LA FRANCE ET LE MAGHREB (L`ALGÉRIE, LA TUNISIE, LE

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LA FRANCE ET LE MAGHREB (L`ALGÉRIE, LA TUNISIE, LE
LA FRANCE ET LE MAGHREB (L’ALGÉRIE, LA TUNISIE, LE
MAROC): PERCEPTIONS, ATTITUDES ET VALEURS
CULTURELLES
____________
A Thesis
Presented
to the Faculty of
California State University, Chico
____________
In Partial Fulfillment
of the Requirements for the Degree
Master of Arts
in
Teaching International Languages
____________
by
Rose-Marie Lodi
Summer 2010
LA FRANCE ET LE MAGHREB (L’ALGÉRIE, LA TUNISIE, LE
MAROC): PERCEPTIONS, ATTITUDES ET VALEURS
CULTURELLES
A Thesis
by
Rose-Marie Lodi
Summer 2010
APPROVED BY THE DEAN OF THE GRADUATE SCHOOL
AND VICE PROVOST FOR RESEARCH:
_________________________________
Katie Milo, Ed.D.
APPROVED BY THE GRADUATE ADVISORY COMMITTEE:
_________________________________
Hilda Hernández, Ph.D.
Graduate Coordinator
_________________________________
Patricia Black, Ph.D., Chair
_________________________________
Maggie Payne, Ed.D.
_________________________________
Hilda Hernández, Ph.D.
DÉDICACE
Andrew et Emmy, vous m’entourez d’amour. Merci pour votre patience et
votre grâce. Andrew, tu m’inspires avec ton dévouement pour toujours faire mieux.
Merci mon cher fils pour t’occuper de ta sœur pendant que je travaille; et je n’oublierai
jamais le soir où tu as écrit à l’ordinateur une partie de ma liste de références. Cette
vision est gravée pour toujours dans mon coeur. Tu es adorable. Ma fille, si douce,
l’amour coule de chaque facette de ton être. Emmy, tu m’inspires avec ta foi et ta passion
pour la créativité. Merci ma chère fille pour les massages du dos pendant que je me
penche sur mon travail. Tu es précieuse. J’apprécie aussi toutes les fois où tu es restée
auprès de moi quand j’étais devant l’ordinateur.
Al, je ne serai pas la femme ou l’étudiante de lettres que je suis devenue sans
ton amour et ton assistance. Merci pour tout ce que tu m’apprends, sur les devoirs et sur
les relations humaines. Ton cœur bien lié à Dieu m’inspire beaucoup. Mon cœur déborde
de gratitude et de respect pour toi.
Diana, tu me montres chaque jour l’amitié basée sur l’amour inconditionnel.
Merci pour cette amitié précieuse et ton dévouement aux enfants.
Nancy, ma belle-sœur, à qui je rends un hommage posthume, m’a aimée
comme une petite sœur, toujours dévouée et de mon côté. C’est grâce à elle que j’ai
décidé de mener cette étude.
iii
Marc et Miçoise, ma famille française, merci de m’avoir ouvert votre maison,
et vos connaissances pour que je puisse discuter de ce sujet avec une variété de gens.
Mais surtout, merci de m’avoir ouvert vos cœurs. Je suis fière d’être votre fille
américaine.
Dominique, ton amitié est vraiment une bénédiction pour moi. Je te remercie
aussi de m’avoir présenté des gens avec qui je puisse discuter. Tu m’inspires en étant la
Française tout à fait moderne, bien équilibrée et bien dans sa peau, professionnelle mais
enracinée dans l’amour de ta famille.
Christiane, tu es remplie de sagesse, de bonté, et d’amour. Quelle bénédiction
de te connaître, et de partager un amour simple mais profond de Dieu. Je pense à tes mots
d’il y a longtemps: « il faut laisser les portes ouvertes de ta maison et de ton cœur pour
que l’amour puisse circuler librement. » Merci pour ta foi.
Rojo, tu m’as fait connaître la beauté de la langue française. Merci pour ta
patience et ton dévouement, non seulement au devoir, mais aussi à mon apprentissage. Tu
m’as inculqué un langage soutenu; quel plaisir d’apprendre le fond de cette langue que
j’adore.
Enfin, Sahar, tu es l’exemple parfait d’une Musulmane qui aime Dieu tout en
aimant la féminité que Dieu t’a donnée. Merci de m’avoir montré ce qui est possible pour
des femmes musulmanes; qu’elles puissent être libres et modernes, tout en gardant un
amour simple et pur de Dieu. Merci pour ton amitié envers moi et mes enfants.
iv
PRÉFACE
En faisant des recherches et en discutant ces thèmes avec une variété des gens,
l’auteur découvrit de nouvelles vérités à propos de la culture française et la culture arabe.
En réalité, elle en avait déjà une certaine connaissance. Il y a deux expériences distinctes
qui forment la base de cette étude culturelle: d’abord, l’auteur vécut en France pendant
deux ans pour des études post baccalauréat; ensuite, elle est libanaise et pendant toute sa
vie, regarda de près la culture et les rapports au sein de sa famille arabe.
v
TABLE OF CONTENTS
PAGE
Dédicace .....................................................................................................................
iii
Préface ........................................................................................................................
v
Précis ..........................................................................................................................
vii
Abstract.......................................................................................................................
xii
CHAPTER
I.
Introduction ..............................................................................................
1
Questions ......................................................................................
Définition du Problème ................................................................
La Femme .....................................................................................
Périmètres .....................................................................................
Définitions des Termes Particuliers..............................................
1
1
7
7
8
Analyse de la Recherche: Introduction.....................................................
9
Perspectives Historiques: La Liberté, L’égalité, La Fraternité.....
12
III.
La Culture.................................................................................................
22
IV.
L’Islam et les Croyances Religieuses.......................................................
37
V.
La laïcité ...................................................................................................
49
VI.
La Française..............................................................................................
60
VII.
La Musulmane ..........................................................................................
71
VIII.
Conclusion: L’intégration.........................................................................
83
Liste de Références.....................................................................................................
97
II.
vi
PRÉCIS
After World War II, the European economies flourished; the opportunity
for work attracted immigrants, including unskilled workers from North Africa, and
more specifically, the Maghreb (Morocco, Algeria and Tunisia). In the 1970s, with the
recession that followed the energy crisis, unemployment increased dramatically. The
Muslim population also significantly increased. In France today, it is estimated that ten
percent of the population is Muslim. The relationship between these two diverse
majority and minority populations has been troubled historically, and integration has
not occurred without conflict. In France, immigrants from North Africa living in the
suburbs of large cities, especially Paris, are poorly integrated into society. Poverty,
unemployment and violence are endemic. Muslims believe that they are victims of
racism and complain that they do not have equal opportunities for education and work.
The French have not successfully integrated Muslim immigrants who continue to
struggle. The cultural values that define each population confirm that these two groups
are diametrically opposed; they do not understand or support each other.
Throughout the nineteenth century, European imperialism resulted in the
rapid division of Africa. France conquered several regions, including the Maghreb.
The natives lived under the authority of the colonizers and were often treated as
inferior. Today, the three African countries are autonomous, yet tension and bitterness
persist. In Algeria, for example, the war of independence ended nearly fifty years ago,
vii
but the two countries have never settled their differences. France is against the current
Algerian government because of its radical stance towards women. This government is
also oppressive and does not adhere to the French motto of liberty, equality, and
brotherhood. Poverty nourishes fundamentalist Muslim beliefs. Algeria provides an
example of how people who live in misery accept an authoritarian regime to provide
hope against further deterioration.
The French expect immigrants to integrate by assimilating into French
culture and adopting its customs. The nation strives to protect the cultural identity of
France. French society does not accept a variety of cultures and is particularly rigid in
this principle. In addition, the French have a negative perception of Muslims because
they associate Islam with violence, especially towards women. Muslim practices have
produced conflicts in France, where the state is neutral and secular. French law gives
schools the authority to educate youth, protecting students from outside political and
religious influences. In France, the practice of religion is a personal matter, forbidden
in the school system. The church and state are separate. Islam, however, is a religion
that clearly connects with state affairs. With the strict separation between church and
state, Muslims struggle in France.
French culture can be better understood by examining its history.
Republican values like equality, free speech and the legal process were fundamental
aspirations of the French Revolution two hundred years ago, and continue to define the
French state today. Religion has been a source of conflict in French history. Suffering
from the church’s abuse of power, the populace became increasingly hostile towards
viii
the church. In the nineteenth century, the French fought tenaciously to make religion a
private matter, and to guarantee a government of equality and liberty. They also
succeeded in separating the schools from Catholic control, bringing education under
the direction of the state.
France has been officially secular since 1905. The government controls
religion by regulating it. In France, it is the state that dominates the nation rather than
any religion. Even Catholicism is separate from state affairs. However, creating a
community of believers is part of Muslim’s fundamental, cultural conscience. This
presents real problems in France where public space is quasi sacred, tied to the
national and cultural identity.
In France, education is considered a key to success. Students are expected
to approach instruction as loyal citizens of the French Republic. However, young
immigrants often struggle in the French educational system and stop attending school
at the age of fifteen or sixteen. If a student fails in school, he or she falls into a vicious
cycle of unemployment with little hope for a productive future. The children of
Muslim immigrants are especially prone to the consequences of school failure.
There is strong opposition to the public expression of religious affiliation.
In France, the practice of religion is limited to private homes and churches. It is not
generally accepted in public view. The veil worn by Muslim women is incompatible
with fundamental French values of freedom and equality. When Muslim girls wore
veils to school, there were violent reactions from the general public, followed by
passage of a law in 2004 forbidding the practice in schools and other public spaces.
ix
Further, the French do not consider the veil as a religious symbol, but rather a sign of
discrimination against women and part of a radical political regime.
In Muslim culture, religion is intricately connected to all aspects of daily
life. Islamic law, called the Sharia, governs every facet of Muslim life. There are
several interpretations of Islam, and although the options for women vary from one to
another, there are generally clear separations between males and females. Marriage is
at the center of Islamic law, and the role of the woman is primarily as wife and mother.
Fundamentalists invoke principles from the religious law to control women and
prevent them from furthering their education and developing professional lives.
Throughout the course of their history, the inhabitants of the Maghreb
never experienced a democratic government. The countries were made up of various
tribes subjected to a series of ruling powers. Over time, the tribes developed
ambivalence towards their leaders. Relationships and belonging to a community are
more important than individual freedom in the Muslim culture. Their mindset in the
Maghreb is still marked by an ambivalence that is not in synch with European
democratic and republican philosophies. In France, an individual shapes his or her
own values and designs his or her own identity. In Islam, the individual is not separate
from the laws of religion.
Today, the French woman enjoys rights equal with men. However,
preceding generations of French women were neither liberated nor equal. Historically,
young French girls learned to be submissive and pure, because these ideals were social
x
qualities important for their futures. The disparities that once existed between the two
sexes in France are significant.
Muslim women from the Maghreb have always been subjected to a patriarchal
culture. Their freedom has been limited by societies in which men and religious dogma
impose an inferior status. In their homelands, these Muslim women are not free to live as
they choose. If they want to go out, they must ask for permission, and they are not free to
go where men go. They do not have the right to divorce, and often choose marriage
instead of an education or a career. Furthermore, they must depend upon a man their
entire life. First, they are under the authority of their fathers and brothers, then their
husbands. When these Muslim women live in a contemporary French society, they
continue to be restrained by archaic Islamic rules and regulations. It is a life of perpetual
conflict. They often accept a lower social status out of fear, and for economic security.
These Muslim women must behave piously to attract and keep a Muslim husband. In
France, religion interacts with poverty, unemployment, limited education, culture, race,
and violence. To reduce the tensions between the two populations and to integrate
immigrants more effectively, both groups (majority and minority) need to make
concessions and find “common ground.” Muslims from the Maghreb should embrace
some French customs and alter certain traditions that oppress women, while the French
should strive to grant Muslims some of the religious rights for which they militate.
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ABSTRACT
LA FRANCE ET LE MAGHREB (L’ALGÉRIE, LA TUNISIE, LE
MAROC): PERCEPTIONS, ATTITUDES ET VALEURS
CULTURELLES
by
Rose-Marie Lodi
Master of Arts in Teaching International Languages
California State University, Chico
Summer 2010
Le grand nombre d’immigrés musulmans en France est la source d’une tension importante et de différents conflits qui troublent les relations entre les Français et
les Maghrébins depuis longtemps. Les populations sont diverses et l’intégration de ces
derniers ne va pas sans embûches. En France, les immigrés habitent dans la banlieue
des grandes villes, surtout celles de Paris, et sont mal intégrés dans la société. La pauvreté, le chômage et la violence en sont caractéristiques. Les Musulmans disent qu’ils
sont victimes de racisme et se plaignent de ne pas avoir autant de possibilités
d’éducation et de travail que les Français.
L’Etat français est neutre et laïque, et n’est pas compatible avec les pratiques
religieuses musulmanes. La loi donne aux écoles le devoir d’éduquer les élèves, tout en
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les protégeant des influences extérieures, y compris les associations politiques et religieuses. En France, la religion est personnelle, et interdite dans le système scolaire. Les
Musulmans ont du mal à obtenir leurs droits religieux car ils manquent d’infrastructure
centrale pour rejoindre les différents groupes. L’Islam n’est pas une religion centralisée
comme l’Eglise catholique à Rome.
Les Français s’attendent à ce que les immigrés assimilent leur mode de vie et
délaissent leur identité culturelle. Pour s’adapter à la culture française, il faut adopter
ses coutumes et s’y intégrer. La France n’est pas une société qui accepte la manifestation de différences culturelles en public. Sa discrimination envers ces principes est rigide. De plus, les Français ont une mauvaise perception des Musulmans parce qu’ils associent l’Islam avec la violence. On reproche également aux Musulmans leur traitement
inégal des femmes car elle est radicale et ne suit pas la devise de la France : liberté, égalité et fraternité.
En France, où l’Etat et l’Eglise sont séparés, on voit une opposition contre
l’expression publique des affiliations religieuses; on s’attend à ce qu’ils ne pratiquent
pas la religion dans l’espace public. Les Français et les Maghrébins n’ont pas la même
histoire; leurs mentalités divergent. Le résultat est trop souvent la peur, le racisme et
l’intolérance.
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CHAPITRE I
INTRODUCTION
Questions
Pour comprendre une société, il faut connaître la façon dont elle perçoit
l’individu. De plus, en faisant des comparaisons culturelles, l’on arrive à mieux connaître
et comprendre un autre peuple. La base des questions est culturelle. Quelles sont les
valeurs culturelles des Français et des Musulmans? Quelle est l’identité culturelle de la
France? Qu’est-ce qui définit l’identité culturelle des Maghrébins? Quelle est leur
perception culturelle mutuelle? Quelles attitudes, coutumes ou croyances de chaque
population contribuent aux difficultés à se comprendre entre eux et ajoutent des tensions
sociales?
Définition du Problème
La langue et la culture sont profondément liées. Pour enseigner une langue
étrangère, il faut rester à jour à propos de l’évolution des cultures attachées. De plus, il
faut faire des comparaisons entre une langue et sa culture pour mieux l’enseigner. La
recherche liée à cette thèse offre une description fidèle de la culture française. En même
temps, cette étude détaille les aspects de la colonisation française, de l’histoire française,
de la littérature, et de l’histoire de l’immigration en France. La culture française est
dynamique et a développé un nouvel espace culturel, la Francophonie.
1
2
Avec pour but de comprendre pourquoi certaines tensions existent entre les
Français et les Musulmans, il faut conduire une étude culturelle. Cette étude, menée
notamment en Bretagne et dans le pays de la Loire pendant l’été 2008, permet de
comprendre ces tensions et d’approfondir l’exploration de la question musulmane en
France. Les valeurs culturelles qui définissent les Français et les Musulmans démontrent
que ces deux peuples ne se comprennent pas, ni ne se supportent pas. Ils ont chacun du
mal à déchiffrer la culture de l’autre. Pourtant, en étudiant les valeurs et les attitudes
culturelles, on sait pourquoi les tensions existent.
À la base de cette étude il y a un fait divers sur les femmes voilées. Il semblait
que les Français ne permettent pas ce qui paraît être une liberté fondamentale. Captivée
par les raisons qui amènent la culture musulmane à encourager le port du voile, et la
France à l’interdire, l’auteur mena donc une enquête culturelle sur ce problème. Lors
d’un voyage en France qui dura plusieurs semaines, l’auteur discuta avec une variété de
gens, tout en observant la vie quotidienne locale et remarqua la cohabitation difficile de
deux peuples diamétralement opposés qui occupent la même terre. Ces observations et
ces discussions révélèrent des origines plus profondes au problème qui peuvent être
classées en plusieurs thèmes.
Le premier de ces thèmes est la différence entre les deux cultures. Les
Musulmans ont un mode de vie et un état d’esprit qui échappent aux Français, et de
l’intolérance résulte de cette incompréhension. On considère en France que les
Maghrébins ne devraient pas imposer leur culture, et qu’ils ne s’appliquent pas assez à
l’apprentissage de la langue et de la culture françaises. Toutes ces différences produisent
un autre problème, celui de la méfiance mutuelle. Les Français sont convaincus que le
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refus des Maghrébins de s’intégrer est une forme de provocation. La mentalité française
veut que l’on fasse un effort pour changer et s’adapter dès que l’on arrive dans un autre
pays. De plus, les Français pensent que les Musulmans ne viennent que pour les
nombreux avantages sociaux offerts par la France, et en profitent sans rien donner en
retour. Pour leur part, les Maghrébins considèrent l’orgueil français gênant et ont du mal
à comprendre la laïcité nationale qui impose des règles sur la liberté religieuse.
Le système social en France est la base d’un autre problème, car il est très
avantageux et est devenu un mode de vie pour une grande partie des immigrés
maghrébins qui en bénéficient. Le programme du groupement familial leur permet de
faire venir le reste de leur famille en France, ce qui amplifie le problème. Les Français
sont convaincus que les immigrés ne sont pas attachés à la France comme la première
vague d’immigration après la Seconde Guerre Mondiale. Ces croyances sont renforcées
par les reportages quelquefois calomnieux des medias sur les Musulmans, qui ont
tendance à décrire ces derniers comme des extrémistes. C’est un fait bien accepté en
France que le partage démographique des banlieues était une erreur du gouvernement
français parce qu’il mettait des immigrés ensemble sans faire de mixage social. Ces
banlieues sont devenues des ghettos et une atmosphère d’insécurité y règne. Tous ces
facteurs obligent ces différentes factions à se tourner vers le crime. Les jeunes vivent de
petits trafics, de vols et sont mis à l’écart de la société. Les banlieues sont aussi habitées
par des noirs et des Juïfs, et ce sont des bandes qui se détestent souvent.
La religion est un autre thème, car les Français considèrent la religion
islamique provocante, et la France n’est pas un pays musulman. Ils ont peur des
mosquées qu’ils considèrent comme étant des lieux potentiels de réunion politique. Les
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immigrés ont du mal à comprendre le système laïque de la France; il y a une séparation
claire entre la religion et l’Etat. D’autre part, la montée de l’islamisme radical perturbe
les relations entre les deux peuples. L’histoire assez mouvementée entre la France et
l’Algérie amplifie ce problème, aussi bien que le gouvernement actuel algérien qui est
intégriste et corrompu. Les Français croient que les Algériens n’étaient pas prêts à diriger
un pays, et que si la France gouvernait toujours l’Algérie, il n’y aurait pas les problèmes
actuels avec les gens du Maghreb.
Le racisme est un autre obstacle fondamental entre les deux peuples; au fond
du racisme se trouve la peur de l’inconnu et un manque de compréhension des différences
culturelles. Le racisme approfondit l’exclusion sociale des Maghrébins, ce qui augmente
leur tendance à commettre des délits pour survivre. Après les attaques du 11 septembre
2001, les contrôles d’identité en France sont devenus plus rigoureux et la police montre
plus d’agressivité envers les jeunes. De plus, les Français ne considèrent pas souvent les
gens d’Afrique comme de vrais Français, bien qu’ils soient nés en France. D’autres
Français croient que ce n’est pas la couleur de peau, mais le fait qu’ils ne travaillent pas
qui les rend moins citoyens que les autres.
Les Beurs sont des individus nés en Frances de parents maghrébins. Toute une
génération de jeunes qui ont entre quinze et vingt-cinq ans ont un handicap social et un
niveau de vie inférieur à cause des circonstances sociales qu’ils subissent. Ils suivent le
mode de vie arabe dans le cadre familial, et les parents gardent leurs traditions, ce qui ne
facilite pas aux jeunes de trouver leurs repères. Lorsqu’ils vont à l’école avec les
Français, ils ont du mal à s’adapter et souvent, ils ne sont pas acceptés comme des
citoyens français. Ils viennent souvent d’une famille où il y a peu d’éducation et peu
5
d’argent, et cette double culture est difficile à vivre. Même leur accent est différent, et
souvent ils ne maîtrisent ni la langue française, ni la langue arabe. Sans socle, ils se
dévalorisent et créent leur propre ghetto. Cette population non diplômée est la plus
affectée par le chômage; un certain nombre d’entre eux n’ont jamais vu leurs parents au
travail.
Après la Seconde Guerre Mondiale, il y a eu une demande importante pour la
main d’œuvre qui allait servir à reconstruire l’Europe, et c’est ainsi que les habitants du
Maghreb furent invités en France. Pourtant, les Français croient que les Arabes n’ont pas
tellement la culture du travail, et qu’ils n’aiment pas travailler. De plus, il persiste une
pauvreté profonde chez les Maghrébins, et souvent, ceux qui travaillent en France
envoient de l’argent à leur pays natal. Les Français ne subissent pas autant la pauvreté
que les Maghrébins. Les thèmes de la pauvreté, du travail, et de l’éducation apparaissent
comme les problèmes les plus profonds qui divisent les Français et Maghrébins. Il faut
savoir qu’au Maghreb l’oncle ou le grand-père s’occupe de l’éducation des enfants; le
rôle du père est de travailler et de subvenir aux besoins de la famille. Par contre, les
Français considèrent que les parents maghrébins ne sont pas assez intransigeants envers
leurs enfants et ne les corrigent pas assez. L’enfant musulman est le produit de son milieu
et de l’éducation familiale; l’éducation musulmane n’est pas comme celle de la France.
De plus, aujourd’hui le chômage est un problème grave en France; la population
musulmane complique cette difficulté.
