitaine P A Ecart Age au premier vêlage (mois) 36 36 0 36 36 0 36 36 0 36 36 0 Taux de renouvellement (%) 30 30 0 30 30 0 30 30 0 30 30 0 Possibilité de trier les génisses (a) non non non non Possibilité de trier les primipares (b) non non non non Vêlages difficiles (%) 7,8 7,8 0 2,1 2,1 0 12,5 12,5 0 5,8 5,8 0 4,1 4,1 0 0,4 0,4 0 8,1 8,1 0 2,3 2,3 0 Intervalle vêlage - vêlage (jours) 381 382 1 377 379 2 388 389 1 392 394 2 Vêlages gemellaires 4,8 4,8 0,0 1,2 1,2 0,0 5,6 5,6 0,0 2,6 2,6 0 Mortalité des veaux 0-210 jours (%) 10,9 9,0 -1,9 6,8 4,9 -1,9 15,2 13,3 -1,9 10,7 8,8 -1,9 Veaux sevrés / vêlages (%) 93,8 95,7 1,9 94,4 96,3 1,9 90,4 92,3 1,9 91,9 93,8 1,9 Poids des veaux à 210 jours (kg) 266 261 -5 254 250 -4 273 269 -4 270 266 -4 Poids de carcasse des vaches (kg) 432 431 -1 397 395 -2 443 442 -1 516 514 -2 Conformation (note de 1 à 18) 12,0 12,0 0 12,4 12,4 0 10,4 10,4 0 14,7 14,6 -0,1 Age moyen à l'abattage (années) 6,2 6,2 0 6,2 6,2 0 6,2 6,2 0 6,2 6,2 0 Femelles abattues à moins de 8 ans (%) 80 80 0 80 80 0 80 80 0 80 80 0 dont césariennes (%) P = printemps (février à avril), A = automne (août à octobre) (a) sur les jumelles et sur les naissances difficiles (b) sur les femelles à veaux morts et sur césariennes tri possible tri impossible 11 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Tableau 10 – Incidence de l’âge au premier vêlage - Vêlages d’automne – 30 % de renouvellement Race Age au premier vêlage 36 Taux de renouvellement (%) 30 Charolaise 30 Ecart 30 36 0 30 Limousine 30 Ecart 30 0 Rouge des Prés 30 Ecart 36 30 30 0 Blonde d'Aquitaine 36 30 Ecart 30 30 0 Possibilité de trier les génisses (a) non non non non Possibilité de trier les primipares (b) oui non non non Vêlages difficiles primipares (%) 15,3 19,9 4,6 4,1 5,3 1,2 19,0 20,8 1,8 10,9 11,6 0,7 Total vêlages difficiles (%) 7,8 10,0 2,2 2,1 2,4 0,3 12,5 13,1 0,6 5,8 5,6 -0,2 dont césariennes (%) 4,1 5,2 1,1 0,4 0,5 0,1 8,1 8,3 0,2 2,3 2,4 0,1 Intervalle vêlage - vêlage (jours) 382 384 2 379 379 0 389 389 0 394 394 0 Vêlages gemellaires 4,8 4,8 0,0 1,2 1,2 0,0 5,6 5,6 0,0 2,6 2,6 0 Mortalité des veaux 0-210 jours (%) 9,0 9,4 0,4 4,9 5,0 0,1 13,3 13,5 0,2 8,8 8,8 0 Veaux sevrés / vêlages (%) 95,7 95,3 -0,4 96,3 96,2 -0,1 92,3 92,1 -0,2 93,8 93,8 0 Poids des veaux à 210 jours (kg) 261 259 -2 250 248 -2 269 267 -2 266 264 -2 Poids de carcasse des vaches (kg) 431 427 -4 395 393 -2 442 438 -4 514 509 -5 Conformation (note de 1 à 18) 12,0 11,9 -0,1 12,4 12,3 -0,1 10,4 10,3 -0,1 14,6 14,4 -0,2 Age moyen à l'abattage (années) 6,2 5,7 -0,5 6,2 5,7 -0,5 6,2 5,7 -0,5 6,2 5,7 -0,5 Femelles abattues à moins de 8 ans (%) 80 87 7 80 87 7 80 87 7 80 87 7 (a) sur les jumelles et sur les naissances difficiles (b) sur les femelles à veaux morts et sur césariennes ■ Incidence de l’âge au premier vêlage Le vêlage 30 mois, comparativement au vêlage 36 mois se traduit, dans l’exemple du vêlage d’automne, avec un taux de renouvellement de 30 %, présenté dans le tableau 10 par : • une réduction de 2 à 5 kg de carcasse du poids des vaches réformées ; cette réduction s’accompagne d’une diminution de 6 mois de l’âge moyen à l’abattage, et d’un accroissement de 7 % de la proportion des femelles abattues avant 8 ans ; • une réduction de 2 kg du poids des veaux à 210 jours ; • un impact limité sur les performances de reproduction. Avec le vêlage 30 mois la fréquence des vêlages difficiles est légèrement accrue sur primipares ; l’impact à l’échelle de l’ensemble du troupeau est limité. Le vêlage 30 mois a un faible impact sur les performances zootechniques, comparativement à la réduction de 6 mois de la “durée de vie improductive” des génisses. ■ Incidence du taux de renouvellement L’augmentation du taux de renouvellement de 26 à 34 %, présentée dans le tableau 11 dans la situation d’un premier vêlage à 30 mois au printemps de traduit par : • une diminution du poids moyen de carcasse des vaches réformées de 7 à 12 kg selon la race. Cette diminution s’ex- tri possible tri impossible plique par une réduction de l’âge moyen d’abattage de 0,8 année (+6 % de femelles abattues à moins de 8 ans), et par un tri moins sévère du poids des génisses conservées au sevrage. Notons que les vaches abattues jeunes sont susceptibles d’être mieux valorisées par les filières “qualité“ ; • une diminution de 2 à 3 kg du poids des veaux à 210 jours ; • un très faible impact sur les performances de reproduction. L’augmentation du taux de renouvellement permet de réformer les primipares vêlées difficilement ; cela limite l’augmentation globale du pourcentage de vêlages difficiles, la détérioration de l’intervalle entre vêlages, et l’augmentation de la mortalité des veaux. En intégrant le plus faible taux de vêlages gémellaires sur primipares, la réduction du pourcentage de veaux sevrés par rapport aux vêlages est, dans la plage de variation étudiée, compris selon la race entre – 0,3 et – 0,5 %. L’adoption d’un taux de renouvellement élevé permet de réformer toutes les femelles à veaux morts, à vêlage difficile ou hors période. Rappelons que la possibilité d’accroître le progrès génétique, permise par l’augmentation des taux de renouvellement n’a pas été intégrée. L’adoption d’un faible taux de renouvellement , avec un tri rigoureux des génisses conservées permet de maximiser le poids des vaches réformées mais risque de conduire à conserver des femelles improductives. Entre ces deux choix extrêmes l’équilibre à adopter réside dans la capacité à limiter la fréquence des premiers vêlages difficiles par des accouplements raisonnés et une conduite adaptée. Tableau 11 – Incidence du taux de renouvellement - Vêlages de printemps – Premier vêlage à 30 mois Race Taux de renouvellement (%) Age au premier vêlage (mois) 26 Charolaise 34 30 30 Ecart 26 Limousine 34 0 30 30 Ecart 26 0 30 Rouge des Prés 34 Ecart 30 0 Blonde d'Aquitaine 26 34 Ecart 30 30 0 Possibilité de trier les génisses (a) non non non non Possibilité de trier les primipares (b) oui non oui non Vêlages difficiles (%) 9,3 9,8 0,5 2,3 2,6 0,3 12,6 12,5 -0,1 5,6 5,9 0,3 4,8 5,2 0,4 0,4 0,5 0,1 8,0 7,7 -0,3 2,3 2,5 0,2 Intervalle vêlage - vêlage (jours) 382 381 -1 377 378 1 387 385 -2 393 393 0,0 Vêlages gemellaires 4,9 4,6 -0,3 1,2 1,1 -0,1 5,8 5,4 -0,4 2,7 2,5 -0,2 dont césariennes (%) Mortalité des veaux 0-210 jours (%) 11,2 11,3 0,1 6,8 7,0 0,2 15,2 15,3 0,1 10,7 10,8 0,1 Veaux sevrés / vêlages (%) 93,8 93,3 -0,5 94,4 94,1 -0,3 90,6 90,1 -0,5 92,1 91,7 -0,4 Poids des veaux à 210 jours (kg) 265 263 -2 253 251 -2 272 270 -2 270 267 -3 Poids de carcasse des vaches (kg) 432 424 -8 398 391 -7 444 434 -10 517 505 -12 Conformation (note de 1 à 18) 12,1 11,7 -0,4 12,5 12,2 -0,3 10,5 10,2 -0,3 14,7 14,2 -0,5 Age moyen à l'abattage (années) 6,1 5,3 -0,8 6,1 5,3 -0,8 6,1 5,3 -0,8 6,1 5,3 -0,8 Femelles abattues à moins de 8 ans (%) 83 89 6 83 89 6 83 89 6 83 89 6 (a) sur les jumelles et sur les naissances difficiles 12 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 (b) sur les femelles à veaux morts et sur césariennes tri possible tri impossible Mesurer l’intérêt économique de différentes stratégies de renouvellement En matière de reproduction des troupeaux allaitants, les éleveurs sont confrontés à de nombreux choix techniques (tri des reproductrices, niveau de renouvellement, âge au vêlage,…) dont les impacts économiques et techniques ne sont pas toujours aisément discernables. Entre les objectifs de l’éleveur, les qualités du troupeau, les facteurs zootechniques qui sont en jeu et leurs nombreuses interactions, il n’est pas évident au niveau de l’exploitation d’anticiper les résultats techniques et économiques de ces choix. Le modèle technique présenté précédemment permet d’apporter des repères de performances zootechniques du troupeau (reproduction, poids) en fonction : Les cas-types Réseaux d’élevage : un outil pour la simulation technico-économique Les “cas-types” sont des outils développés par les Réseaux d’élevage. Elaborés à partir du suivi de fermes de références, ils décrivent des systèmes de production dans leurs contextes (situation, moyens de production,…), en détaillant finement les fonctionnements mis en œuvre (système fourrager, conduite du troupeau, équipements…) et les résultats techniques et économiques qui en découlent. Un cas-type est représentatif d’un groupe d’exploitations similaires et homogènes dans leurs fonctionnements et leurs pratiques. - des contraintes de tri des reproductrices, - de l’âge au premier vêlage, - de la période de naissance, - du taux de renouvellement. Simuler des stratégies de renouvellement à l’échelle d’une exploitation grâce aux “cas-types” des Réseaux d’élevage A partir de ces éléments techniques, il est possible d’évaluer l’intérêt économique de plusieurs scénarios de reproduction à l’échelle de l’exploitation. Ainsi, nous avons exploré l’intérêt économique de plusieurs stratégies de renouvellement, en testant sur un “cas-type” d’exploitation viande bovine (voir encadré) différentes options : - d’âges au vêlage combinées avec des périodes de vêlage - de taux de renouvellement. Pour évaluer l’impact économique des choix possibles en matière de stratégie de reproduction, nous retenons le castype “Naisseur Engraisseur Semi Intensif” (NESI) décrit par les Réseaux d’élevage Pays de la Loire-Deux Sèvres(1) comme support de la simulation économique. Quelques éléments concernant l’assolement, le fonctionnement du troupeau, les performances animales et économiques du NESI sont présentés ci-après (Figure 23 et tableau 12). Figure 23 - Description du fonctionnement du cas-type Naisseur Engraisseur Semi Intensif Naisseur Engraisseur Semi Intensif Charolais 1,2 UMO - 85 ha de SAU - 70 vêlages - 118 UGB - 1,6 UGB/ha de SFP Double saison de vêlage 20/08 au 5/10 35 vêlages dont 11 génisses 20/02 au 30/03 35 vêlages dont 11 génisses Ventes du troupeau 20 vaches 430 Kgc 8 génisses 400 Kgc 32 jeunes bovins 425 Kgc 1 vache adulte perte 1 vache adulte accident 1 jeune bovin accident 2 broutardes 1 veau 70 vêlages 74 veaux nés 66 veaux sevrés Pour disposer de sa description technique complète, se référer à la brochure “Systèmes Bovins Viande en Pays de la Loire-Deux Sèvres” - cas-types (2008), publiée par les Réseaux d’Elevage Pays de Loire-Deux Sèvres (www.agrilianet.com) Les résultats économiques 2009 de ces cas-types sont disponibles : brochure “Systèmes Bovins Viande en Pays de la Loire-Deux Sèvres” - résultats 2009 (www.agrilianet.com) (1) 33 mâles 33 femelles 13 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Tableau 