GUIDE PRATIQUE DE PRODUCTION DE REJETS DE BANANIER
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GUIDE PRATIQUE DE PRODUCTION DE REJETS DE BANANIER
GUIDE PRATIQUE DE PRODUCTION DE REJETS DE BANANIER PLANTAIN PAR LA METHODE « P.I.F » Manuel de formation pour les groupes de producteurs agricoles Par ABESSOLO AMOUGOU PATRICE Ingénieur Agronome Option Génie Rural Version Avril 2012 I. LEXIQUE DES TERMES TECHNIQUES UTILISEES DANS LA MULTIPLICATION DES REJETS DE BANANIER ET PLANTAIN Parage : système de nettoyage des rejets de bananier qui consiste à découper (éplucher) avec une machette, les racines et une partie du bulbe. Pralinage : le pralinage consiste à tremper le matériel végétal dans une solution phytosanitaire (fongicide, insecticide, nématicide) pour le protéger des éventuels attaques. Gaine foliaire : c’est la partie de la feuille qui est rattachée à la tige. Elle forme alors une couche ou une gaine. Lorsqu’on veut « déshabiller » une tige de bananier, on enlève une par une les différentes couches (gaines) qui constituent la peau du bananier. Explant : on parle plus de l’explant lorsqu’on utilise la technique de multiplication par PIF (Plants Issus des Fragments de tige). En effet, avec cette technique de multiplication, on part d’un plant entier ou plant mère. Ce plant est découpé, épluché, déshabillé si qu’à la fin du processus, on obtient juste une partie du plant initial. C’est ce plant initial devenu un morceau de tige qu’on appelle explant. C’est explant qui sera divisé en plusieurs morceaux et mis en germoir pour produire de nouveaux plants (rejets) de bananiers plantains. Le terme « ex » fait opposition ici aux nouveaux plants qui seront obtenus à partir de l’ancien. Vivoplant : les plants obtenus par la technique de PIF sont appelés vivoplants. On les appelle ainsi par opposition aux vitroplants qui sont des plants obtenus en laboratoire avec parfois l’utilisation d’hormones de croissance. Les vivoplants sont plus rustiques (solides) car sont multipliés en milieu réel, contrairement aux vivoplants qui sont multipliés en laboratoire avec toutes les précautions possibles. Méristème : le méristème est tout simplement le cœur d’une plante. C’est le bourgeon central qui permet à la plante de repousser après avoir été coupé. C’est l’organe chargé de véhiculer les substances nutritives et de les distribuer entre les racines et les feuilles. C’est une sorte de racine qui traverse toute la plante, de la racine aux feuilles. Lorsque le méristème est détruit, la plante bien qu’étant sur pied est appelée à mourir, car il n’y a plus de contact entre la partie aérienne (feuille) et la partie souterraine (racine). Comme le méristème traverse tout l’intérieur de la plante, la partie du méristème qui se trouve proche des racines et de la tige est appelée méristème basal, alors que la partie du méristème qui se trouve au sommet de la plante, donc proche des feuilles est appelé méristème apical. Rejet baïonnette : ce sont des tout-petits rejets de bananier plantain dont les feuilles viennent à peine d’apparaître. Ces feuilles ne se sont mêmes pas encore bien détachées, et présentent une forme lancéolée. Ces types de rejets, puisqu’ils sont encore jeunes, sont pleins de réserves nutritives, et donc, ont plus de chance de réussite, lorsqu’ils sont plantés. Œilleton : c’est un petit œil. En multiplication de rejets de bananier, l’œilleton est l’excroissance du bananier plantain qui se développe plu tard pour devenir un rejet ; On l’appelle œilleton, parce qu’il présente l’aspect d’un œil dès son apparition. II. DEFINITION DE LA METHODE « PIF » « PIF » veut dire : Plants Issus de Fragment de