Les Français se voient comme étant un peuple accueillant et généreux. De leur
côté, les Musulmans les perçoivent plutôt comme des êtres froids et qui ne sont pas
ouverts aux autres. Le malentendu est compliqué par d’autres du même genre; le point de
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vue français est que les Musulmans se doivent de respecter les lois et les coutumes en
France. Les Français sont aussi agacés par l’usage de la langue arabe en public, et cela
provoque des tensions. De plus, ces derniers rejettent les coutumes arabes en France et
trouvent que les Musulmans essayent d’imposer leur manière de vivre.
Il faut étudier les valeurs culturelles pour comprendre la mentalité de chaque
peuple. On ne peut résoudre un conflit culturel sans comprendre son interlocuteur. Donc,
il est évident qu’une étude approfondie des deux cultures s’imposa. On peut voir à travers
ce sujet une multitude d’aspects de la vie française quotidienne. Mais il est nécessaire
d’étudier chaque culture séparément afin de mieux les comprendre. Il est aussi essentiel
d’étudier la religion qui forme la base de chaque culture pour pouvoir faire le lien entre
ces facteurs et les problèmes mentionnés ci-dessus. La présente étude est une enquête
culturelle pour déchiffrer quelques vérités sur chaque peuple, qui aideront à mieux les
comprendre et les raisons des tensions qui les séparent.
Par exemple, il est bien compris que les Français ne supportent pas le port du
voile, ayant voté une loi en 2004 qui interdit le foulard dans les écoles et les espaces
publics. Si l’on comprend la valeur de l’espace public chez les Français, on arrive à
mieux comprendre cette intolérance du foulard. En France, l’espace public est presque
sacré, et sert en partie d’hommage à une histoire riche que l’on protège en préservant les
monuments et même les rues. Ces dernières sont souvent nommées après des faits
historiques ou des personnages qui ont influencé l’histoire française. Par contre, l’espace
public n’a pas cette valeur sentimentale chez les Musulmans. Ils ne gardent pas de tels
liens avec leur passé. Ceci explique pourquoi une loi qui relève du chauvinisme pur fut
votée en France.
7
La Femme
Toutes les valeurs culturelles séparent les Français et les Musulmans. En
observant le manque de confiance mutuel des deux groupes jusqu’au manque du travail
chez les Beurs, on ne peut que déduire que ce conflit est le résultat des différences
culturelles. Ce n’est pas un problème où un peuple a raison et l’autre a tort. Au contraire,
ce sont deux peuples largement séparés par les différences fondamentales qui constituent
la base de leur culture.
Chacun doit faire face à des obstacles mais certains ne luttent pas pour
surpasser ces derniers et vivent malheureux. Le voile de la peur (Samia Shariff) fut
l’inspiration pour cette étude poussée de la femme. Cette nouvelle révèle les conditions
subies par la femme en Algérie sous le régime intégriste. L’existence d’une femme en
Algérie n’est pas enviable. En effet, elle est opprimée toute sa vie par le dogme religieux
islamique qui la relègue au statut d’être inférieur. L’œuvre décrit les différentes phases de
la vie du personnage principal qui, malgré le fait d’avoir vécu en France plus tard, ne
trouva aucun changement dans la manière dont on la traitait. La France est pourtant un
pays moderne qui prêche sa devise de liberté, égalité, et fraternité. Il faut explorer les
valeurs culturelles en détail pour comprendre pourquoi les Algériennes vivent ainsi.
L’auteur trouva plus tard le courage de surmonter ces obstacles et arriva à fuir cette vie
de servitude. En accomplissant cet exploit, elle trouva aussi sa dignité.
Périmètres
Pour accomplir une telle étude, il fallait s’organiser et la limiter aux cultures
française et maghrébine. Lorsque l’on ne comprend pas une culture, le résultat est trop
8
souvent la peur, le racisme et l’intolérance. Cette étude commence avec un aperçu sur la
recherche déjà faite sur ce sujet. Ensuite, après une étude générale de chaque culture, il
faut aborder l’Islam et les pratiques religieuses en France, qui sont celles du catholicisme
pour la majorité de la population. Ceci permet de faire le lien entre ces facteurs et les
problèmes sociaux. Pour avancer cette étude, il faut déterminer pourquoi la France est
laïque. Ces bases permettent une étude poussée comparative de la femme française et
musulmane, et une définition de l’intégration. La France a du mal à intégrer les
Musulmans dans sa société et ils ne tolèrent pas ce manque d’assimilation à leur culture.
Pourtant, on ne peut résoudre n’importe quel conflit sans commencer par entendre et
discerner le point de vue de l’adversaire. En outre, on doit écouter son interlocuteur
même sans être conformé, et il le faut pour arriver à résoudre le conflit entre les
Maghrébins en France et les Français.
Définitions des Termes Particuliers
En arabe, le mot « Maghreb » veut dire « l’endroit où le soleil se couche. » Le
Maghreb inclut les pays d’Afrique du Nord entre la mer Méditerranée, et le désert du
Sahara, ainsi que l’océan Atlantique et le désert libyen. Cette région se caractérise par
une unité géographique, ethnique et économique.
CHAPITRE II
ANALYSE DE LA RECHERCHE:
INTRODUCTION
Le grand nombre d’immigrés musulmans en France produit une tension
importante; différents conflits troublent les relations entre les Français et les Maghrébins
depuis longtemps. Ces populations sont diverses et l’intégration ne va pas sans embûches.
Les immigrés habitent dans la banlieue des grandes villes, surtout celles de Paris, et sont
mal intégrés dans la société. La pauvreté, le chômage et la violence en sont
caractéristiques. Les Musulmans se plaignent d’être victimes de racisme et de ne pas
avoir autant de possibilités d’éducation et de travail.
À l’origine, l’état français a fait construire des habitations à loyer modéré
(HLM) pour loger les populations déracinées par la guerre. Ces HLM ont par la suite
accueilli les immigrés. Aujourd’hui, plus de 3 millions de familles habitent dans ces
logements souvent délabrés et inesthétiques (Steele 67). Plusieurs HLM ensemble
constituent une cité; plusieurs cités deviennent souvent des ghettos où il y a parfois une
atmosphère d’insécurité. La majorité des habitants sont musulmans, souvent une famille
avec plusieurs enfants. Avec un accent marqué et fort différent, ils créent leur propre
environnement. Dans les cités, on estime le chômage à quarante pour cent pour les jeunes
âgés de dix-huit à vingt-cinq ans; étant obligés de chercher du travail avec un nom arabe
et une adresse de cité, ils croient que le racisme les empêche de trouver du travail (68).
9
10
La France était un grand pouvoir colonial et son histoire inclut une longue
période d’expansion coloniale de plusieurs siècles de durée: « par sa position maritime, la
France était appelée à jouer un grand rôle colonial…Elle a été, au dix-septième siècle, la
première puissance coloniale du monde » (Nouvelle Géographie Générale 101). Pendant
la période coloniale, la France avait parmi ses buts (produits bruts, argent, pouvoir) de
répandre la langue française afin de créer une puissance linguistique mondiale. Il faut
savoir que l’Islam dominait en Afrique du Nord et que « cette expansion musulmane fut
un véritable obstacle à la conquête de l’Afrique par la civilisation européenne » (164).
Le français remplit un rôle particulier en tant que langue internationale, juste
derrière l’anglais (Battye 2). La langue française est présente sur chaque continent et dans
plus de quarante pays ou endroits, grâce à l’expansion coloniale. Le reportage du
gouvernement français, Etat de la francophonie dans le monde (1999), offre les chiffres
suivants: 112.660.000 francophones réels et 60.612.000 francophones occasionnels. Les
francophones réels sont ceux qui parlent français quotidiennement tandis que
francophones occasionnels sont ceux qui le parlent de temps à autre dans les pays en voie
de développement (2). Le plus grand nombre d’interlocuteurs français en dehors de
l’Europe se trouve en Afrique; la population du Maghreb en forme une grande partie avec
ses 53,6 millions d’habitants (8).
Pendant le XIXe siècle en particulier, l’impérialisme européen a résulté en une
division rapide de l’Afrique. La France a conquis plusieurs territoires, y compris « la
région de l’Atlas (Maroc, Algérie, Tunisie), que les Arabes appelaient ‘Maghreb’ ou pays
du Couchant, qui forme avec la Tripolitaine les Pays Barbaresques. L’histoire de cette
‘Afrique Mineure’, comme celle de l’Asie Mineure, se rattache à celle de l’Europe »
11
(Nouvelle Géographie Générale 165). Il faut savoir que le Maghreb, et surtout l’Algérie
étaient des colonies, « à climat tempéré, où les Européens pouvaient s’établir et cultiver
le sol » (102).
Il faut distinguer entre les colonies de peuplement, d’exploitation et de
commerce. L’Algérie, séparée de la France par la Méditerranée, formait une extension de
la France. C’était une colonie de peuplement, divisée en trois départements, tout comme
des provinces françaises. Les Français qui y habitaient ont profité des avantages qui
existaient en France. Françoise Malye offre une description de l’Algérie avant son
indépendance: « l’Algérie française insouciante, de ces villes, véritables reproductions de
petites cités françaises avec poste, monument aux morts, église et bar-tabac où l’on sirote
paisiblement l’anisette en tentant d’échapper à la chaleur » (73).
Une terre riche en pétrole et à proximité de la mer Méditerranée, l’Algérie,
plus que la Tunisie et le Maroc, était un bijou pour la France, un paradis avec son climat
doux et sa faune luxuriante. Maurice Tubiana, un Français qui a aujourd’hui quatre-vingtdix ans, et né en Algérie, raconte: « notre jardin, perpétuellement ensoleillé, embaumait
toute l’année. Je me souviens encore de la luxuriance de la végétation » (Malye 80). Par
contre, les peuples colonisés ne jouissaient pas des mêmes luxes. Ils vivaient sous
l’autorité des colons et étaient traités comme des êtres inférieurs. Les Musulmans n’ont
jamais eu les mêmes droits que les Français. Malye explique que « la majorité des terres
est devenue la propriété d’une minorité de grands colons…l’indigène ne vote pas, ne peut
entrer dans la fonction publique qu’en renonçant à la religion musulmane, ne touche pas
la même solde quand il est soldat » (75-76).
12
Ces tensions existent toujours entre la France et l’Algérie; la guerre est
terminée depuis presque cinquante ans, mais leurs différences n’ont jamais été réglées et
il y a encore des rancunes qui subsistent. De plus, il y a une impression chez quelquesuns que les difficultés avec les Maghrébins seraient moins graves si la France gouvernait
toujours l’Algérie.
Après la Seconde Guerre Mondiale, l’économie européenne a fleuri; les
opportunités de travail ont attiré des immigrés, y compris des travailleurs sans formation
de l’Afrique du Nord. Les immigrés qui sont entrés en Europe de l’Ouest sont estimés à
trente millions. La plupart sont venus pour remplacer la main d’œuvre perdue pendant la
guerre. Dans les années 1970, l’économie s’est affaiblie à cause de la crise pétrolière et
d’une soudaine montée du chômage. Pourtant, la population musulmane avait augmenté
d’une façon impressionnante; aujourd’hui on estime que dix pour cent de la population
française est musulmane. La France n’est pas facilement arrivée à accomplir l’intégration
de ces immigrés et continue à connaître des difficultés pour les assimiler. Plus
récemment, surtout depuis le 11 septembre 2001, la méfiance des Français envers les
Musulmans a augmenté d’une manière impressionnante au fur et à mesure que la
violence dans la rue s’est amplifiée; on accuse les Musulmans d’en être responsables. Il y
a parfois des conflits au sein même des communautés musulmanes, ce qui engendre une
peur profonde de l’Islam parmi le grand public.
Perspectives Historiques: La Liberté,
L’égalité, La Fraternité
Les Musulmans désirent le droit de pratiquer leur religion mais les lois
françaises discriminent contre eux; elles permettent les pratiques chrétiennes, mais
13
défendent ce que les Musulmans appellent des pratiques similaires (Ewing 35). Les
Musulmans d’origine française sont aussi sujets à cette même discrimination dans le
monde professionnel à cause de leurs croyances.
Les pratiques religieuses musulmanes ont produit des conflits en France, où
l’Etat est neutre et laïque. La loi donne aux écoles le devoir d’éduquer les élèves, tout en
les protégeant des influences extérieures, y compris les associations politiques et
religieuses. En France, la religion est personnelle, et interdite dans le système scolaire.
De plus, les citoyens jurent par leur conscience et non pas par la Bible, le Coran, ou autre
forme d’écrits sacrés.
Cependant, cette question de la religion dans le secteur public a ressurgi à
nouveau parce que la population musulmane remet en question le statut légal de la laïcité
et demande aux gouvernements européens d’examiner la liberté religieuse et le rapport de
la religion avec l’état (Pratt Ewing 32). En France, le gouvernement a déjà répondu en
votant la loi n 2004-228 du 15 mars 2004. Cette loi est une application du principe de la
laïcité: le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les
écoles, collèges et lycées publics est interdit. Bowen fait une étude sur les profonds
désaccords associés au voile islamique: le Français veut protéger sa république des signes
islamiques, sans céder, car en permettant le foulard, on craint que les Musulmans n’en
soient pas satisfaits. Ils continueront leurs coutumes intégristes en portant le hijab (207).
L’ancien président Jacques Chirac a créé une commission de réflexion et a
nommé Bernard Stasi médiateur de cette enquête sur l’application de la laïcité et le port
de signes et de tenues religieuses dans les écoles. La commission « Stasi » était composée
14
de vingt membres divers; elle a discuté pendant trois mois et a soumis un rapport à la fin
de 2003. La loi n 2004-228 est donc en concordance avec ce rapport.
Les Musulmans ont du mal à obtenir leurs droits religieux car ils manquent
d’infrastructure centrale pour rejoindre les différents groupes. L’Islam n’est pas une
religion centralisée comme l’Eglise catholique à Rome. L’étude de Warner et Wenner
montre que l’Islam n’est pas favorable à une domination collective de style européen
(461). Au contraire, la structure de l’Islam est décentralisée; la religion manque de
politique centrale autoritaire. Comparé à l’église catholique ou protestante, l’Islam n’a
guère de liens ni d’influence sur les groupes politiques (459). Il leur manque une forte
présence politique en association avec les autres Musulmans.
Le manque de structure hiérarchique que l’on trouve chez les autres religions
est une source de frustration pour le gouvernement français (Pratt Ewing 38, Warner et
Wenner 461). Bien que les Musulmans soutiennent les imams, les enseignants islamiques
de prière, ces derniers n’ont pas la formation nécessaire pour conseiller et guider leurs
fidèles. Les Musulmans ont créé des organisations pour s’aider à s’unir; et pourtant ils
restent divisés (Warner et Wenner 457). En 1983 ils ont créé l’Union des Organisations
Islamiques de France; deux ans plus tard, la Fédération Nationale des Musulmans de
France est née. Le gouvernement français a aussi essayé d’établir une commission pour
représenter politiquement la religion musulmane. En organisant le Conseil Français du
Culte Musulman en 2002, le gouvernement voulait que les Musulmans soient présents
dans les discussions politiques (Bowen 48). Malgré ces efforts, les Musulmans français
restent toujours décentralisés, ce qui ajoute aux obstacles d’intégration.
15
Pourtant, il faut constater que les différences ethniques et les valeurs
culturelles les séparent. Par exemple, parmi la population algérienne il y a toujours eu des
conflits entre les Arabes et les Kabyles; ces derniers viennent de la région berbère de
l’Algérie. La Nouvelle Géographie Générale éclaircit les origines de ces deux peuples, et
celles-ci illuminent les différences fondamentales entre eux. « Les Kabyles, de race
berbère, descendent des habitants primitifs du pays; groupés en villages, dans les
montagnes de la Kabylie, ils sont sédentaires et cultivent le sol…Les Arabes, de race
sémitique, sont les conquérants musulmans, venus d’Asie au VIIe siècle et immigrés
surtout au XIe siècle. Généralement pasteurs et nomades, ils habitent sous des tentes,
groupées en douars, et sont constitués en tribus » (103). En parlant de sa vie en Algérie,
Tubiana reconnaît que « le plus frappant était la violence entre les différentes ethnies et
groupes religieux » (Malye 80).
Ces groupes ethniques ont du mal à défendre ensemble leurs intérêts devant le
gouvernement (Warner et Wenner 459, Pratt Ewing 38). Il n’y a pas d’organisation
islamique dominante en France ou ailleurs pour les unir dans leur quête de droits civiques
dans la société démocratique où ils résident.
Dans son enquête de la femme africaine en France, tout en exposant sa culture
et son identité, Killian constate que la Maghrébine souffre en tant que musulmane,
africaine, immigrée et femme (8). Les Français s’attendent à ce que les immigrés
assimilent leur mode de vie et mettent de côté leur identité culturelle. Pour s’adapter à la
culture française, il faut adopter ses coutumes et s’y intégrer. La France n’est pas une
société qui accepte une variété de cultures au sein de la sienne et sa discrimination envers
ses principes est rigide.
16
Bleich a observé la religion, la violence, et les réactions des gouvernements
européens. Son étude comparative offre un point de vue important et un contexte
historique qui aident à expliquer les problèmes entre les Européens et les Musulmans
aujourd’hui. Un grand pourcentage des immigrés est d’origine africaine où la religion
majoritaire est l’Islam. La France et d’autres pays européens ont du mal à les assimiler
(Warner et Wenner 457). La population musulmane française est presque le double en
comparaison à celle de l’Allemagne ou des Pays-Bas; elle est trois fois plus grande
comparée à l’Espagne ou le Royaume-Uni (Bleich 8). Le chômage est un problème grave
en France et on croit que cette grande population musulmane l’amplifie.
L’immigration a suivi son cours historique à cause de la loi de réunion
familiale. Il y a eu une seconde vague d’immigration, qui a apporté avec elle la soudaine
réalisation que les immigrés ne retourneraient plus en Turquie, en Asie, en Afrique, ou
ailleurs (Bleich 9). Les Français ont reconnu qu’il y avait plusieurs aspects culturels qui
ajoutaient aux différences et aux difficultés entre eux et les Musulmans, mais la religion
n’est pas la cause de la plus grande division dans les sociétés européennes (Bleich 11).
Au contraire, les Européens ont une mauvaise perception des Musulmans parce qu’ils
associent l’Islam avec la violence.
D’après Bleich, les médias amplifient la peur chez les gens avec leurs
reportages exagérateurs et trompeurs (21). Les discussions de religion et culture sont
agitées parce qu’il y a souvent une allusion à la violence musulmane. L’Europe
chrétienne a eu une longue histoire de guerres saignantes en son sein, en Afrique et au
Moyen-Orient. Les Français n’ont qu’à regarder la guerre en Algérie pour se rappeler un
conflit destructif entre eux et les Musulmans (14). En 1962, l’Algérie a gagné son
17
indépendance après une guerre qui a duré huit ans, une guerre angoissante dans laquelle
les deux peuples se sont battus avec ténacité et dont les tensions subsistent fortement
aujourd’hui.
Pendant la décennie de 1990, les associations entre l’Islam et la violence sont
devenues plus intenses. La France sentait les tensions d’une guerre civile en Algérie et il
y a eu des épisodes de violence à Paris et à Lyon. Les conflits et la violence en Algérie
depuis la guerre civile de 1990 augmentaient cette perception d’Arabes fanatiques et ont
créé une nouvelle vague d’immigration vers la France métropolitaine pour fuir le danger
(Killian 25). Souvent les médias trouvaient des liens erronés entre l’Islam et le
terrorisme. Par exemple, en 2005 quand les jeunes brûlaient des voitures dans les
banlieues de Paris, les médias ont rapidement rejeté la faute sur les immigrés musulmans.
Pourtant, ces problèmes sont plutôt le résultat du chômage et du manque d’éducation
chez les jeunes (Haddad et Balz 24).
Il y a la perception en France que lorsqu’il s’agit de crimes, les immigrés en
sont coupables. Pour Bleich, les Musulmans sont de plus en plus perçus comme des
délinquants dans le secteur public, et non seulement pour le terrorisme, mais aussi pour
les crimes et les violences antisémites (3). Il y a aussi la peur que les mosquées soient
infiltrées par des terroristes, des extrémistes. On craint le terrorisme partout dans le
monde; en France, en particulier, l’on suppose que ces problèmes viennent des
Maghrébins.
L’angoisse en Europe vis-à-vis de l’Islam a augmenté après l’attaque du 11
septembre, 2001. Cet événement a polarisé les rapports entre les deux peuples, au
détriment des Musulmans (Bleich 21). Après le 11 septembre, les politiciens ont reconnu
18
que les intégristes étaient dangereux quelle que soit leur religion, et que les pays
musulmans qui restaient modérés sur la religion sont moins menaçants. Les pays
européens veulent éliminer toute forme radicale de religion.
Selon Willaime, il faut savoir que la France, malgré sa laïcité, est un pays
catholique avec la plus grande population européenne de Musulmans et de Juïfs. Les
organisations religieuses n’ont guère d’influence dans la société française parce que la
nation est laïque; il y a une séparation bien définie entre l’Eglise et l’Etat. De plus, la
philosophie et la critique politique de la religion ont une place plus importante en France
par rapport aux autres sociétés européennes. Il y a une affirmation civique de la
suprématie de l’Etat et son autorité exclusive sur la société civile (Willaime 378).
Autrement dit, les Français sont synchronisés avec cette séparation non équivoque.
La laïcité est influente en France, le résultat de siècles de doutes envers la
religion et de méfiance de l’Eglise catholique. Elle fut d’abord une réaction contre la
domination romaine en France. L’esprit de la laïcité date de la Révolution française, mais
la réalisation d’une loi officielle ne se fit qu’en 1905. La Révolution française a mené une
nouvelle idéologie dans laquelle la raison et le rationalisme surpassent le traditionalisme
et la religion (Pratt Ewing 37). La loi de 1905 protège la liberté religieuse de l’Eglise,
tout en supprimant le soutien financier du gouvernement. De plus, la loi interdit
l’enseignement religieux et le port de signes religieux à l’école.
L’Islam est la deuxième religion en France, et la société française est tout
aussi méfiante qu’elle l’était auparavant de l’Eglise catholique (Willaime 2004). De plus,
l’intégrisme islamique aujourd’hui se présente aussi dangereux que l’ultra-catholicisme
d’autrefois; la religion occupe à nouveau une position dominante sur les pratiques
19
générales de ses croyants (Bowen 186). Willaime explique que les Français n’acceptent
ni pluralité culturelle, ni religion manifestante. On ne tolère pas ceux qui choisissent de
vivre suivant un dogme religieux (Willaime 379). Autrement dit, le gouvernement
français mène la religion en la réglant.
