Editorial Sommaire - Société Francophone de Médecine Sexuelle
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Editorial Sommaire - Société Francophone de Médecine Sexuelle
Médecine Sexuelle Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle Juin 2005 • 1 Editorial Sommaire LA MEDECINE SEXUELLE : UN DEFI POUR LE 21ème SIECLE Alain JARDIN Professeur d’Urologie, Université Paris Sud Comité de Rédaction : Jacques Buvat (Rédacteur en Chef) Pierre Bondil Marie-Hélène Colson André Corman Jean-Roger Dintrans Irwin Kuzmarov Pierre Mares Eric Wespes Comment nous contacter ? Bulletin : Jacques Buvat CETPARP, 3 rue Carolus 59000 Lille Tél. + 33 (0) 3 20 93 50 70 Fax + 33 (0) 3 20 93 98 46 e-mail : [email protected] Société : Marie-Hélène Colson 22 Cours Pierre Puget 13006 Marseille Tél. + 33 (0) 4 91 54 08 25 Fax + 33 (0) 4.91.54.08.25 e-mail : [email protected] Bureau de la SFMS Président : Jacques Buvat (France) Vice-Président : Claude Schulman (Belgique) Secrétaire Générale : Marie-Hélène Colson (France) Secrétaire Adjoint : Eric Tanneau (France) Trésorier : Pierre Bondil (France) Trésorier Adjoint : Anwar Bouanani (Algérie) Site Internet : http://www.sfms.fr Il aura fallu attendre le 21ème siècle pour voir l’épithète « sexuelle » qualifier une Médecine ! Dans ce néologisme apparaît un désir d’aborder sans tabou et de connaître la fonction sexuelle et ses pathologies de façon à fournir dans ce domaine aussi,une médecine de qualité dont le but essentiel est d’entendre puis de soulager toute souffrance quelqu’en soit la manifestation. La sexualité,chez l’homo sapiens a été abordée au plan artistique,littéraire,poétique,mythologique,historique,puis au plan philosophique, sociologique, psychologique, éthique, théologique, et politique. Les abords anatomique, biologique, physiologique, pharmacologique, et épidémiologique de la sexualité sont beaucoup plus récents. Comparée à d’autres domaines de la connaissance de l’humain,la connaissance scientifique et plus précisément médicale a, dans le domaine sexuel, pris un important retard,dû,en partie au moins en France, à la pauvreté voir l’inexistence d’une recherche institutionnelle asssociées au désintérêt voire au mépris de l’université Même si elle inquiète certains, la médicalisation de la sexualité est nécessaire à sa connaissance. Il paraît difficile de discourir sur la sexualité en ignorant tout de la fonction sexuelle. Le 20ème siècle a été, au plan génital, le siècle de la maîtrise de la reproduction. Cette maîtrise a transformé la vie des couples dans leur quotidien et dans leur joie de procréer. Même s’il y a des « dérapages » par excès (hormonothérapie chez la femme de la puberté à la vieillesse, grossesse après ménopause, clonage reproductif etc..)ou par défaut (contraception masculine mal acceptée, nombre d’avortements restant élevé, etc.), le bilan pour la société est très largement positif. Or cette maîtrise de la fonction de reproduction n’a été possible que grâce à la connaissance de la physiologie, de la pharmacologie, de la pathologie, bref, de la médecine de la reproduction. Le 21ème siècle doit être le siècle de la maîtrise de la fonction sexuelle. Cette maîtrise s’accompagnera peut être de dérapages par excès et par défaut qu’il faudra analyser et corriger. Quoiqu’il en soit elle doit être nourrie des progrès de la recherche médicale fondamentale et clinique. Bref, elle sera le fait de la Médecine Sexuelle. La Médecine Sexuelle francophone doit donc trouver naturellement sa place. Son essor et son succès auront leurs contraintes : Accepter le dialogue puis la mise en commun des connaissances, d’abord avec toutes les disciplines médicales concernées, mais aussi avec les autres disciplines non médicales préoccupées de connaître l’humain dans toutes ses richesses et son comportement en société sans exclusive. Même si « le sexe s’accommode mal du langage », se servir de la langue française dans la francophonie, pour partager et traduire au mieux les concepts et les acquis, mais les exprimer ensuite en anglais, véhicule incontournable de la diffusion de la connaissance. Ne pas oublier que la curiosité scientifique nécessaire aux progrès peut être parfois confondue avec le voyeurisme et que la prise en charge thérapeutique contient le germe de l’excitation et les dangers de l’excès. Avoir pour principe la rigueur, accepter et susciter l’évaluation, voire le contrôle. Participer à la veille sanitaire dans le domaine de la santé sexuelle à laquelle de plus en plus de sociétés humaines ont reconnu le droit, mais en se méfiant d’être normatif, en acceptant les différences et en pesant sur les conséquences d’un impérialisme des idées. Initier, stimuler participer à la recherche institutionnelle pour conserver indépendance et respect mutuel dans les rapports indispensables avec l’industrie pharmaceutique. Enfin redouter tous les exotismes souvent mal interprétés. La Médecine Sexuelle aura au 21ème siècle une part essentielle dans l’acquisition de la connaissance et de la maîtrise de la fonction sexuelle, conditions d’une bonne santé sexuelle, permettant l’expression de l’imaginaire conscient et inconscient, de l’émotion, de la séduction, de la tendresse et de l’amour qui sont aussi contenus dans le champ infini de la sexualité. Editorial : La Médecine Sexuelle Un défi pour le XXIe siècle (A. Jardin, Paris) ................ 1 Vie de la Société - Le mot du Président (J. Buvat, Lille) ............................... 3 - Le mot du Secrétaire (M.H. Colson, Marseille) .......................................................... 4 - Nouvelles des Comités (E. Tanneau, Paris) .................. 5 - Forgeons ensemble le Site Internet de la SFMS (A. Gilbert) .................................................................................... 6 Mises au point - Dysfonction Erectile : un marqueur de la Dysfonction Endothéliale et du risque cardiovasculaire (F.Giuliano, Paris) .................................. 7 - Hypertrophie Bénigne de la Prostate et Dysfonction Erectile : Plus qu’une simple coïncidence (C. Schulman, Bruxelles) .............................. 9 - Révision de la classification des Dysfonctions Sexuelles Féminines (M. Pujos Gautraud, Saint Emilion) .......................................................................... 10 Articles - Sexualité : Instinct ou apprentissage ? (S. Wunsch et Ph. Brenot, Paris) .........................................12 - Sexualité et Culture (F. Kacha, Alger) .......................... 22 Tribune - De la Sexologie à la Médecine Sexuelle : L’intégration des savoirs (J. Roger Dintrans, Paris) .............................. 24 - Médecine Sexuelle : Facteur de promotion de la Santé masculine ? (A. Ladjimi, Tunis) .............. 25 16-17 Juin : Assises de Médecine Sexuelle ........... 25 Pages Pratiques - Quel bilan aujourd’hui face à une Dysfonction Erectile ? (P. Bondil, Chambéry) ...................................... 26 Le Cabinet des curiosités (J. Buvat) - Connaissez-vous le phénomène de Raynaud du pénis ? (d’après Kropman, 2004) ............................. 28 - Le sperme a-t-il des propriétés antidépressives ? (d’après Gallup et coll, 2002) ............................................. 28 - A propos du somnambulisme sexuel ou sexsomnie (d’après Mangan, 2004) ..................................................... 28 - Une enquête auprès des nouveaux eunuques : Pourquoi se fait-on castrer aujourd’hui ? (d’après Wassersug et al, 2004) ........................................ 29 En direct des congrès - Congrès 2005 de l’AUA (21-26 mai 2005) Take Home Message (R Costabile) ................................... 29 - Sexualité et Adolescence : Aspects médicaux, psychologiques et sociologiques (R. Opsomer) ............................................................................. 31 - « State of the Art Lectures » présentées au XIème congrès mondial de l’ISSM (Buenos Aires, Octobre 2004) (J. Buvat) ........................................................................ 31 Revue de la Littérature - Testostérone et Dysfonction Erectile (S. Glina analysé par A. Ladjimi) ....................................... 32 - Persistant Arousal Syndrome : A descriptive Study (S. Leiblum et coll) analysé par J. Buvat .............................................................. 32 - Le Journal of Sexual Medicine (J. Buvat) ................ 33 Chronique des livres - Médecin de femmes (I. Borten Krivine) analysé par Ph. Brenot ........................................................ 33 - L’expérience de la Sexualité chez de jeunes adultes (A. Giami et M.H. Schiltz) analysé par Ph. Brenot ......................................................... 34 - Une histoire naturelle de la séduction (C. Gudin) analysé par J.R. Dintrans ..................................................... 34 - Bien vivre sa sexualité (F.X. Poudat) analysé par J.R. Dintrans ..................................................... 34 - Mémoire des textes fondamentaux : Entre science et réalité, la construction sociale de quoi ? (I. Hacking) analysé par J.R. Dintrans ............................. 35 Agenda des congrès (E. Tanneau) .................................... 36 Bulletin d’adhésion à la SFMS ....................................... 38 Montreal WAS 2005 : Sessions SFMS ....................... 39 Troubles de l’érection “Quand ?” “Maintenant.” Vive la spontanéité, DENOMINATION : LEVITRA® 5 mg, 10 mg, 20 mg, comprimé pelliculé. COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE : 5 mg, 10 mg, 20 mg de vardénafil (sous forme de chlorhydrate trihydraté). Excipients : crospovidone, stéarate de magnésium, cellulose microcristalline, silice colloïdale anhydre, macrogol 400, hypromellose, dioxyde de titane (E171), oxyde de fer jaune (E172), oxyde de fer rouge (E172). INDICATIONS THERAPEUTIQUES : Traitement de la dysfonction érectile, ce qui correspond à l’incapacité d’obtenir ou de maintenir une érection du pénis suffisante pour une activité sexuelle satisfaisante. Une stimulation sexuelle est requise pour que LEVITRA® soit efficace. LEVITRA® n'est pas indiqué chez la femme. POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION ✰ : Adulte : dose recommandée : 10 mg à prendre selon les besoins, environ 25 à 60 minutes avant toute activité sexuelle, au maximum une fois par jour. En fonction de l'efficacité et de la tolérance, la dose peut être portée à 20 mg ou réduite à 5 mg. Dose maximale recommandée : 20 mg. Insuffisants rénaux légers à modérés : aucun ajustement posologique. Homme âgé, insuffisants rénaux sévères : débuter par 5 mg. En fonction de l’efficacité et de la tolérance, la dose pourra être augmentée à 10 mg puis à 20 mg. Insuffisants hépatiques légers à modérés : débuter par 5 mg. En fonction de l’efficacité et de la tolérance, la dose pourra être augmentée ultérieurement. La dose maximum recommandée chez les patients présentant une insuffisance hépatique modérée (classification B de Child-Pugh) est de 10 mg (voir rubrique Contre-indication). Enfants et adolescents : non indiqué chez les personnes de moins de 18 ans. Utilisation chez les patients prenant d'autres médicaments : en cas d’association avec l'érythromycine ou la clarithromycine, inhibiteurs du CYP3A4, la dose de vardénafil ne doit pas excéder 5 mg. CONTRE-INDICATIONS : • Administration concomitante avec les dérivés nitrés ou les donneurs de monoxyde d'azote (comme le nitrite d'amyle) quelle que soit la forme. • Hommes pour lesquels l’activité sexuelle est déconseillée (ex : troubles cardiovasculaires sévères tels que l’angor instable ou l’insuffisance cardiaque sévère). • Insuffisance hépatique sévère. • Insuffisance rénale terminale nécessitant une dialyse. • Hypotension (pression artérielle < 90/50 mmHg). • Antécédent récent (6 derniers mois) d’accident vasculaire cérébral ou d’infarctus du myocarde. • Angor instable. • Troubles héréditaires dégénératifs connus de la rétine. • Homme de plus de 75 ans : administration concomitante avec les puissants inhibiteurs du CYP3A4 kétoconazole et itraconazole (forme orale). • Utilisation concomitante avec des inhibiteurs de protéase anti-VIH tels que le ritonavir et l’indinavir (très puissants inhibiteurs du CYP3A4). • Hypersensibilité au vardénafil ou à l'un des excipients. MISES EN GARDE SPECIALES ET PRECAUTIONS PARTICULIERES D'EMPLOI ✰ : • Avant d’instaurer un traitement de la dysfonction érectile, examiner la fonction cardiovasculaire dans la mesure où toute activité sexuelle comporte un risque cardiaque. Par ailleurs, les patients présentant certaines pathologies cardiovasculaires notamment un obstacle à l’éjection du ventricule gauche (ex : sténose aortique, sub-aortique,…) peuvent être plus sensibles aux effets vasodilatateurs (avec diminution de la pression artérielle) des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5. • Utilisation avec prudence en cas de malformation anatomique du pénis ou de pathologies susceptibles de prédisposer au priapisme. • En l’absence d’information, l’association avec d'autres traitements de la dysfonction érectile n’est pas recommandée. • Le vardénafil ne doit être administré qu’aux patients avec une pression artérielle stable sous alpha-bloquant sans toutefois dépasser la dose de 5 mg de vardénafil. Pour les alpha-bloquants, autre que la tamsulosine, respecter un intervalle de 6 heures après la prise de l’alpha-bloquant. • L’administration concomitante avec de puissants inhibiteurs du CYP3A4 tels que l’itraconazole et le kétoconazole (forme orale) est fortement déconseillée. • Adaptation de la posologie en cas d’administration concomitante avec l’érythromycine ou la clarithromycine, inhibiteurs du CYP3A4 : la dose ne doit pas excéder 5 mg. • Eviter la prise concomitante de jus de pamplemousse. • Les médicaments qui prolongent l’intervalle QTc, dont le vardénafil, sont fortement déconseillés chez des patients présentant des facteurs de risque, par exemple, une hypokaliémie ; un allongement congénital de l’intervalle QT ; une administration concomitante d’anti-arythmique de Classe Ia ou de Classe III. • Administration chez les patients présentant des troubles hémorragiques ou un ulcère gastroduodénal évolutif seulement après une évaluation minutieuse du rapport bénéfice-risque. INTERACTIONS AVEC D'AUTRES MEDICAMENTS ET AUTRES FORMES D'INTERACTIONS ✰ : Effets d'autres médicaments sur le vardénafil : • L’utilisation concomitante avec des inhibiteurs de protéase anti-VIH tels que le ritonavir et l’indinavir (très puissants inhibiteurs du CYP3A4 ) est contre-indiquée. • Homme de plus de 75 ans : l’administration concomitante avec les puissants inhibiteurs du CYP3A4 kétoconazole et itraconazole (forme orale) est contre-indiquée. • L’administration concomitante avec des inhibiteurs puissants du CYP3A4 tels que itraconazole et kétoconazole (forme orale) est fortement déconseillée. • Adaptation de la posologie en cas d’administration concomitante avec l’érythromycine ou la clarithromycine, inhibiteurs du CYP3A4 : la dose ne doit pas excéder 5 mg. • Eviter la prise concomitante de jus de pamplemousse. Effets du vardénafil sur d'autres médicaments : • L’administration concomitante avec les dérivés nitrés ou les donneurs de monoxyde d'azote quelle que soit la forme est contre-indiquée. • Le vardénafil ne doit être administré qu’aux patients avec une pression artérielle stable sous alpha-bloquant sans toutefois dépasser la dose de 5 mg de vardénafil. Pour les alpha-bloquants, autre que le tamsulosine, respecter un intervalle de 6 heures après la prise de l’alpha-bloquant. • L’administration concomitante d’antiarythmique de classe Ia ou de classe III est fortement déconseillée (cf. Mises en garde et précautions particulières d’emploi.). GROSSESSE ET ALLAITEMENT : LEVITRA® n'est pas indiqué chez la femme. EFFETS SUR L’APTITUDE A CONDUIRE DES VEHICULES ET A UTILISER DES MACHINES ✰ : Des sensations vertigineuses et des troubles de la vision ayant été rapportés, les patients doivent connaître la manière dont ils réagissent au LEVITRA ‚ avant conduite d’un véhicule ou manipulation de machines. EFFETS INDESIRABLES ✰ : Les effets indésirables suivants ont été rapportés au cours des essais cliniques : Très fréquents : céphalée, rougeurs de la face. Fréquents : vertige, congestion nasale, dyspepsie, nausée. Peu fréquents : somnolence, augmentation des sécrétions lacrymales, troubles de la vision (incluant augmentation de la perception lumineuse), chromatopsie, conjonctivite, tachycardie, palpitations, hypertension, hypotension, hypotension orthostatique, dyspnée, épistaxis, anomalie des tests hépatiques, élévation des g GT, réaction de photosensibilité, œdème de la face, rash, augmentation de la CPK (créatine phosphokinase sanguine), myalgies, douleurs dorsales. Rares : hypersensibilité, anxiété, syncope, augmentation de la pression intraoculaire, angine de poitrine, ischémie myocardique, œdème du larynx, rigidité musculaire, priapisme, érections prolongées ou douloureuses. Depuis sa mise sur le marché, des cas d’infarctus du myocarde ont été rapportés lors de l’utilisation du vardénafil. La plupart de ces patients présentaient des facteurs de risque cardiovasculaires préexistants. Cependant, il n’est pas possible de déterminer si l’infarctus du myocarde est relié à l’utilisation du vardénafil, à l’activité sexuelle, à la maladie cardiovasculaire sous-jacente du patient ou à une combinaison de ces facteurs. Dans une étude de la fonction visuelle, à la dose de 40 mg (2 fois la dose maximale), des chromatopsies transitoires (durée inférieure à 24h) ont été observées. Des évènements cardiovasculaires graves tels que, hémorragies cérébrovasculaires, mort subite d'origine cardiaque, accident ischémique transitoire, angor instable et arythmie ventriculaire ont été rapportés lors de l’utilisation d’autres médicaments commercialisés de la même classe. SURDOSAGE ✰ : -. PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES ✰ : PROPRIETES PHARMACODYNAMIQUES ✰ : classe pharmacothérapeutique : médicaments utilisés dans la dysfonction érectile, code ATC : G04BE09. PROPRIETES PHARMACOCINETIQUES ✰ : - DONNEES DE SECURITE PRECLINIQUES ✰ : -. DONNEES PHARMACEUTIQUES ✰ : DUREE DE CONSERVATION : 3 ans. Pas de précaution particulière de conservation. NATURE ET CONTENU DE L’EMBALLAGE EXTERIEUR : Blisters PP/Aluminium en boîtes de 4 et 8 comprimés. PRESENTATIONS ET NUMEROS AU REGISTRE COMMUNAUTAIRE DES MEDICAMENTS : EU/1/03/248/002 : LEVITRA® 5 mg 4 comprimés. EU/1/03/248/006 : LEVITRA 10 mg 4 comprimés, EU/1/03/248/007 : LEVITRA® 10 mg 8 comprimés. EU/1/03/248/010 : LEVITRA® 20 mg 4 comprimés, EU/1/03/248/011 : LEVITRA 20 mg 8 comprimés. NUMEROS D’IDENTIFICATION ADMINISTRATIVE : LEVITRA® 5 mg : 4 comprimés : 361 828-4. LEVITRA® 10 mg : 4 comprimés : 361 832-1 ; 8 comprimés : 361 833-8. LEVITRA® 20 mg : 4 comprimés : 361 836-7 ; 8 comprimés : 361 837-3. TITULAIRE DE L'AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE : Bayer AG, D-51368 Leverkusen,Allemagne. CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DELIVRANCE : Liste I – mis sur le marché en mars 2003. Médicaments non remboursés par la sécurité sociale – non agréés à l’usage des collectivités. DATE DE PREMIERE AUTORISATION : 6 mars 2003. DATE DE MISE A JOUR DU TEXTE : 16 août 2005. ✰ Pour une information plus complète, consulter le Dictionnaire des spécialités pharmaceutiques ou le Résumé des caractéristiques du Produit mis à disposition par notre laboratoire. BAYER PHARMA – 13, rue Jean Jaurès - 92807 Puteaux Cedex. Standard : 01.49.06.56.00 - Pharmacovigilance : 01.49.06.59.00 - Information médicale : 01.49.06.85.77. www.bayerhealthcare.fr LEV0524 - Document libéré par le Pharmacien Responsable en septembre 2005 Parce que l’amour n’attend pas. Vie de la Société Le mot du President La SFMS, branche francophone de l’International Society of Sexual Medicine (ISSM) a Société Francophone de Médecine Sexuelle (SFMS) a un an, puisqu’elle a été fondée officiellement le 17 Juin 2004. Elle est née du désir de nombre d’entre nous de développer le concept de Médecine sexuelle. Nouvelle discipline médicale la Médecine Sexuelle vise à l’acquisition et à l’intégration par un même individu, ou par un groupe d’individus, des principales compétences requises pour une approche fondamentalement globale et multidisciplinaire des problèmes sexuels masculins et féminins. Elle s’affirme aujourd’hui de la même manière que la Médecine de la Reproduction s’est individualisée il y a quelques années comme une discipline à part entière. La première, la Society for the Study of Impotence a changé son nom en Sexual Medicine Society of North America. Elle a été rejointe depuis par la plupart des Sociétés pluridisciplinaires s’intéressant à la Sexualité, y compris l’International Society for Sexual and Impotence Research (ISSIR). Leader en ce domaine, l’ISSIR envisagea dés 2003 de devenir l’International Society of Sexual Medicine (ISSM). Ses 2000 membres devaient plébisciter ce projet lors de discussions sur sa liste internet de diffusion, et l’entérinaient fin 2004 lors de son assemblée générale biennale. Secrétaire Général de l’ISSIR de1996 à 2000, puis Président de cette Société pendant toute cette période de mutation, je déplorais la faible représentation des francophones dans ce courant scientifique international anglophone, liée aux séquelles des carences de l’apprentissage de l’anglais dans nos pays qui ont longtemps caressé l’illusion de former une communauté linguistique suffisamment puissante pour prolonger le séparatisme. Et plus encore l’absence presque totale de reconnaissance sur la scène internationale des travaux publiés en français, aboutissant à un isolement préoccupant des praticiens francophones. C’est en tant que Président de l’ISSIR que j’ai souhaité contribuer à renforcer les notions de globalité et de multidisciplinarité dans l’approche du fait sexuel dans notre communauté linguistique, et à créer cette nouvelle Société de Médecine Sexuelle, affiliée à ses principales homologues anglophones pour faire bénéficier notre communauté de leur expérience et de leur organisation. L’un des principaux objectifs de la SFMS est de rapprocher les deux communautés en créant des espaces d’expression francophones au cours des principaux événements scientifiques internationaux. Il s’agit de permettre ainsi aux nombreux francophones possédant mal l’anglais de participer plus facilement aux grands congrès internationaux, de progresser dans leur capacité à communiquer avec leurs collègues étrangers, et à terme de diffuser plus L largement leurs travaux. L’affiliation de la SFMS à deux des Sociétés Régionales de l’ISSM, l’European Society for Sexual Medicine (ESSM) et l’African Society for Sexual and Impotence Research (ASSIR), a été entérinée au début de cette année, permettant aux membres de la SFMS qui souscrivent à la cotisation " internationale " de devenir en une fois membres des 3 Sociétés que sont la SFMS, l’ESSM pour les Européens, ou l’ASSIR pour les Africains, et l’ISSM. Ils peuvent ainsi bénéficier des avantages de chacune des Sociétés, liberté étant aussi laissée à chaque membre de se limiter à la cotisation " francophone ", plus modique, et ne donnant droit qu’aux avantages de la seule SFMS. Qu’est-ce que l’ISSM ? tent tour à tour chacune des Sociétés continentales, en collaboration avec lesquelles le congrès biennal est organisé (2006 Le Caire, 2008 Bruxelles, 2010 Séoul) et constituent des évènements d’une qualité scientifique exceptionnelle, et des symposia également de très haute qualité scientifique que l’ISSM organise les années sans congrès biennal, au cours de congrès de ses Sociétés régionales. L’ISSM a actuellement plus de 2000 membres payants, incluant plus de 1300 Européens. Quels avantages y a-t-il à être affilié à l’ISSM ? Certains sont réservés aux membres de la SFMS qui paient la cotisation dite " internationale " de 90 Euros. S’ajoutent alors aux avantages de la cotisation dite " francophone " de 30 Euros (recevoir le Bulletin de la SFMS, avoir accès à la zone privée du site SFMS, réservée aux seuls membres, présentement en cours de construction, et qui contiendra particulièrement tout une série de retransmissions audiovisuelles de présentations faites au cours de manifestations scientifiques de la Société, ainsi que de séances d’enseignement, participation à la dynamique de la Société) : • Fait d’être simultanément, et pour la même cotisation, membre de la SFMS, de l’ISSM, et de l’ESSM ou de l’ASSIR selon sa région d’appartenance • Avantages spécifiques à l’ISSM : • Abonnement au Journal of Sexual Medicine, principal périodique de notre domaine au plan international, inclus dans la cotisation alors qu’il se monte à 240 Dollars lorsqu’on le souscrit individuellement. Fondée en 1982 pour promouvoir le recherche, l’enseignement et l’échange des connaissances sur la dysfonction érectile, puis ultérieurement la sexualité humaine masculine et féminine dans son ensemble, l’ISIR, devenue ISSIR, puis ISSM est une association multiprofessionnelle. Elle a officialisé le regroupement de médecins et non médecins intéressés à ce domaine, qui avaient commencé de se réunir tous les 2 ans à partir de 1978, créant en 1989 un journal devenu rapidement leader du domaine, et qui fut transformé en 2004 en le " Journal of Sexual Medicine " (JSM). Comme le montre l’organigramme ci-après, l’ISSM est constituée de 5 Sociétés dites " régionales ", qui sont en fait continentales. Parmi celles-ci l’ESSM fédère à son tour toute une série de Sociétés européennes nationales ou locales comme la British Society for Sexual Medicine (BSSM), la Société Italienne Organisation de l’ISSM d’Andrologie et la SFMS, elle-même parallèlement affiliée à l’ASSIR. Ce modèle européen pourrait s’étendre progressivement aux autres Sociétés régionales. Les principaux instruments de l’ISSIR sont son Journal, le JSM, son site internet (www.issm.info), son " Newsbulletin ", adressé à ses membres 3 fois par an et mis en ligne, comme le JSM, sur son site, ses congrès biennaux, qui visi- Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 3 • Réception 3 fois par an du NewsBulletin de l’ISSM • Accès à la zone privée du site de l’ISSM qui contient particulièrement de nombreux détails sur chacun de ses membres, répartis dans le monde entier, et sur la façon de les contacter, et de nombreux documents audiovisuels issus de différentes sessions scientifiques de la Société (voir dans ce numéro du bulletin " Liste des State of the Art Lectures en ligne sur le site de l’ISSM ". • Réduction des frais d’inscription aux congrès de l’ISSM ou de ses Sociétés Régionales, généralement de l’ordre de 25%. • Avantages spécifiques à ESSM : • Réduction des frais d’inscription à ses congrès • Réception du Bulletin de l’ESSM 2 ou 3 fois par an D’autres avantages liés à l’affiliation profitent à tous les membres de la SFMS, quel que soit leur niveau de cotisation : • Création d’un espace d’expression francophone au cours des congrès de l’ISSM et de ses Sociétés régionales ESSM et ASSIR, sous la forme d’une session d’une demi-journée en français, le premier jour de leur congrès, sous la responsabilité de la SFMS, la capacité des salles mises à la disposition des Sociétés affiliées dépendant cependant du nombre de leurs membres payant la cotisation internationale (offre de type compétitif). • Mise à la disposition gratuite du Comité d’Administration et peut être à l’avenir d’autres comités SFMS de salles pour leurs réunions au cours des congrès ISSM, ESSM ou ASSIR. • Aide matérielle (particulièrement soutien financier) à l’organisation d’actions éducatives comme les journées d’initiation à la Médecine Sexuelle dont la SFMS aura cette année la responsabilité au Sénégal, en Algérie et en Tunisie. Notre affiliation à l’ISSM et à ses Sociétés régionales fait notre force. Elle nous apporte nombre d’avantages significatifs. Pour les conserver, et ous imposer sur la scène internationale, nous devons être nombreux à confirmer notre soutien par le paiement de cotisations internationales. Notre poids au niveau de l’ISSM et de chacune de ses Sociétés régionales, et le niveau des avantages qui en résultent, dépendent directement du nombre d’adhérents que nous leur apportons ainsi. C’est en payant cette cotisation internationale, et en encourageant nos amis et collègues à le faire, que nous contribuerons à renforcer la SFMS et à conserver à la francophonie une place au sein de la communauté scientifique internationale. Jacques Buvat Président SFMS Le mot du Secrétaire Un an déjà Un an après, la SFMS dresse son bilan. 