entre mouvement vital et stagnation mortelle dans la littérature du XXe
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entre mouvement vital et stagnation mortelle dans la littérature du XXe
Ecole Doctorale « Sciences de l’Homme et de la Société » Pour l’année 2016-2017 - Demande d’allocation doctorale Ecole Doctorale « Sciences de l’Homme et de la Société » n°240 Bourse régionale ; bourse ministérielle ; autres ; 1. Informations administratives : Nom de l’encadrant responsable de la thèse : Mme Sylvie HUMBERT-MOUGIN (littérature comparée) Unité : « Interactions culturelles et discursives » (EA 6297) Equipe : Email de l’encadrant : [email protected] 2. Titre de la thèse : « Le Temps de la Fin : entre mouvement vital et stagnation mortelle dans la littérature du XXe siècle » 3. Résumé : (1 page maximum, en times 11) Dans la littérature du XXe siècle, bien des personnages, de divers horizons, apparaissent hantés par un « Temps de la Fin », qui définit un caractère en même temps qu’il représente une quête philosophique et psychologique. C’est ce thème qu’il s’agira d’étudier à travers un corpus composé de cinq œuvres : L’invention de Morel [La invencíon de Morel] d’Adolfo BIOY CASARES (1940, langue espagnole, Argentine), Pedro Páramo de Juan RULFO (1955, langue espagnole, Mexique), Au-dessous du volcan [Under the volcano] de Malcolm LOWRY (1959, langue anglaise), Le Dépeupleur de Samuel BECKETT (1970, langue française) et Oppiano Licario de José LEZAMA LIMA (1977, publication posthume, langue espagnole, Cuba). Le corpus montre, de manière complexe, le rapport étroit de ces écrivains avec le Chemin qui se présente universellement à l’Homme, ce même destin qui mène le Vivant vers la Mort. Seulement, cette Mort n’est pas une fin en soi et pour y accéder le chemin comporte bien des obstacles et dangers. En effet, toutes les trajectoires des personnages principaux de ces romans forment une cartographie qui permet de déterminer un espace singulier, qui lui-même s’inscrit dans une temporalité difractée : dans ces œuvres, le temps se dilate et se réfracte au fur et à mesure du mouvement des personnages. En premier lieu, on précisera cette notion de « Temps de la Fin » — non pas « une fin des temps » puisque le temps peut aussi bien s’étirer à l’infini (La invencíon de Morel, Pedro Páramo, Le Dépeupleur, Oppiano Licario) que se limiter à une seule journée (Under the volcano) : ce n’est donc pas finitude ou achèvement. De plus, ce « temps » détermine un espace particulier qui, de manière générale, est caractérisé par une nature hostile (La invencíon de Morel, Pedro Parámo, Under the volcano, Le Dépeupleur) et un lieu isolé (La invencíon de Morel, Pedro Parámo, Le Dépeupleur, Oppiano Licario). Dans ce « Temps de la Fin », l’espace et le temps sont deux éléments enchâssés. En second lieu, l’étude portera sur le mouvement de ces personnages-corps. Tout au long des romans, les trajectoires (correspondant en quelque sorte aux destins des personnages) sont amenées à être modifiées, détournées voire arrêtées mais pour un certain temps seulement. Les destins de ces corps sont en lien avec les thèmes de l’errance (Pedro Parámo, Under the volacano, Oppiano Licario), de la survivance (La invencíon de Morel, Pedro Parámo, Under the volcano, Le Dépeupleur, Oppiano Licario) ou encore du retour à l’Origine (Pedro Parámo, Under the volcano, Oppiano Licario). Entre liberté et contrainte, on observe une logique de répétition. S’y ajoute le thème de l’immuabilité : par l’intermédiaire de choses immobiles, les corps se figent, se créent, se meuvent ou se détruisent (La invencíon de Morel, Le Dépeupleur, Oppiano Licario). On réfléchira ensuite sur l’essence des corps, à la fois réels et fantomatiques. Dans trois des œuvres (La invencíon de Morel, Pedro Parámo et Oppiano Licario), les corps « normalement » fantasmagoriques – et la question spectrale – évoquent le mouvement littéraire du « réalisme magique/merveilleux » en Amérique Latine. Enfin, en dernier lieu, on analysera la quête de ces personnages dans ses dimensions philosophique et psychologique (à résonances psychanalytiques) : lutte contre l’alcool (Under the volcano), recherche du père (Pedro Parámo), quête des origines (Oppiano Licario), désir d’une sortie (Le Dépeupleur) ou d’une échappatoire (La invencíon de Morel). Toutes ces quêtes se heurtent à des obstacles, en particulier l’amour (Pedro Parámo, La invencíon de Morel, Under the volcano, Oppiano Licario) — avec un lien puissant entre Éros et Thanatos quand l’amour provoque la dévastation de certains personnages (La invencíon de Morel, Pedro Parámo, Under the volcano). Ainsi, ce travail propose à la fois d’analyser des œuvres connues sous un angle nouveau, et d’intégrer à cette approche des romans jusqu’ici très peu étudiés par la critique contemporaine (La invencíon de Morel, Le Dépeupleur ou Oppiano Licario).