Fraisage - Trametal
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Fraisage - Trametal
CDJ.3.08.04 Doc. Iscar productivité, tenue d’outil, qualité… en adoptant la grande vitesse Fig. 1 - Répandu chez beaucoup de petits sous-traitants, on a encore l’habitude de procéder à l’usinage des cavités en procédant par plongées obliques avec des passes successives de profondeur partielle en n’utilisant qu’une partie de la longueur des arêtes de coupe, ce qui exige des passes de finition pour éliminer des marques de raccordements sur les parois, entre autres. Bien que la cadence d’enlèvement de copeaux apparaisse satisfaisante, une méthode plus rentable et plus productive consiste à remplacer le type de fraise et à changer la méthode de travail et les conditions de coupe, comme on l’explique en détail dans cet article. 6 Le fraisage àgrande vitesse n’est pas une nouveautémais, dans de nombreux modestes ateliers, on ne sait pas encore en retirer tous les avantages tant les habitudes acquises et les résultats obtenus avec des outils modernes sont considérés comme tout àfait suffisants. C’est làqu’il importe aujourd’hui de faire comprendre oùet pourquoi le bât blesse. Les contraintes imposées aujourd’hui par les donneurs d’ordres pour répondre aux exigences d’un marché devenu mondial doivent conduire leurs sous-traitants à revoir leurs méthodes d’usinage afin de réduire les cycles de fabrication et de limiter les gaspillages. Il a été prouvé depuis déjà de longues années que le fraisage à grande vitesse répondait à ce besoin. Mettre en œuvre les principes de cette technique tout en évitant ses écueils, tels que les efforts de coupe excessifs, tous les ateliers sont, en effet, en mesure d’accroître leur productivité, la qualité de leur travail et de réduire leur éventuels gaspillages et pertes. Remédier aux vieilles habitudes Une stratégie classique de réduction de tous types de gaspillages lors des usinages consiste à utiliser au maximum les ressources qui la permettent, telles que les outils insuffisamment exploités depuis longtemps et leurs méthodes d’application. Par exemple, dans un nombre important d’ateliers, si l’on y regarde de près on constate que les trois quarts Doc. Siemens OUTILS COUPANTS Fraisage: - Mars 2008 - vol. 1 - TRAMETAL du temps ils n’utilisent que la moitié de la longueur des arêtes de coupe de leurs fraises en carbure monoblocs. De ce fait, ils n’exploitent que cinquante pour cent de leur investissement global. Ce que l’on n’utilise pas, c’est de la perte! Si, dans des ateliers, il n’est utilisé qu’une partie des arêtes de coupe c’est parce que s’ils utilisent les paramètres de coupe traditionnels en soumettant les arêtes de coupe à la profondeur de coupe axiale et à la largeur de coupe radiale maximales, ils constatent une flexion de l’outil affectant la précision de la pièce et provoquant du broutage. Ces ateliers ne se sont jamais intéressé au fait que l’application des principes du fraisage à grande vitesse peut réduire les efforts de coupe et permettre l’utilisation complète des arêtes de coupe d’une fraise carbure monobloc. Le fraisage à grande vitesse se fait avec une réduction de la largeur de coupe radiale associée à un effort accru d’enlèvement de copeaux par dent de trois à cinq fois, à une vitesse plus élevée de deux à deux fois et demie et à une avance de cinq à sept fois plus forte, ce qui aboutit à des gains de productivité substantiels. Par exemple (fig. 2), une fraise d’un diamètre de 16 mm avec une charge radiale de copeau de 8 mm se trouve engagée à cinquante pour cent avec un arc de coupe de 90°. En supposant que cette fraise travaille avec une charge de copeau de 2 mm par dent, l’épaisseur de copeau à cinquante pour cent de son engagement est aussi de 2 mm. Si la largeur radiale de coupe est réduite à 2 mm (1/25 de 8 mm), l’arc de coupe passe à 3,6°. Ainsi, l’engagement de la fraise se trouve grandement réduit et l’épaisseur du OUTILS COUPANTS Fig. 2 - Les techniques de fraisage à grande vitesse impliquent une diminution très significative de la largeur de coupe radiale, ce qui diminue le pourcentage d’engagement de la fraise et permet une charge de copeau accrue par dent, ce qui conduit à des gains vraiment substantiels de productivité. Fig. 3 - Mettant à profit les techniques d’usinage à grande vitesse et des outils d’un diamètre aussi restreint que 16 mm, il a été possible d’usiner en totalité ce moule de ventilateur d’automobile en un temps total de trente heures. Ce moule comportait des pointes accentuées, des nervures de 16 mm de haut et d’autres détails qu’il aurait été impossible d’usiner sans passer par de l’électroérosion avec la nécessité de fabriquer des électrodes aboutissant à une prolongation du cycle total de fabrication qui aurait atteint trois semaines. 