Chalets «au noir» :
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Chalets «au noir» :
03 À LA UNE Technologie Le train reviendra-t-il à Gaspé ? Des emplois grâce au numérique 05 37 900 EXEMPLAIRES VOL.13 N°08 PP 41234045 Photo principale : Jacques Gratton - Mise en scène. ÉTÉ 2012 DOSSIER Chalets «au noir» : ÉPIDÉMIE? 04 environnement Le caribou en péril 08 Éditorial Citoyens : aux urnes ! 24 Musique Les coulisses des festivals 02 Graffici été 2012 PUBLIREPORTAGE PUBLIREPORTAGE PUBLIREPORTAGE PUBLIREPORTAGE PUBLIREPORTAGE été 2012 Graffici À LA UNE 03 Nelson Sergerie | [email protected] GASPÉ – Même si le train ne siffle plus à Gaspé depuis six mois, les observateurs croient toujours au potentiel ferroviaire en Gaspésie. De son côté, la Société du chemin de fer de la Gaspésie (SCFG) n’ose plus prédire un moment pour la reprise des activités sur le tronçon situé à l’extrémité de la péninsule. A vant d’autoriser la reprise de la circulation sur le tronçon, la SCFG veut s’assurer que cela sera fait de façon sécuritaire. Le travail d’inspection des ponts se fait avec minutie. Lors du passage de GRAFFICI à Haldimand, des travailleurs utilisaient une nacelle afin de vérifier chaque élément en acier du pont centenaire surplombant la rivière Saint-Jean. On pouvait entendre clairement le son d’un marteau cognant sur la structure afin de s’assurer de son intégrité. Malgré les difficultés, Cynthia Patterson de Dignité rurale croit toujours au rail en Gaspésie. « J’ai confiance en son potentiel de développement autant du côté de la marchandise que des passagers. Mais la situation survenue depuis six mois est inacceptable », dit-elle. Mme Patterson se pose des questions sur la gestion actuelle de la crise : « Pourquoi la SCFG a pris beaucoup de temps avant d’établir que tout le circuit n’était pas sécuritaire ? Je ne comprends pas leur façon de répondre à la situation. C’est une façon bizarre d’exploiter un chemin de fer. Pourquoi ne pas présenter publiquement les études des ingénieurs ? », questionne l’observatrice. Elle trouve anormal d’avoir découvert que tout le tronçon Matapédia-Gaspé était dans une situation de crise seulement en décembre dernier, lorsque la voie a été fermée entre Matapédia et Gaspé. « C’était un choc », ajoute Mme Patterson. Actuellement, certains trains de marchandise peuvent circuler jusqu’à Chandler depuis la mi-mai, selon le type de cargaison à transporter. Le tout dépend du poids du wagon. Via Rail doit s’arrêter à New Carlisle en raison de l’impossibilité pour le train d’effectuer un demi-tour plus à l’est. Depuis décembre dernier, près de cinq millions de dollars ont été investis afin de remettre en état les infrastructures problématiques, qui avaient été laissées pratiquement à l’abandon par le Canadien National avant l’acquisition de la voie par la Société. « C’est de l’argent puisé à même l’ancienne entente venue à échéance le 31 mars. Maintenant, on puise dans celle de 17 millions, conclue avec Québec pour deux ans », précise M. Demers. Après avoir remis le tronçon à niveau avec les 95 millions réclamés aux deux paliers de gouvernement, la SCFG prévoit devoir investir en moyenne quatre à cinq millions $ par année pour maintenir l’infrastructure en bon état. « Avec 95 millions, on sera bon pour 30 ans, autant pour les ponts que pour la voie ferrée. C’est dans cette optique qu’on travaille », selon M. Demers. Via Rail maintiendra ses activités « On attend impatiemment, avec beaucoup de hâte, de pouvoir retourner à Gaspé », affirme le porte-parole de Via Rail, Malcolm Andrews. Il assure que le train Chaleur demeure dans les plans de l’entreprise, alors que toutes sortes de rumeurs ont circulé sur l’avenir de cette ligne, particulièrement avec les compressions majeures annoncées à la fin juin par Via Rail à travers le Canada. « Les choses vont bien. [Le Chaleur a] une bonne base de clientèle, une clientèle fidèle », ajoute M. Andrews, alors que le train Océan, qui transite par Campbellton, au NouveauBrunswick, verra son service réduit de moitié à l’automne. Cette décision a suscité beaucoup de mécontentement dans la Baie-desChaleurs, la clientèle et les politiciens dénonçant cette diminution du service. Ces changements pourraient avoir un impact sur l’horaire du train Chaleur, mais les trois départs seront maintenus chaque semaine, selon le porte-parole. Des travailleurs procèdent à l’inspection du pont de Haldimand. L’analyse se poursuit CE MOIS-CI DANS GRAFFICI Photo : Geneviève Gélinas Nelson Sergerie Rédacteur en chef en remplacement de Maïté SamuelLeduc, en congé de maternité. Photo : Nelson Sergerie « Je ne me risque pas à dévoiler une date [pour le retour du train à Gaspé], indique prudemment le directeur général de la SCFG, Olivier Demers. Je préfère attendre de voir le rapport sur l’état des structures, qui est attendu prochainement, avant d’établir un plan de match. Est-ce quelques semaines ? Quelques mois ? Je ne me risque pas. » La réponse de M. Demers est prévisible, d’autant plus que les projections faites depuis six mois ont toujours été déjouées par de nombreux impondérables. SOMMAIRE Dossier Des chalets sont loués « au noir » 13 Mathilderies Flétan aux amandes Environnement Les caribous au parc national de la Gaspésie 04 Jeunesse Reconnaître les mollusques Technologie L’économie numérique en Gaspésie Rétroviseur Les artéfacts de Forillon 05 17 19 20 Tour en bref 06 Coup de chapeau Rémi Cloutier et son magasin général ÉDITORIAL Il y a des limites aux annonces Musique Dans les coulisses des spectacles culturels 24 08 Libre arbitre D’autres révélations sur la cimenterie COMMERCE La cuisine japonaise arrive à Gaspé 09 10 Loisirs Des bateaux miniatures à Cascapédia-Saint-Jules 11 22 Cinéma Les artisans du 7e art s’organisent 25 Arts visuels Cinq ans de souffle du cœur à Maria 26 Critique littéraire Sylvain Rivière : Réfugiés poétiques 27 CONVENTION DU SERVICE POSTE-PUBLICATIONS NO 41234045 RETOURNER LES ARTICLES NON DISTRIBUABLES À : JOURNAL GRAFFICI, 200B, BOUL. PERRON OUEST, NEW RICHMOND (QUÉBEC) G0C 2B0 04 Graffici été 2012 environnement GENEVIÈVE GÉLINAS | [email protected] Le roi des cimes en péril PARC NATIONAL DE LA GASPÉSIE – De nombreux faons de caribous ont été observés sur le mont Jacques-Cartier au début de l’été. Une rare bonne nouvelle pour une population en voie de disparition, qui n’a jamais été si peu abondante. 150 caribous 100 caribous survie a diminué radicalement à cause des coupes forestières en périphérie du parc. La jeune forêt a favorisé la multiplication des ours, qui s’y gavent de petits fruits, et des coyotes, qui y trouvent quantité de petites proies. Si un faon de caribou passe à leur portée, ils le croqueront. L’orignal, dont la densité atteint des records, s’égaie maintenant près des sommets. Il y attire les prédateurs, friands des carcasses de ce gros cervidé. Quoi faire pour sauver le caribou? Il faut restaurer les vieilles forêts, en faisant des coupes partielles plutôt que totales. « Ça peut prendre de 50 à 60 ans », admet Mme Lalonde. Le caribou tiendra-t-il jusque-là? La biologiste est convaincue que c’est possible. En attendant la repousse, on trappe les prédateurs dans l’habitat du caribou. Chaque année, des techniciens de la faune mettent environ 30 ours et 40 coyotes hors d’état de nuire. L’hiver prochain, on capturera des caribous pour les munir de colliers émetteurs. 750 caribous présence encourage ceux qui œuvrent à la protection du caribou. Ils en ont bien besoin. Parce que ça va mal pour le roi des cimes. L’automne dernier, la biologiste du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Mélinda Lalonde, et ses collègues ont effectué le décompte annuel des caribous : une journée de manège dans un hélicoptère secoué par les forts vents des sommets. En descendant de l’appareil, « on était très «débinés» », lance Mme Lalonde. Et pas à cause du mal de cœur. Au total, son équipe a observé un maigre 72 caribous, dont seulement deux faons, le plus bas nombre jamais vu. En tenant compte du fait que certaines bêtes passent inaperçues, le cheptel est estimé entre 83 et 105 individus. Qu’est-ce qui empêche le caribou de prospérer? La « cause ultime », décrit Mme Lalonde, est la perte de son habitat. En hiver, le caribou descend des sommets pour manger le lichen qui pousse dans les arbres des forêts matures. Ce garde-manger de 1950 2002 2011 Mieux connaître leur utilisation du territoire permettra de raffiner les mesures de protection. On en profitera pour prélever du sang et des poils afin de mesurer leur état de santé et leur diversité génétique. Et il faut continuer de « baliser » la présence humaine, malgré certaines critiques de l’industrie récréotouristique, dit Mme Lalonde. Tous ont à gagner à la survie du caribou, estime-t-elle. « Le caribou, c’est un moteur économique et une carte postale pour la Gaspésie. » Les caribous de la Gaspésie sont les derniers représentants des grands troupeaux qui couvraient l’est du Québec et la Nouvelle-Angleterre jusqu’au 19e siècle, avant d’être décimés par la colonisation et la chasse. La population de la péninsule est génétiquement distincte de celle du Nord-du-Québec, même si elle appartient à la même espèce. Les caribous de la Gaspésie sont les seuls représentants de cette espèce au sud du Saint-Laurent. Photo : Marc L'Italien, SÉPAQ S ur le sentier du mont JacquesCartier, dans le parc national de la Gaspésie, un troupeau humain monte à la rencontre du caribou. Après une heure de sueur, la forêt laisse place aux plantes alpines qui poussent dans un sol rocailleux balayé par le vent. Bienvenue dans le domaine du caribou. Pendant notre halte au sommet, un mâle traversera le plateau en contournant des randonneurs accroupis. « J’ai tourné la tête et j’ai vu ce caribou qui sortait de nulle part. C’était magique. Il est passé à 15 mètres en s’arrêtant près de chacun de nous. C’était presque un défilé de mode! », lance Marie-Pierre Hébert, une jeune touriste belge qui n’est pas près d’oublier sa rencontre. Un peu plus tôt, trois femelles et leurs faons sont venus brouter à portée de nos jumelles. Mieux : la semaine précédente, un garde-parc a observé 14 faons. « Ça faisait 20 ans que ça ne s’était pas vu! », affirme Marc L’Italien, garde-parc naturaliste. La partie est loin d’être gagnée pour ces petits, vulnérables aux prédateurs jusqu’à l’âge de six mois. Mais leur été 2012 Graffici TecHnologie 05 Nelson Sergerie | [email protected] À l’heure de l’économie numérique CHANDLER – À partir de son poste de travail à Chandler, Greg Georges coordonne une équipe de 10 personnes à Montréal, et de cinq autres… en Inde! Développer l’économie numérique en Gaspésie permettrait de rapatrier des emplois, croit ce développeur de logiciels. Et il veut convaincre la Conférence régionale des élus Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (CRÉGÎM), qui met en place son plan numérique. G reg Georges travaille aux côtés de 20 autres personnes au Technocentre des technologies de l’information et des communications, dans l’édifice qui abritait jadis la caisse populaire Desjardins, sur la rue