Changement de la nature du mouvement slow
Transcription
Changement de la nature du mouvement slow
Changement génétique du mouvement Slow- Food Discours de Carlo Petrini, Président de Slow Food, à l'Assemblée Générale de SlowFood France à Bordeaux - Novembre 2004 Slow food ne doit plus être une association localisée seulement dans les pays riches mais doit être une association planétaire avec une participation dans les pays pauvres. Nous devons aider nos frères qui ont des problèmes de nourriture, économiques, d’identité, de bio piraterie. Nous devons changer l’esprit de la gastronomie. Aujourd’hui il y a une division entre l’alimentation (histoire, économie, savoir faire…) et la gastronomie (divertissement ds les pays riche). Cette division est ridicule. Le père de la gastronomie Brillat Savarin a très bien décrit cela dans son livre La physiologie du goût. Il montre sur un ton héroï-comique la dérision de la gastronomie en énumérant toutes les confréries….confrérie du taste vin, etc. La perte de la biodiversité est dramatique pas seulement pour les produits mais aussi pour le savoir-faire. Slow food est devenu Eco-gastronome en créant l’Arche, mais ce n’est pas suffisant. L’arche c’est l’identification des problèmes, les sentinelles c’est ce que nous devons garder, et nous devons y inclure le savoir faire. L’éducation des jeunes est primordiale. C’est cela la nouvelle gastronomie dépeinte par Brillat-Savarin en 1825, la gastronomie c’est ce qui concerne l’agriculture, les animaux, la transformation, l’économie (l’échange) et l’économie politique. Car dans toutes les politiques on parle de l’agriculture (économie mondiale – seattle, économie européenne…). La gastronomie n’est pas seulement l’évaluation du goût, de la qualité du service (critique guide), l’appréciation de connaisseurs !! … ça c’est la gastronomie « casse couille », c’est de la pornographie ! En continuant sur cette voie nous sommes en train de tout perdre, de tout foutre en l’air. Par exemple quand je suis allé en Inde j’ai lu dans un journal « life style food ».Nous ne mangeons plus un produit mais un style, une image. C’est affreux. Donc notre mission est de répandre l’histoire et l’économie de la gastronomie. Slow food doit introduire cette complexité dans la gastronomie, nous devons étudier, regarder les artisans, comprendre l’économie, comprendre le savoir faire, la tradition, l’identité d’un terroir.. nous devons l’enseigner aux jeunes et leur transmettre le plaisir d’être artisans, paysans. C’est cela la richesse de notre mouvement. Si Slow food est uniquement un regroupement de « connaisseurs qui dînent » nous allons perdre l’esprit originel. Nous devons stopper la schizophrénie du gastronome (c'est-à-dire celui qui parle de son propre plaisir dans un monde qui meurt de faim). N’oublions pas que le plaisir est universel, le plaisir gastronomique c’est manger une falafel dans les rues du Caire, , … (versus l’image de la gastronomie des guides, le goût unique). La seule mémoire collective en terme de gastronomie c’est la faim… Slow food doit changer l’idée de la gastronomie, c’est notre mission. Nous sommes les premiers sur cette voie, c’est notre force. Terra madre a changé slow food génétiquement. Pas comme l’OGM (chimiquement) mais Terra Madre nous a changé naturellement. Terra Madre a regroupé 4888 paysans, 4888 intellectuels, on doit être orgueilleux d’être à l’origine de ce rassemblement, c’était un mouvement politico-culturel international. C’était 4 jours de la fraternité alter-mondialiste. Nous avons lancé un « virus » qui marche seul, …par exemple depuis terra madre un réseau a commencé à se construire entre les peuples nomades du grand nord qui souhaitent former la confrérie international des Nomades. Notre association doit être le porte flambeau de ce changement, c’est un pari très difficile car nous avons en face de nous des multinationales très fortes, mais nous sommes nombreux et ont peut y arriver. Mais attention nous ne sommes pas devenus des franciscains pour autant, nous devons garder notre joie de vire, de partager, mais si nous avons que cela nous sommes stupides. Nous devons initier un dialogue : 1/ entre la science et le savoir traditionnel Par exemple la question des OGM. La science est pour, les paysans sont contre. Slow food doit initier un dialogue pour que les deux systèmes se respectent et apprennent l’un de l’autre. Créer une interaction entre les deux parties, car elles ont chacune des points positifs 2/ entre le producteur et le consommateur Le consommateur doit devenir co-producteur. C'est-à-dire qu’il doit devenir acteur et connaître l’économie, la biodiversité. Il doit s’intéresser au monde dans lequel il vit, il ne doit pas seulement juger et donner des notes. On me demande souvent qu’est ce qu’un produit de qualité ? pour moi un produit de qualité doit : - avoir du goût, qui peut être différent selon les pays, le goût doit être un aspect culturel (idem histoire de la falafelle ds les rue du Caire) - respecter l’environnement - respecter le travail des hommes (salaire convenable) Si l’un des 3 points n’est pas respecté, ce ne peut pas être un produit de qualité. Nous devons prendre notre bâton de pèlerin, et informer la société. ...Il faut faire 10 grandes manifestations dans 10 villes de France et une manifestation à NY (où a habité BrillatSavarin).