12 – Eléments de description techniques et économiques du cas-type NESI Charolais Surfaces Troupeau Economie (conjoncture 2009) SAU 85 ha Taux de renouvellement 31 % Herbe 63 ha Âge au premier vêlage 11 ha (10,5 T MS/ha) Maïs Céréales Paille achetée 11 ha (65 qtx/ha) 91 T Production de viande vive 30 mois Résultat courant 17 360 € 46 370 kg Coût alimentaire 265 €/UGB 2,3 T MS/UGB Frais d’élevage 194 €/UGB Concentrés consommés 0,6 T MS/UGB Dont paille 71 €/UGB La méthode et les hypothèses Les différentes simulations sont réalisées à chargement constant (1,6 UGB de chargement), et sans modification de la SAU. Cela signifie que les évolutions d’effectifs animaux et les évolutions de leurs besoins en surfaces se répercutent sur l’assolement en céréales (prioritairement les surfaces en céréales vendues, puis, si besoin les surfaces autoconsommées en procédant à des achats de concentrés de substitution). Par ailleurs, les modifications d’effectifs animaux (génisses, vaches) à l’intérieur du système de production sont corrigées des besoins alimentaires des animaux concernés par ces évolutions : les besoins alimentaires des catégories vaches et génisses sont prévus en fonction des conduites retenues dans le scénario et non pas seulement en fonction de l’évolution des UGB globaux. Les différents scénarios s’établissent dans le cadre des contraintes du système Naisseur Engraisseur semi-intensif, et dans la conjoncture économique de l’année 2009. Ils prennent en compte les impacts sur : A : les modifications de surfaces (charges en plus ou moins pour la surface fourragère et les cultures, et éventuellement les variations de produits cultures, en fonction des scénarios (prix de vente du blé de : 130 €/T), B : les variations de consommation des concentrés, C : les aides couplées de la PAC, Les effets A,B, et C sont regroupés dans les tableaux de données et les commentaires sous la dénomination “charges végétales liées aux surfaces”, D : les frais d’élevages (frais vétérinaires, de reproduction, identification...), E : la paille achetée, F : les charges de bâtiments (entretien et amortissements), notamment dans les cas d’augmentations d’effectifs (par hypothèse tous les animaux sont logés), ainsi que l’eau et l’électricité. Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 35 270 € Fourrages stockés Avec 70 vêlages (70 PMTVA) répartis en deux lots de tailles équivalentes (début automne et début printemps), le système permet de sevrer 66 veaux (0,94 veau/vêlage). L’âge au vêlage des primipares est de 30 mois. Une grande partie des animaux, tant mâles que femelles, est engraissée. Une partie des céréales est autoconsommée (4,7 ha), ce qui représente 38 % des concentrés consommés. Le système dégage 35 270 € d’EBE en 2009 ; il comporte 85 DPU à 185 €/ha. 14 EBE G : l’évolution de la MSA, H, I, J : les écarts de performances du troupeau entre le scénario testé et le cas-type (voir encadré). Ils ne prennent pas en compte les impacts sur la mécanisation et les autres charges de structures. Les performances du troupeau données par le modèle et analysées Les résultats de conduite d’élevage et les performances donnés par le modèle permettent de prendre en compte les éléments suivants : H : des effets valorisation des carcasse liés aux croissances et aux poids (appelés “effets poids” dans les tableaux de données et les commentaires) - l’écart de valeur des carcasses des vaches de réformes (différentiels poids de carcasse et classements), - l’écart de valorisation lié à la proportion de vaches de plus de 8 ans abattues (hypothèse : -25 centimes/kg carcasse pour les vaches de plus de 8 ans), - l’écart économique lié au différentiel de poids vif des broutards à 210 jours (rapporté en jours d’engraissement en plus ou moins sur les bilans alimentaires des jeunes bovins) ; I : des effets de substitution des vaches de réformes par des génisses ou inversement (appelés “effets substitution” dans les tableaux de données et les commentaires) - l’écart de valorisation économique lié à la substitution de vaches de réformes par des génisses de boucheries (rappel : 400 kg de carcasse), dans les scénarios “taux de renouvellement” uniquement, - l’écart de coût alimentaire lié à la substitution de génisses d’élevage (30 mois) par des génisses de boucherie (33 mois) ; J : des effets liés aux pratiques de reproduction (appelés “effets reproduction” dans les tableaux de données et les commentaires - l’écart économique lié à la différence de veaux sevrés/vêlage (rapporté au produit bovin (hors aides) plus les aides bovines couplées, moins les charges opérationnelles bovines), - l’écart économique lié à la proportion de vêlages difficiles (hypothèse : 1 vêlage difficile sur 3 avec visite vétérinaire et produits, soit coût direct par vêlage difficile de 40 1), - l’écart économique lié à la proportion de césarienne (hypothèse : coût direct d’une césarienne fixé à 250 1), - l’écart économique lié à la variation d’IVV (rapporté aux frais d’élevage et au coût alimentaire des vaches). Les scénarios “Age au premier vêlage et période de vêlages” Dans un premier temps, le “cas-type” qui fonctionne en double saison de vêlage, et 30 mois d’âge au premier vêlage est comparé avec 3 autres conduites de vêlages : - une double saison de vêlages à 36 mois (mesure de l’effet âge au vêlage uniquement) - une simple saison de vêlages à 36 mois au printemps (double effet âge et période) - une simple saison de vêlages à 36 mois à l’automne (double effet âge et période). Les taux de renouvellement pour l’ensemble de ces scénarios sont fixés à 31 % (22 génisses de renouvellement). Vêler à 36 mois génère 5 fois plus de charges que de produit supplémentaire créé Les résultats sont exprimés en écart par rapport au castype (tableau 13). Aucun des scénarios proposant des vêlages à 36 mois n’améliore la performance économique du système par rapport à une conduite en double saison de vêlage à 30 mois. Les conduites à 36 mois en double ou simple saison de vêlage dégradent le résultat économique de 130 à 180 € par génisse renouvelée. L’amélioration du produit viande liée à la revalorisation des carcasses ne permet jamais d’effacer les charges supplémentaires qui sont engagées pour entretenir les UGB supplémentaires (9 à 11 UGB de plus en conduite 36 mois). En comparant la double saison de vêlage à 30 mois avec la double saison à 36 mois, les effets liés aux modifications de surfaces, de frais d’élevage et de logement pèsent 5 fois plus (5 435 €) que les produits supplémentaires générés par le troupeau, tant du point de vue de la revalorisation des carcasses que de l’amélioration des conditions de naissance et de la réduction de la mortalité des veaux (1 079 € au total). Avec des réductions de 5,6 à 6,9 ha de la sole en céréales, les systèmes vêlant à 36 mois dégradent de façon importante leurs ressources en paille qui devront être couvertes par des achats supplémentaires (+1 540 € à +1 740 €). De la même façon, les ventes de céréales sont quasi nulles dans le scénario “vêlage double saison 36 mois”, et le “vêlage 36 mois printemps” doit même avoir recours à de l’achat de céréales (équivalent de 0,6 ha) pour maintenir son niveau d’autoconsommation. Enfin, concernant les simples saisons de vêlage à 36 mois, il est intéressant de noter que la conduite en vêlage 36 mois printemps, malgré des poids un peu plus élevés (poids à 210 jours des broutards et poids de carcasse vaches), est économiquement plus pénalisée que la conduite 36 mois en vêlage automne qui bénéficie d’un ratio veaux sevrés/vêlage sensiblement supérieur de 1,90 %. En bref, le niveau des charges à engager en conduite 36 mois explique en grande partie la dégradation des résultats économiques ; la période 30-36 mois étant dans ce cas une période de productivité limitée mais coûteuse en entretien des animaux supplémentaires qu’elle implique. Tableau 13 – Résultats de l’analyse des scénarios “Age au vêlage et période de naissance” 36 mois double saison 22 128 11,00 69,27 4,73 2 845 2 1 651 2 142 2 797 2 36 mois vêlage printemps 22 129 11,00 69,89 4,11 3 118 2 1 543 2 156 2 882 2 5 435 3 5 699 3 5 449 3 3,0 kg 0,03 2/kgc 2,0 kg 437 3 3,5 kg 0,03 2/kgc 4,5 kg 424 3 2,5 kg 0,02 2/kgc -0,5 kg 153 3 Ecart technique veaux sevrés / vêlage Ecart technique vêlage difficile Ecart technique césarienne Ecart technique IVV en j Ecart économique liés aux effets "reproduction" 0,20 % -1,40 % -0,70 % -2,0 j 642 3 -0,75 % -1,40 % -0,70 % -2,5 j -85 3 1,15 % -1,40 % -0,70 % -1,5 j 1 384 3 Total écart lié aux résultats du troupeau 1 079 3 339 3 1 537 3 -3 267 3 -148 2 -1 089 3 -4 020 3 -183 2 -1 340 3 -2 934 3 -133 2 -978 3 Age au vêlage Nombre de femelles réformées Nombre d'UGB Surface en maïs (ha) Surface en herbe (ha) Surface en céréales (ha) Charges végétales (liées aux modification de surface) Paille achetée Frais d'élevage hors paille Charges de structure (eau, électricité, bâtiments) Total écart charges végétales, frais d'élevage et de structures Ecart poids de carcasse des vaches de réforme Ecart de prix des vaches de réforme au kg de carcasse (effet classement) Ecart technique lié au P210 des broutards (kg poids vif) Ecart économique lié aux effets "poids" Evolution de revenu (net MSA) soit par génisse renouvelée (MSA pour info) 30 mois double saison cas type 22 118 11,00 63,00 11,00 36 mois vêlage automne 22 127 11,00 68,64 5,36 2 851 2 1 749 2 137 2 712 2 (Nota : pour les informations monétaires +: signifie augmentation de charges ou de produits et -: signifie diminution de charges ou de produits) 15 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Les scénarios “Taux de renouvellement” Ici, le “cas-type” fonctionnant avec un taux de renouvellement de 31,4 % (22 génisses de renouvellement) est comparé avec 3 autres taux de renouvellement, dans une conduite en double saison, à 30 mois d’âge au premier vêlage, soit : • 34,2 % de renouvellement (24 génisses) • 28,6 % de renouvellement (20 génisses) • 25,7 % de renouvellement (18 génisses). Par rapport aux scénarios “Âge au vêlage et saison de vêlage”, les résultats ci-dessous intègrent deux effets supplémentaires liés à l’incorporation de plus de vaches de réformes et donc la diminution du nombre de génisses de boucherie, ou inversement : • un effet relatif aux valeurs des carcasses de vaches et de génisses qui se substituent. Le poids des génisses de boucherie de 33 mois est fixé à 400 Kg de carcasse et le différentiel de prix à +0,20 €/kg de carcasse en faveur des