Commerciale, à Chandler. Celui qui est à l’origine de ce centre souligne que de 60 à 75 % des travailleurs en technologies de l’information et des communications (TIC) oeuvrant à Chandler obtiennent leurs mandats d’entreprises basées à Montréal. « Mon emploi est à Montréal, mais je dépense mon argent ici. On peut garder nos ressources à l’intérieur de notre province. Les décideurs ne savent pas que c’est possible. Ça permet de créer de la richesse chez nous », dit M. Georges, convaincu du bien-fondé du Technocentre. Il rêve du jour où les grandes entreprises comme Bell ou Air Canada rapatrieront leurs centres d’appels des pays émergents vers la Gaspésie. « Ces entreprises veulent exporter du travail par manque de maind’oeuvre. Mais on peut faire ça ici. C’est ce que les travailleurs font actuellement à Chandler », explique M. Georges. Le potentiel numérique de la région existe, selon lui, alors que le réseau collectif déployé sur le territoire représente une autoroute à 15 voies, mais utilisée par seulement six voitures à l’heure. « Il y a un potentiel énorme d’utilisation du réseau. Il faut voir maintenant comment on peut trouver de la clientèle pour l’utiliser », affirme le développeur de logiciels. Greg Georges a déjà des idées pour le plan numérique de la CRÉGÎM : « On veut devenir l’organisme qui coordonne la stratégie des TIC et être un acteur lors de sa mise en œuvre », dit celui qui est un des partenaires de la CRÉGIM dans le développement du plan. Et cette idée, dont il rêve depuis déjà trois ans, pourrait se concrétiser rapidement puisque la CRÉGÎM a accordé 50 000 $ au Technocentre pour favoriser ce développement. Photo : Nelson Sergerie L’agriculture à l’ère technologique Greg Georges coordonne des travailleurs en Inde à partir de Chandler. Les Serres Jardins-Nature de New Richmond, un producteur de tomates certifiées biologiques, a intégré dès le départ, en 2 000, les technologies de l’information, lors du montage du plan d’affaires. « Tout est informatisé. On peut avoir de l’information sur un tas de sujets pertinents à la production. C’est ce qu’on voulait pour obtenir le meilleur rendement et la meilleure qualité possible », explique le président de l’entreprise, Christian Côté. Les technologies de l’information permettent de contrôler plusieurs facteurs dans la production : l’arrosage, la dose de fertilisants, la quantité de lumière, l’humidité, la chaleur, etc. Les TI ont été un élément incontournable : « ça a permis d’atteindre le plein potentiel de notre rendement. En termes de production, on est passés de 35 kilos à 50 kilos au mètre carré en 10 ans. », selon M. Côté. Il indique que sans la technologie, la croissance n’aurait pas été aussi forte : « Maintenant, en serres, ça prend ces technologies-là pour atteindre des rendements aussi intéressants. Ça a assuré la croissance et la pérennité de l’entreprise », dit-il. La CRÉGÎM est à finaliser le plan numérique qui devrait être dévoilé à l’automne. Celui qui pilote le dossier, Antoine Audet, insiste sur le fait que le plan doit demeurer mobile pour faire face aux changements technologiques. « Il faut que le plan soit souple et flexible. Sinon, il deviendra rapidement périmé », dit M. Audet. Une fois le plan mis en place, il faudra aller chercher l’argent nécessaire afin d’assurer son développement. Un exemple de l’utilisation technologique : on peut maintenant connaître l’origine de notre homard, grâce à une étiquette fixée à l’une des pinces du crustacé et sur laquelle est gravé un code alphanumérique et le logo d’Aliments du Québec. Le consommateur peut consulter le site Internet d’Aliments du Québec et ainsi trouver rapidement le lieu de la capture du homard. 06 Graffici été 2012 un tour en bref un tour en bref un tour en bref un tour en bref un tour en bref un tour BONAVENTURE L’équipe U18 d’Avignon-Ouest a donné un boni à la population locale en remportant la médaille d’or. Petit tournoi est devenu grand MATAPÉDIA – Quand un petit groupe de bénévoles a décidé d’organiser un tournoi de soccer à Matapédia, à l’été 2009, environ 15 équipes s’y sont inscrites, regroupant 225 joueurs et pas loin du double d’accompagnateurs et de parents. L’expérience a suffisamment bien fonctionné pour que les initiateurs la répètent en 2010, 2011 et 2012. Les 14 et 15 juillet, 55 équipes regroupant 800 joueurs ont participé au quatrième Tournoi de soccer de Matapédia. Des équipes se sont déplacées de Saint-Siméon à Sayabec, et de Campbellton à Saint-Léonard, au Nouveau-Brunswick. Plus de 2000 personnes se sont rendues les voir jouer. Le concessionnaire de la cafétéria de l’école des Deux-Rivières a ouvert ses portes pour servir des repas à une bonne partie de ces joueurs et amateurs. « On a commencé avec deux terrains municipaux non réglementaires en 2009. Cette année, on a été obligés d’aménager quatre terrains réglementaires dans le secteur de l’école, et de faire un terrain avec les deux de la municipalité. Quand on parle aux commerçants, ils sont très contents. Le concessionnaire de la cafétéria de l’école est venu nous voir pour réserver sa place pour l’an prochain », précise le président du tournoi, Serge Normandeau. Comme boni, l’équipe qu’il entraîne, la catégorie U18, les 17 et 18 ans, représentant Avignon-Ouest, a gagné la finale devant Amqui. (Gilles Gagné) T H É Â T R E Festival des produits locaux à Shigawake SHIGAWAKE - L’organisme CEDEC, qui voit au développement économique en milieu anglophone, et des partenaires comme la Société agricole de Shigawake, la Chambre de commerce de la MRC de Bonaventure, Aliments du Québec et Gaspésie gourmande ont organisé les 14 et 15 juillet le premier Festival de produits locaux, à Shigawake. Plus de 500 personnes se sont rendues à l’événement. « Les buts principaux étaient d’amener des producteurs vers un marché où ils ne vont pas, et d’inciter les gens à découvrir des produits qu’ils ne connaissent pas. Par exemple, je ne pense pas que tout le monde savait qu’il y avait un élevage yacks de dans la MRC de Bonaventure », explique le directeur du CEDEC, Dave Felker. L’événement a été un succès. Certains producteurs envisagent profiter de la Foire agricole et du Festival de musique de Shigawake, du 16 au 19 août, pour revenir présenter leurs denrées dans ce secteur. Il est aussi question d’organiser un marché public à la fin de septembre, sur les terrains de la Foire agricole de Shigawake, afin de profiter du temps des récoltes. « On veut éviter de concurrencer les marchés publics de Nouvelle et de New Richmond », précise M. Felker. (Gilles Gagné) Photo : Gilles Gagné Photo : Gracieuseté du Tournoi de soccer de Matapédia AVIGNON Maria Chatterton, à gauche, avait des questions sur les variétés de légumes du producteur Étienne Goyer, à droite, sous le regard intéressé d’autres consommateurs. Programmation À VENIR billetterie : 418 364-6822 PoStE 351 ou www.ma ximum9 0 .c a SpectacleS préSentéS au Quai deS artS de carletOn-Sur-Mer miCHEL Donato - YVES LÉVEiLLÉ anDrÉ LEroUX - PiErrE tangUaY Dimanche 12 août, 20h30 Un « all-star » de jazzmen québécois, Michel Donato (contrebasse), Yves Léveillé (piano), André Leroux (sax) et Pierre Tanguay (batterie) réunis pour un hommage à l’une des plus grandes figues du jazz, le pianiste Bill Evans. HarrY manX Dimanche 20 août, 20h30 Le grand Harry Manx est de retour au Quai des arts de Carleton-sur-Mer ! Bluesman de réputation internationale, sa musique épouse la tradition du blues à la profondeur des ragas indiens classiques. co n cert de Dia ne te ll re porté a u je udi 2 3 a oût marC DÉrY VenDreDi 24 août, 20h30 Billetterie et renseignements : 418 364-6822, poste 351 productionsatourderole.com Remontant le fil de son répertoire des 15 dernières années, l’auteur-compositeur-interprète interprétera tous ses succès, de la période Zébulon jusqu’à son nouvel album « Numéro 4 ». été 2012 Graffici 07 en bref un tour en bref un tour en bref un tour en bref un tour en bref un tour en bref CÔTE-DE-GASPÉ Courir contre le cancer SAINTE-ANNE-DES-MONTS — Le nouveau Festival du maquereau se tiendra à Sainte-Anne-des-Monts du jeudi 26 au dimanche 29 juillet. Il s’agit d’un événement festif pour les amateurs de pêche au maquereau et pour tous ceux qui veulent s’y initier. Il vise également à faire découvrir aux citoyens le patrimoine maritime ainsi qu’à mettre en valeur le fleuve Saint-Laurent et ses affluents. Au programme de l’événement : épluchette de blé d’Inde sur le quai, concours de pêche avec pesée officielle, concours amateurs, dégustation de produits de la mer, animation, ainsi que le tirage d’un bateau et d’une remorque. Toutes les activités se tiendront sur le quai qui, pour la durée de l’événement, sera interdit à la circulation automobile. Les visiteurs devront payer un droit d’accès de 2 dollars par jour. Toutes les sommes recueillies seront versées à l’entretien du quai et aux organismes communautaires qui le gèrent. Organisé par la Société des Tamaloùs, l’événement bénéficie du soutien de la Ville de Sainte-Anne-des-Monts et de l’administration portuaire. (Johanne Fournier) Photo : Johanne Fournier Toutes les activités du 1er Festival du maquereau se tiendront sur le quai de Sainte-Anne-des-Monts. Photo : Math Duchaîne 1er Festival du maquereau Les participants ont le choix entre le demi-marathon de 21 km, ou des parcours de 10 km ou 5 km. GASPÉ - Amélie Fournier Belley court presque tous les jours, sauf celui du Demi-marathon de Gaspé! « C’est un peu trop d’organisation ! », lance l’instigatrice de l’événement, qui sera présenté pour une deuxième fois le 18 août. L’an dernier, 167 participants avaient couru autour de la baie de Gaspé. Cette année, les organisateurs en attendent 250, parmi lesquels une cinquantaine de coureurs venus en autobus de l’Université Laval, à Québec. L’argent des inscriptions (45 $ par personne ou 25 $ pour un étudiant) sera remis à l’Association du cancer de l’Est du Québec. « Les gens me disent que le Demi-marathon les motive à s’entraîner, rapporte Mme Fournier Belley. Et en plus, l’exercice physique est une bonne façon de prévenir le cancer ! » (Geneviève Gélinas) ROCHER-PERCÉ Exposition Michaud-Myles à Barachois BARACHOIS – Les toiles de John Michaud seront dans leur élément cet été à la galerie du Café des couleurs, à Barachois. « Le barachois m’impressionne par sa lumière, ses changements de couleurs. J’en peins deux ou trois par an, parce que j’ai du mal à m’en détacher », dit l’artiste originaire de Chandler, qui vit maintenant à Québec. Les œuvres de Jeannette Myles, aussi native de Chandler, côtoieront celles de M. Michaud sur les murs du café. Des toiles de Michaud seront également exposées à la Vieille usine de L’Anse-à-Beaufils, jusqu’en septembre dans les deux cas. (Geneviève Gélinas) Photo : Gracieuseté John Michaud Haute-Gaspésie John Michaud utilise les formes des fous de Bassan qui plongent et des voiles de navires, dans un mélange de figuratif et d’abstraction. La toute nouvelle édition du Circuit des arts de la Gaspésie vous propose un parcours de plus de 40 galeries d’art et de boutiques de créations, dont 17 nouveaux