Ma vie est un cauchemar. - Je livre mon histoire.com
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Melinda Warren Ma vie est un cauchemar. 1 Prologue Ma vie n'est plus qu'un monde ravagé, un monde dévasté par la puissance de la douleur et de l'absence. Morceau par morceau ils ont retiré les pièces qui constituaient le puzzle de mon existence. Faisant disparaître en priorité les morceaux de bonheur, de joie et d'amour. La plus belle partie de cet immense jeu tragique m'a été enlevé il y a quelques jours à peine. Privé de cette magnifique partie de moi pendant tellement de temps, ils poussent le supplice jusqu'au point de me la rendre pour mieux me la subtiliser à l'instant même où l'amour dévoile toute sa force. Mais ce soir ç'en est trop, me voilà de nouveau assise sur ce toit que j'avais quittée depuis plusieurs mois. Seule au milieu de la nuit, je joue de la guitare éclairée par la 2 pleine lune. Mes larmes roulent le long de mon visage et viennent mourir entre les cordes. Chaque accord me pousse un peu plus vers le chemin que j'ai choisi, cette chanson était son cri pour la vie. Elle sera mon ultime chant de détresse ce soir. Vous voulez savoir ce qui m'a fais prendre cette décision si radicale ? Je vais vous raconter. 1/ Présentation. 3 D'abord, je me présente, je m'appelle Lyra Adams, j'ai 18 ans et je suis en terminale. Je joue de la guitare depuis l'âge de 10 ans, j'ai commencé avec mon meilleur ami; Thomas. On se connaît depuis la maternelle, on est inséparable. On a toujours été dans la même classe ce qui, au fil des années, n'a fait que nous rapprocher davantage. Pour cela nos histoires d'amour ont toujours été assez compliquées car nos copains et copines n'acceptaient pas notre relation si particulière. Une chose importante à savoir sur moi : je hais le monde entier. On m'a si souvent menti, trahi, fais du mal volontairement, que je déteste tout le monde. Je ne fais confiance à personne, la seule sur laquelle je peux compter c'est Thomas. Il est toujours là pour moi, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit et j'en fais de même pour lui. Je ne compte plus le nombre de fois où on s'est retrouvés, assis sur le toit de ma maison, au beau milieu de la nuit parce que l'un d'entre nous n'était pas bien ou n'arrivait pas à dormir. Personne ne le sait mais, le toit est notre refuge, un endroit où on se retrouve lui et moi, seulement. Il arrive parfois que, dans ces moments là, il se passe des choses entre nous. On ne sait pas si c'est réellement important, si quelque chose finira par naître de tout ça, mais on ne se pose pas la question pour le moment. Sinon, je suis fille unique, ma mère ne pouvait pas avoir d'enfant mais elle a quand même réussi à me concevoir. Elle est avocate et mon père représentant pour une grande marque d'ordinateur. À part ça, je suis passionnée de musique: les murs de ma chambre ne sont pas couverts de posters mais d'étagères avec des CD. Les ¾ de mon argent de poche part là dedans. Je dessine souvent, c'est ainsi que je m'exprime la plupart du temps. Je communique très peu avec mes parents, rien de ce que je fais n'est assez important pour mériter une conversation. Donc je hurle à travers mes dessins ce que mon cœur garde si farouchement. Avec Thomas je fais ça aussi, quand j'ai envie de lui parler de quelque chose et que je ne sais pas comment aborder le sujet, je 4 lui montre un dessin et il comprend toujours sa signification. Alors, il me prend contre lui et dit « je t'écoute ». Je ne sais pas ce que je deviendrais sans lui, j'aurais sûrement déjà foutu ma vie en l'air, tombant dans la drogue ou autre mauvais trip. Malgré tout ce que j'ai vécu il m'a toujours donné la force de continuer et d'aller au bout de mes rêves. Et je peux vous jurer que je ne me suis pas retrouvée qu'une seule fois sur le point de tout abandonner. Il y a un secret, que seul Thomas connaît, quelque chose qui sera utile pour votre compréhension de l'histoire, enfin je crois. Mais voilà, je ne peux pas réellement vous l'expliquer car moi-même je ne comprends pas très bien. Il y a un vide au fond de moi, dans ma vie, une absence qui pèse très lourd, trop lourd sur mes 18 années. C'est comme s'il manquait quelqu'un, une présence à mes cotés, quelqu'un qui devrait être là et qui ne l'est pas. Je ne sais pas qui, je ne sais pas pourquoi je ressent ça, mais cette absence vit depuis trop longtemps au cœur de mes insomnies et j'aimerais comprendre. Comprendre pourquoi le jour me mon anniversaire je me sens mortellement triste, pourquoi je semble toujours attendre quelqu'un qui ne vient jamais. Quelqu'un qui devrait être à mes cotés pour ce jour si particulier. Et aussi, lorsque l'on me demande si j'ai des frères et sœurs et que je répondss que je suis fille unique, j'ai l'étrange sensation de mentir. Alors que pourtant, enfin jusqu'à preuve du contraire, je n'ai pas de frère ni de sœur. Et je suis vraiment très seule car je n'ai pas non plus de cousin ou cousine, à croire que dans ma famille la solitude est un honneur. En résumé, mes parents ne se soucis pas vraiment de moi, je vis sous leur toit mais ça s'arrête là. Tant que je ne rentre pas accompagnée par la police, ils se foutent du reste. On ne discute jamais de rien, nos conversations se limitent à des trucs genre « t'as passé une bonne journée ». Ça à force on dirait presque un disque rayé; je passe la porte, pas de bonjour, juste cette phrase, dite sans vraiment de conviction et sans vouloir de réponse. Il y a aussi des « papa rentre bientôt ? », suivi très souvent de « je sais pas ». Parfois il part plusieurs jours et on sait jamais vraiment quand il rentrera. Quand on est à table tous 5 les trois, mon père lit le journal, ma mère regarde les informations et moi je décore la table, assise entre eux deux Mes parents sont pratiquement des étrangers pour moi, je ne connais rien de leur vie, de leur adolescence, de ce qu'ils ont fait ou rêvaient de faire quand ils avaient mon âge. Ils arrivent très facilement à oublier que je suis là: parfois ils parlent de moi alors que je suis juste à coté d'eux, mais on dirait qu'ils me voient pas. Par contre quand je porte des vêtements qui ne sont pas à leur goût, les critiques et les engueulades fusent dans toute la maison. Je suis une rockeuse, donc je m'habille en rouge et noir la plupart du temps, j'ai pleins de fringues avec des têtes de mort et autres inscriptions qui foutent ma mère en rogne. Je mets souvent des mini-jupes noires ou rouges avec des chaînes qui pendent sur le coté et des grandes bottes de couleurs identiques. Ma mère m'a dit un jour qu'habillée de cette façon je ressemblais à une prostituée et qu'il ne fallait pas que je vienne pleurer si un jour je me fais violer ou agresser. Ma musique ne leur plaît pas non plus, évidement, alors si j'ai le malheur de mettre le son un peu trop fort, ma mère pique une crise. Elle hurle des choses comme: « baisse moi cette musique de sauvage » ou « pas étonnant que personne ne te parle, ta musique fait fuir tout le monde », comme si c'était écrit sur ma tête « j'adore Slipknot, Manson, Pleymo et autres trucs qui font enrager ma mère ». Parfois je me demande si elle n'est pas complètement folle, ou alors elle me hais, c'est au choix. À choisir je préférerais une mère avec laquelle je pourrais discuter, qui parlerait au lieu de hurler, mais non c'était pas dans le contrat. Le moindre truc chez moi l'énerve, rien ne va jamais, j'essaye de faire tout ce qu'elle veut, comme elle le veut, mais ce n'est jamais suffisant à ses yeux. Je pourrais lui décrocher la lune qu'elle me balancerait encore « où tu veux que je mette ça, hein ? » Alors depuis quelques mois je leur parle presque pas, le matin je me dépêche de partir au lycée et dès que je rentre je vais m'enfermer dans ma chambre. Je ne peux plus supporter leurs regard, leurs remarques; tout ça fini par faire trop mal. Vous pouvez pas imaginer ce que c'est que d'avoir des parents qui 6 n'apprécient rien chez vous. Qui vous critique à longueur de temps, même