WAT_JINZE.QINGPU.SHANGHAI

Transcription

WAT_JINZE.QINGPU.SHANGHAI
WAT_JINZE.QINGPU.SHANGHAI
CHINE_GÉOGRAPHIE.ENVIRONNEMENT.TERRITOIRE
Katerine Beaudry et Karoline Davignon
APA 4300
Philippe Poullaouec-Gonidec et Lyndsay Daudier
École d'architecture de paysage. Faculté de l'aménagement.Université de Montréal
14.10.2008
MISE EN CONTEXTE > 1
TABLE DES MATIÈRES
.1
Introduction
.2
La Chine_géographie physique
7
PORTRAIT PHYSIQUE DE LA PROVINCE DE SHANGHAI
9
6
.3
La Chine_croissance démographique et économique
10
.4
Conséquences et problématiques
14
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE > 2
.1
Mise en contexte
15
.2
Causes
17
L’AUGMENTATION DE L’UTILISATION DE L’AUTOMOBILE
17
19
20
Effets
21
L’UTILISATION DU CHARBON COMME ÉNERGIE PRINCIPALE
LA CROISSANCE DE L’INDUSTRIE LOURDE
.3
LES EFFETS SUR LA SANTÉ
LES EFFETS ENVIRONNEMENTAUX (PLUIES ACIDES)
LES EFFETS SUR L’ÉCONOMIE
21
22
22
2
Mise en contexte
25
.2
Causes
27
LA PÉNURIE D’EAU: CAUSES ET EFFETS DE LA POLLUTION DE L’EAU
AUTRES CAUSES
.3
33
Effets
EFFETS SUR LA SANTÉ
EFFETS SUR LE TERRITOIRE AGRICOLE ET SA PRODUCTION
POLLUTION FLUVIALE > 3
27
31
EFFETS SUR LA PÊCHE PAR LA DÉGRADATION DES EAUX DE RIVIÈRES ET DES
EAUX CÔTIÈRES
33
34
35
.1
Pour terminer
37
CONCLUSION > 5
.1
INITIATIVES ENVIRONNEMENTALES > 4
.1
Un aperçu
36
3
LISTE DES ILLUSTRATIONS
1
2a
2b
2c
3
4a
4b
5
6
7
8
Carte de la Chine
9
10
11
12
13
14
15
16
Concentration de particules dans l'air dans certaines villes
Plateau de l'ouest montagneux
Plateau de la partie nord-ouest et centrale
Plateau de la partie orientale et insulaire
Hydrographie de la province de shanghai
Carte de la densité de population
Carte des croissances des populations
Évolution du PIB chinois
Population rurale et urbaine entre de 1978 à 2003
Mouvement des populations
La population des villes satellites en 1992
Population urbaine exposée aux particules dans l'air
Production et consommation de charbon et de pétrole
Croissance des industries
Véhicule motorisé de 4 roues ou plus
Particules en suspension_PM10_SO²_NO²
Pertes de récoltes causées par la pollution des pluies acides
Plan de certaines problèmatiques environnementales en
Chine
7
8
8
8
9
10
12
11
11
12
13
15
16
18
19
20
21
22
23
4
LISTE DES ILLUSTRATIONS
17
Pertes matérielles causées par les pluies acides au sud
24
18
19
20a
Eau polluée distribuée en Chine
26
28
20b
Diminution de la nappe phréatique par provinces
21a
Superposition des surfaces cultivées en 1985 et de la
surface cultivée en 1990
21b
Évolution projetée des villes de la province de shanghai en
2020
32
22
Ménages ayant accès à de l'eau potable
33
23
Taux de mortalité pour les maladies reliées à la pollution de l'eau
en 2003
33
24
Schéma résumé des conclusions relatives à la pollution de l'air et
eau
38
Schéma résumé de la pénurie d'eau
Diminution de la nappe phréatique par provinces
29
30
32
5
.1
Introduction
MISE EN CONTEXTE > 1
En donnant priorité à son développement économique, la Chine, peuplée de
1.286 milliard1 d’habitants se retrouve propulsée au centre de la problématique
mondiale des changements climatiques. Avec un décollage aussi fulgurant, nul
doute que les enjeux environnementaux seront la problématique principale de la
Chine pour les décennies à venir. La population grandissante et de plus en plus
urbanisée, la croissance des villes et des industries mettent à défi un territoire
de plus en plus fragilisé.
En mettant en relation données géographiques (physiques et humaines) et
données environnementales nous verrons, dans l’ouvrage qui suit, les enjeux
qui découlent de cette croissance économique que nous traiterons sous deux
thèmes généraux, soit la pollution atmosphérique et la pollution fluviale. De ces
deux importantes problématiques, nous en ferons ressortir les causes principales
ainsi que les effets sur le territoire, la santé et l’économie. Dans le but de résumer
la situation globale, nous terminerons sur une note plus positive en mettant de
l’avant certaines initiatives mises en place dans l’intention de diminuer l’impact
de la Chine sur elle-même mais également sur l’ensemble du monde.
Tout au long de ­­ce texte, nous procéderons, pour chaque grand enjeu, par une
mise en contexte à l’échelle de la Chine, pour ensuite définir notre point par
des cas spécifiques à la province de Shanghai, et si possible au district de
Qingpu et/ou au « township » de Jinze, lieux de notre étude. Par ce procédé,
nous pourrons, comprendre comment un phénomène global, comme la pollution
atmosphérique, peut, par interrelation, affecter une petite municipalité comme
celle de Jinze et comment celle-ci arrive à faire face au problème. Mais avant de
se lancer au cœur des problématiques environnementales, nous tenterons, en
guise d’introduction, de faire un portrait général de la Chine qui nous guidera tout
au long du document.
1ENCARTA Encyclopedy,
Chine, Fiche pays, Microsoft Corporation, 2004, 4 CD-ROM Compatible avec PC.
6
MISE EN CONTEXTE > 1
.2
La Chine_géographie physique
Derrière la Russie et le Canada, la Chine,
officiellement République Populaire de Chine, se
classe au troisième rang mondial des plus grands
pays du monde avec une superficie de 9 571 300
km2. L’ensemble de son territoire s’étire sur 5 000
km pour rencontrer 29 500 km de frontières dont
14 500 sont maritimes (mer Jaune et mer de Chine
orientale et méridionale), les autres (15 000 km2)
étant partagées avec 14 pays (image 1) dont la
Russie, la Mongolie et la Corée au nord, au sud par
le Viêt Nam, le Laos, la Birmanie, l’Inde, le Bhoutan
et le Népal ; à l’ouest, par le Pakistan, l’Afghanistan
et le Tadjikistan ; au nord-ouest, par le Kirghizistan
et le Kazakhstan.2
1
. Carte générale de la Chine est ses pays frontaliers
Évidemment, une telle superficie explique la
grande diversité des milieux naturels qui occupent
l’ensemble de cet «état-continent en forme de
croissant échancré»3. Trois importants plateaux
traversent en «gradins successifs» l’ensemble du
pays. Situé à l’extrême ouest, en partie occidentale,
s’élève la zone montagneuse (image 2a p.8), ou l’on
peut trouver les plus hauts sommets du monde dont
la hauteur moyenne rejoint les 4 500 m.
À ses côtés, la Chine du nord-ouest et la Chine
centrale, région aride voir désertique (image 2b p.8),
représentent le second plateau qui, pour sa part,
2 ENCARTA Encyclopedy, Chine, Section 1: Présentation, Microsoft Corporation, 2004, 4 CD-ROM Compatible avec PC.
3 ENCARTA Encyclopedy, Chine, Section 2.1: Milieu naturel, Relief, Microsoft Corporation, 2004, 4 CD-ROM Compatible avec
PC.
Source: Encarta, Chine fiche pays, 2004
7
0 km
500
1000
1500
2000
2500
.2
culmine en moyenne à 1 500 mètres d’altitude, et est caractérisée par une topographie «compartimentée».4 C’est dans cette partie que
l’on trouvera de vastes étendus désertiques dont la superficie atteint 27,5 % du territoire chinois5 et qui englobe, entre autre, le grand
désert de sable du Taklamakan (environ 360 000 km²) et le célèbre désert de Gobi.