artistes et artisans. Offrez-vous une balade de découvertes artistiques pour votre plus grand plaisir et celui des créateurs passionnés qui vous invitent à entrer dans leur univers. DE LA DES CIRCUIT ARTS GASPÉSIE Procurez-vous la brochure papier chez les membres participants, dans le réseau des bureaux d’information touristique et dans les nombreux points de distribution et commerces de la région ou visitez le site Internet : www.circuitdesarts.org. 1 800 820-0883 • CAVMAG_Graffici_demieP_(3537).indd 1 DE LA DES CIRCUIT ARTS GASPÉSIE www.circuitdesarts.org • /circuitdesarts Oeuvres : Jean‑Pierre GaGnOn aGate et CaillOu les raCkmOdeuses marGOt mérette Julie FraPPier 12-06-14 14:53 08 Graffici été 2012 éditorial Gilles Gagné | [email protected] Il y a des limites aux annonces ! I l faut toutefois reconnaître que le Parti libéral de Jean Charest fait de grands efforts pour battre des records cet été. La pluie d’annonces lancée en juin et s’étant étendue à tout le mois de juillet est à ce point dense et artificielle qu’elle n’a fait souvent qu’augmenter le cynisme de l’électorat, un phénomène qui pourrait paradoxalement aider les libéraux qui enregistrent de meilleurs résultats quand le taux de participation est bas, à moins que les électeurs décident de réagir en votant nombreux. La presse et des citoyens du sud de la Gaspésie ont ainsi assisté à des coupes de rubans d’édifices à logements ouverts depuis plus d’un an, comme à Caplan le 17 juillet, ou à l’annonce de la répartition d’une enveloppe destinée à la lutte contre la pauvreté, le 12 juillet, huit mois après l’annonce officielle, réalisée à Sainte-Annedes-Monts, en novembre 2011. Certaines des annonces sont tellement vides de sens que l’entourage du député de Bonaventure, Damien Arsenault, a évité qu’une période de questions soit tenue devant public, lors de coupures de rubans d’édifices à logements, le 17 juillet à SaintAlphonse et à Caplan. Ces annonces regroupent des gens qui semblent avoir été forcés d’y participer, manifestement à la dernière minute parfois. L’atmosphère régnant dans la pièce est souvent empreinte d’une forte impression de : « Mais que fait-on ici ? ». Il y a bien sûr eu des annonces utiles, qu’on pense à l’aménagement d’une unité d’hémodialyse à l’hôpital de Chandler le 12 juillet ou à la modernisation de l’usine d’Unipêche M.D.M. à Paspébiac sept jours plus tard. Toutefois, la pertinence de toutes les autres est à ce point douteuse qu’il est permis de se demander si l’État québécois n’a pas retardé le déblocage de projets strictement à des fins électorales. Le public combattrait alors le cynisme par le cynisme. Le bilan du gouvernement de Jean Charest est-il à ce point suspect que les éminences grises du Parti libéral aient besoin de tenir des annonces qui n’en sont pas ? Sur le plan gaspésien, le bilan du dernier mandat libéral est acceptable en matière d’énergie éolienne, l’une des locomotives de l’économie régionale maintenant. Jean Charest a maintenu les normes de contenu gaspésien dans les parcs éoliens québécois, et l’appel d’offres de 2008 a gardé la maind’œuvre gaspésienne passablement occupée. Il reste toutefois à convaincre ce gouvernement qu’il est nécessaire de mettre en place des mesures qui garantiront une meilleure acceptabilité sociale des parcs éoliens et des incitatifs qui augmenteront la participation des citoyens dans le montage financier des projets. Cette dernière caractéristique pourrait d’ailleurs alléger passablement le processus d’acceptabilité sociale. Le modèle d’émergence des parcs éoliens communautaires a été trop timide jusqu’à maintenant et il confirme la mainmise du grand capital sur ce secteur énergétique. Le bilan du gouvernement Charest est beaucoup moins reluisant en matière de foresterie. L’État a donné un traitement privilégié à l’usine Temrex de Nouvelle lors du Cet espace vous appartient. à [email protected] N’en déplaise aux prestataires, l’assurance-emploi est et a toujours été une aide financière temporaire aux chômeurs, pendant qu’ ils cherchent un nouvel emploi ou perfectionnent leurs compétences pour s’adapter au marché du travail. Bien qu’adoptée sous un mode opératoire abusif, la nouvelle réforme redonnera aux prestations leur véritable vocation. Depuis toujours, les Gaspésiens contraignent les autres régions à être complaisantes à leur égard. On ressasse que cette réforme ne tient pas compte du fait que la Gaspésie ne à New Richmond : 200B, boul. Perron Ouest, New Richmond (Québec) G0C 2B0 Tél. : 418 392-7440 Téléc. : 418 392-7445 à Gaspé : 37, rue Chrétien, local Z 29 Gaspé (Québec) G4X 1E1 Tél. : 418 368-7575 www.graffici.ca Le 17 juillet, le député de Bonaventure Damien Arsenault a inauguré un édifice à logements à Caplan alors qu'il est occupé depuis déjà plus de 13 mois. Des citoyens se demandent si toutes ces annonces faites aux frais des contribuables sont justifiées. projet de modernisation de 20 millions de dollars annoncé en septembre 2010, alors que d’autres usines ont subi des passages à vide. Le ministre des Ressources naturelles, Clément Gignac, a de plus commis une bourde ce printemps en sabrant dans les programmes d’aménagement forestier, bourde corrigée in extremis. Il a toutefois causé des inquiétudes pour l’avenir. De plus, le programme national d’aide à l’industrie, annoncé le 16 juillet, sent l’électoralisme à plein nez. L’industrie est en crise depuis sept ans. En tourisme, dans les pêches et en développement économique, le gouvernement Expédiez vos textes d’opinion (300 mots max.) « La meilleure façon de tuer un homme, c’est de le payer à ne rien faire » Pour nous joindre Photo : Gilles Gagné Chaque précampagne électorale comporte son lot d’annonces factices, recyclées ou réelles de la part du parti politique au pouvoir. Le gouvernement fédéral l’a fait sans réserve avant l’élection du 2 mai 2011. Le Parti québécois l’avait fait au début de 2003 avant le déclenchement du scrutin d’avril de la même année. sortant passe, mais il manque de vision. À l’aube de la campagne électorale, les défis ne manquent pas pour les trois autres partis en Gaspésie. Le Parti québécois doit surtout faire valoir ses solutions plutôt que critiquer systématiquement le régime en place. La Coalition Avenir Québec doit prouver qu’elle a une réelle politique de développement régional, ce qu’elle n’a pas fait jusqu’à maintenant. Québec solidaire doit enfin convaincre l’électorat de ne pas voter stratégiquement simplement pour évincer les libéraux. Les propos communiqués ici n’engagent que leur auteur. GRAFFICI se réserve le droit de publier en entier ou en partie les textes reçus. vit principalement que de ressources saisonnières comme le tourisme, la pêche ou la forêt. Les autres régions du Québec doivent composer sans la mer et dans bien des cas sans le tourisme ou la forêt pour se développer. Néanmoins, ils font meilleure figure sur le plan économique. À constamment répéter qu’on ne sait faire autre chose, on en arrive à ne rien vouloir faire d’autre. Si l’économie gaspésienne est agonisante, c’est en partie parce que le régime actuel ne valorise pas la création de richesse, le développement économique et la formation professionnelle. Rien ne sert de promouvoir l’entrepreneuriat si la voie la plus lucrative pour les gens demeure l’inaction. Au pied du mur, les chômeurs seront contraints de s’adapter au marché du travail, car ils y verront finalement une avenue plus rémunératrice que la léthargie habituelle. Partout, les gens font leurs choix professionnels en tenant compte des emplois disponibles, de leur rentabilité et de leur constance. Il en revient aux Gaspésiens d’en faire autant. Les gouvernements ne doivent pas être tenus de compenser ad vitam aeternam le chômeur qui refuse de s’adapter. Bien plus qu’une façon de restreindre les dépenses publiques, je vois d’abord dans cette réforme une façon d’astreindre la Gaspésie à se prendre en main. Marc Poirier L’équipe de Graffici DIRECTEUR Benoit Trépanier, [email protected] RÉDACTeur EN CHEF Nelson Sergerie, [email protected] ASSISTANTE À LA RÉDACTION Geneviève Gélinas, [email protected] GRAPHISTE Julie Delisle, [email protected] RÉDACTEUR EN CHEF WEB Antoine Rivard-Déziel, [email protected] ÉDITORIALISTE Gilles Gagné, [email protected] CHRONIQUEURS Thierry Haroun, Pascal Alain, Michel Lambert, [email protected] COLLABORATION À LA RÉDACTION Gilles Gagné, Sophie I. Gagnon, Johanne Fournier, Antoine Rivard-Déziel, Gabrièle Briggs, Isabelle Larose COLLABORATION AU CONTENU VISUEL Gilles Gagné, Sophie I. Gagnon, Johanne Fournier, Antoine Rivard-Déziel, Gabrièle Briggs, Isabelle Larose RECETTE Mathilde Cotton BÉDÉISTE Marie-Eve Tessier-Collin (Orbie) MOTS CROISÉS Jacqueline Frenette-Roy COMPTABLE Mic Dufour RÉVISION Geneviève Gélinas CORRECTION Sous la supervision de Gauthier Communications : Claudette Leblanc, Micheline Levesque, Benoit Trépanier, Mimi allard, Janine Porlier PUBLICITÉ ET MARKETING et directrice des ventes | PUBLICITÉ HAUTE-GASPÉSIE Gabrielle Leduc, [email protected] PUBLICITÉ CÔTE-DE-GASPÉ ET ROCHER-PERCÉ Lyne Laberge, [email protected] PUBLICITÉ AVIGNON ET BONAVENTURE Sylvie Lepage, [email protected] CONSEIL D’ADMINISTRATION Alain Bernier, président | Simon Bujold, viceprésident | Marilou Levasseur, Rémi Plourde, Geneviève Campagna, Geneviève Labillois Impression Les Presses du Fleuve, Montmagny DISTRIBUTION Postes Canada Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Québec, 2003 CTA irage ertifié MECQ été 2012 Graffici LIBRE ARBITRE Thierry Haroun [email protected] Cimenterie – D’autres révélations L e mois dernier, le Libre arbitre s’était engagé à révéler des informations et des documents pour, entre autres, mettre en contexte le discours que tient sur la place publique le promoteur de la cimenterie à Port-Daniel. Chose promise, chose due. Nous parlerons aussi d’élections, bien sûr. Dans Graffici.ca, le rédacteur en chef, Antoine Rivard-Déziel, a récemment produit des reportages sur le projet de cimenterie qui sont dignes de mention, notamment en ce qui a trait aux déclarations du porte-parole du promoteur, Gisement McInnis, Denis Boucher. C’est-à-dire ? « Nos choix technologiques ne sont pas encore arrêtés. Par contre, nous sommes en discussion avec plusieurs équipementiers afin d’obtenir les meilleures performances sur le plan de l’environnement », a déclaré M. Boucher. Ce qui n’est pas dit dans l’entrevue, c’est que parmi les équipementiers, il y a des Chinois. Saviez-vous qu’en février 2010, des équipementiers sont partis de Hong Kong en jet privé et ont atterri à Toronto pour ensuite se rendre jusqu’à Port-Daniel? Il y avait un traducteur anglais avec eux. Plus loin dans l’entrevue, M. Boucher note que pour chauffer le four, des «pneus» sont envisagés. C’est vrai. Dans un document produit par le ministère de l’Environnement, daté du 7 février 1996, il est question d’odeurs provenant de la combustion de pneus. Toujours dans cette entrevue, mon collègue journaliste pose la question suivante : si votre projet est à ce point novateur sur le plan environnemental, pourquoi ne pas en faire la démonstration