165 membres, issus de 17 pays francophones et représentant 14 spécialités différentes du champ de la Sexualité. Tous se retrouvent dans une perspective commune : s’inscrire dans une nouvelle étape de la prise en charge des difficultés sexuelles. Nos pratiques ont évolué, nos connaissances se sont enrichies et nous devons favoriser plus largement les échanges entre praticiens. Il est essentiel pour nous de rejoindre la communauté scientifique internationale et de développer en son sein une approche originale de la Médecine Sexuelle, reflet de nos recherches et de nos connaissances objectives. Le devenir de la Médecine Sexuelle Francophone dépend de la réussite de cette nouvelle étape. Développer la présence francophone dans les grands congrès internationaux de Médecine Sexuelle La première année d’activité de la SFMS est un premier pas dans cette direction. Nous avons installé notre présence, lors de nos deux premiers symposiums internationaux. - en Février 2005, à Vancouver (Canada), lors du 1° congrès nord-américain sur l'homme vieillissant, organisé par la Canadian Society for the Study of the Aging Male (CSSAM) et l'International Society for the Study of the Aging Male (ISSAM) avec le Symposium en français "Vieillissement et sexualité masculine ". - en Mars 2005, à Mombassa (Kenya), lors du 5ème congrès de l'African Society for Sexual et Impotence Research (ASSIR), avec un deuxième Symposium SFMS en français "Perturbations hormonales et métaboliques et sexualité". Nous serons à nouveau présents cette même année - au XVII° Congrès de la World Association of Sexology (WAS), en Juillet 2005, à Montréal (Canada), où nous organiserons deux sessions de communications : une journée scienti- 4 fique complète en langue française le 10 Juillet avant l’ouverture du Congrès, et un symposium supplémentaire durant le congrès lui-même. - au VIII° congrès de l’European Society for Sexual Medecine (ESSM), qui se tiendra à Copenhague du 4 au 7 Décembre 2005. Le programme de ce symposium doit être prochainement élaboré par notre Comité scientifique. - toujours en 2005, nous préparerons le 11 Juin, les Assises de Médecine Sexuelle de 2006. Il s’agit d’un grand projet mobilisant les forces vives du champ de la médecine Sexuelle autour d’un dépistage accru et d’une prise en charge mieux adaptée des difficultés sexuelles, par l’ensemble du corps médical. En 2006 - du 4 au 7 Mai, nous serons partenaires des Premières rencontres francophones vasculaires Franco-Maghrébines et Pan-Africaines organisées par la Société Française d'Angéiologie à Marrakech (Maroc), et nous y organiserons un symposium consacré aux problèmes d’érection. - les 16 et 17 Juin, se tiendront à Paris, les Assises de Médecine Sexuelle. - en Septembre, la SFMS participera largement au 12ème Congrès Mondial de Médecine Sexuelle organisé par l'International Society of Sexual Medicine (ISSM) au Caire (Egypte), en conjonction avec l'African Society of Sexual Impotency Research (ASSIR). Notre président y sera le Chairman du Comité scientifique. La SFMS y aura la responsabilité scientifique des sessions en langue française, dans un continent qui reste encore largement francophone. Un premier symposium en français aura lieu le Dimanche 17 Septembre. En 2008, Nous serons largement représentés dans l'organisation du 13ème Congrès Mondial de Médecine Sexuelle de l'ISSM, en conjonction avec l'European Society of Sexual Medecine (ESSM). Notre Société y sera la Société hôte du congrès, au nom de l'ESSM, et notre vice-président, le Pr Claude Schulman, sera le co-chairman du congrès, aux côtés du Pr Eric Wespes, également membre de notre CA, qui en sera président au nom de l'ISSM. Développer l’enseignement de la Médecine sexuelle La SFMS est la Société choisie par l’ASSIR et l’ISSM pour assumer d'ici fin 2005 l’organisation et l’Enseignement de deux journées d'initiation à la Médecine Sexuelle dans deux pays d'Afrique francophone, en association avec l'ASSIR. L'une de ces journées devrait avoir lieu à Dakar, le Jeudi 15 Décembre 2005, simultanément au Congrès de l'Association Sénégalaise d'Urologie (15-17 Décembre), l’autre en Algérie, et probablement une troisième sera-t-elle également possible en Tunisie. Ce projet devrait être renouvelé en 2006. Le bulletin de la SFMS Qui voit le jour avec ce premier numéro est un autre temps fort de la vie de notre Société. Il se veut outil de communication entre membres, mais aussi support, en langue française de diffusion des idées, des concepts et des pratiques en médecine Sexuelle. Un an déjà. Riche des espoirs de ses membres et de son dynamisme, la SFMS marque, dès sa première année, sa volonté de prendre sa place comme Société scientifique représentative de Médecine Sexuelle, dans la droite ligne de la plus grande Société mondiale de Médecine Sexuelle, l’ISSM, à laquelle elle est affiliée. Ensemble, nous continuerons à nous développer par notre capacité à réfléchir sur nos pratiques, à les faire progresser, à conceptualiser et à réaliser des projets mobilisateurs novateurs, et à les diffuser au plan international. Contactez nous pour nous faire vos propres propositions. Marie Hélène Colson, Secrétaire Général SFMS Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 Nouvelles des comités COMITE D’EDUCATION SEXUELLE, PREVENTION ET RELATIONS AVEC LE PUBLIC Antoine Lemaire et André Corman Dans le cadre de la SFMS, un Comité a été défini afin de promouvoir l’éducation et la formation des équipes médicales mais également de promouvoir la relation avec le public. Une première prise de contact entre ses membres a permis de recueillir des idées et de dégager des projets à venir. D’ores et déjà, s’agissant des relations avec le public, l’ADIRS a démarré son activité d’une part en organisant une enquête parmi ses adhérents, d’autre part en s’affiliant à l’European Men’s Health Forum et en devenant le représentant national pour la France de ce réseau. L’enquête réalisée en Novembre 2004 parmi les adhérents de l’ADIRS était centrée sur l’acceptation du traitement des troubles de l’érection et sur la façon de le prendre. Ce questionnaire fut réalisé par Marie-Hélène Colson et Antoine Lemaire. Mille questionnaires ont été envoyés mi-Novembre et 300 réponses ont été obtenues à la mi-Décembre, soit un taux de réponses de 30 %, ce qui est tout à fait satisfaisant et marque l’intérêt du public pour l’information quant à la sexualité et ses problèmes. Début Janvier, une réunion a été tenue à Bruxelles par European Men’s Health Forum. L’ADIRS était présente à cette réunion et est actuellement le représentant national auprès de cette association internationale. Il s’agit d’un vaste réseau européen qui se consacre à la santé de l’homme.Outre les données issues de l’activité de notre Société, le contact avec ce réseau permettra de tenir informé régulièrement le public quant aux avancées dans la recherche du traitement des problèmes sexuels. Le Comité de la SFMS envisage de publier les résultats de l’enquête ADIRS lors d’une prochaine réunion. COMITE DES FINANCES ET D’AUDIT Pierre Bondil Le comité des finances et d'audit n'a pas encore pu fonctionner de façon parfaitement optimale du fait de problèmes administratifs et techniques (notamment difficultés à la mise en place des possibilités de paiement via internet). Ces difficultés sont en passe d'être réglées. Par ailleurs, les relations financières avec les autres sociétés internationales de Médecine Sexuelle n’ont pu que récemment être totalement définies. Les cotisations étant une source importante de financement pour toute société, nous comptons sur leur règlement par les membres qui ne l'ont pas encore fait. La cotisation internationale de 90 euros permet d'être membre de la SFMS mais aussi simultanément de l'ISSM et du chapitre régional de l’ISSM correspondant à la localisation géographique du membre, et de bénéficier, en plus de ceux de la SFMS, des avantages spécifiques à ces Sociétés, particulièrement l’abonnement au Journal of Sexual Medicine et des tarifs préférentiels à leurs congrès. La cotisation francophone de 30 euros permet de bénéficier des avantages francophones (notamment recevoir le bulletin de la SFMS, participer à ses activités d'enseignement, accé- der à la zone privée du site Internet). Pour les membres de la SFMS déjà membres de l'ISSM ou de ses chapitres régionaux (ESSM, ASSIR), il est indispensable que le règlement de la cotisation se fasse via la SFMS et non directement à ces Sociétés. Cela permet d'accroître le poids de la SFMS car le nombre d'adhérents est un critère prépondérant. Une fois cette phase de mise en place réglée, le comité de finances et d'audit pourra remplir au mieux sa fonction. COMITE D’EPISTEMOLOGIE Jean Roger Dintrans La SFMS se fixe pour but une intégration des savoirs et des pratiques afférentes à la sexualité et aux problèmes sexuels et vise à la promotion d’une approche holistique. Or tant ces savoirs que ces pratiques naissent et se réclament d’approches disjointes voire, sous certains aspects, antagonistes : • sur la plan des processus d’édification des savoirs : • construction des savoirs à partir de l’étude des cas cliniques = rationalisme idiographique que sous-tend en général un ‘’réalisme philosophique’’ ; • versus empirisme ( au sens de l’empirisme radical plus communément dénommé approche scientifique et dans notre domaine ‘’evidence based sexology’’) et ’’multitudinisme’’, généralement associés à un ’’antiréalisme philosophique’’ ; - sur le plan des champs d’études : • études des processus • versus études des systèmes symboliques permettant de penser un sujet dans sa singularité et son histoire(= approche herméneutique). Le comité d’épistémologie a donc pour but : - dans une première phase, de colliger l’ensemble des savoirs/pratiques admises/reconnues en sexologie et à examiner - éventuellement ré-interroger - leurs champs de validité ; - dans une deuxième phase à regrouper ensemble les avoirs/pratiques partageant un même champ de validité. - dans une troisième phase à définir les articulations que ces pratiques entretiennent entre elles et à localiser leurs solutions de continuité, (afin de réduire et/ou expliciter leurs apories, ce qui devrait permettre de réduire les pourcentage d’échecs lors des applications thérapeutiques ou du moins dans un premier temps d’en tirer un meilleur parti). - dans une quatrième phase de définir/fonder peu à peu avec le plus de rigueur possible les algorithmes décisionnels tant de notre démarche diagnostique que de nos prises en charge. Le comité, présidé par le docteur Jean-Roger Dintrans, réunit les docteurs Béatrice Cuzin, Christine Raynaert, et Hassène Louchene . Il peut faire appel sous forme de conseil extérieur à 2 experts-épistémologues ( docteurs en philosophie de sciences) , ayant l’un et l’autre une double formation, l’un la psychiatrie, l’autre la psychopathologie. Actuellement le travail du comité est entré dans la première phase : colliger l’ensemble des savoirs, et consubstantiellement des champs de validité, reconnus. Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 (E. Tanneau) COMITE DES JEUNES Thierry Roumeguère Le comité regroupe actuellement 6 membres fondateurs en France et en Belgique et souhaite s’élargir aux autres régions couvertes par la SFMS. L’expansion vers le Canada est en cours après contact avec Serge Carrier. Nous profitons aussi du séjour au Québec de Stéphane Droupy pour une année pour prendre également des contacts. Nous avons contacté des urologues et gynécologues roumains potentiellement intéressés mais des difficultés liées à leur exercice rendent le suivi difficile. Néanmoins, 2 inscriptions sont prochainement attendues. Nous espérons établir des contacts avec l’Afrique. Concernant les projets et actions: - le comité a monté une cellule de réflexion pour motiver les jeunes médecins et les amener à s’intéresser aux troubles de la sexualité, ce qui est aujourd’hui relativement rarement le cas, au moins chez les jeunes urologues, plus attirés par les techniques chirrurgicales de type laparoscopie. - Une enquête sur la place de la Testostérone dans la pratique quotidienne chez l'homme et la femme a été lancée depuis le dernier congrès de l'ESSM à Londres, coordonnée par Béatrice Cuzin. Nous pourrons peut-être envisager la présentation de ses résultats lors de la session SFMS de l'ESSM 2005 à Copenhague. Ce congrès et ce délai me semblent raisonnables pour véritablement lancer dans le grand bain le “Comité des jeunes”. COMITE D’ETHIQUE Pierre Assalian POSITION DE LA SFMS La SFMS veut énoncer des lignes de conduite claires et précises en ce qui concerne les attitudes et les comportements de ses membres envers les patients. Le comite d'Ethique de la SFMS suggère d'informer tous ses membres et le public : • qu'aucune relation, qu'aucun geste, qu'aucune communication verbale ou non verbale à connotation sensuelle ou sexuelle n'est acceptable ni tolérable, quelles que soient les circonstances, dans le cadre d'une relation médecin-patient. • Que le médecin doit gérer la relation thérapeutique, quelles ques soient les attitudes, volontaires ou involontaires, conscientes ou inconscientes du patient, même si ce dernier manifeste directement ou indirectement son consentement à des comportements dérogatoires de nature sexuelle. • Que les comportements et attitudes de nature sexuelle dans la relation médecinpatient sont tous dénués de valeur thérapeutique et constituent une inconduite. • Que la SFMS continuera à transmettre au comite d'Ethique, pour enquête, toute plainte d'inconduite de nature sexuelle portèe contre un médecin membre de la SFMS. Comme projet le comite d'Ethique suggère la tenue de cours aux médecins sur l'inconduite sexuelle et ses conséquences. Nous croyons que l'enseignement préviendrait ainsi, plus efficacement que les sanctions, l'inconduite de nature sexuelle. On comprendra dons a quel point il est important d'aborder ces aspects durant la formation. 5 Forgeons ensemble le site de la SFMS. Intr oduction Jacques Buvat, Président fondateur de la SFMS connaît bien les capacités et les avantages que l’on peut tirer des nouvelles technologies de l’information et des communications, appelés communément NTIC. C’est donc naturellement, que la SFMS et son site ont été créés en même temps. Pour des raisons de budget et de délais, le site web a été fondé sur un logiciel libre : PHP-Nuke. Ce logiciel permet de mettre en œuvre rapidement un système web de gestion d’information, permettant de se focaliser sur l’information plus que sur la technique. Bien qu’ayant quelques contraintes en termes de présentation, c’est un système ouvert qui dispose d’une large capacité d’évolution. Une équipe La communication électronique, c’est une affaire d’équipe, dont Jacques Buvat est le coach. Marie-Hélène Colson et lui sont nos principaux contributeurs. Pierre Desvaux notre désigner et votre serviteur à la technique. Nous sommes tous les quatre régulièrement en contact et utilisons la vidéoconférence à travers internet. Les volontaires sont les bienvenus pour renforcer notre équipe ! Un moyen de communication complémentair e Un site internet c’est la bibliothèque de la société, consultable à tout moment. C’est aussi un panneau d’affichage commun. Chacun est libre de le consulter, et tout le monde peut y contribuer. N’hésitez donc pas à nous faire part de vos avis, compte rendus ou annonces de réunions et de toute forme d’information à publier sur le site. plus généraux. Les réponses à un message de la liste sont renvoyées à la liste entière et non au seul auteur, mais seuls les membres SFMS y ont accès. Ca génère des discussions très animées et passionnantes. Déjà riche en informations Le site contient déjà des informations très variées : liste des membres, liens vers des sociétés du monde entier, prochains congrès, compte-rendu de congrès passés, incluant particulièrement des séries de diapos associées à des présentations faites en français lors de symposia SFMS internationaux. Ce n’est qu’un début. Nous envisageons en effet d’améliorer la gestion informatisée des membres, de créer une zone dédiée aux membres de la Société et contenant l’annuaire détaillé des membres, la possibilité d’adapter ses propres informations (adresse, téléphone, email…) et un contenu multimédia d’enseignement incluant la retransmission audiovisuelle intégrale des différents événements scientifiques de la SFMS. Le site permet d’ores déjà aux médecins de s’inscrire directement. La procédure de paiement en ligne est en cours de réalisation. Ceci permettra de régler ses cotisations en utilisant sa carte bancaire VISA internationale. Un avenir pr ometteur Si le nombre de visites quotidiennes n’est pas encore très important, il est indéniable que sa popularité croit. Nous sommes passés de 7 à 444 visiteurs par semaine entre les semaines du 26 mars et du 8 mai, soit aujourd’hui près de 60 par jour. A vous de rendre le site plus riche en informations de toute sorte ! A. Gilbert [email protected] SFMSListe, un vecteur d’échange Une liste de diffusion, c’est un incroyable moyen pour échanger des informations par email. Elle peut être utilisée pour poser des questions, répondre à celles des autres, et pour initier des débats sur la sexualité masculine et féminine ou sur des thèmes 6 Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 Mises au point DYSFONCTION ERECTILE : UN MARQUEUR DE LA DYSFONCTION ENDOTHELIALE ET DU RISQUE CARDIOVASCULAIRE François Giuliano Résumé L’érection est un événement physiologique complexe qui, à la suite d’une stimulation sexuelle activant le système nerveux autonome central et périphérique, fait intervenir plusieurs mécanismes endothélium-dépendants pour permettre la relaxation du muscle lisse des corps caverneux. La fonction endothéliale joue un rôle clé dans la physiologie locale de l’érection. La physiopathologie de l’insuffisance érectile (IE) suggère un lien étroit entre maladies cardiovasculaires et IE. Des données épidémiologiques et expérimentales concordantes suggèrent que l’IE, et la dysfonction endothéliale qui lui est souvent associée, pourraient constituer un nouveau marqueur du risque cardiovasculaire. Ce concept pourrait favoriser l’émergence de nouvelles stratégies thérapeutiques. Introduction La physiologie de l’érection et la physiopathologie de la dysfonction érectile suggèrent un lien étroit entre maladies cardiovasculaires et dysfonction érectile que semblent confirmer certains travaux expérimentaux conduits sur des modèles animaux. Physiologie de l’érection L’érection est un événement physiologique complexe qui survient, à la suite d’une stimulation sexuelle activant le système nerveux autonome central et périphérique, en faisant intervenir plusieurs mécanismes endothélium-dépendants : afflux de sang artériel au niveau du pénis dépendant de l’endothélium artériel et relaxation du muscle lisse caverneux dépendant de l’endothélium présent au niveau des espaces sinusoïdes (1,6). La fonction endothéliale joue en effet un rôle clé dans la physiologie locale de l’érection (Figure 1). La stimulation sexuelle aboutit à la libération de monoxyde d’azote (NO) par les terminaisons nerveuses végétatives non adrénergiques non cholinergiques, mais également par l’endothélium. Le NO diffuse vers les cellules musculaires lisses, où il active la guanyl cyclase cytoplasmique, entraînant ainsi la production de GMP cyclique. La cascade de transduction intracellulaire du signal qui en résulte aboutit à la relaxation des fibres musculaires lisses du corps caverneux. La phosphodiestérase 5 s’inscrit dans ces processus en dégradant le GMP cyclique. En effet, l’inhibition de la phosphodiestérase 5 par une molécule de type sildénafil, vardénafil ou tadalafil provoque une accumulation de GMP cyclique facilitant ainsi la relaxation de la fibre musculaire lisse. Service d’Urologie, CHU de Bicêtre, 78 Rue du Général Leclerc, 94270 Le Kremlin Bicêtre Cedex, France significativement accrue dans la population des patients hypertendus (8, 11, 16). • Diabète et dysfonction érectile sont étroitement liés, l’insuffisance érectile étant même le premier symptôme chez certains patients diabétiques (2, 8, 16, 17, 18). La dysfonction érectile, marqueur du risque cardiovasculaire ? Physiologie de l’érection : la fonction endothéliale joue un rôle clé dans la physiologie de l’érection. Ainsi, tout facteur modifiant la synthèse ou la libération de NO d’origine neuronale ou endothéliale au niveau du corps caverneux peut être impliqué dans la physiopathologie des troubles de l’érection. Cette notion permet de suspecter un lien entre IE et maladies cardiovasculaires. Il est frappant de constater que les facteurs de risques cardiovasculaire que sont notamment l’âge, l’athérosclérose, l’hypertension et le diabète sont également étroitement corrélés à l’IE. Il est donc tentant de penser que la dysfonction endothéliale qui caractérise ces situations pathologiques pourrait être un mécanisme physiopathologique commun. Dans cette hypothèse, la dysfonction érectile pourrait représenter un marqueur de la présence de maladies cardio-vasculaires. Les données de l’expérimentation animale Relations entre dysfonction érectile et maladies cardiovasculaires : données épidémiologiques Quelques travaux expérimentaux conduits sur des modèles animaux ont permis d’illustrer ces liens étroits entre maladies cardiovasculaires et troubles de l’érection. Selon la définition adoptée lors de la première consultation internationale sur l’insuffisance érectile en 1999, l’IE est « l’incapacité permanente ou récurrente d’un homme à obtenir ou maintenir une érection permettant l’accomplissement d’un rapport sexuel ». Le premier facteur de risque de l’ IE est le vieillissement (10). Mais d’autres facteurs de risque sont également évoqués. Un premier travail sur le thème de l’athérosclérose a été réalisé chez le lapin hypercholestérolémique (3). Un groupe de 6 lapins contrôles a été comparé à un groupe de 8 lapins ayant reçu pendant 80 semaines un régime enrichi en cholestérol à 0.3%. Tous les animaux étaient âgés de 90 semaines. Insuffisance érectile, dyslipidémies, hypertension et diabète Plusieurs études montrent un lien étroit entre IE et facteurs de risque cardiovasculaires (19): • Des concentrations élevées en cholestérol total et des concentrations abaissées en HDL cholestérol plasmatique sont corrélées à l’IE (8,21). • La prévalence de l’insuffisance érectile est Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 Lapin hypercholestérolémique Les lapins athéromateux ont été subdivisés a posteriori en deux sous-groupes, ceux présentant une athérosclérose modérée (Mod ATH) et ceux présentant une athérosclérose sévère (Sev ATH) au niveau des artères iliaques, se caractérisant par l’obstruction quasi totale de la lumière vasculaire par la plaque athéromateuse. La fonction érectile de ces animaux a été évaluée in vivo en mesurant en continu l’augmentation de la pression intracaverneuse après stimulation électrique du nerf pelvien à 7 Cette étude a donc montré que trois facteurs concouraient à la dysfonction érectile chez le lapin hypercholestérolémique : l’altération des propriétés des fibres musculaires lisses caverneuses, l’altération de la fonction endothéliale caverneuse et l’obstruction vasculaire par la plaque athéromateuse. Rat spontanément hypertendu Le rat spontanément hypertendu (SHR) présente une dysfonction endothéliale artérielle bien décrite (14,15). Des expériences in vivo identiques à celles conduites chez le lapin hypercholestérolémique ont montré une diminution marquée de la fonction érectile des rats hypertendus par rapport à celle de rats contrôles normotendus (4). L’expérimentation sur fragments de corps caverneux a montré une nette altération des relaxations endothélium-dépendantes des rats hypertendus. En revanche, la capacité du muscle lisse à se relâcher était intacte voire même augmentée chez ces rats. Rat diabétique Dysfonction érectile chez le lapin hypercholestérolémique : Preuves expérimentales. A, sections transversales d’artères iliaques prélevées sur lapins athéromateux présentant une athérosclérose modérée (Mod ATH) ou sévère (Sev ATH) colorées à l’hémalu-éosine, évaluation de la fonction érectile de ces animaux in vivo en mesurant l’augmentation de la pression intracaverneuse (ICP) après stimulation électrique du nerf pelvien à différents paramètres électriques, étude in vitro des mécanismes locaux de relaxation endothélium-dépendants (C) et endothélium-indépendants (D) sur des bandelettes de corps caverneux. §p<0.05, Two-way ANOVA avec analyse Newman-Keuls , Mod Ath vs Sev Ath, p<0.05 Two-way ANOVA avec analyse Newman-Keuls, CONT vs Sev Ath. différents paramètres électriques. Les résultats ont montré des réponses érectiles similaires en fonction de l’augmentation du voltage chez les lapins témoins et les lapins modérément athéromateux, alors que la fonction érectile était diminuée chez les lapins sévèrement athéromateux. En outre, l’étude in vitro des mécanismes locaux de relaxation endothélium-dépendants et endothélium-indépendants sur des bandelettes de corps caverneux prélevées chez ces animaux a révélé une très nette détérioration des deux types de relaxation chez les lapins hypercholestérolémiques. 8 Chez le rat présentant un diabète provoqué par injection de streptozotocine (modèle animal de diabète de type 1), les mêmes expérimentations ont montré une dysfonction érectile avec des signes de neuropathie autonomes au niveau du pénis, notamment une altération morphologique du nerf dorsal du pénis (5, 7,9). In vitro, la relaxation d’origine nitrergique et endothéliale du corps caverneux est altérée ainsi que la relaxation endothélium-dépendante artérielle (12, 20). Dysfonction érectile chez le rat SHR : Evidences expérimentales. A, évaluation de la fonction érectile de ces animaux in vivo en mesurant l’augmentation de la pression intracaverneuse (ICP) après stimulation électrique du nerf caverneux à différents paramètres électriques ; étude in vitro des mécanismes locaux de relaxation endothélium-dépendants (B) et endothélium-indépendants (C) sur des bandelettes de corps caverneux. Pression artérielle basale de 133±6 mmHg vs 170±18 mmHg, WKY vs SHR, &&p<0.01, t-test de Student ; **p<0.01; ***p<0.005, Two-way ANOVA avec analyse Newman-Keuls, SHR vs WKY. Maladies cardiovasculaires Insuffisance érectile Age Athérosclérose Hypertension Diabète Dysfonction endothéliale Un m mécanisme écanisme physiopathologique physiopathol ogique commun Figure 4 Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 Conclusion La dysfonction endothéliale semble être un mécanisme physiopathologique commun associé à l’insuffisance érectile et au diabète, à l’hypertension et à l’athérosclérose (figure 4). Cette dysfonction endothéliale pourrait alors être une cible thérapeutique idéale notamment pour traiter l’IE d’origine vasculaire. Les stratégies thérapeutiques potentielles sont nombreuses. Le traitement peut viser soit la cellule endothéliale en augmentant la biodisponibilité du NO (inhibiteurs de l’enzyme de conversion, antagonistes des récepteurs à l’angiotensine II, Antagonistes calciques, antioxydants, supplémentation en arginine/tétrahydrobioptérine, antagonistes TxA2/PGH2, …), soit la cellule musculaire lisse en augmentant la réponse au NO, notamment en inhibant les phosphodiestérases de type 5. L’apport de NO exogène (donneurs de NO) ou la stimulation de la relaxation NO-indépendante (activateurs de guanylate cyclase) représentent d’autres possibilités. Références 1. Andersson K.E. & Wagner G. Physiology of penile erection. Physiol Rev., 1995, 75 : 191-236. 2. Bacon C.G., Hu F.B., Giovannucci E., Glasser D.B., Mittleman M.A., & Rimm, E.B. Association of type and duration of diabetes with erectile dysfunction in a large cohort of men. Diabetes Care, 2002, 25 : 1458-1463. 3. Behr-Roussel D., Bernabé J., Compagnie S., Rupin A., Verbeuren T.J., Alexandre L., & Giuliano F. Distinct mechanisms implicated in atherosclerosis-induced erectile dysfunction in rabbits. Atherosclerosis, 2002, 162 : 355-362. 4. Behr-Roussel D., Chamiot-Clerc P., Bernabe J., Mevel K., Alexandre L., & Giuliano F. Erectile dysfunction in spontaneously hypertensive rats: pathophysiological mechanisms. Am J Physiol Regul Integr Comp Physiol, 2003, 284 : R682-R688. 5. Cellek S., Rodrigo J., Lobos E., Fernandez P., Serrano J., & Moncada S. Selective nitrergic neurodegeneration in diabetes mellitus. Br.J.Pharmacol., 1999, 128 : 1804-1812. 6. Christ G.J. The penis as a vascular organ. The importance of corporal smooth muscle tone in the control of erection. Urol.Clin.North Am., 1995, 22 : 727-745. 7. Escrig A., Marin R., Abreu P., Gonzalez-Mora J.L., & Mas M. Changes in mating behavior, erectile function, and nitric oxide levels in penile corpora cavernosa in streptozotocin-diabetic rats. 