Des trois plateaux, la partie nous intéressant particulièrement, puisqu’elle renferme la province de Shanghai, région à l’étude, est
appelée Chine orientale et insulaire, et se définie comme «un ensemble de collines et de plaines alluviales caractérisé par de larges
vallées, d’une altitude moyenne de 500 m6 (image 2c). C’est dans cette partie du pays que se trouve la majorité des terres fertiles, due
à la présence de nombreux deltas et de phénomènes climatiques, tel la mousson, qui apporte, par des masses d’air chaud et humides,
d’abondantes précipitations sur toute la moitié orientale du pays. La province de Shanghai, qui nous intéresse ici, est notamment
influencée par ces deux phénomènes. Voyons cette partie plus en détail.
2
MISE EN CONTEXTE > 1
. Distribution du relief de la Chine en 3 plateaux
2A
2b
2b
2A
2b
2c
2c
ouest montagneux
nord-ouest et central
orientale et insulaire
2a
2c
4 ENCARTA Encyclopedy, Chine, Section 2.1.2Milieux naturels: Chine du nord ouest et Chine centrale, Microsoft Corporation, 2004, 4 CD-ROM Compatible avec PC.
5 SEPA,State Environmental Protection Administration, Country Synthesis report on urban air quality Management, People’s Republic of China, Philippines, december
2006, p.23.
6 ENCARTA Encyclopedy, Chine, Section 2.1.3Milieux naturels: Chine orientale et insulaire, Microsoft Corporation, 2004,
4 CD-ROM Compatible avec PC.
8
.2
PORTRAIT PHYSIQUE_PROVINCE DE SHANGHAI
L’ensemble du territoire de
la province de Shanghai, formé de
3
Hydrographie de la province de Shanghai
MISE EN CONTEXTE > 1
basses- terres, est une succession de bassins aux sols alluviaux,
fertiles et drainés par de nombreux cours d’eau naturels et artificiels
qui parsèment la région (image 3). La plupart de ceux–ci découlent
d’un des principaux lacs de la province: le lac Dingshanhu seul bassin
d’eau douce de la région (62 kilomètre carrés). Ce dernier, situé à
proximité de Jinze, dans le district de Qingpu nourrit plusieurs fleuves
dont le Huangpu qui, après avoir affecté, par ses marées, les quelques
1 817 cours d’eau (d’une longueur totale de 2155 km) et les 21 lacs
du district (d’une superficie total de 51 kilomètres carrés), traverse
Shanghai pour ensuite rejoindre le Yang Tse Kiang et se jeter aussitôt
dans la mer de Chine orientale7.
La présence de l’eau et la fertilité des sols de la plaine centrale, jumelée
à un climat subtropical doux et humide ont permis de qualifier, au fil
du temps, cette province de « terre de riz et de poissons». En effet la
banlieue de Shanghai tient la réputation de région agricole à rendement
élevé et stable; on dit même de ses côtes et de ses rivières qu’elles
sont poissonneuses8. Nous verrons un peu plus loin que ces statuts,
qui caractérisent la province de Shanghai depuis des siècles sont
aujourd’hui menacés, puisque le nombre de terres agricoles diminue
et qu’on a maintenant recours en grande partie à la pisciculture pour
assurer la production aquacole, qui a connue une décroissance due à
la pollution des cours d’eau 9. Mais avant d’entamer ce sujet, voyons
d’abord un facteur déterminant de l’état actuel de la Chine et de ses
problématiques environnementales : la croissance démographique et
économique.
Source: Atlas de Shanghai, Hydrographie de la province de Shanghai, p.19
7
SHANGHAI, QINGPU, Shanghai, Qingpu Government’s official.web.portal, [En ligne],
http://english.shqp.gov.cn/gb/special/node_5452.htm, consulté le 06.10.08
8 COLLECTIF, Géographie, Connaissance de la Chine, Beijing : Éditions en langues
étrangères, 1985. p.179.
9 GENTELLE Pierre , sous la direction de Roger Brunet, Géographie universelle, Chine,
Japon, Corée, Belin / Reclus, Paris, 1994, p.34.
9
.3
La Chine_croissance démographique et économique
La prémière partie de cette recherche nous a permis de comprendre brièvement les ensembles géographiques qui composent le vaste
territoire chinois. Nous verrons maintenant comment s’organise la population à travers l’ensemble du territoire et plus particulièrement
sur la section côtière. Bien que la Chine soit vaste, nous avons vu qu’ il n’en est pas de même pour sa surface habitable. En effet, si
l’on consulte la carte de densité de population ci-dessous (image 4a) on remarque que l’extrême ouest montagneux est peu peuplé, 10
habitants au kilomètre carré 10alors que la population de la zone côtière, où se trouvent les grandes villes, les richesses et les vastes
plaines fertiles, est extrêmement condensée, 400 habitants au kilomètre carré 11 .
MISE EN CONTEXTE > 1
10 ENCARTA Encyclopedy, Chine, Section 2.1.2Milieux naturels: Chine du nord ouest et Chine centrale, Microsoft Corporation, 2004,
11 Idem.
4 CD-ROM Compatible avec PC.
4aCarte de la densité de population
10 HA/KM
Shanghai
400 ha/km
Source: Atlas du National Geographic, p.47
10
.3
Si l’on observe attentivement la carte de croissance des populations (image 4b, p.12), on constate également que les villes côtières
tendent à se développer de plus en plus, notamment dans les grandes villes, qui semblent avoir doublé, triplé et, même parfois,
quadruplé leur population entre 1980 et 2010. À Shanghai, par exemple, on a vu la population passer de moins de 8 000 000 en 1950
à 13 700 000 en 1996 et à près de 20 000 000 en 2008.
MISE EN CONTEXTE > 1
Cette croissance exponentielle des villes s’explique, selon Jean-François Huchet, directeur du Centre d’études français sur la Chine
contemporaine12, par la volonté acharnée de la Chine à devenir le numéro un sur le plan de l’économie mondiale. Le tableau ci-bas
démontre que ses efforts sont récompensés puisque l’on estime que le PIB de celle que l’on surnomme «l’usine du monde», risque de
dépasser le Japon (classé au 2e rang mondial) d’ici 2015 (image 5).
Le résultat de cette forte croissance a, certe, permis une réduction du nombre de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté mais
a également fait apparaître une classe moyenne plus aisée qui quitte le domaine rural pour s’installer en milieu urbain (image 6). Ce
nouveau phénomène, nous le verrons, apporte son lot de problèmes. Ces villes, qui reçoivent chaque jour un nombre incalculable de
nouveaux arrivants, déjà ont vu et verront leur visage se métamorphoser afin de pouvoir accueillir ces masses de nouveaux urbains
image 7 en p. 12). Certains d’entre eux s’installeront plutôt dans des villes satellites, concentration de banlieues qui prennent, elles aussi,
de l’expansion en périphérie des grands centres (image 8 en p.13).
12 HUCHET, Jean-François, «Éditorial», Perspectives Chinoises, dossier spécial changements climatiques en Chine, 2007/1 p.4
5
Évolution du PIB chinois: rang mondial dans le
passé (courbe noire) et projection pour le futur
(courbe jaune).
Si la croissance continue sur le
même rythme, la Chine dépassera
l’Allemagne en 2008 et le Japon
autour de l’année 2015.
Source: LI, Smith, Graphique 1, p.100
6
Population rurale et population urbaine de 1978 à 2003
(en milliers d’individus).
Source: ALLAIRE, 2007, Figure 1, p.54
11
.3
4b. Carte des croissances des populations
MISE EN CONTEXTE > 1
SHANGHAI
1950:
1980:
8 000 000
2010:
20 000 000
13 700 000
7
Mouvement de population
Top 30 de l’émigration interprovinciale
(en millions entre 1995-2000)
Source: Atlas du National Geographic 2008, p. 49
Source: Atlas du National
Geographic 2008, p. 49
12
8 La population des villes satellites en 1992
MISE EN CONTEXTE > 1
.3
C’est le cas notamment de la ville de Shanghai.