publique en organisant des rencontres avec la population? « Je comprends très bien le désir des citoyens de mieux comprendre, d’avoir plus d’information. Mais la rencontre publique est un mode de communication dépassé qui ne permet pas d’atteindre les résultats que les gens souhaitent obtenir », répondait le porte-parole. Or, quelques jours plus tard, la Conférence régionale des élus (CRÉ) a pris une position franchement intéressante. Elle appuie le projet en demandant, et tenez-vous bien, au promoteur de tenir des séances d’information publiques parce que les élus n’ont pas à se substituer au promoteur en ce qui a trait à la diffusion de l’information auprès du public, laissait entendre le président de la CRÉ, Bertrand Berger. Très sage. En d’autres mots, la CRÉ renvoie la balle au promoteur et ce qu’on entend entre les lignes, c’est quelque chose comme : « Arrangez-vous pour expliquer votre projet vous-mêmes parce que la CRÉ ne portera pas l’odieux d’un malentendu éventuel avec le public ». Réflexion faite, le promoteur a, au cours des derniers mois, entamé une démarche auprès des instances régionales (municipalités, préfectures, etc.) afin d’obtenir leur appui au projet. Ce qu’ils ont réussi. Une démarche planifiée de longue date et qui n’est pas désintéressée puisqu’on est maintenant à même de nous demander si cette caution publique n’est pas en train de servir de prétexte au promoteur pour ne pas se lancer dans des séances d’information ? En clair, on a l’appui des élus, qui eux, représentent des milliers de personnes. Remarquez, c’est leur plein droit. Gardons toutefois en mémoire que ce projet s’échelonnera sur 100 ans et que notre génération est redevable devant l’Histoire si jamais ce projet connaissait des pépins en cours de route. En cela, allons-nous nous mordre les doigts de ne pas avoir soumis ce projet à l’examen d’un bureau d’audiences publiques sur l’environnement? Nous ne serons probablement plus là, mais nos enfants nous jugeront. Souhaitons que tout aille bien. Le Libre arbitre divulguera d’autres documents-clés éventuellement. *** Au moment d’écrire ces lignes, tout indique que nous irons aux urnes en septembre. Les enjeux électoraux dans la région tourneront autour du secteur forestier (Atlantic Fiber à Chandler qui est dans les limbes), le sous-financement des groupes communautaires, les banques alimentaires qui crient famine, les maisons d’hébergement qui ferment leurs portes temporairement faute d’argent, les fermetures d’écoles (celle du village de Percé est passée au couperet) et le Plan Nord qui sollicite la main-d’œuvre gaspésienne. Les libéraux de la région devront évidemment défendre leur bilan. La nouvelle carte électorale jouera-t-elle contre les libéraux ? Ainsi, dans Gaspé, il faudra voir si la Haute-Gaspésie, qui vote péquiste normalement, fera perdre les élections au député libéral, Georges Mamelonet. Dans Bonaventure, si Chandler vote majoritairement pour le PQ (ce qui est déjà arrivé par le passé), ce bastion libéral pourrait aussi faire chuter le libéral Damien Arsenault. Dans Matane-Matapédia, il sera difficile de déloger le péquiste Pascal Bérubé et aux Îles, on a tendance à changer de parti politique à tous vents. La candidate péquiste, Jeannine Richard, pourrait ravir la circonscription. Elle avait perdu par seulement 316 voix en 2008 aux mains du libéral, Germain Chevarie. N’oublions pas que Bonaventure, Gaspé, Matapédia et Matane étaient toutes péquistes entre 1994 et 1998. Bonne campagne. 09 10 Graffici été 2012 Commerce Gabrièle Briggs | [email protected] L’Asie pour emporter GASPÉ - Il est midi et les gens attendent sagement au comptoir qu’on leur remette leurs pad thaï, rouleau de printemps, ou poulet général Tao dans de petites boîtes en carton blanches. Nous ne sommes pas dans le quartier chinois de Montréal, mais bien à l’arrière de la boutique Inspire, au 107, rue de la Reine, à Gaspé. L e comptoir de plats pour emporter Gaspasia a ouvert ses portes le 21 juin dernier, au grand bonheur des amateurs de cuisine asiatique. Le projet a germé dans la tête de Sachi Hattori, arrivée à Gaspé à l’hiver 2011 pour rejoindre son mari qui complétait une formation de guide d’aventure au Cégep de la Gaspésie et des Îles. Celle dont le prénom signifie « bonheur » en japonais s’est associée au chef André Lagacé pour proposer une cuisine asiatique accessible, mettant en vedette des produits gaspésiens. « Quand je suis arrivée à Gaspé, j’ai adoré : les super paysages, les gens gentils. Je me suis dit : “Il manque quelque chose ici… la nourriture asiatique ! ” », s’esclaffe la jeune femme, en extrayant la chair d’un homard servant à la confection des sushis. Alors qu’elle travaillait comme cuisinière pour la Traversée de la Gaspésie, elle a rencontré André Lagacé, qui avait lui aussi l’idée de démarrer un projet mettant en vedette les saveurs de l’Orient. Dans sa cuisine où règnent la coriandre, la menthe et le gingembre, il explique : « Lorsque je donne des cours privés, les gens me demandent beaucoup d’enseigner la cuisine asiatique. Il y a une demande. Les gens voyagent et reviennent ici avec de nouveaux besoins, de nouvelles connaissances. Le timing était bon ». Gaspasia propose chaque jour des nouveaux plats inspirés des traditions du Japon, de la Thaïlande, de la Chine et du Vietnam. Certains mets, plus connus, reviennent régulièrement : sushis, pad thaï, poulet général Tao. Mais André Lagacé ne compte pas en rester là. Il souhaite éduquer les Gaspésiens à cette culture culinaire, à mille lieues de la cuisine nord-américaine. « Éventuellement, plus les gens vont nous faire confiance, plus on ira du côté de Sachi, avec une cuisine japonaise traditionnelle. » Et la clientèle semble au rendez-vous, à en juger par la foule qui se masse le midi devant les salades de calmar et les gyôzas (raviolis japonais) d’André et Sachi. L’affluence dépasse les attentes. Le mari de Sachi, Camille Logeay, venu aider aux cuisines, sourit : « Les gens sont hyper heureux. On reçoit plein de réponses positives. Ça fait longtemps qu’ils attendent ça ». Photo : Gabrièle Briggs Sachi Hattori et André Lagacé comptent bien donner l’occasion aux Gaspésiens de pratiquer l’art de manipuler les baguettes. été 2012 Graffici loisirs 11 Isabelle Larose | [email protected] Les petits bateaux de M. Thibodeau CASCAPÉDIA–SAINT-JULES - De la minutie, de la patience et de l’ingéniosité, Jean-Louis Thibodeau en a à revendre! Menuisier de métier et maniaque de pêche, celui qui se décrit comme un « gosseux professionnel » allie depuis 15 ans ses deux passions pour concevoir des répliques miniatures de canots de pêche. Portrait d’un perfectionniste passionné. Un travail de moine « C’est comme faire un violon, explique Jean-Louis Thibodeau. Il faut que tu lui donnes la forme et ensuite que tu lui laisses du temps pour sécher parce que le bois a été mouillé. Ça se fait étape par étape. » Aujourd’hui, concevoir un modèle lui prend 80 heures, idéalement étalées sur deux mois. Avec du bois de cèdre soigneusement choisi pour sa souplesse, M. Thibodeau scie des dizaines de lattes d’à peine un millimètre de largeur pour former la structure du canot. Ensuite, c’est la création des 64 côtes du bateau : 264 coups de banc de scie et plusieurs heures de sablage sont nécessaires pour les obtenir. Ces morceaux de bois sont ensuite courbés à la vapeur et apposés délicatement à l’intérieur de la structure. Puis, vient le sablage, l’application des travers, d’une toile de fibre de verre et de peinture. L’artisan va même jusqu’à couler du plomb pour réaliser une petite ancre. « Ce n’est vraiment pas rentable, je mets beaucoup trop de temps, trop d’amour à faire cela. Un coup qu’il est fait, je suis fier et ça me valorise », explique le passionné. Preuve qu’il n’est pas un artisan comme les autres, Jean-Louis Thibodeau a un atelier garni d’instruments de dentiste, de podiatre et de bijoutier… sans oublier quelques limes à ongles pour la finition. Quatre doigts en moins « Quand on veut, on peut ! », soutient celui qui a perdu deux doigts et l’usage partiel de deux autres dans un accident de travail survenu il y a 30 ans. Friand de nouveaux défis, l’artisan se lancera bientôt dans la confection d’un nouveau type de canot. Pour l’instant, les curieux peuvent aller zieuter ses bateaux, offerts au magasin Sexton & Sexton de Cascapédia-Saint-Jules. Photo : Isabelle Larose I mpossible de ne pas s’émerveiller devant les deux bateaux miniatures qui trônent sur la table de l’atelier de Jean-Louis Thibodeau. Des bancs jusqu’à la peinture, la réplique est parfaite. Seule différence : ce qui mesure 30 centimètres sur un véritable canot équivaut à deux centimètres sur ses réalisations. C’est pour financer ses parties de pêche que le menuisier s’est lancé dans la construction de canots dans ses temps libres. Puis, un ami lui a lancé le défi d’en créer un miniature. Cent vingt heures de travail plus tard, le défi était relevé. Depuis, 24 petits canots ont vu le jour. Après 80 heures de travail, Jean-Louis Thibodeau effectue la finition de son canot. 12 Graffici été 2012 été 2012 Graffici 13 DOSSIER Hébergement illégal Chalets à louer : un essor fulgurant De plus en plus de Gaspésiens louent leur maison à la semaine à des touristes. Des dizaines le font dans l’illégalité, souvent sans même s’en douter. GRAFFICI a tenté de cerner le phénomène. GENEVIÈVE GÉLINAs | [email protected] attendant, elle la loue aux touristes. « Je n’aurais pas les moyens de payer deux maisons », dit-elle. Est-ce légal? lui demande GRAFFICI. Mme Michel répond qu’elle ne s’est pas encore informée. « Je loue juste deux semaines par-ci, deux semaines par-là. Je veux voir si ça marche. Mais c’est dans mes projets de m’informer parce qu’à un moment donné, je peux me faire taper sur les doigts. » Le Règlement sur les établissements d’hébergement touristique précise qui doit obtenir un permis : « Tout établissement exploité par une personne qui offre en location à des touristes, contre rémunération, au moins une unité d’hébergement pour une période n’excédant pas 31 jours. En sont exclues les unités d’hébergement offertes sur une base occasionnelle. » « Occasionnel », voilà un terme qui porte à interprétation. « On ne veut surtout pas empêcher «mononcle» Alphonse de louer son chalet à sa cousine, une semaine dans l’année », lance Suzanne Asselin, directrice à l’accueil et à l’hébergement touristique au ministère du Tourisme. «Mononcle» Alphonse devra toutefois demander un permis s’il loue son chalet sur une base « commerciale, répétitive et annoncée », décrit Mme Asselin. Bref, les maisons offertes sur le web pour plusieurs centaines de dollars par semaine sont clairement dans l’illégalité. Dans bien des cas, les établissements non-classés « contournent toutes les règles », remarque Mme Asselin, et pas que celles du ministère du Tourisme, en omettant de déclarer leurs revenus et de payer les différentes taxes. Deux inspecteurs pour tout le Québec Photo : Julie Delisle T ous les ans, en juin, Rachel Thibault déménage ses affaires personnelles. Elle ne va pas très loin : elle passe l’été dans son atelier d’artiste, à quelques dizaines de mètres de sa maison du chemin Thivierge, à Bonaventure. Celle-ci devient le refuge de touristes pendant huit ou neuf semaines par année. Mme Thibault a commencé ce commerce pour deux raisons : le revenu d’appoint empoché et le plaisir de rencontrer des gens. Huit ans plus tard, l’artiste constate que « faire le ménage chaque semaine, et déménager deux fois par année, c’est lourd. Mais ça m’aide beaucoup financièrement. Ça me permet d’entretenir la maison, de payer les taxes. » Selon Mme Thibault, l’essor des résidences de tourisme comme la sienne est « fulgurant ». « À Bonaventure, quand j’ai commencé, on était trois. Aujourd’hui, on n’est pas loin de dix. Et on parle seulement des enregistrés. » Les « enregistrés », ce sont les résidences de tourisme certifiées par la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ). Pour le compte du ministère du Tourisme, cet organisme classe les établissements avec un système d’étoiles et attribue les panneaux en forme d’écusson. En Gaspésie, la majorité des résidences de tourisme ne possède pas cette attestation de la CITQ, démontre un décompte effectué par GRAFFICI. Sur le site www.chaletsalouer.ca, 78 des 130 maisons proposées (60 %) dans la région ne sont pas classées. Sur un autre site, www.chaletsauquebec.com, 98 des 143 chalets (69 %) sont loués dans l’illégalité. Pas par des bandits de grand chemin. Mais par des gens comme Gilda Michel, une Gaspésienne d’origine qui caresse un rêve de retraite. Dans dix ans, cette enseignante dans les Laurentides a l’intention d’habiter sa maison construite en 2010, au bord de l’eau à Hope Town. En Depuis huit ans, Rachel Thibault loue sa maison de Bonaventure avec une attestation, en toute légalité. Elle remarque un essor « fulgurant » de l’offre en résidences de tourisme, classées ou pas. Les « officiels » hésitent à dénoncer Comment devenir légal 14 Graffici été 2012 Graffici Hébergement illégal geneviève gélinas | [email protected] Deux inspecteurs pour tout le Québec Les « officiels » hésitent à dénoncer Le ministère du Tourisme emploie deux inspecteurs pour surveiller la conformité de l’hébergement dans l’ensemble de la province. C’est bien assez, juge le ministère. C’est nettement insuffisant, selon l’industrie touristique, surtout vu le niveau d’ignorance de la loi l a g é l r i n e v e d t n e Comm ne obtenir u ’ d x u e t oû qué ou c li p FFICI a m o RA c G e : c r t e g Es ious de ju v À ? e de rés n ir a io t t a ié t r s p e ro att rs d’un p u o c r a p retracé le urisme. o t e d e denc C « Internet ouvre toutes sortes de canaux [pour offrir de l’hébergement illégal]. Je serais menteuse de vous dire qu’on peut gérer toutes les situations », concède Suzanne Asselin, du ministère du Tourisme. 750 $ à 2 250 $ amendes prévues par la loi en cas d’hébergement illégal 0 constats d’infraction émis depuis 2000 53 actes de dépistage en Gaspésie dans la dernière année Quelle paperasse ? Assurance : Formulaire d’ouverture de dossier : La Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) y demande grosso modo les coordonnées de l’exploitant et de l’établissement. Il faut acheter une assurance responsabilité civile qui couvrira jusqu’à 2 millions de dollars en cas de pépin. Certificat de la municipalité : Preuve de propriété : Ce document confirme qu’on a bel et bien le droit d’exploiter une résidence de tourisme chez nous. Elle atteste qu’on possède bel et bien l’établissement à louer, ou encore que son propriétaire est averti et d’accord. Photo : Geneviève Gélinas D’avril 2011 au 18 juin 2012, le ministère du Tourisme a posé 53 « actes de dépistage » en Gaspésie. De ce nombre, trois détenaient déjà une attestation, 32 ont reçu un premier avis, et 10 sont à l’étape du second. Aucun exploitant n’a reçu de mise en demeure, encore moins de constat d’infraction. « Ça fait un bout de temps qu’on n’en a pas émis », admet Mme Asselin. En fait, personne au Québec n’a reçu d’amende pour hébergement illégal depuis 2000, a appris le député péquiste de Matane, Pascal Bérubé, lors d’un échange avec la ministre du Tourisme, Nicole Ménard, en avril à l’Assemblée nationale. « Il y a de l’impunité, estime le député. S’il n’y a jamais de condamnation, on n’envoie pas le signal qu’on veut y mettre fin. » La directrice générale de l’Association touristique régionale de la Gaspésie, Joëlle Ross, a l’impression que l’hébergement illégal, « ce n’est pas surveillé “pantoute” ». La solution passe par davantage d’inspecteurs, juge-t-elle. « Le gouvernement serait bien mieux de s’attaquer à ça qu’aux cantines qui vendent des frites à 1 $ et qui sont maintenant obligées de faire des factures ! », lance Mme Ross. Suzanne Asselin promet une campagne publicitaire au cours de la prochaine année. Elle informera les exploitants comme François Ménard – et surtout leurs clients ! – de l’obligation et des avantages de détenir une attestation et de loger dans les établissements classés. La plupart des hôteliers voient d’un mauvais œil la prolifération de l’hébergement illégal. De là à dénoncer leurs voisins, il y a un grand pas Photo : Geneviève Gélinas F rançois Ménard loue une maison à L’Anse-au-Griffon. Il déclare à l’impôt, détient les assurances nécessaires, et estime faire les choses « de la bonne manière ». Une attestation ? C’est GRAFFICI qui lui apprend qu’elle est obligatoire. En sept ans, il n’a eu « aucun contact » avec des inspecteurs du ministère du Tourisme, dit-il. Pourtant, il s’affiche sur un site web de chalets à louer, et même dans le guide touristique officiel de Gaspé. Deux inspecteurs, est-ce suffisant ? « C’est assez, juge Suzanne Asselin, du ministère du Tourisme, parce que 95 % du travail se fait par courriel, courrier et téléphone. » Les inspecteurs ne se déplacent qu’à l’étape cruciale du constat d’infraction, explique-telle. « Et j’ai augmenté leur budget de déplacement », avertit Mme Asselin. L’hôte délinquant recevra un premier avis, suivi d’un second, puis d’une mise en demeure. S’il ne se conforme pas, un inspecteur le visitera, histoire de le prendre sur le fait. Il lui donnera un constat d’infraction, puis son dossier sera transmis au Bureau des affaires pénales. Les amendes varient entre 750 $ et 2 250 $. Pourquoi toutes ces étapes avant de sévir? Le ministère souhaite avant tout que les exploitants se conforment, plutôt que de distribuer les amendes, explique Mme Asselin. « Les résidences de tourisme répondent à un besoin. En haute saison, notre offre d’hébergement (classé) n’est pas complète. On est plus gagnants à informer et à sensibiliser. » 15 Bobby Cotton (avec son fils Lubo), propriétaire des Chalets du bout du monde, à Gaspé, jette un œil tolérant sur l’hébergement illégal. Il estime que de toute façon, son entreprise ne joue pas dans les mêmes ligues. Combien ç Pas si simple. Dans les milieux tricotés serrés de armen Vallée, du Domaine Tourelle sur mer, loue des chalets au bord de l’eau la Gaspésie, il existe une gêne à dénoncer. Certains dans le village du même nom. « Pendant hôteliers ont critiqué vertement les chalets au noir la première semaine de juillet, on a eu six nuits où auprès de GRAFFICI, mais ont refusé de voir leur il nous restait des chalets libres alors que d’habi- nom cité, sous prétexte que « ça va leur nuire » ou tude, c’est plein. » L’hébergement illégal est sans qu’on leur a déjà dit « de se mêler de leurs affaires ». « Parfois, je suis au courant que des gens louent doute en partie en cause, croit Mme Vallée. « Il s’est ajouté beaucoup d’illégaux depuis deux ans, leur maison [au noir], mais en même temps, ils m’envoient des membres de surtout à Sainte-Anneleur famille », résume des-Monts. » « Je pense bien que si tout Jean-Pierre Bourdages, Les chalets au noir propriétaire des Résifont surtout mal en le monde déclarait, dences Vents et Marées basse et en moyenne saison, juge Jacqueline j’aurais le double de taxe à Bonaventure. M. Bourdages préfère miser sur Francoeur, des Chalets à l’hébergement. » ses atouts. « J’ai une de l’Anse Sainte-Hélène, clientèle établie, qui à Maria. « Honnêtement, l’été, ça ne nous affecte – Joëlle Ross, directrice générale préfère avoir les étoiles plutôt qu’aller à l’avenpas. On a un bon achade l’Association touristique ture. » Il rappelle que landage. Mais on est bien des chalets au noir ouverts 12 mois par an, régionale de la Gaspésie. n’ont pas d’assurance et ça nous nuit certaineresponsabilité civile, qui garantit que le touriste tout ment le reste de l’année. » Les établissements non classés ne font pas comme l’hôte seront protégés en cas de problème. D’autres « officiels » jettent un œil tolérant sur payer à leurs clients la taxe sur l’hébergement de 3 %, qui sert à la promotion et au développement l’hébergement illégal. Bobby Cotton, propriétaire touristique de la Gaspésie. C’est surtout ce qui des sept Chalets du bout du monde à Haldimand, à dérange Mme Francoeur : « Ils en profitent, mais ils Gaspé, juge qu’il ne joue pas dans les mêmes ligues que les particuliers non-classés. « Je ne pourrais pas ne contribuent pas à l’essor de la région. » « Je pense bien que si tout le monde déclarait, te dire que ça ne me nuit pas, mais mes chalets sont j’aurais le double de taxe à l’hébergement », estime pleins jusqu’à la fin de l’été. Et je me demande c’est la directrice générale de l’Association touristique quoi, la plus-value d’être légal, à part pour le contrôle régionale de la Gaspésie, Joëlle Ross. Les recettes de la qualité. » Pendant plusieurs années, M. Cotton a loué sa passeraient ainsi de près d’un million de dollars par an à deux millions. « Moi, je ne suis pas la police, mais propre maison à des touristes sans détenir d’attessi mes membres savent qu’il y a de l’hébergement au tation. C’est cette expérience qui lui a donné le goût d’investir 700 000 $ dans des chalets classés. « J’avais noir, ils doivent porter plainte », croit Mme Ross. l’impression que si j’avais eu dix maisons, je les aurais toutes louées », dit-il. ac oûte ? 245 $ pa r an : Ces frais couvre classificate nt la visite ur qui attri b du u panneau e n forme d’é era les étoiles, le fam cus eux web www.b onjourqueb son, et l’inscription a u site ec.com . 60 $ à 8 0 $ par a n responsab ilité de deu : coût moyen de l’as surance x millions. i ? Quel déla embre m e r t ê e j Doisde l’ATR ? mbre de um, le au maxim is o m it u se Six à h ateur pas ic if s s la c e le e, temps qu nt sa visit a d n e tt a . En t chez vous blissemen ta é n o s r xploite ire, à on peut e n tempora o ti ta s e tt t. a it comple o avec une s r ie s s que le do condition e me soin d’êtr e b l u N nale, . Non que régio ti is r u to n tio cal l’Associa urisme lo to u d e ic e off n. ni de votr attestatio e n u ir n pour obte 16 Graffici été 2012 été 2012 Graffici RECETTE Michel lambert Les Mathilderies Chef et historien de la cuisine familiale du québec Flétan aux amandes Mathilde vous propose un plat cuisiné traditionnellement par sa fille Monique. Cette recette allie bien le goût de noisette du flétan et les amandes. Elle ne vous prendra que quelques minutes à réaliser. Préparation Photo : Jacques Gratton • Dans une poêle chaude, faire fondre une noisette de beurre et griller les amandes jusqu’à ce qu’elles soient dorées. Réserver. • Dans une poêle, faire chauffer le beurre et l’huile à feu moyen. Faire cuire le flétan pendant trois minutes de chaque côté. • Augmenter à feu élevé. Ajouter le vin blanc et laisser frémir deux minutes. • Parsemer le poisson d’amandes grillées. INGRÉDIENTS (6 portions) • Servir avec un riz à l’estragon et des légumes de saison. 