Communiqué de presse

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Communiqué de presse
Communiqué de presse
No. 247
Avril 2006
Genève
Au Cambodge, le commerce de la soie fait reculer la pauvreté
Au Cambodge, le travail traditionnel de la soie, détruit par le régime des Khmers rouges, est en
cours de renaissance.
Une modeste contribution financière de US$ 20 000 au nouveau Forum cambodgien de la soie
de 2002 a suffi à inverser la tendance.
Une enquête de terrain encourageante sur les débouchés qu’offre l’Europe aux produits en soie
tissés à la main, a convaincu, en 2003, le CCI d’investir US$ 100 000 dans un Programme de
réduction de la pauvreté par l’exportation (PRPE); il a permis à 20 tisseurs ruraux du village de
Tanorn, situé à 80 km de la capitale Phnom Penh, d’améliorer la production et la commercialisation à
l’exportation de soie de haute qualité.
À l’origine, les tisseurs confectionnaient des écharpes, des sacs à main, des housses de
coussin, des cravates et des chemins de table, mais ne retiraient qu’une faible part des profits élevés
dégagés par leur activité, faute de connaissances et de compétences suffisantes en techniques
commerciales.
En deux ans, le revenu mensuel des tisseurs, qui sont majoritairement des femmes, a triplé,
passant de US$ 20 à US$ 60 et leur chiffre d’affaires moyen a été multiplié par huit. Au départ, les
motifs étaient imposés par les revendeurs ou copiés sur la concurrence; mais la donne a changé et
les tisseurs ruraux proposent désormais leurs propres modèles. Ils utilisent également des
teintures respectueuses de l’environnement, qui réduisent les risques sanitaires conformément aux
directives de l’Union européenne.
Selon Siphana Sok, Directeur de la Division de coordination de la coopération technique au
CCI et ancien Ministre du commerce du Cambodge, "la relance de la soie a d’autres effets
secondaires non négligeables. Les enfants des tisseurs, autrefois recrutés par le secteur, sont
désormais scolarisés. L’exode des jeunes femmes des zones rurales vers les fabriques de Phnom
Penh s’est ralenti. Grâce aux compétences acquises en matière de développement communautaire
et d’esprit d’entreprise, les femmes ont gagné en assurance. Les liens noués avec les marchés
internationaux ont permis de relancer la production nationale traditionnelle, notamment pour ce qui
concerne le fameux fil de soie doré khmer.
Et surtout, la hausse des revenus générée par la vente de la soie a amélioré les conditions de
vie et fait reculer la pauvreté dans les villages."
Le CCI a fourni des conseils liés au développement communautaire, à la commercialisation et à
la gestion de la qualité, et organisé une formation en matière de design, techniques de production
modernes, estimation des coûts et fixation des prix. Un site internet a été créé
(www.silkfromcambodia.com); des catalogues et des brochures ont été publiés.
Dès la mise en œuvre du PRPE, l’organisation partenaire locale de la Coopération artisanale
du Cambodge (CCC) a été sensibilisée à la façon de développer des communautés de tisseurs dont
la production est destinée à l’exportation. Suite à la mise en œuvre réussie du projet pilote de
Tanorn, la CCC l’a reproduit dans quatre autres villages ruraux. Près de 100 familles ont ainsi
amélioré leurs conditions de vie.
Une renaissance nationale
Ces actions novatrices ont permis le développement d’une stratégie nationale pour le secteur
de la soie en 2005. Dans une approche partant de la base, les producteurs, les tisserands, les
designers et les marchands ont développé, conjointement avec le Gouvernement, les associations
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connexes et les organisations non gouvernementales, un programme en vue de développer la
sériciculture à différents niveaux: culture du vers à soie, tissage et développement des marchés. Ils
ont identifié les obstacles et considéré les liens commerciaux.
Pour employer une métaphore, la réintroduction de la soie au Cambodge s’est propagée
comme une traînée de poudre.
Actuellement, les exportations cambodgiennes se chiffrent à US$ 4 millions par an. On prévoit
qu’elles atteindront US$ 25 millions dans cinq ans. Les producteurs de fil de soie passeront dans le
même temps de 2 000 à 6 000 alors que le nombre actuel de tisserands (20 000) restera inchangé.