En effet depuis 1959, celle-ci a formé la politique
de «villes satellites» afin de désengorger la ville
et faire place aux investisseurs extérieurs13. C’est
ainsi qu’on pu s’établir des villes comme Qingpu
laquelle, autrefois
majoritairement agricole,
mise aujourd’hui sur son développement et
son expansion sur le secteur industriel qui s’y
installe. Parallèlement, on observe l’émergence
d’une industrie touristique qui semble vouloir
se développer, notamment au pourtour du lac
Dingshanhu et l’on mise sur une modernisation
des pratiques agricoles encore vétustes, à
Qingpu comme sur l’ensemble du pays14. Bref,
la Chine qui sera majoritairement urbaine d’ici
2020, (tableau 6 – revoir le tableau de population
urbaine et rurale p. 11),voit et verra son paysage
se transformer.
Lac
Dingshanhu
Mais cette transformation n’est pas sans
conséquence. Nous verrons dans les prochaines
parties comment la fierté économique de la
Chine devient également son fardeau puisque,
nous le verrons, les impacts de ses nombreux
développements sur l’environnement, la santé et
l’économie ne peuvent plus être ignorés.
13 HENRIOT, Christian, Atlas de Shanghai : espaces et repré-
sentations de 1849 à nos jours, CNRS Editions, Paris, p. 106
SHANGHAI, QINGPU, Shanghai, Qingpu Government’s
official.web.portal, [En ligne], http://english.shqp.gov.cn/gb/
special/node_5452.htm, consulté le 06.10.08
14
Source: Atlas de Shanghai, Villes satellites, p.106
13
.4
Conséquences et problématiques
MISE EN CONTEXTE > 1
La Chine, avec un taux de croissance de plus de 11 % connait l’âge d’or de son économie grâce à un secteur industriel en constante
évolution. Nous avons vu que, pour des raisons topographiques et géographiques, les regroupements de populations se sont développés
majoritairement sur la zone côtière du territoire, la où les terres sont les plus riches et les cours d’eau nombreux. Nous avons également
vu que, sur ces territoires, la population ne cesse d’augmenter et se dirige de plus en plus vers les villes, qui gagnent en expansion, ayant
comme conséquence une hausse de la demande de logements en milieu urbain. Tous ces facteurs réunis jouent un rôle de près ou de
loin dans la dégradation de l’environnement, notamment sur deux ressources d’une importance capitale pour la santé du pays, l’air et
l’eau.
Voyons maintenant successivement les principales causes de ces dégradations atmosphériques et fluviales et comment celles-ci
entrainent une chaîne de problématiques qui s’influencent et qui compromettent à long terme, l’apogée économique de la Chine.
14
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE > 2
Si l’on considère que la croissance économique de la Chine date d’à peine 20 à 25 ans, il y a peu de doutes quant aux effets de son
industrialisation, en un si court laps de temps, sur les conditions atmosphériques. Si l’on en croit la Banque mondiale, la Chine est devenue
le plus grand émetteur mondial de SO2 (ahnydride sulfureux) et de CO2 (gaz carbonique). 15 Le tableau ci-bas (image 9) démontre d’ailleurs
ce fait nouveau en comparant certaines villes de la Chine à certaines villes des Amériques, de l’Europe et de l’Afrique. Un simple coup
d’œil sur ce tableau nous permet de constater rapidement que près de l’ensemble des villes chinoises fait parti des villes les plus polluées
au monde.
9Concentrations annuelles de particules (PM10) observées dans
certaines villes du monde _ 2004/2005
Chine
Plus grand émetteur
Shanghai
Pekin
Mise en contexte
.1
SO²
CO²
PM10
9 des 10 villes
les plus polluées sont
chinoises
Source: World Bank, Cost of pollution in China, figure 5, p. 21
15 WORLD BANK , Cost of pollution in China, Economic estimates of physical damages,
agement Unit, Washington, 2007, 151p.
Conference edition, Rural Development, Natural Resources and Environment Man-
15
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE > 2
.1
10 Populations urbaines exposées aux particules dans l’air (PM10),
Shanghai
11-30 %
La partie NORD
est la plus exposée
Le document cartographique ci-contre
(image 10) nous permet quant à lui de
voir le degré d’exposition du pays entier
au PM10 (particule plus petite que 10
micrometres de diamètre, extrêmement
nuisible pour la santé)16. En regardant
attentivement, on remarque que la
province de Shanghai fait bonne figure
avec un taux d’exposition se situant
entre 11 et 30 %. Un meilleur résultat que
sa voisine Jiangsu qui, elle, s’expose
à un taux de 81 et 90 %. Une vue
d’ensemble permet également de voir
que les provinces affectées se situent
plutôt dans le nord. Une comparaison
de ces données cartographiques avec
la carte vue précédemment sur la
densité de population (revoir image 4a
p.10) fait ressortir un fait intéressant:
bien qu’elle soit omniprésente dans
l’ensemble du pays, la pollution
atmosphérique semble plus fortement
présente dans les provinces les moins
densément peuplées.
À partir de ces observations, nous
tenterons maintenant de comprendre
la, ou les causes de la pollution
atmosphérique en Chine.
16 WORLD BANK , Cost of pollution in China,
Source: World Bank, Cost of pollution in China, figure 1, p. 15
Economic estimates of physical damages,
Conference edition, Rural Development, Natural
Resources and Environment Management Unit,
Washington, 2007, p.11
16
Causes
.2
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE > 2
L’UTILISATION DU CHARBON COMME ÉNERGIE DOMINANTE
Avec des besoins énergétiques grandissants dus à l’industrialisation, la
Chine fait face à une problématique majeure: celle de fournir assez d’énergie
pour assurer son autosuffisance. «Au cours des dix dernières années, la
Chine a payée par de fréquents black-outs l’insuffisante anticipation de
son évolution»17 Bien qu’en mettant les bouchées doubles pour atteindre
une production de 5 000 TWh en 2020, voire 12 000 TWh en 205018, la
problématique reste à savoir comment réussir à produire cette électricité?
Actuellement, l’ensemble de l’énergie est assurée par une hausse du
réseau hydroélectrique (24 %), quelques autres sources renouvelables
(0,7 %), puis aussi nucléaire, (2 %), thermique gaz (2,3 %) et thermique
charbon. Mais la ressource énergétique qui trône toujours, et de loin, reste
le charbon avec 71 %. 19 Si l’on reprend la carte d’exposition à la pollution
de l’air consultée précédemment (revoir image 10) et que, cette fois, on
la compare avec la carte de production et consommation de charbon et
pétrole (voir image 11 p. 18) on remarque qu’il semble y avoir un lien. On
pourrait donc croire que la pollution de l’air est principalement le résultat de
l’utilisation excessive de charbon. C’est d’ailleurs ce qu’affirment Huchet et
Maréchal qui expliquent:
«Par rapport au gaz et au pétrole, les deux autres énergies
fossiles traditionnellement utilisées dans les centrales
thermiques, le charbon rejette dans l’atmosphère deux fois
plus de CO2. Cela explique la très forte progression de la part
des centrales thermiques dans le total des émissions de GES
(gaz à effet de serre) en Chine qui est passée de 14 % à 43
% entre 1980 et 2000.»20
17 MARTIN-AMOUROUX, Jean-Marie, « Charbon chinois et développement durable », Perspectives Chinoises, dossier spécial changements climatiques, 2007/1 p.44
18 Idem
19 Idem
20 HUCHET, Jean-François, Jean-Paul Maréchal,  « Éthique et modèle de développement,
l’avenir du climat au défi de la croissance économique chinoise » , Perspectives Chinoises,
dossier spécial changements climatiques 2007/1 p.8
17
.2
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE > 2
11Production et consommation de charbon et de pétrole
ÉMISSIONS DE GES
De 14% - 43%
entre 1980 et 2000
le charbon rejette
2x plus de SO²
dans l’air
Source: Nationale Géographic p.65
18
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE > 2
LA CROISSANCE DE L’INDUSTRIE LOURDE
Depuis 1979, la croissance industrielle s’est accélérée, avec une moyenne annuelle de 11 % (16 % en 1995). En 1985, il existait
17 millions d’entreprises industrielles privées contre 100 000 en 1978. La production industrielle a, quant à elle, quadruplé entre
1985 et 1994.21 Dans ce lot, l’industrie lourde demeure le secteur où les taux d’investissement et les taux de croissance de la
production sont les plus élevés notamment les secteurs de l’acier, du fer brut et du ciment (voir tableau 12). Or ces derniers
sont de très gros consommateurs d’énergie ce qui a fait augmenter l’intensité énergétique du pays et par ricochet, l’émission de
GES.