3 livres de filet de flétan 1 c. à table d’huile d’olive 3 c. à table de beurre ½ t d’amandes effilées ¼ t de vin blanc sec Sel et poivre au goût Pour plus de recettes et pour faire l'achat en ligne du livre des Mathilderies, allez sur GRAFFICI.CA. Vous y trouverez aussi les points de distribution ! 17 Le flétan est cuit lorsque la chair se défait à la fourchette Attention de ne pas trop le cuire. - Mathilde D’aussi loin que l’Afghanistan La recette présentée ici est une interprétation libre du classique filet de sole amandine. Ce sont les chefs français de la télévision qui nous ont appris à cuisiner le poisson avec des amandes, mais la recette n’est pas vraiment française. Elle a été empruntée aux Espagnols qui cuisinent presque toujours leurs poissons et leurs volailles avec des amandes. Et ces derniers ont appris à cuisiner les amandes des Arabes qui ont islamisé le sud de l’Espagne, au 7e siècle. L’amande est originaire d’Afghanistan, en Asie centrale. Les marchands arabes l’auraient rapportée chez eux en même temps qu’ils faisaient le commerce des épices et de la soie avec la Chine. Mais l’amande était déjà connue des Égyptiens et des Grecs qui étaient aussi allés la chercher en Afghanistan auparavant. DIVERTISSEMENT 1 MOTS CROISÉS GASPÉSIENS 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 HORIZONTALEMENT 1. Grand poisson comestible Balle de service que l’adversaire ne parvient pas à toucher. 2. Celle des Petits Méchins en est une - Éloignement dans l’espace et le temps pour juger d’un événement. 3. Cellules capables de recevoir, d’analyser et de produire des informations - Postal ou des déchets. 4. Légères ondulations à la surface de l’eau - Bramer en parlant du cerf. 5. Que je sois tenu de - Épuisé. 6. Comme celle de Damoclès Astuce. 7. Par personne - Donner du goût au gigot. 2 8. Sommet des Hautes Pyrénées, au sud de la vallée d’Aure - Symbole de électronvolt - Frotté avec une substance grasse. 9. Langage de programmation informatique - Enseigne une nouvelle technique. 10. Le radius et le cubitus en sont - Application portée à quelque chose - Abréviation d’un terme servant à indiquer le manuel à consulter. 11. Peut être de conduite ou d’éthique - Époux de Fatima et gendre de Mahomet. 12. Bon divertissement - Dans le temps présent. Placez un chiffre de 1 à 9 dans chaque case vide. Chaque ligne, chaque colonne et chaque boîte 3 x 3 délimitée par un trait plus épais doivent contenir tous les chiffres de 1 à 9. Chaque chiffre apparaît donc une seule fois dans une ligne, dans une colonne et dans une boîte 3 x 3. 2 3 4 5 6 7 4 8 9 10 11 12 VERTICALEMENT 1. Village paisible situé entre Chandler et Grande-Rivière. 2. Mammifère domestique plus petit que le cheval, dont la tête très puissante est munie de longues oreilles - Carmen et Le barbier de Séville en sont. 3. Personnes qui prêtent de l’argent à des taux excessifs - Marque la proximité dans l’espace ou le temps. SUDOKU 4. Peut être celle d’un navire ou d’un avion sous l’effet des vagues ou du vent - Morceau de bois brûlé en partie et encore en combustion. 5. Poème mis en musique - Désigne le sud Peut être postal ou génétique. 6. Enjolive - Abréviation de « c’est-à-dire ». 7. Tu (...) gentil - Dépression profonde d’un terrain formée par le passage d’un torrent. 8. Lentille - Pas elle - C’est une langue du sud de la France. 9. Lame d’acier utilisée dans le travail du bois. 10. De naissance et de présence - Baguette de bois servant d’appui à une tablette. 11. D’amaigrissement ou thermale - Sent une bonne odeur. 12. Choisir un candidat en temps d’élection Celle du Nord ou du Sud - Pronom personnel masculin. 6 1 3 5 1 7 3 2 9 5 3 6 2 7 2 6 8 5 2 8 1 9 5 3 3 4 1 Niveau de difficulté : INTERMÉDIAIRE LA SOLUTION DES JEUX : PAGE 18 Sud Placez un Chaque lig délimitée p les chiffres seule fois une boîte 7 5 8 9 3 2 4 1 6 9 4 1 8 5 6 2 7 3 6 2 3 7 4 1 5 9 8 6 1 18 été 2012 Graffici Sudoku 5 3 Placez un chiffre de 1 à 9 dans chaque case vide. 1 7 Chaque ligne, chaque colonne et chaque boîte 3x3 délimitée par un trait plus épais doivent contenir tous les chiffres de 1 à 9. Chaque chiffre apparaît donc une 3 2 9 5 seule fois dans une ligne, dans une colonne et dans LA SOLUTION DES JEUX une boîte 3x3. 3 6 de la page 17 Solution 2 7 7 9 6 1 8 5 3 2 4 5 4 2 9 3 6 1 7 8 8 5 8 1 3 7 4 2 9 6 5 9 8 7 5 1 4 2 3 6 8 3 5 4 6 2 7 8 9 1 2 6 1 8 9 3 4 5 7 9 5 3 4 2 5 3 6 1 7 8 9 1 7 9 2 5 8 6 4 3 4 1 6 3 8 4 7 9 5 1 2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 2 3 B A N C D E P A B O S A U D N S E E U R R I O I V P E E E R R E T A S I S S C O C I N é : INTERMÉDIAIRE 4 5 6 R O R N E O D E T S E C O D E I E 7 I 8 E R E S S L R U A I V I N N O A C 9 11 12 A C C U T R R E E A S C R L L E O I N I T I R E F A L T U E E L I R E E 10 R T E I L été 2012 Graffici JEUNESSE 19 Sophie i. Gagnon | [email protected] GLUANTS, PIQUANTS, ÉPATANTS... LES MOLLUSQUES! Photo : Gracieuseté Dans l’eau ou sur la plage, plusieurs coquillages picotent tes orteils, mais piquent-ils aussi ta curiosité? GRAFFICI a rencontré le biologiste Mathieu Lemonde-Landry du centre Exploramer à Sainte-Anne-des-Monts qui démystifie ce qu’on peut rencontrer en matière de mollusques gaspésiens. Graffici : On trouve les mollusques que dans la mer ? Mathieu Lemonde-Landry : On peut en trouver en eau douce et d’autres sur terre comme la moule de lac, l’escargot terrestre, d’eau douce et la limace. G : Quels sont les différents types de mollusques et leurs caractéristiques ? M. L-L : Les gastéropodes (estomac sur pied) rampent sur un large pied ventral souvent pourvu d'une coquille dorsale spiralée comme le bourgot et le bigorneau. Les bivalves (deux valves) sont des mollusques comportant deux coquilles reliées par une charnière leur permettant de s’ouvrir et de se fermer comme les moules, les pétoncles et les myes (clams). G : Les mollusques servent de nourriture à quels autres animaux? M. L-L : Certains mollusques sont des mangeurs de mollusques eux-mêmes. C’est le cas pour deux types d’escargots marins. Plusieurs mollusques sont les proies de crustacés tels que les crabes et les homards, qui possèdent de bons outils pour briser les coquilles! L’étoile de mer est une grande consommatrice de moules. Les oiseaux marins aussi comme les macreuses, un canard marin qui pose certains problèmes aux producteurs de moules de la Gaspésie. Et pour finir, plusieurs espèces comestibles se retrouvent dans les étalages des poissonneries pour être mangées par… toi! MONSTRES MARINS ? *1E *1D *1C Les polyplacophores (plusieurs plaques) sont des mollusques qui broutent et dont la coquille est composée de sept ou huit écailles articulées comme les chitons. Les céphalopodes (tête sur pied) sont des mollusques sans coquille comme les pieuvres et calmars dont le pied est divisé en tentacules avec des ventouses. La tête se retrouve au-dessus du pied et possède un cerveau bien développé. G : Pourquoi la cueillette est parfois interdite? *1F *1A *1B Mathieu Lemonde-Landry M. L-L : Ça peut provenir de la pollution de l’eau ou de l’accumulation de certaines algues toxiques dans le corps des bivalves. Dans le cas de l’humain, l’intoxication par des mollusques contaminés peut aller jusqu’à la mort par paralysie. Il est donc important de respecter les zones fermées, car rien ne permet d’identifier à l’œil ou à l’odeur un mollusque contaminé et la cuisson ne détruit pas les molécules toxiques des algues. Pour connaître, les secteurs fermés ainsi que les tailles minimales légales des mollusques pour la récolte, on peut consulter le site du ministère de Pêches et Océans Canada. http://www.qc.dfo-mpo.gc.ca/ peches-fisheries/recreative-recreational/mollusque-mollusc-fra.asp Un pétoncle possède plusieurs centaines de petits yeux bleu/noir situés sur le pourtour de ses deux coquilles. Il a pratiquement des yeux tout le tour de la tête. Comment faire : 1) Découpe des bandes de papier *1H Il te faut : - Un pot en verre; - Du papier absorbant (essuie-tout); - De la colle blanche; - Un pinceau; - Des ciseaux; - Une bougie de chauffe-plat; - Du sable ou des petites pierres; - Tes trésors cueillis au bord de la mer (coquillages, verres polis, algues séchées, etc.) *1K Plusieurs céphalopodes possèdent aussi des cellules sur leur peau leur permettant de changer rapidement de couleur pour se camoufler ou pour communiquer. Le lunatie est le plus gros escargot marin du Saint-Laurent qui vit enfoui sous le sable, où il mange les bivalves en perçant un trou dans la coquille de sa proie pour ensuite les manger facilement. *1L *1G BRICOLAGE Réalise une lanterne avec des coquillages ramassés pendant tes promenades au bord de la mer! verre de colle; 3) Applique les morceaux de papier *1J EXPOSITION NOCTURNE *1I absorbant; 2) Avec le pinceau, enduis le pot en sur la colle en les croisant; 4) Applique une deuxième couche de colle; 5) Une à une, pose une décoration et fixe-la avec un morceau de papier à chaque fois; 6) Colle une seconde couche de morceaux de papiers sur toute la surface du pot; 7) Laisse sécher jusqu’à ce que le papier devienne translucide pour voir apparaître les coquillages; 8) Verse un peu de sable dans le fond du pot et place la bougie à l’intérieur. Et te voilà avec une belle lueur de bord de mer ! Photos 1A, B C et E : Luc Gagnon. Réseau de suivi de la biodiversité marine / Photo 1D, H : Mathieu Lemonde-Landry, Exploramer / Photo 1G : Blaise Barette. Réseau de suivi de la biodiversité marine / Photos 1F, I, J, K, L : Sophie I. Gagnon 20 Graffici été 2012 Rétroviseur PASCAL ALAIN | [email protected] Un devoir de sauvegarde R www.orbie.ca écemment, on apprenait l’intention du gouvernement fédéral de transférer les artéfacts reliés à l’expropriation de Forillon, en 1970, du Centre de service de Québec vers un lieu indéterminé ailleurs dans la province, possiblement Gatineau. La nouvelle a fait réagir des politiciens ainsi que la population en général. Bien que la route 132 n’ait pas été prise d’assaut, on peut parler d’une certaine mobilisation pour la sauvegarde de ce patrimoine de la Gaspésie. Et si nous avions un devoir de sauvegarde de notre mémoire ? Dans les années 1970-1980, et même avant, une telle mobilisation aurait été impensable et ce projet typiquement conservateur serait passé sous silence. Autre temps, autre mœurs. Pour qu’il y ait mobilisation, il faut au préalable une prise de conscience, chose qui n’existait pas vraiment en matière de sauvegarde du patrimoine un peu partout au Québec, il n’y a pas si longtemps. Un intérêt grandissant pour le patrimoine est donc observable au Québec et dans ses