En France, où l’Etat et l’Eglise sont séparés, on voit comment les gens
s’opposent à l’expression publique des affiliations religieuses; on s’attend à ce que l’on
ne pratique pas sa religion dans l’espace public. Ces espaces comprennent les bâtiments
de services sociaux, les tribunaux, la poste, et les écoles. L’école française est neutre et
laïque; le gouvernement protège les élèves de l’influence religieuse. Pourtant, le désir des
Musulmans de porter le voile fut accompagné de réactions vénimeuses de la part du
grand public.
Ce public discute maintenant pour trouver une définition de la laïcité et de la
liberté religieuse (Warner et Wenner 467-468). Ceux qui sont contre le foulard se
plaignent d’être troublés lorsque les élèves portent le voile. En effet, ces premiers
considèrent l’apparition du foulard comme une violation contre leur liberté religieuse.
L’opinion publique considère le port du voile non pas comme un signe religieux, mais
plutôt comme un symbole de la domination masculine.
Pratt Ewing constate que les Français voient le voile comme un symbole de la
soumission de la femme, et une assertion menaçante de l’intégrisme islamique (42). De
l’autre cote, Willaime note que bien que des femmes portent le voile à cause de pression
familiale, d’autres choisissent librement de le porter pour exprimer leur identité. Certes,
une partie des Musulmanes découvrent et embrassent les coutumes et valeurs laïques de
20
la société française, mais d’autres contestent cette conversion jusqu’au point de renforcer
leur foi et dévouement de leur culture natale.
L’étude comparative de Limage sur l’enseignement français et l’identité
islamique en France nous permet de voir d’autres aspects du système pédagogique et des
valeurs culturelles. Le voile est un signe d’inégalité en France. De plus, les pays du
Maghreb soutiennent la charia, le code islamique qui accorde un statut inégal à la femme
(90). L’enseignement public en France supporte jusqu'à ce jour les principes sur lesquels
la République Française fut fondée. C’est l’Etat qui est responsable de l’enseignement du
citoyen français; ce sont les enseignants qui accomplissent cette tâche pour l’Etat. Les
associations de parents d’élèves existent pour soutenir les enseignants et n’ont pas leur
place dans la salle de classe (76). Si un élève reçoit des notes médiocres et ne travaille
pas bien, ce n’est pas le système qui est en tort. Limage remarque que c’est la faute de
l’élève ou des parents qui ne suivent pas leurs enfants de près. Les professeurs et les
institutions n’ont pas à rendre de comptes (76).
Les écoles ne sont pas des institutions démocratiques et les associations de
parents d’élèves n’ont aucune influence sur les pratiques des professeurs. L’État
détermine le programme scolaire et les professeurs sont engagés en tant que
fonctionnaires pour l’enseigner. Le ministère de l’éducation décide des détails du
programme et les décisions des professeurs sont limitées quant au choix des livres (77).
Le système scolaire français est basé sur des examens; l’instruction est bien définie et le
protocole doit impérativement être respecté. Les élèves apprennent à exprimer ce qui est
acquis dans le cours sans explorer d’autres voies. Les élèves français ont des cours
d’éducation civique, de langues étrangères, d’histoire et de géographie, mais pas de cours
21
de religion. Il n’y a pas de reconnaissance des religions car l’Etat est contre le soutien des
pratiques religieuses dans les institutions publiques. Il faut savoir que les institutions et la
politique de la Cinquième République n’offrent pas de conditions idéales pour
officiellement reconnaître une nouvelle communauté religieuse (Laurence et Vaisse 139).
Or, les Musulmans doivent financer à part des cours d’Islam, même dans leurs écoles
privées en France.
La France était une collection diverse de régions avec des différences
culturelles et linguistiques marquées. En effet, ces langues et dialectes régionaux, ainsi
que leurs us et coutumes sont bien présents en France aujourd’hui. Le pays est encore
fondamentalement divers malgré sa langue officielle et son gouvernement unifié. D’après
Limage, depuis la Révolution française, la langue française fut imposée sur les différentes
langues régionales car c’était la meilleure manière de développer une unité nationale et
défendre les valeurs de la République (79).
Pour perpétuer cette tradition en France, le gouvernement finance les écoles
privées qui suivent le programme scolaire national. Ces écoles reçoivent une subvention
pour chaque élève à condition qu’elles permettent à tous les élèves de s’inscrire, quelle
que soit leur foi. Plus de quatre-vingt-dix pour cent de ces écoles subventionnées sont
catholiques (Limage 73). Malgré cet effort, les langues et cultures des autres peuples
n’ont pas leur place dans le système scolaire, aussi bien les dialectes régionaux vivants
que les langues des immigrés.
CHAPITRE III
LA CULTURE
Pour comprendre une société, il faut connaître la façon dont elle perçoit
l’individu. De plus, en faisant des comparaisons culturelles, l’on arrive à mieux connaître
et comprendre un autre peuple. Moran explique que la culture est dynamique, vivante et
changeante. Au cœur d’une étude culturelle, il y a une rencontre avec les différences (78). Quelles sont les valeurs culturelles des Français et des Musulmans? Quelle est
l’identité culturelle de la France? Qu’est-ce qui définit l’identité culturelle des
Maghrébins? Quelle est leur perception culturelle mutuelle? Puisque les Français et les
Maghrébins n’ont pas la même histoire, leurs mentalités divergent. Le résultat est trop
souvent la peur, le racisme et l’intolérance.
Le nouveau Petit Robert (2009) de la langue française offre cette description
de la culture: « ensemble des aspects intellectuels propres à une civilisation, une
nation…des formes acquises de comportement, dans les sociétés humaines » (601).
Wylie et Brière expliquent que pour « saisir le comportement d’un autre peuple, il faut
connaître le vaste complexe culturel dont les actions et la mentalité ne sont que la
manifestation. Pour comprendre les critiques, il faut savoir la conception que les uns et
les autres se font du foyer familial, du milieu où ils vivent, de l’amitié, de la nature
humaine, de l’organisation de leur société respective et de l’intégration de l’individu dans
22
23
cette société » (8). Cette théorie semble être ignorée dans ce conflit culturel qui oppose
les Français et les immigrés, qu’ils soient Maghrébins ou d’une autre origine.
Histoire des passions françaises, 1848-1945 (Zeldin) est une étude autant
historique que sociologique. L’auteur traite de l’ambition et l’amour, de l’orgueil et
l’intelligence.
Il discute aussi du goût et de la corruption, de la colère et la politique, et de
l’anxiété et l’hypocrisie. Cette œuvre expose les mentalités culturelles qui sont au fond du
coeur français. Zeldin découvre que l’on « n’était pas français du seul fait d’être né en
France, ou d’en cultiver la terre; ce titre se méritait par l’adhésion à un ensemble de
valeurs » (2:8). Autrement dit, on mérite d’être français en acceptant certaines traditions.
La France possède une dimension historique, et comme un être humain, elle « a eu une
naissance, une enfance, une adolescence, un âge adulte » (Wylie et Brière 46). À travers
cette histoire, sa personnalité s’est développée. De ce fait « chaque Français conscient de
la grandeur de l’héritage reçu a, en principe, la responsabilité de continuer cette lente et
difficile transformation de la société » (47).
En France, on ne voit pas l’expression culturelle éblouissante des
communautés étrangères du style américain, comme ‘Chinatown’ et ‘Little Italy’ par
exemple, avec une autre ethnie et ses coutumes, sa langue et ses traits culturels. Au
contraire, la France ne permet pas de culture simultanée ouverte. De plus, les Français
soupçonnent les gens qui gardent trop leurs habitudes culturelles (Kidd et Reynolds 36).
Les Français appellent leur territoire ‘l’Hexagone’ et à l’intérieur se trouve
des régions et des provinces qui constituent le pays. Plus loin on trouve l’Europe, et plus
loin encore, le reste du monde. Les Français considèrent leur histoire parfois mêlée au
24
monde externe, mais il n’y a jamais de fusion entre les deux. De plus, pour bien regarder
l’histoire de la France, il faut également examiner sa géographie, sa démographie, sa
mentalité et sa sociologie (Braudel 20-21). Zeldin ajoute que l’on « considérait que
l’histoire et la géographie faisaient partie de l’éducation morale et civique. Le programme
était largement centré sur la France; le but principal était d’entretenir la fierté de
l’héritage national, tant matériel qu’humain. Sans aucun doute, le patriotisme progressait
grâce à ces leçons » (2:214).
Il faut regarder l’histoire pour comprendre la culture française d’aujourd’hui.
De plus, il faut savoir que la France occupe une place didactique influente dans le monde
grâce à sa culture. Lorsqu’on pense aux arts, à la littérature, à la philosophie, à la
musique, au théâtre ou encore au cinéma, on pense à la France (Kidd et Reynolds 23).
On y trouve aussi le rôle dominant de l’état. Les Français s’attendent à ce que
l’état leur accorde certains bénéfices; l’étatisme est bien ancré dans la mentalité française
et la vie quotidienne (Kidd et Reynolds 31). Après la seconde guerre mondiale, le pays a
nationalisé une grande partie de ses industries pour protéger l’état et éviter les abus faits
pendant la guerre. Par exemple, la SNCF était monopolisée pour transporter les Juïfs vers
les camps de concentration. La France ne voulait jamais revoir ces atrocités. Alors, après
la guerre, certaines industries comme les transports, les banques, la poste, la télévision et
la radio ont été mutés vers le secteur public.
Il y a eu plusieurs évènements qui ont contribué à former l’identité française
telle qu’elle l’est aujourd’hui. Deux de ces épisodes sont la guerre franco-allemande de
1870, et l’affaire Dreyfus qui a suivi vingt-quatre ans plus tard (1894), qui ont beaucoup
influencé la société. D’abord, la guerre fut une défaite humiliante pour la France avec sa
25
perte des provinces de l’Alsace et de la Lorraine. Ensuite, dans l’affaire Dreyfus, un
jeune capitaine juïf était accusé d’espionnage pour le compte de l’Allemagne. La France
connaît une longue histoire de désaccords avec l’Allemagne; depuis la guerre francoallemande, ceux-ci étaient encore plus amers (Kidd et Reynolds 24-25). Dreyfus n’était
pas coupable, mais il fut quand même exilé à l’île du Diable.
Zeldin révèle que « l’Ancien Régime n’avait pas réussi à insuffler au peuple le
sentiment réel d’appartenir à un grand pays » (2:7). Ceci créa donc le besoin d’unification
à travers un nouveau système qui se révéla être la République. Il faut savoir que les
valeurs républicaines, comme l’égalité, la parole libre et un processus légal et juste,
étaient des aspirations fondamentales à l’origine de la Révolution il y a deux cents ans, et
en sont la base de l’Etat aujourd’hui.
L’affaire Dreyfus a illustré que les inégalités de la République étaient toujours
présentes en France. On a mis le blâme sur l’Eglise catholique qui a supporté l’armée et
non pas le citoyen; ce fut une insulte contre la République (Kidd et Reynolds 27). On
considérait que l’Eglise catholique et ses doctrines religieuses n’étaient pas synchronisées
avec l’état républicain français. Il fallait lutter contre ses influences et rester du côté de la
raison.
La France moderne est marquée par son histoire coloniale, aussi bien que par
les guerres et les révolutions passées, et la perte de son statut en tant que puissance
coloniale. Pour rattraper la gloire perdue de la puissance générée par les colonies, elle
s’est bien installée comme l’un des leaders parmi les autres pays européens, et elle se
concentre sur sa culture contre les influences extérieures. Wylie et Brière notent que l’on
pourrait voir une crainte en France, née de l’histoire des intrusions menaçantes. La
26
France « très exposée aux attaques étrangères, a été envahie des dizaines de fois au cours
de son histoire…on voit cette peur dans la recherche des frontières naturelles de la France
au cours des siècles passés ou dans la ‘ligne Maginot’…fortification qui fut construite le
long de la frontière avec l’Allemagne dans les années 1930 » (67). Ceci dit, les Français
gardent de près leurs coutumes, leur culture, et leur langue.
Il est essentiel de comprendre l’organisation classique de la société française,
car à partir de cette connaissance, on arrivera à mieux comprendre d’où viennent ces
attitudes culturelles. Cette organisation fut composée de l’aristocratie, du clergé, et du
peuple. Parmi le peuple, il y a trois catégories bien définies dont la plus dominante est la
bourgeoisie. De plus, chacune a une identité et une culture bien distinctes. Il y a « une
barrière sociale et culturelle, difficile à franchir…ni un paysan ni un ouvrier—ni sans
doute leurs enfants—n’avaient aucune chance de devenir bourgeois un jour » (Wylie et
Brière 145-146).
Zeldin explique qu’avant la seconde guerre mondiale, la France n’avait pas
vraiment abandonné ses traditions aristocrates et on les voyait dans la classe bourgeoise.
« La France moderne telle qu’elle émergeait à cette époque était essentiellement
bourgeoise. Mais la bourgeoisie avait tant de facettes et ses idéaux étaient si complexes
qu’on ne saurait se contenter de termes aussi généraux pour donner une explication
satisfaisante du comportement français » (Zeldin 2:5). La culture bourgeoise se
caractérise par son influence, sinon sa domination sur la politique et l’économie, un
confort matériel, l’éducation dans des sujets classiques, et une maîtrise exceptionnelle de
la langue française. « Les difficultés de la langue française jouaient un rôle très important
dans ce barrage socioculturel » (Wylie et Brière 147).
27
Tandis que la bourgeoisie tenait une culture prestigieuse qui est devenue
caractéristique de la haute société française, les paysans étaient plutôt liés aux cultures
régionales « avec chacune sa langue…ses mœurs, ses vêtements particuliers » (145).
C’étaient des agriculteurs, bien respectés par la bourgeoise, car la France est d’abord un
pays agricole. La bourgeoisie considérait « ce travail de la terre comme une activité
honorable » (147).
Les ouvriers, y compris des travailleurs de petits métiers, n’étaient pas unis et
ils avaient leur propre culture. Ce qui est remarquable est que la bourgeoisie, cette classe
très influente en France, n’appréciait pas les ouvriers. Selon Wylie et Brière, « depuis les
sanglantes émeutes urbaines de la Révolution (1789-1794) les bourgeois avaient une peur
intense du monde ouvrier des villes » (147). De plus, ils jugeaient le travail manuel
méprisable et dépourvu de respectabilité. De là, la mentalité française qui est telle que
l’on croit que les gens de l’Afrique du Nord sont des travailleurs que l’on a invités, et que
l’on les tolère sans plus (Braudel 71).
Certains traits spécifiques du comportement français se manifestent dans
l’éducation secondaire, que l’on considère la clé de la réussite. Les familles françaises
sont vouées à élever des enfants bien équilibrés, avec comme but de « donner à l’enfant
un sens très clair de son identité » (Wylie et Brière 33). Zeldin dédie une grande partie de
son œuvre à l’exploration de l’éducation et de la famille qui « étaient les deux
préoccupations majeures du bourgeois, et il y consacrait beaucoup d’argent. Il mettait
l’accent sur l’acquisition d’une culture générale qui le distinguait des artisans et des
travailleurs manuels » (1:26). Pour bien réussir, il fallait surtout maîtriser un niveau
supérieur de la langue française et communiquer avec un langage clair. L’Académie
28
française, qui existe depuis 1635, est chargée de surveiller les lettres et langue françaises;
elle s’efforce surtout de les protéger contre les influences d’autres langues.
Les Français et les Maghrébins n’ont pas la même histoire; leurs
tempéraments généraux divergent. Il faut savoir que dans la culture arabe, l’état et la
religion sont liés; les Musulmans mélangent la religion à la vie sociale. Leur loi est celle
du Coran. Bien qu’il y ait plusieurs interprétations de l’Islam, et que les options pour la
femme varient d’un pays à l’autre, un fait est bien reçu: les deux sexes sont séparés et la
femme est limitée à son rôle de femme et de mère. Au Maghreb, le mariage est vraiment
le seul choix d’une Musulmane; elle n’est pas libre de mener sa propre vie et développer
ses compétences (Killian 55). Au contraire, en France la femme joue un rôle plus
important dans la société, surtout depuis les années 1950.
On reproche également les Musulmans pour la violence envers les femmes. La
France est contre la politique algérienne vis-à-vis de la femme car elle est radicale et ne
suit pas la devise de la France: liberté, égalité et fraternité. En Algérie et dans la ville
d’Alger, par exemple, la pression religieuse est telle qu’une femme ne peut pas sortir la
nuit pour sa propre sûreté, et doit toujours être voilée. Les femmes sont obligées de se
couvrir où qu’elles soient en Algérie. L’intégrisme opprime les femmes et elles doivent
se conformer. Il faut savoir qu’il y a des intégristes étroits en Algérie, ce qui est le
résultat d’une pression sociale qui continue depuis l’indépendance du pays. Pervillé
explique que bien que la guerre de libération nationale en Algérie (1954-1962) soit
officiellement terminée, « le tabou porte sur les dissensions entre Algériens qui ont donné
à cette guerre nationale une dimension de guerre civile inavouée » (3). Il y a toujours une
minorité qui est convaincue que la guerre d’Algérie n’est pas vraiment finie, et qu’après
29
l’indépendance, ce fut « le début de sa pire période, dont elle n’a pas encore fait le deuil »
(4).
Les gouvernements musulmans comptent sur la charia, la loi islamique, pour
définir les codes de loi (Killian 32, Djerbal et Hamou 108). Dans ce contexte traditionnel,
la femme est soumise à l’autorité de l’homme tandis que l’homme est soumis à l’autorité
de l’état. En outre, la femme est inférieure à l’homme et la charia lui impose de rester à la
maison et de s’occuper de sa famille et de ses enfants. Killian constate que cette tendance
d’élever l’homme au dessus de la femme est le résultat d’une éducation masculine
machiste dont les hommes qui en sont sujets ne se rendent presque pas compte (75). Elle
ajoute que si le jeune garçon voyait sa mère respectée, lui aussi respecterait sa femme
plus tard, ou bien la fille avec qui il sort (77).
Tandis que l’on trouve un sentiment de domination chez l’homme dans la
culture musulmane, les Français, eux aussi, possèdent leur orgueil culturel. Wylie et
Brière notent qu’ils attribuent « une très grande importance aux qualités intellectuelles »
(61). Zeldin constate aussi, en détaillant l’identité nationale, que « les penseurs français,
même les plus libéraux, partagèrent longtemps cette conviction que les valeurs de la
France étaient tellement supérieures qu’elles devaient être transmises aux autres » (2:11).
La France s’est définie par ses attitudes envers les étrangers, des gens qui habitent dans
les pays voisins, aussi bien que des immigrés qui viennent en France pour y vivre. La
France se trouve toujours au centre des cartes européennes dans l’enseignement
géographique, pour montrer aux jeunes élèves « leur pays formant le centre du monde »
(2:11). De plus, le Français accepte sa responsabilité de civiliser l’individu, car celui-ci
« devenait un homme meilleur—mieux éduqué, plus poli et à l’esprit plus ouvert » (2:11).
30
En France, on s’attend à ce que les immigrés assimilent et mènent une vie quotidienne à
la française. Il faut, tout d’abord, mettre de côté les autres langues et maîtriser la langue
française (Kidd et Reynolds 5).
L’unité est une toute autre chose dans les pays maghrébins et se fonde plutôt
« sur une mentalité unifiée, une religion unique et des sentiments communs » (Julien 27).
Il faut se rappeler que les gens du Maghreb furent des habitants des anciennes colonies
françaises, mais ils connaissent une longue histoire de soumission, même avant que les
Français y arrivent. Chez eux, il n’y a jamais rien eu qui ressembla à une structure
étatique. Au contraire, l’organisation politique du pays fut des tribus variées, avec toutes
les contradictions entre les formes de pouvoir possibles et l’on attachait une importance
particulière portée sur la personnalité du groupe (Rosen 29).
Les Européens n’ont pas réussi tout de suite à conquérir les pays africains
comme ils l’ont fait auparavant en Amérique et en Asie, car les indigènes ont résisté avec
ténacité (MacKenzie 4). En Algérie, « il a fallu plus de vingt ans de lutte pour vaincre la
résistance des Arabes » (Nouvelle Géographie Générale 103). Tandis qu’Alger était un
repaire de pirates à cause de sa proximité avec la mer, les pays africains furent habités par
des indigènes musulmans (Nouvelle Géographie Générale 103). Ils habitaient dans des
tentes et se groupaient en douars. À la base de leur vie sociale se trouvait un lien profond
entre peuplades et une attitude culturelle ambivalente envers les pouvoirs gouvernants.
Julien note que « dans tout pays soumis à l’étranger, l’histoire apprend que la
déchéance suivit la conquête » (24). Tout d’abord, les tribus ont troublé l’occupation
française et sa dépossession des terres indigènes. Elles se sont dispersées pour essayer de
les prendre avant que les Français ne les saisissent. Ensuite, ils ont mieux toléré les
31
Français, réagissant comme ils l’ont fait auparavant avec d’autres dirigeants. Les
indigènes ont conclu qu’il fallait rester auprès des pouvoirs imposants, mais juste assez
pour influencer leurs actions, sans leur permettre pour autant de dissoudre leur structure
tribale (Rosen 95).
Une mentalité ambivalente caractérise donc la culture arabe en général, et
cette qualité est nettement visible dans la religion islamique; elle réagit sur la vie sociale
des musulmans. Rosen explique que cette ambivalence est au fond de la manière dont les
musulmans s’organisent dans le monde social des autres, et c’est une civilisation qui
soutient ses relations sociales pour vivre sans conflit (29). De plus, c’est la solution
optimale pour garder et protéger des rapports et pour éviter des conflits.
L’idéologie musulmane n’est pas synchronisée à l’esprit ouvert français et sa
philosophie démocratique républicaine. Au contraire, il y a chez le peuple arabe deux
valeurs qui prévalent: l’Islam en premier et ensuite le pouvoir. L’autorité n’est pas un
obstacle personnel, mais plutôt, l’ordre normal de la vie quotidienne. En acceptant l’état
civil tel quel, Rosen explique que les Musulmans protègent leur vie sociale. Ceci est une
autre raison qui explique le manque d’organisations unificatrices chez les Maghrébins en
France; cette sorte de lien n’existe pas dans la culture musulmane, et les gens restent
ambigus envers les valeurs de l’ouest. L'ambivalence est la colle forte qui resserre les
liens entre les différents groupes de Musulmans (38).