plant. La méthode « PIF » est une technique de multiplication végétative des rejets de bananier plantain peu coûteuse et facile à mettre en œuvre avec des matériaux locaux ou de récupération. La méthode PIF permet une production en masse de rejets, en seulement trois ou quatre mois, et surtout hors champ, dans un milieu sain, à n’importe quel moment de l’année. Par cette méthode, on peut obtenir 100 rejets indemnes de charançon et de nématodes en un mois, à partir d’un seul rejet. Cette technique a été mise sur pied par le CARBAP (Centre Africain de Recherche sur le Bananier plantain). III. LE MATERIEL NECESSAIRE : 01 couteau à lame fine et à bords parallèles de 2 à 3cm de hauteur ; 01 paire de gants en latex ; 02 bassines propres lavées à la lessive ; Une zone d’ombre (hangar, pièce d’un bâtiment, sous des arbres…) et une surface plane isolée de sol (table, claie…) ; Un film transparent capable de résister aux intempéries ; De la sciure de bois blanc décomposée et sèche ; Un réceptacle ou bac de 30cm de profondeur minimum avec perforations à la base permettant le drainage de l’eau; Du matériau local ou de récupération permettant de réaliser une structure à deux pans. IV. CONSTRCUCTION DU PROPAGATEUR DE PIF Un propagateur de PIF est constitué de : Une serre qui est qui est une structure permettant l’écoulement des eaux de pluie, complètement couvert d’un film (plastique) transparent et fermée de façon hermétique ; Un bac de germination ou germoir ; Une ombrière ou de l’ombrage même des arbres à 50%. IV.1. Dimension d’un propagateur de « PIF » Pour la production de 1000 plants en 6 mois, il faut un propagateur dont le bac de germination est de 1x3m², avec une profondeur d’au moins 30cm. IV.2. Choix des matériaux de construction - Pour la structure : piquets de brousse ; lattes résistant aux charançons ; bambou de chine etc. Construction d’une structure avec bac surélevé en bois de récupération au Centre de formation des Exploitants Agricoles de MFOU. - Pour le bac de germination : vielles tôle perforées ; panneaux de bambou de raphia etc. … Bac en feuille de tôle de récupération perforée au Centre de formation des Exploitants Agricoles de MFOU. IV.3. Choix du substrat Sciure de bois décomposée est traitée à d’une solution d’insecticide et de fongicide. Il faut 5 à 6 sacs ou filets de sciure pour un germoir de 3m², et 30cm de profondeur. IV.4. Choix et pose de la bâche de plastique Il faut une bâche de plastic transparente, résistant et non toxique. Un ruban de fronde (caoutchouc pour assurer l’étanchéité et provoquer l’effet de serre dans le propagateur). Pose de la bâche (à gauche) et étanchéité avec un ruban de caoutchouc (à droite) au Centre de formation des Exploitants Agricoles de MFOU. IV.5. L’ombrière On peut faire la construction d’une ombrière légère, poser des rameaux de palmes au-dessus de la structure ou construire le propagateur sous le feuillage d’un arbre. Une ombrière légère, avec pose des rameaux de palmes V. PRODUCTION DES SEMENCEAUX OU EXPLANTS : V.1. Choix des rejets Le choix peut être porté sur deux types de rejet : Les baïonnettes qui sont les rejets à feuilles effilées en forme de couteau ; Les rejets « choux » aux feuilles arrondies et denses. C’est le rejet baïonnette qui est recommandé. Il faut le choisir d’un pied mère le plus sain possible, ayant un régime intéressant, parmi des variétés reconnues économiquement rentables (Bâtard ; Essang ; Ebang ; Corne ; Fauxcorne ; French…). Il est aussi recommandé de choisir les variétés les plus précoces telles que le Bâtard et le Corne. Un rejet baïonnette V.2. Préparation des bulbes Parage à blanc ou Habillage A l’aide d’un couteau