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GUIDE DE LA PRATIQUE
TRANSFUSIONNELLE
Chapitre 7: Produits de fractionnement et réduction des agents
pathogènes
Barbara Hannach, MD, CM, FRCPC
GÉNÉRALITÉS
Auparavant, tous les produits de fractionnement étaient issus de mélanges de plasma humain. Grâce aux
progrès réalisés dans le domaine de la technologie cellulaire et moléculaire au cours des 20 dernières années, il
est maintenant possible de produire certaines de ces protéines complexes par recombinaison génétique. Au
Canada, certaines des protéines plasmatiques à usage thérapeutique existent sous forme naturelle et
recombinante.
Les produits actuellement offerts au Canada n’ont pas tous été autorisés par Santé Canada et ne sont pas
toujours utilisés pour des indications autorisées. Il appartient au fabricant de déposer, auprès de Santé Canada,
une demande d’approbation de son produit pour des indications données. Si le produit est récent ou assorti
d’indications très restreintes, le fabricant ne fera pas forcément de demande d’approbation dans tous les
territoires où il pourrait être disponible. Voilà pourquoi certains produits ne peuvent être obtenus que sur
approbation d’une demande visant à répondre à un besoin particulier d’un patient dans le cadre du Programme
d’accès spécial de Santé Canada. Le médecin traitant du patient, ou son délégué, doit donc déposer une
demande auprès de Santé Canada avant que le produit ne puisse être envoyé à l’hôpital pour transfusion au
patient.
Dans le présent chapitre, nous décrirons, dans leurs grandes lignes, les principes et méthodes de fabrication
des produits de fractionnement destinés à la transfusion.
Veuillez vous reporter à la monographie ou à la notice d’accompagnement des produits pour
obtenir de plus amples renseignements sur leurs propriétés et leur mode d’utilisation.
PRODUITS RECOMBINANTS
Pour fabriquer une protéine plasmatique recombinante, on introduit, par transfection, des vecteurs d’acides
nucléiques porteurs du gène recherché dans des cultures de cellules de mammifères. Ces cellules fabriquent
alors la protéine et la sécrètent dans le milieu de culture. Les protéines ainsi produites sont recueillies, purifiées,
puis préparées à des fins thérapeutiques.
Les protéines recombinantes de première génération renfermaient souvent une petite quantité d’une protéine
de plasma humain, habituellement de l’albumine, qui en assurait la stabilité. Aujourd’hui, les procédés de
fabrication ont évolué à un point tel que la plupart – mais non la totalité – des produits recombinants ne
contiennent plus de protéines humaines et ne sont exposés, au cours de leur production, à aucune protéine
humaine ou animale autre que celles de la lignée cellulaire dont ils sont issus.
Les facteurs VIII, IX et VIIa ainsi que la protéine C activée sont actuellement offerts sous forme de produits
recombinants. On les fabrique en introduisant le gène recherché dans des cellules ovariennes ou rénales de
bébé hamster ou des cellules rénales embryonnaires humaines, dans un milieu de culture cellulaire. Le produit
génétique est ensuite recueilli, stabilisé, purifié, puis conditionné. En leur qualité de substances
pharmaceutiques, les produits recombinants font l’objet de multiples mesures visant à assurer leur sécurité,
leur puissance et leur efficacité.
Pour obtenir des renseignements détaillés sur les facteurs de coagulation
recombinants disponibles au Canada, veuillez consulter le chapitre 5 du présent guide.
https://professionaleducation.blood.ca/fr/transfusion/guide-clinique/produits-de-fractionnement-et-reduction-des
-agents-pathogenes
Date de publication: Jeudi, 1 mai, 2014
Avertissement important : Ce guide se veut un outil éducatif. Les lignes directrices qui y sont formulées à l’égard des soins à prodiguer aux
patients ne devraient donc pas être suivies rigoureusement. Leur application trop stricte pourrait en effet donner lieu à l’administration de
transfusions inutiles à certains patients, ou au contraire, occasionner des réactions indésirables chez des patients qui recevraient des quantités
insuffisantes de sang ou de produits sanguins. Ces lignes directrices visent principalement les patients adultes et peuvent ne pas convenir au
traitement des enfants. À la lecture des recommandations figurant dans le guide, il importe de garder à l’esprit la nécessité, dans certaines
situations, de consulter un spécialiste en médecine transfusionnelle afin d’offrir des soins optimaux aux patients.