régions, comme en Gaspésie. La définition du patrimoine est simple : c’est la transmission d’un bien ou d’un savoir, l’héritage commun d’un groupe ou d’une collectivité, transmis de génération en génération. Les premiers pas de la notion de patrimoine L’intérêt pour le patrimoine est intimement relié à l’histoire. L’un des défricheurs dans ce domaine est François-Xavier Garneau, qui nous éveille à notre histoire en publiant en 1849 son Histoire du Canada. Cet ouvrage se veut une réaction au fameux rapport Durham, publié en 1838, qui qualifiait les Canadiens français de peuple sans histoire ni littérature. Avec Garneau, on assiste à un premier mouvement d’intérêt pour l’histoire nationale qui mène le gouvernement québécois à adopter, en 1922, la première Loi sur les biens culturels. Cette loi a d’ailleurs été refondue cette année en Loi sur le patrimoine culturel, destinée à protéger le patrimoine sous toutes ses formes : bâti, mobilier, immobilier, vivant, paysager, etc. Avec la Révolution tranquille, le Québec entre dans une phase de «rattrapage» et de modernisme. Un double mouvement marque cette époque : d’un côté, on conteste les traditions héritées du passé, les symboles identitaires traditionnels comme Dollard des Ormeaux ou Madeleine de Verchères. C’est l’époque du bungalow qui envahit le Québec; on vide les greniers d’objets de toutes sortes qui nous font trop penser au passé. On jette tout à la poubelle. Plusieurs immeubles anciens ne résistent pas à la démolition. Place à la modernité ! De l’autre côté, le Québec fait appel à l’histoire pour avancer, pour persévérer, pour se définir, pour fonder des projets qui vont nous propulser vers l’avant. Ce n’est ORBIE BÉDÉISTE pas un hasard si les mouvements nationalistes prennent naissance dans ce contexte. Les Gaspésiens et le patrimoine Les Gaspésiens n’ont pas mis plus de temps que le reste des Québécois à s’intéresser au patrimoine. Sa sauvegarde ne peut figurer en tête de liste des priorités d’une population quand celle-ci sert de main-d’œuvre à bon marché et est continuellement en mode survie. Jusqu’à la Révolution tranquille (1960), les Québécois font tout pour prendre leur place dans la société, pour cesser d’être considérés comme des citoyens de seconde zone en leur propre pays. La Gaspésie emboîtera donc le pas au reste du Québec dans les années 1960. En 1962, Michel Lemoignan pose les bases de la Société historique de la Gaspésie. L’année suivante, la société publie le premier numéro de la Revue d’histoire de la Gaspésie, connue aujourd’hui sous le nom de Magazine Gaspésie. Dès cette époque, Lemoignan et ses proches demandent aux Gaspésiens de fouiller dans les greniers pour trouver livres, correspondances, archives, photos et objets anciens qui témoignent de l’histoire régionale. Ces trésors s’accumuleront dans les armoires du Séminaire de Gaspé au point où celles-ci déborderont… Ces efforts de conservation ne seront pas vains car ils aboutiront, en juin 1977, à l’ouverture du Musée de la Gaspésie, à Gaspé, qui possède une mission de sauvegarde, de conservation, de mise en valeur et de transmission du patrimoine. Le musée a récemment vu ses espaces de travail et ses réserves de collection s’agrandir. Son rôle est déterminant dans la sauvegarde de notre mémoire. Les objets sont des témoins précieux de notre histoire et de notre culture. À nous d’en prendre soin devant les politiques dénuées de sens du gouvernement Harper. Vous pouvez voir d'autres dessins d'Orbie sur GRAFFICI.CA été 2012 Graffici 21 22 Graffici été 2012 coup de chapeau GENEVIÈVE GÉLINAS | [email protected] L’histoire vivante à L’Anse-à-Beaufils D ans son interprétation, Rémi Cloutier mélange la grande et la petite histoire. Au récit sur Charles Robin et son empire de la morue, succède celui du jour où le « mononcle Alban » de Rémi a pêché un flétan de 180 kilos (400 livres). L’homme n’épargne aux touristes ni son fort accent gaspésien, ni son débit rapide. Il est le même que dix minutes avant l’ouverture, à ceci près qu’il a troqué son jeans et son coton ouaté contre une tenue de commis. « Rémi, c’est un authentique, il est aussi vrai que tous les objets qui l’entourent », lance Lison Grenier, qui le côtoie depuis 30 ans. Sur les étagères s’empilent des articles des années 30 et 40 : chaussures, vaisselle, radios… Le père, Gaston, a racheté le magasin de la compagnie Robin en 1972 et l’a exploité jusqu’à sa mort en 2000. Il gardait tout, en homme qui a vécu la Grande Dépression des années 30. Avant d’être terrassé par une crise cardiaque, Gaston Cloutier donne les clés du magasin à Rémi. « Je voyais bien que le magasin n’était plus rentable », dit le fils. « Rémi, c’est un authentique, il est aussi vrai que tous les objets qui l’entourent. » - Lison grenier La famille décide de le « remonter d’époque ». Pendant des mois, les Cloutier et leurs amis arrachent le vieux prélart, décapent, repeignent avec les couleurs d’origine, trient et rangent. « Je “scrapais” de la peinture au rasoir jusqu’à 11 heures ou minuit le soir », se souvient Ghislain, le frère de Rémi. « On était sous l’effet d’un coup de cœur. Dans ce temps-là, tu ne comptes pas tes heures », lance Rémi. Ghislain et Rémi ont puisé à plusieurs sources pour bâtir l’interprétation. À la fin des années 60, la famille Cloutier partageait une maison avec George Camiot, un gérant des Robin, et sa femme. Ces « grands-parents adoptifs » leur ont transmis l’histoire de la compagnie. Ils ont pêché d’autres bribes dans les dires des aînés qui visitent le magasin. « À eux, tu n’essaies pas d’expliquer des choses, indique Rémi. Ils parlent et toi, tu ramasses l’info. » Douze ans après sa transformation, le magasin demeure la propriété des trois frères Cloutier (Rémi, Ghislain et Yannick) et de leur mère, Léonie. L’entreprise embauche six animateurs, et reçoit 9 000 personnes de la mi-juin à la fin septembre. Pour les villageois de L’Anse-à-Beaufils, le magasin général est « un bijou dans un écrin », décrit Lison Grenier. Les touristes eux-mêmes développent un sentiment d’appartenance, au point où certains donnent aux Cloutier des antiquités de leur propre famille. Photo : Geneviève Gélinas L’ANSE-À-BEAUFILS – Les objets, les meubles, l’accent des animateurs et leurs histoires : tout est authentique au magasin général de L’Anse-à-Beaufils. Rémi Cloutier et sa famille ont retapé ce joyau du patrimoine et l’ouvrent au public pour une 12e saison. Rémi Cloutier (à droite) et son frère Ghislain devant le magasin général construit en 1928 par la compagnie Robin, et acheté par leur père il y a 40 ans. CE ! CHAN E R È I DERN Réagissez aux articles sur notre page Facebook Devenez un adepte de la page GRAFFICI ! été 2012 Graffici PUBLIREPORTAGE PUBLIREPORTAGE PUBLIREPORTAGE PUBLIREPORTAGE 23 PUBLIREPORTAGE 24 Graffici été 2012 musique Nelson Sergerie | [email protected] L’envers du décor de l’organisation de spectacles GASPÉ – Voir un spectacle en salle ou assister à une activité d’un festival ne prend que quelques heures de notre temps. Mais pour les organisateurs, c’est le fruit d’un long travail. GRAFFICI s’est intéressé à ce qui se passe en coulisses. Photo : Ricochet Design / FMBM Le Festival musique du bout du monde présente à chaque année des artistes renommés. COMMUNICATIONS GAUTHIER GAUTHIER COMMUNICATIONS animation animation relations publiquesrelations publiques Diplômée organisationnelle en communication organisationnelle Diplômée en communication marketing marketing formation sur mesure : français et communication formation sur mesure : français et communication Florence Gauthier,Florence B.A.A. Gauthier, B.A.A. [email protected] [email protected] rue(Québec) des Sarcelles, Maria (Québec) G0C 1Y0 rue392-0882 des Sarcelles, 25, Maria G0C 1Y0 759-5380 418418 562-2125 Cellulaire25,418 Maria 418 759-5380 Maria Matane418 418 562-2125Matane Cellulaire 392-0882 Réagissez aux articles sur notre page Facebook Devenez un adepte de la page GRAFFICI ! tionne ». Le festival compte sur un budget global de 700 000 $. Amasser une telle somme représente aussi un gros défi : « à chaque année, il faut reprendre le travail, affirme M. Roy. Plus l’événement grossit, plus on est en mesure d’attacher des ententes pluriannuelles. Mais il faut sans cesse convaincre les partenaires qu’on est toujours pertinent ». La reddition de comptes est aussi laborieuse. « Moi, en tant que directeur général, je passe la moitié de mon temps à la recherche de commandites et à la reddition de comptes », conclut-il. Autre contexte pour les spectacles en salle Les salles de spectacles comme celles de New Richmond, Gaspé ou Sainte-Anne-desMonts font face à une autre réalité. Par exemple, CD Spectacles, à Gaspé, prépare sa programmation de 12 à 18 mois à l’avance : « quand tu es rendu à préparer l’automne 2014, tu n’as pas le choix d’y aller avec des valeurs sûres », dit la directrice générale, Josée Roussy. Il a été difficile d’attirer des artistes établis comme André-Philippe Gagnon ou Marie-Mai par le passé, mais les temps ont changé : « la chanson a de la difficulté à remplir des salles dans les grands centres. On vit une crise. Ça a permis d’ouvrir les spectacles en région », selon elle. Le fait que les salles se sont regroupées au sein du Réseau des organisateurs de spectacles de l’Est du Québec (ROSEQ) facilite l’obtention d’artistes qui, autrement, seraient inaccessibles en raison des cachets demandés. « Ça nous permet de négocier, de partager les coûts avec d’autres salles. Par exemple, si un artiste fait le tour de la Gaspésie, on peut diviser les coûts de production », dit-elle. Le fait que le réseau compte des salles Attirer des artistes de calibre comme Florence K demande des efforts de longue haleine, selon les organisateurs de spectacles. Photo : Ricochet Design / FMBM «C’ est très essoufflant ! », lance fait travailler nos réseaux de contacts. Mais le directeur général du la notoriété du festival est établie et c’est de Festival musique du bout plus en plus facile d’aller chercher ceux qui sont plus connus », selon du monde, Martin Roy. M. Roy. Dès le festival terminé, « Ça prend des des démarches sont entre« Je passe la moitié ressources humaines et prises afin de préparer de mon temps à des compétences, explique l’édition suivante. L’obcelui qui n’a qu’une jectif est de conclure avant la recherche de adjointe pour abattre la Noël la recherche du commandites et tâche colossale. On devrait porte-parole et des têtes être deux personnes à plein d’affiche. à la reddition temps pour faire le travail », «Par la suite, on de comptes. » dit-il. Il peut compter sur continue avec le reste de des étudiants pour l’aider la programmation. On va – Martin Roy du FMBM. à compléter les derniers à des foires où l’industrie préparatifs durant l’été, de la musique du monde se rencontre. On tâte le terrain et on tente sans oublier une armée de 250 bénévoles de prendre les décisions en février-mars pour parvenir à ses fins. Tout est une question de budget : « C’est pour ce volet », ajoute le directeur. Ça représente tout un défi de programmer bien beau d’avoir une bonne