devant leurs amis... et peutêtre même surtout devant leur amis. Je ne les comprends pas, j'ai, pendant longtemps tout fait pour qu'ils soient fier de moi, mais rien n'y faisait, alors j'ai lâché l'affaire et essaye d'oublier que quoi que je fasse ils le désapprouveront toujours. Il y a des fois je me demande comment je peux être leur fille, sérieusement, on a rien en commun. Ils n'aiment pas l'art, ils n'aiment pas la musique, ils n'aiment pas faire des sorties, comme faire du shopping ou aller au ciné ou juste pour se balader. Les enfants doivent quand même avoir certaines choses en commun avec leurs parents non ? Ma mère, à part ses chats et le droit, il y a rien qui l'intéresse; et mon père c'est la technologie. Il est tout le temps en train d'en parler et de fabriquer des trucs, chez nous c'est pire que le laboratoire de Bill Gates; tout est High Tech. Je ne m'en plains pas, c'est cool, mais il y a des limites. Personnellement tant que mon ordinateur et mon téléphone portable fonctionnent, le reste, je m'en contre fou éperdument. Le pire, je crois, c'est quand je leur ai annoncé que je voulais être artiste, enfin dessinatrice; j'ai cru que ma mère allait faire un arrêt cardiaque. Elle a ouvert grand les yeux et la bouche et a porté la main à son cœur, on se serait cru dans un film à l'annonce d'un diagnostique fatal. Elle ne m'a pas adressé la parole pendant trois jours après ça, elle m'a dit « je ne te laisserais pas gâché ta vie, tu feras du droit et reprendra le cabinet familiale » Oui, dans sa famille, ils sont avocats de mère en fille, bizarre comme tradition. Mon père, lui, à ajouté « artiste ce n'est pas un métier, tu finiras dans la rue, le dessin ça ne paye pas ». Au ton de leur voix je me suis crue à un procès en cour d'assise, où le verdict était sans appel. Donc voilà, je suis en terminale littéraire et l'an prochain j'irais en fac de droit, suffisamment loin pour que je ne vois plus Thomas. ce qu'ils ignorent c'est qu'il a été accepté dans la même fac, parce que lui compte vraiment devenir avocat. Depuis deux mois j'envoie mes dessins à un magasine qui les publie chaque semaine. J'utilise un pseudo, au cas où mes parents tomberaient dessus, parce qu'ils ne 7 sont évidement pas au courant. C'est pas faute d'avoir essayé de leur dire, mais ils étaient soit trop occupés, soient trop fatigués pour écouter; alors tant pis. Le mieux de tout, je crois, c'est quand le bulletin de note du trimestre arrive. S'il est satisfaisant il part avec les autres dans le tiroir du bureau de ma mère et si il y a une matière où la moyenne ne leur convient pas c'est la fin du monde. Je suis privée de sortie pendant trois semaines. J'imagine que tous les enfants qui ont des mauvaises notes se font disputer par leurs parents, mais il faut savoir que moi j'ai l'obligation d'avoir au minimum 12 dans toutes les matières. J'ignore la raison pour laquelle mes parents ont fait un enfant mais, de toute évidence, je ne suis pas ce qu'ils attendaient. Il y a quelque chose qui cloche, il y a forcement quelque chose que j'ignore et qui me ferait comprendre pourquoi les choses ont tourné de cette façon. J'ai lu quelque part que l'enfant, d'une certaine façon, choisi ces parents. Je me demande comment j'ai put choisir ceux là. Mais il se pourrait qu'encore une fois quelqu'un ait décidé pour moi. Voilà, nous allons entrer dans le vif du sujet et revenir plusieurs mois en arrière. Nous sommes début avril 2009, le 20 je crois, nous sortons du lycée, il est 17 heures. Thomas et moi discutons, comme d'habitude de musique, lorsqu'une femme arrive vers nous. Excusez moi, dit-elle. Oui, vous voulez un renseignement ? Questionne Thomas. Non, en fait... Tu es bien Lyra Adams ? Me demandet-elle. Oui, mais vous, vous êtes qui ? Et bien... il y aurait un endroit où on pourrait discuter ? Je voudrais d'abord savoir qui vous êtes. Je te le dirais, mais pas ici. Il y a un bar un peu plus loin, dit Thomas, qui n'a aucune intention de me laisser seule avec cette femme. Nous nous dirigeons tous les trois vers le bar, entrons et allons nous installer tout au fond de la salle à l'écart des autres personnes. Puis, trop intriguée par cette femme, je l'interroge sur un ton pas très courtois : 8 –Bon, vous êtes qui et vous me voulez quoi ? –Lyra, je suis ta mère ! Sans le vouloir j'éclate de rire, mais me calme en lisant dans les yeux de Thomas que cette femme dit peut-être la vérité. J'ai déjà une mère vous savez, elle s'appelle... Valentine, me coupe-t-elle. Comment savez vous ça ? Demande Thomas plus rapide que moi. Et bien, Lyra tu dois savoir la vérité. Soudain l'angoisse me gagne. Ai-je vraiment envie que cette femme continue ? Je lui dis : Et si j'ai pas envie de la connaître, la vérité ? Thomas prend ma main sous la table et la serre entre les siennes, juste pour dire « ça va aller, je suis là ». Lyra, désolé d'être brutale, mais c'est très important et je ne te laisse pas le choix. J'ai si souvent entendu cette phrase que j'ai encore moins envie de l'écouter. Pourtant guidée par la douceur de Thomas qui me rassure je lui dis : Allez-y, j'écoute. Il y a 18 ans, j'ai mis au monde des jumeaux, un garçon et une petite fille, toi. Alors, j'ai un frère ? Oui ! Mais écoute, votre père est partit juste après avoir su que j'attendais des jumeaux, il a dit que les jumeaux étaient une malédiction, qu'on avait fait ça pour le punir, enfin bref... Où vous l'avez trouvé ce type ? On s'était rencontré au lycée. Mais bon, tout ça pour te dire que je ne me sentait pas capable d'élever deux enfants en même temps. J'étais jeune, je n'avais que 20 ans, mes parents ne voulaient plus me voir parce que j'étais partit avec votre père, donc j'ai décidée de faire adopter un des enfants. Moi évidement, dis-je en colère. Lyra, je suis désolé, mais ton frère avait l'air si fragile, je ne pouvais pas me résigner à le laisser. Toi, tu avais l'air forte, le peu de temps que vous avez passé ensemble, tu semblais le protéger, tu veillais sur lui. Et vous m'avez empêcher de continuer, si bien sûr ce que vous dites est vrai. C'est la vérité Lyra, aussi dur qu'elle puisse être. Je 9 te le jure. C'est facile de jurer, je peux vous jurer de ne pas vous détester et le faire quand même. Lyra ! Intervint Thomas. Quoi ? Non, je veux pas y croire, ma vie est déjà un cauchemar, elle débarque au bout de 18 ans pour faire quoi ? En rajouter une couche ? C'est quoi la suite du programme, mon frère va mourir et vous voulez que j'aille le voir ? La questionné-je en criant. Je suis désolé Lyra, dit-elle tristement. C'est pas vrai ! Si... il faut... Non, je veux pas le savoir, je veux plus vous voir, j'me tire. Lyra attends ! Crie Thomas. Je ne l'écoute même pas et part en courant empruntant la route pour rentrer chez moi. Juste avant d'arriver, je prends le petit chemin sur la gauche et vais m'effondrer près de la ferme en ruine. Je laisse la colère et la tristesse me submerger, je ne peux pas y croire. Mon monde s'effondre complètement cette fois, ça faisait déjà des années qu'il était en ruines, mais maintenant il n'en reste rien. Tout à été dévasté en moins de deux minutes. Ma vie est basée sur un mensonge, rien n'est vrai et en même temps tout s'explique, l'amour fictif de mes parents, nos incompréhensions, l'absence qui me torture. « Mon frère...j'ai un frère, un jumeau, et il va mourir. BORDEL, mais qu'est-ce que j'ai fais pour mériter une vie pareille ? » Les larmes commencent à couler lorsque j'entends : Je savais que je te trouverais ici. Thomas... Lyra, je suis désolé, dit-il me prenant dans ses bras. Ça peut pas être vrai... c'est pas possible... pourquoi ? Tu... tu imagines si tout est vrai... je fais quoi ?... si mon jumeau est vraiment en train de... de mourir... je l'ai pas vu depuis 18 ans et... et il... Tom, je veux pas... Calme toi, ça va aller, chut. Doucement mes larmes cesse de couler, je me calme, lentement bercée par les battements de son cœur, et demande : Elle est partie ? 