génisses. • un effet prenant en compte les écarts de bilans alimentaires entre les catégories animales qui se substituent. Un optimum économique entre 31 et 34 % de renouvellement Les résultats sont toujours exprimés en écart par rapport au cas-type (tableau 14). Les scénarios “taux de renouvellement” font apparaître une ampleur de variation des résultats économiques beaucoup plus réduite que les scénarios “âge au vêlage” : respectivement de -100 à -500 € contre -3 000 à -4 000 €. Pour différentes raisons, aucun des taux de renouvellement étudiés ne semble améliorer le résultat économique du cas-type fonctionnant avec 30 % de renouvellement : ■ le scénario avec un renouvellement élevé (34,7 %) est le seul qui réduit ses charges (grâce à une légère réduction du nombre d’UGB et à l’impact sur le bilan alimentaire de la substitution des génisses de boucherie de 33 mois par des futures primipares de 30 mois) soit une baisse de 336 € sur ces postes. Mais l’écart observé sur la valorisation des carcasses de vaches et les impacts sur l’engraissement (poids à 210 jours des jeunes bovins) pèsent pour environ 520 € dans la diminution des produits quand les facteurs de reproduction représentent 230 € de diminution de produits. Au final le résultat économique est quasi identique avec celui permis par une politique de renouvellement de 31,4 %. ■ Les scénarios à 25,7 % et 28,6 % de renouvellement réagissent de façon identique, mais avec une ampleur différente (respectivement -496 € et -210 €). Les charges sont en hausse (UGB supplémentaires, bilans alimentaires plus exigeants pour les génisses finies, manque à gagner céréales…). Tableau 14 – Résultats de l’analyse des scénarii “taux de renouvellement” Taux de renouvellement en % 25,70 % 28,60 % 31,40 % 34,20 % Nombre de femelles réformées Nombre d'UGB Surface en maïs (ha) Surface en herbe (ha) Surface en céréales (ha) Charges végétales (liées aux modification de surface) Paille achetée Frais d'élevage hors paille Charges de structure (eau, électricité, bâtiments) 18 119,20 11,07 63,43 10,50 265 2 97 2 34 2 48 2 20 118,80 11,04 63,21 10,75 137 2 48 2 17 2 24 2 22 118,40 11,00 63,00 11,00 24 118,00 11,96 62,75 10,29 -156 2 -48 2 -17 2 -10 2 Total écart charges végétales, frais d'élevage et de structures 444 3 226 3 -231 3 4 kgc 0,03 2/kgc 1,5 kg 332 3 2 kgc 0,01 2/kgc 0,8 kg 208 3 -4,5 kgc -0,01 2/kgc 1,5 kg -457 3 Ecart économique lié aux effets "subsitution" -830 3 -397 3 336 3 Ecart technique veaux sevrés / vêlage Ecart technique vêlage difficile Ecart technique césarienne Ecart technique IVV en j Ecart économique liés aux effets "reproduction" 0,30 % -0,70 % -0,40 % -1 j 279 3 0,15 % -0,35 % -0,20 % -0,5 j 136 3 0,30 % 0,40 % 0,40 % 0,5 j -231 3 Total écart lié aux résultats du troupeau -218 3 -54 3 -352 3 -496 3 -28 2 -166 3 -210 3 -10 2 -70 3 -90 3 -4 2 -30 3 Ecart poids de carcasse des vaches de réforme Ecart de prix des vaches de réforme au kg de carcasse (effet classement) Ecart technique lié au Pvif JB (kg poids vif à 210 j) Ecart économique lié aux effets "poids" Evolution de revenu (net MSA) soit par génisse renouvelée (MSA pour info) (Nota : pour les informations monétaires +: signifie augmentation de charges ou de produits et -: signifie diminution de charges ou de produits) 16 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 L’amélioration des critères de reproduction et la meilleure valorisation des carcasses de ces deux scénarios ne permettent pas de récupérer la hausse des charges et la baisse des ventes de céréales. Néanmoins, les conclusions concernant les scénarios “taux de renouvellement” doivent être relativisées au regard du niveau de réponse obtenu ; avec une variation de -90 à -500 € seulement, les scénarios analysés nous donnent plutôt une tendance se situant entre un résultat étal ou légèrement dégradé par rapport au cas-type. 100 50 31 % 0 Evolution en 2 ■ En observant les résultats des 4 scénarios, il semble qu’en terme de résultat économique, le taux de renouvellement de 31 % place le cas-type à proximité de son optimum économique (figure 24). Figure 24 - Evolution du revenu du cas-type NESI en fonction de différents taux de renouvellement -50 -100 -150 -200 -250 -300 -350 -400 -450 -500 -550 -600 34 % 29 % 26 % 25 % 30 % 35 % Taux de renouvellement La réponse apportée sur la problématique de l’âge au vêlage des génisses démontre la forte sensibilité de nos systèmes allaitants à la maîtrise de ce facteur. S’orienter vers des stratégies de vêlage à 30 mois en deux saisons strictement respectées s’avère être un choix économiquement payant. Les freins au développement de cette pratique se situent de moins en moins au niveau des performances animales à atteindre, mais peut-être plus au niveau de l’organisation de travail (allotement, cases et bâtiments). Sans être une solution à toutes les situations (taille de cheptel) et notamment les situations à fortes contraintes pédoclimatiques (type zones humides, marais), cette conduite mérite d’être envisagée dans la grande majorité des exploitations viande bovine. Concernant, les résultats “taux de renouvellement”, en sus de la proximité des résultats observés dans les simulations, il faut aussi les juger en fonction des limites de l’exercice. En l’occurrence plusieurs facteurs n’ont pas pu être intégrés dans la réflexion ; ils avantagent en général les taux de renouvellement élevés : • un meilleur niveau de prix pour les jeunes vaches : cet aspect plus favorable pour les taux de réformes élevés est observé de façon trop aléatoire depuis quelques mois sur le marché pour faire l’objet d’une hypothèse durable. Il n’a pas été pris en compte, • la vitesse du progrès génétique : cet aspect est en règle générale plus favorable dans la durée aux taux de réformes élevés. Il n’a pas été pris en compte car ces simulations sont “photographiques” et non “dynamiques”, • le traitement de la réforme des vaches âgées (rangs de vêlage 9 et plus) : bien que peu présentes dans les troupeaux des scénarios étudiés (entre 1,5 et 3,5 %), elles sont tout de même 2 fois plus fréquentes dans le renouvellement à 25,7 % que dans celui à 34,2 %. Or, au moment de la réforme, les élevages pratiquent aussi bien la vente en maigre qu’en gras sur ces animaux parfois difficiles à engraisser. La probabilité de vendre ces animaux en maigre est plus faible chez les taux élevés de renouvellement ; il n’a pas été estimé, • les variations de charges alimentaires d’entretien liées au gabarit des vaches présentes ne sont pas prises en compte, • pour les besoins de la simulation, les résultats des scénarios déterminent de nouveaux assolements répondant aux besoins des animaux. Ces assolements peuvent parfois se heurter à des problèmes de cohérence ou de contrainte agronomique. Ils peuvent se traduire sur le terrain par des adaptations des éleveurs à ces contraintes qui modifient donc le système (fourrages, alimentation). Le panel des contraintes et adaptions étant potentiellement large, il n’est pas possible de poser des hypothèses plus pertinentes que d’autres en la matière. Cet aspect n’est pas intégré dans la simulation. 17 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Les conditions de réussite de l’élevage des génisses Pour réussir l’élevage des génisses il est conseillé de : • choisir des périodes de vêlages, • adapter les rythmes de croissance à l’âge au premier vêlage, • tenir compte du poids adulte des vaches, • assurer un bon démarrage des veaux, • atteindre un poids suffisant lors de la mise à la reproduction, • assurer un suivi efficace de la reproduction, • rechercher des croissances hivernales modérées, • réussir la conduite du pâturage, • gérer les strongles, • surveiller la fin de gestation, • séparer les primipares pour leur apporter une alimentation spécifique. Les rythmes de croissance à adopter au cours de la période d’élevage dépendent de la saison de vêlage, de l’âge au premier vêlage, et du poids adulte des vaches. Choisir des périodes de vêlage ■ Le choix de périodes précises de vêlage facilite le suivi de la reproduction et la constitution de lots homogènes. Une durée de 3 mois par période paraît raisonnable. Il faut pour cela : 1) décider des dates de début et de fin de période de reproduction et s’y tenir avec rigueur, 2) élever suffisamment de génisses pour s’imposer la réforme systématique des vaches improductives, ou vêlant hors période. ■ Le vêlage d’automne (août à octobre), est exigeant au niveau de l’alimentation hivernale des mères ; il facilite l’utilisation de l’insémination, réduit les risques de pertes de veaux, et permet un sevrage des veaux avant la sécheresse estivale. ■ Le vêlage de printemps (février à avril) est moins exigeant au niveau de l’alimentation hivernale des vaches ; les risques de pertes de veaux sont plus élevés ; les veaux sont en général plus lourd à 210 jours. Une offre d’herbe abondante au cours du pâturage de printemps favorise l’obtention de bonnes performances de reproduction. ■ Le vêlage d’hiver (novembre à janvier) cumule les risques de pertes de veaux et de non maîtrise des intervalles entre vêlages. 