road-movIe InItIatIque
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Interview 18 Interview Road-movie initiatique texte - Nicolas Gilson Nom : Bélanger Prénom : Louis Profession : Réalisateur Film : « Route 132 » (Redifusion : Ce soir à 18h30 - Caméo 1 et dimanche 3/10 à 10h00 - Eldorado 2) Bonjour Louis Bélanger, Bien remis de votre trajet ? Je suis arrivé très tôt ce matin (7h) mais j’ai eu le temps de faire une sieste. En plus nous avons été, je ne sais pas exactement, poussés par les vents et nous avons gagné une heure. Ce n’est pas la première fois que vous venez au FIFF ? Non, j’ai été membre du jury en 2006. J’ai aussi présenté mon film « Gaz Bar Blues » en 2003. J’étais venu auparavant aussi pour « Clandestins », film dont j’ai co-écrit le scénario (le film a reçu 3 prix à Namur en 1997 dont le Bayard d’Or du meilleur film francophone). Je suis content d’être ici, car c’est un festival que j’aime beaucoup. Il y a une raison précise ? Les personnes responsables de la programmation ont une espèce de curiosité, et en plus ils suivent l’évolution des cinéastes. C’est important de voir qu’un festival perdure dans le temps. Un festival est une vitrine sur l’extérieur. J’ai fait beaucoup de festivals impersonnels. Namur comprend l’importance de mettre les gens ensemble, de stimuler les rencontres. J’y ai noué différents contacts et différentes amitiés. Les festivals aident à comprendre que le cinéma peut « régater » avec d’autres cinématographies. C’est aussi une vitrine, un tremplin pour le cinéma d’auteur. Un film qui a du succès au box-office ce n’est pas forcément une bonne carte de visite. Je pense notamment à la Berlinade de cette année. Les festivals donnent une visibilité à la cinématographie québécoise. Et une cinématographie qui n’existe pas en dehors de son pays est une cinématographie pauvre. Votre film propose une rencontre intime, comme une mise à nu qui n’est pourtant jamais voyeuriste... On s’est posé la question de la pudeur à l’écriture avec Alexis (Alexis Martin qui joue également dans le film). C’est une question de dosage. Si on ajoute des phrases ça devient surligné. On n’aime pas quand les dialogues consistent à expliquer les choses. Jamais le jeu n’est palpable, la justesse des acteurs est troublante... Estce que ça semble vrai ? Est-ce que ça semble réel ? J’ai fait du documentaire. La technique doit être assujettie au jeu, et non l’inverse. J’avais la chance d’avoir un chef opérateur qui comprenait ça (Pierre Mignot). Il a travaillé avec Robert Altman. La caméra est une sorte d’empathie du spectateur, elle l’accompagne. Elle doit participer au film. Le travail de l’image va en ce sens... L’utilisation du scope influe sur la mise en scène. Tu as alors une approche différente de la mise en scène. Cela permet aussi beaucoup de pudeur. « Route 132 » est-il un road-movie ou un récit initiatique ? Il tient des deux. C’est un road-movie si on prend ceux de Wenders. On part à la recherche de soi-même dans les road-movie. Mon film présente une fuite désarticulée qui se meut en quête recherchée. Au moment de l’écriture, Alexis travaillait au théâtre sur « L’Eliade » d’Homère. C’est déjà un road-movie. Notre protagoniste rencontre d’ailleurs ce que l’on a appelé des passeurs, qui vont l’aider à lui donner sens. Il retourne sur les berges du Saint-Laurent. Peut-être que seuls les Québécois peuvent comprendre cela mais ce sont les terres où se sont installés les premiers arrivants. C’est un peu une métaphore sur nos origines. Votre film fait partie de la caravane des rendez-vous québécois (cinéma itinérant à travers la province de Québec), est-ce important ? C’est une façon de faire circuler le cinéma un peu partout. À nouveau, tout se passe le long des rives. D’où êtes-vous originaire ? Je suis né à Québec. Je suis parti étudier à Montréal il y a 25 ans et je n’en suis jamais reparti. De plus en plus je tourne en dehors de Montréal, dans les grands lieux. Au début des années 90, l’ensemble de la cinématographie québécoise se concentrait sur la ville. Ce qui ne m’intéresse pas. Nous avons énormément d’espaces qui ne sont pas exploités au cinéma. Tout comme on ne tourne jamais en hiver. Il y a alors énormément de contraintes. La pellicule qui casse avec le froid ... Alors que l’hiver est une réalité commune. C’est une réalité de cinq mois. Les nouvelles technologies numériques seraient alors une réponse ? Ces tournages en extérieur entraînent toute une série de conséquences comme la fatigue, les transports... Le numérique ne change rien à cela. Je crois aussi que je suis un peu vieux-jeu. J’aime la pellicule. Les sons liés à la projection. Je ne suis pas pour regarder un film sur un I-phone. Je ne passe pas un mois en montage son pour ça ! Aller voir un film, c’est un rituel : on va dans une salle, avec plein de monde ... l’expérience ultime demeure le cinéma. Interview 19