8 copeau produit diminue en conséquence. On doit faire remarquer qu’une épaisseur de copeau incorrecte peut accélérer l’échauffement dans l’outil et y provoquer une usure en cratère. De son côté, un copeau d’épaisseur convenable offre l’avantage d’évacuer la chaleur et la production d’un copeau assez épais assure aussi une action de coupe franche qui réduit à un minimum le frottement et l’échauffement. Pour maintenir une épaisseur de copeau de 2 mm avec une largeur de coupe de 1,5 mm, la charge par dent doit être accrue de trois fois et demie à 0,2 mm. La formule pour calculer la charge de copeau (qui consiste à multiplier la charge de copeau par dent par le nombre de dents de la fraise et par sa vitesse de rotation en tours par minute, ce qui donne la vitesse d’avance) met en évidence le passage à une augmentation simultanée des vitesses d’avance et de coupe. Les paramètres de coupe combinés utilisés en fraisage à grande vitesse apportent de gros avantages. La faible largeur de coupe donne naissance à une passe plus légère qui est plus douce et produit moins d’usure et de contraintes sur les roulements de la broche de la machine et sur ses glissières. La chaleur, ennemie de la tenue de l’outil de coupe, est réduite du fait du temps très court d’engagement des arêtes de coupe, ce qui leur donne plus de temps pour se refroidir dans l’air que ce n’est le cas en fraisage conventionnel. En - Mars 2008 - vol. 1 - TRAMETAL effet, le passage des arêtes dans et hors de la passe est trop bref pour qu’elles absorbent la chaleur. Le fraisage à grande vitesse réduit aussi grandement les efforts latéraux sur l’outil, ce qui permet l’exploitation de la longueur totale des arêtes de coupe de fraises à queue, autrement dit de leur profondeur de coupe axiale. Ceci est la clé de l’utilisation totale des arêtes de coupe de l’outil. La profondeur de coupe axiale augmente directement le volume de métal enlevé car son taux d’enlèvement est déterminé par le pro-duit de la largeur de coupe axiale, de la pro-fondeur de coupe et de la vitesse d’avance. Exemple de recours à cette technique Dans un atelier de sous-traitance progressivement orienté vers la fabrication et la réparation de moules pour tirer le meilleur parti de ses machines confiées à quelques opérateurs très qualifiés en fraisage traditionnel, il a été décidé de s’équiper d’un centre d’usinage permettant d’exploiter les principes du fraisage à grande vitesse, aussi bien pour la fabrication de ses moules que pour les opérations de réparation. On s’était rendu compte que l’augmentation possible de la profondeur axiale de coupe représente un avantage supplémentaire disponible gratuitement. C’est ainsi que, pour donner un exemple typique, il se sert de fraises de 16 mm de diamètre engagées à une profondeur de 38 mm dans de l’acier pour moules et ne constate qu’une flexion si infime des outils qu’il n’éprouve pas le besoin de procéder à une compensation. Avec une telle fraise de 16 mm de diamètre, il parvient à enlever 3 jusqu’à 7,5 cm /mn de matière, ce que les opérateurs, jusque là habitués au fraisage traditionnel, considèrent comme un résultat réellement phénoménal, d’autant plus qu’à ce taux d’enlèvement de métal l’usinage est de très haute qualité avec un fini de surface de 1,5 µm Ra et une planéité de 10 µm (fig. 3). 3 Sortir jusqu’à 7,5 cm /mn de copeaux dans un acier 42CD4 ne demande que 25 kW. L’absence de couple important dans les passes réduit donc les contraintes exercées sur la machine, ne compromettant donc pas sa capacité d’assurer cette très bonne finition. La possibilité d’enlever ainsi une gros volume de métal malgré la grande vitesse et le faible couple exercé sur les roulements en céramique de la broche permet des usinages à des tolérances jusqu’à 5 µm sans aucune difficulté. Le fraisage à grande vitesse permet à cet atelier aussi bien de l’ébauche que de la finition sur son centre d’usinage, un cinq axes MAV de PARPAS montant jusqu’à 24000 t/mn, et d’éviter un gonflement des tolérances en OUTILS COUPANTS Fig. 4 - Sur cette pièce en forme de cloche usinée dans un acier 42CD4, le temps d’ébauche de la cavité est passé de 80 à 20 minutes en permutant d’une fraise en bout à plaquettes indexables à une fraise en bout en carbure monobloc à cinq dents. passant d’une machine à une autre. Un exemple est celui d’un moule pour ventilateur d’automobile réalisé en 30 heures (fig.3). Ce moule présente des pointes très accentuées et des nervures de 16 mm qui ont été usinées avec des fraises de 1,5 mm de diamètre. Sans