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HYPERTROPHIE BÉNIGNE DE LA PROSTATE ET DYSFONCTION ÉRECTILE : PLUS QU’UNE SIMPLE COINCIDENCE Claude Schulman es troubles mictionnels (LUTS) en rapport avec une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) et la dysfonction érectile (DE) ont souvent été considérés comme étant essentiellement associés avec l’âge et le vieillissement. Cependant, des travaux récents suggèrent une étiologie en partie commune de ces deux affections, indépendamment de l’âge (1). L lement démontré que plus de 60% de ces hommes se plaignaient de troubles de l’éjaculation dont la prévalence était presque égale à celle de la dysfonction érectile. Il existait, après stratification pour l’âge, une relation linéaire entre l’importance des troubles urinaires (score IPSS) et l’importance de la dysfonction érectile (score IIEF) et des troubles éjaculatoires. Epidémiologie Pathophysiologie Récemment, une large étude internationale (MSAM-7 – Multinational Survey of the Aging Male) (2) a mis en évidence, chez 14 000 hommes entre 50 et 79 ans, que les troubles urinaires (LUTS) en rapport avec l’HBP sont un facteur de risque pour la dysfonction érectile, indépendamment de l’âge et d’autres facteurs de risques importants. Le lien entre troubles mictionnels et dysfonction érectile est soutenu par différentes théories : De plus, cette même étude (MSAM-7) a éga- Théorie du NO (monoxyde d’azote ou oxyde nitrique) : Une production diminuée de NO/NOS dans le petit bassin atteint la prostate et les structures péniennes (3). Le rôle du NO est bien Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 Cliniques Universitaires de Bruxelles, Service d’Urologie, Hôpital Erasme, route de Lennik 808, B-1070 Bruxelles, Belgique, [email protected] accepté comme mécanisme moléculaire de base dans la dysfonction érectile. La production de NO/NOS dans la prostate est diminuée dans la zone de transition correspondant à l’hypertrophie adénomateuse bénigne lorsqu’on la compare à des tissus prostatiques normaux. En effet, les isoenzymes phosphodiestérase (PDE) type 4 et 5 sont présentes dans la prostate, ainsi que l’enzyme PDE11A. Cette théorie unifiée par le NO peut expliquer le lien entre les deux affections (4, 5, 6). Système nerveux autonome : Une hyperactivité du système nerveux autonome sympathique est associée aux troubles 9 urinaires en rapport avec l’HBP, et également à la dysfonction érectile, comme démontré par de nombreux travaux. C’est sur ce concept que se base l’utilisation des alphabloquants comme traitement pharmacologique des troubles mictionnels liés à l’HBP. Ceux-ci ont démontré non seulement une amélioration significative des troubles mictionnels, mais également, dans une certaine mesure, une amélioration modérée de la fonction érectile. L’augmentation de l’activité sympathique entraîne une augmentation de la contractilité de la musculature lisse de la prostate, de la vessie, du col vésical et des corps caverneux et une moins bonne relaxation des corps caverneux à l’origine de la DE (7). Artériosclérose pénienne Une artériosclérose diffuse se retrouve dans l’hypertension, l’hypercholestérolémie, le diabète, le tabagisme qui, tous, ont un impact sur les troubles mictionnels, l’HBP et la dysfonction érectile. L’artériosclérose entraîne une diminution de la production du NO au niveau des vaisseaux. Cette diminution de vascularisation entraîne une hypoxie à l’origine d’une surexpression de facteurs tissulaires type TGFBeta, résultant en une augmentation de la production de collagène et une diminution de la fonction de la musculature lisse avec fibrose progressive. Au niveau des organes pelviens, une artériosclérose diffuse a pour conséquence une diminution de compliance vésicale, du mécanisme d’ouverture et de fermeture du col vésical, responsables des troubles obstructifs et mictionnels, et également une diminution de la contractilité et de la relaxation des fibres musculaires lisses des corps caverneux impliqués dans la DE (8, 9, 10). Le syndrome métabolique associe une hyper- tension, une hyperinsulinémie (diabète) et une obésité ainsi que d’autres affections en rapport avec des lésions d’artériosclérose. RHO-kinase Une altération de cycle métabolique de la RHO-kinase a été démontrée au niveau du col vésical et de la prostate et interfère avec une relaxation de la musculature lisse. Ce même mécanisme a été évoqué comme étant responsable d’une diminution de la relaxation du corps caverneux. Des médicaments sont en développement pour interférer avec le cycle de la RHO-kinase et seraient susceptibles d’améliorer les symptômes urinaires et éventuellement la dysfonction érectile (11). Conclusion Toute consultation pour troubles mictionnels liés à une HBP (LUTS) doit faire poser la question de la fonction sexuelle, puisque ce type de patients a un risque accru de troubles de l’érection et de l’éjaculation, particulièrement dans la perspective du traitement de ses troubles mictionnels (12). Les patients doivent être prévenus lors de l’administration d’un tel traitement des effets secondaires et complications possibles pour la fonction sexuelle, afin qu’ils puissent prendre leur décision de manière parfaitement informée. Références Mc Vary K.T., McKenna K.E. The relationship between erectile dysfunction and lower urinary tract symptoms : epidemiological, clinical and basic science evidence. Current Urology Reports 2004;5:251-257 Rosen R., Altwein J., Boyle P., Kirby RS., Lukacs B., Meuleman E., O’Leary M.P., Puppo P., Robertson C., Giuliano F. Lower Urinary Tract Symptoms and Male Sexual Dysfunction : The Multinational Survey of the Aging Male (MSAM-7). Eur Urol 2003;44;637–649. Bloch W.; Klotz T., Loch C., Schmidt G., Engelmann U., Addicks K. Distribution of NOS implies a regulation of circulation, SM tone, and secretory function in the human prostate by NO. Prostate 1997;33;1;1-8. Chang S., Hypolite J.A., Zderic S.A., Wein A.J., Chacko S., Di Santo M.E. Enhanced force generation by corpus cavernosum smooth muscle in rabbits with partial bladder outlet obstruction. J. Urol. 2002;167;6;2636-2644. Klotz T;, Bloch W., Loch C., Engelmann U and Addicks K. Pattern of distribution of constitutive isoforms of NO synthase in the normal prostate and obstructive prostatic hyperplasia. Urology 1997;36;318-322. Uckert S., Kurthe A., Jonas U., Stief C.G. 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Am. J. Physiol. Renal Physiol. 2003;285;5;F990-7. Schulman C. Impact of Treatment of BPH on Sexuality. Prostate Cancer and Prostatic Diseases 2001;4 (Suppl. 1) S12-S16. REVISION DE LA CLASSIFICATION DES DYSFONCTIONS SEXUELLES FEMININES Michèle Pujos-Gautraud Sexologue- Andrologue, Saint-Emilion, France usqu’à voici peu, la nosologie des troubles de la sexualité féminine était essentiellement basée sur deux classifications : la Classification of Diseases publiée en 1992 par l’Organisation Mondiale de la Santé (IC-10) et le manuel diagnostique et statistique publié en 1994 par l’American Psychiatric Association (DSMIV). Ces classifications différaient sur plusieurs points mais étaient toutes deux critiquées du fait qu’elles étaient essentiellement centrées sur la réponse génitale et sur les symptômes interférant avec les rapports sexuels, et conceptualisées sur une base individuelle plutôt que sur l’interaction du couple. J Quels facteurs jouent un rôle dans la fonction sexuelle féminine ? Psychol ologiie Physiologi l ie F tion Sexuelle féminine Relations Interp e perrsonne elle es Influences Socioculturelle e es Tableau 1 Adapté de Basson R. Clinical Updates in Women's ' Health Care. 2003;11:1 - 94 10 Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 Il est progressivement apparu à la communauté scientifique que cette classification ne permettait pas de prendre en compte tous les problèmes affectant l’expression sexuelle des femmes, et plus particulièrement ceux concernant l’excitation sexuelle car, en plus, tant le CT10 que le DSM-IV ne tenaient compte que de la réponse réflexe somatique, et non du ressenti subjectif. Deux Consultations Internationales se sont réunies à Paris à propos des troubles sexuels, l’une en 1999 (International Consultation on Erectile Dysfunction-ICED, dont le texte intégral des rapports peut être trouvé sur le site internet de l’International Society for Sexual Medicine-ISSM, www.issminfo.org) et la seconde en 2003 (2nd International Consultation on Erectile and Sexual Dysfunctions-ICSD). Ces conférences de consensus ont réuni la fine fleur des scientifiques s’intéressant aux problèmes sexuels, regroupés chaque fois en 18 comités. En 1999 un seul comité était consacré aux Dysfonctions Sexuelles Féminines (DSF), tandis qu’en 2003 presque tous avaient une section plus spécifiquement consacrée aux problèmes féminins. A ces occasions la classification des DSF a été refondue en tenant compte de toutes les classifications antérieures et de l’expérience des experts. C’est la classification de 2003, récemment publiée dans le journal de l’ISSM (Journal of Sexual Medicine, 2004, ref à compléter) que je voudrais vous présenter ici, dans la mesure où elle va vraisemblablement s’imposer progressivement au niveau international. En préambule il faut noter que bien souvent : - les expériences sexuelles féminines commencent pour d’autres raisons que le désir sexuel intrinséque - le désir est par conséquent souvent ressenti qu’après le début de l’excitation sexuelle, qu’il augmente à son tour, avec finalement un renforcement mutuel. Modèle du cycle de la réponse sexuelle physique et psychologique féminine Emotion sexuelle Recherche et réceptivité Satisfaction physique et émotionnelle Demande sexuelle spontanée Facteurs biologi s et psychologi l Adapté de Basson R. Obstet Gynecoll - 2001;98350 - 353. Tableau e 2 NOUVELLE CLASSIFICATION (Basson R et al, Summary of Recommendations on Sexual Dysfunctions in women, J. Sex. Med. 2004, 1: 24-34 Basson et al, Revised definitions of Women’s Sexual Dysfunctions, J. Sex. Med. 2004, 1: 40-48) Ce manque d’intérêt est considéré comme plus important que celui survenant habituellement dans le cadre d’un incident du cours de la vie ou du fait de la durée de vie conjugale 2. Troubles de l’excitation sexuelle C’est le défaut d’excitation subjective qui est en fait le point important de la souffrance des femmes plus que le manque de congestion vaginale a. Trouble de l’excitation sexuelle subjective ~ absence ou nette diminution des sensations psychiques d’excitation sexuelles (excitation et plaisir sexuels) quel que soit le type d’excitation sexuelle ~ la lubrification vaginale et les autres signes de réponse physique persistent b. Trouble de l’excitation sexuelle génitale ~ Absence totale ou diminution de l’excitation sexuelle génitale ~ Ce trouble inclut une diminution des sensations lors des caresses génitales ou un gonflement vulvaire ou une lubrification vaginale minimes en réponse à quelque type de stimulation sexuelle que ce soit ~ La sensation d’excitation sexuelle psychique en réponse à des stimulations sexuelles non génitales persiste c. Trouble mixte de l’excitation sexuelle génitale et subjective ~ Absence ou diminution notable des sensations psychiques d’excitation sexuelle (et de plaisir sexuel), quelles que soient les stimulations sexuelles et absence ou diminution des manifestations d’excitation sexuelle génitale (Gonflement vulvaire et lubrification) d. Excitation sexuelle persistante ~ Excitation sexuelle génitale spontanée, intrusive et non désirée (engorgement, démangeaisons, battements…) en l’absence de désir ou d’intérêt sexuel ~ Une certaine conscience d’une excitation subjective est habituelle, mais pas toujours, désagréable ~ L’excitation n’est pas soulagée par un ou plusieurs orgasmes, et les sensations d’excitation persistent plusieurs heures ou jours 3. Troubles de l’orgasme Malgré une excitation sexuelle importante on note soit une absence d’orgasme, soit une intensité des sensations orgastiques nettement diminuée, soit un orgasme nettement retardé, le tout quelque soit le type de stimulation 4. Dyspareunie ~ Douleur persistante ou récurrente lors des tentatives de pénétration complète ou incomplète, et/ou au cours de la pénétration elle même. 5. Vaginisme 1. Désir sexuel « hypo actif »/trouble de l’intérêt sexuel Sont absentes ou diminuées ~ les sensations d’intérêt ou de désir sexuel ~ les pensées sexuelles et les fantasmes Les motivations (ici définies comme les raisons/les incitations) à essayer d’être excitée sexuellement sont peu importantes ou absentes ~ Difficultés persistantes ou récurrentes pour la femme de permettre la pénétration vaginale du pénis, d’un doigt et/ou d’un objet, malgré le désir formellement exprimé de le faire ~ Il y a souvent un évitement (phobique), une contraction involontaire des muscle pelviens et une anticipation/une crainte de la douleur. ~ Des anomalies physiques auront auparavant été exclues Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 11 6. Trouble de l’aversion sexuelle ~ Anxiété extrême et/ou dégoût provoqué par l’idée et/ou la tentative d‘avoir une quelconque activité sexuelle - Il faut aussi clarifier les facteurs contextuels : Enquête sexuelle détaillée Manque persistant de désir sexuel, Absence, retard ou baisse de l'intensité de l'orgasme, récurrents malgrè une exitation importante Incapacité persistante à être excitée ressentir du désir la relation sexuelle oui oui Trouble du désir de l'intérêt sexuel Douleur récurrente lors de tentative de pénétration ou lors de la pénétration non oui non oui T Trouble de l'exitation sexuelle non Trouble de l'orgasme non Dyspareunie Difficulté de pénétration vaginale, peurs diverses, évitement, contracture musculaire ? oui non Vaginisme La stimulation donne une impression p ess o psychique psyc d'excitation Oui, sans signe génital d'excitation Lubrification oui ~ Passés : facteurs négatifs du registre de l’éducation, de pertes et/ou des traumatismes (physiques, sexuels, émotionnels), des relations interpersonnelles passées, des limitations culturelles et/ou religieuses ~ Actuels : difficultés relationnelles actuelles, dysfonction sexuelle du partenaire, stimulation sexuelle inadéquate, contextes sexuel et émotionnel insatisfaisants ~ Médicaux : pathologies médicales et psychiatriques, traitements médicamenteux, addictions non T Trouble de l'excitation n subjective e - Il faut quantifier de degré de souffrance associée : aucune, légère, modérée, sévère. En l’absence de souffrance, une modification de la réponse sexuelle peut avoir un intérêt épidémiologique, mais peu d’importance clinique. non Trouble mixte de l'excitation subjective et génitale T Trouble de l'excitation gé génitale Tableau 3 Algorithme diagnostique des DSF PARAMETRES DESCRIPTIFS : Il s’agit de composants intégraux du diagnostic Il est recommandé de compléter et clarifier le diagnostic des DSF en précisant les caractéristiques suivantes : - La dysfonction est elle primaire (existant depuis le début de la vie sexuelle) ou secondaire (acquise) ? - Est-elle constante ou situationnelle ? Commentaires : Cette classification peut paraître lourde et aride mais si nous voulons tous parler de la même chose et participer à des recherches cliniques ou les promouvoir nous nous devons de l’adopter, mais aussi de l’adapter et de l’enrichir de notre expérience. La multidisciplinarité de la SFMS va permettre à ses membres d’affiner cette traduction (personnelle), de revoir cette classification sous l’angle de la francophonie, afin d’aboutir à des définitions compréhensibles et utilisables par tous, patients et confrères, dans le cadre du groupe de travail consacré à la nosographie des Dysfonctions Sexuelles Féminines qui s’est constitué au sein de notre Société. Articles SEXUALITÉ : INSTINCT OU APPRENTISSAGE ? Serge Wunsch est chercheur en psychobiologie et Doctorant en Neurosciences. Philippe Brenot est psychiatre et anthropologue, Directeur d’Enseignement au DIU de Sexologie à l’Université Paris 5. Résumé La nature apprise et/ou instinctuelle du comportement sexuel humain est examinée à partir des données de la neurobiologie. Cette revue de la littérature concerne principalement l’analyse des structures et des fonctions neurobiologiques (neuromédiateurs, récepteurs de stimuli-signaux, réseaux neuraux précablés, réflexes spécifiques, instincts…), innées et spécifiques, qui sous-tendent les différents aspects de ce qui est culturellement appelé ‘sexualité’ : la reproduction, le plaisir érotique, l’attachement romantique et les phénomènes cognitifs. Des données éthologiques et ethnologiques complètent cette lecture neurobiologique. Si l’on observe chez les mammifères une organisation anatomique et physiologique 12 innée spécifique de la reproduction, au contraire, par rapport aux comportements, il n’existe aucune donnée actuellement disponible permettant de valider, chez l’Homme, l’hypothèse de l’existence d’un instinct sexuel ou d’un instinct de la reproduction. On peut, par contre, observer l’existence d’un réseau inné de structures limbiques qui serait à l’origine des sensations émotionnelles de plaisir érotique, provoquées par certaines stimulations corporelles. Il semble que ces sensations intenses de plaisir érotique seraient à l’origine de la formation de l’attachement romantique, ainsi que du développement et de l’acquisition du comportement sexuel, dont le coït vaginal, nécessaire à la reproduction et à la survie de l’espèce. Les processus cognitifs, innés, auraient une influence déterminante en permettant l’élaboration et l’acquisition d’éléments abstraits (représentations, valeurs, croyances…) qui transforment la simple étreinte des corps en actes éminemment chargées de sens et de symboles : la ‘sexualité’. Serge WUNSCH et Philippe BRENOT, Paris Mots-clés Comportement sexuel, inné/acquis, instinct, neurobiologie des comportements, reproduction, plaisir érotique, attachement, culture, sexualité. Introduction « Le sexe est le cerveau de l’instinct », affirme André Suarès dans Voici l’Homme, en reprenant l’idée populairement largement répandue selon laquelle la sexualité est certainement la « chose » la plus naturelle, et donc la plus instinctuelle, qui soit. Or toute la recherche, fondamentale et clinique, sur la sexualité, nous en montre le caractère fondamentalement appris. Qu’en est-il du déterminisme de la sexualité ? Est-ce un instinct, ou un apprentissage ? Ces deux dimensions concourent-elles à la construction de la sexualité du sujet humain ? L’objectif de cet article est de présenter de façon synthétique, en fonction des dernières Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 connaissances en neurobiologie, les hypothèses actuelles les plus plausibles relatives à la part des facteurs innés et acquis dans la construction de la sexualité humaine. Nous ne présenterons que les hypothèses clés ainsi que les données essentielles, mais n’aborderons pas les questions de fond (comme la spécificité des comportements, animaux et humains) pour lesquelles nous renvoyons à une importante bibliographie et à une série d’articles généraux sur « Les fondements neuro-biologiques de la sexualité humaine » parus, et à paraître dans Sexologies. L’article présente l’essentiel des données qui permettent de préciser à la fois : (1) la notion culturelle de ‘sexualité’, (2) les processus biologiques impliqués dans la ‘sexualité’, (3) les éléments concrets permettant la transcription biologique des concepts abstraits d’inné et d’acquis, et (4) la part respective des facteurs ‘innés’ ou ‘acquis’ dans les différentes composantes de ce qui est culturellement appelé ‘sexualité’. Notion de ‘Sexualité’ Il existe un grand nombre de définitions du concept de sexualité. Ce mot est apparu en français au XIXe siècle et désigne en biologie « le caractère de ce qui est sexué, et l’ensemble des caractères propres à chaque sexe »1. Il prendra au XXe siècle, surtout avec l’influence de la psychanalyse, le sens de « vie sexuelle ». Plus communément, pour la majorité des locuteurs, la définition usuelle contemporaine de ce concept est plus vague, et la notion de ‘sexualité’ recouvre d’une manière assez lâche tout ce qui a plus ou moins rapport avec les organes génitaux, les zones érogènes et le plaisir particulier provenant de ces régions corporelles. Par ailleurs, l’observation des différentes sociétés humaines montre que les pratiques, les croyances et les valeurs ‘sexuelles’, ainsi que le contenu de la notion de ‘sexualité’, varient grandement suivant les cultures et suivant les époques 2. La sexualité, qui peut paraître si naturelle et si évidente correspondrait en fait à la perception subjective d’un construit culturel. Afin de prendre en compte tous ces éléments, nous utiliserons le mot sexualité au sens communément admis de la notion de ‘sexualité’ – car elle est le reflet des représentations culturelles en usages – mais définirons, sur une base plus rigoureuse et scientifique, les différents processus psychobiologiques qui soustendent le phénomène de la ‘sexualité’. Ces définitions supplémentaires, rendues nécessaires par la mise en évidence de ces processus psychobiologiques, esquissent un nouveau cadre d’étude de la sexualité. Ces définitions, présentées dans les chapitres suivants, sont élaborées en fonction des processus neurobiologiques qui sont à l’origine de ce qui est appelé sexualité, c’est-à-dire les états psychiques et les comportements en relation avec les organes génitaux et le plaisir érotique. La sexualité – comme d’ailleurs tout comportement complexe (maternel, agression, communication …) – qui est subjectivement perçue comme un phénomène unitaire, serait en fait essentiellement une construction cognitive, résultante de l’activité conjointe de plusieurs systèmes cérébraux. Ces systèmes, relativement indépendants les uns des autres, auraient de surcroît des fonctions biologiques autres que sexuelles. La fonction ‘sexuelle’ n’apparaîtrait évidente que pour un observateur extérieur, analysant des processus et des comportements subjectivement présélectionnés en raison de leur conformité avec le modèle culturellement dominant et ‘naturel’ de la sexualité. Inné et acquis La problématique de l’inné et de l’acquis est une problématique ancienne et polémique, mais c’est également une des questions fondamentales de l’étude des organismes vivants : quelle est la part des caractères innés, qui découlent de l’expression du génome interagissant avec les molécules de la cellule primitive, de celles, acquises, qui proviennent de l’influence des différents environnements (chorionique, utérin, écologique, familial et culturel). Actuellement, cette approche est jugée non pertinente par de nombreux auteurs, car le développement des organismes est perçu comme une interaction réciproque de différents facteurs qui s’inter-influencent, et dont il serait impossible ou sans intérêt de séparer ou d’identifier les facteurs de causalité. Néanmoins, les dernières connaissances en génétique, en biologie du développement et en neurosciences, par, d’une part, l’identification précise des mécanismes et des processus biologiques en cause, et, d’autre part, l’identification précise des différents environnements et de leurs influences respectives, permettent d’apporter des éléments de précision. Ces données, même si elles ne permettent pas de tout expliciter, démontrent l’existence de caractéristiques qui sont indubitablement de l’ordre de l’inné, et d’autres qui ne peuvent être qu’acquises. Proposition de définitions Dans une première analyse, globale, on peut identifier quatre phénomènes biologiques et neurobiologiques relatifs à ce qui est culturellement appelé sexualité. 1°) La reproduction, ensemble de processus physiologiques et comportementaux qui permettent le coït vaginal reproducteur et le développement d’un nouvel organisme. La reproduction dépend principalement des structures les plus simples du système nerveux (hypothalamus et système nerveux autonome). 2°) Le comportement érotique, qui correspond à la recherche des plaisirs intenses provoqués par la stimulation du corps. Le comportement érotique dépend des structures ‘émotionnelles’ du cerveau (structures dites limbiques). Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 3°) L’attachement, qui correspond à la formation de liens affectifs entre le sujet et des éléments de son environnement. L’attachement dépend également de certaines structures limbiques. 4°) Les processus cognitifs, qui correspondent aux activités les plus élaborées du cerveau : mémoire, catégorisation, représentations… Les processus cognitifs dépendent des structures les plus complexes du système nerveux (aires néocorticales). Ces quatre phénomènes sont identifiés et distingués les uns des autres parce qu’ils dépendent de l’activité de systèmes neurobiologiques distincts. Les progrès continus des neurosciences permettront de préciser de manière plus détaillée le nombre, le rôle et les processus de ces systèmes neuraux qui soustendent la construction de la ‘sexualité’. Il semble d’ailleurs absolument nécessaire, dans l’élaboration de définitions relatives au psychisme et aux comportements, de fonder ces définitions sur des réalités structurelles et/ou fonctionnelles du système nerveux, dans la mesure où, en dernière analyse, c’est la structure neurale qui est à l’origine de ces phénomènes. Il semble également nécessaire, dans l’étude de la sexualité, tant par rapport aux comportements, aux aspects psychiques, aux phénomènes culturels, ou ici par rapport aux facteurs innés et acquis, de tenir compte de ces quatre composantes. Plan de l’article L’article est composé de cinq grandes parties : la première aborde le problème de la transcription biologique des facteurs innés et acquis, et les quatre suivantes traitent successivement des quatre composantes de la sexualité humaine (reproduction, comportement érotique, attachement, cognitions). 1 – Transcription biologique de l’inné et de l’acquis Comment se traduisent, en terme de structures et de fonctions biologiques, l’inné et l’acquis ? Que doit-on chercher pour préciser la part respective de ces facteurs ? Caractéristiques de l’innéité Les caractéristiques innées sont celles qui existent indépendamment de l’influence des différents environnements (du chorion, de l’utérus, du milieu écologique, familial et culturel). Ces caractéristiques sont toujours présentes à la fin du développement de l’organisme, sauf dans les cas extrêmes où l’environnement provoque un développement pathologique (famine, maladies graves…), qui dépasse les capacités adaptatives de l’organisme (physiologie du jeûne, système immunitaire…). Par exemple, le système nerveux des mammifères présente de nombreuses caractéristiques innées : l’organisation générale du cerveau est toujours la même (systèmes sensoriels, système moteur, système nerveux autonome, 13 hypothalamus, amygdale, néocortex organisé en six couches de neurones et divisé en lobes…)3. Ces caractéristiques toujours présentes dépendent de mécanismes moléculaires spécifiques, qui peuvent être identifiés et décrits, et dont le fonctionnement explique la permanence des processus innés observés. À un premier niveau, dans l’œuf fécondé en développement, on peut mettre en évidence des gènes (dans le noyau ou dans les mitochondries) et des molécules informatives qui vont déterminer de nombreux processus cellulaires (régulation de l’expression du génome, synthèse des protéines, division cellulaire…). Ensuite on peut mettre en évidence des molécules qui déterminent la spécialisation des cellules (cellules de la peau, des os, du système nerveux…), l’orientation céphalocaudale de l’organisme ou la création des membres 4. On peut même mettre en évidence des mécanismes innés de la variabilité, tel l’épissage alternatif des ARN prémessagers, qui permettent des modifications adaptatives de l’organisme face à son environnement. Il est donc possible d’expliquer les effets de l’influence du milieu sur l’organisme en tant que résultat de processus biologiques identifiables – et dont certains sont innés – plutôt qu’en terme d’interactions globales. En conclusion, il est généralement possible, en détaillant les processus moléculaires, cellulaires, physiologiques ou neurobiologiques, d’identifier des éléments permanents, innés, résultat d’une ‘programmation’ biologique, qui existent toujours et partout, quel que soit l’environnement, tant que ce dernier n’altère pas l’organisme. L’identification de ces éléments biologiques permanents et l’explication des mécanismes et processus biologiques qui induisent cette permanence permettent de conclure à l’innéité de ces éléments. l’origine et la pertinence de ce concept ? Les deux principaux problèmes liés au concept d’instinct sont, d’une part, la question de son existence biologique et, d’autre part, l’élaboration d’une définition précise et opérationnelle du terme. L’instinct est une des hypothèses qui tentent de répondre à une question fondamentale de la biologie animale : quels sont les facteurs qui déterminent et qui soustendent les comportements ? Une première réponse, générale, serait que l’instinct correspondrait au développement ou à une organisation particulière d’une structure biologique spécifique, codée par le génome, et qui contrôlerait les comportements adaptatifs d’une espèce. L’instinct désignerait un processus neurobiologique inné qui est à l’origine d’un comportement qui s’exprime en dehors de tout apprentissage. Exprimé autrement, le comportement instinctuel correspondrait, chez les mammifères, à la mise en jeu du système musculaire squelettique par une structure innée et spécifique du système nerveux. Les observations éthologiques 5 mettent en évidence l’existence de comportements systématiques et stéréotypés, existants en dehors de tout apprentissage et de toute expérience préalable. Les connaissances en génétique 6, en biologie du développement 7 et en neurosciences 8,9 montrent qu’il existe un génome, des gènes du développement, des molécules de guidage, des structures neurales précablés, c’est-à-dire tout un ensemble de propriétés et de structures qui rendent possible l’existence chez les mammifères de réactions innées. L’ensemble de ces données rend plausible l’hypothèse éthologique et biologique de l’existence d’un ‘instinct’. Caractéristiques des acquisitions Définition du concept d’instinct Les acquisitions des organismes, au sens large, dépendent de deux grands types de phénomènes les uns qualifiés de biologiquement normaux et les autres d’ accidentels. Les phénomènes accidentels provoquent des changements durables qui ne sont pas ‘prévus’ par le système organique. Un exemple en est la mutation de l’ADN par irradiation, lorsqu’elle n’est pas létale. Les acquisitions biologiquement normales dépendent de mécanismes et de processus spécifiques, qui sont intégrés à la structure ‘normale’ de l’organisme. Un exemple est l’acquisition par conditionnement, qui dépend de circuits neuraux associés les uns aux autres par des mécanismes moléculaires facilitant le passage des influx nerveux. Généralement, l’acquis est mis en évidence par l’existence de processus d’apprentissage spécifique, qui peuvent être décrits en terme de structure, de mécanismes moléculaires et/ou de processus neuraux spécifiques. Il existe dans la littérature scientifique de nombreuses définitions de la notion d’ ‘instinct’ 10,11. Le problème est que, suivant la définition utilisée, la notion d’instinct peut recouvrir des réalités différentes. La prise en compte des données éthologiques combinées avec les données neurobiologiques devrait alors permettre une meilleure précision et une plus grande objectivité de la définition. a – Instinct Qu’est-ce qu’un ‘instinct’ ? À quelles réalités biologiques correspond-il ? Quelle est 14 Les observations éthologiques montrent que les comportements qui semblent innés peuvent être soit très stéréotypés (tels les réflexes), soit avoir une expression relativement variable (telles les réactions émotionnelles). En outre, les données neurobiologiques nous enseignent qu’il existe des structures neurales ‘précablées’ 12 et donc susceptibles de produire des réactions innées stéréotypées, mais également qu’il existe des mécanismes permettant une certaine plasticité neurale 13 qui pourrait être à l’origine de réactions innées variables. La prise en compte de l’ensemble de ces données amène à proposer deux définitions, l’une au sens strict et l’autre au sens large, de la notion d’ ‘instinct’ : Définition au sens strict La définition stricto sensu correspond, tout en restant compatible avec les données neurobiologiques, à l’archétype de l’instinct : la ‘programmation’ complète, contrôlée et finalisée d’une action ou d’une réaction comportementale. Une proposition d’une définition de l’instinct, au sens strict, pourrait ainsi être formulée : action ou réaction comportementale, innée, fixe, immédiatement parfaite sans expérience préalable et sans apprentissage, provoquée par des stimuli internes ou externes spécifiques. Ces réactions sont déterminées par l’existence de structures neurales spécifiquement organisées (récepteurs spécifiques, et/ou synapses spécifiques, et/ou neuromédiateurs spécifiques, et/ou