Une caractéristique fondamentale de la culture arabe est la conception de
l’individu; il n’est pas capable de conduire sa propre morale (Rosen 169). Il ne peut pas
mettre de côté la loi islamique car elle détermine son caractère et elle est liée à sa vie
privée. « Chaque Musulman a une grande patrie, l’Islam » (Julien 23). En Europe,
32
l’individu peut façonner ses propres valeurs et se faire sa propre identité, ce qui n’est pas
envisageable dans l’Islam. L’individu n’est pas divisible. Dans leur culture, l’individu est
limité par les lois qui régissent la religion (Rosen 58).
Cette idéologie est nettement illustrée par la situation de la femme
musulmane. Elle vit comme un être inférieur dans cette culture, sans se plaindre. La
Musulmane ne possède pas son propre statut civil; son père a d’abord l’autorité sur elle,
et ensuite son mari. Dans un pays islamique, ce sont les hommes qui possèdent la totalité
du pouvoir légal (Rosen 141). Les gens acceptent cette réglementation sans se poser de
questions et sans demander de preuves concrètes (Rosen 128). C’est parce qu’il ne faut
pas douter de Dieu, selon la foi, car l’on gâchera le bon ordre de la vie que Dieu offre.
Rosen explique aussi que la loi islamique se comprend mieux comme une
espèce de loi canonique, comme celle qui dirige l’Eglise catholique. C’est-à-dire que ce
sont des codes à suivre d’après des doctrines religieuses. Pour assurer l’obéissance de ces
codes, les autorités religieuses distrubuent le pouvoir parmi les institutions locales (les
paroisses ou les mosquées). Pourtant, l’Islam ne reconnaît pas la légalité telle quelle de
l’individu, et l’emphase de chacun est sur ses rapports sociaux et les conséquences des
choix personnels (64-65). De plus, les gens acceptent de se soumettre à des conventions
pour protéger leur vie d’un monde chaotique et trouver de la stabilité. Or, une grande
différence entre l’idéologie catholique est celle de l’Islam est que dans les pratiques de
cette dernière, on ne doit pas révéler ce que l’on ressent ou croit. Au contraire, dans la
culture catholique, l’on exprime les faiblesses humaines comme une conséquence du
péché. Wylie et Brière expliquent que « les penseurs et écrivains français, de Villon ou
Montaigne jusqu'à Malraux et Camus, ont accordé une place considérable aux thèmes de
33
la ‘dignité humaine’, de la ‘condition humaine’ et de la lutte de l’individu pour surmonter
la contradiction entre l’une et l‘autre » (59). Rémond y ajoute que « la plupart des
Français à ce jour sont nés dans le catholicisme; ils ont reçu les rudiments d’une
instruction religieuse qui s’est incorporée à leur propre culture » (Culture 59). Dans
l’Islam, c’est plutôt une conduite honorable qui est l’obligation religieuse prévalue, et
c’est la loi qui guide « le choix et la désignation des responsables religieux » (Reeber 40).
Une vie stable et vicaire est donc liée aux choix personnels et des liens sociaux de
l’individu.
Les Maghrébins apprécient leurs relations vis-à-vis des autres. Par exemple,
au marché, chaque prix est négociable et ne compte pour rien avant qu’il ne soit accepté
par les deux parties (115). Les rapports entre les gens jouent un rôle central dans le
monde islamique. En effet, chaque personne possède une responsabilité envers les autres,
et l’homme est caractérisé par ses liens sociaux. Rosen explique que ce ne sont pas les
paroles ni les actions qui comptent chez le Musulman, mais plutôt ses liens sociaux (60).
Les institutions des pays maghrébins reflètent la personnalité du dirigeant, ce
qui est le contraire de la mentalité occidentale. En France, la Ve République est le résultat
de son histoire; elle reflète les idéaux et les désirs des citoyens. En France, la culture
nationale est centrée « sur les droits de l’individu, sur la langue, la littérature,
l’architecture, l’histoire, la philosophie, la peinture, la gastronomie, etcetera » (Wylie et
Brière 321). Au Maghreb, l’individualisme et la culture nationale se trouvent plutôt dans
la religion et dans l’ordre politique (Rosen 67). Julien note qu’au Maghreb, « l’action
religieuse rejoint l’action politique » (20).
34
Dans cette culture, c’est Dieu qui désigne chaque fait, même insignifiant
(Rosen 121). De plus, c’est Dieu qui conduit tout rapport social et qui exige une
communauté musulmane. En s’assemblant ainsi, le Musulman se croit protégé des
mauvaises influences de l’Ouest et la menace d’une vie désordonnée. Julien constate que
les Musulmans veulent unifier « la religion en n’adorant qu’Allah à l’exclusion de tout
autre; ils unifièrent la nation en réunissant sous leur pouvoir la totalité de l’Afrique du
Nord » (26). Or, en France, les Musulmans ont besoin de créer une communauté de
croyants, car cela fait partie de leur conscience fondamentale. Par contre, ce fut un vrai
obstacle en France où l’espace public est quasi sacré et illumine l’identité culturelle et
nationaliste.
Pour déchiffrer les tensions d’aujourd’hui entre les Français et les
Maghrébins, il faut savoir qu’en France, les forces historiques, géographiques et
culturelles ont donné à l’espace public une certaine inviolabilité (Kidd et Reynolds 141).
Il y a un grand nombre d’événements qui ont façonné l’histoire française, et les Français
honorent le passé en sauvegardant l’espace public. De plus, en tant que Français, on
accepte une certaine part de responsabilité de ce devoir. On ne peut pas traverser Paris
sans croiser de multiples endroits ayant une valeur historique. Même les noms des
stations de Métro rendent hommage au passé. L’architecture sert à exprimer une vision
du lien entre le passé et le présent; il explique les rapports sociaux (Kidd et Reynolds
140).
Cette responsabilité pour les endroits publics n’existe guère dans les pays
maghrébins. Rosen explique qu’il n’est pas possible d’avoir des rapports réciproques
avec l’état; l’état n’est pas un être vivant. Au contraire, l’état est le pouvoir et il contrôle
35
l’espace public. Il est hors de la mentalité musulmane d’avoir une affection pour des rues
(97). Cette différence culturelle aide à expliquer pourquoi il y a un tel malentendu entre
les Français et les Musulmans au sujet du port du voile. L’espace public n’a pas la même
valeur.
Le nationalisme expose un conflit de cultures: en France, on veut surtout
privilégier les valeurs culturelles françaises; au Maghreb, « le nationalisme paraît
inséparable de l’Islam » (Julien 18) et on veut « purifier l’Islam des influences et des
pratiques corruptrices » (21). Les Maghrébins considèrent que la domination étrangère
coloniale fut un obstacle qu’il fallait surtout supprimer pour libérer leur peuple. Le Maroc
fut sous le régime colonial de la France, nommé ‘le Protectorat français du Maroc’ entre
1912 et 1956, date à laquelle elle reçut son indépendance. Aujourd’hui, c’est
officiellement le Royaume du Maroc. La Tunisie fut aussi sous protectorat français en
1881 et reçoit l’indépendance en même temps que le Maroc. Aujourd’hui la Tunisie est
officiellement la République tunisienne. L’Algérie était une partie intégrale du territoire
français; il a fallu qu’elle se batte pour gagner son indépendance en 1962. Selon Pervillé,
« les deux pays n’ont pas réussi à dépasser leurs souvenirs de la guerre, la France parce
qu’elle a choisi la voie de l’amnistie-amnésie pour tenter en vain de la faire oublier, et
l’Algérie parce qu’elle a opté pour celle de l’hyper-commémoration de sa guerre de
libération nationale » (121). Il faut reconnaître que les élèves français n’étudient pas
l’Algérie en histoire; elle ne fait pas partie du programme d’enseignement. Wylie et
Brière constatent que « la peur du fondamentalisme musulman est très forte en France et
elle se trouve renforcée par la situation de guerre civile qui existe en Algérie (les
36
Musulmans fondamentalistes cherchent à renverser le régime en place qu’ils accusent
d’être occidentalisé et moralement pourri) » (270).
En cherchant l’unité entre les trois pays maghrébins, on pourrait voir le
rétablissement des liens entre chaque pays, ce qui contribue à répandre l’idée que
« l’Algérie, la Tunisie et le Maroc sont des éléments de la communauté musulmane à
laquelle s’unissent la religion, la langue et la culture » (Julien 26). L’histoire montre que
des attitudes culturelles peuvent changer avec le temps. Des transformations sont déjà
évidentes dans la culture française quant au statut de la femme; elle connaît une liberté
aujourd’hui qu’elle ne possédait pas après la Seconde Guerre Mondiale. Par contre, la
femme musulmane sera obligée de dépasser des obstacles, surtout celle de la religion,
pour arriver à un statut plus libre.
CHAPITRE IV
L’ISLAM ET LES CROYANCES
RELIGIEUSES
La culture musulmane est profondément mélangée à la religion islamique,
jusqu’au point de former un mode de vie. À travers tous les aspects de la vie sociale,
familiale et politique, on trouve des lois religieuses islamiques qui régissent la vie. Selon
Reeber, « l’Islam est une religion à observances. La vie du Musulman est jalonnée de
règles et de normes » (18). Par contre, la France est un pays traditionnellement
catholique, et bien que l’Eglise n’occupe plus une place importante dans la vie des
Français, leur culture est encore aujourd’hui « profondément marquées par le
catholicisme » (Wylie et Brière 261). De plus, ces auteurs ajoutent que « le
développement de l’Islam a suscité des réactions hostiles chez beaucoup de Français, qui
estiment que cette religion est difficilement compatible avec le libéralisme et la laïcité de
la société française » (270). Pourtant, Rémond reflète sur la culture politique en posant
les questions suivantes: « Concevrait-on par exemple de décrire la culture politique d’un
pays musulman en faisant abstraction de l’Islam? N’en est-il pas de même pour les
Catholiques par rapport à la culture politique de la société française » (Culture 58)?
L’origine de l’Islam commence avec Mahomet né en 570 à La Mecque, une
ville située dans la péninsule arabique. Les Musulmans croient que c’est un prophète qui
reçut ses premières révélations par l’ange Gabriel en 610. Les pratiques religieuses qui
37
38
forment la fondation de la religion islamique furent établies par Mahomet entre 610 et
632, l’année de sa mort. C’est une religion qui régit la vie quotidienne. Allah est le nom
donné à Dieu; c’est un nom unique dans l’Islam (Dictionnaire de culture générale). De
plus, il n’y a personne d’autre, sauf Allah, qui est juste (Rosen 68). D’après ces
croyances, l’être humain n’est pas capable d’équilibrer les différences entre les gens et il
faut respecter le fait que c’est Allah, Dieu, qui est aussi le chef d’état (69). En croyant et
en faisant le bien, les Musulmans s’attendent à un pardon au paradis, « les uns hériteront
du jardin paradisiaque, tandis que les égarés connaîtront la fournaise de l’enfer » (Reeber
12).
Les cinq piliers de l’Islam sont les fondements des obligations à suivre. Le
premier pilier décrète qu’un Musulman pratiquant doit faire ses prières rituelles cinq fois
par jour. Le deuxième pilier est la profession de foi de l’Islam en Allah, qui est Dieu et en
Mahomet, son prophète. Le troisième pilier ordonne le jeûne pendant le mois du
Ramadan. Le quatrième pilier est celui de la charité envers les pauvres (2,5% de son
capital et de ses économies). Finalement, il faut faire le pèlerinage à La Mecque qui est le
lieu saint pour les Musulmans.
Le Coran représente un livre sacré et la parole de Dieu. On croit que Mahomet
fut chargé de transmettre, encore par l’ange Gabriel, toute la collection des révélations
d’Allah. Le Coran inclut cent quatorze chapitres divisés en vers dans lesquels on trouve
le code de la conduite islamique. Il faut savoir que l’homme ne peut pas faire de
distinction entre les codes religieux, moraux, sociaux ou légaux (Hodkinson 3).
Autrement dit, les Imams, ou les grands prêtres de l’Islam se servent du Coran comme
instrument primordial pour analyser chaque aspect de la vie. Entre le Coran et la Bible,
39
Reeber constate également qu’il « existe de nombreuses convergences doctrinales et
littéraires…les divergences majeures concernent les modalités de la révélation, la
conception du salut, ainsi que le nombre, la fonction et la mission des prophètes…Quant
à Jésus, il est perçu comme le plus grand des prophètes avant Muhammad » (13).
Au centre de la foi islamique, encore plus qu’Allah et les croyants, le Coran
effectue « les pratiques culturelles et les attitudes morales…c’est le livre de référence de
la foi musulmane et le guide de la prière » (Reeber 11-12). Rosen constate qu’un être
humain n’est pas capable de reproduire les vers du Coran, car comme un fruit du miracle,
il est impossible de le faire (167). De plus, cette foi ne reconnaît pas l’être humain
comme faible par conséquence du péché, ayant besoin d’un Sauveur comme l’on trouve
dans la doctrine catholique. Au contraire, on n’est pas fautif pour les torts faits envers les
autres car les responsabilités pèsent plutôt dans le choix des relations sociales. Même un
enfant pourrait être responsable pour le mal qu’il fait, même pendant un accident, si ses
actions sont au détriment des autres et sont le résultat d’un mauvais choix (Rosen 65).
« L’Islam est, de façon inséparable, à la fois religion, culte, tradition, règle de vie et
projet communautaire. En plus des éléments proprement religieux qu’il véhicule, l’Islam
représente un mode de vie et une culture » (Reeber 4).
La communauté musulmane connaît des conflits et des divisions internes
presque depuis sa naissance; vingt-cinq ans après la mort de Mahomet, la religion est
partagée en trois branches. L’Islam connut une guerre civile de 656 à 657 et les
Musulmans sont distribués entre Sunnites, Chiites et Kharidjites. « Aucune conciliation
n’étant possible, la rupture est inévitable » (Reeber 9). L’Islam s’accommode aux
croyants qui appartiennent aux tribus variées et il y a des interprétations diverses qui
40
produisent parfois des conflits. Par exemple « les Hanbalites affirmant le caractère
absolument incréé du Coran; les Acharites, son caractère relativement incréé » (Makarian
40). Thiolay explique qu’en Tunisie, « dix millions de Tunisiens sont appelés
quotidiennement à suivre ‘l’Islam modéré’ » (75). Bien que le pèlerinage à La Mecque
soit « une renaissance spirituelle…il y a des incidents sanglants (entre factions rivales
saoudiennes)…en 1990 il y a eu 1426 morts à la suite de bousculades » (Reeber 28).
Kepel soulève la question sur « une sorte de conquête politique au sein des associations
par certains groupes qui confondent toujours les différents champs » (Objectifs 124).
Russell explique qu’au cours de l’histoire islamique, l’empire ottoman gouvernait la
Mésopotamie dans laquelle habitaient ces trois branches de la communauté musulmane.
Il a fallu les gouverner à part, car ces groupes n’arrivaient nullement à s’entendre (19). Il
est bien évident qu’en France et ailleurs les tensions qui existent entre les Musulmans
eux-mêmes est une raison pour le manque de sympathie pour cette religion.
L’Afrique du Nord fut intégrée à l’Islam par sa conversion des religions
traditionnelles, sans les détruire entièrement. Julien dit que « la conquête arabe, véhicule
de la religion musulmane, qui débuta en 647 après J.C., se heurta à la longue et opiniâtre
résistance des tribus berbères, parfois chrétiennes ou juïves, plus souvent adonnées aux
cultes naturistes » (Julien 15). Il y a quatre écoles juridiques dans l’Islam; le hanbalisme
est la doctrine la plus sévère et elle se trouve en Arabie. Le malikisme, qui est une
doctrine légèrement moins rigide, est implanté dans les pays du Maghreb. On trouve le
shafisme en Egypte et en Syrie, et le hanafisme qui est la plus libérale est présente en
Turquie (Reeber 17). La loi islamique s’appelle la charia et elle s’infiltre dans chaque
aspect de la vie musulmane. Tout ce que l’on fait en privé ou en public, les décisions
41
morales et éthiques, même l'observation des rites et traditions canoniques, sont
comprises dans cette loi rigide. Les Musulmans croient que la charia est la révélation
divine d’Allah tout comme le Coran, et Dieu veut que l’homme la suive.
Hodkinson constate que la charia est propre à l’Islam et son rapport avec
d’autres structures légales contemporaires est obscure. Les différences en sont assez
impressionnantes et souvent, il faut être familier avec les circonstances et conditions
sociales qui prévalent pour bien comprendre et expliquer la charia (10). De plus,
Hodkinson ajoute que les pays occidentaux donnent aux citoyens des droits et des
libertés, ce qui n’existe pas chez l’Islam. Dans les pays de confession musulmane, c’est
plutôt le contraire; les pays islamiques obligent chaque croyant à faire son devoir
(Hodkinson 1).
Reeber explique que la charia « désigne ‘la voie’ (tel est le sens de l’arabe
‘Shari’a’) à suivre pour respecter les normes divines de l’Islam » (17). Puisque la religion
islamique rejette l’autorité humaine, car seul Allah possède le pouvoir suprême, elle
s’efforce toujours de régler les malentendus sociaux en suivant la charia. Les gens
doivent changer leur comportement et non pas les lois, car les Musulmans croient que sa
validité est vénérable (Hodkinson 2). En suivant une loi qui est, d’après eux divine, les
Musulmans acceptent les peines pour la désobéissance, croyant que celles-ci viennent de
Dieu (Hodkinson 2). Il y a certains actes considérés graves qui sont punis par des
sanctions sévères. L’amputation, la lapidation et la flagellation, par exemple, sont de
vraies peines dans leur religion; l’adultère est passable de mort.
Hodkinson explique également qu’il est impossible d’ignorer l’influence
fondamentale des lois des tribus qui existaient auparavant, avant l’arrivée de l’Islam. De
42
plus, il faut savoir que le socle de leur civilisation était leurs traditions qui n’avaient rien
à voir avec la démocratie (10). Or, « avant la naissance de l’Islam, la femme vaut à peine
plus qu’une bête de somme » (Chartier 25). Enfin, on ne doute pas que l’Islam soit
influencé par des érudits judéo-chrétiens, eux-mêmes déjà influencés par la pensée
hellénistique et la tradition romaine. « Avec le Coran, la femme devient l’égale de
l’homme devant Dieu. Elle est membre de la communauté…bien qu’infériorisé » (25).
Jadis, il y avait des inégalités importantes entre les sexes dans l’Eglise catholique et la
République française; les Françaises ne connaîtraient pas une égalité plus complète avant
le XXe siècle. Rémond ajoute « qu’aussi loin qu’on remonte dans l’histoire de la France
contemporaine, on trouve les Catholiques divisés sur les sujets politiques » (Culture 59).
Dans les pays maghrébins, il y a une grande pression sociale pour suivre
certaines coutumes qui séparent les hommes des femmes; de plus, le mariage est au
centre de la loi islamique. Cette religion s’attend à ce qu’une jeune fille soit vierge
jusqu'à son mariage, et souvent elle ne choisit pas qui elle épouse. Sa virginité est liée à
l’honneur de la famille musulmane. L’homme peut avoir jusqu'à quatre femmes, peut
répudier sa femme pour n’importe quelle raison, et divorcer facilement. « Dans les pays
islamiques, quand le mari veut se libérer de sa femme, il n’a qu’à la répudier trois fois.
Elle sera alors considérée comme divorcée et, à partir de cet instant, il n’a plus aucune
responsabilité envers elle » (Shariff 193). Hodkinson constate que les Musulmans
soutiennent que la polygamie détourne les hommes de l’immoralité; ils ajoutent qu’une
seule femme n’est pas suffisante pour satisfaire un homme. De plus, il vaut mieux
sauvegarder la libido dans le mariage, ce qui est au moins légal, plutôt que supporter la
sexualité illicite comme la prostitution et le viol (107).
43
Dans le mariage islamique, la femme est obligée d’obéir à son mari et aucune
femme ne peut demander le divorce si son mari refuse de le faire; elle reçoit une dot et
l’homme reçoit le droit de prendre les décisions concernant sa femme (Hodkinson 131).
Chaque épouse reste séparée légalement. L’argent et toute la propriété de la femme
passent sous le contrôle de son mari. « Selon la croyance musulmane, une femme est
incapable de réfléchir aussi bien qu’un homme et elle pourrait prendre une décision qui
lui serait préjudiciable…toute femme musulmane doit donner son argent à son mari pour
avoir sa place au paradis » (Shariff 121, 169). Dans la loi islamique, un homme
musulman peut se marier avec une Française qui n’est pas musulmane, mais
réciproquement, elle n’a pas ce droit. Un Français doit se convertir à sa religion. Dans la
loi traditionnelle, une Musulmane qui se marie avec un Français perpètre le crime de
fornication. Elle a des relations sexuelles interdites, et même si elle demeure en France,
elle serait punie pour son crime dès qu’elle reviendrait au Maghreb (Rosen 135).
Hodkinson explique que l’égalité entre les époux n’est pas reconnue dans la
loi islamique (232). De plus, leur version du mariage ne ressemble pas au mariage
occidental, que ce soit en public ou en privé. Wylie et Brière constatent qu’en France « le
mariage est fondé sur l’attraction affective et sexuelle des partenaires…on fait comme si
seul l’amour comptait » (130). Dans les pays de l’Ouest, le mariage est la fusion de deux
âmes et le commencement d’une propriété commune (Hodkinson 131). Alors que c’est
un sacrement dans l’Eglise catholique, ce n’est qu’un contrat civil dans la religion
islamique (89). Dans un mariage musulman, la naissance des enfants donne à la femme
une certaine assurance; il y a moins de chances qu’elle soit répudiée ou divorcée si elle a
des enfants (Killian 56).
44
La religion islamique et le mode de vie musulman ne sont pas toujours
synchronisés, surtout lorsqu’il s’agit de l’intégrisme. Les lois islamiques exigent une
pureté rituelle du cœur, du corps, des vêtements et du lieu de la prière (Reeber 22).
Pourtant, lorsqu’un père dit à sa propre fille « je t’égorgerais avec joie et je boirais ton
sang…tu n’es pas ma fille, mais celle de Satan » (Shariff 82), il est difficile de
comprendre qu’un tel discours se dise avec le cœur pur. D’après Shariff, le credo des
intégristes est tel « qu’il faut être pur pour être accepté au paradis et l’on peut se purifier
en se lavant avec le sang de celui qui est jugé sale » (102).