propre et tranchant, et après avoir chaussé des gants en latex, peller le bulbe pour éliminer toutes les racines, croûtes de terre, et toutes les galeries possibles de charançons. NB : Si le bulbe est correctement pellé à blanc, et que les règles sanitaires sont respectées, le matériel végétal issu de cette technique est indemne de nématodes et de charançons. Et à partir de ce moment, les rejets ne doivent plus être posés par terre. Rejets avant et après parage Taille des gaines ou décorticage Enlever soigneusement les couches de gaines en commençant par leur croisement en « V » et en découpant à chaque fois 2mm au-dessus de ligne d’insertion sur la tige jusqu’au stade des trois couches de gaines. Couper en suite à la pseudo-tige restante à 2cm au-dessus du dernier niveau décortiqué. Nous obtenons ainsi ce qu’on appelle un EXPLANT. L’explant ainsi obtenu est laissé à sécher à l’ombre pendant 48 heures (la sève doit être sèche et ne plus coller au toucher). NB : Ne pas découper plus profond que l’épaisseur de la gaine que vous enlevez, pour ne pas abimer le bourgeon situé sous la gaine dans l’alignement du « V » formé par le recouvrement de la gaine sur elle-même. Rejet paré Décorticage Rejet décortiqué La levée de la dominance apicale Après avoir identifié le méristème apical collinaire ou MAC (point central à l’intérieur du dernier des cercles concentriques de la pseudo-tige), à l’aide d’un couteau lavé et aiguisé et après avoir mis des gants en latex, on y fait une incision en croix de 3cm de profondeur. La première se faisant dans l’alignement du point d’attache du rejet avec sa mère. On doit ainsi toucher le MAC pour le désorganiser et lever la dominance apicale. L’explant ainsi incisé est mis au séchage à l’ombre pendant 30mn à 01 heure de temps. Incision en crois pour la levée de la dormance VI. MISE DES EXPLANTS EN GERMOIRE Premièrement, La sciure de bois du bac de germination doit être désinfectée avec une solution d’insecticide et de nématicide (comme déjà dit plus haut) ; Deuxièmement, deux jours après avoir désinfecté la sciure de bois, le bac de germination doit être préparé en étant abondamment arrosé avec de l’eau une fois par jour pendant deux jours, et être hermétiquement fermé dans la serre ; Troisièmement, les explants sont enfouis dans la sciure ainsi préparée à 12cm au minimum du fond du bac, et à 3cm de la surface de la couche de sciure. Entre les lignes, les explants sont séparés de 20cm. Et sur la ligne, ils sont espacés de 6 à 10cm. Le germoir est en suite hermétiquement fermé. NB : Un bac de 3m² reçoit entre 40 et 50 explants. Un germoir ensemencé et hermétiquement fermé à la CHASAADD- M VII. ENTRETIEN DU GERMOIR Le premier arrosage se fait 24 heures après la mise en place des explants dans la sciure. Et en suite, un maximum de 2 arrosages par semaine doit être suffisant. NB : Si cette fréquence d’arrosage n’est pas suffisante (si la sciure sèche), c’est signe que le germoir n’est pas suffisamment hermétique. Généralement trois semaines après, les premiers jeunes plants apparaissent de la sciure. NB : il faut veiller à éliminer les explants qui pourrissent avec le temps. Un germoir en activité à la CHASAADD- M VIII. SEVRAGE ET SUIVI SOUS OMBRIERE Il est conseillé d’arroser d’abord le germoir avant de procéder à la récolte des rejets au stade de 3 feuilles et un cigare (pour éviter qu’ils soient trop vieux et épuisent rapidement les explants). Le prélèvement se fait au scalpel (petit couteau bien aiguisé et propre). L’explant est sorti de la sciure et les plants sont coupés à 3cm au-dessus de leur point d’attache avec explant (limite entre la partie blanche et la partie