précablage spécifique…), dont la formation est indépendante des influences du milieu extérieur à l’organisme. L’exemple type de telles réactions instinctives du système nerveux, est représenté par les réflexes. Il s’agit également d’un pur problème de terminologie car l’instinct (dans son sens originel le plus strict), concept de l’éthologie, et le réflexe, concept de la neurophysiologie, correspondent à la même réalité, analysée à des niveaux différents. Les données neurobiologiques complètent et expliquent souvent les observations éthologiques. Définition au sens large La définition lato sensu de l’instinct correspond, tout en restant compatible avec les données neurobiologiques, à la configuration minimaliste et aux limites extrêmes de ce qui est inné. Le critère minimaliste de l’innéité serait la réalisation d’une action ou d’une réaction comportementale en l’absence d’expérience. Une proposition d’une définition de l’instinct, au sens large, pourrait donc être formulée ainsi : action ou réaction comportementale, innée, réalisée sans expérience préalable, mais dont seule la réaction globale est innée et non les détails variables de sa réalisation. Ces réactions sont provoquées par l’existence de structures neurales dont la macrostructure est génétiquement déterminée, mais dont la microstructure, plastique, dépend des influences de l’environnement. L’exemple type de telles réactions comportementales instinctives, au sens large, sont les réactions provoquées par les émotions primaires. Les réactions instinctives de peur en sont un bon exemple, elles sont commandées par l’amygdale, qui est une structure clé pour cette réaction émotionnelle 14,15. L’amygdale existe chez tous les mammifères et son développement est indépendant des influences externes : tous les mammifères ont ainsi des réactions instinctives de peur. Par contre, la microstructure des neurones de l’amygdale (avec des propriétés électrophysiologiques particulières des membranes neuronales, une Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 organisation spécifique des connexions synaptiques…) dépend à la fois des influences internes et externes : ce qui permet que les réactions instinctives de peur soient variables en fonction de l’expérience propre de l’animal. b – Transcription biologique de l’instinct Quels éléments neurobiologiques spécifiques devraient être identifiés afin de mettre en évidence l’existence d’instincts ‘sexuels’ et d’évaluer leur part dans la ‘sexualité’ ? L’existence d’instincts sexuels impliquerait la présence dans l’organisme d’éléments biologiques et neurobiologiques spécifiques : gènes spécifiques et/ou hormones spécifiques et/ou organes spécifiques et/ou structures neurales spécifiques… organisés d’une manière telle que les différentes séquences comportementales de la sexualité soient parfaitement initiées, exécutées et contrôlées. Dans l’hypothèse d’instincts sexuels au sens strict (hypothèse du « tout programmé »), on devrait pouvoir trouver au minimum chez l’Homme les caractéristiques suivantes : – Une organisation neurale spécifique de la sexualité (de manière similaire à celles existant spécifiquement pour la vision, l’audition, la respiration ou la régulation cardio-vasculaire). De plus, cette organisation devrait être relativement similaire à celle de tous les autres mammifères (en effet, les observations phylogénétiques montrent que l’organisation des fonctions fondamentales est semblable d’une espèce à l’autre). – Des émetteurs et des récepteurs innés produisant et détectant des stimuli spécifiques à la sexualité. Ces éléments (comme par exemple les phéromones sexuelles et l’organe voméronasal 16) devant permettre la reconnaissance des partenaires, l’initiation et la poursuite des comportements sexuels. – Des voies nerveuses spécifiques aux signaux des comportements sexuels. – Une ou plusieurs structures neurales locales, spécifiques aux différentes séquences ou réflexes sexuels élémentaires (noyaux spécifiques à l’intromission, aux poussées pelviennes, à la fellation, au cunnilingus, au baiser, etc.). Ces éléments neuraux devant permettre le contrôle local de chacune des différentes activités motrices constitutives des comportements sexuels : identification du partenaire, positionnement adéquat du corps, séquences oro- ou génito-génitales, caresses érotiques … – Enfin, une organisation neurale spécifique, plus générale et plus centrale, permettant un contrôle global des comportements sexuels. Cette organisation spécifique devrait, après traitement des stimulisignaux spécifiques à la sexualité, induire un phénomène cérébral aboutissant aux activités sexuelles. Ce phénomène pourrait être soit de type sensorimoteur (déclenchement et contrôle par des stimuli sensoriels spécifiques d’une succession de séquences réflexes aboutissant aux activités sexuelles), soit de type psychique (perception subjective d’une motivation spécifique produisant une forte tendance comportementale à rechercher le plaisir érotique et/ou le contact physique). Caractéristiques innées Dans cette rubrique sont décrites les caractéristiques physiologiques et psychobiologiques qui sont innées, que l’on trouve toujours à la fin du développement de l’organisme humain, quel que soit l’environnement. Les arguments scientifiques proviennent essentiellement de la biologie du développement, de la (neuro)physiologie et de l’éthologie humaine. Dans l’hypothèse d’une configuration la plus minimale possible (instinct au sens large) permettant un comportement inné, on devrait pouvoir trouver au minimum chez l’Homme les caractéristiques suivantes : Caractéristiques instinctuelles – Des émetteurs et des récepteurs de signaux (internes, olfactifs, auditifs, visuels…) induisant des comportements permettant la sexualité. Dans cette configuration minimale, il serait quand même nécessaire d’avoir des signaux – même s’ils ne sont pas spécifiques – qui permettent, directement ou indirectement, la reconnaissance des partenaires, l’initiation et la poursuite d’un comportement à visée sexuelle. Caractéristiques acquises – Des structures neurales locales et précablées contrôlant la plupart des réflexes et/ou des séquences motrices élémentaires des activités sexuelles (positionnement du corps, intromission, poussées pelviennes, fellations, cunnilingus, baiser…). – Une, plusieurs, ou un réseau, de structures produisant un phénomène neural global conduisant à la sexualité, avec la nécessité d’avoir une forte tendance sensorimotrice (drive), et/ou psychique (motivation), à accomplir des actes aboutissant, directement ou indirectement, aux activités sexuelles (ou au minimum au contact physique hétérosexuel). La mise en évidence d’éléments biologiques de ce type permettrait de conclure à l’existence d’instincts sexuels, contrôlant toutes ou certaines séquences comportementales de la sexualité. L’analyse quantitative et qualitative de ces éléments instinctuels permettrait d’évaluer la part respective des caractères innés, des comportements instinctuels et des apprentissages dans la sexualité. Plan des chapitres Afin de bien mettre en évidence les étapes des réflexions et l’analyse des données, les quatre chapitres suivants sont organisés d’après le plan ci-dessous : Reproduction / Érotisme / Attachement / Cognition & Sexualité Cette première rubrique précise le rapport existant entre une des composantes biologiques de la sexualité (Reproduction, Érotisme, Attachement ou Cognition) et la notion culturelle de ‘sexualité’. Elle détaille également la dynamique neurobiologique de la composante étudiée. Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 Dans cette rubrique sont décrits les comportements qui dépendent d’une ‘programmation’ ou de structures neurales précablées. Les arguments scientifiques proviennent essentiellement de la neuroanatomie fonctionnelle. Dans cette rubrique sont décrites les caractéristiques psychobiologiques qui sont acquises. Les arguments scientifiques proviennent de différents champs disciplinaires. Remarques pour le clinicien Cette rubrique présente rapidement les grands types de problèmes et de pathologies liés aux aspects innés ou acquis des différentes composantes de la sexualité. Elle permet de clarifier et de classifier les problèmes et pathologies dits ‘sexuels’. 2 – La reproduction La reproduction est un phénomène fondamental, nécessaire à la survie des espèces. Chez l’Homme, la reproduction est réalisée grâce à un ensemble de processus physiologiques (sexuation, gamétogenèse, régulation hormonale…) et comportementaux qui permettent le coït vaginal reproducteur, la fécondation des gamètes et le développement d’un nouvel organisme. Reproduction & sexualité En neurosciences, la sexualité a surtout été étudiée sous l’angle de la reproduction. La plupart des études biologiques traitent des aspects génétiques, hormonaux ou phéromonaux de la physiologie de la reproduction, de l’hétérosexualité et du coït vaginal fécondant. De plus, ces études ont principalement été réalisées sur des mammifères autres que les primates. Cette approche laisse de côté un grand nombre de données. En effet, les observations éthologiques et neurobiologiques se focalisent surtout sur les données des mammifères les plus simples qui suggèrent l’existence d’un comportement de reproduction, avec des processus innés permettant le coït vaginal fécondant. Mais il existe également d’autres données, bien moins étudiées, qui montrent la présence chez les autres mammifères (en particulier les primates) de séquences comportementales sexuelles non reproductrices, de plus en plus nombreuses et diversifiées en fonction de la complexité de la structure cérébrale. 15 Ces données suggèrent l’implication de plusieurs facteurs neurobiologiques dans la sexualité, dont le nombre et l’importance relative changent avec le degré de complexité du système nerveux. Par exemple chez les espèces ayant le système nerveux le plus simple (rongeurs), les processus hormonaux et olfactifs ont une importance majeure. Chez les mammifères ayant le système nerveux le plus complexe (primates hominoïdes), du fait de la réorganisation fonctionnelle du cerveau, il semblerait exister en plus des facteurs cognitifs, et les processus hédoniques et/ou de renforcements deviendraient les plus déterminants. Pour ces raisons, il semble nécessaire de faire une distinction entre, d’une part, les comportements dits ‘sexuels’, très divers, et, d’autre part, un sous ensemble de ces comportements sexuels, le comportement de reproduction, absolument fondamental, centré sur le coït vaginal fécondant nécessaire à la survie de l’espèce. Caractéristiques innées de la reproduction Anatomiquement, on observe chez tous les mammifères une organisation sexuée innée, adaptée à la reproduction 17 : les organes génitaux, externes comme internes, ont des structures et des fonctions spécifiques à la reproduction (pénis et vagin, testicules, ovaires, utérus…) et sont parfaitement adaptés à ce but. Physiologiquement, les organismes mammaliens sexués possèdent des caractéristiques qui sont également adaptées à la reproduction (sexuation, régulation hormonale de la gamétogenèse, complémentarité fonctionnelle des gamètes…). Il existe également des réflexes spécifiques (érection, lubrification, éjaculation…), précablés dans le système nerveux autonome, qui participent à la reproduction. Ces données confirment qu’il existe, au niveau anatomique et physiologique, une organisation innée, spécifique et parfaitement adaptée à la reproduction. La seule composante de la reproduction qui ne soit pas innée est le déplacement des spermatozoïdes du méat urétral du mâle au col de l’utérus de la femelle. Caractéristiques instinctuelles du comportement de reproduction En fonction des connaissances actuelles, il ne semble pas exister d’instinct de la reproduction. En effet, on ne connaît pas chez l’Homme d’organisation neurale spécifique qui, à partir de signaux également spécifiques, déclencherait et contrôlerait une succession de séquences comportementales aboutissant au coït vaginal fécondant. Déjà chez les mammifères non humains, les seules séquences comportementales liés au coït vaginal et qui sont ‘précablées’ au sein du système nerveux, sont des réflexes élémentaires, telles les poussées pelviennes, la flexion de la queue ou la lordose. L’exemple le mieux connu est la lordose lombaire qui per- 16 met la posture adéquate de la femelle. C’est un réflexe somato-sensoriel œstrogènedépendant, précablé au niveau médullaire et mésencéphalique, sous contrôle de l’hypothalamus, et déclenché par les stimulations tactiles des flancs 18. Ce réflexe élémentaire permet l’exécution d’une partie des séquences comportementales nécessaires au coït vaginal. Il convient néanmoins de noter que ces séquences motrices réflexes, indépendantes les unes des autres, ne constituent pas un comportement finalisé. Des apprentissages sont nécessaires afin de coordonner ces réflexes dans un ensemble organisé rendant possible le comportement coïtal. Chez l’Homme, d’un éventuel instinct de reproduction, il ne semble subsister – sur la base d’observations comportementales non vérifiées au niveau neurobiologique – que le réflexe élémentaire des poussées pelviennes. Caractéristiques acquises du comportement de reproduction Les caractéristiques acquises permettant le coït vaginal sont nombreuses. Les principales sont la reconnaissance d’appartenance à l’espèce et à un groupe culturel donné, la reconnaissance du partenaire approprié à la reproduction, l’apprentissage des interactions relationnelles et l’apprentissage des connaissances, théorique et pratique, pour la réalisation du coït vaginal fécondant. L’être humain doit tout d’abord apprendre à reconnaître les membres de son espèce et à interagir avec eux. Des primates non humains élevés sans contacts avec leurs congénères présentent des réactions de peur en face du congénère et ne savent pas interagir avec les autres individus 19. La reconnaissance des autres et la pratique des relations interpersonnelles sont acquises durant l’enfance au cours des multiples interactions sociales. L’être humain doit également apprendre à reconnaître le partenaire reproductif approprié. Les phéromones, qui permettent cette reconnaissance chez la plupart des autres mammifères, n’ont plus cet effet chez les humains. En effet, les résultats expérimentaux les plus intéressants concernent l’exposition à des molécules d’androgènes, mais avec des résultats extrêmement contradictoires. On a ainsi montré que l’exposition à l’androsténol augmente chez les femmes la durée de leur contact social avec les hommes 20. La molécule ne provoque pas le comportement de reproduction, mais elle permet de l’initier en favorisant le rapprochement hétérosexuel. Mais d’autres expériences ont montré que l’androsténone induit au contraire, chez les femmes, des réactions émotionnelles négatives envers les hommes 21, que les hommes produisent simultanément les deux molécules, et que l’effet olfactif de l’androsténone est plus fort que celui de l’androsténol 22 : l’effet global, en situation ‘naturelle’, devrait alors être répulsif ! En fait, en situation ‘naturelle’, on observe que la connaissance du partenaire approprié est apprise de manière explicite, généralement grâce à une personne plus expérimentée. L’être humain (comme les autres mammifères) doit aussi apprendre le coït vaginal. En effet, le positionnement adéquat permettant l’intromission n’est pas inné et doit être appris. On observe que lorsque les mammifères sont mis dans des conditions où ils ne peuvent apprendre aucun élément du comportement de reproduction, de manière systématique le mâle est incapable de coïter 23. Cette incapacité du mâle à pratiquer le coït en dehors de toute expérience préalable est systématique chez tous les mammifères. On peut ainsi observer des mâles sexuellement naïfs manifester de nombreux comportements spécifiques de la reproduction (excitation, érection, contacts avec le partenaire… 24) mais ils ne parviennent pas à copuler (et donc à coordonner l’ensemble des réactions sexuelles). Le problème semble essentiellement être une incapacité à se positionner correctement afin de réussir l’intromission. Chez l’Homme, cet apprentissage théorique et pratique du coït vaginal est généralement réalisé auprès d’un partenaire plus expérimenté.. Enfin, dans un aspect plus global, sont également acquises les connaissances des processus de la reproduction, qui ne sont pas indispensables à la réalisation du coït vaginal mais qui peuvent faciliter divers comportements liés à la reproduction. Des enquêtes réalisées auprès d’enfants et d’adolescents 25,26,27 montrent que ces connaissances relatives à la reproduction n’ont également aucun caractère inné et qu’elles doivent être apprises. Conclusion L’anatomie et la physiologie de la reproduction, ainsi que certains réflexes sexuels dépendants du système nerveux autonome (érection, lubrification, éjaculation …) sont innés chez tous les mammifères. Par rapport au comportement, chez l’Homme, le seul élément instinctuel serait le réflexe des poussées pelviennes. Tous les autres aspects comportementaux, dont surtout le coït vaginal reproducteur, sont acquis par apprentissage. Remarques pour le clinicien L’ensemble des données présentées cidessus permet de préciser certaines étiologies possibles des problèmes liés aux pathologies spécifiques de la reproduction. Par rapport aux aspects innés de la reproduction, les problèmes rencontrés sont essentiellement constitués par des atteintes des organes génitaux et reproducteurs (stérilité, MST, fracture du pénis…), et/ou des processus qui les régulent (dysfonctions hypothalamiques, dysrégulations hormonales, anéjaculation ou éjaculation rétrograde…), ainsi que les conséquences des grossesses pathologiques. Par rapport aux aspects acquis de la reproduction, les rares problèmes sont liés à des Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 apprentissages inadéquats (par exemple coït intercrural ou urétral au lieu du coït vaginal) ou à l'absence d'apprentissage du coït. 3 – Le plaisir et le comportement érotique Le comportement érotique correspond à l’ensemble des actions motrices réalisées afin de provoquer du plaisir érotique, généralement par la stimulation du corps. L’érotisme a un sens plus général et correspond à tout ce qui a un rapport concret ou abstrait avec le plaisir érotique. La sensation de plaisir érotique, intense et particulière, est provoquée, entre autres, par la stimulation du gland du clitoris ou du gland du pénis. Le comportement érotique et l’érotisme sont des phénomènes particuliers, qui n’existent peut-être que chez les primates hominoïdes. Plaisir somatosensoriel, comportement érotique & sexualité Le comportement érotique et le plaisir somatosensoriel intense qu’il procure sont au cœur de ce qui est culturellement appelé ‘sexualité’. Bien que culturellement assimilé avec la reproduction, le comportement érotique semble dépendre d’une autre dynamique neurobiologique. À part les travaux de Masters et Johnson sur les réactions sexuelles 28, l’étude scientifique du plaisir érotique a été très peu développée. Pourtant l’essentiel de la sexualité humaine est constitué de phénomènes érotiques : caresses, étreintes, baisers, activités oro-génitales, coït anal ou vaginal, et même les activités sadomasochistes. Tous ont pour objectif de procurer des sensations de plaisirs physiques intenses. L’importance du système somatosensoriel n’est pas un hasard. Toutes les observations montrent que les stimulations somesthésiques (et particulièrement les stimulations tactiles) semblent être une véritable nécessité développementale et fonctionnelle chez les mammifères 29. Chez les primates, la déprivation des stimuli somesthésiques, en particulier durant la prime enfance, provoque ainsi de nombreux troubles psychiques et comportementaux (cf. les expériences classiques d’Harry F. Harlow avec des macaques rhésus privés de contacts physiques durant les six premiers mois postnataux). Chez l’Homme, la déprivation somesthésique, avec déprivation vestibulaire, est vraisemblablement le facteur principal à l’origine du syndrome d’hospitalisme (R. Spitz) et du nanisme psychosocial : croissance retardée, développement psychomoteur et intellectuel perturbé, tristesse, inhibition motrice ou agitation, auto-agressivité et balancement compulsif 30. À l’opposé, la stimulation régulière du système somatosensoriel produit de nombreux effets positifs, tant physiologiques, psychiques que comportementaux. On observe chez le nourrisson : un gain pondéral de 47%, à quantité calorique ingérée égale ; une aug- mentation des performances d’orientation et d’activité motrice ; une diminution de la durée d’hospitalisation, dans le cas de pathologies péri-natales. Et chez l’adulte, une meilleure capacité cytotoxique du système immunitaire ; une diminution des hormones du stress (cortisol et noradrénaline) ; une diminution du niveau d’anxiété ; une diminution de l’état dépressif ; une augmentation de la qualité du sommeil ; un meilleur niveau attentionnel et cognitif ; une facilitation de l’attachement interpersonnel…31,32,33 Il semble que les activités érotiques ne sont pas produites par des structures neurales précablées en réponse à des stimuli-signaux innés et spécifiques de la reproduction, mais plutôt que chaque sujet découvre progressivement (dès la première enfance, si ce n’est dans la vie utérine) des stimulations corporelles et génitales qui produisent des sensations de plaisir intense. Ces premières stimulations génératrices de sensations érotiques peuvent être très diverses, mais la plupart proviennent soit des soins parentaux, soit d’une initiation, soit de l’auto-stimulation manuelle des organes génitaux, du fait de la disposition anatomique des membres antérieurs qui est particulièrement propice à cette activité. Il est même possible de parler de comportement érotique, dans la mesure où le plaisir érotique agit comme un principe organisateur et structurant : chez un même sujet, avec le temps et l’expérience, les activités érotiques deviennent plus en plus typiques, élaborées, identifiées, conscientes et délibérées. À la maturité, le but recherché, les schèmes mentaux et les activités motrices sont alors structurés et organisés autour d’une finalité spécifique : celle de l’obtention des sensations érotiques, dont, surtout, la jouissance orgastique. Le plaisir érotique peut ainsi être considéré comme un facteur organisateur majeur du psychisme et des comportements. Des données éthologiques et, surtout, ethnologiques montrent l’importance majeure des processus érotiques et de renforcement dans la sexualité humaine : On observe déjà une prépondérance du plaisir somato-sensoriel sur les autres stimuli-signaux de la reproduction chez les chimpanzés pan paniscus. Les bonobos pratiquent quotidiennement de nombreuses activités érotiques, orales et génitales, auto- et homoérotiques, qui semblent avoir pour motivation principale le plaisir, et qui pour la plupart n’ont aucun rapport avec la reproduction 34 (à noter que les chimpanzés bonobos représentent vraisemblablement le modèle animal le plus proche de la sexualité humaine). Cette ‘exubérance’ des comportements érotiques, chez les bonobos comme chez d’autres animaux 35, n’est néanmoins nullement incompatible avec la reproduction puisque le coït vaginal est également pratiqué. Dans plusieurs sociétés (Marquisiens 36, Trobriandais 37, Copper Inuit, Pilagá 38,…), situées dans différentes régions du monde, il Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 existe peu ou pas de restrictions à la sexualité des enfants. Dans ces conditions, on observe des activités érotiques nombreuses, diversifiées et intenses durant toute l’enfance, dès l’âge de deux ou trois ans, et le répertoire des activités érotiques adultes est ainsi acquis avant la dixième année. Dans les cas où ces enfants ont été questionnés, ils donnent le plaisir érotique comme motif de leurs activités sexuelles. Il convient surtout de noter que ce phénomène d’érotisation 39 débute par des stimulations corporelles, qu’il peut survenir dès le plus jeune âge – bien avant la puberté et ses corollaires hormonaux et phéromonaux 40 –, et qu’il semble totalement indépendant du phénomène de la reproduction. Ces données permettent de comprendre et d’expliquer la grande diversité des activités érotiques humaines à partir d’un seul modèle. Les grands types d’activités érotiques connus (masturbation, activités homoérotiques ou hétéroérotiques, en couple ou en groupe, activités érotiques avec des animaux ou avec des objets), ayant actuellement chacun une explication causale différente (reproduction, instinct, plaisir, pathologie, perversions…), peuvent être regroupés dans un seul modèle neurobiologique explicatif, global et cohérent. Ces activités deviennent alors ‘logiques’, ‘cohérentes’ et ‘biologiquement normales’ (même si dans certaines sociétés, certaines de ces pratiques peuvent être ‘culturellement anormales’). En effet, si le plaisir physique intense, principalement provoqué par des stimulations mécaniques, est bien le facteur neurobiologique majeur à l’origine des activités érotiques, il est biologiquement ‘logique’ et ‘normal’ que l’être humain cherche à reproduire toutes les situations de jouissance érotique et orgastique qu’il découvre, quel qu’en soit le moyen : autostimulation, un homme et/ou une femme, un ou plusieurs partenaires, un animal, un objet, ou bien – moyen artificiel mais le plus efficace et direct pour stimuler les régions cérébrales du plaisir – l’injection d’une molécule psycho-active érogène. S’il s’avérait exact que le plaisir somatosensoriel intense est à l’origine chez l’Homme du comportement érotique, cette hypothèse permettrait d’expliquer la diversité des pratiques dites ‘sexuelles’ et de comprendre la raison pour laquelle la plupart de ces pratiques n’ont aucun rapport avec la reproduction. Neurobiologiquement, on peut mettre en évidence l’intervention de deux types de processus interdépendants : le plaisir 41 et les renforcements 42,43. Comme les données actuelles ne permettent pas de connaître précisément les rapports entre le plaisir érotique conscient et les renforcements inconscients, et que l’objet de cet article n’est pas l’étude de ce problème, on utilisera l’expression ‘renforcements érotiques’ pour désigner tous les renforcements provoqués par l’activité érotique. Même si on ignore actuellement le fonctionnement exact de ces renforcements érotiques, les données éthologiques, psychologiques et expérimentales montrent qu’ils 17 existent chez tous les mammifères. Les renforcements érotiques sont extrêmement puissants déjà chez les mammifères les plus simples. Par exemple, juste en permettant à des rats ou des lapins de copuler, il est possible de les conditionner expérimentalement à copuler avec d’autres espèces animales ou avec des objets 44. Les renforcements érotiques dépendent de deux systèmes neuraux, qui se recouvrent partiellement. Par rapport au plaisir, les données neurobiologiques disponibles suggèrent que le cortex orbitofrontal et le septum seraient les deux régions cérébrales les plus impliquées dans les processus hédoniques. D’autres structures feraient également partie de ce réseau : le cortex cingulaire antérieur, le cortex insulaire, le cortex frontal ventromédian, le striatum dorsal, le striatum ventral, la partie latérale du tegmentum mésencéphalique et le noyau interpédonculaire 45,46. Les cortex associatifs ne semblent pas directement impliquée dans le plaisir 47. Le cortex orbitofrontal serait une des principales régions impliquées dans les plaisirs olfactifs, gustatifs, auditifs et tactiles. Différentes expérimentations montrent que cette région est toujours active durant le traitement des informations hédoniques. Cette région du cerveau humain jouerait un rôle important dans le traitement conscient des informations relatives au plaisir, aux renforcements (ou récompenses), aux évaluations et aux adaptations du comportement 48. Le septum est une structure qui serait impliquée dans le plaisir, et peut être surtout dans le plaisir de nature sexuel, telle la jouissance orgastique. Chez les animaux, la stimulation électrique du septum provoque des réactions comportementales suggérant le vécu d’un plaisir intense. Chez le singe, la stimulation du septum provoque une érection. Chez l’Homme, la stimulation électrique du septum induit des états de plaisir sexuel, et l’injection d’acétylcholine provoque un orgasme 49,50. Ces données suggèrent que le septum est impliqué dans le plaisir de type ‘sexuel’. Les structures impliquées dans les renforcements sont le cortex préfrontal, le septum, le noyau accumbens, l’hypothalamus latéral, l’aire tegmentale ventrale et le noyau du raphé 51. Ces structures sont situées le long du faisceau médian du télencéphale et recouvrent partiellement celles impliquées dans le plaisir. Caractéristiques innées de l’érotisme La sensation consciente et subjective de plaisir érotique semble quant à elle innée. Toutes les personnes interrogées, même très jeunes, décrivent en effet cette sensation particulière et on ne lui connaît aucun phénomène d’apprentissage. Les renforcements liés aux stimuli érotiques semblent également innés. Quel que soit le mammifère considéré, l’observation ou l’expérimentation démontre l’existence des renforcements érotiques 52,53. Quant aux différentes structures neurales 18 à l’origine de ces renforcements érotiques (cortex préfrontal médian, septum … pour le plaisir et aire tegmentale ventrale, nucleus accumbens … pour les renforcements) elles existent chez tous les mammifères et sont également innées. Par ailleurs, le système somatosensoriel, qui est le système sensoriel permettant de percevoir les stimuli érotiques, et le système moteur, qui permet de produire les stimulations corporelles érotiques, sont tous deux, pour l’essentiel, innés. L’organisation neuroanatomique de ces systèmes (récepteurs sensoriels, effecteurs musculaires, voies de projections, aires cérébrales sensorielles, système moteur extrapyramidal …) est également innée pour l’essentiel. Caractéristiques instinctuelles du comportement érotique Il ne semble pas exister un instinct contrôlant un comportement de recherche du plaisir physique. Il semble plutôt exister, de manière innée, un réseau de structures neurales limbiques qui peut, sous réserve de stimulations adéquates, générer des états émotionnels de plaisir ainsi que des processus de renforcement associés à ces états hédoniques. Mais il ne semble pas exister de structures neurales spécifiquement précablées pour contrôler des séquences motrices spécifiquement destinées à produire des stimulations corporelles érotiques. En effet, on ne connaît pas de structures neurales précablées spécifiques à la masturbation, au baiser, à la fellation, au cunnilingus, au coït ou aux caresses érotiques, et qui contrôlent les séquences motrices nécessaires à la réalisation de ces actes. Même pour le coït vaginal, pourtant absolument nécessaire à la fécondation et à la survie de l’espèce, aucune organisation neurale spécifique n’a été mise en évidence. Caractéristiques acquises du comportement érotique Le comportement érotique, c’est-à-dire toutes les séquences motrices et comportementales provoquant du plaisir intense, serait entièrement acquis. Il semblerait que ce soit au hasard de ses expériences et de ses apprentissages personnels qu’un sujet découvre peu à peu – ou ne découvre pas – les différents types de plaisirs qu’il peut ressentir (olfactif, auditif, gustatif, …) et, par rapport aux plaisirs du corps, les différentes pratiques sources de plaisirs érotiques : caresses sensuelles, masturbation, baiser, activités oro-génitales, coït anal ou vaginal… Le comportement érotique serait ainsi graduellement acquis au cours du temps, en fonction des apprentissages, des expériences et des répétitions des activités corporelles érotiques. L’acquisition des activités érotiques dépend des processus somatosensoriels et moteurs, des processus généraux de l’apprentissage et des processus de renforcements. Les connaissances relatives aux activités érotiques sont acquises généralement auprès de personnes plus expérimentées, et le niveau de connaissance est principalement déterminé par les croyances et les valeurs attribuées à ce qui est défini comme ‘sexualité’ dans la société considérée. Conclusion Chez certains primates hominoïdes, dont l’Homme, le plaisir érotique provoqué par la stimulation du corps constitue l’essentiel de ce qui est appelé ‘sexualité’. Le comportement érotique, fait de caresses, d’étreintes, de baisers, d’activités oro-génitales, de coït anal ou vaginal, voire de comportements paraphiles comme le sado-masochisme, est avant tout une activité corporelle. Chez l’Homme – et vraisemblablement chez le chimpanzé pan paniscus (bonobo) – les processus neurobiologiques primordiaux du plaisir érotique et les processus neurobiologiques de renforcements sont innés. Le système moteur et le système somatosensoriel, qui provoquent et perçoivent les stimuli érotiques, sont également, pour l’essentiel, innés. Tous ces processus neurobiologiques innés permettent, en fonction du contexte culturel et au hasard de circonstances favorables – qui heureusement sont relativement fréquentes – l’acquisition potentielle du comportement érotique. Limité à sa plus simple expression, ou exubérant et raffiné, le comportement érotique est entièrement acquis par apprentissages. Remarque pour les cliniciens L’ensemble des données présentées cidessus permet de préciser certaines étiologies possibles des troubles spécifiques du comportement érotique. Par rapport aux aspects innés de l’érotisme, les problèmes concernent les troubles des processus de renforcement et/ou de plaisir : l’excès (érotomanie), le défaut (anhédonie), ou la dépendance (addiction sexuelle). La thérapie sera alors à visée rééducatrice des processus neurobiologiques dysfonctionnels. Par rapport aux aspects acquis de l’érotisme, les principaux problèmes concernent les comportements érotiques inappropriés (agressions, humiliations…) qui vont porter atteinte à l’intégrité physique et/ou psychique du sujet ou des partenaires. La thérapie sera également essentiellement rééducatrice. 