Hygiène de l`eau et des installations d`hydrothérapie - CClin Sud-Est
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Hygiène de l`eau et des installations d`hydrothérapie - CClin Sud-Est
HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES LES BONNES PRATIQUES D’HYGIENE DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES 2.9 Hygiène de l’eau et des installations d’hydrothérapie Le risque infectieux lié à l'eau L'eau peut jouer le rôle de vecteurs d'agents potentiellement dangereux comme P. aeruginosa, Legionella pneumophila, entérobactéries. Tous les facteurs de risque présents chez le sujet âgé (diminution des défenses immunitaires, insuffisance respiratoire, présence de plaies) incitent à maîtriser la qualité de l’eau. Le risque infectieux d’origine hydrique est présent tant au niveau des soins de base (soins cutanés chez des patients porteurs de plaies, de sonde urinaire) qu'au niveau des soins de rééducation (balnéothérapie, piscine). Maîtrise de la qualité de l'eau des installations sanitaires Les installations sanitaires destinées à la toilette des patients (lavabos, douches, baignoires) doivent être entretenues de façon régulière. La fourniture d’une eau de bonne qualité bactériologique est un préalable indispensable mais cette bonne qualité ne peut être conservée que par une maintenance rigoureuse du réseau. Dans certains cas, il faudra envisager d’installer un dispositif de traitement de l’eau (chloration par exemple). Quelle qualité d'eau ? D’après le guide « L'eau dans les établissements de santé » (1), il est recommandé une eau de qualité bactériologiquement maîtrisée de niveau 1 ; une analyse sommaire de ce type d'eau doit conduire à moins de 100 UFC (Unités Formant Colonies)/100 ml et absence de P. aeruginosa. Les prélèvements effectués au premier jet permettent d’évaluer la contamination de l’eau ayant stagné dans les canalisations et dans le robinet. Les prélèvements effectués après désinfection du gicleur et écoulement de l’eau pendant une minute renseignent sur la qualité microbiologique de l’eau distribuée par le réseau de l’établissement. Mesures de prévention au point d'utilisation ◆ Après chaque utilisation, effectuer un nettoyage* et une désinfection* de bas niveau du sanitaire. 346 ◆ Après chaque séance d’utilisation, purger le flexible de douche, nettoyer et désinfecter le pommeau (le dévisser et l’immerger dans une solution détergente désinfectante) et le raccrocher en position correcte. ◆ Nettoyer et désinfecter tous les jours les gicleurs des robinets. ◆ En début de journée, lors de la première ouverture du robinet, laisser couler au moins une minute pour éliminer l’eau qui a stagné dans l’extrémité de la canalisation pendant la nuit. ◆ Détartrer à l’aide d’un détartrant liquide ménager gicleur et col de cygne ; la périodicité de cette opération est fonction de la dureté de l’eau ; elle doit être consignée sur un calendrier d’entretien. ◆ Nettoyer périodiquement les siphons (préférer les siphons en plastique, si possible transparents, faciles à démonter et à nettoyer). Quand suspecter la qualité de l’eau dans une unité de gériatrie ? La qualité de l’eau peut être suspectée lors d’une épidémie : infections urinaires ou d’escarres à P. aeruginosa par exemple. Dans une telle situation, on ne peut écarter d’emblée une transmission par les mains ou le matériel mais la recherche d’un réservoir hydrique peut s’avérer une nécessité : il faut effectuer des prélèvements d’eau (premier et deuxième jets). Des résultats non conformes à une eau de niveau 1 conduiront à rechercher les causes de contamination en investiguant les points suivants : ◆ Évaluer la qualité des détartrages quotidien et périodique de la robinetterie : la présence de tartre sur les robinets traduit une insuffisance de l’entretien bien souvent à l’origine des problèmes. ◆ Rechercher la réalisation de travaux sur le réseau d’eau ou un retour d’eau. ◆ Dépister la présence de bras morts ou de réservoirs intermédiaires constituant des points de stagnation de l’eau : seule l’exclusion de ces points de prolifération microbienne peut améliorer la situation. HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6 HYGIENE DE L’EAU ET DES INSTALLATIONS D’HYDROTHÉRAPIE ◆ Suspecter l’état des canalisations : des canalisations anciennes et usées, avec un haut degré de corrosion sont souvent recouvertes d’un biofilm* bactérien difficile à éradiquer sans remettre à neuf le réseau. Maîtrise de la qualité de l'eau dans les installations de rééducation Il n’existe aucune norme d’hygiène et de qualité de l’eau concernant les piscines de rééducation et de balnéothérapie. L’arrêté du 7 avril 1981 applicable aux piscines publiques peut servir de base aux exigences à respecter (2). La flore du patient est la source principale de contamination de l'eau. Une douche avec savonnage est indispensable avant tout acte de balnéothérapie (cf. chapitre 2.6). Recommandations pour l'alimentation des bassins et le traitement de l'eau ◆ L'eau des bassins doit être filtrée et traitée par des produits chlorés ou du chlorhydrate de polyhexamethylène biguanide. m3 ◆ Un renouvellement de l'eau à raison de 0,03 par patient ayant fréquenté la piscine la veille, doit être réalisé chaque jour avant les premiers soins. Contrôle (1) Les contrôles à effectuer dans ces installations sont les suivants : HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6 ◆ pH et teneur en désinfectant : au moins une fois par jour. Les valeurs attendues en cas de traitement avec des produits chlorés non stabilisés sont un pH compris entre 6,9 et 7,7 et une teneur en chlore libre actif comprise entre 0,4 et 1,4 mg/l. Les résultats de ces analyses quotidiennes doivent être consignés sur un registre par la personne responsable de leur exécution. ◆ Analyse mensuelle de certains paramètres : identification et numération des germes, dosage des matières organiques et dosage des chlorures. En cas de prélèvements non conformes La non conformité des analyses de contrôles impose la demande d’un avis spécialisé auprès d’un service compétent : Laboratoire des Eaux, Service Hygiène du milieu de la DASS, Service d’Hygiène Hospitalière. Bibliographie 1 - DRASS RHONE-ALPES. L'eau dans les établissements de santé. COmité TEchnique REgional de l'Environnement HOSpitalier. Mars 1995. 2 - DARBORD JC, DAUPHIN A. Hygiène Hospitalière Pratique Chapitre III. Editions Médicales Internationales (2°édition). 3 - Décret n° 81324 du 7 avril 1981, fixant les normes d’hygiène applicables aux piscines et aux baignades aménagées. (J.O. du 10 Avril 1981). 347 HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES Lexique AFNOR biofilm Association Française de Normalisation. Association ayant pour mission de coordonner les programmes de normalisation en France et d’encourager la diffusion et l’application des normes. Ensemble de micro-organismes et de leurs sécrétions macromoléculaires qui sont présents sur la surface d’un matériau (Association pour la Prévention et l’Étude de la Contamination). antisepsie bionettoyage Opération au résultat momentané permettant, au niveau des tissus vivants, dans la limite de leur tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus, en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes présents au moment de l’opération (AFNOR NF T 72 101). Procédé de nettoyage, applicable dans une zone à risques, destiné à réduire momentanément la biocontamination d’une surface. Il est obtenu par la combinaison appropriée d’un nettoyage, d’une évacuation des produits utilisés et des salissures à éliminer, de l’application d’un désinfectant. cas acquis antiseptique Selon AFNOR NF T 72 101, un antiseptique est un produit ou un procédé utilisé pour l’antisepsie dans des conditions définies. Si le produit ou le procédé sont sélectifs, cela doit être précisé. Ainsi, un antiseptique ayant une action limitée aux champignons est un antiseptique à action fongicide. Le caractère acquis d’une bactérie multirésistante peut être affirmé si un dépistage systématique à l’entrée dans un service a été réalisé et si celui-ci est négatif. La découverte d’une telle bactérie au cours du séjour plus de 48 à 72 heures après l’admission chez un patient antérieurement négatif laisse présumer que la bactérie a été acquise par transmission au cours du séjour. bactéricide Produit ou procédé ayant la propriété de tuer les bactéries dans des conditions définies (AFNOR, Comité Européen de Normalisation). Produit