l’application des techniques de fraisage à grande vitesse bien des détails de ce moule auraient exigé de l’électroérosion avec un temps de traitement beaucoup plus long. Il a été estimé qu’en travaillant sans perte de temps avec la nécessité de fabriquer des électrodes aurait exigé d’y passer trois semaines. Cette méthode garantissant une haute précision permet aujourd’hui d’usiner “aux cotes” et avec un fini de 0,3 µm Ra, éliminant tout passage ultérieur au banc. En passant pour certains détails à une fraise à bout rond de 0,8 mm de diamètre, il a été possible de les faire tourner entre 16000 et 20000 t/mn avec une avance de 25 mm/mn. On a reconnu que l’adoption de ces méthodes de fraisage à grande vitesse après avoir acquis la maîtrise poussée du fraisage classique a exigé un radical changement d’esprit avec des hésitations sérieuses quant à la mise en service des outils en les laissant faire leur travail sans intervention. Il a fallu un temps d’accoutumance sérieux avant d’être tout à fait tranquille. La combinaison de la grande vitesse et du cinq axes à éliminé l’électroérosion dans la majorité des cas, renforcé la compétitivité de l’atelier et totalement transformé son activité. Devenu très sérieux concurrent des éventuels fournisseurs à coûts bradés et répondant aux exigences de qualité et de délais des soustraitants attitrés des grands donneurs d’ordres, il a été vite consulté par ces derniers pour les dépanner en cas de “bourre”. Toute l’équipe et sa direction sont aujourd’hui convaincues avoir trouvé la clé pour leur assurer une grande longévité des affaires. Le succès du fraisage à grande vitesse n’est pas forcément la panacée Dans les ateliers n’ayant aucune expérience du fraisage à grande vitesse, on ne doit pas s’imaginer que les succès de plus en plus répandus de cette technique signifient qu’ils 10 - Mars 2008 - vol. 1 - TRAMETAL pourraient, avec elle, apporter une réponse profitable à tous les soucis de fabrication. S’il existe de nombreux cas où elle s’applique, il y en a d’autres où elle ne convient pas. Un facteur important est la géométrie de la pièce. Les méthodes de fraisage conventionnel peuvent être nécessaires, par exemple pour préparer, dans certaines situations, l’espace dont on a besoin pour évacuer l’important volume de copeaux produit par les techniques de fraisage à grande vitesse. Certaines fois, on est obligé de plonger au milieu de la pièce pour parvenir à ménager une ouverture offrant assez d’espace pour évacuer normalement les copeaux. Mais, attention, lorsque la place est libre on ne doit pas se figurer qu’après tout on peut continuer comme ça ! Il faut toujours se mettre dans la tête qu’enlever la matière plus rapidement réduit les temps de cycle. Un atelier qui avait à usiner dans de l’acier 42CD4 au chrome molybdène une pièce de 108 x 108 x 184 mm en forme de cloche (fig. 4) en a directement effectué l’ébauche par un fraisage à grande vitesse, réduisant de quatre fois son temps de cycle qui est passé de 80 à 20 mn. Auparavant, il usinait cette pièce avec une fraise en bout de 32 mm de diamètre à trois dents entraînée à 1300 t/mn correspondant a 65 m/mn, l’engagement radial étant de 16 mm radial et la profondeur de passe axiale de 7,6 mm. Il est passé à une fraise carbure monobloc en bout de 16 mm de diamètre avec une profondeur axiale de 38 mm, un entraînement à 6000 t/mn, soit une vitesse de coupe de 150 m/mn et un engagement radial de 2,5 mm. La pièce de 16 kg avant ébauche ne pesait plus à la fin que 5 kg. Le gain de temps réalisé sur une série de mille pièces a représenté une bonne quantité d’heures ! Réfléchir pour le choix des fraises Il faut savoir que l’application optimale du fraisage à grande vitesse et l’utilisation totale des arêtes d’une fraise carbure monobloc demande une nouvelle manière de sélectionner un outil. C’est la profondeur axiale de coupe qui détermine quel diamètre de fraise utiliser. Pour servir d’exemple, un atelier confronté à une profondeur de coupe de 38 mm choisirait de sélectionner une fraise de 16 mm de diamètre et de prendre entre dix et vingt pour cent de largeur radiale. De même, lorsque l’on a besoin d’une longueur des arêtes de coupe de 20 mm, une fraise de 8 mm de diamètre conviendrait. Pour trouver le diamètre le plus approchant, une règle simple consiste à diviser la longueur désirée des arêtes par 2,5. Par exemple, en divisant une longueur des arêtes de 32 mm par 2,5 on trouve un diamètre de 12,8 mm, soit en pratique de 13 mm. Doc.Delcam OUTILS COUPANTS ploite deux modes de programmation du fraisage trochoïdal. L’un dirige l’outil constamment à faire des petits cercles tout au long de