La justice plante un arbre à Hasselt
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La justice plante un arbre à Hasselt
REPORTAGE Inauguration du nouveau palais de justicei DIMENSION © Marc Scheepers La justice plante un arbre à Hasselt 26 REPORTAGE Le nouveau Palais de Justice de Hasselt vient tout juste d’être inauguré officiellement; il s’agit d’un projet métaphorique de l’association provisoire TWINS, alias les bureaux d’architectes locaux Lens°Ass architectes et a2o architectes, ainsi que le Berlinois J. MAYER H. Architects. Ils ont remporté en 2005 le concours portant sur la création d’un repère architectural à côté de la gare, à quelques pas du centre. Il s’inscrivait aussi dans le master plan de West 8 qui transformait les environs de la gare en nouvel espace urbain proposant un parc, des immeubles publics, des bureaux, des hôtels et des immeubles d’habitation. Le palais de justice amorphe composé de deux volumes organiques est l’une des deux tours que compte le site. ©Reynders Bouw & Interieur. Le projet de TWINS est une référence au noisetier, l’arbre qui représente la sagesse dans la mythologie, et dont le bâton est considéré comme un signe d’autorité. C’est sous les noisetiers que la justice se rendait jadis, de sorte que l’arbre véhicule aussi le concept de communauté. Une référence parallèle est celle des armes de la ville de Hasselt, qui représentent notamment deux noisetiers. Le nom de la ville serait dérivé du terme germain hasaluth (‘bois de noisetiers’). Le concept, au même titre que le choix des matériaux, relie également l’immeuble aux structures d’acier industrielles et à la période art nouveau. Les formes audacieuses capitalisent en outre sur la soif d’expérimenter optimiste des années 1960-1970, qui explorait non seulement sur les structures et matériaux nouveaux, mais aussi les structures sociales et familiales différentes. Ce palais de Justice donne à Hasselt un nouveau repère à part entière. De par son emplacement à côté de la gare et tout près du centre, on peut dire qu’il a véritablement trouvé sa place. L’aspect de l’ensemble est surtout marqué par les tours et la structure spécifique de la façade partiellement double. Celle-ci combine une couche intérieure composée uniquement de verre, et une couche extérieure de verre et plaques d’aluminium perforé, fixée sur une structure de poutres et de colonnes en bois lamellé. Elle évoque l’image de branches, tandis que le schéma des plaques d’aluminium ainsi que le jeu de la transparence et de la réflexion forment une imitation abstraite des branches. L’implantation et les perforations des plaques d’aluminium permettent à la façade sud de bénéficier d’un ensoleillement maximal. Les passerelles reliant les deux couches de la façade facilitent l’entretien. Contrairement à la partie générale des travaux, qui est passée par le processus d’adjudication habituel, la structure complexe de la façade a été réalisée en équipe par les concepteurs, l’entrepreneur et divers conseillers. Ce sont surtout les tours et la structure spécifique de la façade qui dé- © Philippe van Gelooven terminent son aspect. La double façade a une couche intérieure composée uniquement de Partage des fonctions verre, et une couche extérieure de verre et plaques d’aluminium per- » foré, fixée sur une structure de poutres et de colonnes en bois lamellé. DIMENSION Le découplage formel entre le bâtiment principal horizontal et le volume vertical de la tour se prolonge dans l’organisa- 27 © Philippe van Gelooven REPORTAGE On trouve partout des doubles portes et fenêtres, ainsi que des plafons © Philippe van Gelooven perforés à isolation absorbante. Dans la plupart des salles d’audience, il n’y a même pas besoin de sonorisation grâce à l’utilisation intelligente de panneaux de tissu. Les services administratifs se trouvent dans les douze étages de la tour. Depuis le restaurant panoramique du dernier étage, les membres du personnel peuvent profiter de la vue sur la ville et ses environs tout en prenant leur déjeuner. En sous-sol, le complexe compte près de 30.000 m² d’archives ainsi qu’un parking public dont une partie est réservée aux services de la justice. Conçu initialement comme un immeuble de bureaux multifonctionnels, le bâtiment héberge désormais l’ensemble de ces services. Auparavant, ils étaient disséminés entre plusieurs bâtiments qui ne présentaient pas toujours la même facilité d’accès. La construction a démarré fin 2008 et près DIMENSION © Philippe van Gelooven tion intérieure. Le socle, qui fait le lien avec le parc, compte six étages. Ils abritent des bureaux, des salles d’audience, des cellules, un poste de police et un local de vidéoconférence, de manière à ce que la Cour d’Appel d’Anvers puisse également siéger en ces lieux. Au rez-de-chaussée, les services juridiques partagent la bibliothèque accessible séparément avec la faculté de droit de l’Université de Hasselt. Cette dernière peut aussi utiliser une série de locaux pour des cours, des conférences ou autres activités. 28 de trois ans plus tard, à l’automne 2011, elle a été mise à la disposition du SPF Justice qui loue l’édifice pour 36 ans. A l’époque, les finitions intérieures n’étaient pas entièrement terminées; elles n’ont été livrées que plus tard, ce qui a reporté le déménagement au deuxième semestre 2012. La bibliothèque, enfin, est entrée en service cette année. La métaphore de l’arbre se prolonge à l’intérieur. Les espaces publics sont garnis de tables dont la forme évoque des branches, et le bureau de la réception reprend lui aussi ce même style. Le vinyle qui recouvre le sol, et qui a été spécialement créé pour ce projet, s’inspire d’un feuillage aux tons bruns caractéristiques. Derrière l’accueil, on trouve l’image agrandie cent fois d’une feuille de noisetier. Les espaces publics sont séparés des locaux à accès restreint par une zone de transition peinte en orange, dans lesquels se trouvent les installations techniques, les sanitaires, les escaliers et les ascenseurs. Un immeuble performant Le nouveau palais de justice est très performant sur le plan thermique et acoustique. La double façade garantit un bon confort thermique sans impacter la transparence ni nuire à l’éclairage naturel. Par ailleurs, de nombreux éléments contribuent à une très bonne performance énergétique: isolation thermique poussée à K34, utilisation d’une chaudière à condensation, d’un plafond climatique pour la climatisation et le chauffage, pose d’un drycooler pour refroidissement passif en demi-saison, pare-soleil automatiques, chauffe-eau solaire et éclairage commandé en fonction de la lumière naturelle et au moyen de détecteurs de présence. Du côté acoustique, rien à redire non plus. On trouve partout des doubles portes et fenêtres, ainsi que des plafonds perforés à isolation absorbante. Dans la plupart des salles d’audience, il n’y a même pas besoin d’amplification sonore grâce à l’utilisation intelligente de panneaux en tissu. Enfin, grâce à son implantation à proximité de la gare, l’immeuble contribue à limiter les embarras de trafic et à améliorer la mobilité.