Toujours dans le même secteur, on observe un phénomène qui contribue également aux tristes records mondiaux en matière de
GES: le phénomène de fragmentation des industries, héritage de la période maoïste et du «compter sur ses propres forces».
22
Basée sur cette optique, on a assisté durant les années 70 à la «prolifération de petites unités de production pour le ciment,
l’engrais, l’acier ou l’électricité»23.
«À la fin des années 90, 8 000 producteurs de ciments indépendants opéraient sur le territoire chinois alors
qu’à l’échelle mondiale on n’en recensait 1 500! Cette fragmentation a donc empêché plusieurs producteurs
d’atteindre une taille critique, leur permettant la rationalisation de l’outil de production et le remplacement de
technologies obsolètes peu économes en énergie». 24
12.Croissance des industries
En compilant la cause de l’exploitation et la consommation de
charbon avec la croissance et la fragmentation de l’industrie
lourde, on encercle presque totalement les causes de la pollution
atmosphérique. Mais une derrière cause, non négligeable, est
en train de se tailler une place de choix dans la liste des grands
pollueurs. Le pays du transport lent est maintenant menacé
par l’ampleur du marché automobile qui, comme la population,
s’accroisse à une vitesse fulgurante. Voyons ce nouveau
phénomène plus en détail.
21
22
23
24
ENCARTA Encyclopedy, Chine, Section 4.4.1 : Économie, Secteur industriel, Évolution Microsoft Corporation, 2004, 4 CD-ROM Compatible avec PC.
Idem p. 10
Idem
Idem
Source: National Geographic, p.65
Causes
.2
19
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE > 2
AUGMENTATION DE L’UTILISATION DE L’AUTOMOBILE
Au début des années 80, l’automobile était réservée au véhicule
de fonction pour les cadres, et la flotte de taxi était limitée. En 1994,
le gouvernement démontrait un intérêt pour développer l’industrie
manufacturière qu’il considère comme le pilier de l’économie. Le secteur
automobile s’est donc légèrement développé au niveau des institutions
et des entreprises d’états.25 Depuis peu, le gouvernement a modifié son
système de taxation, qui faisait des voitures des produits de luxe, dans
le but de pouvoir équiper en automobile 20% des ménages d’ici 2020 et
ainsi encourager une industrie encore boiteuse.26 Sachant, comme nous
l’avons vu en première partie, que plusieurs ruraux s’installent dans les
villes et sachant qu’une classe moyenne, plus aisée, en émerge, il fallait
prévoir que l’engouement pour la voiture allait dépasser les attentes du
20 % souhaité (voir image 13 ci-contre). En effet, depuis 2002, le parc
automobile grimpe de 30 % chaque année.27 Cette croissance s’observe
majoritairement dans les grandes villes ou les gens sont plus aisés. «Les
ménages ont maintenant la possibilité de choisir leur logement, ce qui a
contribué à augmenter les distances domicile-travail.»28 Comme nous
l’avons vu avec la carte des villes satellites de Shanghai (voir carte 8 p.
13), les industries, et certains secteurs résidentiels ont été relocalisés
en périphérie. Bref la ville s’étale de plus en plus et engendre une
réorganisation de l’espace urbain qui offre de plus en plus d’importance
aux transports motorisés individuels.
Sachant que les émissions produites par les véhicules motorisés
contribuent fortement au réchauffement climatique, la possibilité que
le secteur automobile se développe de façon exponentielle est peu
rassurante, surtout lorsque ce pays recense 1.286 milliard de personnes
dont près de la moitié habite en ville. Si l’on en croit la Banque mondiale,
25 ALLAIRE, Julien, «Quelle place pour l’automobile dans la mutation des villes chinoise?»
Université Pierre Mendès France de Grenoble – France 2008 [En ligne]
http://en.scientificcommons.org/34468558, consulté le 10 octobre 2008.p.1
26 Idem p.2
27 Idem p.3
28 ALLAIRE, Julien, «L’impact du développement urbain en Chine sur le réchauffement
climatique» Perspectives Chinoises, dossier spécial changements climatiques, 2007/1
p.60
13Véhicule motorisé de 4 roues ou
plus (population in the PRC )
1978-2004
Source: SEPA, Figure 1.3, p. 11
Causes
.2
la situation est inquiétante puisqu’elle double le
niveau de pollution en milieu urbain, car au smog,
formé par la combustion du charbon, se mélangent
maintenant les gaz d’échappement des voitures.29
Dans la partie suivante, nous verrons l’impact de
cette pollution sur différents secteurs du pays et
plus particulièrement sur la province de Shanghai.
29 WORLD BANK , “Cost of pollution in China, Economic
estimates of physical damages”, Conference edition, Rural
Development, Natural Resources and Environment Management Unit, Washington, 2007, p.51
20
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE > 2
14Particules en suspension_PM10 (en
LES EFFETS SUR LA SANTÉ
haut), Anhydride Sulfureux_SO2(centre)
et Dioxyde d’Azote NO2 (bas) dans certaines villes de Chine (Shanghai en jaune).
Outre le smog quasi constant sur les grandes mégapoles, l’effet de
la pollution atmosphérique se fait ressentir dans plusieurs secteurs
dont la santé, l’environnement (par les pluies acides), l’agriculture
et l’économie, quatre thèmes que nous aborderons ici.
Source: SEPA, Figure 3.2, p. 18
Effets
.3
Selon les études de la SEPA (State Environmental Protection
Administration), « les teneurs élevées de l’atmosphère des zones
urbaines et industrielles en SO2, CO2, particules et métaux lourds
sont à l’origine de taux de morbidité et de mortalité anormalement
élevé ».30 Le cancers du poumon, dont on estime que 70 à 80 % est
associé à la pollution atmosphérique, est devenu la principale cause
de mortalité31. Au début des années 90, des villes comme Shanghai
recevaient de 10 à 100 t/km2 par mois de particules, dépassant de
10 à 20 fois la norme de 0,15 g/m3 atteignant ainsi un maximum en
période hivernale, lorsque les édifices se chauffent au charbon.32 À
ceci s’est ajouté les gaz d’échappement des voitures dont l’impact
sur la santé est bien connu. Avec le tiers de la population qui respire
un air qui se situe en dessous des standards de qualité, la situation
est inquiétante. Toutefois, en observant le tableau des standards
concernant l’air ambiant (image 14) on remarque que des 32 villes
testées, Shanghai s’en tire avec un résultat plutôt satisfaisant. En
effet, la mégapole se situe au dessus des standards à deux reprises
(PM10 et SO2) mais faillit lors du test de NO2. Ce qui est plutôt
inquiétant c’est que, pour l’ensemble des polluants, contrairement
à ce que l’on aurait espérer vu les mesures prises pour enrayer le
problème (remplacement des poêles à charbon, modernisation des
usines), le taux de pollution augmente entre 2003 à 2004. 33
30 WORLD BANK , “Cost of pollution in China, Economic estimates of physical damages”, Conference edition, Rural Development, Natural Resources and Environment Management Unit, Washington, 2007, p.51
31 MARTIN-AMOUROUX, Jean-Marie, « Charbon chinois et développement durable », Perspectives chinoises dossier Changements climatiques, 2007/1 p.47
32 Idem
33 (SEPA) State Environmental Protection Administration, Country Synthesis report
on urban air quality Management, People’s Republic of China, Philippines, december 2006, p.18.