10 Non, elle est avec tes parents. Mes parents ! Je ne sais même plus qui sont mes parents, je ne sais même pas si Lyra est mon vrai prénom ou si j'en avais un autre quand on est nés. Je ne sais pas qui est ma famille, tout le monde ment. Comment savoir qui dit la vérité et qui ment ? Je sais pas Lyra, mais sache que je ne t'ai jamais menti, ni rien caché sur moi. Je serais toujours là, aussi longtemps que tu le voudras. Je suis perdue Tom, je sais pas ce que je dois faire, lui donner une chance, lui en vouloir mais aller voir mon frère, ou fuir à l'autre bout du monde et oublier toute ma vie. Je crois que tu devrais laisser tomber la dernière solution et choisir une des deux autres options. Ouais, t'as raison. Et tu devrais aussi rentrer chez toi, avant que ta mère pique une crise. C'est même pas ma mère ! Lyra, c'est elle qui t'a élevée, qui s'est occupée de toi, alors même si c'est pas ta mère biologique, au final ça revient au même. Tu sais que parfois ça m'agace que tu ais toujours raison. Désolé. Nous rions, je m'évade l'espace de quelques secondes. Thomas me raccompagne jusque devant la porte de chez moi, me fais un bisous sur la joue et dit : Ça va aller, mais si tu veux on se retrouve ce soir. Ouais, je t'appellerais. Il commence à partir, je dis : Merci. De quoi ? Demande t-il en se retournant. D'être là. Il sourit et s'en va. Je soupire bruyamment et passe enfin la porte d'entrée. Je vois mes parents avec la femme de tout à l'heure assis autour de la table. En fait, elle ne m'a même pas dit comment elle s'appelait, elle ne s'est même pas présentée, elle a juste balancée « je suis ta mère ». Tout le monde me regarde et ma mère dit : C'est seulement maintenant que tu rentres ? Il t'en a fallu du temps ! Tu étais sûrement en train de traîner avec ce voyou ! 11 Le voyou, c'est Thomas, mes parents ne l'aime pas, ils sont persuadés qu'il a une mauvaise influence sur moi. Ce qu'ils ne savent pas c'est que sans lui je serais probablement pas là devant eux. Sur un ton de défi je réponds : Désolé, mais je ne retrouvais plus la maison de mensonge, trahison et cruauté. Arrête un peu d'en faire des tonnes, dit-elle. Ouais t'as raison, c'est pas grand chose après tout, j’apprends par une inconnue que j'ai été adoptée, donc que mes parents ne sont pas mes vrais parents, que mon vrai père est un taré et ma mère vient me trouver au bout de 18 ans juste pour que j'aille voir un frère que je ne connais pas et qui va mourir. En fait, s'il n'avait pas été malade, elle ne serait jamais venue me voir, j'aurais jamais rien su et tout le monde trouve ça normal, mais c'est pas grave, rien ne l'est jamais. Pas vrai ? Cette fois ma mère biologique intervient. Peut-être qu'un jour je connaîtrais son nom. Elle dit : Lyra, je ne savais pas qu'ils ne t'avaient rien dit. Et qu'est-ce que ça change ? Tu m'as abandonnée il y a18 ans et aujourd'hui tu te pointe en disant « heu, ton frère jumeau va mourir, ce serait bien qu'avant de partir pour toujours il voit ton visage. » Je suis censée répondre quoi à ça ? Je ne veux pas seulement que tu ailles le voir, il a besoin de toi, il lui faut un donneur compatible. Je crois pas ce que je suis en train d'entendre. Je la regarde choquée par ses paroles, puis dis : Tu es pire que ce que je croyais. En fait tu te sers de moi, je lui sauve la vie et après tchao. T'es super comme mère, vraiment, je sais pas lequel de nous deux à le plus de chance, lui ou moi. Sans réfléchir je dirais que c'est moi, parce que j'ai pas eu à grandir avec un monstre. Lyra, enfin ! Quoi ? C'est tout de même ta mère. Ma mère ! Tu veux savoir, ce que Thomas m'a dit tout à l'heure ? Que ma mère c'était toi, parce que c'est toi qui m'a élevé et qui c'est occupée de moi pendant toutes ses années alors qu'elle, elle m'a laissé. Et il avait raison, dit mon père, enfin sortit de son 12 silence habituel. Nicolas, voyons ! S'exclame ma mère, comprenant apparemment pas que c'est la vérité. Ouvre les yeux, Lyra te dit la vérité, ce qu'elle fait est immoral. Elle cherche seulement à sauver son fils. En utilisant notre fille ! Notre fille ! Je te rappelle que tu ne voulais pas d'enfant, au départ. De mieux en mieux, vraiment, c'est la journée révélation apparemment, bientôt je vais apprendre qu'ils me haïssent tous les deux. Arrêtes avec ça, je m'occupe d'elle autant que toi et je l'aime comme ma propre fille. C'est vrai qu'il m'arrive d'être en désaccord avec ses idées et ses rêves mais je ne veux pas non plus l'obliger à faire quelque chose qu'elle ne veut pas. « Ils vont continuer longtemps à parler de moi comme si j'étais pas là ? » Attends ça veut dire quoi ça ? Je veux juste qu'elle puisse avoir un avenir, en reprenant le cabinet elle aura une belle vie et pourra envisager de fonder une famille sans aucun problème. « Faudrait-il encore que je veuille un avenir et une famille. » Mais c'est n'importe quoi elle... S'il vous plaît ! Intervint ma mère biologique, dont j'ignore toujours le nom. Mes parents se taisent, la regarde, me regarde. Je suis toujours debout dans l'encadrement de la porte du salon. Lyra, écoute moi, je sais que tout ça doit te faire du mal et que.. Arrête, surtout me dit pas que tu sais ce que je ressens, vous en avez aucune idée, ni toi, ni vous. D'accord, tu as raison, j'en sais rien du tout, mais je te demande seulement d'aider ton frère, c'est tout ce que je veux. Je crois que j'l'avais compris ça ! Tout ce que tu veux c'est le sauver lui. Qui me sauvera moi ? Lyra tu as le droit de refuser, me dit mon père d'une voix extraordinairement douce. Je crois que c'est la première fois qu'il me parle comme ça. 13 Non ! Non quoi chérie ? Demande t-il sur le même ton. Le « chérie » aussi c'est nouveau. Faut t-il toujours qu'il se passe des trucs grave pour avoir un peu d'attention ? Je me sens mal tout à coup, je pense à mon frère, sans le vouloir des larmes s'échappent de mes yeux. J'ai pas le droit... de refuser... je peux pas... l'abandonner... je dois le sauver. Il n'a que 18 ans... il ne peut pas... partir maintenant... je veux le connaître. Je ne contrôle plus mes pleurs et laisse sortir toute ma peine. Je me sens si faible. Ma mère biologique se lève et s'approche de moi en disant : Oh merci Lyra ! Je savais que tu accepterais. Elle va pour me prendre dans ses bras, je fais quelques pas en arrière, lui dis : Me touche pas... je fais pas ça pour toi... mais pour lui... que ce soit clair... pour tout le monde... c'est seulement pour le sauver... lui. D'accord, d'accord, pour lui. N'attends rien de moi... ni maintenant, ni après... par contre je veux savoir... comment il s'appelle... ou il est... et qu'on nous foutent la paix... quand... quand on sera ensemble. Tout ce que tu voudras, j'aimerais pouvoir te prendre dans mes bras, Lyra, s'il te plaît. Mais moi je veux pas... personne ne se souci de... de ce que je veux... de ce que j'ai voulu pendant toutes ces années... alors je me fous... de ce que tu veux. Lyra, on... commença ma mère. Je veux pas le savoir... je vais dans ma chambre... pas la peine de venir me chercher... je mangerais pas. Personne n'ajoute un mot, je sors de la pièce et monte à l'étage. J'entre dans ma chambre, ferme la porte à clé pour ne pas être dérangée et vais m’asseoir près de la fenêtre. Je prends ma guitare pour jouer la chanson la plus triste que je connaisse. Mes larmes ne s'arrêtent plus de couler je suis fatiguée, j'ai mal au fond de moi. Comment se peut-il que, si jeune, on puisse ressentir des douleurs pareilles ? La vie est tellement injuste. Vingts minutes plus tard, quelqu'un frappe à ma porte. Lyra ouvre c'est papa. 14 Je pose ma guitare sur mon lit et vais ouvrir. Tiens, Julia a laissé ça. Je prend le morceau de papier qu'il me tend en disant : Ah, elle s'appelle Julia. Elle ne te l'avait pas dit ? Non, elle ne s'est pas présentée, c'est limite si elle a pas dit « bonjour, je suis ta mère biologique, ton frère va mourir, je veux que tu l'aides ». Je suis désolé, sincèrement, les choses n'auraient jamais dû se dérouler de cette façon. Je peux te poser une question ? Bien sûr. Est-ce que si... Julia, était