18 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 ■ La double période de vêlage (automne et printemps) présente de nombreux atouts : 1) elle permet de réduire le coût de production des génisses en les faisant vêler à 30 mois, 2) un meilleur étalement des ventes, 3) une meilleure valorisation du pâturage, 4) une réduction des risques sanitaires consécutifs à une concentration d’un grand nombre de naissances sur une seule période... Elle nécessite par contre un respect rigoureux des périodes de reproduction pour ne pas aboutir au cas fréquent de vêlages étalés de août à mai. Cette technique convient bien pour des troupeaux d’une taille minimum de 50 vaches. Adapter les rythmes de croissance à l’âge au premier vêlage ■ Le vêlage à 3 ans Le vêlage à 3 ans est préconisé dans les élevages ayant une seule période de vêlage. Dans ces élevages, les génisses doivent être mises à la reproduction en début de période de façon à : 1) obtenir l’essentiel des vêlages entre 32 et 36 mois, 2) maintenir la date moyenne des vêlages en tolérant un intervalle entre vêlages légèrement plus long entre le premier et le deuxième vêlage, 3) minimiser au maximum la fréquence des premiers vêlages entre 36 et 39 mois. Cet âge au premier vêlage est compatible avec des rythmes de croissance modérés ; il permet de faire jouer fortement la croissance compensatrice et d’atteindre dès le premier vêlage une proportion d’environ 90 % du poids adulte. ■ Le vêlage à 30 mois Le vêlage 30 mois est à privilégier dans tous les troupeaux conduits en double période de vêlage car, comparativement au vêlage 3 ans : 1) il améliore l’efficacité économique du système de production, 2) il a un faible impact sur les performances zootechniques, 3) il ne nécessite qu’un accroissement modéré des rythmes de croissance et un meilleur suivi de l’alimentation des primipares, 4) il présente beaucoup moins de risques de non maîtrise que le vêlage deux ans. Cette technique est utilisée, avec entière satisfaction, sur les fermes expérimentales des Etablières (85) et de Thorigné-d’Anjou (49). ■ Le vêlage à deux ans Cette technique est très peu utilisée dans la région ; elle nécessite une excellente maîtrise technique. Elle fait l’objet d’un développement spécifique page 26. Tenir compte du poids moyen adulte des vaches Il faut assurer un bon démarrage des veaux Nous assistons à un alourdissement progressif des carcasses des vaches réformées ; la sélection sur la croissance et le développement squelettique conduit à une augmentation importante du poids des vaches. Les vaches atteignent le poids adulte vers 6-7 ans. Le poids adulte considéré est le poids après vêlage. Ce poids n’est pas mesuré dans les élevages ; Il est possible de l’estimer chez les éleveurs engraissant les vaches à partir (tableau 15) : ■ Un retard de croissance pendant la phase d’allaitement est difficilement compensé par la suite. L’essentiel de l’avantage de croissance acquise sous la mère par le potentiel de croissance de l’animal et par la production laitière de la mère est conservé. ■ du poids de carcasse, ■ Les femelles conservées pour le renouvellement seront donc choisies parmi les femelles lourdes et développées au sevrage, tout en intégrant les conditions de naissance et la gémellité. Bovins Croissance fournit aux éleveurs de la base de sélection les outils nécessaires pour un tri rigoureux et objectif des femelles conservées pour le renouvellement. ■ du rendement carcasse, qui permet d’estimer le poids vif moyen à l’abattage. Le rendement varie principalement avec la race, la conformation, le poids de carcasse et l’âge. Il tend à augmenter avec l’alourdissement des carcasses et à baisser avec l’âge d’abattage. Les rendements retenus pour l’estimation du poids vif à l’abattage sont centrés respectivement sur 58, 54, 53, et 52 % pour les races Blonde d’Aquitaine, Limousine, Charolaise, et Rouge des prés. ■ du gain de poids entre vêlage et abattage (reprise de poids et d’état au pâturage et gain de poids en phase de finition), qui permet d’estimer le poids moyen des vaches au vêlage. Ces gains de poids par vache peuvent en première approche être estimés à 90 kg par vache dans les races Charolaise, Rouge des prés et Limousine, et à 130 kg dans la race Blonde d’Aquitaine (finitions plus longues). ■ de l’âge moyen d’abattage, dans les élevages à vêlage précoce, et ou à taux de renouvellement élevé une part importante des vaches est abattue avant l’âge adulte. Il faut donc également intégrer ce facteur. ■ Les femelles les plus lourdes et les plus développées à 210 jours produisent lors de la réforme des carcasses plus lourdes. ■ Dans le cas d’un premier vêlage à 30 ou à 36 mois, l’objectif raisonnable de croissance naissance sevrage est de 1 000 g par jour en race Limousine, et de 1 050 g par jour dans les autres races. Une croissance majorée de 100 g par jour est nécessaire dans le cas du vêlage à deux ans. Atteindre un poids suffisant lors de la mise à la reproduction ■ Pour une race donnée, la puberté (définie comme l’âge d’apparition des premières chaleurs) intervient à développement squelettique et pondéral constant ; elles est tardive dans les races allaitantes : 55 % du poids vif adulte en race Charolaise, 60 % dans les races Limousine et Tableau 15 – Estimation du poids adulte Race Limousine Charolaise Rouge des Prés Blonde d'Aquitaine Age moyen abattage 6,5 5,5 6,5 5,5 6,5 5,5 6,5 5,5 375 600 à 615 615 à 630 400 645 à 660 660 à 675 425 690 à 705 700 à 715 705 à 720 720 à 735 720 à 740 740 à 755 Poids de carcasse (kg) 450 475 735 à 750 745 à 760 750 à 765 795 à 810 765 à 780 810 à 830 765 à 785 810 à 830 785 à 800 830 à 845 685 à 700 700 à 705 Le potentiel et les objectifs de croissance sont fonction de ces poids adultes. Dans chaque race la variabilité entre les troupeaux est très importante. Les recommandations doivent donc être adaptées au cas par cas. Cela nous amène à les formuler en % du poids adulte et non en poids. Entre des vaches adultes de 650 et de 800 kg l’écart dans les objectifs de croissance hivernale atteint 150 g/jour. Prenons l’exemple d’un élevage Limousin conduit avec un taux de renouvellement élevé et abattant des vaches d’un poids moyen de 425 kg de carcasse à 5,5 ans. Le poids vif adulte est estimé à 700-715 kg. Le poids de carcasse de 425 kg correspond en effet à un poids vif à l’abattage de 787 kg (425kg / 54 %), à un poids vif après vêlage de 697 kg (787 kg –90 kg), et à un poids vif adulte d’environ 710 kg en intégrant l’effet de l’âge moyen d’abattage. 500 525 550 840 à 857 855 à 870 855 à 870 870 à 890 725 à 740 745 à 760 765 à 780 785 à 800 805 à 820 825 à 840 Blonde d’Aquitaine. Cela limite la possibilité du vêlage à deux ans. ■ Un poids suffisant à la saillie (65 à 70 % du poids adulte) est souhaitable pour une première lactation satisfaisante et une bonne longévité des vaches. Si non, la reproduction est compromise par la non cyclicité des génisses dont la puberté est tardive et l’anoestrus des vaches primipares insuffisamment développées. ■ Pour les génisses en état médiocre, la fertilité est améliorée par la pratique du flushing; il peut se réaliser par l’apport d’un complément énergétique de 2 UFL pendant 6 semaines, en démarrant 3 semaines avant la mise à la reproduction. ■ Il faut néanmoins éviter des croissances élevées en phase prépubertaire. Des travaux en race laitière et en race 19 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 à viande anglo-saxonnes (TROCCON J.L., PETIT M., 1989) ont en effet montré qu’une croissance et un engraissement excessif au cours de cette période sont préjudiciables au développement mammaire, et à la production laitière ultérieure. Rappelons que nous avons montré que ces croissances élevées sont rares dans les conditions de production des élevages de la base de sélection des Pays de la Loire. Assurer un suivi efficace de la reproduction ■ Détecter les chaleurs pour réduire l’intervalle vêlage-vêlage La détection des chaleurs est l’élément clé de la bonne gestion de la reproduction. Il existe à l’heure actuelle plusieurs systèmes d’aide à la détection, la surveillance et l’œil de l’éleveur restent cependant un des meilleurs moyens pour suivre la reproduction de son troupeau. ■ Les conditions pour une bonne détection des chaleurs Tout d’abord les femelles doivent être bien cyclées, pour une bonne expression des chaleurs. Si ce n’est pas le cas, il faut penser à revoir les conditions d’alimentation et d’élevage et éventuellement faire contrôler l’activité ovarienne, par palpation ou échographie. L’acceptation du chevauchement et le chevauchement des autres vaches restent les comportements qui indiquent le mieux la déclaration en oestrus. Il est primordial de passer au minimum matin, midi et soir afin de détecter tout comportement inhabituel d’une femelle. ■ Les moyens utilisables Le planning (calendrier de reproduction) est un moyen simple qui permet l’enregistrement des vêlages et des chaleurs repérées afin de cibler l’observation des animaux. Un taureau vasectomisé identifiera les femelles en chaleurs, mais des risques sanitaires et d’accident sont présents. Les systèmes de détecteurs de chevauchement (KAMAR (1), Oestrotech (2)) sont des moyens simples mais qui nécessitent un passage régulier de l’éleveur et qui ne détectent pas les signes secondaires des chaleurs. L’avènement des nouvelles technologies a permis de mettre au point des systèmes de détection des chaleurs automatiques basés sur l’activité des vaches : le Heatime (3), le Heat Phone (4) ou encore le Heat box (5). Aujourd’hui, le système Heatime permet de détecter 95 % des chaleurs soit l’équivalent d’un taureau dans un troupeau. L’insémination doit ensuite avoir lieu durant la seconde moitié des chaleurs voire quelques heures après. ■ Synchroniser les chaleurs pour grouper les périodes de reproduction Figure 25 - Protocole de synchronisation des chaleurs Spirales JO Pose spirale Prid pendant 8-9 jours Injection 24 h avant le 1 flacon retrait Enzaprost • Retrait spirale J+8 ou • Injection 1 flac. J+9 PMSG 400 56 heures après le retrait IA Implants JO Pose implant 48 h Injection CRESTAR pendant avant le 1 flacon 9-11 jours retrait Enzaprost (+RECEPTAL J+9 à J+11 • Retrait implant • Injection 1 flac. PMSG 400 injection 2,5 ml) 20 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 48 heures après le retrait IA Lorsque les conditions d’élevage sont non maîtrisées les femelles sont en anoestrus. Les femelles non cyclées ont des résultats à la reproduction décevants, c’est pourquoi il est intéressant d’induire un cycle, par la méthode de synchronisation des chaleurs. Cette technique permet de grouper les périodes de vêlage et ainsi de mieux maîtriser sa productivité numérique. Deux moyens sont couramment utilisés (figure 25) : la pose de spirales, un système intra utérin et la pose d’implants, un système intra auriculaire. Quelque soit la méthode, les résultats sont équivalents. On estime à 51 % le pourcentage de femelles pleines à la 1re IA, une bonne détection des retours à 3 semaines permet d’arriver à 70 % de vaches gestantes, ce qui est équivalent à l’IA sur chaleurs naturelles. Le contrôle de gestation audelà de 30 jours permet ensuite de vérifier la réussite du chantier de reproduction. ■ Réaliser un constat de gestation pour repérer les vaches improductives Figure 26 - Protocole de constat de gestation en fonction du temps après IA J0 J 21 Insémination Animale J 30 J 45 et + J 280 Palper rectal Vêlage Dosage PSPB Retour en chaleurs Echographie L’objectif de tout éleveur est d’avoir un veau par vache et par an. Pour ce faire, il est nécessaire de s’assurer de l’état de gestation le plus rapidement après la mise à la reproduction. Les femelles non gestantes sont ainsi remises à la reproduction ou réformées ; ceci permet de gérer plutôt que de subir les réformes. Il existe trois méthodes fiables : le palper rectal, l’échographie