Djerbal et Hamou constatent un manque d’opportunités pour la génération
postindépendance en Algérie. Il y a eu en 1988 une accumulation de tensions sociales:
soixante-quinze pour cent de la population avait moins de vingt ans; quarante-cinq pour
cent de ceux-ci étaient au chômage (106). Dans les années qui suivirent l’indépendance,
plusieurs factions islamiques rebelles émergèrent en Algérie, avec certaines plus radicales
que d’autres. Parmi ces factions, il y avait le Groupe islamique armé (GIA) qui est une
organisation terroriste; le Front Islamique (FIS), une formation politique militante; et
l’Armée islamique du salut (AIS). Après l’indépendance du pays, la jeunesse algérienne
se sentit seule et écartée, et se tourna vers l’Islam pour tenter de se détourner de ce qu’ils
voyaient comme un gouvernement militaire corrompu. Ils voulaient arrêter la corruption
du pouvoir et l’Islam leur donna un idéal.
Il faut savoir qu’au Maghreb, les pays sont riches en ressources naturelles,
mais la richesse est mal distribuée. De plus, les gouvernements n’aident pas assez les
gens et il y a de la corruption à tous les niveaux. Il y a deux classes sociales au Maghreb,
les riches et les pauvres, avec un grand écart entre les deux. En Algérie, le FIS avait
45
promis de lutter contre les inégalités sociales en aidant les pauvres et en appliquant une
constitution issue du Coran. Avec leur propre armée, ils ont conduit une révolution
islamique en 1991. L’Algérie a donc connu une guerre civile sanglante lorsque
l’intégrisme, une forme de religion fondamentale, gagna une forte présence dans le pays.
Arkoun constate que « les Musulmans ont placé plus que jamais le Coran au centre de
toute leur histoire, de leur existence individuelle et collective, de leurs réponses politiques
à l’histoire en cours, surtout depuis l’expansion des idées de la Révolution dite islamique
et davantage encore du terrorisme international » (319).
Les intégristes invoquent des principes religieux et la loi de l’Islam comme
devises pour contrôler les femmes et les empêcher de vivre pleinement. Les hommes
profitent économiquement et socialement à rabaisser la femme (Blaydes et Linzer 576).
Lorsque l’intégrisme prévaut dans une branche de l’Islam, le phénomène du terrorisme
peut s’accroître, et les mentalités peuvent devenir rigides et rétrogrades. Par exemple,
Shariff raconte que son cousin ne serra pas sa main, car « selon lui, un homme pieux ne
devait jamais toucher la main d’une femme, car elle représentait la tentation du diable.
S’il le faisait, il s’écartait de la route d’Allah (170). Il faut savoir que l’Islam est né dans
un monde patriarcal, qui tient la femme pour faible et vulnérable. Certains hadiths (soit
les paroles attribuées à Mahomet) la présentent même comme physiologiquement
inférieure, et toute épouse vit sous la menace de la répudiation (Chartier 25). L’auteur
ajoute que les Musulmanes « semblent emprisonnées dans un corset d’obligations hérité
d’un autre âge » (25).
Dans les pays musulmans, la religion est une affaire d’Etat. De plus, la pureté
rituelle comporte quatre exigences dont la première est la pureté du cœur (Reeber 22).
46
Les croyants, même ceux qui ne sont pas forcément musulmans disent que le livre sacré,
le Coran enseigne des principes de sagesse, d’honnêteté et d’éthique. Arkoun dit que
« l’Islam ‘authentique’ n’a rien à voir avec le phénomène mondial du terrorisme » ( 32).
Pourtant, l’intégrisme encourage les mentalités obscurantistes et oppressives. Par
exemple, lorsqu’un policier explique que « si nous devions arrêter tous les maris
algériens qui battent leur femme, tous les hommes seraient en prison » (Shariff 182), on
perçoit une attitude collective qui se dissocie de la justice. Barbier dit qu’il faut « régler
le prosélytisme de l’Islam…cette religion doit abjurer les archaïsmes les plus flagrants de
son dogme » (5).
En France, la moralité n’est pas liée à une religion; on peut être moral sans
être religieux. D’ailleurs, la France « est un pays catholique peuplé d’agnostiques »
(Wylie et Brière 268). Steele constate que quatre-vingt-un pour cent de la population était
catholique en 1986; en 2006 ce chiffre a baissé à soixante pour cent. De plus, il n’y a que
quinze pour cent de la population qui sont pratiquants, tandis que vingt-cinq pour cent
sont non-croyants (103). La France est considérée la fille aînée de l’Eglise grâce au fait
que c’est la première nation à accepter la foi chrétienne. Aujourd’hui le contact de
l’Eglise avec ses croyants se limite souvent à trois occasions: le baptême, le mariage et
l’enterrement. Tandis que les immigrés nord-africains trouvent un soutien moral et social
à la mosquée, la paroisse catholique représente bien moins cette sorte de communauté.
L’indifférence remplace la religion pour une grande partie des Français: « aujourd’hui, on
est ni pour ni contre, on s’en fiche » (Wylie et Brière 267).
Zeldin affirme ces raisonnements en parlant de religion et d’anticléricalisme:
« Ils ont certaines habitudes qui ont rapport à la religion. Ils récitent des formules de
47
prières, mais ils ne prient pas; ils assistent à la messe, mais ils ne l’entendent jamais; ils
croient en un seul Dieu qu’ils se façonnent eux-mêmes…ils demandent à Dieu les biens
temporels mais jamais les biens spirituels…on ne croit à la religion que par une espèce
d’habitude » (5:253). Il faut savoir que la France était bien influencée « par l’idéologie
rationaliste et sceptique des Lumières qui faisait voir la religion comme une sorte de
superstition destinée à asservir l’intelligence des individus » (Wylie et Brière 263). Il y a
une longue histoire de l’obéissance imposée sur le peuple par l’Eglise, et par conséquent
on méprise la religion en général aujourd’hui. Une grande raison pour laquelle la France
devint un pays laïque est pour séparer les pratiques religieuses des affaires d’Etat et se
tourner plutôt vers le rationalisme; dans un pays laïque le mélange de la religion à la vie
quotidienne n’existe plus.
Rémond constate qu’à travers le monde, on trouve des liens religieux
historiques qui influencent la vie politique de chaque société. Les croyances collectives
sont variées; le fondamentalisme musulman est un tel fait. Par contre, en Europe,
concernant les Eglises chrétiennes, « le mouvement est presque inverse, l’influence
diminue, le nombre des fidèles décroît, les sociétés se sécularisent » (Histoire 97). Wylie
et Brière expliquent que l’Eglise catholique « n’est plus écoutée ni comprise par la
majorité des Français…l’Eglise se trouve donc marginalisée. La religion est devenue une
affaire individuelle » (272). Ils ajoutent que l’on ne parle plus ce langage ascétique en
France. Les Français modernes embrassent « les valeurs culturelles protestantes comme
l’individualisme, l’hostilité à la centralisation, l’acceptation de l’économie du marché et
du profit, [et] l’égalitarisme dans les rapports sociaux ou l’éthique dans la vie publique »
(272).
48
Une pratique remarquable dans la religion islamique est l’élimination de tout
doute qui existe presque depuis l’origine de cette foi. Or, les Chrétiens se méfient et
mettent leur foi à l’épreuve en doutant et en posant des questions, tandis que presque tous
les Musulmans affirment leur foi en ne doutant pas (Rosen 127). De plus, les Musulmans
reconnaissent la divinité de Dieu. Par exemple, si un médecin a des compétences, c’est
grâce à Allah qui lui donne ses capacités pour guérir quelqu’un.
Il faut savoir que la mentalité française, telle qu’elle est aujourd’hui, n’accepte
pas l’alliance entre la vie et la religion. Chartier conclut que « ce qui était précurseur au
VIIe siècle est devenu archaïque dans l’Occident du IIIe millénaire et problématique pour
les sociétés musulmanes elles-mêmes (25). Rémond ajoute qu’il y a « une ligne de
démarcation de plus en plus floue—pour les intéressés eux-mêmes—à la frontière rigide
qui séparait jadis les fidèles reconnaissables à ce qu’ils se conformaient aux prescriptions
culturelles de l’Eglise » (Culture 58). Or, les Français ignorent les barrières visibles
religieuses et l’omniprésence de la laïcité en France est un obstacle réel entre eux et les
Musulmans.
CHAPITRE V
LA LAÏCITÉ
L’histoire de la France se distingue par la séparation de la religion de l’Etat.
Entre 1880 et 1920, la Troisième République a réussi à séparer l’Eglise de
l’enseignement public; le terme officiel pour ce fait est la laïcité. En bref, l’école devint
gratuite et obligatoire entre les années 1882-1886, puis officiellement laïque en 1905
avec la loi de la séparation de l’Eglise et l’Etat. La religion n’a aucune place dans
l’enseignement, car il s’agit de l’homme et son rapport avec Dieu. L’histoire française
comprend plusieurs événements historiques qui expliquent le développement de la laïcité.
De plus, il faut savoir que l’histoire française est marquée par des conflits sanglants
religieux. Wylie et Brière expliquent que « l’Eglise s’est organisée suivant le modèle
d’une monarchie absolue qui exige l’obéissance du clergé et des fidèles, elle a été vue
comme une puissance redoutable par ceux qui détenaient le pouvoir civil en France (rois,
gouvernements républicains) » (261). Or, la bourgeoisie et les intellectuels ont longtemps
lutté pour avoir droit à une vie religieuse privée, et un gouvernement marqué d’égalité et
de liberté, ce qui conditionne la vie quotidienne française.
Il y a plusieurs mouvements philosophiques qui ont formé l’histoire
intellectuelle de la France; la mentalité française actuelle est le résultat de ces
mouvements. Autrefois, la religion « fournissait les réponses à toutes les questions
philosophiques, des valeurs sociales fondamentales, des droits de l’individu et des
49
50
notions de raison, de morale et de liberté » (Steele, St. Onge et St. Onge 230). L’Eglise et
les écoles catholiques transmettaient aux enfants un enseignement religieux et moral,
ayant pour but de produire des croyants. Cependant, au XVIIIe siècle on trouve un
nouveau mouvement d’idées qui a remis en question les valeurs de la société. « L’Eglise
allait dès lors perdre l’autorité absolue qu’elle avait exercée au Moyen Age sur les idées
et les individus » (Steele, St. Onge et St. Onge 230). Il y a aujourd’hui des idées
partagées à propos de la laïcité et la loi de 1905; il ne s’agit plus de l’influence
catholique, mais plutôt de l’esprit et de la signification d’un pays laïque. Dans l’affaire du
foulard en 2004 il s’agissait de Musulmanes qui portaient le voile à l’école et de « la peur
du fondamentalisme (ou intégrisme) musulman vu comme une menace pour la laïcité
républicaine » (Wylie et Brière 267). Le gouvernement français, tout en considérant
l’Islam comme menaçante, contre les valeurs fondamentales du pays, et que le port du
voile ne convient pas à l’éducation laïque, a voté une loi en 2004 qui a renforcé la laïcité.
Le système scolaire s’attend à ce que chaque élève aborde sa scolarité comme un citoyen
loyal de la République française; l’exploration de soi en tant qu’individu n’est pas
encouragée par le système.
Il faut savoir que le Catholicisme, bien présent dans les origines de la nation,
ne fut pas la seule religion en France; il y avait une forte présence des Protestants et des
Juïfs. Ces fois différentes ne s’entendirent guère et leurs conflits produisirent des cassures
sociales profondes. De plus, l’antisémitisme était typique partout en Europe.
La période entre 1562 et 1598 fut marquée par des combats sanglants entre les
Protestants (Huguenots) et les Catholiques pendant les Guerres de Religion. En 1598,
l’Edit de Nantes donna aux Protestants le droit légal de pratiquer leur religion, mais Louis
51
XIV renonça ce droit en 1685, ce qui renvoya le protestantisme dans l’illégalité en
France. Le résultat fut qu’un tiers de la population huguenote immigra vers les Pays-Bas,
l’Allemagne et la Suisse. Aujourd’hui, 4 pour cent de la population française est
protestante, avec la majorité en Alsace et au Languedoc (Steele 73). Wylie et Brière
confirment que « les Protestants français ont souffert de violentes persécutions aux XVIe
et XVIIe siècles: le massacre de la Saint-Barthélemy (1572), la prise de La Rochelle,
place forte protestante (1628), “les dragonnades” (1681) et la Révocation de l’Edit de
Nantes restent gravés dans toutes les mémoires protestantes » (270). Or, la religion en
général est une source de conflits, même dans l’Eglise catholique; le peuple, écrasé et
épuisé, devint de plus en plus hostile envers le clergé.
Les philosophes du ‘Siècle des Lumières’ commencèrent à influencer
l’opinion collective et à répandre la croyance que l’on est égal devant la loi. Zeldin
constate que les changements sociaux, qui amenèrent des changements politiques, avaient
commencé avec « le mouvement pour la libre pensée des philosophes du XVIIIe siècle »
(4: 131). De plus, ces mêmes philosophes critiquaient l’Eglise, qui obligeait légalement
sa fréquentation, en l’accusant « d’emprisonner le peuple dans le mysticisme et la
superstition » (1, 22). Il y avait trop de disjonction entre ceux qui vivaient dans la misère
et ceux qui vivaient dans le luxe.
La France fut témoin d’une longue histoire d’inégalité entre les différents
groupes sociaux; la Révolution de 1789 reflète les luttes entre les privilégiés, c’est-à-dire
le clergé et la noblesse, et les bourgeois. Quatre-vingt-dix-huit pour cent de la population
soutenaient les deux pour cent qui avaient des privilèges héréditaires (Steele, St. Onge et
St. Onge 183). Ces auteurs ajoutent que « la campagne produisait la majeure partie des
52
richesses du royaume mais, la société française étant profondément inégalitaire, les
paysans étaient généralement dominés » (201).
La Révolution française a surtout nourri l’espoir d’abolir la monarchie et
d’établir une république. On considérait que l’une des responsabilités du gouvernement
était de garantir égalité et liberté, et d’unifier la France. « La Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen affirmait les principes de la démocratie et de la séparation des
pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire » (Steele, St. Onge et St. Onge 131). Or, l’on
remarque une abolition des privilégiés du système féodal au profit d’une bourgeoisie qui
prend la succession de la noblesse, en tant que classe dirigeante. Pendant le siècle
suivant, l’Eglise et l’Etat connurent un schisme graduel, qui atteignit son paroxysme en
1905 lorsque la Troisième République trouva une résolution en les séparant
officiellement. Le républicanisme a donné « une dimension nouvelle à la vie politique
française…et une force nouvelle de la société française » (Zeldin 4: 127). De plus,
l’Eglise contrôlait l’esprit et les mentalités de ses croyants, et attaqua « sans relâche la
civilisation moderne, le progrès, l’industrialisation, le capitalisme, le socialisme,
l’urbanisation et pratiquement tout phénomène nouveau » (Zeldin 5: 255). De ce fait, le
sentiment contre la religion devint de plus en plus vigoureux au fur et à mesure que l’on
s’avance dans le XIXe siècle. Steele, St. Onge et St. Onge constatent qu’en 1851 « 3 pour
cent de la population habitait Paris, contre 10 pour cent en 1911. Par ailleurs, la
croissance des villes s’est accompagnée d’une diminution de l’influence de l’Eglise »
(139).
Après la guerre franco-prussienne et la victoire allemande en 1871-considérée comme l’œuvre des écoles prussiennes-- la République française fit de
53
l’éducation son but principal, tout en essayant de créer une nation alphabétisée et
moderne pour éviter à un tel événement de se reproduire (Kidd et Reynolds 27). Steele,
St. Onge et St. Onge expliquent que « malgré ses débuts sanglants…la IIIe République
allait apporter une longue période de stabilité constitutionnelle qui durerait soixante-dix
ans, jusqu'à la capitulation de la France en 1940 devant l’invasion allemande, au début de
la Seconde Guerre mondiale » (149). L’organisation actuelle du système scolaire date de
cette période d’abondance matérielle. À la suite de l’extension de l’éducation, les
Français projetaient de devenir une puissance mondiale. La deuxième moitié du XIXe
siècle fut, d’après Zeldin, « ‘l’Age de l’Education’…elle semblait ouvrir les portes au
prestige social, à la richesse, à la sagesse, et, certains même l’affirment, au bonheur » (2:
159).
Jusqu’alors, l’éducation avait été conduite par l’Eglise, mais une nouvelle
attaque fut menée cette fois par les Républicains, car ceux-ci comprirent qu’il fallait
changer les anciennes traditions. Ils trouvèrent que l’Eglise, déjà bien séparée des affaires
officielles, ne devait plus contrôler les écoles. Zeldin explique que l’influence de l’école
devint « une question clé dans l’histoire de la France, car l’enseignement s’y substitua
presque à la religion; la foi en ses vertus atteignit une intensité exceptionnellement
élevée » (Zeldin 2: 160). L’éducation offrit à chacun une certaine distinction et surtout le
respect de soi. Elle devint également une influence sur les relations sociales; elle
uniformisa le pays de ses originalités régionales, et sépara les Français des autres ethnies.
Selon le cliché, si on dit que le Français se trouve supérieur aux autres, il l’est
certainement à travers son éducation élevée qui lui donne une culture raffinée.
54
Wylie et Brière expliquent les relations particulières entre l’Eglise et l’Etat, et
la naissance d’un « concept très important et toujours valide aujourd’hui: la laïcité.
L’Etat républicain en France—et notamment l’enseignement public—est toujours laïque,
c’est-à-dire officiellement neutre sur le plan religieux: les religions sont extérieurs à
l’Etat et elles sont toutes égales à ses yeux » (263). Pour accomplir ce but, Jean Macé a
créé la Ligue de l’Enseignement, un groupe actif qui se charge de reformer l’éducation,
surtout pour les plus pauvres qui devaient sortir de l’analphabétisme pour acquérir un
statut plus élevé. Il faut savoir qu’avant la IIIe République, les classes ouvrières ne
consacraient guère de temps à leur propre éducation. Or, il fallait la leur imposer pour
assurer que tous les Français reçoivent l’enseignement pour développer non seulement les
intérêts de l’individu, mais également pour assurer une place éminente au pays.
Macé « protestait contre l’incompétence du clergé qui ne mettait pas en
pratique le véritable esprit de l’Eglise » (Zeldin: 2:173). La Ligue de Macé soutenait
l’éducation laïque et ne s’occupait ni de la religion ni des croyances des élèves. « Les
écoles traditionnelles, disait-il, fournissaient à leurs élèves très peu de connaissances et
un dégoût de l’étude qu’ils garderaient toute leur vie » (Zeldin: 2:174). En éloignant
l’Eglise de l’éducation « les révolutionnaires républicains ont enraciné cette nouvelle
nation dans l’esprit des citoyens en remplaçant la religion associée à la monarchie de
droit divin par le culte de la République civile avec ses rites, ses traditions, ses héros et
ses héroïnes » (Steele, St. Onge et St. Onge 133). L’Eglise était presque perçue
comme un régime oppressant le peuple, et il fallait réduire son emprise.
La religion protestante contribua à reformer la scolarité française. Guidé par
Ferdinand Buisson, un directeur influent de l’éducation qui fut également un homme
55
politique et Prix Nobel de la Paix, le Protestantisme chercha à moderniser l’enseignement
public, tout en favorisant un christianisme libéral. Il proclama que l’Eglise ne devrait pas
avoir de contrôle sur les écoles. Buisson, le premier à nommer ‘la foi laïque’, décrivit
dans une thèse « une distinction entre la religion du corps et celle de l’âme, démontrant
que les institutions, la hiérarchie et les dogmes de l’Eglise étaient tyranniques, mais que
son éthique était une base indispensable à la société » (Zeldin 2:177).
Jules Ferry, avocat et homme politique, ministre de l’Instruction publique,
arriva à reformer l’enseignement français dans les années 1880 à travers une série de lois
qui imposèrent « la laïcité, la gratuité et le caractère obligatoire de l’enseignement
primaire » (Dictionnaire de Culture Générale). L’Etat, et non plus l’Eglise, commença à
jouer le rôle principal dans le développement pédagogique des enfants français. Zeldin
explique que « le positivisme fournit une autre inspiration aux réformateurs. Ferry y
adhéra…dans la tendre enfance ce fut la mère qui enseignât; ensuite, une corporation
d’intellectuels, indépendante et autonome, la remplacerait » (2:179). Donc, c’est
l’instituteur français qui propage des valeurs républicaines comme la démocratie,
l’égalité, la liberté, la fraternité. Baubérot constate que « la laïcité est l’attribut central de
la République, l’élément qui différencie l’idée républicaine du modèle démocratique
anglo-saxon…Vous pouvez accepter Dieu au nom de la liberté de conscience, mais à
condition de refuser toute organisation par derrière » (Avatars 56). Or, on n’apprécia plus
aucune influence religieuse sur les jeunes dans la sphère publique.
L’année 1905 marqua la séparation légale de l’Eglise et de l’Etat ainsi qu’une
réaction contre l’église catholique avec le vote de la loi de 1905 qui déclare que « l’Etat
ne protégerait plus les cultes mais garantirait la liberté religieuse comme toutes les autres
56
libertés publiques, tout en sécularisant à l’extrême tout ce qui n’était pas‘l’exercice’ du
culte » (Rioux 96).
Si la loi de 1905 fut une réaction contre la religion, celle de 2004 le fut aussi,
car il y a eu de nouveaux conflits entre le public français et une partie de la population
musulmane qui portait le voile à l’école. Le voile rappelle la domination masculine
islamique, semblable à la domination catholique d’autrefois; une grande majorité
française considère le voile comme un signe de discrimination contre la dignité féminine.
Le texte de la loi de 2004 suit: « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port
de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance
religieuse est interdit » (Bowen 136). L’auteur explique que l’opinion publique française
a tendance à croire que l’on peut résoudre et faire disparaître des problèmes en votant une
loi (2). Or, cette dernière ne résout pas l’autre problème, celui de l’intégration. Kepel
explique que « l’élément principal de la loi de 1905 est la notion d’ordre public.
L’intervention de l’Etat a pour objet d’assurer que l’exercice du culte ne contrevient pas à
l’ordre public…ce n’est pas l’ostentation ou le culte qui est la question en jeu ici. On ne
peut dire que l’Etat n’intervient pas. Il doit assurer l’ordre public, en tant qu’Etat »
(Réussir 123).