pas venue me voir, vous me l'auriez dit un jour que vous m'aviez adoptée ? Et bien pour être honnête, j'ai toujours voulu que tu le saches, mais ta mère pensait que ça n'avait aucune importance qu'on t'en parle ou non. Je ne réponds rien, de toute façon que voulez-vous répondre à ça ? Suis-je la seule à ne pas trouver ça normale ? Est-ce que tu pourras m'y emmener demain après les cours ? Demandais-je en montrant l'adresse de l'hôpital inscrite sur le morceau de papier que je plie entre mes doigts. Bien sûr. Merci papa. Viens là, dit-il, ouvrant ses bras. J'accepte avec plaisir et me blottis contre lui. Mon portable sonne, mon père me lâche, je lui souris et il redescend. Allô ! Salut, c'est Thomas, est-ce que ça va ? Heu... non, mais on fera avec, comme toujours. Tu veux que je vienne ? Non, mes parents sont en train de manger, mais on peut se retrouver vers 22 heures, au même endroit que d'habitude. Il n'y a pas de problème, j'y serais. Merci. C'est normal, à tout à l'heure. À tout à l'heure. Je me rassois près de la fenêtre. Je n'arrive pas à détacher mes yeux de son prénom, Liam, c'est joli, c'est un prénom anglais, j'aime beaucoup. J'aimerais qu'on 15 soit déjà demain soir et en même temps je voudrais que tout ça ne soit qu'un rêve. Je voudrais me réveiller, qu'on me dise que c'était une énorme blague. Mais malheureusement, tout est vrai, je voudrais dire, « heureusement que tout est vrai », mais il n'y a absolument rien d'heureux dans toute cette histoire. La seule chose positive, c'est que je connais enfin la raison du vide au fond de moi, mais si jamais je ne suis pas compatible; il mourra et ça je ne peux pas l'accepter, je le refuse. Il faut que je m'évade, je me sens vraiment mal; j'étouffe dans cette maison, je vais monter sur le toit maintenant. Je m'assois et m'enroule dans la couverture que nous laissons parfois sur le toit. Je lève les yeux vers le ciel; il est parsemé d'un million d'étoiles. C'est magnifique et en même temps si terrifiant de se dire que nous sommes si petit vu de làhaut. Je n'ai jamais crue que quelqu'un « gouvernait le monde » mais si je faisais semblant d'y croire, juste une seconde, je demanderais que l'on sauve mon jumeau, qu'on me laisse la chance de pouvoir construire un monde meilleur avec lui. Je vois l'arbre bouger, ça me tire de mes pensées. Et la tête blonde de Thomas apparaît sur le bord du toit. Il sourit et dit : J'ai bien fais de venir plus tôt. Il fallait que je prenne l'air. Il s'assoit à mes cotés et passe tendrement son bras autour de mes épaules. Tu as envie de m'en parler ? Je pose ma tête sur son épaule et commence mon pitoyable récit. Alors, la femme que tu as vu tout à l'heure est bien ma mère biologique, elle s'appelle Julia, mon vrai père je sais pas qui c'est, ni où il est, mais en même temps ça m'importe peu, il ne doit pas être bien net pour croire que les jumeaux sont les descendants direct de Satan. Ensuite, mon frère jumeau risque de mourir si je l'aide pas, si je ne suis pas compatible, mais je sais pas ce qu'il a, elle a juste laissé ça avant de partir. Je lui donne le papier que mon père m'a apporté. Liam Scott, chambre n°414, quatrième étage et c'est à l'hôpital du centre ville. 16 Mon père va m'y emmener demain après les cours. Je ne t'accompagnerais pas, sauf si tu le veux vraiment, mais tu pourras m'appeler quand tu seras rentrée, d'accord ? Je ne pensais pas te demander de m'accompagner, je crois que j'ai besoin de me retrouver seule avec lui. Bien sûr. Et après il s'est passé quoi ? Et bien, ma mère a dit que mon père ne voulait pas d'enfant au début, il ne voulait pas de moi. Je suis vraiment désolé. Arrêtes de dire ça, s'il te plaît, je crois que je vais en faire une allergie, le monde entier passe son temps à être désolé et là c'était tellement hypocrite, tu vois genre, « je suis désolé de te faire souffrir mais c'est pour une bonne cause ». Tout ça est cruel. Ouais, c'est ce qu'a dit mon père, c'était le seul à être d'accord avec moi sur ce point. Ma mère la défendait en disant qu'elle voulait juste sauver son fils, et c'est réellement la seule chose qu'elle attend de moi. J'aide Liam à vivre et je disparais de leur vie, ou du moins de la sienne. Cette femme est un monstre ! Je le ferais tu sais, peu importe de quoi il s'agit, c'est mon jumeau je dois le sauver. Si je le fais pas personne n'y arrivera. Mais il faut que tu sache, toi comme les autres, que je le fais pour lui, seulement pour lui. Parce que mourir à 18 ans c'est une chose que je ne peux pas concevoir. Je ne veux pas connaître, enfin, la raison de mes multiples insomnies pour assister à son enterrement dans six mois, ça ne doit pas se passer comme ça. Tout ira bien, tu verras, je suis sur que vous vous entendrez à merveille. Je l'espère aussi, je voudrais pouvoir construire une muraille autour de nous; toi, lui et moi. Je voudrais que ma vie future soit comme ça. Nous trois et le monde autour. Et jamais plus je ne croirais la parole d'un adulte. Pas tout le monde ment. Peut-être mais une grande majorité, et pour moi ça fait déjà beaucoup trop. Un long silence s'installe entre nous et la nuit, je me blottis dans ses bras et il me berce doucement. Au bout d'un moment je demande : À ton avis, il était au courant de tout ça ? 17 Qui ? Ton frère ? Oui. Je sais pas, certainement. Alors pourquoi est-ce qu'il n'est pas venu me trouver ? Pourquoi il a pas cherché à me contacter ? Est-ce que lui aussi se sert de moi ? Est-ce qu'au final la seule chose qu'on attend de moi c'est que je lui sauve la vie sans rien dire ? Est-ce qu'il y a que toi qui soit avec moi sans rien attendre en retour ? Lyra tu dérailles, il a peut-être pas eu le temps, peutêtre que Julia lui en a parlé et qu'il est tombé malade juste après. Écoutes, tu lui demanderas demain. D'accord, mais toi ? Quoi moi ? Tu n'attends réellement rien de moi ? Le silence s'impose de nouveau, mais il est très gênant cette fois. Peut-être pas rien, souffle t-il finalement. Comment ça ? Pas rien ? Tom... Lyra, je n'exige rien, j'aimerais simplement pouvoir rester près de toi, que tu... me prête ton cœur un petit bout de temps. Tom, tu es en train de me dire que tu... Oui Lyra. J'ai cru que tu finirais par comprendre, avec ce qui se passe à chaque fois qu'on se retrouve ici, mais... J'ai jamais compris... et je m'en excuse, j'ai jamais voulu te faire de mal. Non, non, tu m'as pas fais de mal. Je trouvais ça bien, c'était un peu comme un secret; on était là, il se passait des trucs et on en parlait jamais, mais aujourd'hui je suis vraiment accroc. Tout le monde ment, mais je suis honnête avec toi; je ne te l'ai jamais caché, je ne l'ai jamais avoué c'est différent. Je ne te cache plus rien... sauf peut-être que j'ai très envie que tu dise quelque chose. Je ne réponds rien, je suis toujours dans ses bras. Mon regard se perd dans le vide. Thomas est la seule personne à m'avoir aidé, à avoir toujours été là pour moi et à me soutenir quoi qu'il arrive. Partager un amour fort et sincère pour une fois pourrait être une bonne chose, surtout en ce moment. Et il se pourrait que j'en ai envie aussi. Sans briser le silence, je me tourne vers lui, m'approche lentement de son visage et dépose tendrement mes lèvres sur les siennes. C'est 18 tellement différent cette fois. Ce baiser est plein d'amour, de tendresse et de promesse. Le lendemain matin au lycée. 2/ Retrouvailles. Mais pourquoi les heures passent si lentement ? Il n'est que 9h15 et j'ai l'impression que ça fait au moins 4 heures qu'on est là. Les heures passent de la même façon que d'habitude, c'est seulement toi qui voudrait que la journée soit déjà fini. Ouais possible, mais on s'ennuie à mourir dans ce cour... je voudrais tant qu'on soit déjà 15 heures. Ouh ! Notre petite Lyra à un rendez-vous galant après les cours ? Tu dois être déçu Thomas, dit James, assis devant nous. De quoi tu parles ? Demande Thomas aussi perplexe que moi. Écoutes, d'abord tu m'appelle pas petite Lyra, j'ai pas de rendez-vous galant et si c'était le cas tu serais sûrement le dernier à qui je le dirais. Ah oui, juste pour l'info, je sors avec Thomas. 