De la phrase complexe à l`addition et à la multiplication.

Transcription

De la phrase complexe à l`addition et à la multiplication.
De la phrase complexe à l’addition et à la
multiplication.
Une manière d’envisager les mathématiques et le français dans un espace
commun
« Quand tu fais des maths, c’est du français.
Quand tu fais du français, ce sont des maths. »
Patrick SCHELL
Voici un exemple sur lequel se baser :
Il achète un pain au chocolat et il prend une baguette.
Voici une phrase complexe avec deux propositions reliées par une
conjonction de coordination (et).
La conjonction « et » ne donne pas d’information sur la succession des
actions des verbes. Cette succession est plus sous-entendue par la lecture
logique. D’abord, on lit « achète », ensuite on lit « prend ».
Pourtant, rien ne nous assure cette succession. Peut-être, il prend d’abord
la baguette et, ensuite, il achète la baguette. C’est pour cela que ces deux
propositions sont dites « indépendantes »
En mathématiques nous retrouvons cette même pratique dans l’utilisation
du signe « + ».
Ajoutons des données mathématiques à la phrase précédente : « Il achète
un pain au chocolat à 1,50$ et il prend une baguette à 1$ ». Ici, la tradition
de l’énoncé nous amène à harmoniser la phrase pour éviter tout contre
sens, c’est-à-dire : « Il achète un pain au chocolat et il achète une
baguette ». Ensuite, une factorisation verbale est nécessaire pour éviter la
répétition : « Il achète un pain au chocolat et une baguette ».
Conclusion :
1 Pain au chocolat + 1 baguette ou 1 baguette + 1 pain
Il n’y a qu’à procéder aux remplacements des données pour assurer une
réponse mathématique. Une autre manière de le dire serait sans doute, la
machine à synecdoques1 : le pain = le prix du pain et la baguette = le prix
de la baguette.
1$ +1,50$ ou 1,50$ + 1$
Les deux parties sont aussi indépendantes.
1 Synecdoque référentielle (relation concret–abstrait) En revanche, lorsque la phrase complexe est subordonnée (non
indépendante), la manière de l’aborder est différente.
Il a acheté une boite de 3 pains au chocolat dont chaque pain coute 1$.
Dans cet exemple le pronom relatif dont est introduit par la proposition « Il
a acheté une boite de 3 pains au chocolat ». La relation entre les deux
propositions est subordonnée.
En mathématiques, le pronom relatif « dont » associé à l’adjectif indéfini
« chaque » sont suffisamment d’indices pour assurer que le choix de
l’opération est une multiplication. La liaison est donc forte, elle est
subordonnée.
Il a acheté une boite de 3 pains au chocolat dont chaque pain coute 1$.
3 pains au chocolat x 1$ ou 1$ x 3 pains au chocolat
L’importance de ces liaisons :
Dans une phrase rassemblant deux indépendantes, les conjonctions de
coordination sont des liaisons faibles (détachables).
Dans une phrase rassemblant une subordonnée et une principale, les
pronoms relatifs sont des liaisons fortes (non détachables).
En application concrète, l’exercice est de deviner une phrase qui
correspond à chaque expression suivante:
3 + 6x3 = Il acheté 3 pains et (+) 6 boites dont chacune (x) est composée de
3 pains. Quel est le nombre de pains.
7x9+5 (à vous de jouer !).
A partir du niveau quatrième :
7 (4x+3) = Il a acheté 7 boites dont chacune est constituée de 4 pains et de
3 baguettes.
7 (4x+3) + 5(2x+5) = il a acheté 7 boites dont chacune est constituée de 4
pains et de 3 baguettes et il a acheté 5 boites dont chacune est constituée
de 2 pains et de 5 baguettes.
Conclusion, pourquoi aborder les mathématiques de cette manière ?
Tout d’abord, cette manière de voir qu’en mathématiques, des stratégies
de raisonnement acquises dans d’autres matières sont parfois utiles. Les
élèves bons en français peuvent créer des passerelles pour réussir en
mathématiques et réciproquement. Il n’y a pas de frontière insurmontable
entre les matières.
Aussi, cette manière permet de voir l’organisation générale d’une
expression ou d’une phrase. Reprenons 7 (4x+3) + 5(2x+5) :
Dans ce cas, la phrase complexe est la constitution de deux parties
indépendantes, d’un coté 7 (4x+3) et de l’autre 5(2x+5). Mais chacune de
ces parties est constituée d’une principale et d’une subordonnée, d’un coté
7 avec (4x+3) et de l’autre 5 avec (2x +5).
En mathématiques, il y a une liaison faible et deux liaisons fortes donc je
peux opérer en deux étapes avant de rassembler le tout puisque 7 (4x+3)
est indépendant de 5(2x+5).
Donc : 7(4x+3)= 28x + 21
5(2x+5)= 10x + 25
Puis je rassemble :
+10x+25
28x+21
En français :
(partie 1 indépendante) + (partie 2
indépendante)
Si un élève est capable d’organiser sa pensée en anticipant les différentes
étapes de calcul dans son développement alors il gagnera un temps
important et augmentera la qualité de son explication.