21
.3
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE > 2
EFFETS ENVIRONNEMENTAUX (PLUIES ACIDES)
Outre les répercussions sur la santé, la présence
de pollution dans l’air engendre des quantités de
pluies acides
causant d’importants dommages
environnementaux sur les forêts (ressources peu
abondante, 12 % du territoire)34, les sols, l’eau, les
récoltes et les structures. En consultant la carte des
problématiques environnementales (voir image 16 p.
23) on remarque que la majorité des pluies acides ont
lieu dans le sud du pays, aux endroits ou se trouvent
plusieurs sols fertiles. Conséquence: les pluies acides
polluent directement les sols agricoles et les cours d’eau
(nous aborderons cette problématique dans la section
qui suit).
15Pertes de récoltes causé par la pollution des pluies acides et du
ahnydride sulfureux_SO2, 2003, 10 000 Yuan (Shanghai en jaune).
EFFETS SUR L’ÉCONOMIE
Outre les impacts environnementaux, les pluies acides
engendrent des coûts importants. Par exemple, on
estime à 30 milliards de yuan les pertes de récoltes
polluées par les pluies (voir image 15) et à 7 milliards
les dommages causés sur les structures urbaines.35 Ce
type de dommage qui attaque, par exemple, les surfaces
de bâtiments, les vélos, les ponts, est observable dans
les villes ou provinces ou l’on retrouve un certain taux
d’humidité du type de Shanghai 36 (voir image 17 p.
24).
Perte de récoltes:
30 milliards de yuan
Source: World Bank, Cost of pollution in China, p. 140
34 WORLD BANK , “Cost of pollution in China, Economic estimates
of physical damages”, Conference edition, Rural Development,
Natural Resources and Environment Management Unit, Washington,
2007, p.19
Idem, p. 142
35 Idem p.19
36 Idem, p. 145
22
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE > 2
.3
16Plan de certaines problématiques environnementales en Chine
LA MAJORITÉ DES PLUIES
ACIDES ONT LIEU DANS LE
SUD DU PAYS
Shanghai
Source: National Geographic, p.45
23
.3
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE > 2
Bien que, selon les cartes, la pollution de l’air semble agir dans des milieux bien précis, il
faut évidemment comprendre que celle-ci ne se tient pas aux frontières établies et qu’elle
voyage à l’intérieur du pays, mais également à l’extérieur, vers des pays voisins comme la
Corée, le Japon et «même des États-Unis si on en croit ceux qui dénoncent les méfaits
du mercure émis par le charbon chinois sur la santé de la population en Amérique du
nord».37
L’effet de la pollution de l’air est particulièrement nocif pour les milieux urbains puisqu’elle
provient d’un ensemble de secteur (charbon, industrie lourde et voiture) et se condense
en un site restreint. Nous verrons, dans la prochaine partie que c’est le cas inverse
pour ce qui est de la pollution de l’eau. En effet, la dégradation des cours d’eau affecte
particulièrement les habitants des campagnes rurales.
17Pertes matérielles causées
par les pluies acides dans les
régions sud, 10 000 yuans
(Shanghai en jaune).
Source: World Bank, Cost of pollution in China, p. 150
37 MARTIN-AMOUROUX, Jean-Marie, «Charbon chinois et développement durable», Perspectives Chinoise
dossier special Changements climatiques, 2007/1 p.47
24
POLLUTION FLUVIALE > 3
.1
Mise en contexte
Avant d’entrer dans la problématique complexe de la pollution de l’eau en Chine, voyons rapidement
l’ensemble hydrographique chinois afin de visualiser à quel point le réseau hydrique est important.
La Chine possède 5 000 fleuves et rivières dont 1 500 ont un bassin hydrographique d’une superficie
supérieure à 1 000 km2. La longueur du réseau fluvial chinois atteint 220 000 km dont 95 000 km
de voies navigables. La majorité des cours d’eau prennent leur source dans les montagnes tibétaines
pour ensuite se diriger vers l’est ou le sud.38 Quatre fleuves d’envergure traversent la Chine : l’Amour,
le Huang he, le Xi jiang et le Yang Tse Kiang. Ce dernier nous intéresse particulièrement puisqu’après
avoir pris sa source dans les plateaux tibétains, il traverse la Chine d’ouest en est pour terminer sa
course à Shanghai, avant de se jeter dans la mer méridionale par un vaste delta. Cette trajectoire
qui sépare la Chine en deux à pour effet non seulement de transporter des marchandises d’est en
ouest et des bateaux de croisières, mais également des substances toxiques. C’est également sur
ce fleuve que l’on construit actuellement le barrage des Trois-Gorges, l’un des plus imposants au
monde avec une hauteur de 175 m et une longueur de 1983 m. Cette structure ne sera pas sans
impact sur le territoire environnant. On prévoit que le niveau des eaux augmentera de 30 à 50 m, ce
qui engendrera le déplacement de plus d’un million de personnes. Par contre, si l’on se rappelle la
problématique de l’électricité vu plus haut, le futur barrage permettra à l’hydroélectricité de gagner
du terrain sur le charbon puisque la production émise par les deux centrales électriques devrait
alimenter près de la moitié de la population chinoise39.
La Chine possède également un grand nombre de lac d’eau douce dont les plus importants sont le
Dongting hu (3 700 km²), le Poyang hu (3 583 km2) et le Tai hu, dans le delta du Yang-tseu-kiang. Le
lac Tai hu nous intéresse particulièrement puisque ce dernier se trouve à proximité de Shanghai et
nourrit un grand nombre de fleuves et de lacs qui traversent la province, dont le lac Dingshanhu, bassin
d’eau douce du district de Qingpu. Or le lac Tai est fortement pollué par une algue phytoplanctonique
bleue-verte qui a conduit à l’eutrophisation. Après analyse, on s’est aperçu que la cause relevait de
rejets industriels riches en sels nutritifs. «La ville de Wuxi, dont l’eau potable provient de ce lac, a
ainsi vu cette eau devenir verdâtre et nauséabonde, ce qui a interrompu l’approvisionnement en eau
de deux millions de personnes.»40 On peut donc supposer que le lac Dingshanhu est également
sujet à ce type d’incident qui pourrait incommoder des villes comme Qingpu et Jinze.
38 ENCARTA Encyclopedy, Chine, Section 2.2.1: Hydrographie, les fleuves,
Microsoft Corporation, 2004, 4 CD-ROM Compatible avec PC.
39 Idem
40 MA Li, François G.Schmitt, «Développement et conflits environnementaux en Chine», Perspectives Chinoises, 2008/2
p.101.
25
.1
Le lac Tai Hu n’est malheureusement pas un cas isolé. En effet, plus de 70% des rivières et des lacs seraient pollués. On estime à près
de 35 milliards de tonnes d’eaux usées, (domestique, agricole ou industrielle), déversées chaque année. «Ces rejets, dont 90 % ne sont
pas traités, sont chargés de métaux lourds, de pétrole ou de produits chimiques, et souillent 47 000 km de fleuves et de rivières avant
de rejoindre la mer.»41 (voir image 18 ci-bas). Sachant que le territoire du district de Qingpu est composé à 17% d’eau, la problématique
de la pollution de l’eau est au cœur des préoccupations. Voyons maintenant quelles sont les causes possibles de cette dégradation
des eaux.
POLLUTION FLUVIALE > 3
18Eau polluée distribuée en Chine (en millions de m³)
Shanghai
35 milliards de tonnes d’eaux usées
90% ne sont pas traitées
souillent 47 000 km de fleuves et rivières
41
Source: World Bank, Cost of pollution in China, p. 111
18
ENCARTA Encyclopedy, Chine, Section 2.2.3 : Hydrographie, l’urgence écologique, Microsoft Corporation, 2004, 4 CD-ROM Compatible avec PC.