Bien que la loi de 2004 symbolise la neutralité sur la question de religion, et
l’égalité entre les sexes, la décision entraina le désaccord. L’Etat insiste par exemple,
qu’il faut cette loi pour protéger la République et l’école laïque, et aussi pour garder
l’ordre civil (Bowen 105, 19). Les professeurs se plaignent qu’au niveau scolaire, cela
crée une ambiance agressive et perturbatrice à l’école. Les étudiants qui soutiennent la loi
apprécient de ne pas avoir affaire aux signes distinctifs religieux à l’école. Bowen
57
constate qu’il existe certainement une perception de la culture musulmane troublant
l’ordre dans les écoles en introduisant un communalisme qui partage les élèves et même
les professeurs (164). Or, on craint le port du voile en disant qu’il ne s’agit pas de
religion, mais plutôt, d’une politique radicale qui est incompatible aux valeurs
fondamentales françaises.
L’uniformité définit le système scolaire français, et « tous les élèves de classes
identiques, dans tout le pays, apprennent en principe les mêmes choses » (Wylie et Brière
44). Pour bien réussir, il faut apprendre à travailler indépendamment, et c’est un élément
essentiel. Or, c’est l’élève qui doit s’organiser car les professeurs dirigent des cours sans
imposer beaucoup de règles aux élèves, ce qui les encourage à développer une certaine
autonomie (Steele 35). Puisque les notes pèsent sur l’avenir de chaque élève, que ce soit
sa scolarité ou son travail, les familles françaises se penchent dessus, faisant très attention
aux bulletins scolaires. Toutes les espérances pour la réussite dans la vie dépendent de
l’éducation formatrice chez les jeunes. Pourtant, c’est parfois un vrai obstacle pour
certains immigrés qui se perdent dans ce système impersonnel et réglémenté.
En France, les salaires sont plus basés sur les diplômes que sur l’expérience
professionnelle. C’est pour cette raison que des Français sans diplôme partent travailler à
l’étranger, car ils réussiront mieux ailleurs, ce qui n’est guère possible en France.
Souvent, chez les enfants des immigrés, il n’y a pas beaucoup de réussite scolaire; ils
arrêtent l’école vers l’age de 15 ou 16 ans pour exécuter des métiers que les Français
délaissent. Ces jeunes grandissent dans les quartiers défavorisés et portent souvent une
image négative avec eux.
58
Il faut savoir qu’en France, l’on place une grande confiance dans le système
scolaire. Pourtant, la chute scolaire est une réalité amère; si un étudiant rate ses études
dans sa jeunesse, il tombe dans un cercle vicieux de chômage, et sans avoir l’espérance
d’un avenir productif. Steele constate qu’aujourd’hui, le système scolaire échoue dans
son rôle d’intégrer les enfants de familles immigrées. Les enfants d’immigrés ressentent
de plus en plus les injustices et l’aliénation d’un système qui les excluent (131).
Baker lance une attaque contre la laïcité française en suggérant qu’il faudrait
la remplacer par le pluralisme. Il déclare que la laïcité nous oblige à cacher nos croyances
religieuses et vivre comme s’il n’y a aucun dieu. Puisque la philosophie laïque proclame
la neutralité vis-à-vis de toutes les religions, la culture laïque restreint les débats
politiques aux domaines accessibles aux masses. Or, la question de la religion est
devenue similaire à la question du sexe pendant le XIXe siècle; l’on peut le pratiquer sans
en parler, ni l’exposer en public (Antle 19). De plus, Baker constate qu’il faut protéger
l’Eglise en premier, sans mélanger l’avenir de l’Eglise à celui de l’Etat. Il constate qu’un
système pluraliste est plus efficace pour le bien-être d’une société. Pourtant, comme
Rioux explique, la France n’a guère cette tradition de coexister avec plus d’une religion,
et qu’elle « a été organiquement incapable de penser une culture pluraliste » (97). De
plus, la société française est marquée par son histoire catholique, ce qui lui donne « une
vision négative et pessimiste de la nature humaine » (Wylie et Brière 59). La liberté
religieuse n’est pas un droit ouvert en France; une pluralité vivante de religions
pratiquées ne se réalisera pas facilement si l’on se rappelle l’Eglise catholique
d’autrefois, et le mariage entre l’Etat et l’Eglise. Barbier constate que « c’est la tolérance,
fille des Lumières, qui a guéri la France des guerres civiles et religieuses…l’Islam de
59
France doit comprendre qu’on ne peut être musulman dans un pays qui ne l’est pas
comme s’il était ou comme s’il allait le devenir » (5).
Il faut savoir que la France se considère comme leader européen et gardienne
des droits de l’homme grâce à sa culture, son système pédagogique et sa démocratie.
Zeldin explique qu’elle était censée « pouvoir assimiler des populations aussi
diverses…car la maîtrise de la culture française représentait une autre définition du fait
d’être français. Cela signifiait qu’il fallait transformer les paysans autant que les
émigrants pour en faire des Français » (2:21).
Zeldin continue en expliquant que l’institution de l’instruction obligatoire,
gratuite et laïque était « un pas décisif dans la propagation du patriotisme, ce qui souligne
la somme d’efforts qu’on dut engager pour stimuler ce sentiment » (2:21). La laïcité est
alors une morale civique démocratique, sans référence à Dieu. Les qualités comme le
respect, la générosité, l’honnêteté, et la justice devraient êtres communiqués dans le
système scolaire. Pourtant, en 2008, lors de son passage à Rome, le Président Nicolas
Sarkozy se rappelant l’héritage chrétien de la France, proposa une ‘nouvelle laïcité
positive’ dans laquelle l’on ne considère plus la religion comme un danger, mais plutôt
comme un avantage. Il déclara que pour transmettre des valeurs et l’apprentissage de la
différence entre le bien et le mal, le professeur ne pourrait jamais remplacer le prêtre ou
le pasteur (McNicoll). Or, en considérant que l’église catholique a suivi l’évolution de la
société, l’on peut observer que l’Islam n’a pas suivi le même chemin, surtout lorsqu’il
s’agit du traitement de la femme.
CHAPITRE VI
LA FRANÇAISE
La Française contemporaine est libre, éduquée, professionnelle et
financièrement indépendante. La femme joue le même rôle que l’homme dans un couple,
et elle ne trouve pas son épanouissement en tant qu’épouse. Au contraire, elle a sa place
dans la société grâce à ses accomplissements professionnels. Guiliano explique que la
Française garde son optimisme toute sa vie, malgré des obstacles. Elle a une grande
capacité de rester optimiste et de maintenir une aisance sociale, une valeur-clé pour son
bien-être. La perception française de la vie est telle que l’on se découvre en explorant et
en s’amusant. Il faut prendre le temps de se connaître (32-33). Steele ajoute qu’elle n’a
jamais perdu sa féminité et son raffinement, même en devenant moderne (87). Pourtant,
c’est plus une mentalité qu’un style qui rend la Française si chic et de bon ton, car elle
développe son identité en définissant son propre style. Ce dernier est tout à fait personnel,
sans s’attacher aux idéaux des autres. Elle fait ses propres choix et ressent un équilibre
satisfaisant (Guiliano 104-105).
Par contre, la Française connaît bien le problème de l’inégalité, et il lui a fallu
lutter contre les conventions de la société non seulement pour profiter des droits qu’elle
possède aujourd’hui, mais aussi pour arriver à une vie équilibrée. Aujourd’hui, la femme
et l’homme sont égaux, mais même la femme de la génération précédente ne vivait pas
avec cette égalité. Historiquement, les petites filles françaises apprenaient soumission et
60
61
pureté, car c’était l’idéal social et des qualités utiles pour leur avenir. Les disparités entre
les deux sexes furent assez impressionnantes et « la loi, en fait, traitait les femmes
comme des mineures » (Zeldin 1:400). Il y a certaines ressemblances entre la vie de la
Musulmane actuelle et celle de la Française d’antan. La loi de l’obéissance, qui est
toujours en vigueur au Maghreb et dans les pays musulmans exista en France jusqu’en
1938. La femme fut autrefois « légalement incapable. Le mari est ainsi devenu une sorte
de monarque absolu chez lui et allait exercer la même emprise dans le domaine
économique et politique » (Steele, St. Onge et St. Onge 216). La femme s’occupait
surtout des enfants et obéissait à son mari.
Zeldin constate que « la situation légale des femmes était incontestablement
inférieure à celle des hommes. La Révolution française avait fait peu de chose en leur
faveur, en dehors de l’abolition du droit d’aînesse masculin. La loi exigeait toujours de la
femme qu’elle obéisse à son mari; en contrepartie, le mari lui devait sa protection »
(1:399). Le mari avait tous les droits, même le pouvoir de décision sur les enfants.
L’épouse était à la maison et ne gagnait pas son propre salaire; c’était de son mari qu’elle
recevait de l’argent. « La structure de la famille française ‘traditionnelle’ était strictement
hiérarchisée. Le père avait l’autorité suprême: la loi le considérait comme le ‘chef de
famille’. Son épouse…était légalement considérée comme étant sous la dépendance de
son mari » (Wylie et Brière 82).
Non seulement au foyer, mais aussi à travers la vie sociale et politique, la
Française souffrit de la discrimination. Steele, St. Onge et St. Onge expliquent qu’au
cours de l’histoire, « certaines ont trouvé, cependant le courage de réagir contre cette
limitation du rôle des femmes. L’exemple le plus célèbre est celui de Jeanne d’Arc, au
62
XVe siècle, mais l’héroïne de la Guerre de Cent Ans a dû payer ses audaces de sa vie »
(216). Même dans la littérature, les femmes furent perçues comme un être secondaire.
Rousseau ne supportait « qu’un enseignement ménager » pour des femmes, tandis que
Maistre disait que la science « est ce qu’il y a de plus dangereux » pour une femme
(Zeldin 1:401). D’après Proudhon, la femme avait « deux rôles possibles; maîtresses de
maison ou prostituées, et il évaluait leur niveau intellectuel et moral à un tiers de celui
des hommes » (1:401).
Weil explique qu’à partir de 1875, « la République a été définitivement
installée, quatre catégories de Français ont subi, en matière de nationalité, des
discriminations inscrites dans la loi: les femmes, les Musulmans d’Algérie, les naturalisés
et les Juïfs » (Histoire 6). La discrimination féminine fut enracinée dans le raisonnement
social. Par exemple, une Française qui épousait un étranger perdait sa nationalité. Elle «
devait immédiatement se faire enregistrer et se procurer la carte d’identité
d’étranger…Elles perdent leur emploi si elles sont fonctionnaires; soumises à la loi
nationale de leur mari, elles perdent aussi le droit de divorcer si elles épousent par
exemple un Italien (la loi italienne interdisant le divorce) » (Weil Histoire 7). Il faut
savoir qu’en France le divorce fut complètement supprimé entre 1816 et 1884; même
après cette date, il fut très rare. « Il y eut 7363 divorces en 1900…vers 1930, 450 000
foyers étaient brisés par le divorce » (Zeldin 1: 417).
Même après 1884, si elle obtenait une séparation, elle n’avait pas le droit de
régler ses propres affaires sans le consentement et la signature du mari. Pourtant, ce qui
est remarquable sont les inconsistances légales par rapport au crime de l’adultère. Zeldin
remarque que « si elle se rendait coupable d’adultère, elle était passible de peine de
63
prison allant de trois à vingt-quatre mois, alors que lui pouvait le commettre en toute
impunité (1: 399) ». De plus, si elle trouvait son mari avec une autre femme, elle ne
pouvait rien faire; même dans sa colère, elle n’avait aucun droit de l’attaquer. Par contre,
s’il trouvait sa femme en flagrant délit, et si, dans sa colère, il la tue, « il n’était pas
reconnu coupable de meurtre » (1:400).
Wylie et Brière expliquent que les valeurs, mœurs et mentalités de la France
n’ont pas beaucoup changé entre 1880 et 1950, mais après la Seconde Guerre Mondiale,
une révolution éclata et bouleversa la ‘France traditionnelle’ et ses anciennes structures
rétrogrades (81). Il est intéressant de savoir qu’à cette époque, l’Eglise était plus
recherchée par les femmes que les hommes, et elle devint l’un des moyens « les plus
importants par lequel les femmes ont commencé à se libérer de la domination des
hommes » (Zeldin 5: 261).
Avant la Première Guerre Mondiale, la Française travaillait dans toutes sortes
d’emplois. On constate qu’en 1906, trente-huit pour cent de la population travailleuse
était féminine (Bouquet et al. 9). En 1909 elle a obtenu le droit de porter un pantalon
lorsqu’elle montait à cheval ou sur un vélo. Autrefois, elle était punie pour ce genre de
choix vestimentaire. Pendant la Grande Guerre, les femmes remplaçaient les hommes
partis au front; elles ont fait marcher l’économie, car sans elles, il n’y aurait eu personne
pour accomplir les travaux quotidiens. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la France a
perdu 1,5 million d’hommes envoyés en Allemagne pour faire le Service du Travail
Obligatoire des Nazis. Grâce à la Française, le pays continua à rouler. À cette époque,
une grande partie des Français étaient contre la femme travailleuse et l’appelaient
‘voleuse d’emploi’ et ‘garces’, des termes péjoratifs. Il était choquant de voir une femme
64
gagner un bon salaire (Bouquet et al. 9). Par contre, il faut savoir que le salaire des
femmes était moins élevé, souvent drastiquement.
Au vingtième siècle, après la Seconde Guerre Mondiale, la Française
progressa vers une vie plus égale et libre dans laquelle elle trouva plus de choix et moins
de discrimination. Jusqu’en 1965, un mari avait légalement le droit d’interdire à sa
femme un travail hors de la maison. « Chacun, mari, femme, enfants, avait son rôle bien
défini dans la hiérarchie familiale et il existait une stricte division des tâches en fonction
du sexe » (Wylie et Brière 82). Or, les changements sociaux ont permis une évolution de
la mentalité française, chez la femme aussi bien que chez l’homme. Aujourd’hui, la
France est un pays très développé; le taux de femmes qui travaillent a bien évolué.
L’infrastructure française offre des avantages aux femmes et ceux-ci permettent à la
Française d’avoir une vie libérée et active.
Zeldin explique que le féminisme et le statut secondaire de la femme
devinrent un problème social plus reconnaissable à cause de la Seconde Guerre
Mondiale, car c’est seulement quand la classe bourgeoise qui se mit à travailler, y étant
obligée pendant la guerre pour subsister, que « celle-ci prit véritablement conscience des
problèmes de la femme qui travaille, auxquels les classes des pauvres s’étaient adaptées
depuis longtemps » (1:408). Auparavant, dans les années 1930, une féministe active et
énergique, Louise Weiss, essaya d’avancer l’émancipation des femmes. « Aucun
changement au niveau des lois ne serait possible, concluait-elle, tant que les femmes
n’auraient pas modifié l’opinion qu’elles avaient d’elles-mêmes et leurs intérêts » (Zeldin
1:408).
65
Un grand changement s’est réalisé en 1944 lorsque la femme gagna sa voix
aux élections; enfin le droit de vote lui était accordé. Pourtant, il faut savoir que ce droit
était atteint en France bien après d’autres pays comme ses voisins européens, et vingtquatre ans après les femmes américaines. Le gouvernement français était contre le
suffrage universel, l’ayant opposé quatre fois entre 1919 et 1936 (Bouquet et al. 8). La
mentalité française à cette époque était que l’homme devait voter pour toute sa famille.
D’après Zeldin, si la femme n’obtenait pas son émancipation et le droit de vote plus tôt,
c’est parce qu’il « n’y eut pas de mouvement féministe de masse » (1:403). Or, il y avait
des organisations, comme Le Conseil National des Femmes Françaises, l’Union
Nationale pour le Suffrage Féminin et l’Union Nationale pour le Vote des Femmes, mais
ils n’arrivaient pas à unifier les membres. De plus, les associations étaient dirigées « par
des grandes bourgeoises oisives et s’adressaient aux femmes des classes moyennes. Il n’y
avait pas de participation de la paysannerie » (1:407).
Les années 1960 ont amené d’autres libertés à la Française, y compris le droit
d’avoir un compte en banque en 1965, puis le droit de travailler sans permission du mari
en 1966. Les Françaises suivaient des programmes d’éducation qui, jadis, étaient limités
aux hommes. Zeldin constate que « la Sorbonne interdit aux filles l’accès aux
conférences jusqu’en 1880, et la faculté de Médecine de Paris jusqu’en 1868…La
première étudiante à la faculté de Droit de Paris, en 1884, fut une femme d’un certain âge
qui vint au cours accompagnée de son mari et du secrétaire de la faculté par crainte d’un
scandale » (1:401). Un siècle plus tard, en 1969, Françoise Chandernagor était la
première femme à recevoir un diplôme de la prestigieuse Ecole Nationale de
l’Administration. Wylie et Brière confirment que « toutes les grandes écoles sont
66
aujourd’hui ouvertes aux femmes, ce qui n’était pas le cas jusque dans les années
1970…l’Ecole Polytechnique, par exemple, admit des femmes pour la première fois en
1972 » (202).
En même temps, la Française avait gagné le droit d’être nommée chef de
famille. Il faut se rappeler qu’à partir de 1938, la femme ne devait plus obéissance à son
mari, mais il retient quand même le titre de ‘chef de famille’. En 1980, il y a eu la
première femme écrivain élue à l’Académie Française, Marguerite Yourcenar. Il y a aussi
eu plusieurs femmes nommées ministre au gouvernement socialiste de Mitterrand en
1981 (Bouquet et al. 17); en 2002, 13,3 % des membres à l’Assemblée Nationale était des
femmes (Steele 87).
Après les deux guerres mondiales, la Française a accédé à une certaine liberté
qui a permis une évolution dans son comportement et dans sa mentalité (Bouquet et al.
12). Son esprit est devenu frais et moderne. Elle s’est coupé les cheveux, elle fait du
sport, elle danse. On trouve une évolution dans la mentalité de la société à l’égard de la
femme pendant la deuxième partie du XXe siècle. Wylie et Brière expliquent qu’avec
« la perte d’influence de la religion sur les comportements individuels (sexuels,
notamment), la France a connu une véritable révolution sur ce plan au cours des quarante
dernières années. La morale du corps tend à devenir une affaire individuelle. Les tabous
traditionnels sur la nudité—au cinéma, à la télévision, dans la publicité—ont
disparu…Les seins nus sont autorisés pour les femmes sur toutes les plages françaises
depuis 1970 et cela ne choque plus personne » (80).
Bien qu’opposé par l’Eglise catholique, la Française a acquis malgré une
opposition acharnée le droit de planning familial en 1967; en 1975, réfutée
67
vigoureusement par l’Eglise et de l’Ordre des Médecins, la loi Veil a donné à la femme le
droit libre de la contraception et de l’avortement. Trente-cinq ans après que la France a
voté cette loi, l’Eglise continue à réagir en protestant contre « cette équation qui associe
au bel idéal de la liberté des femmes un acte aussi absurde que celui d’avorter
légalement » (Derville). Or, les Catholiques ne considèrent point l’avortement comme un
droit à respecter. Il faut savoir que cette loi fut un changement considérable, car en 1920
la France avait voté une loi contre la contraception et les avortements et interdisait toute
propagande en leur faveur. « Cette loi visait à accroître le taux des naissances dont les
politiciens commençaient à se préoccuper » (Zeldin 1:417). La France a perdu une grande
partie de sa population pendant la Grande Guerre et il fallait surtout repeupler la nation.
Or, le gouvernement considérait l’avortement et la contraception comme actes criminels.
En 1942, le gouvernement de Vichy a déclaré l’avortement passable de mort par la
guillotine. En 1943, une femme, Marie-Louise Giraud, fut guillotinée en juillet 1943 à
Paris pour avoir pratiqué vingt-sept avortements illégaux dans la région de Cherbourg.
À cette époque, c’était surtout les femmes pauvres qui devaient faire face soit
à un grand nombre d’enfants, soit à un avortement clandestin sans anesthésie. De plus,
une Française mourrait chaque jour avant les années 1970 à cause de ces avortements.
« Une étude menée en 1947 montrait que soixante-treize pour cent des femmes pratiquant
l’avortement étaient des femmes mariées agissant avec le consentement de leur mari »
(Zeldin 1:417).
Au début des années 1970, il y a eu un autre grand changement qui a
contribué à l’évolution de la liberté féminine: le Mouvement de la libération des femmes
(le MLF). Pour dénoncer l’infériorité de la condition féminine, certains écrivains
68
influencèrent le mouvement féministe et l’on considère Simone de Beauvoir comme le
principal défenseur de ce mouvement. De Beauvoir châtie la Française pour ne pas
s’intéresser à la condition féminine; elle proclame fortement que la femme devient
femme car elle ne naît pas ainsi. Zeldin indique que l’ouvrage, Le Deuxième Sexe, fut « la
meilleure description des attitudes de la femme émancipée de l’entre-deux-guerres »
(1:412). De Beauvoir écrit: « Or la femme a toujours été, sinon l’esclave de l’homme, du
moins sa vassale; les deux sexes ne se sont jamais partagé le monde à égalité; et
aujourd’hui encore…la femme est lourdement handicapée » (1:20). La destinée imposée
à la femme est le mariage, et celles qui ne sont pas mariées « souffrent de ne l’être pas »
(2:195). Beauvoir préconise une vie indépendante pour la femme, mais il faut d’abord
qu’elle change de mentalité, surtout à propos du mariage. Elle affirme que si les deux
sexes étaient égaux, chaque sexe serait aussi plus libre et plus heureux.
Parmi les autres féministes célèbres, l’on trouve Flora Tristan, George Sand,
Pauline Roland, Jeanne Deroin, Marie Deraismes et Clémentine Royer. « Leur influence
était très limitée et leur action mit longtemps à avoir de l’effet » (Wylie et Brière 129). La
littérature française au XIXe siècle était romantique et l’on s’intéressait surtout à la vie
sentimentale et l’amour. Par exemple, George Sand était plus romancière que féministe,
bien qu’elle reconnaisse la répression des femmes. Dans sa préface à La mare au diable,
Sand écrit, en songeant à sa nuit de noces, que « rien n’est affreux comme l’épouvante, la
souffrance et le dégoût d’une pauvre enfant qui ne sait rien et qui se voit violée par une
brute » (ix). Elle quitta son mari plus tard et écrit contre les prescriptions sociétales,
surtout lorsqu’il s’agit de l’amour.
69
La Française contemporaine est évoluée dans sa manière de penser et de vivre.
Le planning familial a aidé la femme à avoir une vie professionnelle, de laquelle apparaît
son indépendance financière. Wylie et Brière expliquent que « la légalisation de la
contraception (1972) a réduit le nombre de naissances non désirées et l’on présume…que
les naissances sont toujours voulues et ‘planifiées’ » (87). Weil conclut que « l’individu
au lieu de se développer en largeur, par la famille, se développe en hauteur par la
capillarité sociale. En même temps qu’il réduit le nombre des enfants…il afflue vers les
villes et les professions dites de ‘mains blanches’ » (Racisme 86). L’image idéale
aujourd’hui est celle d’une femme qui développe ses compétences et une carrière qui lui
permet d’être économiquement indépendant.
