Force et splendeur du silence Nous entretenons avec le silence une

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Force et splendeur du silence Nous entretenons avec le silence une
Force et splendeur du silence Nous entretenons avec le silence une étrange relation d’amour-­‐haine. Il nous inspire, croyons-­‐nous, (de l’)admiration et (de la) révérence. Nous admettons (/reconnaissons) volontiers que le silence est bon pour la santé mentale, mais aussi physique (/possède des vertus pour l’esprit, mais aussi pour le corps). En effet, tous les résultats tendent à prouver que, parmi d’autres bienfaits, observer régulièrement des périodes de silence fait baisser la pression artérielle (/stabilise la tension), réduit le stress, accroît (/améliore) la concentration, facilite la digestion et aiguise (/affûte) la mémoire. L’excès de bruit nuit à nos facultés auditives, au bon déroulement de nos phases de sommeil et à notre capacité de traitement des informations (/a des effets néfastes sur l’audition, sur nos rythmes de sommeil et sur nos facultés de traitement des données). Mieux encore, on voue un culte au silence en tant que source (/ matrice) de créativité, de sagesse et d’élévation de la pensée, faisant de lui l’« école du génie » (/ Il serait « l’école du génie »). On a commencé par prêter ces mêmes vertus à la solitude, mais depuis que les poètes romantiques se sont mis en quête de la vérité de leurs êtres profonds dans les lieux les plus sublimes qu’ils pussent trouver, des lieux préservés des « ombres de la geôle », la solitude et le silence sont devenus à jamais indissociables. Sur le plan culturel, nous adhérons sans réserve à (/ nous faisons entièrement nôtre) l’affirmation de Kafka, selon qui « l’écrivain ne saurait jamais être entouré de trop de silence », ainsi qu’à l’argument de [Virginia] Woolf, pour laquelle une femme a besoin, pour écrire, « d’une chambre à elle ». Nous pensons, avec Carlyle, que « tout discours recèle un silence qui lui est supérieur. Le silence est profond comme l’Eternité ; le discours est insignifiant (/ inconsistant) comme le temps » et disons avec Keats que « les mélodies que l’oreille saisit sont douces, mais plus douces encore sont les mélodies inouïes (/ que nul n’entend) ». Nous soutenons que la créativité est un bienfait universel pour le genre humain, et que le silence et la solitude sont nécessaires à son épanouissement. Parallèlement, nous autres, Occidentaux, éprouvons pour les religions d’Orient et en particulier le bouddhisme, un respect et une fascination qui semblent fondés sur le silence de la méditation. Au sein de la tradition chrétienne aussi, on constate un regain d’intérêt pour le silence : les retraites spirituelles sont un mouvement en plein essor et l’on redécouvre avec enthousiasme la spiritualité des Pères du Désert. Au XVIIIe siècle, ils étaient dépeints dans les écrits de William Lecky comme « [des] fou[s] émacié[s], déformé[s] et hideux, dénué[s] de connaissance, de patriotisme et de toute affection naturelle ». L’idée qui sous-­‐tend tout ce courant de pensée, c’est que le silence accroît la conscience de soi, nous permettant d’être à l’écoute de (/ de rester en contact avec) notre vie « intérieure » (et donc plus vraie) et qu’il est donc, en quelque sorte, « authentique », même si nous ne sommes pas tous des créateurs de génie.