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GUIDE DE LA PRATIQUE
TRANSFUSIONNELLE
Chapitre 7: Produits de fractionnement et réduction des agents
pathogènes
PRODUITS DÉRIVÉS DU PLASMA
On obtient ces produits en mélangeant le plasma de nombreux donneurs (plus de 10 000), pour ensuite en
séparer les divers composants, étape que l’on appelle fractionnement. La méthode de Cohn, mise au point
pendant la Seconde Guerre mondiale, repose sur la précipitation séquentielle des diverses fractions du plasma
par la variation de la température, du pH et de la concentration d’éthanol. Le surnageant contenant les résidus
d’une étape de précipitation devient la matière première de l’étape subséquente. Par la suite, on traite chaque
fraction séparément afin de la débarrasser de ses impuretés, de la stabiliser, d’inactiver ou d’éliminer les
agents pathogènes qu’elle renferme et, enfin, d’en assurer la stérilité. Très efficace, cette méthode de
fractionnement est encore utilisée de nos jours, moyennant quelques modifications. Les améliorations
apportées au procédé original de même que les ajouts, tels que la chromatographie liquide, la chromatographie
d’affinité (utilisant des colonnes d’affinité spécifiques pour des anticorps monoclonaux) et la nanofiltration, ont
permis d’accroître le rendement et la pureté du produit final.
Le chapitre 5 du présent guide présente des renseignements détaillés sur les facteurs de
coagulation dérivés du plasma disponibles au Canada.
PRÉVENTION DES MALADIES D’ORIGINE TRANSFUSIONNELLE
Bien que l’on ne puisse éliminer complètement le risque de transmission de maladies lors d’une transfusion, les
fabricants prennent de nombreuses précautions avant, pendant et après la fabrication des produits dans le but
de réduire ce risque. Ces multiples mesures se traduisent par une importante réduction des agents pathogènes.
SÉLECTION DES DONNEURS
Qu’il s’agisse de plasma provenant de sang total (plasma récupéré) ou de plasma prélevé par aphérèse et
destiné au fractionnement, la sélection des donneurs demeure la pierre angulaire de la prévention de la
transmission de maladies par transfusion. Cette sélection s’effectue par une évaluation de l’état de santé au
moment du don et par la réalisation d’analyses de laboratoire sur un échantillon du sang prélevé lors de chaque
don.
Comme les donneurs de plasma-aphérèse peuvent donner jusqu’à 31 litres de plasma par année, en plus de
l’évaluation de l’état de santé à laquelle doivent se prêter tous les donneurs, ils sont soumis à un dosage des
protéines sériques lors de chaque don, à une détermination trimestrielle de la concentration des
immunoglobulines et à un examen physique annuel réalisé par un médecin. Au Canada, le plasma-aphérèse fait
l’objet des mêmes tests de dépistage des maladies infectieuses que les dons de sang total.
Veuillez consulter le chapitre 6 du présent guide.
Toutefois, les produits de fractionnement disponibles au Canada ne sont pas tous dérivés de plasma provenant
de donneurs canadiens. En effet, les produits commerciaux peuvent être issus de plasma d’origine étrangère.
Or, à l’étranger, les modalités de sélection des donneurs et les épreuves de dépistage ne sont pas forcément
identiques en tous points à celles du Canada. Cela dit, ces produits commerciaux répondent aux normes
d’homologation appliquées par leur pays d’origine, la Communauté européenne et/ou la Food and Drug
Administration (FDA) des États-Unis à l’égard de la sélection des donneurs et du dépistage des maladies.
Habituellement, les produits offerts au Canada répondent aux conditions d’homologation de la FDA ou de la
Communauté européenne ainsi que de Santé Canada.
AUTRES ANALYSES
Les fabricants peuvent réaliser divers tests (« analyses en cours de fabrication »), qui viennent s’ajouter aux
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-agents-pathogenes
Date de publication: Jeudi, 1 mai, 2014
Avertissement important : Ce guide se veut un outil éducatif. Les lignes directrices qui y sont formulées à l’égard des soins à prodiguer aux
patients ne devraient donc pas être suivies rigoureusement. Leur application trop stricte pourrait en effet donner lieu à l’administration de
transfusions inutiles à certains patients, ou au contraire, occasionner des réactions indésirables chez des patients qui recevraient des quantités
insuffisantes de sang ou de produits sanguins. Ces lignes directrices visent principalement les patients adultes et peuvent ne pas convenir au
traitement des enfants. À la lecture des recommandations figurant dans le guide, il importe de garder à l’esprit la nécessité, dans certaines
situations, de consulter un spécialiste en médecine transfusionnelle afin d’offrir des soins optimaux aux patients.
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TRANSFUSIONNELLE
Chapitre 7: Produits de fractionnement et réduction des agents
pathogènes
analyses réalisées sur les échantillons individuels avant l’envoi du plasma à un établissement de
fractionnement. Depuis, ils disposent notamment de tests sensibles pour la détection des virus non enveloppés
(sans membrane lipidique). Le parvovirus B19 et le virus de l’hépatite A (VHA) figurent au nombre des virus non
enveloppés difficiles à inactiver durant le processus de fractionnement.