19 Thomas sourit devant la tête déconfite qu'affiche James. T'as le droit te retourner maintenant. Dites les trois au fond, je vous dérange pas trop ? Demande la prof agacée. Non, ça va, merci. Lyra ! Mais t'es devenu dingue ? Lyra Adams, tu veux finir chez le proviseur ? Non madame. Alors taisez vous et suivez le cour, ou faites au moins semblant jusqu'à la sonnerie. À vos ordres chef, murmure Thomas. Quelques minutes plus tard sonne l'heure de la pause, enfin. On se dépêche de sortir et allons nous asseoir sur un banc un peu à l'écart. Pourquoi est-ce que lorsque tu veux absolument qu'un truc arrive, il faut que le temps soit si long ? Un peu de patience Lyra. Je veux pas attendre, j'ai l'impression de faire que ça, attendre. Que les choses changent, que le temps passe, de connaître enfin mon frère... que tu m'embrasses. Thomas me regarde un immense sourire aux lèvres, il m'attrape par le bras et me tire contre lui. Voilà ce dont j'avais besoin, un instant de tendresse, d'amour et de douceur pour me calmer. Je me blottis contre lui, il m'entoure de ses bras et dépose de tendre baiser contre mon cou. Je cois que tout le monde nous regarde. Effectivement. Pourquoi les gens sont si surpris ? Je me fous complètement de ce qu'ils pensent. Ça c'est bien Thomas, toujours à se foutre éperdument de l'opinion des autres. C'est lui qui m'a appris à devenir plus forte et à laisser les autres parler. Le reste de la journée passe finalement assez vite. Il est à présent 15 heures et nous sortons de cours. Ça va pas ? Demande Thomas en me prenant la main. T'as pratiquement pas dis un mot depuis qu'on est sortit de la cantine ce midi. Je crois bien que j'ai attendu ce moment toute ma vie et maintenant, je sais pas, je sais pas comment ça va se passer, je sais même pas s'il sait à quoi je 20 ressemble. Imagine, je rentre et il me dit « heu je crois que tu t'es trompée de chambre. » Je lui réponds quoi ? « bah non je suis ta jumelle, je viens te sauver la vie. » Ça craint ! Calme toi ! Ça va aller tu verras. Tu veux pas... Non Lyra, pas cette fois, tu dois y aller seule. Ton père est là. Ouais, je t'appelle quand je suis rentrée. D'accord, à tout à l'heure. On échange un baiser furtif, essayant de se cacher de mon père. Comme mes parents ne sont pas au courant, je voudrais pas qu'il s'énerve et qu'il décide de ne plus m'emmener voir Liam. Je monte en voiture et dit bonjour. Bonjour ! C'était bien les cours ? Oui ! C'est des cours tu sais. Oui, répond-t-il en riant. Pour la toute première fois mon père me parle de son adolescence et me raconte que lui aussi n'aimait pas beaucoup l'école, qu'il se faisait souvent coller. On arrive enfin devant l'hôpital. Je suis très stressée, je regarde le bâtiment, inquiète de ce qui m'attends à l'intérieur. Mon père me ramène sur terre lorsqu'il dit : Tu m'appelles dès que tu veux rentrer, je vais rester en ville, d'accord. D'accord, merci papa. Je descends de voiture et entre enfin dans le hall d'accueil. Je suis les flèches indiquant le service que je cherche, prend l'ascenseur jusqu'au quatrième étages et cherche la chambre numéro 414. Je la trouve assez rapidement au bout du couloir, je m'arrête; mon cœur bat si vite que je n'entends même plus mes pensées vagabonder. Je reste là, figée devant cette porte, incapable de faire un mouvement. Une infirmière passe à coté de moi, s'arrête et me demande : Vous venez voir Liam ? Oui. Vous pouvez entrez, il est dans sa chambre. Je... Est-ce que ça va ? Demande t-elle en me dévisageant. Oui, je crois. 21 Vous êtes de la famille ? Je ne réponds pas tout de suite, puis lui dis : Je suis sa sœur, Lyra. Ah ! Il va sûrement être ravi de vous voir, allez-y entrez. Je respire profondément, pose ma main sur la poignée de la porte et l'ouvre doucement. Je fais un pas et avance ma tête, mon regard se pose immédiatement sur le jeune garçon allongé dans les draps blanc, branché à je sais pas combien de fils. Tu es Lyra, n'est-ce pas ? Demande t-il. J'entre complètement et referme la porte avant de répondre dans un murmure : Oui. Je ne m'approche pas de lui. Je me dirige vers le bout du lit, sans le quitter des yeux, mais en restant bien à l'écart. Je l'observe, mon regard passe de son corps aux machines qui l'entourent. Sans rien comprendre, ni contrôler, des larmes s'échappent de mes yeux et glissent le longs de mes joues. Non Lyra, princesse, ne pleure pas, s'il te plaît ne pleure pas, viens là... viens, me dit-il les bras tendus vers moi. Je me décide enfin à m'approcher de lui et attrape sa main. Je sais que tout ça doit t'effrayer un peu, mais ce n'est rien. Mes larmes ne cessent toujours pas, je n'arrive pas à les arrêter et ses yeux finissent aussi par s'embuer de pleurs. Nos mains restent liées sur le bord du lit, nous pleurons en silence les yeux dans les yeux. Je m'assoie à ses cotés, sans quitter sa main, et avec l'autre essuie ses larmes qui n'auraient jamais couler. Je fais ensuite disparaître les miennes et lui demande pardon. Ne t'excuse pas, tu as toutes le raisons du monde pour avoir envie de pleurer. Je tourne mon regard un instant vers la table de chevet et vois une photo de moi. J'ignorais que ma mère en avait donnée une à Julia. Je suis vraiment désolé. 22 Désolé de quoi ? Demandé-je sans comprendre. Je suis désolé que nous fassions connaissance dans ces conditions. Tu sais, ça peut te paraître bizarre, mais je crois bien que si tu n'avais pas été malade on se serait jamais rencontré. Je crois que Julia ne serait jamais venue me voir et comme mes parents n'avaient pas l'intention de me dire que je n'étais pas leur fille biologique, j'aurais jamais pus te rechercher pour te retrouver. C'est vrai tu as raison, il faut que tu saches que je... j'ai apprit ton existence il y a une semaine seulement, lorsque les médecins ont dit que maman n'était pas compatible et comme personne ne sait où est notre père, je crois qu'effectivement c'était notre seule chance. Je souris et caresse sa joue du bout des doigts, il ferme les yeux une seconde, j'ai l'impression d'avoir un immense besoin de ce contact. Je vais te sauver moi, grand frère. Tu dois vivre, je veux plus passer une minute séparée de toi. Il baisse les yeux, inquiète je demande : Qu'est-ce qu'il y a ? Je... j'avais demandé à maman de ne pas faire ça, elle n'avait pas le droit, pas après ce qu'elle nous a fait, ce qu'elle t'as fait, je voulais pas... je... je lui ai juste demandé de te retrouver, je voulais te connaître avant de partir. Et tu imagines que je t'aurais laisser partir sans rien dire, ni rien faire ? Tu es mon jumeau, tu vas pas partir comme ça, sans que je me batte pour toi. Tu dois rester, il le faut, je veux qu'on apprenne à se connaître, je veux qu'à partir de maintenant tu fasse parti de ma vie. J'aimerais tant Lyra, je voudrais vraiment, mais... Il y a pas de « mais », c'est ma décision, je ne reviendrais pas dessus. Tu n'as que 18 ans, tu peux pas partir maintenant, c'est beaucoup trop tôt. Je sais que je n'ai pas le droit de te demander ça si tu as pris une décision, mais je t'en prie bat toi. Ça fait déjà six mois que je vis comme ça, entre chez moi et les hôpitaux, toi tu te battrais ? Pour toi oui, jusqu'au bout du monde s'il le fallait. Il faut que tu saches que c'est seulement pour toi que je fais ça, je me foutais de tout ce que disais Julia sur les raisons de mon adoption, mais à l'instant où elle 23 a dit que tu risquais de mourir si on faisait rien j'ai pris ma décision. Ce n'est pas pour elle, ou pour mes parents, ou encore pour un père que je ne connaîtrais jamais que je fais ça, mais pour toi seulement. Parce que je ne peux accepter de te perdre à l'instant même où je te retrouve enfin. Dismoi que tu accepte, s'il te plaît. D'accord princesse, je me battrais... pour toi... pour nous. Je murmure un merci et dépose un baiser sur son front. Nous discutons de nos vies, se questionnant tour à tour sur nos goûts, nos amis, nos rêves et nos