L’accent sera mis sur l’amélioration de la qualité du tissage. Les principaux pays importateurs sont
ceux possédant une forte tradition soyeuse (France, Italie, Suisse, Japon) ainsi que l’Australie,
Singapour et l’Allemagne.
Dans la capitale cambodgienne et à Siem Reap, près des célèbres temples d’Angkor Wat, des
magasins ont été ouverts pour les touristes étrangers et les 13,6 millions de Cambodgiens, grands
amateurs de soie.
Les exportations de soie bénéficient de certains avantages. L’intérêt pour la soie ne s’est
jamais démenti. Elle est vendue sous forme de tissus ou de produits finis. S’ils sont précieux, les
articles en soie ne sont pas fragiles et supportent bien le transport. Le Cambodge jouit d’accords
privilégiés avec de nombreux pays, notamment par l’importation gratuite de produits artisanaux ou la
réduction des taxes d’importation.
Mais il existe aussi des freins à l’exportation. Malgré leurs compétences et leur rendement, les
agriculteurs khmers ne comblent qu’en partie la demande en fils de soie des tisseurs khmers, sans
parler de la demande à l’exportation. Selon des estimations, la production cambodgienne de fils ne
satisfait que 5% de la demande nationale, le reste étant comblé par la Chine et le Viet Nam.
On pourrait remédier en partie au problème en plantant de nombreux mûriers, qui ont une
croissance rapide (huit mois). Après le régime des Khmers rouges, seuls 15 hectares (47 acres) de
mûriers étaient encore cultivés.
Les spécialistes de sériciculture fourniront également des conseils sur les meilleures
techniques d’élevage des vers à soie et de traitement des cocons ainsi que sur la qualité de la soie.
Les experts et les consultants spécialisés du CCI ont dû faire face à un autre problème: par
tradition, les agriculteurs cambodgiens cultivent du riz et privilégient le travail agricole au tissage. En
période de plantation et de récolte, ils doivent se rendre disponibles et opérer des choix.
D’autres difficultés existent liées aux piètres conditions de travail réservées aux tisseurs:
vétusté des métiers à tisser en bois, qualité inégale de la soie, environnement poussiéreux et
éclairage insuffisant. Leur manque d’instruction ne permet pas aux tisseurs d’exploiter pleinement
leur créativité et leurs capacités. Il n’existe aucune division ou spécialisation du travail dans la
communauté des tisseurs cambodgiens. Chaque famille assume l’ensemble des tâches depuis la
teinture et le filage en passant par le dégommage, le dévidage et le tissage.
"Mais peu importe les obstacles" ajoute Marie-Claude Frauenrath, Administratrice du PRPE, "la
soie procure aux populations cambodgiennes les plus pauvres un moyen d’existence durable."
La France ayant été le premier pays à encourager la culture de la soie au Cambodge après sa
destruction par les Khmers rouges et entretenant des liens d’amitié avec le Cambodge depuis un
siècle, il est normal que le Roi Sihamoni lui réserve une visite 100 ans exactement après celle du Roi
Sisowath en 1906. Pour l’occasion, la communauté khmère de la soie entend présenter ses
chefs-d’œuvre anciens et modernes à Paris, dans la capitale de la mode.
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Pour plus d’information
Pour des photos et plus d’information veuillez contacter Mme Natalie Domeisen, Administratrice principale chargée de
l’information publique du CCI, tél.: +41 22 730 0370; fax: +41 22 733 4439; e-mail: [email protected] ou
Mme Marie-Claude Frauenrath, Administratrice du Programme de réduction de la pauvreté par l’exportation du CCI,
tél.: + 41 22 730 0295; fax: +41 22 730 0570; e-mail: [email protected]
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Le CCI
Le Centre du commerce international est l’agence de coopération technique de la Conférence des Nations Unies sur le
commerce et le développement (CNUCED) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour ce qui touche aux
aspects opérationnels du développement des échanges commerciaux.