Aujourd’hui la Française refuse le portrait du couple où la femme dépend de
son mari. Elle considère que la Musulmane n’est pas mise en valeur dans sa culture, et
qu’elle est soumise. La femme française moderne, appréciant son indépendance de tous
cotés, conteste cet aspect de la culture arabe qui est l’obligation de soumission. En outre,
elle reconnaît la perte d’une identité et le gaspillage des compétences; la Musulmane ne
peut pas développer ses propres intérêts.
À présent en France il y a « six fois plus de couples cohabitant non mariés que
dans les années 1960 » (Wylie et Brière 131). Lorsqu’un Français décide de se marier
avec une Maghrébine, la Française a du mal à comprendre comment un homme peut
s’intéresser à elle, car elle ne travaille pas et représente une femme docile. Or, les
obstacles qui existent aujourd’hui au Maghreb furent une réalité bien présente en France
il y a quarante ans. Une grande partie des femmes maghrébines sont obligées d’être
70
femme au foyer; l’homme étant contre son émancipation et la femme étant
économiquement dépendante de lui, tout comme la femme française l’était.
CHAPITRE VII
LA MUSULMANE
À travers les âges, la Musulmane fut victime d’une culture patriarcale; sa
liberté est limitée par une société dans laquelle l’homme et la religion traditionaliste lui
imposent une vie inférieure et oppressée. Tout en proclamant les commandements et la
volonté de Dieu, la religion prive la femme de sa féminité. La Musulmane n’est pas libre
de mener sa propre vie comme elle l’entend; si elle veut sortir, il lui faut la permission de
son mari, et n’a pas le droit d’aller où vont les hommes. Par exemple, au Maghreb, elle
n’a pas le droit d’aller au cinéma. Défavorisée, elle subsiste souvent sans éducation ni vie
professionnelle. Sur le plan conjugal, elle n’a pas droit au divorce. La Musulmane habite
dans un monde contemporain mais restreint par des règlements de rites islamiques; c’est
un conflit perpétuel.
L’ordre patriarcal des pays islamiques est bien défini, et le statut de la femme
est tout à fait secondaire (Limage 90). Chaque pays du Maghreb suit la charia, loi
canonique de l’Islam qui régit la vie religieuse, politique, sociale et individuelle; quant à
la femme, c’est une manière de vivre selon les règles au point d’en être écrasée. Pour la
Musulmane, son existence consiste d’obéir à son mari et elle dépend d’un homme toute
sa vie; elle est sous l’autorité de son père et ses frères tout d’abord, ensuite de son mari. Il
faut savoir que dans la culture arabe, les pères et les frères sont maîtres; ils surveillent les
filles qui ne peuvent décider ni par ni pour elles-mêmes. Shariff explique que les petites
71
72
filles musulmanes « baignent dans ce sentiment d’infériorité et grandissent en le tenant
pour acquis » (121). De plus, les hommes justifient les violences conjugales par la charia.
En France, où la religion ne dirige pas l’Etat et où la politique moderne est
évoluée, la religion islamique se présente comme archaïque. Bowen nous rappelle que la
République française n’est point la république islamique de la France (169). On accepte
mal un homme qui oblige obéissance à une femme, et l’on considère que cette politique
est rétrograde. La loi européenne valorise les droits et l’égalité de chacun; par contre, la
loi islamique qui se considéra supérieure au cours de l’histoire à cause de son affiliation
religieuse ne partage pas cette idéologie de liberté et d’égalité (Walther 173). La loi
islamique n’est pas compatible avec la loi française où la femme est égale à l’homme.
D’après Chartier, les Musulmans sont restés « figés sur un cadre législatif fixe, il y a
quatorze siècles » (26).
Pour les Français, le voile représente les inégalités entre les sexes dans les
sociétés islamiques. De plus, les événements de la guerre d’Algérie, pendant laquelle les
femmes et les enfants étaient victimes de viols, massacres et humiliations, influencent
l’opinion publique française (Limage 83). Pour les Français, le voile est un signe de toute
cette souffrance. La vision de vertu à la française ne dépend pas du voile, ni de
l’obéissance, mais plutôt de l’éducation et de la nature mentale de l’individu. La
Musulmane voilée en France pose un problème social et ajoute une certaine tension au
rapport entre ces deux peuples. En France, le voile, le niqab et les longues tuniques
blanches sont des signes d’une idéologie radicale qui n’est pas compatible avec la vie
française où tous naissent égaux.
73
Afkami révèle que dans l’Islam, chaque discussion légale est négociable, sauf
lorsqu’il s’agit des droits de la femme et sa position dans la société. Par exemple, en
Algérie, les intégristes insistent sur le rôle de la femme comme preuve de l’authenticité
de l’ordre islamique (1). Cet auteur constate que tant que les hommes expliquent et
interprètent la loi islamique au sujet des droits des femmes, la femme n’aura pas gain de
cause. Il faut savoir que dans l’histoire islamique, les femmes furent victimes des
conquérants, comme partout ailleurs dans le monde. Dès l’origine de cette religion, la
plupart des sauvages firent partie de tribus variées; les peuplades se convertirent à
l’Islam, une nouvelle foi qui se montrait plus convenable aux conditions sociales que le
Christianisme ou le Judaïsme (Walther 17). Autrement dit, les gens n’avaient pas une vie
libre et démocratique; ils avaient déjà pris l’habitude de vivre soumis à une autorité
supérieure.
Il faut savoir que la religion façonne la vie politique et sociale des pays
musulmans. De ce fait, une mère qui donne naissance à une fille ne se réjouit pas, car
l’arrivée d’une fille n’ajoute rien à la prospérité de la famille. Par contre, un fils a quelque
chose à offrir, car un garçon peut aider financièrement, protéger la famille et accroître le
pouvoir de sa famille, tandis qu’une fille se mariera et partira vers un autre foyer
(Walther 41).
Historiquement, la femme ne recevait pas d’enseignement. L’auteur continue
en expliquant que cette mentalité vient du fait que l’on croit qu’une fille est tellement
défavorisée qu’il aurait presque mieux valu qu’elle ne soit pas née, mais puisqu’elle est
née malgré tout, il faut la marier car c’est la seule solution. Depuis l’enfance, on la
prépare pour son futur rôle de femme au foyer (42-43). Mariée de force à seize ans,
74
Shariff a dû abandonner ses études et explique qu’en Algérie « plusieurs parents, peu
importe leur niveau socio-économique, retirent tôt leur fille de l’école. Pour eux,
l’apprentissage de la lecture et de l’écriture n’est pas une priorité » (42).
Au cours de l’histoire aux pays musulmans, le mariage fut arrangé par les
deux familles, même à l’age de dix ou douze ans; l’Islam préconise le mariage pour une
jeune fille et elle doit être vierge au moment de l’union. Autrefois, l’homme ne vit pas le
visage de sa femme avant le mariage, car elle fut couverte depuis l’age de huit ou neuf
ans. Walther explique qu’un mariage d’une telle jeune fille ne lui donna ni le temps de
mûrir intellectuellement, ni la chance de continuer ses études. Il constate que le voile
donna aux jeunes filles un sentiment de honte et d’infériorité. Le mariage fut un
événement amer et triste pour la jeune fille. Il fallut qu’elle quitte sa famille pour vivre
chez un homme qu’elle ne connaissait pas, qui pouvait vivre dans une autre communauté.
Cette réalité est une raison pour le statut actuel de la femme dans les pays islamiques (43,
46).
Le Musulman est préoccupé par sa réputation et son nom de famille dans la
communauté islamique. Il doit faire très attention en choisissant sa femme, car elle
surveillera l’éducation morale des enfants et les protégera contre les influences néfastes
extérieures (Blaydes et Linzer 584). Dans l’Islam, la femme est responsable de
transmettre les valeurs religieuses aux enfants. De plus, elle monte dans l’estime sociale
lorsqu’elle donne naissance à des enfants masculins. Reeber explique que le Coran
accorde à l’homme « une capacité juridique supérieure à celle de la femme » (36).
Toutefois, au Maghreb, le statut de femme indépendante n’existe pas. Elle réside dans le
domicile parental jusqu'à son mariage.
75
Si la Musulmane porte le voile comme signe respectueux de sa religion, le
public français ne l’accepte guère, en croyant sincèrement qu’elle le fait par soumission.
Il faut savoir que le voile ne date pas de l’Islam. Dans la société assyrienne, le voile était
signe de la haute bourgeoisie et de la femme respectable, une distinction entre elle et une
femme célibataire (Nawar 525). Or, une femme catholique se couvrit comme signe de sa
modestie et de sa déférence. Dès la naissance de la religion islamique, toutes les femmes
se couvraient les cheveux en Europe, en Asie et en Afrique; donc, la foi reconnut la
valeur du voile pour se marquer comme Musulmane. Néanmoins, Chartier explique la
vérité en disant que « rien dans la Révélation n’impose aux croyants de se voiler les
cheveux » (26).
Lorsqu’une jeune fille voilée dit qu’elle veut le porter, les Français sont
convaincus que c’est de la manipulation et un autre exemple de la domination de
l’homme dans cette religion. Elles ont la liberté de conduire mais en portant le voile, ce
qui est contradictoire selon la mentalité française. De plus, elles sont souvent très
maquillées, avec les yeux et les lèvres mises en valeur. Ceci donne l’impression aux
Français qu’elles veulent être plus libres et elles veulent embrasser leur féminité. Le voile
est une sorte de prison selon le point de vue français.
Le voile apporte d’autres débats, et pour les Français, ceci est paradoxal. La
femme est obligée de se voiler car elle doit se cacher les cheveux pour ne pas attirer le
regard des hommes. C’est à elle de suivre un certain comportement pour que l’homme lui
soit respectueux. Une autre raison pour laquelle les Français ont du mal à comprendre le
port du voile est à cause d’une croyance fondamentale française selon laquelle on ne
cache pas son corps, car « il fait partie du monde des apparences, on peut donc l’exposer
76
au regard des autres » (Wylie et Brière 99). Donc, si une femme n’enlève pas son voile,
on la perçoit comme une non-conformiste de l’ordre français; elle n’accepte pas la
République telle quelle. Ceci est un vrai obstacle dans l’intégration et une source des
tensions actuelles entre les Français et les Musulmans (Bowen 98). En France, si l’on
porte le voile, on n’est pas disposé à s’intégrer et l’on se moque des coutumes et valeurs
françaises.
En 2004, la France a voté une loi qui semblait être une action contre la
domination masculine dans la culture islamique en France; après l’affaire du foulard, le
port de signes religieux fut interdit. L’origine de cette loi provient des sœurs Lévy qui
portèrent le voile dans une école publique près de Paris, et refusèrent de l’enlever, même
après sommation. Il faut ajouter que ces deux sœurs avouèrent plus tard qu’elles
n’auraient jamais porté le voile si elles y étaient obligées, ce qui est le cas dans certains
pays musulmans. Or, l’opinion négative des Lévy augmenta, car en considérant le point
de vue français sur l’oppression et la souffrance des femmes musulmanes, cette attitude
se présenta comme offensive (Bowen 237).
Il y a des Musulmanes qui portent le voile parce qu’elles considèrent la loi de
2004 comme une vexation et ne veulent pas se plier aux règles; c’est de la provocation
pure et simple et une réaction contre la loi (Erlanger). Golley ajoute qu’il est possible
que le port du voile donne à la femme un certain pouvoir (526). D’autres Musulmanes
cherchent une identité islamique et le voile aide à les distinguer. C’est un choix
personnel, lié au désir de vivre leur foi d’une manière ouverte. Reeber explique que le
voile est « le meilleur moyen de se faire connaître (affirmer l’identité islamique) et de ne
pas être offensées » (37). Or, il faut savoir que l’on associe le voile à la violence contre la
77
femme, surtout dans les banlieues parisiennes où les femmes voilées subissent des viols
par des bandes de jeunes (Bowen 214). L’opinion publique française pense que sans
l’obligation de porter le voile, ces femmes ne seraient pas si vulnérables. De plus, cette
contradiction relève de l’hypocrisie chez les Français: on voue alliance à une religion
dans laquelle les femmes restent pures et chastes, tandis que les hommes croyants les
violent.
Dans la culture musulmane, on élève les garçons dans un environnement qui
les prédispose à cette supériorité masculine; un résultat est que les jeunes Musulmans
français tachent souvent de faire valoir leur contrôle sur les jeunes femmes. Le résultat
est un nombre élevé d’agressions envers ces femmes. Le film, L’esquive, expose cette vie
dans les HLM en banlieue parisienne où les filles deviennent agressives pour se protéger.
Plutôt qu’une discussion d’égal à égal sur ces désaccords, comme le veut la culture
française, elles se défendent en criant ce qu’elles veulent.
Pour Bowen, les femmes nées en France de parents maghrébins se considèrent
françaises, car c’est en France qu’elles connurent l’Islam (72). Donc, pour elles c’est tout
à fait normal qu’elles essayent de vivre leur foi de manière visible. Les Beurettes, les
filles nées en France de parents originaires maghrébins, font partie d’une double culture;
elles vont à l’école française, suivent le programme de l’éducation nationale et vivent à la
française pendant la journée. En même temps, elles grandissent dans une culture arabe et
musulmane à la maison, et souvent, elles vivent mal leur double culture. Rosen explique
que les jeunes de la deuxième génération sont mal adaptés aux deux mondes opposés
(154).
78
Les pays musulmans cherchent à établir une identité nationale qui ne
ressemble pas à l’ordre européen imposé. Donc, l’idéologie soutient que les femmes
doivent rester au foyer pour ne pas être trop influencées par la culture européenne (Goley
531). Il faut savoir que la France et d’autres pouvoirs coloniaux imposèrent leur langue,
leur politique et leurs pratiques aux peuples indigènes.
Les discordes comme la rupture de la famille et des problèmes sociaux
nourrirent une renaissance islamique et le réveil d’un Islam plus fondamental (Esposito
x). Les droits humains actuels sont liés à l’impérialisme occidental mais il faut savoir que
les intégristes aussi associent les droits humains à cet impérialisme. De plus, d’après eux,
toute calamité morale provient de l’influence occidentale et de sa liberté sur les questions
morales. Bowen confirme le mauvais œil jeté sur la femme occidentale; elle n’est plus
respectable et trop libre sur le plan sexuel (175). En sachant que la femme musulmane a
de l’influence sur la vie sociale musulmane à travers sa famille, le féminisme est
considéré comme dangereux, plutôt liée à l’Occident où la famille est en désordre et la
société souffre avec toutes ses maladies (Golley 526-528). Donc, l’intégrisme radical
fonctionne en obligeant les femmes à vivre sous le voile de la peur. Il faut savoir que la
peur est une arme efficace pour transmettre une politique rigide et rétrograde qui interdit
l’éducation et le travail des femmes. Par exemple, en Algérie dans les années 1990
lorsque le pays connut une guerre civile, le gouvernement montrait des images
choquantes à la télévision. On voyait une femme morte, sa bouche cousue de fil barbelé,
ce qui fut « une façon de signifier aux femmes qu’elles seraient punies si elles avaient
une grande gueule, c’est-à-dire, si elles répliquaient » (Shariff 250). Dans l’intégrisme
islamique radical, on égorge ceux qui contredisent la loi.
79
C’est la famille qui est au centre de la religion islamique, et c’est la loi de la
charia qui est au centre de la loi islamique. Pourtant, « la foi passe avant tout lien
familial. Les textes affirment que si les enfants, une fois adultes, sont de mauvais
croyants, les parents doivent cesser tout contact avec eux » (Rostang 26). L’auteur ajoute
que l’Islam considère un enfant illégitime « comme un être impur. Il ne sera jamais
accepté par la société, car son existence est jugée comme une injure envers Dieu » (26).
Certes, cette loi familiale n’a guère changé depuis les origines de la religion, mais il
faudra un changement de la loi pour produire une évolution sociale, ce qui modifierait le
statut de la femme vers un standard plus proche de celle de l’Europe actuelle. Puisque la
tradition joue un rôle principal dans l’Islam, il faudra un accord islamique dans la totalité
de la communauté musulmane pour réussir une politique réformatrice (Esposito103).
L’auteur constate que la place de la tradition est sacro-sainte et tout changement doit être
enraciné dans une mentalité islamique qui démontre un respect des traditions et de la
religion (102).
Même en France, il arrive que la Musulmane vit une vie opprimée. Par
exemple, en ne voulant causer aucun problème à la maison, cette femme tâche de bien
s’occuper du foyer familial. « Dès qu’il arrive le soir, ses pantoufles sont toujours là dans
le couloir…j’évite la violence domestique pour mes enfants » (Killian 66). Elle dit
qu’elle se plie à tous ses caprices, car la femme doit servir l’homme.
Si les femmes adhèrent à l’intégrisme, une politique qui sème la haine et la
confusion, c’est à cause de la crainte. Blaydes et Linzer expliquent que pour des raisons
économiques et de son statut inférieur, la Musulmane choisit de ne pas réagir (577). Elle
embrasse les coutumes rétrogrades et se résigne à son statut social pour essayer de
80
garantir une vie stable sur le plan économique. Or, elle choisit de suivre une vie très
traditionnelle pour s’assurer un mari qui lui donnera cette stabilité. Les auteurs expliquent
qu’une femme sans éducation et qui connaît la pauvreté profonde est plus incorporée
dans les coutumes traditionnelles, car ces dernières sont valables pour se marier et trouver
un équilibre économique (577).
D’abord, une femme qui n’est pas éduquée connaîtra des difficultés à prendre
des décisions. Les gens qui ne travaillent pas sont en marge de la société. Ils se sentent
enfermés par leur fragilité, le manque d’éducation et de travail. La peur les consume: la
peur de ne pas gagner un salaire suffisant, la peur que Dieu les réfute; la peur des
représailles d’un homme (581). Il faut savoir que dans cette culture, l’homme est menacé
par une femme autonome; il tente de forcer son droit de pouvoir sur elle. Blaydes et
Linzer remarquent que la femme devient une obsession pour l’homme qui veut à tout prix
asservir son contrôle sur elle (580).
Les règles qui définissent le mariage islamique sont étroites et sévères: une
femme qui parle avec un inconnu aura des difficultés pour trouver un mari. Le rôle
changeant de la femme, surtout sur le plan social et économique, est mal vu par les
intégristes qui réagissent d’une manière négative (Blaydes et Linzer 579). Il faut savoir
que le mariage islamique est un contrat entre l’homme et la femme; ils s’engagent à
élever des enfants croyants musulmans, et à transmettre des valeurs culturelles islamiques
(583). L’amour et la passion de la femme envers son mari ne jouent aucun rôle dans un
mariage.
La femme cherche la sécurité matérielle à travers son mariage, et elle est
obligée d’être pieuse. Elle doit rester ainsi, même après être mariée, car un homme peut
81
la répudier pour n’importe quelle raison. Blaydes et Linzer constatent que l’insécurité
dans le domaine financier est une raison-clé de l’adoption des croyances et pratiques
intégristes (580). La femme choisit donc d’abdiquer son autonomie en faveur de l’homme
pour gagner des bénéfices (Blaydes et Linzer 580). Par contre, ces qualités n’aident guère
la femme dans sa vie professionnelle. Un employeur en France préfère ne pas engager
une femme qui porte le voile; les bureaux de placement cherchent des employés qui
exhibent des qualités sécularistes (586). Le mariage sert donc comme un substitut au
travail et la femme le choisit pour rendre sa vie plus stable.
Bennoune constate que les intégristes violent la loi humanitaire, tout en
déclarant que leur conduite est liée à la religion islamique (200). Afkami explique que
pour améliorer la condition féminine, il faudrait briser l’isolation de la femme,
puisqu’elle est prisonnière chez elle et ne peut pas communiquer avec d’autres femmes
(9). Munie d’une éducation et d’un métier, la Musulmane serait libre de choisir entre un
mariage qui lui convient, ou une vie indépendante. Shariff constate qu’elle se croyait
« condamnée à ce mode de vie jusqu'à mon dernier souffle et je m’y résignais.
Aujourd’hui, je m’en veux de m’être soumise et de m’être laissé détruire aussi
longtemps ! À l’époque, je ne voyais pas d’autre issue » (125).
L’intégrisme existe parce que l’on le tolère. De plus, la crise économique
nourrit un système politique corrompu et une peur écrasante de ce dernier. Il faut
réinterpréter la loi islamique, tout en considérant l’Islam et sa philosophie humaine
égalitaire (Afkami 6). Il y a un monopole de certains théologiens masculins qui
interprètent les textes religieux, et le résultat est la violence domestique et une
dégradation systématique de la femme (7). La stabilité économique et la liberté humaine
82
pourraient se développer dès lors que la femme n’a plus peur. Le Musulman soutient que
la femme est contre l’Islam si elle lutte pour ses droits. Or, il faudrait dépasser ces
obstacles pour progresser (Afkami 4). Si une majorité de la population féminine n’exige
pas de libertés, rien ne changera sur la condition de la femme musulmane.
Sand dit que « la servitude dans laquelle la femme était maintenue par
l’homme détruisait pour elle toute perspective de bonheur, le bonheur étant impossible
sans liberté » (Zeldin1: 410). A priori, Golley ajoute que dans un régime intégriste, la
femme ne peut guère être libre car l’homme ne l’est pas non plus (528).
CHAPITRE VIII
CONCLUSION: L’INTÉGRATION
Les tensions en France entre les Français et les Musulmans est un problème
épineux. En examinant les modes de vie des deux populations, il est évident que des
difficultés sont le fruit de dissemblances profondes. Les différences culturelles sont
vastes; la France n’est pas facilement arrivée à accomplir l’intégration des Musulmans et
continue aujourd’hui à connaître des difficultés pour les assimiler. Tandis que l’Etat
français essaye d’apprivoiser la religion islamique pour mieux assimiler les Musulmans
au mode de vie national, ces derniers ont une conception globale de la place de la religion
dans la vie, et veulent exposer, aux yeux de tous, leur propre manière de vivre et leurs
coutumes. Les Musulmans voudraient que l’Etat reconnaisse et accueille plus visiblement
l’Islam. Pourtant, les institutions publiques n’encouragent la promotion d’aucune religion
et certaines pratiques musulmanes sont incompatibles avec la culture française.
L’intégration des Musulmans est un obstacle qui se présente sous diverses
dimensions: la religion, la vie sociale et économique, et la culture (Laurence et Vaisse 6).