et le dosage hormonal (PSPB). Les moyens les plus courants sont la palpation rectale et l’échographie qui seront utilisés selon le stade de gestation (figure 26). Dans le cas d’un troupeau vêlant à l’automne, un contrôle systématique de gestation par échographie, pourra par exemple être effectué en fin d’hiver avant la mise à l’herbe, au minimum 30 jours après la fin de la période de reproduction. ■ Le vêlage : la clé pour une bonne reproduction Il est conseillé d’utiliser des taureaux à vêlages faciles ou qui améliorent l’aptitude au vêlage de leurs filles, pour garantir les conditions de naissance. La surveillance des vêlages est un travail essentiel pour que ce dernier se passe bien. (1) et (2) : autocollant coloré qui se pose sur la croupe et permet de détecter une femelle chevauchée. (3) (4) et (5) : les mouvements des animaux sont enregistrés par des capteurs (colliers) qui permettent de détecter les comportements inhabituels : une suractivité est signe de chaleur et une sous-activité est signe de maladie. Il existe aujourd’hui des systèmes automatiques qui révolutionnent la surveillance des vêlages : l’Alert’VEL (1) et le Velphone (2). Rechercher des croissances hivernales modérées ■ L’herbe pâturée constitue l’alimentation la moins coûteuse C’est au cours des deux saisons d’herbe que l’essentiel de la croissance doit être réalisée. Une croissance modérée pendant les phases hivernales permet de faire jouer la croissance compensatrice (figure 27). Figure 27 - Croissance compensatrice Croissance printemps suivant 1 200 1 100 1 000 ■ Les recommandations alimentaires en UFL, PDI et UEB, en fonction du poids vif et de de la croissance figurent dans le tableau 16 (AGABRIEL J. et MESCHY F. 2007). La capacité d’ingestion des Limousines est inférieure de 10 % à celle des Charolaises. Il faut utiliser la référence Charolaise pour les Rouges des prés et la référence Limousine pour les Blondes d’Aquitaine. Nous noterons que de faibles écarts du niveau d’apport énergétique peuvent induire de fortes variations de la croissance. Le déficit tolérable de PDIN par rapport aux PDIE est variable selon l’âge des animaux ; il est d’autant plus faible que les animaux sont jeunes (-10 g/UFL sur génisses de moins d’un an, et –15 g/UFL au delà). Tableau 16 – Apports alimentaires recommandés pour les génisses de race à viande - (INRA 2007) 900 800 700 200 hiver correspond à la phase de reproduction. Cela nous amène à conseiller des croissances plus élevées pendant cette phase ; il est ensuite, dans la deuxième partie de l’hiver, possible de réduire la croissance pour ne pas pénaliser la croissance à l’herbe. Dans le cas du vêlage 30 mois, il est nécessaire d’adopter des croissances hivernales légèrement plus élevées. 300 400 500 600 700 Poids vif (kg) GMQ (g) 250 600 800 1000 600 800 1000 400 600 800 400 600 800 400 600 800 400 600 800 400 600 800 400 600 800 Croissance hivernale 300 Une croissance excessive pendant l’hiver pénalise la croissance au pâturage du printemps suivant. Dans de bonnes conditions de pâturage nous pouvons tabler sur une compensation de 75 %. Les retards de croissance en fin d’hiver sont d’autant plus compensés que la génisse est plus âgée au moment de la restriction. En seconde année de pâturage les génisses présentent des aptitudes au pâturage supérieures du fait de l’âge et du poids. 350 400 450 ■ Les périodes hivernales peuvent permettre de resserrer les fourchettes de poids Cette variabilité résulte de l’étalement des vêlages et des écarts de potentiel de croissance. Les retards de croissance par rapport à l’objectif peuvent être compensés en majorant d’environ 100 g par jour l’objectif de croissance des femelles les moins développées ; l’utilisation de cette technique suppose de pouvoir séparer les lots. Il faut néanmoins éviter les accélérations de croissance à contretemps, avec de mauvaises croissances au pâturage, une compensation excessive au cours de la phase hivernale, une impossibilité de jouer la carte de la croissance compensatrice, et de mauvaises croissances au cours de la phase de pâturage suivante. Dans la pratique, pour un vêlage à 35 mois en fin d’hiver nous pouvons conseiller, selon le poids adulte des vaches du troupeau, des croissances hivernales comprises entre 550 et 700 g/jour au cours du premier hiver, comprises entre 350 et 500 g/jour au cours du deuxième hiver. Dans le cas du vêlage d’automne la première partie du deuxième 500 550 600 Apports journaliers UFL PDI (g) 3,8 366 4,2 413 4,6 458 4,2 402 4,7 451 5,1 496 4,3 384 4,7 438 5,1 487 4,7 418 5,1 473 5,6 524 5,1 452 5,5 510 6,1 561 5,5 488 6,0 548 6,5 600 5,8 526 6,4 589 7,0 642 6,2 568 6,8 634 7,5 688 Capacité d'ingestion (UEB) CH LI 5,0 4,5 5,9 5,3 6,7 6,1 7,6 6,8 8,4 7,6 9,3 8,4 10,1 9,1 10,9 9,9 CH = Charolaise, LI = Limousine (1) et (2) : chaque vache présumée proche de la mise-bas est équipée du détecteur de vêlage. Ceci permet de détecter les signes précurseurs d’un vêlage et d’alerter l’éleveur par téléphone. L’Alert’VEL permet d’avoir une surveillance active automatisée basée sur les mouvements de la queue de la vache à vêler. Le système peut gérer jusqu’à 8 vêlages sur un rayon de 2 km et avertir l’éleveur par téléphone dès que le vêlage est imminent. L’investissement est souvent rentabilisé dès la première année en évitant de nombreux veaux morts. 21 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 ■ La valeur énergétique, et la valeur d’encombrement du fourrage distribué à volonté permettent d’estimer les quantités ingérées (en divisant la capacité d’ingestion par la valeur UEB du fourrage), et la croissance permise. Dans l’exemple du tableau 17, calculé en race Charolaise, la croissance permise par le fourrage distribué à volonté est élevée lorsque le fourrage est riche en énergie et très ingestible ; La croissance permise augmente avec le poids vif de l’animal. Sur génisses de race Limousine, du fait d’une plus faible capacité d’ingestion la croissance permise est plus faible (d’environ 200 g par jour au poids vif de 450 kg). Réussir la conduite du pâturage L’alimentation des génisses est basée sur la valorisation de l’herbe pâturée ; elles peuvent réaliser une croissance élevée de 900 à 1 000 g par jour au cours du pâturage de printemps: Pour un pâturage des génisses réussi il faut : ■ une offre d’herbe abondante au printemps Des indications de besoins en ares par génisse pour le printemps (période mise à l’herbe – 15 juin) sont présentés Tableau 17 – Fourrages ingérés et croît permis par le fourrage distribué dans le tableau 19. Les surfaces à volonté selon sa valeur énergétique (UFL) et sa valeur d’encombrement nécessaires, en fonction du (selon les recommandations INRA 2007 – Race Charolaise) poids à la mise à l’herbe, varient du simple au double UFL/kg MS 0,8 0,7 0,6 0,5 en fonction du potentiel des UEB/kg MS 1 1,1 1,2 1 1,1 1,2 1,1 1,2 1,3 1,2 1,3 1,4 prairies. Ces références sont Fourrage 350 kg 6,7 6,1 5,6 6,7 6,1 5,6 6,1 5,6 5,2 5,6 5,2 4,8 adaptées pour des génisses ingéré 450 kg 8,4 7,7 7,0 8,4 7,7 7,0 7,7 7,0 6,5 7,0 6,5 6,0 Charolaise ou Rouge des prés ; (kg MS) 550 kg 10,1 9,2 8,4 10,1 9,2 8,4 9,2 8,4 7,8 8,4 7,8 7,2 Pour des Limousines ou des Croît 350 kg 900 700 500 600 400 200 100 Blondes d’Aquitaine à plus faipermis 450 kg 1000 800 600 700 500 300 200 ble capacité d’ingestion, il faut (g/j) 550 kg 1100 900 700 800 600 400 300 les réduire de 10 %. Si la croissance permise par le fourrage dépasse l’objectif de croissance visé, le fourrage distribué est rationné ; un fourrage moins riche peut alors être introduit dans la ration. Si l’objectif de croissance n’est pas atteint une complémentation est nécessaire. ■ Les quantités de concentré à apporter, pour atteindre les croissances recherchées sont en général modeste ; elles deviennent plus conséquentes avec des fourrages de médiocre qualité. C’est souvent le cas avec les foins de prairies naturelles et les foins de premiers cycle de graminées récoltés tardivement (avec une valeur énergétique proche de 0.6 UFL/kg MS, et une valeur d’encombrement comprise entre 1,2 et 1,3 UEB). Les génisses Limousines et Blonde d’Aquitaine, à plus faible capacité d’ingestion nécessitent des apports de concentré un peu plus importantes (tableau 18). Des apports de concentrés supérieurs à ceux indiqués dans le tableau peuvent s’avérer nécessaire pour assurer l’équilibre azoté de la ration. Tableau 19 – Besoin en surface en ares par génisse (Période de printemps (mise à l’herbe – 15/06) Potentiel des prairies Poids à la mise à l’herbe 300 400 500 600 Elevé (1) Moyen (2) Faible (3) 13 18 27 16 22 33 19 25 38 22 59 43 (1) 8 T MS par hectare, (2) 6 T MS par hectare, (3) 4 T MS par hectare 65 % de la production avant le 15 juin Lorsque la totalité de la surface fourragère est consacrée à l’herbe, environ la moitié est pâturée au printemps ; l’autre partie est consacrée à la réalisation des stocks (foin, ensilage, enrubannage). Dans ce cas les surfaces disponibles pour le pâturage doublent en été. Lorsque la pousse de l’herbe est insuffisante en été-automne une partie de ces stocks est distribuée à l’herbe. ■ Les quantités de fourrages réellement ingérées doivent, autant que possible être appréciées. Tableau 18 – Exemples de rations selon la valeur énergétique (UFL) et la valeur d’encombrement (UEB) du fourrage (selon les recommandations INRA 2007) UFL/kg MS UEB/kg MS Ration Charolaise 350 kg - 600 g/j Ration Charolaise 450 kg - 600 g/j Ration Charolaise 550 kg - 400 g/j Ration Limousine 450 kg - 600 g/j Fourrage (MS) concentré (MS) Fourrage (MS) concentré (MS) Fourrage (MS) concentré (MS) Fourrage (MS) concentré (MS) 22 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 1,0 0,8 1,1 5,8 5,8 6,9 1,2 1,0 6,7 6,9 5,6 0,2 6,9 7,9 7,3 7,3 7,3 8,3 6,9 6,9 6,3 0,4 7,5 0,7 1,1 1,2 6,0 0,4 7,6 0,1 8,3 5,5 0,7 6,9 0,6 8,3 6,7 0,2 6,1 0,7 1,1 0,6 1,2 1,3 5,7 1,1 7,4 1,1 9,1 0,3 6,3 1,5 5,2 1,3 6,7 1,3 8,3 0,7 5,7 1,8 4,8 1,5 6,2 1,6 7,7 1,0 5,3 2,0 1,2 0,5 1,3 1,4 4,9 1,9 6,3 2,0 8,0 1,6 5,3 2,5 4,5 2,1 5,9 2,2 7,4 1,8 4,9 2,7 4,3 2,2 5,3 2,5 7,0 2,0 4,6 2,7 ■ Des prairies de qualité ■ Mettre en place un pâturage tournant Les associations graminées-légumineuses, comme l’association RGA-trèfle blanc, et les prairies à flore variée (plusieurs graminées et plusieurs légumineuses) ont de nombreux atouts : Dans un troupeau allaitant, 5 parcelles par lot au printemps, avec une durée de présence de l’ordre d’une semaine constituent un bon objectif ; 3 paddock constituent un