passions, se trouvant beaucoup de points communs. Puis on frappe à la porte de sa chambre et un médecin rentre. Je vais pas rester longtemps, je suis seulement venu pour vous proposer un rendez-vous, pour qu'on discute de tout ça et que je vous explique ce qui va se passer. Bien sûr mais comment vous savez que... C'est madame Scott qui m'a appelé pour me prévenir, elle a dit que vous seriez sûrement ici ce soir. Voyez-vous, l'état de votre frère est stable pour le moment donc il ne faudrait pas perdre trop de temps. Ça vous dérangerais d'arrêter de parler de moi comme si j'étais pas là ? Excusez moi monsieur Scott. Le médecin se tourne vers moi et demande : Bonsoir, je sais qu'on nous a interdit de vous déranger mais je devais vous rencontrer, Lyra. Et vous voulez quoi ? Mon frère rit doucement sous le ton agressif de ma question. Samedi matin ça vous irait ? Oui bien sûr, plus vite on pourra le remettre sur pied et mieux se sera. N'est-ce pas grand frère ? Il hoche la tête en souriant, je viens à peine de le retrouver et pourtant j'affronterais le monde entier pour ne plus jamais être séparée de lui. D'abord je me présente, je suis le docteur Warrick et c'est moi qui m'occupe de votre frère. D'accord. D'accord, samedi matin 10h15. Je vous laisse ma carte si jamais vous avez des questions à me poser 24 avant samedi. D'accord merci. Bon je vous laisse, personne d'autre ne vous dérangera, sauf peut-être les personnes qui passeront pour le repas. Vous pouvez leur dire qu'elles sont pas obligées de passer, je déteste ce qu'on mange ici, j'ai envie d'un hamburger avec des frites. Le médecin rit et dit : Désolé mais nous n'avons pas ça. Dites docteur, si il en mangeait un, qui atterrirait par pur hasard dans sa chambre, ce serait grave ? Mon jumeau me regarde les yeux pétillants d'envie. Ça ne pourra pas lui faire de mal, au contraire, il mange pas beaucoup alors une folie de temps en temps. Mais attention : de temps en temps. D'accord, merci docteur. Il sort enfin, je me retourne vers Liam et lui dit : Je te promet de t'en apporter un demain. Vraiment ? Demande t-il un immense sourire sur les lèvres. Ouais ! Super ! Génial ! Je t'adore, c'est super ! Je ris, j'en oublierais presque toutes ces machines qui bip, dessinent des piques bizarre. Il est 20h00, il faut que je parte, j'ai pas vu le temps passer. J'ai pas envie de le laisser, pas ici, dans cet endroit froid et beaucoup trop blanc. Il ressemble un peu à un ange, tout de blanc vêtu, dans ses draps blanc, seul ses cheveux noir ébène en bataille tranche dans toute cette pâleur. Je dois me résoudre à partir, je dépose un dernier baiser sur son front et dis : Je reviens demain, je t'apporterais ton hamburger, c'est promis. Même si tu venais sans ce serait pas grave, je crois que je vais avoir besoin de ta présence le plus souvent possible, princesse. J'aimerais tant pouvoir rester avec toi plus longtemps et le plus souvent possible, je viendrais tous les jours, je t'en fais la promesse. Allez sauve-toi, dit-il à contre cœur voyant que nos larmes menacent de tomber une fois de plus. Je me décide enfin à le laisser, m'attardant tout de même quelques secondes devant la porte. 25 Bonne nuit... mon ange, murmurais-je. Bonne nuit, princesse. Je referme la porte et descends jusqu'au parking où m'attends mon père. Je pleure, je ne sais pas réellement pourquoi : l'état de mon jumeau, le fait de l'avoir enfin retrouvé et de devoir le laisser encore. Mon père me voit et sort de la voiture, je m'arrête, il s'approche encore et me voit en larmes. Lyra chérie, qu'est-ce qu'il se passe ? Je sais pas... tout ça c'est tellement... pas juste... je voudrais que... je sais pas... mais pas ça. Je sais, je suis vraiment désolé, j'aimerais pouvoir faire quelque chose pour apaiser ta peine. La seule chose à faire, c'est sauver Liam et ça je suis la seule à le pouvoir. C'est très courageux ce que tu fais Lyra, vraiment, je suis fier de toi je voulais que tu le saches. Merci papa... merci. Après ça nous rentrons à la maison, mon père est vraiment très gentil je comprends pas pourquoi il ne l'a jamais été avant. Je me demande s'il est comme ça juste parce qu'il sait que j'aurais besoin de soutient ou s'il a toujours voulu l'être mais qu'il ne savait pas comment si prendre. Peu importe en fait, j'apprécie son geste, c'est tout ce que je lui demande. Il est 20h30, je suis assise sur le toit et aperçois enfin les boucles blondes de Thomas. Salut amour ! Salut, répondis-je en souriant. On s'embrasse tendrement, il me serre dans ses bras. Je suis tellement bien là, je me laisse aller contre son cœur, et demande : Je peux te parler de Liam ? Bien sûr, tu n'as même pas à poser la question. Je lui raconte tout dans les moindres détails, même le moment où je l'ai fait manger comme un bébé parce qu'il ne voulait pas avaler ses épinards, qui en réalité, avait vraiment l'air immondes. Samedi j'ai rendez-vous avec son médecin pour qu'il m'explique tout ce que je dois savoir et faire pour sauver mon frère. Tu veux que je vienne avec toi ? 26 J'aimerais beaucoup oui, mais si tu as autre chose de prévu c'est pas grave, j'irais seule. Lyra, mon amour, je passe tous mes week-ends et toutes les vacances avec toi depuis qu'on est gosse, ais-je déjà dis non à une de nos sorties ? Non ! Bon alors je serais à tes cotés, je passerais te prendre et on ira ensemble, je demanderais à mon père si je peux lui emprunter sa voiture, ça sera moins compliqué qu'en bus. Merci, vraiment... je t'aime tellement Thomas. Moi aussi je t'aime amour. J'aimerais pouvoir dormir dans tes bras cette nuit. J'adorerais ça aussi, vendredi soir tu pourrais peutêtre venir chez moi ? Il faut que je demande à mes parents, il y a quelques jours je t'aurais dis, « c'est pas la peine d'y penser », mais aujourd'hui tout est différent, mon père est vraiment gentil, je pense que pour une fois il ne dira pas non. Ce serais vraiment génial. L'église sonne minuit, nous décidons à contre cœur de rentrer, se sentant tellement bien dans les bras l'un de l'autre, mais demain il y a cour. Il faut quand même qu'on dorme un peu. Le lendemain matin, je croise mon père dans la cuisine et lui demande : Papa, je voulais savoir si vendredi soir je pouvais aller dormir chez Thomas ? Et bien, je pars aujourd'hui pour quatre jours, mais il y a pas de problème pour moi je le dirais à ta mère tout à l'heure. D'accord, merci. En fait, samedi matin j'ai rendezvous avec le médecin de Liam et je lui ai demandé de m'accompagner, pour ne pas être seule. Bien, c'est gentil à lui de faire ça, je pense que nous nous sommes trompés sur ce garçon, c'est quelqu'un de bien. Oui papa, c'est quelqu'un de bien, vraiment. Allez sauve-toi, tu vas être en retard au lycée et ne t'inquiète pas pour demain, ta mère sera d'accord aussi. OK ! Merci, à dans quatre jours. Je rejoins Thomas devant chez lui et nous partons. En chemin je lui dis : Ce soir, après les cours, je vais directement à l'hôpital voir Liam. 27 D'accord, tu veux que je passe te chercher après ? Ça me rassure pas de te savoir toute seule dans les rues, la nuit. Tom ! Je vais pas te faire sortir à 8 heures du soir. Bah pourquoi ? Je viendrais te chercher, même si tu me demandais de venir te récupérer à Tokyo à 1 heure du matin. OK ! Alors viens me chercher si tu y tiens tellement. Oui, j'y tiens Lyra, en fait... En fait, quoi ? Je... non, laisse tomber. Tom ! Tu sais très bien que je déteste quand les gens me cachent des choses. D'accord, alors en fait, j'aimerais pouvoir... rencontrer ton frère pour... pour lui dire qu'il ne faut pas qu'il s'inquiète... que je veille sur toi. Tom... dis-je dans un souffle. Lyra, je connais les jumeaux et je sais qu'il aimerait pouvoir veiller sur toi, je veux simplement qu'il sache, qu'en attendant qu'il aille mieux, je suis là pour toi. Alors viens avec moi ce soir. T'es sûr ? Tu viens juste de le retrouver. Ouais, comme ça je te le présenterais et tu lui diras tout ce que tu veux. D'accord. Nous sommes arrivés au lycée, la journée se passe, comme une