Pour réduire les risques au minimum, des tests d’amplification d’acides nucléiques (TAN) sur mélanges
d’échantillons sont maintenant utilisés pour détecter le parvovirus B19. Le plasma contenant un titre très élevé
de ce virus est retiré du processus de fabrication. On s’assure ainsi que le produit final renfermera une quantité
de virus inférieure à la dose infectieuse.
La plupart des fabricants réalisent également, sur des mélanges d’échantillons de plasma-aphérèse commercial,
le test d’amplification d’acides nucléiques pour le virus de l’hépatite A. Le plasma donnant lieu à un résultat
positif est retiré du processus de fabrication.
Les produits de fractionnement sont également soumis à des analyses visant à déterminer qu’ils sont
apyrogènes et stériles.
INACTIVATION ET RÉDUCTION DES AGENTS PATHOGÈNES POUR LES
PRODUITS DE FRACTIONNEMENT
On peut réduire le risque de transmission virale de diverses manières. La plupart des fabricants ont recours à au
moins deux procédés complémentaires. Pour mesurer l’efficacité du processus, on évalue la quantité de
particules virales récupérées à même un échantillon contaminé, après avoir procédé à l’inactivation de l’agent
pathogène.
Voici un aperçu des méthodes d’inactivation et de réduction des agents pathogènes fréquemment utilisées :
Traitement thermique : le traitement peut se faire à sec, à la vapeur ou à l’eau (pasteurisation), selon le
produit. On fixe la température, la pression et la durée du traitement en fonction de chaque produit afin
d’inactiver des agents pathogènes bien définis, sans atténuer indûment l’activité biologique du produit.
Traitement par solvant-détergent : bien qu’elle soit appliquée par la plupart des fabricants, cette méthode
n’est efficace que contre les virus à enveloppe lipidique. Le procédé consiste à rompre la membrane lipidique
du virus à l’aide de solvants non miscibles à l’eau et de détergents. Ces réactifs étant légèrement toxiques, ils
doivent être éliminés lors d’une étape ultérieure de la fabrication.
Réduction des agents pathogènes : le fractionnement élimine une partie des bactéries, des virus et,
probablement, des prions. En effet, compte tenu de la variation du pH, de la température et de la concentration
d’éthanol, la contamination microbienne reste faible, et les particules virales se séparent des protéines. Afin
d’éliminer un plus grand nombre d’agents pathogènes et d’accroître la pureté du produit, on adjoint souvent au
fractionnement d’autres procédés d’élimination, tels que la chromatographie et la nanofiltration.
CONCLUSIONS
Bien que l’on ne puisse éliminer complètement le risque de transmission de maladies par voie transfusionnelle,
les produits de fractionnement offerts à l’heure actuelle sont fabriqués conformément aux bonnes pratiques de
fabrication, à l’aide de procédés validés, et font l’objet d’un contrôle de la qualité assez étroit pour assurer le
respect de normes de pureté, de puissance, d’efficacité et de sécurité de plus en plus rigoureuses.
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patients ne devraient donc pas être suivies rigoureusement. Leur application trop stricte pourrait en effet donner lieu à l’administration de
transfusions inutiles à certains patients, ou au contraire, occasionner des réactions indésirables chez des patients qui recevraient des quantités
insuffisantes de sang ou de produits sanguins. Ces lignes directrices visent principalement les patients adultes et peuvent ne pas convenir au
traitement des enfants. À la lecture des recommandations figurant dans le guide, il importe de garder à l’esprit la nécessité, dans certaines
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TRANSFUSIONNELLE
Chapitre 7: Produits de fractionnement et réduction des agents
pathogènes
SUGGESTIONS DE LECTURE
1. Blajchman, MA. Protecting the blood supply from emerging pathogens: the role of pathogen inactivation.
Transfus Clin Biol 2009; 16:70-74 [PubMed]
2. Burnouf, T. Modern Plasma Fractionation. Transfusion Medicine Reviews 2007; 21: 101-117 [PubMed]
3. Burnouf, T. Recombinant plasma proteins. Vox Sanguinis 2011; 100: 68-83 [PubMed]
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Date de publication: Jeudi, 1 mai, 2014
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patients ne devraient donc pas être suivies rigoureusement. Leur application trop stricte pourrait en effet donner lieu à l’administration de
transfusions inutiles à certains patients, ou au contraire, occasionner des réactions indésirables chez des patients qui recevraient des quantités
insuffisantes de sang ou de produits sanguins. Ces lignes directrices visent principalement les patients adultes et peuvent ne pas convenir au
traitement des enfants. À la lecture des recommandations figurant dans le guide, il importe de garder à l’esprit la nécessité, dans certaines
situations, de consulter un spécialiste en médecine transfusionnelle afin d’offrir des soins optimaux aux patients.
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