4 – L’attachement L’attachement correspond à la formation de liens affectifs entre le sujet et des éléments de son environnement. Chez l’Homme, on observe différents types d’attachement : filial, romantique, fraternel, amical, pour un animal, un habitat, un milieu ou pour un objet. Les études neurobiologiques sur les différents types de l’attachement humain sont récentes. Longtemps, en particulier en neurosciences, l’amour d’une personne pour son partenaire ou l’amour pour son enfant Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 étaient considérés comme des sujets non scientifiques. Actuellement les recherches se focalisent sur l’attachement dit « romantique » et sur l’attachement filial, en raison de leur importance pour la survie de l’espèce. Mais il semble que l’attachement soit un phénomène bien plus général 54, qu’il faudrait étudier dans sa globalité (par exemple chez les primates l’attachement enfant-enfant, peu étudié, est paradoxalement plus fort que l’attachement mère-enfant 55). Attachement & Sexualité Le type d’attachement qui est considéré comme relevant de la sphère ‘sexuelle’ dans la culture occidentale est l’attachement « romantique ». En général, cet attachement se forme entre les partenaires sexuels, mais il n’est ni automatique, ni systématique. L’attachement « romantique » n’est pas indispensable à la réalisation du comportement érotique ou de la reproduction. Il peut exister des activités érotiques entre des partenaires sans qu’il existe entre eux d’attachement « romantique », et, inversement, il peut exister des attachements « romantiques » entre des personnes sans qu’elles aient des activités érotiques. Le noyau commun des différents types d’attachement correspondrait à une mémorisation à la fois de l’objet d’attachement et de ses propriétés renforçantes. La perception d’un stimulus associé à cet objet d’attachement évoquerait cet objet et provoquerait le désir de ressentir à nouveau les propriétés renforçantes de cet objet (de manière similaire au fumeur pour qui l’évocation d’un élément associé à la cigarette provoque le désir de fumer). Les études animales de l’attachement ont montré que les différents types d’attachement ont des bases neurobiologiques en partie communes, les mêmes neuromédiateurs (ocytocine et vasopressine), et de fortes relations avec le système de renforcement 56,57. Chez l’Homme, l’attachement « romantique » met en jeu globalement les mêmes régions cérébrales (l’insula, le cortex cingulaire antérieur, la tête du noyau caudé et du putamen, la partie centrale du cervelet), la plupart des structures riches en récepteurs à l’ocytocine et à la vasopressine (hippocampe, thalamus latéral, hypothalamus), ainsi que certaines structures impliquées dans les renforcements (hypothalamus, aire tegmentale ventrale) 58. À noter que le phénomène d’attachement par empreinte, observé chez les oiseaux, ne serait pas extrapolable à l’Homme car il dépendrait d’une structure neurale (l’hyperstriatum) inexistante chez les mammifères 59. L’attachement « romantique », ou peutêtre la forme d’expression ou les sensations psychiques de cet attachement, dépendraient, au moins en partie, du contexte socioculturel. En effet, on observe que dans les sociétés où l’activité érotique se déroule simplement et quotidiennement, l’attachement romantique est moins marqué et plus ‘apaisé’ que dans les passions et les extases sentimentales de l’amoureux occidental, «qui soupire comme une fournaise» pour un impossible idéal romantique 60. Il semblerait que la mise en jeu des processus de renforcements induise une ‘dépendance à l’objet aimé’ qui conduirait à des états de ‘manque’ lorsque cet objet est inaccessible. Plusieurs auteurs ont souligné la ressemblance entre certains aspects de la passion amoureuse (altération de l’état mental, exaltation de l’humeur, pensées intrusives de l’objet aimé…) et certains troubles psychiques (observés par exemple dans les troubles bipolaires et obsessionnels-compulsifs) 61, suggérant une dynamique particulière à l’origine de certaines formes de l’attachement romantique. Caractéristiques innées de l’attachement Les données qui permettent de conclure à l’innéité de caractéristiques de l’attachement sont partielles. Au niveau éthologique, on observe des comportements d’attachement chez de nombreuses espèces de mammifères. Chez l’Homme, tous les enfants expriment plusieurs types d’attachement dès leur plus jeune âge. Au niveau neurobiologique, bien que l’on ne connaisse pas précisément les processus à l’œuvre, on observe que les différentes structures (insula, putamen, thalamus, hypothalamus …), molécules (ocytocine et vasopressine) et processus (renforcements), qui soustendent directement les processus d’attachement, existent chez tous les êtres humains. L’ensemble de ces données suggère que les processus neurobiologiques qui sous-tendent l’attachement sont innés. Caractéristiques instinctuelles de l’attachement L’attachement est avant tout un état psychique. Au niveau comportemental, l’attachement se manifeste par le maintien d’une proximité physique avec l’objet d’attachement. Mais cet aspect comportemental de l’attachement relève plutôt des processus généraux de la locomotion et n’est pas spécifique à l’attachement. En effet, les recherches neurobiologiques n’ont pas mis en évidence de réflexes moteurs ou de circuits précablés qui déclenchent des séquences motrices permettant de maintenir la proximité physique. Pour toutes ces raisons, il n’existe vraisemblablement pas de caractéristiques instinctuelles de l’attachement en général, et de l’attachement romantique en particulier. Caractéristiques acquises de l’attachement Si les bases neurobiologiques de l’attachement sont innées, il semble que le type de l’attachement soit, en partie, acquis. Ce serait en fonction de vécus spécifiques, induits par des contextes particuliers, que serait acquis tel ou tel type d’attachement (attachement romantique, filial, fraternel, pour des animaux…). Par contre, la forme (paroles, gestes, Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 signes sociaux…) de l’expression de l’attachement serait, pour l’essentiel, acquise. Conclusion La formation des liens affectifs entre un sujet et les éléments de son environnement peut s’exprimer par différents types et formes d’attachement. Les processus neurobiologiques qui sous-tendent l’attachement sont localisés dans le système limbique et sont innés, mais les différentes formes de l’attachement sont, au moins en partie, acquis en fonction des caractéristiques des objets d’attachement, des caractéristiques du contexte induisant l’interaction sujet-objet d’attachement, et des représentations culturelles relatives aux différentes formes d’attachement. L’attachement romantique serait inné, mais la forme de son expression psychique et comportementale serait, en partie, acquise. Remarques pour le clinicien L’ensemble des données présentées cidessus permettrait de préciser certaines étiologies possibles des troubles spécifiques à l’attachement dit « romantique ». Par rapport aux processus innés de l’attachement, les problèmes concernent l’attachement excessif, et, dans le cas d’une rupture de l’attachement, le syndrome de détresse (accompagné éventuellement d’un état dépressif). Par rapport aux aspects acquis de l’attachement, les problèmes sont indirects et concernent les caractéristiques socialement acceptables de l’attachement. Le sujet est en souffrance psychique quand les formes acquises de l’expression de son attachement sont en conflit avec les normes sociales. 5 – Dimension cognitive de la ‘sexualité’ Les processus cognitifs correspondent aux activités de traitement de l’information, qui sont les activités les plus complexes et les plus élaborées du système nerveux. On peut citer comme processus cognitifs, entre autres, la catégorisation, la planification, la mémoire, le raisonnement, la symbolisation ou la formation des représentations. Les processus cognitifs dépendent des structures les plus développées du système nerveux, qui sont les aires néocorticales. Chez tous les primates, et surtout chez l’Homme, le néocortex est très développé et représente environ 76% du système nerveux. Pour ces raisons, les processus cognitifs ont une très grande influence sur les comportements. Cognition & Sexualité Les processus de traitement de l’information influencent la ‘sexualité’ à plusieurs niveaux. Dans un premier temps, c’est l’activité cognitive qui permet déjà aux humains d’imaginer le concept de ‘sexualité’, c’est-à- 19 dire la dénomination d’un regroupement subjectif de comportements, d’états psychiques et d’éléments divers dans un ensemble abstrait et unique qui est pensé en tant qu’entité spécifique, ayant, par essence, des propriétés communes qui le distinguent radicalement des autres entités que sont par exemple l’ ‘alimentation’, la ‘violence’ ou la ‘spiritualité’. Les processus cognitifs permettent ainsi la création d’entités abstraites et symboliques, supplémentaires mais non indispensables aux activités ‘sexuelles’ concrètes. En effet, chez la plupart des animaux sexués simples, les activités ‘sexuelles’ sont exécutées sans aucune conscience de leur nature. Dans un second temps, les processus cognitifs influencent la ‘sexualisation’ de l’univers subjectif du sujet par l’attribution a certains objets – et non à d’autres – de ce qui a été conceptualisé comme ‘sexualité’, et ceci à partir de critères rarement objectifs (par exemple, suivant les sociétés, la caresse des seins ou le baiser buccal peuvent être, ou non, considérés comme ‘sexuel’). Ces objets, devenus ‘sexuels’, s’opposent à ceux qui ne le sont pas. Le ‘sexuel’ et le ‘non sexuel’ sont subjectivement perçus comme étant radicalement distinct, et le ‘sexuel’ possède des propriétés spécifiques et particulières que ne possède pas le ‘non sexuel’. Cette assignation de comportements dans une entité particulière change considérablement le sens et la portée des actes. Et on observe que ce qui est considéré comme ‘sexuel’ organise et détermine des actions et des jugements, voire une certaine partie de l’existence de chaque individu. Enfin, dans un troisième temps, les processus cognitifs ‘complexifient’ la ‘sexualité’ par l’association et la combinaison au ‘sexuel’ de tout un ensemble d’autres éléments abstraits : catégories, jugement de valeurs, éthique, morale, devoir, interdits, lois, … Par exemple, les processus cognitifs sont à l’origine de la formation des catégories, entre autres, d’ ‘homme’ et de ‘femme’, d’ ‘hétérosexualité’ et d’ ‘homosexualité’, d’activité ‘orale’, ‘anale’ ou ‘vaginale’, de ‘beau’ ou de ‘laid’, de ‘bien’ et de ‘mal’… Puis, par la combinaison de ces catégories, l’ ‘homosexualité’ peut être associée par exemple à l’ ‘anormal’, l’ ‘hétérosexualité’ au ‘bien’ et le baiser au ‘beau’ … Mais bien d’autres catégories et combinaisons peuvent exister. Par ailleurs, il convient de noter que les phénomènes cognitifs relatifs à la ‘sexualité’ ne sont pas indispensables à l’activité des processus de la reproduction, des processus érotiques ou des processus d’attachement, mais ils peuvent les influencer de multiple façon. Par exemple, bien que les valeurs et les représentations cognitives liées à la notion de ‘sexualité’ sont des constructions culturelles et subjectives qui peuvent être complètement indépendantes et distinctes de la réalité biologique, voire être complètement erronées, elles ont une influence majeure en particulier sur le comportement érotique et elles peuvent lui donner, en bien ou en mal, une importance sociale et psychologique qui dépasse de très loin la simple sensation de plaisir intense qu’il procure. 20 Caractéristiques innées des phénomènes cognitifs relatifs à la ‘sexualité’ Sans entrer dans les détails, qui nécessiteraient un plus long développement, la plupart des processus cognitifs qui rendent possible l’élaboration des éléments abstraits de la ‘sexualité’ sont de l’ordre de l’inné. Ils résultent de l’organisation du système nerveux et de l’architecture du néocortex. La macro-structure du cerveau mammalien (thalamus, hippocampe, amygdale, lobes cérébraux, faisceaux d’interconnexions …), la structure du néocortex en six couches de neurones, les mécanismes du précablage cérébral (molécule de guidage, gradient moléculaire … ), les mécanismes de la plasticité cérébrale (modulation des récepteurs cellulaires, potentialisation à long terme, réorganisation synaptique …), tous ces éléments, qui sous-tendent directement les processus cognitifs, sont innés. De cette macro-structure particulière et innée découle la capacité, donc également innée, à élaborer des catégories, croyances ou des valeurs qui recouvrent quasiment tous les domaines de la société (spiritualité, religion, morale, alimentation, mœurs …). On l’observe dans toutes les sociétés humaines et chez tous les individus. Caractéristiques instinctuelles des phénomènes cognitifs relatifs à la ‘sexualité’ Au niveau comportemental, l’effet des activités cognitives se manifeste par la modulation ou la création de comportements diversifiés. Les observations éthologiques n’ont pas mis en évidence de séquences comportementales stéréotypées spécifiques à des activités cognitives. Au niveau neurobiologique, les processus cognitifs agissent sur les comportements par l’intermédiaire du système moteur pyramidal (aire motrice supplémentaire, cortex moteur…). On ne connaît pas actuellement dans ces structures de précablages ou de programmations spécifiques déclenchant des séquences motrices stéréotypées propres à une activité cognitive. Par ailleurs, ces structures néocorticales sont connues pour être le siège de phénomènes de plasticité, de stabilisation sélective et de réorganisation, difficilement compatibles avec l’existence de précablages ou de programmations spécifiques. Pour toutes ces raisons, il n’existe vraisemblablement pas de caractéristiques instinctuelles des processus cognitifs relatifs à la sexualité. Caractéristiques acquises des phénomènes cognitifs relatifs à la ‘sexualité’ Tous les éléments cognitifs abstraits relatifs à la ‘sexualité’ sont acquis : le concept initial de ‘sexualité’ est acquis, puis la totalité des catégorisations, des valeurs, des croyances ou des représentations relatives à ce qui est défini comme ‘sexualité’ est également acquis. Tous ces éléments ‘sexuels’ abs- traits sont principalement appris durant l’enfance au cours des interactions sociales. À noter néanmoins ces acquisitions ne se réalisent pas de n’importe quelle manière, mais en fonction des caractéristiques fonctionnelles et des limitations propres au système nerveux. Par exemple, s’il existe des distinctions culturelles entre le ‘mâle’ et la ‘femelle’, entre l’ ‘homosexualité’, l’ ‘hétérosexualité’ et la ‘bisexualité’, entre ce qui est sexuellement ‘bien’ ou ‘mal’, c’est parce que la catégorisation est une caractéristique fonctionnelle intrinsèque, obligatoire et automatique du cerveau. Dans l’hypothèse spéculative où le processus de catégorisation n’existerait pas, il est certain que la sexualité humaine (tant au niveau des représentations que des comportements) serait très différente. Conclusion Les processus cognitifs sont à l’origine, entre autres, de phénomènes de catégorisation, d’abstraction et de symbolisation, qui permettent l’élaboration potentielle, au niveau subjectif, de nombreux concepts (‘liberté’, ‘violence’, ‘sexualité’, ‘reproduction’, ‘érotisme’, ‘amour’, ‘normalité’, ‘bien’, ‘mal’, ‘beau’, etc.). Tous ces éléments cognitifs abstraits créent les conditions d’un « bain culturel » dans lequel sont appris les comportements, les attitudes, les codes et les valeurs d’une société en matière de ce qui y est éventuellement conceptualisé et distingué en tant que ‘sexualité’. L’importance quantitative et qualitative de ces apprentissages confirme le caractère fondamentalement culturel de la sexualité. Quasiment l’ensemble des processus cognitifs sont innés, mais leur contenu abstrait et symbolique est totalement acquis, ou plutôt, peut être acquis en fonction du contexte culturel. En effet, le contenu abstrait des phénomènes cognitifs relatifs à la ‘sexualité’ est très dépendant du développement conceptuel de la société où vit le sujet, et peut être nul, simple ou très élaboré. Dans les sociétés occidentales, les phénomènes cognitifs relatifs à la Œsexualité‚ ont ainsi une influence majeure sur tous les aspects psychiques et comportementaux du comportement érotique et de l'attachement romantique. Remarques pour le clinicien L’ensemble des données présentées cidessus permet de préciser certaines étiologies possibles des troubles ‘sexuels’ relatifs aux processus cognitifs. Par rapport aux aspects innés des processus cognitifs, les problèmes concernent les atteintes structurelles et/ou les dysfonctions de ces processus. La neurologie ou la neuropsychologie nous en donnent plusieurs exemples cliniques, comme le syndrome de Klüver et Bucy, où la personne atteinte manifeste, entre autres, une hypersexualité envers tous les objets de son environnement. Par rapport aux aspects acquis des cognitions ‘sexuelles’, les problèmes concernent Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 essentiellement les élaborations cognitives les plus complexes : représentations, valeurs et croyances. Ces problèmes d’origine cognitive constituent l’essentiel, en quantité et en importance, de toutes les problématiques ‘sexuelles’ mises en évidence par la psychologie clinique ou la psychanalyse. Le croisement des données ethnologiques et cliniques montre l’existence d’une multitude de représentations et de croyances liées à la sexualité, souvent erronées et dysfonctionnelles, qui engendrent des états d’ignorance, de honte, de culpabilité ou des attitudes et des comportements dommageables (absence d’éducation sexuelle, morale antisexuelle, homophobie…). Ces représentations et croyances ‘sexuelles’ peuvent également, indirectement – par la création d’une dynamique psychosociale particulière dans le groupe social où vit le sujet – engendrer des problèmes comportementaux et constituant des pathologies émotionnelles (vaginisme, dégoût des parties génitales, dysfonction érectile psychogène, phobie du toucher…). Un bon exemple de tous ces problèmes, ce sont les croyances relatives à la masturbation, qui ont induit durant plus de deux siècles des pratiques éducatives et médicales tant psychologiquement que physiquement aberrantes et mutilantes. Conclusion générale Cette rapide synthèse de la littérature en matière de neurobiologie de la sexualité, et pour répondre à notre interrogation sur le caractère acquis et/ou instinctuel de la sexualité, nous montre clairement un substrat perceptif et émotionnel inné mais aucune programmation comportementale instinctuelle qui permette à la sexualité de se réaliser en l’absence d’un milieu spécifique. Les réflexes, les processus émotionnels, hédoniques et cognitifs sont, pour l’essentiel, innés, mais les motivations et les comportements dits ‘sexuels’ sont, fondamentalement, acquis. Comme pour le langage, et sur son schéma fonctionnaliste, l’inné crée les conditions nécessaires à la constitution d’une compétence, mais la réalisation effective, performance, n’est rendue possible que par l’acquisition de comportements spécifiques au sein d’un « bain culturel » offrant des modèles correspondant à une culture donnée. Subjugué par le plaisir et les effets de la passion, l’être humain a élaboré tout un ensemble de représentations, de valeurs et de croyances particulières, la ‘sexualité’, qui façonnent son esprit et son univers, bien audelà de la simple étreinte des corps. La ‘sexualité’, construction cognitive née de l’imaginaire humain, est devenue l’une des grandes dimensions culturelles de l’humanité. Références 1 REY A. : Dictionnaire historique de la langue Française, 1838 2 FORD C. 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En quelques jours, l’information a été reprise dans notre pays et quelques mois après, il se trouvait dans les pharmacies. Comment la population accueillera-t-elle cette découverte alors que la conceptualisation des troubles sexuels, les rapports à l’intérieur du couple, l’organisation de la famille traditionnelle n’ont pas beaucoup évolué depuis très longtemps. On assiste même à un retour massif de l’organisation traditionnelle de la famille et des pratiques magico-religieuses. Aucune région du pays n’échappe totalement à la ségrégation sexuelle et dans la plupart des villages, on assiste à un contrôle efficace des rapports sociaux qui doivent être conformes aux lois religieuses, déterminées par les leaders d’opinion représentés par les Imams. Il y a trois ans, un vendredi à la sortie de la Mosquée, un groupe d’homme armé de bâtons, de barres de fer, de gourdins s’est dirigé vers un bidonville à Hassi Messaoud, ville pétrolière du sud du pays, pour agresser gravement des femmes de ménages qui étaient venues de toutes les régions du pays pour travailler auprès des compagnies étrangères, pétrolières pour la plupart. Ces femmes ont subi de graves traumatismes tant physiques que psychologiques. Comment expliquer cette agression ? Il y a quelques jours, j’ai reçu un jeune couple marié depuis 4 mois. Pendant la nuit de noce, le jeune marié a perdu ses moyens et c’est sa femme qui lui propose de faire la prière avant de consommer le mariage. Tout c’est bien passé après la prière, dit l’épouse. Pourquoi la prière avant l’acte sexuel ? J’ai reçu un jour à ma consultation un veuf de 56 ans, remarié depuis deux ans ; il n’a jamais pu consommer son mariage et les Talebs consultés confirment tous que c’est l’épouse décédée qui a, par des procédés magiques, rendu impossible tout acte sexuel de son mari avec une autre femme. Pourquoi cette explication ? Ces comportements resteraient incompréhensibles si nous ne possédons pas les signifiants culturels qui permettent leur décodage. C’est ainsi que notre culture véhicule depuis des siècles des croyances Magico-religieuses partagées par la grande majorité de la population. Ces croyances donnent lieu à des prises en charge traditionnelles qui semblent paradoxalement se développer parallèlement aux prises en charges médicales. Nous allons tenter d’aborder notre patrimoine culturel concernant la représentation 22 de la femme et de la sexualité. Que pourrait réveiller dans le conscient et l’inconscient des hommes auxquels on attribue la responsabilité du scénario sexuel, le corps féminin en tant qu’objet d’amour? Trois ouvrages maghrébins nous ont aidé à répondre à cette question. 1. Le premier a été écrit par Fatima Mernissi, Sociologue Marocaine “Sexe, Idéologie et Islam”, Ed. Tierce 1983. 2. Le second de A.Bouhdiba “sexualité en Islam”, 3ème Ed. PUF 98. 3. Le troisième de Fatna Ait Sebbah “la Femme dans l’inconscient Musulman” Ed. Sycomore, Paris, 1982. Notre exposé n’a pas pour but de formuler des critiques sur le comportement sexuel dans les pays musulmans, ni d’exprimer un jugement de valeur, mais de rechercher l’origine de ces comportements et de la conceptualisation traditionnelle des troubles sexuels pour permettre une meilleure prise en charge de nos patients. Dans notre culture le champs sexuel et un espace de lutte acharnée économique et idéologique : La famille traditionnelle refuse à la femme sa dimension économique ; nous remarquons par exemple que l’hôpital a du mal à recruter des infirmières. Certaines travaillent en attendant de se marier, d’autres sont contraintes par le fiancé ou le mari à arrêter de travailler, d’autres enfin quittent le travail dès qu’une exigence professionnelle vient les contraindre (travail de nuit, trajet pénible …. etc) Notre culture ne considère pas la dimension économique de la femme comme une valeur à défendre. La femme est perçue et souvent définie comme un objet sexuel. Son corps a été traditionnellement l’objet d’un énorme investissement érotique qui va estomper la dimension économique. Par ailleurs, l’importance donnée à cette dimension érotique va avoir comme conséquence, l’érotisation du corps masculin en général et l’érotisation des rapports entre sexes, et donc une exagération des préoccupations d’ordre sexuel d’une part, et la sexualisation de problèmes qui relèvent d’autres domaines. (Le métier d’enseignante est plus facilement accepté par les familles parce qu’il s’agit de s’occuper de la scolarisation d’enfants). Rester seule avec un homme est une grave transgression pour une femme même dans le cadre professionnel. At-Tarmidi écrit “Un homme et une femme ne peuvent s’isoler ensemble sans que le diable ne se joigne à eux comme partenaire, formant un trio” Les femmes sont nourries et logées par les hommes de la famille, d’où la nécessité pour l’homme de trouver un travail. Le chômage, la faillite économique, le caractère aléatoire d’un emploi peuvent être vécus comme des problèmes d’ordre sexuels. La virilité dans notre société patriarcale Hôpital Cheraga, Alger peut être définie en terme de puissance économique. Celle ci peut nous permettre d’épouser plusieurs femmes et de les entretenir. La défaite économique serait vécue par les hommes comme une castration, une perturbation de sa virilité, ou encore une impuissance. De même l’envahissement des espaces économiques, publics comme l’espace du travail, par les femmes, qui est une donnée économique du développement, est souvent vécu comme une agression sexuelle. La punition collective infligée aux femmes à Hassi-Messaoud il y a trois années, trouve son explication dans le fait que les agresseurs soient fermement convaincus que les femmes ne viennent pas travailler dans les sociétés pétrolières pour des raisons économiques mais pour d’autres raisons. C’est leur appétit sexuel qui est en cause et c’est donc de la prostitution illégale qu’il s’agit de réprimer. La femme “Crevasse” : Le sexe féminin est appelé en arabe “El ferdj”. Le mot veut également signifier “la crevasse”. Cette crevasse, profonde, vécue comme exigeante et insatiable, fait assimiler la femme à un être omnisexuel et difficile à satisfaire. C’est pour cela qu’elle peut être à l’origine de subversions et de déstabilisations d’ordre familial et social (Fitna). Cette représentation du sexe féminin va conduire à l’idée plus ou moins consciente que le pénis de l’homme ne peut être celui que la “femme crevasse” désire, d’où la peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas avoir un pénis suffisamment grand pour la satisfaire, et la honte d’être rejeté pour pénis défectueux, insuffisant, incapable de rendre possible l’orgasme féminin. D’ailleurs dans la réalité sociale, l’impuissant peut rejoindre le rang des malfrats en étant traîné devant les tribunaux pour nonconformité aux exigences de la virilité. L’Islam compte parmi les pourfendeurs de l’impuissant et les jeunes épouses trouvent là l’une des rares occasions acceptées par les juges de demander le divorce. Jamais une femme n’est mise en cause pour absence de désir ou frigidité. L’espace sexuel : Notre culture identifie le champ domestique comme l’espace de la sexualité. Celle-ci est retirée des autres espaces, elle est confinée, localisée, investie dans le champ domestique. Seule la sexualité domestique est acceptable et licite. Le corps féminin identifié comme une nudité doit être neutralisé par la structuration traditionnelle de l’espace, réclusion de la femme et voile lorsqu’elle doit traverser l’espace extérieur considéré comme masculin. La transmission de l’information sur la sexualité ne se fait pas dans le milieu familial. Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 Il est souvent le champ privilégié des hommes de religion (Imams et théologiens de l’Islam). C’est ainsi que les exégèses de l’Islam AtTarmidi, Nefzaoui, El-Ghazali, et El-Boukhari sont lus et commentés par la plupart des adolescents à la recherche d’information sur la sexualité licite et recommandée. Selon El-Boukhari, l’homme doit au moment de l’orgasme prononcer le nom de Dieu pour éloigner le Diable à un moment de fragilité et de perte de contrôle. El-Ghazali propose même l’invocation de dieu avant les préliminaires de l’acte sexuel. L’accompagnement par des prières est également recommandé. On comprend pourquoi certains couples lors de difficultés sexuelles la nuit de noce, ont recours à des prières avant d’accomplir leur devoir d’époux. L’attachement à une partenaire sexuelle n’est pourtant pas recommandé. La polygamie comme la répudiation, sont des mécanismes de dispersion du développement affectif de l’homme envers l’épouse. Les deux comportements constituent une négation du couple comme unité de base de la famille musulmane. Ils permettent d’éparpiller les capacités affectives et émotionnelles. La polygamie est encore autorisée dans notres pays et le divorce reste essentiellement la décision de l’homme. Malgré un développement économique réel et l’avidité avec laquelle des femmes pénètrent le système éducatif, la famille est toujours aussi puissante et les rôles traditionnels immuables. Les différences dans le processus de socialisation du désir sexuel chez l’homme et chez la femme sont toujours de rigueur. Les hommes apprennent à donner des ordres et s’attendent à une pleine satisfaction de leurs besoins sexuels. Les femmes au contraire apprennent très tôt à restreindre leur désir et particulièrement leurs désirs sexuels. La sexualité est présentée pour le garçon comme un culte du pénis. On trouve aisément dans nos librairies des traités et des manuels de Médecine de l’âge d’OR, fourmillant de recettes pour diminuer l’appétit sexuel des femmes et de celles qui permettent d’agrandir, d’allonger ou d’élargir la taille du pénis. Les conceptions Magiques : Toute sexopathie arrive tôt ou tard chez le “thérapeute traditionnel”. Certains talebs et certaines voyantes ont même acquis, grâce à leur savoir faire, une bonne connaissance de la psychologie des impuissants et de la dynamique des couples. Leur réputation dépasse alors leur région, voir leur pays. L’action de ces “talebs” ou “chouafats” est d’un grand intérêt, car de tous leurs patients, seuls leurs échecs thérapeutiques nous parviennent. C’est la notion de R’bit qui va permettre de conceptualiser les troubles et de proposer une prise en charge. “R’bit” vient du verbe “ attacher”. Le mot peut signifier “faire un nœud, entraver, empêcher, retenir”. Le procédé qui permet d’y arriver, consiste à jeter un sort à un homme, qui devient alors impuissant, totalement, partiellement ou sélectivement avec certaines femmes et peut concerner les relations conjugales ou extra conjugales. Comment ? En lui faisant boire à son insu une substance magique (Shour) ou le produit d’une dissolution d’un écrit (Ketba) ou simplement par incantation, à distance, en utilisant un objet lui ayant appartenu (tricot, slip ou ongles, cheveux). C’est toujours une femme qui est à l’origine de cette humiliante atteinte à la dignité et à la fierté de l’homme. Femme abandonnée, séduite, divorcée, épouse décédée etc… C’est toujours, « la persécution d’une femme » que le « thérapeute » doit identifier et neutraliser. C’est au R’bit que va s’adresser la mère obsédée par le risque de perte de virginité de sa fille. C’est en effet par la fille que le scandale et la honte peuvent s’introduire dans la famille. La mère fait donc appel à une vieille femme initiée pour “fermer” l’adolescente. Rituel organisé en fermant un cadenas et en prononçant des phrases, rituel suggérant l’installation d’un vaginisme. Le vaginisme peut donc protéger l’adolescente de l’assaut des hommes, mais il doit être levé avant le mariage autorisant ainsi la femme fille à consommer son mariage. S’il persiste, il faut alors avoir recours à un nouveau rituel pour autoriser l’acte sexuel. Dans tout mariage traditionnel, la preuve de la virginité doit être exhibée la nuit de noce. Toute difficulté de pénétration lors de la nuit de noce est attribuée au R’bit. Le seul trouble sexuel identifié chez la femme est celui qui ne permet pas à l’homme de prouver sa virilité. La cause la plus courante des dysfonctions sexuelles reste le caractère de performance que la société attache à la virilité de l’homme sur lequel repose l’entière responsabilité de la réussite de l’acte sexuel. L’échec, même occasionnel, peut conduire au doute, et à la honte, et entretenir sa permanence (causalité circulaire). Le thérapeute traditionnel écoute, mobilise la famille, retrouve le persécuteur, déculpabilise le patient, le décharge de toute responsabilité dans l’apparition des troubles, comme dans sa disparition. Il ne demande pas d’examen complémentaire, n’examine pas, ne demande pas de biographie ni d’antécédents, ne pose aucune question embarrassante. Il sait, il guérit. On comprend mieux pourquoi toutes populations confondues, riches, pauvres, universitaires, illettrés, puissants ou démunis, tous se retrouvent dans les salles d’attente de ces magiciens. Quels sont les éléments structurels qui donnent à ces conceptions magiques leur crédibilité ?. Elles sont ancrées dans l’inconscient collectif et prouvent que nous ne sommes pas exclusivement régis par des critères logiques et rationnels mais également par des réactions émotionelles témoins de notre pensée magique. Celle ci est structurée avec des coordonnées de causalité, de spatialité et de tempo- Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 ralité tout à fait susceptibles de rendre compte de la cohérence interne de ce système. Dans ce système, l’idée de causalité renvoie à l’intervention de puissances extérieures à l’individu, qui manifestent leur intention malveillante par le trouble, évitant ainsi toute remise en cause personnelle, génératrice de culpabilité. Cette causalité s’ouvre sur un véritable statut de l’individualité, aux prises avec des forces de l’univers, statut mythique de héros qui autorise la revalorisation narcissique de l’individu par le conflit qu’il suppose avec des puissances douées de pouvoirs magiques. Les coordonnées temporelles placent le conflit dans son actualité immédiate, excluant toute référence à une causalité lointaine et interne à l’individu. La donnée temporelle, en confrontant l’individu à des forces toujours présentes, agissantes et potentiellement menaçantes, permet de saisir la séquence fondamentale du drame existentiel de chaque être humain. Enfin dans une perspective complémentaire, le décryptage symptômal fera appel à l’idée de spatialité. Ainsi le générateur du trouble est il décelable dans l’immédiate proximité naturelle et surnaturelle. L’aspect persécutif permet de situer le patient dans un contexte culturellement déterminé, qui lui redonne le sentiment fondamental de son identité et de son appartenance au groupe social et familial à travers l’évocation magique des forces du bien ; mieux, l’affect persécutif le désigne comme héritier de l’incessant combat que sa lignée mène contre des forces d’une puissance illimitée. Ainsi, au terme de son contact avec les forces magiques et avec le thérapeute, le patient se trouve-t-il situé aux divers plans: personnel, biologique et culturel. Le surnaturel est générateur de souffrance, il est aussi et surtout générateur de sa grandeur et de sa positivité. Il a même un statut de sur-Réalité. En Conclusion : Depuis le succès du Losange bleu, tous les Laboratoires se sont lancés à la recherche de la pilule miracle. C’est dire que la perspective du développement d’une très forte demande est perçue partout. Il est donc certain que l’utilisation de ces pilules de la jouissance se banalisera. Dans notre pays compte tenu de la valorisation excessive de la sexualité masculine et de la ségrégation sexuelle, ces pilules risquent d’être investies comme nécessaires à la performance sexuelle. Leur prescription et leur utilisation ne rendra pas plus égalitaire la relation entre partenaires. Si l’acte sexuel ne peut pas se réduire à maintenir une colonne sanguine dans le pénis, sans être le prélude et le témoignage d’une relation affective, la prescription de ces produits ne devrait pas se passer d’une connaissance de la dynamique du couple. Seule l’approche psychologique et l’évolution des relations intra-familiales et conjugales pourront permettre dans la plupart des cas, de se passer rapidement du produit et d’envisager une amélioration durable de la dynamique sexuelle du couple. Mais cela c’est une autre histoire ! 23 Tribune DE LA SEXOLOGIE A LA MEDECINE SEXUELLE : L’INTEGRATION DES SAVOIRS Dr Jean-Roger Dintrans (Paris) « Une science qui ne s’interroge pas sur son autonomie et les conditions de son émergence en tant que science, une science qui ne se pense pas, est une science qui ne pense plus : plus elle avance, plus elle rétrécit » Rachline F. (1) usqu’aux années 80, la prise en charge des patients souffrant de difficultés sexuelles et/ou de couples se faisait quasi-uniquement dans le cadre d’une approche psychothérapeutique, elle-même essentiellement psychodynamique . En effet, la sexologie était au départ: • construite au sein d’une pensée ‘’rationaliste ‘’, c’est à dire une pensée qui conduit à la connaissance, ou du moins à de nouveaux contenus, par de pures inductions logiques, faites sans recours à l’expérimentation reproductible : cette pensée s’exprimait dans les études de cas cliniques dits uniques (clinique dite idiographique) et les études des systèmes symboliques (approches herméneutiques); • essentiellement constituée autour de l’étude des dynamiques intrapsychiques et intersubjectives des sentiments et des représentations ; • affectée d’un très grave déficit de volonté de contrôle scientifique, les théories n’étant que confrontées les unes aux autres ; • toutefois moins dogmatique que bien d’autres cadres de pensée théorique à la même époque. Avec les années 90, les développements de la recherche fondamentale ont abouti à la mise aux points des médicaments sexoactifs et ont conduit les médecins à être en première ligne. S’est alors exprimée la nécessité de l’élaboration d’un corpus théorique global rendant compte des différents aspects de la prise en charge des problèmes sexuels par les médecins. Le savoir sexologique ’’rationaliste’’ accumulé antérieurement s’est donc trouvé convoqué au sein du corpus théorique médical mais , n’étant pas construit selon la méthodologie expérimentale, il s’est vu marginalisé par le savoir purement expérimental/scientifique qui a fait peser à son encontre un soupçon d’obsolescence voire de caducité. Et désormais, la sexologie: • est essentiellement envisagée comme constituée autour de l’étude de l’anatomo-physio-bio-éthologie des comportements sexuels ; • est progressivement assignée à une ’’position naturaliste’’ , c’est à dire destinée exclusivement à des commentaires des connaissances scientifiques sur le sexuel. Pour résumer, on peut dire que la sexologie est passée dans les années 90 - d’un savoir • d’essence’’rationaliste’’ et • d’ordres ’’phénoménologique’’ (car constitué au sein de la pratique clinique) et ’’métasexuel’’ (car constitué au sein ’’d’herméneutiques’’/études de systèmes symboliques, ) ; - au savoir ’’naturaliste/naturalisé’’ de ’’l’evidence based sexology’’,. J 24 C’est à cette croisée des chemins que se constitue la Médecine Sexuelle. L’émergence de la Médecine Sexuelle est ainsi consubstantielle d’un travail d’intégration des savoirs - constituant un de ses principaux objets statutaires - qui a charge de relever le défi de cette rencontre et répond de trois contraintes: - ne retenir que les savoirs dont le champ de validité est clairement défini et les constructions validées, - ne pas entraîner de ’’perte de pouvoir explicatif’’, c’est à dire ne pas laisser perdre des savoirs valides, - ne pas laisser les savoirs dans l’état de juxtaposition éclectique - porteur de risques de confusions entraînant apories sur le plan théorique et échecs sur le plan clinique - qu’a produit dans un temps premier, avec un pragmatisme nécessaire et louable mais insuffisant, le patchwork des initiatives cliniques. Cette intégration des savoirs propre à la Médecine sexuelle impose - la redéfinition des champs de validité sous-jacents à chacun des savoirs sexologiques, - leur articulation, - l’élaboration d’algorithmes décisionnels - à la fois expression, substance et outils de cette intégration - là où les pratiques premières ne peuvent offrir que juxtapositions, antagonismes ou amalgames. Ce travail d’intégration des savoirs permettra que les parties constitutives de notre discipline redeviennent indivises mais clarifiées au sein d’un savoir et un savoir-faire médicaux réunissant connaissance et narration, savoir et humanisme, théorie et télos, science et conscience: la Médecine Sexuelle. Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 MEDECINE SEXUELLE : FACTEUR DE PROMOTION DE LA SANTE MASCULINE ? Par Adly Ladjimi elon les rapports émanant des organismes internationaux , les femmes vivent en moyenne 6 à 8 ans de plus que l’homme ; cette disparité concerne toutes les régions du monde , même les pays les plus avancés ( Europe , Amérique du Nord ).Cette inégalité dans le vieillissement entre l’homme et la femme a même été à l’origine de la fondation de l’International Society for the Study of the Aging Male (ISSAM) qui a tenu son premier congrès à Genève en 1998. S L’écart de longévité en faveur des femmes pourrait être lié l’augmentation de la fréquentation médicale liée à la surveillance gynécologique. Force est de constater que les événements liés à la vie génitale jouent un rôle crucial dans le fait que les femmes ont plus recours au système de santé : la contraception, les troubles du cycle et/ou de la fertilité, la grossesse, les avortements, la ménopause représentent autant de motifs de consultation justifiant un bilan de santé ; nombre de pathologies gynécologiques certes, mais aussi cardio-vasculaires et métaboliques, peuvent ainsi bénéficier d’un dépistage et d’un traitement précoces ( 3 ) De nombreux problèmes de santé masculins et notamment les « serial killers » que sont les maladies cardio-vasculaires et les cancers du poumon ou de la prostate seraient également accessibles à un dépistage précoce …si l’homme y était davantage sensibilisé. Pour que l’homme fréquente davantage le système de santé, il faut qu’il y soit motivé ; or l’introduction récente de nouveaux traitements de la dysfonction érectile (DE), efficaces per os, a contribué à faire exploser le nombre des consultants. Le symptôme sexuel pourrait représenter une opportunité précieuse d’effectuer un bilan de santé chez l’homme ! ( 1,2 ).Plusieurs arguments plaident en faveur d’un tel bilan de santé systématique : - Il est actuellement démontré que la DE est une pathologie vasculaire, qui reconnaît les mêmes facteurs de risques que les coronaropathies, cad. le diabète , les dyslipidémies, l’hypertension artérielle, l’obésité abdomino-viscérale, le tabagisme…( 4,5,6,7) - Pour nombre d’auteurs le dépistage - et la correction - de ces facteurs de risque cardiovasculaire doit être une étape clé dans l’investigation de la DE; celle-ci doit même être considérée comme un marqueur d’une maladie cardio-vasculaire occulte ! « Consulter pour le sexe peut contribuer à sauver le cœur » tel pourrait être le message des médias (1,2 ) Ainsi, depuis 1998 ,date de lancement du Viagra , et parallèlement à l’augmentation du nombre de consultants, on a observé que la consultation s’était élargie à plusieurs disciplines médicales : généralistes , cardiologues , endocrinologues … - Son incidence augmentant avec l’age, la DE est fréquemment associée à des troubles du tractus urinaire ,invitant à l’examen systématique de la prostate trop souvent négligé( 8). La Médecine Sexuelle sera-t-elle pour l’homme ce que la Médecine de la Reproduction a été pour la femme, cad. un facteur de promotion de la santé ? C’est le défi qui devra mobiliser tous les acteurs de la santé masculine au cours des prochaines années ! Endocrinologue & Andrologue Président de la Société Tunisienne d’Andrologie Références Ladjimi A. La Dysfonction Erectile : une ( précieuse) opportunité de bilan de santé chez l’homme. Rev Maghr Endocrinol Diab Reprod 1999 , 5 :112 Ladjimi A. Will sexual health contribute to promote good health status for men ? Presented at : 1st Congress of the Pan Arab Society of Impotence Research and Sexual Health ( PASIR-SH ) Cair , Egypt, October 2000 Lunenfeld B. Editorial : Aging Male. In : The Aging Male. 1998, 1: 1-7 Solomon H , Man JW,Jackson G. Erectile dysfunction and the cardiovascular patient : endothelial dysfunction is the common denominator.Heart, 2003, 89: 251-253 Roumeguere T, Wespes E.,Carpentier Y, Hoffman P, Schulman CC. Erectile dysfunction is associated with a high prevalence of hyperlipidemia and coronary heart disease risk. Eur Urol, 2003, 44: 355-359 Speel TG, van Langen H,Meuleman E.J. The risk of coronary heart disease in men with erectile dysfunction. Eur Urol, 2003, 44: 366-370 Natali A, Mondaini N, Lombardi G, Del Popolo G, Rizzo M. Heavy smoking is an important factor for erectile dysfunction in young men. Int J Impot Res, 2004, 17: 227-230 Vallancien G, Emberton M, Harving N, van Moorselaar RJ. Sexual dysfunction in 1274 European men suffering from lower genital symptoms. J Urol., 2003, 169: 2265-2270 16 et 17 Juin 2006, Paris : Assises de Médecine Sexuelle Les Assises de Médecine Sexuelle, prévues les 16 et 17 Juin 2006, répondent à un besoin naturel de l’évolution de notre monde. Un homme sur trois, une femme sur deux, souffrent de difficultés sexuelles. Il existe cependant un clivage encore trop important entre l’attente des patients et les possibilités thérapeutiques innovantes qui pourraient être mises à leur disposition. Tous les médecins sont concernés par la pathologie sexuelle, mais tous n’ont pas pour autant intégré dans leur pratique courante le dépistage et la prise en charge de ce type de difficultés. La pathologie sexuelle pose donc aujourd’hui en France et dans le monde un véritable problème de santé publique, à la fois par sa fréquence, son intrication avec de nombreuses pathologies générales, sa signification possible de sentinelle de pathologies significatives comme maladie vasculaire ou dépression, son impact sur la qualité de vie de l’individu et de son couple, l’attente des patients qui en souffrent, et par l’insuffisance de sa prise en charge. Les Assises de Médecine Sexuelle se veulent un temps fort, destiné à marquer l’importance du Symptôme sexuel et à faciliter sa prise en compte par un plus grand nombre de praticiens. Nous les invitons à participer les 16 et 17 Juin 2005 à un vaste carrefour de réflexion et d’échange sur ce thème, avec des Associations de patients et des Sociétés savantes de praticiens spécialisés dans la prise en charge des difficultés sexuelles. Les assises alterneront communications scientifiques et forums de discussions interactifs, et s’intégreront dans un vaste projet éducationnel, novateur et mobilisateur, destiné à former les praticiens et à les aider à fonctionner en réseau pour une meilleure prise en charge de la pathologie sexuelle. Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 25 Pages Pratiques QUEL BILAN AUJOURD’HUI DEVANT UNE DYSFONCTION ERECTILE ? a difficulté de reconnaître la cause précise d’une dysfonction érectile (DE) et l’efficacité remarquable des traitements pharmacologiques actuels ont légitimement soulevé la question de l’intérêt de rechercher son étiologie. La réponse est clairement oui (3,4,5). La survenue d’une DE impose un premier bilan à tout médecin en premier contact, quelle que soit sa qualification (2,3,4) pour deux raisons majeures : a) elle n’est jamais anodine car la DE est toujours le symptôme d’un état de non santé » (« DE symptôme »), b) comme pour toute pathologie, la DE demande un diagnostic étiologique le plus précis possible pour adapter au mieux le traitement. Un des objectifs actuels est de ne plus faire un bilan systématique mais ciblé en fonction des données de l’étape clinique. Pour cette raison, les trois fils conducteurs du bilan de tout DE sont : 1) l’âge, 2) les données cliniques, 3) le concept DE symptôme / DE maladie (1,2). Ce bilan (toujours clinique et souvent biologique) doit s’intéresser dans tous les cas à la santé : a) « non sexuelle » (physique et psychique), b) sexuelle, uniquement en cas de DE « maladie » (s’il existe une souffrance, une plainte ou une demande) (1,2). Schématiquement, l’âge permet de distinguer trois situations dans lesquelles (compte tenu bien sûr des données de l’étape clinique) tout DE est, de principe et jusqu’à preuve du contraire, un marqueur clinique (3) : • avant 35 ans, sauf cas très particuliers (antécédent familial ou personnel cardiovasculaires, facteurs de risque cardiovasculaire, DE post-traumatique), le DE est d’abord le symptôme : 1) d’un trouble psychologique (hyperanxiété, dépression, identitaire) et / ou relationnel qui nécessite une évaluation sexo-psychologique (voire psychiatrique) d’autant plus que la DE est primaire ou ancienne, 2) ou d’ anomalies génitales (réelles ou supposées), 3) éventuellement d’un état morbide (diabète, addictions…) connu ou non . • après 35 ans, le DE est aussi et d’abord le symptôme: 1) d’anomalies vasculaires non seulement loco-régionales mais aussi souvent diffuses, la DE est alors une véritable « angine de verge » (équivalent de l’angine de poitrine) (3) car précurseur potentiel d’accidents ischémiques aiguës notamment coronariens, 2) de multiples morbidités chroniques aussi fréquentes que l’athérosclérose, le diabète, la dépression, la iatrogénèse, les neuropathies, les troubles du sommeil…, 3) et / ou de situations à risque pour la santé aussi fréquentes que l’hygiè- L ne et un mode de vie inadaptées, les addictions, le surpoids, la sédentarité, le stress, le surmenage, la fatigue chronique... (2,3,4,5). • après 50 ans, la DE est aussi un symptôme de pathologies hormonales et / ou urologiques (prévalence croissante à partir de cet âge des pathologies prostatiques et des hypogonadismes acquis) nécessitant un bilan urologique (toucher rectal, dosage de PSA et créatininémie) et / ou hormonal (dosage de testostéronémie, plus rarement de prolactinémie, LH…) complémentaires (1,4,5). • A tout âge, il faut distinguer le sujet en bonne santé apparente, sans antécédent ni facteur de risque particulier (personnels ou familiaux) régulièrement suivi, du sujet non ou mal suivi. Dans tous les cas, en plus de l’examen andrologique (organes génitaux et caractères sexuels), un examen de médecine générale s’impose et suffit à la condition d’y inclure (3,4) une évaluation : 1) cardio-vasculaire minimale à la recherche d’éventuels facteurs de risque cardiovasculaires et de contre-indications liées soit à la poursuite ou la reprise de l’activité sexuelle (recommandations de Princeton) soit à une éventuelle interaction médicamenteuse en cas de prescription d’inhibiteur de la PDE5, 2) sexo-psychologique minimale à la recherche de facteurs de mauvais pronostic et de contre-indications au traitement pharmacologique du DE (perversion, addictions…). En fonction de l’âge et surtout des données cliniques, une évaluation, un avis ou un examen paraclinique complémentaires peuvent être nécessaires qu’ils soient cardiologique (éventuelle indication d’un test d’effort), andrologique, sexologique, psychiatrique, urologique, neurologique, endocrinologique… Un bilan biologique minimal (1,3,4,5) est souvent indiqué à la recherche des facteurs de risque cardio-vasculaires (glycémie et profil lipidique = recommandations de grade A) (5), hormonales (testostéronémie = recommandations de grade A si suspicion d’hypogonadisme et après 50 ans) (5) et urologiques (PSA et créatininémie après 50 ans). Cette évaluation hiérarchisée mais globale des multiples facteurs biomédicaux et environnementaux (connus ou non, modifiables ou non, traités ou non) susceptibles d’affecter l’état de “bonne santé” explique les objectifs de ce bilan de « débrouillage » ciblé et raisonné qui sont de reconnaître : • les étiologies de DE bénéficiant d’une prise en charge spécifique, condition nécessaire mais non toujours suffisante. Pierre BONDIL Urologue-andrologue Centre hospitalier Chambéry France 73011 • les situations à risque pour la santé et les pathologies chroniques non connues ou insuffisamment prises en charge. • le profil de risque sexuel (1,3) qui permet de distinguer les cas simples (qui relèvent d’une large majorité de médecins) ou plus complexes qui nécessitent le recours à un spécialiste du DE et / ou à un autre spécialiste. Dans tous les cas, devant tout patient consultant pour une DE, il faut différencier le bilan de : a) première intention, le seul de pratique quotidienne (3,4) (qui vise à distinguer les cas simples des cas plus compliqués nécessitant une prise en charge plus spécialisée) qui peut (et doit) être fait ou prescrit par tout soignant en premier contact quelle que soit sa qualification, b) deuxième intention à ne demander qu’en cas d’échec de la première approche et qui relève du soignant familiarisé à la prise en charge de la DE (via surtout un test pharmacologique intracaverneux et / ou une sexothérapie) et / ou d’une autre spécialité d’organe et à fortiori du bilan de troisième intention (domaine de l’”hyperspécialiste” de la DE) (3,4). En conclusion, chez tout sujet ayant une DE, un des objectifs actuels est de ne plus faire un bilan systématique mais ciblé en fonction des données de l’étape clinique. Le concept « DE symptôme / maladie » hiérarchise ce bilan. En distinguant clairement les objectifs de qualité de vie et de santé, il implique une prise en charge spécifique de la santé sexuelle et / ou physique et / ou psychique. Il inscrit tout naturellement ce bilan dans une démarche éthique de service rendu au niveau individuel mais aussi collectif de santé publique en associant un dépistage ciblé de morbidités chroniques (notamment cardiovasculaires) à des mesures de prévention et d’éducation d’une bonne santé qui sont toutes des priorités internationales de santé publique. Cette prise en charge moderne d’une DE apparaît comme un excellent modèle pour une prise en charge globale et éthique (3), c’est à dire humaniste et civique de santé publique tout en respectant les exigences d’une démarche scientifique de qualité en associant harmonieusement : 1) le concept de la Médecine Fondée sur les Preuves (EBM), 2) la réalité d’une pratique et d’une compétence médicale clinique, 3) la preuve d’un service rendu au patient. 1) Bondil P, Delavierre D : Facteurs étiologiques, facteurs de risque. In : P Bondil, La dysfonction érectile. Ed John Libbey Eurotext, Paris 2003 : 39-62. 2) Bondil P : Prise en charge d’une dysfonction érectile. Panorama du Médecin 2003 ; 4888 : 44-45. 3) Bondil P : Quelles investigations, le non-spécialiste doit-il demander devant un patient consultant pour un dysfonctionnement érectile ? Andrologie 2004, 14 : 291-303. 4) Lue TF, Giuliano F, Montorsi F, Rosen RC, Andersson KE, Althof S et al. Summary of the Recommendations on Sexual dysfunctions in men. J Sexual Med 2004; 1: 6-23. 5) Morales A, Buvat J, Gooren LJ, Guay AT, Kaufman JM, Kim YC, Tan HM, Torres LO : Endocrine aspects of men sexual dysfunction. In Sexual medicine : sexual dysfunctions in men and women. Ed. TF Lue, Basson R, R. Rosen, F Giuliano, Khoury S, Montorsi F. Health Publications Paris, 2004. 