journée de cours : j'ai tellement hâte de retrouver mon jumeau. Je ne l'ai pas vu depuis 18 ans et hier je ne suis restée que quelques heures avec lui, il nous est impossible de rattraper 18 ans d'une vie en quelques heures. Je l'ai à peine retrouvé, mais ça fait des années qu'il me manque, que j'ai besoin de sa présence, besoin de lui. Quand 17 heures sonne enfin, je fais un immense sourire à Thomas, attrape sa main et nous sortons du lycée. Nous nous rendons à l'arrêt de bus le plus proche et attendons. Des gens de notre classe passent devant nous et nous regardent étrangement, c'est vrai d'habitude on rentre à pied mais, là, on va dans l'autre sens. Thomas sourit tout seul en les observant, je ne comprend pas. Qu'est-ce qui te fais sourire comme ça ? Les gens ! Non, mais regarde les, ils se disent « mais pourquoi ils prennent le bus ? ils le prennent jamais » ou encore « où est-ce qu'ils peuvent bien 28 aller à cette heure-ci ? ». On leur dit jamais rien, du coup ils sont frustrés. Je souris, Thomas est vraiment excellent ! Le bus arrive enfin, nous allons nous asseoir en silence, l'un à coté de l'autre, les mots sont inutiles. Tout ce que nous voulons à cet instant c'est être ensemble. Après une demieheure de trajet nous descendons juste devant l'hôpital. J'ai fais le chemin qu'une seule fois, mais je pourrais trouver sa chambre les yeux fermés. Cinq minutes plus tard nous sommes devant la porte, je demande : Prêt ? Hum, vas-y. Je frappe et nous entrons. Liam me regarde avec un grand sourire. Salut ! Salut princesse ! Je m'approche de lui et dépose un baiser sur son front. Je te présente Thomas, mon meilleur ami, et petit ami depuis quelques jours. Ravi de te connaître, Lyra m'a parlé de toi hier. Thomas s'approche alors et lui serre la main. Je m'éloigne du lit une seconde pour les laisser discuter et Liam dit à Thomas : Veille sur elle, d'accord ? Bien sûr, en fait c'est pour ça que je suis là, je voulais que tu saches qu'elle n'est pas seule, je prend soin d'elle... jusqu'à ce que tu puisse le faire toi aussi. Je pourrais peut-être jamais le faire... Liam, dis-je plongeant mon regard dans le sien. Non Lyra, on ne sait pas ce qui va se passer. Bah justement, dis pas des choses pareilles, je... je veux que tu vives... je veux qu'on construise nos avenirs... ensemble. Lyra princesse, pleure pas, viens là. Je retourne vers lui et m'assois à ses cotés sur le lit en prenant sa main. Il pose son autre main sur ma joue et essuies mes larmes, en disant : On ne sait pas ce qui va arriver et quoi qu'il se passe, j'ai besoin de savoir que tu ne seras pas seule pour l'affronter. Il se tourne pour regarder Thomas et lui dit : 29 Alors je veux que tu me promettes que tu veilleras sur elle, toujours. Thomas me regarde en souriant, puis regarde Liam et répond : Je te le promet. Le silence s'installe, Thomas va s’asseoir sur la chaise posé contre le mur, tandis que je reste assise sur le lit aux cotés de mon jumeau, mes yeux plongés dans les siens. Je repense soudain à la promesse que je lui ai fais hier, mon sourire s'agrandir, il m'observe sans comprendre. Thomas, tu veux bien rester avec mon frère cinq minutes ? Il faut que j'aille faire quelque chose. Heu, oui bien sur, mais tu vas où ? T'inquiète pas je reviens. Je fais un bisous sur la joue de mon frère et me dirige vers la porte quand Thomas dit : Et moi alors ? Je souris pour moi, me retourne et l'embrasse. Allez, à tout de suite. En fermant la porte j'entends Thomas dire : J'adore cette fille. Et Liam approuve en rigolant. Je sors de l'hôpital en courant, jusqu'à présent j'avais toujours trouvée ça étrange qu'il ait construit un Mc Do à coté d'un hôpital, mais aujourd'hui je trouve ça pratique. Dix minutes plus tard j'entre de nouveau dans l'hôpital, essayant de cacher le sachet que j'avais dans les mains. J'entreouvre la porte de sa chambre et passe le sachet à travers, j'entends Liam crier : Ouais ! Un hamburger ! Génial ! Je rentre et ferme la porte derrière moi. Thomas est mort de rire pendant que Liam s'agite dans son lit, les bras tendus vers moi. Une machine se met à sonner et une armada de médecins et d'infirmières déboulent dans la chambre. Wow ! Il se passe quoi ? Demandais-je entre la surprise et l'inquiétude. Les infirmières vérifient les machines et les médecins auscultent Liam. Je comprends rien, Thomas me prend 30 la main, mais cette fois ça me rassure pas du tout. Au bout d'un interminable moment ils s'arrêtent enfin et nous observent. L'un des médecins dit : Liam, vous savez que vous devez rester tranquille, pourquoi tant d'agitation ? On vous a déjà expliqué que les montées d'adrénaline étaient vraiment déconseillées, vous devez les éviter à tout prix. Excusez moi docteur, c'est de ma faute. Oui bien sûr ! on vous a pas dit que les visites ne devait pas durer plus d'une heure et qu'est-ce que c'est que ça ? Demande-t-il montrant le sachet que je tenais toujours à la main. Attendez j'ai vu son médecin hier on m'a autorisée à rester ici autant de temps que je le voulais, c'est mon jumeau, on a grandit séparément, et il est malade. Vous croyez quand même pas que je vais partir ? C'est moi qui doit le sauver OK ! Et ça c'est pour lui, son médecin à dit qu'il avait le droit de manger ça. C'est impossible ! Infirmière, jetez ça à la poubelle et faites moi sortir tout ce monde d'ici. Non ! Cris-t-on en cœur Liam et moi. Pourquoi ? On m'a dit que je pouvais rester avec lui, son médecin a donné l'ordre qu'on nous dérange pas. Et bien, je vais faire annuler cet ordre stupide, croyez moi, votre frère doit se reposer, à moins que vous vouliez qu'il meurt encore plus vite. Non, bien sûr que non...Liam... Allez, dehors, tout de suite. Non, Lyra ! Vous avez pas le droit ! Bien sûr que si et ne vous énervez pas, vous savez ce qui se passe quand vous vous énervez. Voyant que je ne bouge pas et que Liam essaye de se débattre entre les bras des médecins qui tentent de le calmer, le médecin me prend par le bras et commence à me traîner hors de la chambre, mais Thomas s'interpose rapidement. Hey, lâchez là, vous avez peut-être le droit de nous foutre dehors mais sûrement pas de nous brutaliser. Un dernier regard vers mon frère et nous sortons de la chambre, suivi par les médecins et les infirmières. Je vous conseille de ne pas remettre les pieds ici avant au moins une semaine. Vous rêvez, je serais là samedi matin. 31 Puis Thomas me force à quitter l'hôpital, avant qu'on se fasse virer par la sécurité, me traînant presque par la main. À l'arrêt de bus je me mets à pleurer, ce qui vient de se passer me tue. Thomas remarque immédiatement mes pleurs et, en me prenant contre lui, demande : Hey ! Qu'est-ce qu'il y a ? C'est tellement injuste... on nous fout dehors de cette façon... mon jumeau risque de... mourir et... et on m'interdit d'être... avec lui le peu de... de temps qu'il lui reste... je hais les médecins ! Je sais Lyra, je suis vraiment désolé, quand on viendra samedi on en parlera à son médecin, il pourra sûrement faire quelque chose, c'est tout ce que j'ai à te proposer, si on avait insisté c'est la sécurité qui nous aurait éjecté et on aurait jamais put revenir. Je comprend pas... hier il m'a dit que Liam était stable... et lui il dit... qu'en venant le voir je... je... Tom... je veux pas qu'il meurt... ça se peut pas... Chut bébé ! Ça va aller, calme toi. Le bus arrive, Thomas me fait un bisous sur la joue, essuies mes pleurs et nous montons sans dire un mot. Pendant tout le trajet je reste blottis dans ses bras, sans parler, mes pensées s'échappent et rejoignent mon jumeau au rythme des battements de son cœur. Il me raccompagne jusque devant chez moi, nous nous embrassons tendrement et restons quelques instant dans les bras l'un de l'autre. Nous sommes enfin vendredi soir, il est 17 heures et nous sortons de cour pour la dernière fois de la semaine. J'ai eu l'autorisation d'aller passer la nuit chez Thomas, pour éviter un changement d'avis de ma mère, j'ai pris mes affaires pour aller directement chez lui. Nous marchons