26
.2
Causes
POLLUTION FLUVIALE > 3
LA PÉNURIE D’EAU: CAUSES ET EFFETS DE LA POLLUTION DE L’EAU
Une multitude de causes sont responsables de la pollution de l’eau. L’une d’entre elle est au cœur des priorités puisqu’elle est d’abord
victime de cette pollution, mais également responsable à un certain niveau: la pénurie d’eau. En effet, bien que l’introduction ci-haut sur
l’hydrographie chinoise ne nous laisse pas présager ce fait, la Chine accuse actuellement une pénurie d’eau. Les ressources en eau du
pays sont estimées à 2 812 milliards de mètres cubes par an, ce qui place la Chine au 6e rang mondial. Conséquence de sa population
élevée, les disponibilités réelles par habitant ne sont que de 2 200 mètre cubes par habitant par an, ce qui est l’un des plus bas niveaux
au monde42. Ici nous verrons donc comment cette pénurie d’eau, tout en s’aggravant à cause de la pollution de l’eau, est principalement
une cause de cette dernière. Aussi, nous verrons que cette pénurie est principalement issue de deux éléments, soit la géographie et le
tranferts des eaux vers les industries et villes grandissantes (voir image 19 tout au long de la lecture).
LA POSITION GÉOGRAPHIQUE
Le manque d’eau est en partie une affaire de géographie. En effet, vu les différentes topographies la quantité d’eau naturellement
présente au sud est beaucoup plus grande que celle retrouvée dans le nord. «La Chine du nord, qui abrite 42% de la population et surtout
60% des terres arables, ne possèdent que 14 % des ressources hydriques chinoises.» 43
LE TRANSFERT DES EAUX VERS LES INDUSTRIES ET LES VILLES GRANDISSANTES
Selon l’Atlas du National Geographic 200844, l’urbanisation et l’industrialisation seraient encore une fois pointés du doigt. En effet, le
transfert des eaux originellement destinées à un usage agricole vers les industries et les zones urbaines en pleine croissance a causé
une réduction directe des eaux d’irrigation destinées à l’agriculture et, par le fait même une baisse de la quantité produite, enclenchant
de véritables conflits d’usages entre les régions situées en amont et en aval de certains cours d’eau. La pénurie d’eau entraîne donc
une chaine de problématiques aquatiques toutes intereliées (revoir image 19), en commençant par le manque d’eau destinée aux
agriculteurs. Ainsi, la pénurie de l’eau destinée à l’irrigation des terres agricoles forçent les agriculteurs à utiliser davantage d’engrais et
de pesticides. À ce sujet Zhou écrit: 45Sachant que l’irrigation contribue à la production agricole par leur augmentation et par la conversion
en culture de plus haute valeur, les pertes sont significatives.Une étude menée auprès des agriculteurs sur leur décision d’utilisation
d’engrais démontre qu’il y a corrélation entre le choix d’employer des engrais et/ou des pesticides et le manque d’irrigation, puisque le
résultat de la récolte est, pour eux, ce qui prime46. Il y a donc ici poursuite de la contribution de la pénurie d’eau à la pollution de l’eau,
puisque ces engrais se retrouvent dans les eaux souterraines. Évidemment, cette pollution de la nappe phréatique a elle aussi des
impacts considérables sur la pollution des cours d’eau, puisque la fuite des nutriments organiques contenus dans les engrais est en partie
responsable de l’eutrophisation des lacs et réservoirs.
42 ROUSSET, Nathalie, « Impact du changement climatique, sécurité hydrique et enjeux agricoles, Perspectives chinoises, dossier changements climatiques, 2007/1 p.33
43 ROUSSET, Nathalie, «Impact du changement climatique, sécurité hydrique et enjeux agricoles, Perspectives chinoises, dossier changements climatiques, 2007/1 p.33
44 NATIONAL GEOGRAPHIC SOCIETY, Atlas of China, Washington, D.C. : National Geographic, c2008. p.45
45 ZHOU Yuan, Yang Hong, « Pénurie d’eau, transfert des eaux agricoles et équité sociale dans le bassin de la rivière Chaobai, Perspectives chinoises, 2008/2. p.49
46 Idem. p.59
27
19Schéma résumé des causes et du cycle engendré par une pénurie d’eau
.2
PÉNURIE D’EAU
POLLUTION FLUVIALE > 3
la position géographique
le transfert des eaux vers les industries
manque d'eau pour l'agriculture
utilisation d'engrais ou pesticides
pollution de la nappe phréatique
eutrophisation des lacs
diminution de la nappe phréatique
28
POLLUTION FLUVIALE > 3
.2
Causes
20a
Diminution de la nappe phréatique par
provinces chinoises, en million de cube métrique (Shanghai en jaune)
Également, la pénurie d’eau poussera certaines personnes à pomper l’eau
à même la nappe phréatique. Ce phénomène, surtout rencontré dans les
milieux urbains nordiques où la technologie est disponible, est problématique
puisque cette eau puisée est souvent non renouvelable. À ce sujet, Zhou
écrit: «L’exploitation non réglementée des nappes phréatiques exacerbe les
problèmes de qualité de l’eau et l’affaissement des sols.» Pékin, par exemple,
puise 75 % de ses consommations à partir d’aquifères non renouvelables
ce qui, on estime, a fait diminuer le niveau des nappes souterraines de 100
à 300 mètres causant des intrusions salines dans les nappes côtières et
des dommages sévères aux constructions à Pékin, Tianjin et Shanghai.47
Par contre, si on en croit la Banque mondiale, Shanghai n’aurait pas de
problème relié à la consommation de sa nappe phréatique. Située en zone
de delta, la présence d’eau dans la nappe souterraine est plus importante
que la demande réelle. De plus, le niveau de sophistication de son réseau
d’aqueduc la place en bonne position en ce qui concerne ce problème (voir
image 20).48
47 Idem p.34
48 WORLD BANK , Cost of pollution in China, Economic estimates of physical damages,
Conference edition, Rural Development, Natural Resources and Environment Management
Unit, Washington, 2007, p.19
Source: World Bank, Cost of pollution in China, Tableau 5.3, p. 114
29
.2
20bDiminution de la nappe phréatique par province chinoise, en million de cube métrique
(Shanghai en jaune)
POLLUTION FLUVIALE > 3
La nappe phréatique de Shanghai
ne semble pas menacée
Shanghai
Source: World Bank, Cost of pollution in China, Tableau 5.3, p. 113
30
.2
Causes
POLLUTION FLUVIALE > 3
AUTRES CAUSES
Mais la pénurie de l’eau n’est pas la seule à être blâmée en ce qui concerne la pollution de l’eau. Si plus haut nous avons vu que les
industries et villes grandissantes «prennent» une partie originellement destiné aux agriculteurs, ce qui par ricochet engendre une pollution
des eaux souterraines par les engrais, ces même industries contribuent d’une autre façon au problème. Par exemple, l’étalement des
industries loin du centre urbain de la ville, engendre une proximité avec les terres agricoles qui n’est pas nécessairement souhaitable. La
qualité de l’eau souffre bien souvent des rejets des industries à proximité et empêchent l’irrigation abondante des terres agricoles ou force
les agriculteurs à utiliser de l’eau contaminée sur les terres. En effet, une superposition d’un plan des terres à Shanghai et d’un plan des
industries dans la ville (voir image 21a p. 32), démontre bien qu’il existe une proximité plutôt paradoxale des deux éléments. D’ailleurs,
cette urbanisation et cette industrialisation grandissante menacent la province de Qingpu qui, selon le plan d’aménagement de la province
de Shanghai, est en voie de devenir une banlieue industrielle périphérique à forte densité humaine (voir image 21b).
Outre leur proximité avec les terres agricoles, les industries, souvent trop près des cours d’eau, rejettent parfois accidentellement des
substances dans ces derniers. Ainsi, dans la courte période se situant entre novembre 2005 et avril 2006, 76 cas de pollution de rivières,
causés par des industries en bordure de cours d’eau, ont été rapportés par le gouvernement49.
Comme le réseau hydrique est un système de vases communiquants, d’autres enjeux entrent également en cause dans la pollution
fluviale. Dans certaines villes, notamment dans les villes d’eau, l’habitude de jeter les déchets domestiques directement dans les canaux
est également un problème majeur de pollution de l’eau. En effet, «une quantité inacceptable de déchets humains et animaliers se
retrouvent dans les cours d’eaux»50. Le problème est également issu du nombre de structures inadéquates de traitement des eaux.