minimum. Moins il y a de parcelles, moins la conduite est facile. Les parcelles fauchées au printemps, sont introduites dans le pâturage estival. • une économie d’engrais azotés, • une valeur nutritive (en énergie, en azote et en minéraux) et une ingestibilité élevée, • une grande souplesse dans les rythmes d’exploitation. Leurs principales limites résident dans l’équilibre fluctuant de la part de légumineuses, et dans le risque de météorisation avec certaines espèces. Dans les conditions des Pays de la Loire, les prairies à flore variée sont en général mieux adaptées : elles produisent plus que le RGA-trèfle blanc, y compris sur sols profonds ; l’augmentation moyenne de rendement est d’environ 1,5 T MS par hectare ; en valeur relative, le gain est plus important dans les conditions pédoclimatiques difficiles ; elles sont plus robustes, avec une variabilité des rendements atténuée. Le gain de productivité est lié à : • l’utilisation d’espèces complémentaires, avec une augmentation de la contribution des légumineuses en été, • un démarrage en végétation plus précoce, permis par le choix des espèces et des variétés. La valeur nutritive de ces prairies est légèrement inférieure à celle des RGAtrèfle blanc (-5 à -8 % sur les UFL) mais satisfaisante. Les prairies à flore variée ont une aptitude à la fenaison supérieure à celle du RGA-trèfle blanc. Les foins de prairies à flore variée, riches en légumineuses sont très ingestibles ; ils ont une valeur énergétique, azotée et minérale (calcium) nettement plus élevée que celle constatée sur foins de prairies naturelles. Ces prairies sont faciles à conduire sur herbe feuillue ; la seule période délicate est le deuxième cycle. L’utilisation de graminées pures nécessite une fertilisation azotée et des rythmes de pâturage plus rapides. Lorsque les génisses utilisent des parcelles médiocres il faut en tenir compte et ne pas surestimer les objectifs de croissance. ■ Des croissances modérées l’hiver précédent, pour bénéficier de la croissance compensatrice Les objectifs ont été décrits page 21. ■ Une mise à l’herbe précoce La mise à l’herbe a lieu le plus tôt possible en sortie d’hiver, dès que la portance des sols le permet. A cette période un apport de foin permet d’assurer une transition alimentaire dans de bonnes conditions. Les variations de lest digestif, en général constatées à la mise à l’herbe, ont été intégrées dans les courbes de croissance proposées. La hauteur d’herbe à l’herbomètre nécessaire pour sortir avec une sécurité suffisante (20 jours d’avance) varie en fonction de la surface mise à disposition de 8 cm (faible potentiel) à 10 cm (potentiel élevé). Deux techniques permettent de sortir plus tôt : • le déprimage (pâturage précoce) de surfaces destinées à la fauche, • le pâturage de fourrages dérobés (RGI-trèfle incarnat par exemple) avant semis d’un maïs ou d’un tournesol. Pour changer de cycle, il est nécessaire de disposer de 15 à 20 jours de pâturage d’avance ; en dessous de ce seuil il est nécessaire d’ajouter des parcelles initialement prévues pour la fauche ; au dessus de 20 jours d’avance, il faut faucher le plus tôt possible les parcelles excédentaires. La hauteur conseillée pour la sortie de parcelles est d’environ 4,5 à 5,0 cm à l’herbomètre sur associations graminées légumineuses et sur prairies à flore variée. Les fauches sont au premier cycle réalisées dans la mesure du possible précocement pour récolter des fourrages de qualité (la digestibilité des graminées diminue fortement à partir de l’épiaison), et pour disposer de repousses pâturables avant la sécheresse estivale. Durant l’été il faut éviter le surpâturage des prairies fragilisées par la sécheresse ; Pour cela deux solutions sont envisageables : poursuivre le pâturage tournant en complémentant, parquer et affourrager sur une parcelle destinée à être remise en culture. Le pâturage d’automne peut se poursuivre jusqu’en décembre si la portance des sols le permet. Le pâturage continu sur une seule parcelle permet d’obtenir des croissances satisfaisantes au printemps ; il ne permet par contre pas de disposer d’un stock sur pied en début d’été ; il conduit de ce fait, à chargement équivalent, à une augmentation de la durée du “trou d’été” donc de la consommation de stocks ; il est également moins souple pour la gestion des surfaces en excédents. ■ Complémenter en été-automne si nécessaire La pousse de l’herbe et la croissance des génisses sont plus aléatoires en été. La complémentation au pâturage des veaux femelles sous la mère, est nécessaire si le manque d’herbe conduit à des croissances inférieures à 1 000 g par jour. Dans les autres situations, elle ne se justifie pas. La complémentation peut être réalisée avec un mélange fermier 75 % céréales/25 % de tourteau, un mélange 50 % céréales/50 % luzerne déshydratée, un mélange céréales/protéagineux, ou un aliment du commerce à 18 % de MAT. Au delà du sevrage, lorsque la pousse estivale de l’herbe est insuffisante, il est conseillé d’apporter des fourrages grossiers (foin, enrubannage…) en quantité adaptée pour réaliser les objectifs de croissance (400 à 500 g par jour dans le cas du vêlage à 36 mois). Lorsque le vêlage est plus précoce, à 30 mois ou à 24 mois, un apport de 1 à 1,5 UFL de concentré peut s’avérer nécessaire pour réaliser des croissances de 6 à 700 g par jour. Sur prairies d’associations ou à flore variée, riches en légumineuses, les besoins en calcium et en phosphore sont couverts ; des blocs à lécher peuvent pallier au déficit en magnésium, sodium et en oligo-éléments. 23 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Gérer les strongles Le principe est de laisser les génisses s'infester un peu, pour développer leur immunité avant l'âge de deux ans, mais pas trop pour ne pas pénaliser leur croissance. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour gérer au mieux cet équilibre : ■ La gestion du pâturage Des génisses qui passent derrière des vaches sont plus exposées que si elles pâturent après une culture ou après une fauche. Une bonne rotation des pâturages limite la contamination, et donc les traitements, tout en permettant aux génisses de s’immuniser tranquillement au contact d’un nombre restreint de parasites. Au contraire, une forte densité d'animaux, avec surpâturage, favorise les infestations massives et les pertes de croissance. Enfin, lorsque la complémentation au champ est nécessaire, elle est à double tranchant car l'aliment apporté est sain, mais les abords de la mangeoire sont souvent très chargés en larves de parasites. Or il n'est pas rare que les animaux passent un coup de langue ici et là ou mangent de l'aliment tombé au sol et souillé. ■ Le climat Un hiver bien froid ou un été bien sec tuent une partie des parasites sur les champs. A l’inverse, un printemps ou un automne humide et chaud permettent une forte multiplication des strongles. Cela est variable chaque année et il faut en tenir compte pour la prévention. ■ Les traitements On peut les classer en trois grandes familles : nent coûteux est discutable. Enfin ces produits nuisent à la bonne biodégradation des bouses en intoxiquant les insectes coprophages comme les bousiers. 3 - les traitements à action longue à base de fenbendazole, levamisole, moxidectine, oxfendazole. Ils agissent 2 à 4 mois. L'un est injectable, les trois autres se présentent sous forme de bolus à libération continue ou séquentielle. La libération continue et l'injection auraient l'avantage d'assainir les pâtures puisque tous les strongles ingérés sont tués durant une période plus longue que celle de leur cycle. La libération séquentielle, elle, n’empêcherait pas le développement d’une immunité naturelle car elle laisserait quelques strongles s'installer entre deux libérations de produit. Quoi qu'il en soit, on utilise généralement ces traitements onéreux quand on ne peut/veut pas reprendre ses animaux pendant une longue période. Ils sont interdits en élevage biologique. Dans tous les cas, il faut calculer le coût des traitements par rapport aux kg de poids vif traités et ne pas s’arrêter juste aux prix affichés. Et il convient aussi de demander régulièrement les prix des différentes spécialités car, par exemple, contrairement aux idées reçues les génériques ne sont pas toujours moins chers que les princeps ! ■ Les indicateurs et analyses Il faut bien sûr surveiller le GMQ des animaux, leur aspect général, leur pelage et les éventuelles diarrhées. On peut aussi demander des analyses comme des comptages de strongles par kg d'herbe, des coprologies quantitatives sur des lots de génisses, ou encore des dosages du pepsinogène sanguin. Ce dernier indicateur permet de savoir a posteriori si on a bien travaillé car il reflète le niveau d'infestation des animaux durant les mois qui ont précédé l'analyse. 1 - les traitements à action ponctuelle à base d’albendazole, fenbendazole, netobimin, oxfendazole, oxibendazole, lévamisole. Ce sont les moins chers et ils sont parfaitement efficaces sur les strongles. Mais ils sont souvent moins faciles à administrer car la plupart se donnent par voie orale. Cependant il existe aujourd’hui des formes injectables et même trois présentations “pour-on” avec le lévamisole. Un bémol cependant, le lévamisole est à éviter sur les bêtes qui ont pâturé après les premières gelées car certains strongles peuvent s'enkyster et ne seront alors pas tués par le traitement. Le risque, si l'animal était fortement infesté à l'automne, est une ostertagiose dite “de type 2” au printemps lorsque les strongles se désenkystent (diarrhée parasitaire en fin d’hiver). Il est conseillé généralement de réaliser ce type de traitement juste avant un changement de parcelle ou juste avant la rentrée en bâtiment pour éviter que les animaux se re-contaminent juste après. Enfin si les animaux se mettent à tousser en plein été on va alors penser à une bronchite vermineuse due à des strongles respiratoires. Une analyse de bouses par la méthode dite de Baermann est alors indiquée. Si le résultat est positif il faut traiter rapidement, et souvent pour plus de sûreté on préfèrera alors utiliser un traitement rémanent. Attention, les bovins adultes sont aussi concernés par la bronchite vermineuse. 