verte de la gaine). Ce prélèvement provoque l’activation des nouveaux yeux sur l’explant qui émettra de nouvelles plantules. En suite l’explant est remis en germoir. NB : La sciure collant aux racines de l’explant pendant le prélèvement ne doit pas être débarrassée. Et les rejets du premiers rang devraient être prélevés avec un petit morceau de l’explant car n’ayant pas de racines. L’arrosage du germoir ne fera que 24 heures après le sevrage. Sevrage à la CHASAADD-M Plants sevrés à la CHASAADD-M En dehors du sevrage direct susmentionné, il est aussi possible de laisser le rejet sur le bulbe (explant) et de leur faire une réactivation (leur faire un décorticage et lever leur dominance apicale). L’explant pourra alors produire 20 à 40 plants 6 à 8 fois suite jusqu’à équipement de ses réserves. Les jeunes plants ainsi récoltés sont mis en pot et mis sous ombrière. Les pots de 2,5l sont remplis de terreau fait d’un mélange de terre noire (3 brouettées) + sable (1 brouettée) + fientes de poule (3 sceaux de 10 litre) + insecticide nématicide du sol. Les pots sont arrosés avant de recevoir les jeunes plants. Les pots ensemencés sont mis sous ombrière et arrosés tous les jours. Il faut faire un apport en engrais foliaire deux fois par semaine. Les plants vont séjourner en pépinière pendant 2 mois (quand leurs racines sont bien formées). Réactivation d’un rejet à la CHASAADD-M Rejet réactivé sur explant remis dans la sciure à la CHASAADD- M Mise en pot des jeunes plants à la CHASAADD-M IX. DONNEES RECAPITULATIVE SUR LA DUREE DES ETAPES DE PRODUCTION Préparation de l’explant Séchage et mise en germoir Sevrage au bout de : Au mieux 01 jour 02 jours 30 jours X. Pépinière de « PIF » à la CHASAADD-M Durée d’élevage sous ombrière 45 jours Total 11 semaines DONNEES SUR LA MISE EN CHAMP Densité : 1 110plants à l’hectare. Ecarte en champ : 3 à 4m. Trous : 60 x 60 x60 cm3. Transplantation : un ou deux jours avant la transplantation, mettre au fond du trou la terre de surface mélangée à deux bonnes poignées de fientes de poule et un insecticide nematicide du sol. Arroser le trou ainsi préparé s’il n’y a pas de pluie. Entretien : faire du désherbage les 6 premiers mois et placer des tuteurs à l’apparition des régimes. Récolte : 3 à 4 mois après la floraison. Rendement : 8-15 tonnes /ha à la première année. Rejets prêts pour la transplantation à la CHASAADD-M de MFOU XI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1- AGROCOM Guide de la production et de la protection de la banane plantain. Douala : AGROCOM, 2000 2- CARBAP Fiche technique : Nouvelles techniques horticoles de production de masse de bananiers : La technique PIF (Plants Issus de fragments de tige). Douala : CARBAP, 2002 3- Clément, Jean-Michel Larousse agricole. Paris : Larousse, 1981 4- CRBP Fiche technique « plantain ». Douala : CRBP, sd 5- Djomo, Jonas Le bananier plantain. Yaoundé : PSCC/MINAGRI, sd 6- Josset, Gérard Le bananier plantain. Yaoundé : Minsitère de l’Education Nationale, sd 7- La Voix Du Paysan La Voix Du Paysan N°41, Juin 1995 8- La Voix Du Paysan La Voix Du Paysan N°144, Janvier 2004 9- Marty, Paul Fiches techniques d’agriculture spéciale à l’usage de l’enseignement agricole d’Afrique subsaharienne : Le bananier. Paris : BDPA-SCETAGRI- Ministère de la Coopération, 1993 10- SAILD Recueil de fiches techniques pour l’entrepreneur rural. Tome1. Yaoundé: SAILD, 1998 11- Tezenas du Montcel, Hugues Le bananier plantain. Paris : Editions Maisonneuve et Larose, 1985 12- ASSOCIATION ARBOFRUITS- NOUVELLE CALEDONIE Multiplication rapide de rejet de banane plantain. Version Juin 2010
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