26 Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 ALGORITHME DE LA PRISE EN CHARGE ET DU BILAN D’UNE DYSFONCTION ERECTILE (DE) (1) Pierre BONDIL 1ère ETAPE = ANALYSER Sémiologie érectile Difficulté d’obtention et / ou de maintien Erections spontanées présentes ou non Constant ou non Sélectif ou non Facteur déclenchant ou non Ancienneté, mode de début Contexte érectile Antécédents médicaux, sexuels, socioculturel Partenaire (présente ou non, facilitatrice ou non) Troubles sexuels associés ou non Traitements associés et antérieurs Examen clinique (andrologique + général) Contre-indications activité sexuelle 2ème ETAPE = RECHERCHER LA (ES) CAUSE (S) Dans tous les cas Homme > 35 ans Connue(s) ou non Bilan sexologique Facteurs de risque (propres et environnementaux) Cardiovasculaires, iatrogènes, surpoids, stress, hygiène et mode de vie, addictions, fatigue, sédentarité, douleurs chroniques… Pathologies chroniques Conjugopathie Mode de vie Modalités de début Personnalité Antécédents sexo-psychologiques évènements de vie récents ou non Diabète, cardiovasculaires, dépression, hyperanxiété, neuropsychiatriques, urologiques, endocriniennes rhumatologiques, troubles du sommeil… 3ème ETAPE = EVALUER SES CONSEQUENCES Retentissement sur la qualité de vie Présence ou non d’une souffrance Demande et attente réelles (patient et / ou partenaire) Contre-indications potentielles Liée à l’activité sexuelle (cardiaques, psychiatriques) Liée à certains médicaments (inhibiteurs PDE5) 4ème ETAPE = PRESCRIPTION CIBLEE Toujours en fonction de l’âge et des données cliniques Bilan biologique spécifique Avis clinique ou paraclinique (si terrain à risque ou doute) Cardiologique (test d’effort, échodoppler), sexologique , psychologique, urologique psychiatrique, endocrinologique… Facteurs de risque cardiovasculaire (profil lipidique, diabète) Urologique (PSA, créatininémie) Hormonal (testostérone > prolactine) 5ème ETAPE = PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE INITIALE Toujours en fonction de la demande et / ou de la souffrance DE « maladie » ( demande / souffrance) DE « symptôme » (ni souffrance ni demande) Traiter la DE + Traiter et prévenir le(es) cause(s) Traiter et prévenir le(es) cause(s) Informer Dans tous les cas En fonction du bilan “AIDE MEDICALE AU DE” FACTEUR(S) ETIOLOGIQUE(S) / RISQUE Traitements spécifiques Prévention, information, éducation Informer + Rassurer + Aide pharmacologique = traitement oral à la demande DE légère DE moyenne ou sévère yohimbine < apomorphine < inhibiteurs PDE5 Inhibiteurs PDE5 6ème ETAPE = EVALUATION DE CONTROLE Si efficace, conseils sur la durée du traitement Si échec, vérifier en priorité Pertinence et respect de la prescription Facteur(s) étiologique / risque méconnu(s) Si oui, traitement(s) de deuxième ligne et / ou bilan de deuxième intention Avis et explorations spécialisées Traitements locaux Association de traitements (2) Traitements chroniques (2) (1) d’après les schémas de P.Bondil : La dysfonction érectile. Ed John Libbey Eurotext, Paris 2003 pages : 217-8 et Prise en charge d’une dysfonction érectile. Panorama du Médecin 2003 ; 4888 : 44-45. (2) en cours dévaluation Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 27 Le Cabinet des curiosités Analyses de J. Buvat CONNAISSEZ-VOUS LE PHENOMENE DE RAYNAUD DU PENIS ? N ous avons tous rencontré des hommes se plaignant d’une sensation de refroidissement de leur pénis, ou au moins de leur gland, dans certaines circonstances, y compris au moment des rapports, évoquant la possibilité d’anomalies vasculaires de mécanisme encore mal déterminé. Peut-être s’agit-il de formes atténuées de ce « Raynaud’s phenomenon of the penis » que R.F. Kropman vient de décrire dans une lettre au Journal of Urology (2004, 171 : 1630). Son patient, âgé de 55 ans, se plaignait d’un phénomène de Raynaud tout à fait typique, avec pâleur, engourdissement, et éventuellement douleurs au niveau des extrémités des doigts et des orteils, déclenché par le froid, la natation et épisodiquement la pratique du cyclisme. L’originalité est que ces phénomènes des extrémités étaient associés à des douleurs du gland comportant les mêmes facteurs déclenchants. Après échec de l’aspirine, d’un vasodilatateur, la Nifedipine, et d’un alpha-bloqueur, le Prazosin, bien que ce dernier ait amélioré le phénomène de Raynaud des doigts et des orteils au contraire de celui du pénis, il a testé le Sildénafil à la dose de 50 mg, et celui-ci a fait disparaître tous les symptômes déclenchés par le froid, d’après Kropman 2004 non seulement au niveau du pénis, mais aussi des doigts et des orteils. Le patient reçoit actuellement un traitement au long cours par le Tadalafil, 10 mg 3 à 4 fois par semaine, et ne souffre plus d’aucun symptôme gênant. Il s’agit du premier cas rapporté de phénomène de Raynaud du pénis sans association d’une dysfonction érectile. On trouve par contre dans la littérature deux autres cas cette fois associés à une dysfonction érectile. LE SPERME A-T’IL DES PROPRIETES ANTI-DEPRESSIVES ? d’après G ordon Gallup et coll., du département de Psychologie de l’Université de New York à Albany, ont récemment essayé de confirmer cette hypothèse formulée pour la première fois par Ney en 1986. Dans leur étude rapportée dans Archives of Sexual Behavior (2002, 31 : 289-293), 293 étudiantes actives sexuellement ont accepté de remplir un questionnaire évaluant la fréquence de leurs rapports et la fréquence avec laquelle elles utilisaient un préservatif. A partir de là on a pu évaluer la fréquence avec laquelle du sperme était déposé dans leur tractus génital. Ont également été répertoriés leurs éventuels antécédents de tentative de suicide, et le score qu’elles obtenaient à l’inventaire de dépression de Beck. Il s’avéra que non seulement les étudiantes qui avaient des rapports sans préservatif étaient moins déprimées, mais que les scores de dépression et la fréquence des essais de suicide étaient significativement corrélés à la fréquence d’utilisation des préservatifs. De même, parmi les étudiantes qui n’en utilisaient pas, les scores de dépression augmentaient en proportion du temps écoulé depuis leur dernier rapport. Les auteurs ont donc conclu que leurs résultats Gallup et coll, 2004 étaient compatibles avec un authentique effet antidépresseur du sperme. Il faut savoir que la paroi vaginale peut absorber certains composants du liquide séminal. Ceci a été démontré pour les estrogènes, la testostérone et les prostaglandines, qu’on peut mesurer dans la circulation sanguine au cours des heures suivant leur administration vaginale. L’absorption transvaginale est plus rapide et plus importante que l’absorption percutanée, et on l’utilise de plus en plus pour administrer certains médicaments. Alors Mesdames, si vous avez le blues… ! A PROPOS DU SOMNAMBULISME SEXUEL, OU SEXSOMNIE d’après M angan (Archives of Sexual Behavior, 2004, 33 : 287) vient de publier les résultats d’une enquête qu’il a menée sur Internet à propos du vécu du « sleep sex ». Traductible en somnambulisme sexuel, ou sexsomnie, ce comportement est considéré comme une variante du somnambulisme classique. Au cours de ses accès le sujet peut tout en dormant pratiquer cunnilingus, fellation, rapport, se masturber, faire des mouvements ou émettre des vocalisations sexualisés. Habituellement une amnésie couvre ces épisodes. Les témoins et les cibles, ou « receveurs » de ce comportement sexuel inconscient, le décrivent tout à fait différent du comportement sexuel qu’a le sujet à l’état de veille. 28 Ces comportements peuvent n’être qu’agaçants pour le receveur : simples gémissements bruyants, ou masturbation. D’autres fois ils peuvent traumatiser l’initiateur (le somnambule) : masturbation si frénétique qu’elle le ou la blesse. Mais ils peuvent aussi être réellement traumatisants pour le receveur, et aller jusque l’agression sexuelle : hommes agressant leur voisine de lit, ou masturbation ou vocalisations si intenses ou répétées qu’elles deviennent intolérables pour le partenaire. Cette enquête était réservée aux sexsomniaques qui jugeaient leur comportement problématique. Les principales émotions exprimées par les 121 sujets qui y ont répondu étaient les suivantes : en cas de Mangan 2004 rapport somnambulique, chez les receveurs peur, et altération de la complicité émotionnelle avec l’initiateur. Certaines femmes se sentaient violées. Chez les initiateurs honte et confusion. En cas de masturbation pendant le sommeil, chez les receveurs répulsion et sentiment d’abandon sexuel, chez les initiateurs honte, déception d’eux-mêmes et frustration. Ce type de comportement peut donc être à l’origine d’une souffrance personnelle et relationnelle importante et devrait être mieux connu. En effet les répondeurs ont souligné les fréquentes incompréhension ou incrédulité des soignants à qui ils essayaient de soumettre leur problème. Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 ENQUETE AUPRES DES NOUVEAUX EUNUQUES : POURQUOI SE FAIT-ON CASTRER AUJOURD’HUI ? W assersug et al ont récemment rapporté dans Archives of Sexual Behavior (2004, 33 : 433) les résultats d’une enquête entreprise sur Internet pour étudier la motivation des hommes souhaitant se faire castrer. Parmi les 134 répondeurs à l’enquête, 23 avaient déjà été castrés. Ils ont aussi demandé aux 104 qui disaient ne l’avoir pas été pourquoi ils voulaient l’être, et n’avaient pas encore concrétisé leur désir. Le principal motif du souhait de castration était la recherche d’un apaisement, d’une libération de la pulsion sexuelle (40% des sujets ). Parmi les autres, 30% mettaient au premier plan l’excitation sexuelle associée au fantasme de la castration, et la même proportion désirait se faire enlever les bourses pour le changement d’apparence qui en résulterait. Cette fréquence d’un intérêt pour la castration en tant que stimulus sexuel ou transformation cosmétique était tout à fait inattendue et contrastait avec les motivations décrites dans la littérature psychiatrique classique (contrôle de la libido et transsexualisme). Des groupes de discussion consacrés à ce thème fleurissent sur Internet et risquent de pousser ces hommes à concrétiser leur fantasme de castration, d’autant plus que des « street-cutters » non médecins s’invitent dans les discussions Internet pour faire leurs offres de service, et que toutes les informations techniques nécessaires pour se castrer soi-même peuvent aussi être trouvées sur Internet. Mais ces groupes leur apportent peut-être aussi une opportunité de « décharger » leurs fantasmes, et par là peuvent réduire le besoin de les réaliser. Quarante pour cent des répondeurs affirmaient qu’ils se feraient castrer si l’opé- d'après Wassersug et coll, 2004 ration était simple, bon marché, et sans danger mais 25% souhaitaient essayer d’abord la castration chimique. Cependant 40% étaient gênés de parler à un médecin de leur souhait d’être castrés. Les médecins devraient être mieux informés des risques auxquels sont exposés les sujets atteints de cette variété de paraphilie. Une discussion ouverte et neutre de leurs fantasmes de castration et des options médicales disponibles, insistant sur la méthode réversible que constitue la castration pharmacologique, puisque son principe intéresse nombre de ces sujets, aiderait à éviter automutilations et autres castrations pratiquées sans contrôle médical par des street-cutters, avec les risques de délabrement et de handicap qu’on peut imaginer. En direct des congrès CONGRES 2005 DE L’AMERICAN UROLOGICAL ASSOCIATION (AUA), Présenté par San Antonio, Texas, USA, 21-26 Mai 2005 Take Home Message Fonction et Dysfonctions Sexuelles omme chaque année le congrés de l’AUA a été la grande messe de l’Urologie Américaine, sinon mondiale, avec 23000 participants. Nous souhaitons remercier ici très vivement le Dr R Costabile de nous avoir fait l’honneur de nous confier le texte du take home message qu’il y a présenté, aux fins, en particulier, de traduction française et de diffusion dans les pays francophones. C Le congrès 2005 de l’AUA s’est concentré comme les années précédentes sur le traitement pharmacologique de la fonction sexuelle, ainsi que sur la réhabilitation sexuelle après chirurgie prostatique. De nouveaux médicaments destinés au traitement des dysfonctions sexuelles, y compris l’éjaculation prématurée et les dysfonctions sexuelles féminines, y ont été présen- tés, en plus de nombreuses études consacrées aux médicaments déjà sur le marché dont efficacité et tolérance continuent d’être évaluées. Fonction sexuelle après prostatectomie ou radiothérapie Freedland et al ont montré que 24 mois après prostatectomie radicale la fonction sexuelle avait récupéré chez 51% des hommes ayant bénéficié d’une procédure de préservation nerveuse bilatérale contre seulement 32% de ceux n’ayant bénéficié que d’une préservation unilatérale. Zanni et al ont démontré que la récupération de la fonction érectile après radiothérapie était significativement corrélée avec le niveau des paramètres suivants en période post-opératoire : désir sexuel, altération de l’humeur, et incontinence. En ce qui concerne les possibilités de réhabilitation pénienne après radiothérapie, Raina et al ont montré qu’un traitement intrauréthral Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 Raymond Costabile, Charlottesville, Virginie, traduction J Buvat précoce par MUSE augmentait la fréquence des érections et de l’activité sexuelle. Dans un modèle animal de traumatisme du nerf caverneux, Allaf a administré de l’érythropoïétine et de la darbopoïétine recombinantes pour promouvoir une régénération axonale et améliorer la récupération de la fonction sexuelle. Les études de la fonction pénienne après radiothérapie de Bannowsky, basées sur l’enregistrement des érections nocturnes, ont montré que quelques hommes avaient déjà une rigidité pénienne adéquate peu après l’ablation de leur cathéter. Enfin Lee a étudié la « climacturia », ou perte des urines pendant l’orgasme, qui survient chez 45% des hommes après radiothérapie. Traitement pharmacologique de la Dysfonction Erectile (DE) Une évaluation en cours des inhibiteurs de la PDE5 (IPDE5) sur le marché a permis 29 de mieux préciser leur efficacité et leur tolérance. Raina et al ont conclu que 5 ans après radiothérapie, le Sildénafil continuait d’être efficace chez 50% des sujets qui y répondaient initialement, mais seulement chez ceux qui avaient bénéficié d’une procédure de préservation nerveuse bilatérale. L’utilisation simultanée d’alpha-bloqueurs et du Vardenafil s’avéra bien tolérée ans une étude de surveillance post-marketing de type « monde réel ». Hellstrom a rapporté des résultats analogues à partir d’une analyse de 17 essais du Vardenafil contre placebo. Il a aussi rapporté une altération significative de la fonction éjaculatoire sous Tamsulosine chez des volontaires sains. Deux études ont étudié les conséquences dans le monde réel d’une prescription simultanée de Sildénafil et de dérivés nitrés en dépit de la contrindication de leur association prononcée par la FDA. Scales et al ont rapporté que parmi les patients avec DE dont les prescriptions comportaient des associations susceptibles d’interactions de premier ordre, l’association Sildénafil-dérivés nitrés était en cause dans deux tiers des cas. Dans une étude analogue, Shelton et al ont montré que 60% des patients qui s’étaient vu prescrire des dérivés nitrés à prendre à la demande ne les utilisaient jamais, prouvant qu’une proportion significative des patients à qui on prescrit des dérivés nitrés pourrait y renoncer et utiliser un IPDE5. Traitement pharmacologique de l’éjaculation prématurée Des études épidémiologiques ont suggéré que l’éjaculation prématurée (EP) était la dysfonction sexuelle la plus fréquente chez l’homme. Il n’existe cependant pas pour l’instant de traitement autorisé par la FDA pour l’EP. Plusieurs présentations ont étudié le mécanisme d’action, la tolérance et l’efficacité de la dapoxétine comme traitement de l’EP. Gengo et al ont étudié les effets de la liaison compétitive de la dapoxétine aux récepteurs spécifiques du Citalopram H3 sur la recapture de la sérotonine, de la noradrénaline et de la dopamine. Au cours d’essais pharmacologiques, l’admi- nistration simultanée de dapoxétine et d’éthanol à des hommes sains n’a pas modifié de façon significative le profil pharmacocinétique de la dapoxétine ni entrainé d’effet indésirable significatif. De même il n’a pas été observé d’interaction entre dapoxétine et IPDE5. Dans des études de doses, Hellstrom et Pryor ont démontré l’efficacité significative (selon la mesure du temps de latence éjaculatoire intravaginale -IELT) et la sécurité d’emploi des doses de 30 et 60 mg de dapoxétine. D’autres médications, ainsi que des associations, parmi lesquelles l’association de tadalafil et de fluoxétine, ont amélioré l’IELT par rapport au placebo ou à l’un des 2 médicaments utilisé seul. Afin de diagnostiquer l’EP de façon précise, et d’évaluer les effets de son traitement, Rosen et al ont étudié la valeur prédictive des paramètres cliniques du diagnostic d’EP, et montré que l’IELT seul n’était pas aussi spécifique que son association à différents paramètres évalués par l’interrogatoire du patient (Patient Reported Outcome Measures : particulièrement manque de contrôle de l’éjaculation, satisfaction du rapport, souffrane personnelle, et difficultés relationnelles). Patrick et al se sont penchés sur d’autres aspects de la satisfaction des hommes visà-vis de leur fonction éjaculatoire, et ont trouvé des différences significatives entre sujets avec et sans EP au niveau de plusieurs questions. Fonction sexuelle et santé masculine Plusieurs présentations se sont concentrées sur les dysfonctions sexuelles en tant qu’indicateur de la santé masculine d’ensemble. Shabsigh et al ont évoqué la fréquence croissante du Syndrome Métabolique (obésité abdominale, hyperinsulinisme, hyperlipidémie et hypertension) chez les hommes avec DE. Demis a montré que ce syndrome métabolique était un facteur de risque potentiel pour la DE. Montorsi et al ont montré que la DE précédait de 25 mois l’apparition d’une coronaropathie symptomatique chez 71% des hommes évalués pour angor. Enfin Sommer a conclu que les IPDE5 pourront au bout du compte être utilisés pour traiter non seulement la DE mais aussi les symptômes prostatiques et les maladies cardiovasculaires. Prothèses péniennes chirurgicales Alors que le traitement pharmacologique des dysfonctions sexuelles reste d’une actualité brûlante, des progrès continuent d’être faits en ce qui concerne leur traitement chirurgical. Wilson et al ont discuté l’utilisation d’extenseurs pour réparer les perforations corporéales proximales pendant l’implantation chirurgicale. Plusieurs auteurs ont présenté des données sur la diminution des infections post-chirurgie prothétique grâce à l’utilisation de la prothèse AMS Inhibizone® enrobée d’antibiotiques. Fogla et al ont rapporté des taux d’infection de seulement 1.07 % chez des patients subissant une révision de leur prothèse, significativement plus faibles que dans les autres études. D’autres améliorations chirurgicales ont été discutées, parmi lesquelles la prothèse gonflable 2 pièces Ambicor® et la nouvelle pompe tactile AMS. Hypogonadisme, et association troubles prostato-urinaires et DE Kshirsagar et al ont présenté une méthode de calcul non linéaire faisant intervenir l’age, la DE et la dépression pour prédire l’existence d’un hypogonadisme. Dans le même ordre d’idées, Gades a utilisé avec un succès partiel le questionnaire ADAM pour prédire les taux d’androgènes. Rosen a rapporté des données supplémentaires en faveur d’une association entre DE et symptômes du bas appareil urinaire (LUTS). De façon intéressante Johnson et al ont montré une corrélation analogue entre santé sexuelle féminine et stress et urgences mictionnelles. En conclusion le cru 2005 de l’AUA s’est encore montré riche en nouveautés dans le domaine de la fonction et des dysfonctions sexuelles. 17-21 Septembre 2006 - Le Caire (Egypte) 12° Congrès de l’ISSM (International Society for Sexual Medicine) Sessions Francophones sous la responsabilité de la SFMS Informations : www.ISSM2006.info 30 Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 SEXUALITE ET ADOLESCENCE : Aspects médicaux, psychologiques et sociologiques VIIIème Symposium du Centre de Pathologie Sexuelle Masculine (C.P.S.M.) Novembre 2004, Cliniques Saint-Luc, Université de Louvain, B-1200 BRUXELLES L e Centre de Pathologie Sexuelle Masculine (C.P.S.M.), centre multidisciplinaire créé en 1997 aux Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles, réunit une quinzaine de médecins et paramédicaux impliqués dans la prise en charge des dysfonctions sexuelles et des troubles de fertilité de l’homme. Le Prof. R.J. Opsomer en est, actuellement, le coordonnateur. Chaque année, le CPSM organise un symposium à thème. Le Symposium 2004 était consacré au thème : « Sexualité et Adolescence ». Un panel de médecins, psychologues, sexologues, sociologues et éducateurs avait été réuni à cette occasion pour débattre du sujet. logique propre à la nature de chaque horloge, biologique, développementale, existentielle. Ces logiques variables agissent sur un mode concomitant et exercent des influences croisées les unes sur les autres. Le concept de maturité ne peut dès lors qu’apparaître « éclaté » dans le temps, en dents de scie dans l’espace, et se construire telle une mosaïque. R.J. Opsomer, urologue, a détaillé les problèmes fonctionnels et anatomiques susceptibles de perturber les premières relations sexuelles des adolescents. La prudence s’impose devant tout trouble sexuel chez l’adolescent car confondre trouble fonctionnel et pathologie organique peut mener à une catastrophe. Ph. Van Meerbeeck, neuropsychiatre et responsable du Centre pour Adolescents a ouvert les débats sur le thème : Adolescents : maturité physique, maturité psychique. Il a développé les concepts de maturité et de maturation. P. Jadoul, gynécologue a abordé la contraception chez l’adolescente en insistant sur la nécessité de prendre son temps lors d’une première consultation. Afin d’améliorer l’observance, il faut non seulement informer l’adolescente sur les méthodes existantes et sur leur mode de fonctionnement, il faut surtout anticiper les craintes et les doutes, préciser les effets secondaires potentiels réels et les avantages et insister sur la prise correcte de la pilule. La maturation physique, psychique, mentale, affective, voir spirituelle se fait selon une M.P. Hermans, endocrinologue et sociologue a fait un exposé magistral sur « R. Opsomer Louvain/Bruxelles Initiation et rites de passage de l’adolescence en Afrique sub-Saharienne » en détaillant les trois phases fondamentales des rites de passage à savoir : les rites de séparation, les rites de transition et enfin les rites d’incorporation. Adhami, psychologue, a abordé les principes relatifs à l’éducation sexuelle à l’école en Belgique. L’éducation sexuelle a fait d’énormes progrès au cours des dernières décennies. Au début, il s’agissait d’informer pour réduire les tabous et lutter contre l’ignorance du corps et du rapport à l’autre. A l’heure actuelle, les intervenants de l’éducation affective et sexuelle réinventent leur discours à la lumière des nouveaux concepts de l’adolescence et du choc des affaires Dutroux et Fourniret… Tous les orateurs se sont accordés pour conclure ce Symposium en ces termes : L’information et l’éducation sexuelle dès le plus jeune âge est le message-clé pour une sexualité débutante et équilibrée. Le livre des Résumés a été publié sous forme d’un numéro spécial de la Revue « Louvain Médical ». Il peut être obtenu en s’adressant au Centre de Pathologie Sexuelle Masculine (Adresse E.mail : [email protected]) LISTE DES « STATE OF THE ART LECTURES » PRESENTEES AU XIE CONGRES MONDIAL SUR LES DYSFONCTIONS SEXUELLES (INTERNATIONAL SOCIETY FOR SEXUAL MEDICINE) Buenos Aires, 17-21 Octobre 2004 L a quasi intégralité des diapositives des présentations orales faites au cours du dernier congrès de l’International Society for Sexual Medicine (ISSM), à laquelle la SFMS est maintenant affiliée, a été mise en ligne sur le site Internet de cette Société (www.issm.info) par son administrateur, Mr Alexandre Gilbert, qui est aussi l’administrateur du site SFMS. Parmi ces présentations on trouve 11 des 12 « State of the Art Lectures » qui ont été le fleuron du congrès, car la plupart constituaient des mises au point exceptionnelles. Vous trouverez ci-après leur liste. Nous espérons pouvoir en résumer certaines, bien sûr en français, dans les prochains numéros du Bulletin de la SFMS. La mise en ligne de ces State of the Art Lectures a bénéficié de la technologie « Articulate Presenter ». Pour chacune on peut visualiser sur l’écran les diapositives projetées au cours du congrès, et simultanément entendre l’orateur faire sa présentation. On peut stopper la présentation chaque fois qu’on le souhaite, prendre des notes, revenir en arrière, la repasser autant de fois qu’on le rapporté par J Buvat désire. Il s’avère à l’usage qu’on tire encore plus de profit de ce type de présentation « on line » qu’on n’en avait tiré de la présentation originelle faite lors du congrès. Ces présentations en ligne ne sont accessibles qu’aux membres de l’ISSM à jour de leur cotisation. Elles le sont de ce fait aux membres de la SFMS qui ont payé la cotisation «SM, et autorisés à se rendre sur la zone privée du site, réservée aux membres. Nous espérons utiliser prochainement la même technologie pour mettre en ligne sur le site Internet SFMS certaines des présentations de nos congrès, ou certaines séances de formation assurées par notre Société. - Priapism (Gregory Broderick, USA) - Ying Yang of Corporal Smooth Muscle Control (Clinton Webb, USA) J’ai ajouté à cette liste deux des présentations de familiarisation à Internet et à l’informatique qu’a faites Mr Alexandre Gilbert, Administrateur de notre Site Internet, lors du congrès. Elles sont également en ligne. - Neurophysiology of Sexual Desire (Jim Pfaus, Canada) - Neurophysiology of Ejaculation (Peter Hedlund, Sweden) - Erectile Dysfunction as a Marker of Endothelial Dysfunction (Robert Ross, USA) Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 - Future Treatment Trends in Erectile Dysfunction (Karl Andersson, Sweden) - Basic Science Mechanisms for Female Sexual Dysfunction (Noel Kim, Korea) - Evidence Based Management of Androgen Insufficiency in Women with Female Sexual Dysfunction (Andre Guay, USA) - Genital Sexual Pain (Yitzchak Binik, Canada) - Management of Peyronie’s Disease : What Have we Learned ? (Lawrence Levine, USA) - Can we Reverse Penile Fibrosis ? (I?igo Saenz de Tejada, Spain) - Virus and internet pitfall (Virus, worms, spyware. Risks and countermeasures) - Safety and Security of your computer. 31 Revue de la Littérature TESTOSTÉRONE ET DYSFONCTION ÉRECTILE Sidney Glina Testosterone and erecti le dysfunction Analysé par Adly Ladjimi, Endocrino-Andrologue, Président de la Société Tunisienne d’Andrologie The journal of men’s health & gender 2004 (December) 1, 407-412 n pensait que le rôle de la testostérone (T) était cantonné au contrôle de la libido, de l’intérêt sexuel et de la survenue des érections nocturnes ; la revue de la littérature récente effectuée par Sidney Glina , lui attribue également un rôle primordial dans le processus physiologique de l’érection, au moins chez l’animal. l’animal et suggèrent qu’il pourrait en être de même chez l’homme. En effet les données expérimentales ont montré que la castration de l’animal induit au niveau pénien ( 1, 2, 3 ,4, ) : Ces études confortent, certes, l’action de la T sur l’érection mais le débat reste ouvert concernant certaines questions : - Une baisse de la pression intra-caverneuse que l’adjonction de T restaure. On sait que la libido, comme les érections nocturnes, sont conservées chez certains patients hypogonadiques et même chez certains castrats ; il semble que le maintien de la libido requiert un taux d’androgènes moindre qu’il n’en faut pour le maintien de la fonction érectile ; les taux d’androgènes surrénaliens suffiraient-ils ? O - Une réduction (de 20 % environ ) du volume de la musculature lisse trabéculaire ; cette rupture de l’équilibre - tissu conjonctif / masse musculaire lisse – est réparée également par la testostérone. - Une apoptose au niveau des cellules musculaires lisses ; l’adjonction de T se traduit par une néo-synthèse d’ADN - La castration annihile et l’androgénothérapie rétablit la concentration de la NO synthase l’érection ne peut donc avoir lieu qu’en présence d’un taux de NO intrapénien suffisant. Le rôle primordial de la T dans le processus de l’érection est corroboré par les études cliniques. Le traitement par les inhibiteurs de la PDE-5 reste sans effet chez certains patients ; chez certains de ces non-répondeurs, l’adjonction simultanée de testostérone est positive, suggérant ,par conséquent, l’intérêt d’un traitement combiné ( 7, 8 ) Ces données confirment donc l’androgéno-dépendance de la fonction érectile chez La deuxième consultation internationale (9) sur les dysfonctions sexuelles recommande la détermination systématique du taux de T et un traitement supplétif en cas d’hypogonadisme avant tout autre traitement . De nombreuses études portant sur des hommes agés n’ont pas pu mettre en évidence une corrélation significative entre le trouble sexuel et le taux de T ( 6 ) ; Certains patients, avec un taux basal de T « normal » répondent mieux aux inhibiteurs de la PDE-5 si on leur associe une androgénothérapie supplétive !... ( 5 ) Quels critères bio-cliniques faudra-t-il retenir pour proposer et évaluer une androgénothérapie ? Certes , les cas d’hypogonadisme « évident » ne posent pas de problème d’indication thérapeutique .Mais on est en droit de se demander s’il existe une valeur seuil de T différente pour chaque mode d’action ( libido , orgasme, érection) et si cette valeur seuil serait la même pour tous les individus …à chaque période de la vie … !! Références Traish AM, Munarriz R, O’Connel L, Choi S,Kim SW, Huang YH,et al. Effects of medical or surgical castration on erectile function in an animal model. J Androl 2003;24:381-387 Traish AM, Park K, Dhir V, Kim NN, Moreland RB, Goldstein I. Effects of castration and androgen replacement on erectile function in a rabbit model; Endocrinology 1999;140:1861-1868 Klein LT, Miller MI, Buttayan R, Raffo AJ, Burchard M, Devris G,et al. Apoptosis in the rat penis after penile denervation. J Urol 1997;158: 626-630 Baba K, Yajima M, Carrier S, Morgan D , Nunes L, Lue TF, et al Delayed testosterone replacement restores nitric oxide synthase –containing fibres and the erectile response in rat penis.BJU Int 2000;85: 953-958 kalinchenko SY, Kozlov GI, Gontcharov NP, Katsiya GV. Oral testosterone undecanoate reverses erectile dysfunction associated with diabetes mellitus in patients failing on sildenafil citrate therapy alone. Aging Male 2003;6:94-9 Buvat J, Lemaire A. Endocrine screening in 1,022 men with erectile dysfunction :clinical significance and cost-effective strategy. J Urol 1997;158:1764-1767 Aversa A, Isidori AM ,Spera G, Lenzi A, Fabbri A. Androgens improve cavernous vasodilatation and response to sildenafil in patients with erectile dysfunction. Clin Endocrinol 2003;58: 632-638 Foresta C, Caretta N, Rossato M, Garolla A, Ferlin A. Role of androgens in erectile function. J Urol 2004;171:2358-2362 Morales A, Buvat J, Gooren LJ, Guay AT, Kaufman JM, Tan HM,Torres LO. Endocrine aspects of sexual dysfunction in men. J.Sex Med 2004;1:69-81 PERSISTENT SEXUAL AROUSAL SYNDROME : A DESCRIPTIVE STUDY Leiblum S., Brown C., One J., Rawlinson L., Journal Sexual Medicine, 2005, 2 : 331-337), analysé par J. Buvat J usqu’à cet article, le « Syndrome d’Excitation Sexuelle Persistante» (SESP) était une sorte de monstre du Loch Ness. On en parlait beaucoup mais très peu en avaient vu. A tel point qu’on avait hésité à l’inclure dans la nosologie des Dysfonctions 32 Sexuelles Féminines lors de la première Consultation Internationale sur les Dysfonctions Sexuelles (Paris 1999) et qu’il existait encore des réticences lors de la seconde en 2003. Cet article de Sandra Leiblum fait donc faire un grand pas à la connaissance, et même tout simplement la reconnaissance de cette affection caractérisée par une excitation sexuelle génitale persistante en l’absence de tout désir sexuel conscient. Il résume les résultats d’une enquête faite sur Internet à partir d’un ques- Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 tionnaire en 46 points. Cent trois femmes du monde entier y ont répondu, la plupart en bonne santé, avec niveau d’éducation élevé, et relation de couple stable. 