Nous avons également vu que la qualité de l’air affectait la qualité de l’eau puisque celle-ci provoque des pluies acides, gorgées de
substances toxiques qui retournent dans les cours d’eau.
Bref, l’ensemble de ces causes engendre une quantité d’effets infinis puisque l’eau est à la source de presque la totalité des activités. Nous
verrons les principaux effets dans la section qui suit.
49 WORLD BANK , “Cost of pollution in China, Economic estimates of physical damages”, Conference edition, Rural Development, Natural Resources and Environment
Management Unit, Washington, 2007, p.62
50 NATIONAL GEOGRAPHIC SOCIETY, Atlas of China, Washington, D.C. : National Geographic, c2008. p.45
31
.2
21aSuperposition de la
concentration d’industries
en 1985 et de la surface
cultivée en 1990
21bÉvolution projetées des villes de la province
POLLUTION FLUVIALE > 3
de Shanghai en 2020 (Quingpu, ici en jaune, deviendra une nouvelle ville à vocation industrielle)
Source: Atlas de Shanghai, p. 131 et 141
Les zones vertes les plus foncées sont les plus cultivées.
Les zones blanches sont les plus industrialisées.
Si les zones indsutrialisées se trouvent dans une zone urbaine non agricole. nous
pouvons tout de même voir que les usines se trouvent à proximité de zones très
fortement agricoles.
Source: Summary of the comprehensive plan of Shanghai (1999-2020), p.16, 17
32
22
Ménages ayant accès à de l’eau potable (%
total par conté)
.3
Effets
POLLUTION FLUVIALE > 3
EFFETS SUR LA SANTÉ
À la base de la survie humaine, la dégradation de la qualité de l’eau
apporte forcément son lot de problèmes relié, notamment, à la santé,
qui, elle, est liée directement à l’eau potable et à l’alimentation
(agriculture et industrie de la pêche). Parallèlement, nous pourrons
constater les effets de cette pollution et de cette rareté sur l’économie
chinoise.
Nous avons vu précédemment que la rareté de l’eau était causée
principalement par la position géographique des cours d’eau versus
la répartition de la population en plus du transfert des eaux pour les
secteurs urbains et industriels. Cette réalité engendre un accès limité
pour une quantité de Chinois (qu’on estime de 300 à 500 millions) à
l’eau potable51 (voir image 22) .Ce phénomène est plutôt présent en
domaine rural (petite ville, township) où les habitants ne bénéficient
pas d’un système de traitement des eaux comme en ont la chance
les citadins. Il faut savoir également que ces villages n’ont pas
forcément de système leur permettant d’accéder à des sources d’eau
douce, telle la nappe phréatique, ce qui les confère à utiliser l’eau de
surface, sujette à être beaucoup plus polluée. Sachant que plus de
25 000 km de rivières ont échoué le test de standards de qualité il
n’est pas surprenant de constater l’ampleur des maladies reliées à la
pollution de l’eau. Le tableau ci-contre compare le nombre de types
de cancer reliés à la mauvaise qualité de l’eau par rapport reste du
monde (voir image 23).
51 WORLD BANK , “Cost of pollution in China, Economic estimates of physical dam-
ages”, Conference edition, Rural Development, Natural Resources and Environment
Management Unit, Washington, 2007, p.56
Source: World Bank, Cost of pollution in China, Tableau 5.3, p. 69
23Taux de mortalité pour les maladies
reliées à la pollution de l’eau, 2003 (moyenne
mondiale en 2000)
Source: World Bank, Cost of pollution in China, Tableau 5.3, p. 63
33
.3
Effets
POLLUTION FLUVIALE > 3
EFFETS SUR LE TERRITOIRE ET SA PRODUCTION
Les terres agricoles sont souvent les premières parcelles à subir les conséquences des demandes industrielles et urbaines. La dérivation
des eaux d’irrigation a engendré une conversion des types de culture vers des cultures qui demandent beaucoup moins d’eau, ce qui
réduit la diversité et parfois même le revenu des agriculteurs.52 Nous avons vu plus tôt que la diminution des cultures entraînait souvent
une augmentation de l’engrais et des pesticides chez les cultivateurs. Cela est attribuable à leur manque de connaissances des sols et
engendre une pollution des sols et des cours d’eau.
Toujours pour accommoder l’industrie, certaines terres, situées a proximité de cours d’eau (terres généralement très riches), sont déplacées
plus loin dans les terres afin de faciliter l’accès à l’eau aux industries. De cette compétition féroce, entre activités industrielles et maraîchères
pour l’utilisation des meilleures terres agricoles, découlent plusieurs autres problématiques que nous ne ferons que mentionner puisqu’elles
sont, comme le présent sujet, extrêmement complexes. On assiste donc à «des défrichements et des déforestations incontrôlés, de la
récupération abusive de terres cultivables sur les lacs avec une modification de l’équilibre écologique des milieux, de la désertification
dans les zones arides due à une mauvaise gestion du pâturage et d’utilisation de mauvais combustibles»53. Bref, toutes les raisons sont
bonnes pour les agriculteurs afin de récupérer ce que l’industrie ou la ville leur ont pris au fil du temps.
Bien que nous ayons très peu d’informations sur le sujet, le district de Qingpu doit avoir fait face à ce genre de situation puisque, comme
nous l’avons vu, en tant que banlieue de Shanghai, ce quartier a transformé sa vocation maraichère ancestrale en une vocation plutôt
industrielle. Par contre, si l’on en croit le site officiel de la province de Shanghai, Qingpu semble avoir pris conscience du phénomène et
tente, pour le futur, une modernisation de ses techniques agricoles et industrielles avec son système de «Green Industrial Park (GIP)»
dans le but de faire cohabiter agriculture et industrie de façon plus écologique54 (la zone agricole moderne de Qingpu couvre une zone de
18,2 kilomètres carrés tandis que la zone industrielle atteint près de 56 km².55) Nous verrons dans le prochain paragraphe que la province
de Qingpu semble être en voie de relever le défi également avec la pisciculture.
52 ZHOU Yuan, Yang Hong, « Pénurie d’eau, transfert des eaux agricoles et équité sociale dans le bassin de la rivière Chaobai, Perspectives chinoises, 2008/2. p.57
53 GENTELLE Pierre , sous la direction de Roger Brunet, Géographie universelle, Chine, Japon, Corée, Belin / Reclus, Paris, 1994, p.26
54 SHANGHAI, QINGPU, Shanghai, Qingpu Government’s official.web.portal, [En ligne], http://english.shqp.gov.cn/gb/special/node_5452.htm, consulté le 06.10.08
55 SHANGHAI, QINGPU, Shanghai, Qingpu Government’s official.web.portal, Qingpu modern agriculture zone[En ligne], http://www.shqp-invest.gov.cn/english//gb/
content/2003-10/28/content_12951.htm , consulté le 06.10.08
34
.3
Effets
POLLUTION FLUVIALE > 3
EFFETS SUR LA PÊCHE PAR LA DÉGRADATION DES EAUX DE RIVIÈRES ET DES EAUX CÔTIÈRES
L’exploitation peu consciencieuse des côtes maritimes, l’abandon des pratiques collectives dans les rivières et les lacs, tous deux reliés
à la pollution des eaux, ont fait diminuer le nombre de prises année après année (4t. en 1970 à 2,4 t. en 1984)56. Pour conserver son titre
de premier producteur mondial, la Chine dû trouver une alternative aux cours d’eau qui s’étaient appauvris en nombre et en diversité.
L’aquaculture semble avoir été la réponse à cette problématique. Connaissant déjà les enjeux de la qualité de l’eau en Chine et les impacts
négatifs de l’aquaculture57 sur cette ressource, la Chine devait se doter de technologies sophistiquées qui diminueraient l’impact de cette
activité nécessaire.