2 - les traitements à action rémanente à base de doramectine, éprinomectine, ivermectine, moxidectine. Ils agissent 14 à 42 jours selon le type de strongle considéré et sont sans doute les plus employés actuellement. Ils sont nettement plus chers mais leur rémanence permet de traiter les animaux sans avoir à les changer de pâture et ils sont presque tous déclinés en pour-on et en injectables. De plus, ils permettent aussi de traiter d’autres parasites tels que les poux, les gales et certains types de mouches. Cependant si les animaux à traiter n'ont que des strongles et qu'on vient de les rentrer, l'utilité d’un traitement réma- Les trois derniers mois de gestation constituent également une période sensible, au cours de laquelle il faut éviter tout amaigrissement ; le gain de poids au cours de cette période doit au moins être équivalent à celui de l’utérus gravide. Les primipares doivent arriver au premier vêlage ni trop maigres, ni trop grasses : 24 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Pour chaque élevage il y a donc plusieurs plans de vermifugation possibles en fonction des objectifs de l'éleveur. Et le plan retenu est à adapter chaque année selon le climat et les éventuels changements intervenus dans la gestion du pâturage et de la conduite d'élevage. Surveiller la fin de gestation ■ ni trop maigres et insuffisamment développées avec pour conséquences : une réduction du pourcentage de femelles pleines à conserver pour un deuxième vêlage, une augmentation importante de l’intervalle entre vêlages, une réduction de la capacité d’ingestion, une diminution de la production laitière des vaches donc de la croissance des veaux, une augmentation de la fréquence des vêlages difficiles notamment lors de premiers vêlages précoces ■ ni trop grasses avec pour conséquences : une augmentation des difficultés de mise-bas déjà fréquentes sur les primipares de certaines races, une réduction de la capacité d’ingestion. Rappelons que les vêlages difficiles se traduisent par : une détérioration de l’intervalle entre vêlages, une diminution de la proportion de femelles avec un vêlage suivant, une forte augmentation de la mortalité des veaux. Il y a donc un compromis à trouver, et une plage de croissance optimale au cours de la phase d’élevage. Un état de 2,5 au premier vêlage (grille de notation INRA), constitue un bon objectif. Les primipares sont souvent plus maigres. Séparer les primipares, pour leur apporter une alimentation spécifique Les primipares doivent, autant que possible être séparées des multipares, et disposer d’une alimentation spécifique pour ne pas compromettre leur aptitude à se reproduire Une sous-alimentation hivernale des primipares se traduit par, une baisse sensible de la production laitière et de la croissance des veaux, et par une augmentation de l’intervalle vêlage-saillie fécondante. Les primipares ne doivent pas être sous alimentées ; elles font l’objet de recommandations spécifiques car ■ elles n’ont pas achevé leur croissance. Rappelons que le poids adulte est atteint à 6-7 ans, et qu’au premier vêlage elles doivent encore réaliser une croissance correspondant à 10 à 20 % du poids adulte ■ elles ont une capacité d’ingestion plus faible d’environ 20 % sous le triple effet du rang de vêlage, du poids vif plus faible de la femelle, et d’une moindre production laitière ; après élimination des effets du poids et de la production laitière, l’écart est d’environ 10 %. ■ elles sont en règle général moins en état que les multipares. ■ elles vêlent souvent avant les adultes. Il en est de même pour les vaches au second vêlage mal développées. Dans la pratique cela conduit souvent à apporter 1 UFL de concentré supplémentaire aux primipares. Les primipares en vêlage deux ans doivent, comparativement aux autres primipares, bénéficier d’un apport supplémentaire d’environ 1 UFL et 120 g PDI pour assurer leur croissance. Une sous alimentation persistante au delà du premier vêlage peut réduire le format adulte donc le poids de carcasse des vaches réformées. 25 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Le vêlage à deux ans nécessite une grande technicité Le vêlage à 2 ans est un des moyens envisageables pour augmenter la productivité des troupeaux allaitants. Il nécessite une très grande technicité de la part de l’éleveur. Cette technique est peu utilisée ; son opportunité mérite d’être discutée. Il est en effet nécessaire d’atteindre : 1) un poids suffisant pour la mise à la reproduction (au strict minimum 60 % du poids adulte) ; si non un grand nombre de femelles ne sont pas cyclées. 2) un développement suffisant au vêlage (80 % du poids adulte) pour minimiser l’incidence des difficultés de vêlage, très dépendantes du rapport poids du veau / poids de la mère. Pour réaliser ces objectifs il est nécessaire : ■ d’obtenir d’excellentes croissances entre la naissance et le sevrage, ■ de majorer d’environ 200 g/jour les croissances au cours du premier hiver, ■ de disposer d’excellentes conditions de pâturage (offre libérale d’une herbe de qualité) pour maintenir des croissances élevées malgré la croissance de l’hiver précédent, ■ d’utiliser des reproducteurs à vêlages facile pour obtenir une proportion de veaux sevrés satisfaisante ; les difficultés de vêlage accroissent en effet la mortalité des veaux et réduisent la fertilité ultérieure de la femelle ; le maximum de sécurité est permis par l’utilisation de l’insémination animale, avec des reproducteurs favorablement testés sur cet aspect. ■ d’apporter une alimentation spécifique à la vache primipare pour éviter une chute des performances de reproduction. Cette technique peut concerner les génisses les plus lourdes au sevrage, nées les premières, ou qui ont réalisées les meilleures croissances. En cas de non maîtrise, le risque est de sacrifier les génisses disposant du meilleur potentiel génétique. Il ne faut par ailleurs pas oublier que, du fait des incompatibilités génétiques, les taureaux à vêlages très faciles transmettent en général à leur descendance des aptitudes bouchères modestes (croissance, conformation). gnant le poids de 420 kg à 14 mois sont mises à la reproduction, par insémination animale après induction et synchronisation des chaleurs. ■ Un objectif de 460 kg au moment de la mise à la reproduction La conduite affecte le taux de gestation des génisses (tableau 20). Mais ces résultats dépendent du poids au moment de la mise à la reproduction comme le montre la figure 28. En revanche, l’âge à la 1re IA des génisses V2, qui varie entre 13,5 et 15,5 mois, n’a pas eu d’effets sur la réussite de la reproduction. Si la conduite V2 n’a pas eu d’incidence ni sur les IVV ni sur les difficultés au vêlage, on observe en revanche un effet significatif sur la mortalité des veaux entre 0 et 2 mois. Cela est à relier à un poids des veaux à la naissance plus faible, les veaux trop légers étant les plus affectés par le risque de mortalité. Tableau 20 – Résultats de reproduction et de mise bas par rang de vêlage et par modalité de conduite Parité Génisses Primipares Multipares Conduite V2 V3 V2 V3 V2 V3 83ac 95b 85c 91bc 87bc 86bc Nombre de mise bas 86 115 58 72 68 66 Taux de vêlage à problème 25a 26a 13b 12b 13b 9b 18,6a 9,2bc 12,2b 6,1c 5,3c 9,7bc Taux de gestation (%) Mortalité à -2 mois (%) abc : pour 2 valeurs considérées, une lettre en commun dans l’indice indique que l’écart n’est pas significatif au seuil p = 10 % Figure 28 - Evolution du taux de gestation des génisses en fonction du poids à l'IA 120 % Un essai de longue durée en race Charolaise Un dispositif expérimental mis en place sur la station expérimentale de Jalogny en 1999 a permis de comparer un troupeau charolais conduit selon cette pratique (V2) et un troupeau témoin, conduit en vêlage 3 ans (V3). (FARRIE J.P. et al 2006, FARRIE J.P et al 2008, PIERRET P. et al 2009). Il permet de situer les conditions de réussite de cette technique. Dans le troupeau V2, les génisses attei- 26 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Taux de gestation 100 % 80 % 83,8 % 91,7 % 95,5 % 62,5 % 60 % 40 % 20 % 0% < 430 kg 430-460 kg 460-490 kg Classe de poids à l’IA 490 kg et + ■ La complémentation est nécessaire pour soutenir les performances des veaux ■ Une diminution du gabarit des vaches et des poids de carcasse La conduite V2 affecte la croissance des veaux nés de génisses (tableau 21), l’effet étant plus marqué en hiver, du fait d’une moindre production laitière des mères. Il n’y a pas de différence significative du poids à âge type (PAT) à 240 jours du fait de la complémentation supplémentaire de 1,5 kg de concentrés par tête et par jour, apportée durant l’été aux veaux de génisses V2. La conduite V2 diminue le poids des vaches d’environ 30 kg à l’âge de 3 ans. Cet écart n’est pas rattrapé à 4 et 5 ans, voire accentué. L’analyse montre aussi un effet dépressif sur le poids de carcasse à la réforme pour la conduite V2 (tableau 22). Tableau 21 – Performances des veaux (mâles et femelles) selon le rang de vêlage de la mère et la conduite Tableau 22 – Poids des vaches à différents âges, en fonction de la conduite V2 V3 à 3 ans 682 723 à 4 ans 740 775 à 5 ans 772 828 440 452 Conduite Poids en kg Rang de vêlage 1 2 3 et + Conduite V2 V3 V2 V3 V2 V3 GMQ hiver (g/jour) 810a 940b 939b 1056c 1026c 988bc Poids de carcasse à la réforme (kg) GMQ printemps 1005a 1051a 1141b 1107bc 1220c 1172bc (g/jour) PAT 240 jours (kg) 279a 285a 310ab 316b 321b 316b abc : pour 2 valeurs considérées, une lettre en commun dans l’indice indique que l’écart n’est pas significatif au seuil p = 10 % 27 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Les courbes de croissance Nous proposons un catalogue de 40 courbes de croissance pour l’élevage des génisses allaitantes. Les courbes sont disponibles sur le CD joint au guide ou directement téléchargeable sur le site de la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire (www.agrilianet.com). Les objectifs de croissance sont fonction de : • la race : Limousine, Charolaise, Rouge des prés et Blonde d’Aquitaine, • l’âge au vêlage : deux ans, 30 mois ou trois ans, • la période de vêlage : automne, début d’hiver, fin d’hiver et printemps. Ces courbes ont été construites dans le respect des préconisations de ce guide, à savoir : • des objectifs de poids à dates clés fonction du poids adulte, • des croissances soutenues sous la mère, • des croissances hivernales modérées, économes et permettant de jouer avec la croissance compensatrice au pâturage, • une perte de poids vif à la mise à l’herbe, liée à une diminution du contenu digestif, est intégrée, • les croissances calculées sur la période de printemps excluent les 14 premiers jours de mise à l’herbe pour la prise en compte de ces variations de contenu digestif. Les courbes proposées correspondent à un