Pourtant, un trait spécifique de la France est celui de l’intérêt commun; sa valeur est plus
importante que celle d’un groupe minoritaire. L’article premier de la Déclaration des
Droits de l’homme et du citoyen de 1789 affirme que: « Les hommes naissent et
demeurent libres et égaux en droits; les distinctions sociales ne peuvent être fondées que
sur l’utilité commune » (Steele, St. Onge et St. Onge 186). Or, la France ne reconnaît pas
83
84
les ethnicités, car chaque personne naît égale. Bowen constate que chaque année le
gouvernement français refuse la nationalité à un tiers des immigrés parce qu’ils ne sont
pas suffisamment assimilés au mode de vie de l’Hexagone (196).
La République française ramasse des citoyens et non pas des communautaires
(Maillard 74). Bowen dit que l’Etat n’est pas le partage de la foi, mais plutôt, la foi en le
partage, malgré les distinctions (249). Pour bien réussir en France, il faut s’adapter,
adopter les valeurs françaises. Le point de vue français est très clair lorsqu’il s’agit de
l’intégration; les immigrés musulmans se doivent de s'accommoder à la culture et
assimiler le mode de vie. Pourtant, une partie des Musulmans français s’y adapte mal, et
une autre partie refuse de s’intégrer. De plus, certains Français considèrent la culture
maghrébine comme étant une invasion islamique en France. La majorité de la population
française aimerait que les Musulmans agissent à la française, et embrassent la culture
française. Il faut savoir que les Français croient fermement que la culture française est
supérieure à celle des immigrés (Haddad et Balz 25). Ceci représente un élément-clé de la
politique française.
Les Français ont tendance à penser que les immigrés ne sont pas totalement
dévoués à la France, et qu’ils ne viennent que pour bénéficier des avantages sociaux. Ils
ignorent le point de vue des immigrés qui n’ont pris cette décision que dans le but de
démarrer une nouvelle vie. Les compensations sociales en France sont généreuses, et
dans certains cas, l’accumulation des aides est telle qu’il est plus avantageux de ne pas
travailler. Le mal œil des Français sur les immigrés se fixe sur le taux élevé de chômage
qui les oblige à dépendre de l’assistance des institutions publiques. Trop souvent, les
Maghrébins arrivent en France sans travail et restent sans travail. Au Maghreb, la plupart
85
des gens ne reçoivent aucune formation professionnelle car la pauvreté est sévère. Le
système social français devait être un tremplin pour s’en sortir, mais il est devenu un
mode de vie pour beaucoup de Maghrébins.
Les Français et les Musulmans possèdent chacun un concept particulier et très
différent de l’homme idéal, mais ces idées ne sont pas conciliables entre elles (Maillard
72). Les tensions entre les deux peuples augmentent à cause de l’ignorance de la culture
et de l’identité de l’autre; l’on ne se comprend pas, et le résultat est trop souvent la
méfiance. Touraine ajoute qu’il ne s’agit pas d’être différent, mais plutôt d’avoir des
différences culturelles et économiques, tout en partageant le pays. Or, il est plus difficile
pour des gens moins fortunés comme les immigrés de faire une liaison entre le statut
économique et l’orientation culturelle (202).
Les Musulmans manquent de savoir-faire pour se débrouiller aisément dans la
République française (Fetzer et Soper 9, 11). Ils revendiquent que l’on reconnaisse
publiquement la religion islamique. Cependant, ils considèrent la pression sociale et
politique hostile à ces buts (13). Les besoins religieux et culturels des Musulmans
incluent: construire des mosquées, établir des écoles islamiques, et pratiquer leur religion.
Ils attendent la coopération de l’Etat français pour réaliser ces buts (Fetzer et Soper 12).
Pourtant, cette affiliation de la religion à la vie publique est incompatible avec les
habitudes françaises.
En revanche, la laïcité et la séparation de la religion est incompatible avec les
habitudes musulmanes. L’idéologie laïque a une forte présence en France; le peuple
français refuse d’accommoder les pratiques religieuses des Musulmans (Fetzer et Soper
63). On craint la religion islamique à cause de sa branche intégriste, et la montée de la
86
violence islamique alourdit les tensions. Il faut savoir que la moitié des personnes
incarcérées sont musulmanes (Bleich 14). Weil dit que les réfugiés sont « les plus
indésirables du point de vue ethnique, sanitaire et économique, et présentent le plus
d’inconvénients du point de vue national…ils n’offrent en commun que des
inconvénients: les différences de langue, de mœurs, de climat étaient un gros obstacle à
l’adaptation » (Racisme 83). Or, les valeurs culturelles qui définissent chaque population
démontrent que ces deux peuples ne se comprennent pas ni ne se supportent pas. Ils ont
chacun du mal à comprendre la culture de l’autre. De plus, la politique française s’occupe
de défendre le pays contre toute menace; il s’agit de défendre la république et la
démocratie, aussi bien que l’ordre public. Être français signifie défendre les libertés et la
dignité humaine. Or, une raison pour cette persistance à défendre son pays s’explique
dans les paroles de l’ancien président de la République Jacques Chirac: « ‘le drapeau des
droits de l’Homme flotte sur notre terre depuis longtemps’» (Wylie et Brière 107, 49).
En pratiquant une ghettoïsation des immigrés et en les mettant à l’écart de la
société, l’Etat français contribue à une extension des liens entre les Musulmans qui
développent peu à peu une forme de communautarisme. Puisqu’ils sont immigrés, ce qui
est déjà un handicap social, ils vivent dans la pauvreté et se différencient culturellement
du milieu français. Ils viennent de familles défavorisées dans des quartiers peuplés
d’autres familles en marge de la société; il y un climat néfaste à la réussite, à l’éducation,
et même au civisme. Lorsque l’on est bloqué dans les ghettos sans perspective, l’école
devient une cause perdue. Ceux qui n’ont pas la volonté de s’intégrer sont plus exposés
aux problèmes sociaux comme la délinquance, et en deviennent les premières victimes.
87
Le système social français est fait de telle sorte que les échecs des parents
immigrés seront transmis à leur progéniture, qui sont isolés. Or, il faudrait mélanger les
races et les classes sociales pour parvenir à une politique intégrante en France. Pourtant,
Weil explique que l’un des dilemmes sociaux en France est que « les enfants d’immigrés
maghrébins, visés en premier par la réforme du code de la nationalité, ont senti en
quelque sorte qu’ils étaient devenus indésirables sur le sol français, qu’ils étaient tout
juste tolérés » (Histoire 19).
Bien que la majorité des immigrés musulmans permettent aux enfants d’avoir
une éducation française, ils insistent en même temps sur l’observance de la religion
islamique. En accueillant les enfants d’origine nord-africaine dans le système scolaire, on
découvre que l’enseignement français est « très mal préparé à une telle diversité: sa
fonction historique était de faire disparaître la diversité, non de la reconnaître; par souci
d’égalité, il applique le même enseignement et les mêmes critères d’évaluation à tous les
élèves d’une manière rigide » (Wylie et Brière 199). Tourraine déclare que les élèves qui
viennent de familles défavorisées ont besoin d’un soutien personnel pour réussir (204).
Sadot constate que « la seule morale enseignée dans l’Education nationale est
l’appartenance à une République riche de ses diversités raciales, religieuses,
sociales…bref un amalgame du fait accompli que l’on se doit d’enseigner à nos enfants
pour mieux éviter de l’enrayer » (Les Quatre Vérités). De plus, les enseignants ne sont
pas formés pour gérer les problèmes sociaux particuliers qui affectent les enfants des
immigrés (Wylie et Brière 199).
Benhold révèle que le nombre de Musulmans qui vont à l’école catholique
augmente car ils y sont libres de porter le voile. Les éducateurs catholiques estiment les
88
élèves musulmans à plus de dix pour cent de la population estudiantine totale. Il est
intéressant de noter qu’il y a aujourd’hui huit établissements privés musulmans, ce qui
prouve l’importance de la présence musulmane en France (Ben Rhouma).
La loi dicte les règles pour ouvrir une école religieuse en France qui recevra
l’assistance financière de l’Etat (la loi Debrey de 1959). L’école doit tout d’abord
dispenser son ensiegnement pendant cinq ans avant de recevoir cette assistance. Il faut
accepter des étudiants de toutes religions, et l’enseignement religieux n’est pas
obligatoire (Fetzer et Soper 85). Une partie de la population proteste contre
l’établissement de ces écoles islamiques car selon eux, elles empêchent le processus de
l’intégration en regroupant les minorités ethniques et religieuses au lieu de les ajuster au
système scolaire public français.
Une partie des Français sont également inquiets avec ce qu’ils perçoivent
comme une différenciation dûe au nombre croissant de mosquées. Ils craignent que ces
dernières servent non seulement de lieu de culte, mais aussi de lieu de congrégation
politique. Il faut savoir qu’en 1965, il y avait quatre mosquées et salles de prières en
France par rapport à douze cents aujourd’hui (Wylie et Brière 269). Une enquête
publique menée en 1995 posa la question suivante aux Français: est-il normal pour les
Musulmans qui demeurent en France de faire construire des mosquées pour pratiquer leur
religion? Quarante-trois pour cent des sondés ont répondu par la négative (Fetzer et Soper
132).
La religion islamique possède une influence considérable sur les lois
familiales. Pourtant, l’opinion publique française est plutôt en faveur de désavouer tout
dogme religieux. L’islamisme, comme l’intégrisme, est un terme péjoratif qui signifie
89
une dénégation de l’idéologie européenne dans laquelle la religion doit être pratiquée en
privé (Bowen 156). L’Islamisme ordonne l’obéissance et non pas la liberté de choisir.
Les croyants sont obligés de suivre la doctrine religieuse comme vérité absolue (188).
Bien que les chefs religieux musulmans insistent qu’une politique
réformatrice soit favorable, on ne peut imposer des changements qui contredisent les
traditions et pratiques culturelles d’un peuple (Kepel War 293). Or, les Musulmans auront
du mal à réformer la religion sans changer les traditions étouffantes qui oppressent les
femmes. Barbier dit que l’Islam doit reformer et respecter « un cahier des charges. Que le
Coran ne soit plus le mode d’emploi de la vie en société, mais un guide pour l’existence
spirituelle des individus. Que la loi républicaine passe avant la règle islamique et avant la
tradition » (5). Il faut savoir qu’il existe des Islamistes extrémistes qui considèrent
l’Europe comme une terre d’incroyants et qui exhortent les fidèles à défier les lois et les
pratiques européennes, et à suivre la loi islamique, la charia (Kepel War 8). La montée de
l’islamisme radical perturbe les relations franco-musulmanes, et empêche le progrès de
l’intégration. Rosen explique aussi qu’il n’y a pas d’Islam occidental, mais que des
Musulmans occidentaux. Les Musulmans peuvent s’assimiler au mode de vie européen,
non pas en changeant l’Islam, mais en ajustant la façon dont ils se conduisent en tant que
croyants (155). L’intégration sera plus efficace si l’on répand une vision modernisée de la
foi islamique.
L’Algérie pose un problème particulier à l’intégration musulmane à cause de
la guerre avec la France et de l’instabilité de ce pays après son indépendance. Selon Weil
il y a une discrimination de la République française envers les Musulmans, et surtout
ceux d’Algérie car ils ont « laissé des traces qui se traduisent par un sentiment de
90
discrimination ou de non-reconnaissance, qui existent au-delà des discriminations
réellement subies aujourd’hui dans la vie quotidienne » (Histoire 20).
Il faut savoir tout d’abord qu’un quart du peuple algérien est berbère. Or,
pendant la colonisation française, il y a eu une affluence de stéréotypes arabes et kabyles
de la part des colons, et les traces de ces sentiments sont visibles jusqu’à ce jour. On
considérait les Kabyles plus intelligents, plus travailleurs, et plus rationnels car ils étaient
moins influencés par l’Islam que l’Arabe algérien (Killian 30). Les Français avaient plus
d’estime pour les Kabyles, tandis que les Arabes étaient perçus comme des oppresseurs
patriarcaux des femmes et dépendants de l’autorité absolue (30). Avant et après la guerre
d’Algérie, les Berbères ont assuré la préservation de leur langue et culture en les gardant
séparés de l’influence arabe. De plus, ils ont protégé leur peuple de cette nouvelle nation
indépendante composée d’Algériens autoproclamés et non d’Arabes.
Les Français arrivèrent en Algérie en 1830 et y restèrent jusqu'en 1962.
Fargues nous fait part d’une « réalité indéniable: la société coloniale est tout à fait
inégalitaire, les Musulmans y sont des citoyens de second ordre, mais ils sont nés
français, ne connaissent d’autre régime que la République française, ont donné des
milliers de vies dans les deux guerres mondiales » (Fargues 54, 161). Or, les Arabes
étaient d’un niveau social inférieur et les Français ne se mélangeaient pas avec eux. Il y
avait un million de Français en Algérie pendant la période d’occupation, mais les
Musulmans étaient presque dix fois plus nombreux. Pourtant, quatre-vingt pour cent de
ces derniers souffrirent de la pauvreté et seulement dix-huit pour cent des enfants
musulmans étaient scolarisés (Fargues 54). Ce fut une société française raciste; l’Algérie
était « une société composite, très cloisonnée, avec des clivages bien marqués » (89). Les
91
Arabes étaient des étrangers dans leur propre pays. Fargue démontre « qu’en 1870, si les
décrets Crémieux font des Juïfs (des) citoyens français à part entière, rien de tel pour les
Musulmans…L’inégalité politique est criante. De plus, les premières élections seront
massivement truquées » (54).
Si les Français de l’Hexagone n’acceptèrent pas les Pieds-Noirs, il faut savoir
que pour sa part, De Gaulle, a adopté une attitude hypocrite envers eux. « Il nous
détestait, détestait l’empire, c’était un officier métropolitain, il n’a jamais servi l’outremer » (126). L’Algérie gagna son indépendance après une guerre de révolution contre la
France de 1954 à 1962. Il faut savoir que De Gaulle quitta l’Algérie en 1962 après avoir
promis d’y rester, et a permis à un régime intégriste de saisir le pays, forçant un exode
précipité des Pieds-Noirs, et une instabilité catastrophique à chaque niveau de la société.
Les Musulmans d’origine algérienne qui avaient collaborés avec le gouvernement
français subirent une violence féroce après l’exode des Français. A priori, l’Algérie
représentait trois départements français, contrairement au Maroc ou à la Tunisie, « le
conflit a opposé aussi bien des Français entre eux que des Algériens musulmans entre
eux » (161).
Les Pieds-Noirs, c’est-à-dire les Français qui avaient demeuré en Algérie
pendant la période coloniale étaient très mal reçus en France après l’indépendance
lorsqu’ils étaient rapatriés vers la France. Les citoyens de l’Hexagone étaient haineux,
tout en les considérant comme des colons et des profiteurs. Ils ne montrèrent aucune
chaleur humaine: « J’ai essuyé des insultes. On m’a traité de sale pied-noir…Nous avons
été massivement rejetés » (Fargues 232, 242). En même temps, la France n’accorda pas
asile aux Harkis (les Musulmans fidèles à la France) et « l’on estime que l’on massacrait
92
65 000 harkis au lendemain de la guerre, dans une quasi-indifférence de la part de la
France » (Fargues 204). Lors de l’indépendance, les relations franco-algériennes se
dégradèrent d’une façon drastique et une attitude ambiguë de la part de la France envers
l’Algérie continue jusqu'à ce jour.
La plupart des Pieds-Noirs ne connaissaient pas l’Hexagone, ayant demeuré
en Algérie depuis des générations. Ils ne trouvèrent pas une vie accueillante en France et
se sentaient abandonnés par leur patrie. C’était une population de réfugiés qui a tout
laissé derrière eux, et se trouvait sans repères. La France n’a réussi ni à les accueillir, ni à
les intégrer, bien qu’ils soient réellement français, que ce soit de nationalité ou de souche.
Ces événements furent les précurseurs du problème contemporain de l’intégration
actuelle des Musulmans parmi la population française. Pervillé dit que la France,
« menacée par des attentats commis sur son propre sol en 1995 et 1996…tendit à
considérer l’Algérie comme un pays barbare dont elle devait s’isoler par un cordon
sanitaire, tout en aidant le pouvoir algérien à gagner la guerre civile » (123). La rupture
s’approfondit et implémente cette mentalité d’adversité entre les deux peuples.
En comprenant ce qui crée la puissance de l’intégrisme, on arrive à mieux
comprendre la politique mondiale et les pratiques culturelles qui soutiennent les régimes
autoritaires intégristes (Blaydes et Linzer 578). La pauvreté nourrit les croyances
intégristes; l’on n’a qu’à regarder l’Algérie pour comprendre la façon dont les gens
vivant dans la misère acceptent facilement un régime totalitaire qui leur donne de l’espoir
contre la privation (582). Donc, l’intégrisme est leur solution la plus abordable contre la
pauvreté. De plus, les intégristes rejettent la faute sur l’Occident et sa société libérale et
incroyante pour tous les problèmes économiques. Les Musulmans français sont plus aptes
93
à accepter les traditions islamiques car ils sont isolés dans la plupart des cas; ce sentiment
d’exclusion croît dans la communauté maghrébine. Ils se réfugient donc dans leur
religion et l’intégrisme. Les Musulmans s’accommodent mal à la vie française, et dans un
élan de désespoir, se tournent vers ledit intégrisme.
L’organisation d’une alliance islamique est un dilemme pour le gouvernement
français. La raison de ce dilemme est le fait que les Musulmans qui dirigent les
associations ne sont pas toujours des intellectuels, mais souvent des activistes qui
essayent de garder leur autonomie par rapport au gouvernement et quelquefois sont
opposés à la politique française (Bowen 55). C’est un obstacle continu à l’intégration.
Toutefois, il faudrait se défaire des habitudes archaïques que les Musulmans apportent en
France. L’un des exemples les plus connus est celui de l’annulation d’un mariage
musulman à Lille parce que le mari découvrit que son épouse n’était pas vierge. Le
tribunal rendit son verdict en faveur de l’annulation car la femme avait menti au sujet de
sa virginité. Makarian dit que « l’intégration de sa minorité musulmane est un défi
continu » (23). En France, c’est une croyance rétrograde, « la virginité d’une femme n’est
pas une qualité essentielle de la personne » (24). Pourtant, le système législatif français
est continuellement pris entre deux feux: celui de la culture musulmane et de la culture
française.
Fetzer et Soper constatent que c’est la laïcité française qui rend la vie difficile
pour les Musulmans en France parce qu’on froisse leur foi et leurs efforts à transmettre
les croyances islamiques aux enfants (96, 155). Du point de vue musulman, la politique
laïque n’est pas neutre, mais plutôt hostile; elle alimente des amertumes entre les deux
populations. Les Musulmans ne comprennent guère la politique laïque et ils développent
94
une méfiance envers la culture et la société française. Or, loin de la France moyenne, ils
habitent dans les cités défavorisés et se lient plus aux idéologies intégristes (155). Or, la
laïcité agit comme un facteur qui renforce l’intégrisme islamique.
Il y a une prédisposition à la laïcité en France: la politique française est
attachée à l’idéologie laïque et elle pèse sur les décisions du gouvernement. La France
n’est pas disposée à accommoder les pratiques religieuses des Musulmans. Pour prouver
cela, il ne faut pas regarder plus loin que la loi de 2004 qui interdit le port du voile et des
signes religieux dans les écoles françaises. Pourtant, d’après Kepel, les séparations entre
la religion et l’Etat qui sont la base de la politique laïque sont une nécessité préalable
pour engendrer des réformes dans le monde musulman (War 295). Baubérot ajoute que la
solution consisterait « à promouvoir une laïcité dynamique, accueillante, capable de
donner à chacun des conditions objectives d’un choix individuel à son rythme (Avatars
56).
La Tunisie est un exemple d’un gouvernement qui a réussi à faire évoluer sa
politique et abandonner les archaïsmes. Il y a un modernisme « sans équivalent dans le
monde musulman, notamment sur le plan de l’égalité hommes-femmes » (Thiolay 75).
Bien que la religion reste une affaire d’Etat, la Tunisie a lutté contre l’Islam radical pour
améliorer sa vie sociale. Une raison qui contribue au succès de ce modernisme provient
de la révision et de la modernisation des programmes scolaires. Les étudiants vont tous
ensemble à l’école et peuvent discuter librement avec leurs camarades féminines, même
couvertes. Il faut savoir que l’émancipation de la femme, même à petit pas, est une clé de
l’intégration.
95
Le gouvernement français comprend que l’intégrisme islamique perd de son
influence lorsque la femme s’intègre dans la société majoritaire où elle peut profiter de
ses droits et de ses libertés. De plus, si le gouvernement aide la Musulmane à gagner son
indépendance, il s’ensuivra une diminution du nombre d’intégristes. Tout d’abord, il
faudrait une réaction des féministes qui résident dans les pays musulmans et en Europe
pour apporter un changement, car elles endurent des problèmes qui maintiennent
l’oppression féminine (Moghadam 518). Elles doivent dénoncer leur infériorité et donner
une nouvelle forme d’éducation aux jeunes Musulmanes pour changer leur vision de la
femme. Il faudrait également une interprétation émancipatoire de la religion islamique et
seul un mouvement féminin et féministe pourrait introduire ces réformes.
Chraïbi conte la vie typique d’une femme marocaine qui existe « enfermée
dans sa maison depuis le jour de noce…Sans quitter sa maison, elle avait établi un réseau
inextricable de liens, qui s’enchevêtrait de jour en jour, mais où elle évoluait comme un
poisson dans l’eau » (56, 47). En outre, les féministes françaises ne croient pas qu’une
Musulmane nord-africaine est capable de réfléchir pour elle-même sur les questions de ce
qui constitue l’oppression (Fetzer et Soper 84). Pour ne pas être rejetée, la Musulmane
choisit d’être intégrante et dominée; sa mentalité doit évoluer pour arriver à un équilibre
entre les deux sexes et réduire les tensions avec les Français. Roy observa en 2007 qu’il y
a plus de femmes qui portent le voile aujourd’hui par rapport à il y a dix ans, surtout
parmi les jeunes. Une nouvelle génération veut être des Musulmans français. Ils
cherchent l’Islam intégriste, mais se considèrent pourtant français à part entière (Dilday
et Kuper 8). Or, pour arriver à une intégration efficace, il faudrait des concessions de
96
chaque côté: les Musulmans devraient s’efforcer d’embrasser les valeurs françaises tandis
que la République devrait s’efforcer de leur accorder les droits pour lesquels ils militent.
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