tranquillement, main dans la main, discutant de ce que nous allons faire pour notre première soirée en amoureux. Ses parents étant partit pour le week-end un peu plus tôt, on à la maison pour nous deux, notre première vraie soirée ensemble. On pourrait se faire une soirée films d'horreurs, j'ai du pop corn à la maison, on peut se commander des pizzas et on passe la soirée devant la télé. 32 Je ne demande rien de mieux que de passer la soirée dans ses bras, j'ai pas la tête à sortir ni à faire la fête et je crois qu'il l'a très bien comprit. J'arrête pas de penser à Liam, j'ai vraiment envie d'aller le voir, mais si j'y vais et qu'on me fait partir avec la sécurité j'aurais peut-être plus jamais le droit d'aller le voir. Mon jumeau me manque beaucoup, mais je vais essayer de passer une bonne soirée. Ça me va très bien ! Il y a trois films en particulier que j'aimerais revoir avec toi. Halloween, massacre à la tronçonneuse et Dracula. Nous rions, c'est exactement ça. On a vu ces films au moins une bonne dizaines de fois mais ce sont nos préférés. Liam occupe toutes mes pensées il faut que je lui parle, ça va gâcher la soirée si je ne lui téléphone pas pour savoir comment il va et surtout, pour entendre sa voix. Tom, amour, je peux téléphoner à Liam avant de commencer notre soirée ? Ma chérie, pourquoi tu me poses la question ? C'est ton jumeau, t'as pas besoin de permission. Je saute dans ses bras : Merci. Tu sais que je t'aime toi ! Ouais, mais je me lasserais jamais de te l'entendre dire. Je me détache de ses bras en souriant et m'éloigne un peu pour appeler Liam. En même temps que je discute avec mon frère je regarde Thomas préparer tout ce qu'il faut pour après. Une demie-heure plus tard Liam me dit : Princesse je dois te laisser on vient de m'apporter un nouveau repas immonde. Je rie, je l'aime tant, il me manque, mon frère, mon jumeau. Je vais te laisser alors. D'accord, à demain. À demain... Liam attends ! Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Je t'aime mon ange. Ah Lyra, moi aussi je t'aime. À demain. Bonne soirée, passe le bonjour à Thomas. 33 Ce sera fait, bisous. Je raccroche enfin sous le regard de Thomas qui attend les bras tendus vers moi. Je pose mon téléphone et attrape ses mains, il me relève des escaliers où je suis assise et me serre dans ses bras. Je vous aime tant tous les deux, j'ai tellement hâte que Liam soit guéri et qu'on puisse faire ce genre de soirée ensemble, tous les trois. Thomas ne répond rien, je sais très bien pour quelle raison il reste muet mais je préfère ne pas y penser, ça ne doit pas se passer de cette façon. Samedi matin, le médecin de Liam vient de m'expliquer la maladie de mon frère dans les moindres détails, ainsi que ce qu'ils vont me faire pour savoir si je peux sauver mon jumeau et aussi pour savoir si je ne suis pas malade également. Il dit que comme nous sommes jumeaux il y a une chance que je l'ai aussi mais comme on est des jumeaux dizygotes il n'y a pas beaucoup de risque. Il préfère pourtant vérifier. Il m'explique aussi ce qu'il nous ferons si je suis compatible et il demande : Vous avez d'autres questions ? Je réfléchie un instant et Thomas me dit : Si, tu as une question. Tu te souviens de jeudi ? Jeudi ? Que s'est-il passé ? Demande le médecin en nous regardant alternativement. Personne ne vous a raconté ? Jeudi on est venus voir Liam, je lui ai apportée un hamburger, comme vous m'aviez dit qu'il pouvait. Mais il était tellement content qu'une machine s'est mit à sonner et la moitié de l'hôpital à débarqués dans la chambre. On s'est fait engueuler pour le sandwich et pour avoir été là et le médecin a ajouté qu'il allait faire lever l'interdiction de nous déranger et qu'il ne voulait pas qu'on revienne avant une semaine. Ah bon ? Et bien, non, personne ne m'en a parlé. Mais il s'agit sûrement du docteur Ferrad, qui soigne aussi votre frère. Comme beaucoup de médecins, son but est de sauver des vies et souvent au détriment du reste. Je suis censée faire quoi ? Je peux pas ne plus venir voir Liam, il m'a demandé, voir même supplié de venir le plus souvent possible. Il a besoin de moi et j'ai besoin de le voir, je peux pas l'abandonner. 34 Ne vous inquiétez pas Lyra, je vais parler avec le docteur Ferrad et tout ira bien. D'accord, merci. Vous allez aller le voir maintenant ? Bien sûr, je compte bien passer le reste de la journée avec lui, ainsi que toute celle de demain. Et celle de lundi, ajoute Thomas. Comme j'ai pris rendez-vous pour les tests lundi aprèsmidi, je serais là, lundi matin. Je cour presque jusqu'à lui et le serre contre moi, doucement pour ne pas lui faire mal avec tous ces fils et ces trucs qu'il a sur le corps. Thomas s'approche timidement, Liam lui tend une main pour lui dire bonjour. Je suis vraiment content de vous revoir. Il regarde ensuite le médecin et demande : Bon, je vais monter avec vous, il faut que j'examine votre frère et que je lui explique, comme je viens de le faire avec vous, ce qui va se passer dans les prochains jours. Nous sortons de son bureau et prenons l'ascenseur tous les trois jusqu'au quatrième étage. Le médecin frappe à la porte et entre. Ça a été arrangé ou ils sont toujours les « pas bienvenus » ici ? Ne vous en faites pas je vais m'en occuper. Lyra si vous voulez bien reculer je dois examiner votre frère. Oui bien sûr ! Thomas passe ses bras autour de ma taille et nous emmène vers le fond de la pièce. Bonjour Liam Bonjour. Je vous amène de la compagnie, dit-il ouvrant plus grand la porte. Lyra ! T'es revenue, viens là, viens, me dit-il les bras tendus vers moi. Comment vous sentez vous ce matin ? Ça peu aller. Et la douleur ? Je me drogue pas mal, alors ça va c'est supportable. Oui, c'est que le traitement qu'on vous donne fait effet, il fonctionne bien sur vous, mais il ne pourra 35 pas le faire éternellement. C'est pourquoi il a besoin de vous Lyra, dit-il en se tournant vers moi. S'il vous plaît, ne faites, pas ça docteur, ne mettez pas toute la responsabilité sur elle. Mais votre sœur est consciente de ce qu'elle fait et de ce qu'elle va faire. Oui peut-être mais si ça ne marche pas elle se sentira beaucoup trop coupable et je ne le supporterais pas. Ne vous en faite pas, tout va bien se passer. Ne t'inquiète pas Liam, ça va aller. Mais je m'inquiète petite sœur, j'y peux rien, j'ai déjà l'impression qu'on se sert de toi comme cobaye, maman est venue te voir dans le seul but que je reste en vie, je veux pas qu'on te fasse plus de mal Lyra. Mon ange, je sais ce que je fais et de toute façon le mal, il y a 18 ans qu'il à été fait, le jour ou notre super maman a décidée de nous séparer. Le médecin explique ensuite à Liam ce qu'il m'a dit une demie heure auparavant. Liam tend la main vers moi, je me rapproche de lui et prend sa main en m'asseyant sur le lit. Alors tout va se jouer lundi ? Et bien, lundi on prélève ce dont nous avons besoin sur votre sœur et... Ce n'est pas un cobaye ! S'exclame mon frère énervé. Je sais mais je ne peux pas vous l'expliquer autrement. Il marque un temps, surveillant sur les machines les effets de la colère de mon jumeau, puis il reprend : Donc lundi on opère Lyra, on lui fait une prise de sang pour la compatibilité, le temps de faire les examens nécessaires, on aura les résultats mardi en fin de journée. Donc mardi soir on sera fixés sur l'avenir, c'est ça ? Demandé-je. Exactement ça. Je me sens soudain submergée par une vague d'angoisse, dans 3 jours je saurais si on peut entrevoir un avenir à trois ou pas. Je regarde mon frère, qui a très bien comprit ce à quoi je pense, puis tourne mon regard vers Thomas. Liam lui fait signe de s'approcher, il sait que j'ai besoin qu'il soit là, tous les deux, pour 36 garder espoir. Le plus fort de nous deux c'est Liam, il y a aucun doute à avoir, même malade il reste le plus fort. Je sais qu'il doute et que, si on était que tous les deux il se laisserait aller mais il est préparé à ce qui risque d'arriver, même s'il s'accroche à l'espoir que je le sauve tout autant que moi. A SUIVRE … 37