ou procédé ayant la propriété d’inhiber momentanément les bactéries dans des conditions définies (AFNOR). Le caractère importé depuis un autre établissement d’une bactérie multirésistante peut être affirmé si un dépistage systématique à l’entrée du patient dans le service a été réalisé et si celui-ci est positif. La découverte d’une telle bactérie chez un patient moins de 48 à 72 heures après l’admission laisse présumer que la bactérie a été transmise antérieurement par rapport au séjour actuel. biocontamination colonisation (colonisé) Contamination d’une surface (biologique ou inerte) ou d’un fluide par des micro-organismes véhiculés par l’air (contamination aéroportée ou aérobiocontamination), par des êtres vivants (la contamination par contact avec les mains en est la modalité majeure) ou par les objets. (Association pour la Prévention et l’Étude de la Contamination) Présence d’une bactérie dans un site qui en est normalement exempt, mais cette bactérie n’est responsable d’aucun symptôme local ou général d’infection ; exemple : présence d’une bactériurie isolée à Staphylococcus aureus dans les urines sans aucun signe d’infection urinaire. bactériostatique 364 cas importé HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6 désinfectant nettoyage Produit ou procédé utilisé pour la désinfection, dans des conditions définies. Si le produit ou le procédé est sélectif, ceci doit être précisé. Ainsi, un désinfectant ayant une action limitée aux champignons est désigné par : désinfectant à action fongicide (AFNOR NFT 72 101). Opération d’élimination des salissures (particulaires, biologiques, liquide,...) avec un procédé faisant appel dans des proportions variables les unes par rapport aux autres, aux facteurs suivants : action chimique, action mécanique, temps d’action de ces deux paramètres et température. désinfection nettoyage-désinfectant ◆ Opération au résultat momentané permettant d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus indésirables portés par des milieux inertes contaminés, en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes présents au moment de l’opération (AFNOR NFT 72 101). L’usage du terme « désinfection » en synonyme de « décontamination » est prohibé. Produit présentant la double propriété de détergence et de désinfection (Société Française d’Hygiène Hospitalière). ◆ Terme générique désignant toute action à visée antimicrobienne, quel que soit le niveau de résultat, et utilisant un produit pouvant justifier in vitro des propriétés autorisant à le qualifier de désinfectant ou d’antiseptique. Il devrait logiquement toujours être accompagné d’un qualificatif et l’on devrait ainsi parler de : • désinfection des dispositifs médicaux (= du matériel médical) • désinfection des sols, • désinfection des surfaces par voie aérienne, • et même désinfection des mains ou d’une plaie (Société Française d’Hygiène Hospitalière et Comité Européen de Normalisation). ◆ Élimination dirigée de germes destinée à empêcher la transmission de certains micro-organismes indésirables, en altérant leur structure ou leur métabolisme indépendamment de leur état physiologique (CEN) HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6 porteur (portage) Présence d’une bactérie dans un site où sa présence est habituelle sans qu’elle soit responsable d’infection ; exemple : présence de Staphylococcus aureus dans les narines ou dans d’entérobactéries dans les selles. précautions standard Ensemble des précautions d’hygiène qui s’appliquent à tout patient sans tenir compte de l’existence d’une éventuelle infection. Ces précautions intègrent la protection du personnel vis à vis des liquides biologiques, la prévention des accidents d’exposition au sang et les bonnes pratiques d’hygiène visant à limiter la transmission des micro-organismes hospitaliers lors des soins. Les précautions standard concernent l’hygiène des mains, les techniques de soins, le nettoyage et la désinfection du matériel de soins, l’entretien des locaux , de la vaisselle et du linge, la prévention des accidents d’exposition aux liquides biologiques dont le sang. L’application des précautions standard est indispensable à l’efficacité d’une politique de contrôle des infections nosocomiales. 365