l’usinage, tandis que l’autre n’applique des parcours trochoïdaux que lorsque la géométrie de la pièce provoquerait un fort pourcentage d’engagement de la fraise dans la pièce. Pour des passes d’ébauche profondes impliquant de grands recouvrements, un mode trochoïdal constant assure que la longueur totale des arêtes de la fraise en bout peut être en action sans soumettre l’outil à une surcharge. Fig. 5 - La technique du fraisage trochoïdal implique le déplacement de l’outil durant son usinage en suivant des parcours circulaires tangents à la géométrie à réaliser sur la pièce au lieu d’une course linéaire continue. Ces déplacements circulaires minimisent l’engagement de la fraise dans la matière, contribuant à la refroidir, tout en réduisant les efforts latéraux auxquels elle est soumise et contribuant à ce qu’ils restent homogènes. Intérêt d’un parcours d’outil trochoïdal Une approche plus spécialisée du fraisage à grande vitesse implique de prévoir un parcours trochoïdal de la fraise. L’application de ce type de parcours n’est pas nouveau, remontant à une trentaine d’années pour des applications en fraisage dur. Le fraisage trochoïdal implique de prendre des parcours de coupe circulaires se recouvrant et se situant pour moitié dans la pièce et pour moitié en dehors au lieu de fraiser en ligne continue. Le mouvement circulaire constant utilisé en fraisage trochoïdal évite de trop engager l’outil en permettant d’usiner à niveau constant, de ce fait réduisant l’effort latéral sur la fraise et permettant des avances plus importantes. Bien que la méthode de fraisage trochoïdal ait été développée pour usiner des matières de pièces trempées à une dureté de 55 Rc et plus, elle présente aussi un réel intérêt pour effectuer l’usinage de poches ou pour rainurer des matières plus tendres comme le carbone, les alliages, les aciers à moules et à outils, ainsi que certains aciers inoxydables. Plutôt que de plonger dans une rainure avec un engagement important de la fraise, utiliser un outil moins coûteux en suivant un parcours trochoïdal permet de limiter les contraintes sur l’outil et sur la machine. De même, lorsque l’on usine une empreinte de manière usuelle, le pourcentage engagé de l’outil pose problème dans les coins lorsqu’il change de direction. En utilisant une fraise plus petite en mode trochoïdal on maintient homogène son engagement dans la matière. Mise en œuvre du fraisage trochoïdal Le parcours trochoïdal de la fraise est dirigé par un programme chargé dans la CNC de la machine-outil. Sur le plan pratique, on ex12 - Mars 2008 - vol. 1 - TRAMETAL D’autre part, des profondeurs et des recouvrements plus légers peuvent être une solution intermittente lors de l’utilisation de mouvements trochoïdaux dans des situations spécifiques, permettant de réduire au minimum le temps de cycle. Une action trochoïdale offre l’avantage de pénétrer et de sortir en douceur de la coupe. Toutefois, il est inutile d’appliquer un parcours trochoïdal dans tous les cas, notamment lorsque l’on usine une géométrie tout autour du périmètre d’un bloc sans avoir à pénétrer dans une empreinte ou dans une gorge puisque le parcours suivi est alors une ligne continue. Dans le cas où l’on s’apprête à usiner un parcours rectangulaire dans une poche après avoir percé un trou de départ, lorsque l’on atteint un coin il survient un moment ou l’on permute de l’axe X à celui Y et il y a alors une bonne chance pour que survienne du broutage. Il en est de même lorsque l’on va dans un coin où trop de matière entoure la fraise. Ce sont des cas où tra-vailler en trochoïdal maintient un effort constant sur l’outil en évitant ces problèmes. En conclusion, penser à la concurrence Dans une ère où tout contribue à renforcer la concurrence, il s’agit de ne pas rester inactif dans ses techniques de fabrication afin de “tenir sa place” et de progresser. Cette réflexion s’applique fortement, entre autres, aux petites entreprises vivant sur l’expérience et le savoir-faire avec des machines-outils plus ou moins récentes et plus ou moins bien exploitées car n’ayant jamais cherché à s’informer de la possibilité d’application chez elles des technologies les plus récentes. Ce qui est regrettable lorsque l’on constate le temps perdu aujourd’hui pour mieux rentabiliser leurs travaux. Cet article ne prétend absolument pas proposer de rompre systématiquement avec le passé mais il espère bien inciter à associer très vite ce que la technologie moderne est capable d’apporter pour gagner du temps sur les cycles de fabrication tout en les simplifiant et en permettant de produire plus précis et d’une qualité très nettement supérieure, ❑ donc plus concurrentielle.