98% présentaient au moins un critères du SESP et 53% en réunissaient les 5 critères (excitation clitoridienne et génitale involontaire et persistante, sans rapport avec le désir sexuel, non soulagée par des orgasmes, de cause non identifiée, l’excitation sexuelle étant perçue comme perturbante et involontaire). Les 3 premiers critères étaient les plus fréquents. Les facteurs déclenchant ces symptômes incluaient la stimulation sexuelle, la masturbation, le stress et l’anxiété. La souffrance résultant de ce problème était légère chez 25%, modérée chez 35% et forte chez 40%. Son degré était très significativement corrélé au caractère involontaire et envahissant de l’excitation, à son caractère continu, à un sentiment de honte, à une diminution de la satisfaction sexuelle, au statut relationnel, et au fait d’avoir parfois pris plaisir à ces symptômes. Cette étude confirme indubitablement la réalité de ce syndrome relativement rare pour lequel on a évoqué de nombreuses hypo- thèses pathogéniques : anomalie neurologique centrale ou périphérique, anomalie vasculaire, compression mécanique des structures génitales, facteur iatrogène, facteur psychologique comme le stress ou association de plusieurs facteurs. Il est à noter qu’un tiers des femmes rapportait également des douleurs dans les régions clitoridienne et vaginale. La majorité des femmes qui répondirent à l’enquête souffraient de leur SESP, et seule une minorité n’en souffrait que modérément, et pouvaient éprouver des réactions émotionnelles positives à leur excitation sexuelle. LE JOURNAL OF SEXUAL MEDICINE (JSM), JOURNAL OFFICIEL DE L’ISSM n 2004, suite à u n contentieux avec son é d i t e u r, l’International Society of S e x u a l Medicine (ISSM) à laquelle la SFMS est affiliée, et dont elle constitue la branche francophone, a créé un nouveau journal, Le Journal of Sexual Medicine, qui est en train de devenir le journal international leader du domaine de la Médecine Sexuelle. Les membres de la SFMS peuvent bénéficier d’un abonnement aux versions tant papier qu’électronique de ce journal à prix réduit, celui des membres de l’ISSM. Pour cela, il faut souscrire la cotisation « internationale » de 90 Euros de la SFMS, qui inclut, outre la cotisation SFMS avec les avantages francophones qu’elle com- E porte, la cotisation ISSM (ainsi que la cotisation ESSM pour les Européens, et ASSIR pour les Africains), et l’abonnement au JSM. Le JSM est publié en anglais. Il contient des articles du plus haut intérêt, qui méritent qu’on fasse l’effort de les lire dans cette langue internationale pour se tenir au courant de la dernière actualité. Ne manquez donc pas cette occasion. A titre d’illustration, vous trouverez ci-après le sommaire du premier numéro, publié en Juillet 2004, et dont les textes sont consultables gratuitement sur Internet à l’adresse http://jsm.issm.info, vous permettant de vous faire une idée de sa richesse : - Comments on the Second International Consultation on Erectile and Sexual Dysfunctions (T.F Lue, S. Khoury) - Summary of the Recommendations on Sexual Dysfunctions in Men (T.F Lue et al) - Summary of the Recommendations on Sexual Dysfunctions in Women (R. Basson et al) - Epidemiology/Risk Factors of Sexual Dysfunction (R.W. Lewis et al) J Buvat - Revised Definitions of Women’s Sexual Dysfunction (R. Basson et al) - Clinical Evaluation and Management Strategy for Sexual Dysfunction in Men and Women (D. Hatzichristou et al) - Disorders of Orgasm and Ejaculation in Men (C.G. McMahon et al) - Disorders of Orgasm in Women (C.M. Metson et al) - Endocrine Aspects of Sexual Dysfunction in Men (A. Morales et al) - Endocrine Aspects of Female Sexual Dysfunction (S.R. Davis et al) - Standards for Clinical Trials in Male Sexual Dysfunction : Erectile Dysfunction and Rapid Ejaculation (M. Hirsch et al) - Standards for Clinical Trials in Sexual Dysfunctions of Women : Research Designs and Outcomes Assessment (J.R. Heiman et al) - The Penile Implant for Erectile Dysfunction ( J.J. Mulcahy et al) - Peyronie’s Disease (J. Pryor et al) - Priapism (J. Pryor et al) Chronique des livres C’ MÉDECIN DE FEMMES par Irène est un témoignage de médecin que nous offre Irène BortenKrivine avec cet ouvrage soustitré : “Ce qu’entendent les gynécologues”, mais aussi d’une sensibilité à l’écoute psychosomatique que nécessite l’abord de la sexualité. Le parcours clinique d’Irène Borten-Krivine est exemplaire, à l’époque des débuts de la contraception, de la dépénalisation de l’avortement puis l’apparitiion de l’épidémie du sida et la liberté sexuelle voulue par l’évolution des moeurs. Elle nous rappelle la considérable “révolution” que la contraception a amené, dès 1960, dans le paysage gynécologique. “Dans les débuts, la demande était timide et parfois masquée par un symptôme. Pour justifier sa présence, la patiente se plaignait d’abord de pertes blanches ou d’une douleur. La situation s’est modifiée et, rapidement, les femmes ont bousculé nos habitudes. En faisant irruption dans nos cabinets, parfois avec leur mari ou leur compagnon, non pour parler de maladie, mais de leur vie sexuelle, de leur vie, elles nous ont délogés de notre place traditionnelle de soignant : pas de maladie... pas de soins ni de guérison”. Cette profonde révolution qui est à la fois si proche (1960) et tellement oubliée, doit nous rappeler que la liberté de nos comportements et de notre discours sur la sexualité est extrèmement récente et Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 Borten-Krivine, Albin Michel, 2004 Analysé par Philippe Brenot qu’elle a représenté un réel bouleversement du monde de la tradition. C’est à ce moment, exactement, que les patients ont commencé à parler de leur sexualité et qu’est apparue la “plainte sexuelle”. Auparavant, les couples étaient confrontés à des problèmes de fécondité (avoir trop ou pas assez d’enfants). Irène Borten-Krivine nous fait revivre cette période émouvante de la découverte de la pilule contraceptive, de la lutte pour l’avortement et des changements de mentalités qui ont amené tant de résistance parmis 33 les médecins et dans la population. Elle s’interroge sur le désir d’enfant et l’inquiétude des femmes pour leur fertilité, elle nous traduit l’inquiétude de ces mêmes femmes devant le risque de MST, du sida... Elle nous dit surtout comment “parler de sexe”, comment la gynécologue est à l’écoute des patientes dans l’intimité de leur vie sexuelle, comment elle accompagne les grandes étapes de leur vie, puberté, grossesse, accouchement, crise du couple, ménopause... Elle nous transmet le témoignage émouvant d’une femme à l’écoute de femmes, d’un médecin psychosomaticien à l’écoute des souffrances intérieures et de leur traduction dans les émotions, dans le corps, dans les mots. Un livre sensible et important pour comprendre la récente évolution du vécu féminin et la naissance des médecines sexuelles. L’EXPERIENCE DE LA SEXUALITE CHEZ DE JEUNES ADULTE eu d’études scientifiques existent en matière de sexualité humaine. le rapport Kinsey a certainement été la première, et de grande ampleur, le travail de Masters et Johnson l’a continué sur un plan clinique et physiologique. En France, le rapport Simon, puis l’étude ACSF d’Alfred Spira, ont précisé l’étude statistique des comportements sexuels. Mais trop peu de travaux scientifiques existent par la suite, en dehors de cas cliniques ou d’impressions” d’auteurs, même des plus estimables. Le travail de recherche nécessite une méthode, une équipe, une structure. C’est ce qu’Alain Giami et Marie-Ange Schiltz ont réuni pour parler de la sexualité chez les jeunes adultes, sur une population d’étudiants âgés de 18 à 22 ans et inscrits en première année à l’université. Cette étude s’est faite en deux temps, d’abord sur 24 étudiants, puis sur 20 supplémentaires, et comprenait un entretien non directif centré sur la vie P sexuelle, amoureuse et relationnelle, et des réponses à des questionnaires. L’intérêt de ce travail très fouillé sur une petite population, est en fait constitué par le corps de cette publication qui nous propose de longs extraits des entretiens, le détail des réponses, et tout un matériel d’investigation qui rend la recherche très présente et relativise les données chiffrées qui ne sont, pour certaines, pas significatives, en raison du trop faible effectif. Les témoignages sont importants car ils montrent la plus ou moins grande facilité de ces adolescents à parler de la sexualité, à parler de leurs difficultés relationnelles, des éléments de leur histoire, des comportements collectifs, de l’homosexualité... Cette question de l’homosexualité est largement développée car elle constitue une interrogation forte pour tous les adolescents, avec souvent une absence de réponse claire quant à la compréhension de ce qu’est réellement l’homosexualité. Le poids de la religion vient ensuite, pour beaucoup, ajouter un Sous la direction d’Alain Giami et Marie-Ange Schiltz Inserm édition, 2004 questionnement auquel il n’y a pas toujours de réponse, car il s’agit de convictions personnelles et d’appartenance à un groupe donné. La question de l’amour est ensuite toujours présente chez ces adolescents qui doivent se situer entre passion et transgression, entre parole et clandestinité. Cette très importante étude mérite d’être lue, analysée et réfléchie par les praticiens des médecines sexuelles que nous sommes, car elle nous montre les interrogations des jeunes à un moment crucial de la maturation sexuelle que constitue l’adolescence. Ce travail a le très grand mérite de nous proposer à la lecture l’ensemble du matériel recueilli par cette équipe, en grande partie faite de sociologues, étude remarquable par sa démarche et son analyse. Philippe Brenot UNE HISTOIRE NATURELLE DE LA SEDUCTION et ouvrage nous présente, avec autant d’érudition que de malice, autant d’aisance dans les formules biochimiques que dans les formules littéraires, le déploiement des outils biochimiques de la séduction tel qu’il s’est mis en place depuis des milliards d’années. C Nous y découvrons, comme si nous étions en train d’y assister, au milieu d’un feu d’artifice du langage, « l’alchimie de la séduction » depuis les « trois voies des couleurs végétales » jusqu’aux… « fabuleux destins de l’âne et du poulain ». Il devient soudain aisé de comprendre comment, à partir de la voie mévalonique (voie de synthèse des caroténoïdes) qui produisit les « parfums avant qu’existent les nez, les hormones sexuelles avant qu’existent les sexes, les couleurs avant qu’existe la vue », se fait la chaîne biochimique ininterrompue mais très diversifiée de l’attirance entre les sexes dans les différents règnes et espèces : comment s’acquièrent , « au cours des repas », les couleurs ou les parfums qui permettront les « ébats ». En suivant comme des détectives la trace de molécules que l’enchantement de l’humour et des connaissances étymologiques dont fait preuve l’auteur finit par nous rendre amicales, nous pénétrons l’intimité moléculaire tant des dinoflagellés que des flamants Claude GUDIN 2003 Ed. Seuil ( science ouverte) 207 pages 16€ analysé par Jean-Roger Dintrans Paris) roses, tant des végétaux que des limaces, tant des reptiliens, amphibiens, oiseaux, que des animaux à quatre et bien sûr enfin à deux pattes. En refermant cet ouvrage, nous pouvons dire que « nous sommes au parfum », que l’auteur « nous en a fait voir de toutes les couleurs »… et qu’il a su nous séduire ! Claude GUDIN, ingénieur et docteur en biologie végétale, a été non seulement membre de l’institut national de recherche agronomique et du Commissariat à l’énergie atomique, mais aussi jardinier et poète. BIEN VIVRE SA SEXUALITE François-Xavier POUDAT S’ il devait n’y avoir qu’un mot pour résumer cet ouvrage, ce serait pragmatisme. Bien vivre sa sexualité est propre à faire partie de la « bibliographie » à « prescrire » à nos patients, en tenant compte que, d’inspiration behaviouriste et donc tourné vers « l’ici et maintenant », il n’est pas destiné à les conduire vers une ’’mise en sens’’ de leurs comportements mais vers des tentatives de modifications. 34 En effet, s’adressant au « grand public » et oscillant entre guide et précis (des symptômes sexuels et de leurs traitements bien sûr !), cet ouvrage écrit dans un style clair et direct donne des outils destinés à auto-évaluer les difficultés et commencer à y remédier : chaque chapitre décrit une étape de « l’audit » puis de la « restructuration » de « l’entreprise ’’sexualité personnelle’’ ». Les conditions d’un éventuel recours à un professionnel de la sexologie sont aussi abordées brièvement mais avec pertinence. 2004 Ed. Odile Jacob 272 pages 19€90 analysé par Jean Roger Dintrans On trouve des illustrations concrètes des conseils donnés, des grilles/questionnaires d’(auto-) évaluation et de nombreux encadrés résumant régulièrement l’essentiel du contenu de chaque chapitre. Psychiatre et sexologue, comportementalo-cognitiviste, F.X. POUDAT est directeur d’enseignement en sexologie. Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 MEMOIRE DES TEXTES FONDAMENTAUX Ian HACKING ENTRE SCIENCE ET REALITE : LA CONSTRUCTION SOCIALE DE QUOI ? C Sur quelles démarches repose ce concept ? construction sociale est donc une critique du statu quo. D’un phénomène X le constructionniste dit : « X n’a pas besoin d’exister ou d’être comme il est en quoi que ce soit : il n’est pas inévitable. » Il s’agit de saper l’idée que X est essentiel, même si il est reconnu à X une essence. Puis éventuellement le constructionniste peut vouloir aller plus loin et dit : « tel qu’il est X est assez médiocre ». Enfin parfois il va jusqu’à énoncer « nous nous sentirions mieux si l’on pouvait se débarrasser de X, ou du moins le transformer assez radicalement. » L’expression « construction sociale » répondait au départ à un besoin de sensibilisation sur le fait que l’idée qu’une grande partie de notre expérience vécue, ainsi que celle du monde où nous habitons, est à concevoir comme socialement construite et non inévitable. Toute analyse en termes de Les différents processus impliqués dans ce type de théorisation, leurs modalités de mise en place et d’extension, leurs divers champs d’application, sont analysés en profondeur au travers d’exemples précis (le genre – et cela intéressera tout particulièrement les sexologues que nous sommes même si la partie et ouvrage d’épistémologie traite « bus du maître-mot des sciences sociales contemporaines, la ’’construction sociale’’ ». Libératrice dans bien des contextes, l’idée de construction sociale est devenue une mode, un code, galvaudé jusqu’à conduire à prétendre que les résultats scientifiques, même en physique, sont des concepts socialement construits : le canular de Sokal en 1996 l’a souligné avec fracas. Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 1999 Ed. La découverte 300 pages 25€ Analysé par le (Paris) Dr Jean-Roger Dintrans qui lui est consacré est bien courte, la folie, l’enfance maltraitée, les conditions et les conséquences de la recherche sur les armes, l’identification de la dolomite). En refermant ce livre nous avons une bien meilleure compréhension des antagonismes conceptuels – souvent transformés en « véritables guerres des théories » révélant des arrières plans bien plus idéologiques que scientifiques - qui agitent nos milieux intellectuels, et des vices de… « construction » qui peuvent s’y faire jour Professeur d’histoire et de philosophie des sciences et technologie à l’université de Toronto, professeur au collège de France, Ian HACKING a écrit de nombreux ouvrages d’épistémologie (dont « L’âme réécrite » - où il étudie le construction du concept de personnalité multiple – aux éditions Les empêcheurs de penser en rond, 2000). 35 Agenda des Congrès PROCHAINS CONGRÈS 2005 Eric Tanneau 8th Internationnal Congress of Andrology (ICA) June 12-16, Seoul, Korea Congress Secretariat Meci International Convention Services, Inc #301 Arin Bldg, 738-2 Yeoksam 1-dong, Gangnam-gu Seoul 135-924, Korea Tel. +82 2 56 95 802 Fax. +82 2 56 95 803 Mail. [email protected] Web http://www.ica2005.org 1st Congress of the Latin-American Society for the Study of the Aging Male (LASSAM) June 23-25, Cancun, Mexico Tel. +52 639 4743676 Mail. [email protected] Web http://www.latinmale.org Transversales 2005 27-30 Juin, Biarritz, France Renseignements, inscriptions Team 5 Communication Tél. +33 1 47 43 22 22 Fax. +33 1 47 43 22 21 Web http:// www.congresmedical.com 31st Annual Meeting of the International Academy of Sex Research (IASR) July 6-9, Ottawa, Canada IASR, Lucia F. O'Sullivan, PhD HIV Center for Clinical and Behavioral Studies New York State Psychiatric Institute, Unit 15 1051 Riverside Drive New York, NY 10032-2695, USA Tel. +1 212 92 86 111 Fax. +1 212 92 86 161 Mail. [email protected] Web http://www.iasr.org 17th. World Congress of Sexology July 10-15, Montreal, Canada Opus 3 Inc 417 St-Pierre St., Suite 203 Montreal, Quebec H2Y 2M4, Canada Tel. +1 514 39 51 808 Fax. +1 514 93 48 237 Mail. [email protected] Web http://www.montrealsexo.com Sexual Health And Gender August 27-28, Vienna, Austria Admicos Congress Incentive Garnisongasse 7 1090 Vienna, Austria Tel. +43 1 51 28 09 10 Fax. +43 1 51 28 09 18 Mail. [email protected] Web http://www.shandg.at XIII World Congress of Psychiatry September 10-15 Cairo, Egypt CONGRES S SECRETARIAT TILESA OPC, S.L. Londres, 17-28028 Madrid-SPAIN 36 Tel: +34 91 3612600 Fax: +34 91 3559208 Email: [email protected]. Web http://www.wpa-cairo2005.com 4th Biennial World Congress on Men's Health & Gender Sept. 30th - Oct. 1st, Vienna, Austria PROCON Conference, Incentive & Event Management GmbH Odoakergasse 34 - 36/3 1160 Vienna, Austria Tel. +43 1 48 64 04 044 Fax. +43 1 48 64 04 046 Mail. [email protected] Web http://www.wcmh.info 10th meeting of the Asia-Pacific Society for Sexual and Impotence Research (APSSIR) October 5-8, Cairns, Australia Promaco Conventions Pty Ltd P.O. Box 890, Canning Bridge, WESTERN AUSTRALIA 6153 Tel. + 61 8 93 32 29 00 Fax. + 61 8 93 32 29 11 Mail. [email protected] Web http://www.promaco.com.au 13th Congress Colombiano de Sexologia Octobre 13-16, Barranquilla, Colombia Contact : Jose Manuel Gonzalez Mail. [email protected] Web http://www.sexo.delcaribe.com 1st China International Forum on Sexual Medicine October 21-23, Chongqing, China Chongqing Association for Science and Technology 3, Shuangganglu Road, Yuzhong Dist. Chongqing, China Tel. +86 23 63 62 13 95 Fax. +86 23 63 85 07 23 Mail. [email protected] Web http://www.cqast.cn 21-22 Octobre, Paris, France Congrès de la Société Française de Sexologie Clinique SFSC Renseignements, inscriptions: SFSC, 32 Avenue Carnot, 75017 Paris Tel. +33 1 45 72 62 Fax.+33 1 45 72 67 63 Email : [email protected] Site : http://www.sfscsexo.com 5th Meeting of the International Society for the Study of Women’s Sexual Health (ISSWSH) October 27-30, Las Vegas, USA ISSWSH 1111 N. Plaza Drive, Suite 550 Schaumburg, IL 60173, USA Tel. +1 847 51 77 225 Fax. +1 847 51 77 229 Mail. [email protected] Web www.isswsh.org Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 4th Annual Meeting of the Mediterranean Association of Andrology (AMA) November 9-11, Alexandria, Egypt Dr Ashraf Samir P.O. Box 125 Ibrahimia, Alexandria, Egypt Tel. +20 3 35 95 043 Fax. +20 3 35 95 044 Mail. [email protected] Web http://www.ama-assn.org Fall Research Meeting of the Sexual Medicine Society of North America (SMSNA) November 17-20, New York, USA SMSNA 1111 N. Plaza Drive, Suite 550 Schaumburg, IL 60173, USA Tel. +1 847 51 77 225 Fax. +1 847 51 77 229 Mail. [email protected] Web www.smsna.org 8th Congress of The Latin American Society for the Study of Impotence ans Sexuality (SLAIS) December 1-3, Punta del Este, Uruguay SLAIS, General Secretariat Mail. [email protected] Inscriptions : MCI Congresos & Eventos Viamonte 965 - 7º "A" (C1053ABS) Buenos Aires Argentina Tel. +54-11 4325-1273 / 4325-1290 Fax: +54-11 4326-8517 Mail [email protected] / [email protected] Web http://www.slais2005.org 8th Congress of the European Society for Sexual Medicine (ESSM) December 4-7, Copenhagen, Denmark CPO Hanser Service Zum Ehrenhain 34 22885 Barsbüttel, Germany Tel. +49 40 67 08 820 Fax. +49 40 67 03 283 Mail. [email protected] Web http://www.essm2005.org XXIIe Congrès de la SALF Décembre 7-10, Marseille, France Pr Guichaoua Tel. +33 4 91 38 13 76 Fax. +33 4 91 38 38 97 Mail. [email protected] Web http://www.congres-salf-marseille.com PROCHAINS CONGRÈS 2006 5th World Congress on the Aging Male February 9-12, Salzburg, Austria Kenes International P.O. Box 1726 1211 Geneva 1, Switzerland Tel. +41 22 90 80 488 Fax. +41 22 73 22 850 Mail. [email protected] Web http://www.kenes.com/aging 101st Annual Meeting of the American Urological Association (AUA) May 20-25, Atlanta, USA AUA Convention Department 1120 North Charles Street Baltimore, Maryland 21201-5559, USA Tel. +1 401 22 34 308 Fax. +1 401 22 34 372 Mail. [email protected] Web http://www.auanet.org 6th Meeting of the International Society for the Study of Women’s Sexual Health (ISSWSH) March 9-12, Lisbon, Portugal ISSWSH 1111 N. Plaza Drive, Suite 550 Schaumburg, IL 60173, USA Tel. +1 847 51 77 225 Fax. +1 847 51 77 229 Mail. [email protected] Web http://www.isswsh.org 8th Congress of the Europeen Federation of Sexology (EFS) June 4-8, Prague, Czech Republic Guarant International Opletalova 22 11000 Prague, Czech Republic Tel. +420 28 40 01 444 Fax. +420 28 40 01 448 Mail. [email protected] Web http://www.efs2006.cz 36° Séminaire Annuel de Perfectionnement en Sexologie AIHUS (Association Inter Hospitalo Universitaire de Sexologie) 16-19 Mars, Marseille, France Renseignements, Inscriptions BG consultant – Beatrice Godalier Tel +33(0) 4 67 29 39 12 fax +33(0) 46 72 93 91 Mail : [email protected] Web http://www.aihus.fr 12Th World Congress of the International Society for Sexual Medicine (ISSM) September 17-21, Cairo, Egypt Local Congress Secrétariat Tel +202 3368304/ +202 7495670 Fax +202 7495671 Mail [email protected] Web http://www.issm.info Sexual Dysfunction : Clinical Practice, Research And Trends April 6-9, Queenstown, New Zealand The Conference Team Level One, 85 Riccarton Road Christchurch, New Zealand Tel. +64 3 34 35 900 Fax. +64 3 34 35 063 Mail [email protected] Web http://www.conferenceteam.co.nz 28th Congress of the Society Internationnale d’Urology (SIU) November 12-16, Cape Town, South Africa SIU Congress Office 1155 University Street, Suite 1155 Montreal, Canada H3B 2A7 Tel. +1 514 87 55 665 Fax. +1 514 87 50 502 Mail. [email protected] Web www.siu-urology.org Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 37 Bulletin d’adhésion à la SFMS Société Francophone de Médecine sexuelle L'adhé hésion à la SFMS requiert le parra x de la Socié i té t ons. des é Merc c Vous pouvez ég é i o nte e è égl ' ie. ie ion en ligne à p site, w ww. sfms.fr Titre(s) : l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l l__l__l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l Nom : l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l Prénom : l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l Spécialité l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l Adresse : l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l l__l__l__l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l l__l__l__l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l Code postal : l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l__l Ville :l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l__l__l Pays : l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l E Mail : l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l Téléphone l__l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l Fax : l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l__l__l Vos Parrains : 1° Parrain l __l__l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l 2° Parrain : l__ l __l__l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l__l __l__l__l__l__l__l__l__l Signature : Renvoyez ce bulletin complé lété par courrier (SFMS adhésions 3 rue Carolus 59000 Lille France) en joignant a votre règle em ent par ch hèque bancaire de Coti rna tionale « i » ine ’ fri s L’ sation ce e he le » . t sa ti rev rev apitre régional d’appartenance n (ESSM pour les européens, ASSIR pourr les africains et dans un proche av ur les nord-américains) - 10 Euro pourr la SFMS - 10 Cotisation Francophone Pour bé la zone r s seuls avantages fr cevo v ir le Bulletin de e la SFMS, p articipat a ion à ses activités d'enseignement, accession à é Cotisation é Pour bé éfic 30 Euro es de e t 15 Euro des mêmes avantages que la a cotisation fran à , en justifi é e té ’étudian un è rtif ca scolari é). tration de la Société. n d' 38 é n S éj membre e a ère iimpo p de ses chap apitres ré régio o nt été t s ca c r le nombre conforter o le poiids de notre jeu été t . Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 XVIITH WORLD CONGRESS OF SEXOLOGY Montreal 10-15 July, 2005 J OURNÉE SCIENTIFIQUE DE LA S OCIÉTÉ F RANCOPHONE Ouverture J. Buvat (France), S. Carrier (Canada) 8h30 Mise au point actualité La Dysfonction érectile: Entre maladie et symptôme P. Bondil (France) 9h00 Symposium : Conséquences sexuelles des crises du milieu de vie : Modérateurs : J. Buvat (France) et Pierre Assalian (Canada) 13h30 – 14h30 Table ronde : Freins à la consultation pour troubles sexuels et solutions apportées dans le monde francophone Modérateurs :A. Giami (France) et A. Ladjimi (Tunisie) 14h00 : Résistances médicales à l’approche de la sexualité A. Giami (France) 14h10 : Le Réseau de Médecine Sexuelle du Quebec P. Alarie (Canada) 14h20 : L’expérience française de l’ADIRS A. Lemaire (France) 14h30 : Le point en Afrique subsaharienne S.M. Gueye (Sénegal) 14h40 : le point au Maghreb A. Ladjimi (Tunisie) 14h50 : Discussion Sexualité et milieu de vie : Désirs et réalité Ph. Brenot (France) Crises du milieu de vie : Impact sur la sexualité du conjoint M. Ganem (France) Crises du milieu de vie et difficultés sexuelles : Adaptation, résilience G. Ribes (France) 10h00 - 10h15 Pause 10h15 – 10h55 Symposium Conséquences sexuelles des crises du milieu de vie (suite) Modérateurs : J. Buvat (France) et Pierre Assalian (Canada) Déclin hormonal chez l'homme : quel rôle dans le déclin sexuel? J. Buvat (France) Impact sexuel des crises hormonales de la méno pause : quel traitement après la mise au banc de l'hormonothérapie substitutive ? J. Bitzer (Suisse) 10h55 Discussion 11h05-12h00 Débat : Y-a-t’il encore une vie sexuelle après traitement du cancer de la prostate ? Modérateurs: M. Chevret-Measson (France) et D. Delavierre (France) Non : P. Bondil (France) Oui : D. Delavierre (France) Et qu’en pense la partenaire ? B. Cuzin (France) 14h30 – 14h45 Pause 14h45 – 17h00 Symposium : Traitement pharmacologique des dysfonctions érectiles : Prévention et gestion des échecs et résistances Modérateurs : M.H Colson (France) et Serge Carrier (Canada) 14h45 Prescription médicamenteuse : Enquête internationale de l’ESDA sur les attentes du couple et la réalité de la prescription A. Lemaire (France) 15h00 : Echecs et faux échecs des médicaments François Bénard (Canada) 15h20 : Traitements pharmacologiques : Abandons et résistances A.Corman (France) 15h40 : Ajustement du schéma thérapeutique au profil du patient M.H. Colson (France) 16h00 : Les nouveaux schémas d’administration des IPDE5 : applications aux échecs et résistances. J. Buvat (France) 16h20: Que faire en cas d’échec ou de refus des inhibiteurs de la PDE5 ? E. Wespes (Belgique) 16h40 : Discussion Conclusion 12h00 – 13h00 Déjeuner 13h00 – 13h30 Mise au point Modérateur : François Bénard S YMPOSIUM V IEILLISSEMENT M ÉDECINE S EXUELLE Perspectives du traitement des dysfonctions érectiles : Des nouvelles molécules à la thérapie génique Serge Carrier (Canada) Dimanche 10 Juillet 2005 8h25 DE 17h00 : Conclusion ET S EXUALITÉ M ASCULINE Mercredi 13 Juillet 2005, 14h30-16h30 Sous l’égide de la Société Francophone de Médecine Sexuelle (SFMS) • Modérateurs : Dr Jacques Buvat et Pr Serge Carrier - Prévalence des troubles sexuels chez l’homme vieillissant (Dr François Bénard, Canada) - Troubles sexuels et urinaires : plus qu’une simple coïncidence (Pr Serge Carrier, Canada) - Rôle du vieillissement hormonal dans la Dysfonction Erectile : nouvelles perspectives thérapeutiques (Dr Jacques Buvat, France) - Vieillissement et Sexualité : Aspects psychologiques et conjuguaux (Dr Marie Hélène Colson, France) - Effets du vieillissement sur le tissu pénien et conséquences pour l’érection(Pr Eric Wespes, Belgique) Bulletin de la Société Francophone de Médecine Sexuelle 2005 N°1 39