poids adulte par race mais peuvent être adaptées au gabarit de chaque troupeau. Les poids adultes retenus dans les courbes présentées correspondent à un poids moyen de carcasse des vaches adultes réformées d’environ 410 kg en race Limousine, 445 kg en race Charolaise, 450 kg en race Rouge des prés, et de 510 kg en race Blonde d’Aquitaine. Vous trouverez dans les quatre tableaux suivants la synthèse des repères pour chaque race. Tableau 23 – Repères de croissance en race Limousine Limousine 675 kg Vêlage Deux ans Période de vêlage 5/2 Age au vêlage % du poids adulte 30 mois 1/2 5/3 5/9 Trois ans 5/9 1/2 5/3 5/9 5/12 24,0 24,0 28,4 29,5 29,6 30,6 35,5 35,5 35,5 35,5 LI 24-FH LI 24-A LI 28-FH LI 30-P LI 30-A LI 31-A LI 36-FH LI 36-P LI 36-A LI 36-DH 210 jours 273 273 252 252 252 252 252 252 252 252 1 an 398 400 368 366 342 358 352 335 358 352 18 mois 496 496 451 449 447 445 433 420 434 443 Reproduction 407 433 443 483 475 486 485 511 541 524 Après vêlage 547 549 576 586 564 574 600 598 620 601 210 jours 40 40 37 37 37 37 37 37 37 37 1 an 59 59 55 54 51 53 52 50 53 52 18 mois 74 74 67 67 66 66 64 62 64 66 Reproduction 60 64 66 72 70 72 72 76 80 78 Après vêlage 81 81 85 87 84 85 89 89 92 89 Code courbe Poids 10/9 Tableau 24 – Repères de croissance en race Charolaise Charolaise 750 kg Vêlage Deux ans 30 mois Trois ans Période de vêlage 5/2 10/9 1/2 5/3 5/9 5/9 1/2 5/3 5/9 5/12 Age au vêlage 24,0 24,0 28,4 29,5 29,6 30,6 35,5 35,5 35,5 35,5 CH 24-FH CH 24-A CH 28-FH CH 30-P Code courbe Poids % du poids adulte CH 30-A CH 31-A CH 36-FH CH 36-P CH 36-A CH 36-DH 210 jours 300 290 269 269 269 269 269 269 269 269 1 an 441 429 397 397 372 388 376 359 383 376 18 mois 547 543 496 496 489 487 468 456 467 478 Reproduction 448 469 485 535 523 537 526 559 589 578 Après vêlage 602 604 639 654 624 636 658 656 674 665 210 jours 40 39 36 36 36 36 36 36 36 36 1 an 59 57 53 53 50 52 50 48 51 50 18 mois 73 72 66 66 65 65 62 61 62 64 Reproduction 60 62 65 71 70 72 70 75 79 77 Après vêlage 80 80 85 87 83 85 88 88 90 89 28 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Tableau 25 – Repères de croissance en race Rouge des prés Rouge des prés 775 kg Deux ans Vêlage 30 mois Trois ans Période de vêlage 5/2 10/9 1/2 5/3 5/9 5/9 1/2 5/3 5/9 5/12 Age au vêlage 24,0 24,0 28,4 29,5 29,6 30,6 35,5 35,5 35,5 35,5 Code courbe RP 24-FH RP 24-A RP 28-FH RP 30-P 210 jours Poids % du poids adulte 302 292 271 271 RP 30-A 271 RP 31-A RP 36-FH RP 36-P 271 271 271 RP 36-A RP 36-DH 271 271 1 an 454 440 409 409 375 391 378 362 390 384 18 mois 562 560 515 515 496 496 477 468 482 486 Reproduction 464 484 503 552 532 552 543 576 613 602 Après vêlage 619 618 656 673 631 649 675 674 696 687 210 jours 39 38 35 35 35 35 35 35 35 35 1 an 59 57 53 53 48 50 49 47 50 50 18 mois 73 72 66 66 64 64 62 60 62 63 Reproduction 60 62 65 71 69 71 70 74 79 78 Après vêlage 80 80 85 87 81 84 87 87 90 89 Tableau 26 – Repères de croissance en race Blonde d’Aquitaine Blonde d’Aquitaine 750 kg Vêlage Deux ans 30 mois Trois ans Période de vêlage 5/2 10/9 1/2 5/3 5/9 5/9 1/2 5/3 5/9 5/12 Age au vêlage 24,0 24,0 28,4 29,5 29,6 30,6 35,5 35,5 35,5 35,5 Code courbe Poids % du poids adulte BA 24-FH BA 24-A BA 28-FH BA 30-P BA 30-A BA 31-A BA 36-FH BA 36-P BA 36-A BA 36-DH 210 jours 298 288 267 267 267 267 267 267 267 267 1 an 439 431 400 400 364 380 380 364 390 384 18 mois 537 548 503 503 481 481 472 462 486 478 Reproduction 456 469 502 530 511 530 561 567 592 574 Après vêlage 594 603 640 655 610 628 670 669 678 667 210 jours 40 38 36 36 36 36 36 36 36 36 1 an 59 57 53 53 49 51 51 49 52 51 18 mois 72 73 67 67 64 64 63 62 65 64 Reproduction 61 63 67 71 68 71 75 76 79 77 Après vêlage 79 80 85 87 81 84 89 89 90 89 Comment lire les courbes Chaque fiche est construite de façon identique afin de faciliter la lecture ; elle contient : ■ un code synthétique par fiche : • deux lettres initiales de la race : CH, Charolais ; LI, Limousin ; RP, Rouge des prés ; BA, Blonde d’Aquitaine, • deux chiffres codant l’âge au premier vêlage : 36, trois ans ; 30, 30 mois ; 24, deux ans, • une ou deux lettres pour la période de vêlage de la génisse : FH, fin d’hiver (1 ou 5 février) ; P, printemps (5 mars) ; A, automne (5 ou 10 septembre) et DH, début d’hiver (5 décembre) ; • la date du vêlage et le poids après vêlage, • les GMQ par période en g/jour, • une double illustration des périodes de pâturages : “herbe haute” au printemps du 15 mars au 15 juin et “herbe courte” sur la période d’été-automne ; ■ un second tableau qui décrit les phases de croissance avec l’âge et le poids des génisses aux dates charnières ainsi que les GMQ des périodes considérées. Figure 29 - Exemple de fiche ■ un titre reprenant la race, l’âge au vêlage, la période de vêlage et poids adulte pour lequel la courbe est construite ; ■ la durée de gestation par race ; ■ un premier tableau de synthèse des poids à âge type et les pourcentages du poids adulte ; ■ la courbe d’évolution du poids : • la date de naissance, • la période de reproduction et le poids en début de période, 29 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Le vêlage à trois ans • Il est accessible à tous les animaux. Figure 30 - Courbe de croissance génisse Rouge des prés, vêlage 36 mois en fin d’hiver, 775 kg • Il utilise un rythme de croissance très modéré. • Il permet d’atteindre 90 % du poids adulte après le premier vêlage. • Il est économe concentrés. en Figure 31 - Courbe de croissance génisse Blonde d’Aquitaine, vêlage 36 mois à l’automne, 750 kg 30 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Le vêlage à trente mois • Il est accessible à la quasitotalité des génisses. Figure 32 - Courbe de croissance génisse Rouge des prés, vêlage 30 mois au printemps, 775 kg • Il nécessite des performances modérée, faciles à atteindre avec une alimentation hivernale contrôlée. • Il permet d’atteindre 85 % du poids adulte après le premier vêlage. • Il convient de prévoir une complémentation de la primipare pour ne pas pénaliser le poids adulte. • Il est utilisable en deux périodes de vêlages mais également pour une partie des génisses lorsque les vêlages se déroulent sur plus de 4 mois. Figure 33 - Courbe de croissance génisse Limousine, vêlage 30 mois à l’automne, 675 kg 31 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 Le vêlage à deux ans • Il est accessible aux meilleurs animaux avec des démarrages à plus de 1100 g/jour sous la mère. • C’est une conduite exigeante en terme de performances. • Il faudrait atteindre 80 % du poids adulte après le premier vêlage. • Une complémentation de la primipare est indispensable pour une bonne remise en reproduction. • Il est adaptable à toutes les races à condition de bien respecter les seuils minima de poids pour la mise à la reproduction. • Il est plus facilement gérable en vêlage d’automne. Figure 34 - Courbe de croissance génisse Charolaise vêlage 24 mois à l’automne, 750 kg Adapter les objectifs de croissance à son élevage Pour adapter les courbes de croissance à sa situation propre, il suffit de repartir du tableau de synthèse en pourcentage du poids adulte de la courbe choisie afin d’avoir les poids minimum objectif aux dates clés. On peut également partir des indicateurs synthétiques (tableau 27). Tableau 27 – Repères toute race en pourcentage du poids adulte Age au vêlage Poids à 210 jours Reproduction Après vêlage 2 ans 30 mois 3 ans 40 60 80 35 70 85 35 75 90 Une fois les poids objectifs obtenus, il suffit de reconstruire les rythmes de croissance selon les périodes définies avec l’éleveur pour parvenir à ces poids. Exemple : Quels objectifs de croissance pour faire vêler une génisse Limousine à 30 mois à l’automne, dans un élevage avec un poids de carcasse moyen des vaches réformées de 425 kg ? 425 kg carcasse / 54 % de rendement = 787 kg vif animal fini 787 kgv - 90 kg de reprise de poids entre le vêlage et l’abattage = 697 kg 32 Les génisses, l’avenir du troupeau allaitant - Décembre 2010 + 15 kg pour tenir compte de l’abattage de vaches jeunes avec un âge moyen à l’abattage de 5,5 ans (tableau 15 “Estimation du poids adulte“). Ce poids correspond à un poids adulte d’environ 710 kg (tableau 28). Tableau 28 – Repères de poids calculés pour une génisse Limousine, vêlage à 30 mois à l’automne, 710 kg de poids adulte Age PAT 210 jours PAT à 1 an PAT à 18 mois Poids à la repro PAT à 2 ans Poids après vêlage % PA Poids calculé GMQ période 37 53 66 72 81 85 265 375 470 510 575 605 1 050 g/jour* 710 g/jour 490 g/jour - * Pour un veau de 45 kg à la naissance Ces repères de croissances et la détermination du poids objectif à atteindre pour la mise à la reproduction ne seront utiles que si l’on dispose en élevage des poids réels des génisses. Nous conseillons donc de réaliser la pesée des génisses jusqu’à la période de mise à la reproduction : deux ans pour du vêlage à trois ans et 20 mois pour du vêlage à 30 mois. Les pesées des génisses pourront être effectuées en début d’hiver à la rentrée en bâtiment et en sortie d’hiver avant la mise à l’herbe. Les études ayant permis l’élaboration de ce guide ont été réalisées dans le cadre d’un groupe d’ingénieurs des Chambres d’agriculture des Pays de la Loire, conduisant des actions de recherche-développement sur la conduite, les performances et l’amélioration génétique des troupeaux allaitants. Ont contribué à ce travail : Gaël BENOTEAU (Chambre d’agriculture de LoireAtlantique), Jean-Paul COUTARD (Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire), Romain GUIBERT (Chambre d’agriculture de Mayenne), Jean-Michel HENRY et Philippe DIMON (Chambre d’agriculture de la Sarthe), Franck CHAIGNEAU (Chambre d’agriculture de Vendée). Le groupe a été efficacement assisté par deux élèves ingénieurs de l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers : Maxime MENARD et Bertrand DAVEAU. Pour la rédaction et l’édition du guide nous avons également bénéficié de l’appui de : • Yannick BIALADE, CREAVIA, pour la partie “Assurer un suivi efficace de la reproduction”. • Alban CHARRETTE, vétérinaire BOVICAP Conseils, pour la partie “Gérer les strongles”. • Marie DELANNOY, GIE Elevage et Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire, pour l’édition du guide. Document réalisé avec la participation financière du Conseil régional des Pays de la Loire. Réalisation : Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire – Conception D. Benoist – Angers – Edition : janvier 2011 La coordination des études conduites et de la rédaction du guide a été réalisée par Jean-Paul COUTARD.