Les principales régions productrices se situent à proximité des villes, dans les bassins moyen et inférieur du Yang-tseu-kiang et dans le delta
du Zhu jiang. La banlieue de Shanghai, englobant Qingpu, est, elle-même, une grande productrice aquacole. Il y a quelques années, on
aurait pu parler d’aquaculture comme cause de la pollution de l’eau puisqu’il n’était pas rare de découvrir des drogues ou pesticides dans la
nourriture des élevages de poissons, ce qui contaminait l’eau et la chaine alimentaire. L’élevage en milieu naturel augmentait également le
taux de nutriments dans les eaux, un des facteurs de l’eutrophisation. Bien que la question ne soit pas completement réglée, l’aquaculture,
économie importante de la Chine a été reprise en main afin de la rendre plus écologique et sécuritaire. Par exemple, Qingpu dans son
optique de «GIP», comme plusieurs autres villes (entre autres, Wuxi) a fait appel à des experts locaux et mondiaux pour développer des
systèmes non-polluants58.
L’initiative de la province de Shanghai nous permet de constater que, même si la situation semble critique au niveau de la qualité de l’eau
à l’échelle du pays, la volonté de développer des techniques pour diminuer l’impact à petite échelle est toutefois bien présente. C’est avec
cette note d’espoir que nous allons conclure ce qui fut un portrait d’ensemble de la problématique actuelle de la Chine face à ses ressources
primaires et sa volonté de devenir la future première puissance mondiale. Nous verrons maintenant, dans la dernière section de cette
recherche quelques initiatives prises par le gouvernement pour atténuer, voire enrayer, certaines problématiques.
56 GENTELLE Pierre , sous la direction de Roger Brunet, Géographie universelle, Chine, Japon, Corée, Belin / Reclus, Paris, 1994, p.28
57 Selon les experts de l’ONU, l’aquaculture intensive produit 110 kg d’azote par tonne de poissons produits, 12 kg de phosphore, et 450 kg de carbone Les effets nocifs de
l’aquaculture sur l’environnement proviennent de plusieurs facteurs : du gaspillage de nourriture non consommée par les poissons (de 10 à 30% selon la méthode de nourrissage), des produits du métabolisme des poissons, des traitements chimiques utilisés pour éviter l’accumulation de déchets sur les filets, et des produits chimiques pour traiter les
maladies et parasites des poissons..ACTU-ENVIRONNEMENT, L’aquaculture, source de pollution, [En ligne] http://www.actu-environnement.com/ae/news/355.php4 consulté
le 11.10.08
58 GOUVERNEMENT DU CANADA, Centre de recherche pour le développement international, [En ligne], Chine, Intégration de la pisciculture aux pratiques culturales en
Chine, 1998.
35
Un aperçu
.1
INITIATIVES ENVIRONNEMENTALES > 4
Pour le reste du monde, la crainte qu’a la Chine devant la possibilité de voir sa croissance économique
ralentir à cause des problématiques environnementales sérieuses est un pas dans la bonne direction.
Peu importe sa motivation, l’important est actuellement est que la gouvernance du pays mette en place
des politiques plus respectueuses de l’environnement.
Nous venons de voir que des initiatives sont déjà prises par les provinces comme celle de Shanghai, qui,
à la venue de l’Exposition universelle de 2010, revêt le complet technologique et environnemental. La
création de son système de Green Industrial Park est un projet ambitieux qui servira peut-être de matrice
pour le reste du pays. Parlant de l’ensemble du pays, c’est à cette échelle également que doivent se
prendre les initiatives environnementales. Depuis le début des années 1990, les politiques en faveur de
l’environnement se multiplient. Malheureusement ces politiques sont rarement suivies d’une obligation
d’application ce qui, la plupart du temps, fait de ces volontés que de belles paroles.
On doit donc se rabattre du côté des objectifs visés par le gouvernement. Le onzième plan quinquennal de
la Chine (2006-2010) comporte maintenant un volet important sur l’environnement et un mode plus durable
de l’économie.59 Par exemple, pour réduire la pollution atmosphérique mentionnée précédemment, on a
fixé un objectif de dépendance au charbon à 60 % (plutôt que 71 %). On espère également diminuer la
dépendance au pétrole en raison de la dépendance extérieure et promouvoir des énergies renouvelables
(dont le nucléaire et l’hydraulique).60 D’autres objectifs très prometteurs sont également ciblés dans le
document notamment reliés à l’agriculture, aux technologies, aux services et à l’innovation. La question
est de savoir si ces objectifs sont réalisables ou beaucoup trop ambitieux. Certains en doutent, car
la Chine n’en est pas à ses premières déclarations de ce genre. Pan Yue, vice-directeur de l’Agence
nationale pour la protection de l’environnement (SEPA), déclarait récemment que:
«La Chine a signé près de 50 accords internationaux sur le respect de l’environnement,
et nous faisons très peu pour les honorer. Bien que le nouveau plan quinquennal fixe
de nouveaux objectifs, beaucoup de provinces n’ont même pas réussit à respecter les
objectifs du précédant quinquennal.»61
59 HUCHET, Jean-François, Jean-Paul Maréchal, , « Éthique et modèle de développement, l’avenir du climat au défi de la croissance économique chinoise », Perspectives Chinoises dossier spécial changements climatiques 2007/1 p.13
Idem
Idem
60
61
36
.1
Pour terminer
Sur ces mots, nous pouvons dire que bien que la province de
Shanghai semble faire beaucoup d’efforts pour répondre aux
objectifs fixés, il n’en demeure pas moins qu’elle subit également les
rendements décevants des provinces voisines et de l’ensemble du
pays. Nous avons vu que les causes de la pollution atmosphérique
et fluviale étaient en interrelation avec plusieurs facteurs distribués
sur l’ensemble du pays (voir schéma résumé 24 ). Nous en avons
vu un exemple avec le cas du Lac Tai hu qui influence la qualité
de l’eau dans des villes d’eau aussi lointaines que Jinze située à
30 kilomètres. C’est pourquoi des mesures globales devront être
prises à l’échelle du pays.
CONCLUSION > 5
­­
Pour la Chine, le droit au développement est tout à fait légitime,
mais lorsqu’un pays aussi grand et aussi populeux que celui-ci
décide de s’industrialiser, il faut s’attendre à ce que l’impact de
cette évolution se fasse ressentir sur l’ensemble de la planète. Les
prévisions de l’AIE (Agence internationale de l’énergie) indiquent
que le supplément d’émissions de CO2 de la Chine – 4 gigatonnes
supplémentaires – d’ici 2030 représenterait, à lui seul, 40 % du
total des émissions supplémentaires de l’ensemble des pays de la
planète. 62 C’est pourquoi la Chine doit se servir de l’exemple peu
reluisant du développement durable des pays industrialisés pour en
tirer une leçon et tenter de se développer en jumelant économie et
environnement; bref, en réussissant là où nous avons échoué.
62 HUCHET, Jean-François, Jean-Paul Maréchal, , « Éthique et modèle de développement,
l’avenir du climat au défi de la croissance économique chinoise» , Perspectives Chinoises
dossier spécial changements climatiques 2007/1 p.7
37
.1
24Schéma résumé des conclusions relatives à la pollution de l’air et de l’eau
la Chine_géographie physique
urbanisation, industrialisation, surpopulation
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE
POLLUTION FLUVIALE
Causes
Causes
CHARBON
PÉNURIE D’EAU
INDUSTRIE LOURDES
REJETS INDUSTRIELS DANS LES EAUX
AUTOMOBILES
DÉCHETS DOMESTIQUES DANS LES EAUX
TRAITEMENT DES EAUX INADÉQUAT
CONCLUSION > 5
Effets
PLUIES ACIDES
SANTÉ
ENVIRONNEMENT_PLUIES ACIDES
ÉCONOMIE
_AGRICULTURE
Effets
_SOLS
SANTÉ
_FORÊTS
CULTURES AGRICOLES
_EAU
ÉCONOMIE
INITIATIVES ENVIRONNEMENTALES
GIP
11e PLAN QUINQUENNAL
38
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CD-ROM
BIBLIOGRAPHIE
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