relation, mais 80 activités musicales, des arts de la rue c’est toujours une question de chiffres. Si et d’autres volets connexes. « On fait les ce qu’on propose comme cachet vaut la démarches auprès des agences d’artistes. On peine, on a plus de chances que ça fonc- de plus de 650 places permet à Gaspé, avec ses quelque 400 sièges, de tirer son épingle du jeu et de revoir des vedettes comme Isabelle Boulay. En plus de présenter ces spectacles populaires, CD Spectacles a le mandat de développer la culture en présentant des activités de théâtre, de danse et de musique. « Ça nous oblige à faire des choix. On ne peut pas faire juste des shows payants. Les choix doivent être mesurés », indique Mme Roussy. Ainsi, les profits générés par les spectacles populaires permettent de financer les autres initiatives. été 2012 Graffici CINÉMA 25 Nelson Sergerie | [email protected] Des séries et films en Gaspésie ? PERCÉ – Les artisans du cinéma souhaitent que la production se développe en Gaspésie et les premiers États généraux du cinéma ont permis une mobilisation qui pourrait porter ses fruits. U disponibles pour la production. L’organisme en devenir souhaite aussi être une vitrine de promotion auprès des réalisateurs d’ailleurs en province. La commission est la première démarche des états généraux, une réflexion qui mijotait dans l’esprit de M. Cormier depuis plusieurs années : « quand on est à Montréal, on se rend compte qu’il y a un milieu du cinéma très structuré, mais les états généraux m’ont permis de dire oui, il y a une communauté, des artisans en Gaspésie. On veut qu’il y en ait plus et faire du cinéma sous le signe de l’appartenance », souligne-t-il. « Il y a une communauté, des artisans du cinéma en Gaspésie. » – François Cormier. Un autre aspect qui devra être étudié est la diffusion des productions faites par les artisans gaspésiens. L’idée d’établir des collaborations avec les cinémas gaspésiens afin qu’ils diffusent des œuvres tournées ici sera analysée. « Si on prend le cinéma Paradiso à Chandler, est-ce qu’on pourrait s’asseoir avec eux et leur demander de diffuser un ou deux courts métrages gaspésiens avant la présentation commerciale ? », questionne-t-il. Contrairement aux cinéastes qui peinent à faire connaître leur œuvre, Motel Chevreuil a la chance d’avoir une plate-forme de diffusion : « dès le début, Télé-Gaspé a été impliqué dans le projet, à titre de coproducteur. On a eu le rêve, on s’est organisés pour le faire ensemble », explique le réalisateur de la série, Jean-François Aubé. Autre facteur important : le financement était au rendez-vous. « On s’est dits qu’on allait faire le projet seulement si on était capables de payer tout le monde. Ce n’est pas une fortune, mais c’était important », dit M. Aubé, sans vouloir entrer dans les détails financiers de l’aventure. Malgré le peu de ressources disponibles, il a fait preuve d’audace. « C’est tout un défi, dit-il. Si on l’a fait, c’est que j’ai commencé à sentir à Gaspé qu’il y avait du monde assez solide pour former une équipe de production.» M. Aubé qualifie sa série de comédie noire, mélangeant le comique et le tragique : « On a procédé à un vrai casting. Ce ne sont pas tous des professionnels, mais beaucoup d’entre eux avaient une petite expérience de la scène », précise-t-il. Télé-Gaspé diffusera sur son site internet les six épisodes d’une durée de six à huit minutes en septembre. Il n’est pas exclu que la série soit diffusée au petit écran à l’antenne des télévisions communautaires. « Ce serait très intéressant », indique M. Aubé. Le tournage du film La Maison du Pêcheur, des Productions Vic Pelletier, avec son budget de 4,2 millions de dollars, sera le plus important en Gaspésie depuis les Fous de Bassan , d’Yves Simoneau, en 1986. « Ça va changer la donne, croit M. Cormier. C’est produit par un producteur de la Gaspésie, plusieurs artisans de la région travailleront durant plusieurs semaines à Percé. C’est une expérience qui nous servira de modèle pour attirer d’autres productions », rêve-t-il. Les cinéastes Sarah L’Italien de Sainte-Anne-des-Monts et Jean-Guillaume Bastien d’Amqui ont participé aux États généraux du cinéma gaspésien. Photo : Nelson Sergerie Photo : Nicolas Fournier n résultat tangible vient de se réaliser à Gaspé avec Motel Chevreuil. Une vingtaine de comédiens ont été appelés à jouer dans cette série web, tournée à la fin juin au motel Adams. Lorsque GRAFFICI s’est rendu sur le plateau de tournage, on pouvait sentir toute la fébrilité des acteurs et de l’équipe technique, qui a tourné en quatre jours les six épisodes de la série. C’est ce genre de projets que François Cormier du Festival les Percéides, celui qui a été à la tête des états généraux, à la mi-juin, à Percé, souhaite développer pour la région. Il croit que lors de cette rencontre, la soixantaine de participants ont pu échanger et créer des liens. La Commission du film de la Gaspésie, qui devrait naître de ce forum, se voudra une ressource pour les artisans d’ici. Elle permettra le réseautage des professionnels gaspésiens et contiendra une banque d’équipements Les comédiens à l’œuvre lors du tournage de Motel Chevreuil. 26 Graffici été 2012 ARTS VISUELS ANTOINE RIVARD-DÉZIEL | [email protected] Cinq ans de souffle du cœur exposé à Maria MARIA – Après avoir lancé leur récit poétique illustré, une œuvre fantaisiste baptisée Souffle au cœur sur papier griffon, deux jeunes artistes de la Baie-des-Chaleurs, Caroline Dugas et Catherine Bujold, exposent les images originales de leur livre à Maria. La quête d’Ana-Coluthe La complémentarité des deux passionnées est remarquable, autant dans l’exposition que dans le livre, qui mettent en scène un personnage nommé Ana- Coluthe, dans un environnement à la fois sombre et rempli d’espoir. «Au début de l’histoire, on apprend qu’Ana-Coluthe souhaite à tout prix construire un mobile. Le lecteur comprendra que ce souhait va au-delà de l’objet, qu’il s’agit d’une quête d’équilibre, de sens à la vie», indique Mme Bujold, qui caressait le rêve de publier un livre depuis longtemps. L’évolution du personnage représente en quelque sorte ce que les deux jeunes femmes ont traversé ces dernières années. «Il y a beaucoup de nous là-dedans. Au début du projet, nous étions aussi à la recherche de notre propre mobile, de notre propre équilibre», souligne Mme Bujold. Les visiteurs et les lecteurs entreront donc dans l’univers des deux jeunes gaspésiennes, qui espèrent maintenant «toucher le cœur des gens» avec ce qu’elles considèrent comme le plus important projet artistique de leur carrière. S’agira-til de leur dernier projet commun ? «C’est clair que non, répond sans équivoque Caroline Dugas. Au fil du temps, on a développé une complicité prometteuse», déclare l’illustratrice. Des cadres originaux Afin d’élargir leur démarche, les deux femmes ont eu l’idée, quelques semaines avant le début de l’exposition, de faire appel à des créateurs gaspésiens pour confectionner des cadres originaux. Au total, une dizaine ont répondu à l’appel, au plus grand plaisir des deux artistes. «Le résultat est super, s’exclame Mme Dugas. Certains sont en verre, d’autres en poches de café. C’est vraiment ‘trippant’.» L’exposition sera présentée jusqu’au 18 août à l’Auberge Mowatt de Maria. Photo : Claude Bolduc D epuis plus de cinq ans, Caroline Dugas et Catherine Bujold, respectivement illustratrice et auteure, ont fait évoluer ce projet singulier à travers un processus qu’elles ont appelé La correspondance du souffle. «À chaque fois qu’on complétait une page, on l’envoyait par la poste à près de 200 personnes de la Gaspésie, du Québec et même de l’Europe. Cette démarche évolutive nous a permis de recueillir des commentaires et des suggestions pour guider notre processus créatif», explique Mme Bujold, visiblement enchantée par le résultat présenté au public. Après leur livre et leur exposition, Caroline Dugas et Catherine Bujold se promettent d’entreprendre d’autres projets artistiques communs dans un avenir rapproché. été 2012 Graffici critique Littéraire david lonergan | [email protected] Un recueil engagé L’œuvre de Sylvain Rivière s’enracine dans son pays et plus spécifiquement dans sa Gaspésie, ses Îles-de-la-Madeleine et même l’Acadie. Souvent, il utilise une langue colorée qui plonge dans les racines du passé, habitées par la mer et le territoire. A vec son nouveau recueil de poésie Réfugiés poétiques (Éditions Trois-Pistoles), il élargit sa palette, tout en préservant les qualités spécifiques de son écriture. Un recueil courageux aux poèmes simples et sobres qui se fonde sur l’intériorité du poète et sur son engagement social. Le recueil se construit à partir de la problématique des réfugiés politiques qui n’ont d’autre choix que de s’empiler dans des camps de fortune et d’y survivre dans des conditions épouvantables. Au centre du recueil, on retrouve huit photographies couleur sur autant de pages qui nous montrent un camp de réfugiés et « ses » habitants. Plutôt que de parler directement des réfugiés, Rivière choisit de se placer au centre de ses poèmes. Il éprouve le besoin d’écrire « penché au bord du monde / Où LIVRE DE RECETTES GASPÉSIENNES La meilleure façon de cuisiner le terroir gaspésien PUBLIÉ PAR LE JOURNA L GRAFFICI LES MATHILDERIES La Gaspésie en recettes PLUS DE 70 RECETTES GASPÉSIENNES DES CAPSULES HISTORIQUES SURPRENANTES DE MICHEL LAMBERT En vente en Gaspésie dans les librairies, épiceries fines, boutiquescadeaux et dans plus de 50 autres points de vente (voir la liste au www.graffici.ca), ou sur commande. 418 368-7575, poste 3 [email protected] Journal GRAFFICI : fier éditeur du livre Les Mathilderies 27 tout vacille et prend eau » (p. 129). Il interroge le « mystère » qui est en chaque personne, cherchant à comprendre ce qui pousse les humains à agir comme ils le font, rappelant le tragique destin qui semble frapper l’humanité. Tour à tour, il centrera ses textes sur le cœur, l’esprit, l’âme dans l’espoir de mieux se comprendre et de saisir ainsi ce qui lui échappe et qui expliquerait l’inexplicable : pourquoi faut-il que des hommes agissent de telle façon que d’autres sont des victimes d’abus dont on sent qu’il n’ose les décrire? Les photos sont là pour témoigner. Il faudrait « porter son âme à bout de bras » en espérant « nous mener de soi aux autres » (p. 108). Les poèmes sont très courts, quelques lignes sur une page, parsemés d’images et de réflexions douces-amères, nourris par la volonté de défendre la vie alors qu’il a l’impression que nous sommes des « hirsutes ignorants sanguinaires » (p. 91). Car après tout, ce qui se passe dans ces pays si éloignés géographiquement de nous est aussi notre responsabilité. « Il suffirait d’un verbe / […] Pour que la goûtance revienne » (p. 126), mais il ne sait « plus dire je t’aime » (p. 128) et il a beau espérer la lumière, « le rire a fui le palais » (p. 130). Malgré tout demeure un espoir, si faible soit-il. Il faut « réensemencer, réensemencer encore » (p. 144), affirme-t-il dans le poème qui clôt le recueil. On aimerait y croire.
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